Archive pour le 6 août, 2011
Dix-neuvième dimanche du temps ordinaire: « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
6 août, 2011du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20110807
Dix-neuvième dimanche du temps ordinaire
Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°50, 1-2 (trad. Véricel, L’Évangile commenté, p. 168 rev.)
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Les disciples sont de nouveau le jouet des flots et une tempête pareille à la première (Mt 8,24) se déchaîne contre eux ; mais alors ils avaient Jésus avec eux, tandis que cette fois ils sont seuls et livrés à eux-mêmes… Je pense que le Sauveur voulait ainsi ranimer leur cœur endormi ; en les jetant dans l’angoisse, il leur inspirait un plus vif désir de sa présence et il rendait son souvenir constamment présent à leur pensée. C’est pourquoi il n’est pas venu tout de suite à leur secours, mais « Vers la fin de la nuit, il est venu vers eux en marchant sur la mer »…
Pierre, toujours bouillant, toujours devançant les autres disciples, lui dit : « Seigneur, si c’est bien toi, donne-moi l’ordre de venir à toi sur les eaux »… Il ne lui dit pas : « Donne-moi l’ordre de marcher sur les eaux » mais « de venir à toi », car personne n’aimait Jésus comme lui. Il a fait la même chose après la résurrection : ne pouvant pas supporter d’aller aussi lentement que les autres dans la barque, il s’est jeté à l’eau pour les devancer et satisfaire son amour du Christ… Descendant donc de la barque, Pierre s’avançait vers Jésus, plus heureux d’aller vers lui que de marcher sur les eaux. Mais après être venu à bout du danger le plus grand, celui de la mer, il a failli succomber à un moins grave, celui du vent. Telle est la nature humaine : souvent, après avoir dominé des dangers sérieux, nous sommes abattus par de moins importants… Pierre n’était pas encore délivré de toute frayeur…malgré la présence du Christ près de lui. C’est qu’il ne sert de rien d’être à côté du Christ, si on n’en est pas proche par la foi. Voilà ce qui souligne la distance qui séparait le maître et le disciple…
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Si donc la foi de Pierre n’avait pas faibli, il aurait résisté au vent sans difficulté. Et la preuve, c’est que Jésus saisit Pierre, tout en laissant le vent souffler… De même que la mère soutient de ses ailes le petit oiseau sorti du nid avant le temps, quand il va tomber à terre, et le ramène dans le nid, ainsi fait le Christ à l’égard de Pierre.
dimanche 7 août 2011 – 19e du Temps Ordinaire (Homélie)
6 août, 2011du site:
http://www.homelies.fr/homelie,,3237.html
dimanche 7 août 2011 – 19e du Temps Ordinaire
Famille de Saint Joseph
Homélie-Messe
Les trois lectures de ce dimanche nous parlent de trois hommes en prise au doute, à la peur, à la tristesse, trois hommes qui vont être amenés par le Seigneur à surmonter ces états intérieurs à travers une purification de leur foi.
La première lecture nous situe à un moment clef de la geste d’Elie. Le coup d’éclat du Mont Carmel a plutôt un goût amer. Après que le roi Achab a relaté à Jézabel comment Elie a passé au fil de l’épée tous les prophètes de Baal, celle-ci se promet de les venger. Elie a peur et entame un exode qui à travers le désert va le conduire jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb. Elie en vient même à douter de l’efficacité de sa mission de prophète : « C’en est assez maintenant, Seigneur ; prends ma vie car je ne suis pas meilleur que mes pères… » (1 R 19, 4). Arrivé finalement à l’Horeb, face à l’ouragan, au tremblement de terre et au feu qui successivement se manifestent devant lui, il se réfugie dans la caverne de ses peurs.
Au départ, Elie était parti « pour sauver sa vie ». Sa vie sera sauvée mais par Dieu qui se révèlera à lui dans « le murmure d’une brise légère », littéralement « la voix d’un fin silence ». Il est dit que « dès qu’il l’entendit, Elie se voila le visage avec son manteau » comme autrefois Moïse au même mont Horeb.
Contrairement à ce qui se passa au mont Carmel, Dieu n’est pas dans le feu. Au Mont Carmel, nous avions assisté à une manifestation toute-puissante du Seigneur, que l’on aurait presque pu croire obtenue par le prophète lui-même. Peut-être même qu’Elie ne résista pas intérieurement à cette tentation. Ici, à l’Horeb ce n’est pas cela qui est à la base de l’adhésion de foi. Non, il s’agit d’une manifestation simple et discrète de Dieu qui vient rejoindre un homme démuni, pauvre et fragile, bien loin de celui qui paraissait aussi sûr de lui sur le Mont Carmel. Elie découvre que la puissance de Dieu n’est pas celle qu’il croyait. La tentation de croire qu’il pouvait, parce qu’il était le seul à ne pas avoir abandonné le Seigneur, avoir un pouvoir sur Dieu pour obtenir ce qu’il voulait a disparu avec l’épreuve. Elie était tellement centré sur sa propre fidélité qu’il ne voyait même pas les 7000 autres israélites dont le genou n’avait pas plié devant Baal. Parce qu’il a reconnu sa fragilité, parce qu’il a fait l’expérience de son besoin d’être sauvé, il est maintenant fort dans la foi et il peut reprendre sa mission au service du Seigneur.
La deuxième lecture, quant à elle, propose à notre méditation le passage de la lettre aux Romains où saint Paul s’interroge douloureusement sur la destinée de ses frères juifs qui contrairement à lui ne se sont pas convertis.
Sur la route de Damas, lui, il a compris que croire au Christ n’était pas un reniement de sa foi juive, bien au contraire, puisque Jésus accomplissait en sa personne toutes les promesses contenues dans les Ecritures. Mais il est bien obligé de constater que la majorité de ses frères juifs ne l’ont pas suivi sur ce chemin et que beaucoup même sont devenus ses pires persécuteurs.
Comment Dieu pourrait-il laisser ses enfants dans un tel égarement ? Aurait-il oublié son Alliance avec eux ? Aurait-il oublié cette merveilleuse promesse qu’il adressait à son peuple par la bouche du prophète Isaïe : « Une femme oublierait-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas » (Is 49, 15) ?
Saint Paul s’interroge. Lui aussi d’une certaine manière éprouve la fragilité de sa foi. Lui non plus, il ne trouvera pas son assurance dans ses propres sécurités, entendons dans ce qu’il sait sur Dieu par sa raison et ce même à partir de l’Ecriture, mais dans la fidélité même de Dieu à son Alliance. Ses doutes ne se verront levés que par un acte de foi reposant uniquement sur la promesse de salut total faite par Dieu à tout Israël. C’est ce qu’il exprime un peu plus loin dans sa lettre : « Car je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer ce mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse : une partie d’Israël s’est endurcie jusqu’à ce que soit entrée la totalité des païens, et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : ‘De Sion viendra le libérateur, il ôtera les impiétés du milieu de Jacob. Et voici quelle sera mon alliance avec eux lorsque j’enlèverai leurs péchés’ » (Rm 11, 25-27).
Enfin, l’évangile nous présente les apôtres et tout particulièrement saint Pierre paralysés par leurs peurs devant la tempête qui les a surpris au cœur de la nuit et devant ce qu’il croit être un fantôme qui s’avance vers eux. Mais résonne ces paroles de Jésus : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! ». Invitation à la foi qui se fonde sur la sécurité des propres paroles du Seigneur : « C’est moi », par lesquelles Jésus ne déclare pas seulement son identité pour se faire reconnaître mais renvoie au mystère divin de sa personne en faisant directement référence aux paroles à travers lesquelles Dieu s’était révélé à Moïse dans le buisson ardent (Cf. Ex 3, 14).
Mais pour que cette foi le conduise à une rencontre authentique avec le Seigneur, Pierre devra faire l’expérience que Jésus le sauve : « Seigneur sauve-moi », du lâcher prise total, de l’abandon total entre les mains de son Seigneur. Alors seulement sa foi se voit purifiée de toute prétention à rejoindre Dieu par ses propres moyens.
Ces trois personnages d’Elie, de Paul et de Pierre, nous enseignent à travers les trois lectures de ce dimanche que pour être forte et nous libérer de tous les doutes qui parfois peuvent nous assaillir, notre foi doit reposer sur Dieu seul en naissant de ce cri du cœur : « Seigneur sauve-moi ». Notre foi ne peut nous conduire à une rencontre en vérité avec le Seigneur que lorsque nous avons fait l’expérience de notre propre fragilité à vouloir faire sa volonté, que lorsque nous nous sommes purifiés de toutes prétentions à pouvoir nous avancer vers lui en comptant uniquement sur nous-mêmes.
Les tempêtes susceptibles de mettre en péril notre foi et donc notre relation au Seigneur ne manquent pas dans une vie. La victoire que nous accorde le Seigneur n’est pas dans le fait de marcher sur les eaux des tentations qui nous assaillent mais dans le fait de regarder vers lui, d’aller vers lui. Pierre demande à Jésus non pas de marcher sur la mer mais de venir à lui. Ce qu’il désire plus que tout c’est Jésus. Et précisément, il commence à couler lorsqu’il se met à prêter plus d’attention au vent qu’à la personne du Seigneur.
Notre vie est un véritable chemin de foi qui s’approfondit au fur et à mesure que nous dépouillons de nous-mêmes, un exode où comme pour Elie, le Seigneur nous fait quitter nos fausses sécurités pour nous attacher à lui seul. Etre fragile n’est pas un obstacle sur cet itinéraire de conversion mais refuser de se reconnaître tel et de demander l’aide de Dieu pourrait bien en être un.
« Seigneur, chaque fois que je me trouverai dans la tempête, dans les moments de doute, de souffrance, de solitude, de lassitude dans ma foi, donne-moi de réentendre ta voix qui me dit : ‘Confiance, c’est moi, n’aie pas peur. Moi aussi, j’ai éprouvé la solitude et l’angoisse dans ma passion. Mais maintenant, vivant et ressuscité, je demeure à tes côtés. Unis ta souffrance à la mienne, tes peurs aux miennes. Tu expérimenteras alors la joie de la résurrection et de la vie nouvelle’ »
Frère Elie