Archive pour janvier, 2010
Baptême du Seigneur, dimanche 10 janvier 2010, Homélie
9 janvier, 2010http://www.homelies.fr/homelie,bapteme.du.seigneur,2658.html
Baptême du Seigneur
dimanche 10 janvier 2010
Famille de saint Joseph
Homélie – Messe
Nous célébrons aujourd’hui la solennité du Baptême du Seigneu qui clôture le temps de Noël. Nous venons d’entendre le récit de l’évangéliste Luc qui nous présente Jésus venant se faire baptiser auprès de Jean-Baptiste. Juste après avoir reçu le baptême, Luc nous précise que Jésus « se trouvait en prière » (3, 21). Jésus parle avec son Père. De quoi, de qui ? Après ce qu’il vient d’accomplir, il est légitime de penser que Jésus présenta à son Père toutes celles et ceux qu’il portait intentionnellement à travers ce geste qu’il venait de poser. Jésus a donc parlé de nous, de chacun d’entre nous, à son Père.
« Or, nous dit Luc, il advint [...] au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, que le ciel s’ouvrit, et l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel: « Tu es mon fils; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » » (Lc 3, 21, 22). « Tu es mon fils » : Ces paroles du Père céleste ne sont pas seulement adressées à Jésus mais également à chacun de ses enfants pour qui le Fils unique a donné sa vie. Elles sont la réponse du Père à la prière de Jésus, elles sont la réponse du Père à l’offrande du Fils sur la croix, réponse dont la puissance de vie se manifestera au matin de Pâque lorsqu’après avoir été enseveli dans la mort, le Fils se lèvera dans sa résurrection, vainqueur de la mort et du péché.
Le fruit de la mort et de la résurrection du Christ est notre réconcilation avec le Père des cieux. Nous faisons à nouveau partie de la famille de Dieu, ce dont le péché originel nous avait privé. Le Ciel s’ouvre. Nous pouvons à nouveau être en relation avec notre Père céleste. Le don de la filiation divine adoptive nous est réoffert.
Tout cela se réalise dans le sacrement du baptême. Baptême dans l’Esprit qui fait de nous des fils du Père dans le Fils unique et baptême dans le feu de l’Amour trinitaire de Dieu dans lequel nous sommes plongés. Par le baptême, s’opère en effet dans le Christ, par la grâce de l’Esprit Saint, la restauration du chrétien dans une relation de liberté filiale vis-à-vis de Dieu le Père. Dans le Baptême, le Père céleste répète également pour chacun de ces enfants des paroles prononcées sur Jésus : « Tu es mon Fils ». Réalisant ainsi notre adoption, le baptême marque notre insertion dans la famille de Dieu, dans la communion avec la Très Sainte Trinité, dans la communion avec le Père, avec le Fils et avec l’Esprit Saint. C’est précisément pour cela que le baptême doit être administré au nom de la Très Sainte Trinité : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Ces paroles ne sont pas seulement une formule elles sont une réalité. Elles marquent le moment où de fils/filles de parents humains, un enfant, un homme, une femme, deviennent également fils/filles de Dieu dans le Fils du Dieu vivant.
Certes, nous n’avons probablement pas entendu de voix venant du ciel au moment où le prêtre nous retirait du baptistère, et pourtant elle a bel et bien retenti. La grâce du sacrement en vue de notre sanctification et de notre filialisation a bien agi en nous. Ce jour-là, le ciel s’est bien ouvert et des milliers d’anges en fête se sont réjouis en nous voyant revêtus de l’humanité du Christ et accueillis par le Père comme ses fils et ses filles bien-aimés.
Dans les premiers temps de l’Église le baptême avait une force extraordinaire, c’était un événement déterminant car les deux choses, foi et sacrement, se trouvaient réunis. Aujourd’hui, pour beaucoup de croyants, le baptême est comme un paquet cadeau qu’on a oublié d’ouvrir, encore emballé, laissé de côté… Certes, ils ont reçu validement le baptême mais c’est un sacrement « lié », pour reprendre la terminologie de saint Thomas (S. Th. III, q.69, a. 1), c’est-à-dire un sacrement dont l’efficacité reste entravée, dont le fruit n’est pas utilisé. Pourquoi ? Parce qu’on n’y a pas adjoint la condition essentielle de la foi. En effet, Jésus n’a pas dit : « celui qui sera baptisé sera sauvé » mais « celui qui croit et sera baptisé, sera sauvé » (Mc 16,16). Quand on reçoit le baptême bébé, l’Église se porte garant de la foi du nouveau baptisé, mais dans l’espérance que devenu adulte, la personne le ratifie en faisant son propre acte de foi et en accueillant librement dans sa vie Jésus comme son Seigneur et son Sauveur.
« Merci Trinité Sainte, Père, Fils et Esprit Saint pour le jour de notre baptême. Jour où les cieux se sont ouverts, où toi Seigneur Jésus tu nous as rouvert les portes du Paradis pour nous y réintroduire en espérance. Jour où dans l’eau baptismale, toi Seigneur Esprit Saint tu nous as été donné pour faire de nous une nouvelle créature, transformée à la ressemblance de Jésus, premier baptisé dans l’eau et dans le feu de l’Esprit. Jour où ta voix Père a témoigné que tu faisais de nous, en ton Unique et Bien-aimé, tes fils adoptifs. Que notre action de grâce soit en cette fête confession de foi pour que la grâce reçue au jour de notre baptême puisse déployer en nous toute sa potentialité et porter dans notre vie un fruit de sainteté pour ta plus grande gloire, Tirnité Sainte, et pour le salut de tous les hommes. »
Frère Elie
Il fallait la venue parmi nous du Fils de l’homme, « l’Emmanuel », et…
9 janvier, 2010du site:
http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=2383
Universel
Mgr Gilbert Louis
Lectures : Is 60, 1-6 – Ps 71 – Ep 3, 2…6 – Mt 2, 1-12
Esprit & Vie n°205-6 – décembre 2008, p. 46-47.
Il fallait la venue parmi nous du Fils de l’homme, « l’Emmanuel », et sa manifestation glorieuse, pour que le projet de Dieu surgisse en pleine lumière. Demeuré longtemps caché, ce dessein que pourtant l’on pouvait déjà décrypter grâce à une lecture attentive des Écritures, apparaît enfin au grand jour. Quelques-uns des prophètes d’Israël en ont eu le pressentiment. Isaïe en fait l’annonce avec beaucoup de lyrisme : « Debout Jérusalem ! Sur toi se lève le Seigneur ! Regarde autour de toi, tous se rassemblent, ils arrivent. » C’est d’une véritable épiphanie qu’il s’agit, et l’apôtre Paul tient à en préciser la teneur : « Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » L’histoire humaine n’est donc pas enfermée dans un cycle répétitif, elle est l’histoire du Royaume de Dieu qui avance et se développe en s’ouvrant à tous les hommes ; elle est l’histoire d’une heureuse nouvelle pour tous. C’est pourquoi, elle est résolument tournée vers l’avenir. Un horizon se dessine : le rassemblement dans le Christ des enfants de Dieu dispersés. Ce rassemblement, symbolisé par la réconciliation des juifs et des païens, comprend la réconciliation finale des frères ennemis qui ne cessent de s’affronter depuis Caïn et Abel, la marche vers l’unité des Nations et de peuples d’abord opposés, la récapitulation de l’univers sous un seul chef, le Christ. Tous les hommes sont appelés à ne former qu’un seul Corps dans le Christ, à vivre ensemble en communion avec Dieu. C’est dans le Christ que toutes choses se rencontrent, « celles du ciel et celles de la terre ». Le récit de l’adoration des mages auprès de l’enfant nouveau-né de Bethléem inaugure précisément cette confluence des peuples vers la lumière du Christ et cette montée, quoique fragile et indécise, vers le rassemblement de l’humanité.
Des chercheurs de Dieu
Saint Matthieu construit son Évangile avec une intention précise : la Bonne Nouvelle n’est pas réservée au seul Israël, elle est offerte à la terre entière. Au récit de ces mages païens venus se prosterner devant l’enfant-Roi répond, en finale de l’Évangile, l’envoi en mission par le Christ ressuscité : « Allez donc ! De toutes les Nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 18.) Mais que peuvent bien nous dire les mages, ces personnages mystérieux dont on ne précise même pas la provenance, l’Évangéliste se contentant de noter qu’ils viennent d’Orient ? En fait, qu’ils arrivent de Perse ou d’ailleurs, qu’importe puisque toutes les Nations de la terre peuvent se retrouver en eux et qu’ils sont censés représenter les païens, des « non-ayant-droits » à l’héritage du peuple choisi. Ce sont des hommes en recherche comme il s’en trouve partout dans le monde, des chercheurs de Dieu attentifs aux signes de sa présence, en l’occurrence une étoile. Les bergers qui les ont précédés, ont été conduits par des anges jusqu’à l’enfant de la crèche. Les chefs des peuples et les scribes qui avaient à leur disposition les Écritures pour leur indiquer le lieu de la naissance du Messie, ne se sont pas dérangés. Les mages, eux, se laissent guider par une étoile, attirés dans un premier temps vers Jérusalem. Or, cette étoile n’avait pas encore été répertoriée dans l’immensité de la voûte céleste par ces honorables astrologues. Elle vient d’ailleurs comme un signe donné par Dieu pour annoncer le Messie. Car Dieu, au travers d’une science approximative et de surcroît suspecte aux yeux des Juifs, les a orientés malgré tout vers la lumière de son Christ. Oui, qu’importe en définitive la provenance des mages, qu’importe également leur nom. Des traditions postérieures, à l’imaginaire fleuri, se chargeront de leur donner une identité et de les faire rois. Quant à leur nombre, il a été décidé en bonne logique qu’ils étaient trois, autant que de présents offerts à l’enfant : de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Le chiffre trois ne suffit-il pas à souligner la diversité de ces mages adorateurs ? Chacun offrant le trésor qui est le sien, la diversité mais aussi leur belle unanimité dans l’hommage rendu à l’enfant qui vient de naître.
L’Église, « sacrement du Royaume »
En proposant le récit des mages comme prologue à son Évangile, Matthieu a en toile de fond l’affrontement de sa communauté avec des Juifs et leur refus d’accueillir le Messie. Au chapitre 2, le refus du peuple élu se trouve exprimé par les chefs des prêtres, les scribes d’Israël et tout Jérusalem. Hérode, sans être Juif, s’associe à leur refus pour des raisons politiques. Bien que Jésus ait affirmé ne pas vouloir abolir la Loi mais l’accomplir, le drame du rejet de Jésus par les Juifs traverse tout l’Évangile de Matthieu. Il vaut la peine, à ce sujet, de relire le livre-testament du cardinal Lustiger, La Promesse, dans lequel il précise que l’Église est dite « catholique » parce qu’elle est l’Église des juifs et des païens, « chacun attestant pour l’autre la gratuité absolue du don de Dieu ». Mais le récit des mages ne concerne pas seulement le rapport de l’Église au judaïsme. Il reçoit une actualité singulière quant à la façon dont l’Église, de plus en plus confrontée à d’autres religions et à de multiples cultures, conçoit sa mission évangélisatrice en ce troisième millénaire. Le dernier Concile nous a invités à établir d’utiles distinctions entre Église et Royaume, entre Évangile et réalisations historiques du message chrétien. Dieu parle aux hommes, non seulement par l’Écriture et par les grands textes de la dogmatique, mais par « les signes des temps ». L’attitude de l’Église doit donc être une attitude d’écoute et de dialogue. « L’Église n’ignore pas tout ce qu’elle a reçu de l’histoire et de l’évolution du genre humain. » (Gaudium et Spes, n° 26.) Dès lors, qu’advient-il de sa prétention à l’universel ? On imagine mal qu’elle puisse renoncer à témoigner de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ comme libération du péché et de la mort éternelle. Elle témoigne même d’une espérance au-delà des limites de l’histoire. Mais l’Église n’est pas seulement le sacrement du Royaume à venir. Déjà ici-bas, elle est ce « sacrement », c’est-à-dire « le signe et le moyen de l’unité de tout le genre humain et de l’union avec Dieu » (Lumen gentium, n° 1). Comment le pourrait-elle sans participer aux grandes causes qui soulèvent l’humanité contemporaine : justice, droits de l’homme, sauvegarde de la création, respect de la vie, souci prioritaire des plus défavorisés ? Comment le pourrait-elle sans chercher à être, à l’intérieur d’elle-même, un modèle de fraternité et d’unité donnant forme à l’humanité de demain ?
« Faire Mémoire » : L’itinéraire de P.-S. Auszenkier, juif polonais
9 janvier, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-23150?l=french
« Faire Mémoire » : L’itinéraire de P.-S. Auszenkier, juif polonais
Un livre-entretien avec Christine Rater-Garcette
ROME, Vendredi 8 janvier 2010 (ZENIT.org) – « Un nouveau livre sur la vie d’un ami des qehilot », – entendez « communautés » – : c’est le titre choisi par le site officiel du vicariat de langue hébraïque du patriarcat latin de Jérusalem, pour ce compte rendu de lecture de « Faire mémoire » (éd. du Cerf, 2009), de Paul-Samuel Auszenkier, un livre-entretien avec Christine Rater-Garcette.
Juif polonais né en 1924, Paul-Samuel Auszenkier est arrivé avec sa famille à Paris en 1934. Mais peu à peu cette famille éclate : des sœurs en Palestine, son frère prisonnier, une autre sœur déportée à Auschwitz, pendant que lui-même gagne la zone libre avant d’être emprisonné plusieurs mois en Espagne. Il s’engage dans la 2e division blindée avec laquelle il effectue le débarquement d’août 1944 et la libération de Paris. Il participe à la traque des nazis avec les services secrets américains ; vit dix ans à Paris où il rencontre de nombreuses personnalités ; part rejoindre sa mère et ses sœurs dans le tout jeune État d’Israël ; revient en France quelques années plus tard, marié et père de famille.
Un parcours à la fois rocambolesque et tragique, au cours duquel il se dit en lisant l’Evangile: « J’ai deux mille ans de retard ». Il est aujourd’hui le modérateur d’une association créée par le card. Lustiger, pour contribuer à une meilleure connaissance et reconnaissance mutuelle entre juifs et chrétiens.
« Faire mémoire »
« Un nouveau livre sur la vie d’un ami des qehilot »
Paul-Samuel Auszenkier vit en France mais, à la fin des années cinquante et au début des années soixante, il était membre des communautés catholiques hébréophones en Israël et, depuis cette époque, il a gardé les liens d’amitié avec nous. Nous fêtons avec lui l’événement important de la publication de l’histoire de sa vie intitulée Faire mémoire. L’auteur a décidé d’offrir les bénéfices de ce livre à nos communautés hébréophones d’Israël.
Paul-Samuel est connu de beaucoup d’entre nous sous le nom de Samy et dans le livre qui est publié dans la maison d’édition parisienne bien connue Le Cerf, il raconte l’histoire de sa vie dans une série d’interviews avec Catherine Rater-Garcette, un genre littéraire qui est assez répandu en France. Le résultat est un livre fascinant et très lisible. L’histoire s’étend sur les huit dernières décennies et va de la Pologne à la France avec un arrêt important en Israël à la fin des années cinquante et au début des années soixante.
A la première page de l’histoire, on demande à Samy : » Pourquoi ce livre ? » Et il répond : « J’ai aujourd’hui quatre-vingt trois ans. Je suis arrivé à une étape de ma vie où je souhaite pouvoir dire quelle a été ma vie, qui je suis en vérité… Mais il n’est pas facile de parler en vérité, sans crainte d’être incompris ou de blesser soit ma famille, soit mes amis juifs » (p. 17).
Samy est né dans une famille juive observante, en 1924, dans la ville de Lodz en Pologne. Il vécut ses années d’enfance dans la ville de Zopot, près de Danzig. Son père travaillait à Danzig, qui était sous domination allemande à l’époque où les Nazis prirent le pouvoir. Deux de ses sœurs émigrèrent en Palestine durant ces années, mais la famille décida d’aller en France et s’installa à Paris en 1934. Pour le jeune Samy, ce fut le moment de passer d’une culture à une autre, d’une langue à une autre. Jusqu’à cette époque, Samy parlait yiddish dans sa famille ; à l’école il dut apprendre le français et il dut s’habituer à sa nouvelle vie en France. La guerre et l’occupation nazie de la France provoquèrent de nouveaux changements dans la vie de la famille. Samy quitta Paris et alla dans le sud de la France, en dehors de la région qui était sous occupation nazie directe.
C’est là, au cours d’un séjour à l’hôpital, que Samy fit la connaissance d’une sœur du nom de Sœur Jean-Gabriel, des sœurs de Saint Vincent de Paul. Il était très impressionné par sa dévotion. Il demanda pourquoi elle prenait également soin des Juifs. Sa réponse le surprit : « Jésus était Juif, et sa mère aussi ». Elle lui donna à lire un Nouveau Testament et là il découvrit des choses qui avaient trait presque seulement au peuple juif. Après quelques jours de conversation avec l’aumônier de l’hôpital, Samy écrivit à ses parents, qui étaient restés à Paris, qu’il voulait être chrétien. Il fut baptisé par l’évêque de Montauban le 27 septembre 1942. Samy perdit le contact avec sa famille à Paris et, après la guerre, il apprit que sa sœur était morte à Auschwitz et que ses parents avaient trouvé refuge. Samy décida de traverser la frontière pour l’Espagne et là, il fut arrêté et passa quelques mois en prison. D’Espagne, après sa sortie de prison, il passa au Maroc, rejoignit la Légion étrangère de l’armée française et eut le privilège de participer à la libération de Paris. Après avoir recherché sa famille, il retrouva ses parents, mais son père mourut peu après et, en 1948, sa mère immigra en Israël pour rejoindre ses sœurs qui étaient là-bas.
Tout un chapitre fascinant du livre est consacré à l’histoire de la « Maison d’Ananie », fondée par le Père Altermann, lui aussi un Juif qui fut baptisé et devint prêtre. La maison était destinée aux personnes se préparant au baptême, où elles pouvaient étudier le christianisme. Une petite communauté vivait dans la maison. Samy les rejoignit et fit la connaissance de Jacques Maritain, le penseur et écrivain français renommé, et de sa femme juive, Raïssa. Samy resta dans la maison, avec quelques pauses, jusqu’à ce qu’il prît la décision d’émigrer en Israël.
Samy arriva au port de Haïfa en 1958. Au début, il vivait avec sa famille dans le kibboutz Ramat Kovesh, non loin de Tel Aviv. Après une courte période, Samy fonda la communauté catholique hébréophone de Jaffa et c’est là qu’il rencontra le Père Bruno Hussar. Il commença à travailler dans les bureaux d’Air France en Israël et, en 1959, il rencontra sa future femme, Rachel, qui était elle aussi une catholique issue d’une famille juive. La description de la vie dans les communautés catholiques hébréophones à la fin des années 1950 reflète une situation qui n’était pas sans difficulté : « Nous n’étions pas beaucoup et nous étions très isolés. La communauté hébréophone n’en était qu’à ses débuts, elle n’était pas encore reconnue officiellement, et nous avions le sentiment « d’essuyer les plâtres ». En France, avec la guerre, j’étais le juif qu’il fallait éliminer. En Israël, j’étais le juif baptisé qui n’était pas admis. A cette époque, en Israël on pouvait être bouddhiste, communiste, n’importe quoi, mais pas catholique. C’était trop près de la Shoah » (p. 91). En Israël, Samy et Rachel eurent deux fils avant de décider de revenir en France en 1964.
Le livre comprend des chapitres sur les relations judéo-chrétiennes, sur le renouveau charismatique dans l’Église catholique, et sur l’amitié entre Samy et Jean-Marie Lustiger qui deviendra plus tard Cardinal Archevêque de Paris et qui était lui-même d’origine juive polonaise. L’avant-dernier chapitre raconte l’histoire de la fondation du groupe « Myriam fille de Sion » en 1981, qui poursuivit ses rencontres à Paris jusqu’à ce jour. La célébration de la messe le samedi, signe du lien avec le peuple juif, consistait une part importante des activités du groupe ; une partie de la prière était dite en hébreu. Samy souligne aussi le lien qui le lie lui personnellement et le groupe « Myriam fille de Sion » aux communautés catholiques hébréophones d’Israël. En quelques pages, il raconte le développement des communautés catholiques hébréophones d’Israël, depuis leur fondation en 1955 jusqu’à l’ordination du Père Jean-Baptiste Gourion comme évêque en 2003. Il décrit aussi nos activités en Israël.
L’interviewer demande à Samy, à la fin du chapitre 11 : « Que représente pour toi le fait de pouvoir participer à la messe en hébreu ? ». Il répond : « Quand je prie en hébreu, je me sens plus proche des premières communautés chrétiennes, j’essaie de prier les psaumes en hébreu, comme le faisait Jésus. On dit souvent que la langue est une constituante importante de l’identité: pour moi, parler l’hébreu m’a fait prendre plus conscience de mon identité juive… C’est une grâce de prier la Bible en hébreu, cela explique aussi pourquoi beaucoup de chrétiens aujourd’hui désirent l’apprendre » (p. 134).
A la fin de ce livre fascinant, Samy dit : « En relisant ma vie, je ne sais à quelle vocation j’étais vraiment appelé. J’ai le sentiment d’avoir vécu plusieurs vies avec cependant « le fil rouge » de la main de Dieu qui, sans que je le réalise toujours, m’a fait avancer au travers d’événements et de rencontres » (p. 139).
« Faire mémoire », Paul-Samuel Auszenkier, entretiens avec Christine Rater-Garcette (éd. du Cerf, 2009). La préface est de Sr Cécile Rastoin, ocd, sépcialiste d’Edith Stein.
bonne nuit
9 janvier, 2010Diadoque de Photicé: « Quant à l’ami de l’époux, il se tient là…et il en est tout joyeux »
9 janvier, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100109
Samedi du temps de Noël après l’Epiphanie : Jn 3,22-30
Commentaire du jour
Diadoque de Photicé (v. 400-?), évêque
La Perfection spirituelle, 12-14 ; PG 65, 1171 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 2, p. 151 rev.)
« Quant à l’ami de l’époux, il se tient là…et il en est tout joyeux »
La gloire convient à Dieu en raison de sa grandeur, et l’abaissement convient à l’homme car il fait de lui le familier de Dieu. Si nous agissons ainsi, nous serons joyeux à l’exemple de saint Jean Baptiste et nous commencerons à répéter sans relâche : « Il faut qu’il grandisse, et que je diminue ».
Je connais quelqu’un qui aime tellement Dieu –- bien qu’il s’afflige de ne pas l’aimer comme il le voudrait -– que son âme éprouve sans cesse ce désir fervent : que Dieu soit glorifié en lui, et que lui-même s’efface. Un tel homme ne sait pas ce qu’il est, même lorsqu’il reçoit des éloges, car, dans son grand désir d’abaissement, il ne pense pas à sa propre dignité. Il accomplit le culte divin…, mais dans son extrême disposition d’amour pour Dieu, il cache le souvenir de sa propre dignité dans l’abîme de son amour pour Dieu… Il enfouit l’orgueil qu’il en tirerait pour ne jamais paraître à son propre jugement qu’un serviteur inutile (Lc 17,10)… C’est ce que nous devons faire, nous aussi : fuir tout honneur et toute gloire, à cause de la richesse débordante d’amour du Seigneur qui nous a tant aimés.
Celui qui aime Dieu dans le fond de son coeur, celui-là est connu de lui. Dans la mesure, en effet, où l’on accueille l’amour de Dieu dans le fond de son âme, dans cette mesure on a l’amour de Dieu. C’est pourquoi, désormais, un tel homme vit dans une ardente passion pour l’illumination de la connaissance, jusqu’à ce qu’il goûte une grande plénitude intérieure. Alors il ne se connaît plus lui-même, il est entièrement transformé par l’amour de Dieu. Un tel homme est dans cette vie sans y être. S’il continue d’habiter dans son corps, il en sort continuellement par le mouvement d’amour de son âme, qui le porte vers Dieu. Sans relâche désormais, le coeur brûlé par le feu de l’amour, il reste attaché à Dieu d’une façon irrésistible, parce qu’il a été arraché définitivement à l’amitié envers soi-même par l’amour de Dieu.
bonne nuit
8 janvier, 2010Saint Jean Chrysostome: « Jésus étendit la main, le toucha et dit : ‘ Sois purifié ‘ »
8 janvier, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100108
Vendredi du temps de Noël après l’Epiphanie : Lc 5,12-16
Commentaire du jour
Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Eglise
Homélies sur saint Matthieu, n°25, 1-3 (trad. Véricel, L’Evangile commenté, p. 100-101)
« Jésus étendit la main, le toucha et dit : ‘ Sois purifié ‘ »
Jésus ne dit pas simplement : « Je le veux, sois guéri. » Mieux encore : « Il étendit la main et le toucha. » Voilà qui est digne d’attention. Puisqu’il le guérissait par un acte de sa volonté et par une parole, pourquoi l’a-t-il touché de la main ? Pas pour une autre raison, me semble-t-il, que pour montrer qu’il n’est pas inférieur, mais supérieur à la Loi, et que désormais, rien n’est impur pour quelqu’un de pur… La main de Jésus n’est pas devenue impure au contact du lépreux ; au contraire, le corps du lépreux a été purifié par la sainteté de cette main. C’est que le Christ est venu non seulement guérir les corps, mais élever les âmes à la sainteté ; il nous enseigne ici à avoir soin de notre âme, à la purifier, sans nous préoccuper des ablutions extérieures. La seule lèpre à craindre, c’est celle de l’âme, c’est-à-dire le péché…
Quant à nous, rendons à Dieu de continuelles actions de grâces. Remercions-le non seulement pour les biens qu’il nous a donnés, mais encore pour ceux qu’il a accordés aux autres : nous pourrons ainsi détruire l’envie, entretenir et accroître notre amour du prochain…
Annonciation
7 janvier, 2010Ps 2 : »Tu es mon fils » et commentaire biblique
7 janvier, 2010du site:
http://www.bible-service.net/site/392.html
Ps 2 : »Tu es mon fils »
Ps 2,1 Pourquoi ce tumulte des peuples
ce complot stérile des nations ?
2 Les rois de la terre s’insurgent,
les grands conspirent entre eux
contre le Seigneur et son messie
3 »Faisons sauter nos chaînes et rejetons ces entraves ! »
4 Celui qui règne dans les cieux s’en amuse,
le Seigneur les tourne en ridicule;
5 puis il leur parle avec fureur,
et sa colère les épouvante :
6 »C’est moi qui ai sacré mon roi
sur Sion, ma sainte montagne.
7 Je proclame le décret du Seigneur : Il m’a dit :
»Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.
8 Demande, et je te donne les nations en héritage,
toute la terre pour domaine.
9 Tu les détruiras avec un sceptre de fer,
tu les briseras comme un vase d’argile. »
10 Maintenant, rois, sachez comprendre ;
instruisez-vous, juges de la terre :
11 servez le Seigneur avec crainte,
célébrez-le, adorez-le en tremblant ;
12 qu’il se fâche, et vous êtes perdus,
un rien, et sa colère s’enflamme !
Commentaire de Ps 2
Ps 2 : »Tu es mon fils »
Les psaumes royaux évoquent, de façon poétique, les différentes phases ou l’une des phases de la cérémonie d’intronisation du nouveau roi. Cette célébration d’intronisation comportait deux moment principaux : l’un au Temple, l’autre au palais.
La célébration
Au Temple, le roi recevait l’onction royale donnée par un prêtre, puis un prophète lui remettait le »protocole royal », petit rouleau où était écrite la mission que Dieu lui donnait. Le peuple poussait alors l’acclamation : »Untel est roi ! » et on partait en cortège au palais. Là, on remettait au roi ses insignes, on lui présentait son armée et les dignitaires. Le roi faisait peut-être alors une sorte de »discours du trône » et parfois un prophète prononçait une prière.
Les psaumes royaux contenus dans le psautier se réfèrent à l’une ou l’autre partie de cette célébration. »Les Ps 2 et 101, dans des styles différents, sont le discours du trône. Le Ps 21 correspond à l’accueil du roi par le prêtre à son arrivée au Temple. Les Ps 45 et 110 se déroulent dans la salle du trône. Le Ps 72 est la prière en forme d’oracle prononcé par le prophète cultuel. Le Ps 89, très difficile, évoque, entre autres choses, le cortège allant du Temple au palais. » (M. Mannati, in Cahiers Évangile n° 13)
Il est difficile de dater le Ps 2. Il peut être très ancien, mais a probablement été relu après l’exil, à une époque où il n’y a plus de roi. A ce dernier stade, il célèbre d’abord le roi de l’avenir auquel pensait Isaïe et tel que la tradition postérieure l’a magnifié. Dans ce cas, des images comme celles du v.8 ne seraient pas de simples formules hyperboliques, mais le signe que ce Roi attendu est vraiment le Seigneur de l’univers.
Le roi, fils de Dieu
»Tu es mon fils… » (v. 7). Qu’est-ce à dire ? Dans la Bible l’expression »Fils de Dieu » désigne soit des anges (Job 1,6 ; 38,7), soit le peuple d’Israël (Os 11,1), soit les justes qui mettent leur confiance dans le Seigneur (Sg 2,18). Elle désigne surtout le roi qui devient, selon la théologie d’Israël, un fils adoptif de Dieu. On se souvient la célèbre prophétie de Nathan dans laquelle Dieu s’engageait envers David et sa descendance : »Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils » (2 S 7,14). Dans le Ps 2, psaume d’investiture, le roi puis le prophète du Temple de Jérusalem s’expriment pour souligner la grandeur redoutable du fils sur qui repose la force de Dieu. Le ton est un peu grandiloquent, le fils en question n’est après tout que le souverain d’un tout petit royaume coincé entre de gigantesques empires. Mais il est grand aux yeux des croyants.
Le Messie
Mais que se passe-t-il quand les rois disparaissent, quand les empires assyriens et néo-babyloniens balayent comme fétus de paille les royaumes du Nord et du Sud ? Que signifie alors le Psaume 2 dans la bouche du croyant ? Pourquoi continuer à le chanter alors qu’il n’y a plus de rois ? La figure du »fils » évoque maintenant un personnage nouveau, non plus le roi réel d’Israël et de Juda, mais le roi espéré dans un avenir plus ou moins proche. Petit à petit une conviction s’impose chez les croyants : Dieu enverra un roi-messie pour établir son règne sur la terre. Le Ps 2, mais aussi d’autres psaumes (Ps 18, 20, 110, etc.), portent en eux cette espérance, l’attente du Messie, fils de Dieu.