Homélie du 4e dimanche de l’Avent, C

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Homélie du 4e dimanche de l’Avent, C

Mi 5, 1-4a ; He 10, 5-10 ; Lc 1, 39-45

Michée, Paul et Luc, même combat. Trois textes, mais un seul message.

Au temps des prophètes d’hier comme aujourd’hui, les croyants veulent combattre la violence et retrouver la paix, arrêter les divisions et faire l’unité, être délivrés du mal et de tous les maux, sauver le monde et se sauver avec lui. Mais il ne suffit pas pour cela de multiplier les rites extérieurs, de se purifier par des cérémonies, ni de réciter des prières, obéir aux révélations et croire aux apparitions.       
Le vrai remède, le seul sacrifice, la source de la sanctification et de la joie, c’est de reproduire à notre tour le « fiat » de Jésus et le « fiat » de Marie… « Père, me voici, je suis venu pour faire ta volonté »… « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur »… Tout est là. La vraie dévotion mariale y compris.         
Ce n’est plus de la magie, c’est de la conversion. Ce n’est plus le frisson sentimental, ni la crainte « janséniste », mais le réalisme de l’obéissance. Ce n’est plus l’illusion des actions symboliques et des faux-semblants, la trêve de Noël ou des confiseurs, mais l’esprit de l’Evangile incarné dans la vie quotidienne et dans la durée.
La liturgie de l’Avent nous a précisé les étapes de ce cheminement qui conduit à l’état de disponibilité jusqu’à l’événement de l’enfantement et de l’incarnation. Le chemin qui conduit de la graine au fruit… Ouvrir les portes de sa maison intérieure, l’aménager avec un cœur nouveau, se laisser envahir par l’Esprit qui vient nous féconder.
Il nous reste alors à porter en nous le Verbe de Dieu, ce fruit venu du ciel, puis à le mettre au monde, pour que nous puissions, par lui et avec lui, porter ces fruits savoureux que l’on appelle charité, paix et joie, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi, comme le précisait Paul aux chrétiens de Galatie (5, 22).
Il ne s’agit pas ici d’images ou de construction littéraire, mais de réalité de la foi et des réalités spirituelles.
Pour reprendre les expressions à la fois scientifiques et poétique d’un médecin psychiatre contemporain, et spécialiste en psychosomatique : « Nous sommes habilités, par la grâce du Père et l’activité du Saint Esprit qui nous couvre entièrement, à être en état de grossesse pendant toute notre vie. Une heureuse grossesse, qui nous fait porter Jésus. Et si nous le portons vraiment en nous, nous le sentirons en quelque sorte bouger, remuer dans nos pensées, nos sentiments, nos activités. Nous pourrons même percevoir en nous le battement de son cœur, le cœur d’un amour éternel qui nous lie à Dieu et, par lui, à tous les êtres humains. C’est déjà en nous le Royaume des cieux et la vie éternelle, le sens de notre vie et notre santé profonde ».
… Encore faut-il être très attentifs à cette présence qui se meut en nous. Prendre conscience de cet état, c’est aussi trouver le repos et la paix intérieure. Devenir comme Marie de plus en plus disponibles. C’est éveiller notre capacité d’adoration et de gratitude. C’est décupler notre capacité intérieure de foi, de confiance et de contemplation. C’est l’état même de Marie qui lui a permis de proclamer le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur ».
Porter le Christ, c’est porter la vérité la plus dépouillée d’artifice, la clarté la plus évidente, la simplicité la plus parfaite et l’objectivité totale… Et celui que nous portons désire intensément être actif au plus creux de notre quotidien, pour y susciter les merveilles que sont les fruits de l’Esprit dont parlera Paul.
Heureux sommes-nous, si nous croyons à l’accomplissement des paroles qui nous sont dites de la part du Seigneur.
Ce n’est pas une théorie mystique ni une description poétique, mais la réalité qui se vit dans l’eucharistie. Elle peut nous faire comprendre la différence entre une assistance passive à la messe, où nous attendons des grâces et des effets quasi magiques et automatiques, et la participation pleine et entière où, comme Marie, nous accueillons la Parole, nous proclamons notre « fiat » d’adhésion qui se prolonge et se prouve dans une conversion du cœur et de l’esprit. Une totale disponibilité, un engagement, dans l’amour, qui est aujourd’hui, depuis Jésus et avec lui, le nouveau et seul sacrifice qui purifie, sauve, sanctifie.
Alors, nous pourrons chanter « Magnificat », le Seigneur fit pour moi des merveilles. Mon âme exalte le Seigneur. Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008q

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