Archive pour la catégorie 'HISTORIQUE'

LA FIN DE L’EMPIRE NÉO-BABYLONIEN SOUS NABONIDE

28 avril, 2016

http://www.mythes-religions.com/tag/empire-neo-babylonien/

LA FIN DE L’EMPIRE NÉO-BABYLONIEN SOUS NABONIDE

http://www.mythes-religions.com/wp-content/uploads/2012/03/Empire_neo_babylonien.png

mars 19, 2012

Nabonide est le dernier des souverains de l’Empire néo-babylonien qui a succédé à l’Assyrie ; bien qu’ignoré dans la Bible, plusieurs documents nous confirment son existence. Son règne de 18 ans est atypique par rapport à ses prédécesseurs, notamment en ce qui concerne le culte des divinités majeures. Le règne de Nabonide sera le déclencheur d’une nouvelle réorganisation au Moyen-Orient et permettra l’émergence de l’Empire Perse. Cet article s’attachera à mettre en évidence les particularités de sa vie, au travers des traces écrites, et tentera d’éclaircir certains points de la situation politico-religieuse de cette époque. Nabonide est une des plus énigmatiques figures babyloniennes. Il a remagné d’anciennes traditions. On dit qu’il a usurpé le trône de LabašiMarduk, le petit fils de Nabuchodonosor II. (célèbre pour la déportation des Juifs de Jérusalem, celui-ci est un roi babylonien de l’Ancien Testament). Plusieurs textes précisent que Nabonide vénérait le dieu lune Nanna-Sîn (Su’en en Sumérien, Shahar en araméen), à l’instar de la plupart de ses prédécesseurs vouant un culte particulier à Mardouk. Les détails manquent pour retracer précisément sa vie, néanmoins les écrits découverts sont pour la plupart surprenants. Comme base de recherche, les documents principaux que j’ai identifiés sont les suivants : 1) Le cylindre de Nabonide : un cylindre découvert à Sippar précisant les travaux réalisés au temple de Nanna-Sîn à Ur par Nabonide. Le texte se termine par une dédicace à son fils Balthazar. 2) L’autobiographie d’Adad-guppi (une prêtresse vénérant Ningal, Nusku, Sardannunna et tout particulièrement Nanna-Sîn): ce texte contient la plus explicite description concernant l’origine de la famille de Nabonide. Adad-guppi, la mère de Nabonide, aurait introduit son fils après de Nabuchodonosor II et auprès du roi de Babylone Nériglissar, suite à un appel lancé par le dieu Nanna-Sîn. Selon ce récit, Harran aurait été détruit suite à l’abandon de cette ville par Nanna-Sîn. 3) Le cylindre de Cyrus : un cylindre circulaire en limon conservé au British Museum. Ce texte critique violemment Nabonide. Marduk cherche un roi pour le remplacer. Il s’agira de Cyrus II.  L’entrée de Cyrus II dans la ville est décrite comme pacifique. L’auteur de ce document considère Cyrus II comme le roi légitime. Celui-ci est qualifié de bien-aimé de Marduk (l’Enlil des dieux) et le bien-aimé de Nabu, le dieu mésopotamien de l’écriture. 4) La chronique de Nabonide : ce texte babylonien conservé au British Museum nous apprend que Nabonide a séjourné dans la cité de Tema (Taima, cf carte ci-dessus) et que son absence à Babylone empêchait la célébration d’un festival annuel appelé akītu. La prise pacifique de Babylone par Cyrus II est également mentionnée. Nabonide sera capturé et les dieux retourneront dans leurs lieux saints. 5) Verse Account of Nabonidus : cette tablette mal conservée du British Museum décrit les actions et les effets négatifs du règne de Nabonide. En effet, nous apprenons que le commerce a été interrompu car les routes sont bloquées, la joie du peuple a disparu, Nabonide s’est livré à l’impiété. Il a décidé de créer une statue non traditionnelle en l’honneur du dieu Nanna-Sîn à Harran. De plus, la reconstruction du temple Ehulhul (pour abriter cette statue) de Nanna-Sîn à Harran empêche la réalisation d’une fête sacrée : le festival akītu le jour du nouvel An mésopotamien. Nabonide a également placé un taureau sauvage devant ce temple tout comme l’Esagil, le célèbre temple babylonien, ce qui est considéré comme un sacrilège. Tout comme dans l’autobiographie d’Adad-guppi, Nabonide a été désigné par Nanna-Sîn pour exercer la royauté. Il confiera le pouvoir à son fils Balthazar en son absence en Arabie. Il y tuera le prince de la ville de Tema qu’il fortifiera ensuite. Il y construit un temple comparable à celui de Babylone en forçant les habitants à réaliser de grands travaux. Le texte se termine par l’intervention de Cyrus II qui détruit tout ce que Nabonide a construit par les flammes et les habitants de Babylone sont dès lors joyeux. Un passage étrange précise que le dieu Ilte’ri lui aurait montré une vision et lui aurait permis de tout connaître. Il faut peut-être voir cette divinité comme Nanna-Sîn et/ou le dieu lunaire araméen.«  (L’image) est ornée de […] en lapis lazuli, couronné d’une tiare, son apparence est celle de la lune d’éclipse ( ?), le geste de sa main est celui du dieu lugal SHUDU, ses cheveux atteignent le piédestal et devant elle se trouve le Dragon Tempête et le Taureau sauvage ». (Source : LACKENBACHER S., 1992.) 6) L’installation d’En-nigaldi-Nanna, fille de Nabonide, comme prêtresse de Nanna à Ur : Texte qui concerne la reconstruction de l’Egipar, le quartier résidentiel de Nanna-Sîn à Ur et l’installation de la fille de Nabonide comme prêtresse de Nanna-Sîn à Ur. 7) La prière de Nabonide : ce texte nous précise la véritable raison du séjour de Nabonide à Tema en Arabie. Celui-ci aurait été malade. Dan’el, un prophète au service de Yavhé lui apprend que sa maladie est une punition de Yavhé. Nabonide confesserait alors ses péchés mais son fils Balthazar serait finalement tué. 8.) Le livre de Daniel : ce texte de l’Ancien Testament est plus qu’énigmatique car il reprend des passages de la vie de Nabonide sans pour autant le citer. Il semblerait que les scribes glorifiant Yavhé auraient omis délibérément de mentionner Nabonide et l’aurait amalgamé dans la vie de Nabuchodonosor II. En effet,  nous retrouvons un passage concernant la construction d’une statue colossale de 60 coudées. De plus Balthazar serait le fils de Nabuchodonosor II et non plus de Nabonide. Le livre de Daniel préciserait la cause de la mort de Balthazar lors de la prise de Babylone : il aurait profané les vases sacrés provenant de Jérusalem. La royauté de Nabonide est légitimisée par le dieu Nanna-Sîn, une série d’évènements obscurs concernant cette divinité va déclencher la montée au pouvoir de ce nouveau roi. Dans la 16ème année du règne de Nabopolossar (fondateur de l’Empire néo-babylonien), Nanna-Sîn en colère abandonne sa cité Harran et son temple. Il s’envole dès lors pour les cieux. La mère de Nabonide Adad-guppi qui était dévouée à ce roi (par la suite également à Nebuchodonosor II et Nériglissar) mentionne qu’elle a réalisé de maints efforts pour maintenir le culte de Nanna-Sîn et pour apaiser sa colère. Elle vénérait également les divinités suivantes Ningal, Nusku, Sardanunna, Shamash et Ishtar. Sa dévotion pour Nanna-Sîn était telle que ce dieu a entendu ses prières et sa rage était alors apaisée. Nabonide a été appelé par Nanna-Sîn afin qu’il devienne roi. Bien que les premières années de son règne soient dans la lignée de ses prédécesseurs, Nabonide réalise de profondes réformes. Il rénove dans la 2ème année de son règne l’Egipar, le quartier résidentiel de Nanna à Ur et il installe sa fille En-nigaldi-Nanna comme prêtresse. Nanna-Sîn décide de retourner dans son temple Ehulhul à Harran (ville archéologique localisée dans le sud-est de la Turquie actuelle). Nabonide restaure cette ville. Il sollicite l’aide de Cyrus II, le roi d’Anshan, pour conquérir la ville. Le roi des Mèdes, Astyage, est au courant et tente de convoquer son petit-fils Cyrus II mais il refuse. Harran est finalement conquis. Le texte « Verse Account of Nabonidus » précise le changement de politique de Nabonide par rapport à ses prédécesseurs. Il déplace plusieurs divinités à Babylone, il bloque les routes commerciales ; à Harran, il fait bâtir une statue colossale dédiée à Nanna-Sîn, il force ses habitants à des travaux forcés et il réaménage les plans du temple de l’Ehulhul à sa convenance. Cet ensemble de réformes est très mal perçu car Nabonide modifie considérablement les traditions ancestrales. Dans la 7ème année de son règne, Nabonide s’exile pour la cité de Tema, tandis que son fils Balthazar et son armée restaient dans le pays d’Akkad. C’est à cette époque que le festival akītu célébré le jour du nouvel An est interrompu par Nabonide. Au cours de cet évènement, Marduk et Nabu étaient célébrés. Le « cylindre de Nabonide » évoque un complot de Nabonide pour empêcher la vénération de Marduk. Malgré le peu de recoupements disponibles, cette idée est plausible. L’absence de célébration de l’akītu devait être vue comme un haut sacrilège par le clergé de Marduk. L’Enlil des dieux, Marduk, est terriblement en colère en entendant les plaintes des habitants (cette colère est clairement décrite dans le « cylindre de Cyrus »). Les dieux ont quitté leurs lieux saints pour être emmenés à Babylone par Nabonide. Marduk cherche à travers tous les pays un roi. Il appelle Cyrus II, le roi d’Anshan, le fils de Cambyse, qui était alors nommé roi de l’univers. Le Pays de Guti et les Mèdes s’inclinent à ses pieds. Ce n’est que le début d’une lutte pour le pouvoir. En l’absence de Nabonide à Babylone, son fils Balthazar assure le maintient de l’ordre et de discipline à sa place. Nabonide retourne à Babylone au cours de la 17 ème année de son règne. La raison de son départ est mentionnée dans l’écrit apocryphe appelé « la prière à Nabonide ». Il se serait exilé pendant 10 ans à Tema car il était souffrant. Sa raison de sa maladie est, selon ce texte, divine. Il s’agirait d’une punition de Yavhé, le dieu de l’ancien Testament. Dan’el, un prophète, lui explique cette sanction et Nabonide confesse ses pêchés. De retour à Babylone, la fête de l’akītu est à nouveau célébrée. Contrairement aux textes qui ne font que mentionner le retour de cette célébration, « la prière de Nabonide » le justifie. En effet, Nabonide s’est excusé pour son affront envers Yavhé et la fête de l’akītu peut à nouveau être réalisée. Il faut se rendre compte qu’à cette époque les Juifs vénérant Yavhé avaient subi de nombreux troubles. Ce peuple avait été disséminé dans tous le Moyen-Orient notamment à cause de Nabuchodonosor II. Le sort des Juifs était entre les mains de Yavhé qui avait provoqué la destruction de son berceau initial. L’Ancien Testament précise que la population s’était écartée des règles imposées par Yavhé. Le clergé de celui-ci ne voyait certainement pas d’un bon œil le blasphème de Nabonide à son encontre lorsqu’il considéra Nanna-Sîn comme le seul et unique Dieu, modifiant ainsi les traditions séculaires. Cyrus II légitime aux yeux de Marduk, conquiert Sippar et Babylone de manière pacifique. Il capture Nabonide. La conquête pacifique de Babylone n’est qu’évoqué que dans 3 textes : « La Chronique de Nabonide », The Persian Verse Account » et le « Cylindre de Cyrus ». Ce dernier mentionne l’entrée de Cyrus II dans Babylone grâce à Marduk. Le sort du fils de Nabonide, Balthazar, est tout autre. Il sera tué car son affront envers Yavhé a été intolérable. En effet, le « Livre de Daniel » mentionne qu’il a profané les vases sacrés en provenance de Jérusalem. Les dieux (les statues des dieux) que Nabonide a emportés à Babylone sont replacés dans leurs lieux saints. Nabonide, bien qu’éphémère à l’échelle de l’histoire du Moyen-Orient, a bouleversé les peuples de cette région. Sa vénération pour le dieu Nanna-Sîn lui a causé sa perte. C’est comme si une autorité suprême (Yavhé) détenait le monopole des décisions et avait décidé de changer la situation politique dans cette région. Le règne de Nabonide a marqué un revirement de la suprématie des villes mésopotamiennes sur cette région. Marduk a donné les règnes du pouvoir à Cyrus II et la Perse sera l’un des plus grands et des plus puissants Empires que le Moyen-Orient n’est jamais connu.

QU’EST-CE QUE LE JUBILE? – (LE JUBILÉ DE L’AN 2000)

26 novembre, 2015

http://www.vatican.va/jubilee_2000/docs/documents/ju_documents_17-feb-1997_history_fr.html

QU’EST-CE QUE LE JUBILE? -  (LE JUBILÉ DE L’AN 2000)

Dans la tradition catholique, le Jubilé est un grand événement religieux. C’est l’année de la rémission des péchés et des peines pour les péchés, c’est l’année de la réconciliation entre les adversaires, de la conversion et de la pénitence sacramentelle, et, en conséquence, de la solidarité, de l’espérance, de la justice, de l’engagement au service de Dieu dans la joie et dans la paix avec ses frères. L’Année jubilaire est avant tout l’année du Christ, porteur de vie et de grâce à l’humanité. Ses origines se relient à l’Ancien Testament. La loi de Moïse avait fixé, pour le peuple hébreu, une année particulière: « Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé: chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan. Cette cinquantième année sera pour vous une année jubilaire: vous ne sèmerez pas, vous ne moissonnerez pas les épis qui n’auront pas été mis en gerbe, vous ne vendangerez pas les ceps qui auront poussé librement. Le jubilé sera pour vous chose sainte, vous mangerez des produits des champs. En cette année jubilaire, vous rentrerez chacun dans votre patrimoine » (Lév 25, 10-13). La trompette avec laquelle on annonçait cette année particulière était une corne de bélier, qui s’appelle « yôbel » en hébreu, d’où la parole « Jubilé ». La célébration de cette année comportait, entre autres choses, la restitution des terres à leurs anciens propriétaires, la rémission des dettes, la libération des esclaves, et le repos de la terre. Dans le Nouveau Testament, Jésus se présente comme Celui qui amène à son accomplissement le Jubilé antique, puisqu’il est venu « prêcher l’année de grâce du Seigneur » (cf. Is 61, 1-2). Le Jubilé de l’An 2000 revêt une importance spéciale parce que, le compte des années se faisant presque partout en partant de la venue du Christ dans le monde, on célèbre les deux mille ans de la naissance du Christ (en laissant de côté la question de l’exactitude du calcul historique). Bien plus, il s’agit de la première Année Sainte à cheval entre la fin d’un millénaire et le début d’un autre: le premier Jubilé, en effet, fut convoqué en 1300 par le Pape Boniface VIII. Le Jubilé de l’An 2000 veut être ainsi une grande prière de louange et d’action de grâce pour le don de l’Incarnation du Fils de Dieu et de la Rédemption qu’il a réalisée. Le Jubilé est appelé communément « Année Sainte », non seulement parce qu’il commence, se déroule et se conclut par des rites sacrés, mais aussi parce qu’il est destiné à promouvoir la sainteté de vie. Il a été institué en effet pour consolider la foi, favoriser les oeuvres de solidarité et la communion fraternelle au sein de l’Eglise et dans la société, pour rappeler et encourager les croyants à une profession de foi plus sincère et plus cohérente dans le Christ unique Sauveur. Le Jubilé peut être: ordinaire, s’il est lié aux dates fixées; extraordinaire, s’il est convoqué à l’occasion d’un événement de particulière importance. Les Années Saintes ordinaires célébrées jusqu’à nous sont au nombre de 25; l’Année Sainte de l’an 2000 sera la vingt-sixième. L’habitude de convoquer des Jubilés extraordinaires remonte au XVI· siècle: leur durée varie, de quelques jours à une année. Les dernières Années Saintes extraordinaires de ce siècle sont celle de 1933, convoquée par Pie XI pour le XIX· centenaire de la Rédemption, de 1983, convoqué par le Pape Jean Paul II pour le 1950· anniversaire de la Rédemption. En 1987, le Pape Jean Paul II a convoqué également une Année Mariale.

HISTOIRE DES JUBILES Le premier Jubilé ordinaire fut convoqué en 1300 par le Pape Boniface VIII, de la noble famille des Caetani, avec la Bulle « Antiquorum Habet Fida Relatio ». L’occasion lointaine remonte au courant de spiritualité, de pardon, de fraternité qui se répandait alors dans toute la chrétienté, en opposition aux haines et aux violences qui prédominaient à cette époque. L’occasion immédiate est de se rallier à la rumeur, qui avait commencé à circuler en décembre 1299, selon laquelle, durant l’année du centenaire, les visiteurs de la Basilique Saint-Pierre recevraient une « rémission très complète de leurs péchés ». L’énorme affluence des pèlerins à Rome amenèrent le Pape Boniface VIII à accorder l’indulgence pendant toute l’année 1300, et, à l’avenir, tous les cent ans. Parmi les pèlerins de ce premier Jubilé, il faut citer: Dante, Cimabue, Giotto, Charles de Valois frère du Roi de France, avec son épouse Catherine. Dante Alighieri en conserva un écho dans plusieurs vers du XXXI· Chant du Paradis, dans la « Divine Comédie ». Après le transfert du siège du Pape à Avignon (1305-1377) de nombreuses demandes furent faites pour que le deuxième Jubilé soit convoqué en 1350 et non pas en 1400. Clément VII accepta et fixa l’échéance tous les 50 ans. Aux Basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul Hors-les-Murs qu’il fallait visiter, il ajouta celle du Latran. Par la suite, Urbain VI décida de fixer l’échéance à 33 ans, en référence au temps de la vie terrestre du Christ. A sa mort, le nouveau Pontife, Boniface IX, inaugura l’Année Sainte de 1390. L’approche de la fin du siècle, et l’afflux constant des pèlerins l’amenèrent à convoquer un nouveau Jubilé en 1400. Le schisme d’Occident s’étant terminé, Martin V convoqua l’Année Sainte pour 1425, et introduisit deux nouveautés: la frappe d’une médaille commémorative, et l’ouverture de la Porte Sainte à Saint Jean de Latran. Selon ce qui avait été fixé par Urbain VI, le nouveau Jubilé aurait dû être célébré en 1433, mais il n’en fut pas ainsi. Sous le Pontificat de Nicolas V, un Jubilé fut convoqué pour 1450. Paul II, par une Bulle de 1470, établit que, à l’avenir, le Jubilé se déroulerait tous les 25 ans. Sixte IV convoqua ainsi la Jubilé suivant, en 1475: pour cette occasion, le Pape voulut que Rome soit embellie avec des oeuvres nouvelles et importantes, dont la Chapelle Sixtine et le Ponte Sixte sur le Tibre. En ce temps, les plus grands artistes de l’époque travaillaient à Rome: Verrochio, Signorelli, Ghirlandaio, Botticelli, Perugino, Pinturicchio, Melozzo da Forli. En 1500, Alexandre VI voulut que les Portes Saintes des quatre Basiliques soient ouvertes en même temps, tout en se réservant l’ouverture de la Porte Sainte de Saint-Pierre. Clément VII ouvrit solennellement, le 25 décembre 1524, le neuvième Jubilé, pendant lequel commença à se faire sentir la grande crise qui, en peu de temps, allait envahir l’Europe, avec la réforme protestante. Le Jubilé de 1550 fut convoqué par Paul III, mais ce fut Jules III qui en fit l’ouverture. L’afflux considérable des pèlerins causa un grand nombre de problèmes d’aide, auxquels pourvut tout particulièrement Saint Philippe Néri avec la « Fraternité de la Sainte Trinité ». En 1575, sous le Pontificat de Grégoire XIII, plus de 300.000 personnes de toute l’Europe vinrent à Rome. Les Années Saintes successives du XVII· siècle furent convoquées par Clément VIII (1600), Urbain VIII (1625), Clément X (1675). A Innocent X, promoteur du Jubilé de 1700, est liée une des plus grandes caritatives de Rome: l’hôpital saint Michel à Ripa. Dans le même temps, les initiatives se multipliaient pour faire face aux besoins des pèlerins, comme ce fut le cas en 1725, sous le Pontificat de Benoît XIII. Saint Leonardo da Porto Maurizio fut le prédicateur infatigable de l’Année Sainte de 1750 (convoquée par Benoît XIV); il fit édifier au Colisée 14 chapelles pour la pieuse pratique du Chemin de Croix, et une grande croix au milieu de l’arène. Clément XIV promulgua le Jubilé pour 1775, mais il ne put l’ouvrir car il mourut trois mois avant l’ouverture solennelle, qui fut faite par le nouveau Pontife Pie VI. La situation difficile de l’Eglise au temps de l’hégémonie de Napoléon ne permit pas à Pie VII de convoquer un Jubilé pour 1800. Plus d’un demi million de personnes vinrent à Rome en 1825: Léon XII remplaça la visite habituelle des fidèles à Saint-Paul Hors-les-Murs, détruite par l’incendie de 1823, par la visite à la Basilique mineure de Sainte-Marie au Transtévère. Vingt-cinq ans plus tard, le déroulement de l’Année Sainte ne fut pas permis à cause des événements survenus avec la République Romaine et l’exil temporaire de Pie IX. Ce même Pontife put toutefois convoquer le Jubilé de 1875, privé des cérémonies d’ouverture et de fermeture de la Porte Saine à cause de l’occupation de Rome par les troupes de Victor Emmanuel II Il revint à Léon XIII de convoquer le vingt-deuxième Jubilé pour le début du XX· siècle de l’ère chrétienne; il fut marqué par six Béatifications et par deux Canonisations (celles de Saint Jean-Baptiste de La Salle, et de Sainte Rita de Cascia). En 1925, Pie XI voulut, que, en même temps que l’Année Sainte, on proposât à l’attention des fidèles l’oeuvre précieuse des Missions, et il invita les fidèles, pour gagner les indulgences, à prier pour la paix entre les peuples. En 1950, quelques années après la fin de deuxième guerre mondiale, Pie XII promulgua le nouveau Jubilé en indiquant ses buts: la sanctification des âmes par la prière et la pénitence, et par la fidélité indéfectible au Christ et à son Eglise; action pour la paix, et protection des Lieux Saints; défense de l’Eglise contre les attaques renouvelées de ses ennemis, et demande fervente de la vraie foi pour ceux qui sont dans l’erreur, pour les infidèles, pour les sans-Dieu; réalisation de la justice sociale et d’oeuvres d’assistance en faveur des humbles et des nécessiteux. Durant cette Année, il y eut la proclamation du Dogme de l’Assomption au ciel de la Vierge Marie (1· novembre 19590). Le dernier Jubilé ordinaire en date est celui de 1975, et fut convoqué par Paul VI qui présenta de manière synthétique ses objectifs par les paroles: « Renouveau » et « Réconciliation ».

TERTIO MILLENIO ADVENIENTE Le 10 novembre 1994, le Pape a promulgué la Lettre Apostolique Tertio Millenio Adveniente, adressée à l’Episcopat, a u clergé, aux religieux et aux fidèles, à propos de la préparation en vue du Jubilé de l’An 2000. Le document comprend une brève introduction et cinq chapitres. L’introduction présente l’argument central: la célébration du Jubilé est la célébration de l’Incarnation rédemptrice du Fils de Dieu, Jésus-Christ. Le premier chapitre « Jésus-Christ est le même hier et aujourd’hui », souligne la signification et l’importance de la naissance de Jésus-Christ. Il est le Fils de Dieu, il s’est fait l’un de nous pour révéler le dessein de Dieu concernant la création tout entière et, en particulier, concernant l’homme. C’est là le point essentiel qui différencie le christianisme des autres religions: c’est Dieu lui-même qui en personne veut parler de lui à l’homme, et lui montrer la voie sur laquelle il est possible de le rejoindre. L’Incarnation de Jésus-Christ témoigne que Dieu cherche l’homme pour l’amener à abandonner les voies du mal. Ce sauvetage se réalise grâce au sacrifice du Christ lui-même sur la croix. La religion de l’Incarnation est ainsi la religion de la Rédemption. Le deuxième chapitre « Le Jubilé de l’An 2000″ présente les raisons de l’Année Sainte et de cette fin de millénaire en particulier. Dieu, par l’Incarnation, s’est inséré au sein de l’histoire de l’homme. L’éternité est entrée dans le temps, et manifeste que le Christ est le Seigneur du temps. Pour cette raison, dans le christianisme, le temps a une importance fondamentale, et il en découle le devoir de le sanctifier. Sur ce fond, on peut comprendre la coutume des Jubilés, qui a ses débuts dans l’Ancien Testament et retrouve sa continuation dans l’histoire de l’Eglise. Le Jubilé, pour l’Eglise, est une année de grâce du Seigneur, une année de la rémission des péchés et des peines dues aux péchés, une année de réconciliation entre tous les adversaires. Dans la vie de chaque personne, les Jubilés sont liés à la date de la naissance, et, pour les chrétiens, il y a aussi d’autres anniversaires, le Baptême, la Confirmation, la première Communion, l’Ordination sacerdotale ou épiscopale, le Mariage. Mais la communauté, elle aussi, et les institutions, célèbrent leurs jubilés: et tous, les jubilés personnels ou communautaires, religieux ou civils, revêtent un rôle important et significatif. Dans ce contexte, les deux mille ans écoulés depuis la naissance du Christ représentent un Jubilé extraordinairement grand, non seulement pour les chrétiens, mais aussi pour l’humanité tout entière, étant donné le rôle de premier plan joué par le christianisme durant ces deux millénaires. Le troisième chapitre « La préparation du Grand Jubilé », souligne les différents événements qui ont marqué et qui marquent le chemin de préparation vers l’An 2000. Avant tout, le Concile Vatican II, événement providentiel « centré sur le mystère du Christ et de son Eglise, et en même temps ouvert au monde », grâce auquel l’Eglise a acheminé la préparation prochaine pour le Jubilé du deuxième millénaire. La meilleure préparation à l’échéance bi-millénaire de la naissance du Christ, affirme le Pape, sera précisément l’engagement renouvelé de mettre en pratique l’enseignement du Concile dans la vie de chacun et dans la vie de l’Eglise tout entière. Dans le chemin de préparation à l’an 2000, s’insère la série des Synodes, commencée après le Concile: synodes généraux et continentaux, régionaux, nationaux et diocésains. Le thème de fond est celui de l’évangélisation. Des tâches spécifiques et la responsabilité reviennent à l’Evêque de Rome en vue du Grand Jubilé: c’est dans cette perspective qu’ont travaillé tous les Pontifes du siècle qui est sur le point de se terminer, en particulier avec les Encycliques à fond social, et les Messages pour la Journée de la Paix, qui ont été publiés à partir de 1968. En outre, le Pontife actuel, dès sa première Encyclique, « Redemptor Hominis », a parlé de manière explicite de l’Année Sainte de l’An 2000, en invitant à vivre cette période d’attente comme « un nouvel Avent ». C’est vers ce but que se sont orientés, et qu’ils continueront de s’orienter, les pèlerinages du Pape dans les Eglises particulières de tous les continents: le Pape Jean Paul II souhaite pouvoir visiter, avant l’An 2000, Sarajévo, le Liban, Jérusalem et la Terre Sainte, et « tous ces lieux qui se trouvent sur le chemin du Peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance, depuis les terres parcourues par Abraham et par Moïse, en traversant l’Egypte et le Mont Sinaï, jusqu’à Damas » (T.M.A., 23). Les Jubilés locaux ou régionaux pour la célébration d’anniversaires importants, ont leur rôle à jouer dans la préparation du Grand Jubilé, qui recueille également les fruits des précédentes Années Saintes de cette fin de siècle – le Jubilé ordinaire de 1975 décrété par Paul VI, et le Jubilé extraordinaire de 1983 , décrété par Jean Paul II; les fruits de l’Année Mariale 1987-1988 et de l’Année de la Famille, dont le contenu se relie étroitement au mystère de l’Incarnation et à l’histoire elle-même de l’homme. Le quatrième chapitre de la Lettre Apostolique « La préparation immédiate », envisage un programme spécifique d’initiatives pour le Grand Jubilé, par deux phases: la première phase (1994-1996), à « caractère anté-préparatoire, a eu pour but de raviver chez les chrétiens la conscience de la valeur et de la signification que le Jubilé de l’An 2000 revêt dans l’histoire humaine » (n· 31). La deuxième phase (1997-1999), la phase proprement préparatoire, est orientée vers la célébration du mystère du Christ Sauveur. La structure idéale pour ces trois années est trinitaire: 1997 est consacrée à la réflexion sur le Christ; l’année 1998 est consacrée au Saint-Esprit et à sa présence sanctificatrice à l’intérieur des Eglises; l’année 1999 sera centrée sur le Père, par qui le Christ a été envoyé et auquel il est retourné. Les traits principaux soulignés par le Pape Jean Paul II sont les suivants, pour ce chemin de préparation: Une dimension historique de la conscience: « La porte Sainte du Jubilé de l’An 2000 devra être symboliquement plus large que les précédentes car l’humanité, arrivée à ce terme, laissera derrière elle non seulement un siècle mais un millénaire. Il est bon que l’Eglise franchisse ce passage en étant clairement consciente de ce qu’elle a vécu au cours de ces dix derniers siècles. Elle ne peut passer le seuil du nouveau millénaire sans inciter ses fils à se purifier, dans la repentance, des erreurs, des infidélités, des incohérences, des lenteurs » (n· 33). Une exigence oecuménique que le Pape rappelle partout dans sa Lettre, en invitant à des initiatives oecuméniques opportunes, afin que les différentes confessions chrétiennes puissent se présenter au Grand Jubilé, sinon totalement unies, du moins proches à surmonter les divisions historiques. Mais aussi parce que les péchés qui ont porté préjudice à l’unité exigent un effort plus grand de pénitence et de conversion. Un effort social, selon la description contenue dans la Bible, qui met en relief l’inspiration sociale de la pratique jubilaire (destination universelle des biens, le retour à l’égalité entre tous les enfants d’Israël). La mémoire des Martyrs: une Eglise qui ne se rappelle pas ses martyrs d’hier ou qui ne reconnaît plus ses martyrs d’aujourd’hui, ne peut revendiquer l’honneur d’être l’Eglise du Christ. Et là, le Pape Jean Paul II déclare: « En notre siècle, les martyrs sont revenus… Il faut éviter de perdre leur témoignage dans l’Eglise » (n· 37). Il est prévu, pour cette raison, de mettre à jour les martyrologes, en particulier pour la reconnaissance de l’héroïcité des vertus des hommes et des femmes qui ont réalisé leur vocation chrétienne dans le mariage. Pour ce qui concerne les trois années de la phase préparatoire, durant l’année 1997, l’Eglise s’emploiera à amener les chrétiens à la redécouverte de la Bible, du Baptême, de la catéchèse, pour regarder vers l’objectif prioritaire du Jubilé, le renforcement de la foi et du témoignage des chrétiens. En 1998, on cherchera à redécouvrir la présence et l’action du Saint-Esprit, agent principal de la nouvelle évangélisation, en mettant en valeur les signes d’espérance qui sont présents en cette fin de siècle, dans le domaine civil et ecclésial. La troisième et dernière année de préparation, selon les indications du Pape Jean Paul II, devra amener à entreprendre un chemin de conversion authentique, en redécouvrant le sacrement de Pénitence, et en mettant en relief la vertu théologale de Charité; on soulignera l’option préférentielle de l’Eglise en faveur des pauvres et des exclus. Le Jubilé pourrait être un moment opportun pour penser « à une réduction importante, sinon à un effacement total, de la dette internationale » (n· 51). La veille de l’An 2000 , en outre, sera une grande occasion pour le dialogue inter-religieux; on pourrait prévoir des rencontres entre représentants des grandes religions mondiales. La célébration du Grand Jubilé se fera simultanément en Terre Sainte, à Rome et dans les Eglises locales du monde entier. Dans la phase de célébration , l’objectif sera la glorification de la Trinité. A Rome, se tiendra le Congrès Eucharistique International. La dimension oecuménique et universelle pourrait être soulignée par une rencontre pan-chrétienne. Le cinquième et dernier chapitre de Tertio Millenio Adveniente « Jésus-Christ est le même … à jamais », exalte la mission de l’Eglise, appelée à continuer l’oeuvre même du Christ. L’Eglise, comme le grain de sénevé de l’Evangile, croît jusqu’à devenir un arbre immense, capable de couvrir de ses frondaisons toute l’humanité. Depuis les temps apostoliques, elle poursuit sans relâche sa mission de salut à l’intérieur de la famille humaine universelle. Avec la chute des grands systèmes anti-chrétiens dans le continent européen, du nazisme tout d’abord, puis du communisme, la tâche urgente s’impose de présenter à nouveau à l’Europe le message libérateur de l’Evangile, et l’attention de l’Eglise se tourne de manière toute particulière vers les jeunes générations.

SUR LES TRACES DES MAGES D’ORIENT

5 janvier, 2015

http://bible.archeologie.free.fr/roismages.html

SUR LES TRACES DES MAGES D’ORIENT

(bib-arch.org)

« Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à son lever et nous sommes venus lui rendre hommage » (Mt. 2. 1-2).
Les mages qui avaient suivi l’étoile prophétique rendirent visite au roi de Judée Hérode le Grand. Ils le consultèrent au sujet du nouveau roi, et les prêtres leur indiquèrent la ville de Bethléem. Les mages se rendirent donc à Bethléem, où ils trouvèrent un enfant couché dans une crêche à qui ils offrirent des présents. A leur retour ils ne s’arrêtèrent pas chez Hérode, ce qui déplut fortement au roi. L’impitoyable monarque ordonna en représailles un infanticide général, destiné à éliminer le nouveau-né, mais celui-ci fut mis à l’abri en Egypte par ses parents et y demeura jusqu’à la mort d’Hérode (Mt. 2).
Le terrible forfait commis par le roi de Judée est conforme au caractère impitoyable du personnage tel qu’il apparaît dans l’Histoire. Quant aux mages, quelles motivations avaient poussé ces voyageurs de haut rang à se déplacer depuis un pays lointain pour s’incliner devant un enfant de Bethléem ? D’où venaient-ils ? Quel astre avaient-ils vu ? Aujourd’hui, leur identité et leur histoire se révèlent peu à peu.
L’évangile de Matthieu n’est pas le seul document d’époque à relater la visite de ces mages en Judée. Un témoignage moins connu nous vient de l’historien Flavius Josèphe (37-100), un prêtre juif qui tenta de promouvoir un rapprochement diplomatique entre les peuples juif et romain. Son oeuvre politique fut un échec, mais son travail d’historien constitue une source d’informations de première importance sur son époque. Elle est d’autant plus précieuse qu’il fait plusieurs fois référence au personnage de Jésus de Nazareth, et qu’il est le premier à le citer. Ainsi, dans son ouvrage « La guerre des Juifs », il parle des mages rendant visite à un enfant-roi dont la naissance est annoncé par une étoile, dans une version très proche de celle de Matthieu :
« Des sages venus de Perse visitent Hérode. « Nous venons de Perse, nos ancêtres ont recueilli des Chaldéens l’astronomie qui est notre science et notre art… » L’étoile leur est apparue et signifie la naissance d’un roi qui dominera sur l’Univers. L’étoile les conduit à Jérusalem mais disparaît. Hérode leur recommande de lui indiquer qui est la personne désignée par l’étoile, mais les Perses ne reviennent pas et Hérode fait massacrer 63 000 enfants de moins de trois ans. »
Si Josèphe semble confirmer la terrible réalité du massacre des enfants, avançant même un nombre possible de victimes, il précise également que le pays d’origine des mages était la Perse.
L’empire perse est le berceau d’une autre religion monothéiste, le zoroastrisme, qui avait été prêchée cinq cents ans plus tôt par son fondateur Zarathoustra. Cette croyance demeura la religion officielle de la Perse jusqu’à l’arrivée de l’islam au VIIème siècle. Elle partageait quelques points communs avec le christianisme. Son dieu appelé Ahura Mazda aurait créé l’Univers, et adopté le feu comme symbole. Le zoroastrisme était fondé sur un combat entre le bien et le mal, et annonçait la venue prochaine d’une sorte de messie, le « Saoshyant », qui devait naître d’une vierge et rétablir la justice en régénérant le monde. La démarche des mages de la crèche s’inscrit de manière cohérente dans la pensée zoroastrienne.
D’autres sources documentaires liées à l’Orient semblent se faire l’écho de la mémoire de ces personnages. Au Moyen-âge, le marchand vénitien Marco Polo (1254-1323) se rendit en Chine par la route de la soie. En chemin il dit s’être arrêté dans une ville de Perse appelée Saba (ou Saveh), où étaient vénérées les tombes traditionnelles des trois mages.
Le carnet de voyages de Marco Polo, connu sous le titre de « Livre des merveilles du monde », précise que l’un des trois mages aurait été roi de Saveh, le second de Diaveh et le troisième de Chiz. Saveh aurait été leur point de départ pour la Terre sainte, mais aussi leur lieu de leur sépulture. Marco Polo affirme y avoir visité leurs tombeaux en explorant le pays :
« En Perse est la ville de Saba (Saveh), de laquelle les trois rois mages sont partis [...] et dans cette ville ils sont enterrés, dans trois grands et beaux monuments. Et parmi ceux-là existe un bâtiment carré, magnifiquement conservé. Les corps sont toujours entiers, avec leurs cheveux et leurs barbes ».
Saveh est aujourd’hui une ville moderne, implantée à 130 km au sud-ouest de Téhéran. Ce fut dans l’Antiquité un centre urbain important à partir de l’empire mède (env. VIIIème siècle av. J.-C.). Les fouilles les plus récentes de ses ruines furent effectuées en 2009, à l’initiative d’une équipe du centre iranien de recherches archéologiques dirigée par Pouriya Khadish. Entre autres vestiges, on dégagea les ruines de longs aqueducs et de plusieurs forteresses et relais caravaniers datant des dynasties parthe et sassanide (IIIe siècle av. J.-C. – VIIIe s. ap. J.-C.). Saveh posséda en outre l’une des plus importantes bibliothèques de Perse, qui fut détruite par les Mongols au XIIIème siècle. A ce jour, personne n’a retrouvé la trace des sépultures décrites par Marco Polo. Mais nous savons par l’étude du terrain que la cité était prospère au tournant de l’ère chrétienne.
Le voyageur vénitien recueillit sur place une curieuse légende, qui circulait dans le pays et qui évoque inévitablement l’évangile de la Nativité. Trois rois partirent un jour de Saveh pour voir un prophète nouveau-né en Palestine, à qui ils offrirent des présents. Celui-ci leur donna en échange une boîte à ne pas ouvrir. Sur le chemin du retour cependant, les mages ouvrirent le coffre malgré l’interdiction, et trouvèrent à l’intérieur une simple pierre. Déçus, ils la jetèrent dans un puits, mais voilà qu’il en surgit miraculeusement une grande flamme. Ils en prélevèrent une partie qu’ils rapportèrent à Saveh pour la placer dans un sanctuaire appelé le « château des adorateurs du feu », et dès lors les habitants de Saba vénérèrent ce feu qui ne devait jamais s’éteindre.
Ce récit fabuleux qui existe en plusieurs variantes, semble étrangement illustrer certaines données de terrain. A 400 km au nord-ouest de Téhéran, un site étonnant pourrait correspondre à la forteresse que Marco Polo appelle le « château des adorateurs du feu » : le Takht e Suleiman. Au milieu d’une grande plaine fertile, une colline de faible hauteur est entourée par une enceinte fortifiée ayant un vaste lac en son centre. Ce lieu particulier et riche en vestiges fut fouillé dans les années 1970 par Rudolf Naumann et Dietrich Huff, de l’Institut allemand d’archéologie. Les chercheurs dégagèrent un vaste complexe architectural, comprenant plusieurs temples antiques, dont l’un était visiblement dédié à l’eau et l’autre au feu. Une « salle du feu » bâtie en forme de croix présente en son centre un foyer de forme carrée. Tout autour se trouvent d’autres constructions, dont une salle carrée avec un dôme et des salles à colonnes.
Le Takht e Suleiman fut l’un des lieux les plus sacrés de l’ancienne Perse, car il passe pour avoir été le lieu de naissance de Zarathoustra. Il fut occupé dès le Ier millénaire av. J.-C. et jusqu’à sa destruction en 624 par l’empereur byzantin Héraclius. De vieux documents arabes ont permis d’établir que ce site n’était autre que l’ancienne ville de Chiz à laquelle Marco Polo fait référence. Par la suite son histoire s’est enrichie de diverses légendes, mettant en scène des personnages fameux comme Crésus et Salomon, avec des histoires de monstres lacustres et de trésors engloutis.
Si l’on se dirige davantage vers le nord-ouest de l’Iran, on atteint le lac d’Urmia près duquel est implanté un autre lieu associé aux rois mages. Au sein de la ville d’Urmia, l’église byzantine Sainte Marie (Mart Maryam) passe pour être très ancienne, et bâtie sur la tombe de l’un d’eux. Elle date du IVème siècle et serait la seconde plus ancienne église du monde après celle de Bethléem. Certaines sources disent même qu’elle fut érigée « juste après l’Ascension du Christ ». Ce petit bâtiment carré fait de pierres et de briques, détruit et reconstruit plusieurs fois de suite, abrite plusieurs galeries et tombes souterraines. La possibilité qu’elle cache celle de l’un des mages de la crêche n’est pas inconcevable, à moins qu’elle ne commémore plus vraisemblablement qu’une simple étape de leur voyage.
En 1987, le jeune historien britannique William Dalrymple fit un voyage en Asie sur les traces de Marco Polo, excursion qu’il compléta à son retour par une recherche documentaire sur le pays des mages. Dans son livre intitulé « In Xanadu », il relève quelques traits caractéristiques de la Perse que l’on retrouve de manière frappante dans l’évangile de la Nativité. Ainsi, les mages constituaient une classe de prêtres zoroastriens pratiquant l’astronomie et l’interprétation des rêves. Le terme de mage (magos) est d’origine perse, et il apparaît non traduit dans l’évangile en grec de Matthieu. Les trois présents offerts à l’enfant Jésus (or, myrrhe, encens) étaient des matières fréquemment apportées en offrandes dans les rites perses. Quant au site de Saveh, il fut l’un des plus importants observatoires astronomiques de l’Asie.
Les éléments précédents nous éclairent de manière significative sur la civilisation persane d’où les rois mages seraient issus. Cependant, le mystère de leur sépulture dans leur pays d’origine demeure. Pourtant cette absence peut partiellement s’expliquer par l’existence d’une autre piste, digne du plus grand intérêt.
La filière en question nous ramène en Occident, au cœur de la vieille Europe et plus précisément dans la cathédrale de Cologne, où les reliques supposées des trois mages sont conservées. Trois squelettes quasiment complets reposent en effet dans la cathédrale allemande et sont considérés le plus sérieusement du monde comme étant ceux des visiteurs orientaux de la crêche de Bethléem.
Comment ces corps seraient-ils parvenus jusque-là ? Dans son « Histoire des rois mages », le religieux Jean de Hildesheim (env. 1315-1375) a écrit que les corps des trois mages avaient été exhumés en Orient vers l’an 330 par l’impératrice sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin.
« La reine Hélène (…) commença à penser aux corps de ces trois rois. Elle s’équipa elle-même et, accompagnée de quelques gardes, partit pour le pays d’Ind(…). Après avoir trouvé les corps de Melchior, Balthasar et Gaspar, la reine Hélène les plaça dans un coffre, qu’elle décora richement et qu’elle transporta à Constantinople (…), où elle le déposa dans une église appelée Sainte Sophie ».
Les archives historiques occidentales permettent de suivre à la trace le parcours de ces reliques depuis le IVème siècle. Au XIIème siècle, les précieux ossements furent déplacés de Constantinople à Milan, offerts à la ville par le souverain byzantin Manuel Ier Comnène. En 1162 l’empereur germanique Frédéric Barberousse assiégea et prit Milan, où il trouva les reliques des rois mages et les offrit à la ville de Cologne. Dans cette ville d’Allemagne fut alors construite pour les abriter une somptueuse cathédrale gothique, où elles se trouvent encore aujourd’hui.
Une châsse d’or exposée dans le choeur de la cathédrale contient les ossements de trois hommes, enveloppés dans une pièce de tissu. Le reliquaire fut ouvert une première fois en 1863 et révéla un ensemble d’ossements mélangés, qui permirent de reconstituer trois squelettes masculins. L’observation des sutures osseuses de leurs crânes conduisit à distinguer trois âges différents, conformément aux représentations traditionnelles des mages.
Des examens plus approfondis furent menés au siècle suivant, en 1981, lorsque l’évéché de Cologne s’adressa à un spécialiste des tissus antiques, le professeur Daniel de Jonghe, du musée royal d’art et d’histoire de Bruxelles, pour qu’il soit procédé à un examen détaillé de la toile entourant les reliques. Les conclusions des analyses qui furent effectuées s’avérèrent fort instructives.
L’étoffe est composée de fils de soie de Chine croisés avec des fils d’or. Elle est teinte avec de la pourpre, un colorant hautement précieux extrait de coquillages, et en l’occurence cette pourpre provient de la région de Tyr. Par analogie avec un autre tissu rigoureusement identique trouvé à Palmyre dans un édifice occupé entre 103 et 272, on a pu conclure qu’elle fut confectionnée entre le Ier et le IIIème siècles de notre ère.
Des lambeaux de vêtements trouvés sur les ossements furent également analysés. Ce sont des étoffes précieuses qui relèvent de trois fabrications différentes : deux sont en tissu damassé et un en taffetas. Toutes viennent du Proche-Orient et datent aussi de l’Antiquité tardive. Ces résultats sont cohérents avec ce que l’on sait de l’histoire de ces objets, s’il est exact qu’ils remontent à l’époque romaine.
L’histoire des rois mages occupe une grande place dans la tradition chrétienne occidentale. On peut retracer l’évolution des croyances qui leur sont attachées dès les premiers siècles de notre ère, à travers les écrits de plusieurs érudits. L’écrivain carthaginois Tertullien (160-225) leur a donné pour la première fois le titre de rois. Le théologien Origène d’Alexandrie (185-253) estima leur nombre à trois, pour qu’il corresponde aux trois présents offerts à l’Enfant Jésus (Mt. 2, 11). A partir du VIème siècle, apparaissent les noms propres qui leur furent attribués : Gaspar, Balthazar, Melchior.
La manière dont les premiers chrétiens se représentaient physiquement les rois mages se traduit également dans l’iconographie. L’une de leurs plus anciennes représentations se trouve sur la célèbre mosaïque de l’église Saint-Apollinaire de Ravenne (VIème siècle), où l’on peut voir trois hommes avançant à grands pas en apportant des plats à la Vierge et à l’Enfant. Détail révélateur, les vêtements qu’ils portent sont typiques des habits perses de l’époque antique : pantalon, tunique courte avec ceinture et bonnet phrygien caractéristique des prêtres du dieu Mithra.
D’autres images de ce type sont même antérieures à la mosaïque de Ravenne et lui ressemblent beaucoup. La plus ancienne, préservée depuis le IIIème siècle dans la catacombe Sainte Priscille de Rome, est une peinture murale ébauchée en hauteur sur l’arcade d’une voûte. Elle figure trois silhouettes humaines, toujours dans la même position et dans des tons différents. Ces images, sans doute des oeuvres clandestines réalisées au temps des persécutions contre les chrétiens, nous montrent comment la mémoire des rois mages se transmettait deux cents ans seulement après leur venue à Bethléem.

Références :
[1] – « Les rois mages ». (1000questions.net).
[2] – « L’histoire des rois mages ». Film documentaire, Atlantic Productions, 2002.
[3] – N. Mirshahi, S. Mirshahi : « Les rois mages et la galette des rois ». Association Farhang é Iran, 15 janv. 2006 (fravahr.org).
[4] – M.O. Mergnac : « Qui sont les rois mages ? ». (notrefamille.com).
[5] – M. Rose : « The Three Kings and the Star ». Archaeology, dec. 21, 2004 (archaeology.org).
[6] – G. Frangi : « The Rest of the Magi ». Traces, dec. 1999 (traces-cl.com).
[7] – N. Mirshahi, S. Mirshahi : « Les rois mages et la galette des rois ». Association Farhang é Iran, 15 janv. 2006 (fravahr.org).
[8] – D. Scherm : « Die Reliquen der drei Heiligen könige im Kölner Dom ». Web.archive, 2000 (wen.archive.org).
[9] – « Saveh » (fr.wikipedia.org).
[10] – « Takht-e Sulaiman ». Unesco, convention du patrimoine mondial (whc.unesco.org).
[11] – A.V. Williams Jackson : « Persia past and present : a book of travel and research, with more than two hundred illustrations and a map ». The Macmillan Company, New York 1906, pp. 102-103 (archive.org).

 

TRÊVE DE NOËL DANS LES TRANCHÉS – GUERRE DE 14-18

15 décembre, 2014

http://vincent.detarle.perso.sfr.fr/catho/guerre_14_18.html

TRÊVE DE NOËL DANS LES TRANCHÉS – GUERRE DE 14-18

La Trêve de Noël est un terme utilisé pour décrire plusieurs et brefs cessez-le-feu non officiels qui ont eu lieu pendant le temps de Noël et le Réveillon de Noël entre les troupes allemandes, britanniques et françaises dans les tranchées lors de la Première Guerre mondiale, en particulier celles entre les troupes britanniques et allemandes stationnées le long du front de l’Ouest en 1914, et dans une moindre mesure en 1915. En 1915, il y eut une trêve de Noël similaire entre les troupes allemandes et françaises. En 1915 et 1916, une trêve eut aussi lieu à Pâques sur le front de l’Est.

Contexte historique :
La Première Guerre mondiale implique la plupart des grandes puissances, la Triple-Entente contre les Empires centraux. Le 3 août 1914, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne suite à l’ultimatum contre la Belgique, pays dont elle garantit la neutralité.
Les troupes allemandes avancent jusqu’à 70 km de Paris en passant par le territoire belge et l’ouest de la France. Du 6 au 12 septembre 1914, lors de la première bataille de la Marne, les Français et les Britanniques réussissent à forcer une retraite allemande en exploitant une lacune entre la 1re et la 2e armée, mettant fin à l’avance allemande en France.
L’armée allemande retraite au nord de la rivière Aisne et se fortifie, instituant les débuts d’un front statique à l’Ouest qui durera trois ans. Suite à cet échec, les forces en opposition tenteront de se déborder dans une course vers la mer, et étendront rapidement des réseaux de tranchées de la mer du Nord à la frontière suisse.

La trêve
Les soldats du front occidental étaient épuisés et choqués par l’étendue des pertes humaines qu’ils avaient subies depuis le mois d’août. Au petit matin du 25 décembre, les Français et les Britanniques qui tenaient les tranchées autour de la ville belge d’Ypres entendirent des chants de Noël (Stille Nacht) venir des positions ennemies, puis découvrirent que des arbres de Noël étaient placés le long des tranchées allemandes. Lentement, des colonnes de soldats allemands sortirent de leurs tranchées et avancèrent jusqu’au milieu du no man’s land, où ils appelèrent les Britanniques à venir les rejoindre.
Les deux camps se rencontrèrent au milieu d’un paysage dévasté par les obus, échangèrent des cadeaux, discutèrent et jouèrent au football le lendemain matin. Un chanteur d’opéra, le ténor Walter Kirchhoff, à ce moment officier d’ordonnance, chanta pour les militaires un chant de Noël. Les soldats français ont applaudi jusqu’à ce qu’il revienne chanter.
Ce genre de trêve fut courant là où les troupes britanniques et allemandes se faisaient face, et la « fraternisation » (il s’agit plus d’une trêve de fait qu’une fraternisation volontaire6) se poursuivit encore par endroits (notamment on prévient l’autre camp de se protéger des bombardements d’artillerie ou on pratique des trêves pour pouvoir enterrer ses morts) pendant une semaine jusqu’à ce que les autorités militaires y mettent un frein.
Il n’y eut cependant pas de trêve dans les secteurs où seuls des Français et des Allemands s’affrontaient.
La trêve s’est déroulée à Frelinghien (principalement) où une plaque commémorative est érigée lors d’une cérémonie le 11 novembre 2008.
Malgré la destruction des photos prises lors de cet événement, certaines arrivèrent à Londres et firent la une de nombreux journaux, dont celle du Daily Mirror, portant le titre An historic group: British and German soldiers photographed together le 8 janvier 1915. Aucun média allemand ou français ne relate cette trêve.
L’État-major fait donner l’artillerie pour disperser les groupes fraternisant les jours suivants et fait déplacer les Unités « contaminées » sur les zones de combat les plus dures.
Sur le front de l’Est, les conséquences sont plus graves : la répression des fraternisations du côté russe entraîne des mutineries et concourt à la décomposition du front russe. Lors de l’insurrection de Petrograd en 1917, les soldats fraternisent avec les ouvriers, ce qui va dans le sens de la bolchevisation de l’armée.
(Texte extrait de Wikipedia)

Et j’entendis cette phrase : « À partir du 10 septembre (1914), le vent va tourner… Dieu va sauver la France
Madame Fraya (http://fr.wikipedia.org/)

Valentine Dencausse (21 mai 1871 – février 1954), connue sous le pseudonyme de Madame Fraya, est une voyante française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Elle s’acquit un grand renom au début de la Belle Époque en annonçant que l’Allemagne déclencherait une guerre mondiale qu’elle finirait par perdre, l’empereur Guillaume II finissant ses jours en exil. Cette annonce préfigurait la Première Guerre mondiale où l’Allemagne fut effectivement vaincue.
C’est lors de ce conflit que Madame Fraya fut convoquée au ministère de la guerre. Devant Aristide Briand, Albert Sarraut et Théophile Delcassé, elle annonça que les Allemands qui se trouvaient à moins de 100 kilomètres de Paris n’investiraient pas la capitale, car ils seraient repoussés in extremis au-delà de l’Aisne. La première armée allemande occupait Compiègne, Senlis et Creil étaient en flammes, tandis que des milliers de Parisiens affolés fuyaient la capitale pour Bordeaux.
À partir du 5 septembre 1914, suite aux réquisitions de taxis dans Paris (les fameux taxis de la Marne), les batailles qui firent rage donnèrent raison à la devineresse. Contre toute attente, l’armée allemande fut repoussée de cent kilomètres en six jours, ce qui mettait effectivement fin à son plan d’invasion rapide.
Interrogée par Alexandre Millerand, alors ministre de la guerre, quant aux raisons de son optimisme naturel, madame Fraya avait également déclaré « Sur un rêve que j’ai eu la nuit dernière, j’ai vu les Allemands reculer. Une date, en gros plan, s’imposait à moi. Le 10 septembre. Et j’entendis cette phrase : « À partir du 10 septembre, le vent va tourner… Dieu va sauver la France. »
Cette vision ne manqua pas de surprendre, mais elle s’avéra parfaitement exacte. Les généraux Joffre et Galliéni obligèrent la première armée allemande placée sous le commandement du général von Kluck à battre en retraite. Les troupes de Franchet d’Espérey en firent autant avec la IIe armée allemande. Enfin, et au prix de nombreuses pertes, le général Joffre parvint également à obliger la IIIe armée allemande à se retrancher au-delà des limites prévues.
Au début de l’année 1914, elle annonça au Prince Félix Youssoupoff, membre de la haute aristocratie russe, cousin par alliance du tsar Nicolas II, « qu’il assassinerait quelqu’un de ses mains et qu’il aurait l’impression de faire une bonne action. » Le 16 décembre 1916 à Moscou, Youssoupov tua de ses mains Raspoutine, le conseiller occulte de Nicolas II après l’avoir attiré dans les sous-sols de son hôtel particulier. Bien des années plus tard, Youssoupov, alors en exil à Paris, confirma la réalité de la prédiction.
Chiromancienne renommée, Madame Fraya a lu dans les mains de toutes les célébrités de la Belle Époque, de Sarah Bernhardt, à Jean Jaurès. Elle prédit à Marcel Proust une réussite éclatante à une époque où il en était réduit à publier ses manuscrits à compte d’auteur.
————————
(…) La veille de sa mort, un père jésuite vint la confesser. Elle lui confia qu’elle ne s’accusait que d’une chose : de lire l’avenir dans les mains. Le père jésuite lui répondit : « Ce n’est pas un péché. Dans les livres saints, il est écrit : que celui qui a le don de prophétie prophétise. »

La Vierge de la Marne
La bataille de la Marne, 5-8 septembre 1914
(Texte trouvé sur internet)
Après l’échec du plan Joffre en Lorraine, l’échec de la bataille des frontières, l’invasion et la retraite, l’armée française recule, mais quel facteur pourrait la sauver du désastre ?
La 1e Armée von Klück, chargée d’investir Paris, délaisse la ville pour participer à la curée des armées adverses. Le demi-tour des Français le 6 septembre, brusque, inattendu, frappe de stupeur les Allemands. Il faut se battre, or les homme sont sous-alimentés, épuisés, les pieds meurtris. Le trou entre les 1e et 2e Armées atteint 30 kilomètres, il faut ressouder les armées allemandes sur l’Aisne, le 9 l’ordre de repli général est donné. La vérité historique est simple, von Klück trop sûr de son armée a pris l’initiative de la poursuite de forces qu’il estimait en déroute.
Extraits de http://www.missionet.fr/y_sacre_coeur_suite.htm

Mais laissons Dominique D. être notre guide…
La Vierge de la Marne – (Portemont, le 16 octobre 2008)
Un silence d’une intensité égale à celle des bombardements sur Verdun lors de la Grande Guerre couvre un événement dont pourtant l’on aurait pensé qu’il susciterait, dès qu’avéré, mieux que de la curiosité, de la reconnaissance. Or ni curiosité ni reconnaissance : un oubli presque absolu, la dalle scellée d’un tombeau.
Quelle page de l’histoire voudrais-je ici revisiter ? Car il s’agit de notre histoire, même si elle passe par une intervention surnaturelle : il s’agit de la victoire remportée lors de la première bataille de la Marne en septembre 1914. Obstinément, on se refuse à reconnaître une intervention historique qui eut une importance décisive, sans pour autant dévaloriser l’efficacité de l’Armée française.
Quels furent les faits ? Ils se déroulent du 5 au 8 septembre. Comment les connaissons-nous ? Par des témoignages convergents qui émanent des deux côtés du front d’alors.
Il n’est pas question pour moi, en cette simple note, de faire le relevé de tous ces témoignages : simplement indiquer que quelque chose d’important a eu lieu qui a modifié d’une façon claire l’évolution de la bataille de ces jours-là et accentué la formation d’une brèche entre les Ie et IIe Armées allemandes ; elle est attribuée à l’Armée anglaise commandée par le général French et à une erreur stratégique de l’État major allemand, sans oublier l’action de commando d’une division de la cavalerie française sur la rive occupée de l’Ourcq, mais le sentiment général fut alors un immense étonnement si bien que l’on parlât même de miracle du côté français… La brèche en question menaçait de devenir béante : elle motiva donc le retrait allemand vers le Nord, soustrayant ainsi la capitale française à la menace directe que faisait peser sur elle la première de ces armées ennemies (1).
Je n’ai pas encore pu retrouver le numéro du Monde et la Vie de février 1965 où fut publiée une lettre intitulée : « Le miracle de la Marne, miracle de la Sainte Vierge ». Mais il m’est possible d’en citer certains passages :
« Je voudrais vous parler d’une rumeur qui parcourut le front et les tranchées en 1915 et 1916 relative à la bataille de la Marne. Cette rumeur faisait allusion à des apparitions de la Sainte Vierge au moment du 8 septembre qui aurait joué un rôle décisif dans ce retournement de la situation difficilement explicable, humainement parlant, à cause de l’état de délabrement moral et physique des combattants. Je peux en parler en connaissance de cause, ayant participé à la retraite depuis la Belgique jusqu’aux abords de Paris. Les comptes-rendus des journaux parus fin août et commencement de septembre derniers (2) faisaient allusion au « Miracle de la Marne », en se contentant d’exalter le sursaut des combattants de 1914 qui, le 8 septembre, avait refoulé l’envahisseur.
» Pour quelqu’un qui a pris part à ces événements, ce sursaut est impensable et aurait pu tout juste permettre un coup d’arrêt de 24 ou 48 heures.
» Le document que je joins à cette lettre et qui est entièrement tombé dans l’oubli, éclaire ces événements d’un jour nouveau et donne l’explication de ce mystère du retournement complet de la situation le 8 septembre 1914 (3).
» C’est une coupure du journal de l’époque, Le Courrier de la Manche, numéro du 8 janvier 1917, qui relate ce qu’auraient dit des Allemands faits prisonniers après les combats du 5 au 8 septembre 1914. » (…)
Voici un témoignage précis, de Madame Tripet-Nizery, veuve du Capitaine Tripet, mort au combat le 4 septembre 1916 : elle déclara qu’étant infirmière dans l’ambulance de l’École Polytechnique, de fin 1914 à juin 1916, elle y reçut un blessé qui avait participé à la bataille de la Marne du côté français ; il lui confia : « Quand nous avons eu l’ordre de repartir en avant, une femme en blanc, devant la tranchée, nous entraînait ».
Le Courrier, journal de Saint-Lô, publia le 8 janvier 1917 une lettre datée quant à elle du 3 janvier 1915.
« Un prêtre allemand, blessé et fait prisonnier à la bataille de la Marne, est mort dans une ambulance française où se trouvaient des religieuses. Il leur a dit : « Comme soldat, je devrais garder le silence ; comme prêtre, je crois devoir dire ce que j’ai vu. Pendant la bataille, nous étions surpris d’être refoulés car nous étions légion comparés aux Français, et nous comptions bien arriver à Paris.
» Mais nous vîmes la Sainte Vierge toute habillée de blanc, avec une ceinture bleue, inclinée vers Paris… Elle nous tournait le dos et, de la main droite, semblait nous repousser. »
Deux officiers allemands, prisonniers et blessés, témoignèrent comme l’avait fait le prêtre mort le 3 janvier 1915. Que dit l’un d’entre eux ? Ceci :
« Si j’étais sur le front, je serais fusillé, car défense a été faite de raconter, sous peine de mort ce que je vais vous dire : vous avez été étonnés de notre recul si subit quand nous sommes arrivés aux portes de Paris. Nous n’avons pas pu aller plus loin, une Vierge se tenait devant nous, les bras étendus, nous poussant chaque fois que nous avions l’ordre d’avancer. Pendant plusieurs jours nous ne savions pas si c’était une de vos saintes nationales, Geneviève ou Jeanne d’Arc. Après, nous avons compris que c’était la Sainte Vierge qui nous clouait sur place.
Le 8 septembre, Elle nous repoussa avec tant de force, que tous, comme un seul homme, nous nous sommes enfuis. Ce que je vous dis, vous l’entendrez sans doute redire plus tard, car nous sommes peut-être 100.000 hommes qui l’avons vue. » (5)
Des prêtres, des religieuses… Est-ce que l’on va se mettre à croire en des racontars de bigots quand on écrit l’histoire ? Voici pourtant un autre témoignage : il provient de deux officiers allemands blessés. Une bénévole infirmière les accompagne dans l’ambulance de la Croix Rouge française et jusqu’à la salle de l’hôpital où ils allaient être soignés. Entrés là, ils aperçoivent une statue de la Vierge de Lourdes et l’un d’eux s’écrit : « Die Frau von der Marne ! » (Oh ! La Vierge de la Marne !) . Son compagnon lui désigna l’infirmière afin qu’il se taise car elle les écoutait. Elle tenta, mais vainement, de les faire parler alors qu’elle leur prodiguait ses soins.
Ce récit en recoupe un autre, écrit par une religieuse qui soigne les blessés à Issy-les-Moulineaux.
Que rapporte-t-elle ? Ceci :
« C’était après la bataille de la Marne. Parmi les blessés soignés à l’ambulance d’Issy, se trouvait un Allemand très grièvement atteint et jugé perdu. Grâce aux soins qui lui furent prodigués, il vécut encore plus d’un mois. Il était catholique et témoignait de grands sentiments de foi. Les infirmiers étaient tous prêtres. Il reçut les secours de la religion et ne savait comment témoigner sa gratitude. Il disait souvent : « Je voudrais faire quelque chose pour vous remercier ». Enfin, le jour où il reçut l’extrême-onction, il dit aux infirmiers :
 » Vous m’avez soigné avec beaucoup de charité, je veux faire quelque chose pour vous en vous racontant ce qui n’est pas à notre avantage mais qui vous fera plaisir. Je payerai ainsi un peu ma dette. Si j’étais sur le front, je serais fusillé car défense a été faite d’en parler. » Il parla de cette visite de la Vierge qui épouvanta les soldats allemands et provoqua leur fuite.
Dans une autre ambulance fut noté un témoignage semblable : un soldat allemand se mourait. Il avait été frappé par le dévouement parfait de la religieuse française qui le soignait. Il lui dit donc :
« Ma sœur, c’est fini, bientôt je serai mort. Je voudrais vous remercier de m’avoir si bien soigné, moi un ennemi. Alors je vais vous dire une chose qui vous fera grand plaisir. En ce moment, nous avançons beaucoup en France mais, malgré tout, à la fin c’est votre pays qui gagnera.
Comment le savez-vous ?
À la bataille de la Marne, nous avons vu la Sainte Vierge nous repousser. Elle vous protège contre nous. Les officiers nous ont défendu, sous peine de mort, de parler de cette vision. Mais maintenant je suis fini. Quand je serai mort vous pourrez raconter la chose, pourvu que vous ne me nommiez pas » Il devait craindre des représailles contre sa famille.
« Pendant plusieurs jours, toute notre division a vu devant elle, dans le ciel, une Dame blanche avec une ceinture bleue flottant et un voile blanc. Elle nous tournait le dos et nous effrayait beaucoup. Le 5 septembre 1914, nous avons reçu l’ordre d’avancer et nous avons essayé de le faire (7) : mais la Dame a paru tellement éblouissante et nous repoussait de ses deux mains de façon si terrifiante que nous nous sommes tous enfuis. »
À Liège, juste après l’armistice, un soldat se confia à son hôtesse qui s’empressa de noter ses propos :
« Oh ! dès le commencement de la guerre je savais bien qu’à la fin nous serions battus. Je peux bien vous dire ça car je sais bien que vous ne le répèterez pas à nos officiers. » L’ancienne interdiction tenait donc toujours.
Il ajouta : « À la première bataille de la Marne, nous avions devant nous, dans le ciel, une Dame blanche qui nous tournait le dos et nous repoussait de ses deux mains. Malgré nous, nous étions pris de panique, nous ne pouvions plus avancer. Trois de nos divisions au moins ont vu cette apparition. C’était sûrement la Sainte Vierge !
À un moment, Elle nous a tellement épouvantés que nous nous sommes tous enfuis, les officiers comme les autres. Seulement, le lendemain ils ont défendu d’en parler sous peine de mort : si toute l’armée l’avait su, elle aurait été démoralisée. Pour nous, nous n’avions plus le cœur à nous battre puisque Dieu était contre nous. C’était sûr qu’on allait à la mort pour rien mais il fallait bien marcher quand même. Nous ne pouvions pas faire autrement. C’est dur la guerre ! »
Mais en France, que disait-on ? Le silence fut-il la seule réponse officielle ? Certes, l’Église de France fut attentive, du moins au début. Des évêques tels Mgr Gibier et Mgr Tissier, parmi d’autres, évoquèrent en chaire le « miracle de la Marne », mais avec réserve puisque l’interdiction de parler de l’événe-ment faite aux soldats allemands, sous peine du pire, empêchait toute enquête qui aurait permis d’établir un dossier précis. Leurs auditeurs cependant étaient enthousiastes et assurés de l’exac-titude des faits. Après, une fois l’horreur passée, sans doute a-t-on pensé à autre chose… Quant à l’État français, il se tut naturellement, de même l’Armée française, ce qui étonne, et les historiens qui ont étudié cette campagne, ce qui surprend.
Que faire aujourd’hui ? Il faut susciter les derniers témoignages encore possibles (8), faire des recherches dans les archives, établir promptement le dossier et dire aux Français comme aux Allemands ce qui s’est réellement passé ces jours-là. Ne serait-ce que pour remercier Celle qui s’est ainsi dévouée en notre faveur : juste assez pour empêcher l’écroulement de la France sans que soit atteinte la liberté des hommes.

(1) – Il est vrai que le général Foch, une fois ses ordres donnés, s’était retiré sous sa tente pour s’y mettre en prière…
(2) – Donc en 1964.
(3) – Le 8 septembre est fêté la Nativité de la Vierge Marie.
(4) – Lire à ce sujet mes deux ouvrages : Le Linceul du ressuscité aux éditions du Sarment (Paris 2004) et Le Linceul en question ?, aux éditions Andas (Troyes 2007).
(5) – Extraits du Courrier de la Manche, du dimanche 14 janvier 1917 à propos du retournement incompréhensible de la bataille de la Marne (5-8 septembre 1914).
(7) – Il s’agit de la bataille de l’Ourcq, qui dura du 5 au 8 septembre.
(8) – Hélas, il ne reste plus que quatre ou cinq survivants, qui n’ont sans doute pas connu la première bataille de la Marne.

DÉCOUVERTES SUR LE TILMA DE LA VIERGE DE GUADALUPE – PAR ANDRÉ FERNANDO GARCÍA

11 décembre, 2014

http://www.chretiensmagazine.fr/2011/01/decouvertes-sur-le-tilma-de-la-vierge.html

DÉCOUVERTES SUR LE TILMA DE LA VIERGE DE GUADALUPE – PAR ANDRÉ FERNANDO GARCÍA

Voici ce que la science a découvert sur le Tilma (Vêtement de pauvre qualité tissé en fibres de cactus) de la Vierge de Guadalupe, Impératrice des Amériques: 

1.Les études ophtalmologiques effectuées sur les yeux de Marie ont révélé que lorsqu’ils sont exposés à la lumière, leur rétine se contracte, et que lorsque la lumière cesse, elle revient à un état de dilatation, tout comme celle d’un oeil vivant.
2.Le Tilma de l’Indien Juan Diego, tissé en fibres de maguey (un cactus), se maintient à une température constante de 37°, qui est celle d’un corps humain vivant.
3.L’un des médecins qui ont analysé le Tilma a placé son stéthoscope sous la bande noire ceignant la taille de Marie et a entendu un coeur battre à cent-quinze pulsations par minute, le rythme cardiaque du foetus humain dans le sein maternel.
4.Aucune trace de peinture n’a été constatée sur le Tilma. À une dizaine de centimètres de l’image, on ne voit plus que les fibres de cactus du tissu: les couleurs disparaissent. Aucune étude scientifique n’a permis de découvrir l’origine de la coloration, ni la manière dont l’image aurait été peinte. Il a été impossible de détecter des vestiges de coups de pinceaux ou de toute autre technique de peinture connue. Des scientifiques de la NASA ont confirmé que la matière de la peinture ne correspondait à aucun élément connu sur terre.
5.Lors de l’examen du Tilma sous rayon laser, on s’aperçut qu’il n’y avait aucune coloration sur l’avant ou l’arrière du vêtement et que les couleurs ne touchaient pas la surface de ce dernier, qu’elles «survolent» littéralement à une distance de trois dixièmes de millimètre.
N’est-ce pas extraordinaire?
6.Le tissu grossier du Tilma a une durée de vie normale n’excédant pas une vingtaine ou une trentaine d’années. Il y a plusieurs siècles, une copie de l’image fut peinte sur une pièce identique du même tissu de maguey, qui se désintégra au bout de quelques dizaines d’années. Or, pendant près de cinq cents ans, le vêtement miraculeux portant l’image de Marie est resté aussi solide que le jour où il fut tissé. La science ne parvient pas à expliquer comment il ne s’est pas encore désintégré.
7.En 1791, de l’acide chlorhydrique fut accidentellement renversé sur le côté supérieur droit du Tilma. Or, en l’espace de trente jours, sans avoir subi aucun traitement spécial, le tissu ainsi attaqué se reconstitua miraculeusement.
8.Les étoiles figurant sur le manteau de Marie reflètent la configuration exacte qui était la leur dans le ciel de Mexico le jour du miracle:
Sur le côté droit du manteau de Marie, on peut voir la reproduction des constellations australes:
-Au sommet, on reconnaît les quatre étoiles faisant partie de la constellation d’Ophiucus(ou Serpentaire);
-En dessous, à gauche, on voit la constellation de la Lyre, et à droite, où semble figurer une pointe de flèche, apparaît l’amorce de la constellation du Scorpion;
-Au milieu se trouve la constellation du Loup, et à sa gauche, on aperçoit l’extrémité de celle de l’Hydre;
-Plus bas, on voit clairement la Croix du Sud, au-dessus de laquelle figure le carré légèrement incliné de la constellation du Centaure.
Sur le côté gauche du manteau de la Vierge, on reconnaît les constellations de l’hémisphère Nord:
-Sur son épaule figure une partie des étoiles de la constellation du Berger: à sa droite, la Chevelure de Béréniceet, en dessous, la constellation des Chiens de Chasse; à sa droite, Thuban, étoile la plus brillante de la constellation du Dragon;
-En dessous des deux étoiles parallèles (qui font encore partie de la Grande Ourse), on trouve des étoiles d’une autre paire de constellations: l’Aurigeet, en bas, trois étoiles du Taureau.
Ainsi peut-on identifier en totalité, et à leur emplacement exact, les quarante-six étoiles les plus brillantes visibles à l’horizon de la vallée de Mexico.
9.En 1921, un homme dissimula une bombe de forte puissance dans un arrangement floral qu’il plaça au pied du Tilma. L’explosion détruisit tout ce qui se trouvait autour de ce dernier, qui demeura intact.
10.Des scientifiques ont constaté que les yeux de Marie présentaient les caractéristiques réfractives de l’oeil humain.
11.Dans les yeux de Marie (dont le diamètre ne dépasse pas 8 à 9 mm), on a découvert de minuscules silhouettes humaines qu’aucun artiste n’aurait pu peindre, et la même scène figure dans chaque oeil.
À l’aide de techniques numériques, on a élargi les yeux un grand nombre de fois, ce qui a révélé que chaque oeil reflétait l’image de l’Indien Juan Diego ouvrant son Tilma en face de l’évêque Zumarraga. Et toute la scène ne mesure qu’un quart de millimètre…
Il est évident que toutes ces choses inexplicables ont été conçues dans un but précis, qui était d’attirer notre attention.
Ont-elles attiré la vôtre?
Pour finir, examinons trois autres faits surprenants:
1.-En langue indienne, guadalupe signifie «écraser la tête du serpent», ce qui correspond parfaitement au chapitre 3, verset 15 de la Genèse, où Marie est présentée comme victorieuse du démon.
2.-L’image illustre également un détail du chapitre 12 de l’Apocalypse : «Puis il parut dans le ciel un grand signe: une femme revêtue de soleil, la lune sous ses pieds».
3.-La Vierge porte à la taille une bande noire symbolisant sa grossesse, afin de montrer que Dieu voulait que Jésus fût né dans les trois Amériques pour demeurer dans le coeur de chaque Américain.
«Je louerai l’Éternel tant que je vivrai, Je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai.»(Ps. 146:2)
Le présent exposé a pour unique objet de vous prouver que la Vierge sera toujours avec vous, chaque fois que vous aurez besoin d’elle, qu’elle ne vous abandonnera jamais et que vous serez toujours son fils ou sa fille particulièrement aimé(e).
N’oubliez jamais les paroles qu’elle a adressées à Juan Diego :
“ Mon cher petit enfant, écoute-moi… Ne crains rien. Ne suis-je pas ici, moi ta mère ?
N’es-tu pas sous ma protection ?…
Ne te trouves-tu pas enveloppé dans mon manteau, blotti dans mes bras ? ”

Oratio ab B.V. Mariam
O Dómina mea sancta Maria, in tuam benedíctam fidem ac singulárem custódiam, et in sinum misericórdiae, hódie et quotidie, et in hora éxitus mei ánimam meam et corpus meum tibi comméndo : omnem spem meam et consolatiónem meam, omnes angústias et misérias meas, vitam et finem vitae meae tibi commítto, ut per tuam sanctissimam intercessiónem, et per tua mérita, ómnia mea dirigántur et disponántur ópera secúndum tuam tuíque fílii voluntátem.Amen
Ô ma souveraine, Sainte Vierge Marie. Je me place sous votre céleste protection, et votre personnelle défense, me confiant en votre maternelle miséricorde. Je vous recommande mon corps et mon âme, aujourd’hui tous les jours de ma vie et à l’heure de ma mort. Je vous confie, mon avenir éternel, toutes joies, mes angoisses et misères d’ici-bas, ma vie et la fin de ma vie. Que par votre très sainte intercession et par vos mérites, toutes mes intentions et mes actions soient conformes à votre volonté et à celle de votre fils.
Ainsi soit-il.

9 NOVEMBRE – FÊTE DE LA DÉDICACE DE LA BASILIQUE SAINT-JEAN DU LATRAN – HISTORIQUE

7 novembre, 2014

http://missel.free.fr/Sanctoral/11/09.php

9 NOVEMBRE – FÊTE DE LA DÉDICACE DE LA BASILIQUE SAINT-JEAN DU LATRAN

Rappel historique
A. Corsini, Monument en l’honneur de Louis XV, chapelle Sainte Anne, sacristie, Saint-Jean-de-Latran, Rome, (stuc, marbre et lapis-lazuli). En 1729, Louis XV offrit au chapitre de Saint-Jean-de-Latran les revenus de deux prieurés dépendant de l’abbaye de Clairac. En remerciement, les chanoines décidèrent de lui élever un monument: l’œuvre en stuc, marbre, lapis-lazuli et bronze doré est toujours conservée dans la sacristie au-dessus d’une porte de la chapelle Sainte Anne.
Des documents retrouvés aux archives du chapitre du Latran permettent de retracer l’élaboration de ce monument resté jusqu’à présent totalement méconnu des historiens d’art. Le grand relief, qui s’inscrit dans la tradition des imposants monuments de la Rome baroque, fut sculpté par l’artiste bolonais Agostino Corsini de 1730 à 1733.
Si le monument fut connu à Versailles par l’envoi d’estampes gravées par Miguel Sorello, son érection semble avoir été ignorée à Rome. La correspondance de l’ambassadeur de France en Italie évoque à cette période divers problèmes diplomatiques soulevés à l’occasion de la construction de la façade orientale du Latran, et montre combien ce contexte historique très particulier était peu favorable à la célébration du monument en l’honneur de Louis XV.

Sermon CCCXXXVI
La solennité qui nous réunit est la dédicace d’une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes ; la maison de Dieu, c’est nous-mêmes. Si la maison de Dieu, c’est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine ; la dédicace se fait dans la joie.
Ce qui se passait, quand s’élevait cet édifice, c’est ce qui se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne ; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.
Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n’étaient pas réunis selon un certain plan, s’ils ne s’entrelaçaient pas de façon pacifique, s’ils ne s’aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici. Enfin, quand tu vois dans un édifice les pierres et le bois bien assemblés, tu entres sans crainte, tu ne redoutes pas qu’il s’écroule.
Le Christ Seigneur, parce qu’il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.3 C’est un commandement, dit-il, que je vous donne. » Vous étiez vieux, vous n’étiez pas une maison pour moi, vous étiez gisants, écroulés. Donc, pour sortir de votre ancien état, de votre ruine, aimez-vous les uns les autres.
Que votre charité considère encore ceci : cette maison est édifiée, comme il a été prédit et promis, dans le monde entier. En effet, quand on construisait la maison de Dieu après la captivité, on disait dans un psaume : « Chantez au Seigneur un chant nouveau ; chantez au Seigneur terre entière.4 » On disait alors : « un chant nouveau » ; le Seigneur a dit : « un commandement nouveau. » Qu’est-ce qui caractérise un chant nouveau, sinon un amour nouveau ? Chanter est le fait de celui qui aime. Ce qui permet de chanter c’est la ferveur d’un saint amour.
Ce que nous voyons réalisé ici physiquement avec les murs doit se réaliser spirituellement avec les âmes ; ce que nous regardons ici accompli avec des pierres et du bois, doit s’accomplir dans vos corps, avec la grâce de Dieu.
Rendons grâce avant tout au Seigneur notre Dieu : les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent de lui. Célébrons sa bonté de tout l’élan de notre coeur. Pour que soit construite cette maison de prière, il a éclairé les âmes de ses fidèles, il a éveillé leur ardeur, il leur a procuré de l’aide ; à ceux qui n’étaient pas encore décidés, il a inspiré la décision ; il a secondé les efforts de bonne volonté pour les faire aboutir. Et ainsi Dieu, « qui produit, chez les siens, la volonté et l’achèvement parce qu’il veut notre bien », c’est lui qui a commencé tout cela, et c’est lui qui l’a achevé.
Saint Augustin
(sermon pour une dédicace)
3 Evangile selon saint Jean, XIII 34.
4 Psaume XCVI (XCV) 1.

La liturgie
La liturgie de la dédicace vise essentiellement à préparer un lieu pour la célébration eucharistique, une demeure de Dieu parmi les hommes. « C’est, a écrit le R.P Louis Bouyer, la sacralisation du lieu où s’accomplit l’Eucharistie dans l’Eglise, mais on pourrait aussi bien dire du lieu où l’Eglise s’accomplit dans l’Eucharistie. »
La dédicace utilise largement le quadruple symbolisme de l’eau de l’huile, du feu et de la lumière. Certains de ses rites, de caractère apotropaïque remontent à la nuit des temps : toutes les religions, en effet, ont délimité des espaces sacrés en commen­çant par en détourner (c’est le sens du mot apotropaïque) les puissances maléfiques.
Il y a donc, dans la liturgie de la dédicace, une bénédiction de l’eau suivie d’une aspersion des fidèles et de l’autel : « O Dieu, cette eau, sanctifiez-la donc par votre bénédiction ; répandue sur nous, qu’elle devienne le signe de ce bain salutaire où, purifiés dans le Christ, nous sommes devenus le temple de votre Esprit. Nous vous en supplions, faites qu’elle soit délivrée de la maligne in­fluence des esprits impurs et que tous les maux s’en éloignent par la vertu de votre bienveillante protection. Quant à nous qui, avec tous nos frères, allons célébrer les divins mystères, accordez-nous de parvenir à la Jérusalem céleste. »
Déjà apparaît dans cette oraison de bénédiction ce qui est sous-jacent à toute la liturgie de la dédicace son aspect escha­tologique ; l’église de pierres est l’image et la préfiguration de l’Eglise du Ciel. Cette Eglise du Ciel, on n’y arrive que par le passage obligé de la Croix du Christ. Le mystère chrétien est mystère de mort et de résurrection ; cela est éclatant dans la liturgie baptismale. Le monde entier doit être reconquis par la Croix, cette Croix sur laquelle le Christ s’est offert à son Père dans le sacrifice par lequel il a racheté le monde. C’est pourquoi, dans le rite de la dédicace, douze croix sont tracées sur les murs de l’église et chacune d’elle est ointe de saint chrême par l’évêque après qu’il en ait largement répandu sur l’autel. En cette consécration de l’autel culmine d’ailleurs toute la liturgie de la dédicace.
Dans l’autel du sacrifice eucharistique on place solennellement des reliques de martyrs et de saints apportées en procession. Elles associent en quelque sorte, à l’unique sacrifice du Christ offert une fois pour toutes, les martyrs qui ont donné leur vie pour Lui et les autres saints qui ont vécu pour Lui, complétant, comme le dit saint Paul, ce qui manque à la Passion du Christ.
Après ce rite qui se déroule au chant de psaumes et d’antiennes, l’évêque embrase l’encens qu’il a répandu sur l’autel : au rite et au symbole de l’eau, puis de l’huile, s’ajoute celui du feu qui se complétera par l’illumination des cierges lorsque l’autel aura été recouvert de nappes neuves et blanches, tout comme les nouveaux baptisés sont revêtus de vêtements blancs. Des psaumes, des répons et des antiennes accompagnent ces rites significatifs par eux-mêmes mais dont les textes bibliques chantés accentuent encore le sens profond.
La prière consécratoire chantée par l’évêque, et la Préface qui introduit le canon de la messe qui suit, font percevoir « comment dans l’Eglise de la terre nous participons déjà à l’Eucharistie perpétuelle, à l’action de grâce perpétuelle des chœurs angéliques, et au culte éternel du Père par son Fils incarné. » L’une et l’autre formulent de la manière la plus expressive l’assomption et la rénovation, dans l’unique consécration du sacrifice chrétien, de toutes les formes de consécration antérieures, soit naturelles, soit de l’Ancien Testament.
« Nous vous supplions instamment, Seigneur, de daigner répandre votre grâce sanctificatrice sur cette église et sur cet autel, afin que ce.lieu soit toujours saint et cette table toujours prête pour le sacrifice du Christ. Qu’en ce lieu, l’onde de la grâce divine engloutisse les péchés des hommes afin que, morts au péché, vos fils renaissent à la vie céleste. »
« Qu’en ce lieu retentisse un sacrifice de louange qui vous soit agréable ; que monte sans cesse vers vous la voix des hommes unie aux chœurs des anges et la supplication pour le salut du monde. »
« Père Saint, vous qui avez fait du monde entier le temple de votre Gloire, afin que votre nom fût glorifié en tous lieux, vous ne refusez pas cependant que vous soient dédiés des lieux propres à la célébration des divins mystères : dans l’allégresse nous consacrons donc à votre majesté cette maison de prière que nous avons construite. »
« En ce lieu est abrité le mystère du vrai Temple et l’image de la Jérusalem céleste y est figurée d’avance : en effet, du Corps de votre Fils, né de la Vierge Marie, vous avez fait un temple qui vous est consacré et en qui habite la plénitude de la divinité. Vous avez établi l’Eglise comme la cité sainte, fondée sur les Apôtres. Elle a pour pierre d’angle le Christ Jésus et doit être construite de pierres choisies, vivifiées par l’Esprit et cimentées par la charité; Cité où vous serez tout en tous, à travers les siècles et où brillera éternellement la lumière du Christ. »

LE MYSTÈRE DE LA MORT ET L’ÉTERNITÉ

29 mai, 2014

http://www.bible-et-histoire.com/le-mystere-de-la-mort-et-leternite1.html

LE MYSTÈRE DE LA MORT ET L’ÉTERNITÉ

SOMMAIRE

L’ÉVOLUTION DE LA SÉPULTURE ÉGYPTIENNE
CONCEPTION DE L’HOMME EN ÉGYPTE
LES CÉRÉMONIES RELIGIEUSES ET LEURS RAISONS D’ÊTRE
LE JUGEMENT
LA BIBLE ET L’IMMORTALITÉ
RÉSURRECTION ET VIE ÉTERNELLE
DES RESSEMBLANCES, DES DIVERGEANCES : POURQUOI ?

RÉSUMÉ

LE MYSTÈRE DE LA MORT ET L’ÉTERNITE

L’ÉVOLUTION DE LA SÉPULTURE ÉGYPTIENNE

Les recherches archéologiques ont permis de découvrir les plus anciennes tombes égyptiennes. Le mort était placé en position contractée dans une simple excavation dans le sol surmontée d’un tertre marquant l’emplacement de la tombe. Quelques objets personnels et des offrandes étaient placés à côté du corps. Rapidement, les Egyptiens se rendirent compte que ce type de tombeau ne pouvait résister à l’éternité, il ne pouvait devenir la « demeure éternelle » du défunt.
Dès les premières dynasties, nobles et rois commencèrent à solidifier le tertre primitif en établissant à la place une construction de petite hauteur réalisée en brique crue, et plus tard en pierre. Ce type de tombeau est appelé « mastaba ».
Avec le temps, les hommes ont donné plus d’importance à cette « demeure éternelle » et plusieurs pièces furent ajoutées. C’était un véritable appartement.
En 2700 avant J.C., le pharaon Djéser, avec son architecte Imhotep, conçurent un mastaba beaucoup plus grand qui devint après plusieurs transformations, la première pyramide, la pyramide à degrés. Snéfrou, fondateur de la IVe dynastie, cinquante ans environ après le pharaon Djéser, reprend la technique des mastabas superposés les uns sur les autres pour édifier sa première pyramide à Meïdoum. Il entreprit la construction d’une autre pyramide à Dachour. On ignore la raison pour laquelle cette pyramide appelée la « pyramide romboïdale » a été construite avec deux pentes d’inclinaison différente. Elle était entièrement recouverte d’une pierre lisse calcaire. Probablement non satisfait de ces deux premières constructions, il entreprit la construction d’une troisième pyramide sur le site de Dachour. Cette fois les architectes approchaient de la forme idéale recherchée.
Kheops, fils de Snéfrou, réussit à construire la pyramide aux formes parfaites, avec une base carrée et recouverte d’un revêtement calcaire qui a disparu aujourd’hui. Sur le plateau de Guiza, à côté de la grande pyramide, les pharaons Khephren et Mykérinos ont également fait construire la leur.
Avec l’affaiblissement du pouvoir des pharaons de l’ancien empire, les pyramides sont devenues de plus en plus modestes. Les pyramides d’Ounas et de Téti sur le site de Saqqarah sont néanmoins célèbres pour les textes des pyramides qu’elles contiennent. Il s’agit de textes rituels, de formules magiques, de prières destinées à assurer au souverain défunt, la jouissance des offrandes, l’assistance contre les mauvais génies et les serpents dont le monde infernal est rempli ; ils le préservaient de la mort définitive.
Sous le Nouvel Empire, les rois et les reines n’auront plus de pyramides, ils seront ensevelis dans la vallée des rois et des reines, à l’ouest de Thèbes.

CONCEPTION DE L’HOMME EN ÉGYPTE
Pour les Egyptiens, l’être était composé de plusieurs éléments dont les principaux étaient le corps, le ka et le ba. Le corps n’avait pas le caractère irremplaçable qu’a le nôtre. A la mort, le ka quittait le corps pour habiter la statue ou la peinture représentant le défunt. Ces représentations permettaient d’assurer la survie au défunt. Maspéro expliquait le ka en disant qu’il était le « double ». En fait, il représentait l’ensemble des qualités, la personnalité. Mourir, c’était donc passer à une autre forme d’existence. C’était un changement de forme de vie et non une cessation de vie.
Le ba avait un caractère plus intellectuel que le ka. C’était un peu la conscience de l’être. Il se déplaçait dans la tombe, il pouvait aller dans le monde des vivants mais il devait pouvoir réintégrer le corps s’il en avait envie. C’est la raison pour laquelle les Egyptiens pratiquaient la momification.

LES CÉRÉMONIES RELIGIEUSES ET LEURS RAISONS D’ÊTRE
Pour les Egyptiens, la mort n’est pas une fin, au contraire, on pourrait même dire que la mort c’est l’espoir, l’espoir d’une autre vie qui serait peut-être meilleure. Christiane Desroches Noblecourt a écrit ces quelques lignes au sujet de la conception de la mort chez les Egyptiens :
« Pour tout Egyptien, la mort est la transformation souhaitée, le passage qui mène à la vraie vie, la vie éternelle ; ce n’est pas une fin, mais la transition inévitable, presque désirée, au cours de laquelle on doit veiller à ce que le voyage s’effectue dans les meilleures conditions pour accéder à l’immortalité. L’aménagement de la tombe était la préoccupation essentielle » (Vie et mort d’un pharaon p. 216). Cependant cette pensée doit être nuancée car les Egyptiens redoutaient aussi la mort, certaines déclarations montrent qu’elle était haïe. Les Egyptiens pensaient que l’au-delà était aussi habité par des puissances hostiles.
Il est néanmoins très clair que les Egyptiens avait une réelle soif de vivre, de vivre éternellement. Cette aspiration qui apparaît aussi chez tous les autres peuples de la terre trouve une explication dans un texte du livre de l’Ecclésiaste, dont l’auteur est le roi Salomon :
« Dieu a mis dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité. » (Ecclésiaste 3.11)
Les Egyptiens ont expliqué le passage dans la vie de l’au-delà avec la légende d’Osiris, ce dieu bon qui fut tué par son frère Seth qui découpa le cadavre en morceaux qu’il répandit dans toute l’Egypte. L’épouse d’Osiris, Isis, réussit à rassembler ces morceaux et, avec l’aide d’Anubis, elle les maintint avec des bandelettes de tissu : c’est l’origine de la momification.
Malgré ses nombreux pouvoirs, Isis fut incapable de ramener Osiris à la vie, il devint le dieu de l’au-delà, le monde où les autres dieux n’avaient qu’un droit de transit lorsque la barque solaire y pénétrait la nuit.
Après la mort, il était donc possible à tous de rejoindre Osiris pour passer l’éternité dans l’autre monde mais pour cela il y avait un processus à suivre.
La première étape du retour à la vie se faisait pendant la momification qui durait 70 jours. Cette pratique était faite dans le but de revigorer le cadavre du défunt. L’atelier de la momification s’appelait « la maison de la vigueur », le verbe embaumer pourrait être traduit par « redonner vigueur » ou « vitalité ». La dernière phrase du rituel d’embaumement était : « Tu revis, tu revis pour toujours, te voici de nouveau jeune à jamais ».
Revêtue de son masque funéraire, la momie était placée dans le sarcophage. Le transport jusqu’à la tombe se faisait en barque sur le Nil où plusieurs cérémonies avaient lieu, puis sur les canaux, enfin le sarcophage était tiré sur une sorte de traîneau.
Dans la tombe, il fallait procéder aux cérémonies « d’ouverture de la bouche et des yeux », pour redonner au défunt l’usage de ses sens.
L’ensemble des cérémonies et les formules magiques étaient inscrites sur les livres des morts. Avant de laisser le défunt dans sa « demeure éternelle », les serviteurs apportaient l’ensemble du mobilier funéraire, les offrandes, les statues : tout ce dont le défunt aurait besoin pendant la vie éternelle. Puis la tombe était scellée. Le défunt pouvait commencer sa nouvelle vie.
Le voyage qui devait le conduire dans le royaume d’Osiris était parsemé d’embûches. Les divinités représentées sur les parois de la tombe assuraient sa protection et le conduisaient dans son voyage.
Avant de comparaître devant Osiris, le défunt devait être jugé. Son cœur, siège de l’intelligence, devait être en équilibre avec la justice, symbolisée par la plume de la déesse Maât, déesse de la justice qui présidait au jugement. Thot, le scribe divin prenait note. Le monstre Ammout était prêt à dévorer le défunt si celui-ci était reconnu coupable. Le défunt prononçait alors une déclaration d’innocence. Voici celle de Béki, directeur des greniers du pharaon sous le Nouvel Empire :
« Je fus un homme droit et juste, exempt de déloyauté, qui a placé Dieu dans son cœur, instruit de sa puissance. Je suis arrivé à cette cité d’éternité après avoir fait le bien sur la terre. Je n’ai pas provoqué d’affliction. On n’a pas eu à me faire de reproches. Mon nom n’a jamais été prononcé en aucune circonstance abaissante, à propos d’un défaut quel qu’il soit. Je me réjouis de dire Maât, car je sais qu’elle est utile pour qui la pratique sur terre de la naissance au trépas et que c’est une défense solide pour qui l’a dit, en ce jour où il parvient au tribunal qui juge le misérable et découvre le caractère, punit le coupable et décapite son âme. J’existe comme un être irréprochable sans accusateur et sans qu’il y ait un péché de ma part devant eux, de façon que je sorte de là triomphant, en tant que loué au milieu des imakhou qui sont passés à leur ka. » (Dieux et hommes en Egypte Christiane Zivie-Coche, p. 185)
Cette déclaration d’innocence et toutes les formules magiques qui l’accompagnaient étaient destinées à contraindre les dieux à faire accéder le défunt à une destinée éternelle.
Après le jugement, le défunt reçoit le collier de la justice des mains de Maât. Il est alors justifié, purifié, il peut entrer dans le royaume de l’occident. Le défunt innocent apporte ensuite ses offrandes à Osiris qui seul peut permettre à quelqu’un d’entrer dans son royaume. A ce stade, le défunt a atteint l’état de perfection. Désormais, il est en droit de réclamer un culte et la pérennité de son nom. La vie éternelle commençait et le défunt revivait alors une vie semblable à celle qu’il avait connue sur la terre.
Tous ces rites, toutes ces formules magiques, ces statues, ces amulettes, ces peintures, avaient pour objet de faire passer le défunt par une sorte de résurrection en lui permettant d’accéder à une vie nouvelle qui serait éternelle. Une éternité qui pouvait se compter en millions d’années car dans la conception égyptienne, un jour, hommes et dieux, retourneront dans la non-existence.
Arrivé à ce point, on ne peut s’empêcher de faire quelques comparaisons avec la Bible.

LE JUGEMENT
Elle affirme par exemple dans l’Ancien et le Nouveau Testament, qu’il y aura un jugement :
« Dieu jugera le juste et le méchant, car il a fixé un temps ou il prononcera son jugement sur toute action, sur toute chose. » (Ecclésiaste 3.17)
Dans le texte de l’évangile de Jean, Jésus s’adresse à ses disciples en disant :
« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. » (Jean 5.28, 29)
Le livre de l’Apocalypse n’est pas étranger à l’idée que quelqu’un a écrit dans un livre les actes des êtres humains.
« Et je vis les morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans ces livres. » (Apocalypse 20.12)

LA BIBLE ET L’IMMORTALITE

La Bible enseigne aussi la doctrine de l’immortalité :
« Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres : réservant la vie éternelle à ceux qui, [...] recherchent [...] l’immortalité. » (Romains 2.7)
Les tombes des Israélites sont simples. Aucune représentation sur les murs, aucun culte n’est fait aux morts. Pour eux, la mort est un sommeil :
« L’homme meurt et il perd sa force ; l’homme expire ; et alors où est-il ? [...] L’homme se couche, et il ne se relèvera pas ! Tant qu’il y aura des cieux, il ne se réveillera pas de son sommeil. » (Job 14.10-12)
Le psaume 13 donne le même enseignement au sujet du sommeil de la mort avec l’expression « le sommeil de la mort ». La Bible enseigne qu’après la mort, il y a un état d’inconscience totale de l’homme. Aucune survie n’est envisagée par les auteurs de l’Ancien Testament. Mille ans avant J.C., le psalmiste écrivait :
« Ce ne sont pas les morts qui loueront l’Eternel, ni aucun de ceux qui descendent dans le lieu du silence. » (Psaume 115.17)
Envisageant la fin du monde, le prophète Daniel nous explique ce qu’il en sera de la vie éternelle :
« En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le Livre seront sauvés. Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre et la honte éternelle. Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme des étoiles, à toujours et à perpétuité. » (Daniel 12.1-3)
Dans le Nouveau Testament, l’évangile de Jean nous rapporte la pensée de Jésus à propos de la mort :
« Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le réveiller. Les disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri. Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort. » (Jean 11.11-14)

RESURRECTION ET VIE ETERNELLE
Pour les Egyptiens, Osiris est le dieu de la résurrection qui est symbolisée par le scarabée représenté dans la tombe par des peintures murales, par des amulettes et des bijoux. Osiris était un dieu vivant mis à mort et ressuscité. A cause de sa résurrection, il était devenu le dieu sauveur, celui qui donne la vie éternelle.
La Bible nous enseigne que cette résurrection et la vie éternelle sont en Jésus-Christ qui dira :
« Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt. » (Jean 11.25)
Quarante ans après J.C., l’église chrétienne garde encore fidèlement la même notion d’une mort totalement inconsciente dont l’être humain se réveillera par la résurrection pour être jugé et obtenir soit la vie éternelle soit l’anéantissement éternel :
« Nous ne voulons pas frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n’ont point d’espérance. Car, si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. » (1 Thessaloniciens 4.13)

DES RESSEMBLANCES, DES DIVERGENCES : POURQUOI ?
Il y a manifestement des parallèles entre la religion égyptienne et la Bible et par conséquent le christianisme. Mais les divergences sont si considérables dans la conception de l’au-delà et la manière dont il faut l’atteindre, qu’il est évident que ces deux manières d’approcher la vie après la mort sont en totale opposition.
L’Egyptien redoute la mort. Pour lui, les menaces, les luttes, les combats ne sont pas terminés. Il est épouvanté par l’idée de retourner dans l’état de non-existence d’où la nécessité de s’entourer de mille formules magiques et d’amulettes pour assurer sa survie dans un monde infernal. On peut se demander si cette conception de la vie dans l’au-delà apportait véritablement la paix.
Le Dieu de la Bible nous propose d’entrer dans le repos (Cf. Hébreux 4.3), dans un monde de paix et de justice :
« Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus ; il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. » (Apocalypse 21.4)
La seule condition requise par Dieu est notre foi. Une fois vivante et conséquente qui se traduira par une vie quotidienne dans ce monde en harmonie avec les principes divins.
Le seul combat qui doit être mené est celui de la foi. Voici ce que Paul déclare :
« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m’est réservée. » (2 Timothée 4.7, 8)
Au terme de son existence terrestre, l’apôtre avait l’assurance et la confiance qu’il entrerait dans le royaume de paix, de justice et d’amour promis par Dieu. Son combat était terminé.
Comment expliquer ces conceptions à la fois parallèles et contradictoires entre la Bible et l’Egypte antique ?
Nous pouvons dire que la Bible dans son ensemble répond à cette question de la manière suivante :
Comme Dieu a placé dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité, il y a aussi mis un idéal de justice, d’amour ainsi qu’une aspiration profonde à la paix et à l’harmonie.
Dès l’aube de l’histoire, ces conceptions élevées étaient connues de tous et révélées à tous ainsi que les vérités touchant aux questions existentielles. Puis, à cause de l’orgueil des hommes d’une part et de la transmission orale d’autre part, ces vérités se modifièrent, s’altérèrent, se transformèrent, pour s’adapter aux souhaits des hommes.
En Israël, les vérités divines ont été données et conservées par une révélation écrite. Par toutes sortes de facteurs, Dieu a permis à ces vérités d’être conservées sans altération à travers l’histoire de l’humanité jusqu’à nos jours car « il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (Cf. 1 Timothée 2.4)
Cette révélation a également évité aux hébreux d’élever de simples mortels, fussent-t-ils des rois, au rang de divinité. Il y a donc parenté entre la religion égyptienne et la Bible, mais si nous voulons vraiment comprendre le mystère de la mort et de l’éternité, en ce qui nous concerne personnellement, seule la Parole du Dieu éternel pourra nous donner les réponses que nous cherchons.

LES CONTROVERSES SUR LA PAUVRETE DU CHRIST

8 avril, 2014

http://www.franciscanos.net/medieval/pobreza/sur%20la%20pauvrete%20du%20christ.htm

LES CONTROVERSES SUR LA PAUVRETE DU CHRIST

J. LECLERCQ (o.s.b.). (abbaye de Clervaux).

PUBLICATIONS DE LA SORBONNE Université de Paris IV – Paris Sorbonne Série • ETUDES a – Tome 8 * * Études sur L’HISTOIRE DE LA PAUVRETÉ sous la direction de Michel MOLLAT Professeur à l’Université de Paris IV – Paris-Sorbonne Ouvrage publié avec le concours du C.N.R.S. – 1974 -17, rue de la Sorbonne, 75230 PARIS

On a toujours admis que le Christ avait vécu pauvrement. Mais la question de savoir en quoi avait consisté sa pauvreté et quelles conséquences elle avait entraînées pour l’Eglise a soulevé des controverses à bien des époques. Pourtant, les deux périodes décisives, durant lesquelles fut dit tout ce qui devait orienter l’évolution en d’autres temps, furent constituées par l’époque des Pères de l’Eglise, puis par celle de la théologie scolastique du XIIIe siècle et du début du XIVe.
Ici seront simplement résumées des conclusions que j’ai développées, justifiées et situées dans leur contexte, en deux études précédentes 1.

I. – DANS L’EGLISE ANTIQUE
1. L’enseignement de saint Paul
Il est un verset de la IIe épître de saint Paul aux Corinthiens (ch. 8, 9) qui a donné lieu, chez les Pères de l’Église, à un enseignement des plus profonds. Ceux-ci, parlant du mystère de la pauvreté chrétienne, ont regardé d’abord, pour trouver un modèle à imiter, non vers les hommes qui, autour d’eux, comme en chaque époque, étaient, pauvres, mais vers le Christ; et ils ont vu l’essence même de sa pauvreté dans sa condition de Dieu incarné volontairement.
A mesure que les hérésies relatives à la divinité du Christ l’arianisme et le nestorianisme surtout – les rendaient davantage attentifs à tout le contenu de l’Incarnation rédemptrice, ils ont parlé de celle-ci comme d’un mystère de pauvreté, à propos de ce verset de saint Paul. C’est même au concile d’Ephèse, où fut confirmée la définition de Nicée au sujet de l’Incarnation, que cet enseignement fut exposé de la façon la plus explicite.
Avant de présenter, selon leur ordre chronologique, des témoignages patristiques, il faut donner quelques indications sur le texte de base. Le voici: “Vous connaissez la libéralité de notre Seigneur Jésus-Christ, comment de riche il s’est fait pauvre pour vous, afin de vous enrichir par sa pauvreté (2 Cor. 8, 9).” Ainsi, voulant exhorter ses correspondants à être généreux à l’occasion de la collecte de bienfaisance qu’il organise au profit des frères de Jérusalem, saint Paul leur propose l’exemple du Christ. Le contexte est de caractère pratique et concret: il s’agit d’argent à donner. Sans l’avoir auparavant préparé, sans l’expliquer ensuite, l’Apôtre fait ce rappel – “Vous connaissez” – d’un enseignement qui était familier à tous ses disciples et qui n’est autre que “toute la doctrine de l’Incarnation et de la Rédemption”, comme l’a écrit le P. Allo. Et le même exégète ajoutait: “Le meilleur commentaire de ce verset, c’est Philippiens 2, 5 et suivants: “Ayez ce même sentiment en vous qui était dans le Christ Jésus, qui, étant en forme divine,… s’est anéanti lui-même en prenant une forme de serviteur, devenu pareil aux hommes… s’est humilié lui-même et s’est fait obéissant jusqu’à la mort. Or, ici, cette doctrine est exposée au moyen du vocabulaire de la pauvreté: il est question de  » libéralité « , de  » générosité  » de Jésus qui était « riche » et qui, à cause de nous, est devenu  » pauvre « ,  » indigent  » 3.

2. Les Pères des Ill° et IVe siècles
Quels commentaires ce passage allait-il suggérer aux Pères de l’Eglise? Au IIIe siècle, Origène montrerait que cette richesse du Christ était sa “gloire” de Fils de Dieu et qu’elle s’était manifestée dans sa Passion 4. Mais il n’insisterait point. Il devait revenir aux grands auteurs des ive et ve siècles de développer à ce sujet une doctrine plus vaste. C’est le moment où est mis en question le dogme de l’égalité du Père et du Fils incarné, et de la divinité de celui-ci. Les grands champions qui vont avoir à lutter pour la vérité exposeront le mystère de l’Incarnation en relation avec 2 Cor. 8, 9. Le premier en date est saint Hilaire (+ vers 367) qui applique au Christ des versets de psaume parlant de pauvreté: “Quant à moi, je suis pauvre et indigent; mais le Seigneur vient à mon aide.” (Ps. 79 6.) Il voit là une annonce de la passion de Jésus, qui fut dépouillé de tout jusqu’à mourir sur la croix, mais que le Père a ressuscité 5. Il insistera davantage à propos du Psaume 140, 13: “Je sais que Dieu fera droit aux malheureux, justice aux pauvres.”
Le Seigneur est pauvre en tant qu’homme. Selon l’Apôtre, il s’est appauvri pour nous enrichir, lui qui, de toutes les choses du monde, n’a eu que son corps. Et à cause du salut, il a voulu naître d’une vierge, indigent; maître des cieux, il n’a possédé ni argent, ni champ, ni troupeau.
En Orient, saint Ephrem (+ 373) applique 2 Cor. 8, 9 à l’égalité du Père et du Fils et à l’humiliation de celui-ci 7. Saint Basile (fi 379) fait allusion à ce même verset, à propos du Psaume 33, 7: “Ce pauvre a appelé, et le Seigneur l’a exaucé.”
“Ce pauvre a appelé.” A l’aide d’un pronom démonstratif, le psalmiste, ici, fait connaître sa pensée: parlant de celui qui est pauvre, qui a faim et soif, qui est sans vêtement, et tout cela selon Dieu, il désigne le pauvre, c’est-à-dire le disciple du Christ. On peut aussi rapporter cette parole du Christ: étant riche de par sa nature, puisque tous les biens du Père sont à lui, à cause de nous il s’est fait pauvre, afin de nous enrichir par sa pauvreté. Car toute action qui nous fait combattre pour la béatitude, le Christ lui-même l’a commencée, se donnant en exemple à ses disciples.
Revenant aux béatitudes, considère chacune d’elles, et tu verras qu’il a fait précéder l’enseignement par les actions.
“Bienheureux les doux.” Comment donc allons-nous apprendre la douceur? “Mettez-vous à mon école, dit-il, car je suis doux et humble de coeur.”
“Bienheureux les pacifiques.” De qui allons-nous apprendre la paix? De ce pacifique même qui fait la paix, qui en un seul homme nouveau en réconcilie deux, qui, par le sang de sa croix, a apporté la paix au ciel et sur la terre.
“Bienheureux les pauvres.” C’est lui qui fut pauvre et qui s’est anéanti pour prendre la forme de l’esclave, afin que tous nous recevions de sa plénitude, don pour don.
Saint Ambroise (+ 397), après avoir cité 2 Cor. 8, 9, ajoute, en parlant de la pauvreté du Christ: “Elle est mon patrimoine, sa faiblesse est ma force.” Ailleurs, il montre qu’une des formes de la pauvreté du Christ, une de ses conséquences, est qu’il a pu souffrir. Il commente en ce sens les paroles du Psaume 68, 30: Pauper et dolens; il associe paupertas et dolor. Mais il développe surtout sa pensée sur ce point à propos du Psaume 40, 2: “Heureux celui qui a l’intelligence du pauvre et de l’indigent.” Ceci doit s’appliquer d’abord à la foi en Jésus
“Heureux celui qui a l’intelligence de l’indigence et de la pauvreté du Christ, lui qui, de riche qu’il était, est devenu pauvre pour nous : riche dans son royaume, pauvre dans notre chair, car il a pris cette chair de pauvres. En effet, nous étions devenus très pauvres, après que, chassés du paradis à la suite d’une ruse du serpent, nous étions dépouillés de toutes les richesses des vertus. Chassés de la patrie, relégués en exil, dénués même d’un vêtement pour le corps, nous que d’abord les vertus protégeaient, les péchés nous ont dépouillés. Si donc il fut pauvre et indigent dans la chair, ce fut dans la souffrance de cette chair-là : il a souffert non pas dans ses richesses, mais dans notre pauvreté. > Il
Il faut s’attendre à ce que saint Augustin ( f 430) cite souvent 2 Cor. 8, 9. Dans toute une série de textes, il rapproche ce verset de ceux du prologue de saint Jean (1, 3-14) où il est dit que « tout a été fait par lui » et que « le Verbe s’est fait chair » ; tel est le paradoxe du Christ, « riche en tant que Dieu, pauvre en tant qu’homme ».
Alors qu’il était riche, il a pris une chair mortelle dans le sein de la Vierge; et toutes les circonstances qui marquèrent son enfance pauvre ont été les conséquences de cette pauvreté première qu’avait été l’incarnation. »  » Ceci vaut également de toutes les souffrances de sa passion.
Ailleurs, saint Augustin met 2 Cor. 8, 9 en relation avec le passage de l’Epître aux Philippiens (2, 6-8) où saint Paul parle de l’anéantissement du Christ, dont, radicalement la pauvreté consista à devenir, Dieu qu’il était, un homme: l’obéissance, et jusqu’à la mort de la croix, fut la réalisation et la manifestation de cet appauvrissement fondamental ‘S. Enfin, saint Augustin aime illustrer ce paradoxe du Christ riche et pauvre, en citant ces mêmes textes de saint Paul à propos des Psaumes qui parlent de pauvreté, d’indigence, de souf­france ; lui aussi, il se plaît à dire « qu’avoir l’intelligence du pauvre et de l’indigent », c’est d’abord avoir la foi, et garder une foi exacte au mystère de l’incarnation de ce pauvre par excellence que fut le Fils de Dieu fait homme Il.

3. Au concile d’Ephèse
C’est cette foi qui allait être explicitée et défendue au concile d’Ephèse, en 431. On allait montrer que, devenu chair par une volonté de Dieu, et devenu homme, le Verbe n’avait pas été abandonné par la divinité. « Ce n’est pas, en effet, pour perdre sa puissance et sa gloire qu’étant riche, il s’était fait pauvre, mais afin d’accepter la mort pour nous, lui le juste pour nous pécheurs, de façon à pouvoir nous offrir à Dieu, mis à mort dans la chair et rendu à la vie par l’Esprit. ». Parlant des béatitudes et citant Philippiens 2, 5-7, saint Grégoire de Nysse ajoutait « Quoi de plus pauvre en Dieu que la forme d’esclave ? Quoi de plus humble, dans le roi de tous, que d’entrer spontanément en communion avec notre nature indigente ? Roi des rois, Sei­gneur des seigneurs, pur et immaculé, il supporte les souillures de notre nature d’hommes et, passant par toute notre pauvreté, il va jusqu’à faire l’expérience de la mort. Voyez quelle est la mesure de la pauvreté volontaire: la vie goûte à la mort… Que cet exemple soit pour toi la mesure de l’humilité. »
Les Actes du concile ont conservé un discours admirable pro­noncé le jour de Noël par Théodote, évêque d’Ancyre. De longs passages y traitent de ce mystère de la pauvreté du Verbe incarné. Ils méritent d’être reproduits
Le Maître de tous est venu dans la forme d’esclave ; revêtu de pauvreté, il naît d’une vierge qui est pauvre, et tout, autour de lui, est pauvre et silencieux, afin de gagner l’homme au salut. Car s’il était né dans la gloire et les richesses, les infidèles diraient que ce sont elles qui ont transformé le monde ; s’il avait choisi Rome, si grande, ils penseraient que la puissance de ses citoyens a changé le monde. S’il avait été fils d’empereur, ils attribueraient tout à son pouvoir. S’il était devenu le fils d’un grand législateur, ils attribueraient tout à ses lois. Qu’a-t-il fait ? Il a choisi tout ce qui était pauvre et vil, tout ce qui était ordinaire et obscur, ignoré du grand nombre, afin qu’on sache que la seule divinité a transformé la terre: voilà pourquoi il a choisi une mère qui fût pauvre, une patrie plus pauvre encore, et il manqua de ressources…
C’est ce que saint Paul expliquait lorsqu’il écrivait : n A cause de nous il est devenu pauvre, alors qu’il était riche, afin de nous enrichir par sa pauvreté. u Qu’entendait-il par là, et comment ce riche est-il devenu pauvre pour nous ? Qu’ils nous le disent, ceux qui séparent l’homme du Verbe et, à cause des deux natures, divisent ce qui est un: ils assurent qu’il y a deux êtres dans le Christ. Mais, dis-le-moi, qui donc, étant riche, est devenu pauvre de ma pauvreté? Penses-tu que ce soit cet homme qui est venu et que tu sépares de la divinité? Celui-là ne serait jamais devenu riche, mais il serait né pauvre de parents pauvres. Quel est celui qui était riche, et source de richesse, et qui pour nous est devenu pauvre ? C’est Dieu qui enrichit la créature.
Dieu s’est fait pauvre, faisant sienne la pauvreté de celui qui naissait: car il est riche de sa divinité, et il s’est fait pauvre pour nous. Et tu ne pourras pas dire non plus que l’homme est devenu riche, lui qui est pauvre et par nature et par son manque de ressources, ni que celui qui est riche par sa divinité est devenu pauvre, si tu n’unis point en lui l’homme et Dieu.”
Enfin, un autre grand témoin de cette héroïque défense de l’unité personnelle, dans le Christ, de la divinité et de l’humanité, saint Cyrille d’Alexadrie (+ 444), qui joua un rôle si important au concile d’Ephèse, exposa parfois, lui aussi, sa pensée à propos du mystère de pauvreté évoqué par saint Paul en 2 Cor. 8, 9
“Alors qu’il était riche, il est devenu pauvre comme nous.” Examinons qui était ce riche, et comment il est devenu pauvre… II est entré dans notre pauvreté, celui qui, comme Dieu, est riche. Comment cela? II n’a pas cessé d’être Dieu, se transformant en une nature humaine abandonnant la sienne propre il est resté ce qu’il était, c’est-à-dire Dieu. Alors, où verrons-nous l’abaissement de la pauvreté? En ce qu’il a simplement voulu honorer, sans l’unir à lui, un homme semblable à nous, ainsi que le prétend Nestorius? Comment donc est-il devenu pauvre? En ceci qu’étant Dieu par nature et Fils de Dieu le Père, il s’est fait homme, et il est né, selon la chair, de la descendance de David.
Il a accepté la mesure, la dimension, la forme limitée de l’esclave, c’est-à-dire l’humanité, lui qui était dans la forme et à la mesure de Dieu et du Père, lui par qui et en qui tout a été créé. Devenu homme, il n’a pas rougi de la mesure de l’humanité. Celui qui n’a pas refusé d’être cela comme nous, comment repousserait-il les choses auxquelles on pouvait constater qu’il était vraiment comme nous? Si nous l’écartons des réalités humaines, nous ne nous distinguons pas de ceux qui, comme si cela était possible, non seulement le dépouillent de sa chair, mais ne croient pas à l’Ecriture divine et détruisent entièrement le mystère de 1 incarnation, le salut du monde, l’espérance, la résurrection.”
Théodoret de Cyr, autre grand défenseur de la foi à Ephèse (+ avant 466), dans son commentaire sur 2 Cor. 8, 9, parle de “l’extrême pauvreté” par laquelle le Sauveur nous procure à tous ses richesses z’. Hésychius de Jérusalem (+ après 451) montre aussi, à propos du même verset de saint Paul, que le Fils de Dieu, se faisant homme, est devenu, à cause de nous, non seulement pauvre, mais “étranger”, car bien qu’il soit venu dans ce qui lui appartenait, les siens ne l’ont point reçu”.

4. Conclusions
La conception de la pauvreté chrétienne que se font les Pères de l’Eglise se fonde sur la considération du mystère du Verbe incarné. En lui, ils voient d’abord ce qu’on pourrait appeler une pauvreté de nature, ou d’existence, dont la pauvreté de fait sera une conséquence. La première est identifiée avec l’anéantissement, la kénose, l’appauvrissement qui consiste, pour le Verbe, à devenir homme: “Et le Verbe s’est fait chair…” “Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes, s’étant comporté comme un homme…” Ces textes de saint Jean (1, 14) et de saint Paul (Ph. 2, 7) sont cités pour illustrer cette réalité: “se faisant chair”, le Verbe, non seulement s’unit personnellement à une nature d’homme – esprit et corps – mais entre, lui qui est sans péché, dans la condition de l’humanité pécheresse, dont il devient solidaire volontairement. C’est cette nature d’homme, qui est nôtre, qui est pauvre, indigente: telle est bien “notre pauvreté”; c’est elle qu’il assume, c’est à elle qu’il s’unit, c’est avec elle qu’il s’identifie. Il devient pauvre en devenant comme nous. En lui, c’est vraiment Dieu – puisqu’il était et qu’il reste le Verbe – qui devient pauvre, et ce n’est pas seulement son humanité: celle-ci, comme le répètent les défenseurs du dogme des deux natures en une personne, est inséparable de sa divinité: la pauvreté du Christ est la pauvreté volontaire de Dieu lui-même. Elle consiste d’abord dans le fait de l’Incarnation voulu “à cause de nous”, propter nos, par amour.
La pauvreté de fait, c’est-à-dire l’ensemble des manifestations de pauvreté qui marquent sa vie, est une conséquence et un signe de cette pauvreté de nature. C’est parce qu’il est d’abord devenu “un pauvre homme”, pourrait-on dire, pauper homo 11, qu’il a été aussi “un homme pauvre”. Le dénuement qui a marqué son enfance, sa vie publique, alors qu’il “n’avait pas où reposer sa tête”, était la suite et la preuve de cette Incarnation rédemptrice et de la charité universelle pour laquelle il l’avait voulue: il était devenu l’homme de tous, même des plus dépourvus de ressources matérielles ou intellectuelles.
Théodote d’Ancyre insiste sur ce point: il est devenu un homme ordinaire, commun: comtnunis apparuit et pauperz5. La pauvreté du Verbe devenu homme devient la pauvreté de l’homme Jésus: il en prend pleine conscience il en assume toutes les conséquences. Et c’est ce renoncement volontaire aux richesses de sa divinité qui le conduit, par obéissance, à toutes les souffrances de sa vie et de sa passion, jusqu’à la mort, et la mort sur la croix.
Cette pauvreté de nature se réalise au jour le jour d’une façon douloureuse; on l’a vu, pauvreté et souffrance sont associées par les Pères de l’Eglise lorsqu’ils parlent de lui, comme elles l’avaient été par les psalmistes lorsqu’ils avaient prophétisé à son sujet.
De plus, à partir de saint Grégoire le Grand, et tout au long du Moyen Age, on insistera sur les aspects intérieurs, pour ainsi dire psychologiques, de cette pauvreté dans le Christ: sur sa patience et son humilité, et sur les circonstances extérieures qui ont rendu visibles ces vertus. Les grands défenseurs de la foi, au temps des controverses des ive et v° siècles n’avaient point méconnu ces données. Mais, pour eux, le fait fondamental n’était point que Jésus ait vécu pauvrement, mais d’abord qu’il ait renoncé, par l’Incarnation, aux richesses de sa divinité.

II. – AU XIIIe SIECLE
1. La controverse sur la pauvreté
Les Ordres mendiants refusaient la propriété des biens temporels et prétendaient, à ce titre, imiter le Christ. La question surgissait donc: le Christ avait-il possédé des biens temporels, et pouvait-on l’imiter en les refusant? Sans entrer ici dans le détail des controverses dont fut l’objet la pauvreté du Christ il suffira de noter que la réponse des théologiens des nouveaux Ordres était conciliable avec 1 affirmation de la royauté du Christ. L’un des défenseurs les plus énergiques de “l’extrême pauvreté” du Christ, Richard de Mediavilla zb affirme, d’une manière très explicite, la royauté universelle du Christ.
Si le Christ a vécu pauvre, c’est donc volontairement: c’est là une donnée de fait. En droit, il pouvait disposer librement de tous les biens temporels, dont il était roi absolu. Saint Bonaventure montre dans sa pauvreté le fondement de l’état de perfection, dans sa royauté le fondement de la propriété ecclésiastique: “Le sacerdoce du Christ, on en trouve la figure, moins dans le sacerdoce d’Aaron que dans celui de Melchisédech, qui fut à la fois roi et prêtre, comme il est dit dans l’Epître aux Hébreux ch. VII. Et, sans doute, le Seigneur a refusé les honneurs royaux, afin de nous donner l’exemple de l’humilité; il fut pauvre et mendiant. Mais, dans sa très douce bénignité, il ne força pas les autres à l’imiter. Il savait bien, en effet, qu’il vaut mieux avoir des mercenaires que peu ou pas de fils. C’est pourquoi, la charité se refroidissant, l’Esprit Saint a disposé que l’Eglise serait dans l’abondance au point de vue temporel, afin que le culte de Dieu ne subît pas de détriment du fait de la pauvreté ou de l’indigence des clercs.” Saint Bonaventure se plaît à insister sur le caractère volontaire de la pauvreté du Christ-Roi: “Il est le Maître de l’univers et donc roi dans un sens absolu; il est roi, lui à qui tout appartient… C’est pour nous que le Christ a assumé la pauvreté.”
C’est sous cet aspect de renoncement volontaire que la pensée franciscaine avait aimé dès les origines de l’Ordre des Mineurs, considérer la royauté du Christ. Saint Antoine de Padoue avait souvent insisté, dans ses sermons, sur le contraste qui existe entre la majesté terrible à laquelle le Christ-Roi avait droit, et la douceur pacifique, l’humble pauvreté qu’il avait acceptées 1°. La royauté du Christ devient pour Eustache d’Arras, o.f.m., l’occasion d’une exhortation directe au refus des honneurs et des prélatures et, à la fin du siècle, un maître franciscain d’Oxford fit de ce dénuement volontaire du Christ-Roi le thème d’un très beau sermon pour le Vendredi Saint 31.
Renoncer, comme le Christ, au droit qu’ont tous les fidèles de posséder des biens temporels est donc le moyen le plus efficace de participer à sa royauté: “Il est riche, certes, celui qui possède autant que le roi du ciel et de la terre. Tel est celui qui n’a rien en propre et possède tout dans la charité.” Ceux qui sont vraiment pauvres, dit encore saint Bonaventure, ceux-là commencent d’être vraiment rois 34. Ainsi se trouve fondée sur la royauté même du Christ la possibilité de l’imiter dans l’état de pauvreté. Il y a plus la royauté du Christ ne justifie pas seulement la pauvreté des Mendiants, elle la rend possible: le voeu de pauvreté, explique le franciscain Hugues de Digne, n’est légitime que parce que la chrétienté est un royaume; on ne peut, en effet, renoncer à son droit qu’en faveur de la communauté et en vue du bien commun. Or, la perfection évangélique réalisée par “l’extrême pauvreté” est toute au bénéfice des intérêts publics du royaume des chrétiens. On ne pouvait prendre l’idée de royauté en un sens plus strict, ni l’utiliser avec plus de logique: à l’exemple du Christ-Roi, l’Eglise est reine si elle est pauvre en esprit, si elle sait user des biens de ce monde sans leur être attachée.

2. Jean de Paris
Dans les premières années du XIVe siècle, un maître en théologie de Paris Jean Quidort, dit “de Paris” intervient, du point de vue doctrinal, dans le différend qui oppose Philippe le Bel à Boniface VIII. Il le fait dans son traité Sur le pouvoir du roi et du pape.
Selon lui, le pouvoir royal du Christ n’est pas d’ordre temporel. Dès le prologue, Jean de Paris l’affirme clairement et se plaît à y insister. Seuls, ceux qui n’ont pas l’intelligence des Ecritures peuvent croire le contraire: Hérode, par exemple, craignait que le Christ ne lui ravît son pouvoir. Et Jean de Paris, à la suite de la tradition médiévale et de saint Thomas, réfute avec complaisance cette aberration ridicule: la connaissance des textes prophétiques eût épargné à Hérode une erreur aussi grossière. Le Christ devait nous l’enseigner lui-même: son royaume n’est pas de ce monde, sa royauté est toute spirituelle.
Ce point de doctrine une fois établi, Jean de Paris en cherche l’explication théologique; il distingue entre ce qui convient au Christ en raison de sa divinité et ce qui lui convient au titre de son humanité, considérée d’abord comme unie à la personne du Verbe, puis en elle-même.
1. Fils de Dieu et égal à son Père, le Christ est roi universel de tous les êtres qu’il a créés.
2. En tant qu’Homme-Dieu, c’est-à-dire en tant que médiateur, il est roi des hommes qu’il a rachetés: il exerce dès ici-bas la royauté spirituelle qu’il possédait en vertu de l’union hypostatique et qu’il a voulu acquérir en outre au prix de son sacrifice. Il nous fait participer à sa dignité: dans la mesure où, unis à lui par la foi et la charité, ils offrent à Dieu le sacrifice d’un coeur contrit, tous les justes sont réellement prêtres et rois; les ministres de l’Eglise le sont à un titre spécial- ils traduisent en des rites extérieurs, qui contiennent et communiquent la grâce, le sacrifice commun de tous les fidèles ^z.
3. Considéré enfin dans son humanité seule, le Christ n’est pas roi temporel des biens possédés par les hommes, fussent-ils chrétiens. Pour sa nature humaine, en effet, il a volontairement accepté la pauvreté, ainsi que les autres “déficiences” qu’il pouvait assumer sans contracter le péché (defectus indetrectabiles).
A la lumière cette distinction, Jean de Paris interprète les récits évangéliques et les textes traditionnels. Au cours de sa vie terrestre, le Christ n’a pas exercé de “propriété ou juridiction temporelle sur les biens des laïcs”. S’il a semblé parfois en disposer en maître, il agissait en vertu de sa divinité, et pour manifester qu’il était Dieu. En tant qu’homme, il a choisi, pour nous donner l’exemple de la vertu, un royaume qui ne fût pas de ce monde, et c’est celui qu’il continue d’exercer dans son Eglise: il règne par la foi en exigeant des hommes la soumission de la partie la plus spirituelle de leur être. A ce prix, il les conduit au royaume des cieux: “Il règne donc sur les coeurs des fidèles et non sur leurs possessions.”
Ainsi, Jean de Paris – et il est le premier à le faire – cherche la justification dogmatique de la pauvreté du Christ dans la doctrine des “déficiences” assumées par l’Homme-Dieu. Dans son Commentaire sur les sentences, il avait exposé sur ce point une théorie en tout conforme à l’enseignement traditionnel: s’il existe dans le Christ des imperfections et des carences, c’est parce qu’il les a adoptées pour nous racheter; avant revêtu la nature humaine dans sa pureté originelle, il ne pouvait subir que volontairement les conséquences du péché. Parmi ces conséquences, les Scolastiques énuméraient la faim, la soif, et la mort; Jean de Paris y ajoute la pauvreté. Son originalité consiste à demander à la théologie traditionnelle la solution des questions soulevées par la controverse politique de son temps.

POURQUOI DES CENDRES ?

3 mars, 2014

http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Mercredi-des-Cendres/Pourquoi-des-cendres

MERCREDI 5 MARS 2014

POURQUOI DES CENDRES ?

Cette coutume de se couvrir la tête de cendres – et à l’origine de se revêtir aussi d’un sac – est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte au peuple hébreu (Jonas 3.5-9 : Jérémie 6.26 ; 25- 34 ; Matthieu 1 1,21).

Le mercredi des Cendres marque l’entrée officielle en Carême et dans le cycle pascal. Il peut tomber n’importe quel mercredi entre le 4 février et le 10 mars, en fonction de la date de Pâques. Les cendres qui proviennent des rameaux de l’année précédente, brûlés pour l’occasion, sont déposées sur le front des fidèles.

Aux commencements du christianisme
Ce rite des cendres n’était pas directement associé au début du Carême. Vers l’an 300. il fut adopté par certaines Églises locales et intégré au rite d’excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publies de la communauté. Ces personnes s’étaient rendues coupables de péchés ou de scandales « majeurs » : apostasie. hérésie, meurtre et adultère (considérés comme des péchés « capitaux »).

Au VIIe siècle environ
Cette coutume donna lieu, dans certaines églises, à un rite public du mercredi des Cendres. Les pécheurs confessaient d’abord leurs péchés en privé. Puis ils étaient présentés a l’évêque et mis publiquement au rang des pénitents, ils devaient se préparer pour recevoir l’absolution donnée le Jeudi saint. Après une imposition des mains et des cendres, ils étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve l’avaient été du paradis. Bien sûr, on leur rappelait que la mort est la conséquence du péché : « Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras » (Genèse 3,19).
Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d’où l’expression de « quarantaine »). Le « sac » qu’ils avaient revêtu et la cendre dont ils étaient couverts permettaient de les reconnaître lors des assemblées ou, le plus souvent, aux portes de l’église où ils étaient relégués. Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s’abstenir de viande, d’alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d’avoir des relalions sexuelles et de gérer ses affaires. Selon les diocèses, il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie.

Au cours du Moyen Âge
C’est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d’insistance. Par conséquent, tes traditions associées au mercredi des Cendres furent appliquées a tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée. Au XIe siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd’hui- Depuis quelques années, il existe une alternative à la formule traditionnelle pour l’imposition des cendres. Elle met en valeur un aspect beaucoup plus positif du Carême : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15).
Dans les Églises de Bretagne insulaire et d’Irlande, une nouvelle modalité pénitentielle se développa, entre le VIe et le VIIIe siècle, sous l’influence des moines celles. Il s’agissait d’une forme de pénitence personnelle et privée pour des péchés moins graves que ceux évoqués ci-dessus. Cette pratique, plus que le rite du mercredi des Cendres, allait contribuer a faire évoluer les modalités du sacrement de la réconciliation.

Trois sortes de traditions ont donné au Carême son caractère spécifique
1. celles qui favorisent un climat d’austérité ;
2. les pratiques pénitentielles. surtout en matière de jeûne et d’abstinence
3. les dévotions centrées sur la souffrance de Jésus.

Au cours de ces vingt dernières années, ces traditions ont été associées à des pratiques nouvelles, mettant l’accent sur une dimension plus positive du Carême.

Bon Carême !

ORIGINES DU CARÊME DANS L’HISTOIRE

3 mars, 2014

http://www.liturgiecatholique.fr/Origines-du-careme-dans-l-histoire.html?artsuite=0

ORIGINES DU CARÊME DANS L’HISTOIRE

Le mot « carême » vient du latin « quadragesima ». Il désigne la période de quarante jours pendant laquelle l’Eglise se prépare à Pâques par une vie chrétienne plus intense et par diverses pratiques de pénitence.
Canoniquement, pour le jeûne, le carême de l’Eglise latine commmence le mercredi des Cendres et s’achève le samedi saint à midi.
De nos jours, les liturgistes ont coutume d’y distinguer deux « temps liturgiques », celui du carême proprement dit et celui de la Passion, qui commence aux premières vêpres du dimanche de la Passion, c’est-à-dire du dimanche « des Rameaux ».
Les origines du carême :
A la suite de saint Jérôme et de saint Léon, certains auteurs attribuent au carême une origine apostolique ; d’autres nient qu’il ait existé avant le IVème siècle. Au départ, le jeûne primitif de la semaine sainte était, si possible ininterrompu, et on s’y livrait pour accomplir la parole du divin Maître : « Des jours viendront où l’Epoux sera enlevé à ses disciples, et alors ils jeûneront » (Luc 5,35).
Dans les Eglises issues de la gentilité, on jeûnait au moins pendant les quarante heures commémoratives de la disparition du Sauveur, c’est à dire du vendredi soir au dimanche matin. Dans les Eglises d’origine judéo-chrétienne, on commençait à jeûner dès le lundi, parce qu’on regardait ce jour comme le point de départ du complot des pharisiens pour faire mourir Jésus, donc comme le commencement de la disparition de l’Epoux, et parce que la coutume juive enjoignait aux Hébreux de se nourrir pendant sept jours du « pain de l’affliction » au temps de la Pâque. Ainsi le jeûne primitif de la Semaine Sainte nous apparaît-il en définitive comme un jeûne de compassion et de deuil pour la disparition de l’Epoux ; ce n’est pas un jeûne préparatoire à la célébration du mystère, mais un jeûne qui l’accompagne.
Il semblerait que la préoccupation de l’Eglise dans l’institution nouvelle ait été la préparation immédiate des catéchumènes au baptême, préparation qui durait quarante jours, ainsi que celle des pénitents admis à être réconciliés le jeudi-saint ; mais à ces deux catégories de sujets l’Eglise entendait bien associer par la même occasion tous les fidèles parce que c’est le corps mystique tout entier qui doit mourir et ressusciter avec le Christ pour se renouveler en lui dans les solennités pascales.
Le Seigneur n’a jamais séparé dans son enseignement le jeûne de l’aumône et de la prière (Mt 6, 1 – 18). Les Pères de l’Eglise devaient le rappeler chaque année au peuple avec insistance, comme en témoignent en particulier les sermons de saint Léon le Grand. Aussi le jeûne s’accompagna-t-il toujours de réunions de prières à l’écoute de la parole de Dieu.
C’est ainsi que, dès le temps d’Augustin et de Chrysostome, le carême possédait les traits qu’il devait conserver par la suite : temps de jeûne, de partage et de prière pour tout 

 

12