Archive pour la catégorie 'Zenith'

Benoît XVI en Afrique : l’occasion de rappeler l’importance du continent

24 mars, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-20546?l=french

Benoît XVI en Afrique : l’occasion de rappeler l’importance du continent

Editorial du directeur de L’Osservatore Romano

ROME, Mardi 24 mars 2009 (ZENIT.org) – Benoît XVI a fait appel « aux peuples du continent » africain pour qu’ils assument leurs responsabilités et puissent dépasser les difficultés qui empêchent leur plein développement », a souligné le directeur de L’Osservatore Romano.

Dans un éditorial publié dans l’édition  du 24 mars, Gian Maria Vian a vu dans la visite de Benoît XVI en Afrique une « occasion » pour le Saint-Siège « de rappeler au monde entier (…) l’importance croissante du continent africain ».

Gian Maria Vian a ainsi évoqué la visite de Benoît XVI en Afrique comme « une occasion nouvelle pour le Saint-Siège de rappeler au monde entier, avec une forte détermination, l’importance croissante du continent africain ».

« Affligée par de nombreux maux et par de graves injustices, exploitée par de nouveaux colonialismes et presque ignorée par l’information internationale, l’Afrique a des potentialités immenses et des richesses qui font envie à beaucoup », a estimé Gian Maria Vian. 

« Le pape a rappelé plusieurs fois cette analyse – écrit-il – et a fait continuellement appel aux peuples du continent, pour qu’ils assument leurs responsabilités et puissent dépasser les difficultés qui empêchent leur plein développement : faim, violence, maladies, corruption ». 

Le pape a mis l’accent « par-dessus tout sur la solidarité et la démocratie », et sur « le refus de politiques imposées par l’extérieur, comme celles néo-colonialistes qui pillent les richesses locales et font souvent la propagande de la santé de reproduction, visant de fait à soutenir l’avortement comme méthode de contrôle des naissances ».

Pour le directeur de L’Osservatore Romano, « le message politique au sens noble de Benoît XVI est donc un choix ouvert de l’Eglise de Rome aux côtés de l’Afrique, dans le contexte de la famille humaine tout entière ». 

Gian Maria Vian a enfin estimé que « la réflexion du pape à partir de lectures bibliques durant les différentes célébrations a su parler au cœur d’une société naturellement religieuse et dans lesquelles le catholicisme – dans certaines régions enraciné depuis longtemps – a mûri, avec des accents et des contenus qui vont bien au-delà des frontières africaines ».

Pape Benoît: catéchèse 17 décembre : Noël

18 décembre, 2008

du site:

http://www.zenit.org/article-19654?l=french

Audience générale du 17 décembre : Noël

Texte intégral

ROME, Jeudi 11 décembre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, dans la salle Paul VI du Vatican.

Chers frères et sœurs,

C’est précisément aujourd’hui que commencent les jours de l’Avent qui nous préparent immédiatement au Noël du Seigneur : nous sommes dans la Neuvaine de Noël, qui dans de nombreuses communautés chrétiennes est célébrée avec des liturgies riches de textes bibliques, tous orientés pour nourrir l’attente de la naissance du Sauveur. En effet, l’Eglise entière concentre son regard de foi vers cette fête désormais proche en se prédisposant, comme chaque année, à s’unir au cantique joyeux des anges, qui au cœur de la nuit annonceront aux pasteurs l’événement extraordinaire de la naissance du Rédempteur, en les invitant à se rendre dans la grotte de Bethléem. C’est là que se trouve l’Emmanuel, le Créateur qui s’est fait créature, enveloppé de langes et couché dans une pauvre mangeoire (cf. Lc 2, 13-14).

En raison de l’atmosphère qui le caractérise, Noël est une fête universelle. En effet, même ceux qui ne se professent pas croyants peuvent percevoir dans cet événement chrétien annuel quelque chose d’extraordinaire et de transcendant, quelque chose d’intime qui parle au cœur. C’est la fête qui chante le don de la vie. La naissance d’un enfant devrait toujours être un événement qui apporte de la joie ; prendre un nouveau-né dans ses bras suscite normalement des sentiments d’attention et de sollicitude, d’émotion et de tendresse. Noël est la rencontre avec un nouveau-né qui pleure dans une pauvre grotte. En le contemplant dans la crèche, comment ne pas penser aux nombreux enfants qui aujourd’hui encore viennent au monde dans une grande pauvreté, dans de nombreuses régions du monde ? Comment ne pas penser aux nouveau-nés qui ne sont pas accueillis mais refusés, à ceux qui ne réussissent pas à survivre en raison du manque de soins et d’attention ? Comment ne pas penser également aux familles qui voudraient connaître la joie d’un enfant et qui ne voient pas leur attente comblée ? Sous la poussée d’un consumérisme hédoniste, Noël risque malheureusement de perdre sa signification spirituelle pour se réduire à une simple occasion commerciale d’achats et d’échange de dons ! Mais en vérité, les difficultés, les incertitudes et la crise économique elle-même que de si nombreuses familles vivent au cours de ces mois, et qui touche l’humanité tout entière, peuvent être un stimulant pour redécouvrir la chaleur de la simplicité, de l’amitié et de la solidarité, des valeurs propres à Noël. Dépouillé des résidus du consumérisme et du matérialisme, Noël peut ainsi devenir une occasion pour accueillir, comme cadeau personnel, le message d’espérance qui émane du mystère de la naissance du Christ.

Mais tout cela ne suffit pas pour saisir dans sa plénitude la valeur de la fête à laquelle nous nous préparons. Nous savons que celle-ci célèbre l’événement central de l’histoire : l’Incarnation du Verbe divin pour la rédemption de l’humanité. Saint Léon le Grand, dans l’une de ses nombreuses homélies de Noël, s’exclame ainsi : « Exultons dans le Seigneur, ô mes chers amis, et ouvrons notre cœur à la joie la plus pure. Car est venu le jour qui pour nous signifie la nouvelle rédemption, l’antique préparation, le bonheur éternel. En effet, le grand mystère de notre salut, qui, promis au début et accordé à la fin des temps, est destiné à durer sans fin (Homilia XXII) se renouvelle pour nous dans le cycle annuel récurrent. Saint Paul revient plusieurs fois dans ses lettres sur cette vérité fondamentale. Il écrit par exemple aux Galates : « Mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sous la domination de la Loi de Moïse… pour faire de nous des fils » (4, 4). Dans la Lettre aux Romains, il souligne les conséquences logiques et exigeantes de cet événement salvifique : « Puisque nous sommes ses enfants [de Dieu], nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » (8, 17). Mais c’est surtout saint Jean, dans le Prologue du quatrième Evangile, qui médite profondément sur le mystère de l’Incarnation. Et c’est pour cela que le Prologue fait partie de la liturgie de Noël dès les temps les plus anciens : on y trouve en effet l’expression la plus authentique qui est la synthèse la plus profonde de cette fête et du fondement de sa joie. Saint Jean écrit : « Et Verbum caro factum est et habitavit in nobis / Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous » (Jn 1, 14).

A Noël, nous ne nous limitons donc pas à commémorer la naissance d’un grand personnage ; nous ne célébrons pas simplement et de façon abstraite le mystère de la naissance de l’homme ou le mystère de la vie en général ; pas plus que nous ne fêtons seulement le début de la nouvelle saison. A Noël, nous rappelons quelque chose de très concret et d’important pour les hommes, quelque chose d’essentiel pour la foi chrétienne, une vérité que saint Jean résume dans ces quelques paroles : « Le Verbe s’est fait chair ». Il s’agit d’un événement historique que l’évangéliste Luc se préoccupe de situer dans un contexte bien déterminé : au cours des jours où parut l’édit du premier recensement de César Auguste, lorsque Quirinius était déjà gouverneur de Syrie (cf. Lc 2, 1-7). C’est donc dans la nuit d’une date historique qu’eut lieu l’événement de salut qu’Israël attendait depuis des siècles. Dans l’obscurité de la nuit de Bethléem s’alluma réellement une grande lumière : le créateur de l’univers s’est incarné, s’unissant de façon indissoluble à la nature humaine, au point d’être réellement « Dieu de Dieu, lumière de lumière », et dans le même temps homme, vrai homme. Ce que Jean appelle en grec « ho logos » – traduit en latin « Verbum » – « le Verbe » – signifie également « le Sens ». Nous pourrions donc comprendre ainsi l’expression de Jean : le « Sens éternel » du monde est devenu tangible à nos sens et à notre intelligence ; nous pouvons à présent le toucher et le contempler (cf. 1 Jn 1, 1). Le « Sens » qui s’est fait chair n’est pas simplement une idée générale présente dans le monde ; il s’agit d’une « Parole » qui nous est adressée. Le Logos nous connaît, nous appelle, nous guide. Il ne s’agit pas d’une loi universelle, au sein de laquelle nous accomplissons un rôle, mais il s’agit d’une Personne qui s’intéresse à chaque personne : c’est le Fils du Dieu vivant, qui s’est fait homme à Bethléem.

A beaucoup hommes, et d’une certaine façon à nous tous, cela semble trop beau pour être vrai. En effet, on nous répète ici : oui, il existe un sens, et le sens n’est pas une protestation impuissante contre l’absurde. Le Sens a un pouvoir : c’est Dieu. Un Dieu bon qui ne doit pas être confondu avec un quelconque être très-haut et lointain, auquel il ne nous serait jamais donné d’arriver, mais un Dieu qui s’est fait notre prochain et qui est très proche de nous, qui a du temps pour chacun de nous et qui est venu pour demeurer avec nous. Et alors, nous nous demandons spontanément : « Une telle chose est-elle possible ? Est-ce digne de Dieu de se faire enfant ? » Pour tenter d’ouvrir le cœur à cette vérité qui illumine l’existence humaine tout entière, il faut plier l’esprit et reconnaître la limite de notre intelligence. Dans la grotte de Bethléem, Dieu se montre à nous comme un humble « enfant » pour vaincre notre orgueil. Peut-être nous serions-nous inclinés plus facilement devant la puissance, devant la sagesse ; mais Lui ne veut pas que nous nous inclinions ; il fait au contraire appel à notre cœur et à notre libre choix d’accepter son amour. Il s’est fait petit pour nous libérer de cette prétention humaine de grandeur qui jaillit de l’orgueil ; il s’est incarné librement pour nous rendre véritablement libres, libres de l’aimer.

Chers frères et sœurs, Noël est une occasion privilégiée pour méditer sur le sens et la valeur de notre existence. La proximité de cette solennité nous aide à réfléchir, d’une part, sur l’aspect dramatique de l’histoire dans laquelle les hommes, blessés par le péché, sont constamment à la recherche du bonheur et d’un sens satisfaisant de la vie et de la mort ; de l’autre, elle nous exhorte à méditer sur la bonté miséricordieuse de Dieu, qui est venu à la rencontre de l’homme pour lui communiquer directement la Vérité qui sauve, et pour le faire participer à son amitié et à sa vie. Préparons-nous donc à Noël avec humilité et simplicité, en nous disposant à recevoir en don la lumière, la joie et la paix, qui émanent de ce mystère. Accueillons le Noël du Christ comme un événement capable de renouveler aujourd’hui notre existence. Que la rencontre avec l’Enfant Jésus fasse de nous des personnes qui ne pensent pas seulement à elles-mêmes, mais qui s’ouvrent aux attentes et aux nécessités de leurs frères. De cette façon, nous deviendrons nous aussi témoins de la lumière que Noël irradie sur l’humanité du troisième millénaire. Demandons à la Très Sainte Vierge Marie, tabernacle du Verbe incarné, et à saint Joseph, témoin silencieux des événements du salut, de nous communiquer les sentiments qu’ils ressentaient alors qu’ils attendaient la naissance de Jésus, de façon à ce que nous puissions nous préparer à célébrer saintement le prochain Noël, dans la joie de la foi et animés par l’engagement d’une conversion sincère.

Joyeux Noël à tous !

Puis le pape a proposé une synthèse de sa catéchèse, en français :

Chers frères et sœurs,

Nous entrons aujourd’hui dans la neuvaine de préparation à la grande fête de Noël et nos cœurs se disposent à accueillir l’Emmanuel. En contemplant déjà la pauvreté de la crèche, nous devenons sensibles aux incertitudes et à la crise économique qui frappent tant de familles et qui concernent l’humanité entière. Ces difficultés peuvent, cependant, être une occasion favorable pour redécouvrir la chaleur de la simplicité, de l’amitié et de la solidarité qui sont les valeurs propres de Noël.

Si cette fête a la vertu de rapprocher les hommes, au-delà même de leurs croyances, elle suscite plus profondément encore l’émerveillement à l’égard de la naissance et de la venue dans notre histoire humaine du Fils de Dieu. Cet événement, que saint Luc prend soin, dans son Evangile, de situer dans un contexte historique détaillé, saint Jean le résume en une formule : «Le Verbe s’est fait chair ». Cette expression de saint Jean, nous pouvons la traduire ainsi : «Le Sens éternel » du monde s’est manifesté de façon tangible à nos sens et à notre intelligence. Ce qui est devenue chair, ce n’est pas une idée, c’est une «Parole » qui nous est adressée, qui nous cherche et qui nous guide. A Bethléem, dans l’enfant de la crèche, Dieu ne s’impose à l’homme ni par sa puissance, ni par sa sagesse, mais il fait appel à son cœur et à sa libre et humble décision d’accepter son amour.

Je salue les pèlerins francophones présents aujourd’hui et d’une façon particulière les pèlerins du diocèse de Tarbes et Lourdes que je désire remercier une nouvelle fois pour la qualité de leur accueil au mois de septembre dernier. Que la Vierge Marie, Arche de la Nouvelle Alliance, et saint Joseph, gardien du mystère de la Rédemption, nous aident à bien recevoir Celui qui fait toute chose nouvelle. Bon Noël à tous !

Document des évêques de France sur le travail le dimanche

17 décembre, 2008

du site:

http://www.zenit.org/article-19645?l=french

Document des évêques de France sur le travail le dimanche

« Le dimanche au risque de la vie actuelle »

ROME, Mardi 16 décembre 2008 (ZENIT.org) – A l’occasion du projet de loi français sur le travail le dimanche, rappelons que les évêques de France ont publié un document intitulé : « Le dimanche au risque de la vie actuelle ».

En février 2008, le Conseil pour les questions familiales et sociales de la Conférence des évêques de France consacrait en effet un numéro de la revue « Documents Episcopat » sur le travail dominical et l’importance des enjeux en cause. 

Ce document, intitulé « Le dimanche au risque de la vie actuelle » a été rédigé par Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen et président de ce Conseil, Mgr Michel Guyard, évêque du Havre et membre de ce même Conseil, et M. Jacques Arènes, psychanalyste.

Ce texte est organisé en trois chapitres :

« Le respect du repos du dimanche »,

« Signification chrétienne du dimanche »

et « Précieux loisirs ».

Il donne en particulier les raisons théologiques, anthropologiques et sociales qui rendent ce repos hebdomadaire indispensable à tous.

On peut télécharger ce « Document Episcopat » sur « Le dimanche au risque de la société actuelle » depuis le site de la conférence des évêques de France (CEF).

Le site en propose aussi une synthèse que voici :

1 – Le dimanche, temps de retrouvailles et d’équilibre

L’Eglise souhaite bien sûr que les chrétiens puissent célébrer, chaque dimanche, la résurrection du Seigneur.

Ce texte indique également que, grâce au repos dominical, « chacun dispose du temps pour se reposer, vivre en famille, rencontrer les autres, avoir une vie sociale et bénéficier des diverses propositions culturelles, sportives, etc., qui lui sont offertes.

Le dimanche laisse à chacun le choix de son emploi du temps (…) : il est en cela un espace de liberté et de détente, au contraire de la semaine.

Le dimanche permet de se donner un équilibre de vie souvent mis à mal par le rythme de la semaine. »

Ce document souligne aussi que « l’économie et le travail ne sont pas le dernier mot d’une vie sociale ».

Le dimanche est « le temps des retrouvailles entre générations, adultes, jeunes et enfants quelles que soient leurs activités (école, études, entreprises privées ou publiques, etc.). Il permet de libérer un espace pour le jeu et la conversation entre les hommes ».

2 – Faire passer les lois du commerce avant la dimension conviviale, familiale et spirituelle

« D’autre part, préviennent les auteurs, si le dimanche devient un jour comme les autres, on est en droit de penser que des pressions s’exerceront sur le personnel en particulier dans les conditions d’embauche, que les avantages salariaux consentis actuellement disparaîtront progressivement à moins que l’on ait recours à des emplois à temps partiel continuant à renforcer les situations de précarité de bien des familles. »

« Dès lors, élargir l’ouverture des magasins le dimanche reviendrait à banaliser ce jour et à faire passer les lois du commerce avant la dimension conviviale, familiale et spirituelle de l’existence. Il n’y aurait plus de jour de congé hebdomadaire commun. Ceci accentuerait l’atomisation de la société française » souligne le Conseil pour les questions familiales et sociales de la Conférence des évêques de France.

Homélie de Benoît XVI à Saint-Laurent-hors-les-Murs – Premier dimanche de l’Avent

3 décembre, 2008

du site:

http://www.zenit.org/article-19515?l=french

Homélie de Benoît XVI à Saint-Laurent-hors-les-Murs

Premier dimanche de l’Avent

ROME, Lundi 1er décembre 2008 (ZENIT.org) – Benoît XVI a accompli hier 30 novembre, premier dimanche de l’Avent, une visite pastorale dans la paroisse romaine de Saint-Laurent-hors-les-Murs. Au cours de la messe il a prononcé une homélie que nous publions ci-dessous.

* * *           

Chers frères et sœurs,

Avec ce premier dimanche de l’Avent, nous entrons dans cette période de quatre semaines par laquelle commence une nouvelle année liturgique et qui nous prépare immédiatement à la fête de Noël, mémoire de l’Incarnation du Christ dans l’histoire. Le message spirituel de l’Avent est toutefois plus profond et nous projette déjà vers le retour glorieux du Seigneur, à la fin de l’histoire. Adventus est le terme latin qui pourrait être traduit par « arrivée », « venue », « présence ». Dans le langage du monde antique, il s’agissait d’un terme technique qui indiquait l’arrivée d’un fonctionnaire, en particulier la visite de rois ou d’empereurs dans les provinces, mais qui pouvait également être utilisé pour l’apparition d’une divinité, qui sortait de sa demeure cachée et manifestait ainsi sa puissance divine : sa présence était célébrée solennellement dans le culte.

En adoptant le terme d’Avent, les chrétiens voulaient exprimer la relation particulière qui les unissait au Christ crucifié et ressuscité. Il est le Roi, qui, étant entré dans cette pauvre province dénommée terre, nous a fait don de sa visite, et, après sa résurrection et son ascension au ciel, a voulu dans tous les cas rester avec nous : nous percevons sa présence mystérieuse dans l’assemblée liturgique. En célébrant l’Eucharistie, nous proclamons en effet qu’Il ne s’est pas retiré du monde, et qu’il ne nous a pas laissés seuls, et, même si nous ne pouvons pas le voir et le toucher comme c’est le cas avec les réalités matérielles et sensibles, Il est toutefois avec nous et parmi nous ; il est même en nous, car il peut attirer à lui et communiquer sa vie à tout croyant qui lui ouvre son cœur. L’Avent signifie donc faire mémoire de la première venue du Seigneur dans la chair, en pensant déjà à son retour définitif et, dans le même temps, cela signifie reconnaître que le Christ présent parmi nous devient notre compagnon de voyage dans la vie de l’Eglise qui en célèbre le mystère. Chers frères et sœurs, cette conscience nourrie dans l’écoute de la Parole de Dieu devrait nous aider à voir le monde avec un regard différent, à interpréter les différents événements de la vie et de l’histoire comme des paroles que Dieu nous adresse, comme des signes de son amour qui nous assure de sa proximité dans chaque situation ; en particulier, cette conscience devrait nous préparer à l’accueillir lorsqu’« il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts ; et son règne n’aura pas de fin », comme nous le répéterons d’ici peu dans le Credo. Dans cette perspective, l’Avent devient pour tous les chrétiens un temps d’attente et d’espérance, un temps privilégié d’écoute et de réflexion, à condition de se laisser guider par la liturgie qui nous invite à aller à la rencontre du Seigneur qui vient.

« Viens, Seigneur Jésus » : chers amis, cette invocation ardente de la communauté chrétienne des débuts doit également devenir notre aspiration constante, l’aspiration de l’Eglise de tout temps, qui désire et se prépare à la rencontre avec son Epoux. « Seigneur, fais resplendir ton visage et nous serons sauvés » : c’est la prière que nous avons élevée, il y a peu de temps, à travers les paroles du Psaume responsorial. Et le prophète Isaïe nous a révélé, dans la première lecture, que le visage de notre Sauveur est celui d’un père tendre et miséricordieux, qui prend soin de nous en toute circonstance car nous sommes l’œuvre de ses mains : « Toi Yahvé, tu es notre Père, notre rédempteur, tel est ton nom depuis toujours » (63, 16). Notre Dieu est un père disposé à pardonner les pécheurs repentis et à accueillir tous ceux qui ont confiance dans sa miséricorde (cf. Is, 64, 4). Nous nous étions éloignés de Lui à cause du péché en tombant sous la domination de la mort, mais Il a eu pitié de nous et de sa propre initiative, sans aucun mérite de notre part, il a décidé de venir à notre rencontre, en envoyant son Fils unique comme notre Rédempteur. Face à un si grand mystère d’amour, notre action de grâce s’élève spontanément, et notre invocation devient plus confiante : « Montre nous, Seigneur, ta miséricorde et donne-nous ton salut » (cf. Chant à l’Evangile).

Chers frères et sœurs, la pensée de la présence du Christ et de son retour certain quand les temps seront accomplis est plus que jamais significative dans votre Basilique qui jouxte l’imposant cimetière monumental du Verano, où reposent, dans l’attente de la Résurrection, un grand nombre de nos défunts. Combien de fois dans ce temple sont célébrées des liturgies d’obsèques ; combien de fois retentissent pleines de réconfort les paroles de la liturgie : « Dans le Christ ton Fils, notre Sauveur, resplendit devant nous l’espérance de la bienheureuse résurrection, et si la certitude de devoir mourir nous attriste, nous sommes réconfortés par la promesse de l’immortalité future ! » (cf. Préface des défunts, I).

Mais votre Basilique monumentale, qui nous conduit par la pensée à celle des origines qui fut construite par l’empereur Constantin, puis transformée jusqu’à prendre sa forme actuelle, parle surtout du martyre glorieux de saint Laurent, archidiacre du Pape saint Sixte II et son délégué dans l’administration des biens communs de la communauté. Je suis venu aujourd’hui célébrer la Sainte Eucharistie pour m’unir à vous pour lui rendre hommage dans une circonstance véritablement particulière, à l’occasion de l’Année jubilaire de saint Laurent, proclamée pour commémorer les 1750 ans de la naissance au ciel du saint diacre. L’histoire nous confirme combien le nom de ce saint, sur le tombeau duquel nous sommes réunis, est glorieux. Sa sollicitude pour les pauvres, le service généreux qu’il rendit à l’Eglise de Rome dans le domaine de l’assistance et de la charité, la fidélité au Pape, qu’il a poussée jusqu’à vouloir le suivre dans l’épreuve suprême du martyre, et le témoignage héroïque du sang, rendu peu de jours auparavant seulement, sont des faits universellement connus. Saint Léon le Grand, dans une belle homélie, commente ainsi l’atroce martyre de cet « illustre héros » : « Les flammes ne purent vaincre la charité du Christ ; et le feu qui le brûlait à l’extérieur fut plus faible que celui qui l’animait à l’intérieur ». Et il ajoutait : « Le Seigneur a voulu exalter à ce point son nom glorieux dans le monde entier que de l’Orient à l’Occident, dans la splendeur infiniment vive de la lumière irradiée par les plus grands diacres, la même gloire qui est venue à Jérusalem à travers Etienne est échue également à Rome grâce à Laurent » (Homilia 85, 4 : PL 54, 486).

Nous célébrons cette année le 50e anniversaire de la mort du Serviteur de Dieu, le Pape Pie XII, et cela rappelle à notre mémoire un événement particulièrement dramatique dans l’histoire pluriséculaire de votre Basilique, qui a eu lieu lors du second conflit mondial lorsque, exactement le 19 juillet 1943, un violent bombardement provoqua des dommages très graves au bâtiment et à tout le quartier, semant la mort et la destruction. On ne pourra jamais effacer de la mémoire de l’histoire le geste généreux accompli à cette occasion par mon vénéré prédécesseur, qui courut immédiatement porter secours et réconforter la population durement frappée, parmi les décombres encore brûlants. Je n’oublie pas, en outre, que cette même Basilique accueille les urnes de deux autres grandes personnalités : en effet, dans l’hypogée sont placées à la vénération des fidèles les dépouilles mortelles du bienheureux Pie IX, tandis que, dans l’atrium, est située la tombe d’Alcide de Gasperi, guide sage et tempéré de l’Italie dans les difficiles années de la reconstruction de l’après-guerre et, dans le même temps, éminent homme d’Etat capable de contempler l’Europe à travers une ample vision chrétienne.

Tandis que nous sommes réunis ici en prière, je suis heureux de vous saluer tous avec affection, en commençant par le cardinal-vicaire, par Mgr le vice-gérant, qui est également l’Abbé commendataire de la Basilique, par l’évêque auxiliaire du secteur Nord et par votre curé, le père Bruno Mustacchio, que je remercie pour les aimables paroles qu’il m’a adressées au début de la célébration liturgique. Je salue le ministre général de l’ordre des capucins, ainsi que les confrères de la communauté qui accomplissent leur service avec zèle et dévouement, en accueillant les nombreux pèlerins, en assistant avec charité les pauvres et en témoignant de l’espérance dans le Christ ressuscité à tous ceux qui se rendent en visite au cimetière du Verano. Je désire vous assurer de ma reconnaissance, et, surtout, de mon souvenir dans la prière. Je salue en outre les nombreux groupes engagés dans l’animation de la catéchèse, de la liturgie, de la charité, les membres des deux chœurs polyphoniques, le tiers-ordre franciscain local et régional. J’ai appris ensuite avec plaisir que ce lieu abrite depuis quelques années l’« atelier missionnaire diocésain », pour éduquer les communautés paroissiales à la conscience missionnaire, et je m’unis volontiers à vous pour souhaiter que cette initiative de notre diocèse contribue à susciter une courageuse action pastorale missionnaire, qui apporte l’annonce de l’amour miséricordieux de Dieu partout dans chaque lieu de Rome, en touchant en particulier les jeunes et les familles. Je voudrais enfin étendre ma pensée aux habitants du quartier, en particulier aux personnes âgées, aux malades, aux personnes seules et en difficulté. Je rappelle tous et chacun au cours de cette messe.

Chers frères et sœurs, en ce début de l’Avent, quel meilleur message recueillir de saint Laurent que celui de la sainteté ? Il nous répète que la sainteté, c’est-à-dire aller à la rencontre du Christ qui vient continuellement nous rendre visite, ne passe pas de mode, et, avec le temps, resplendit même de façon lumineuse et manifeste la tension permanente de l’homme vers Dieu. Que cette célébration jubilaire soit donc l’occasion pour votre communauté paroissiale d’une adhésion renouvelée au Christ, d’un plus grand approfondissement du sens d’appartenance à son Corps mystique qui est l’Eglise, et d’un engagement constant d’évangélisation à travers la charité. Que Laurent, témoin héroïque du Christ crucifié et ressuscité, soit pour chacun un exemple d’adhésion docile à la volonté divine afin que, comme nous avons entendu l’apôtre Paul le rappeler aux Corinthiens, nous vivions nous aussi de façon à être « irréprochables » le jour du Seigneur (cf. 1 Co 1, 7-9).

Nous préparer à l’avènement du Christ est également l’exhortation que nous recueillons de l’Evangile d’aujourd’hui : « Veillez », nous dit Jésus dans la brève parabole de Luc du maître de la maison qui part, mais ne sait pas s’il reviendra (cf. Mc 13, 33-37). Veiller signifie suivre le Seigneur, choisir ce qu’il a choisi, aimer ce qu’il a aimé, conformer sa vie à la sienne ; veiller signifie passer chaque instant de notre temps dans l’horizon de son amour sans se laisser abattre par les inévitables difficultés et problèmes quotidiens. C’est ce qu’a fait saint Laurent, et c’est ce que nous devons faire, et nous demandons au Seigneur de nous donner sa grâce afin que l’Avent soit un encouragement pour tous à marcher dans cette direction. Que l’humble Vierge de Nazareth, Marie, élue par Dieu pour devenir la Mère du Rédempteur, saint André, dont nous célébrons aujourd’hui la fête et saint Laurent, exemple d’intrépide fidélité chrétienne jusqu’au martyre, nous guident et nous accompagnent de leur intercession. Amen !

Lourdes : Le bureau médical observe cinq « guérisons » remarquables

3 décembre, 2008

du site:

http://www.zenit.org/article-19525?l=french

Lourdes : Le bureau médical observe cinq « guérisons » remarquables

Clôture de l’année jubilaire : 2009 sera consacré à Bernadette

ROME, Mardi 2 décembre 2008 (ZENIT.org) – Au moment où l’année jubilaire des 150 ans des apparitions de la Vierge Marie à sainte Bernadette à Lourdes s’achève – elle s’achèvera le 8 décembre -, le Comité Médical International de Lourdes a officiellement déclaré comme étant remarquables 5 guérisons liées à Lourdes, lors d’une conférence de presse, lundi 1er décembre, dans les Sanctuaires. En outre l’évêque de Tarbes et Lourdes, Mgr Jacques Perrier a annoncé que l’Année 2009 serait une année « Bernadette ».

Jusqu’ici, l’Eglise a reconnu seulement « 67 miraculés » sur les milliers de dossiers déposés au bureau médical de Lourdes.

Les 5 « observations remarquables »

Sclérose en plaques

Madame A., actuellement âgée de 40 ans, a été reconnue atteinte de façon certaine d’une sclérose en plaques au mois d’avril 1993. Diagnostic formel confirmé par les examens habituels, y compris de radiologie. Malgré les traitements, l’évolution a été marquée par 13 poussées successives entre 1993 et 2004 avec aggravation importante durant la dernière année l’amenant à utiliser une chaise roulante. Le 20 mai 2004, lors d’un pèlerinage à Lourdes suscité par une amie, cette personne, au départ incroyante, a constaté subitement aux piscines la disparition de l’impotence de ses membres inférieurs et des autres symptômes. Depuis, elle n’a éprouvé aucune autre difficulté de santé. Les examens cliniques effectués par 2 fois par des membres du C.M.I.L. se sont révélés totalement asymptomatiques.

Myopathie dès l’enfance

Madame B., actuellement âgée de 53 ans, a souffert depuis l’enfance d’une faiblesse musculaire des membres inférieurs, évoluant en asthénie majeure douloureuse, avec chutes. À 34 ans, elle est en fauteuil roulant. Un bilan hospitalier approfondi n’a pas conclu à une myopathie nettement caractérisée. Madame B. a effectué six pèlerinages à Lourdes. C’est au terme du sixième, en 2004, qu’elle a été définitivement guérie et a abandonné le fauteuil roulant.

Pèlerinage de Compostelle

Monsieur F., actuellement âgé de 62 ans, souffrait de lombalgies tenaces depuis février 1990 à l’âge de 44 ans, résistant au traitement médical se compliquant d’une sciatique gauche en 1991. En 1993, deux scanners mettent en évidence une hernie foraminale gauche L5-S1. Deux interventions en 1993 et 1997. Le patient continue à souffrir. Un scanner de 1997 évoque une fibrose post-opératoire. Devant l’intensité des algies, mise en place d’un site intrathécal pour injection locale de solumedrol et dérivé morphinique. Malheureusement, la symptomatologie douloureuse ne va pas changer.

Le 12 avril 2002, après avoir souffert 5 ans, il ressent subitement, au cours d’un pèlerinage à Lourdes, une impression de bien-être. À partir de là, tout revient en ordre. Depuis lors, Monsieur F. mène une vie normale sans aucun traitement. En 2007, il a effectué seul le pèlerinage complet de Saint Jacques de Compostelle.

Sortie du coma

Madame M., 69 ans, souffrait en 1992 d’un lymphome malin avec atteinte plurale, traité par six cures de chimiothérapie. Dans le cours de l’évolution, une névralgie cervico brachiale et une paralysie occulo-motrice avaient manifesté une localisation méningée avec infiltration néoplasique du nerf optique, révélatrice d’une leucémie myéloblastique.

En aplasie sous chimiothérapie, la malade a présenté un syndrome de détresse respiratoire aiguë nécessitant intubation et réanimation cardio-vasculaire. Après une démarche de prière à Lourdes, elle est sortie du coma et guérie définitivement à ce jour comme en attestent des contrôles médicaux aujourd’hui inutiles.

Un accident de la route

Madame P. est guérie à Lourdes le 15 août 2004, à l’âge de 47 ans, de séquelles algiques et fonctionnelles d’un traumatisme du rachis cervical survenu lors d’un accident de la voie publique, le 18 février 1983, à l’âge de 26 ans. Ce syndrome douloureux, non influencé par les traitements médicamenteux ou physiques reçus, évoluant depuis 21 ans et ayant motivé une invalidité professionnelle, a complètement disparu.

La réunion du C.M.I.L. qui vient de se tenir a, pour la première fois, appliqué la réforme introduite en 2006, précise le communiqué de presse. Dans les cinq cas qui lui ont été soumis et qui ont fait l’objet d’expertises approfondies, ayant pour but de confirmer ou d’invalider un premier constat de guérison, le comité a conclu qu’il s’agissait « d’observations remarquables ».

Et de préciser : « Incontestablement, ces personnes allaient mal, voire très mal : le dossier médical en témoigne. Non moins incontestablement, aujourd’hui, elles vont bien et rien n’indique que le mal puisse reprendre ».

Il ajoute : « Ce changement d’état, qui fut soudain, est lié à Lourdes, le plus souvent lors d’un pèlerinage. Cet événement inattendu a changé la vie de ces personnes, à tous les plans, y compris dans leur foi, dans leurs engagements d’Église et dans le service des autres ».

« Voilà les faits. Chacun est libre, ensuite, de leur interprétation. Ils n’auront jamais une évidence contraignante », conclut le bureau médical.

Le communiqué de presse rappelle qu’« un fait aussi remarquable que les Apparitions de Lourdes n’est pas un objet de foi » sur lequel tous les catholiques devraient s’accorder. Monseigneur Laurence, évêque de Lourdes au moment des apparitions, s’était contenté de dire que les fidèles étaient « fondés à croire » en leur authenticité.

Audience générale du 19 novembre : La justification par la foi (Saint Paul)

20 novembre, 2008

du site: 

http://www.zenit.org/article-19422?l=french

Audience générale du 19 novembre : La justification par la foi

Texte intégral

ROME, Mercredi 19 novembre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.

* * *

Chers frères et sśurs,

Sur le chemin que nous sommes en train de faire sous la conduite de saint Paul, nous voulons à présent nous arrêter sur un thème qui se trouve au centre des controverses du siècle de la Réforme : la question de la justification. Comment l’homme devient-il juste aux yeux de Dieu ? Lorsque Paul rencontra le Ressuscité sur le chemin de Damas, il était un homme réalisé : irrépréhensible quant à la justice dérivant de la Loi (cf. Ph 3, 6), il observait les prescriptions mosaïques mieux que beaucoup de personnes de son âge et soutenait avec zèle les traditions des pères (cf. Ga 1, 14). L’illumination de Damas changea radicalement son existence : il commença à considérer tous les mérites, acquis dans une carrière religieuse intègre, comme des « balayures » face au caractère sublime de la connaissance de Jésus Christ (cf. Ph 3, 8). La Lettre aux Philippiens nous offre un témoignage touchant du passage de Paul d’une justice fondée sur la Loi et acquise avec l’observance des śuvres prescrites, à une justice fondée sur la foi dans le Christ : il avait compris que ce qui lui était apparu jusqu’alors comme un avantage était en réalité une perte face à Dieu, et il avait donc décidé de miser toute son existence sur Jésus Christ (cf. Ph 3, 7). Le trésor caché dans le champ et la perle précieuse dans l’achat de laquelle il faut investir tout le reste n’étaient plus les śuvres de la Loi, mais Jésus Christ, son Seigneur.La relation entre Paul et le Ressuscité devint tellement profonde qu’elle le poussa à affirmer que le Christ n’était plus seulement sa vie mais sa façon de vivre, au point que pour pouvoir le rejoindre même mourir devenait un avantage (cf. Ph 1, 21). Non pas qu’il méprisât la vie, mais il avait compris que pour lui vivre n’avait désormais plus d’autre but et il ne nourrissait donc pas d’autre désir que celui de rejoindre le Christ, comme dans une compétition d’athlétisme, pour rester toujours avec Lui : le Ressuscité était devenu le principe et la finalité de son existence, la raison et le but de sa course. Seule la préoccupation pour la maturation de la foi de ceux qu’il avait évangélisés et la sollicitude pour toutes les Eglises qu’il avait fondées (cf. 2 Co 11, 28) le poussaient à ralentir sa course vers son unique Seigneur, pour attendre les disciples afin qu’ils puissent courir avec lui vers le but. Si dans l’observance précédente de la Loi il n’avait rien à se reprocher d’un point de vue de l’intégrité morale, une fois le Christ rejoint il préférait ne pas prononcer de jugement sur lui-même (cf. 1 Co 4, 3-4), mais il se limitait à se proposer de courir pour conquérir Celui par lequel il avait été conquis (cf. Ph 3, 12). C’est précisément en raison de cette expérience personnelle de la relation avec Jésus Christ que Paul place désormais au centre de son Evangile une opposition irréductible entre deux parcours alternatifs vers la justice : l’un construit sur les śuvres de la Loi, l’autre fondé sur la grâce de la foi dans le Christ. L’alternative entre la justice par les śuvres de la Loi et celle par la foi dans le Christ devient ainsi l’un des motifs dominants qui parcourt ses Lettres : « Nous, nous sommes Juifs de naissance, nous ne sommes pas de ces pécheurs que sont les païens ; cependant nous le savons bien, ce n’est pas en observant la Loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ; c’est pourquoi nous avons cru en Jésus Christ pour devenir des justes par la foi au Christ, mais non par la pratique de la loi de Moïse, car personne ne devient juste en pratiquant la Loi » (Ga 2, 15-16). Et il répète aux chrétiens de Rome : « Tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu, lui qui leur donne d’être des justes par sa seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus » (Rm 3, 23-24). Et il ajoute : « En effet, nous estimons que l’homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse » (ibid. 28). A ce point, Luther traduisit : « justifié par la seule foi ». Je reviendrai sur ce point à la fin de la catéchèse. Nous devons tout d’abord éclaircir ce qu’est cette « Loi » de laquelle nous sommes libérés et ce que sont ces « śuvres de la Loi » qui ne justifient pas. L’opinion – qui allait ensuite revenir systématiquement dans l’histoire – selon laquelle il s’agissait de la loi morale, et que la liberté chrétienne consistait donc dans la libération par rapport à l’éthique, existait déjà dans la communauté de Corinthe. Ainsi, à Corinthe, circulait la parole tout est licite pour moi’. Il est évident que cette interprétation est erronée : la liberté chrétienne n’est pas libertinisme, la libération dont parle saint Paul ne libère pas du devoir d’accomplir le bien.Mais que signifie par cons

équent la Loi dont nous sommes libérés et qui ne sauve pas ? Pour saint Paul comme pour tous ses contemporains, le mot Loi signifiait la Torah dans sa totalité, c’est-à-dire les cinq livres de Moïse. La Torah impliquait, dans l’interprétation pharisienne, celle étudiée et reprise par saint Paul, un ensemble de comportements qui allaient du noyau éthique jusqu’aux observances rituelles et cultuelles qui déterminaient substantiellement l’identité de l’homme juste. En particulier la circoncision, les observances concernant les aliments purs et plus généralement la pureté rituelle, les règles sur l’observance du sabbat, etc. Des comportements qui apparaissent souvent également dans les débats entre Jésus et ses contemporains. Toutes ces observances qui expriment une identité sociale, culturelle et religieuse étaient devenues particulièrement importantes à l’époque de la culture hellénistique qui commence au IIIe siècle avant Jésus Christ. Cette culture, qui était devenue la culture universelle de l’époque et qui était une culture apparemment rationnelle, une culture polythéiste, apparemment tolérante, constituait une forte pression vers l’uniformité culturelle et menaçait ainsi l’identité d’Israël qui était politiquement obligée d’entrer dans cette identité commune de la culture hellénistique, perdant de ce fait sa propre identité ; et perdant également, par conséquent, le précieux héritage de la foi des Pères, de la foi en l’unique Dieu et dans les promesses de Dieu.

Contre cette pression culturelle qui menaçait non seulement l’identité israélite mais aussi la foi dans l’unique Dieu et dans ses promesses, il fallait créer un mur de distinction, un bouclier de défense pour protéger le précieux héritage de la foi ; ce mur consistait précisément dans les observances et les prescriptions judaïques. Paul, qui avait appris ces observances justement en tant que défense du don de Dieu, de l’héritage de la foi en un Dieu unique, a vu cette identité menacée par la liberté des chrétiens : c’est pour cette raison qu’il les persécutait. Au moment de sa rencontre avec le Ressuscité, il comprit qu’avec la résurrection du Christ la situation avait radicalement changée. Avec le Christ, le Dieu d’Israël, l’unique vrai Dieu, devenait le Dieu de tous les peuples. Le mur – comme il le dit dans la Lettre aux Ephésiens – entre Israël et les païens n’était plus nécessaire : c’est le Christ qui nous protège contre le polythéisme et toutes ses déviances ; c’est le Christ qui nous unit avec et dans l’unique Dieu ; c’est le Christ qui garantit notre identité véritable dans la diversité des cultures. Le mur n’est plus nécessaire, notre identité commune dans la diversité des cultures est le Christ, et c’est lui qui nous rend juste. Etre juste veut simplement dire être avec Jésus Christ en Jésus Christ. Et cela suffit. Les autres observances ne sont plus nécessaires. C’est pourquoi l’expression « sola fide » de Luther est vraie, si l’on n’oppose pas la foi à la charité, à l’amour. La foi c’est regarder le Christ, s’en remettre au Christ, s’attacher au Christ, se conformer au Christ, à sa vie. Et la forme, la vie du Christ c’est l’amour ; donc croire c’est se conformer au Christ et entrer dans son amour. C’est pourquoi saint Paul dans la Lettre aux Galates, dans laquelle il a notamment développé sa doctrine sur la justification, parle de la foi qui śuvre au moyen de la charité (cf. Ga 5, 14).Paul sait que toute la Loi est présente et s’accomplit dans le double amour de Dieu et du prochain. Ainsi, toute la Loi est réalisée dans la communion avec le Christ, dans la foi qui crée la charité. Nous devenons justes en entrant en communion avec le Christ qui est l’amour. Nous verrons la même chose dans l’Evangile de dimanche prochain, solennité du Christ Roi. C’est l’Evangile du juge dont l’unique critère est l’amour. Ce qu’il demande c’est seulement cela : m’as-tu visité quand j’étais malade ? Quand j’étais en prison ? M’as-tu donné à manger quand j’ai eu faim, m’as-tu vêtu quand j’étais nu ? Et ainsi la justice se décide dans la charité. Ainsi, au terme de cet Evangile, nous pouvons presque dire : juste l’amour, juste la charité. Mais il n’y a pas de contradiction entre cet Evangile et saint Paul. C’est la même vision, la vision selon laquelle la communion avec le Christ, la foi dans le Christ crée la charité. Et la charité est la réalisation de la communion avec le Christ. Ainsi, en étant unis à lui, nous sommes justes, et de nulle autre manière.

A la fin, nous ne pouvons que prier le Seigneur qu’il nous aide à croire, croire réellement ; croire devient ainsi vie, unité avec le Christ, transformation de notre vie. Et ainsi, transformés par son amour, par l’amour de Dieu et du prochain, nous pouvons être réellement justes au yeux de Dieu.

Puis le pape a proposé une synthèse de sa catéchèse, en français :

Chers frères et sśurs francophones, je voudrais commencer aujourd’hui à vous parler de la doctrine de la justification chez saint Paul. Mon point de départ seront les versets 21 à 24 du chapitre 3 de la Lettre aux Romains où l’Apôtre développe la relation qui existe entre la foi et les śuvres. Saint Paul lorsqu’il a rencontré le Christ sur le chemin de Damas, se jugeait irréprochable selon les critères de la Loi mosaïque. Pourtant, à ce moment là, il a découvert une justice nouvelle, gracieusement offerte et basée sur la foi dans le Christ mort et ressuscité. Le Christ est devenu le principe et la finalité de son existence et l’Apôtre voulait partager à ses disciples son expérience christique. C’est elle que Paul place au centre de son annonce en mettant en évidence une opposition irréductible entre deux parcours : celui construit sur les śuvres de la Loi, et l’autre, sur la grâce de la foi au Christ crucifié. L’évènement de Damas a permis à Paul de comprendre la Loi de manière nouvelle : si celle-ci est bonne et si elle vient de Dieu, seule, elle est impuissante à nous justifier car elle ne peut donner la vie. Ce don n’est effectif qu’avec l’accomplissement de la promesse faite à Abraham, par l’envoi de l’Esprit. La Croix du Christ est l’unique voie ouverte vers la justification. Paul ne désire pas abroger la Loi mosaïque car elle vient de Dieu et constitue l’identité d’Israël, mais elle trouve son accomplissement dans le Christ et se vit dans le commandement de l’amour qu’il nous a laissé. Plutôt que vers la sola fides, l’enseignement de Paul nous conduit vers le solus Christus, le seul Christ, centre de notre foi et unique sauveur du monde.

Je suis heureux de saluer les pèlerins de Montréal avec Son Eminence le cardinal Jean-Claude Turcotte, les membres de la Conférence internationale catholique du Scoutisme, et la paroisse de Béziers. Avec saint Paul, vivons du Christ qui est le centre de notre foi et de notre vie ! Avec ma Bénédiction apostolique.

Un « Docteur de l’Eglise de sept ans ? » Nennolina, enfant malade

16 novembre, 2008

du site: 

http://www.zenit.org/article-19372?l=french

Un « Docteur de l’Eglise de sept ans ? » Nennolina, enfant malade

Congrès au Vatican sur la pastorale des enfants malades

ROME, Vendredi 14 novembre 2008 (ZENIT.org) – L’Eglise pourrait-elle déclarer « Docteur de l’Eglise » une enfant de sept ans ? L’hypothèse avancée par certains a été mentionnées par le secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale du monde de la santé, Mgr José Luis Redrado, jeudi 13 novembre, à l’occasion du 23e congrès international organisé par son dicastère sur la pastorale des enfants malades.

Ses réflexions à ce sujet sont rapportées par l’agence de la conférence épiscopale italienne, le Service d’information religieuse (SIR).

Mgr Redrado a rappelé le cas de cette petite italienne morte à 7 ans, Antonietta Meo, surnommé eaffecueusement « Nennolina », née à Rome en 1930 et morte en 1937, et dont le procès de béatification est en cours (cf. Zenit des 17 décembre 2007 et 11 janvier 2008).

« Elle nous a laissé, a souligné Mgr Redrado, un journal et 150 lettres à Jésus, à la Vierge et à la Trinité ».

Il a fait observé que les experts qui se sont penchés sur ces documents y voient un « très beau système théologique », ce qui fait que certains ont parlé d’un « nouveau docteur de l’Eglise », après sainte Thérèse de Lisieux, « docteur » à 24 ans.

Mais rappelons que le doctorat suit la sainteté et pas l’inverse et suppose une influence notable de l’enseignement de la sainte ou du saint en question sur les chrétiens. D’autres candidats sont sur les rangs, comme saint Louis Marie Grignion de Montfort ou saint Ignace de Loyola…

A propos de la prochaine béatification de la – très – jeune Antonietta Meo, le cardinal Saraiva Martins, portugais, préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints, et qui a vu la béatification des deux premiers petits enfants non-martyrs dans les pastoureaux de Fatima, Francisco et Jacinta, le 13 mai 2000, rappelait en janvier dernier : « La sainteté est pour tous ! Le cas de Nennolina est certainement une nouvelle confirmation de cette vérité fortement mise en relief par Vatican II. La sainteté, je le dis souvent, n’est pas à l’usage d’un petit nombre, mais un devoir contraignant pour tous les baptisés ».

Il insistait spécialement sur la sainteté des laïcs comme « extrêmement importante » : « C’était une vérité que Jean-Paul II a toujours cherché à mettre en lumière. Cela me fait me souvenir aussi de Giorgio La Pira qui disait : ‘La sainteté au XXe siècle – on peut dire au XXIe siècle – a une caractéristique : la laïcité’. Il disait bien que dans cinquante ans peut-être, nous verrions [canoniser] des personnes que nous rencontrons dans la rue : professeurs d’université, politiciens, économistes etc… Donc, le cas de Nennolina est une autre confirmation de la sainteté des laïcs ».

Audience générale du 12 novembre : l’attente du retour du Christ

13 novembre, 2008

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http://www.zenit.org/article-19356?l=french

Audience générale du 12 novembre : l’attente du retour du Christ

Texte intégral

ROME, Mercredi 12 novembre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.

* * *

Chers frères et sœurs,

Le thème de la résurrection, sur lequel nous nous sommes arrêtés la semaine dernière, ouvre une nouvelle perspective, celle de l’attente du retour du Seigneur, et nous conduit donc à réfléchir sur le rapport entre le temps présent, temps de l’Eglise et du Royaume du Christ, et l’avenir (éschaton) qui nous attend, lorsque le Christ remettra le Royaume au Père (cf. 1 Co 15, 24). Chaque discours chrétien sur les choses ultimes, appelé eschatologie, part toujours de l’événement de la résurrection : dans cet événement les choses ultimes sont déjà commencées et, dans un certain sens, déjà présentes.

Dans la deuxième Lettre aux Thessaloniciens Paul change la perspective ; il parle des événements négatifs qui devront précéder l’événement final et conclusif. Il ne faut pas se laisser tromper – dit-il – comme si le jour du Seigneur était vraiment imminent, selon un calcul chronologique : « Frères, nous voulons vous demander une chose, au sujet de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui : si on nous attribue une révélation, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n’allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer. Ne laissez personne vous égarer d’aucune manière » (2, 1-3). La suite de ce texte annonce qu’avant l’arrivée du Seigneur il y aura l’apostasie et que devra se révéler « l’homme de l’impiété », le « fils de perdition » (2, 3), qui n’est pas mieux défini et que la tradition appellera par la suite l’antéchrist. Mais l’intention de cette lettre de saint Paul est avant tout pratique ; il écrit : « Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cette consigne : si quelqu’un ne veut pas travailler qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l’oisiveté, affairés sans rien faire. A ceux-la nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné » (3, 10-12). En d’autres termes, l’attente de la parousie de Jésus ne dispense pas de l’engagement dans ce monde, mais au contraire crée une responsabilité devant le Juge divin à propos de nos actions dans ce monde. C’est justement ainsi que grandit notre responsabilité de travailler dans et pour ce monde. Nous verrons la même chose dimanche prochain dans l’évangile des talents, où le Seigneur nous dit qu’il nous a confié des talents à tous et que le Juge en demandera des comptes en disant : Avez-vous porté du fruit ? L’attente du retour implique donc une responsabilité pour ce monde.

La même chose et le même lien entre parousie – retour du Juge/Sauveur et notre engagement dans notre vie apparaît dans un autre contexte et sous de nouveaux aspects dans la Lettre aux Philippiens. Paul est en prison et attend la sentence qui peut le condamner à mort. Dans cette situation il pense à sa future présence auprès du Seigneur, mais aussi il pense à la communauté de Philippe qui a besoin de son père, de Paul, et écrit : « En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c’est bien cela le meilleur ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. J’en suis fermement convaincu ; je sais donc que je resterai, et que je continuerai à être avec vous tous pour votre progrès et votre joie dans la foi. Ainsi, quand je serai de retour parmi vous, vous aurez en moi un nouveau motif d’orgueil dans le Christ Jésus » (1, 21-26). Paul n’a pas peur de la mort, au contraire : elle implique en effet d’être complètement avec le Christ. Mais Paul participe également des sentiments du Christ, qui n’a pas vécu pour lui-même, mais pour nous. Vivre pour les autres devient le programme de sa vie et démontre ainsi sa disponibilité parfaite à la volonté de Dieu, à ce que Dieu décidera. Il est surtout disponible, même à l’avenir, à vivre sur cette terre pour les autres, à vivre pour le Christ, à vivre pour sa présence vivante et ainsi pour le renouveau du monde. Nous voyons que cette présence auprès du Christ crée une grande liberté intérieure : liberté devant la menace de la mort, mais liberté aussi face à tous les engagements et toutes les souffrances de la vie. Il est simplement disponible pour Dieu et réellement libre. Et interrogeons-nous à présent, après avoir examiné les différents aspects de l’attente de la parousie du Christ : quelles sont les attitudes fondamentales du chrétien face aux choses ultimes : la mort, la fin du monde ? La première attitude est la certitude que Jésus est ressuscité, qu’il est avec le Père et est ainsi justement avec nous, pour toujours. Et personne n’est plus fort que le Christ, parce qu’il est avec le Père, parce qu’il est avec nous. Nous nous sentons plus sûrs, libérés de la peur. Cela était un effet essentiel de la prédication chrétienne. La peur des esprits, des divinités était répandue dans tout le monde antique et aujourd’hui également les missionnaires trouvent la peur des esprits, des pouvoirs néfastes qui nous menacent, mêlés à de nombreux éléments positifs des religions naturelles. Le Christ vit, a vaincu la mort et a vaincu tous ces pouvoirs. Nous vivons dans cette certitude, dans cette liberté, dans cette joie. C’est le premier aspect de notre vie concernant l’avenir. En deuxième lieu la certitude que le Christ est avec moi. Et comme dans le Christ le monde à venir est déjà commencé, cela nous donne aussi la certitude de l’espérance. L’avenir n’est pas un trou noir dans lequel personne ne s’oriente. Il n’en est pas ainsi. Sans le Christ, l’avenir est sombre même pour le monde d’aujourd’hui, il y a une grande crainte de l’avenir. Le chrétien sait que la lumière du Christ est plus forte, aussi vit-il dans une espérance qui n’est pas vague, dans une espérance qui donne de l’assurance et du courage pour affronter l’avenir. Enfin, la troisième attitude. Le Juge qui revient – il est juge et sauveur en même temps – nous a laissé l’engagement de vivre dans ce monde selon son mode de vie. Il nous a remis ses talents. Aussi notre troisième attitude est-elle : une responsabilité pour le monde, pour nos frères face au Christ, et en même temps également une certitude de sa miséricorde. Les deux choses sont importantes. Nous ne vivons pas comme si le bien et le mal étaient égaux, parce que Dieu seul peut être miséricordieux. Il serait trompeur de dire cela. En réalité, nous vivons dans une grande responsabilité. Nous avons nos talents, nous sommes chargés de travailler pour que ce monde s’ouvre au Christ, soit renouvelé. Mais même en travaillant et en sachant dans notre responsabilité que Dieu est un vrai juge, nous sommes également certains que ce juge est bon, nous connaissons son visage, le visage du Christ ressuscité, du Christ crucifié pour nous. Aussi pouvons-nous être sûrs de sa bonté et aller de l’avant avec un grand courage. Un autre élément de l’enseignement paulinien concernant l’eschatologie est celui de l’universalité de l’appel à la foi, qui réunit les Juifs et les Gentils, c’est-à-dire les païens, comme signe et anticipation de la réalité future, ce qui nous permet de dire que nous siégeons déjà dans les cieux avec Jésus Christ, mais pour montrer dans les siècles futurs la richesse de la grâce (cf. Ep 2, 6sq) : l’après devient un avant pour mettre en évidence l’état de début de réalisation dans lequel nous vivons. Cela rend tolérables les souffrances du moment présent, qui ne sont cependant pas comparables à la gloire future (cf. Rm 8, 18). Nous marchons dans la foi et non dans une vision, et même s’il était préférable de partir en exil du corps et d’habiter auprès du Seigneur, ce qui compte en définitive, que l’on demeure dans le corps ou que l’on en sorte, est qu’on Lui soit agréable (cf. 2 Co 5, 7-9).

Enfin, un dernier point qui peut nous paraître un peu difficile. Saint Paul en conclusion de sa seconde Lettre aux Corinthiens, répète et fait dire aux Corinthiens une prière née dans les premières communautés chrétiennes de la région palestinienne : Maranà, thà ! qui signifie littéralement « Notre Seigneur, viens ! » (16, 22). C’était la prière de la première chrétienté et même le dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse, se termine par cette prière : « Seigneur, viens ! ». Pouvons-nous nous aussi prier ainsi ? Il me semble que pour nous aujourd’hui, dans notre vie, dans notre monde, il est difficile de prier sincèrement pour que ce monde périsse, pour que vienne la nouvelle Jérusalem, pour que vienne le jugement dernier et le juge, le Christ. Je pense sincèrement que si nous n’osons pas prier ainsi pour de nombreux motifs, nous pouvons cependant également dire d’une manière juste et correcte, avec la première chrétienté : « Viens, Seigneur Jésus ! ». Bien sûr nous ne voulons pas que la fin du monde arrive. Mais d’autre part, nous voulons également que se termine ce monde injuste. Nous voulons également que le monde soit fondamentalement changé, que commence la civilisation de l’amour, qu’arrive un monde de justice, de paix, sans violence, sans faim. Nous voulons tout cela : et comment cela pourrait-il arriver sans la présence du Christ ? Sans la présence du Christ, un monde réellement juste et renouvelé n’arrivera jamais. Et même si d’une autre manière, totalement et en profondeur, nous pouvons et nous devons dire nous aussi, avec une grande urgence dans les circonstances de notre époque : viens, Seigneur ! Viens à ta manière, selon les manières que tu connais. Viens où il y a de l’injustice et de la violence. Viens dans les camps de réfugiés, au Darfour, au Nord-Kivu, dans de si nombreuses parties du monde. Viens où règne la drogue. Viens également parmi ces riches qui t’ont oublié, qui vivent seulement pour eux-mêmes. Viens là où tu n’es pas connu. Viens à ta manière et renouvelle le monde d’aujourd’hui. Viens également dans nos cœurs, viens et renouvelle notre vie, viens dans notre cœur pour que nous-mêmes puissions devenir lumière de Dieu, ta présence. Prions en ce sens avec saint Paul : Maranà, thà ! « Viens, Seigneur Jésus ! ». Et prions pour que le Christ soit réellement présent aujourd’hui dans notre monde et le renouvelle.

Puis le pape a proposé une synthèse de sa catéchèse, en français :

Chers frères et sœurs,

Je vous invite à méditer, ce matin, sur la relation entre le temps présent, qui a trouvé son accomplissement dans l’incarnation et dans l’événement pascal, et l’avenir qui nous attend dans la rencontre finale lorsque le Christ remettra le Royaume à son Père. Nous pouvons dégager quelques points de l’enseignement de saint Paul sur le thème de l’attente de la parousie, du retour du Seigneur. D’abord, l’Apôtre affirme que le Christ existe avant toute créature et qu’il est le premier-né de ceux qui ressuscitent d’entre les morts. Et nous, nous attendons une demeure éternelle, aspirant à être revêtus d’un corps céleste. Dans le temps présent, nous sommes dans l’attente de comparaître devant le Seigneur pour recevoir la récompense. Notre vraie patrie demeure toujours celle des cieux. Dans son enseignement concernant l’eschatologie, Paul souligne aussi l’universalité de l’appel à la foi, qui réunit Juifs et Gentils, comme signe et anticipation de la réalité future.

En résumé, nous pouvons dire que saint Paul a la préoccupation d’annoncer que notre salut est lié à l’événement pascal et à l’avenir eschatologique. Il a réuni ces deux aspects dans une heureuse expression de sa Lettre aux Romains : « Dans l’espérance nous avons été sauvés » (8, 24). En effet, notre espérance se fonde non pas sur une utopie, mais sur une « nouveauté de vie », qui est réelle et qui est en croissance. Avec saint Paul, disons nous aussi Maranà thà ! Notre Seigneur, viens !

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins de langue française. A tous je souhaite de prendre une conscience renouvelée que la foi chrétienne est aussi pour nous aujourd’hui une espérance qui transforme et soutient notre vie. Avec ma Bénédiction apostolique.

Angélus de la Toussaint

5 novembre, 2008

du site: 

http://www.zenit.org/article-19265?l=french

Angélus de la Toussaint 

Texte intégral

 

 ROME, Lundi 3 novembre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la méditation que le pape Benoît XVI a prononcée avant la prière de l’Angélus, samedi dernier 1er novembre, en la solennité de la Toussaint. 

* * * 

Nous célébrons aujourd’hui avec une grande joie la fête de la Toussaint. Lorsque l’on visite un jardin botanique, on est émerveillé par la variété des plantes et des fleurs, et spontanément, on pense à l’imagination du Créateur qui a fait de la terre un merveilleux jardin. Un sentiment analogue nous saisit lorsque nous considérons le spectacle de la sainteté : le monde nous apparaît comme un « jardin », où l’Esprit de Dieu a suscité avec une imagination admirable une multitude de saints et de saintes, de tous âges et de toute condition sociale, de toute langue, peuple et culture. Chacun est différent, singulier dans sa personnalité humaine et son charisme spirituel. Mais tous ont le « sceau » de Jésus (cf. Ap 7,3) imprimé en eux, c’est-à-dire l’empreinte de son amour, témoigné par la Croix. Ils sont tous dans la joie, dans une fête sans fin, mais, comme Jésus, ils ont atteint cet objectif en passant à travers les difficultés et l’épreuve (cf. Ap 7,14), en affrontant chacun sa part de sacrifice pour participer à la gloire de la résurrection. 

La solennité de la Toussaint s’est affirmée au cours du premier millénaire chrétien comme la célébration collective des martyrs. En 609 déjà, à Rome, le pape Boniface IV avait consacré le Panthéon en le dédiant à la Vierge Marie et à tous les Martyrs. Ce martyre, nous pouvons d’ailleurs le comprendre au sens large, c’est-à-dire comme l’amour sans réserve pour le Christ, un amour qui s’exprime dans le don total de soi à Dieu et à nos frères. Cet objectif spirituel, vers lequel tendent tous les baptisés, on l’atteint en suivant la voie des « béatitudes » évangéliques, que la liturgie nous montre dans la solennité d’aujourd’hui (cf. Mt 5,1-12a). C’est la voie tracée par Jésus et que les saints et les saintes se sont efforcés de parcourir, tout en étant conscients de leurs limites humaines. Au cours de leur existence terrestre en effet, ils ont été pauvres en esprit, désolés de leurs péchés, doux, affamés, et assoiffés de justice, miséricordieux, purs de cœur, artisans de paix, persécutés pour la justice. Et Dieu les a fait participer à son bonheur : ils en ont eu un avant-goût dans ce monde, et dans l’au-delà, ils en jouissent pleinement. Ils sont maintenant consolés, héritiers de la terre, rassasiés, pardonnés, ils voient Dieu dont ils sont les enfants. En un mot : « Le Royaume des Cieux est à eux » (cf. Mt 5, 3.10). 

En ce jour, nous sentons se raviver en nous l’attirance vers le Ciel qui nous pousse à hâter le pas dans notre pèlerinage terrestre. Nous sentons s’allumer en nos cœurs le désir de nous unir pour toujours à la famille des saints, dont nous avons la grâce de déjà faire partie. Comme le dit un célèbre Spiritual : « Lorsque la foule de tes saints viendra, oh ! comme je voudrais, Seigneur, en faire partie ! ». Puisse cette belle aspiration être ardente chez tous les chrétiens, et les aider à surmonter chaque difficulté, chaque peur, chaque tribulation ! Mettons, chers amis, notre main dans celle de Marie, Reine de tous les saints, et laissons-nous conduire par elle vers la patrie céleste, en compagnie des esprits bienheureux « de toute nation, race, peuple et langue » (Ap 7, 9). Et unissons déjà dans la prière le souvenir de nos chers défunts que nous commémorerons demain. 

APRES L’ANGELUS 

Le pape a salué les fidèles en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français : 

En ce jour de la solennité de Tous les Saints, je vous accueille avec joie, chers pèlerins de langue française, en particulier les membres de la famille de sainte Philippine Duchesne. Aujourd’hui, nous honorons la foule immense de tous ceux qui nous ont précédés et qui ont mis leur foi en Dieu, source de toute sainteté. Les saints nous invitent à vivre la joie profonde qui naît de la foi, de l’espérance et de la charité. Avec ma Bénédiction apostolique.  

Pape Benoît: Audience générale du 22 octobre : la christologie de saint Paul

23 octobre, 2008

du site: 

http://www.zenit.org/article-19172?l=french

Audience générale du 22 octobre : la christologie de saint Paul

Texte intégral

ROME, Mercredi 22 octobre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.

Chers frères et sœurs,

Dans les catéchèses des semaines précédentes nous avons médité sur la « conversion » de saint Paul, fruit de sa rencontre personnelle avec Jésus crucifié et ressuscité, et nous nous sommes interrogés sur ce qu’a été la relation de l’apôtre des nations avec Jésus terrestre. Aujourd’hui je voudrais parler de l’enseignement que saint Paul nous a laissé sur le caractère central du Christ ressuscité dans le mystère du salut, sur sa christologie. En vérité, Jésus Christ ressuscité, « exalté au dessus de tous les noms », est au centre de toutes ses réflexions. Le Christ est pour l’apôtre le critère d’évaluation des événements et des choses, l’objectif de chaque effort qu’il accomplit pour annoncer l’Evangile, la grande passion qui soutient ses pas sur les routes du monde. Et il s’agit d’un Christ vivant, concret : le Christ – dit Paul – « qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Cette personne qui m’aime, avec laquelle je peux parler, qui m’écoute et me répond, tel est réellement le principe pour comprendre le monde et pour trouver le chemin dans l’histoire.

Celui qui a lu les écrits de saint Paul sait bien qu’il ne s’est pas soucié de rapporter chacun des faits qui composent la vie de Jésus, même si nous pouvons penser que dans ses catéchèses il a raconté bien davantage sur le Jésus pré-pascal que ce qu’il écrit dans les Lettres, qui sont des avertissements dans des situations précises. Son intention pastorale et théologique visait tellement à l’édification des communautés naissantes, qu’il concentrait spontanément tout dans l’annonce de Jésus Christ comme « Seigneur » vivant aujourd’hui et présent aujourd’hui parmi les siens. D’où le caractère essentiel de la christologie paulinienne, qui développe les profondeurs du mystère avec un souci constant et précis : annoncer, bien sûr, Jésus vivant, son enseignement, mais annoncer surtout la réalité centrale de sa mort et de sa résurrection, comme sommet de son existence terrestre et racine du développement successif de toute la foi chrétienne, de toute la réalité de l’Eglise. Pour l’apôtre, la résurrection n’est pas un événement isolé, séparé de la mort : le Ressuscité est toujours celui qui, auparavant, a été crucifié. Même ressuscité il porte ses blessures : la passion est présente en Lui et l’on peut dire avec Pascal qu’il est souffrant jusqu’à la fin du monde, tout en étant Ressuscité et en vivant avec nous et pour nous. Cette identité du Ressuscité avec le Christ crucifié, Paul l’avait comprise lors de la rencontre sur le chemin de Damas : à cet instant-là, il lui avait été clairement révélé que le Crucifié est le Ressuscité et que le Ressuscité est le Crucifié, qui dit à Paul : « Pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9, 4). Paul persécute le Christ dans l’Eglise et comprend alors que la croix est une « une malédiction de Dieu » (Dt 21, 23), mais un sacrifice pour notre rédemption.

L’apôtre contemple avec fascination le secret caché du Crucifié-ressuscité et, à travers les souffrances vécues par le Christ dans son humanité (dimension terrestre), il remonte à cette existence éternelle dans laquelle Il ne fait qu’un avec le Père (dimension pré-temporelle) : « Mais lorsque les temps furent accomplis – écrit-il – , Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sous la domination de la loi de Moïse pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la Loi et pour faire de nous des fils » (Ga 4, 4-5). Ces deux dimensions, la préexistence éternelle auprès du Père et la descente du Seigneur dans l’incarnation, s’annoncent déjà dans l’Ancien Testament, dans la figure de la Sagesse. Nous trouvons dans les Livres sapientiaux de l’Ancien Testament certains textes qui exaltent le rôle de la Sagesse préexistante à la création du monde. C’est dans ce sens que doivent être lus des passages comme celui du Psaume 90 : « Avant que naissent les montagnes, que tu enfantes la terre et le monde, de toujours à toujours, toi, tu es Dieu » (v. 2); ou des passages comme celui qui parle de la Sagesse créatrice : « Le Seigneur m’a créée, prémices de son œuvre, avant ses œuvres les plus anciennes. Dès l’éternité je fus établie, dès le principe, avant l’origine de la terre » (Pr 8, 22-23). L’éloge de la Sagesse, contenu dans le livre homonyme, est également suggestif : « Elle s’étend avec force d’un bout du monde à l’autre et elle gouverne l’univers pour son bien » (Sg 8, 1).

Ces mêmes textes sapientiaux qui parlent de la préexistence éternelle de la Sagesse, parlent également de la descente, de l’abaissement de cette Sagesse, qui s’est créée une tente parmi les hommes. Nous entendons ainsi déjà résonner les paroles de l’évangile de Jean qui parle de la tente de la chair du Seigneur. Elle s’est créé une tente dans l’Ancien Testament : là est indiqué le temple, le culte selon la « Torah » ; mais du point de vue du Nouveau Testament nous pouvons dire que celle-ci n’était qu’une préfiguration d’une tente bien plus réelle et significative : la tente de la chair du Christ. Et nous voyons déjà dans les Livres de l’Ancien Testament que cet abaissement de la sagesse, sa descente dans la chair, implique également la possibilité qu’elle soit refusée. Saint Paul, en développant sa christologie fait précisément référence à cette perspective sapientielle : il reconnaît en Jésus la sagesse éternelle existant depuis toujours, la sagesse qui descend et se crée une tente parmi nous et ainsi il peut décrire le Christ, comme « puissance et sagesse de Dieu », il peut dire que le Christ est devenu pour nous « par lui [Dieu] notre sagesse, pour être notre justice, notre sanctification, notre rédemption » (1 Co 1, 24.30). De même, Paul explique que le Christ, de même que la Sagesse, peut être refusé en particulier par les dominateurs de ce monde (cf. 1 Co 2, 6-9), si bien que dans les desseins de Dieu peut se créer une situation paradoxale, la croix, qui se retournera en chemin de salut pour tout le genre humain.

Un développement ultérieur de ce cycle sapientiel, qui voit la Sagesse s’abaisser pour ensuite être exaltée malgré le refus qu’on peut lui opposer, se trouve dans le célèbre hymne contenu dans la Lettre aux Philippiens (cf. 2, 6-11). Il s’agit de l’un des textes les plus élevés de tout le Nouveau Testament. La grande majorité des exégètes s’accordent désormais à considérer que ce passage reproduit une composition antérieure au texte de la Lettre aux Philippiens. Il s’agit d’une donnée très importante, car cela signifie que le judéo-christianisme, avant saint Paul, croyait dans la divinité de Jésus. En d’autres termes, la foi dans la divinité de Jésus n’est pas une invention hellénistique, apparue bien après la vie terrestre de Jésus, une invention qui, oubliant son humanité, l’aurait divinisé ; nous voyons en réalité que le premier judéo-christianisme croyait en la divinité de Jésus, et nous pouvons même dire que les Apôtres eux-mêmes, dans les grands moments de la vie de leur Maître, ont compris qu’Il était le Fils de Dieu, comme le dit saint Pierre à Césarée de Philippes : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Mais revenons à l’hymne de la Lettre aux Philippiens. La structure de ce texte peut être articulée en trois strophes, qui illustrent les moments principaux du parcours accompli par le Christ. Sa préexistence est exprimée par les paroles : « lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu » (v. 6) ; suit alors l’abaissement volontaire du Fils dans la deuxième strophe : « mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur » (v. 7), jusqu’à s’humilier lui-même « en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (v. 8). La troisième strophe de l’hymne annonce la réponse du Père à l’humiliation du Fils : « C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le nom qui surpasse tous les noms » (v. 9). Ce qui frappe est le contraste entre l’abaissement radical et la glorification successive dans la gloire de Dieu. il est évident que cette seconde strophe est en opposition avec la prétention d’Adam qui voulait lui-même se faire Dieu, en opposition également avec le geste des bâtisseurs de la tour de Babel qui voulaient édifier seuls le pont vers le ciel et devenir eux-mêmes des divinités. Mais cette initiative de l’orgueil s’acheva dans l’autodestruction : ce n’est pas ainsi que l’on arrive au ciel, au bonheur véritable, à Dieu. Le geste du Fils de Dieu est exactement le contraire : non l’orgueil, mais l’humilité, qui est la réalisation de l’amour et l’amour est divin. L’initiative d’abaissement, d’humilité radicale du Christ, à laquelle s’oppose l’orgueil humain, est réellement l’expression de l’amour divin ; celle-ci est suivie par cette élévation au ciel vers laquelle Dieu nous attire avec son amour. Outre la Lettre aux Philippiens, il y a d’autres passages de la littérature paulinienne où les thèmes de la préexistence et de la descente du Fils de Dieu sur la terre sont liés. Une réaffirmation de l’assimilation entre Sagesse et Christ, avec toutes les conséquences cosmiques et anthropologiques qui en découlent, se retrouve dans la première Lettre à Timothée : « C’est le Christ manifesté dans la chair, justifié par l’Esprit, apparu aux anges, proclamé chez les païens, accueilli dans le monde par la foi, enlevé au ciel dans la gloire » (3, 16). C’est surtout sur ces prémisses que l’on peut mieux définir la fonction du Christ comme Médiateur unique, avec en toile de fond l’unique Dieu de l’Ancien Testament (cf. 1 Tm 2, 5 en relation avec Is 43, 10-11; 44, 6). C’est le Christ le vrai pont qui nous conduit au ciel, à la communion avec Dieu.

Et enfin quelques mots sur les derniers développements de la christologie de saint Paul dans les Lettres aux Colossiens et aux Ephésiens. Dans la première le Christ est qualifié de : « Premier né par rapport à toutes les créatures » (1, 15-20). Ce terme de « Premier né » implique que le premier parmi tant de fils, le premier parmi tant de frères et de sœurs est descendu pour nous attirer à lui et faire de nous ses frères et sœurs. Dans la Lettre aux Ephésiens nous trouvons une belle présentation du plan divin du salut, lorsque Paul dit que dans le Christ Dieu voulait récapituler toute chose (cf. Ep 1, 23). Le Christ est la récapitulation de toutes les choses, il résume toute chose et nous guide vers Dieu. Et ainsi il nous implique dans un mouvement de descente et de montée, en nous invitant à participer à son humilité, c’est-à-dire à son amour envers le prochain, pour participer ainsi également de sa glorification en devenant comme lui fils dans le Fils. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à nous conformer à son humilité, à son amour, pour qu’il nous soit ainsi permis de participer de sa divinisation. Puis le pape a proposé une synthèse de sa catéchèse, en français :

Chers frères et sœurs,

Je méditerai aujourd’hui sur l’enseignement de saint Paul à propos de la centralité du Christ ressuscité dans le mystère du salut: préexistence et incarnation. La caractéristique essentielle de la christologie paulinienne est d’annoncer la mort et la résurrection de Jésus comme sommet de son existence terrestre et racine du développement de toute la théologie chrétienne. Pour Paul, il y a une identité salvatrice parfaite entre Celui qui vit éternellement dans la gloire et le Jésus terrestre. L’Apôtre contemple le secret caché du Crucifié-ressuscité et, à travers les souffrances dont le Christ fait l’expérience dans son humanité, il remonte à l’existence éternelle dans laquelle il ne fait qu’un avec le Père. Pour comprendre la pensée de Paul sur les thèmes de la préexistence et de l’incarnation du Christ, il faut se reporter à certains textes de l’Ancien Testament qui exaltent le rôle de la Sagesse préexistante à la création du monde. Par ailleurs, dans la Lettre aux Philippiens, Paul montre que l’abaissement de Jésus ne signifie pas qu’il abandonne sa divinité, qui le caractérisait déjà, mais qu’il prend sur lui ce qu’il n’avait pas, il se fait humble serviteur. De même, dans la Lettre aux Colossiens, Paul qualifie le Christ de « premier-né », mettant ainsi en relief son primat sur toutes choses. Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones. Je salue particulièrement le groupe du diocèse d’Aire et Dax, ainsi que tous les pèlerins des paroisses et collèges de Suisse et de France. En cette année paulinienne, que votre pèlerinage à Rome soit pour vous l’occasion de redécouvrir l’enseignement de l’Apôtre des Nations qui nous invite à approfondir toujours plus notre connaissance et notre amour du Christ. Que Dieu vous bénisse

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