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La dernière messe du père Ragheed, martyr de l’Eglise Chaldéenne

8 juin, 2007

 

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/dettaglio.jsp?id=145921&fr=y

La dernière messe du père Ragheed, martyr de l’Eglise Chaldéenne


Ils l’ont tué à Mossoul, avec trois des ses sous-diacres. Dans un Irak ravagé, c’était un homme et un chrétien qui témoignait de sa foi avec clarté et courage. Voici un portait écrit par quelqu’un qui le connaissait bien

par Sandro Magister

ROMA, le 5 juin 2007 – Ils l’ont tué le dimanche suivant la Pentecôte, après qu’il a célébré la messe dans l’église de sa paroisse consacrée à l’Esprit Saint, à Mossoul.

Ils ont tué le père Ragheed Ganni, un prêtre catholique chaldéen, ainsi que les trois sous-diacres qui étaient avec lui, Basman Yousef Daud, Wahid Hanna Isho, Gassan Isam Bidawed. Les assaillants ont éloigné la femme de ce dernier et ont abattu les quatre hommes de sang froid. Puis, ils ont placé des véhicules remplis d’explosifs autour de leurs corps pour que personne n’ose s’approcher. C’est seulement tard dans la soirée que la police de Mossoul est parvenue à désamorcer les engins et à recueillir les corps.

L’Eglise chaldéenne les a aussitôt pleurés comme des martyrs. A Rome Benoît XVI a prié. Le père Ragheed était l’un des prêtres qui donnaient le témoignage d’une vie chrétienne avec le plus de clarté et de courage, dans un des pays les plus ravagés.

Il était né à Mossoul il y a 35 ans. Ingénieur diplômé de l’université de Mossoul en 1993, il avait étudié, de1996 à 2003, la théologie à Rome à l’Angelicum, l’Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin, où il avait obtenu la licence en théologie œcuménique. Il parlait couramment, en plus de l’arabe, l’italien, le français et l’anglais. Il était le correspondant de l’agence internationale « Asia News », de l’Institut Pontifical des Missions Etrangères.

Le jour suivant son martyre « Asia News » en a publié ce portrait:

« L’Eucharistie nous rend la vie que les terroristes essaient de nous ôter »

« Sans la messe du dimanche, sans l’eucharistie, les chrétiens ne peuvent pas vivre en Irak »: le père Ragheed racontait ainsi l’espoir de sa communauté, habituée à voir chaque jour la mort en face, cette même mort qui l’attendait hier après-midi, au retour de la messe.

Après avoir nourri ses fidèles du corps et du sang du Christ, il a offert aussi son propre sang, sa vie, pour l’unité de l’Irak et l’avenir de son Eglise.

Ce jeune prêtre avait choisi, tout à fait consciemment, de rester à côté de ses fidèles, dans sa paroisse consacrée à l’Esprit Saint, à Mossoul, la ville considérée comme la plus dangereuse en Irak après Bagdad. La raison est simple: sans lui, sans son pasteur, le troupeau se serait égaré. Dans la barbarie des kamikazes et des bombes une chose au moins était certaine et donnait la force de résister: « Le Christ – disait Ragheed – avec son amour sans limites défie le mal, nous garde unis, et nous donne, à travers l’Eucharistie, la vie que les terroristes essaient de nous ôter ».

Il est mort hier, massacré par une violence aveugle. Il a été abattu en revenant de l’église, où les fidèles, de moins en moins nombreux, de plus en plus désespérés et effrayés, continuaient cependant à se réunir comme ils le pouvaient.

« Les jeunes – c’est ce que Ragheed racontait il y a quelques jours – organisent la surveillance après les attentats déjà subis par la paroisse, après les enlèvements et les menaces permanentes qui visent les religieux. Les prêtres célèbrent la messe parmi les ruines causées par bombes. Les mères voient avec inquiétude leurs enfants défier les dangers et se rendre au catéchisme avec enthousiasme. Les vieux confient à Dieu leurs familles qui fuient l’Irak, ce pays qu’ils ne veulent pas quitter, solidement enracinés dans ces maisons qu’ils ont construites pendant des années à la sueur de leur front et qu’il n’est pas question d’abandonner ».

Ragheed était comme eux, comme un père fort qui veut protéger ses enfants: « Notre devoir est de ne pas désespérer. Dieu écoutera nos supplications pour la paix en Irak ».

En 2003, après ses études à Rome, il avait décidé de revenir dans son pays, « parce que ma place est là- bas ». Il était aussi rentré pour participer à la reconstruction de sa patrie, à la reconstruction d’une « société libre ». Il parlait d’un Irak plein d’espoir, avec son sourire attachant: « Saddam est tombé, nous avons élu un gouvernement, nous avons voté une Constitution! ». Il organisait des cours de théologie pour les laïques à Mossoul; il consolait les familles en difficulté. Ce mois-ci il était en train de faire soigner à Rome un enfant avec des graves problèmes de vue.

Son témoignage est celui d’une foi vécue avec enthousiasme. Il était l’objet de menaces répétées et de tentatives d’attentat depuis 2004, il avait vu des parents souffrir et des amis partir. Il avait cependant continué jusqu’à la fin de rappeler que cette souffrance, ce massacre, cette anarchie de la violence avaient aussi un sens: il fallait les offrir.

Après l’attaque contre sa paroisse le 1er avril, dimanche des Rameaux, il disait: « Nous nous sommes sentis semblables à Jésus quand il entre à Jérusalem, sachant que la conséquence de Son amour pour les hommes sera la Croix. Nous avons également offert notre souffrance, pendant que les projectiles transperçaient les vitres de l’église, comme signe d’amour pour Jésus ».

Il racontait encore il y a quelques semaines: « Nous attendons chaque jour l’attaque décisive mais nous n’arrêterons pas de célébrer la messe. Nous le ferons aussi sous terre, où nous sommes plus à l’abri. Je suis encouragé par mes paroissiens à suivre cette décision. Il s’agit de guerre, de vraie guerre, mais nous espérons porter cette Croix jusqu’à la fin avec l’aide de la Grâce divine ».

Et parmi les difficultés quotidiennes il s’étonnait lui-même de réussir ainsi à comprendre d’une façon plus profonde « la grande valeur du dimanche, jour de la rencontre avec Jésus ressuscité, jour de l’unité et de l’amour entre tous, du soutien et de l’entraide ».

Ensuite les voitures remplies d’explosifs se sont multipliées; les enlèvements de prêtres à Bagdad et à Mossoul sont devenus de plus en plus fréquents; les sunnites ont commencé à demander un impôt aux chrétiens qui voulaient rester dans leurs maisons, sous peine de les voir confisquées par des miliciens. L’eau, l’électricité, continuent à manquer, les liaisons téléphoniques sont difficiles. Ragheed commence à être fatigué, son enthousiasme faiblit. Jusqu’à admettre, dans son dernier mail à « Asia News », le 28 mai dernier: »Nous sommes sur le point de nous écrouler ». Il parle de la dernière bombe qui est tombée sur l’église du Saint Esprit, juste après les célébrations du jour de la Pentecôte, le 27 mai; de la « guerre » qui a éclaté une semaine plus tôt, avec 7 voitures et 10 engins explosifs en quelques heures; du couvre-feu qui pendant trois jours « nous a gardés prisonniers dans nos propres maisons », sans pouvoir célébrer la fête de l’Ascension, le 20 mai.

Il se demande dans quelle direction son pays se dirige: « Dans un Irak sectaire et confessionnel, quelle place sera attribuée aux chrétiens? Nous n’avons pas de soutien, aucun groupe ne se bat pour notre cause, nous sommes seuls dans ce désastre. L’Irak est déjà divisé et ne sera plus jamais le même. Quel avenir pour notre Eglise? ».

Mais il confirme aussitôt la force de sa foi, éprouvée mais intacte: « Je peux me tromper, mais une chose, une seule chose, j’ai la certitude qu’elle est vraie, pour toujours: l’Esprit Saint continuera à illuminer des personnes afin qu’elles œuvrent pour le bien de l’humanité, dans ce monde si plein de mal ».

Cher Ragheed, avec ton cœur qui crie de douleur, tu nous laisses ton espoir et ta certitude. En te frappant, ils ont voulu anéantir l’espoir de tous les chrétiens en Irak. Cependant, avec ton martyre, tu nourris et tu donnes une nouvelle vie à ta communauté, à l’Eglise en Irak et à l’Eglise universelle aussi. Merci, Ragheed!

DE PÈRE MANNS: LE RETOUR DES FONDAMENTALISMES RELIGIEUX

6 juin, 2007

du site:

http://198.62.75.1/www1/ofm/sbf/dialogue/fondamentalismes.html

LE RETOUR DES FONDAMENTALISMES RELIGIEUX

Frédéric Manns

La prise d’otages de journalistes et de volontaires par des groupes islamistes qui exigent l’annulation de la loi sur le voile islamique et la libération des musulmanes emprisonnées en Iraq secoue l’opinion publique mondiale. Ces derniers incidents prennent place à la suite de nombreux gestes de violence venant de fondamentalistes musulmans. Si les droits de l’homme sont bafoués a quoi sert le dialogue inter-religieux? Il est urgent que soient de plus en plus nombreux celles et ceux qui, de confession musulmane, feront vivre les pratiques démocratiques, celles-là mêmes que les extrémistes qui ont capturé les otages voudraient voir récuser.Mettre sur le même dénominateur commun les divers fondamentalismes religieux sans les distinguer serait absurde. Il y a trop de différences entre les miliciens islamistes qui défendent le mausolée d’Ali, à Nadjaf, les fondamentalistes juifs qui défendent les colonies des territoires occupés la Bible à la main et les fondamentalistes baptistes américains qui croient à la création du monde en sept jours, défendent la peine de mort et soutiennent Israël au nom d’un sionisme chrétien favorable à la réunion de tous les juifs sur leur terre pour attendre le retour du Messie en gloire. Ce qui est commun cependant c’est une approche « naïve » et non critique des textes fondateurs de la religion.

La prévision attribuée à A. Malraux sur le réveil religieux du monde au vingt et unième siècle s’est vérifiée. Dieu est devenu le prétexte à la plupart des revendications nationalistes, politiques et identitaires. En Orient tous les discours officiels des leaders politiques arabes commencent par le bismila er rahman, au nom du miséricordieux. En Israël il n’est pas rare qu’un discours officiel se termine par la citation d’un psaume de David. Enfin en Amérique, la campagne électorale du parti républicain fait appel à la réforme morale. L’importance prise par les fondamentalistes évangéliques chez ses militants inquiète.

La religion civile, fondée sur le respect de Dieu et sur le messianisme de la nation, dépasse les frontières des partis américains. Avant G. Bush, J. Carter et R. Reagan exploitaient déjà la rhétorique évangélique qui choque les européens habitués à la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Sur le dollar ne lit-on pas la profession de foi: In God we trust. On sait le poids pris, dans la politique de G. Bush, par une vision dualiste du monde, où s’affrontent les forces du Bien et celles du Mal et où les Américains, nouveau peuple élu par Dieu, ont une mission universelle de salut et de réforme.

Accompagné par un prosélytisme actif et un conformisme moral, ce protestantisme évangélique a le vent en poupe en Amérique. Il est vrai que le rêve de théocratie est abandonné. Cependant ce fondamentalisme entend peser sur les affaires de la cité et faire respecter le principe selon lequel les « bons » doivent toujours faire la loi. Avec les ressources du religieux et des solutions simples ainsi que de puissants financements, ce modèle évangélique s’exporte dans les mégapoles pauvres du tiers-monde. La « théologie » du western y serait-elle pour quelque chose dans cette présentation simpliste du monde?

L’islamisme, il faut le reconnaître, se nourrit parfois de l’attitude inconsciente et missionnaire de groupes chrétiens liés à des Eglises évangéliques ou baptistes d’origine américaine. A Jérusalem, dans la Via Dolorosa, un marchand va jusqu’à afficher en anglais qu’il n’accepte pas les dollars américains de la part des pèlerins. Un journal affichait comme titre tous les musulmans ne sont pas terroristes, mais tous les terroristes sont musulmans! De quoi rêver. Les fondamentalismes religieux, qui ont en commun de puiser dans une fausse exégèse de leurs Ecritures, se fécondent mutuellement dans la surenchère et la violence. Cette revanche de Dieu marque une rupture avec la laïcité de type occidental, comme avec des idéologies séculières de plus en plus contestées. Bien des journalistes ont du mal à comprendre l’importance du facteur religieux dans les conflits modernes en Orient. Souligner le phénomène religieux un retour au Moyen Age, affirment certains.

Cette vision de la religion accrédite la thèse du « choc des civilisations » et constitue le credo partagé par tous les fondamentalismes par-delà leurs différences.
La peur de l’inconnu et la non acceptation de la différence est une autre caractéristique du retour aux fondamentalismes de tout poil. L’unique remède à ce mal est à chercher dans la connaissance mutuelle, première étape de tout dialogue qui engendre le respect réciproque.
Louis Massignon spécialiste des écrits d’un mystique musulman, Al Halag (mort en 922), a fait l’expérience de l’amour de Dieu. La vie de ce chrétien convaincu fut marquée par la solidarité avec l’islam. La découverte du pardon breton des sept dormants dont le culte était répandu dans le christianisme primitif lui permettra de faire un geste inter-religieux significatif.
Les sept dormants, martyrs chrétiens d’Ephèse emmurés vivants en 250 après J.C. , sont en fait les « gens de la caverne » dont parle le Coran. La tradition reprend en fait des éléments d’une légende juive. Au début de la guerre d’Algérie L. Massignon invita les musulmans à participer à la célébration du pardon breton du Vieux marché (côtes d’Armor) et jusqu’à sa mort en 1962 il défendra la dimension inter religieuse de ce pardon.
Chaque année au cours du week end qui suit la fête de Ste Marie Madeleine le pèlerinage commence par des débats inter religieux sur l’hospitalité ou la vie ensemble. Les pèlerins chantent la légende des sept dormants avant de se retrouver autour du feu purificateur. Le lendemain les musulmans récitent la sourate 18 des gens de la caverne. Les traditions, au lieu de séparer, doivent unir les croyants.
Les guerres et les conflits ont changé depuis et ont entraîné de réaction fondamentalistes de part et d’autre. L’urgence demeure de se rencontrer et d’écrire ensemble l’histoire. C’était le but visé également par la rencontre organisée par San Egidio à Milan.

Pour une lecture du Coran renouvelée: la leçon d’un grand islamologue

4 juin, 2007

du site:

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Pour une lecture du Coran renouvelée: la leçon d’un grand islamologue


Michel Cuypers applique au livre sacré de l’islam les méthodes déjà appliquées à la Bible. Les résultats sont stupéfiants. Par exemple, contrairement à ce que prétendent les zélateurs de la guerre sainte, les versets les plus belliqueux du Coran n’ »abrogent » pas, en réalité, ceux qui sont plus tolérants et pacifiques

par Sandro Magister

ROMA, le 4 juin 2007 – 38 musulmans compétents avaient signé, en octobre dernier, une « Lettre ouverte à Sa Sainteté le pape Benoît XVI » qui commentait son discours du 12 septembre à Ratisbonne. Aujourd’hui, les signataires sont 100.

Leurs noms et leurs qualifications sont indiqués à la fin de la « Lettre », qui a fait l’objet d’une grande rediffusion par « Islamica Magazine », le trimestriel édité aux Etats-Unis et imprimé en Jordanie qui en avait assuré le premier la publication.

Ces 100 personnes appartiennent à plusieurs dizaines de nations et aux divers courants de la pensée musulmane, sunnites et chiites: un événement rarissime. Parmi eux figure Aref Ali Nayed, dont www.chiesa a déjà publié en avant-première deux essais qui commentent le discours de Ratisbonne; il intervient à nouveau dans le dossier consacré par « Islamica Magazine » aux idées concernant la foi, la raison et la violence que Benoît XVI avait exposées à Ratisbonne.

Le 11 mai dernier, Nayed a donné une « lectio » à Rome, à l’Institut Pontifical d’Etudes Arabes et d’Islamologie (PISAI), sur le thème de la « compassion » comme premier attribut de Dieu dans la théologie musulmane. Dans le passé, Nayed – qui exerce des responsabilités à l’université de Cambridge et est musulman pratiquant « d’obédience acharite en théologie, malikite en jurisprudence et chadhilite-rifai pour ce qui est de l’orientation spirituelle” – a également été enseignant au PISAI pendant deux ans.

Dans le public qui a écouté sa « lectio » se trouvaient des représentants des ambassades des Etats-Unis, de Russie e d’autres pays. Etait également présent le directeur d’ »Islamica Magazine », le Jordanien Sohail Nakhooda.

Le lendemain, 12 mai, accompagné par le père Miguel Angel Ayuso Guixot, directeur du PISAI, Nayed a eu des entretiens à la secrétairerie d’état au Vatican.

L’un des points critiques qui rendent difficile la compréhension entre chrétiens et musulmans est l’interprétation du Coran. La « Lettre des 100″ n’aborde pas directement la question, même si elle est présente en toile de fond.

En revanche un certain nombre de chercheurs sérieux, musulmans ou chrétiens, travaillent depuis longtemps à de nouvelles interprétations du Coran.

Du côté musulman, la recherche se fait de manière confidentielle et, jusqu’à présent, avec un effet très faible par rapport les lectures dominantes.

Du côté chrétien, les travaux sont davantage menés au grand jour. Mais ils demandent beaucoup plus d’attention qu’ils n’en obtiennent.

Une importante interview sur ce sujet a été publiée dans le n° 4 de 2007 de la revue « Il Regno », éditée à Bologne par les Prêtres du Sacré-Cœur.

L’interviewé est Michel Cuypers, 56 ans, belge, Petit Frère de Jésus, la communauté religieuse fondée au XXe siècle par Charles de Foucauld.

Cuypers a passé douze ans en Iran, d’abord dans une léproserie à Tabriz, puis comme étudiant en langue et littérature persanes à Téhéran. Il a obtenu un doctorat en littérature persane à l’université di Téhéran en 1983. Il a ensuite étudié l’arabe en Syrie et en Egypte et en 1989 il est parti pour Le Caire, où il réside.

Il est chercheur à l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales, fondé au Caire il y a un demi-siècle par les dominicains islamologues Georges Anawati, Jacques Jomier et Serge Beaurecueil.

Depuis 1994 Cuypers a entièrement concentré ses études sur la composition du texte du Coran, en employant la méthode de l’analyse rhétorique. Ses articles et essais sont de plus en plus appréciés, y compris par des spécialistes musulmans. En mai il a publié, en France, un ouvrage consacré à l’analyse d’une sourate du Coran: « Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida », préfacée par l’éminent chercheur musulman Mohamed-Ali Amir-Moezzi.

L’interview publiée par « Il Regno », réalisée originellement en français, est de Francesco Strazzari. La voici:

La Bible, le Coran et Jésus: comment arriver au coeur du credo musulman

Interview de Michel Cuypers

D. – Fr. Michel Cuypers, que signifie votre recherche? Pourquoi ce livre: « Le Festin. Un lecture de la sourate al-Mâ’ida »?

R. – Depuis une dizaine d’années, je poursuis une recherche sur la composition du texte du Coran, à l’aide d’une méthode qui a fait ses preuves dans les études bibliques, appelée « analyse rhétorique ». Celle-ci est l’aboutissement de deux siècles et demi d’études sur la Bible, et a été excellemment systématisée depuis vingt ans par Roland Meynet, jésuite, professeur de théologie biblique à l’Université Grégorienne, à Rome.

Cette méthode est en fait la redécouverte des techniques d’écriture et de composition que les scribes du monde sémitique ancien mettaient en œuvre pour rédiger leurs textes. Le mot « rhétorique » est donc ici à prendre au sens précis de « l’art de la composition du texte » (qui correspond seulement à une partie de ce qu’Aristote entendait par rhétorique: la « dispositio »).

Cette rhétorique biblique et, plus largement, sémitique diffère totalement de la rhétorique grecque dont toute notre culture occidentale a hérité (et même la culture arabe, après son ouverture à l’héritage grec).

Elle est fondée sur un principe simple: la symétrie, laquelle peut prendre la forme de parallélismes synonymiques, antithétiques, ou complémentaires (vous reconnaissez les trois sortes de parallélismes que l’exégèse biblique, à la suite de Robert Lowth et ses « Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux », paru en 1753, a mis en évidence, dans les psaumes), ou encore la forme du chiasme ou « parallélisme inversé » (AB/B’A'), et enfin du « concentrisme », quand figure un centre entre les deux versants symétriques du texte (AB/x/B’A').

Ces correspondances se présentent à divers niveaux textuels: membres, groupes de membres etc., jusqu’à sept ou huit niveaux, pour des textes importants. C’est le repérage de ces symétries qui permet le découpage du texte en unités sémantiques, et la mise en évidence de sa structure, laquelle oriente à son tour son interprétation. Tel est en effet le but final de ces techniques d’analyse, comme de toute exégèse: comprendre le sens du texte. Ma recherche est donc tout à fait interdisciplinaire, puisque j’applique au Coran un système d’analyse issu des études bibliques.

Bien sûr, au départ, ce n’était qu’une hypothèse de recherche: il fallait vérifier si effectivement l’analyse rhétorique biblique était applicable au Coran. J’ai commencé par analyser de courtes sourates, et très rapidement j’ai acquis l’évidence que ce système convenait parfaitement pour l’analyse du texte coranique: je n’avais rien à changer à la théorie, tous ses principes se vérifiaient exactement dans le texte du Coran.

Après l’étude d’une trentaine de sourates brèves, réputées dater des débuts de la prophétie muhamadienne, j’ai voulu entreprendre l’analyse d’une longue sourate. J’ai choisi la sourate 5 (appelée habituellement « la Table dressée », en arabe al-Mâ’ida), parce qu’elle serait, selon la tradition, chronologiquement la dernière: ainsi aurait été vérifiée la pertinence de la méthode à la fois pour le début chronologique du Coran, et pour la fin. Ce qui permettrait d’extrapoler raisonnablement et d’affirmer que, selon toute vraisemblance, la totalité du Coran est construite selon ces mêmes principes de composition.

D. – La rhétorique comme analyse de la structure du Coran: pourquoi? Avez-vous pratiqué précédemment une lecture « atomiste »?

R. – C’est une expérience absolument commune à tout lecteur – en tout cas à tout lecteur non musulman qui n’a pas grandi avec ce texte depuis son enfance – d’être déconcerté et vite découragé par l’apparent désordre du texte coranique. Celui-ci ne se déroule pas de manière linéaire, comme le développement progressif d’un ou de plusieurs thèmes, tel que nous l’a appris la rhétorique grecque. Les sujets, dans le Coran, s’entremêlent; un thème à peine abordé est aussitôt interrompu, pour réapparaître éventuellement plus loin. Des incises introduisent parfois un sujet totalement étranger au contexte. Bref, le lecteur a très vite l’impression d’une totale incohérence, et se trouve emporté malgré lui dans une lecture atomiste de fragments indépendants les uns des autres.

Remarquez qu’il n’y a pas que nous, Occidentaux modernes, à avoir cette impression. Déjà dans le Coran, des nouveaux musulmans font remarquer la chose au Prophète (Coran 25, 32), et dans les premières générations musulmanes, certains critiqueront cet aspect du Coran, ce qui donnera lieu à toute une série d’ouvrages qui tenteront de justifier la cohérence (nazm) du Livre. Leurs arguments, à vrai dire, ne sont pas convaincants, et ne portent que sur des détails, en sorte que le problème demeura entier.

Les islamologues occidentaux modernes pendant longtemps ont simplement pris acte de cette incohérence du texte, comme un fait d’évidence. Et comme ils pratiquaient tous la méthode historico-critique, ils trouvaient dans les incohérences du texte des arguments pour détecter des couches rédactionnelles, des insertions tardives ou des remaniements du texte qu’ils n’hésitaient pas parfois à restituer dans un ordre plus « logique », en déplaçant certains versets.

La recherche d’un ordre du texte apparaissait donc comme un vrai défi. Quelques rares islamologues ont, dans les années 1980, tenté de comprendre la composition des brèves sourates de l’époque mekkoise (la première époque de la révélation coranique), avec des résultats très partiels. Mais eux-mêmes déclaraient qu’il était désormais impossible de trouver un ordre quelconque dans les longues sourates composites de l’époque médinoise (les sourates qui se situent au début du texte du Coran, mais qui sont chronologiquement réputées les dernières). Comme mes analyses sur les brèves sourates avaient donné des résultats tout à fait positifs, il fallait tenter l’essai sur les longues sourates médinoises. D’où est né Le Festin.

D. – En quoi votre lecture diffère-t-elle des autres lectures?

R. – Essentiellement, dans le fait que l’analyse rhétorique du texte permet une lecture contextuelle. Le morcellement du texte a sans doute été la principale raison pour laquelle tous les commentaires classiques commentent le texte verset par verset, de manière « atomiste », en dehors de toute considération du contexte littéraire immédiat de ces versets. C’est aussi la raison pour laquelle ils expliquent les versets par des éléments externes au texte, ce qu’ils appellent techniquement les « occasions de la révélation »: en recourant à des anecdotes ou des faits de la vie du Prophète, puisés dans les traditions (hadîths) attribués au Prophète ou à ses compagnons, ils donnent la raison historique pour laquelle tel ou tel verset a été révélé, lui donnant ainsi un certain sens.

Or, quand un verset est resitué dans son contexte, délimité par la structure textuelle dont il fait partie, son véritable sens apparaît souvent sans qu’on ait besoin de recourir à ces « occasions de la révélation », dont on peut penser que, le plus souvent, elles ont été forgées post eventum, pour expliquer les obscurités du texte.

Je donne un exemple. Le verset 2,106 fait dire à Dieu: « Dès que Nous abrogeons un verset ou dès que nous le faisons oublier, nous le remplaçons par un autre, meilleur ou semblable ». Ce verset est présenté par les juristes, les fuqahâ’, comme le fondement coranique de leur théorie de l’abrogation, selon laquelle certains versets du Coran en abrogent d’autres. Cette théorie a permis de résoudre d’apparentes contradictions entres les versets, surtout les versets normatifs. On a donc considéré que les versets les plus récents abrogeaient les plus anciens, et pour déterminer quels étaient les versets les plus récents, on a admis a priori que les versets les plus durs et les plus restrictifs devaient être les plus récents et qu’ils abrogeaient les versets plus doux ou plus tolérants, qui les précédaient.

Or, pour en revenir au verset 2, 106, si on le resitue dans son contexte, on voit qu’il ne veut absolument pas dire cela: c’est une réponse à des juifs qui protestaient contre Muhammad parce qu’il avait proclamé, dans sa récitation du Coran, des versets de la Torah, tout en les modifiant. A cette accusation de « falsification », Dieu répond qu’il est libre d’abroger une révélation antérieure par une nouvelle, meilleure. Il s’agit donc d’une abrogation de la Torah par le Coran et non du Coran par lui-même.

Bien que plusieurs savants musulmans, au cours du XXe siècle, et encore tout récemment l’islamologue français Geneviève Gobillot ont dénoncé avec force cette erreur d’interprétation, elle continue à avoir largement cours. Cette question est d’une extrême actualité, car les extrémistes islamistes se servent de l’argument de l’abrogation pour considérer notamment que les versets les plus durs de la sourate 9 (versets 29, 73), incitant les musulmans à combattre les infidèles, abrogent à peu près 130 versets plus tolérants qui ouvrent les voies d’une coexistence pacifique entre les musulmans et les autres communautés.

Fidèles à la logique de l’abrogation telle qu’ils la comprennent, les extrémistes estiment (comme déjà certains commentateurs anciens) que la sourate 9 est la dernière sourate révélée, abrogeant notamment les versets plus « ouverts » et tolérants de la sourate 5, alors que tout, dans cette dernière, montre qu’il s’agit d’un texte-testament, qui clôt la révélation.

D. – Qu’est-ce qui permet d’affirmer cela?

R. – La seule analyse rhétorique ne permet pas d’arriver à cette conclusion. Mais c’est encore une contextualisation de la sourate qui y conduit, mais cette fois, dans le cadre d’une approche intertextuelle. Cette sourate contient en effet plusieurs citations tout à fait claires de la Bible ou de textes para-bibliques: la révolte des fils d’Israël qui refusent d’entrer dans la Terre sainte (reprise du livre des Nombres), l’assassinat d’Abel par Caïn, la loi du talion, une sentence de la Mishna (reprise textuellement), des scènes apocryphes de l’enfance de Jésus, ainsi qu’une évocation assez mystérieuse de la dernière Cène (d’où le titre de la sourate).

Ces choses sont connues depuis longtemps. Mais une lecture attentive du texte révèle nombre d’autres réminiscences bibliques, moins apparentes mais non moins réelles, qui, mises ensemble, ne laissent aucun doute sur l’arrière-fond deutéronomique de la sourate: le mélange de lois et de récits, le thème central de l’Alliance, celui de l’entrée dans une terre sainte, le vocabulaire (répétition de « l’aujourd’hui » de Dieu, les injonctions à l’obéissance aux préceptes, etc.).

Or, le Deutéronome se présente comme le testament prophétique de Moïse qui clôt le Pentateuque, la Torah: il meurt d’ailleurs en fin du livre. Selon la tradition, la sourate 5 aurait été révélée lors du solennel pèlerinage d’adieu du Prophète, qui serait mort très peu de temps après. La similitude de situation est frappante, si ce n’est que Moïse n’entre pas lui-même dans la Terre sainte, alors que Muhammad, lui, se trouve, avec sa communauté triomphante dans la terre sainte du sanctuaire de la Mecque.

Le récit de la révolte des fils d’Israël, s’il figure d’abord dans le livre des Nombres, est repris dans le Deutéronome. Or, ce récit est la clé de compréhension de toute la sourate 5: il figure le refus des gens du Livres, juifs et chrétiens, d’entrer dans l’alliance islamique, alors que les musulmans, eux, y sont entrés. Tout à la fin de la sourate, l’évocation de la Cène est encore liée à la thématique de l’Alliance, dans un contexte où se lisent des traces du discours d’adieu de Jésus, en saint Jean, autre discours-testament. Enfin, il faut remarquer que la sourate se termine par le jugement de Jésus qui nie formellement devant Dieu avoir proclamé être le fils de Dieu et proclame solennellement, au contraire, le plus pur monothéisme (5, 116-117).

Tel est le dernier mot, chronologiquement parlant, de la révélation coranique, et il correspond exactement à la fin du texte du Livre, puisque la sourate 112 proclame le même monothéisme intransigeant, niant toute filiation en Dieu (les sourates 113 et 114, deux prières qui ne figuraient pas dans certains codex primitifs, doivent être considérées comme un encadrement liturgique du Coran, avec la sourate 1: la sourate 112 est donc la conclusion réelle du Livre).

D. – Est-ce que vous considérez qu’il est important maintenant d’aborder le Coran avec une méthodologie scientifique, à l’instar de l’herméneutique et de l’exégèse biblique?

R. – Je le crois de la première importance, en effet. L’exégèse traditionnelle, après avoir donné tout ce qu’elle pouvait, a épuisé ses ressources depuis longtemps: pendant des siècles on n’a fait que répéter les commentaires des trois ou quatre premiers siècles de l’hégire. Les grands commentaires classiques restent des références et il faut les consulter, notamment pour les questions de grammaire ou de philologie. Mais ils ne peuvent guère répondre aux préoccupations de l’homme moderne, qui vit dans un tout autre monde.

C’est bien pourquoi sont apparus, au XXe siècle, d’importants commentaires idéologiques, dont les plus connus sont ceux de l’Indo-pakistanais Mawdûdî et de l’Egyptien Sayyid Qutb, l’idéologue des Frères musulmans. Ce sont des interprétations du Coran en fonction de préoccupations sociales et politiques actuelles. Les courants islamistes contemporains s’en réclament directement. Leur slogan est celui du retour au Coran, au-delà de toutes les déviances et décadences de l’histoire de la communauté musulmane. Mais c’est bien là la question: comment « revenir au Coran »?

La voie la plus rapide et la plus facile est de projeter sur le Coran ses propres aspirations, en manipulant le texte à volonté. Un nombre croissant d’intellectuels musulmans dénoncent vigoureusement cette manière de procéder et réclament une étude scientifique du texte, comme les chrétiens l’ont fait pour la Bible. Le chemin est évidemment beaucoup plus long et laborieux, et les résultats en sont imprévisibles, d’où peut-être, la crainte qu’elle suscite. Du côté musulman, la recherche dans ce sens n’en est (à quelques exceptions près) qu’à ses premiers balbutiements, alors que l’orientalisme, depuis un siècle et demi, a déjà fourni une masse énorme de données (que l’on peut trouver notamment dans l’ »Encylopédie de l’Islam », et la toute récente »Encyclopaedia of the Qur’ân »). Les grands centres de théologie musulmane, comme l’Université al-Azhar, au Caire, restent jusqu’à ce jour très méfiants à l’égard de ces méthodes modernes.

D. – Comment arriver au cœur du Coran, sans se laisser prendre par les diverses traditions interprétatives qui peuvent en faire dévier?

R. – La « méthode », si l’on peut dire, n’est pas différente de celle que requiert toute autre recherche scientifique, et c’est l’esprit critique. Cela demande toute une ascèse de l’esprit: savoir prendre du recul par rapport à l’objet d’étude, être prêt à remettre en question les idées reçues et à découvrir l’inattendu (il n’est pas vrai qu’on ne trouve que ce que l’on cherche!), rien affirmer sans en avoir fait la démonstration, se plier, dans l’étude du texte, à la discipline des sciences humaines modernes (linguistique, histoire, critique littéraire, notamment).

Le penseur français d’origine algérienne, Muhammad Arkoun, a dit avec raison et quelque humour que la manière la plus efficace de lutter contre la violence et le terrorisme des extrémistes islamistes serait d’imposer, dans le cycle d’éducation des jeunes, la lecture de l’Encyclopédie du Coran, fruit de ce type d’approche scientifique et critique du Livre. La grande difficulté, au Moyen-Orient, est que l’éduction repose essentiellement sur la tradition et la mémorisation, et non sur la réflexion et l’esprit critique. Il y a là un phénomène de culture qui rend problématique le progrès scientifique en général, et l’évolution de l’exégèse en particulier.

D. – Est-ce que votre approche du texte coranique peut donner l’impression d’attaquer l’islam, ou au contraire, de parvenir à la pureté de la foi coranique?

R. – L’islam ne s’est pas construit à partir du Coran seul. Les traditions (hadîths) attribuées au Prophète qui forment la sunna (ou les traditions remontant aux imams, pour les chiites), et ensuite l’élaboration du droit musulman (le fiqh) et de la loi (chari’a) ont joué un rôle au moins aussi important, sinon plus. Le commentaire (tafsîr) du Coran fait partie de cette Tradition, et s’appuie en très grande partie sur les hadîths sensés expliquer le texte en fournissant les « circonstances de la révélation ».

L’analyse rhétorique prend le texte tel qu’il est, dans sa version canonique, et seulement le texte. Méthodologiquement, elle fait abstraction de la Tradition (du moins dans un premier temps). Et comme elle aborde le texte d’une toute autre façon que la Tradition, elle aboutira souvent à des interprétations qui ne concordent pas avec celle-ci. Pour autant, elle n’attaque en rien ce qui fait le cœur de la foi musulmane, tout au contraire: elle la met davantage en lumière, en la débarrassant d’ajouts qui l’ont encombrée, au long de l’histoire.

L’exemple que j’ai donné plus haut en est une preuve: la fin chronologique de la révélation muhammadienne (fin de la sourate 5) et la conclusion du Livre (la sourate 112) ont un contenu strictement identique, soulignant le fait que le monothéisme islamique rejette rigoureusement l’idée de la filiation divine de Jésus. On est là au cœur du credo musulman. On pourrait encore donner l’exemple de l’évocation de la Cène, dans les versets 112-115. Les commentaires traditionnels sont extrêmement décevants, traitant le texte comme un récit merveilleux, décrivant avec complaisance la riche nourriture du repas que Dieu fait descendre du ciel.

Or, une lecture attentive du texte y repère nombre de réminiscences du discours sur le pain de vie, en saint Jean, chapitre 6, ce qui donne immédiatement une toute autre dimension au texte, comme allusion à la nouvelle alliance apportée par Jésus et le choix qui s’impose aux apôtres (et aux chrétiens après eux) d’entrer dans cette alliance ou de la dépasser, dans l’alliance apportée par Muhammad. La lecture contextuelle et intertextuelle permet de sortir de l’anecdotique pour rejoindre des dimensions théologiques ignorées des commentateurs anciens, et cependant tout à fait conformes à la foi islamique.

D. – Est-ce que les théologiens musulmans vont comprendre que l’analyse rhétorique du texte ouvre à une interprétation du texte qui devrait permettre un renouveau de l’exégèse coranique, comme elle le fait pour l’exégèse biblique?

R. – Ces choses-là prennent du temps. Souvenons-nous des difficultés rencontrées par l’exégèse moderne avec l’Eglise catholique, à ses débuts. Il y a aussi des écoles de pensée: l’analyse rhétorique biblique a dû s’imposer, non pas contre, mais à côté de l’approche historico-critique de la Bible, qui a longtemps été la seule école reconnue.

Vu l’énorme poids de la tradition en islam, on peut prévoir que les choses y avanceront plus lentement (« avec une vitesse géologique » plaisantait un grand connaisseur de l’islam!). Ce sera sans doute la tâche lourde et difficile des intellectuels musulmans, ayant parfaitement assimilé l’esprit scientifique moderne, de faire le lien entre les théologiens traditionnels et les approches nouvelles du texte coranique. Ces intellectuels, eux, sont parfaitement conscients de l’enjeu. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à solliciter une préface pour mon livre de la part d’un éminent chercheur musulman, le professeur Mohamed-Ali Amir-Moezzi.

D. – L’analyse rhétorique situe le Coran dans le contexte de la littérature sémitique antique. Qu’est-ce que cela comporte? Quelles en sont les conséquences?

R. – Cela suppose d’abord que l’on considère le Coran en tant que texte littéraire. Déjà dans les années 1930, le grand penseur et écrivain égyptien Taha Husein réclamait le droit de lire le Coran comme œuvre littéraire, aux côtés d’Homère ou de Shakespeare. Le fait d’analyser le Coran sous l’angle de la rhétorique sémitique, situe en effet ce texte dans le cadre de la littérature sémitique de l’Antiquité tardive.

On sait les résistances de l’islam traditionnel à une telle approche, puisque le Coran y est considéré comme Parole divine, descendue du Ciel, où elle est conservée sur une Table céleste. Cette Parole est par conséquent supposée n’avoir aucun lien d’origine avec quelque réalité terrestre. Cette position théorique ne tient évidemment pas dans la pratique: le Coran est écrit en « langue arabe claire », comme il le dit lui-même, une langue qui a donné prise, dès les débuts de l’exégèse coranique, à des analyses grammaticales et lexicologiques, en lien avec la langue arabe existante, en un lieu et une époque bien définis.

Dès lors, on ne voit pas pourquoi cela poserait un vrai problème théologique de considérer la composition du texte sous l’angle de sa similitude avec la composition des autres textes sémitiques de l’Antiquité? La rhétorique, comme nous l’avons définie, n’est pas autre chose, en somme, qu’une grammaire du texte, à un niveau supérieur de la grammaire des mots et de la phrase.

En dehors de cette difficulté possible, les musulmans devraient se réjouir de découvrir que ce texte, tant décrié par certains pour son incohérence, est en fait très bien construit, avec beaucoup de finesse, je dirais même, parfois jusqu’à la sophistication. A condition, bien sûr, d’accepter qu’il puisse y avoir une autre logique et une autre rhétorique que celles de la tradition grecque! Certains musulmans un peu pressés pourront même y voir une preuve du caractère miraculeux du Coran!

D. – Une question qui est sur toutes les lèvres: est-ce que tout le Coran doit être pris à la lettre? Qu’est-ce qui peut en être laissé au passé?

R. – La question se pose aussi pour la Bible, et la réponse que l’on peut donner est la même. L’exégèse a pour tâche première de dire la lettre du texte, aussi fidèlement que possible. Mais cette lettre est elle-même d’emblée très complexe et pleine de contradictions, apparemment impossibles à concilier. D’où la nécessité d’une interprétation qui tienne compte non seulement du détail du texte, mais aussi de l’ensemble du Livre.

Et si l’on croit que ces textes fondateurs sont des textes vivants qui ont encore quelque chose à nous dire aujourd’hui, on ne saurait faire abstraction, dans la lecture, de l’évolution morale et spirituelle de l’humanité. Déjà le grand penseur réformiste égyptien, le cheikh Muhammad Abduh (m. 1905), affirmait que l’on ne pouvait pas mettre tous les versets du Coran sur le même plan: beaucoup d’entre eux sont des versets circonstanciels, qui valaient pour une situation donnée, celle de la fondation de la communauté musulmane, à présent révolue depuis longtemps.

A côté de ces versets, il en est d’autres qui reflètent une sagesse universelle, valable pour tous les temps, et c’est sur eux qu’il faut fonder la foi et la pratique religieuse. C’est ce que font, dans leur « Lettre ouverte à sa sainteté Benoît XVI », les cent intellectuels signataires, dont un grand nombre de « grands muftis » de différents pays: ils mettent en avant des versets qui permettent un convivium pacifique des musulmans avec les autres communautés humaines.

Cela peut signifier qu’ils considèrent implicitement les versets combatifs, que l’on trouve notamment dans la sourate 9, déjà citée, comme caducs dans leur application. Mais il faudrait que cela soit déclaré officiellement, en toute clarté, et considéré comme définitif et irréversible. Ici, on se heurte à une autre difficulté: celle de l’absence de Magistère, en islam, qui puisse faire une telle démarche.

D. – Encore une question: avec les musulmans, le dialogue est-il culturel ou religieux? Un débat en cours (cf. Benoît XVI).

R. – Sans entrer ici sur l’opportunité ou non des remaniements structurels de la Curie pontificale, il me semble évident que le dialogue avec les musulmans, comme avec les autres religions, ne peut être que les deux à la fois.

Si l’on croit aux déclarations du Concile Vatican II, dans « Nostra Aetate », sur les religions, et notamment sur les musulmans, il est clair que l’islam représente une religion majeure de notre temps, plus proche du christianisme, par ses racines historiques, que la plupart des autres religions. Elle a certes un statut différent que le judaïsme, l’arbre sur lequel a été greffé le christianisme, mais elle possède des traits communs essentiels avec notre foi, signalés par le texte conciliaire.

L’épître aux Hébreux ne dit-elle pas aussi que « celui qui s’approche Dieu doit croire qu’il existe et qu’il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent » (He 11,6)? En écho, le Coran déclare à deux reprises que « ceux qui croient (les musulmans), les juifs, les sabéens et les chrétiens – quiconque croit en Dieu et au dernier Jour et fait le bien – n’éprouveront aucune crainte (de l’enfer) et ils ne seront pas affligés » (5, 69 et 2, 62).

Mais il est vrai que l’islam n’est pas seulement une religion, mais aussi une vaste et multiple culture (tout comme le christianisme), et que cet aspect doit également faire partie du dialogue. Le père Georges Anawati, fondateur de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales du Caire, aimait à répéter: « Pas de culture sans religion, pas de religion sans culture ».

Dans la maison de Nazareth, la vie de prière en famille

3 juin, 2007

 du site:

http://www.mariedenazareth.com/158.0.html

Dans la maison de Nazareth, la vie de prière en famille

Chaque sabbat Joseph et Jésus, revêtus de leurs manteaux de prière, le tallit, se rendaient à la synagogue, tandis que Marie préparait la table de fête. En effet, la femme avait le privilège au début de la liturgie du sabbat, le vendredi soir, d’allumer la bougie de la fête en récitant une bénédiction :

« Béni sois-tu Seigneur qui nous a demandé d’allumer la lumière. »Ce geste symbolique en disait long sur la vocation de la femme qui doit allumer la lumi

ère, transmettre la vie, l’espérance et la joie. Les discussions autour de la table ne tournaient pas seulement sur les scènes de violence qui accompagnaient la présence de l’occupant romain : Jésus ramenait la discussion sur la mémoire dIsraël : au-delà du quotidien il y a l’élection, les promesses, lalliance, le don de la terre, la loi.

Le quotidien ne peut pas faire oublier l’essentiel ni le sens de la vie. Même le travail quotidien recevait à la lumière de l’élection une noblesse toute particulière. Lorsque Joseph et Jésus récitaient chaque matin à la maison le Shema Israel et la prière du Shemone Esre (ou prière juive des 18 bénédictions) Marie écoutait en silence. Elle avait tout loisir de s’unir à leur prière et de la mémoriser. Il suffisait qu’elle dise Amen à la fin de la prière pour que cette prière fût considérée comme sienne. J

ésus qui avait appris par coeur le Qaddish, la prière qu’on déclamait aux funérailles dun membre du village, devait répéter certainement cette prière devant Marie, comme il récitait ses leçons avant de partir pour l’école de Sepphoris. Jésus portait les tephilim (bandelettes que les Juifs portaient pour la prière) et ne rasait pas les cheveux de ses tempes, comme lexige la Bible. Marie connaissait la signification de ces commandements. Sa sensibilité et son intelligence souvrirent dans le foyer de Nazareth à la vision du monde, toute tendue vers la venue du Royaume de Dieu. Même si les Romains ne comprenaient pas les us et coutumes des Juifs et ne se privaient pas d’ironiser sur ces habitudes qui leur paraissaient surannées.

La venue du Royaume invisible et spirituel signifiait pour Israël la sanctification du Nom de Dieu. Or que représente cette sanctification sinon l’acceptation du joug du Royaume et la séparation des coutumes païennes? Etre saint n’est-ce pas être séparé? Comment ai-je été choisie pour être la servante du Roi si je ne confesse pas dans ma vie l’amour du Nom unique? Le royaume de Dieu, cette proximité de Dieu avec l’homme, ne signifie-t-elle pas la connaissance des voies du Seigneur pour agir avec justice et droiture?

Pétra, capitale de la Nabatène

30 mai, 2007

du site: 

http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/petra_capitale_de_la_nabatene.asp

Pétra, capitale de la Nabatène

de Christian Augé

Directeur de recherche au CNRSLa « cité rose » des Nabatéens, joyau de l’art universel, n’en finit pas de nous interroger, de nous fasciner, de nous envoûter. Aussi avons-nous demandé à Christian Augé, coauteur avec Jean-Marie Dentzer de Pétra, la cité des caravanes (Découvertes Gallimard, Paris, 1999) de nous présenter son livre qui n’a pas l’ambition d’offrir une mise au point archéologique ou historique complète, mais entend, en partant de sa redécouverte moderne, présenter par le texte et l’image ce site prestigieux, en guise d’invitation au voyage.

Une révélation romantique

Le visiteur qui débouche, après une marche au fond du défilé du Sîq, devant la haute façade rose de la Khazneh, puis traverse le vaste cirque de la Pétra antique, suit le même trajet que son découvreur, le Suisse Jean-Louis Burckhardt, en août 1812 – premier Européen depuis le Moyen Âge à y pénétrer. Il dut se contenter d’un hâtif aller-retour, mais on lui doit l’intuition géniale de l’avoir identifiée à la ville des textes anciens, et son souvenir ébloui suscita des émules : en 1818, l’Anglais William John Bankes et ses compagnons, en 1828 les Français Léon de Laborde et Louis-Maurice Linant de Bellefonds, qui y passèrent six jours pleins et en rapportèrent une description des monuments et de magnifiques dessins.

Il est passionnant de suivre ces premiers voyageurs qui racontent leurs péripéties, l’hostilité des habitants persuadés qu’ils viennent voler leurs trésors, les marchandages avec les chefs de tribus qui monnayent leur protection. Ils disent aussi leurs réticences face à cette architecture « barbare », et leur saisissement, pour citer Laborde, devant « la prodigieuse quantité de tombes qui ornent ses parois… On dirait une population qui n’était occupée que de sa mort, et qu’on a surprise pendant son enterrement. »

Ainsi naît le mythe et dans la « vallée mystérieuse » se succèdent artistes ou simples touristes, qui portent jusqu’en Amérique la renommée de la « ville vermeille, moitié vieille comme le temps ». Quant aux savants – historiens, spécialistes de langues orientales et archéologues – l’histoire de leurs recherches n’offre guère de surprises. Les premiers découvreurs ont décrit et dessiné les principaux monuments, leurs successeurs complètent l’exploration, font des relevés, copient et déchiffrent les inscriptions. La mission du duc de Luynes, en 1864, dresse déjà un bilan. Au tournant du XXe siècle, à la lumière des très importantes découvertes faites dans le reste de l’ancienne Nabatène, de la Syrie méridionale au Hedjâz, se succèdent à Pétra maintes missions, qui aboutissent à de grandes publications en français et en allemand, toujours utilisées de nos jours. Désormais, on s’attache aussi aux lieux de culte, aux aménagements publics et à la ville romaine, et on s’affranchit des études bibliques.

Une ère nouvelle s’ouvre en 1929 avec les premières fouilles britanniques puis, à partir des années cinquante, grâce à la collaboration entre le département des Antiquités de Jordanie et des missions étrangères de plus en plus nombreuses.

Énigmatiques Nabatéens

De ce peuple arabe, on ne connaissait que de simples mentions, en particulier chez Flavius Josèphe, mais aussi deux textes plus détaillés, de Diodore et de Strabon, contemporains de César et d’Auguste. Une cinquantaine d’années à peine les sépare, mais ils s’appuient sur d’autres témoignages, donnant deux images opposées des Nabatéens. En 312 avant J.-C., peu après la conquête d’Alexandre, c’est une tribu nomade, habile à tirer parti des maigres ressources du désert et enrichie par le commerce caravanier le long des routes de l’encens, qui résiste aux raids des Macédoniens en regroupant femmes, enfants, vieillards et trésors sur un refuge escarpé – situé aujourd’hui sur un autre site, plus proche de la mer Morte. Au tournant de notre ère, les voici confortablement installés dans une ville luxueuse, capitale d’un royaume étendu, puissance régionale que Rome, maîtresse du Proche-Orient, ne va pas tarder à dominer puis à transformer en une province d’Arabie dont le chef-lieu sera Bosra, dans le sud de la Syrie.

Les auteurs grecs et romains – tout comme les Européens face aux Bédouins du XIXe siècle – se disent dégoûtés par certains de leurs rites, mais séduits par leurs mœurs « conviviales » – le banquet y prend une grande importance – et par la simplicité « démocratique » de leur royauté. Les érudits du siècle dernier se captivent pour les mystères qui entourent ce peuple, celui de ses origines – vient-il bien de la péninsule Arabique, quand s’est-il installé dans le sud de l’actuelle Jordanie ? – et celui de sa disparition : en fait, sous la domination romaine, la population nabatéenne semble s’être fondue dans les arrivées successives d’autres tribus et sa langue, simple branche de l’araméen, s’être éteinte au cours de l’Antiquité tardive. Mais ces énigmes ne sont pas entièrement résolues, en dépit des résultats acquis après un siècle et demi de recherche. L’avancée décisive fut le déchiffrement des inscriptions nabatéennes, découvertes en grand nombre à Pétra, mais aussi dans le Sinaï, en Syrie du Sud, dans le Hedjâz, tandis que l’on identifiait et classait les monnaies : ces documents écrits, complétant les indications des auteurs, fournirent un cadre géographique et chronologique et des renseignements sur l’organisation politique, la société, la religion.

D’autre part, l’archéologie a pris une autre dimension. Les fouilles méthodiques se sont multipliées dans toute l’ancienne Nabatène : dans le sud jordanien, à Khirbet edh-Dharih et au Wadi Ram, mais aussi en Syrie méridionale, mise en valeur par les Nabatéens autour de Bosra au Ier siècle après J.-C., et le long des pistes du Néguev, du Sinaï et de l’Arabie Séoudite – l’exploration minutieuse du terrain s’appuyant sur la télédétection à partir de photographies aériennes et de clichés de satellite. L’informatique permet de maîtriser cette masse d’informations et d’étudier de façon plus fine la distribution de ces vestiges afin de préciser les étapes de l’occupation.

On est donc mieux renseigné sur l’abondante céramique nabatéenne, sur le petit artisanat fortement inspiré par l’art d’Alexandrie, sur l’architecture rupestre ou bâtie, sur la sculpture et le décor : des pièces spectaculaires ont tout récemment surgi dans le sanctuaire de Dharih. Ces trouvailles, qui mêlent les influences de l’ancienne Arabie, de l’Égypte hellénistique et de la Syrie gréco-romaine, donnent de la civilisation nabatéenne une vue plus large et nuancée, voire contrastée ; les Nabatéens gardent cependant une bonne partie de leur mystère, même sur ce terrain de recherche privilégié qu’est leur ancienne capitale.

Pétra, de la Roche à la cité

Pétra, « la Roche », est d’abord un monde minéral, qui impressionne le visiteur, surtout s’il escalade les sommets ou s’aventure dans les environs, passant des grès aux chaos de porphyre. Son ancien nom sémitique, Reqem, « la Bariolée », dit bien la variété des couleurs du rocher, du blanc crayeux au rouge vif.

Si l’on comprend que les sommets abrupts aient pu servir de refuges – apparemment dès l’époque édomite – il est surprenant qu’une agglomération importante ait été établie au fond d’un vaste cirque aride, dépourvu de ressources suffisantes en eau et en terrain cultivable, plutôt à l’écart des grandes routes. Sans doute ce choix est-il dû non seulement à la présence de sanctuaires sur les « hauts lieux » fréquentés par les nomades, mais aussi à la possibilité de creuser les parois pour y ménager des tombeaux, des habitations et des abris pour les animaux et les marchandises.

Les fouilles, longtemps limitées à quelques monuments, apportent depuis peu des précisions : ainsi a été mis en évidence le passage tardif de l’habitat temporaire à la maison bâtie, représentée par une demeure nabatéenne d’abord modeste, puis somptueuse, dont le plan et le décor mêlent des influences orientales et méditerranéennes. Les derniers rois, notamment Arétas IV (9 avant – 40 après J.-C.), semblent avoir suscité un spectaculaire développement monumental, inspiré de modèles hellénistiques et poursuivi au début de la période romaine : de grands tombeaux furent sculptés, un théâtre aménagé, des marchés et des sanctuaires bâtis ou rebâtis dans le centre de la ville, ordonné autour d’une large rue à colonnades qui aboutit au temple principal, le Qasr el-Bint. Ensuite, Pétra paraît avoir connu le destin banal d’une cité romaine d’Orient. La fouille d’une église ornée de belles mosaïques montre que l’époque byzantine, contrairement à ce que l’on croyait, n’est pas une période de déclin, malgré plusieurs tremblements de terre. Mais les renseignements manquent cruellement pour les périodes suivantes, et la construction de forts par les Croisés n’empêche pas le site d’être presque abandonné à partir du XIIIe siècle…

De part et d’autre du majestueux alignement central formé par les grands monuments de style gréco-romain s’est donc développée, sans doute dès l’époque hellénistique, une ville de type oriental, juxtaposant des noyaux d’habitation plus ou moins denses, sans limites ni sans espaces publics nettement définis, où l’habitat troglodytique et peut-être la tente ont longtemps conservé leur place. Ce mode de développement, adapté au terrain, amène à s’interroger : la société était-elle à l’origine composée de groupes différents, comme le feraient aussi supposer les très nombreux lieux de culte, inégalement dispersés ? L’étude fine de la distribution de ces vestiges, confrontée aux données épigraphiques, permettra peut-être de préciser comment et quand se forma l’identité sociale, politique et religieuse des habitants de Pétra.

Surtout, une exploration systématique fait ressortir l’extraordinaire somme de travail nécessaire pour créer une ville dans un environnement aussi difficile, pour en assurer la subsistance, la liaison, la protection. Afin de suppléer au faible débit des rares sources du site, tout en détournant par un tunnel les crues violentes du ruisseau, l’eau de pluie, recueillie sur la moindre surface rocheuse, s’écoulait par des chenaux dans des centaines de citernes et de réservoirs. Des barrages fermant chaque ravin, un vaste réseau de canalisations partant de sources distantes de plusieurs kilomètres, sont encore visibles aujourd’hui, ainsi que les terrasses des jardins et des champs que cette eau arrosait. En dehors de quelques grands axes pavés, les collines de la ville basse comme les hauteurs sont parcourues par un écheveau de sentiers, de plans inclinés, d’escaliers creusés dans le grès. Les sommets plus lointains sont encore couronnés par des points fortifiés, postes de guet et de signaux, qui formaient un système de défense sans doute hérité de la période nomade. Ils dominent des agglomérations périphériques, comme Beidha ou Sabra, offrant plus de place pour le stationnement des caravanes, où l’on voit des aménagements et même des monuments semblables à ceux de la ville.

Les Nabatéens nous proposent donc là d’autres énigmes : combien de temps fallut-il pour réaliser ces installations ? À quelles traditions technologiques recouraient-ils ? Seule une démarche archéologique et historique pourra répondre…

Christian Augé Septembre 1999

Dernier appel: sauvez les chrétiens d’Irak – C’est le seul pays où l’on célèbre encore les liturgies en araméen

28 mai, 2007

du site italien:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/dettaglio.jsp?id=143981&fr=y

Dernier appel: sauvez les chrétiens d’Irak


C’est le seul pays où l’on célèbre encore les liturgies en araméen, la langue de Jésus. Mais la chrétienté risque d’y mourir. Des meurtres, des agressions, des enlèvements. Et maintenant la « jizah », l’impôt historiquement imposé par les musulmans aux « infidèles », ceux qui n’ont pas encore fui vers l’étranger

par Sandro Magister

ROMA, le 28 mai 2007 – Dans la guerre qui ensanglante l’Irak, menée principalement par des groupes musulmans contre d’autres musulmans et contre les « infidèles », les chrétiens irakiens sont les seuls à n’utiliser ni armes ni bombes, même pas pour se défendre. Il n’existe pas en Irak de milices chrétiennes armées. De fait, ils forment le groupe le plus vulnérable et persécuté. Ils étaient plus d’un million et demi en 2000, soit 3% de la population. Aujourd’hui, on estime qu’il en reste moins de 500 000.

Dans un communiqué officiel diffusé le 24 mai, le gouvernement irakien a promis de protéger les familles chrétiennes menacées et chassées par des groupes terroristes islamiques. Des représentants musulmans ont également exprimé leur solidarité. Ce pas du gouvernement – non suivi d’initiatives concrètes – fait suite à l’appel dramatique lancé le dimanche 6 mai par Emmanuel III Delly, patriarche des chaldéens, la plus importante communauté catholique irakienne, dans son homélie lors de la messe célébrée en l’église de Mar Qardagh, à Erbil, au Kurdistan.

La région kurde, au nord de Bagdad, est la seule en Irak où les chrétiens vivent aujourd’hui en relative sécurité. Le Babel College, le séminaire chaldéen de Bagdad, et sa bibliothèque ont été transférés à Erbil. Leurs locaux, dans la capitale, servent aujourd’hui de place forte aux troupes américaines, en dépit des protestations du patriarcat.

Les réfugiés chrétiens du centre et du sud du pays affluent en direction des villes kurdes d’Erbil, Zahu, Dahuk, Sulaymaniya, Ahmadiya et dans les villages chrétiens des environs.

Un peu plus au nord, cependant, dans la région de Mossoul et dans la plaine de Ninive, le danger est à nouveau palpable. Dans ce berceau du christianisme en Irak, on trouve des églises et des monastères qui remontent aux tout premiers siècles. Dans certains villages, on parle encore un dialecte araméen appelé sureth et l’araméen, qui était la langue de Jésus, est utilisé lors des liturgies. Des communautés de différents rites et doctrines sont présentes : chaldéens, syro-catholiques, syro-orthodoxes, assyriens d’Orient, arméniens catholiques et orthodoxes, gréco-melkites.

Les villages chrétiens sont cependant entourés de populations musulmanes hostiles et la vie des chrétiens est encore plus dangereuse dans la capitale de la région, Mossoul. Les séquestrations sont monnaie courante, la libération des victimes ayant lieu lorsque leurs proches ont versé une rançon de 10 000 à 20 000 dollars ou s’ils acceptent de céder leur maison et de quitter la ville. Mais la séquestration peut aussi finir dans le sang. En septembre 2006, à la suite du discours de Benoît XVI à Ratisbonne, un groupe dénommé « Lions de l’Islam » a séquestré le père Paulos Iskandar, un syro-orthodoxe. Les ravisseurs avaient exigé que trente affiches présentant des excuses pour les offenses contre l’islam soient collées sur les églises de Mossoul. Puis ils l’ont décapité. Le même jour, un autre prêtre, le père Joseph Petros, était tué à Bagdad. Une religieuses avait alors déclaré à l’agence vaticane Fides: « Dans les mosquées, les imams expliquent dans leur prêche que tuer un chrétien n’est pas un crime. C’est une chasse à l’homme ».

Pascale Warda, chrétienne assyrienne, ministre de l’immigration de l’avant-dernier gouvernement irakien, juge nécessaire de créer une province autonome dans la plaine de Ninive, une sorte de zone protégée non seulement pour les chrétiens mais aussi pour d’autres minorités religieuses comme les yazides, qui pratiquent une très ancienne religion pré-zoroastrienne. Mais l’intensification des agressions de la part des musulmans qui vivent dans cette région rend l’idée inapplicable. En avril dernier, 22 yazides ont dû descendre d’un bus pour être tués sur une route proche de Mossoul. En 2005, quatre assyriens qui escortaient le ministre Warda ont été massacrés lors d’une attaque terroriste.

A Mossoul, des groupes islamistes ont commencé à exiger des chrétiens qu’ils paient un impôt, la jizah, que les musulmans faisaient traditionnellement payer à leurs sujets chrétiens, juifs et sabéens qui acceptaient de vivre sous un régime de soumission, en tant que « dhimmis ».

C’est surtout à Bagdad que la jizah est imposée aux chrétiens de manière toujours plus généralisée. Dans le quartier de Dora, à 10 kilomètres au sud-ouest de la capitale, où se trouve une forte concentration de chrétiens, des groupes liés à al Qaïda ont instauré un prétendu « Etat islamique en Irak ». Ils encaissent systématiquement cet impôt, fixé entre 150 et 200 dollars par an, l’équivalent du coût de la vie pendant un mois pour une famille de six personnes. La perception de ce tribut est en train de s’étendre à d’autres quartiers de Bagdad, vers al-Baya’a et al-Thurat.

A Dora, certaines familles chrétiennes ont été averties: elles ne pourront rester que si elles donnent une de leurs filles en mariage à un musulman, en vue d’une conversion progressive à l’islam de la famille toute entière. Une fatwa interdit de porter la croix au cou. Quant aux églises, c’est à coups de grenades qu’elles ont été contraintes d’ôter les croix de leurs coupoles et de leurs façades. A la mi-mai, l’église assyrienne de Saint-Georges a été incendiée. Jusqu’à présent, sept prêtres ont été séquestrés dans la capitale. Le dernier à avoir été enlevé – c’était dans la seconde moitié de mai – est le père Nawzat Hanna, un catholique chaldéen.

Selon une estimation du gouvernement irakien, la moitié des chrétiens sont partis de Bagdad et les trois-quarts ont quitté Bassora et le sud. Ceux qui ne s’arrêtent pas au Kurdistan partent pour l’étranger. On évalue à 700 000 le nombre de chrétiens venus d’Irak en Syrie, autant en Jordanie, 80 000 en Egypte, 40 000 au Liban. La plupart y restent bloqués, sans assistance et sans droits, dans l’attente d’un hypothétique visa pour l’Europe, l’Australie, les Amériques.

En Irak, les chrétiens sont traditionnellement représentés dans les professions libérales. Beaucoup sont médecins ou ingénieurs. Dans les écoles, ils constituent – constituaient – 20% du corps enseignant. Ils sont présents dans l’informatique, le bâtiment, l’hôtellerie, l’agriculture spécialisée. Ils sont à la tête de chaînes de radios et de télévisions. Ils sont traducteurs ou interprètes, une profession particulièrement vulnérable qui compte déjà quelque 300 victimes.

La constitution irakienne établit une parité des droits entre toutes les religions, qui n’a d’équivalent dans la législation d’aucun autre pays arabe et musulman. Mais la réalité est toute autre. Dans un article de son dernier numéro, le troisième depuis début 2007, la revue de géopolitique « Limes » indique:

« L’anéantissement du peuple chrétien d’Irak, grand même s’il est peu nombreux et héritier de l’espérance des prophètes, mettrait fin à la possibilité que l’Irak nouveau devienne une nation libre et démocratique ».

Ce serait aussi une défaite dramatique pour l’Eglise.

Il y a quelque chose que je voudrais éclaircir – un reportage du Zenith

24 mai, 2007

Il y a quelque chose que je voudrais éclaircir, au moins pour ma connaissance de le Pape et de la foi chrétienne, il est vrai que le Pape en voyageant en différents lieux du monde tient des discours et ceux-ci, différentes fois ont été repris de la même Pape ; la critique de quelques journaux on line et de quelques site internet qui dit que le « Pape se corrige » est un discours qui fait qui ne sait pas comprendre à fond la foi chrétienne ;

souvent, au contraire, presque toujours, lorsque il se regarde à un fait, à une histoire, aux interprétation de l’Écriture, il ne s’est pas signifié seulement, le monde n’est pas fait noir et blanc, mais, heureusement, divergés de couleurs, et ainsi ils sont même tous écrits interprétés de la Sacrée Écriture, toute la théologie, toute l’histoire, peut-être aucune de est en mesure de comprendre ensemble toutes des façades d’un événement, est une capacité de compréhensions peut-être plus hautes que celle humaine normal; le Pape, et s’il se corrigeait irait comme témoignage de son humilité, ne se corrige pas s’il regarde autrefois, dans conteste d’un voyage, à une lecture d’un événement, et si ensuite, à Rome, il relit le même événement en mode plus vaste, il n’est pas contradictoire, contradictoire souvent est l’homme qui est capable de comprendre seulement un discours (pour ne pas dire seulement une couleur politique) ;

à meilleure explication de ce que je dis, et de la possible de diversité de lecture d’un événement je vous poste (en traduction) articule de Zenith :

Donnée publication : 2007-05-24

Il faut distinguer action évangélisatrice et colonisation, explique un Évêque Second monsignor José Yanguas, Évêque de Cuenca, le Pape a parlé avec « grande exactitude » APARECIDA, jeudi, 24 mai 2007 (ZENIT.org).

Monsignor José María Yanguas, Évêque de Cuenca (Espagne), a affirmé ce mercredi que Bénit XVI a parlé avec « grande exactitude » environ l’action évangélisatrice en Amérique Latine. L’Évêque même a ajouté qu’on doit distinguer entre l’action de l’évangélisation des missionnaires et l’œuvre de colonisation. « Il est évident qu’il s’agit d’une réalité complexe », a dit l’Évêque dans une rencontre avec la presse dans le Sanctuaire d’Aparecida, en se rappelant de que la présence d’Espagne et de Portugal en Amérique Latine a duré trois ou quatre siècles et qu’il y a eu des variations de région à région. « De l’autre côté, il faut distinguer même les différences entre œuvre de colonisation ou de conquête et l’action proprement évangélisatrice. Elles sont deux réalités contemporaines, mais il me semble qu’ils soient essentiellement divergés, même si ils contemplent directement piqués de contacte « , a observé. Selon monsignor Yanguas, dans l’Audience générale de ce mercredi, dans lequel il a réfléchit sur son récent voyage à Brésil, le Pape il a parlé de la question de l’évangélisation de l’Amérique Latine « avec grand équilibre et avec grande exactitude ». « Il est difficile ne pas être d’accord », a souligné. L’Évêque a dit que Benoît XVI n’a pas oublié les « ombres » de la période suivante à l’arrivée des Espagnols et des Portugais dans le continente. Selon les discours, conscient des situations d’injustice qui se sont vérifiées, le Pape, dans les mots qui ont dit à Brésil, a voulu souligner le côté positif, c’est-à-dire « le précieux héritage résultant de la rencontre des cultures ».

 

Bellarmino Bagatti ofm (1905-1990)

23 mai, 2007

je désire faire vous connaître, si j’ai non fait entièrement déjà, Père Bagatti a été professeur de mon professeur de Biblique, je ne l’ai pas personnellement connu, mais j’ai entendu en parler énormément pour les grandes recherches archelogiche et les découvertes, je vous reporte de toute façon le texte:

 

 

http://198.62.75.1/www1/ofm/sbf/segr/profs/Bagatti/SBFbagat_Fr.html

 

 Bellarmino Bagatti ofm (1905-1990) 

 

Le 7 octobre 1990, au Couvent franciscain de Saint Sauveur à Jérusalem le Père Bellarmino (Camillo) Bagatti de l’Ordre des Frères mineurs terminait sa course terrestre. De nombreux prêtres, religieux et religieuses, des amis israéliens et arabes participaient à ses funérailles. L’ancien patriarche de Jérusalem, sa Béatitude Mgr Beltritti, assisté de Mgr Selim Sayegh, présidait la cérémonie. Les représentants des principales écoles bibliques et archéologiques de Jérusalem avaient tenu à participer à la cérémonie.
Le Père Bagatti est né à Lari (Pisa) le 11 novembre 1905. A l’âge de 17 ans il entra dans l’ordre franciscain à La Verna en Toscane et à l’âge de 23 ans il fut ordonné prêtre. En 1931 il fut envoyé à l’Institut pontifical d’archéologie chrétienne de Rome où il obtint son doctorat en 1934. Sa thèse sur “Il Cimitero di Commodilla o dei Martiri Felice ed Adautto sulla via delle sette chiese” fut publiée en 1936 dans la collection de l’Institut “Roma sotterranea cristiana. Nuova Serie”
.
Depuis 1935 il fut Professeur de topographie de Jérusalem et d’archéologie chrétienne au Studium Biblicum Franciscanum de Jérusalem. Avec le Père Sylvester Saller en 1941 il fonda la collection “SBF Collectio Maior” et en 1951, avec le Père Donato Baldi, il fonda la revue “SBF Liber Annuus”. De 1968-1978 il fut Directeur du Studium. Sous son patronage l’Institut multiplia ses activités. Le nombre des professeurs et des étudiants s’accrut. Pendant de nombreuses années il fut professeur au Studium Théologique international de la Custodie de Terre Sainte. Il fut guide de nombreuses générations d’étudiants durant les excursions de Terre Sainte. Ses mérites furent reconnus par les nombreuses distinctions qui lui furent décernées: Chevalier de l’Ordre au mérite de la République Italienne (1955), Commandeur (1966), Membre honoraire de l’Académie mariale salésienne (1974), Commissaire correspondant de la commission pontificale d’archéologie sacrée (1977), Membre correspondant de l’Académie pontificale romaine d’Archéologie (1979), Membre correspondant de l’Académie pontificale de l’Académie romaine de Thé
ologie (1982).
Il participa à de nombreux congrès internationaux d’archéologie, de Bible et de Liturgie. Il offrit sa collaboration à de nombreux dictionnaires et encyclopédies (Enciclopedia Cattolica, Dictionnaire de la Bible Supplément, Dizionario Patristico e di Antichità Cristiane, etc.). Il a travaillé à la réédition d’ouvrages importants de Palestinologie (itinéraires de Terre Sainte et illustrations des sanctuaires et des monuments des XIV, XVI, XVII et XVIII siècles) Sa bibliographie comprend une vingtaine de volumes et plusieurs centaines d’articles. Elle est publié
e dans le Liber Annuus 40 (1990).
A l’occasion de son soixante dixième anniversaire ses confrères et ses amis lui offrirent deux volumes d’hommages, le premier contenant des études archéologiques, le second des études exégé
tiques et patristiques.
Le Père Bagatti a fait des fouilles archéologiques à Rome au cimetière de Commodilla (1933-34); en Terre sainte : au Sanctuaire des Béatitudes (1936), à la Visitation à Ain Karem (1938), Emmaüs-Qubeibeh (1940-44), Bethléem (1948), Dominus Flevit au Mont des Oliviers (1953-55), Nazareth (1954-1971), Mont Carmel (1960-61); en Jordanie: Mont Nebo (1935) et Khirbet el-Mukhayyat (à différentes é
poques).
Il collaborait volontiers aux sessions de formation permanente et d’aggiornamento. En 1969 il prit l’initiative d’organiser un “Corso di aggiornamento biblico-teologico” réservé chaque année aux religieux et religieuses du Moyen Orient (Israël, Jordanie, Chypre, Liban). De nombreux pèlerins, prêtres et séminaristes gardent le souvenir de ses confé
rences.
Son oeuvre est bien connue des spécialistes du monde entier. Les sanctuaires de Terre Sainte ne peuvent plus être présentés comme des traditions franciscaines. Grâce à ses fouilles on sait aujourd’hui que ces traditions remontent à l’époque byzantine, parfois plus haut dans le temps. L’histoire des premières communautés chrétiennes l’intéressait également. Il en offrit une synthèse remarquable. L’amour de l’art qui avait réjoui sa jeunesse à Florence refit surface lorsqu’il cessa ses travaux archéologiques. Il se consacra à l’étude des thèmes iconographiques qui étaient liés avec l’Eglise judéo-chrétienne. La littérature apocryphe le passionna jusqu’à
la fin de sa vie.
Tous ceux qui l’ont connu ont apprécié son amabilité. Il était toujours prêt à encourager et à accueillir. Il mettait sa vaste culture à la disposition de tous. Libre et serein, il évitait les polémiques et était toujours prêt à collaborer. Bref, il fut un vrai frère mineur, humble et affable, joyeux et travailleur. Il n’avait pas oublié qu’il était prêtre de Jésus-Christ et il n’hésitait pas à donner des conseils spirituels. “Que sa mémoire soit en bénédiction” (1 Mac 3,7).

20 mai fête de Saint Bernardin de Sienne

18 mai, 2007

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/05/20.php

20 mai fête de Saint Bernardin de Sienne

Sommaire :

Biographie

Les sept paroles de Marie

Sermon sur le Nom glorieux du Christ

Biographie

Bernardin Albizeschi, né le 8 septembre 1380, à Massa Marittima, dans la Maremme toscane, entra chez les Frères Mineurs (8 septembre 1402) et fit la plus grande partie de son noviciat, près de Sienne, au couvent de Colombaio. Ordonné prêtre, le 7 septembre 1404, il se consacra à la prédication où il se révéla un orateur de grand talent et plein doriginalité. Pendant vingt-cinq ans, il parcourut toute lItalie et répandit la dévotion au saint Nom de Jésus dont il fit peindre partout le monogramme I H S (Jésus Sauveur des hommes). Il mourut à Aquila le 20 mai 1444 et fut canonisé le 24 mai 1450.

Les sept paroles de Marie

Sept paroles seulement nous sont rapportées de la Très bénie Mère du Christ, comme pour manifester mystiquement qu’elle était pleine de grâce septiforme.

Avec l’ange, elle n’a pris la parole que deux fois :

- Comment cela se pourra-t-il faire puisque je ne connai pas d’homme ? (S. Luc I 34)

- Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ! (S. Luc I 38).

Avec Elisabeth deux fois aussi,

d’abord pour la saluer (S. Luc I 40), ensuite pour louer, lorsqu’elle dit :

- Mon âme magnifie le Seigneur (S. Luc I 46)

Avec son Fils deux fois encore.

La première dans le temple :

- Mon Fils pourquoi nous as-tu fait cela ? (S. Luc II 48).

La seconde, aux noces :

- Ils n’ont pas de vin (S. Jean II 3).

Aux serviteurs une fois seulement :

- Faire tout ce qu’il vous dira (S. Jean II 5).

En tous ces cas, elle a toujours très peu parlé, sauf lorsqu’elle s’est dilatée dans la louange de Dieu et l’action de grâces, quand elle a dit :

- Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit exulte dans le Dieu de mon Salut. Alors ce n’est plus avec un homme qu’elle s’entretient, mais avec Dieu.

Ces sept paroles sont proférées, selon les sept actes de l’amour, avec une progression et un ordre admirable. On dirait sept flammes de la fournaise de son cœur. L’âme aimante, qui les considère et les rumine, s’écrie avec le prophète : Combien douces à mon palais (c’est-à-dire toute mon affectivité) sont vos paroles ! Cette douceur que l’âme aimante éprouve en ces paroles de la Bienheureuse Vierge, est l’ardeur d’un pieux amour qu’elle éprouve en elle, par expérience. Qu’elle dise donc, l’âme aimante :

- Combien douces à mon palais sont vos paroles (Psaume CXIX)

Distinguons par ordre ces sept flammes d’amour des paroles de la Vierge bénie.

- La première est la flamme de l’amour séparant.

- La seconde, de l’amour transformant.

- La troisième, de l’amour communiquant.

- La quatrième, de l’amour jubilant.

- La cinquième, de l’amour savourant.

- La sixième, de l’amour compatissant (…).

- La septième, de l’amour consumant.

La première flamme est celle de l’amour séparant, car la nature du véritable amour est de s’éloigner de ce qui est contraire à l’aimé (…). Cet éloignement apparaît dans la première parole de la Vierge (…) répondant, stupéfaite :

- Comment cela se fera-t-il car je ne connais point d’homme (S. Luc I 34).

La seconde flamme est celle de l’amour transformant, dont l’acte est d’unir souverainement l’aimant à l’aimé, et réciproquement. Bien que cette flamme soit radicalement la première de toutes, elle est néanmoins la seconde, pour l’accomplissement et l’expérience, car jamais elle n’est pleinement ressentie, ni possédée en acte, tant que l’on ne s’est d’abord exercé parfaitement à fuir ou haïr tout ce qui peut contrarier ou entraver la pleine possession de l’aimé : de sa grâce et de sa complaisance. Voyez comme cette flamme éclate dans la seconde parole de la Vierge, qui consent à la Conception du Fils de Dieu. Elle dit à l’ange :

- Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole (S. Luc I 38).

Car l’union amoureuse de l’âme avec Dieu lui-même doit, de la part de l’âme, être totalement humble, soumise et prompte et servante, c’est-à-dire empressée en tout. C’est pourquoi la Vierge commence par se montrer telle à Dieu en disant :

- Voici la servante du Seigneur.

car elle doit être pleine à la fois de crainte et de confiance, désirer avec douceur et instance.

Et cela, ni en deçà, ni au-delà de la mesure à elle par Dieu fixée. C’est pourquoi elle ajoute : Qu’il me soit fait selon ta parole.

St Bernardin de Sienne

Sermon sur le nom glorieux de Jésus

Le nom de Jésus est la gloire des prédicateurs, parce qu’il fait annoncer et entendre sa parole dans une gloire lumineuse. Comment crois-tu que se soit répandue dans le monde entier une clarté de foi si grande, si rapide et si fervente, sinon parce qu’on a prêché Jésus ? N‘est-ce pas par la clarté et la saveur de ce nom que Dieu nous a appelés à son admirable lumière ? A ceux qui ont été illuminés et qui voient la lumière dans cette lumière, l’Apôtre peut bien dire : Autrefois, vous n’étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière.

Par conséquent, il faut faire connaitre ce nom pour qu’il brille, et ne pas le passer sous silence. Cependant, il ne doit pas être proclamé dans la prédication par un cœur impur ou une bouche souillée, mais il doit être conservé puis proclamé par un vase choisi. C’est pourquoi le Seigneur dit au sujet de saint Paul : Cet homme est le vase que j’ai choisi afin qu’il porte mon Nom auprès des nations paiennes, auprès des rois, et des fils d’lsraël. Le vase que j’ai choisi, dit-il, est celui où se montre un liquide très doux et de grand prix, pour qu’on ait envie de le boire parce qu’il brille et resplendit dans des vases de choix : afin qu’il porte mon nom, dit le Seigneur.

Lorsqu’on allume un feu pour nettoyer les champs, les buissons et les épines, sèches et stériles, se mettent à brûler ; lorsque les ténèbres sont chassées par les rayons du soleil levant, les voleurs, les vagabonds nocturnes, les cambrioleurs vont se cacher. C’est ainsi que la prédication de saint Paul, comme un fracas de tonnerre, comme un incendie violent, comme le soleil à son aurore, faisait disparaître l’incroyanee, dissipait l’erreur, mettait en lumière la vérité, à la manière dont la cire se liquéfie sous un feu intense.

En effet, il mettait partout le nom de Jésus : dans ses paroles, ses lettres, ses miracles et ses exemples. Il louait le nom de Jésus continuellement, il le chantait dans son action de grace.

De plus, l’Apôtre portait ce nom auprès des rois, des nations païennes et des fils d’Israël, comme une lumière dont il illuminait les nations du monde, et partout il s’écriait : La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le ombat de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on fait en plein jour. Il montrait à tous la lampe ardente, posée sur le lampadaire, annonçant en tout lieu Jésus, le crucifié.

Aussi l’Église, épouse du Christ, toujours appuyée sur son témoignage, exulte-t-elle en disant avec le Prophète : Mon Dieu, tu m’ as instruit dès ma jeunesse et je redirai tes merveilles jusqu’à présent, c’est-à-dire toujours. Le prophète y exhorte aussi en disant : Chantez le Seigneur en bénissant son nom, de jour en jour proclamez son salut, c’est-à-dire Jésus le Sauveur.

Saint Bernardin de Sienne

 

PAGES OTHODOXE: MÉDITATION SUR LA FÊTE AVEC LE PÈRE LEV GILLET

17 mai, 2007

Du site Orthodoxe :  http://www.pagesorthodoxes.net/fetes/ascension1.htm MÉDITATION SUR
LA FÊTE
AVEC LE PÈRE LEV GILLET
 

Le mercredi qui suit le cinquième dimanche après Pâques est le jour où, selon la terminologie liturgique, nous «  prenons congé  » de la fête de Pâques. Nous commémorons le dernier jour de la présence physique du Christ ressuscité parmi ses disciples ; et pour honorer cette présence, pour honorer encore une fois
la Résurrection, l’Église, en ce mercredi, répète intégralement l’office du dimanche pascal. Et maintenant nous touchons au quarantième jour après Pâques, au jeudi où l’Église célèbre la fête de l’Ascension [40]. 
Trois leçons de l’Ancien Testament sont lues aux vêpres de l’Ascension, le mercredi soir. La première leçon (Is 2, 2-3) nous parle d’une montagne : «  Il adviendra dans l’avenir que le mont du Temple du Seigneur sera établi au sommet des montagnes… Toutes les nations y afflueront… Venez, montons à la montagne du Seigneur  ». C’est une allusion au Mont des Oliviers, d’où Jésus s’éleva vers son père. La deuxième leçon (Is 62, 10 – 63, 3, 7-9) a été choisie à cause des paroles suivantes : «  Franchissez, franchissez les portes ! Frayez un chemin au peuple… Dans son amour et sa pitié, lui-même les racheta ; il se chargea d’eux, les porta…  ». Jésus montant aux cieux ouvre les portes à son peuple, lui prépare la route, le porte et l’élève avec lui. La troisième leçon (Za 14, 1, 4, 8-11) est encore une allusion au mont qui fut la scène du triomphe final de Jésus : «  Voici qu’un jour vient pour le Seigneur… Ses pieds, en ce jour se poseront sur la montagne des oliviers, qui fait face à Jérusalem du côté de l’Orient… En ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem…  ». 

Les matines de l’Ascension sont déjà, dans leurs chants, pleines d’allusions à l’Esprit consolateur que Jésus va envoyer. L’Ascension prélude à
la Pentecôte. 
À la liturgie, nous lisons le début du livre des Actes (1, 1-12). Jésus, après un dernier entretien avec ses apôtres, s’élève et disparaît dans un nuage [41]. L’évangile de la liturgie (Lc 24, 36-53) reprend le récit des événements depuis la première apparition de Jésus ressuscité à l’assemblée des disciples [42] et continue ce récit jusqu’à l’ascension proprement dite. 

Il est rare, si l’on a sincèrement vécu la joie du temps pascal, que l’on n’éprouve pas un certain serrement de cœur lorsqu’arrive le jour de l’Ascension. Nous savons bien que c’est une des très grandes fêtes chrétiennes ; et, malgré nous, il nous semble que c’est là un départ, une séparation, et qu’ensuite Notre-Seigneur n’est plus présent tout-à-fait de la même manière. Les disciples n’ont pas réagi ainsi. Ils auraient pu être accablés de tristesse. Au contraire «  ils revinrent à Jérusalem en grande joie (Lc 24,52)  ». Essayons d’entrer, nous aussi, dans cette joie de l’Ascension. Pourquoi l’Ascension apporte-t-elle de la joie aux Chrétiens ? Tout d’abord parce que la gloire de Notre-Seigneur doit nous être chère. Or l’Ascension couronne sa mission terrestre. Il a accompli sur terre toute la mission qu’il avait reçue du Père. C’est vers le Père qu’il tend de son être. Maintenant il va recevoir du Père l’accueil que mérite sa victoire sur le péché et la mort, – victoire si douloureusement acquise. Maintenant il va être glorifié dans le ciel. La gloire et les désirs de Notre-Seigneur doivent être plus importants pour nous que les «  consolations sensibles  » que nous pouvons recevoir de sa présence. Sachons aimer assez Notre-Seigneur pour nous réjouir de sa propre joie. 

Puis l’Ascension marque l’acceptation par Dieu de toute l’œuvre réparatrice du Fils.
La Résurrection avait été le premier signe éclatant de cette acceptation.
La Pentecôte en sera le deuxième signe. La nuée qui aujourd’hui enveloppe Jésus et monte avec lui vers le ciel représente la fumée de l’holocauste s’élevant de l’autel vers Dieu. Le sacrifice est accepté. La victime est admise auprès du Père. Elle y continuera son oblation d’une manière éternelle et céleste. L’œuvre de notre salut est accomplie et bénie. 
Jésus ne revient pas isolé vers son Père. C’est le Logos incorporel qui était descendu parmi les hommes. Mais aujourd’hui c’est
la Parole faite chair, à la fois vrai Dieu et vrai homme, qui entre dans le royaume des cieux. Jésus y introduit la nature humaine dont il s’est revêtu. Il ouvre les portes du royaume à l’humanité. Nous prenons, en quelque sorte par procuration, possession des biens qui nous sont offerts et possibles. «  [Dieu] nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux dans le Christ Jésus (Ép 2,6)  ». Des places nous sont destinées dans le royaume si nous sommes fidèles. Notre présence y est désirée et attendue. 

L’Ascension nous rend plus présente, plus actuelle, la pensée du ciel [45]. Pensons-nous assez à notre demeure permanente ? Pour la plupart des chrétiens la vie dans le ciel n’est qu’un supplément – qu’ils se représentent très mal – de la vie terrestre. La vie dans le ciel serait en quelque sorte le post-scriptum, l’appendice d’un livre dont la vie terrestre serait le texte même. Mais c’est le contraire qui est vrai. Notre vie terrestre n’est que la préface du livre. La vie dans le ciel en sera le texte, et ce texte n’aura pas de fin. Pour employer une autre image, notre vie terrestre n’est qu’un tunnel, étroit et obscur – et très court – qui débouche dans un paysage magnifique et ensoleillé. Nous pensons trop à ce qu’est maintenant notre vie. Nous ne pensons pas assez à ce qu’elle sera. «  Nulle oreille n’a entendu, nul œil n’a vu… ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment (Is 64,3)  ». Aux matines de cette fête, nous avons chanté : «  Nous qui vivons dans ce monde, fêtons comme les anges…  ». C’est-à-dire : pensons davantage aux anges, essayons d’entrer dans leurs sentiments, éprouvons quelque chose de ce qu’eux-mêmes éprouvèrent, lorsque le Fils revint près du Père ; transportons-nous d’avance auprès de
la Bienheureuse Vierge Marie et des saints glorifiés, qui seront nos vrais concitoyens : «  Pour nous notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons Jésus-Christ… (Ph 3, 20)  ». Notre vie serait transformée si, dès maintenant, nous jetions nos cœurs de l’autre côté de la barrière, au-delà de ce monde, dans le royaume où se trouve non seulement notre vrai bien, mais le vrai bien de ceux que nous aimons. 
Les disciples, après avoir été séparés de Jésus, demeuraient pleins d’espoir, parce qu’ils savaient que l’Esprit allait leur être donné. «  Il leur enjoignit de ne pas quitter Jérusalem mais d’y attendre ce que le Père avait promis (Ac 1, 4)  ». La nuée recouvre Jésus, mais cette nuée se colore déjà du feu de
la Pentecôte. Jésus, en partant, nous fixe dans une attitude, non de regret, mais d’attente joyeuse et confiante. 

Le départ de Jésus a été, un acte de bénédiction et un acte d’adoration, l’un correspondant à l’autre : «  Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel… Pour eux s’étant prosternés devant lui, ils revinrent à Jérusalem en grande joie (Lc 24,51)  ». Telle devrait être pour nous la fête de l’Ascension. Si Jésus s’éloigne sur un geste de bénédiction, et si nous adorons Jésus s’éloignant (nous parlons selon les apparences), nous nous relèverons pleins d’une force nouvelle – provenant de cette adoration, de cette bénédiction – et nous rentrerons, comme les apôtres, «  en grande joie  ». NOTES 

[40] Cette fête était célébrée dans toute l’Église dès le début de Ve siècle. À cette époque, les chrétiens de Jérusalem allaient célébrer l’Ascension à Bethléem, dans l’église construite au-dessus du site traditionnel de la grotte. Il y avait dans cette coutume le désir de rapprocher le dernier jour de la vie terrestre de Jésus de son premier jour. [41] La présence du nuage indique bien le caractère symbolique de ce qu’on pourrait appeler l’aspect physique de l’Ascension. La nuée qui enveloppait le tabernacle et qui guidait Israël dans le désert constituait le signe visible de la présence divine. La disparition de Jésus dans un nuage n’est pas une imagerie grossière. Elle signifie que la fin de la vie terrestre de Notre-Seigneur a été l’absorption de son Corps glorifié dans le sein de Dieu. 

[42] Remarquons la simplicité du retour de Notre-Seigneur parmi ses disciples. Jésus ne commence pas par leur adresser des reproches ou de sublimes enseignements. Il leur souhaite la paix et leur demande aussitôt s’ils ont quelque chose à manger. Les disciples lui offrent du poisson frit et du miel. Il mange devant eux. C’est seulement ensuite que Jésus enseigne. De même, lorsque, d’une manière quelconque, nous nous sommes séparés du Sauveur, ne soyons pas anxieux au sujet de la manière dont nous rétablirons le lien : appelons simplement Jésus à nous ; donnons-lui notre poisson et notre miel, c’est-à-dire : installons-le aussitôt au centre de notre vie et de nos préoccupations quotidiennes. Reprenons la vie avec lui au point où elle a été interrompue. Il dira et fera le reste. [43] Luc 24, 52 

[44] Ep 2, 6 [45] Qu’est-ce au juste que le ciel ? Il n’y aurait rien de théologiquement impossible à ce que le ciel soit un «  lieu  », transcendant notre espace empirique. Mais, en tout cas, le ciel est un état : un état de bonheur parfait. Ce bonheur consiste premièrement et essentiellement dans la vision de Dieu – la «  vision béatifique  » – et l’union intime avec les Personnes et la vie d’amour de
la Sainte Trinité. La participation à la vie divine, source de toutes les perfections et de tous les bonheurs, est un océan de joie infinie. Secondairement nous trouverons en Dieu et auprès de Lui toutes les personnes et les choses dont il est le principe. Voilà ce que nous pouvons dire avec certitude du ciel – qui demeure un mystère. Plus simplement, pensons à ce que peut être la vision constante de Notre-Seigneur, la vie auprès de lui, une vie pénétrée par la sienne et à jamais fixée dans la sienne. 

[46] Is 64, 3. [47] Ph 3, 20. 

[48] Ac 1, 4. [49] Lc 24, 51. 

Extrait du livre L’An de grâce du Seigneur,
signé « Un moine de l’Église d’Orient »,
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988. 

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