Archive pour le 13 août, 2011
Bonté et ferveur missionnaire (Sainte Josephine Bakhita)
13 août, 2011du site:
http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010112_bakhita_fr.html
Sainte Josephine Bakhita,
Bonté et ferveur missionnaire
« Sainte Josephine Bakhita, d’origine Sudanaise, enlevée, vendue esclave, libérée, devient chrétienne et religieuse dans la congrégation des Canossiennes. Dans une réunion de jeunes, un étudiant de Bologne demanda: “Qu’est ce que vous feriez si vous rencontriez vos ravisseurs?” Sans hésiter un seul instant, elle répondit:
“Si je rencontrais ces négriers qui m’ont enlevée et ceux-là qui m’ont torturée, je m’agenouillerais pour leur baiser les mains, car si cela ne fût pas arrivé je ne serais pas maintenat chrétienne et religieuse”.
Continuant le discours sur le même sujet, elle bénissait non seulement la médiation providentielle dans les mains de Dieu, mais les excusait également en ces termes:
“Les pauvres, peut être ne savaient-ils pas qu’ils me faisaient si mal: eux ils étaient les maîtres, et moi j’étais leur esclave. De même que nous sommes habitués à faire le bien, ainsi les négriers faisaient cela, par habitude, non par méchanceté”.
Dans ses souffrances elle ne se plaignait pas; elle se souvenait de tout ce qu’elle avait souffert quand elle était esclave: “À ce temps là je ne connaissais pas le Seigneur; j’ai perdu beaucoup de mérites, il faut que je les gagne maintenant… Si je me tenais à genoux pendant toute la vie, je ne dirais jamais assez toute ma gratitude au bon Dieu”.
Un prêtre pour la mettre à l’épreuve lui dit: “Si le Seigneur ne vous voulait pas au paradis, que feriez vous?” Elle tranquillement répondit: “Eh bien, qu’il me mette où il veut. Quand je suis avec Lui et où Lui le veut, je suis bien partout: c’est Lui le Maître, moi je sa pauvre créature”.
Un autre lui demanda son histoire, Bakhita répondit: “Le Seigneur m’a aimée beaucoup… il faut aimer tout le monde… il faut être indulgent!” – “Aussi envers ceux qui vous ont torturée?” – “Pauvres, ils ne connaissaient pas le Seigneur”.
Interrogée sur la mort, avec un esprit serein elle répondit. “Lorsqu’une personne aime beaucoup une autre, elle désire ardemment l’approcher, donc pourquoi craindre tellement la mort? La mort nous emmène à Dieu”.
À la supérieure, M. Térèse Martini, pleine de soucis à la fin de la guerre, Bakhita, calme, digne, grave, lui dit: “Et vous, Mère, vous êtes surprise que le Seigneur vous donne des tribulations? S’il ne vient pas chez nous avec quelques peines, chez qui doit-il aller? Est ce que nous ne sommes pas venues au couvent pour faire ce qu’il veut? Oui, ma Mère, moi, pauvre misérable, je prierai beaucoup, mais pour que sa volonté soit faite”. »
Prière
(Composée par Sainte Josephine Bakhita dans le jour de sa donation totale à Dieu à travers le Profession Religieuse, le 8 décembre 1896)
“O Seigneur, si je pouvais voler là-bas, auprès de mes gens et prêcher à tous à grands cris ta bonté: Oh, combien d’âmes je pourrais te conquérir! Tout d’abord ma mère et mon père, mes frères, ma soeur encore esclave… tous, tous les pauvres Noirs de l’Afrique, fais, o Jésus, qu’eux aussi te connaissent et t’aiment!”
Préparé par l’Université Pontificale URBANIANA,
avec la collaboration des Instituts Missionnaires
14 août – 20e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie
13 août, 2011du site:
http://www.homelies.fr/homelie,,3238.html
20e dimanche du Temps Ordinaire
14 août 2011
Famille de Saint Joseph
Homélie-Messe
La région de Tyr et de Sidon correspond au Sud Liban actuel, terre encore déchirée de nos jours par des luttes fratricides. Ce qui reste de l’ancienne Canaan est toujours, pour les juifs, au moment où Jésus s’y rend, une terre de paganisme et d’idolâtrie, qui évoque guerres et cultes païens ; une terre de perversion morale et religieuse, une terre de perdition, en tout point étrangère. Pourtant cette femme cananéenne est chez elle : c’est plutôt Jésus et ses disciples qui sont étrangers en terre de Tyr et de Sidon.
Ainsi donc, une mère éplorée, qui a entendu parler du Rabbi de Nazareth et des miracles qu’il accomplissait, poursuit Jésus de ses supplications en faveur de sa fille.
L’interpellation de cette femme cananéenne témoigne d’une étonnante connaissance de la tradition juive ; peut-être même le titre « Seigneur, fils de David » attribué à Jésus est-il une ébauche de foi, comme semble le confirmer la demande, puisqu’elle espère qu’il prendra autorité sur le démon qui tourmente sa fille.
Le silence de Jésus veut obliger les disciples à résoudre eux-mêmes ce dilemme : cette femme païenne, habitant en terre étrangère, mais témoignant par sa foi naissante qu’elle est visitée par Dieu, est-elle impure en raison de son appartenance raciale, ou au contraire, faut-il juger de sa pureté, c’est-à-dire de la qualité de sa relation à Dieu à partir de « ce qui est sorti de sa bouche et qui provient de son cœur » (15, 8) ?
Les disciples ne semblent pas avoir perçu le problème : ils demandent à Jésus de « donner satisfaction » à la femme non pas comme confirmation de sa confession de foi, mais pour couper court à une situation embarrassante. Pensez donc : un Rabbi juif poursuivi par les cris d’une païenne, cela pourrait causer scandale ! Les disciples demeurent tout aussi enfermés dans leur a priori et leur formalisme religieux que les pharisiens.
Dans un premier temps, la réponse de Jésus explicite ce que les disciples n’avaient pas osé formuler : un Rabbi d’Israël ne s’occupe pas des étrangers ; c’est à son peuple que Dieu envoie ses messagers.
Mais Jésus lui-même n’ordonnait-il pas : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ?
Nous pourrions ajouter la parabole du Bon Samaritain, et cela suffirait pour faire pressentir que la remarque de Jésus doit être interprétée autrement que comme un refus d’aider cette femme. Il est même exclus que Jésus repousse cette femme, lui qui n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs, et qui se présente comme le médecin divin venu pour les malades et pas pour les biens-portants, ou du moins ceux qui croient l’être.
En fait, la parole énigmatique de Jésus concernant les brebis perdues d’Israël fait partie d’une stratégie pédagogique que le Seigneur met en place et qu’il s’agit de décrypter.
La femme l’avait d’abord interpellé comme « Fils de David », le désignant ainsi comme le Messie attendu par les Juifs ; mais celui-ci n’est effectivement envoyé qu’à la seule maison d’Israël. Si elle reçoit une réponse de non-recevoir à sa demande, c’est tout simplement parce qu’elle est mal formulée.
En tant que Cananéenne, ce n’est pas à la tradition juive et à son attente restrictive qu’elle doit s’adresser, mais à ce qui, de cette tradition, s’accomplit en Jésus dans une ouverture universelle.
Autrement dit, le Seigneur veut la faire passer de la vétusté de l’Ancienne Alliance à la nouveauté de l’Evangile annoncé à tous les pauvres, sans exception.
La parole en apparence dure de Jésus ne décourage cependant pas la femme, mais ranime tout au contraire son zèle : « elle vint se prosterner devant lui » dans un geste d’humble adoration. Lui ayant ainsi barré la route elle le supplie : « Seigneur, viens à mon secours ! »
Continuant son effort pédagogique, Jésus répond plus mystérieusement encore : « Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
Les enfants sont les fils d’Israël. Par contraste, l’apostrophe « chiens » était utilisée par les juifs pour désigner les païens, et en particulier les Cananéens. Le terme « petits chiens » n’a pas cette connotation méprisante : il ne désigne pas les chiens errants, objet de dédain, mais les animaux domestiques qui habitaient sous le toit de leur maître et jouissaient de leur faveur.
Le pain de la Parole est réservé aux seuls juifs qui se considèrent comme justes, méprisant les étrangers. Jésus semble donc insister : le pain des pharisiens n’est pas pour toi.
La femme aurait pu se décourager ; mais nul doute que le ton de la voix de Jésus, et l’attention qu’il lui porte alors que les disciples voulaient l’écarter, lui permettent d’interpréter les paroles du Seigneur comme une invitation à passer à un autre plan, à renoncer à vouloir inscrire Jésus dans une catégorie religieuse, pour s’approcher de lui en simplicité et avec une totale confiance.
La femme l’a compris intuitivement. D’ailleurs le Juif qui lui parle, n’est-il pas lui-même mis au banc de sa communauté, considéré comme un étranger dans son propre pays ? Comment serait-elle une étrangère pour un exilé ?
Elle a saisi que le pain destiné aux enfants dont parle Jésus, c’est sa Parole qui donne vie, mais qui est rejetée par ses coreligionnaires comme une nourriture avariée. Dès lors, puisque les enfants d’Israël font preuve de si peu d’appétit pour le pain de la Parole que Jésus leur offre, pourquoi n’en profiterait-elle pas ? Aussi ose-t-elle répondre dans un élan de confiance : « Les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres »
La réponse émerveillée de Jésus confirme l’action de l’Esprit dans le cœur de cette femme païenne : « Ta foi est grande ». Notre-Seigneur ne doit même pas intervenir : « Que tout se fasse pour toi comme tu le veux ». Par sa foi, cette mère a trouvé accès, pour le service de la délivrance de sa fille, à la toute-puissance de Dieu qui repose sur le Verbe incarné.
« Seigneur sauve-nous de nos étroitesses d’esprit ; ouvre nos yeux sur nos enfermements ; dénonce nos complicités avec les attitudes d’exclusion mises en place autour de nous ; donne-nous de nous souvenir que nous aussi nous étions des « païens » ; et accorde-nous la force de témoigner ouvertement de l’universalité de ton message.
Enfin et surtout Seigneur, garde nous dans l’humilité ; donne-nous de nous souvenir, chaque fois que nous approchons de la Table eucharistique, que nous aussi nous faisons partie de ces « petits chiens mangeant les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Que cet humble aveu réveille ta compassion, afin que nous ayons la joie de t’entendre nous dire : » Que tout se fasse pour toi comme tu le veux » ».
Père Joseph-Marie