Archive pour la catégorie 'Zenith'

« Le Message de Lourdes : d’hier à aujourd’hui, d’aujourd’hui à demain »

6 décembre, 2007

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« Le Message de Lourdes : d’hier à aujourd’hui, d’aujourd’hui à demain »

Colloque d’ouverture de l’année jubilaire

ROME, Mercredi 5 décembre 2007 (ZENIT.org) – « Le Message de Lourdes : d’hier à aujourd’hui, d’aujourd’hui à demain » : c’est le titre du colloque qui suivra l’ouverture, les 7 et 8 décembre, de l’année jubilaire des 150 ans des apparitions de la Vierge Marie à Lourdes, à la grotte de Massabielle, à sainte Bernadette soubirous.

Les sanctuaires organisent en effet, du 9 au 11 décembre, un colloque sur « le Message de Lourdes : d’hier à aujourd’hui, d’aujourd’hui à demain »

.Pendant trois jours, conf

érences, veillées et table ronde se succèderont. Au total, près de 500 personnes sont attendues pour découvrir ou redécouvrir le Message de Lourdes depuis le temps des Apparitions jusqu’au XXIème siècle.

Lundi 10 décembre est la journée clé de ce colloque avec notamment une table ronde sur « les points de vue de quatre grands sanctuaires marials » sur Lourdes, l’évocation de « Lourdes après le concile Vatican II » par des recteurs des Sanctuaires Notre-Dame de Lourdes, et la veillée « Lourdes et le cinéma ».

« Si je ne me trompe, fait observer l’évêque de Tarbes et Lourdes, Mgr Jacques Perrier, ce colloque sera le 9ème du genre. Pour l’année du 150ème anniversaire, le thème s’imposait : le Message de Lourdes. A trois conditions : ne pas réduire le Message de Lourdes à des paroles ; tenir compte de ce qui s’est passé depuis 150 ans ; ouvrir vers l’avenir. Cela vous explique le titre et le plan du colloque : un temps sur le noyau initial ; un temps sur le développement du Message ; un temps sur sa pertinence pour notre temps ».

Depuis 1858, année des Apparitions, les foules sont nombreuses à se rendre en pèlerinage à Lourdes. Aujourd’hui, ce sont 6 millions de pèlerins et visiteurs qui passent chaque année à la Grotte de Massabielle. C’est pour cette raison que Lourdes est souvent considérée comme le lieu de la « piété populaire », au sens le plus noble du terme et dont Mgr Perrier s’est dit « se vanter », lors de la présentation du Jubilé

au Vatican (cf. Zenit du 13 novembre 2007).

Et Lourdes est en même temps « un lieu de réflexion » : depuis l’an 2000, à l’initiative de MgrJacques Perrier, un « colloque préparatoire » au thème spirituel de l’année suivante est proposé chaque année aux directeurs de pèlerinages et à tous ceux qui le souhaitent.

Anita S. Bourdin

Audience générale : saint Chromace d’Aquilée

6 décembre, 2007

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Audience générale : saint Chromace d’Aquilée

Texte intégral

ROME, Mercredi 5 décembre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse donnée par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, ce mercredi, dans la salle Paul VI du Vatican.

Chers frères et sœurs !Dans les deux derni

ères catéchèses nous avons suivi un parcours à travers les Eglises d’Orient de langue sémitique, en méditant sur Aphraate le Persan et sur saint Ephrem le Syrien ; aujourd’hui, nous revenons au monde latin, au nord de l’empire romain, avec saint Chromace d’Aquilée. Cet évêque exerça son ministère dans l’antique Eglise d’Aquilée, fervent centre de vie chrétienne situé dans la Dixième région de l’Empire romain, la Venetia et Histria. En 388, lorsque Chromace monta sur la chaire épiscopale de la ville, la communauté chrétienne locale avait déjà mûri une glorieuse histoire de fidélité à l’Evangile. Entre la moitié du troisième siècle et les premières années du quatrième siècle, les persécutions de Dèce, de Valérien et de Dioclétien avaient moissonné un grand nombre de martyrs. En outre, l’Eglise d’Aquilée s’était mesurée, comme tant d’autres Eglises de l’époque, à la menace de l’hérésie arienne. Athanase lui-même – le héraut de l’orthodoxie de Nicée, que les ariens avaient chassé en exil -, trouva refuge pendant quelques temps à Aquilée. Sous la direction de ses évêques, la communauté chrétienne résista aux menaces de l’hérésie et renforça son adhésion à la foi catholique.

En septembre, 381 Aquilée fut le siège d’un Synode, auquel participèrent environ 35 évêques des côtes de l’Afrique, de la vallée du Rhône et de toute la Dixième région. Le Synode se proposait de faire disparaître les résidus de l’arianisme en Occident. Le prêtre Chromace prit également part au Concile, en qualité d’expert de l’évêque d’Aquilée, Valérien (370/1- 387/8). Les années autour du Synode de 381 représentent « l’âge d’or » de la communauté d’Aquilée. Saint Jérôme, qui était né en Dalmatie, et Rufin de Concorde, parlent avec nostalgie de leur séjour à Aquilée (370-373), dans cette sorte de cénacle théologique que Jérôme n’hésite pas à définir tamquam chorus beatorum, « comme un chœur de bienheureux » (Chronique : PL XXVIII, 697-698). Dans ce cénacle – qui rappelle par certains aspects les expériences communautaires conduites par Eusèbe de Vercelli et par Augustin – se formèrent les plus importantes personnalités des Eglises de la Haute Adriatique.Mais Chromace avait d

éjà appris dans sa famille à connaître et à aimer le Christ. Saint Jérôme lui-même nous en parle, avec des termes pleins d’admiration, comparant la mère de Chromace à la prophétesse Anne, ses deux sœurs aux vierges prudentes de la parabole évangélique, Chromace lui-même et son frère Eusèbe au jeune Samuel (cf. Ep VII : PL XXII, 341). Jérôme écrit encore à propos de Chromace et d’Eusèbe : « Le bienheureux Chromace et saint Eusèbe étaient frères par les liens du sang, tout autant que par l’identité de leurs idéaux » (Ep. VIII : PL XXII, 342).

Chromace était né à Aquilée vers 345. Il fut ordonné diacre et ensuite prêtre ; puis il fut élu Pasteur de cette Eglise (avant 388). Ayant reçu la consécration épiscopale de l’évêque Ambroise, il se consacra avec courage et énergie à une tâche démesurée en raison de l’ampleur du territoire confié à ses soins pastoraux : en effet, la juridiction ecclésiastique d’Aquilée s’étendait des territoires actuels de la Suisse bavaroise, d’Autriche et de Slovénie, jusqu’à la Hongrie. On peut comprendre à quel point Chromace était connu et estimé dans l’Eglise de son temps à partir d’un épisode de la vie de saint Jean Chrysostome. Lorsque l’évêque de Constantinople fut exilé de son siège, il écrivit trois lettres à ceux qu’il considérait comme les plus importants évêques d’Occident, pour en obtenir l’appui auprès des empereurs : il écrivit une lettre à l’évêque de Rome, la deuxième à l’évêque de Milan, la troisième à l’évêque d’Aquilée, précisément Chromace (Ep. CLV : PG LII, 702). Il s’agissait d’une époque difficile pour lui aussi, en raison de la situation politique précaire. Chromace mourut probablement en exil, à Grado, alors qu’il cherchait à échapper aux incursions barbares, en 407, l’année où mourut également Jean Chrysostome.Le prestige et l’importance d’Aquil

ée en faisait la quatrième ville de la péninsule italienne et la neuvième de l’empire romain : c’est également pour cette raison qu’elle attirait les visées des Goths et des Huns. Les invasions de ces peuples causèrent non seulement de graves deuils et des destructions, mais compromirent gravement la transmission des œuvres des Pères conservées dans la bibliothèque épiscopale, riche de codex. Les écrits de Chromace furent eux aussi dispersés de part et d’autre, et ils furent souvent attribués à d’autres auteurs : à Jean Chysostome (également en raison des premières lettres de leurs noms qui était semblable, Chromatius comme Chrysostomus) ; ou bien à Ambroise et à Augustin ; et également à Jérôme, que Chromace avait beaucoup aidé dans la révision du texte et dans la traduction latine de la Bible. La redécouverte d’une grande partie de l’œuvre de Chromace est due à des événements heureux et fortuits, qui ont permis au cours des récentes années de reconstruire un corpus d’écrits assez consistant : plus d’une quarantaine de sermons, dont une dizaine sont fragmentaires, et plus de soixante traités de commentaire à l’Evangile de Matthieu.

Chromace fut un sage maître

et un pasteur zélé. Son premier et principal engagement fut celui de se mettre à l’écoute de la Parole, pour être capable d’en être ensuite l’annonciateur : dans son enseignement, il part toujours de la Parole de Dieu et il y revient toujours. Certaines thématiques lui sont particulièrement chères : tout d’abord le mystère trinitaire, qu’il contemple dans sa révélation au cours de toute l’histoire du salut. Ensuite, le thème de l’Esprit Saint : Chromace rappelle constamment les fidèles à la présence et à l’action de la troisième Personne de la Très Sainte Trinité dans la vie de l’Eglise. Mais le saint évêque revient avec une insistance particulière sur le mystère du Christ. Le Verbe incarné est vrai Dieu et vrai homme : il a intégralement assumé l’humanité, pour lui faire don de sa propre divinité. Ces vérités, réaffirmées avec insistance également avec une fonction antiarienne, déboucheront une cinquantaine d’années plus tard sur la définition du Concile de Chalcédoine. La forte insistance sur la nature humaine du Christ conduit Chromace à parler de la Vierge Marie. Sa doctrine mariologique est limpide et précise. Nous lui devons quelques descriptions suggestives de la Très Sainte Vierge : Marie est la « vierge évangélique capable d’accueillir Dieu » ; elle est la « brebis immaculée et inviolée », qui a engendré l’« agneau vêtu de pourpre » (cf. Sermo XXIII, 3 : Ecrivains du cercle de saint Ambroise 3/1, p. 134). L’évêque d’Aquilée met souvent la Vierge en relation avec l’Eglise : en effet, toute les deux sont « vierges » et « mères ». L’ecclésiologie de Chromace se développe surtout dans le commentaire de Matthieu. Voici plusieurs concepts récurrents : l’Eglise est unique, elle est née du sang du Christ ; elle est le vêtement précieux tissé par l’Esprit Saint ; l’Eglise est là où l’on annonce que le Christ est né de la Vierge, où fleurit la fraternité et la concorde. Une image à laquelle Chromace est particulièrement attaché est celle du navire sur une mer en tempête : « Il ne fait pas de doute », affirme le saint évêque, « que ce navire représente l’Eglise » (cf. Tract. XLII, 5 : Ecrivains du cercle de saint Ambroise 3/2, p. 260).En tant que pasteur z

élé, Chromace sait parler à ses fidèles avec un langage frais, coloré et incisif. Bien que n’ignorant pas le parfait cursus latin, il préfère utiliser le langage populaire, riche d’images facilement compréhensibles. Ainsi, par exemple, à partir de l’image de la mer il fait une comparaison avec, d’une part, la pêche naturelle de poissons qui, tirés sur la rive, meurent ; et, de l’autre, la prédication évangélique, grâce à laquelle les hommes sont sauvés des eaux boueuses de la mort et introduits dans la vraie vie (cf. Tract. XVI, 3 : Ecrivains du cercle de saint Ambroise 3/2, p. 106). Toujours dans l’optique du bon pasteur, à une période agitée comme la sienne, frappée par les incursions des barbares, il sait se placer aux côtés des fidèles pour les réconforter et pour ouvrir leur âme à la confiance en Dieu, qui n’abandonne jamais ses enfants.

Citons enfin, en conclusion de ces réflexions, une exhortation de Chromace, encore aujourd’hui parfaitement valable : « Prions le Seigneur de tout notre cœur et de toute notre foi – recommande l’évêque d’Aquilée dans un de ses Sermons – prions-le de nous libérer de toute incursion des ennemis, de toute crainte des adversaires. Qu’il ne regarde pas nos mérites, mais sa miséricorde, lui qui par le passé également daigna libérer les fils d’Israël non en raison de leurs mérites, mais de sa miséricorde. Qu’il nous protège avec son amour miséricordieux constant, et qu’il accomplisse pour nous ce que le saint Moïse dit aux fils d’Israël : Le Seigneur combattra en votre défense, et vous resterez en silence. C’est lui qui combat, c’est lui qui remporte la victoire… Et afin qu’il daigne le faire, nous devons prier le plus possible. En effet, il dit lui-même par la bouche du prophète : Invoque-moi au jour de l’épreuve ; je te libérerai, et tu me rendras gloire’ » (Sermo XVI, 4 : Ecrivains du cercle de saint Ambroise 3/1, pp. 100-102).

Ainsi, précisément au début du temps de l’Avent, saint Chromace nous rappelle que l’Avent est un temps de prière, où il faut entrer en contact avec Dieu. Dieu nous connaît, il me connaît, il connaît chacun de nous, il m’aime, il ne m’abandonne pas. Allons de l’avant avec cette confiance dans le temps liturgique qui vient de commencer.

Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape

Chers Frères et Sœurs,

Saint Chromace a exercé son ministère dans l’antique Église d’Aquilée, sur l’Adriatique, qui connut son « âge d’or » à l’époque où elle fut le siège d’un synode, en 381. C’est dans cette ville qu’il était né vers 345. Il reçut tout d’abord la foi dans sa famille et, vers 388, il devint Évêque d’Aquilée. Il reçut l’ordination épiscopale de saint Ambroise et il se consacra avec courage et énergie à un ministère important dans l’immensité du territoire qui lui était confié. Il fut l’un des Évêques les plus connus et les plus estimés de son temps. Il est sans doute mort en exil, à Grado, en 407, la même année que saint Jean Chrysostome.Chromace voulut d’abord se mettre

à l’écoute de la Parole de Dieu pour être capable de l’annoncer : dans son enseignement, il part toujours de la Parole de Dieu et il y revient sans cesse. Plusieurs thèmes lui sont chers : avant tout le mystère trinitaire, dont il contemple la révélation tout au long de l’histoire du salut, puis l’Esprit Saint, et enfin il revient avec insistance sur le mystère du Christ, soulignant que le Sauveur a assumé intégralement la nature humaine pour lui faire le don de sa divinité. Pasteur zélé, son langage était frais, coloré et incisif, ayant recours à des images facilement compréhensibles par ses auditeurs.

Je vous souhaite la bienvenue, chers pèlerins de langue français. Je salue en particulier les diacres permanents du diocèse de Troyes et leurs épouses. A la suite de saint Chromace, je vous invite à prier le Seigneur de tout votre cœur, lui demandant de vous libérer de tout mal et de vous rendre dignes de participer un jour à sa gloire. Avec ma Bénédiction apostolique.

Les sans-abri « une icône du Christ » assoiffée de dignité

5 décembre, 2007

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Les sans-abri « une icône du Christ » assoiffée de dignité

Bilan de la rencontre internationale au Vatican sur la pastorale des gens de la rue

ROME, Mardi 4 décembre 2007 (ZENIT.org) – Plus d’un milliard de sans-abri, dont cinquante mille femmes et enfants qui meurent chaque jour car ils n’ont pas de toit, vivent dans des conditions d’hygiène inhumaines et n’ont accès qu’à de l’eau polluée.

Tel est le drame souvent ignoré de la société moderne qui a été soulevé lors de la première rencontre internationale sur la pastorale des personnes sans domicile fixe, organisée les 26 et 27 novembre dernier, par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement (cf. Zenit, 26 novembre).La rencontre, centr

ée sur le thème « dans le Christ et avec l’Eglise au service des sans domicile fixe », a réuni une cinquantaine de personnes, dont des évêques, des prêtres, des religieux et religieuses, et des membres d’association d’apostolat et de volontariat, représentant quelques 28 pays de 4 continents.

Troisième d’une série de conférences internationales, cette nouvelle rencontre marque la grande attention que le dicastère accorde à la pastorale de la mobilité humaine, notamment à la pastorale de la rue qui a donné lieu, en mai dernier, à la publication du document : « Des orientations pour la pastorale de la rue ».En octobre 2004, le dicast

ère avait centré sa première rencontre internationale sur la pastorale des enfants de la rue, et en avait organisé une deuxième en juin 2005 sur la pastorale pour la libération des femmes de la rue.

D’après les chiffres apparus au troisième congrès, dans les villes, le phénomène des sans-abri, qui comprend indistinctement ceux qui n’ont pas de demeure fixe et ceux qui habitent des logements précaires, est un phénomène dont souffrent plus de 100 millions d’enfants, qui vivent dans la rue, et des millions de personnes, habitant d’immenses bidonvilles. Par ailleurs, au cours des 50 prochaines ann

ées, il est probable que la population mondiale, en raison de son surnombre et du phénomène de la mondialisation, double ses effectifs passant de 2,5 à 5 milliards de personnes.

Passant en revue les différentes réalités locales liées au phénomène, les congressistes ont pu dégager les motifs principaux qui font que les gens finissent par vivre dans la rue ou par perdre leur propre habitation : mauvaise formation culturelle, préparation professionnelle insuffisante, dépendance de la drogue, de l’alcool, troubles mentaux, mais aussi le libre choix de vivre une existence excentrique.A l’ouverture des travaux, le cardinal Renato Raffaele Martino, pr

ésident du dicastère, a relevé que « le problème des sans-abri n’est pas nouveau. C’est un problème qui existe depuis l’apparition du péché dans le monde, lorsque nos ancêtres furent chassés de l’endroit que l’on avait mis à leur disposition ».

Durant son intervention, le cardinal Martino a invité les agents pastoraux à être « de vrais témoins et des exemples pour les gouvernements et les communautés ; à reconnaître la dignité de chaque être humain ; à offrir et à recevoir l’amour de Dieu, dans une catéchèse active’ ».

« Mais il faut en premier lieu que notre action , a-t-il souligné, soit imprégnée d’amour, d’un amour qui puise sa force dans la rencontre personnelle avec le Christ », nourrie par une prière constante.

Et il est encore bien plus nécessaire que cette œuvre s’accompagne d’un esprit de «dévotion » car, a-t-il dit, « il ne suffit pas de donner des choses temporelles, nous devons, dans tout ce que nous faisons, être présents au niveau personnel », a déclaré le cardinal Martino.Pour sa part, Mgr Agostino Marchetto, secr

étaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, a fait remarqué que « depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nombre des sans-abri a atteint les 3 millions, soit son plus haut niveau jamais atteint, alors qu’aux Etats-Unis on parle de 3,5 millions, dont 1,4 millions de jeunes ».

Malgré le manque ou la dispersion des données relatives aux pays en voie de développement, a-t-il ajouté, « l’Inde est l’une des rares nations à avoir tenté en 1981 une opération de recensement, les résultats de cette dernière faisant alors état d’environ 2, 5 millions de sans-abri. Cela dit, une diminution de plus d’un million de personnes a été enregistrée lors d’un autre recensement effectué une dizaine d’années plus tard ». C’est en Afrique, en Asie et en Am

érique latine que le nombre des sans-abri augmente le plus, a relevé Mgr Marchetto : Environ 30% des habitats sont illégaux, précaires, sans aucune infrastructure ni services, surpeuplés et endommagés ».

Tout en proposant quelques lignes de conduite pour une approche pastorale efficace, Mgr Marchetto a rappelé que « la condition de sans abri n’est pas uniquement de ceux qui n’ont pas de chez soi, c’est l’écroulement d’un monde, de la sécurité, des rapports personnels et de la dignité. C’est la perte de la capacité de conduire une vie vraiment humaine’».Ainsi, a-t-il dit, les agents pastoraux doivent-ils comprendre qu’il ne suffit pas de satisfaire les besoins fondamentaux et imm

édiats de la survie humaine, car « chaque personne sans domicile fixe a au fond d’elle-même la nécessité fondamentalement plus grande, d’être acceptée et traitée avec dignité ».

Enfin, Mgr Marchetto a conclu son intervention en invitant l’assemblée à voir dans les sans-abri « une icône du Christ qui projette son ombre sur le monde, sur l’Eglise et sur la société »: « Jésus Christ manifeste sa présence dans les personnes sans domicile fixe et nous appelle à cet amour et cette charité qui sont le sceau authentique de sa vie ».
Mirko Testa

Corée : Les évêques sont des « gardiens de l’espérance », dit Benoît XVI

4 décembre, 2007

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Corée : Les évêques sont des « gardiens de l’espérance », dit Benoît XVI

Visite « ad limina » des évêques

ROME, Lundi 3 décembre 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI a encouragé les évêques coréens à être des « gardiens effectifs de l’espérance », à continuer leur travail pour la réconciliation entre les deux « Corées » et à affronter les défis du matérialisme.

Le pape a reçu ce matin au Vatican les évêques de la conférence épiscopale coréenne à l’occasion de leur visite ad limina. Ils étaient accompagnés de Mgr Wenceslas Padilla, vicaire apostolique d’Ulaanbaatar, en Mongolie, où les catholiques sont quelques centaines.

« L’appel du matérialisme et les effets négatifs d’une mentalité sécularisée » préoccupent en effet les évêques de Corée.

Benoît XVI leur répondait en disant : « Lorsque les hommes et les femmes sont emportés loin de la demeure du Seigneur, ils errent inévitablement dans un désert d’isolement individuel et de fragmentation sociale », parce que ce n’est que « dans le Verbe incarné que le mystère de l’homme trouve la vraie lumière ».

« Dans cette perspective, ajoutait le pape, il est évident que, pour être des gardiens effectifs de l’espérance, vous devez vous efforcer de faire en sorte que le lien de communion qui unit le Christ à tous les baptisés soit sauvegardé, et qu’ils en fassent l’expérience, comme étant le cœur de l’expérience du mystère de l’Eglise ».

Or, continuait le pape, « la porte de ce mystère de communion avec Dieu est naturemmement le baptême ».

« Ce sacrement d’initiation, beaucoup plus qu’un rite social ou de bienvenue dans une communauté particulère, est l’initiation à Dieu », a expliqué Benoît XVI.

Par ailleurs, Benoît XVI a encouragé toutes les initiatives visant à la réconciliation pour le bien-être de leurs frères de Corée du Nord.

La Corée, autrefois soumise à la souveraineté japonaise, a été occupée au Nord par la Russie, en 1945 et par les Etats-Unis au Sud, et ensuite séparée en deux Etats en 1948. La conférence épiscopale a juridiction aussi dans le Nord de la péninsule coréenne.

Au début des années 50 elle a été ainsi entraînée dans un conflit sanglant. Aujourd’hui, après plus d’un demi siècle, la pacification, certes complexe, est recherchée. Les 5 millions de catholiques concentrés dans le Sud du pays peuvent y jouer, estime le pape, un rôle positif.

D’autre part, les évêques Coréens se disent préoccupés par le fait que beaucoup d’adultes ne viennent plus aux célébrations liturgiques, alors que c’est à la fois un « droit » et une « obligation » du fait du baptême justement.

C’est pourquoi le pape invite les évêques de Corée à mettre en valeur la messe dominicale, en suggérant en particulier aux laïcs, surtout aux jeunes, d’« explorer la profondeur et l’ampleur » de la célébration eucharistique.

Benoît XVI n’a pas manqué de recommander aux évêques la pastorale du mariage et de la famille, mais aussi de prêter une attention particulière aux questions biomédicales.

Le président de la conférence des évêques de Corée, Mgr John Chang Yik, évêque de Ch’unch’on, a confié aujourd’hui au micro de Radio Vatican que les défis pastoraux sont « très nombreux ».

« Mais le problème difficile, dans une société comme la nôtre, où l’Eglise est petite et minoritaire, disait-il, c’est la cohabitation avec les autres religions, en dépit du relativisme et de l’individualisme de la culture en général à notre époque de consumérisme ».

« Nous tentons de le faire, disait l’évêque, à travers l’éducation, les témoignages, surtout de la vie des chrétiens, ce qui n’est pas facile. Nous tentons de cultiver les petites cellules vivantes de la communauté. Chaque paroisse est divisée en petits secteurs où les gens se connaissent et se réunissent pour former la communauté ».

« C’est ainsi que nous essayons de raviver dans ces cellules vivantes, le sens de l’appartenance, le sens de la mission par les gens eux-mêmes, non seulement pour conserver l’Eglise catholique, mais pour vivre de façon à vraiment témoigner de l’Evangile à travers la vie de chacun, à la foi vécue ».

A propos de la juridiction de la conférence épsiscopale sur les deux parties de la péinsule coréenne, Mgr Chang Yik soulignait : « Nous avons la juridiction, mais pas le libre accès au Nord. Nous tentons donc d’offrir des aides humanitaires de différentes façons, et nous ne cesserons pas de le faire, en distinguant le régime et le peuple : nous visons le bien-être du peuple, surtout des personnes et de leur dignité humaine. C’est la chose la plus importante. Nous n’instrumentalisons pas l’aide pour en faire un moyen d’évangélisation, mais nous le faisons parce que c’est une valeur en soi ».

Anita S. Bourdin

Angélus du dimanche 2 décembre

3 décembre, 2007

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Angélus du dimanche 2 décembre

Allocution du pape à l’angélus

ROME, Dimanche 2 décembre 2007 (ZENIT.org) –  

« L’homme est racheté par l’amour » : Benoît XVI a résumé son encyclique sur l’espérance chrétienne, « Spe salvi », avant la prière de l’angélus, ce dimanche 2 décembre, en insistant sur cet aspect du texte qu’il a signé le 30 novembre.

Nous publions ci-dessous le texte intégral de sa méditation.

Chers frères et sœurs,

En ce premier dimanche de l’Avent, une nouvelle année liturgique commence : le Peuple de Dieu se remet en marche pour vivre le mystère du Christ dans l’histoire. Le Christ est le même hier, aujourd’hui et toujours (cf. Epître aux Hébreux, 13,8); l’histoire au contraire change et demande à être constamment évangélisée ; elle a besoin d’être renouvelée de l’intérieur et la seule vraie nouveauté c’est le Christ : c’est Lui son accomplissement plénier, l’avenir lumineux de l’homme et du monde. Ressuscité d’entre les morts, Jésus est le Seigneur auquel Dieu soumettra tous ses ennemis, y compris la mort même (cf. Première épître aux Corinthiens 15, 25-28). L’Avent est donc le temps propice pour réveiller dans nos coeurs l’attente de « Celui qui est, qui était et qui vient » (Apocalypse 1,8). Le Fils de Dieu est déjà venu à Bethléem il y a vingt siècles, il vient à chaque instant dans l’âme et dans la communauté disposées à le recevoir, il viendra à nouveau à la fin des temps pour « juger les vivants et les morts ». Le croyant est donc toujours vigilant, animé de l’intime espérance de rencontrer le Seigneur, comme le dit le psaume : « J’espère le Seigneur, mon âme espère en sa parole ; mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l’aurore » (Psaume 129, 5-6).

Ce dimanche est donc un jour indiqué s’il en est pour offrir à toute l’Eglise et à tous les hommes de bonne volonté ma seconde encyclique que j’ai justement voulu consacrer au thème de l’espérance chrétienne. Elle s’intitule « Spe salvi » parce qu’elle s’ouvre par l’expression de saint Paul : « Spe salvi facti sumus – Dans l’espérance nous avons tous été sauvés » (Epître aux Romains 8, 24). Dans ce passage comme dans d’autres du Nouveau Testament, le mot « espérance » est étroitement lié au mot « foi ». C’est un don qui change la vie de qui le reçoit, comme le démontre l’expérience de tant de saints et de saintes. En quoi consiste cette expérience, si grande et si « fiable » qu’elle nous fait dire qu’en elle nous avons le « salut » ? Elle consiste, en substance, dans la connaissance de Dieu, dans la découverte de son cœur de Père bon et miséricordieux. Jésus, par sa mort sur la croix et par sa résurrection, nous a révélé son visage, le visage d’un Dieu tellement grand dans l’amour qu’il nous communique une espérance inébranlable, que pas même la mort ne peut entamer, parce que la vie de qui se confie à ce Père s’ouvre sur la perspective de la béatitude éternelle.

Le développement de la science moderne a confiné la foi et l’espérance toujours davantage dans la sphère privée et individuelle, si bien qu’aujourd’hui il apparaît de façon évidente, et parfois dramatique, que l’homme et le monde ont besoin de Dieu – du vrai Dieu ! – autrement, ils restent dépourvus d’espérance. La science contribue beaucoup au bien de l’humanité – sans aucun doute -, mais elle n’est pas en mesure de le racheter. L’homme est racheté par l’amour, qui rend la vie personnelle et sociale bonne et belle. C’est pourquoi la grande espérance, pleine et définitive, est garantie par Dieu, par le Dieu qui est amour, qui, en Jésus, nous a visités, et nous a donné la vie, et en Lui reviendra à la fin des temps. C’est dans le Christ que nous espérons, c’est Lui que nous attendons ! Avec Marie, sa Mère, l’Eglise va à la rencontre de l’Epoux : elle le fait par les œuvres de charité, parce que l’espérance, comme la foi, se démontre par l’amour.

Bon Avent à tous !

Après l’Angélus le pape a salué les pèlerins en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français :

Je vous salue, chers pèlerins de langue française, venus vous associer à la prière de l’Angélus. Le temps de l’Avent, qui ouvre une nouvelle année liturgique, nous invite à orienter nos regards vers l’avenir, non pas pour fuir le temps présent, mais pour vivre dans l’espérance et mener une existence bonne. Pour vous aider à entrer avec joie dans l’attente du Sauveur, je vous accorde à tous ma Bénédiction apostolique.

Pourquoi Dieu nous cache-t-il l’heure de notre mort ?

30 novembre, 2007

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Pourquoi Dieu nous cache-t-il l’heure de notre mort ?

Homélie du dimanche 2 décembre, par le P. Cantalamessa

ROME, Vendredi 30 novembre 2007 (ZENIT.org

) Nous publions ci-dessous le commentaire de lEvangile du dimanche 2 décembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24, 37-44

L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé.
A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche.
Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme.
Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin : l’une est prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.
Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.

© Copyright AELF – Paris – 1980 – tous droits réservés

Veillez !

La première année du cycle liturgique triennal, dite année A, commence aujourdhui. Au cours de cette année, cest lEvangile de Matthieu qui nous accompagnera. Cet Evangile est caractérisé par : lampleur accordée aux enseignements de Jésus (les discours célèbres, comme celui de la montagne) et lattention au rapport Loi-Evangile (lEvangile est la « Loi nouvelle »). Il est considéré comme lEvangile le plus « ecclésiastique », de par le récit du primat à Pierre et lutilisation du terme Ecclesia, Eglise, que lon ne trouve pas dans les autres Evangiles.

La phrase clé de lEvangile de ce premier dimanche de lAvent est : « Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendraTenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». On se demande parfois pourquoi Dieu nous cache une chose aussi importante que lheure de sa venue, qui pour chacun de nous, pris individuellement, coïncide avec lheure de notre mort. La réponse traditionnelle est : « Pour que nous soyons vigilants, et que chacun soit conscient du fait que la mort peut survenir à tout moment » (cf. St Ephrem le Syrien). Mais la raison principale est que Dieu nous connaît ; il sait langoisse terrible quaurait signifié pour nous le fait de savoir à lavance lheure exacte, et de la voir sapprocher lentement et inexorablement. Cest ce qui fait le plus peur de certaines maladies. Davantage de personnes meurent aujourdhui de maladies subites de cœur, que de « maladies graves ». Et pourtant, ces dernières font beaucoup plus peur, car on a limpression quelles ôtent cette incertitude qui permet despérer.L

incertitude de lheure ne doit pas nous pousser à vivre de manière insouciante, mais faire de nous des veilleurs. Lannée liturgique commence mais lannée civile se termine. Une excellente occasion pour laisser un peu despace à une réflexion pleine de sagesse sur le sens de notre existence. La nature elle-même, en automne, nous invite à réfléchir sur le temps qui passe. Ce que le poète Giuseppe Ungaretti disait des soldats dans les tranchées sur le Karst, pendant la première guerre mondiale, vaut pour tous les hommes : « On est / Comme en automne / sur les arbres / les feuilles ». Cest-à-dire, sur le point de tomber à tout moment. Le temps passe et lhomme ne sen rend pas compte, disait Dante Alighieri.

Un philosophe antique a exprimé cette expérience fondamentale par une phrase restée célèbre : panta rei, cest-à-dire : tout passe. Dans la vie, cest comme sur l’écran de télévision : les émissions, les grilles de programmation, se succèdent et lune remplace lautre. L’écran reste le même mais les images changent. Il en est de même pour nous : le monde demeure, mais nous, nous partons, les uns après les autres. Que restera-t-il, dans quelques années ou quelques décennies, de tous les noms, des visages, des nouvelles qui remplissent la presse écrite et les journaux télévisés aujourdhui, de moi, de vous, de nous tous ? Absolument rien. Lhomme nest qu « un dessin créé par la vague sur la plage, que la vague successive efface ».Voyons ce que la foi a

à dire sur le fait que tout passe. « Or le monde passe avec ses convoitises ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jn 2, 17). Il y a donc quelquun qui ne passe pas, Dieu, et il existe aussi un moyen pour que nous ne passions pas complètement, nous non plus : faire la volonté de Dieu, cest-à-dire croire, adhérer à Dieu. Dans cette vie, nous sommes comme des personnes placées sur un radeau transporté par le courant dun fleuve en crue dirigé vers la haute mer, doù lon ne revient pas. A un moment donné, le radeau se retrouve près de la rive. Le naufragé dit : « Maintenant ou jamais ! » et saute sur la terre ferme. Quel soulagement lorsquil sent le rocher sous ses pieds ! Nous pourrions rappeler, pour conclure cette réflexion, les paroles que sainte Thérèse dAvila nous a laissées comme testament spirituel : « Que rien ne te trouble, que rien ne teffraie. Dieu seul suffit ». [Nada te turbe, nada te espante, solo Dios basta, ndlr]

Traduit de l’italien par Gisèle Plantec/jmc

Audience générale : Saint Ephrem

29 novembre, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-16739?l=french

 

Audience générale : Saint Ephrem

Texte intégral

ROME, Mercredi 28 novembre 2007 (ZENIT.org) Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse donnée par le pape Benoît XVI au cours de laudience générale, ce mercredi, dans la salle Paul VI du Vatican.

Chers frères et sœurs,

Selon l’opinion r
épandue aujourd’hui, le christianisme serait une religion européenne, qui aurait ensuite exporté la culture de ce continent dans d’autres pays. Mais la réalité est beaucoup plus complexe, car la racine de la religion chrétienne se trouve dans l’ancien Testament et donc à Jérusalem et dans le monde sémitique. Le christianisme se nourrit toujours à cette racine de l’Ancien Testament. Même son expansion, au cours des premiers siècles, a eu lieu aussi bien vers l’occident vers le monde gréco-latin, où il a ensuite inspiré la culture européenne que vers l’orient, jusqu’à la Perse, l’Inde, contribuant ainsi à susciter une culture spécifique, en langues sémitiques, avec une identité propre. Pour montrer cette multiplicité culturelle de l’unique foi chrétienne des origines, j’ai parlé dans la catéchèse de mercredi dernier d’un représentant de cet autre christianisme, Aphraate, le Sage persan, presque inconnu chez nous. Dans cette même optique, je voudrais aujourd’hui parler de saint Ephrem le Syrien, né à Nisibe vers 306 dans une famille chrétienne. Il fut le représentant le plus important du christianisme de langue syriaque et réussit à concilier d’une manière unique la vocation du théologien et celle du poète. Il se forma et grandit à côté de Jacques, évêque de Nisibe (303-338), et il fonda avec lui l’école de théologie de sa ville. Ordonné diacre, il vécut intensément la vie de la communauté chrétienne locale jusqu’en 363, année où la ville de Nisibe tomba entre les mains des Persans. Ephrem immigra alors à Edesse, où il poursuivit son activité de prédicateur. Il mourut dans cette ville en l’an 373, victime de la contagion de la peste qu’il avait contractée en soignant les malades. On ne sait pas avec certitude s’il était moine, mais il est cependant certain qu’il est resté diacre toute sa vie et qu’il a embrassé l’état de virginité et de pauvreté. C’est ainsi qu’apparaît dans la spécificité de son expression culturelle, l’identité chrétienne commune et fondamentale : la foi, l’espérance – cette espérance qui permet de vivre pauvre et chaste dans ce monde, en plaçant toutes ses attentes dans le Seigneur – et, enfin, la charité, jusqu’au don de soi-mê
me dans le soin des malades de la peste.

Saint Ephrem nous a laissé un grand héritage théologique. Sa production considérable peut se regrouper en quatre catégories : les œuvres écrites en prose ordinaire (ses œuvres polémiques, ou bien les commentaires bibliques) ; les œuvres en prose poétique ; les homélies en vers ; et enfin les hymnes, qui sont certainement l’œuvre la plus vaste d’Ephrem. Il s’agit d’un auteur riche et intéressant sous de nombreux aspects, mais en particulier sous le profil théologique. Si nous voulons aborder sa doctrine, nous devons insister dès le début sur ceci : sur le fait qu’il fait de la théologie sous une forme poétique. La poésie lui permet d’approfondir la réflexion théologique à travers des paradoxes et des images. Dans le même temps sa théologie devient liturgie, devient musique : en effet, c’était un grand compositeur, un musicien. Théologie, réflexion sur la foi, poésie, chant, louange de Dieu vont de pair ; et c’est précisément dans ce caractère liturgique qu’apparaît avec limpidité dans la théologie d’Ephrem la vérité divine. Dans sa recherche de Dieu, dans sa façon de faire de la théologie, il suit le chemin du paradoxe et du symbole. Il privilégie largement les images contrastantes, car elles lui servent à souligner le mystère de Dieu.

Je ne peux pas présenter beaucoup de choses de lui maintenant, notamment parce que la poésie est difficilement traduisible, mais pour donner au moins une idée de sa théologie poétique, je voudrais citer en partie deux hymnes. Tout d’abord, également en vue du prochain Avent, je vous propose plusieurs images splendides tirées des hymnes Sur la nativité du Christ. Devant la Vierge, Ephrem manifeste son émerveillement avec un ton inspiré :

« Le Seigneur vint en elle
pour se faire serviteur.
Le Verbe vint en elle
pour se taire dans son sein.
La foudre vint en elle
pour ne faire aucun bruit.
Le pasteur vint en elle
et voici l’Agneau n
é
, qui pleure sans bruit.
Car le sein de Marie
a renvers
é les rô
les :
Celui qui cr
é
a toutes choses
est entr
é
en possession de celles-ci, mais pauvre.
Le Tr
è
s-Haut vint en Elle (Marie),
mais il y entra humble.
La splendeur vint en elle,
mais rev
êtue de vê
tements humbles.
Celui qui dispense toutes choses
connut la faim.
Celui qui
é
tanche la soif de chacun
connut la soif.
Nu et d
épouillé
il naquit d’elle,
lui qui rev
êt (de beauté) toutes choses
»

(Hymne De Nativitate 11, 6-8)
Pour exprimer le myst
ère du Christ, Ephrem utilise une grande diversité de thèmes, d’expressions, d’images. Dans l’un de ses hymnes, il relie de maniè
re efficace Adam (au paradis) au Christ (dans l’Eucharistie) :
«
Ce fut en fermant
avec l’
épée du ché
rubin,
que fut ferm
é
le chemin de l’arbre de la vie.
Mais pour les peuples,
le Seigneur de cet arbre
s’est donn
é
comme nourriture
lui-m
ê
me dans l’oblation (eucharistique).
Les arbres de l’Eden
furent donn
é
s comme nourriture
au premier Adam.
Pour nous, le jardinier
du Jardin en personne
s’est fait nourriture
pour nos
â
mes.
En effet, nous
é
tions tous sortis
du Paradis avec Adam,
qui le laissa derri
è
re lui.
A pr
ésent que l’épée a été ôté
e
l
à
-bas (sur la croix) par la lance
nous pouvons y retourner
»

(Hymne 49, 9-11).

Pour parler de l’Eucharistie, Ephrem se sert de deux images : la braise ou le charbon ardent, et la perle. Le thème de la braise est tiré du prophète Isaïe (cf. 6, 6). C’est l’image du séraphin, qui prend la braise avec les pinces, et effleure simplement les lèvres du prophète pour les purifier ; le chrétien, en revanche, touche et consume la Braise, qui est le Christ lui-même :

« Dans ton pain se cache l’Esprit
qui ne peut
être consommé
;
dans ton vin se trouve le feu qui ne peut
ê
tre bu.
L’Esprit dans ton pain, le feu dans ton vin :
voil
à une merveille accueillie par nos lè
vres.
Le s
é
raphin ne pouvait pas approcher ses doigts de la braise,
qui ne fut approch
ée que de la bouche d’Isaï
e ;
les doigts ne l’ont pas prise, les l
èvres ne l’ont pas avalé
e ;
mais
à
nous, le Seigneur a permis de faire les deux choses.
Le feu descendit avec col
ère pour détruire les pé
cheurs,
mais le feu de la gr
â
ce descend sur le pain et y reste.
Au lieu du feu qui d
é
truisit l’homme,
nous avons mang
é
le feu dans le pain
et nous avons
été vivifiés »
.

(Hymne De Fide 10, 8-10).

Voilà encore un dernier exemple des hymnes de saint Ephrem, où il parle de la perle comme symbole de la richesse et de la beauté de la foi :

« Je posai (la perle), mes frères, sur la paume de ma main,
pour pouvoir l’examiner.
Je me mis
à l’observer d’un côté
puis de l’autre :
elle n’avait qu’un seul aspect de tous les c
ôté
s.
(Ainsi) est la recherche du Fils, imp
éné
trable,
car elle n
est que lumiè
re.
Dans sa clart
é, je vis la Limpidité
,
qui ne devient pas opaque ;
et dans sa puret
é
,
le grand symbole du corps de notre Seigneur,
qui est pur.
Dans son indivisibilit
é, je vis la vérité
,
qui est indivisible
»

(Hymne Sur la Perle 1, 2-3).

La figure d’Ephrem est encore pleinement actuelle pour la vie des différentes Eglises chrétiennes. Nous le découvrons tout d’abord comme théologien, qui à partir de l’Ecriture Sainte réfléchit poétiquement sur le mystère de la rédemption de l’homme opérée par le Christ, le Verbe de Dieu incarné. Sa réflexion est une réflexion théologique exprimée par des images et des symboles tirés de la nature, de la vie quotidienne et de la Bible. Ephrem confère un caractère didactique et catéchistique à la poésie et aux hymnes pour la liturgie ; il s’agit d’hymnes théologiques et, dans le même temps, adaptés à la récitation ou au chant liturgique. Ephrem se sert de ces hymnes pour diffuser, à l’occasion des fêtes liturgiques, la doctrine de l’Eglise. Au fil du temps, ils se sont révélés un moyen de catéchèse extrêmement efficace pour la communauté chrétienne.

La réflexion d’Ephrem sur le thème de Dieu créateur est importante : rien n’est isolé dans la création, et le monde est, à côté de l’Ecriture Sainte, une Bible de Dieu. En utilisant de manière erronée sa liberté, l’homme renverse l’ordre de l’univers. Pour Ephrem, le rôle de la femme est important. La façon dont il en parle est toujours inspirée par la sensibilité et le respect : la demeure de Jésus dans le sein de Marie a grandement élevé la dignité de la femme. Pour Ephrem, de même qu’il n’y a pas de Rédemption sans Jésus, il n’y a pas d’incarnation sans Marie. Les dimensions divines et humaines du mystère de notre rédemption se trouvent déjà dans les textes d’Ephrem ; de manière poétique et avec des images fondamentalement tirées des Ecritures, il anticipe le cadre théologique et, d’une certaine manière, le langage même des grandes définitions christologiques des Conciles du Ve siècle.

Ephrem, honoré par la tradition chrétienne sous le titre de « lyre de l’Esprit Saint », resta diacre de son Eglise, toute sa vie. Ce fut un choix décisif et emblématique : il fut diacre, c’est-à-dire serviteur, que ce soit dans le ministère liturgique, ou, plus radicalement, dans l’amour pour le Christ, qu’il chanta de manière inégalable, ou encore, dans la charité envers ses frères, qu’il introduisit avec une rare habileté dans la connaissance de la Révélation divine.

Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape

Chers Frères et Sœurs,

Cest aujourdhui saint Éphrem le Syrien qui retient notre attention. Il est le représentant le plus emblématique du christianisme de langue syriaque. Né en 306, il se forma avec son évêque et devint diacre dans l’Église de Nisibe, vivant la virginité et la pauvreté. En raison de loccupation perse, il quitte sa ville, en 363, pour se réfugier à Édesse, aujourdhui en Turquie.

Il associa une vocation de théologien à lart poétique. Son talent, qui fait de lui le poète le plus renommé de l’époque patristique, lui permit dapprofondir la réflexion théologique à travers lusage de paradoxes, dimages et de symboles, souvent empruntés à l’Écriture. Ses hymnes écrites pour le chant liturgique méditent les mystères de la vie du Christ ; elles ont en même temps une forte valeur catéchétique, qui favorise, dans le peuple, lintériorisation de la foi de l’Église.

Honoré par la tradition chrétienne du titre de « lyre de lEsprit Saint », Éphrem est une belle figure de serviteur. Il resta diacre toute sa vie, remplissant son ministère liturgique, manifestant lamour du Christ, quil a chanté de façon inégalable, et se dépensant dans la charité envers ses frères, à qui il a permis de mieux connaître le contenu de la Révélation. Il mourut en 373, ayant contracté la lèpre auprès des malades dont il prenait soin.

Je salue les pèlerins francophones, en particulier la délégation de lUnion mondiale des Organisations féminines catholiques. À la suite de saint Éphrem, puissiez-vous approfondir votre foi et toujours à rendre gloire à Dieu par des psaumes, des hymnes et de libres louanges (cf. Ep 5,19). Avec ma Bénédiction apostolique.

APPEL LANCE PAR LE PAPE APRES L’AUDIENCE

Le 1er décembre prochain se tiendra la Journée mondiale contre le SIDA. Je suis spirituellement proche de ceux qui souffrent de cette terrible maladie, ainsi que de leurs familles, en particulier celles qui sont frappées par la perte d’un de leurs membres. Je les assure tous de ma prière.

En outre, je désire exhorter toutes les personnes de bonne volonté à multiplier leurs efforts pour arrêter la diffusion du virus VIH, à lutter contre le mépris qui frappe souvent ceux qui en sont affectés, et à prendre soin des malades, en particulier lorsqu’ils sont encore enfants.

Traduction réalisée par Zenit

A seize ans à peine, Henri de Lubac veut entrer dans la Compagnie de Jésus

28 novembre, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-16733?l=french

 

A seize ans à peine, Henri de Lubac veut entrer dans la Compagnie de Jésus

Entretien avec le P. Chantraine, sj, biographe et éditeur du card. de Lubac

ROME, Mardi 27 novembre 2007 (ZENIT.org

) « Henri de Lubac avait seize ans ou même moins quand il se décida à entrer dans la Compagnie de Jésus. Son père, Maurice de Lubac, lui demanda d’attendre un an. Il entra à l’âge de 17 ans » : le P. Georges Chantraine, sj, vient de publier aux éditions du Cerf le premier tome de sa biographie du cardinal de Lubac : « Henri de Lubac. t. I. De la naissance à la démobilisation (1896-1919) ». Il en donne la primeur aux lecteurs de Zenit.

Jésuite, ordonné prêtre en 1963, docteur en Philosophie et Lettres (Louvain, 1968) et en Théologie (Institut catholique de Paris, 1978), le P. Georges Chantraine a été professeur de théologie dogmatique et dhistoire de lEglise à lInstitut dEtudes Théologiques (IET), la Faculté jésuite de théologie de Bruxelles de 1968 à 1992. Recteur de la Faculté théologique de Lugano de 1992 à 1995, il est vice-président de lAssociation Internationale Cardinal Henri de Lubac. Actuellement, le P. Chantraine rédige la biographie du cardinal Henri de Lubac et co-dirige les « Oeuvres complètes » de celui-ci aux éditions du Cerf.

Zenit – P. Chantraine, vous présentez à Lyon, demain, 28 novembre, le premier volume de votre biographie du cardinal Henri de Lubac. Vous nous indiquiez l’an dernier (cf. Zenit, 25 septembre 2006 ) que pour se familiariser avec la pensée du cardinal de Lubac, on pouvait lire « Paradoxes » et, pour avoir une idée de son oeuvre entière, « Catholicisme ». Qu’est-ce que la biographie apporte comme éclairage ?

P. G. Chantraine - Elle fait connaître la jeunesse de Henri de Lubac, ses dons premiers, sa famille, ses camarades et amis, son noviciat, son engagement militaire, sa vie au front, sa formation d’aspirant. En dehors de quelques dates et d’informations sommaires sur sa famille, cela n’était pas connu.

Zenit – Les premières années de formation ont-elle été décisives ou bien la « vocation » comme prêtre et comme intellectuel s’est-elle fait attendre ?

P. G. Chantraine – Henri de Lubac avait seize ans ou même moins quand il se décida à entrer dans la Compagnie de Jésus. Son père, Maurice de Lubac, lui demanda d’attendre un an. Il entra à l’âge de 17 ans au noviciat situé en Angleterre en raison de l’exil des jésuites, à St Leonard on Sea. Bien que le P. de Lubac reste muet sur sa vie avec Dieu, on peut savoir que c’est Dieu qui l’a choisi, plus qu’il n’a choisi Dieu. Henri de Lubac a perçu la relation immédiate du Créateur avec la créature. Relation très profonde, jamais remise en cause. C’est dans la Compagnie de Jésus qu’il est appelé à servir Dieu, à le louer et à l’adorer. Son père spirituel, le P. Eugène Hains, récita chaque jour le « Veni Creator » pour Henri de Lubac jusqu’à la fin de sa vie. C’est seulement devenu jésuite que ses dons premiers trouvèrent leur ampleur et leur profondeur: Henri de Lubac sera philosophe et théologien.

Zenit – Quels sont les événements décisifs ?

P. G. Chantraine – Nous ne savons rien sur le travail intérieur de Dieu qui l’appela dans la Compagnie de Jésus. Nous savons que cet appel s’est fait entendre vers 1912 quand il n’avait pas plus de seize ans. Sa soeur aînée Louise était devenue carmélite en 1912.
On peut parler de trois ou quatre autres
événements décisifs. D’abord la décision de son père de se rallier à la République quand le pape Léon XIII le demanda en 1892. Pour cette raison, son père cessa d’être légitimiste et il n’était pas, comme beaucoup de catholiques, maurrassien. Son fils le suivit. Il le suivit aussi dans son sens social. Maurice de Lubac était lié à Albert de Mun et à Hyacinthe de Gaillard-Bancel. Henri se forma aussi en lisant les articles des deux jésuites, les PP. Leroy et Desbuquois, qui venaient de lancer à Reims l’ « « Action populaire ». Le troisième événement est la lecture de « Christus »: il perçut dans ce livre la relation de Dieu et de l’homme dans les religions et dans le catholicisme. Le quatrième événement est l’article d’août 1914 de la revue des « Etudes », lu durant son noviciat: cet article le rendit définitivement allergique à l’intégrisme. C’est au noviciat aussi qu’il fut impressionné par une conférence sur les universitaires parisiens faite par le P. Auguste Valensin. Celui-ci le guida durant ses é
tudes de philosophie.

Zenit – Pourquoi distinguer une première étape comme achevée en 1919 ?

P. G. Chantraine – Parce qu’il a presque achevé alors son noviciat. Commence la seconde étape (1919-1929) de sa formation: philosophie, « régence » dans un collège, celui de Mongré à Villefranche-sur-Saône, théologie et troisième année de noviciat.

Zenit – A quand la suite ?

P. G. Chantraine – Le second tome est prêt pour l’impression et sa parution est prévue pour mai 2008. Il concerne la seconde étape. J’ai commencé à rédiger le quatrième volume (1960-1991) que j’espère terminer en 2010. Le troisième volume (1929-1960) devrait être achevé en 2013, si Dieu me donne les forces physiques et mentales.

Zenit – Quelles autres publications ont vu ou verront le jour en 2007 ?

P. G. Chantraine – J’ai publié dans la « Nouvelle revue théologique » de 2007 une vue panoramique de la vie et l’oeuvre du P. de Lubac. Ont paru « La Prière du P. Teilhard de Chardin » et « Les Carnets du concile » (2 volumes), tous les deux aux Editions du Cerf.

Zenit – L’Eglise se prépare à célébrer le synode sur la Parole de Dieu, convoqué par Benoît XVI. L’héritage de l’œuvre lubacienne n’est-il pas décisif dans ce domaine ?

P. G. Chantraine – Ce n’est pas la seule oeuvre théologique qui est éclairée par la Parole de Dieu. Le P. de Lubac a montré l’importance décisive de la Parole de Dieu en commentant le préambule et le chapitre premier de la constitution dogmatique « Dei Verbum ». Pour lui, comme pour tous les vrais théologiens, la Parole de Dieu illumine de l’intérieur la parole du théologien.

Zenit – Que dire à un lecteur qui ne connaît pas du tout de Lubac pour lui donner le goût de boire à cette source, comme ont fait le concile et le pape Ratzinger, lui aussi présent au concile comme jeune théologien ?

P. G. Chantraine – Il y a deux portes qui s’ouvrent au lecteur qui n’a jamais lu le P. de Lubac. La première: lire « Mémoire sur l’occasion de mes écrits » (dans les Oeuvres complètes). C’est un récit simple sur les ouvrages écrits par le P. de Lubac et les circonstances dans lesquelles ils furent écrits. La seconde: avoir comme livre de chevet les « Paradoxes » (également publiés dans les Oeuvres complètes): ce sont de brèves réflexions qui mettent en lumière une idée de manière paradoxale. C’est ce qu’il y a de plus personnel chez le P. de Lubac. Mais on peut faire aussi comme le jeune Joseph Ratzinger: lire « Catholicisme » (également publié dans les Oeuvres complètes), sur lequel la revue « Communio » tiendra un colloque le 16 février.

Propos recueillis par Anita S. Bourdin

« Je compte beaucoup sur votre soutien », confie Benoît XVI aux cardinaux

27 novembre, 2007

du site:

http://www.zenit.org/article-16726?l=french

 

« Je compte beaucoup sur votre soutien », confie Benoît XVI aux cardinaux

Audience aux 23 nouveaux cardinaux, à leurs familles et amis

ROME, Lundi 26 novembre 2007 (ZENIT.org

) « Je compte beaucoup sur votre soutien », a confié Benoît XVI aux nouveaux cardinaux lors de laudience quil leur a accordée lundi matin, en la salle Paul VI du Vatican, ainsi qu’à leurs familles à leurs amis venus les entourer à loccasion du consistoire de samedi dernier, 24 novembre.« Je vous demande, a dit le pape, de toujours maccompagner de votre expérience humaine et pastorale que japprécie. Je compte beaucoup sur votre précieux soutien, afin de pouvoir accomplir au mieux mon ministère au service de tout le peuple de Dieu. Jai besoin de ce soutien ».Le pape a souligné la dimension « catholique » des célébrations de ces trois derniers jours : « Le consistoire et la célébration eucharistique dhier, en la solennité du Christ Roi, nous ont offert une occasion singulière pour faire lexpérience de la catholicité de lEglise, bien représentée par la diversité des provenances des membres du Collège cardinalice, réunis en étroite communion autour du Successeur de Pierre »

.Aux fidèles accompagnant les nouveaux cardinaux, le pape a demandé avec insistance que leur « amitié », leur « estime », et leur « prière » ne fasse jamais défaut aux cardinaux, de façon à les « aider à continuer à servir fidèlement lEglise et à rendre, dans les différents rôles et ministères que la Providence leur confie, un témoignage toujours plus généreux damour du Christ ».Benoît XVI a remercié les fidèles de leur participation à ces célébrations, avant dajouter : « Continuez à prier pour eux et aussi pour moi, afin que la communion des pasteurs avec le pape soit toujours solide, de façon à offrir au monde entier le témoignage dune Eglise fidèle au Christ et prête devancer, avec un courage prophétique, les attentes et les exigences spirituelles des hommes de notre temps »

.En français, le pape sest adressé aux Parisiens et aux Sénégalais avec une invitation spéciale à prier pour les jeunes que le Christ appelle au sacerdoce : « Je suis heureux de saluer les nouveaux membres du Collège des cardinaux. Larchevêque de Paris, cardinal André Vingt-Trois ; larchevêque de Dakar, cardinal Théodore-Adrien Sarr, ainsi que leurs proches et leurs diocésains qui ont souhaité les accompagner en cette heureuse circonstance. Que les cérémonies que nous avons eu loccasion de vivre au cours des deux journées précédentes affermissent votre foi et votre amour du Christ et de l’Église. Je vous invite aussi à soutenir vos Pasteurs et à les accompagner de votre prière, pour quils guident toujours avec soin le peuple qui leur est confié. Noublions pas non plus de demander au Christ que des jeunes acceptent de sengager dans la voie du sacerdoce ».En polonais, le pape a salué le cardinal Stanislas Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, et ses hôtes, en disant : « Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait en faveur de la participation des laïcs à la vie de lEglise, et je vous souhaite dabondantes grâces »

.« Je vous recommande tous à lamour de Dieu et je vous bénis de tout cœur », a ajouté le pape, toujours en polonais.

Remise de l’anneau cardinalice aux nouveaux cardinaux : homélie de Benoît XVI

27 novembre, 2007

 du site:

http://www.zenit.org/article-16718?l=french

 

Remise de l’anneau cardinalice aux nouveaux cardinaux : homélie de Benoît XVI

Texte intégral

ROME, Lundi 26 novembre 2007 (ZENIT.org

) Nous publions ci-dessous lhomélie prononcée par le pape Benoît XVI dimanche 25 novembre, lors de la messe quil a concélébrée dans la Basilique Saint-Pierre avec les 23 nouveaux cardinaux créés lors du consistoire de la veille. Au cours de cette célébration, le pape a remis lanneau cardinalice aux nouveaux cardinaux.Messieurs les Cardinaux,
V
énérés Frères dans l’Episcopat et dans le Sacerdoce,
Mesdames et Messieurs,
Chers fr
ères et sœ
urs !Cette année, la solennité du Christ Roi de l’univers, couronnement de l’année liturgique, est enrichie par l’accueil dans le Collège cardinalice de 23 nouveaux membres que j’ai invités, selon la tradition, à concélébrer l’Eucharistie avec moi. A chacun d’eux j’adresse mes salutations cordiales, les étendant avec une affection fraternelle à tous les cardinaux présents. Par ailleurs, je suis heureux de saluer les délégations venues de différents pays et le Corps diplomatique près le Saint-Siège, les nombreux évêques et prêtres, les religieux et les religieuses, et tous les fidèles laïcs, en particulier ceux qui viennent des diocèses confiés à

la direction pastorale de certains des nouveaux Cardinaux.La fête liturgique du Christ Roi offre à notre célébration un fond très significatif, défini et éclairé par les lectures bibliques. Nous nous trouvons comme face à une fresque imposante composée de trois grandes scènes : au centre, la crucifixion, selon le récit de l’évangéliste Luc ; avec d’un côté, l’onction royale de David par les anciens d’Israël ; de l’autre, l’hymne christologique par lequel saint Paul introduit la Lettre aux Colossiens. La figure du Christ domine l’ensemble, l’unique Seigneur devant lequel nous sommes tous frères. Toute la hiérarchie de l’Eglise, chaque charisme et ministère, tout et tous, nous sommes au service de sa grandeur.Nous devons partir de l’événement central : la Croix. Le Christ manifeste ici sa royauté singulière. Sur le Calvaire, deux attitudes opposées sont confrontées. Plusieurs personnages au pied de la croix, ainsi que l’un des deux larrons, s’adressent avec mépris au Crucifié : Si tu es le Christ, le Roi Messie – disent-ils -, sauve-toi toi-même et descends de la potence. Jésus, en revanche, révèle sa gloire en demeurant là, sur la Croix, comme un Agneau immolé. D’une manière inattendue, l’autre larron se range de son côté et confesse implicitement la royauté du juste innocent et implore : « Souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton royaume » (Lc 23, 42). Saint Cyrille d’Alexandrie commente : « Tu le vois crucifié et tu l’appelles roi. Tu crois que celui qui supporte les railleries et la souffrance parviendra à la gloire divine » (Commentaire de Luc, homélie

153). Selon l’évangéliste Jean, la gloire divine est déjà présente, bien que cachée et défigurée par la croix. Mais dans le langage de Luc aussi le futur est anticipé dans le présent quand Jésus promet au bon larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Saint Ambroise observe : « Celui-là priait pour que le Seigneur se rappelât de lui, une fois entré dans son Royaume, mais le Seigneur lui répondit : en vérité, en vérité je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. La vie consiste à demeurer avec le Christ, car là où est le Christ, là est le Royaume » (Démonstration de l’Evangile selon Luc, 10, 121). L’accusation : « Celui-là est le roi des Juifs », qui figure sur un écriteau cloué au-dessus de la tête de Jésus, devient ainsi la proclamation de la vérité. Saint Ambroise fait encore remarquer : « A juste titre l’inscription se trouve au-dessus de la croix, car bien que le Seigneur fût en croix, il resplendissait du haut de la croix avec une majesté royale » (ibid., 10, 113).Dans les quatre Evangiles, la scène de la crucifixion constitue le moment de vérité, lorsque le « voile du temple » se déchire et qu’apparaît le Saint des Saints. En Jésus crucifié advient la plus haute révélation possible de Dieu en ce monde, car Dieu est amour et la mort de Jésus sur la croix est le plus grand acte d’amour de toute l’histoire. Or, la crucifixion est précisément représentée sur l’anneau cardinalice, que je remettrai d’ici peu aux nouveaux membres du sacré Collège. Ceci, chers frères nouveaux cardinaux, sera toujours pour vous une invitation à vous souvenir de quel Roi vous êtes les serviteurs, sur quel trône il a été élevé et de quelle manière il a été fidèle jusqu’à la fin pour vaincre le péché et la mort par la force de la miséricorde divine. Notre mère l’Eglise, épouse du Christ, vous donne ce signe en mémoire de son Epoux, qui l’a aimée et qui s’est livré lui-même pour elle (cf. Ep 5, 25). Ainsi, en portant l’anneau cardinalice, vous êtes constamment invités à vous souvenir de donner votre vie pour l’Eglise.Si nous tournons maintenant notre regard vers la scène de l’onction royale de David, présentée par la première lecture, nous sommes frappés par un aspect important de la royauté, à savoir la dimension « corporative ». Les anciens d’Israël vont à Hébron, scellent un pacte d’alliance avec David, en déclarant se considérer unis à lui et ne vouloir former qu’un avec lui. Si nous rapportons cette figure au Christ, il me semble que cette même profession d’alliance se prête très bien à être faite par vous précisément, chers frères cardinaux. Vous aussi, qui formez le « sénat » de l’Eglise, vous pouvez dire à Jésus : « Nous sommes de tes os et de ta chair » (2 S 5, 1). Nous T’appartenons et nous ne voulons faire qu’un avec Toi. Tu es le berger du Peuple de Dieu, Tu es le chef de l’Eglise (cf. 2 S 5, 2). Au cours de cette célébration eucharistique solennelle, nous voulons renouveler notre pacte avec Toi, notre amitié, car ce n’est que dans cette relation intime et profonde avec Toi, Jésus notre Roi et Seigneur, que la dignité qui nous a été conférée et la responsabilité

qu’elle comporte prennent leur sens et leur valeur.Il nous reste maintenant à admirer la troisième partie du « triptyque » devant lequel nous place la Parole de Dieu : l’hymne christologique de la Lettre aux Colossiens. Avant tout, faisons nôtre le sentiment de joie et de gratitude d’où elle jaillit, pour le fait que le royaume du Christ, le « sort des saints dans la lumière », n’est pas quelque chose de simplement entrevu de loin, mais la réalité dont nous sommes appelés à faire partie, dans laquelle nous avons été « transférés » grâce à l’œuvre rédemptrice du Fils de Dieu (cf. Col 1, 12-14). Cette action de grâce ouvre l’esprit de saint Paul à la contemplation du Christ et de son mystère dans ses deux dimensions principales : la création de toutes les choses et leur réconciliation. Pour le premier aspect, la grandeur du Christ consiste dans le fait que « c’est en lui qu’ont été créées toutes choses… et pour lui…. et tout subsiste en lui » (Col 1, 16). La seconde dimension est centrée sur le mystère pascal : par la mort du Fils sur la croix, Dieu s’est réconcilié toute créature, il a fait la paix entre le ciel et la terre ; en le ressuscitant d’entre les morts, il en a fait les prémices de la nouvelle création, « plénitude » de toute réalité et « tête du corps » mystique qu’est l’Eglise (cf. Col 1, 18-20). Nous sommes à nouveau devant la croix, événement central du mystère du Christ. Dans la vision paulinienne, la croix est encadrée à l’intérieur de l’ensemble de l’économie du salut, où la royauté de Jésus se déploie dans toute son ampleur cosmique.Ce texte de l’Apôtre exprime une synthèse de vérité et de foi si puissante que nous ne pouvons pas ne pas être profondément admiratifs. L’Eglise est dépositaire du mystère du Christ : elle l’est en toute humilité et sans ombre d’orgueil ou d’arrogance, car il s’agit du don le plus élevé qu’elle ait reçu sans aucun mérite et qu’elle est appelée à offrir gratuitement à l’humanité de chaque époque, comme horizon de sens et de salut. Ce n’est pas une philosophie, ce n’est pas une gnose, bien qu’elle comprenne aussi la sagesse et la connaissance. C’est le mystère du Christ ; c’est le Christ lui-même, le Logos

incarné, mort et ressuscité, constitué Roi de l’univers. Comment ne pas éprouver un élan d’enthousiasme rempli de gratitude pour avoir été admis à contempler la splendeur de cette révélation ? Comment ne pas ressentir en même temps la joie et la responsabilité de servir ce Roi, de témoigner de sa grandeur par la vie et par la parole ? Tel est, de façon particulière, notre devoir, vénérés frères cardinaux : annoncer au monde la vérité du Christ, espérance pour chaque homme et pour la famille humaine tout entière. Dans le sillage du Concile œcuménique Vatican II, mes vénérés prédécesseurs, les serviteurs de Dieu Paul VI, Jean-Paul Ier et Jean-Paul II, ont été d’authentiques hérauts de la royauté du Christ dans le monde contemporain. C’est pour moi un motif de consolation de toujours pouvoir compter sur vous, aussi bien collégialement qu’individuellement, pour mener à bien moi aussi cette tâche fondamentale du ministère pétrinien. En conclusion, il y a un aspect, étroitement lié à cette mission, que je voudrais aborder et confier à votre prière : la paix entre tous les disciples du Christ, comme signe de la paix que Jésus est venu instaurer dans le monde. Nous avons écouté dans l’hymne christologique la grande nouvelle : il a plu à Dieu de « réconcilier » l’univers par la croix du Christ (cf. Col 1, 20) ! Eh bien, l’Eglise est cette portion d’humanité où se manifeste déjà la royauté du Christ, dont la paix est la manifestation privilégiée. C’est la Jérusalem nouvelle, encore imparfaite car pèlerine dans l’histoire, mais en mesure d’anticiper, en quelque sorte, la Jérusalem céleste. Ici, nous pouvons enfin nous référer au texte du Psaume responsorial, le Psaume 121 : il fait partie de ce qu’on appelle les « chants des ascensions » et c’est l’hymne de joie des pèlerins qui, montant vers la cité sainte et arrivés à ses portes, lui adressent le salut de paix : shalom ! Selon une étymologie populaire, Jérusalem était interprétée comme la « cité de la paix », cette paix que le Messie, fils de David, aurait instaurée dans la plénitude des temps. En Jérusalem, nous reconnaissons la figure de l’Eglise, sacrement du Christ et de son Royaume.Chers frères cardinaux, ce Psaume exprime bien le chant d’amour ardent pour l’Eglise que vous portez assurément dans votre cœur. Vous avez consacré votre vie au service de l’Eglise et vous êtes désormais appelés à assumer en elle une tâche d’une plus haute responsabilité. Les paroles du Psaume trouvent en vous une pleine adhésion : « Appelez la paix sur Jérusalem » (v. 6). Que la prière pour la paix et l’unité constitue votre première et principale mission, afin que l’Eglise soit « ferme et compacte » (v. 3), signe et instrument d’unité pour tout le genre humain (cf. Lumen gentium, n.1). Je place, plus encore, nous plaçons tous ensemble votre mission sous la protection vigilante de la Mère de l’Eglise, la Très Sainte Vierge Marie. C’est à Elle, unie à son Fils sur le Calvaire et élevée comme Reine à sa droite dans la gloire, que nous confions les nouveaux cardinaux, le Collège cardinalice et la communauté catholique tout entière qui s’efforce de semer dans les sillons de l’histoire le Royaume du Christ, Seigneur de la vie et Prince de la paix.

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