Archive pour le 24 janvier, 2010

Saint Augustin : Le persécuteur transformé en prédicateur

24 janvier, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100125

Fête de la conversion de St Paul , Apôtre : Mc 16,15-18
Commentaire du jour
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 279

Le persécuteur transformé en prédicateur

      Du haut du ciel la voix du Christ a renversé Saul : il a reçu l’ordre de ne plus poursuivre ses persécutions, et il est tombé la face contre terre. Il fallait qu’il soit d’abord terrassé, et ensuite relevé ; d’abord frappé, puis guéri. Car le Christ n’aurait jamais vécu en lui, si Saul n’était pas mort à son ancienne vie de péché. Ainsi renversé à terre, qu’est-ce qu’il entend ? « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il est dur pour toi de regimber contre l’aiguillon » (Ac 26,14). Et lui de répondre : « Qui es-tu, Seigneur ? » Alors la voix d’en haut continue : « Je suis Jésus de Nazareth que tu persécutes ». Les membres sont encore sur la terre, c’est la tête qui crie du haut du ciel ; elle ne dit pas : « Pourquoi persécutes-tu mes serviteurs ? » mais « Pourquoi me persécutes-tu ? »

      Et Paul, qui mettait toute son ardeur à persécuter, se dispose déjà à obéir : « Que veux-tu que je fasse ? » Déjà le persécuteur est transformé en prédicateur, le loup se change en brebis, l’ennemi en défenseur. Paul apprend ce qu’il doit faire : s’il est devenu aveugle, si la lumière du monde lui est soustraite pour un temps, c’est pour faire briller dans son coeur la lumière intérieure. La lumière est enlevée au persécuteur pour être rendue au prédicateur ; au moment même où il ne voyait plus rien de ce monde, il a vu Jésus. C’est un symbole pour les croyants : ceux qui croient en Christ doivent fixer sur lui le regard de leur âme, sans tenir compte des choses extérieures…

      Saul est donc conduit à Ananie ; le loup ravageur est amené à la brebis. Mais le Pasteur, qui conduit tout du haut des cieux la rassure…: « Sois sans inquiétude. Je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom » (Ac 9,16). Quelle merveille ! Le loup est amené captif à la brebis… L’Agneau, qui est mort pour les brebis, leur apprend à ne plus craindre.

VENEZIANO THE CONVERSION OF ST. PAUL

24 janvier, 2010

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Fête de la Conversion de saint Paul (2009) (poème ou Hymne, magnifique!)

24 janvier, 2010

du site:

http://jerusalem.cef.fr/homelies/index.php?hid=462

Fête de la Conversion de saint Paul (2009)

La fête que nous célébrons aujourd’hui
a quelque chose de tout à fait inhabituel.
Elle évoque la figure d’un saint, mais dont ce n’est pas
la fête en ce jour, puisqu’elle est fixée au 29 juin
avec celle de l’apôtre Pierre.
Elle prend le pas, pour une fois, sur le dimanche,
ce qui ne se fait pratiquement jamais dans le cours du cycle liturgique.
Et elle ne fête ni la naissance ni la mort de celui dont on fait mémoire,
mais tout simplement : sa conversion.
La conversion de saint Paul apôtre
dont nous célébrons cette année,du 29 juin 2008 au 29 juin 2009,
le deuxième millénaire. D’où son exceptionnelle solennité, en ce 25 janvier.

C’est que cette conversion dont nous avons entendu,
une fois de plus, le récit bien connu, dans la 1e lecture,
a été et demeure d’une importance capitale
pour la mise en route et la propagation du christianisme.
Nous nous sentons toujours touchés et concernés
par une conversion, surtout quand elle est aussi spectaculaire,
aussi sincère et radicale que celle de Saul de Tarse.
Car l’Évangile, si nous le prenons au sérieux,
nous invite tous à une incessante conversion
puisque nous sommes appelés à monter, pas à pas, et tout du long,
sur un chemin de perfection.
Vous donc, vous serez parfaits
comme votre Père du ciel est parfait (Mt 5,48).

Mais la conversion de Paul a plus que quelque chose
de stimulant, d’exaltant ou même d’exemplaire.
Elle manifeste dans sa vie, une vie à nulle autre pareille,
la puissance de la grâce, capable de transformer un homme,
quand celui-ci se donne sans réserve à son action.
On comprend alors le poids de cet aveu de l’Apôtre :
C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ;
et sa grâce à mon égard n’a pas été vaine (1 Co 15,10).

On passe dès lors de l’étonnement à l’admiration,
de la surprise à l’enthousiasme,
en voyant d’où est parti Paul, le jour où il a été renversé sur le chemin de Damas,
et à quoi il est parvenu au bout de sa course (Ph 3,14 ; 2 Tm 4,7).
Le labeur incomparable qu’il a pu accomplir
et la richesse sans pareille des écrits qu’il nous a laissés.
Sans même se douter un instant qu’ils allaient,
jetés comme des papyrus au vent de la Providence,
traverser les âges et retentir au long des jours
dans toutes les églises de la chrétienté et au plus profond du cœur des croyants !

Pour radicale et fracassante qu’elle soit,
la conversion de Paul n’a été cependant ni facile ni spontanée.
Il lui a fallu d’abord se plier à l’action patiente de la grâce
(car Dieu ne violente jamais une liberté).
Et cela, en acceptant loyalement, humblement, de s’interroger
sur le sens de cette parole tombée du ciel :
Je suis Jésus que tu persécutes ! Mais relève-toi,
entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire (Ac 9,5-6).

Il y a eu ensuite, ces deux ans au désert d’Arabie (Ga 1,17-18),
et le temps qui a suivi où il a dû, peu à peu, faire sienne
la lumière du mystère du Fils de Dieu fait homme.
Ce n’est pas d’emblée qu’il a pu passer
de son monothéisme juif si rigoureux,
à l’adhésion de son intelligence en un Dieu Trinité d’amour.
À un salut offert au monde par un Christ crucifié.

Ce n’a pas été non plus sans arrachement qu’une fois devenu apôtre,
il a dû choisir de porter, sans partage, l’Évangile aux nations païennes,
en passant de la pratique de la Loi de ses pères
au salut par la foi au Christ (Rm 4-5 ; Ga 3).

Et c’est tout son être, avec sa fougue, sa faiblesse,
son bouillant tempérament et sa fameuse écharde dans la chair (2Co 12,7),
qu’il a dû convertir, au jour le jour et au long des jours,
à l’humilité, la patience, la persévérance, la tendresse.

Mais au bout du compte on est bien amené à constater
que ce que Paul a pu entreprendre et mener à bien
sous la mouvance de la grâce de Dieu, tient du miracle.
Tant du point de vue humain que du point de vue spirituel,
ce que cet apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu,
a fait et écrit, dépasse l’entendement !

Humainement, on est fasciné par son personnage.
On peut ne pas l’aimer
(et d’aucuns ne s’en privent pas, tant il est direct et entier),
mais on ne peut s’empêcher de l’admirer.
Certains traits de sa personnalité peuvent agacer,
certains aspects de sa pensée peuvent heurter
mais on doit reconnaître que l’homme est hors du commun.
Ainsi demeure-t-il un des êtres les plus marquants de l’humanité.
Quelqu’un qui, depuis vingt siècles,
a mis son empreinte sur l’histoire et la pensée
et va continuer de le faire au fil des âges,
tant son message et plein de force et de lumière.

Quand on fait le total de ce que Paul, à l’époque où il était,
dans les circonstances qu’il a connues,
à travers les épreuves qu’il a traversées,
en face de ce monde juif et païen qu’il affrontait
avec le seul glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu (Ep 6,17),
sans aucun moyen matériel, sans ressources financières, sans appareil intellectuel,
quand on songe à ce qu’il a pu vivre, subir, parcourir,
proclamer, enseigner, écrire, entreprendre,
ne sachant quelle suite cela pourrait avoir,
mais en allant toujours droit de l’avant,
tendu de tout son être en poursuivant sa course (1 Co 9,25-26 ; Ph 3,13-14),
on reste sans voix !

Souvent j’ai été à la mort.
Cinq fois j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ;
trois fois j’ai été flagellé ; une fois lapidé ;
trois fois j’ai fait naufrage.
Il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abîme.
Et il énumère pour nous : Voyages sans nombre,
dangers des rivières, dangers des brigands,
dangers de mes compatriotes, dangers des païens,
dangers de la ville, dangers du désert
 dangers de la mer, dangers des faux frères !
Labeur et fatigue, veilles fréquentes,
faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité !
Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne,
le souci de toutes les Églises ! (2 Co 11,24-29).

Avouons-le, cet itinéraire de vie
a quelque chose d’aussi ahurissant que de profondément touchant.
On pourrait en effet le regarder comme un héros
accumulant épreuves et exploits.
Il ne s’agit en fait que d’un fol en Christ plein de sagesse,
d’un saint passionné par l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut (Ep 1,13),
se redisant sans cesse : Malheur à moi si je ne prêche pas l’Évangile (1 Co 9,16),
et pour qui seule compte la foi s’exerçant dans la charité (Ga 5,6).
Jamais sans doute, dans l’histoire des hommes,
un parcours n’a été aussi contrasté puisque la vie de Paul de Tarse
part du crime le plus froidement organisé,
pour parvenir à la sainteté la plus pure.

Sachant comment il est parvenu
à travers toutes ces épreuves et difficultés,
à semer les germes de l’Évangile de Jérusalem à Rome,
en passant par toutes les viles que l’on sait,
pour venir périr par le glaive au cœur de la capitale de l’Empire,
on peut se dire : qui a jamais fait humainement ce que Paul a fait ?

D’un point de vue spirituel, notre étonnement et notre admiration
sont tout aussi grands.
L’apôtre Paul demeure celui qui a mis en forme,
enraciné, structuré le christianisme.
Celui qui, sans rien renier de la source à laquelle il puise
et qu’il sert dans une fidélité absolue,
a révélé l’abîme de la richesse,
de la sagesse et de la science de Dieu (Rm 11,33).

Il est bien en ce sens
le révélateur et le dispensateur d’un mystère (Rm 16,25 ; Col 1,25-29),
le metteur en lumière de cette sagesse de Dieu,
mystérieuse, demeurée cachée, celle que dès avant les siècles
Dieu a par avance destinée pour notre gloire (1 Co 2,7).
Et Paul n’hésite pas à dire :
Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit ! (1 Co 2,10).
Aussi peut-il aller jusqu’à proclamer,
avec autant de fierté que d’humilité :
C’est bien pour cette cause que je me fatigue à lutter,
avec l’énergie du Christ qui agit en moi avec puissance (Col 1,29).
Et il nous avoue, dans le feu de son zèle pour cet Évangile de Dieu (2 Co 11,7)
qui n’est autre que l’Évangile du Christ (2 Co 10,14),
pourquoi il agit ainsi, libre à l’égard de tous,
en se faisant l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre (1 Co 9,19) :
pour que tous parviennent au plein épanouissement de l’intelligence
qui leur fera pénétrer le mystère de Dieu
dans lequel se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance (Col 2,3).

La grande richesse de Paul, à ce stade,
est de se situer parfaitement, au carrefour du Premier et du Second Testaments.
Tout nourri des Écritures qu’il possède à la perfection,
il est en même temps le ministre de l’Évangile de la paix (Ep 6,15)
dont il n’hésite plus à dire que c’est son Évangile (Rm 16,25),
tellement ce n’est plus lui qui vit mais le Christ qui vit en lui.
Nul ne pouvait être mieux placé que lui,
Pharisien et irréprochable observateur de la Loi (Ph 3,5-6)
pour établir le lien
entre les valeurs de la loi ancienne et les richesses de l’Évangile,
en montrant combien la vétusté de la lettre
débouche sur la nouveauté de l’Esprit.

Mais le plus admirable ici, c’est de voir combien,
sans avoir connu le Christ selon la chair,
ni vécu durablement avec ses apôtres,
tout ce qu’il a pu dire, écrire, enseigner, développer
est en parfaite concordance avec les quatre évangiles.
En parfaite conformité avec l’Évangile de Jean.
C’est là où l’on voit combien l’Esprit de Dieu
peut conduire la marche de l’Évangile du salut,
et construire l’Église du Christ
dans sa quête inlassable de vérité, d’unité et de paix !

À l’évidence, l’instrument inutile
est devenu un instrument de choix !
Il est bien clair qu’en tout cela, ce n’est pas seulement
le zèle, le talent, le savoir-faire de Saul de Tarse
que l’on peut louer et admirer,
mais bien plus encore la puissance de la grâce de Dieu.
Et c’est cela qui permet de parler, à son égard,
de vivant miracle.
Cela n’enlève d’ailleurs rien à la sainteté de Paul
qui fait de lui le plus accompli des saints et le plus grand des apôtres.

Qu’il intercède pour nous en ce jour béni !
 

Au fil du texte : Ga 1-2 : « Par révélation… »

24 janvier, 2010

du site:

http://www.bible-service.net/site/494.html

Au fil du texte : Ga 1-2

« Par révélation… »

Superbe page autobiographique que cet extrait de la Lettre aux Galates ! À ses lecteurs, Paul raconte le tournant de sa vie. Et parce qu’il s’agit d’un récit, nous vous proposons ici de le lire en utilisant quelques notions fort simples de «l’analyse narrative».

Dans tout récit il y des personnages et un enchaînement d’actions disposées sur un axe temporel.

Personnages : le récit est autobiographique, mais Paul n’y joue pas le premier rôle. Le véritable héros c’est Dieu, ou, selon une étrange formule, Celui qui [l'] a mis à part, Celui qui a agi en lui, Paul, comme il avait agi en Pierre. Parmi les autres personnages, retenons Pierre (Céphas), Jacques et, bien sûr, la foule des païens.

Axe temporel : par deux fois, une notice chronologique rythme le texte (1,18 et 2,1). Mais Paul, soucieux de dire l’essentiel, passe plusieurs années sous silence.

Enchaînement d’actions : pour reprendre le vocabulaire du théâtre, disons qu’il y a ici deux actes. Dans le premier (1,13-24) le persécuteur de l’Église devient héraut de l’Évangile. Dans le deuxième (2,1-10) une crise ecclésiale est traversée et résolue. À chaque fois, il est question de révélation et de grâce de Dieu.
 
Acte 1 : le retournement (Ga 1,13-24) 

Au cœur de l’acte 1, le retournement de Paul raconté en cinq étapes. Pour mesurer le chemin parcouru, des mots du début sont repris en finale : ainsi persécuter et détruire ou, plus subtilement, judaïsme et Judée ou encore Église de Dieu et églises du Christ. Parcourons ces cinq étapes.

1) Aux v.13-14, Paul présente sa situation «d’avant». De son activité de persécuteur, il souligne l’excès : frénésie, surpassant, zèle débordant… En même temps, il est acteur d’une histoire qui le dépasse : latradition de [ses] pères face à l’Église de Dieu. Dieu qui déjà – mais il l’ignorait – l’avait mis à part et appelé. Ironie de ce v.15 : c’est dans un langage traditionnel (citation de Jérémie 1,5 et d’Isaïe 49,1) que s’énonce le choix divin qui va bouleverser les traditions.

2) Au v. 16, renversement de situation. Quelques mots pour une expérience forte. Le lecteur n’a pas droit ici aux longues descriptions des Actes des Apôtres. Choc. «Révélation» de l’essentiel : un contenu, qui concerne le Fils, et une aventure, l’annonce parmi les païens. La vie de Paul tient en une phrase. L’action est «nouée». Et cela par Dieu, Dieu seul, qui a jugé bon de…

3) L’action se déploie aux v.17-21. Sans conseil humain (littéralement : «sans recourir à la chair et au sang») c’est-à-dire toujours sous la seule impulsion divine. Déplacements en Arabie, à Damas, à Jérusalem. Contacts confidentiels avec Céphas et Jacques. Le lecteur note par-devers lui que tout semble s’être bien passé. Si bien même que la mission continue de plus belle : Syrie, Cilicie…

4) Le dénouement, aux v. 22-23, est mis dans la bouche des églises du Christ en Judée : le persécuteur de naguère annonce maintenant la foi. Quel changement !

5) Dernière étape, v. 24 : les églises glorifiaient. Qui donc ? Paul ? Non, Dieu ! Lui seul.

Au terme de ce premier acte, trois remarques.

D’abord sur Dieu et le judaïsme. Pour dire Dieu, Paul use des mots traditionnels des prophètes d’Israël (cf. le v.15). À distance, il juge donc moins le judaïsme que ses propres excès.

Ensuite sur le rythme de la narration. Rapide, il recouvre plusieurs années. Aucun fait n’est détaillé, surtout pas la révélation ! On observe cependant un ralenti à un moment, quand Paul rencontre Céphas puis Jacques. Avec un paradoxe : la discrétion voulue de l’événement est fortement soulignée. Pourquoi donc ?

Enfin sur le changement de vocabulaire entre l’Église de Dieu (début) et les églises du Christ (fin). On est passé du singulier au pluriel. Quant à la précision sur les églises en Judée, ne nous ramène-t-elle pas insensiblement, par jeu de sonorités, du côté du judaïsme initial ?

Rideau sur le premier acte. Nous devinons quelques nuages à l’horizon. Que Paul va affronter dans le deuxième acte.
 
Acte 2 : la crise surmontée (Ga 2,1-10)  

L’intrigue se resserre. Risquons un anachronisme et admirons Paul d’avoir appliqué la règle des trois unités chère au théâtre classique ! Unité de lieu : Jérusalem. Unité de temps : un séjour de quelques jours ou semaines. Unité d’action : le conflit à propos de l’Évangile. Conflit dont la résolution passe, là encore, par cinq étapes.

Le récit commence par le moment où l’action se noue : Paul et ses compagnons montent à Jérusalem. Puis, en deux versets, les péripéties se bousculent.

1) La première étape, c’est-à-dire la raison de tout ce mouvement, doit être reconstituée par la lecture. Nous y trouvons la peur de Paul d’avoir couru en vain et la contestation de ses choix, comme la non-circoncision de Tite et des païens. Nous avions remarqué précédemment que les églises de Judée faisaient écho au judaïsme. On comprend mieux maintenant pourquoi.

2) Paul monte donc au créneau. D’où son voyage (v. 1-2a). Décision personnelle ? Non. Comme pour sa vocation, il s’agit d’une révélation. Il n’en dit pas plus. Cela nous suffit. Dieu seul, ici encore, «noue» l’action.

3) L’action est déployée au long des v. 2b-6 : délégation, discussion avec des personnalités, exposé de la prédication évangélique, opposition à ceux qui veulent en brider la puissance libératrice… L’Église de Dieu apparaît comme éclatée en églises plurielles, en fraternités ennemies. Appuyé sur l’œuvre passée comme sur celle à venir (déjà les Galates se profilent, cf. le pour vous du v.5 !), Paul oppose l’unique vérité de l’Évangile.

4) Au v. 9, dénouement. Geste symbolique et public qui succède à la discrétion de la première rencontre (1,18-20). La main tendue par Jacques, Céphas et Jean signe le travail accompli par Paul et ses compagnons, mais plus encore reconnaît le travail de Dieu, sa grâce.

5) Nouvelle situation au v.10. Les nuages se sont-ils tous dissipés ? Pas sûr. Un rebondissement va apparaître dans la suite de la lettre (non présentée ici), rebondissement qui met en cause Pierre. Pour l’instant, Paul repart vers les païens avec le souci des pauvres. Ajoutons que Tite n’est pas contraint à la circoncision mais que les circoncis, chrétiens originaires du judaïsme, gardent toute leur place dans l’histoire de l’Évangile puisqu’ils ont Pierre avec eux.

Au terme de ce deuxième acte, deux remarques.

La première sur le double nom de Pierre. Nous aurions «Céphas» pour l’identité officielle, humaine, et «Pierre» quand il s’agit du choix de Dieu, identité «révélée», mystérieuse et fondatrice… comme celle de Paul.

La seconde porte sur la nouvelle situation de l’Église. Au fond, à suivre les v.7 et 8, s’il y a nouveauté, elle concerne le regard. Les yeux de tous se sont ouverts sur les choix premiers, primordiaux, de Dieu. Ni Pierre, ni Paul ne se sont donnés leur mission. Elle leur a été confiée.
 
Dire Dieu  

À chaque étape de son passé, Paul décèle l’intervention de Dieu. L’Évangile n’est pas d’inspiration humaine osait-il affirmer (1,11). Quel plus bel argument que sa propre vie ? Son zèle inhumain dans le judaïsme n’a pu étouffer l’élection divine ni empêcher la révélation du Fils. Quant aux débats attachés à la circoncision (une marque dans «la chair et le sang») ils ont été pour les églises de Judée l’occasion de se remettre devant l’unique Évangile et l’unique Dieu.

Dire Dieu en se racontant. Merci aux Galates pour avoir suscité chez Paul un tel récit ! 

bonne nuit

24 janvier, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc.

http://environnement.ecoles.free.fr/tulipe.htm

Hugues de Saint-Victor: « Avec la puissance de l’Esprit »

24 janvier, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100124

Troisième dimanche du temps ordinaire : Lc 1,1-4#Lc 4,14-21
Commentaire du jour
Hugues de Saint-Victor (?-1141), chanoine régulier, théologien
Traité des Sacrements de la foi chrétienne, II, 1-2 ; PL 176, 415 (trad. Orval)

« Avec la puissance de l’Esprit »

      La sainte Église est le corps du Christ : un seul Esprit la vivifie, l’unifie dans la foi et la sanctifie. Ce corps a pour membres les croyants dont l’ensemble forme un seul corps grâce à un seul Esprit et à une seule foi… Ainsi donc, ce que chacun possède en propre, il ne l’a pas pour lui seul ; car celui qui nous accorde si généreusement ses biens et les répartit avec tant de sagesse veut que chaque chose soit à tous et toutes à chacun. Si quelqu’un a le bonheur de recevoir un don de la grâce de Dieu, il doit donc savoir que ce qu’il a n’appartient pas à lui seul, même s’il est seul à l’avoir.

      C’est par analogie avec le corps humain que la sainte Église, c’est-à-dire l’ensemble des croyants, est appelée corps du Christ, et parce qu’elle a reçu l’Esprit du Christ, dont la présence chez un homme est indiquée par le nom de « chrétien » que le Christ lui donne. Ce nom désigne en effet les membres du Christ, ceux qui participent à l’Esprit du Christ, ceux qui reçoivent l’onction de celui qui est oint ; car c’est du Christ que vient le nom de chrétien, et « Christ » veut dire « oint » ; oint de cette huile de joie que, de préférence à tous ses compagnons (Ps 44,8), il a reçue en plénitude pour la donner en partage à tous ses compagnons, comme la tête aux membres du corps. « C’est comme l’huile qui, versée sur la tête, descend sur la barbe, et de là s’écoule jusqu’au bord du vêtement » (Ps 132,2) pour se répandre partout et tout vivifier. Quand donc tu deviens chrétien, tu deviens membre du Christ, membre du corps du Christ, participant de l’Esprit du Christ.