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BENOÎT XVI – L’ANNÉE DE LA FOI. LES CHEMINS QUI CONDUISENT À LA CONNAISSANCE DE DIEU

5 octobre, 2016

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BENOÎT XVI – L’ANNÉE DE LA FOI. LES CHEMINS QUI CONDUISENT À LA CONNAISSANCE DE DIEU

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 14 novembre 2012

Chers frères et sœurs,

Mercredi dernier, nous avons réfléchi sur le désir de Dieu que l’être humain porte au plus profond de lui-même. Aujourd’hui, je voudrais continuer à approfondir cet aspect en méditant brièvement avec vous sur certaines voies pour arriver à la connaissance de Dieu. Je voudrais rappeler, toutefois, que l’initiative de Dieu précède toujours toute initiative de l’homme, et, même en chemin vers Lui, c’est Lui le premier qui nous éclaire, nous oriente et nous guide, en respectant toujours notre liberté. Et c’est toujours Lui qui nous fait entrer dans son intimité, en se révélant et en nous donnant la grâce pour pouvoir accueillir cette révélation dans la foi. N’oublions jamais l’expérience de saint Augustin : ce n’est pas nous qui possédons la Vérité après l’avoir cherchée, mais c’est la Vérité qui nous cherche et nous possède. Toutefois, il existe des voies qui peuvent ouvrir le cœur de l’homme à la connaissance de Dieu, il existe des signes qui conduisent vers Dieu. Certes, nous risquons souvent d’être aveuglés par les miroitements de la vie du monde, qui nous rendent moins capables de parcourir ces voies ou de lire ces signes. Mais Dieu ne se lasse jamais de nous chercher, il est fidèle à l’homme qu’il a créé et racheté, il reste proche de notre vie parce qu’il nous aime. Voilà une certitude qui doit nous accompagner chaque jour, même si certaines mentalités diffuses rendent plus difficiles à l’Eglise et au chrétien de transmettre la joie de l’Évangile à chaque créature et de conduire chacun à la rencontre avec Jésus, unique Sauveur du monde. Telle est, toutefois, notre mission, c’est la mission de l’Église et tout croyant doit la vivre joyeusement, en la ressentant comme sienne, à travers une existence vraiment animée par la foi, marquée par la charité, par le service à Dieu et aux autres, et capable de faire rayonner l’espérance. Cette mission resplendit surtout dans la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés. Aujourd’hui — nous le savons — les difficultés ne manquent pas ni les épreuves pour la foi, souvent peu comprise, contestée, refusée. Saint Pierre disait à ses chrétiens : «Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » ( 1 Pt 3, 15). Par le passé, en Occident, dans une société considérée comme chrétienne, la foi était le milieu dans lequel elle évoluait; la référence et l’adhésion à Dieu étaient, pour la plupart des personnes, une partie de la vie quotidienne. C’était plutôt celui qui ne croyait pas qui devait justifier son incrédulité. Dans notre monde, la situation a changé et le croyant doit toujours davantage être capable de rendre raison de sa foi. Le bienheureux Jean-Paul II, dans l’encyclique Fides et ratio, soulignait combien la foi est encore mise à l’épreuve à l’époque contemporaine à travers des formes subtiles et captieuses d’athéisme théorique et pratique (cf. nn. 46-47). A partir du siècle des Lumières, la critique contre la religion s’est intensifiée ; l’histoire a été marquée par la présence de systèmes athées dans lesquels Dieu était considéré comme une pure projection de l’esprit humain, une illusion et le produit d’une société déjà faussée par tant d’aliénations. Le siècle dernier a ensuite connu un fort processus de sécularisme à l’enseigne de l’autonomie absolue de l’homme, considéré comme la mesure et l’artisan de la réalité, mais appauvri dans son identité de créature « à l’image et à la ressemblance de Dieu ». De nos jours s’est vérifié un phénomène particulièrement dangereux pour la foi: il y a en effet une forme d’athéisme que nous définissons, justement, « pratique », dans lequel les vérités de la foi ou les rites religieux ne sont pas niés, mais simplement ils sont jugés sans importance pour l’existence quotidienne, détachés de la vie, inutiles. Souvent, alors, on croit en Dieu de manière superficielle, et on vit « comme si Dieu n’existait pas » (etsi Deus non daretur). Mais à la fin, cette manière de vivre se révèle encore plus destructrice, parce qu’elle porte à l’indifférence envers la foi et envers la question de Dieu. En réalité, l’homme, séparé de Dieu, est réduit à une seule dimension, celle horizontale, et ce réductionnisme est précisément l’une des causes fondamentales des totalitarismes qui ont eu des conséquences tragiques au siècle dernier, ainsi que de la crise de valeurs que nous voyons dans la réalité actuelle. En affaiblissant la référence à Dieu, on a également affaibli l’horizon éthique, pour laisser place au relativisme et à une conception ambiguë de la liberté, qui au lieu d’être libératrice, finit par lier l’homme à des idoles. Les tentations que Jésus a affrontées dans le désert avant sa mission publique, représentent bien ces « idoles » qui fascinent l’homme, lorsqu’il ne va pas au-delà de lui-même. Si Dieu perd son caractère central, l’homme perd sa juste place, il ne trouve plus sa place dans la création, dans les relations avec les autres. Ce que la sagesse antique évoque avec le mythe de Promothée n’a pas disparu : l’homme pense pouvoir devenir lui-même « dieu », patron de la vie et de la mort. Face à cette situation, l’Église, fidèle au mandat du Christ, ne cesse d’affirmer la vérité sur l’homme et sur son destin. Le Concile Vatican ii affirme ainsi de façon synthétique : « L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation de l’homme à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à l’homme de dialoguer avec Lui commence avec l’existence humaine. Car, si l’homme existe, c’est que Dieu l’a créé par amour et, par amour, ne cesse de lui donner l’être ; et l’homme ne vit pleinement selon la vérité que s’il reconnaît librement cet amour et s’abandonne à son Créateur » (Const. Gaudium et spes, n. 19). Quelles réponses la foi est-elle alors appelée à donner, « avec douceur et respect» à l’athéisme, au scepticisme, à l’indifférence envers la dimension verticale, afin que l’homme de notre temps puisse continuer à s’interroger sur l’existence de Dieu et à parcourir les voies qui conduisent à Lui ? Je voudrais évoquer certaines voies, qui dérivent tant de la réflexion naturelle, que de la force même de la foi. Je voudrais les résumer de façon très synthétique en trois mots : le monde, l’homme, la foi. Le premier mot : le monde. Saint Augustin, qui dans sa vie a longuement cherché la Vérité et a été saisi par la Vérité, a écrit une très belle et célèbre page, dans laquelle il affirme ceci : « Interroge la beauté de la terre, la beauté de la mer, la beauté de cette vaste et immense atmosphère, la beauté du ciel… interroge tout cela. Tout ne répond-il pas : Regarde, admire notre beauté ? Leur beauté même est une réponse. Or, qui a fait ces beautés muables, sinon l’immuable Beauté ? » (Sermon, 241, 2 : pl 38, 1134). Je pense que nous devons récupérer et faire récupérer à l’homme d’aujourd’hui la capacité de contempler la création, sa beauté, sa structure. Le monde n’est pas un magma informe, mais plus nous le connaissons, plus nous en découvrons les merveilleux mécanismes, plus nous voyons un dessein, nous voyons qu’il y a une intelligence créatrice. Albert Einstein disait que dans les lois de la nature « se révèle une raison si supérieure que toutes les pensées ingénieuses des hommes et leur agencement ne sont, en comparaison, qu’un reflet tout à fait futile » (Comment je vois le monde). Une première voie, donc, qui conduit à la découverte de Dieu consiste à contempler la création avec un regard attentif. Le deuxième mot : l’homme. Saint Augustin, toujours lui, est l’auteur ensuite d’une phrase célèbre dans laquelle il dit que Dieu est davantage en moi que je ne le suis moi-même (cf. Confessions III, 6, 11). C’est pourquoi il formule l’invitation : « Ne va pas au dehors, cherche en toi-même ; la vérité réside dans l’homme intérieur » (De vera religione, 39, 72). Cela est un autre aspect que nous risquons de perdre de vue dans le monde bruyant et désordonné dans lequel nous vivons : la capacité de nous arrêter et de regarder en profondeur en nous-mêmes et de lire cette soif d’infini que nous portons à l’intérieur, qui nous pousse à aller au-delà et renvoie à Quelqu’un qui puisse la combler. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme : « Avec son ouverture à la vérité et à la beauté, son sens du bien moral, sa liberté et la voix de sa conscience, son aspiration à l’infini et au bonheur, l’homme s’interroge sur l’existence de Dieu » (n. 33). Le troisième mot: la foi. En particulier dans la réalité de notre temps, nous ne devons pas oublier qu’une voie qui conduit à la connaissance et à la rencontre avec Dieu est la vie de la foi. Celui qui croit est uni à Dieu, il est ouvert à sa grâce, à la force de la charité. Ainsi, son existence devient le témoignage non de lui-même, mais du Ressuscité, et sa foi n’a pas crainte de se montrer dans la vie quotidienne, elle est ouverte au dialogue qui exprime une amitié profonde pour le chemin de chaque homme, et sait allumer des lumières d’espérance au besoin de rachat, de bonheur, d’avenir. En effet, la foi est une rencontre avec Dieu qui parle et œuvre dans l’histoire et qui convertit notre vie quotidienne, en transformant en nous la mentalité, les jugements de valeur, les choix et les actions concrètes. Ce n’est pas une illusion, une fuite de la réalité, un refuge confortable, du sentimentalisme, mais une participation de toute la vie et l’annonce de l’Evangile, Bonne Nouvelle capable de libérer chaque homme. Un chrétien, une communauté qui sont actifs et fidèles au projet de Dieu qui nous a aimés le premier, constituent une voie privilégiée pour ceux qui sont dans l’indifférence ou dans le doute à propos de son existence et de son action. Mais cela demande à chacun de rendre toujours plus transparent son propre témoignage de foi, en purifiant sa vie afin qu’elle soit conforme au Christ. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ont une conception limitée de la foi chrétienne, car ils l’identifient avec un simple système de croyances et de valeurs et pas tant avec la vérité de Dieu qui s’est révélé dans l’histoire, désireux de communiquer avec l’homme de manière personnelle, dans une relation d’amour avec lui. En réalité, comme fondement de chaque doctrine ou valeur, il y a l’événement de la rencontre entre l’homme et Dieu en Jésus Christ. Le christianisme, avant d’être une morale ou une éthique, est l’avènement de l’amour, est l’accueil de la personne de Jésus. C’est pourquoi le chrétien et les communautés chrétiennes doivent tout d’abord regarder et faire voir le Christ, véritable chemin qui conduit à Dieu.

LA FOI ET LE COMMANDEMENT DE L’AMOUR FRATERNEL

14 janvier, 2016

http://www.interbible.org/interBible/source/rencontres/2013/ren_131113.html

LA FOI ET LE COMMANDEMENT DE L’AMOUR FRATERNEL

34 Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. 35 À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. (Jean 13, 34-35)
Nous voici parvenus au terme de l’Année de la foi et également de cette série de chroniques qui nous ont fait découvrir que la vie dans la foi repose sur l’expérience de la rencontre du Christ. Le pape émérite Benoît XVI, dans une homélie prononcée dans le cadre du Synode sur la Parole de Dieu (2008) disait que la fine fleur de la foi est l’amour de charité. C’est l’amour vécu qui donne à la foi sa crédibilité et son rayonnement au milieu du monde. On comprend pourquoi Jésus a fait de l’amour fraternel un commandement pour que nous fassions mémoire du don de sa vie par amour pour la multitude humaine.
La communauté chrétienne des origines nous livre d’abondants témoignages d’amour fraternel. Au-delà du partage de leurs ressources, l’amour fraternel est leur signe d’appartenance au Christ. Ils avaient un même amour les uns pour les autres comme ils avaient une même foi au Christ. L’amour fraternel est la manifestation de la joie de personnes qui ont accueilli le salut; c’est le reflet de la paix apportée par le Christ, lui qui a réconcilié tous les êtres humains avec Dieu en leur donnant de devenir enfants de Dieu. L’amour fraternel que les membres de la communauté chrétienne se témoignent les uns aux autres est une façon de dire à chacun qu’il a du prix comme il en a aux yeux de Dieu. Cette vérité demeure toujours aussi actuelle pour nous, chrétiens et chrétiennes du vingtième siècle, que pour ceux et celles du premier.
La valeur de l’amour fraternel tient au fait qu’il révèle l’amour que Jésus a eu pour tous les humains. Et c’est pour cette raison que Jésus nous en fait une obligation. Non pas une obligation qui vient de l’extérieur mais qui jaillit du plus profond de nous-mêmes à cause de notre foi et de notre amour pour Jésus. Se laisser conduire par cette loi intérieure est un signe de maturité chrétienne. Bien sûr que nous ne saurions aimer avec la même sainteté que Jésus. Toutefois, à la suite de Jésus et à cause de l’amour qu’il a eu pour nous et que nous avons pour lui, il nous est possible d’aimer avec la même qualité et avec le même empressement à servir nos frères et sœurs. L’amour que nous avons les uns pour les autres est la preuve de notre relation vivante avec le Christ.
Il faut bien reconnaître que Jésus se montre exigeant à l’égard des disciples que nous sommes. C’est à l’amour que nous avons les uns pour les autres que l’on reconnaîtra justement que nous sommes ses disciples. Cet amour fraternel porte des fruits de paix, de partage et de justice, de bonté, de patience et de pardon. C’est notre façon à nous de témoigner que le salut, apporté par Jésus à l’humanité, est toujours à l’œuvre et qu’il ne cesse de s’étendre dans le cœur des hommes et des femmes. La pratique du commandement de l’amour manifeste notre solidarité avec Jésus, notre fidélité, notre habitation dans le cœur de Dieu.
L’amour vécu par les chrétiens et les chrétiennes, à la manière de Jésus, a une fonction de révélation. En effet, c’est de cette manière que nous évoquons l’amour du Christ pour nous et que nous prolongeons également l’amour de Dieu qui s’est incarné en Jésus. Si Jésus nous a rendus capables de remplir une mission aussi élevée, c’est parce qu’il a fait de nous des amis auxquels il a révélé ce que Dieu porte en son cœur. N’est-ce pas un motif de fierté pour nous, chrétiens et chrétiennes, de vivre à notre tour de l’amour du Père qui a fait vivre Jésus ? N’est-ce pas un point d’honneur de fonder nos relations avec les autres sur le grand commandement de l’amour ? N’y a-t-il pas de meilleure fidélité au Christ que d’investir dans l’amour des autres ? Tel est l’avenir de l’aventure de la foi.

 

PRIÈRE POUR LA JOURNÉE MARIALE À L’OCCASION DE L’ ANNÉE DE LA FOI – PAROLES DU PAPE FRANÇOIS

26 janvier, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/october/documents/papa-francesco_20131012_preghiera-mariana.html

PRIÈRE POUR LA JOURNÉE MARIALE À L’OCCASION DE L’ ANNÉE DE LA FOI

PAROLES DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre

Samedi 12 octobre 2013

Chers frères et sœurs,

Cette rencontre de l’Année de la foi est consacrée à Marie, Mère du Christ et de l’Église, notre Mère. Sa statue, venue de Fatima, nous aide à sentir sa présence au milieu de nous. Il y a une réalité : Marie nous conduit toujours à Jésus. Elle est une femme de foi, une vraie croyante. Nous pouvons nous demander : comment a été la foi de Marie ?
1. Le premier élément de sa foi est celui-ci : la foi de Marie dénoue le nœud du péché (cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 56). Qu’est-ce que cela signifie ? Les Pères conciliaires [de Vatican II] ont repris une expression de Saint Irénée qui dit : « Le nœud noué par la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie ; ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la vierge Marie l’a délié par sa foi » (Adversus Haereses III, 22, 4).
Voilà. Le « nœud » de la désobéissance, le « nœud » de l’incrédulité. Quand un enfant désobéit à sa maman ou à son papa, nous pourrions dire que se forme un petit « nœud ». Cela arrive si l’enfant agit en se rendant compte de ce qu’il fait, particulièrement s’il y a un mensonge ; dès lors il n’a confiance ni en sa maman ni en son papa. Vous savez que de fois cela arrive ! Alors la relation avec les parents a besoin d’être assainie de cette faute et, en effet, il s’excuse, pour qu’il y ait de nouveau harmonie et confiance. Quelque chose de semblable advient dans notre relation avec Dieu. Quand nous ne l’écoutons pas, ne suivons pas sa volonté, nous accomplissons des actions concrètes par lesquelles nous manifestons un manque de confiance en lui – et c’est le péché – il se forme comme un nœud dans notre être intime. Et ces nœuds nous ôtent la paix et la sérénité. Ils sont dangereux, car de plusieurs nœuds peut se former un enchevêtrement, qui est toujours plus douloureux et toujours plus difficile à dénouer.
Mais à la miséricorde de Dieu – nous le savons – rien n’est impossible ! Même les nœuds les plus emmêlés se dénouent avec sa grâce. Et Marie, qui, par son « oui », a ouvert la porte à Dieu pour dénouer le nœud de l’ancienne désobéissance, est la mère qui, avec patience et tendresse, nous conduit à Dieu, afin qu’il dénoue les nœuds de notre âme avec sa miséricorde de Père. Chacun de nous en a quelques-uns, et nous pouvons nous demander dans notre cœur : quels nœuds y-a-t-il dans ma vie ? « Père, les miens ne peuvent pas se dénouer ! » Mais c’est une erreur ! Tous les nœuds du cœur, tous les nœuds de la conscience peuvent être dénoués. Est-ce que je demande à Marie de m’aider à avoir confiance en la miséricorde de Dieu, pour les dénouer, pour changer ? Elle, femme de foi, nous dira sûrement : « Avance, va chez le Seigneur : lui te comprend ». Et elle nous conduit par la main, Mère, Mère, vers la tendresse du Père, du Père de la miséricorde.
2. Deuxième élément : la foi de Marie donne chair humaine à Jésus. Le Concile dit : « Par sa foi et son obéissance, elle a engendré sur la terre le propre Fils du Père, et cela sans connaître d’homme, mais couverte de l’ombre du Saint-Esprit » ( Const. Dogm. Lumen gentium n. 63). C’est un point sur lequel les Pères de l’Église ont beaucoup insisté : Marie a conçu Jésus dans la foi et ensuite dans la chair, quand il a dit « oui » à l’annonce que Dieu lui a adressée par l’intermédiaire de l’Ange. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il n’a pas voulu se faire homme en ignorant notre liberté, il a voulu passer par le libre assentiment de Marie, à travers son « oui ». Il lui a demandé : « Es-tu disposée à cela ? ». Et elle a dit : « Oui ».
Mais ce qui s’est produit dans la Vierge Mère de manière unique, se réalise aussi sur plan spirituel en nous quand nous accueillons la Parole de Dieu avec un cœur bon et sincère et que nous la mettons en pratique. C’est comme si Dieu prenait chair en nous, il vient habiter en nous, car il prend demeure en ceux qui l’aiment et observent sa Parole. Il n’est pas facile de comprendre cela, mais, oui, c’est facile de le sentir dans le cœur.
Pensons-nous que l’incarnation de Jésus est seulement un fait du passé, qui ne nous engage pas personnellement ? Croire en Jésus signifie lui offrir notre chair, avec l’humilité et le courage de Marie, pour qu’il puisse continuer d’habiter au milieu des hommes ; croire en Jésus signifie lui offrir nos mains pour caresser les petits et les pauvres ; nos pieds pour aller à la rencontre de nos frères ; nos bras pour soutenir celui qui est faible et travailler dans la vigne du Seigneur ; notre esprit pour penser et faire des projets à la lumière de l’Évangile ; et, surtout offrir notre cœur pour aimer et prendre des décisions selon la volonté de Dieu. Tout cela se réalise grâce à l’action de l’Esprit Saint. Et ainsi nous sommes les instruments de Dieu pour que Jésus agisse dans le monde à travers nous.
3. Et le dernier élément est la foi de Marie comme une marche : le Concile affirme que Marie « avança dans son pèlerinage de foi » (ibid. n. 58). C’est pourquoi elle nous précède dans ce pèlerinage, elle nous accompagne, nous soutient.
Dans quel sens la foi de Marie a été une marche ? Dans le sens que, toute sa vie, elle a suivi son Fils : c’est lui – lui Jésus – la route, c’est lui le chemin ! Progresser dans la foi, avancer dans ce pèlerinage spirituel qu’est la foi, n’est autre que suivre Jésus ; l’écouter et se laisser guider par ses paroles ; voir comment il se comporte et mettre nos pieds dans ses pas, avoir ses sentiments et ses attitudes mêmes. Et quels sont les sentiments et les attitudes de Jésus ? Humilité, miséricorde, proximité, mais aussi ferme refus de l’hypocrisie, de la duplicité, de l’idolâtrie. Le chemin de Jésus est celui de l’amour fidèle jusqu’au bout, jusqu’au sacrifice de sa vie, c’est le chemin de la croix. C’est pourquoi le chemin de la foi passe par la croix et Marie l’a compris dès le début, quand Hérode voulait tuer Jésus qui venait de naître. Mais ensuite, cette croix est devenue plus profonde, quand Jésus a été rejeté : Marie était toujours avec Jésus, elle suivait Jésus au milieu du peuple, et elle entendait les bavardages, les paroles odieuses de ceux qui n’aimaient pas le Seigneur. Et cette croix, elle l’a portée ! Alors la foi de Marie a fait face à l’incompréhension et au mépris. Quand est arrivée l’« heure » de Jésus, l’heure de la passion : alors la foi de Marie a été la petite flamme dans la nuit, cette petite flamme en pleine nuit. Dans nuit du samedi-saint Marie a veillé. Sa petite flamme, petite mais claire, a été allumée dès l’aube de la Résurrection ; et quand elle a appris que le tombeau était vide, dans son cœur a débordé la joie de la foi, la foi chrétienne en la mort et résurrection de Jésus Christ. Parce que la foi nous conduit toujours à la joie, et elle, elle est la Mère de la joie : qui nous enseigne à aller par ce chemin de la joie et à vivre cette joie ! C’est le point culminant – cette joie, cette rencontre de Jésus et de Marie, mais imaginons comment cela a été… Cette rencontre est le point culminant de la marche de la foi de Marie et de toute l’Église. Comment est notre foi ? Est-ce que nous la tenons allumée, comme Marie, même dans les moments difficiles, les moments de ténèbres ? Ai-je ressenti la joie de la foi ?
Ce soir, Mère, nous te remercions pour ta foi, de femme forte et humble ; nous renouvelons notre confiance en toi, Mère de notre foi. Amen.

 

BENOÎT XVI : L’ANNÉE DE LA FOI. QU’EST-CE QUE LA FOI ?

23 juin, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20121024_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 24 octobre 2012

L’ANNÉE DE LA FOI. QU’EST-CE QUE LA FOI ?

Chers frères et sœurs,

Mercredi dernier, avec le début de l’Année de la foi, j’ai commencé une nouvelle série de catéchèses sur la foi. Et aujourd’hui je voudrais réfléchir avec vous sur une question fondamentale : qu’est-ce que la foi ? La foi a-t-elle encore un sens dans un monde où science et technique ont ouvert des horizons encore impensables il y a peu ? Que signifie croire aujourd’hui ? En effet, à notre époque est nécessaire une éducation renouvelée à la foi, qui comprenne certes une connaissance de ses vérités et des événements du salut, mais qui naisse surtout d’une véritable rencontre avec Dieu en Jésus Christ, du fait de l’aimer, de lui faire confiance, afin que toute notre vie s’en trouve impliquée.
Aujourd’hui, à côté de nombreux signes de bien, croît aussi autour de nous un certain désert spirituel. Parfois, on a comme la sensation, en apprenant chaque jour certains événements, que le monde ne va pas vers la construction d’une communauté plus fraternelle et plus pacifique ; les idées mêmes de progrès et de bien-être montrent elles aussi leurs ombres. Malgré la grandeur des découvertes de la science et des succès de la technique, aujourd’hui l’homme ne semble pas devenu vraiment plus libre, plus humain ; tant de formes d’exploitation demeurent, de manipulation, de violence, de vexation, d’injustice… Un certain type de culture, par ailleurs, a éduqué à agir uniquement dans l’horizon des choses, du faisable, à croire uniquement à ce que l’on voit et ce que l’on touche de ses propres mains. D’autre part, toutefois, grandit également le nombre de ceux qui se sentent désorientés et, dans la recherche d’aller au-delà d’une vision uniquement horizontale de la réalité, sont disposés à croire à tout et à son contraire. Dans ce contexte refont surface certaines questions fondamentales, qui sont bien plus concrètes qu’elles n’apparaissent à première vue : quel sens cela a-t-il de vivre ? Y a-t-il un avenir pour l’homme, pour nous et pour les nouvelles générations ? Dans quelle direction orienter les choix de notre liberté pour un résultat bon et heureux de la vie ? Qu’est-ce qui nous attend au-delà du seuil de la mort ?
De ces questions, qu’on ne peut ignorer, il apparaît combien le monde de la planification, du calcul exact et de l’expérimentation, en un mot le savoir de la science, bien qu’important pour la vie de l’homme, à lui seul ne suffit pas. Nous avons besoin non seulement du pain matériel, nous avons besoin d’amour, de sens et d’espérance, d’un fondement certain, d’un terrain solide qui nous aide à vivre avec un sens authentique même dans la crise, dans les ombres, dans les difficultés et dans les problèmes quotidiens. La foi nous donne précisément cela : c’est une manière confiante de s’en remettre à un « Toi », qui est Dieu, qui me donne une certitude différente, mais non moins solide de celle qui me vient du calcul exact ou de la science. La foi n’est pas un simple accord intellectuel de l’homme avec des vérités particulières sur Dieu ; c’est un acte à travers lequel on s’en remet librement à un Dieu qui est Père et qui m’aime ; c’est l’adhésion à un « Toi » qui me donne espérance et confiance. Bien sûr, cette adhésion à Dieu n’est pas privée de contenus: avec elle, nous sommes conscients que Dieu lui-même s’est montré à nous dans le Christ, a fait voir son visage et s’est fait réellement proche de chacun de nous. Plus encore, Dieu a révélé que son amour pour l’homme, pour chacun de nous, est sans mesure: sur la Croix, Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu fait homme, nous montre de la manière la plus lumineuse à quel point arrive cet amour, jusqu’au don de soi-même, jusqu’au sacrifice total. Avec le mystère de la Mort et de la Résurrection du Christ, Dieu descend jusqu’au fond de notre humanité pour la ramener à Lui, pour l’élever à sa hauteur. La foi c’est croire à cet amour de Dieu qui ne fait pas défaut face à la méchanceté de l’homme, face au mal et à la mort, mais qui est capable de transformer toute forme d’esclavage, en donnant la possibilité du salut. Avoir foi, alors, c’est rencontrer ce « Toi », Dieu, qui me soutient et m’accorde la promesse d’un amour indestructible qui non seulement aspire à l’éternité, mais la donne ; c’est m’en remettre à Dieu avec l’attitude d’un enfant, qui sait bien que toutes ses difficultés, tous ses problèmes sont à l’abri dans le «toi» de la mère. Et cette possibilité de salut à travers la foi est un don que Dieu offre à tous les hommes. Je pense que nous devrions méditer plus souvent — dans notre vie quotidienne, caractérisée par des problèmes et des situations parfois dramatiques — sur le fait que croire chrétiennement signifie m’abandonner ainsi avec confiance au sens profond qui me soutient et soutient le monde, ce sens que nous ne sommes pas en mesure de nous donner, mais uniquement de recevoir en don, et qui est le fondement sur lequel nous pouvons vivre sans peur. Et cette certitude libératrice et rassurante de la foi, nous devons être capables de l’annoncer avec la parole et de la montrer avec notre vie de chrétiens.
Mais autour de nous, nous voyons chaque jour que beaucoup restent indifférents ou refusent d’accueillir cette annonce. A la fin de l’Evangile de Marc, aujourd’hui, nous avons des paroles dures du Ressuscité qui dit : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; celui qui refusera de croire sera condamné » (Mc 16, 16), il se perd lui-même. Je voudrais vous inviter à réfléchir à cela. La confiance dans l’action de l’Esprit Saint, doit nous pousser toujours à aller et à prêcher l’Évangile, au courageux témoignage de la foi ; mais, outre la possibilité d’une réponse positive au don de la foi, il y a aussi le risque d’un refus de l’Évangile, du non- accueil de la rencontre vitale avec le Christ. Déjà saint Augustin posait ce problème dans son commentaire à la parabole du semeur : « Nous parlons — disait-il —, nous jetons la semence, nous répandons la semence. Certains nous méprisent, certains nous blâment, certains nous moquent. Si nous les craignons, nous n’avons plus rien à semer et le jour de la moisson nous nous retrouverons sans récolte. Aussi vienne la semence de la bonne terre » (Discours sur la discipline chrétienne, 13, 14 : PL 40, 677-678). Le refus ne peut donc pas nous décourager. Comme chrétiens nous sommes le témoignage de ce terrain fertile : notre foi, malgré nos limites, montre qu’il existe la terre bonne, où la semence de la Parole de Dieu produit des fruits abondants de justice, de paix et d’amour, de nouvelle humanité, de salut. Et toute l’histoire de l’Église, avec tous les problèmes, démontre aussi que la terre bonne, que la bonne semence existe, et qu’elle porte du fruit.
Mais demandons-nous : d’où l’homme puise-t-il cette ouverture du cœur et de l’esprit pour croire dans le Dieu qui s’est rendu visible en Jésus Christ mort et ressuscité, pour accueillir son salut, de sorte que Lui et son Évangile soient le guide et la lumière de l’existence ? Réponse : nous pouvons croire en Dieu parce qu’il s’approche de nous et nous touche, parce que l’Esprit Saint, don du Ressuscité, nous rend capables d’accueillir le Dieu vivant. La foi est donc avant tout un don surnaturel, un don de Dieu. Le Concile Vatican II affirme : « Pour exister, cette foi requiert la grâce prévenante et adjuvante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint-Esprit qui touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne “à tous la douce joie de consentir et de croire à la vérité” » (Const. dogm. Dei Verbum, n. 5). À la base de notre chemin de foi se trouve le baptême, le sacrement que nous donne l’Esprit Saint, en nous faisant devenir des fils de Dieu en Christ, et qui marque l’entrée dans la communauté de la foi, dans l’Église : on ne croit pas par soi-même, sans la venue préalable de la grâce de l’Esprit; et l’on ne croit pas tout seul, mais avec ses frères. À partir du baptême, chaque croyant est appelé à revivre et à faire sienne cette confession de foi, avec ses frères.
La foi est un don de Dieu, mais également un acte profondément libre et humain. Le Catéchisme de l’Eglise catholique le dit avec clarté : « Croire n’est possible que par la grâce et les secours intérieurs du Saint-Esprit. Il n’en est pas moins vrai que croire est un acte authentiquement humain. Il n’est contraire ni à la liberté ni à l’intelligence de l’homme » (n. 154). Au contraire, il les implique et les exalte, dans un enjeu de vie qui est comme un exode, à savoir sortir de soi-même, de ses propres certitudes, de ses propres schémas mentaux, pour se confier à l’action de Dieu qui nous indique sa voie pour obtenir la véritable liberté, notre identité humaine, la véritable joie du cœur, la paix avec tous. Croire signifie se remettre en toute liberté et avec joie au dessein providentiel de Dieu dans l’histoire, comme le fit le patriarche Abraham, comme le fit Marie de Nazareth. La foi est alors un assentiment avec lequel notre esprit et notre cœur prononcent leur « oui » à Dieu, en confessant que Jésus est le Seigneur. Et ce « oui » transforme la vie, il lui ouvre la voie vers une plénitude de signification, il la rend nouvelle, riche de joie et d’espérance fiable.
Chers amis, notre époque demande des chrétiens qui aient été saisis par le Christ, qui grandissent dans la foi grâce à la familiarité avec les Saintes Ecritures et les sacrements. Des personnes qui soient comme un livre ouvert qui raconte l’expérience de la vie nouvelle dans l’Esprit, la présence de ce Dieu qui nous soutient sur le chemin et qui nous ouvre à la vie qui n’aura jamais de fin.

BENOÎT XVI – L’ANNÉE DE LA FOI. LE DÉSIR DE DIEU (2012)

11 février, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20121107_fr.html

(Aujourd’hui marque le premier anniversaire de la démission du pape Benoît XVI, il me semble beau et utile à méditer et seul de sa catéchèse, j’ai choisi celui-ci, le «désir de Dieu»)  

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 7 novembre 2012

L’ANNÉE DE LA FOI. LE DÉSIR DE DIEU

Chers frères et sœurs,

Le chemin de réflexion que nous accomplissons en cette Année de la foi nous conduit à méditer aujourd’hui sur un aspect fascinant de l’expérience humaine et chrétienne : l’homme porte en soi un désir mystérieux de Dieu. De façon très significative, le Catéchisme de l’Église catholique s’ouvre précisément par cette considération : « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher » (n. 27). Une telle affirmation, qui aujourd’hui aussi, dans de nombreux contextes culturels apparaît tout à fait facile à partager, presque évidente, pourrait en revanche sembler une provocation dans le cadre de la culture occidentale sécularisée. Un grand nombre de nos contemporains pourraient en effet objecter qu’ils ne ressentent en aucune façon un tel désir de Dieu. Pour de larges couches de la société, Il n’est plus l’attendu, le désiré, mais plutôt une réalité qui laisse indifférent, face à laquelle on ne doit pas même faire l’effort de se prononcer. En réalité, ce que nous avons défini de « désir de Dieu » n’a pas entièrement disparu et se représente encore aujourd’hui, sous de nombreuses formes, au cœur de l’homme. Le désir humain tend toujours vers des biens concrets déterminés, souvent tout autres que spirituels, et toutefois, on se trouve face à l’interrogation sur ce qu’est véritablement « le » bien, et donc, à se confronter avec quelque chose qui est différent de soi, que l’homme ne peut construire, mais qu’il est appelé à reconnaître. Qu’est-ce qui peut véritablement satisfaire le désir de l’homme ? Dans ma première encyclique, Deus caritas est, j’ai tenté d’analyser la façon dont ce dynamisme se réalise dans l’expérience de l’amour humain, expérience qui, à notre époque, est plus facilement perçue comme un moment d’extase, où l’on sort de soi, comme un lieu dans lequel l’homme sent qu’il est traversé par un désir qui le dépasse. À travers l’amour, l’homme et la femme expérimentent de façon nouvelle, l’un grâce à l’autre, la grandeur et la beauté de la vie et du réel. Si ce dont je fais l’expérience n’est pas une simple illusion, si vraiment je veux le bien de l’autre comme voie également pour mon bien, alors je dois être prêt à ne plus être au centre, à me mettre à son service, jusqu’à renoncer à moi-même. La réponse à la question sur le sens de l’expérience de l’amour passe donc à travers la purification et la guérison de la volonté, exigée par le bien même que l’on veut à l’autre. Il faut s’exercer, s’entraîner, également corriger, afin que ce bien puisse véritablement être désiré. L’extase initiale se traduit ainsi en pèlerinage, « exode permanent allant du je enfermé sur lui-même vers sa libération dans le don de soi, et précisément ainsi vers la découverte de soi-même » (Enc. Deus caritas est, n. 6). À travers ce chemin, l’homme pourra progressivement approfondir la connaissance de l’amour dont il avait fait l’expérience à l’origine. Et le mystère qu’il représente prendra aussi toujours plus forme : en effet, pas même la personne aimée est en mesure de satisfaire le désir qui habite le cœur humain, au contraire, plus l’amour pour l’autre est authentique, plus il laisse entrevoir l’interrogation sur son origine et sur son destin, sur la possibilité qu’il a de durer pour toujours. C’est pourquoi l’expérience humaine de l’amour porte en soi un dynamisme qui renvoie au-delà de soi-même, c’est l’expérience d’un bien qui conduit à sortir de soi et à se retrouver face au mystère qui entoure l’existence tout entière. On pourrait également faire des considérations analogues à propos d’autres expériences humaines, comme l’amitié, l’expérience du beau, l’amour pour la connaissance : chaque bien expérimenté par l’homme tend vers le mystère qui entoure l’homme lui-même ; tout désir qui se présente au cœur humain se fait l’écho d’un désir fondamental qui n’est jamais pleinement satisfait. Sans aucun doute, à partir de ce désir profond, qui cache également quelque chose d’énigmatique, on ne peut arriver directement à la foi. En définitive, l’homme connaît bien ce qui ne le satisfait pas, mais ne peut imaginer ou définir ce qui lui ferait expérimenter ce bonheur dont il conserve la nostalgie dans le cœur. On ne peut connaître Dieu à partir uniquement du désir de l’homme. De ce point de vue, le mystère demeure : l’homme recherche l’Absolu, il le cherche à tâtons et de façon incertaine. Et toutefois, l’expérience du désir, du « cœur inquiet » comme l’appelait saint Augustin, est déjà très significative. Elle nous montre que l’homme, au plus profond de lui, est un être religieux (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 28), un « mendiant de Dieu ». Nous pouvons dire avec les paroles de Pascal : « L’homme passe infiniment l’homme » (Pensées). Les yeux reconnaissent les objets lorsque ceux-ci sont illuminés par la lumière. D’où le désir de connaître la lumière elle-même, qui fait briller les choses du monde et avec elles révèlent le sens de la beauté. Nous devons donc penser qu’il est possible, même à notre époque, apparemment si réfractaire à la dimension transcendante, d’ouvrir un chemin vers l’authentique sens religieux de la vie, qui montre que le don de la foi n’est pas absurde, n’est pas irrationnel. Il serait d’une grande utilité, à cette fin, de promouvoir une sorte de pédagogie du désir, tant pour le chemin de celui qui ne croit pas encore, que pour celui qui a déjà reçu le don de la foi. Une pédagogie qui comprend au moins deux aspects. En premier lieu, apprendre ou réapprendre le goût des joies authentiques de la vie. Toutes les satisfactions ne produisent pas en nous le même effet : certaines laissent une trace positive, sont capables de pacifier l’esprit, nous rendent plus actifs et généreux. D’autres en revanche, après la lumière initiale, semblent décevoir les attentes qu’elles avaient suscitées et laissent parfois derrière elles l’amertume, l’insatisfaction ou un sentiment de vide. Éduquer dès l’âge tendre à goûter des joies véritables, dans tous les domaines de l’existence — la famille, l’amitié, la solidarité avec celui qui souffre, le renoncement à son propre moi pour servir l’autre, l’amour pour la connaissance, pour l’art, pour les beautés de la nature —, tout cela signifie exercer le goût intérieur et produire des anticorps efficaces contre la banalisation et l’aplatissement aujourd’hui répandus. Les adultes aussi ont besoin de redécouvrir ces joies, de désirer des réalités authentiques, en se purifiant de la médiocrité dans laquelle ils peuvent se trouver englués. Il deviendra alors plus facile d’abandonner ou de repousser tout ce qui, malgré des dehors attirants, se révèle en revanche insipide, source d’accoutumance et non de liberté. Et cela fera émerger ce désir de Dieu dont nous parlons. Un deuxième aspect, qui va de pair avec le précédent, est de ne jamais se contenter de que l’on a atteint. Ce sont justement les joies les plus vraies qui sont capables de libérer en nous cette saine inquiétude qui conduit à être plus exigeants — vouloir un bien plus haut, plus profond — et en même temps à percevoir avec une clarté toujours plus grande que rien de fini ne peut combler notre cœur. Nous apprendrons ainsi à tendre, désarmés, vers ce bien que nous ne pouvons pas construire ou nous procurer par nos propres forces; à ne pas nous laisser décourager par la difficulté ou les obstacles qui viennent de notre péché. À cet égard, nous ne devons toutefois pas oublier que le dynamisme du désir est toujours ouvert à la rédemption. Même lorsqu’il se fourvoie sur des chemins erronés, lorsqu’il suit des paradis artificiels et semble perdre la capacité d’aspirer au vrai bien. Même dans l’abîme du péché ne s’éteint pas en l’homme cette étincelle qui lui permet de reconnaître le vrai bien, de le goûter, et d’engager ainsi un parcours d’élévation, auquel Dieu, avec le don de sa grâce, ne fait jamais manquer son aide. Tous, du reste, nous avons besoin de parcourir un chemin de purification et de guérison du désir. Nous sommes des pèlerins vers la patrie céleste, vers le bien complet, éternel, que rien ne pourra nous arracher. Il ne s’agit donc pas d’étouffer le désir qui est dans le cœur de l’homme, mais de le libérer, afin qu’il puisse atteindre sa vraie hauteur. Lorsque, dans le désir, s’ouvre la fenêtre vers Dieu, cela est déjà le signe de la présence de la foi dans l’esprit, une foi qui est une grâce de Dieu. Saint Augustin affirme encore : « Avec l’attente, Dieu élargit notre désir, avec le désir il élargit notre esprit et en le dilatant, il augmente sa capacité » (Commentaire à la Première lettre de Jean, 4, 6 : PL 35, 2009). Dans ce pèlerinage, nous nous sentons frères de tous les hommes, compagnons de voyage même de ceux qui ne croient pas, de qui est en quête, de qui se laisse interroger avec sincérité par le dynamisme de son désir de vérité et de bien. Prions, en cette Année de la foi, afin que Dieu montre son visage à tous ceux qui le cherchent avec un cœur sincère. Merci.

 

PAPE FRANÇOIS: MESSE EN CONCLUSION DE L’ANNÉE DE LA FOI EN LA SOLENNITÉ DU CHRIST-ROI

25 novembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/homilies/2013/documents/papa-francesco_20131124_conclusione-annus-fidei_fr.html

MESSE EN CONCLUSION DE L’ANNÉE DE LA FOI  EN LA SOLENNITÉ DU CHRIST-ROI

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre

Dimanche 24 novembre 2013
 
Aujourd’hui, la solennité du Christ Roi de l’univers, couronnement de l’année liturgique, marque également la conclusion de l’Année de la Foi, promulguée par le Pape Benoît XVI, pour qui nous avons maintenant une pensée pleine d’affection et de reconnaissance pour ce don qu’il nous a fait. Avec cette initiative providentielle, il nous a donné la possibilité de redécouvrir la beauté de ce chemin de foi qui a débuté le jour de notre Baptême, qui nous a faits fils de Dieu et frères dans l’Église. Un chemin qui a pour objectif final la pleine rencontre avec Dieu, et au cours duquel l’Esprit Saint nous purifie, nous élève, nous sanctifie, pour nous faire entrer dans le bonheur auquel aspire notre cœur.
Je désire également adresser une salutation cordiale et fraternelle aux Patriarches et aux Archevêques Majeurs des Églises orientales catholiques, ici présents. L’échange de la paix, que j’accomplirai avec eux, veut exprimer avant tout la reconnaissance de l’Évêque de Rome à l’égard de ces communautés, qui ont confessé le nom du Christ avec une fidélité exemplaire, souvent payée fort cher.
En même temps, par leur intermédiaire, je veux rejoindre avec ce geste tous les chrétiens qui vivent en Terre Sainte, en Syrie et dans tout l’Orient, afin d’obtenir pour tous le don de la paix et de la concorde.
Les lectures bibliques qui ont été proclamées ont comme fil conducteur la centralité du Christ. Le Christ est au centre, le Christ est le centre. Le Christ centre de la création, le Christ centre du peuple, le Christ centre de l’histoire.
1. L’Apôtre Paul nous offre une vision très profonde de la centralité de Jésus. Il nous le présente comme le Premier-né de toute la création : en lui, par lui et pour lui toutes choses furent créées. Il est le centre de toutes choses, il est le principe : Jésus Christ, le Seigneur. Dieu lui a donné la plénitude, la totalité, pour qu’en lui toutes choses soient réconciliées (cf. Col. 1, 12-20). Seigneur de la création, Seigneur de la réconciliation.
Cette image nous fait comprendre que Jésus est le centre de la création ; et, par conséquent, l’attitude demandée au croyant, s’il veut être tel, est de reconnaître et d’accueillir dans sa vie cette centralité de Jésus-Christ, dans ses pensées, dans ses paroles et dans ses œuvres. Et ainsi nos pensées seront des pensées chrétiennes, des pensées du Christ. Nos œuvres seront des œuvres chrétiennes, des œuvres du Christ, nos paroles seront des paroles chrétiennes, des paroles du Christ. Par contre, quand on perd ce centre, parce qu’on le substitue avec quelque chose d’autre, il n’en vient que des dommages, pour l’environnement autour de nous et pour l’homme lui-même.
2. En plus d’être le centre de la création et centre de la réconciliation, le Christ est le centre du peuple de Dieu. Et précisément aujourd’hui il est ici, au milieu de nous. Maintenant il est ici dans la Parole, et il sera ici sur l’autel, vivant, présent, au milieu de nous, son peuple. C’est ce qui nous est exposé dans la première Lecture, qui raconte le jour où les tribus d’Israël vinrent chercher David et, devant le Seigneur, lui donnèrent l’onction de roi sur Israël (cf. 2 S 5, 1-3). À travers la recherche de la figure idéale du roi, ces hommes cherchaient en réalité Dieu lui-même : un Dieu qui se fasse proche, qui accepte de devenir compagnon de route de l’homme, qui se fasse leur frère.
Le Christ, descendant du roi David, est justement le “frère” autour duquel se constitue le peuple, qui prend soin de son peuple, de nous tous, au prix de sa vie. En lui nous sommes un ; un seul peuple uni à lui, nous partageons un seul chemin, un seul destin. C’est seulement en lui, en lui comme centre, que nous avons notre identité comme peuple.
3. Enfin, le Christ est le centre de l’histoire de l’humanité, et aussi le centre de l’histoire de tout homme. C’est à lui que nous pouvons rapporter les joies et les espérances, les tristesses et les angoisses dont notre vie est tissée. Lorsque Jésus est au centre, même les moments les plus sombres de notre existence s’éclairent, et il nous donne l’espérance, comme cela arrive au bon larron dans l’Évangile d’aujourd’hui.
Tandis que tous les autres s’adressent à Jésus avec mépris – “ Si tu es le Christ, le Roi Messie, sauve-toi toi-même en descendant de la croix !” – cet homme, qui a commis des erreurs dans sa vie, à la fin, repenti, s’agrippe à Jésus crucifié en implorant : « Souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume » (Lc 23, 42). Et Jésus lui promet : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (v. 43) : son Royaume. Jésus prononce seulement la parole du pardon, non celle de la condamnation ; et quand l’homme trouve le courage de demander ce pardon, le Seigneur ne laisse jamais tomber une telle demande. Aujourd’hui, nous pouvons tous penser à notre histoire, à notre cheminement. Chacun de nous a son histoire ; chacun de nous a aussi ses erreurs, ses péchés, ses moments heureux et ses moments sombres. Cela fera du bien, au cours de cette journée, de penser à notre histoire, et regarder Jésus, et de tout cœur lui répéter de nombreuses fois, mais avec le cœur, en silence, chacun de nous : “Souviens-toi de moi, Seigneur, maintenant que tu es dans ton Royaume ! Jésus, souviens-toi de moi, parce que je veux devenir bon, je veux devenir bon, mais je n’ai pas la force, je ne peux pas : je suis pécheur, je suis pécheresse. Mais souviens-toi de moi, Jésus. Tu peux te souvenir de moi, parce que tu es au centre, tu es justement dans ton Royaume !”. Que c’est beau ! Faisons-le tous aujourd’hui, chacun dans son cœur, de nombreuses fois. “Souviens-toi de moi, Seigneur, toi qui es au centre, toi qui es dans ton Royaume!”.
La promesse de Jésus au bon larron nous donne une grande espérance : elle nous dit que la grâce de Dieu est toujours plus abondante que la prière qui l’a demandée. Le Seigneur donne toujours plus, il est tellement généreux, il donne toujours plus que ce qui lui est demandé : tu lui demandes qu’il se rappelle de toi, et il t’emmène dans son Royaume ! Jésus est bien le centre de nos désirs de joie et de salut. Allons tous ensemble sur cette route ! 

OUVERTURE DE L’ANNÉE DE LA FOI : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

11 octobre, 2012

http://www.zenit.org/article-32137?l=french

OUVERTURE DE L’ANNÉE DE LA FOI : HOMÉLIE DE BENOÎT XVI

Un « pèlerinage dans les déserts du monde contemporain »

ROME, jeudi 11 octobre 2012 (ZENIT.org) – « Voici la façon dont nous pouvons penser cette Année de la foi : un pèlerinage dans les déserts du monde contemporain, au cours duquel il nous faut emporter seulement ce qui est essentiel : ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent et n’ayez pas deux tuniques – comme dit le Seigneur à ses Apôtres en les envoyant en mission – mais l’Évangile et la foi de l’Église dont les documents du Concile Œcuménique Vatican II sont l’expression lumineuse, comme l’est également le Catéchisme de l’Église catholique, publié il y a 20 ans maintenant » : c’est ainsi que le pape Benoît XVI conclut son homélie de la messe d’inauguration solennelle de l’Année de la foi, place Saint-Pierre, ce 11 octobre.
Une messe ponctuée de gestes et de signes rappelant le 50e anniversaire de l’ouverture du Concile, dont le trône de l’évangéliaire, représentant le Christ vivant.
Homélie de Benoît XVI :
Vénérés frères?
Chers frères et sœurs,
A 50 ans de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II, c’est avec une joie profonde que nous inaugurons aujourd’hui l’Année de la foi. Je suis heureux de saluer toutes les personnes présentes, en particulier Sa Sainteté Bartholomée I, Patriarche de Constantinople, ainsi que Sa Grâce Rowan Williams, Archevêque de Canterbury. J’ai une pensée spéciale pour les Patriarches et les Archevêques majeurs des Églises orientales catholiques et pour les Présidents des Conférences épiscopales. Pour faire mémoire du Concile, que certains d’entre nous ici présents – et que je salue affectueusement – ont eu la grâce de vivre personnellement, cette célébration est encore enrichie par quelques signes spécifiques : la procession initiale qui rappelle la procession inoubliable des Pères conciliaires lorsqu’ils firent leur entrée solennelle dans cette Basilique ; l’intronisation de l’Evangéliaire, copie de celui-là même qui a été utilisé durant le Concile ; les sept Messages finaux du Concile ainsi que le Catéchisme de l’Église catholique que je remettrai à la fin de la Messe, avant la Bénédiction. Non seulement ces signes ne nous font pas seulement souvenir, mais ils nous offrent aussi l’opportunité de dépasser cette perspective pour aller au-delà. Ils nous invitent à entrer plus avant dans le mouvement spirituel qui a caractérisé Vatican II, pour se l’approprier et lui donner tout son sens. Ce sens fut et demeure la foi en Christ, la foi apostolique, animée par l’élan intérieur qui pousse à annoncer le Christ à chaque homme et à tous les hommes pendant le pèlerinage de l’Église sur les chemins de l’histoire.
La cohérence entre l’Année de la foi que nous ouvrons aujourd’hui et le chemin que l’Église a parcouru depuis les 50 dernières années est évidente : à commencer par le Concile, puis à travers le Magistère du Serviteur de Dieu Paul VI qui, déjà en 1967, avait proclamé une « Année de la foi », jusqu’au Grand Jubilée de l’an 2000 par lequel le Bienheureux Jean-Paul II a proposé à nouveau à toute l’humanité Jésus-Christ comme unique Sauveur, hier, aujourd’hui et pour toujours. Entre ces deux pontifes, Paul VI et Jean-Paul II, existe une convergence totale et profonde précisément au sujet du Christ, centre du cosmos et de l’histoire, ainsi qu’au regard du zèle apostolique qui les a portés à l’annoncer au monde. Jésus est le centre de la foi chrétienne. Le chrétien croit en Dieu par Jésus qui nous en a révélé le visage. Il est l’accomplissement des Écritures et leur interprète définitif. Jésus-Christ n’est pas seulement objet de la foi mais, comme le dit la Lettre aux Hébreux, il est « celui qui donne origine à la foi et la porte à sa plénitude » (He 12,2).
L’Évangile de ce jour nous dit que Jésus, consacré par le Père dans l’Esprit-Saint, est le sujet véritable et pérenne de l’évangélisation. « L’Esprit du Seigneur est sur moi pour cela il m’a consacré par l’onction et m’a envoyé annoncer aux pauvres une bonne nouvelle » (Lc 4,18). Cette mission du Christ, ce mouvement, se poursuit dans l’espace et dans le temps, il traverse les siècles et les continents. C’est un mouvement qui part du Père et, avec la force de l’Esprit, porte la bonne nouvelle aux pauvres de tous les temps, au sens matériel et spirituel. L’Église est l’instrument premier et nécessaire de cette œuvre du Christ parce qu’elle est unie à Lui comme le corps l’est à la tête. « Comme le Père m’a envoyé, moi-aussi je vous envoie » (Jn 20, 21). C’est ce qu’a dit le Ressuscité aux disciples et, soufflant sur eux, il ajouta : « Recevez l’Esprit Saint » (v. 22). C’est Dieu le sujet principal de l’évangélisation du monde, à travers Jésus- Christ ; mais le Christ lui-même a voulu transmettre à l’Église sa propre mission, il l’a fait et continue de le faire jusqu’à la fin des temps en répandant l’Esprit-Saint sur les disciples, ce même Esprit qui se posa sur Lui et demeura en Lui durant toute sa vie terrestre, Lui donnant la force de « proclamer aux prisonniers la libération et aux aveugles la vue », de « remettre en liberté les opprimés » et de « proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19).
Le Concile Vatican II n’a pas voulu consacrer un document spécifique au thème de la foi. Pourtant, il a été entièrement animé par la conscience et le désir de devoir, pour ainsi dire, s’immerger à nouveau dans le mystère chrétien, afin d’être en mesure de le proposer à nouveau efficacement à l’homme contemporain. A cet égard, le Serviteur de Dieu Paul VI déclarait deux ans après la clôture de l’Assise conciliaire : « Si le Concile ne traite pas expressément de la foi, il en parle à chaque page, il en reconnaît le caractère vital et surnaturel, il la répute entière et forte et établit sur elle toutes ses affirmations doctrinales. Il suffirait de rappeler quelques affirmations conciliaires [...] pour se rendre compte de l’importance essentielle que le Concile, en cohérence avec la tradition doctrinale de l’Église, attribue à la foi, à la vraie foi, celle qui a pour source le Christ et pour canal le magistère de l’Eglise (Catéchèse de l’Audience générale du 8 mars 1967). Ainsi s’exprimait Paul VI.
Mais nous devons maintenant remonter à celui qui a convoqué le Concile Vatican II et qui l’ouvrit : le Bienheureux Jean XXIII. Dans son discours inaugural, celui-ci présenta le but principal du Concile en ces termes : « Voici ce qui intéresse le Concile Œcuménique : que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit défendu et enseigné de façon plus efficace. (…) Le but principal de ce Concile n’est donc pas la discussion de tel ou tel thème de doctrine … pour cela il n’est pas besoin d’un Concile … Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée de façon à répondre aux exigences de notre temps » (AAS 54 [1962], 790.791-792)
A la lumière de ces paroles, on comprend ce que j’ai moi-même eu l’occasion d’expérimenter: durant le Concile il y avait une tension émouvante face au devoir commun de faire resplendir la vérité et la beauté de la foi dans l’aujourd’hui de notre temps, sans pour autant sacrifier aux exigences du moment présent ni la confiner au passé : dans la foi résonne l’éternel présent de Dieu, qui transcende le temps et qui pourtant ne peut être accueillie par nous que dans notre aujourd’hui qui est unique. C’est pourquoi je considère que la chose la plus importante, surtout pour un anniversaire aussi significatif que celui-ci, est de raviver dans toute l’Église cette tension positive, ce désir d’annoncer à nouveau le Christ à l’homme contemporain. Mais afin que cet élan intérieur pour la nouvelle évangélisation ne reste pas seulement virtuel ou ne soit entaché de confusion, il faut qu’il s’appuie sur un fondement concret et précis, et ce fondement est constitué par les documents du Concile Vatican II dans lesquels il a trouvé son expression. Pour cette raison, j’ai insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de revenir, pour ainsi dire, à la “ lettre ” du Concile – c’est-à-dire à ses textes – pour en découvrir aussi l’esprit authentique, et j’ai répété que le véritable héritage du Concile Vatican II réside en eux. La référence aux documents protège des excès ou d’une nostalgie anachronique et ou de courses en avant et permets d’en saisir la nouveauté dans la continuité. Le Concile n’a rien produit de nouveau en matière de foi et n’a pas voulu en ôter ce qui est antique. Il s’est plutôt préoccupé de faire en sorte que la même foi continue à être vécue dans l’aujourd’hui, continue à être une foi vivante dans un monde en mutation.
Si nous acceptons la direction authentique que le Bienheureux Jean XXIII a voulu imprimer à Vatican II, nous pourrons la rendre actuelle durant toute cette Année de la foi, dans l’unique voie de l’Église qui veut continuellement approfondir le dépôt de la foi que le Christ lui a confié. Les Pères conciliaires entendaient présenter la foi de façon efficace. Et s’ils se sont ouverts dans la confiance au dialogue avec le monde moderne c’est justement parce qu’ils étaient sûrs de leur foi, de la solidité du roc sur lequel ils s’appuyaient. En revanche, dans les années qui ont suivi, beaucoup ont accueilli sans discernement la mentalité dominante, mettant en discussion les fondements même du depositum fidei qu’ils ne ressentaient malheureusement plus comme leurs dans toute leur vérité.
Si aujourd’hui l’Église propose une nouvelle Année de la foi ainsi que la nouvelle évangélisation, ce n’est pas pour célébrer un anniversaire, mais parce qu’on en a besoin, plus encore qu’il y a 50 ans ! Et la réponse à donner à cette nécessité est celle voulue par les Papes et par les Pères du Concile, contenue dans ses documents. L’initiative même de créer un Conseil pontifical destiné à promouvoir la nouvelle évangélisation, que je remercie pour les efforts déployés pour l’Année de la foi, entre dans cette perspective. Les dernières décennies une « désertification » spirituelle a progressé. Ce que pouvait signifier une vie, un monde sans Dieu, au temps du Concile, on pouvait déjà le percevoir à travers certaines pages tragiques de l’histoire, mais aujourd’hui nous le voyons malheureusement tous les jours autour de nous. C’est le vide qui s’est propagé. Mais c’est justement à partir de l’expérience de ce désert, de ce vide, que nous pouvons découvrir de nouveau la joie de croire, son importance vitale pour nous, les hommes et les femmes. Dans le désert on redécouvre la valeur de ce qui est essentiel pour vivre ; ainsi dans le monde contemporain les signes de la soif de Dieu, du sens ultime de la vie, sont innombrables bien que souvent exprimés de façon implicite ou négative. Et dans le désert il faut surtout des personnes de foi qui, par l’exemple de leur vie, montrent le chemin vers la Terre promise et ainsi tiennent en éveil l’espérance. La foi vécue ouvre le cœur à la Grâce de Dieu qui libère du pessimisme. Aujourd’hui plus que jamais évangéliser signifie témoigner d’une vie nouvelle, transformée par Dieu, et ainsi indiquer le chemin.
La première Lecture nous a parlé de la Sagesse du voyageur (cf. Sir 34,9-13) : le voyage est une métaphore de la vie et le voyageur sage est celui qui a appris l’art de vivre et est capable de partager avec ses frères – comme c’est le cas pour les pèlerins sur le Chemin de Saint-Jacques ou sur les autres voies qui ont connu récemment, non par hasard, un regain de fréquentation. Comment se fait-il que tant de personnes ressentent le besoin de parcourir ces chemins ? Ne serait-ce pas parce qu’il trouvent là, ou au moins y perçoivent quelque chose du sens de notre être au monde ? Voici alors la façon dont nous pouvons penser cette Année de la foi : un pèlerinage dans les déserts du monde contemporain, au cours duquel il nous faut emporter seulement ce qui est essentiel : ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent et n’ayez pas deux tuniques – comme dit le Seigneur à ses Apôtres en les envoyant en mission (cf. Lc 9,3) – mais l’Évangile et la foi de l’Église dont les documents du Concile Œcuménique Vatican II sont l’expression lumineuse, comme l’est également le Catéchisme de l’Église catholique, publié il y a 20 ans maintenant.
Vénérés et chers Frères, le 11 octobre 1962 on célébrait la fête de la Vierge Marie, Mère de Dieu. C’est à elle que nous confions l’Année de la foi, comme je l’ai fait il y a une semaine lorsque je suis allé en pèlerinage à Lorette. Que la Vierge Marie brille toujours comme l’étoile sur le chemin de la nouvelle évangélisation. Qu’elle nous aide à mettre en pratique l’exhortation de l’Apôtre Paul : « Que la Parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez- vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse… Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Col 3,16-17). Amen.

ALLEMAGNE : L’ANNÉE DE LA FOI, PERSPECTIVES (I)

14 juillet, 2012

http://www.zenit.org/article-31414?l=french

ALLEMAGNE : L’ANNÉE DE LA FOI, PERSPECTIVES (I)

Par Mgr Zollitsch, président de la Conférence épiscopale

Propos recueillis par Jan Bentz
Traduction d’Océane Le Gall
ROME, vendredi 13 juillet 2012 (ZENIT.org) – Le président de la conférence allemande, Mgr Robert Zollitsch, évêque de Fribourg-en-Brisgau, analyse la situation de foi dans son pays, A l’approche de l’ouverture, en octobre prochain, de l’Année de la Foi, proclamée par Benoît XVI.
Zenit – Pourquoi 50 ans après le Concile Vatican II, qui visait à promouvoir une nouvelle évangélisation, avons-nous besoin aujourd’hui d’une initiative comme l’Année de la foi ?
Mgr Zollitsch – Jésus a envoyé ses apôtres en disant: « Allez dans le monde entier ». A chaque moment et en tout lieu l’Eglise a donc l’obligation de proclamer avec persévérance l’évangile de Jésus-Christ. Les Pères du Concile Vatican II avaient eux-mêmes cette conviction et, c’est précisément pour cela qu’est partie poussée évangélisatrice du Conseil. Aujourd’hui, après 50 ans, beaucoup de choses ont naturellement changé et il est bon de donner une nouvelle dynamique à cette poussée. L’Année de la Foi qui, comme l’affirme le pape, se fonde sur le concile, veut servir cette exigence. C’est à cela que sert l’appel à une nouvelle évangélisation.
Les nombreux changements de ces dernières décennies et leur impact sur la société font que nous vivons, d’un côté une sécularisation et une aliénation religieuse de l’Eglise, de l’autre une recherche plutôt inédite d’auto-transcendance, pour placer sa propre vie dans une sphère plus grande que celle que l’on connaît, un désir d’expérience de Dieu. Beaucoup de pays, où la religion – et en particulier la vie chrétienne – arrivait autrefois à nouer des liens communautaires actifs et croyants, sont aujourd’hui caractérisés par l’indifférence ou par une nouvelle multi optionalité religieuse.
Mais cela ne signifie pas encore que la disponibilité à une spiritualité chrétienne ou l’ouverture à une interprétation du sens spécifiquement chrétien soit perdue. Il s’agit de proclamer et de témoigner de manière crédible et authentique l’Evangile de la proximité de Dieu en Jésus-Christ à une époque qui a changé. En ce sens qu’une nouvelle évangélisation devrait promouvoir l’ouverture et l’approfondissement d’une foi pure et solide et être une force qui conduit à la vraie libération.
Vous êtes membre au Conseil pontifical pour la promotion de la Nouvelle évangélisation. Quel est votre rôle spécifique?
Pour nous membres de ce Conseil pontifical, encore très jeune, il n’y a pas de domaines spécifiques d’intervention. Pour moi il est très important, au début, de saisir les opportunités particulières de ce travail et d’apprendre des autres pays comment est la situation de la nouvelle évangélisation chez eux. Puis je voudrais naturellement transmettre au Conseil l’expérience de la nouvelle évangélisation en Allemagne. Nous avons déjà des initiatives enthousiasmantes et à long terme.
Il y a douze ans, déjà, les évêques ont posé les bases pour les réflexions du Saint-Père dans leur document intitulé « Saison des semailles – être une Eglise missionnaire » (« Zeit der Aussaat – missionarisch Kirche sein »).
Quel est le cœur de la nouvelle évangélisation dont parle le pape?
Le cœur de la nouvelle évangélisation c’est « transmettre » la foi aux hommes d’aujourd’hui. Une foi qui soutienne et renforce. Celui qui croit n’est jamais seul, a déclaré le pape. Cela implique aussi qu’on mette les gens sur la voie qui leur permettra de faire l’expérience de Dieu comme le Christ l’a proclamée. Il s’agit de leur transmettre des valeurs fortes et fondées pour une vie de foi chrétienne.
Il faut des personnes qui convainquent et qui portent l’évangélisation en témoignant elles-mêmes de leur foi. Ceci est impossible sans une communauté vivante et fiable en famille, dans des rapports affectueux et des communautés fortes. Ici l’individu est inséré dans quelque chose de communautaire et dans une union qui peut soutenir la foi des autres. Le Christ a fait des siens des hommes qui participent à sa foi, ou mieux : Dieu nous a fait participer à sa vie par l’intermédiaire de Jésus-Christ, et il le fait encore aujourd’hui. De cette participation nait l’acte individuel, mais aussi son propre témoignage de foi.
Nous devons faire en sorte que les personnes cherchent et trouvent Dieu en toutes choses, hommes et évènements. Mais l’évolution spirituelle de ces dernières décennies ne peut facilement se renverser. L’annonce de l’évangile est un processus long. Cela demande de bien soigner les détails, même ceux qui paraissent insignifiants, de personne à personne, de famille à famille.
En Allemagne, comment caractériser les rapports avec l’Eglise universelle? Et la communion avec le pape ?
L’Eglise locale entretient de bons rapports avec l’Eglise universelle. On part d’échanges intenses entre les conférences épiscopales, en particulier au niveau européen. On le remarque aussi dans nos organisations humanitaires, très engagées au niveau de l’Eglise mondiale. Et naturellement la conférence épiscopale allemande est en contact étroit avec notre Saint-Père à Rome. Je le rencontre moi-même régulièrement.
Grace précisément à ma nomination au Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, je vis tout cela comme un renforcement. En Allemagne nous avons eu tant d’expériences positives de nouvelle évangélisation, c’est-à-dire des applications concrètes de ce qu’attend le Saint-Père. Cette expérience nous la portons dans le débat et nous sommes reconnaissants pour ce que nous pouvons apprendre d’autres églises locales. J’ai par exemple été frappé par mon expérience au Nigéria : j’ai pu me rendre compte de l’énorme service rendu par les catéchistes, surtout dans les zones rurales. Je suis convaincu que chaque église a quelque chose à partager et que nous pouvons marcher ensemble dur le chemin d’une foi adulte.
(La seconde partie de l’entretien avec Mgr Zollitsch sera publiée lundi 16 juillet)
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INDICATIONS PASTORALES POUR « L’ANNÉE DE LA FOI »

7 février, 2012

http://www.zenit.org/article-29823?l=french

INDICATIONS PASTORALES POUR « L’ANNÉE DE LA FOI »

A propos de la « Note » de la Doctrine de la Foi

ROME, jeudi 5 janvier 2012 (ZENIT.org) – La congrégation pour la Doctrine de la foi présente sa prochaine « Note » relative à l’Année de la Foi (11 octobre 2012-24 octobre 2013). Elle annonce notamment dans ce communiqué la mise en place d’un « Comité » pour coordonner les initiatives à dimension universelle: il dépendra du Conseil pontifical pour la la promotion de la nouvelle évangélisation. Les initiatives sont aussi encouragées aux différents niveaux des conférences épiscopales, puis des diocèses, et enfin des paroisses, associations, mouvements, etc.
Communiqué sur la
« Note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
relative aux indications pastorales de l’Année de la foi »
L’Année de la foi a été annoncée par la Lettre apostolique Porta Fideidu 11 octobre 2011. Elle débutera le 11 octobre prochain, cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile oecuménique Vatican II, et se conclura le 24 octobre 2013, en la solennité du Christ Roi. Comme il l’a annoncé à l’aube de son pontificat, Benoît XVI entend replacer au centre de l’attention ecclésiale la rencontre avec Jésus-Christ, et avec la beauté de la foi qu’il dégage. Consciente des questions dont la foi est sujet, l’Eglise ressent comme tout à fait actuelle la question que le Seigneur se posait: Lorsque le Fils de l’homme reviendra sur terre, y trouvera-t-il encore la foi? (Lc 18, 8). Si la foi n’est pas revitalisée, déclarait le Saint-Père lors des voeux à la Curie Romaine (22 décembre 2011), si elle n’est pas une conviction profonde et une force tirée de la rencontre avec le Christ, aucune réforme ne sera efficace.
A la demande du Saint-Père, en collaboration avec certains dicastères et le Comité préparatoire de l’Année de la foi, la Congrégation a rédigé une Note sur les indications pastorales de l’Année de la foi. Constitué près cette même congrégation, ce comité compte le Cardinal William Levada, le Cardinal Francis Arinze, le Cardinal Angelo Bagnasco, le Cardinal Ivan Dias, le Cardinal Francis E. George, le Cardinal Zenon Grocholewski, le Cardinal Marc Ouellet, le Cardinal Mauro Piacenza, le Cardinal Jean-Pierre Ricard, le Cardinal Stanislaw Rylko et le Cardinal Christoph Schönborn, Mgr. Salvatore Fisichella, Mgr. Luis F. Ladaria, Mgr. Mario Del Valle Moronta Rodríguez, Mgr. Gerhard Ludwig Müller et Mgr. Raffaello Martinelli.
Daté de l’Epiphanie et publiée le lendemain, le document comprend une introduction, qui rappelle que l’Année de la foi entend contribuer à raviver chez tous les fidèles l’adhésion au Seigneur et à approfondir la foi. Ainsi pourront-ils être des témoins crédibles du Ressuscité, capable d’indiquer aux autres la porte de la foi.
Le début de l’Année de la foi coïncide avec deux grands évènements de l’histoire de l’Eglise, l’ouverture de Vatican II (11 octobre 1962), concile voulu par le bienheureux Jean XXIII, et le Catéchisme de l’Eglise catholique (11 octobre 1992), voulu par le bienheureux Jean-Paul II.
« A partir de la lumière du Christ, …le Concile Vatican II a voulu approfondir la nature intime de l’Eglise et son rapport avec le monde contemporain… Après le concile, l’Eglise s’est engagée dans la réception et dans l’application de son riche enseignement, en continuité avec toute la tradition, sous la sûre direction du magistère ».
« Pour favoriser une correcte réception du concile, les Souverains Pontifes ont convoqué à plusieurs reprises le Synode des évêques, …en proposant à l’Eglise des orientations claires par le biais d’exhortations apostoliques post-synodales. La prochaine assemblée générale du Synode (octobre 2012) aura pour thème: La nouvelle évangélisation pour transmettre la foi chrétienne ».
« Depuis le début de son pontificat, Benoît XVI s’est fermement engagé en faveur d’une juste compréhension du concile, repoussant comme erronée ce qu’on appelle « l’herméneutique de la discontinuité et de la rupture » et promouvant ce qu’il a baptisé « l’herméneutique de la réforme » et du renouveau dans la continuité ».
Le Catéchisme de l’Eglise catholique, « fruit authentique du Concile Vatican II » qui prend place dans un « renouveau dans la continuité », comprend « du neuf et de l’ancien ». Il reprend l’ordre traditionnel de la catéchèse qu’il articule en quatre parties: le Crédo, la liturgie, l’agir chrétien et la prière, tout en l’exprimant de manière à répondre à notre temps.
L’Année de la foi sera une excellente occasion pour étudier et diffuser le contenu de Vatican II et du Catéchisme.
Les indications pastorales de la Note tendent à favoriser « la rencontre avec le Christ grâce à de vrais témoins de la foi, comme une meilleure connaissance des contenus de la foi ». Celles ci n’entendent pas exclure d’autres propositions que l’Esprit pourrait susciter de par le monde parmi pasteurs et fidèles. Etant donné que ses compétences ne se limitent pas à la défense de la doctrine authentique et à la correction des erreurs, la Congrégation pour la doctrine de la foi apportera son soutien à tout ce qui favorise la vérité de la foi (Pastor Bonus, nn. 48-51).
Les propositions de la Note s’articulent en quatre parties: 1) Eglise universelle; 2) Conférences épiscopales; 3) Diocèses; 4) Paroisses, Communautés, Associations et Mouvements, dont voici quelques exemples.
Parallèlement à l’ouverture solennelle de l’Année de la foi et aux autres manifestations présidées par le Pape, tels le Synode des évêques de 2012 ou la JMJ de 2013, on suggère des initiatives oecuméniques destinées à favoriser le rétablissement de l’unité des chrétiens. Ainsi, une cérémonie oecuménique solennelle réaffirmera la foi dans le Christ de tous les baptisés.
Les conférences épiscopales sont encouragées à améliorer la qualité de la formation catéchistique universelle comme celle des catéchismes et manuels locaux, afin qu’ils soient parfaitement conformes au Catéchisme de l’Eglise catholique. La même attention sera portée à l’utilisation des techniques de la communication et de l’expression artistique: émissions de radio et télévision, films et publications sur la foi et son contenu, sur la valeur ecclésiale de Vatican II, y compris pour le grand public.
Au niveau diocésain ensuite, cette année particulière devra être une occasion de faire dialoguer positivement foi et raison, par le biais de congrès ou de journées d’étude, notamment près les universités catholiques. Mais aussi d’organiser des cérémonies pénitentielles, qui insisteront tout particulièrement sur les péchés contre la foi.
Enfin, dans les diverses structures base de la communauté ecclésiale, on insistera sur la célébration de la foi dans la liturgie, tout particulièrement dans l’Eucharistie car, « dans l’Eucharistie, mystère de la foi et source de la nouvelle évangélisation, c’est la foi de l’Eglise qui est proclamée, célébrée et fortifiée ». De toutes ces initiatives doivent naître, croître et dépendre toutes les autres propositions, en particulier celles des nouvelles communautés et mouvements ecclésiaux.
Un Secrétariat pour l’Année de la foisera institué près le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, qui coordonnera les initiatives des dicastères romains comme celle de dimension ecclésiale universelle. En mesure de proposer des initiatives pour l’Année, il disposera d’un site internet spécifique destiné à fournir toutes les informations sur son déroulement.
Les indications pastorales de la Note de la Congrégation pour la doctrine de la foi veulent inviter tous les fidèles à s’engager dans l’Année de la foi, afin de « partager ce que le chrétien a de plus cher, le Christ Jésus, rédempteur de l’homme, roi de l’univers, principe et finalité de la foi ».

Le retour de Dieu dans la société (Année de la Foi)

30 janvier, 2012

http://www.zenit.org/article-30011?l=french

ANNÉE DE LA FOI ET UNITÉ DES CHRÉTIENS

Le retour de Dieu dans la société

ROME, vendredi 27 janvier 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI explique comment l’unité des chrétiens a besoin de l’Année de la foi, et le monde de l’unité des chrétiens pour retrouver le sens de Dieu.
Le pape a en effet reçu ce matin au Vatican, en la salle Clémentine du palais apostolique, les 70 membres de l’assemblée plénière de la congrégation pour la Doctrine de la foi qui a réfléchi à l’œcuménisme.
C’est pourquoi Benoît XVI souhaite la collaboration entre la Congrégation pour la doctrine de la foi et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, de façon à « promouvoir efficacement le rétablissement de la pleine unité entre tous les chrétiens ».
La division entre les chrétiens est en effet un « scandale pour le monde et s’oppose à la volonté du Christ ».
Le pape rappelle que l’unité est « non seulement le fruit de la foi », mais aussi un « moyen et quasi un présupposé pour annoncer la foi de façon toujours plus crédible à ceux qui ne connaissent pas encore le Sauveur ».

La crise de la foi
Pour Benoît XVI en effet le défi le plus grand pour l’Eglise d’aujourd’hui c’est la crise de la foi, c’est pourquoi l’unité des chrétiens est plus que jamais importante.
« Nous sommes devant une crise de la foi profonde » dans de vastes régions du monde, devant « une perte du sens religieux qui constitue le plus grand défi pour l’Eglise d’aujourd’hui ». La priorité est donc pour l’Eglise l’engagement pour le « renouveau de la foi ».
« Je souhaite que l’Année de la foi puisse contribuer, a dit le pape à la congrégation romaine, avec la collaboration cordiale de toutes les composantes du Peuple de Dieu, à rendre Dieu à nouveau présent dans ce monde et à ouvrir aux hommes l’accès à la foi, à la confiance dans ce Dieu qui nous a aimés jusqu’à la fin, en Jésus-Christ crucifié et ressuscité ».
Pour ce qui est du dialogue avec les autres confessions chrétiennes, le pape souligne les « bons fruits » qu’il a portés tout en appelant à la « vigilance » pour éviter un « faux irénisme et un indifférentisme tout à fait étranger à l’esprit du Concile Vatican II ».

La vérité en question
Effectivement, ce qui est en jeu c’est la conception de la « vérité » : « Cet indifférentisme est causé par l’opinion toujours plus répandue que la vérité ne serait pas accessible à l’homme (…). Et ainsi, la foi serait substituée par un moralisme sans fondement profond. Le centre du vrai œcuménisme est au contraire la foi dans laquelle l’homme rencontre la vérité qui se révèle dans la Parole de Dieu ».
Sans la foi, fait observer le pape, tout le mouvement œcuménique serait réduit à une forme de « contrat social » auquel adhérer par intérêt commun, tandis que la logique du concile Vatican II est différente : « La recherche sincère de la pleine unité de tous les chrétiens est un dynamisme animé par la parole de Dieu, de la vérité divine qui nous parle dans cette Parole ».
Dans les différents dialogues œcuméniques, le « problème crucial » identifié par le pape est « la question de la structure de la révélation – la relation entre l’Ecriture Sainte, la Tradition vivante dans la Sainte Eglise et le Ministère des successeurs des Apôtres comme témoin de la vraie foi ».
La question de la conception de l’Eglise, la « problématique de l’ecclésiologie » fait partie de cette question : « Comment la vérité de Dieu arrive-t-elle jusqu’à nous ? »

Tradition et traditions
A ce propos, Benoît XVI diagnostique comme « fondamental » le « discernement entre la Tradition et les traditions » : « Un pas important de ce discernement a été accompli dans l’application des mesures pour des groupes de fidèles issus de l’Anglicanisme, qui désirent entrer dans la pleine communion avec l’Eglise, tout en conservant leurs traditions spirituelles, liturgiques et pastorales, qui sont conformes à la foi catholique ».
Benoît XVI fait en effet observer que les différentes confessions chrétiennes déploient « une richesse spirituelle qui est l’expression de l’unique foi et un don à partager et à trouver ensemble dans la Tradition de l’Eglise ».
Autre question, celle de la méthode dans le dialogue œcuménique : elle doit « refléter la priorité de la foi ». « En ce sens, ajoute le pape, il faut affronter avec courage aussi les questions controversées, toujours dans un esprit de fraternité et de respect réciproque ».

La question éthique
Benoît XVI recommande par ailleurs d’offrir une « interprétation correcte de l’ordre de « hiérarchie » dans les vérités de la doctrine catholique, révélé dans le Décret conciliaire « Unitatis redintegratio »
Comme Benoît XVI l’avait déjà évoqué en recevant récemment une délégation luthérienne, il recommande un travail au niveau de la réflexion éthique pour pouvoir parler « d’une seule voix sur « les grandes questions morales concernant la vie humaine, la famille, la sexualité, la bioéthique, la liberté, la justice et la paix ».
Pour cela, le pape recommande de revenir à la source de l’Ecriture et de la tradition de l’Eglise : « En défendant les valeurs fondamentales de la grande tradition de l’Eglise, nous défendons l’homme, nous défendons la création ».

Anita Bourdin