Archive pour la catégorie 'Temps liturgique: la Semaine Sainte'

PAPE BENOÎT XV: VÉNÉRATION DU SAINT-SUAIRE – « Icône du Samedi Saint »

19 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2010/may/documents/hf_ben-xvi_spe_20100502_meditazione-torino_fr.html

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VÉNÉRATION DU SAINT-SUAIRE – « Icône du Samedi Saint »

MÉDITATION DU PAPE BENOÎT XVI

Dimanche 2 mai 2010

Chers amis,

C’est pour moi un moment très attendu. En diverses autres occasions, je me suis trouvé face au Saint-Suaire, mais cette fois, je vis ce pèlerinage et cette halte avec une intensité particulière: sans doute parce que les années qui passent me rendent encore plus sensible au message de cet extraordinaire Icône; sans doute, et je dirais surtout, parce que je suis ici en tant que Successeur de Pierre, et que je porte dans mon cœur toute l’Eglise, et même toute l’humanité. Je rends grâce à Dieu pour le don de ce pèlerinage et également pour l’occasion de partager avec vous une brève méditation qui m’a été suggérée par le sous-titre de cette Ostension solennelle: « Le mystère du Samedi Saint ».
On peut dire que le Saint-Suaire est l’Icône de ce mystère, l’Icône du Samedi Saint. En effet, il s’agit d’un linceul qui a enveloppé la dépouille d’un homme crucifié correspondant en tout point à ce que les Evangiles nous rapportent de Jésus, qui, crucifié vers midi, expira vers trois heures de l’après-midi. Le soir venu, comme c’était la Parascève, c’est-à-dire la veille du sabbat solennel de Pâques, Joseph d’Arimathie, un riche et influent membre du Sanhédrin, demanda courageusement à Ponce Pilate de pouvoir enterrer Jésus dans son tombeau neuf, qu’il avait fait creuser dans le roc à peu de distance du Golgotha. Ayant obtenu l’autorisation, il acheta un linceul et, ayant descendu le corps de Jésus de la croix, l’enveloppa dans ce linceul et le déposa dans le tombeau (cf. Mc 15, 42-46). C’est ce que rapporte l’Evangile de saint Marc, et les autres évangélistes concordent avec lui. A partir de ce moment, Jésus demeura dans le sépulcre jusqu’à l’aube du jour après le sabbat, et le Saint-Suaire de Turin nous offre l’image de ce qu’était son corps étendu dans le tombeau au cours de cette période, qui fut chronologiquement brève (environ un jour et demi), mais qui fut immense, infinie dans sa valeur et sa signification.
Le Samedi Saint est le jour où Dieu est caché, comme on le lit dans une ancienne Homélie: « Que se passe-t-il? Aujourd’hui, un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme. Un grand silence parce que le Roi dort… Dieu s’est endormi dans la chair, et il réveille ceux qui étaient dans les enfers » (Homélie pour le Samedi Saint, PG 43, 439). Dans le Credo, nous professons que Jésus Christ « a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts ».
Chers frères et sœurs, à notre époque, en particulier après avoir traversé le siècle dernier, l’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’est élargi toujours plus. Vers la fin du xix siècle, Nietzsche écrivait: « Dieu est mort! Et c’est nous qui l’avons tué! ». Cette célèbre expression est, si nous regardons bien, prise presque à la lettre par la tradition chrétienne, nous la répétons souvent dans la Via Crucis, peut-être sans nous rendre pleinement compte de ce que nous disons. Après les deux guerres mondiales, les lager et les goulag, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue dans une mesure toujours plus grande un Samedi Saint: l’obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s’interrogent sur la vie, et de façon particulière nous interpelle, nous croyants. Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité.
Et toutefois, la mort du Fils de Dieu, de Jésus de Nazareth a un aspect opposé, totalement positif, source de réconfort et d’espérance. Et cela me fait penser au fait que le Saint-Suaire se présente comme un document « photographique », doté d’un « positif » et d’un « négatif ». Et en effet, c’est précisément le cas: le mystère le plus obscur de la foi est dans le même temps le signe le plus lumineux d’une espérance qui ne connaît pas de limite. Le Samedi Saint est une « terre qui n’appartient à personne » entre la mort et la résurrection, mais dans cette « terre qui n’appartient à personne » est entré l’Un, l’Unique qui l’a traversée avec les signes de sa Passion pour l’homme: « Passio Christi. Passio hominis ». Et le Saint-Suaire nous parle exactement de ce moment, il témoigne précisément de l’intervalle unique et qu’on ne peut répéter dans l’histoire de l’humanité et de l’univers, dans lequel Dieu, dans Jésus Christ, a partagé non seulement notre mort, mais également le fait que nous demeurions dans la mort. La solidarité la plus radicale.
Dans ce « temps-au-delà-du temps », Jésus Christ « est descendu aux enfers ». Que signifie cette expression? Elle signifie que Dieu, s’étant fait homme, est arrivé au point d’entrer dans la solitude extrême et absolue de l’homme, où n’arrive aucun rayon d’amour, où règne l’abandon total sans aucune parole de réconfort: « les enfers ». Jésus Christ, demeurant dans la mort, a franchi la porte de cette ultime solitude pour nous guider également à la franchir avec Lui. Nous avons tous parfois ressenti une terrible sensation d’abandon, et ce qui nous fait le plus peur dans la mort, est précisément cela, comme des enfants, nous avons peur de rester seuls dans l’obscurité, et seule la présence d’une personne qui nous aime peut nous rassurer. Voilà, c’est précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint: dans le royaume de la mort a retenti la voix de Dieu. L’impensable a eu lieu: c’est-à-dire que l’Amour a pénétré « dans les enfers »: dans l’obscurité extrême de la solitude humaine la plus absolue également, nous pouvons écouter une voix qui nous appelle et trouver une main qui nous prend et nous conduit au dehors. L’être humain vit pour le fait qu’il est aimé et qu’il peut aimer; et si dans l’espace de la mort également, a pénétré l’amour, alors là aussi est arrivée la vie. A l’heure de la solitude extrême, nous ne serons jamais seuls: « Passio Christi. Passio hominis ».
Tel est le mystère du Samedi Saint! Précisément de là, de l’obscurité de la mort du Fils de Dieu est apparue la lumière d’une espérance nouvelle: la lumière de la Résurrection. Et bien, il me semble qu’en regardant ce saint linceul avec les yeux de la foi, on perçoit quelque chose de cette lumière. En effet, le Saint-Suaire a été immergé dans cette obscurité profonde, mais il est dans le même temps lumineux; et je pense que si des milliers et des milliers de personnes viennent le vénérer, sans compter celles qui le contemplent à travers les images – c’est parce qu’en lui, elles ne voient pas seulement l’obscurité, mais également la lumière; pas tant l’échec de la vie et de l’amour, mais plutôt la victoire, la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine; elles voient bien la mort de Jésus, mais elles entrevoient sa Résurrection; au sein de la mort bat à présent la vie, car l’amour y habite. Tel est le pouvoir du Saint-Suaire: du visage de cet « Homme des douleurs », qui porte sur lui la passion de l’homme de tout temps et de tout lieu, nos passions, nos souffrances, nos difficultés, nos péchés également – « Passio Christi. Passio hominis » – de ce visage émane une majesté solennelle, une grandeur paradoxale. Ce visage, ces mains et ces pieds, ce côté, tout ce corps parle, il est lui-même une parole que nous pouvons écouter dans le silence. Que nous dit le Saint-Suaire? Il parle avec le sang, et le sang est la vie! Le Saint-Suaire est une Icône écrite avec le sang; le sang d’un homme flagellé, couronné d’épines, crucifié et transpercé au côté droit. L’image imprimée sur le Saint-Suaire est celle d’un mort, mais le sang parle de sa vie. Chaque trace de sang parle d’amour et de vie. En particulier cette tâche abondante à proximité du flanc, faite de sang et d’eau ayant coulé avec abondance par une large blessure procurée par un coup de lance romaine, ce sang et cette eau parlent de vie. C’est comme une source qui murmure dans le silence, et nous, nous pouvons l’entendre, nous pouvons l’écouter, dans le silence du Samedi Saint.
Chers amis, rendons toujours gloire au Seigneur pour son amour fidèle et miséricordieux. En partant de ce lieu saint, portons dans les yeux l’image du Saint-Suaire, portons dans le cœur cette parole d’amour, et louons Dieu avec une vie pleine de foi, d’espérance et de charité. Merci.

MÉDITATION POUR LE SAMEDI SAINT – Cardinal Carlo Maria Martini

19 avril, 2014

http://christianegrimonprez.blogspot.it/

MÉDITATION POUR LE SAMEDI SAINT

« Et Dieu se fit vulnérable »

Cardinal Carlo Maria Martini

Les récits de la passion

En ce samedi saint, ce jour du grand silence de Dieu, de la grande absence de Dieu… il peut être bon de nous demander : en quel Dieu croyons-nous ? Acceptons-nous vraiment qu’il se dise à nous dans le chemin suivi par Jésus jusqu’à la mort en croix ? Le texte ci-dessous voudrait nous y aider. Il s’agit d’une méditation des derniers instants de Jésus dans le récit qu’en fait Matthieu.
« Un courant de la mystique occidentale a souvent pensé qu’on ne peut faire l’économie, pour l’homme spirituel, de l’expérience de l’aridité, de la tiédeur, de la lassitude, de l’obscurité, de la nuit. Ce serait de simples chemins qui montent de la pesanteur de la chair, par la purification, vers la contemplation de la lumière de Dieu.
En vérité, cette réalité doit être interprétée christologiquement, à la lumière de l’évangile : nous sommes appelés à être là où est le Christ, à connaître Dieu comme le Christ nous l’a fait connaître. Et puisque la puissance du Christ s’est révélée dans la faiblesse, la lumière de Dieu dans l’obscurité des heures de la croix, puisque la gloire et l’espérance de Dieu se sont manifestées dans le cri de douleur et d’abandon, ainsi nous aussi, nous sommes appelés, en quelque sorte, sur les chemins que Jésus nous propose, à connaître un Dieu différent de l’image que nous en avions.
Reparaît la question : pourquoi Dieu se donne-t-il à connaître sur la croix ? Jésus ne pouvait-il pas descendre de ce bois et nous sauver à moindre frais ? Aurait-il donc vraiment pris au sérieux l’abîme de la méchanceté de l’homme et du monde ? Une fois encore nous sommes poussés à chercher le pourquoi de sa mort paradoxale.
La mort de Jésus n’a rien de glorieux ni d’extraordinaire. Il y a par grâce de Dieu, des morts lumineuses, des morts de personnes auprès desquelles on respire un parfum de paradis : la sérénité, la paix de Dieu. C’est la force du Ressuscité qui se déverse dans l’expérience la plus tragique de l’homme et parfois la transfigure… Mais la mort de Jésus n’a pas été ainsi.
Après ses dernière paroles, le malentendu est patent : ils croient que Jésus appelle Elie et ils lui donnent une éponge imbibée de vinaigre. Du trouble se produit, mais nul spectacle de grandeur, personne qui s’étonne et qui prie. Tout se passe à la frange du grave et du dérisoire, au milieu d’une foule habituée à voir mourir des condamnés. Jésus crie, une fois encore : une clameur sans un mot, paroxysme du mystère.
La mort de Jésus est tragique. Elle n’est pas auréolée de sérénité et de paix : Jésus tombe dans l’abîme de la cruauté humaine qui l’engloutit.
Notons ceci : Jean et Luc nous présentent la mort de Jésus comme transfigurée ; Matthieu et Marc, quant à eux, nous montrent l’aspect infiniment plus amer de ce drame. Et ce second aspect (qui ne doit pas nous faire oublier l’autre) insiste sur la part que, dans sa mort, Jésus prend à tant de morts humaines sans grandeur, ce qui est le cas de la grande majorité des hommes et des femmes de notre terre.
(…) Nous voudrions que les derniers moments de notre vie soient paisibles, dans l’abandon serein… ils peuvent être, au contraire, étrangement imprévisibles, mystérieux. La mort de Jésus participe de l’imprévisibilité de l’expérience humaine de la mort.
Il n’y a qu’à adorer le mystère du Seigneur qui s’est fait semblable à chacun de nous. Ce que sera notre expérience de la mort, nous n’en savons rien. Ce que nous savons, toutefois, c’est que le Seigneur, par amour pour nous, nous en a préparé le chemin et qu’il viendra à notre rencontre ».

« MON DIEU, MON DIEU, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ? » (MARC 15, 34)

18 avril, 2014

http://www.dioceserimouski.com/lit/spir/vendst2010.html

« MON DIEU, MON DIEU, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ? » (MARC 15, 34)

Quel est ce chemin de souffrance et de douleur,
où tu t’engages aujourd’hui,
Toi, Jésus, le fils du charpentier,
Toi, l’humble enfant de Nazareth?

Quelle est cette force
qui te fait garder le silence devant tes accusateurs?
Quelle est cette passion qui te dévore
et qui te pousse à la mort même, à la mort de la croix?

Chaque fois que nous entendons le récit de ta passion,
chaque fois que nous refaisons avec toi
le chemin de ta croix,
chaque fois que nous contemplons
ton visage de juste défiguré,
un doute nous assaille.

Pourquoi?

Pourquoi Dieu t’a-t-il ainsi abandonné?
Pourquoi, dans ta révolte même,
t’es-tu abandonné dans la main du Père?

Donne-nous de comprendre cet amour.
Donne-nous de découvrir dans cette folie
le dévoilement même du coeur de Dieu.

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus!

André Beauchamp, Rassembler 2 (2002) 31.

HOMÉLIE DE MGR LE SAUX POUR LE VENDREDI SAINT (2011)

18 avril, 2014

http://www.sarthe.catholique.fr/HOMELIE-DE-MGR-LE-SAUX-POUR-LE,1003

HOMÉLIE DE MGR LE SAUX POUR LE VENDREDI SAINT (2011)

Monseigneur Yves Le Saux , Evêque du Mans

22 avril 2011

« Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. » (Jn19, 37) Nous sommes invités aujourd’hui à regarder celui que nous avons transpercé.
Dans la Passion du Christ, la souffrance humaine a atteint son sommet. « Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleur, familier de la souffrance, semblable aux lépreux dont on se détourne, et nous l’avons méprisé, compté pour rien. C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé, comme un agneau conduit à l’abattoir » nous dit Isaïe (Is 53) Simultanément, la souffrance a revêtu une dimension complètement nouvelle, elle est entrée dans un ordre nouveau. Elle a été liée à l’amour, à l’amour qui crée le bien en le tirant même du mal.
La croix du Christ est devenue une source d’où coulent des fleuves d’eau vive. Après que le côté du Christ fut transpercé sur la croix, il est dit : « aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. » Ainsi, la vision du prophète Ezechiel se réalise : la source qui jaillit du côté droit du Temple de Jérusalem devient un fleuve infranchissable qui donne la vie là où il se répand, et assainit les eaux de la mer. (Ez 47) Jésus est le véritable temple, lieu de la présence de Dieu.
Dans la Passion, l’amour de Dieu nous est révélé, amour qui va jusqu’au bout. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16) Lors du dernier repas que Jésus prend avec ses disciples, l’apôtre Philippe demande à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. » (Jn 14, 8) Jésus répondra : « Qui me voit voit le Père. » (Jn 14, 9) En regardant Jésus sur la croix, nous voyons le Père. Nous voyons qui est Dieu et comment il nous aime. Croire dans le Fils crucifié signifie « voir le Père ». Cela signifie que l’amour est présent dans le monde, et que cet amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l’homme, l’humanité et le monde sont plongés.
Sur la croix, l’amour miséricordieux nous est révélé. La miséricorde, c’est l’amour qui traverse la misère humaine. Plus même, c’est l’amour qui se sert de la misère et du mal qui sont dans le monde et qui assiège l’homme, qui s’insinue jusque dans son cœur, pour nous manifester un amour encore plus grand par la force du pardon.
Ce qui se passe dans la Passion du Christ est incroyable. Nous le rejetons et le méprisons : il nous manifeste encore plus d’amour. Nous l’accusons : il se tait. Nous le blessons : par ses blessures, il nous guérit. Nous le traitons comme un criminel et le condamnons injustement : il nous pardonne. Nous le mettons à mort : il nous donne la vie.
Face à Pilate qui l’interroge, Jésus répond : « Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. Pilate lui dit : qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 37-38) Si Jésus nous révèle l’amour du Père, plus encore, s’il est l’amour du Père, il nous révèle aussi la vérité, ou plus exactement, il est la vérité, la vérité sur Dieu et aussi la vérité sur l’homme. Il nous montre en vérité qui est Dieu, Dieu qui se fait proche, Dieu qui se rend accessible, terriblement accessible. La vérité est que la puissance de Dieu se révèle dans l’absence de la puissance. La puissance de Dieu, c’est la miséricorde. Il nous dit aussi la vérité sur l’homme. Au point que Pilate présente Jésus en disant « voici l’homme ! » (Jn 19, 5) En Jésus, l’homme est révélé en lui-même, en lui est rendue visible la misère de tous ceux qui sont frappés ou anéantis. En lui, est révélée l’inhumanité du pouvoir humain qui écrase le faible. En lui, se révèle le péché de l’homme. Mais la profonde dignité de Jésus dans sa Passion révèle aussi la profonde dignité de l’homme. Sa dignité ne peut lui être enlevée. Au cœur de sa Passion, Jésus est aussi l’espérance. Dieu est du côté de ceux qui souffrent.

Que devons-nous faire face à un tel mystère ?
Le regarder, nous approcher de lui, le laisser s’approcher de nous.
Laissons-nous aimer. Nous pensons souvent que nous devons faire des choses pour Dieu ou à cause de lui. Nous pensons qu’il faut être généreux. En réalité, c’est lui qui nous a aimés le premier. Accueillons cet amour.
Laissons-nous guérir. C’est par ses blessures que nous sommes guéris. Nous avons été blessés par la trahison, par des accusations injustes, par toute sorte de déception, par la solitude, le mépris. Comme dit l’Ecriture, « le cœur de l’homme est compliqué et malade. » (Je 17, 9) Laissons Jésus nous rejoindre dans le plus intime de nos cœurs, pour qu’il redonne vie à ce qui est mort en nous, et que nos blessures, au lieu d’être source de colère, de jalousie, d’amertume, de peur, deviennent chemin de miséricorde.
Accueillons le pardon. « C’est par nos péchés qu’il a été broyé. » (Is 53, 5) Dans la Passion, le pardon est accordé. Accueillons-le. Que l’humilité du Christ nous libère de l’orgueil, que son silence nous libère des paroles d’accusation et blessantes. Que sa bonté nous libère de la jalousie et de la méchanceté, que sa douceur nous libère de la violence, que la vérité nous libère de tout mensonge. Apprenons de lui à aimer et à pardonner.

Enfin, en ce vendredi saint, implorons la miséricorde de Dieu sur ce monde déchiré par la souffrance, la guerre, les conflits.
Seigneur Jésus, nous avons confiance en toi.

MESSE DE LA CÈNE DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

16 avril, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2010/documents/hf_ben-xvi_hom_20100401_coena-domini_fr.html

MESSE DE LA CÈNE DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Saint-Jean-de-Latran

Jeudi Saint, 1er avril 2010 (année A)

Chers frères et sœurs,

D’une façon plus ample que les trois autres évangélistes, saint Jean, à sa manière propre, nous renvoie dans son évangile au discours d’adieu de Jésus, qui apparaît aussi comme son testament et comme la synthèse du noyau essentiel de son message. Au début de ce discours, il y a le lavement des pieds, dans lequel le service rédempteur de Jésus pour l’humanité qui a besoin de purification est résumé dans ce geste d’humilité. A la fin, les paroles de Jésus se transforment en prière, c’est la Prière sacerdotale, dont les exégètes ont repéré l’arrière-fond dans le rituel de la fête juive de l’Expiation. Ce qui était le sens de cette fête et de ses rites – la purification du monde, sa réconciliation avec Dieu – se réalise dans l’acte de la prière de Jésus, une prière qui en même temps, anticipe la Passion, la transforme en prière. Ainsi, dans la Prière sacerdotale, se rend aussi visible d’une manière tout à fait particulière, le mystère permanent du Jeudi Saint: le nouveau sacerdoce de Jésus Christ et sa continuation dans la consécration des Apôtres, dans la participation des disciples au sacerdoce du Seigneur. Dans ce texte inépuisable, je voudrais, à présent, choisir trois paroles de Jésus, qui puissent nous introduire plus profondément dans le mystère du Jeudi Saint.
Il y a tout d’abord la phrase: «La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jn 17,3). Chaque être humain veut vivre. Il désire une vie véritable, pleine, une vie qui vaille la peine, qui soit une joie. A l’aspiration à la vie, est jointe, en même temps, la résistance à la mort, qui, cependant, est inéluctable. Lorsque Jésus parle de la vie éternelle, il entend la vie authentique, vraie, qui mérite d’être vécue. Il n’entend pas simplement la vie qui vient après la mort. Il entend la manière authentique de la vie – une vie qui est pleinement vie et pour cela est soustraite à la mort, mais qui peut, de fait, déjà commencer en ce monde, ou mieux, qui doit commencer en lui: c’est seulement si nous apprenons déjà maintenant à vivre de façon authentique, si nous apprenons cette vie que la mort ne peut enlever, que la promesse de l’éternité a un sens. Mais comment cela se réalise-t-il? Qu’est donc cette vie vraiment éternelle, à laquelle la mort ne peut nuire? La réponse de Jésus, nous l’avons entendue: la vraie vie c’est qu’ils te connaissent, toi, Dieu et ton Envoyé, Jésus Christ. A notre surprise, il nous est dit là que la vie est connaissance. Cela signifie, par-dessus tout: la vie est relation. Personne n’a la vie de lui-même et seulement pour lui-même. Nous l’avons de l’autre, dans la relation avec l’autre. Si c’est une relation dans la vérité et dans l’amour, un donner et recevoir, elle donne plénitude à la vie, elle la rend belle. Mais justement à cause de cela, la destruction de la relation, œuvre de la mort, peut être particulièrement douloureuse, peut mettre en question la vie elle-même. Seule la relation avec Celui qui est lui-même la Vie, peut soutenir aussi ma vie au-delà des eaux de la mort, peut me conduire vivant à travers elles. Déjà, dans la philosophie grecque, existait l’idée que l’homme peut trouver une vie éternelle s’il s’attache à ce qui est indestructible – à la vérité qui est éternelle. On devrait, pour ainsi dire, se remplir de la vérité pour porter en soi la substance de l’éternité. Mais seulement si la Vérité est Personne, elle peut me faire traverser la nuit de la mort. Nous nous accrochons à Dieu, à Jésus Christ, le Ressuscité. Et nous sommes ainsi portés par Celui qui est la Vie même. Dans cette relation, nous vivons aussi en traversant la mort, parce que Celui qui est la Vie même ne nous abandonne pas.
Mais revenons aux paroles de Jésus: La vie éternelle: c’est qu’ils te connaissent, Toi et ton Envoyé. La connaissance de Dieu devient vie éternelle. Naturellement, ici par ‘connaissance’, on entend quelque chose de plus qu’un savoir extérieur, comme nous savons, par exemple, quand est mort un personnage célèbre et quand fut faite une invention. Connaître dans le sens de la Sainte Écriture, c’est devenir intérieurement une seule chose avec l’autre. Connaître Dieu, connaître le Christ signifie toujours aussi L’aimer, devenir en quelque sorte une seule chose avec Lui, en vertu de la connaissance et de l’amour. Notre vie devient donc une vie authentique, vraie et ainsi aussi éternelle, si nous connaissons Celui qui est la source de tout être et de toute vie. Ainsi, la parole de Jésus devient une invitation pour nous: devenons amis de Jésus, cherchons à Le connaître toujours plus! Vivons en dialogue avec lui! Apprenons de Lui la vie droite, devenons ses témoins! Alors nous devenons des personnes qui aiment et alors nous agissons de façon juste. Alors, nous vivons vraiment.
Par deux fois, au cours de la Prière sacerdotale, Jésus parle de la révélation du nom de Dieu. «J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner» (v.6). «Je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître encore: pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi, je sois en eux» (v.26). Le Seigneur fait allusion ici à la scène du Buisson ardent, dans laquelle Dieu, à la demande de Moïse, avait révélé son nom. Jésus veut donc dire que Lui porte à sa fin ce qui avait commencé au Buisson ardent; qu’en Lui, Dieu, qui s’était fait connaître à Moïse, se révèle maintenant pleinement. Et qu’ainsi il accomplit la réconciliation; que l’amour avec lequel Dieu aime son fils dans le mystère de la Trinité, entraîne maintenant les hommes dans cette circulation divine de l’amour. Mais qu’est-ce-que cela signifie plus précisément que la révélation du Buisson ardent soit portée à son terme, atteigne pleinement son but? L’essentiel de l’événement du Mont Horeb, n’a pas été la parole mystérieuse, le ‘Nom’, que Dieu avait livré à Moïse, pour ainsi dire, comme signe de reconnaissance. Communiquer le nom signifie entrer en relation avec l’autre. La révélation du nom divin signifie donc que Dieu, qui est infini et subsistant en lui-même, entre dans le jeu des relations humaines; que Lui, pour ainsi dire, sort de lui-même et devient l’un de nous, quelqu’un qui est présent au milieu de nous et pour nous. Pour cela, en Israël, sous le nom de Dieu, on ne voyait pas seulement un terme enveloppé de mystère, mais le fait de l’être-avec-nous de Dieu. Le Temple, selon la Sainte Écriture, est le lieu dans lequel habite le nom de Dieu. Dieu n’est pas renfermé dans quelque espace terrestre; Il demeure infiniment au-dessus du monde. Mais dans le Temple il est présent pour nous comme celui qui peut être nommé – comme Celui qui veut être avec nous. Cet être de Dieu avec son peuple s’accomplit dans l’Incarnation du Fils. En elle se complète réellement ce qui avait débuté au Buisson ardent: Dieu comme Homme peut être appelé par nous et nous est proche. Il est l’un de nous et, par-dessus tout, Il est Dieu éternel et infini. Son amour sort, pour ainsi dire, de lui-même et entre en nous. Le mystère eucharistique, la présence du Seigneur sous les espèces du pain et du vin est la plus haute et la plus intense condensation de ce nouvel être-avec-nous de Dieu. «Vraiment tu es un Dieu caché, Dieu d’Israël», a prié le prophète Isaïe (45,15). Cela reste toujours vrai. Mais en même temps, nous pouvons dire: vraiment tu es un Dieu proche, tu es un Dieu-avec-nous. Tu nous as révélé ton mystère et tu nous as montré ton visage. Tu t’es révélé toi-même et tu t’es donné dans nos mains… En ce moment, doit nous envahir la joie et la gratitude parce qu’il s’est montré; parce que Lui, l’Infini et l’Insaisissable pour notre raison, est le Dieu proche qui aime, le Dieu que nous pouvons connaître et aimer.
La demande la plus connue de la Prière sacerdotale est la demande de l’unité pour les disciples, pour ceux d’alors et ceux de l’avenir. Le Seigneur dit: «Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là – c’est-à-dire la communauté des disciples réunis au Cénacle – mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi: que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé (v. 20sv; cf. v. 11.13)». Que demande précisément ici le Seigneur? Par-dessus tout, il prie pour les disciples de ce temps et de tous les temps à venir. Il regarde en avant vers l’étendue de l’histoire à venir. Il en voit les dangers et recommande cette communauté au cœur du Père. Et il demande au Père l’Église et son unité. Il a été dit que, dans l’Évangile de Jean, l’Église n’apparaît pas – et il est vrai que la parole ekklesia n’y est pas mentionnée. Ici, au contraire, elle apparaît, dans ses caractéristiques essentielles: comme la communauté des disciples qui, grâce à la parole apostolique, croient en Jésus Christ et ainsi deviennent un. Jésus implore l’Église comme une et apostolique. Ainsi, cette prière est précisément un acte fondateur de l’Église. Le Seigneur demande l’Église au Père. Elle naît de la prière de Jésus et grâce à l’annonce des Apôtres, qui font connaître le nom de Dieu et introduisent les hommes dans la communion d’amour avec Dieu. Jésus demande donc que l’annonce des disciples se poursuive au long des temps; qu’une telle annonce rassemble les hommes, que grâce à elle, ils reconnaissent Dieu et son Envoyé, le Fils Jésus Christ. Et il prie afin que les hommes soient conduits à la foi, et au moyen de la foi, à l’amour. Et il demande au Père que ces croyants «soient un en nous» (v. 21); qu’ils vivent, pourrait-on dire, à l’intérieur de la communion avec Dieu et avec Jésus Christ, et que par cet être intérieurement en communion avec Dieu, s’édifie l’unité visible. Par deux fois, le Seigneur dit que cette unité devrait faire en sorte que le monde croie à la mission de Jésus. En effet, ce doit être une unité qui puisse se voir – une unité qui va tellement au-delà de ce qu’il est habituellement possible entre les hommes, qu’elle devient un signe pour le monde et confirme la mission de Jésus Christ. La prière de Jésus nous donne la garantie que l’annonce des Apôtres ne pourra jamais cesser dans l’histoire; qu’elle suscitera toujours la foi et rassemblera les hommes dans l’unité – dans une unité qui devient témoignage pour la mission de Jésus Christ. Mais cette prière est toujours aussi un examen de conscience pour nous. En ce moment, le Seigneur nous demande: vis-tu, par la foi, dans la communion avec moi et aussi dans la communion avec Dieu? Ou ne vis-tu pas peut-être plutôt pour toi-même, t’éloignant ainsi de la foi? Et n’es-tu pas ainsi coupable de la division qui obscurcit ma mission dans le monde, qui barre aux hommes l’accès à l’amour de Dieu? Que Lui l’ai vue, et qu’il voie encore tout ce qui menace et détruit l’unité, a été une composante de la Passion historique de Jésus et demeure une partie de sa Passion qui se prolonge dans l’histoire. Quand nous méditons sur la Passion du Seigneur, nous devons aussi percevoir la douleur de Jésus par le fait que nous sommes en opposition avec sa prière; que nous résistons à son amour; que nous nous opposons à l’unité qui doit être pour le monde le témoignage de sa mission.
En ce moment où, le Seigneur dans la Très Sainte Eucharistie se donne lui-même – son corps et son sang –, se donne dans nos mains et dans nos cœurs, nous voulons nous laisser toucher par sa prière. Nous voulons entrer nous aussi dans sa prière, et nous l’implorons ainsi: Oui, Seigneur, donne-nous la foi en toi, Toi qui es un avec le Père dans l’Esprit-Saint. Donne-nous de vivre dans ton amour et ainsi de devenir un avec toi, comme tu es un avec le Père pour que le monde croie. Amen.

HOMELIE DU JEUDI-SAINT 2011 (ANNÉE A)

16 avril, 2014

http://catholique-montauban.cef.fr/rubriques/gauche/leglise-catholique-en-tarn-et-garonne/textes-de-leveque/annee-2011/homelie-du-jeudi-saint-2011

HOMELIE DU JEUDI-SAINT 2011 (ANNÉE A)

Aujourd’hui nous célébrons la Cène du Seigneur, le repas dans lequel Jésus institue l’eucharistie et fait de ses apôtres les ministres de ce sacrement et de tous les sacrements. Or si les trois évangélistes Mathieu, Marc et Luc rapportent ce grand moment Jean rapporte un épisode simultané et étonnant : Jésus lave les pieds de ses disciples. Ce récit est étonnant car s’ils sont fidèles à la Tradition les Apôtres ont pris un bain avant ce repas et ont fait les ablutions rituelles. De plus, ce geste est un geste d’esclave. Comment Jésus qui est bien pour eux le Messie peut-il faire une telle chose ?

Un geste déroutant
C’est d’ailleurs la réaction de Pierre : « TOI Seigneur, tu veux me laver les pieds ? » Pierre ne comprend pas et refuse pensant que Jésus ne peut pas s’abaisser à un tel acte. Pierre –ne l’oublions pas – a un jour répondu à Jésus : « Tu es le Christ, le Messie de Dieu, le Fils du Dieu vivant » (Mathieu 16, 16).
Il n’est pas pensable pour Pierre de voir Jésus à ses pieds « Tu ne me laveras pas les pieds, non jamais ! » Il en est vraiment indigné….
Pierre ne se laissera faire que lorsque la Parole de Jésus lui ouvre le cœur :
« si je ne te lave pas les pieds tu n’auras pas part avec moi » et dans son élan il veut être lavé toute entier …..
Il est évident que Jean, l’auteur de l’évangile, n’est pas dans une affaire de propreté rituelle ! Nous sommes pleinement dans la signification de ce geste : l’abaissement de Jésus qui se fait serviteur jusqu’au bout. Il lave les pieds de ses apôtres mais, en fait, il les sanctifie, il les rend purs. C’est ce qu’il demande à son Père : « sanctifie-les dans ta vérité » (Jean 17, 17). Nous savons que nous ne pouvons pas nous purifier nous-mêmes : c’est le pardon de Dieu qui nous rend purs, « lave-moi de ma faute, Seigneur, purifie-moi de mon péché » (Ps 50). Quand saint Paul dit « vous avez revêtu le Christ » c’est ce qu’il veut signifier : vous êtes rempli du Christ, vous êtes purifiés dans le Christ.

Un geste d’amour et de pardon
C’est le commandement nouveau donné par Jésus à ses Apôtres
« Si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et votre Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez vous aussi comme moi j’ai fait pour vous ».
Il ne s’agit pas simplement de faire du bien aux autres, d’être « en tenue de service » à leur égard. Ce commandement s’adresse aux Apôtres et il ne se comprend qu’en lien avec ce qui se passe à ce moment intense du repas, de la Cène du Seigneur. Jésus anticipe ce qu’il va vivre dans quelques heures : le sacrifice total, le don de sa vie pour l’humanité tout entière depuis la création du monde jusqu’à la fin des temps. Le lavement des pieds est le signe de l’amour qui vient rejoindre les Apôtres, qui les sanctifie et les rend dignes d’accomplir à la suite du Christ son sacrifice suprême. Il faut mettre en parallèle les deux commandements qu’Il leur donne : « faites ceci en mémoire de moi « (le ministère eucharistique) « faites vous aussi, comme moi, ce que j’ai fait pour vous ».
La miséricorde du Seigneur fait aussi de ses Apôtres les ministres du pardon des péchés puisque dans la même ligne, selon l’évangile de Saint Jean, au soir de Pâques Jésus donne le commandement et le pouvoir à ses Apôtres de pardonner les péchés. Nous savons bien que dans le sacrement du pardon le Seigneur vient laver les pieds de ses disciples et les inonder de sa miséricorde.
Tout ceci nous fait entrevoir les liens inséparables qu’en ce Jeudi-Saint nous célébrons dans le mystère du Christ qui donne sa vie. Le lavement des pieds révèle à la fois l’abaissement et la toute-puissance du Christ. C’est exactement ce que nous retrouvons dans les sacrements : la pauvreté du signe (l’eau, le pain, le vin, l’huile…) et l’immensité du don de Dieu par la puissance du Christ. Cette puissance est celle de l’Amour qui s’incarne, qui rejoint chacun et qui, seul, nous purifie et nous rend dignes de ce don.
C’est pourquoi l’Eucharistie est une réalité divine qui se réalise entre les mains d’un homme pauvre pécheur mais appelé par le Christ à agir en ses lieux et places, i-e in persona Christi. Parce que nous sentons notre faiblesse comme Pierre nous disons « Seigneur, tu ne nous laveras pas les pieds ». Or c’est l’orgueil humain qui parle car il nous faut être bénéficiaires de la miséricorde du Seigneur, de son amour gratuit pour pouvoir le rendre présent. Et Pierre après la résurrection pourra dire « tu sais tout, Seigneur, tu sais bien que je t’aime » mais auparavant il va connaître dans la terrible nuit de la Passion de son Maître la trahison ….Il faudra le regard de Jésus pour le relever, pour la deuxième fois Jésus était descendu jusqu’à lui. L’eucharistie et tous les sacrements c’est cet abaissement de Dieu par Jésus pour nous rendre semblables à Lui et nous faire vivre de Lui. Soyons ce soir dans l’action de grâce pour cet immense don. Amen !

SUIVRE JÉSUS – 1. SUIVRE JÉSUS SIGNIFIE LUI DONNER PRIORITÉ (et…)

15 avril, 2014

http://www.topchretien.com/topmessages/view/2418/suivre-jesus.html

SUIVRE JÉSUS – 1. SUIVRE JÉSUS SIGNIFIE LUI DONNER PRIORITÉ (et…)

Par Michaël Williams

Jn.1:35-44 Texte: v.43 « Suis-moi »

INTRODUCTION
Jésus dit : « Suis-moi » à Philippe et Philippe Le suit. Jésus dit également à Pierre et André : Mt.4:19-21 « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. 20 Aussitôt, ils laissèrent les filets, et le suivirent. 21 De là étant allé plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs filets. Il les appela, 22 et aussitôt ils laissèrent la barque et leur père, et le suivirent. » ; 9:9 « De là étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au lieu des péages, et qui s’appelait Matthieu. Il lui dit: Suis-moi. Cet homme se leva, et le suivit. » Les 12 disciples étaient les premiers qui furent appelés à être disciples, mais pas les derniers. Depuis eux, des millions ont répondu à l’appel divin. Répondre à l’appel à devenir disciple signifie qu’on suit Jésus. On ne Le devance pas. On ne Le commande pas. On Le suit et on L’obéit. Qu’est-ce que signifie « suivre Jésus » ?

1. SUIVRE JÉSUS SIGNIFIE LUI DONNER PRIORITÉ
En Luc 9:59 Jésus invite à un homme : « Suis-moi. Et il répondit: Seigneur, permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. ». Si l’on tient compte des pratiques du temps du Nouveau Testament, il est clair que la raison donnée par cette homme à ne pas suivre Jésus directement n’avait rien à faire avec les obsèques de son papa. Son père n’était même pas mort ! On enterrait les morts dans les 8 heures et les fils ne quittaient pas le corps de leur père entre sa mort et son enterrement. Si donc le père de cet appelé était vraiment mort, l’homme en question ne serait pas en train de parler avec Jésus ! Non, sa réponse n’était qu’une excuse, une excuse pour remettre le pas de devenir disciple de Jésus à plus tard. Il était peut-être prêt à devenir disciple, mais certainement pas maintenant. Il semble qu’il ne l’est jamais devenu d’ailleurs, car on ne lit plus rien de lui dans la Bible.
Sa réponse contenait deux mots qu’un vrai disciple de Jésus ne peut jamais dire : « moi … d’abord ». V.60 « Jésus lui dit: Laisse les morts ensevelir leurs morts; et toi, va annoncer le royaume de Dieu. » Au contraire : Jésus dit : Mt.6:33a « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu » . Ceci veut dire que la volonté de Dieu doit occuper la première place dans notre vie. Jésus Lui-même a montré le bon exemple à Ses disciples : Jn.4:34 « Jésus leur dit: Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son oeuvre. » ; 5:30 « Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j’entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. » et dans le jardin de Gethsemané : Mt.26:39 « il se jeta sur sa face, et pria ainsi: Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » . Pierre demandait à Jésus : Mt.19:27,29 « Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi; qu’en sera-t-il pour nous ? » Seigneur, nous T’avons donné priorité – priorité sur notre foyer et notre commerce – « Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi; qu’en sera-t-il pour nous ? » . > vv.28-29 « Jésus leur répondit: Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. 29 Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle. »

2. SUIVRE JÉSUS EXIGE L’ABANDON DE TOUT CE QUI NOUS EMPÊCHE DE LE SUIVRE
En Marc 10 nous lisons la triste histoire d’un jeune homme riche, qui : v.17 « accourut, et se jetant à genoux devant lui: Bon maître, lui demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? ». Ce jeune homme n’attend pas à être appelé par Jésus, il se précipite lui-même pour faire sa candidature. Vv.18-20 « Jésus lui dit: Pourquoi m’appelles-tu bon? Il n’y a de bon que Dieu seul. 19 Tu connais les commandements: Tu ne commettras point d’adultère; tu ne tueras point; tu ne déroberas point; tu ne diras point de faux témoignage; tu ne feras tort à personne; honore ton père et ta mère. 20 Il lui répondit: Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. ». À première vue ce jeune homme semble être un candidat-disciple idéal. Il est sérieux, pieux, religieux et croyant. Et il est humble, même très humble, car un riche ne se mettait pas à genoux devant un pauvre ! Il veut vraiment devenir disciple de Jésus avec tout son coeur !
Le verset suivant dit quelque chose qui me touche profondément : v.21 « Jésus, l’ayant regardé, l’aima ». Dans mon imagination je vois Jésus se mettre à genoux, lentement et tendrement à coté du jeune homme, l’embrasser et lui dire : v.21b « Il te manque une chose; va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. » – une invitation personnelle à s’ajouter aux 12 disciples : « viens, et suis-moi. ». Mais quelle réaction décevante : v.22 « affligé de cette parole, cet homme s’en alla tout triste; car il avait de grands biens. » . La condition pour devenir disciple de Jésus lui est trop difficile. Son amour pour son argent est plus grand que son amour pour Jésus. Le résultat ? La plus grande occasion de sa vie : ratée : « cet homme s’en alla tout triste; car il avait de grands biens. » .
Suivre Jésus exige l’abandon de tout ce qui forme une barrière à Le suivre complètement et indivisiblement . Jésus est très radical à ce sujet : Mt.5:29-30 « Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. 30 Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne.”.

3. SUIVRE JÉSUS SIGNIFIE MOURIR À SOI-MÊME
S’il s’avère difficile à remplir ces deux premières conditions nécessaires à devenir un disciple de Jésus – Lui accorder toute priorité dans notre vie et abandonner tout ce qui pourrait former une barrière, la troisième condition est encore plus dure : Luc.9:23 « il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. » « Il dit à tous » – donc non seulement aux pasteurs, anciens, missionnaires etc, mais à nous tous, jeunes et vieux, nouveaux convertis et chrétiens qui servent le Seigneur déjà depuis 50 ans : « Si quelqu’un veut venir après moi » – suivre Jésus ne va donc pas de soi. Au contraire, J ésus met 3 conditions à remplir devant chaque candidat-disciple : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. ».
Jésus adresse ces paroles à Ses disciples au moment où tout semble aller formidablement bien dans leur expérience avec le Seigneur. Dans les jours qui précèdent ces paroles ils ont vu miracle après miracle : la tempête calmée sur la mer de Galilée, la délivrance du possédé à Gadara, la guérison de la femme qui souffrait d’une perte de sang, la résurrection de la fille de Jaïrus, la multiplication des 5 petits pains et 2 petits poissons. Il était facile, formidable même, à être un disciple de Jésus ! Et ça alaait devenir encore beaucoup mieux : Luc 12:28-30 « Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves; 29 c’est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur, 30 afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël. » ! Les disciples doivent être vraiment euphoriques ! Ils ont trouvé le Messie ! Jésus va certainement accomplir les prophéties de l’Ancien Testament, chasser les occupants Romains haïs du pays et établir Son Royaume de paix et de justice, dans lequel eux, les disciples, occuperaient des postes de ministre ! Mais alors explose leur rêve : v.22 « Il ajouta qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, qu’il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il fût mis à mort » O là ! Il doit y avoir une erreur ! Jésus Se trompe sûrement ! Souffrance ? Rejet ? Mort ? Cela ne peut pas être possible ! Mais avant qu’ils n’aient retrouvé leur souffle, Jésus jette une deuxième bombe : v.23 « il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. ». Jésus n’annonce pas seulement Ses propres souffrances, rejet et mort, mais Il annonce que Ses disciples subiront le même sort !
a) Renoncer à soi-même
Jésus dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. ». Non : « je et moi … », mais : « Tu et Toi … ». L’apôtre Paul écrit : 1 Cor.10:24 « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d’autrui. » ; Rom.15:1 « Nous qui sommes forts, nous devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas, et ne pas nous complaire en nous-mêmes. » . Renoncer à soi-même signifie que nous ne faisons pas ce qui nous plaît en premier lieu, mais que nous plaçons les besoins et même les désirs des autres devant les nôtres, et, surtout, que nous donnons priorité à la volonté de Dieu sur notre propre volonté . Jésus dit : Mt.16:25 « celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera. ». Jésus S’est renoncé à Lui-même à notre avantage : 2 Cor.8:9 « vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis. » . Il pria dans le jardin de Gethsemane : Mt.26:39 « non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. ».
b) Se charger de sa croix
« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix » . Si l’on renonce à soi-même, on se sacrifie . Renoncer à soi-même est négatif – dire « non » à notre propre volonté ; le sacrifice de soi-même est positif – dire « oui » à la croix. Jésus a dit « oui » à la croix. Il aurait pu dire « non ». Il aurait pu suivre la proposition du premier des brigands crucifiés à coté de Lui : Mt.27:40 « sauve-toi toi-même! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix! » et appeler les légions d’anges que Son Père céleste Lui avait promises. Mais Il ne l’a pas fait. Jésus Se chargeait de Sa croix. Et Il nous dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix » . Mais qu’est-ce que c’est que « sa croix » ? Une maladie, une situation difficile dans le mariage ou avec la famille, des circonstances onéreuses ? Quand Jésus dit « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix » , veut-Il nous encourager à souffrir comme Lui, Il a souffert, et/ou que nous devons accepter toutes les maladies et supporter toute attaque du diable ? Si, en effet, c’est cela qu’Il a voulu dire, alors pourquoi commence-t-Il ce verset avec le petit mot « si » ? « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix » . Ceux qui ne veulent pas venir après Lui, souffrent autant de maladies et de contretemps. Le texte ne dit cependant pas que nous devons tout accepter et supporter que le diable nous donne, mais, au contraire, que nous devons nous charger de notre croix nous-mêmes, volontairement. La croix à laquelle Jésus Se réfère ici n’est donc pas quelque chose négative ou douloureuse que le diable nous donne, mais quelque chose que nous prenons nous-mêmes. Personne ne se rend malade volontairement. Personne ne souhait des problèmes dans son mariage ou sa famille ou à son travail . Jésus dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix » – pas « une croix », mais « sa croix » ; pas une croix que quelqu’un d’autre nous donne, mais notre « propre » croix de laquelle nous nous chargeaons nous-mêmes – « chaque jour » !
Ceux qui voyait quelqu’un se charger d’une croix savait avec assurance ce qui allait lui arriver. Celui qui se chargeait d’une croix allait mourir ! Et le texte le confirme : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. » . Cette parole de Jésus est une invitation à mourir à tout ce qui pourrait nous empêcher à suivre le Seigneur. Le baptême dans l’eau illustre cette mort : Rom.6:4 « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. ». Mais le baptême n’illustre pas seulement la mort (heureusement), mais aussi la résurrection à la nouvelle vie – la vie éternelle consacrée à Jésus. : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. » .

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Michaël Williams est professeur à temps partiel au Continental Theological Seminary

 

DIES IRÆ (POÈME) TESTE LATIN ET TRADUCTION

14 avril, 2014

http://fr.wikipedia.org/wiki/Dies_Ir%C3%A6_(po%C3%A8me)

DIES IRÆ (POÈME) TESTE LATIN ET TRADUCTION

Le jugement dernier par Rogier van der Weyden.
La séquence (sequentia) Dies iræ (« Jour de colère » en latin), qu’on appelle aussi Prose des Morts, est un poème partiellement apocalyptique, intégré au corpus grégorien. Ses prémices sont apparues dès le début du xie siècle. La version actuelle date du xiiie siècle. Le Dies iræ était (et peut toujours être) chanté dans la messe de Requiem.

Sommaire [masquer]
1 Dies iræ
2 Origine et sources du poème
3 Le poème
4 Utilisation du thème dans la musique
5 Utilisation du thème dans le cinéma
6 Notes et références
7 Annexes
7.1 Bibliographie
7.2 Liens externes

DIES IRÆ
Écrit en langue latine sur le thème de la colère de Dieu au dernier jour (celui du Jugement Dernier), le poème évoque le retour (la Parousie) du Christ, au « son étonnant1 de la trompette » qui jettera les créatures au pied de son trône afin que tout acte soit jugé. Il participe d’une tendance médiévale (liée à l’époque des Croisades) que Jean-Charles Payen a appelée « la prédication par la crainte ». Mais c’est aussi, pour une bonne partie, le poème de la faiblesse de l’humain et du doute : « Quel protecteur vais-je implorer, quand le juste est à peine sûr ? » (Quem patronum rogaturus, cum vix justus sit securus ?). Et plus loin : « Rappelle-toi, Jésus très bon, c’est pour moi que tu es venu, ne me perds pas en ce jour-là » (Recordare, Jesu pie, quod sum causa tuæ viæ ; ne me perdas illa die).
C’est un des poèmes les plus connus de la littérature latine médiévale. Les textes de cette époque diffèrent des poèmes latins classiques par leur distribution de l’accent tonique et par la rime. Dans la séquence Dies iræ, le mètre est trochaïque (une syllabe longue, une syllabe brève). Elle est chantée en style de chant grégorien (ou plain-chant).
Son élaboration remonte au début du xie siècle (donc aux alentours de l’an mil) et aux tropes (ou développements) du Répons Libera me Domine (« Libère moi, Seigneur, de la mort éternelle ») qu’on chante également dans les messes de Requiem et où l’on trouve les mots Dies illa, dies iræ : « Ce jour-là sera un jour de colère »). L’essentiel du poème du Dies iræ semble avoir été mis en forme au milieu du xiie siècle (texte et musique). Il a longtemps été attribué à un frère franciscain italien du xiiie siècle, Thomas de Celano (Tomaso da Celano, 1200-1260). Mais il semble que cet auteur n’ait fait passer à la postérité que la version légèrement remaniée et complétée d’un poème plus bref et plus ancien, conservé dans un manuscrit du xiie siècle : en 1931, Dom Mauro Inguanez, bibliothécaire du Mont-Cassin, découvrit à Caramanico Terme, près de Naples, ce manuscrit datant de la fin du xiie siècle, qui donne du Dies iræ une version un peu plus courte que la nôtre : elle se termine avec la strophe Oro supplex. Il manque, en outre, la strophe Juste judex. Celano n’a pu, tout au plus, qu’apporter quelques modifications sur un texte déjà existant, sans doute dans le but de l’intégrer à la Messe des Morts2.
Après cela, le Dies iræ devint, pour une longue période, une Séquence (Sequentia) de la liturgie des funérailles (à laquelle appartient la Messe de Requiem). C’est à ce titre qu’il a fait l’objet de nombreuses compositions musicales ; parmi les plus célèbres, celles qu’on trouve dans les messes des morts de W. A. Mozart et de Giuseppe Verdi (qui ne reprennent aucun élément du plain-chant, mais seulement l’intégralité du texte)3. Cependant, les messes de Requiem ne comportent pas nécessairement le Dies iræ : il est par exemple absent du Requiem de Gabriel Fauré, qui retient plus les idées de repos et de paradis (voir l’In paradisum par lequel la messe se termine) que l’idée de crainte.
Dans le rite approuvé en 1969, à la suite du Concile Vatican II, par le pape Paul VI, la séquence a disparu des messes des défunts (ce qui n’entraîne pas sa disparition totale : elle reste néanmoins présente dans la forme antérieure du rite, celle-ci pouvant toujours être employée). La séquence figure aussi dans la version latine de l’Office des Lectures, à la 34e semaine du Temps ordinaire (Liber Hymnarius, Solesmes, 1983, XVI – 622 p.).
Origine et sources du poème
Le poème comporte une indication sur les sources qui l’ont inspiré, avec le vers déclarant Teste David cum Sibylla, « David l’atteste avec la Sibylle ». Le roi David est ici mentionné en tant qu’auteur biblique, en particulier des Psaumes. Le passage biblique ayant le plus clairement inspiré la composition du Dies iræ se trouve cependant dans le premier chapitre du Livre de Sophonie4. Les versets 14 à 18 évoquent en effet un « jour de colère », « jour où sonnera la trompette [tuba dans le texte latin] et jour de clameur », dans lequel toute la terre sera dévorée dans le feu de la colère de Dieu. (1,14-18) :
« Dies iræ, dies illa, dies tribulationis et angustiæ, dies calamitatis et miseriæ, dies tenebrarum et caliginis, dies nebulæ et turbinis, dies tubæ et clangoris super civitates munitas et super angulos excelsos. »
— Livre de Sophonie, 1, 15.
La Sibylle évoquée dans le Dies iræ est ce personnage de l’Antiquité auquel étaient attribués des oracles. Certains de ces oracles furent interprétés comme des prophéties chrétiennes par des auteurs de l’Antiquité, en particulier par Lactance. Ce dernier écrivit au début du vie siècle un livre intitulé La colère de Dieu, mais c’est surtout dans le septième livre des Institutions Divines qu’il a décrit le jour de sa colère en se basant sur des prophéties de la Sibylle Erythée. Ces oracles comportent nombre de thèmes présents dans le Dies iræ : le jour de la colère de Dieu, le jugement final, l’ouverture des tombeaux, la destruction du monde, l’annonce de ce jour par le son d’une trompette, la peur qui saisira tout le monde, l’appel à la clémence :
« …et pour comble de malheur, on entendra une trompette, selon le témoignage de la Sibylle, qui retentira du haut du ciel. Il n’y aura point de cœur où ce triste son ne jette l’épouvante et le tremblement. Alors le fer, le feu, la famine et la maladie servant comme de ministres à la colère de Dieu, se déchargeront sur les hommes qui n’auront point connu sa justice. Mais l’appréhension dont ils seront agités les tourmentera plus cruellement qu’aucun autre mal. Ils imploreront la miséricorde, et ne seront point exaucés ; ils invoqueront la mort, et ne recevront point son secours ; ils ne trouveront aucun repos ; dans la nuit, le sommeil n’approchera point de leurs yeux ; ils seront affligés par l’insomnie et par l’inquiétude du corps ; de sorte qu’ils fondront en pleurs, jetteront des cris, grinceront les dents, déploreront la condition des vivants et envieront celle des morts. La multitude de ces maux et de plusieurs autres, défigurera et désolera la terre, comme la Sibylle l’a prédit, quand elle a dit que le monde serait sans beauté et l’homme sans consolation5. »
— Lactance, Institutions divines, VII, XX, 3-4.
Dans ses premiers vers, le Dies iræ reprend des thèmes présents dans Sophonie et chez Lactance, mais la perspective dans laquelle ces thèmes sont exploités est très différente pour chaque œuvre. Dans le livre de Sophonie, l’évocation de la colère de Dieu précède un appel à la conversion. Chez Lactance, l’annonce du jour de la colère de Dieu est celle d’une victoire ultime, sans défaut et sans appel de la justice de Dieu. Cette justice se traduit par des supplices extrêmes pour les méchants dont les appels à la clémence seront sans effet. Lactance est fataliste, la conversion des méchants ne l’intéresse pas, il faut seulement que justice soit faite au dernier jour. Le Dies iræ ne se situe pas dans cette perspective. Il accorde une très large place aux appels à la miséricorde de la part du juste qui n’est pas certain d’avoir vraiment été juste. Par ailleurs, le Dies iræ ne dit pas que les méchants iront fatalement en enfer, il ne décrit pas non plus les supplices et les tourments que Lactance a très largement détaillés. Le Dies iræ évoque plutôt la Passion du Christ qui a souffert pour le salut des pécheurs, il rappelle aussi le pardon accordé à Marie-Madeleine et se termine par un appel à la clémence envers les pécheurs.

LE POÈME – TEXTE ORIGINAL EN LATIN
Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favílla,
Teste David cum Sibýlla !
Quantus tremor est futúrus,
quando judex est ventúrus,
cuncta stricte discussúrus !
Tuba mirum spargens sonum
per sepúlcra regiónum,
coget omnes ante thronum.
Mors stupébit et Natúra,
cum resúrget creatúra,
judicánti responsúra.
Liber scriptus proferétur,
in quo totum continétur,
unde Mundus judicétur.
Judex ergo cum sedébit,
quidquid latet apparébit,
nihil inúltum remanébit.
Quid sum miser tunc dictúrus ?
Quem patrónum rogatúrus,
cum vix justus sit secúrus ?
Rex treméndæ majestátis,
qui salvándos salvas gratis,
salva me, fons pietátis.
Recordáre, Jesu pie,
quod sum causa tuæ viæ ;
ne me perdas illa die.
Quærens me, sedísti lassus,
redemísti crucem passus,
tantus labor non sit cassus.
Juste Judex ultiónis,
donum fac remissiónis
ante diem ratiónis.
Ingemísco, tamquam reus,
culpa rubet vultus meus,
supplicánti parce Deus.
Qui Maríam absolvísti,
et latrónem exaudísti,
mihi quoque spem dedísti.
Preces meæ non sunt dignæ,
sed tu bonus fac benígne,
ne perénni cremer igne.
Inter oves locum præsta,
et ab hædis me sequéstra,’
státuens in parte dextra.
Confutátis maledíctis,
flammis ácribus addíctis,
voca me cum benedíctis.
Oro supplex et acclínis,
cor contrítum quasi cinis,
gere curam mei finis.
Lacrymósa dies illa,
qua resúrget ex favílla
judicándus homo reus.
Huic ergo parce, Deus.
Pie Jesu Dómine,
dona eis réquiem. Amen.

TRADUCTION LITTÉRALE
Jour de colère, ce jour-là
Il réduira le monde en cendres,
David l’atteste, et la Sibylle.
Quelle terreur à venir,
quand le juge apparaîtra
pour tout strictement examiner !
La trompette répand étonnamment ses sons,
parmi les sépulcres de tous pays,
rassemblant tous les hommes devant le trône.
La Mort sera stupéfaite, comme la Nature,
quand ressuscitera la créature,
pour être jugée d’après ses réponses.
Un livre écrit sera produit,
dans lequel tout sera contenu ;
d’après quoi le Monde sera jugé.
Quand le Juge donc tiendra séance,
tout ce qui est caché apparaîtra,
et rien d’impuni ne restera.
Que, pauvre de moi, alors dirai-je ?
Quel protecteur demanderai-je,
quand à peine le juste sera en sûreté ?
Roi de terrible majesté,
qui sauvez, ceux à sauver, par votre grâce,
sauvez-moi, source de piété.
Souvenez-vous, Jésus si doux,
que je suis la cause de votre route ;
ne me perdez pas en ce jour.
En me cherchant vous vous êtes assis fatigué,
me rachetant par la Croix, la Passion,
que tant de travaux ne soient pas vains.
Juste Juge de votre vengeance,
faites-moi don de la rémission
avant le jour du jugement.
Je gémis comme un coupable,
la faute rougit mon visage,
au suppliant, pardonnez Seigneur.
Vous qui avez absous Marie(-Madeleine),
et, au bon larron, exaucé les vœux,
à moi aussi vous rendez l’espoir.
Mes prières ne sont pas dignes (d’être exaucées),
mais vous, si bon, faites par votre bonté
que jamais je ne brûle dans le feu.
Entre les brebis placez-moi,
que des boucs je sois séparé,
en me plaçant à votre droite.
Confondus, les maudits,
aux flammes âcres assignés,
appelez-moi avec les bénis.
Je prie suppliant et incliné,
le cœur contrit comme de la cendre,
prenez soin de ma fin.
Jour de larmes que ce jour-là,
où ressuscitera, de la poussière,
pour le jugement, l’homme coupable.
À celui-là donc, pardonnez, ô Dieu.
Doux Jésus Seigneur,
donnez-leur le repos. Amen.

TRADUCTION PLUS LITTÉRAIRE
Jour de colère, que ce jour-là
Où le monde sera réduit en cendres,
Selon les oracles de David et de la Sibylle.
Quelle terreur nous saisira,
lorsque la créature ressuscitera
(pour être) examinée rigoureusement
L’étrange son de la trompette,
se répandant sur les tombeaux,
nous jettera au pied du trône.
La Mort, surprise, et la Nature,
verront se lever tous les hommes,
pour comparaître face au Juge.
Le livre alors sera produit,
où tous nos actes seront inscrits ;
tout d’après lui sera jugé.
Lorsque le Juge siégera,
tous les secrets apparaîtront,
et rien ne restera impuni.
Dans ma détresse, que pourrais-je alors dire ?
Quel protecteur vais-je implorer ?
alors que le juste est à peine en sûreté…
Ô Roi d’une majesté redoutable,
toi qui sauves les élus par grâce,
sauve-moi, source d’amour.
Rappelle-toi, Jésus très bon,
que c’est pour moi que tu es venu,
ne me perds pas en ce jour-là.
À me chercher tu as peiné,
Par ta Passion tu m’as sauvé,
qu’un tel labeur ne soit pas vain !
Tu serais juste en condamnant,
mais accorde-moi ton pardon
avant que j’aie à rendre compte.
Vois, je gémis comme un coupable
et le péché rougit mon front ;
mon Dieu, pardonne à qui t’implore.
Tu as absous Marie-Madeleine
et exaucé le larron ;
tu m’as aussi donné espoir.
Mes prières ne sont pas dignes,
mais toi, si bon, fais par pitié,
que j’évite le feu sans fin.
Parmi tes brebis place-moi,
à l’écart des boucs garde-moi,
en me mettant à ta main droite.
Quand les maudits, couverts de honte,
seront voués au feu rongeur,
prends-moi donc avec les bénis.
En m’inclinant je te supplie,
le cœur broyé comme la cendre :
prends soin de mes derniers moments.
Jour de larmes que ce jour-là,
où surgira de la poussière
le pécheur, pour être jugé !
Daigne, mon Dieu, lui pardonner.
Bon Jésus, notre Seigneur,
accorde-leur le repos. Amen.

Le poème devrait être complet à l’issue de l’avant-dernier paragraphe. Certains érudits se demandent si la suite est un ajout pour convenir à des fins liturgiques car la dernière strophe casse l’arrangement de trois rimes plates en faveur de deux rimes, tandis que les deux derniers vers abandonnent la rime pour l’assonance et sont en outre catalectiques.

Voici une paraphrase en vers du poème tirée des œuvres posthumes de Jean de La Fontaine6 :
Traduction paraphrasée de la prose Dies iræ
Dieu détruira le siecle au jour de sa fureur.
Un vaste embrasement sera l’avant-coureur,
Des suites du peché long & juste salaire.
Le feu ravagera l’Univers à son tour.
Terre & Cieux passeront, & ce tems de colere
Pour la dernière fois fera naître le jour.
Cette dernière Aurore éveillera les Morts.
L’Ange rassemblera les débris de nos corps ;
Il les ira citer au fond de leur asile.
Au bruit de la trompette en tous lieux dispersé
Toute gent accourra. David & la Sibille.
On prevû ce grand jour, & nous l’ont annoncé.
De quel frémissement nous nous verrons saisis !
Qui se croira pour lors du nombre des choisis ?
Le registre des cœurs, une exacte balance
Paroîtront aux côtez d’un Juge rigoureux.
Les tombeaux s’ouvriront, & leur triste silence
Aura bien-tôt fait place aux cris des malheureux.
La nature & la mort pleines d’étonnement
Verront avec effroi sortir du monument
Ceux que dés son berceau le monde aura vû vivre.
Les Morts de tous les tems demeureront surpris
En lisant leurs secrets aux Annales d’un Livre,
Où même les pensers se trouveront écrits.
Tout sera revelé par ce Livre fatal :
Rien d’impuni. Le Juge assis au Tribunal
Marquera sur son front sa volonté suprême.
Qui prierai-je en ce jour d’être mon défenseur ?
Sera-ce quelque juste ? Il craindra pour lui-même,
Et cherchera l’appui de quelque intercesseur.
Roi qui fais tout trembler devant ta Majesté,
Qui sauves les Elûs par ta seule bonté,
Source d’actes benins & remplis de clemence,
Souviens-toi que pour moi tu descendis des Cieux ;
Pour moi te dépoüillant de ton pouvoir immense,
Comme un simple mortel tu parus à nos yeux.
J’eus part ton passage, en perdras-tu le fruit ?
Veux-tu me condamner à l’éternelle nuit,
Moi pour qui ta bonté fit cet effort insigne ?
Tu ne t’es reposé que las de me chercher :
Tu n’as souffert la Croix que pour me rendre digne
D’un bonheur qui me puisse à toi-même attacher.
Tu pourrois aisément me perdre & te vanger.
Ne le fais point, Seigneur, viens plutôt soulager
Le faix sous qui je sens que mon âme succombe.
Assure mon salut dés ce monde incertain.
Empêche malgré moi que mon cœur ne retombe,
Et ne te force enfin de retirer ta main.
Avant le jour du compte efface entier le mien.
L’illustre Pecheresse en presentant le sien,
Se fit remettre tout par son amour extrême.
Le Larron te priant fut écouté de toi :
La priere & l’amour ont un charme suprême.
Tu m’as fait esperer même grace pour moi.
Je rougis, il est vrai, de cet espoir flatteur :
La honte de me voir infidelle & menteur,
Ainsi que mon peché se lit sur mon visage.
J’insiste toutefois, & n’aurai point cessé,
Que ta bonté mettant toute chose en usage,
N’éclate en ma faveur, & ne m’ait exaucé.
Fais qu’on me place à droite, au nombre des brebis.
Separe-moi des boucs reprouvés & maudits.
Tu vois mon cœur contrit, & mon humble priere.
Fais-mois perseverer dans ce juste remords :
Je te laisse le soin de mon heure dernière ;
Ne m’abandonne pas quand j’irai chez les Morts.

SENS ET SIGNIFICATION DES RAMEAUX:

11 avril, 2014

http://www.leffortcamerounais.info/2010/04/sens-et-signification-des-rameauxles-rameaux-b%C3%A9nis-serventils-%C3%A0-chasser-les-mauvais-esprits-dans-nos.html

SENS ET SIGNIFICATION DES RAMEAUX:

Les Rameaux bénis servent-ils à chasser les mauvais esprits dans nos maisons ?

Abbé Isidore Eleuthère Tadjuidje, Curé de la Paroisse Saint Jean Marie Vianney de Fokoué

Le dimanche des Rameaux, on commémore à la fois deux événements : d’une part, l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem où il fut acclamé par une foule agitant des palmes d’une part, et d’autre part, la Passion du Christ et sa mort sur la croix.

Le sixième dimanche de Carême est celui des Rameaux, qui commence la Semaine Sainte. Il commémore l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, quelques jours avant sa passion et sa mort sur la Croix. L’assemblée se réunit en quelque lieu hors de l’église, où le célébrant bénit les rameaux (palmes, buis ou laurier selon les régions), et d’où part une procession vers l’église, pour la messe au cours de laquelle on lit un des Évangiles de la Passion. La procession représente par des gestes, ce que l’Eucharistie réalise : l’entrée du Seigneur dans la nouvelle Jérusalem que constitue notre assemblée ; la bénédiction des rameaux ne fait qu’expliciter nos sentiments de dépouillement spirituel, contenus et exprimés avec une autre efficacité dans le sacrifice eucharistique.

Signification du
Dimanche de Rameaux
Beaucoup de chrétiens peu pratiquants viennent à la cérémonie des Rameaux principalement pour avoir leurs rameaux bénis qui chasseront les mauvais esprits et les influences diaboliques de leur demeure. Ce comportement relève souvent de la superstition. Ce n’est pas le sens de la fête des Rameaux. La vraie signification des rameaux, c’est la participation à la fête des Rameaux, c’est pour ces participants, l’occasion de commémorer en effet à la fois deux évènements qui semblent bien contrastés : « l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem d’une part, et d’autre part sa passion et sa mort sur la croix ». En y participant, nous aurons conscience d’entrer dans la grande semaine qui est tendue vers la résurrection du Seigneur.

Que nous dit l’Évangile sur l’entrée de Jésus à Jérusalem ?
Le dimanche des Rameaux rappelle l’entrée triomphale de Jésus-Christ à Jérusalem (Jean 12, 12 – 15). L’Évangile (Mt 21,1 – 9, Mc 11,1 – 10, Lc 19, 28 – 40) raconte qu’à proximité de la fête de la Pâque juive, Jésus décide de faire une entrée solennelle à Jérusalem. Jésus organise son entrée en envoyant deux disciples chercher un ânon. Il entre à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme le Messie que les Juifs attendaient. En effet, les rois de Judée, descendants de David, pour être couronnés, entraient solennellement dans Jérusalem leur capitale, sur un ânon qui était la monture habituelle en Palestine. Et les Juifs savaient que le Messie Sauveur viendrait de la même manière dans sa ville, la débarrasser des pécheurs et se faire proclamer roi. Le Christ va réaliser cette espérance de son peuple quand la foule l’acclame sans savoir qu’elle lui ouvrait ainsi la route vers la croix, ce trône d’où Il trônera. Pour Lui, c’était d’ailleurs une monture modeste comme l’avait annoncé le prophète, pour montrer le caractère humble et pacifique de son règne, « Dites à la fille de Sion : voici que ton roi vient à toi ; humble, il est monté sur une ânesse et un ânon, petit d’une bête de somme »
Une foule nombreuse venue à Jérusalem pour la fête l’accueille en déposant des vêtements sur son chemin, et en agitant des branches coupées aux arbres. Elle l’acclame en criant « Hosanna au fils de David » et Jésus se laisse acclamer comme le Messie. On dit : Hosanna ! C’est une imploration : “ Oh, sauve-nous ! Sauve-nous, je t’en prie ! De grâce, sauve-nous ! De grâce, libère-nous ! » Les vêtements étendus sur le chemin représentent un signe de reconnaissance envers un homme choisi comme roi. Ainsi, dans le second livre des Rois (IX, 12), un prophète consacre Jésus comme roi d’Israël ; il dit : « Ainsi parle Yahvé : par cette onction, je te sacre roi d’Israël. » Aussitôt, tous prirent leurs vêtements et les étendirent sous ses pieds, en haut des marches. Ils sonnèrent du cor et crièrent : « Jésus est roi ! »
Cette semaine est une semaine spéciale et nous n’avons pas le droit de la passer comme les autres semaines de l’année. Au milieu de nos travaux, malgré nos soucis, mêlés à la foule des hommes, nous suivrons le Christ vers le Calvaire. Et nous nous préparons, par les sacrements, à vivre avec toute l’Eglise, la Grande fête de Pâques !

MESSE CHRISMALE – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

2 avril, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/homilies/2013/documents/papa-francesco_20130328_messa-crismale_fr.html

 MESSE CHRISMALE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane

Jeudi saint, 28 mars 2013

Chers frères et sœurs,

C’est avec joie qu’en tant qu’Évêque de Rome, je célèbre cette première Messe chrismale. Je vous salue tous avec affection, vous en particulier chers prêtres qui vous souvenez avec moi aujourd’hui du jour de votre Ordination.
Les lectures, le psaume aussi, nous parlent de ceux qui ont reçu l’onction: le serviteur de Dieu chez Isaïe, le roi David, et Jésus, Notre Seigneur. Les trois ont en commun que l’onction qu’ils reçoivent, est pour oindre le peuple des fidèles de Dieu dont ils sont les serviteurs. Leur onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les opprimés… Une très belle image de cet « être pour » du Saint Chrême est celle que nous offre le psaume 133 : « On dirait un baume précieux, un parfum sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descend sur les bords de son vêtement » (v. 2). L’image de l’huile qui se répand – qui descend de la barbe d’Aaron jusqu’à la bordure de ses vêtements sacrés, est l’image de l’onction sacerdotale qui, à travers celui qui est oint, arrive jusqu’aux confins de l’univers représenté par les vêtements.
Les vêtements sacrés du grand prêtre sont riches de symboles ; l’un d’eux est celui du nom des fils d’Israël inscrit sur les pierres d’onyx qui ornaient les épaulettes de l’éphod, dont provient notre actuelle chasuble, six noms sur la pierre de l’épaule droite, et six sur celle de l’épaule gauche (cf. Ex 28, 6-14). Sur le pectoral aussi étaient inscrits les noms des douze tribus d’Israël (cf. Ex 28, 21). C’est-à-dire que le prêtre célèbre en chargeant sur ses épaules le peuple qui lui est confié, et en portant leurs noms gravés en son cœur. Revêtir notre humble chasuble peut bien nous faire sentir, sur les épaules et dans notre cœur, le poids et le visage de notre peuple fidèle, de nos saints et de nos martyrs, il y en a beaucoup à notre époque !
De la beauté de la chose liturgique, qui n’est pas seulement un ornement et un goût pour les vêtements, mais la présence de la gloire de notre Dieu resplendissant en son peuple vivant et consolé, considérons-en maintenant l’action ! L’huile précieux qui oint la tête d’Aaron ne se contente pas de parfumer sa personne mais se diffuse et atteint toutes les ‘périphéries’. Le Seigneur le dira clairement : son onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls. L’onction, chers frères, n’est pas destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage pour que nous la conservions dans un vase, parce que l’huile deviendrait rance … et le cœur amer.
On reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre son peuple ; c’est une preuve claire. Quand nos fidèles reçoivent une huile de joie, on s’en rend compte : lorsqu’ils sortent de la messe, par exemple, avec le visage de ceux qui ont reçu une bonne nouvelle. Nos fidèles apprécient l’Évangile annoncé avec l’onction, lorsque l’Évangile que nous prêchons, arrive jusqu’à sa vie quotidienne, lorsqu’il touche comme l’huile d’Aaron aux extrémités de la réalité, lorsqu’il illumine les situations limites, les ‘périphéries’ où le peuple fidèle est exposé à l’invasion de ceux qui veulent saccager sa foi. Les fidèles nous en remercient parce qu’ils ressentent que nous avons prié avec les réalités de leur vie quotidienne, leurs peines et leurs joies, leurs peurs et leurs espérances. Et lorsqu’ils ressentent que le parfum de l’Oint, du Christ, arrive à travers nous, ils sont encouragés à nous confier ce qu’ils veulent faire arriver jusqu’au Seigneur : « priez pour moi, père, car j’ai tel problème… » ; « bénissez-moi, père » et « priez pour moi », sont le signe de ce que l’onction est parvenue jusqu’à l’extrémité du manteau car elle est transformée en demande, demande du Peuple de Dieu. Lorsque nous sommes dans ce rapport avec Dieu et avec son peuple et que la grâce passe à travers nous, alors nous sommes prêtres, médiateurs entre Dieu et les hommes. Ce que j’entends souligner c’est que nous avons toujours à raviver la grâce et discerner en chaque demande, parfois inopportune, parfois seulement matérielle ou même banale – mais elle l’est seulement apparemment -, le désir de nos fidèles de recevoir l’onction par l’huile parfumée car ils savent que nous la détenons. Deviner et ressentir, à la manière du Seigneur, l’angoisse pleine d’espérance de la femme hémorroïsse lorsqu’elle toucha le bord de son manteau. Cet épisode de la vie de Jésus, présent au milieu des gens qui le pressent de partout, traduit toute la beauté d’Aaron vêtu comme prêtre avec l’huile qui descend le long de ses vêtements. C’est une beauté cachée qui resplendit seulement pour des yeux remplis de foi de cette femme qui souffrait de pertes de sang. Les disciples eux-mêmes – futurs prêtres – ne réussissent pas à voir, ni ne comprennent : de la ‘périphérie existentielle’, ils voient seulement la superficialité de la multitude qui presse de partout Jésus jusqu’à le suffoquer (cf. Lc 8, 42). Le Seigneur, en revanche, sent la force de l’onction divine qui arrive jusqu’aux bords de son manteau.

C’est ainsi que nous devons faire l’expérience de notre onction, son pouvoir et son efficacité rédemptrice : aux ‘périphéries’ où se trouve la souffrance, où le sang est versé, il y a un aveuglement qui désire voir, il y a des prisonniers de tant de mauvais patrons. Ce ne sont pas précisément dans les auto-expériences ou les introspections répétées que nous rencontrons le Seigneur : les cours pour s’aider soi-même dans la vie peuvent être utiles, mais vivre notre vie sacerdotale en passant d’un bord à l’autre, de méthode en méthode, pousse à devenir pélagiens, à minimiser le pouvoir de la grâce qui s’actualise et croît dans la mesure selon laquelle, avec foi, nous sortons pour nous donner nous-mêmes et pour donner l’Évangile aux autres ; pour donner la petite onction que nous tenons à ceux qui n’ont rien de rien.
Le prêtre qui sort peu de lui-même, qui oint avec parcimonie – je ne dis pas « jamais » car, grâce à Dieu, les fidèles nous ‘volent’ l’onction -, perd le meilleur de notre peuple, ce qui est capable d’allumer le plus profond de son cœur de prêtre. Celui qui ne sort pas de lui-même, au lieu d’être un médiateur, se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire. Nous connaissons tous la différence : l’intermédiaire et le gestionnaire « ont déjà reçu leur récompense », et comme ils ne paient pas d’eux-mêmes, ni de leur cœur, ils ne reçoivent pas non plus un merci affectueux qui vient du cœur. De là provient précisément cette insatisfaction chez certains qui finissent par être tristes, des prêtres tristes, et convertis en collectionneurs d’antiquités ou de nouveautés au lieu d’être des pasteurs pénétrés de ‘l’odeur de leurs brebis’ – cela je vous le demande : soyez des pasteurs avec ‘l’odeur de leurs brebis’, que celle-ci se sente ‑ ; au lieu d’être des pasteurs au milieu de leur propre troupeau, et pêcheurs d’hommes. En vérité, ladite crise d’identité sacerdotale nous menace tous et se greffe sur une crise de civilisation ; mais si nous savons dompter cette vague, nous pourrons prendre le large au nom du Seigneur et jeter les filets. Il est bon que la réalité même nous pousse à aller là où ce que nous sommes par grâce apparaît clairement comme étant pure grâce, sur cette mer du monde actuel où seule compte l’onction – et non la fonction -, et seront remplis les filets jetés seulement au nom de Celui en qui nous nous sommes confiés : Jésus.
Chers fidèles, soyez proches de vos prêtres par l’affection et par la prière afin qu’ils soient toujours des pasteurs selon le cœur de Dieu.
Que le Père renouvelle en nous, chers prêtres, l’Esprit de Sainteté par lequel nous avons reçu l’onction, qu’Il le renouvelle en notre cœur de telle manière que l’onction rejoigne tous, même les ‘périphéries’, là où notre peuple fidèle en a le plus besoin et l’apprécie. Que nos fidèles nous sentent disciples du Seigneur, qu’ils comprennent que nous sommes revêtus de leur noms, et que nous ne cherchons nulle autre identité ; qu’ils puissent recevoir, par nos paroles et nos œuvres, cette huile de joie que Jésus, l’Oint du Seigneur, est venu nous donner. Amen.

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