Archive pour le 3 août, 2011
Marie, disciple du Christ (Saint Augustin, Sermon 72/A, 7)
3 août, 2011du site:
http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20001208_agostino_fr.html
Saint Augustin, Sermon 72/A, 7
Marie, disciple du Christ
« Quant il parlait aux foules, sa mère et ses frères étaient là dehors, et voulaient lui parler… Et lui: qui est ma mère? ou qui sont mem frères? Et étendant la main sur ses disciples, il dit: Ceux-ci sont ma mère et mes frères. Et quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, il est pour moi un frère, une soeur et une mère… Comment le Christ Seigneur pouvait-il avec piété repousser sa mère, et pas une mère quelconque, mais une mère d’autant plus grande qu’elle était une mère vierge… Il a repoussé cette mère, pour que l’affection maternelle ne se mêle pas à l’oeuvre qu’il accomplissait, et ne l’empêche pas. Quelle était cette oeuvre? Il parlait au peuple, il détruisait le vieil homme, il édifiait l’homme nouveau, il délivrait les âmes, il déliait les captifs, il illuminait les esprit aveugles, il accomplissait une oeuvre bonne, et dans cette oeuvre bonne il était dans la ferveur de l’action et de la parole. A ce moment, on lui annonce cet affection maternelle… Que les mères entendent ce qu’il a répondu, pour que leur affection charnelle n’empeche pas les oeuvres bonnes de leurs fils… Mais tu me diras: Tu compares donc mon fils au Christ? Je ne le compare pas au Christ, ni toi à Marie. Le Christ Seigneur n’a donc pas condamné l’affection maternelle, mais il a montré en lui-même, par un grand exemple, qu’il fallait repousser sa mère pour l’oeuvre de Dieu. Il était notre maître. S’il a daigné repousser sa mère, c’est pour t’apprendre à repousser aussi ton père pour l’oeuvre de Dieu.
Faites donc plus attention, mes frères, faites plus attention, je vous en conjure, a` ce que dit le Seigneur Christ, en étendant la main sur ses disciples: Ceux-ci sont ma mère et mes frères; et celui qui fera la volonté de mon Père qui m’a envoyé, celui-là est pour moi un frère et und soeur et une mère. Est-ce qu’elle n’a pas fait la volonté du Père, la Vierge Marie, qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi, qui a été choisie pour que d’elle naisse pour nous le salut parmi les hommes, qui a été créée par le Christ, avant que le Christ ne fût créé en elle? Elle a fait, elle a fait absolument la volonté du Père, sainte Marie; et c’est plus pour Marie d’avoir été la disciple du Christ, que d’avoir été la mère du Christ. aussi Marie a été bienheureuse, parce qu’avant de l’enfanter, elle a porté son maître dons son sein. Vois si ce n’est pas comme je le dis. Quand le Seigneur passait avec des foules a` sa suite, et qu’il faisait des miracles divins, une femme dit: Bienheureux le sein qui t’a porte. Et qu’a répondu le Seigneur, pour qu’on n’aille pas chercher la félicité dans la chair? oui, heureux, ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. Ainsi Marie est bienheureuse d’avoir écouté la parole de Dieu et de l’avoir gardée: ella a gardé la vérité en son coeur plus que la chair en son sein. Le Christ est vérité, le Christ est chair. Le Christ vérité est dans le coeur de Marie, le Christ chair dans le sein de Marie; ce qui est dans le coeur est plus que ce qui est dans le ventre. Sainte est Marie, bienheureuse est Marie, mais l’Eglise est meilleure que la Vierge Marie. Pourquoi? parce que Marie est une partie de l’Eglise, un membre saint, un membre excellent, un membre suréeminent, mais pourtant un membre de corps tout entier. Si elle est membre du corps tout entier, le corps est plus assurément qu’un seule membre. la tête, c’est le Seigneur, et le Christ tout entier est tête et corps. Que dire? Nous avons une tête divine, nous avons Dieu pour tête.
Prière
C’est toi que j’invoque, O Dieu Vérité, source, principe, auteur de la vérité de tout ce qui est vrai. Dieu, de qui on ne se détourne que pour choir, vers qui se tourner, c’est se laver à nouveau et en qui demeurer, c’est trover un solide appui, sois-moi propice, o mon Dieu. Cfr. Soliloq. 1.3
PREMIERE LECTURE – Isaïe 55, 1-3 (commentaires de Marie Noëlle Thabut)
3 août, 2011du site:
http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut-p.html
Dimanche 31 juillet 2011: commentaires de Marie Noëlle Thabut
PREMIERE LECTURE – Isaïe 55, 1-3
1 Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau !
Même si vous n’avez pas d’argent,
venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait
sans argent et sans rien payer.
2 Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Ecoutez-moi donc : mangez de bonnes choses,
régalez-vous de viandes savoureuses !
3 Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Ecoutez et vous vivrez.
Je ferai avec vous une alliance éternelle,
qui confirmera ma bienveillance envers David.
Voici la fin du deuxième livre d’Isaïe, tout entier tourné vers la fin de l’Exil et le retour vers le pays de la promesse : d’où le titre général de ce « livre de la consolation d’Israël » ; le chapitre 54 réitérait l’annonce du retour tant attendu ; le chapitre 55, le nôtre, précise bien dans quel esprit on doit rentrer. Rien de neuf donc dans tout cela, mais la répétition des thèmes majeurs de l’Alliance qu’on n’aurait jamais dû oublier, et qu’il est urgent d’assimiler si l’on ne veut pas revivre les mêmes cruelles expériences : quatre thèmes majeurs : je les prends dans l’ordre de notre texte :
Premier thème, la gratuité des dons de Dieu « venez acheter sans rien payer »,
Deuxième thème, la lutte contre l’idolâtrie,
Troisième thème, l’écoute (ou la confiance, c’est la même chose) : « Prêtez l’oreille, venez à moi, écoutez et vous vivrez. »
Quatrième thème : la fidélité de Dieu à son Alliance « Je ferai avec vous une alliance éternelle qui confirmera ma bienveillance envers David ».
Le plus difficile à entendre, peut-être, pour nos oreilles humaines, c’est le premier thème, la gratuité des dons de Dieu, or c’est précisément l’insistance majeure de ce chapitre 55. Nous nous obstinons toujours à parler de mérites et de dignité à regagner pour paraître devant Dieu, alors que le propre de la miséricorde est d’aimer se pencher sur les petits et les pécheurs. Dans les versets suivants, Isaïe force encore le trait, il insiste : « Car vos pensées ne sont pas mes pensées, dit Dieu… »
Combien de fois les philosophes ont-ils reproché aux religions d’inventer un Dieu à notre image! C’est Voltaire qui disait : « Dieu a fait l’homme à son image et l’homme le lui a bien rendu ». Et il avait raison en ce qui concerne les autres religions : c’est-à-dire que, spontanément (sans la Révélation biblique), nous imaginons un Dieu qui nous ressemble curieusement, qui éprouve les mêmes sentiments que nous : nous parlons de son amour, de sa justice, de sa colère, de son pardon sur le modèle de ce que nous vivons ; un amour limité et exclusif… une justice en forme de balance… une colère faite de frustration et de ressentiment… un pardon mesuré et conditionnel …
Et même pour nous, les héritiers de la Bible, qui avons des siècles de Révélation derrière nous, si j’ose dire, ce n’est pas encore acquis. Et les paroles du deuxième livre d’Isaïe ne sont pas de trop pour nous le redire. Les images qu’il emploie sont celles de l’opulence : « Mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses ! » N’oublions pas qu’elles sont adressées à des exilés réduits aux travaux forcés à Babylone, pour qui des images de banquets ressemblent à des rêves irréalisables. Et cette profusion de bonnes choses est totalement gratuite, ce qui est plus invraisemblable encore, à vues humaines : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer. » Voilà les images que le prophète a choisies pour faire comprendre à ses contemporains la générosité du Dieu d’Israël. Si j’osais, je dirais « Au supermarché de Dieu, tout est toujours gratuit » !
Généralement, quand on tient ce genre de propos, il se trouve toujours quelqu’un pour dire « si nous n’avons pas besoin de gagner des mérites, alors nous allons nous conduire n’importe comment … » Je ne le crois pas du tout ; le jour où nous serons vraiment convaincus, et donc éblouis de l’amour de Dieu, alors notre coeur changera et nous commencerons à lui ressembler : le feu prendra et nous entrerons petit à petit dans le registre de la gratuité.
Notre Eglise a une tâche redoutable, il me semble : elle est une institution humaine, elle vit dans une société bâtie sur le commerce plus que sur le service ; et c’est au coeur même de cette société qu’elle doit faire germer le royaume de la gratuité. Il nous est interdit au nom de l’évangile et même au nom des prophètes de l’Ancien Testament de nous comporter comme une entreprise… Chaque fois que nous quittons le registre de la gratuité dans nos paroles ou dans nos actes, nous sommes loin des chemins de Dieu, pour reprendre le vocabulaire d’Isaïe. Notre mission de baptisés, c’est de témoigner au milieu des hommes non pas d’un AILLEURS, mais d’un AUTREMENT.
Le deuxième thème, à peine esquissé, mais bien présent, c’est la lutte contre l’idolâtrie : « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? » C’est-à-dire : ne cherchez pas ailleurs de faux bonheurs. On sait que la tentation d’idolâtrie n’était pas morte encore chez les exilés : pour la bonne raison que les dieux de leurs vainqueurs semblaient plus efficaces ! Cette deuxième partie du livre d’Isaïe, qui renferme les prédications du temps de l’Exil lutte vigoureusement contre cette tentation sans cesse renaissante. Dieu seul détient les clés de notre bonheur et de notre liberté et, avec lui, tout est donné. Il suffit de lui faire confiance.
Et c’est le troisième thème : « Prêtez l’oreille, venez à moi, écoutez et vous vivrez. » Nous qui prêtons l’oreille si volontiers à tant de publicités commerciales, (c’est-à-dire intéressées, dictées par le souci du profit), comment se fait-il que cette publicité-là, celle d’Isaïe, au nom de Dieu, frappée au coin de la gratuité ne nous « accroche » pas plus, si j’ose dire. Justement peut-être parce qu’il s’agit de gratuité et que cela nous est étranger. Le chemin de la gratuité est bien au-dessus de nos chemins de calcul et de donnant-donnant. Pourquoi ne pas admettre une fois pour toutes que nous sommes sans argent (je veux dire sans titres à faire valoir) devant Dieu et qu’il n’attend de nous qu’un coeur offert, une « oreille ouverte », comme dit la Bible. « Ecoutez, c’est-à-dire faites-moi confiance, attachez-vous à moi et vous vivrez », dit Isaïe.
Enfin, le quatrième thème de ce texte, et bien dans la ligne des deux autres, c’est la fidélité de Dieu à son Alliance « Je ferai avec vous une alliance éternelle qui confirmera ma bienveillance envers David ». C’est encore l’une des grandes lignes de force des prédications du deuxième Isaïe : exilés, on craignait d’être abandonnés de Dieu à tout jamais. On avait tant de fois manqué aux commandements dans le passé, Dieu ne s’était-il pas lassé de son peuple ? Non, bien sûr. Puisque son amour est totalement gratuit et sans conditions, le début de ce texte nous l’a rappelé, il ne remet jamais en cause son Alliance. Au contraire, il la renouvelle à chaque instant : l’allusion à David confirme l’enracinement lointain et la durée indéfectible de cette Alliance.
C’est un rappel des promesses faites jadis à David par le prophète Natan (2 S 7). Depuis ces lointains débuts de la royauté en Israël, on sait que sa dynastie fera naître un jour celui qu’on appelle le Messie et qui apportera définitivement la liberté et la paix à son peuple. Pendant l’Exil à Babylone, ces lointaines promesses pourraient paraître caduques, raison de plus pour que le prophète les rappelle.