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Mgr Perrier suggère de laisser Benoît XVI nous « surprendre »

20 août, 2008

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http://www.zenit.org/article-18598?l=french

Mgr Perrier suggère de laisser Benoît XVI nous « surprendre »

« Benoît, celui qui vient au nom du Seigneur »

ROME, Lundi 18 août 2008 (ZENIT.org) – « Attendons-nous à être surpris », explique Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, qui invite aussi à « surprendre » le pape en venant nombreux lors de sa visite en France du 12 au 15 septembre 2008 et de l’ouverture, le 11 août du 135e pèlerinage national français, en cette année jubilaire des 150 ans des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous.

Voici en effet ce qu’écrit Mgr Perrier dans L’Osservatore Romano en langue française, dans l’édition des 12-19 août 2008, sous ce titre évocateur : « Benoît, celui qui vient au nom du Seigneur »« Benedictus qui venit in nomine Domini ! ». Ces mots du psaume repris par la foule de Jérusalem le jour des Rameaux, sont repris à chaque Eucharistie : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! ». Benedictus se traduit aussi par Benoît.

Jacques Perrier

L’élection du cardinal Ratzinger avait été diversement accueillie. L’opinion commune, complaisamment véhiculée, voyait en lui un homme rigide, un théoricien inflexible, étranger aux affaires de ce monde, perdu dans ses principes. Ceux qui l’avaient côtoyé essayaient de faire entendre un écho différent: le cardinal était un homme simple, aisément accessible, aimant écouter, clair dans ses réponses, reconnaissant que, parfois, il n’y avait pas de réponse, respecté en dehors des cercles catholiques. Mais leur voix peinait à se frayer un passage sur les ondes.Personnellement, dans le quart d’heure qui précéda l’annonce du résultat de l’élection, je me surpris à dire: « Pourvu qu’il prenne le nom de Benoît! ». Je ne savais pas que l’élu était le cardinal Ratzinger. Je savais encore moins son estime pour saint Benoît. Je pensais peut-être vaguement à Benoît XV, le pape qui tâcha d’être artisan de paix durant la guerre de 1914 et qui fut, pour cela, calomnié par les deux camps.

Je pensais surtout que le Pape devait être un signe de bénédiction pour le monde. En cela, j’étais fidèle à la dévotion du Pape Jean-Paul II envers la divine miséricorde. C’est lui qui avait béatifié et canonisé soeur Faustine, l’apôtre de la divine miséricorde. C’est lui qui avait instauré la fête de la divine miséricorde le deuxième dimanche de Pâques. Lui-même avait rencontré définitivement cette divine miséricorde aux premières vêpres de sa fête.Le monde est anxieux de son avenir. Nos sociétés sont incertaines de leur solidité. Notre culture du divertissement cache mal un déficit de sens qui peut coexister avec un certain bonheur. A ce monde, il est important que quelqu’un dise qu’il n’est ni maudit ni oublié mais, au contraire, que Dieu l’aime et le bénit, malgré ses blessures. La bénédiction originelle de la Genèse n’est pas retirée à l’homme.

Que « l’homme en blanc » soit un signe de bénédiction, alors que les religions se laissent trop facilement enrôler dans de nombreux conflits!Que « l’homme en blanc » soit un signe de bénédiction, alors que des prêtres ont commis des crimes contre les enfants, ceux que Jésus, lui, bénissait!

Que  » l’homme en blanc » soit un signe de bénédiction, alors qu’il faut refuser certaines prouesses de la technique qui deviendraient une malédiction pour l’humanité!II fallait une grande foi et beaucoup d’humilité pour accepter de pareils défis. Dans le Chemin de Croix qu’il avait prêché le Vendredi Saint 2005, quelques jours avant la mort du Pape, et dans les discours tenus avant l’ouverture du conclave, le cardinal Ratzinger n’avait pas enjolivé la situation spirituelle de l’Eglise, surtout en Occident. C’est donc en connaissance de cause qu’il accepta la charge, alors qu’il espérait pouvoir retourner à ses chères études.

Deux béatitudes s’appliqueraient particulièrement au Pape Benoît XVI. « Bienheureux les doux »: la douceur est peut-être dans son caractère mais ce qui est un don naturel peut aussi devenir un charisme au service du Royaume. Dans ce monde de violence, non seulement terroriste, mais aussi économique, voire culturelle, la douceur à la manière du Christ n’est-elle pas une manière de faire signe ? L’autre béatitude serait celle des artisans de paix. Benoît XVI cherche l’unité. Il sait que l’unité est indissociable de la vérité. C’est pourquoi il se montre exigeant dans le dialogue, qu’il soit oecuménique ou interreligieux: c’est une façon d’honorer ses interlocuteurs.

Peut-être grâce à sa douceur, il dégage les voies du dialogue avec l’orthodoxie. En Chine, il tâche de réconcilier. Dans la décision de célébrer une « Année saint Paul » après avoir tenu un synode sur la Parole de Dieu, il est raisonnable de voir une intention oecuménique en direction des Réformés.Dans l’Eglise catholique, il ne voudrait pas que des fidèles vivent séparés, au prétexte d’une manière ancienne de célébrer. Mais là encore la vérité ne doit pas être sacrifiée à une unité qui ne serait que de surface: le Concile Vatican Il doit être correctement interprété, mais ne peut être annulé.

Les Français et d’autres aussi ont, sans doute, découvert un peu mieux le Pape Benoît XVI à la faveur de son voyage aux Etats-Unis. Nous avons pu voir avec quel courage il affrontait les scandales, avec quelle délicatesse il écoutait les victimes, avec quelle aisance il se mouvait dans cette société si éloignée de sa propre culture, avec quelle autorité amicale il encourageait ses frères évêques, avec quelle sobriété liturgique il célébrait dans les stades, avec quelle hauteur de vues il s’adressait aux délégués des Nations unies, avec quelle émotion il communiait à la douleur, encore vive, de la ville de New York frappée par les attentats du 11 septembre.

Au long des jours de son voyage, nous avons constaté un changement de ton dans les commentaires des médias. Il les a surpris. Attendons-nous à être surpris. Nous pourrions, nous aussi, le surprendre en venant très nombreux pour lui montrer que nous l’aimons et que nous faisons corps avec lui, en Eglise.

Pape Benoît: Homélie pour Assomption de Marie 2007

14 août, 2008

du site: 

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20070815_castel-gandolfo_fr.html

MESSE EN LA SOLENNITÉ
DE L’ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Paroisse « San Tommaso da Villanova » à Castelgandolfo
Mercredi 15 août 2007

Chers frères et sœurs,

Dans sa grande œuvre « La Cité de Dieu », saint Augustin dit à un moment donné que toute l’histoire humaine, l’histoire du monde, est une lutte entre deux amours: l’amour de Dieu jusqu’à se perdre soi-même, jusqu’au don de soi, et l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, jusqu’à la haine des autres. Cette même interprétation de l’histoire, comme lutte entre deux amours, entre l’amour et l’égoïsme, apparaît également dans la lecture tirée de l’Apocalypse, que nous venons d’écouter. Ici, ces deux amours apparaissent à travers deux grandes figures. Avant tout, il y a le dragon rouge, très puissant, avec une manifestation impressionnante et inquiétante du pouvoir sans grâce, sans amour, de l’égoïsme absolu, de la terreur, de la violence. Au moment où saint Jean écrivit l’Apocalypse, pour lui ce dragon était la représentation du pouvoir des empereurs romains anti-chrétiens, de Néron à Domitien. Ce pouvoir apparaissait illimité; le pouvoir militaire, politique, propagandiste de l’empire romain était tel que devant lui, la foi, l’Eglise, apparaissait comme une femme sans défense, sans possibilité de survivre, encore moins de vaincre. Qui pouvait s’opposer à ce pouvoir omniprésent, qui semblait capable de tout? Et toutefois, nous savons qu’à la fin, la femme sans défense a vaincu; ce n’est pas l’égoïsme, ce n’est pas la haine; mais c’est l’amour de Dieu qui l’a emporté et l’empire romain s’est ouvert à la foi chrétienne.

Les paroles de l’Ecriture Sainte transcendent toujours le moment historique. Et ainsi, ce dragon indique non seulement le pouvoir anti-chrétien des persécuteurs de l’Eglise de ce temps là, mais les dictatures matérialistes anti-chrétiennes de tous les temps. Nous voyons de nouveau se manifester ce pouvoir, cette puissance du dragon rouge, dans les grandes dictatures du siècle dernier: la dictature du nazisme et la dictature de Staline avaient tous les pouvoirs, elles pénétraient chaque recoin, l’ultime recoin. Il semblait impossible qu’à long terme, la foi puisse survivre face à ce dragon si fort, qui voulait dévorer le Dieu qui s’était fait enfant et la femme, l’Eglise. Mais en réalité, dans ce cas également, à la fin, l’amour a été plus fort que la haine. Aujourd’hui aussi, ce dragon existe de fa

çons nouvelles et différentes. Il existe sous la forme des idéologies matérialistes qui nous disent: il est absurde de penser à Dieu; il est absurde d’observer les commandements de Dieu; cela appartient au passé. Il vaut la peine uniquement de vivre la vie pour soi. Prendre dans ce bref moment de la vie tout ce que nous pouvons en tirer. Seuls la consommation, l’égoïsme, le divertissement valent la peine. Telle est la vie. C’est ainsi que nous devons vivre. Et à nouveau, il semble absurde, impossible de s’opposer à cette mentalité dominante, avec toute sa force médiatique, de propagande. Il semble impossible aujourd’hui encore de penser à un Dieu qui a créé l’homme et qui s’est fait enfant et qui serait le véritable dominateur du monde.

Aujourd’hui aussi, ce dragon apparaît invincible, mais aujourd’hui aussi, il demeure vrai que Dieu est plus fort que le dragon, que c’est l’amour qui l’emporte, et non pas l’égoïsme. Ayant considéré ainsi les diverses configurations historiques du dragon, voyons à présent l’autre image: la femme vêtue de soleil avec la lune sous ses pieds et entourée de douze étoiles. Cette image également revêt plusieurs dimensions. Une première signification est sans aucun doute qu’il s’agit de la Vierge Marie vêtue de soleil, c’est-à dire entièrement de Dieu; Marie qui vit en Dieu, entièrement, entourée et pénétrée de la lumière de Dieu. Entourée de douze étoiles, c’est-à-dire des douze tribus d’Israël, de tout le Peuple de Dieu, de toute la communion des saints, et avec à ses pieds la lune, image de la mort et de la mortalité. Marie a laissé la mort derrière elle; elle est entièrement revêtue de vie, elle est élevée corps et âme dans la gloire de Dieu et ainsi, étant placée dans la gloire, ayant surmonté la mort, elle nous dit: courage, à la fin l’amour est vainqueur! Ma vie consistait à dire: je suis la servante de Dieu, ma vie était le don de moi à Dieu et au prochain. Et cette vie de service débouche à présent dans la vie véritable. Ayez confiance, ayez le courage de vivre ainsi vous aussi, contre toutes les menaces du dragon. Telle est la premi

ère signification de la femme que Marie est parvenue à être. La « femme vêtue de soleil » est le grand signe de la victoire de l’amour, de la victoire du bien, de la victoire de Dieu. Un grand signe de réconfort. Mais ensuite, cette femme qui souffre, qui doit fuir, qui enfante dans un cri de douleur, est également l’Eglise, l’Eglise en pèlerinage de tous les temps. A toutes les générations, elle doit à nouveau enfanter le Christ, l’apporter au monde avec une grande douleur dans ce monde de souffrance. Persécutée à toutes les époques, elle vit comme dans le désert persécutée par le dragon. Mais en tous temps, l’Eglise, le Peuple de Dieu, vit également de la lumière de Dieu et il est nourri, comme dit l’Evangile, de Dieu, nourri lui-même avec le pain de la Sainte Eucharistie. Et ainsi, dans toutes les vicissitudes, dans toutes les différentes situations de l’Eglise au cours des temps, dans les diverses parties du monde, en souffrant, elle est vainqueur. Et elle est la présence, la garantie de l’amour de Dieu contre toutes les idéologies de la haine et de l’égoïsme.

Nous voyons certainement qu’aujourd’hui aussi, le dragon veut dévorer le Dieu qui s’est fait enfant. N’ayez pas peur pour ce Dieu apparemment faible. La lutte a déjà été surmontée. Aujourd’hui aussi, ce Dieu faible est fort: il est la véritable force. Et ainsi, la fête de l’Assomption est l’invitation à avoir confiance en Dieu et elle est également une invitation à imiter Marie dans ce qu’Elle a dit elle-même: Je suis la servante du Seigneur, je me mets à la disposition du Seigneur. Telle est la leçon: suivre sa voie; donner notre vie et ne pas prendre la vie. Et précisément ainsi, nous sommes sur le chemin de l’amour qui signifie se perdre, mais une façon de se perdre qui en réalité, est l’unique voie pour se trouver véritablement, pour trouver la vraie vie. Tournons notre regard vers Marie, élevée au ciel. Laissons-nous conduire vers la foi et la fête de la joie: Dieu est vainqueur. La foi apparemment faible est la véritable force du monde. L’amour est plus fort que la haine. Et nous disons avec Elisabeth: Bénie sois-tu entre toutes les femmes. Nous te prions avec toute l’Eglise: Sainte Marie, prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.

Nativité de la Très Sainte Vierge Marie, par Saint Jean Damascène (1)

26 juillet, 2008

Je mets ce texte pour la memoire des Saints Anne et Joachim, ce Lecture est celle du « propre » de le memoire, deuxième Lecture:

Nativité de la Très Sainte Vierge Marie, par Saint Jean Damascène (1)

« Neuf mois étant accomplis, Anne mit au monde une fille et l’appela du Nom de Marie. Quand elle l’eut sevrée, la troisième année, Joachim et elle se rendirent au Temple du Seigneur et, ayant offert au Seigneur des victimes, ils présentèrent leur petite fille Marie pour qu’elle habitât avec les vierges qui, nuit et jour, sans cesse, louaient Dieu. Quand elle eut été amenée devant le Temple du Seigneur, Marie gravit en courant les quinze marches sans se retourner pour regarder en arrière et sans regarder ses parents comme le font les petits enfants. Et cela frappa d’étonnement toute l’assistance, au point que les prêtres du Temple eux-mêmes étaient dans l’admiration.

Puisque la Vierge Marie devait naître d’Anne, la nature n’a pas osé devancer le germe béni de la grâce. Elle est restée sans fruit jusqu’à ce que la grâce eût porté le sien. En effet il s’agissait de la naissance, non d’un enfant ordinaire, mais de cette première-née d’où allait naître le premier-né de toute créature, en qui subsistent toutes chose. O bienheureux couple, Joachim et Anne ! Toute la création vous doit de la reconnaissance, car c’est en vous et par vous qu’elle offre au créateur le don qui surpasse tous les dons, je veux dire la chaste Mère qui était seule digne du Créateur. Aujourd’hui sort de la souche de Jess

é le rejeton sur lequel va s’épanouir pour le monde une fleur divine. Aujourd’hui Celui qui avait fait autrefois sortir le firmament des eaux crée sur la terre un ciel nouveau, formé d’une substance terrestre ; et ce ciel est beaucoup plus beau, beaucoup plus divin que l’autre, car c’est de lui que va naître le soleil de justice, celui qui a créé l’autre soleil….

Que de miracles se réunissent en cette enfant, que d’alliances se font en elle ! Fille de la stérilité, elle sera la virginité qui enfante. En elle se fera l’union de la divinité et de l’humanité, de l’impassibilité et de la souffrance, de la vie et de la mort, pour qu’en tout ce qui était mauvais soit vaincu par le meilleur. O fille d’Adam et Mère de Dieu ! Et tout cela a été fait pour moi, Seigneur ! Si grand était votre amour pour moi que vous avez voulu, non pas assurer mon salut par les anges ou quelque autre créature, mais restaurer par vous-même celui que vous aviez d’abord créé vous-même. C’est pourquoi je tressaille d’allégresse et je suis plein de fierté, et dans ma joie, je me tourne vers la source de ces merveilles, et emporté par les flots de mon bonheur, je prendrai la cithare de l’Esprit pour chanter les hymnes divins de cette naissance… Aujourd

hui le créateur de toutes choses, Dieu le Verbe compose un livre nouveau jailli du cœur de son Père, et quil écrit par le Saint-Esprit, qui est langue de Dieu

O fille du roi David et Mère de Dieu, Roi universel. O divin et vivant objet, dont la beauté a charmé le Dieu créateur, vous dont l’âme est toute sous laction divine et attentive à Dieu seul ; tous vos désirs sont tendus vers cela seul qui mérite qu’on le cherche, et qui est digne d’amour ; vous n’avez de colère que pour le péché et son auteur. Vous aurez une vie supérieure à la nature, mais vous ne l’aurez pas pour vous, vous qui n’avez pas été créée pour vous. Vous l’aurez consacrée tout entière à Dieu, qui vous a introduite dans le monde, afin de servir au salut du genre humain, afin d’accomplir le dessein de Dieu, I’Incarnation de son Fils et la déification du genre humain. Votre cœur se nourrira des paroles de Dieu : elles vous féconderont, comme l’olivier fertile dans la maison de Dieu, comme l’arbre planté au bord des eaux vives de l’Esprit, comme l’arbre de vie, qui a donné son fruit au temps fixé : le Dieu incarné, la vie de toutes choses. Vos pensées n’auront d’autre objet que ce qui profite à l’âme, et toute idée non seulement pernicieuse, mais inutile, vous la rejetterez avant même d’en avoir senti le goût. Vos yeux seront toujours tourn

és vers le Seigneur, vers la lumière éternelle et inaccessible ; vos oreilles attentives aux paroles divines et aux sons de la harpe de l’Esprit, par qui le Verbe est venu assumer noire chair… vos narines respireront le parfum de l’époux, parfum divin dont il peut embaumer son humanité. Vos lèvres loueront le Seigneur, toujours attaché aux lèvres de Dieu. Votre bouche savourera les paroles de Dieu et jouira de leur divine suavité. Votre cœur très pur, exempt de toute tache, toujours verra le Dieu de toute pureté et brûlera de désir pour lui. Votre sein sera la demeure de celui qu’aucun lieu ne peut contenir. Votre lait nourrira Dieu, dans le petit enfant Jésus. Vous êtes la porte de Dieu, éclatante d’une perpétuelle virginité. Vos mains porteront Dieu, et vos genoux seront pour lui un trône plus sublime que celui des chérubins… Vos pieds, conduits par la lumière de la loi divine, le suivant dans une course sans détours, vous entraîneront jusqu’à la possession du Bien-Aimé. Vous êtes le temple de l’Esprit-Saint, la cité du Dieu vivant, que réjouissent les fleuves abondants, les fleuves saints de la grâce divine. Vous êtes toute belle, toute proche de Dieu ; dominant les Chérubins, plus haute que les Séraphins, très proche de Dieu lui-même.

Salut, Marie, douce enfant d’Anne ; lamour à nouveau me conduit jusqu’à vous. Comment décrire votre démarche pleine de gravité ? votre vêtement ? le charme de votre visage ? cette sagesse que donne l’âge unie à la jeunesse du corps ? Votre vêtement fut plein de modestie, sans luxe et sans mollesse. Votre démarche grave, sans précipitation, sans heurt et sans relâchement. Votre conduite austère, tempérée par la joie, n’attirant jamais l’attention des hommes. Témoin cette crainte que vous éprouvâtes à la visite inaccoutumée de l’ange ; vous étiez soumise et docile à vos parents ; votre âme demeurait humble au milieu des plus sublimes contemplations. Une parole agréable, traduisant la douceur de l’âme. Quelle demeure eût été plus digne de Dieu ? Il est juste que toutes les générations vous proclament bienheureuse, insigne honneur du genre humain. Vous êtes la gloire du sacerdoce, lespoir des chrétiens, la plante féconde de la virginité. Par vous s’est répandu partout l’honneur de la virginité Que ceux qui vous reconnaissent pour la Mère de Dieu soient bénis, maudits ceux qui refusent…

O vous qui êtes la fille et la souveraine de Joachim et d’Anne, accueillez la prière de votre pauvre serviteur qui n’est qu’un pécheur, et qui pourtant vous aime ardemment et vous honore, qui veut trouver en vous la seule espérance de son bonheur, le guide de sa vie, la réconciliation auprès de votre Fils et le gage certain de son salut. Délivrez-moi du fardeau de mes péchés, dissipez les ténèbres amoncelées autour de mon esprit, débarrassez-moi de mon épaisse fange, réprimez les tentations, gouvernez heureusement ma vie, afin que je sois conduit par vous à la béatitude céleste, et accordez la paix au monde. A tous les fidèles de cette ville, donnez la joie parfaite et le salut éternel, par les prières de vos parents et de toute l’Eglise.

Homélie de Saint Jean de Damas,

Jamais plus d’abus sexuels sur des mineurs

21 juillet, 2008

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Jamais plus d’abus sexuels sur des mineurs

Entretien avec le président de la Conférence épiscopale australienne

ROME, Lundi 21 juillet 2008 (ZENIT.org) – Samedi dernier Benoît XVI a demandé pardon aux victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé en Australie, et confirmé la volonté de l’Eglise de prendre des mesures préventives pour combattre ces méfaits.

Mgr Philip Wilson, archevêque d’Adélaïde et président de la Conférence épiscopale australienne, a expliqué que l’Eglise a besoin d’un programme qui réponde non seulement à cette situation d’abus, mais qui permette d’éviter à tout jamais que de tels abus ne se répètent.

Dans cet entretien à ZENIT, l’archevêque indique quelles sont les mesures concrètes qui peuvent aider à surmonter la crise due aux scandales sexuels, et trace un bref bilan de la Journée mondiale de la Jeunesse.

ZENIT – Que pensez-vous de ce que Benoît XVI a dit sur la question des abus sexuels dans son discours au clergé australien ?

Mgr Wilson - Le Saint-Père, concernant les abus sexuels perpétrés en Australie par des prêtres ou religieux, a eu des paroles merveilleuses, celles d’un pasteur de l’Eglise.

Il a dit combien tout cela l’a peiné et souligné que des mesures devaient être prises, dans une attitude de compassion, en particulier à l’égard des victimes de ces abus. Il a également dit ce qu’il était nécessaire de faire pour garantir que cela n’arrive plus, réaffirmant la nécessité de trouver les moyens de protéger et de surveiller les enfants à l’intérieur de nos communautés.

ZENIT – Pourriez-vous nous dire brièvement ce qui a été fait et ce que l’Eglise en Australie pourrait encore faire par rapport à ce problème ?

Mgr Wilson - Je crois que tous travaillent durement pour trouver ce qu’il y a de mieux à faire pour répondre à cette situation, en s’efforçant d’aider les victimes, et de reconnaître la part de culpabilité

qui existe dans tout cela.Nous reconnaissons que certaines personnes, au sein de l’Eglise, ont commis des choses terribles et sont responsables. Nous devons r

épondre à ces faits d’une manière qui soit appropriée, mais également réaliste et authentique.

Se limiter à des excuses sans agir ne servirait à rien. Des pas concrets doivent être accomplis pour affronter ce problème, et en Australie nous avons été très fermes sur ce point. En effet, en 1996, nous avons mis sur pied un programme appelé « Towards Healing » (« Vers la guérison ») qui marche très bien.

Les victimes ont beaucoup à nous apporter à ce sujet, et le programme a été réadapté deux fois en fonction des observations qu’ils nous faisaient.

ZENIT – Comme vous l’avez déjà affirmé, ce secteur est un des secteurs où l’Eglise se donne le plus de mal…

Mgr Wilson - Cela fait longtemps que je m’occupe des divers points que le programme de l’Eglise devrait affronter pour faire face à des questions de ce type.

En premier lieu, nous devons suivre un programme qui permette d’agir sur les auteurs de ces abus afin qu’ils cessent leur acte, utilisant tous les pouvoirs dont l’Eglise dispose.

Deuxièmement, en présence de toute activité criminelle, il est nécessaire de pouvoir en référer directement aux autorités.

Troisièmement, nous devons être vraiment attentifs au moment de la sélection des personnes qui veulent accéder au sacerdoce ou à la vie religieuse, être sûrs de leur état psychologique ou physique, veiller à ce qu’elles soient prêtes à entreprendre la vie à laquelle elles se sentent appelées.

Enfin, comme a dit le Saint-Père, et je m’en félicite, nous devons faire tout notre possible en tant que communauté pour développer un meilleur système de protection pour les enfants. Ce qui veut dire que nous devons chercher tous les moyens qui puissent donner aux enfants le plus haut niveau de protection possible.

ZENIT – Après tant de scepticisme de la part des médias vis-à-vis de l’Eglise, dans quelle mesure la Journée mondiale des Jeunes est parvenue à briser ce préjugé ?

Mgr Wilson - Je ne suis pas certain de l’effet général produit, mais je pense que l’expérience de la Journée mondiale de la jeunesse, non seulement à Sydney mais dans d’autres régions d’Australie, a permis aux gens d’avoir une nouvelle vision de l’Eglise.

Souvent les gens pensent que l’Eglise n’a aucune relation vivante avec les jeunes, et ceci crée des difficultés, car nous vivons dans une culture qui n’encourage pas les personnes à croire ou à répondre à l’Eglise.Les faits nous disent que pr

ès de 500.000 jeunes sont venus du monde entier manifester explicitement leur foi ; qu’ils sont venus pour être guidés, non seulement par le pape, mais par leurs évêques aussi.

Dès leur arrivée, ils ont pris part à des programmes de formation fondés sur le divertissement mais aussi sur le spirituel. Il me semble que cela peut donner aujourd’hui une vision différente de la vie de l’Eglise.

ZENIT – Que doit faire l’Eglise en Australie après la Journée mondiale de la jeunesse ?

Mgr Wilson - Je ne pense pas que notre travail puisse se considérer fini. Nous devons expliquer qui nous sommes, pas seulement par la parole, mais à travers notre style de vie aussi.

Je pourrais tenir de longues conférences sur la théologie de l’Eglise et parler de la réalité de la « communio », qui reste quelque chose de bon et de puissant, mais sa valeur n’est rien par rapport à une expérience concrète de « communio ». C’est cela que nous devons faire. Nous devons apporter aux jeunes cette exp

érience de la communauté. Et la Journée mondiale de la jeunesse y est parvenue, comme j’ai pu le constater de près quand j’ai rendu visite à une paroisse de Sydney à l’occasion d’une catéchèse.

Quand je suis arrivé, tôt le matin, la communauté paroissiale était en train de donner généreusement à manger aux pèlerins, de s’occuper d’eux, ceci étant une manière de créer des liens entre eux. Puis, ils se sont réunis pour prier et ont eu une conversation avec moi, avant la messe et le déjeuner. Les jeunes étaient presque gênés devant tant de générosité et d’attentions.Cela arrive parfois quand vous allez quelque part et que l’on vous donne g

énéreusement à manger.

Ceci est la réelle expression de notre « communio » et hospitalité, qui consiste à présenter au monde notre mission.

Saint François avait raison de dire : prêchez sans cesse mais en n’utilisant que rarement les paroles. Car s’il est vrai que nous pouvons nous servir de paroles merveilleuses pour expliquer notre œuvre, l’impact que nous produisons n’est jamais celui d’une expérience directe de cet amour, vécu physiquement et de manière interactive.

Catherine Smibert

Benoît XVI prend congé des jeunes en rappelant une promesse de mariage

20 juillet, 2008

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Benoît XVI prend congé des jeunes en rappelant une promesse de mariage

Celle de Dieu à Marie à l’Annonciation

ROME, Dimanche 20 juillet 2008 (ZENIT.org) – Au moment de prendre congé des jeunes à Sydney, le pape Benoît XVI leur a rappelé une promesse de mariage : celle de Dieu à la Vierge, à travers l’Ange Gabriel, à l’Annonciation. Une promesse à laquelle Marie a répondu « oui » au non de tout le genre humain.

Quelque 400.000 personnes étaient venues participer à la messe de clôture des JMJ sur l’hippodrome de Randwick. C’est après avoir salué les jeunes en différentes langues que le pape a proposé sa méditation sur Marie, dans le cadre de la traditionnelle prière dominicale de l’Angélus.

Marie est présentée comme « une jeune femme s’entretenant avec l’ange qui l’invite, au nom de Dieu, à un don particulier d’elle-même, de sa propre vie, de son avenir de femme et de mère ».

« Nous pouvons imaginer ce que Marie ressentit à ce moment-là : étant toute bouleversée, totalement dépassée par la proposition qui lui était faite », a commenté le pape.

« Sois sans crainte, Marie, a-t-il poursuivi en rappelant les paroles de l’ange qui tentait de la rassurer. (…) l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1, 30, 35).

« C’est l’Esprit Saint qui lui a donné la force et le courage de répondre à l’appel du Seigneur. C’est l’Esprit qui l’aide à comprendre le grand mystère qui est en train de s’accomplir à travers elle. C’est l’Esprit qui l’enveloppe de son amour et la rend capable de concevoir dans ses entrailles le Fils de Dieu », a expliqué Benoît XVI.

Comme un temps de fiançailles

Pour le pape, la scène de l’Annonciation « constitue sans aucun doute le moment central de l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple ».

« Dans l’Ancien Testament, Dieu s’était révélé de façon partielle et de manière graduelle, comme nous le faisons tous dans nos relations personnelles. Il fallait un certain temps au peuple élu pour approfondir sa relation avec Dieu », a-t-il expliqué.

« L’Alliance avec Israël a été comme un temps de séduction, de longues fiançailles. Le moment définitif arriva donc, le moment du mariage, la réalisation de la nouvelle et éternelle alliance. À ce moment-là, devant le Seigneur, Marie représente toute l’humanité. Dans le message de l’ange, c’était Dieu qui faisait une proposition de mariage avec l’humanité. Et, en notre nom, Marie dit son oui’ », a-t-il poursuivi.

Le pape a invité les jeunes à « rester fidèles au oui’ par lequel nous avons accueilli l’offre d’amitié que le Seigneur nous a faite ».

« Nous savons qu’Il ne nous abandonnera jamais. Nous savons qu’Il nous soutiendra toujours par les dons de l’Esprit. Marie a accueilli la proposition’ du Seigneur en notre nom », a-t-il dit.

Le pape a invité les jeunes à demander à Marie de les « guider dans les difficultés pour rester fidèles à cette relation vitale que Dieu a établie avec chacun de nous. Marie nous inspire, elle est notre modèle. Elle intercède pour nous auprès de son Fils et, avec son amour maternel, elle nous protège des dangers ».

Jesús Colina

Sydney : Le pape salue les jeunes et récite l’Angélus

20 juillet, 2008

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Sydney : Le pape salue les jeunes et récite l’Angélus

Texte intégral

ROME, Dimanche 20 juillet 2008 (ZENIT.org

) – A l’issue de la messe de clôture des JMJ de Sydney, le pape a salué les jeunes en différentes langues, avant de prononcer une méditation puis de réciter la prière de l’Angélus.

Voici ce qu’il a dit en français :

Chers jeunes francophones, l’Esprit Saint est la source du message de Jésus-Christ et de son action salvifique. Il parle au cœur de chacun le langage qu’il comprend. La diversité des dons de l’Esprit vous fait comprendre la richesse de grâces qui est en Dieu. Puissiez-vous vous ouvrir à son souffle ! Puissiez-vous permettre son action en vous et autour de vous ! Vous vivrez ainsi en Dieu et vous témoignerez que le Christ est le Sauveur que le monde espère.

Méditation avant la prière de l’Angélus

BENOÎT XVI

ANGELUSHippodrome de Randwick

Dimanche 20 juillet 2008

Chers jeunes,

Nous nous apprêtons maintenant à réciter ensemble la belle prière de l’Angélus. Nous y réfléchirons sur Marie, jeune femme s’entretenant avec l’ange qui l’invite, au nom de Dieu, à un don particulier d’elle-même, de sa propre vie, de son avenir de femme et de mère. Nous pouvons imaginer ce que Marie ressentit à ce moment-là : étant toute bouleversée, totalement dépassée par la proposition qui lui était faite.L’ange comprit son inqui

étude et s’efforça aussitôt de la rassurer : « Sois sans crainte, Marie (…) l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1, 30, 35). C’est l’Esprit Saint qui lui a donné la force et le courage de répondre à l’appel du Seigneur. C’est l’Esprit qui l’aide à comprendre le grand mystère qui est en train de s’accomplir à travers elle. C’est l’Esprit qui l’enveloppe de son amour et la rend capable de concevoir dans ses entrailles le Fils de Dieu.

Cette scène constitue sans aucun doute le moment central de l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple. Dans l’Ancien Testament, Dieu s’était révélé de façon partielle et de manière graduelle, comme nous le faisons tous dans nos relations personnelles. Il fallait un certain temps au peuple élu pour approfondir sa relation avec Dieu. L’Alliance avec Israël a été comme un temps de séduction, de longues fiançailles. Le moment définitif arriva donc, le moment du mariage, la réalisation de la nouvelle et éternelle alliance. À ce moment-là, devant le Seigneur, Marie représente toute l’humanité. Dans le message de l’ange, c’était Dieu qui faisait une proposition de mariage avec l’humanité. Et, en notre nom, Marie dit son « oui ». Dans les fables, les r

écits s’achèvent ainsi : et tous « vécurent alors heureux et contents ». Dans la vie réelle, ce n’est pas aussi facile. Marie dut faire face à de nombreuses difficultés pour affronter les conséquences de ce « oui » dit au Seigneur. Syméon prophétisa qu’une épée lui transpercerait le cœur. Lorsque Jésus eut douze ans, elle connut les pires cauchemars que tout parent éprouve quand, pendant trois jours, elle dut affronter la disparition de son Fils. Et après l’activité publique de Jésus, elle souffrit l’agonie, étant présente à sa crucifixion et à sa mort. Dans ses différentes épreuves, elle resta toujours fidèle à sa promesse, soutenue par l’Esprit de force. Et elle en fut récompensée par la gloire.

Chers jeunes, nous aussi nous devons rester fidèles au « oui » par lequel nous avons accueilli l’offre d’amitié que le Seigneur nous a faite. Nous savons qu’Il ne nous abandonnera jamais. Nous savons qu’Il nous soutiendra toujours par les dons de l’Esprit. Marie a accueilli la « proposition » du Seigneur en notre nom. Tournons-nous alors vers elle et demandons-lui de nous guider dans les difficultés pour rester fidèles à cette relation vitale que Dieu a établie avec chacun de nous. Marie nous inspire, elle est notre modèle. Elle intercède pour nous auprès de son Fils et, avec son amour maternel, elle nous protège des dangers.

Après l’Angelus

Chers amis,

Le moment est venu maintenant de nous dire adieu, ou plutôt au revoir ! Je vous remercie tous d’avoir participés à la Journée Mondiale des Jeunes 2008, ici, à Sydney, et j’espère vous revoir dans trois ans. La Journée Mondiale des Jeunes 2011 se déroulera à Madrid, en Espagne. Jusque-là, prions les uns pour les autres, et, devant le monde, rendons un témoignage joyeux au Christ ! Que Dieu vous bénisse tous !

Rencontre avec Jacques Fontaine, l’initiateur de la Bible sur le terrain

20 juillet, 2008

du site: 

http://www.zenit.org/article-18496?l=french

Rencontre avec Jacques Fontaine, l’initiateur de la Bible sur le terrain

Par Agnès Staes

ROME, Vendredi 18 juillet 2008 (ZENIT.org) – A l’occasion du 60e anniversaire de l’ordination sacerdotale du P. Jacques Fontaine, dominicain français, ce 18 juillet 2008, Agnès Staes propose, dans les colonnes de « Un écho d’Israël », cette rencontre avec l’initiateur de la fameuse « Bible sur le terrain » (BST). « Tanti auguri, Père Jacques ! », comme disent les Romains.

Chaque semaine, en effet, Agnès Staes a ce qu’elle appelle « la chance de lire avec une ou deux autres personnes la Bible en hébreu avec le père Jacques Fontaine, dominicain ». Il s’agit d’une lecture suivie,

à haute voix, qui permet d’entendre la « musique » du texte, ce qui forme l’ « oreille » et donne l’intuition de ce dont il s’agit, avant même parfois de pouvoir traduire mot à mot. Les étudiants passés à Jérusalem qui ont eu ce même privilège ne souhaitent qu’une chose : transmettre à leur tour cette façon unique de lire l’Ecriture Sainte.

Né à Roubaix il y a 86 ans, le P. Fontaine est une figure bien connue à Jérusalem. Il a plusieurs cordes à son arc.

« J’ai rejoint les 4 premiers à Jaffa » confie-t-il à Agnès Staes, « c’était Yohanan Elihaï, Jean Roger (mort en 1979), Joseph Stiassny (mort en 2007) et Bruno Hussar (mort en 1996). Nous sommes montés ensemble à Jérusalem. Nous nous sommes installés chez les Lazaristes, rue Agron. » C’était en 1960.

Ainsi, il a participé à la fondation de la maison Saint-Isaïe et fut le premier compagnon du père Bruno Hussar, également dominicain, qui fonda par la suite Nevé Shalom. Deux ans plus tard, le père Marcel Dubois, dominicain lui aussi (mort en 2007), les rejoignit ; c’est lui qui aida le père Jacques, qui avait été très malade en France, à trouver sa place. Le trio souhaitait « assurer une présence chrétienne dans le milieu israélien, aider les catholiques de langue hébraïque et commencer des études juives ».Le p

ère Jacques étudia l’hébreu dans un oulpan – école d’hébreu pour les nouveaux immigrés – , fréquenta l’université hébraïque. Après la guerre des Six jours, il fit l’École des guides, puis commença à explorer le pays, la Bible en main. Par la suite, son emploi du temps se répartit en deux temps : l’été, il était sur la route, d’abord avec une jeep à huit places, puis deux et trois jeeps, et avec l’évolution du pays, de la demande… ce sera en bus. Ce sera l’initiative de « la Bible sur le terrain » qui prendra naissance. L’hiver, avec un petit groupe qui pouvait compter jusqu’à 10 personnes, c’était la lecture de la Bible en hébreu, 5 heures par jour, avec une liturgie associée. « A force de répétition dit-il régulièrement, le vocabulaire entre et on se met à penser comme la Bible ».

Le sigle « BST » résumait les deux : « Bible sur le terrain » en été et « Bible sous terre » en hiver. Il fit avec Abouna Schmueloff, né à Méa Shéarim et devenu curé melkite de Jish (Gush Halav), un enregistrement de toute la Bible en hébreu, ce qui permet aux gens de l’entendre (l’écouter) et de se la mettre dans l’oreille. Ces cassettes ont fait le tour du monde !

Après plus de 40 ans avec le P. Fontaine, cette expérience de la « Bible sur le terrain », la BST, continue aujourd’hui avec l’aide du diocèse de Paris, notamment le P. Henri de Villefranche et le P. Michel Gueguen. Mais laissons le P. Jacques nous en parler.

Agnès Staes – Père Jacques, quelle a été votre intuition pour fonder la Bible sur le terrain ?

P. Jacques Fontaine - Je n’étais pas capable comme Marcel de faire de la philosophie, alors je me suis lancé dans la Bible. Marcel est parti enseigner la philosophie à l’université, Bruno a fondé Neve Shalom et moi j’ai fait l’école des guides. J’ai même reçu le 2ème prix de Teddy Kollek à l’école des guides ! Assez rapidement j’en ai eu marre des programmes des agences. Avec la maison St Isaïe, nous avions une certaine autonomie.

Agnès Staes – « La terre sainte est plus intéressante que les lieux saints », c’est un peu votre adage ?

P. Jacques Fontaine - Oui, dans les lieux saints, les gens qui arrivent pour la première fois sont un peu paralysés par d’autres choses que l’essentiel : les vêtements (couleurs, formes des chapeaux), les bougies, les heures où certains hurlent pour faire connaître qu’ils sont bien là. Alors j’ai repris l’idée des pères de l’Eglise : revenir à la Bible. C’est la Terre Sainte qui est intéressante.

Agnès Staes – Comment avez-vous pensé à la Bible sur le terrain ?

P. Jacques Fontaine - C’est un parcours qui s’est fait à force de répétition. Après la guerre des Six jours, nous étions comme dans l’euphorie. Avec la jeep nous pouvions circuler depuis Sharm el Cheikh jusqu’à l’Hermon en passant par la Judée-Samarie par des pistes non macadamisées. J’ai commencé avec Jacques Bernard, un bon mécanicien, dans la jeep, et nous lisions les textes proposés par les lieux. Petit à petit s’est mis en place une visite de la Terre sainte qui retrace la pédagogie divine. Dieu prend les hommes où ils en sont et les fait cheminer jusqu’à la plénitude des temps. On se joint au cortège que nous raconte l’épître aux Hébreux. C’est la procession des croyants depuis Abraham… qui se mettent en route par la foi vers la cité dont Dieu est l’architecte et le fondateur.

Au début, je faisais 4 circuits par an, en jeep d’abord. Puis les frontières se rétrécissant, les circuits ont été conçus avec de plus en plus de marche. Je voulais aussi que ceux qui n’avaient pas beaucoup d’argent puissent aussi y participer, nous logions à la belle étoile, entre Pâques et Soukkot la pluie est inexistante ici.

Agnès Staes – Comment avez-vous trouvé votre pédagogie ?

P. Jacques Fontaine - Pour moi, il y avait une triple progression. La première était la découverte du pays, de la géographie. C’est un si petit pays avec tellement de contraste. Si vous allez de l’Hermon où en mai, juin vous pouvez encore trouver de la neige, à la Méditerranée, en passant par la mer Morte, le lieu le plus bas du monde, en traversant le désert puis la Galilée, que de diversité !

La seconde progression est l’histoire sainte expérimentée. Mon but était de faire expérimenter aux gens que l’histoire sainte (ce qu’on appelle l’Economie du salut) est notre propre histoire. Au nom du Père était dans le désert, au nom du Fils en Galilée et au nom du Saint Esprit à Jérusalem. Tout se concentre à Jérusalem pour rejaillir sur l’universel.

La troisième progression est celle d’un groupe qui se laisse recréer par la Parole de Dieu. Au cours des jours qui passent, les partages devenaient de plus en plus riches, chacun étant appelé à s’exprimer. Bien souvent, même après, les groupes continuaient de cheminer ensemble, de vivre leur expérience au rythme de la liturgie.

Agnès Staes – Qu’est ce qui était essentiel pour vous ?

P. Jacques Fontaine - La découverte du pays nous amenait de la mer Rouge au mont Hermon dans la Bible. Deux montagnes où se passe une théophanie sont essentielles : la théophanie au Sinaï, et celle de la Transfiguration. Sur ces deux montagnes, la Parole retentit et ça rebondit à Jérusalem, lieu que Dieu a choisi pour faire habiter son Nom.

On lisait l’histoire sainte dans son ensemble. Grâce au père Congar qui m’a fait connaître le théologien O.Cullman, j’ai découvert une chose qui me parait essentielle. L’histoire sainte est comparable au cœur humain qui fonctionne par systole et diastole. Toute l’humanité se désagrège et après cela se contracte. Je vous explique : au retour de Babylone, ça se rétrécit, on ne parle plus que de la tribu de Juda, et cela se concentre à Jérusalem. Deux titres prophétiques vont apparaître, le serviteur d’Isaïe en particulier le serviteur souffrant d’Is 52.13-53.12 et le Fils de l’homme dans Dn 6-7. On ne sait pas trop si c’est une collectivité ou une personnalité. Jésus s’est approprié ces deux noms. Tout se contracte en la personne de Jésus qui concentre en sa personne la nature divine et la nature humaine. A partir de Jésus se déclenche la diastole, c’est très important pour notre foi chrétienne, le voile se déchire quand le Christ meurt sur la croix. L’épître aux Hébreux s’étend là-dessus. Jésus obtient le pardon des péchés, non comme le Grand Prêtre qui devait revenir chaque année, mais une fois pour toute. Jésus est le point de départ d’une nouvelle création. Cela se déclenche à la Pentecôte : tout est à vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu. C’est l’étape de la diastole : le monde se récapitule, tout se récapitule dans le Christ qui accomplit les Ecritures au centre de l’histoire. Se déclenche alors la prédication des Ecritures : celui que vous avez transpercé, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins. Ceux qui croient sont incorporés au Christ par le baptême dans le corps mystique du Christ qui s’étend jusqu’à la plénitude des temps.

Agnès Staes – C’est presque un cours de théologie que vous nous faites ?

P. Jacques Fontaine - En fait, le pèlerinage progressait dans la prise de conscience de cela. En 15 jours, la proximité avec la Parole, l’histoire sainte, et notre appartenance à cette histoire, recentraient la vie de chacun. Chaque jour se construit sur le précédent et prépare le suivant jusqu’à ce qu’on arrive à ce gros point d’interrogation, c’est-à-dire à la cuvette de Jérusalem où des montagnes l’entourent. Là on attend quelque chose qui ne peut que descendre du ciel. On se réunit alors dans la contemplation d’un mystère et d’une attente. Tout cela est inscrit dans le paysage. On s’intéresse au mystère de Jérusalem, on communie dans ce mystère de l’attente. La Promenade (Hass Sherover), d’où l’on a une vue panoramique de la ville de David, du Temple et du Mont des Oliviers, mériterait de devenir un lieu saint pour tout le monde.

C’est ainsi que l’on découvre le dessein de Dieu qui est notre histoire, notre histoire personnelle et l’histoire de l’Eglise.

Après cela, on partait de Jérusalem sans jamais la quitter. Les gens avaient découvert que cette histoire était la leur, ils avaient trouvé des compagnons de route, David, Jérémie, Zacharie … et avec eux ils s’acheminaient vers la cité dont Dieu est le fondateur et l’architecte.

JMJ 2008 – Discours de Benoît XVI aux jeunes (jeudi 17 juillet)

17 juillet, 2008

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http://www.zenit.org/article-18474?l=french

Discours de Benoît XVI aux jeunes (jeudi 17 juillet)

ROME, Jeudi 17 juillet 2008 (ZENIT.org

) – Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a prononcé ce jeudi, lors de sa première rencontre avec les jeunes rassemblés à Sydney pour les XXIIIème Journées mondiales de la jeunesse.

FÊTE DE L’ACCUEIL DES JEUNES

DISCOURS DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

Barangaroo, Sydney
Jeudi 17 juillet 2008

Chers amis,

Quelle joie de pouvoir vous saluer ici, à Barangaroo, sur le rivage de la magnifique baie de Sydney, avec son célèbre pont et le théâtre de l’Opéra. Beaucoup d’entre vous êtes de ce pays, venant de l’intérieur ou des dynamiques communautés multiculturelles des villes d’Australie. D’autres parmi vous, arrivent des îles éparpillées dans l’Océanie, d’autres encore viennent de l’Asie, du Moyen Orient, de l’Afrique et des Amériques. Un certain nombre d’entre vous, à la vérité, est arrivé d’aussi loin que moi, de l’Europe ! Quelque soit le pays dont nous provenons, nous voici finalement ici, à Sydney ! Et nous sommes présents dans ce monde qui est le nôtre comme famille de Dieu, comme disciples du Christ, confirmés par son Esprit pour être les témoins de son amour et de sa vérité devant tous.Je d

ésire tout d’abord remercier les Anciens des Aborigènes qui m’ont donné la bienvenue avant mon embarquement sur le bateau à la Rose Bay. Je suis profondément ému de me trouver sur votre terre, connaissant toutes les souffrances et les injustices qu’elle a supportées, mais conscient aussi du redressement et de l’espérance, actuellement en cours, dont tous les citoyens australiens peuvent être fort justement fiers. Aux jeunes indigènes – aborigènes et habitants des Îles du Détroit de Torres -, et aux jeunes des Tokelau, j’exprime mes remerciements pour leur touchante manifestation de bienvenue. Par votre intermédiaire, j’adresse mes salutations cordiales à vos peuples.

Monsieur le Cardinal Pell et Monseigneur l’Archevêque Wilson : je vous remercie de vos chaleureuses paroles de bienvenue. Je sais que vos sentiments trouvent un écho dans le cœur des jeunes réunis ici, ce soir, et je vous en remercie donc tous. J’ai sous les yeux une image vibrante de l’Église universelle. La diversité des nations et des cultures dont vous provenez montre que véritablement la Bonne Nouvelle du Christ est pour tous et pour chacun ; elle a atteint les extrémités de la terre. Et cependant, je sais aussi qu’un bon nombre parmi vous est encore à la recherche d’une patrie spirituelle. Quelques-uns d’entre vous – et ils sont tout à fait les bienvenus parmi nous – ne sont pas catholiques ni chrétiens. D’autres, peut-être, se tiennent aux frontières de la vie de leur paroisse et de l’Église. Je désire leur offrir mes encouragements : approchez-vous des bras pleins d’amour du Christ ; reconnaissez en l’Église votre maison ! Personne n’est obligé de rester à l’extérieur, car depuis le jour de la Pentecôte, l’Église est une et universelle.Ce soir, je d

ésire aussi associer ceux qui ne sont pas présents au milieu de nous. Je pense spécialement aux malades ou aux handicapés mentaux, aux jeunes qui sont en prison, à ceux qui connaissent des situations difficiles en marge de nos sociétés et à ceux qui, pour une raison ou une autre se sentent loin de l’Église. À chacun, je dis : Jésus est proche de toi ! Fais l’expérience de son étreinte qui guérit, de sa compassion et de sa miséricorde !

Il y a presque deux mille ans, les Apôtres, réunis à l’étage de la maison, avec Marie (cf. Ac 1, 14) et avec quelques femmes fidèles, furent remplis de l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 4). En cet instant extraordinaire, qui manifesta la naissance de l’Église, le trouble et la peur qui avaient saisi les Disciples du Christ, se sont transformées en une vigoureuse conviction, et en une prise de conscience d’un objectif. Ils se sentirent poussés à parler de leur rencontre avec Jésus ressuscité, que désormais, ils appelaient affectueusement le Seigneur. À bien des égards, les Apôtres étaient des personnes ordinaires. Aucun d’eux ne pouvait prétendre qu’il était un disciple parfait. Ils n’avaient pas su reconnaître le Christ (cf. Lc 24, 13-32), ils avaient dû rougir de leur ambition (cf. Lc 22, 24-27), ils l’avaient même renié (cf. Lc 22, 54-62). Et pourtant, quand ils furent remplis de l’Esprit Saint, ils furent transpercés par la vérité de l’Évangile du Christ et ils se sentirent poussés à le proclamer sans crainte. Rassurés, ils s’écrièrent : repentez-vous, faites-vous baptiser, recevez l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 37-38) ! Fondée sur l’enseignement des Apôtres et y adhérant, rompant le pain et priant (cf. Ac 2, 42), la jeune communauté chrétienne se leva pour s’opposer à la perversité de la culture qui l’entourait (cf. Ac 2, 40), pour prendre soin de ses propres membres (cf. Ac 2, 44-47), pour défendre sa foi en Jésus face aux oppositions (cf. Ac, 4, 33) et pour guérir les malades (cf. Ac 5, 12-16). Et, obéissant au commandement du Christ lui-même, ils partirent, rendant témoignage à la plus grande histoire de tous les temps : que Dieu s’est fait l’un de nous, que le divin est entré dans l’histoire humaine pour la transformer, et que nous sommes appelés à nous immerger dans l’amour salvifique du Christ qui triomphe du mal et de la mort. Dans son célèbre discours à l’aréopage, saint Paul introduisit ainsi le message : Dieu donne toute chose à chacun, y compris le souffle et la vie, afin que toutes les Nations puissent le chercher, si jamais, marchant à tâtons, elles arrivent à le trouver. En effet, il n’est pas loin de chacun de nous, puisque en lui il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d’exister (cf. Ac 17, 25-28).Depuis lors, des hommes et des femmes se sont mis en route pour raconter la m

ême aventure, rendant témoignage à l’amour et à la vérité du Christ et prenant part à la mission de l’Église. Aujourd’hui, nous pensons à ces pionniers – prêtres, religieuses, religieux – qui sont arrivés sur ces rivages et dans d’autres parties du Pacifique, venant d’Irlande, de France, de Grande-Bretagne et d’autres régions d’Europe. Pour la plupart, ils étaient jeunes, quelques-uns n’avaient même pas vingt ans, et lorsqu’ils prirent congé pour toujours de leurs parents, de leurs frères et sœurs, de leurs amis, ils savaient bien qu’il leur aurait été improbable de revenir chez eux. Leurs vies furent un témoignage chrétien dépourvu de tout intérêt égoïste. Ils devinrent d’humbles mais tenaces constructeurs d’une grande partie de l’héritage social et spirituel qui, de nos jours encore, est porteur de bonté, de compassion et de finalité pour ces nations. Et ils furent capables d’inspirer une autre génération. Il nous vient immédiatement à l’esprit la foi qui a soutenu la bienheureuse Mary MacKillop dans sa forte détermination à éduquer les pauvres en particulier, et le bienheureux Peter To Rot, ferme dans sa conviction que celui qui est à la tête d’une communauté doit toujours se référer à l’Évangile. Pensez aussi à vos grands-parents et à vos parents, qui furent vos premiers maîtres dans la foi ! Eux aussi ont fait d’innombrables sacrifices de temps et d’énergie par amour pour vous. Avec le soutien des prêtres et des enseignants de votre paroisse, ils ont le devoir, pas toujours facile mais hautement gratifiant, de vous guider vers tout ce qui est bon et vrai, par leur exemple personnel, par leur manière d’enseigner et de vivre la foi chrétienne.

Aujourd’hui, c’est mon tour. Certains peuvent avoir l’impression d’être arrivés à l’extrémité du monde ! Pour les personnes de votre âge, de toute façon, chaque vol aérien est une perspective attrayante. Mais, pour moi, ce vol a été dans une certaine mesure cause d’appréhensions. Pourtant, d’en haut, la vue de notre planète fut quelque chose de vraiment magnifique. Le miroitement de la Méditerranée, la magnificence du désert nord africain, la forêt luxuriante de l’Asie, l’immensité de l’Océan Pacifique, l’horizon sur la ligne duquel le soleil se lève et se couche, la splendeur majestueuse de la beauté naturelle de l’Australie, dont j’ai pu jouir au cours des deux derniers jours ; tout cela suscite un profond sentiment de crainte révérencielle. C’est comme si nous capturions de rapides images sur l’histoire de la création racontée dans la Genèse : la lumière et les ténèbres, le soleil et la lune, les eaux, la terre et les créatures vivantes. Tout cela est « bon » aux yeux de Dieu (cf. Gn 1, 1-2, 4). Plongés dans une telle beauté, comment ne pas faire écho aux paroles du Psalmiste quand il loue le Créateur : « Qu’il est grand ton nom par toute la terre » (Ps 8, 2) ? Mais il y a bien plus encore, quelque chose que, du ciel, il nous est difficile de percevoir : des hommes et des femmes cr

éés rien que moins à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). Au cœur de la merveille de la création, nous nous trouvons, vous et moi, la famille humaine « couronnée de gloire et d’honneur » (cf. Ps 8, 6). Quelle merveille ! Avec le psalmiste, nous murmurons : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? » (cf. Ps 8, 5). Introduits dans le silence, pleins de reconnaissance et par la puissance de la sainteté, nous réfléchissons.

Que découvrons-nous ? Peut-être à contrecœur arrivons-nous à admettre que des plaies marquent aussi la surface de la terre : l’érosion, la déforestation, le gaspillage des ressources minérales et marines et ce, pour alimenter un besoin de consommation insatiable. Certains d’entre vous proviennent d’îles-États, dont l’existence elle-même est menacée par l’élévation du niveau des eaux ; d’autres viennent de nations qui souffrent des effets dévastateurs de la sécheresse. La merveilleuse création de Dieu est parfois vécue comme une réalité quasi hostile pour ses gardiens, et même comme quelque chose de dangereux. Comment ce qui est « bon » peut-il apparaître aussi menaçant ?Il y a plus. Que dire de l’homme, sommet de la cr

éation de Dieu ? Chaque jour, nous touchons du doigt le génie des conquêtes humaines. Des progrès des sciences médicales et de l’application intelligente de la technologie à la créativité exprimée dans les arts, la qualité et la satisfaction de la vie des gens s’améliorent constamment de nombreuses manières. Vous êtes vous aussi sans cesse prêts à accueillir les innombrables opportunités qui vous sont offertes. Certains d’entre vous excellent dans les études, dans le sport, dans la musique ou dans la danse et le théâtre, d’autres parmi vous ont un sens aigu de la justice sociale et de l’éthique, et beaucoup d’entre vous s’engagent pour un temps de service et de volontariat. Nous tous, jeunes et vieux, nous connaissons des moments où la bonté naturelle de la personne humaine – perceptible, par exemple, à travers le geste d’un petit enfant ou l’ouverture au pardon d’un adulte – nous remplit profondément de joie et de gratitude.

Toutefois, ces moments ne durent pas longtemps. Réfléchissons donc encore. Nous découvrons que non seulement le milieu naturel, mais aussi le milieu social – l’habitat que nous nous créons nous-mêmes – a ses cicatrices ; ce sont des blessures qui montrent que quelque chose ne va pas. Là aussi dans nos vies personnelles et dans nos communautés, nous pouvons rencontrer des hostilités, parfois même dangereuses ; comme un poison qui menace de corroder ce qui est bon, de remanier ce que nous sommes et de nous détourner du but pour lequel nous avons été créés. Les exemples ne manquent pas, vous le savez bien. Parmi les plus évidents, se trouvent l’abus d’alcool et de drogue, l’exaltation de la violence et la dégradation de la sexualité, qui sont souvent présentés par la télévision et par internet comme un divertissement. Je me demande comment peut-on expliquer aux personnes qui sont réellement victimes de violences et d’abus sexuels que ces tragédies, reproduites sous forme virtuelle, doivent être considérées comme un simple « divertissement » !Il y a aussi quelque chose de sinistre qui d

écoule du fait que la liberté et la tolérance sont très souvent séparées de la vérité. Cela est alimenté par l’idée, largement diffusée aujourd’hui, qu’aucune vérité absolue ne peut guider nos vies. Le relativisme, en donnant une valeur quasi indistincte à toute chose, a rendu l’« expérience » plus importante que tout. En réalité, les expériences, sans tenir compte de ce qui est bon et vrai, peuvent conduire non pas à une liberté authentique, mais au contraire, à une confusion morale ou intellectuelle, à un affaiblissement des principes, à la perte de la propre estime, et même au désespoir.

Chers amis, la vie n’est pas réglée par le hasard, elle n’est pas accidentelle. Votre existence personnelle a été voulue par Dieu, bénie par Lui et il lui a été donné un but (cf. Gn 1, 28) ! La vie n’est pas une simple succession de faits et d’expériences, même si de tels événements peuvent être utiles. Elle est une recherche de ce qui est vrai, bien et beau. C’est précisément en vue de tels objectifs que nous accomplissons nos choix, que nous exerçons notre liberté et en cela, c’est-à-dire en ce qui est vrai, bien et beau, nous trouvons le bonheur et la joie. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui voient en vous de simples consommateurs sur un marché offrants de multiples possibilités, où le choix en lui-même devient le bien, la nouveauté se fait passer pour beauté, l’expérience subjective remplace la vérité.Le Christ offre davantage ! Bien plus, il offre tout ! Seulement Lui, qui est la V

érité, peut être le chemin et donc aussi la Vie. Ainsi, le « chemin », que les Apôtres portèrent jusqu’aux extrêmes limites de la terre, est la vie en Christ. C’est la vie de l’Église. Et l’entrée dans cette vie, dans la vie chrétienne, se fait par le Baptême.

Ce soir, je désire donc rappeler brièvement quelques aspects de notre compréhension du Baptême, avant de parler, demain, de l’Esprit Saint. Le jour de votre Baptême, Dieu vous a introduits dans sa sainteté (cf. 2 Pt 1, 4). Vous avez été adoptés comme fils et filles du Père et vous avez été incorporés en Christ. Vous êtes devenus la demeure de son Esprit (cf. 1 Co 6, 19). C’est pourquoi, vers la fin du rite du Baptême, le prêtre s’est tourné vers vos parents et vers les participants, et, en vous appelant par votre nom, il a dit : « Tu es devenu une créature nouvelle » (Rite du Baptême, 99).Chers amis, chez vous,

à l’école, à l’université, sur vos lieux de travail et de détente, rappelez-vous que vous êtes des créatures nouvelles ! En tant que chrétiens, vous vivez dans ce monde tout en sachant que Dieu a un visage humain – Jésus Christ – le « chemin » qui satisfait toute aspiration humaine, et la « vie », de laquelle nous sommes appelés à rendre témoignage, en marchant toujours dans sa lumière (cf. ibidem, 100). Être témoin n’est pas une tâche facile. Beaucoup prétendent aujourd’hui que Dieu doit être laissé de côté et que la religion et la foi, acceptables sur le plan individuel, doivent être, ou exclues de la vie publique, ou utilisées uniquement pour poursuivre des objectifs pragmatiques limités. Cette vision sécularisée tente d’expliquer la vie humaine et de modeler la société en se référant peu ou sans se référer du tout au Créateur. Il est présenté comme une force neutre, impartiale et respectueuse de chacun. En réalité, comme toute idéologie, le sécularisme impose une vision globale. Si la présence de Dieu est insignifiante dans la vie publique, alors la société pourra être modelée d’après une image dépourvue de Dieu. Mais quand Dieu est éclipsé, notre capacité de reconnaître l’ordre naturel, le but et le « bien » commence à s’évanouir. Ce qui avec ostentation a été promus comme conquête de l’intelligence humaine, s’est bien vite manifesté comme folie, avidité et exploitation égoïste. C’est ainsi que nous nous sommes rendu toujours plus compte qu’il est nécessaire d’être humbles face à la complexité délicate du monde de Dieu.

Et que dire de notre milieu social ? Sommes-nous également attentifs aux avertissements qui nous sont lancés parce que nous avons tournés le dos à la structure morale dont Dieu a doté l’humanité (cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2007, 8) ? Savons-nous reconnaître que la dignité innée de tout individu s’appuie sur son identité la plus profonde, étant image du Créateur, et que, par conséquent, les droits humains sont universels et se basent sur la loi naturelle, et qu’ils ne dépendent ni des négociations ni de la condescendance, et bien moins encore des compromis ? C’est ainsi que nous sommes amenés à réfléchir sur la place qu’occupent dans nos sociétés les indigents, les personnes âgées, les immigrés, les sans-voix. Comment se fait-il que la violence domestique tourmenter tant de mères et d’enfants ? Comment se fait-il que l’espace humain, le plus beau et le plus sacré qu’est le sein maternel, soit devenu un lieu de violence indicible ?

Chers amis, la création de Dieu est unique et elle est bonne. Les préoccupations au sujet de la non-violence, du développement durable, de la justice et de la paix, de la protection de notre environnement sont d’une importance vitale pour l’humanité. Tout cela, cependant, ne peut être compris sans une profonde réflexion sur la dignité innée de toute vie humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle, dignité qui est conférée par Dieu lui-même et qui est, par conséquent, inviolable. Notre monde en a assez de l’avidité, de l’exploitation et de la division, de l’ennui des fausses idoles et des réponses partielles, ainsi que des fausses promesses. Notre cœur et notre esprit aspirent à une vision de la vie où règne l’amour, où les dons sont partagés, où l’unité se construit, où la liberté trouve sa propre signification dans la vérité, et où l’identité se trouve dans une communion respectueuse. C’est là l’œuvre de l’Esprit Saint ! C’est là l’espérance qu’offre l’Évangile de Jésus Christ ! C’est pour rendre témoignage à cette réalité que vous avez été recréés par le Baptême et affermis par les dons de l’Esprit, reçus à la Confirmation. Voilà le message que, de Sydney, vous portez au monde !

AUDIENCE GENERALE DU MERCREDI 2 JUILLET: SAINT PAUL

3 juillet, 2008

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AUDIENCE GENERALE DU MERCREDI 2 JUILLET: SAINT PAUL

Texte intégral

ROME, Jeudi 2 juillet 2008 (ZENIT.org). – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse que le pape Benoît XVI a donné au cours de l’audience générale, du mercredi 3 juillet, place Saint-Pierre.

Chers fr
ères et sœ
urs,

Je voudrais entamer aujourd’hui un nouveau cycle de catéchèses, dédié au grand Apôtre saint Paul. C’est à lui, comme vous le savez, qu’est consacrée cette année qui s’étend de la fête liturgique des saints Pierre et Paul du 29 juin 2008 jusqu’à la même fête de 2009. L’apôtre Paul, figure extraordinaire et presque inimitable, mais pourtant stimulante, se présente à nous comme un exemple de dévouement total au Seigneur et à son Eglise, ainsi que de grande ouverture à l’humanité et à ses cultures. Il est donc juste que nous lui réservions une place particulière, non seulement dans notre vénération, mais également dans l’effort de comprendre ce qu’il a nous à dire à nous aussi, chrétiens d’aujourd’hui. Au cours de cette première rencontre, nous voulons nous arrêter pour prendre en considération le milieu dans lequel il vécut et œuvra. Un thème du genre semblerait nous conduire loin de notre époque, vu que nous devons nous insérer dans le monde d’il y a deux mille ans. Mais toutefois cela n’est vrai qu’en apparence et seulement en partie, car nous pourrons constater que, sous divers aspects, le contexte socio-culturel d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup de celui d’alors.
Un facteur primordial et fondamental qu’il faut garder
à l’esprit est constitué par le rapport entre le milieu dans lequel Paul naît et se développe et le contexte global dans lequel successivement il s’insère. Il provient d’une culture bien précise et circonscrite, certainement minoritaire, qui est celle du peuple d’Israël et de sa tradition. Dans le monde antique et particulièrement au sein de l’empire romain, comme nous l’enseignent les spécialistes en la matière, les juifs devaient correspondre à environ 10% de la population totale; mais ici à Rome, vers la moitié du Ier siècle, leur nombre était encore plus faible, atteignant au maximum 3% des habitants de la ville. Leurs croyances et leur style de vie, comme cela arrive encore aujourd’hui, les différenciaient nettement du milieu environnant; et cela pouvait avoir deux résultats: ou la dérision, qui pouvait conduire à l’intolérance, ou bien l’admiration, qui s’exprimait sous diverses formes de sympathie comme dans le cas des «timorés de Dieu» ou des «prosélytes», païens qui s’associaient à la Synagogue et partageaient la foi dans le Dieu d’Israël. Comme exemples concrets de cette double attitude nous pouvons citer, d’une part, le jugement lapidaire d’un orateur tel que le fut Cicéron, qui méprisait leur religion et même la ville de Jérusalem (cf. Pro Flacco, 66-69) et, de l’autre, l’attitude la femme de Néron, Popée, qui est rappelée par Flavius Josèphe comme «sympathisante» des Juifs (cf. Antiquités juives 20, 195.252; Vie 16), sans rappeler que Jules César leur avait déjà officiellement reconnu des droits particuliers qui nous ont été transmis par l’historien juif Flavius Joseph (cf. ibid. 4, 200-216). Il est certain que le nombre de juifs, comme du reste c’est le cas aujourd’hui, était beaucoup plus important en dehors de la terre d’Israël, c’est-à
-dire dans la diaspora, que sur le territoire que les autres appelaient Palestine.
Il n’est donc pas
étonnant que Paul lui-même ait été l’objet de la double évaluation, opposé, que nous avons évoquée. Une chose est certaine: le particularisme de la culture et de la religion juive trouve tranquillement place au sein d’une institution aussi omniprésente que l’était l’empire romain. Plus difficile et plus compliquée sera la position du groupe de ceux, juifs ou païens, qui adhèreront avec foi à la personne de Jésus de Nazareth, dans la mesure où ceux-ci se distingueront aussi bien du judaïsme que du paganisme régnant. Quoi qu’il en soit, deux facteurs favorisèrent l’engagement de Paul. Le premier fut la culture grecque ou plutôt hellénistique, qui après Alexandre le Grand était devenue le patrimoine commun de l’ouest méditerranéen et du Moyen-Orient, tout en intégrant en elle de nombreux éléments des cultures de peuples traditionnellement jugés barbares. A cet égard, l’un des écrivains de l’époque affirme qu’Alexandre «ordonna que tous considèrent comme patrie l’ekumene tout entier… et que le Grec et le Barbare ne se différencient plus» (Plutarque De Alexandri Magni fortuna aut virtute, §§ 6.8). Le deuxième facteur fut la structure politique et administrative de l’empire romain, qui garantissait la paix et la stabilité de la Britannia jusqu’à l’Egypte du sud, unifiant un territoire aux dimensions jamais vues auparavant. Dans cet espace, il était possible de se déplacer avec une liberté et une sécurité suffisantes, en profitant, entre autres, d’un système routier extraordinaire, et en trouvant en chaque lieu d’arrivée des caractéristiques culturelles de base qui, sans aller au détriment des valeurs locales, représentaient cependant un tissu commun d’unification vraiment super partes, si bien que le philosophe juif Philon d’Alexandrie, contemporain de Paul, loue l’empereur Auguste car «il a composé en harmonie tous les peuples sauvages… en se faisant le gardien de la paix» (Legatio ad Caium, §§
146-147).
La vision universaliste typique de la personnalit
é de saint Paul, tout au moins du Paul chrétien après l’événement de la route de Damas, doit certainement son impulsion de base à la foi en Jésus Christ, dans la mesure où la figure du Ressuscité se place désormais au-delà de toute limitation particulariste; en effet, pour l’apôtre «il n’y a plus ni juif ni païen, il n’y a plus esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus» (Ga 3, 28). Toutefois, la situation historique et culturelle de son époque et de son milieu ne peut elle aussi qu’avoir influencé ses choix et son engagement. Certains ont défini Paul comme l’«homme des trois cultures», en tenant compte de son origine juive, de sa langue grecque, et de sa prérogative de «civis romanus», comme l’atteste également le nom d’origine latine. Il faut en particulier rappeler la philosophie stoïque, qui dominait à l’époque de Paul et qui influença, même si c’est de manière marginale, également le christianisme. A ce propos, nous ne pouvons pas ne pas citer plusieurs noms de philosophes stoïciens comme Zénon et Cléanthe, et ensuite ceux chronologiquement plus proches de Paul comme Sénèque, Musonius et Epictète: on trouve chez eux des valeurs très élevées d’humanité et de sagesse, qui seront naturellement accueillies par le christianisme. Comme l’écrit très justement un chercheur dans ce domaine, «la Stoa… annonça un nouvel idéal, qui imposait en effet des devoirs à l’homme envers ses semblables, mais qui dans le même temps le libérait de tous les liens physiques et nationaux et en faisait un être purement spirituel» (M. Pohlenz, La Stoa, I, Florence2 1978, pp. 565sq). Que l’on pense, par exemple, à la doctrine de l’univers entendu comme un unique grand corps harmonieux, et en conséquence à la doctrine de l’égalité entre tous les hommes sans distinctions sociales, à l’équivalence tout au moins de principe entre l’homme et la femme, et ensuite à l’idéal de la frugalité, de la juste mesure et de la maîtrise de soi pour éviter tout excès. Lorsque Paul écrit aux Philippiens: «Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte» (Ph 4, 8), il ne fait que reprendre une conception typiquement humaniste propre à
cette sagesse philosophique.
A l’
époque de saint Paul était également en cours une crise de la religion traditionnelle, tout au moins dans ses aspects mythologiques et également civiques. Après que Lucrèce, déjà un siècle auparavant, avait de manière polémique affirmé que «la religion a conduit à tant de méfaits» (De rerum natura, 1,101), un philosophe comme Sénèque, en allant bien au-delà de tout ritualisme extérieur, enseignait que «Dieu est proche de toi, il est avec toi, il est en toi» (Letrtes à Lucilius, 41, 1). De même, quand Paul s’adresse à un auditoire de philosophes épicuriens et stoïciens dans l’Aréopage d’Athènes, il dit textuellement que «Dieu… n’habite pas les temples construits par l’homme… En effet, c’est en lui qu’il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d’exister» (Ac 17, 24.28). Avec ces termes, il fait certainement écho à la foi juive dans un Dieu qui n’est pas représentable en termes anthropomorphiques, mais il se place également sur une longueur d’onde religieuse que ses auditeurs connaissaient bien. Nous devons, en outre, tenir compte du fait que de nombreux cultes païens n’utilisaient pas les temples officiels de la ville, et se déroulaient dans des lieux privés qui favorisaient l’initiation des adeptes. Cela ne constituait donc pas un motif d’étonnement si les réunions chrétiennes (le ekklesíai), comme nous l’attestent en particulier les lettres pauliniennes, avaient lieu dans des maisons privées. A cette époque, du reste, il n’existait encore aucun édifice public. Les réunions des chrétiens devaient donc apparaître aux contemporains comme une simple variante de leur pratique religieuse plus intime. Les différences entre les cultes païens et le culte chrétien ne sont pourtant pas de moindre importance et concernent aussi bien la conscience de l’identité des participants que la participation en commun d’hommes et de femmes, la célébration de la «cène du Seigneur»
et la lecture des Ecritures.
En conclusion, de cette rapide vue d’ensemble du milieu culturel du premier si
ècle de l’ère chrétienne il ressort qu’il n’est pas possible de comprendre comme il se doit saint Paul sans le placer sur la toile de fond, aussi bien juive que païenne, de son temps. De cette manière, sa figure acquiert une force historique et idéale, en révélant à la fois les points communs et l’originalité par rapport au milieu. Mais cela vaut également pour la christianisme en général, dont l’apôtre Paul est un paradigme de premier ordre, dont nous avons encore tous beaucoup à apprendre. Tel est l’objectif de l’Anné
e paulinienne: apprendre de saint Paul, apprendre la foi, apprendre le Christ, apprendre enfin la route d’une vie juste.Le Saint-P

ère a adressé les paroles suivantes aux pèlerins de langue française:

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à cette audience, en particulier ceux de l’Ecole Notre-Dame de Lourdes de Paris et du Collège Saint-François de Sales de Dijon, et les membre de l’Association Charles de Foucauld de la Principauté de Monaco. Avec ma Bénédiction apostolique.

ANGELUS DU DIMANCHE 29 JUIN (pour l’année paulinienne)

1 juillet, 2008

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ANGELUS DU DIMANCHE 29 JUIN

Texte intégral

Rome, Lundi 30 juin 2008 (ZENIT.org). – Nous publions ci-dessous le texte de la méditation que le pape Benoît XVI a prononcée avant la prière de l’Angélus du dimanche 29 juin, solennité des saints Pierre et Paul, en présence de milliers de pèlerins rassemblés place Saint-Pierre.

AVANT L’ANGELUS

Chers frères et sœurs,
Cette ann
ée, la fête des saints Apôtres Pierre et Paul est célébrée un dimanche, si bien que toute l’Eglise, et non seulement l’Eglise de Rome, la célèbre de manière solennelle. Cette coïncidence permet également de donner davantage de relief à un événement extraordinaire: l’Année paulinienne, que j’ai inaugurée officiellement hier soir, auprès de la tombe de l’Apôtre des Nations, et qui durera jusqu’au 29 juin 2009. Les historiens datent en effet la naissance de Saul, devenu par la suite Paul, entre l’an 7 et 10 après Jésus Christ. C’est pourquoi, après qu’environ deux mille ans se sont écoulés, j’ai souhaité ce jubilé spécial qui aura naturellement Rome comme barycentre, notamment la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs et le lieu du martyre, aux Trois Fontaines. Mais il impliquera l’Eglise tout entière, à partir de Tarse, la ville natale de Paul, et des autres lieux pauliniens destinations de pèlerinages dans la Turquie actuelle, comme en Terre Sainte, et dans l’Ile de Malte, où l’Apôtre débarqua après un naufrage et jeta la semence féconde de l’Evangile. En réalité, l’horizon de l’Année paulinienne ne peut qu’être universel, car saint Paul a été par excellence l’apôtre de ceux qui, par rapport aux juifs, «étaient loin» et qui «grâce au sang du Christ» sont «devenus proches» (cf. Ep 2, 13). C’est pourquoi encore aujourd’hui, dans un monde devenu plus «petit», mais où très nombreux sont encore ceux qui n’ont pas rencontré le Seigneur Jésus, le Jubilé de saint Paul invite tous les chrétiens à ê
tre des missionnaires de l’Evangile.
Cette dimension missionnaire a besoin de s’accompagner toujours de celle de l’unit
é, représentée par saint Pierre, le «roc» sur lequel Jésus Christ a édifié son Eglise. Comme le souligne la liturgie, les charismes des deux grands apôtres sont complémentaires pour l’édification de l’unique peuple de Dieu et les chrétiens ne peuvent pas rendre un témoignage valable au Christ s’ils ne sont pas unis entre eux. Le thème de l’unité est aujourd’hui souligné par le rite traditionnel du pallium, qu’au cours de la Messe j’ai remis aux Archevêques métropolitains nommés au cours de l’année écoulée. Ils sont au nombre de 41, et deux autres le recevront dans leur sièges. A eux aussi j’adresse mon salut cordial. En outre, c’est avec une joie particulière qu’en la solennité de ce jour, l’Evêque de Rome accueille le Patriarche œcuménique de Constantinople, en la bien-aimée personne de Sa Sainteté Bartholomaios Ier, auquel je renouvelle mes salutations fraternelles en les étendant à toute la délé
gation de l’Eglise orthodoxe qu’il conduit.
Ann
ée paulinienne, évangélisation, communion dans l’Eglise et pleine unité de tous les chrétiens: prions à présent pour ces grandes intentions en les confiant à l’intercession céleste de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Eglise et Reine des Apôtres.

APRES L’ANGELUS

Le Pape Benoît XVI a ensuite salué les pèlerins présents sur la Place Saint-Pierre. Voici ce qu’il a dit en français :

Chers pèlerins francophones, en cette fête des saints Apôtres Pierre et Paul, vous avez voulu entourer le Pape et les Archevêques qui ont reçu le pallium. C’est une occasion pour affermir la communion dans l’Eglise et pour fortifier votre engagement chrétien. Que le Seigneur soutienne votre foi pour que, à l’exemple des saints que nous célébrons aujourd’hui, vous deveniez de vrais apôtres de la Parole de Dieu. Au début de l’année jubilaire consacrée à saint Paul, que l’enseignement de l’Apôtre des Nations vous indique le chemin à suivre. Avec ma Bénédiction apostolique.

Après avoir salué les pèlerins en différentes langues, le Saint-Père a conclu en italien:

J’adresse un salut spécial à la ville de Rome et à tous ceux qui y habitent: que les saints Patrons Pierre et Paul obtiennent à toute la communauté de la ville et à la communauté diocésaine de protéger et de mettre en valeur la richesse de ses trésors de foi, d’histoire et d’art. Bonne fête à tous!

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