Archive pour le 2 août, 2011

Christ in Gethsemane

2 août, 2011

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http://ishmaelite.blogspot.com/2010/06/reading-group-5g.html

CULTURE MEDIATIQUE ET ANNONCE DE L’EVANGILE (Cardinal Jean-Marie LUSTIGER, 1994)

2 août, 2011

du site:

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/cultr/documents/rc_pc_cultr_01101994_doc_iii-1994-ple-94_en.html#2

CULTURE MEDIATIQUE ET ANNONCE DE L’EVANGILE

Cardinal Jean-Marie LUSTIGER

Archevêque de Paris, France

1. Nous sommes un vieux pays riche de souvenirs et d’oeuvres innombrables. Lorsque nous parlons de culture, nous pensons aux oeuvres, célèbres ou célébrées. Celles du passé, bien sûr, et celles du présent que nous voudrions sacraliser tout autant. Pour les sauver du gouffre de l’oubli, nous avons inventé les musées d’Art moderne ou contemporain. Ainsi, la culture, serait-ce les oeuvres que nous conservons et que les touristes viennent admirer?
Dissipons cette illusion. La culture, ce ne sont pas d’abord les oeuvres, mais la Vie et l’énergie qui les produisent.
En ce sens, la foi n’entre pas dans une culture, comme un visiteur entre dans un palais ou un musée! La foi est source de Vie et de culture. La foi fait naître des oeuvres de culture qui la font reconnaître: «Supposez qu’un arbre soit bon, son fruit sera bon; supposez-le mauvais, son fruit sera mauvais; c’est au fruit qu’on reconnaît l’arbre» (Mt 12, 33).
2. Nous sommes, dit-on, dans une civilisation technique, technologique, de masse … et Dieu sait quoi encore! Permettez-moi de mettre en lumière deux caractéristiques de cet état de choses: l’opinion et l’imaginaire médiatique.

2.1. L’opinion
Il ne s’agit plus ici de la définition soupçonneuse de Parménide opposée à la vérité de la pensée. Aujourd’hui, la raison même est soupçonnée. Comme un sophiste, elle semble démontrer n’importe quoi et son contraire. Le grand nombre s’habitue à penser que la certitude d’hier, obsolète aujourd’hui, sera, demain, erronée, tant les progrès de la science et de la technique provoquent d’incessants bouleversements des évidences.
En revanche, l’opinion est souveraine. L’opinion? La France fait une très grande consommation de sondages d’opinion. Que 51% d’un échantillon représentatif soient du même avis suffit pour que le débat paraisse tranché et que l’opinion dominante s’impose à tous. Ou, du moins pour que les opposants, s’ils s’obstinent, deviennent quelque peu suspects. Alors que l’indépendance est prônée comme valeur suprême, que le non-conformisme est donné en exemple, la puissance de l’opinion conduit le grand nombre à devenir aussitôt conforme à l’avis supposé d’une majorité prétendue! … Le conformisme des idées reçues et l’extrême fragilité des moeurs démontrent cette tentation de la culture inscrite dans la versatilité de l’imaginaire.

2.2. L’imaginaire médiatique
L’imaginaire, non pas celui des éveilleurs, du poète, du peintre ou du romancier; mais celui des producteurs, l’imaginaire médiatique. Les images de la télévision ou de la publicité se substituent à la réalité, au prix d’illusions et de mensonges. Ces images, fabriquées par quelques-uns, captivent l’imagination de nations entières; elles enferment les spectateurs qu’elles fascinent, dans le huis clos de leur solitude. Pour retenir le public, elles s’ajustent aux obscurs objets de son désir.
Il s’agit d’une drogue, parfois plus asservissante que toutes les autres, tant qu’elle n’est pas identifiée. En touchant et en captant des populations entières, elle alimente et conforte la tyrannie de l’opinion.
La domination par l’image introduit une régression terrifiante, car la culture, fruit des plus hautes activités humaines, se fonde sur la parole; elle suppose l’esprit, la capacité d’abstraire et de réfléchir, de contempler et d’aimer. La civilisation de l’image, fictive ou virtuelle, asservit l’intelligence du spectateur et l’aliène dans une passivité irresponsable. Elle fixe l’esprit dans les sens – vision sans regard, audition sans écoute, bientôt goûter, toucher, et déjà odorat. Et cette réduction, par la puissance de l’opinion, menace la force personnalisante de la culture humaine: elle ramène les personnes à se comporter comme les individus d’une espèce animale. Cette civilisation est vraiment mortelle.

3. Peut-on encore nommer culture ce fonctionnement social de l’opinion conjuguée à l’imaginaire médiatique?
Certes, comme en tout temps, des personnalités peuvent surgir en opposition à ces mécanismes. Mais, aussi fortes soient-elles, leurs réactions en restent tributaires: elles contribuent à les faire vivre, et, en les contestant, les renforcent. La récupération du mouvement hippy par la publicité américaine est une bonne illustration de ce mécanisme.
Telle serait l’attitude illusoire des chrétiens s’ils voulaient naïvement annoncer l’Evangile par la voie royale de l’opinion et par les figures idolâtriques du rêve et de l’imaginaire.
3.1. Dans cette culture de l’opinion, prédomine un souci de correction, ou, dira-t-on encore, de communication. Si l’Evangile n’est pas reçu, c’est, prétend-on, que le medium est inadapté. Il faudrait donc s’efforcer de mieux transmettre le message.
Mais, pour qu’il soit jugé accessible, lui faut-il devenir conforme à l’opinion dominante? Et faudrait-il taire ce qui éveille des résistances? La tyrannie du «pensable disponible» est sans mesure. Elle provoque les tumultes et les déplacements de l’imaginaire ainsi que les brouhahas de l’opinion. Dans une inflation des bruits, la parole humaine, dépréciée, dévaluée, devient insignifiante.
Ecoutons ce que nous dit le Seigneur: «Engeance de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, alors que vous êtes mauvais? Car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du coeur … Or, je vous le dis: les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole sans portée (sans fondement, vaine) qu’ils auront proférée. Car c’est d’après tes paroles que tu seras justifié, et c’est d’après tes paroles que tu seras condamné» (Mt 12, 34-37).
Le Christ, Verbe de Dieu, nous oblige à reconnaître à la parole humaine sa singulière et rare puissance. La présence du Christ en son Corps qui est l’Eglise infléchit la trajectoire de la culture. Le Verbe incarné suscite et transfigure les oeuvres de l’intelligence humaine. La Parole de Vérité purifie l’imaginaire, rappelle à la liberté, demande le témoignage de la personne. La parole des croyants devient le lieu de leur martyre.
Car le chrétien et l’Eglise entrent toujours en procès avec la culture pour la délivrer: «Cela vous donnera une occasion de martyre» dit le Seigneur Jésus en annonçant à ses disciples la persécution, la passion qui les fait participer à l’oeuvre du salut. Il précise: «Je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourra contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous» (Lc 21, 13-15).
3.2. Dans une civilisation de l’imaginaire médiatique, l’esprit de l’homme devient prisonnier de l’objet proposé – imposé – à ses sens. Le Christ appelle la personne à reconnaître sa dignité en lui rappelant qu’elle est le sujet de son regard. Car il nous promet à la suprême vision où nous recevrons la pleine liberté des élus. «Nous serons semblables au Christ dans sa gloire, car nous le verrons tel qu’il est» (1 Jn 3 ,2). Tel est notre enfantement à la vie éternelle. Tel est aussi le combat où se manifestent, en notre existence terrestre, la splendeur de la Vérité, l’éclat du Verbe et la beauté du regard.
«La lampe du corps, c’est l’oeil. Si donc ton oeil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière. Mais si ton oeil est malade, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres!» (Mt 6, 22-23).
Ainsi, annonçant l’Évangile, les chrétiens travaillent à sauver notre culture. Mais ne nous y trompons pas. Il ne suffirait pas de travailler l’opinion ou d’accroître la masse des images en y ajoutant des images médiatiques supposées chrétiennes. Nous appelons nos contemporains à purifier leur regard, à permettre à la lumière d’écarter les ténèbres, à laisser la parole faire la vérité. Le Christ nous en avertis: pour chacun de nous peut advenir, en ce rude combat, l’heure des ténèbres: «Si ton oeil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi…» (Mt 5, 29). Le Seigneur parle ainsi de l’adultère, donc de l’idolâtrie. L’oeil, fasciné par l’image – eidolon, idole – n’est pas libre de contempler l’Image – Icône – du Dieu invisible.

4. Mon désir était d’esquisser un diagnostic et de demander à la Parole de Dieu un chemin de guérison.
Que les croyants découvrent la racine de leur choix et la radicalité à laquelle leur baptême les appelle.
la visión empobrecida a través de una nueva escucha de la Palabra
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