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Massimiliano Maria Kolbe
14 août, 201115 août : ASSOMPTION de la VIERGE MARIE – Patronne principale de la France
14 août, 2011du site:
lundi 15 août 2011 – Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France
ASSOMPTION de la VIERGE MARIE
Patronne principale de la France
(Solennité)
Cette fête a pour objet de célébrer à la fois la bienheureuse Mort, la glorieuse Résurrection et la triomphante Assomption de la très Sainte Vierge au Ciel. Jésus avait souffert la mort pour racheter le monde ; Marie, dans le plan de la Providence, devait suivre son divin Fils et mourir. Mais sa mort ne ressembla en rien à celle du commun des hommes ; elle eut pour unique cause l’excès de son amour et de ses désirs ; elle ne fut accompagnée d’aucune douleur, ni suivie de la corruption du tombeau. Jésus devait tous ces privilèges à sa sainte Mère.
La tradition rapporte que les Apôtres, dispersés dans l’univers pour prêcher l’Évangile, se trouvèrent miraculeusement réunis autour du lit de mort de celle qui avait présidé à la naissance et aux premiers développements de l’Église. Trois jours après la mort de Marie, visitant le virginal tombeau avant de se séparer, ils furent les heureux témoins d’une grande merveille. On entendit dans les airs d’harmonieux cantiques ; un parfum délicieux s’exhalait du tombeau de Marie ; et lorsqu’on l’eut ouvert, on n’y trouva que des fleurs fraîches et vermeilles : les Anges avaient transporté dans les Cieux, en corps et en âme, la Mère du Sauveur. On ne peut que soupçonner ici-bas avec admiration l’accueil qui fut fait à Marie par la Très Sainte Trinité, à laquelle elle avait été associée d’une manière si sublime dans le mystère du salut des hommes, par Jésus-Christ son Fils bien-aimé, par les légions des Anges, les Patriarches, les Prophètes, tous les saints de l’Ancien Testament et les élus de la Loi nouvelle. Les plus grands serviteurs de Marie, dans leurs contemplations, se sont plu à dépeindre son triomphe incomparable, son couronnement, sa gloire en ce grand jour. Mais le triomphe et la gloire de Marie sont éternels.
La fête de l’Assomption, outre sa mort toute sainte, sa Résurrection et son couronnement, célèbre sa royauté toute-puissante. Elle est la Reine du Ciel, la Reine des Anges et des Saints, la Reine de l’Église terrestre, la Reine de l’Église du Purgatoire; et c’est elle que David a dépeinte dans ses Psaumes : « La Reine s’est assise à ta droite, couverte d’un manteau d’or, environnée et tout étincelante des richesses les plus variées. » L’Assomption de Marie réclamait une définition de foi : l’Église a proclamé ce dogme le 1er novembre 1950. Gloire à Dieu !
(Abbé L. Jaud)
SAINT BERNARD
PREMIER SERMON POUR L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE.
De la Susception du Christ et de celle de Marie
1. En montant aujourd’hui dans les cieux, la glorieuse Vierge a certainement porté à son comble la joie des citoyens du ciel. Car elle n’est rien moins que celle dont la voix fit tressaillir de joie, dans les entrailles d’une mère qu’elle a saluée, l’enfant qui y était encore enfermé. Si l’âme d’un enfant qui n’était pas encore né s’est fondue de bonheur à sa voix, quelle ne dut pas être l’allégresse des esprits célestes quand ils eurent le bonheur d’entendre sa voix, de contempler son visage ? Et même pour nous, mes frères bien-aimés, quelle fête n’est point le jour de son Assomption, quels motifs de joie et de bonheur n’y a-t-il point dans son assomption ? La présence de Marie éclaire le monde entier, c’est au point que les cieux eux-mêmes brillent d’un plus vif éclat, à la lumière de cette lampe virginale. C’est donc avec raison que les actions de grâce et les chants de gloire retentissent dans les cieux ; mais nous, mes frères, il semble que nous avons plus de motifs de gémir que d’applaudir. En effet, ce monde inférieur ne doit-il pas proportionner son deuil, quand elle le quitte, à l’allégresse même que sa présence répand dans les cieux ? Pourtant, trêve de plaintes chez nous, car, après tout, nous n’avons point ici une cité permanente, nous aspirons à celle où Marie fait aujourd’hui son entrée ; si nous devons un jour en être citoyens, il est juste que, même dans notre exil, et jusque sur les bords des fleuves de Babylone, nous l’ayons présente à la pensée, nous participions à ses joies, nous partagions son allégresse, surtout à celle qui remplit si bien aujourd’hui même, comme un torrent, cette cité de Dieu, que, même ici-bas, nous en recevons quelques gouttes qui tombent jusque sur la terre. Notre Reine nous a précédés, et le glorieux accueil qui lui est fait doit nous engager à suivre Notre Dame, nous ses humbles serviteurs, en nous écriant : « Attirez-nous à votre suite, nous courrons dans l’odeur de vos parfums. » Notre exil a envoyé en avant une avocate qui, en sa qualité de mère de notre Juge, de mère de la miséricorde, doit traiter en suppliante, mais en suppliante écoutée, l’affaire de notre salut.
2. Aujourd’hui notre terre a envoyé un précieux présent au ciel, pour rapprocher, par cet heureux échange de présents d’amitié, les hommes de Dieu, la terre des cieux, notre bassesse de l’élévation suprême. Un fruit sublime de la terre s’est élevé là d’où nous viennent tous dons excellents, tous dons parfaits, et une fois montée dans les cieux, la bienheureuse Vierge comblera à son tour les hommes de ses dons. Pourquoi n’en serait-il point ainsi ? Car le pouvoir ne lui manquera pas plus que la volonté.
Elle est la Reine des cieux et une Reine de miséricorde, et de plus elle est la Mère du Fils unique de Dieu ; est-il rien qui puisse nous faire concevoir une plus haute estime de son pouvoir et de sa bonté ? À moins qu’on ne croie pas que le Fils de Dieu honore sa mère, ou qu’on doute que les entrailles de Marie, où la charité même de Dieu a passé corporellement neuf mois entiers, se soient remplies de sentiments de charité.
3. Si je parle de la sorte, mes frères, c’est pour nous que je le fais, attendu que je n’ignore pas combien il est difficile que dans un si grand dénuement on ne puisse trouver cette charité parfaite qui ne cherche point ses propres intérêts. Mais, sans parler des grâces que nous recevons pour sa glorification, pour peu que nous ressentions de l’amour pour elle, nous nous réjouirons de la voir retourner à son Fils. Oui, mes frères, nous la féliciterons, à moins pourtant qu’il ne nous arrive, ce qu’à Dieu ne plaise, d’être tout à fait ingrats envers celle qui a trouvé la grâce. Car elle est aujourd’hui reçue dans la cité sainte par celui qu’elle a reçu elle-même la première, lorsqu’il fit son entrée dans monde, mais avec quel honneur, avec quelle allégresse et quelle gloire !
Sur la terre, il n’est point un seul endroit plus honorable que le temple du sein virginal où Marie reçut le Fils de Dieu, et, dans le ciel, il n’est point de trône supérieur à celui sur lequel le Fils de Dieu a placé sa mère. Recevant ou reçue, elle est également bienheureuse, elle l’est dans les deux cas d’un bonheur ineffable parce qu’elle l’est d’un bonheur inimaginable.
Mais pourquoi lit-on aujourd’hui dans l’Église du Christ précisément le passage où il est donné à entendre que femme bénie entre les femmes a reçu le Sauveur ? C’est, je pense, pour nous faire estimer, ou plutôt pour nous faire comprendre, combien est inestimable la réception que Marie reçoit aujourd’hui de son Fils par celle qu’il lui a été donné à elle-même de lui faire. En effet, qui pourrait dire, même en empruntant les secours de la langue des anges et de celle des hommes, comment expliquer de quelle manière le Saint-Esprit est survenu en Marie ; la vertu du Très-Haut l’a couverte de son ombre, la vertu de Dieu par qui tout a été fait, s’est lui-même fait chair, de quelle manière enfin le Seigneur de majesté, que l’univers entier ne peut contenir, devenu homme, s’est enfermé dans les entrailles d’une Vierge ?
4. Mais qui pourra se faire une juste idée de la gloire au sein de laquelle la reine du monde s’est avancée aujourd’hui, de l’empressement plein d’amour avec lequel toute la multitude des légions célestes s’est portée à sa rencontre ; au milieu de quels cantiques de gloire elle a été conduite à son trône, avec quel visage paisible, quel air serein, quels joyeux embrassements, elle a été accueillie par son Fils, élevée par lui au-dessus de toutes les créatures avec tout l’honneur dont une telle mère est digne, et avec toute la pompe et l’éclat qui conviennent à un tel Fils ? Sans doute, les baisers que la Vierge mère recevait des lèvres de Jésus à la mamelle, quand elle lui souriait sur son sein virginal, étaient pleins de bonheur pour elle, mais je ne crois pas qu’ils l’aient été plus que ceux qu’elle reçoit aujourd’hui du même Jésus assis sur le trône de son Père, au moment heureux où il salue son arrivée, alors qu’elle monte elle-même à son trône de gloire, en chantant l’épithalame et en disant : « Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche. » Qui pourra raconter la génération du Christ et l’Assomption de Marie ?
Elle se trouve dans les cieux comblée d’une gloire d’autant plus singulière que, sur la terre, elle a obtenu une grâce plus insigne que toutes les autres femmes. Si l’œil n’a point vu, si l’oreille n’a point entendu, si le cœur de l’homme n’a point connu dans ses aspirations ce que le Seigneur a préparé à ceux qui l’aiment, qui pourrait dire ce qu’il a préparé à celle qui l’a enfanté, et, ce qui ne peut être douteux pour personne, qui l’aime plus que tous les hommes ? Heureuse est Marie, mille fois heureuse est-elle, soit quand elle reçoit le Sauveur, soit quand elle est elle-même reçue par lui ; dans l’un et dans l’autre cas, la dignité de la Vierge Marie est admirable, et la faveur dont la majesté divine l’honore, digne de nos louanges. « Jésus entra dans une bourgade, nous dit l’Évangéliste, et une femme l’y reçut dans sa maison » (Luc. X, 38).
Mais laissons plutôt la place aux cantiques de louanges, car ce jour doit être consacré tout entier à des chants de fête. Toutefois, comme le passage que je viens de vous citer nous offre une ample matière à discourir, demain, lorsque nous nous réunirons de nouveau, je vous ferai part, sans céder à l’envie, de ce que le ciel m’aura inspiré pour vous le dire, afin que le jour consacré à la mémoire d’une si grande Vierge, non seulement nous soyons excités à des sentiments de dévotion ; mais encore à faire des progrès dans la pratique de notre profession, pour l’honneur et la gloire de son Fils, Notre-Seigneur, qui est Dieu béni par-dessus tout dans les siècles.
Ainsi soit-il.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.
Evangelizo.org 2001-2010
Saint Maximilien Kolbe, témoin de la solidarité
14 août, 2011du site:
http://www.pointscoeur.org/saints_patrons/maximilien_kolbe/index.htm
Saint Maximilien Kolbe, témoin de la solidarité
Solidaire par amour
Nous connaissons surtout du père Kolbe son martyre à Auschwitz et le don qu’il fit de sa vie, en prenant la place d’un père de famille : geste héroïque en des temps extrêmes. Aujourd’hui, il nous semble, du moins sous nos latitudes, que les temps sont plus conscients des dangers que représentent les extrémismes de tous horizons. Mais nous savons aussi que la corde sur laquelle évolue notre monde funambule est fragile. Aussi Maximilien Kolbe reste un phare, comme le dit le pape Jean-Paul II, pour notre temps difficile. Le geste de cet homme, s’il fût accompli en quelques secondes, le temps de faire un pas en direction du chef de camps, n’est cependant pas spontané. Il intervient au terme d’un itinéraire qui dépasse Maximilien lui-même, depuis que l’amour autant que la haine prévaut aux relations humaines et ainsi construit la dignité propre de l’humanité. Refaisons ensemble cette route.
Le Message Évangélique
La solidarité envers les plus pauvres marque tous les temps, mais la nouveauté du message évangélique se trouve dans le fait que Dieu lui-même, en Jésus-Christ prend le visage du Pauvre : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Le jeune franciscain qu’est à l’époque Maximilien Kolbe, exprimera cela pour lui-même dans ses carnets spirituels : « aime les enfants, les pauvres, les malades… Un malade est une bénédiction pour le couvent, car il efface les fautes des frères. Va visiter les malades… Aime Dieu dans le prochain. » La vie, l’œuvre, la solidarité et la mort du père Kolbe reposent sur ce pilier du message évangélique.
Fils de François
Cette solidarité du père Kolbe s’inscrit dans le sillage du petit homme qui, au détour d’un chemin, rencontra son Seigneur sous les traits d’un lépreux, il y a sept siècles, au cœur de l’Italie. Assumant le dégoût qu’il éprouvait pour cette maladie et ceux qui en étaient atteints, François d’Assise y découvre une présence : celle du crucifié… Son cœur se brise, il descend de cheval et embrasse le lépreux… Bien plus, il visite les léproseries et se met au service des lépreux non par vertu, mais par amour.
Il est parfois regrettable que l’on dissocie l’œuvre de père Kolbe de son appartenance à la famille franciscaine. Son martyre même trouve sa source dans cet héritage du baiser au lépreux, dans son amour de la pauvreté, même s’il utilise pour vivre cet idéal, les moyens les plus sophistiqués.
Aujourd’hui encore, dans cette Cité de l’Immaculée qu’il a fondée à côté de Varsovie, le murmure des rotatives de l’imprimerie est parfois couvert par la sirène invitant les frères pompiers à la solidarité du secours. Il en est de même à Nagasaki, où le père Kolbe continue son œuvre médiatique, tout en fondant aussi des écoles et en s’initiant au dialogue inter-religieux, comme l’avait fait François d’Assise avec le Sultan. De nombreuses photographies du père Kolbe en compagnie de moines Zen, en témoignent.
La pauvreté franciscaine vécue comme solidarité
Si le père Kolbe a toujours tenu à propager le message évangélique et marial, en utilisant un matériel d’avant-garde, et par conséquent coûteux, il voulut toujours vivre lui-même ainsi que ses frères, dans la plus grande pauvreté. Ce n’était pas pour lui une contrainte, mais au contraire, le signe même de l’authenticité du message qu’il voulait annoncer. Les baraquements de Niepokalanov ou ceux de Nagasaki sont révélateurs de cet esprit de solidarité, qu’entretenait le père Kolbe avec les plus pauvres.
La Mission de l’Immaculée, œuvre missionnaire.
Le père Kolbe parle avant tout de conquête. C’est sur le plan missionnaire qu’il se place le plus souvent dans ses écrits. Proposer sans cesse la foi au monde de son temps, pour que ceux qui ignorent le Christ puissent le connaître et l’aimer par l’Immaculée. C’est pourquoi, la Mission de l’Immaculée est d’abord un mouvement de spiritualité mariale comme une proposition du message chrétien. C’est aussi un appel à la conversion et à l’offrande de notre monde à Dieu par les mains de l’Immaculée. Une statue, dans la basilique de Niepokalanov, représente cela : le père Kolbe et le pape présentant à Marie le globe terrestre. Cette symbolique évoque la totalité du message de Maximilien : ce monde est aimé par Dieu et attend d’être offert dans l’Amour qui, seul, peut le construire.
Le père Kolbe ne parle pas beaucoup dans ses écrits de la solidarité au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Certes, la Mission de l’Immaculée n’est pas une œuvre caritative. Mais force est de reconnaître que là où est mis en acte ce qu’il écrit, il y a bel et bien solidarité. En effet, il n’est pas possible, et le père Kolbe le savait fort bien, de proposer de manière crédible la foi chrétienne sans que le missionnaire lui-même partage la même pauvreté de ceux vers qui il est envoyé. C’est ainsi qu’il manifeste leur dignité humaine par la compassion et l’aide matérielle autant qu’il est possible de la dispenser. Il définira cette intuition dans une lettre du 14 octobre 1933, envoyée de Nagasaki : « La Cité de l’Immaculée en terre de mission est telle qu’on l’imagine et comme je l’ai toujours désirée : très modeste, très pauvre, franciscaine au vrai sens du mot. »
La presse pour tous
En désirant annoncer le message évangélique avec le concours de tous les moyens médiatiques d’avant-garde, le père Kolbe désire aussi que toutes les couches de la société de son temps puissent bénéficier de ce progrès. C’est pourquoi, il ne se satisfait pas d’éditer un mensuel marial, intitulé Le messager de l’Immaculée, sorte de magazine spirituel. Il éditera rapidement un quotidien d’actualité, très bon marché, qui permettra, non seulement aux plus humbles d’être informés de ce qui se passe dans le monde, mais encore, d’apprendre à porter sur celui-ci, un regard chrétien. Le format de ce journal, sa concision, la diversité de ses rubriques en font rapidement un média de masse, publié chaque jour en Pologne, à deux cent soixante mille exemplaires… Il en sera de même au Japon. Nous rejoignons là l’intuition universelle du père Kolbe, et sa solidarité aux dimensions du monde, dont témoignera l’un de ses collaborateurs : « Il portait en lui le désir ardent de donner sa vie pour tous les hommes et pour chacun en particulier ».
Niepolakalanov, durant la guerre
Cette période troublée à laquelle il ne survivra pas, va donner au père Kolbe de concrétiser cette phrase qu’il a prononcée : « L’amour seul est force de création ». Encore une fois, la solidarité évangélique n’est pas seulement humanisme et philanthropie, mais essentiellement fondée sur l’Amour. En effet, il ne s’agit pas d’être conscient de la grandeur et de la dignité humaine, mais bien plus simplement d’aimer profondément l’humanité. Alors que les rotatives sont stoppées (l’autorisation d’éditer se faisant attendre de la part de l’occupant allemand), et que la persécution fait rage, Niepokalanow devient un véritable camp de réfugiés : Polonais, Juifs et autres exilés viennent frapper à cette porte dont ils sont sûrs qu’elle s’ouvrira pour eux.
Le camp de l’Amour
La solidarité du père Kolbe se manifestera pleinement dans son sacrifice ultime pour un père de famille : c’est le sommet de toute sa vie. Il semble, selon les témoignages, que sa solidarité fut d’autant plus remarquée qu’elle portait ses compagnons d’infortune au-delà de la simple entraide, puisqu’elle avait un fondement spirituel : vaincre le mal par l’amour. En effet, les témoins rapportent qu’au-delà d’un secours matériel, le père Kolbe dispensait l’espérance, soutenait le moral de ses codétenus, leur redonnant des forces pour lutter et pour vivre. Voici ce que rapporte un docteur du camp : « Il m’indiquait chaque fois d’autres personnes qui selon lui, avaient davantage besoin… Dans l’atmosphère générale d’instinct animal de conservation qui régnait partout dans le camp, un tel désir de se sacrifier pour les autres fut pour moi quelque chose de surprenant, et je vis dans le père Kolbe un homme peu commun. » Cette petite réflexion nous invite nous aussi à être solidaires par amour, mais comment rendre par écrit ce qui ne peut qu’être vécu concrètement ? Comment en effet exprimer l’amour, sinon en faisant comme le père Kolbe : oser le geste total, à la suite du Christ ? Maximilien nous invite par sa vie et le don de celle-ci, à faire de la solidarité, le « point-cœur » de la nôtre : « Que souhaiter de plus grand ? nous dit-il. Je ne connais rien de plus sublime que cette affirmation de Jésus : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.”» (Lettre du 18.8.1939)
Frère Bernard,
franciscain conventuel
Biographie de Maximilien Kolbe (1894-1941) :
Raymond Kolbe est né en Pologne dans une famille assez pauvre, mais profondément unie et croyante. C’est un petit garçon assez turbulent, jusqu’au jour où sa mère s’écrie : « Mon pauvre enfant, qu’est-ce que tu deviendras ? » Cette question le bouleverse. Il s’ensuit un événement fondamental : « J’ai beaucoup prié la Sainte Vierge de me dire ce que je deviendrai. Alors elle m’est apparue en tenant deux couronnes, l’une blanche et l’autre rouge. Elle m’a regardé avec amour et me les a proposées. La blanche signifie que je serai toujours pur et la rouge que je serai martyr. Je les ai acceptées toutes les deux ! » avoue-t-il à sa mère. Il a dix ans. Dès treize ans, Raymond se sent appelé à devenir franciscain et entre au petit séminaire de Lwow. En 1910 il prend le nom de Maximilien-Marie et commence son noviciat. Il fait de très brillantes études à Rome malgré sa santé fragile et des attaques de tuberculose. En 1917 il fonde la Milice de l’Immaculée qui a pour but la conversion de tous les pécheurs. Les moyens mis en œuvre sont : l’exemple, la prière, la souffrance et le travail, dans une consécration totale à l’Immaculée. Maximilien est aussi très proche de Thérèse de l’Enfant Jésus à qui il confie ses désirs missionnaires infinis. Il est ordonné prêtre en 1918. De retour en Pologne, il fonde un mensuel : Le chevalier de l’Immaculée, qui connaît une diffusion étonnante. En 1927 il fonde Niepokalanow, la cité de l’Immaculée, immense « couvent maison d’édition ». En 1930 il part au Japon et fonde Mugenzai No Sono : le jardin de l’Immaculée, où il demeure jusqu’en 1936. La guerre interrompt toutes ces activités : la Pologne est vaincue et occupée. Il est arrêté une première fois avec ses frères le 19 septembre 1939. Relâchés le 8 décembre, ils retrouvent Niepokalanow saccagée. Maximilien réussira à publier un dernier numéro du chevalier avant d’être arrêté à nouveau le 17 février 1941. Le 28 mai, il est transféré à Auschwitz. Il y est particulièrement maltraité en tant que chrétien et prêtre mais toujours il répond à la haine par l’amour. un jour il s’offre en échange d’un de ses codétenus, père de famille, condamné à mort en représailles d’une évasion. Ils sont dix hommes condamnés à mourir de faim et de soif. Mais la présence de Maximilien transforme cette agonie qu’ils vivent dans les chants et la prière. Dernier survivant, le père Maximilien sera achevé par une injection de phénol le 14 août 1941.
Lettre à ses frères dispersés (1940) :
N’ayons aucune trêve dans notre travail de missionnaires. Répandons son règne dans tous les cœurs. Offrons dans ce but toutes nos peines et toutes nos souffrances. Ne désirons qu’une seule chose : qu’elle soit contente de nous. Tâchons de lui faire plaisir à nos dépens, même si cela nous coûte… Combien d’âmes retrouveront la lumière, grâce à votre dispersion ! Prions, acceptons amoureusement toutes les croix, aimons tous nos prochains, sans nulle exception, amis et ennemis… Dieu est amour : et comme l’effet doit ressembler à la cause, toute la création vit d’amour. Non seulement pour la fin dernière, mais aussi pour les fins intermédiaires et dans toute action saine et normale l’amour est le principal ressort et le principal moteur.