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13 DÉCEMBRE – SAINTE LUCIE ET SAINTE ODILE

12 décembre, 2014

http://missel.free.fr/Sanctoral/12/13.php

13 DÉCEMBRE – SAINTE LUCIE ET SAINTE ODILE

Sommaire :

Du « choix » entre Sainte Lucie et Sainte Odile
Vie de Ste Lucie
Vie de Sainte Odile
Prières

Du « choix » entre Sainte Lucie et Sainte Odile

Chaque année, le curé qui accorde de l’importance au sanctoral est mis en demeure de choisir entre sainte Lucie et sainte Odile et, quelle que soit celle qu’il choisit de présenter, il s’attire la déception d’une partie de ses paroissiens qui ont de bonnes raisons, familiales ou régionales, de célébrer l’autre.
Il ne manquerait plus que les bretons veuillent fêter leur saint roi Josse qui se fit ermite, ou que les artésiens entendent célébrer leur saint évêque Aubert qui sauva leurs pères de la famine, que les nivernais veuillent rappeler la dédicace de leur cathédrale, que les auvergnats veuillent honorer la sainte recluse Vitalène dont saint Grégoire de Tours raconta la vie, ou que les cadurciens veuillent entendre la messe de leur saint évêque Ursize, voire que les gens d’Ile-de-France se souviennent la sainte moniale de Chelles, Elisabeth-Rose, qui fonda l’abbaye de Rozoy ; heureusement que la fête de sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal a été avancée d’un jour et que sont encore bienheureux les autres français montés sur les autels comme Ponce de Balmey, évêque de Belley, et le dominicain Jean Chauveneau que les protestants martyrisèrent.
Pourquoi ne pas célébrer ensemble sainte Lucie et sainte Odile ? En effet, pendant que l’Eglise chemine à travers l’Avent vers le fulgurent avènement du Soleil de Justice, toutes les deux sont, de singulière façon, les témoins de la lumière du Christ qui éclaire les nations, auquel elles ont parfaitement offert leur vie, l’une dans l’éclatant martyre sanglant et l’autre par l’obscure observance monastique. La brune vierge de Syracuse, Lucie, dont le nom est dérivé du latin lux (la lumière), qui préféra s’arracher les yeux pour goûter la lumière céleste plutôt que de jouir de la lumière terrestre annonce la blonde jeune fille d’Alsace, Odile, qui recouvra la vue lorsque, rejetée par ses parents des honneurs du monde, elle reçut, dans le baptême, la lumière de la foi. Si, pour la fête de la sicilienne, on allume des cierges qui annoncent l’approche du solstice et de la naissance du Christ, dans les attributs de l’alsacienne, on place un coq qui annonce le lever du jour et le triomphe de la lumière du Christ sur les ténèbres de la mort. Quand le propre de Syracuse, par l’intercession de sainte Lucie, nous fait demander à Dieu, d’être délivrés de tout aveuglement de l’esprit et du corps pour mériter plus facilement de contempler les biens célestes, le missel de Frissingue, par l’intercession de sainte Odile, supplie la clémence divine, de nous accorder la grâce de la lumière terrestre et la gloire de l’éternelle clarté. Jadis, au temps ténébreux de l’occupation allemande, l’Alsace espérait la lumière libératrice de la prière de sainte Odile qu’elle priait sur sur sa montagne, tandis que la Lorraine se confiait à sainte Lucie dont elle gardait les reliques à Ottange.
Prions donc ensemble sainte Lucie et saint Odile qui ne seront pas trop de deux, pour nous aider à bien recevoir le Divin Enfant de Noël. Puisse leur commune intercession nous obtenir davantage de grâces pour les pieux exercices de l’Avent : que leurs prières nous aident mieux voir les vérités que le Seigneur nous a révélées, à mieux observer les commandements qu’il nous a donnés et à mieux goûter les secours qu’il nous a préparés.

Vie de Sainte Lucie
Née en Sicile, d’une noble famille, vers la fin du III° siècle, sainte Lucie de Syracuse, refusa le mariage, se défit de tous ses biens en faveur des pauvres avant que se consacrer toute entière à Dieu. Pendant la persécution de Dioclétien, elle préféra mourir de la main du bourreau que de perdre sa virginité (304). Ayant été insensible au feu du bûcher, elle périt la gorge percée par une épée.

Vie de Sainte Odile
Le plus ancien document sur la vie de sainte Odile est un parchemin du X° siècle où un moine a noté ce que la tradition orale transmettait depuis près de deux cents ans, au Mont Saint Odile qui domine la plaine d’Alsace.
Au temps du roi mérovingien Childeric II, Aldaric, troisième duc d’Alsace, père de sainte Odile, tient sous son empire toute la vallée du Rhin, de Strasbourg à Bâle. Aldaric est un chrétien sincère, mais il s’arrache avec peine aux coutumes barbares, ses réactions sont impulsives et même dangereuses : pas de pardon pour qui l’offense. En 660, alors qu’il attendait avec impatience la naissance de son fils premier-né, lui naquit une petite fille aveugle. Son premier réflexe fut de vouloir la tuer, mais devant les pleurs de sa femme, Béreswinde, il accepta de lui laisser la vie à condition que le bébé disparût aussitôt. Béreswinde, bouleversée, se mit en quête d’une nourrice. Odile fut emmenée à Scherwiller, à une trentaine de kilomètres d’Obernai. Devant le beau linge du bébé et les soins particuliers dont il était entouré, les langues allaient bon train. Bientôt Odile ne fut plus en sécurité chez la nourrice et, à un an, dut reprendre la route pour Baume-les-Dames, près de Besançon, où elle franchit les portes d’un monastère.
Pendant toute son enfance, Odile était entourée du silence et de la paix des moniales qui essayaient de lui faire oublier sa cécité : elle apprit à se diriger seule dans le cloître, à reconnaître les appels de la cloche, à chanter par cœur les offices, faisant la joie de ses mères adoptives.
L’évêque Ehrhardt de Ratisbonne arriva un jour au monastère pour, dit-il, baptiser la petite aveugle. Devant la communauté, Ehrhardt prononça les paroles sacramentelles : « Odilia Je te baptise au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Odilia veut dire : soleil de Dieu. Au moment où l’eau coula sur son front, Odile ouvrit les paupières… elle voyait ! Après la guérison, l’évêque fit avertir Aldaric qui n’eut aucun geste de repentir. Il avait maintenant quatre fils et une fille, sa fille aînée était oubliée. Odile demeura donc à Palma chez les religieuses qui lui apprirent aussitôt à écrire et à lire dans les livres saints. La souffrance et la cécité l’avaient mûrie : elle faisait preuve d’une force d’âme et d’un détachement extraordinaires. Au fur et à mesure que les mois passaient, Odile sentait grandir en elle le désir de connaître sa famille. Certains voyageurs qui s’arrêtaient au monastère lui avaient déjà parlé de son frère Hugon qu’ils disaient aimable et généreux. Par l’intermédiaire d’un pèlerin, Odile lui fit parvenir une lettre qui émut Hugon au point qu’il osa affronter son père. L’heure du pardon n’avait pas encore sonné, Aldaric ne voulait pas revoir sa fille mais Hugon écrivit cependant à sa sœur de venir au château, pensant que la vue d’Odile ferait tomber la colère de son père. Hélas, à l’arrivée de sa fille aînée la colère d’Aldaric redoubla : il frappa Hugon qui mourut des suites des blessures. Ce fut le dernier accès de colère du terrible barbare qui, désespéré par la mort de son fils préféré, installa sa fille à Honenbourg et assura sa subsistance. Odile eut la patience de vivre ignorée des siens et se contente de ce que lui donnait son père qu’elle n’osait plus affronter. Elle ne vivait que pour les pauvres avec qui elle partageait ses maigres ressources. Peu à peu Aldaric se transforma et offrit à Odile le Honenbourg et toutes ses dépendances à condition qu’elle priât pour lui.
La jeune fille humiliée va devenir la célèbre Abbesse représentée par les statues et les tapisseries. Son cœur profond, son austère vertu, sa grande charité attirèrent plus de cent trente moniales et la plupart des membres de sa famille. Les travaux commencèrent rapidement pour transformer le Honenbourg en un monastère. Odile qui est une âme d’oraison, couvrit de chapelles tout le sommet de la colline dont la première fut dédiée à Notre-Dame, puis une autre à saint Jean-Baptiste qu’Odile vénérait particulièrement depuis son baptême. Un soir, la moniale chargée d’appeler ses compagnes pour l’office fut éblouie par une violente clarté : Odile conversait avec saint Jean-Baptiste. De jour, de nuit, par petits groupes qui se succédaient, les moniales chantaient sans cesse la louange de Dieu. L’Abbesse était la plus ardente à la prière ; elle aimait la mortification, mais elle était sage et prudente pour ses filles.
Peu de temps après la construction du monastère, Aldaric mourut. Avertie par une vision, Odile le sut en Purgatoire et se mit en prière jusqu’à ce que Notre-Seigneur lui apparût pour lui apprendre l’entrée de son père en Paradis. Une chapelle, dite des larmes, se dresse encore aujourd’hui sur la terrasse du couvent ; la tradition assure qu’une pierre creusée par les genoux de la sainte existe encore devant le maître-autel.
Le Honenbourg était le refuge des pauvres, des malheureux, des malchanceux et des pèlerins qui savaient y trouver bon accueil. Un vieillard tomba en montant vers le monastère. Odile le rencontra un moment plus tard et, comme pour le soulager, il fallait de l’eau, Odile implora le secours de Dieu, frappa le rocher et une source jaillit et ne tarira jamais. Mais la preuve était faite que tous ceux qui désiraient du secours ne pouvaient parvenir au sommet de la colline. Un autre monastère fut construit en bas. Aucun des deux couvents ne voulait se passer de la présence d’Odile qui allait donc du cloître du haut à celui du bas. En chemin elle aidait les éclopés et les infirmes. De toutes parts on venait la voir car on savait que ses mains étaient bénies. Parfois lorsqu’elle pansait des blessés ou des lépreux, les plaies se fermaient et les douleurs s’apaisaient. Sa préférence allait aux aveugles en souvenir de son infirmité. Elle présidait tout, elle prévoyait tout et s’intéressait à chacun en particulier.
Mais ses compagnes la voyaient de plus en plus lasse. Sentant la faiblesse la gagner, Odile se rendit à la chapelle Saint-Jean-Baptiste ; une dernière fois elle s’adressa à ses filles puis, à l’heure de l’office elle les envoya à l’église. Quand les moniales revinrent de l’office, Odile les avait quittées. Leur peine était grande d’autant plus que leur mère était partie sans avoir communié. Elles se mirent en prière et Odile revint à elle. Après les avoir réprimandées, l’Abbesse réclama le ciboire, se communia et quitta définitivement la terre, le 13 décembre 720.

Prières
O Seigneur qui avez guéri autrefois la petite Odile, faites maintenant qu’avec son secours, notre esprit demeure ouvert à vos desseins, et que notre âme reste toujours claire et limpide comme une source. Ainsi soit-il.

O sainte Lucie, servante et de Jésus l’amie,
avec tous les bien venus tu es en paradis en sus.
Des apôtres par la prédication tu as en Dieu dilection,
des docteurs par vraie doctrine tu as Jésus qui t’illumine,
des saints évêques et confesseurs tu as les joies et les honneurs
des vierges comme la marguerite en qui Jésus moult se délite.

Par pitié, par miséricorde, par charité que Dieu t’accorde
si te requiert que pour moi prie qui puisse avoir au ciel la vie
au très puissant Dieu, roi de gloire, qui a tous ceux en sa mémoire
qui sainte Lucie veulent servir et veulent leur corps asservir
a faire son plaisant service pour effacer péché et vice.

Veuille ma prière recevoir et de moi telle pitié avoir
que par ta grâce et la prière de sainte Lucie, ton amie chère,
a qui tu as tes dons promis que ses amis soient au ciel mis,
que telle vie puisse maintenir qu’avec elle au ciel venir
me fasse par son doux souvenir

 

LE 22 NOVEMBRE : SAINTE CÉCILE – VIERGE ET MARTYRE

22 novembre, 2014

http://www.introibo.fr/22-11-Ste-Cecile-vierge-et-martyre#inter3

LE 22 NOVEMBRE : SAINTE CÉCILE – VIERGE ET MARTYRE

(sur le site beaucoup de nouvelles)

Cécile unit dans ses veines au sang des rois celui des héros qui firent la Ville éternelle. Au moment où retentit dans le monde la trompette évangélique, plus d’une famille de l’ancien patriciat ne se survivait plus dans une descendance directe. Mais les adoptions et les alliances qui, sous la République, avaient serré les liens des grandes familles en les rattachant toutes aux plus illustres d’entre elles, formaient de la gloire de chacune un fonds commun qui, jusque dans les siècles de la décadence républicaine, se transmettait intact et constituait l’apanage des survivants de l’aristocratie.
Or il est aujourd’hui démontré, par l’irréfragable témoignage des monuments, que le christianisme dès l’abord s’assimila cette gloire, en faisant siens ses héritiers ; que les premières assises de la Rome des Pontifes, merveilleux dessein de la Providence ! furent ces derniers représentants de la République, conservés tout exprès pour donner aux deux phases de l’histoire romaine l’unité puissante qui est le cachet des œuvres divines. Rapprochés autrefois par un même patriotisme, les Cornelii, les Aemilii, comme eux héritiers des Fabii, les Cœcilii, les Valerii,les Sergii, les Furii, les Claudii, Pomponii, Plautii, Acilii, premiers-nés de l’Église des gentils, virent se resserrer encore au sein du christianisme les liens formés sous la République, et constituèrent, dès le premier et le second siècle de la prédication évangélique, l’indissoluble et noble réseau de la nouvelle société romaine. Puis sur ce tronc vigoureux toujours de la vieille aristocratie vinrent se greffer dans les mêmes siècles, et sous l’influence de la religion que Pierre et Paul avaient prêchée, les membres les plus méritants des nouvelles familles impériales ou consulaires, dignes par leurs vertus vraiment romaines au sein de la dépravation générale, d’être appelés à renforcer les rangs trop éclaircis des fondateurs 4e Rome, et à combler sans brusque transition les vides faits par le temps dans les familles du vrai patriciat. Ainsi Rome poursuivait elle ses destinées ; ainsi l’édification de la Ville éternelle allait s’achevant par ces mêmes hommes qui l’avaient autrefois, dans leur sang et leur génie, constituée forte et puissante sur les sept collines.
Représentante légitime de cette aristocratie sans pareille au monde, Cécile, la plus belle des fleurs de la vieille tige, en fut aussi comme la dernière. Le deuxième siècle de l’ère chrétienne était sur son déclin ; le troisième qui, des mains de l’africain Septime Sévère, allait voir l’empire passer successivement aux Orientaux et aux barbares des rives du Danube, devait être, on le conçoit, peu favorable à la conservation des vieux restes de la noblesse d’antan ; et l’on peut dire que c’en est fait alors de la vraie société romaine, parce qu’alors, sauf de rares et individuelles exceptions, il ne reste plus de romain que le nom, vaine parure d’affranchis et d’hommes nouveaux qui, sous des princes dignes d’eux, exploitent le monde au gré de leurs vices.
Cécile est donc bien apparue à son heure, personnifiant avec une incomparable dignité la société qui va disparaître, son œuvre accomplie. Dans sa force et dans sa beauté, royalement ornée de la pourpre du martyre, c’est l’antique Rome s’élevant aux cieux glorieuse et fière, en face des césars parvenus dont la médiocrité jalouse achève par son immolation, sans en avoir conscience, l’exécution du plan divin. Ce sang des rois et des héros qui s’épanche à flots de sa triple blessure, est la libation du vieux patriciat au Christ vainqueur, à la Trinité dominatrice des nations ; c’est la consécration suprême qui nous révèle dans son étendue la vocation sublime des fortes races appelées à fonder Rome éternelle.
Mais qu’on ne croie pas que la fête de ce jour limite son objet à exciter en nous une admiration théorique et stérile [2]. L’Église reconnaît et honore dans sainte Cécile trois caractères dont la réunion la distingue souverainement au sein de cette admirable famille des Bienheureux qui resplendit au ciel, et en fait descendre les grâces et les exemples. Ces trois caractères sont : la virginité, le zèle apostolique, le courage surhumain qui lui a fait braver la mort et les supplices ; triple enseignement que nous apporte cette seule histoire chrétienne.
Dans ce siècle aveuglément asservi au culte du sensualisme, n’est-il pas temps de protester par les fortes leçons de notre foi contre un entraînement auquel échappent à peine les enfants de la promesse ? Depuis la chute de l’empire romain, vit-on jamais les mœurs, et avec elles la famille et la société, aussi gravement menacées ? La littérature, les arts, le luxe n’ont d’autre but, depuis longues années, que de proposer la jouissance physique comme l’unique terme de la destinée de l’homme ; et la société compte déjà un nombre immense de ses membres qui ne vivent plus que par les sens. Mais aussi malheur au jour où, pour être sauvée, elle croirait pouvoir compter sur leur énergie ! L’empire romain essaya aussi, et à plusieurs reprises, de soulever le fardeau de l’invasion ; il retomba sur lui-même et ne se releva plus.
Oui ; la famille elle-même, la famille surtout est menacée. Contre la reconnaissance légale, disons mieux, l’encouragement du divorce, il est temps qu’elle songe à sa défense. Elle n’y arrivera que par un seul moyen : en se réformant elle-même, en se régénérant d’après la loi de Dieu, en redevenant sérieuse et chrétienne. Que le mariage soit en honneur, avec toutes les chastes conséquences qu’il entraîne ; qu’il cesse d’être un jeu, ou une spéculation ; que la paternité et la maternité ne soient plus un calcul, mais un devoir sévère ; bientôt, par la famille, la cité et la nation auront repris leur dignité et leur vigueur.
Mais le mariage ne remontera à cette élévation qu’autant que les hommes apprécieront l’élément supérieur sans lequel la nature humaine n’est tout entière qu’une ignoble ruine ; cet élément céleste est la continence. Sans doute, tous ne sont pas appelés à l’embrasser dans sa notion absolue ; mais tous lui doivent hommage, sous peine d’être livrés au sens réprouvé, comme parle l’Apôtre [3].
C’est la continence qui révèle à l’homme le secret de sa dignité, qui trempe son âme pour tous les genres de dévouement, qui assainit son cœur, et relève son être tout entier. Elle est le point culminant delà beauté morale dans l’individu, et en même temps le grand ressort de la société humaine. Pour en avoir éteint le sentiment, l’ancien monde s’en allait en dissolution ; lorsque le fils de la Vierge parut sur la terre, il renouvela et sanctionna ce principe sauveur, et les destinées de la race humaine prirent un nouvel essor.
Les enfants de l’Église, s’ils méritent ce nom, goûtent cette doctrine, et elle n’a rien qui les étonne. Les oracles du Sauveur et de ses Apôtres leur ont tout révélé, et les annales de la foi qu’ils professent leur montrent en action, à chaque page, cette vertu féconde à laquelle tous les degrés de la vie chrétienne doivent participer, chacun dans sa mesure. Sainte Cécile n’offre à leur admiration qu’un exemple de plus. Mais la leçon est éclatante, et tous les siècles chrétiens l’ont célébrée. Que de vertus Cécile a inspirées, que de courages elle a soutenus, que de faiblesses son souvenir a prévenues ou réparées ! Car telle est la puissance de moralisation que le Seigneur a placée dans ses saints, qu’ils n’influent pas seulement par l’imitation directe de leurs héroïques vertus, mais aussi par les inductions que chaque fidèle est à même d’en tirer pour sa situation particulière.
Le second caractère que présente à étudier la vie de sainte Cécile est cette ardeur de zèle dont elle est demeurée l’un des plus admirables modèles, et nous ne doutons pas que sous ce rapport encore la leçon ne soit de nature à produire d’utiles impressions. L’insensibilité au mal dont nous n’avons pas à répondre personnellement, dont les résultats ne sont pas en voie de nous atteindre, est un des traits de l’époque ; on convient que tout s’en va, on assiste à la décomposition universelle, et l’on ne songe pas à tendre la main à son voisin pour l’arracher au naufrage. Où en serions-nous aujourd’hui, si le cœur des premiers chrétiens eût été aussi glacé que le nôtre ; s’il n’eût été pris de cette immense pitié, de cet inépuisable amour qui leur défendit de désespérer du monde, au sein duquel Dieu les avait déposés pour être le sel de la terre [4] ? Chacun alors se sentait comptable sans mesure du don qu’il avait reçu. Fût-il libre ou esclave, connu ou inconnu, tout homme était l’objet d’un dévouement sans bornes pour ces cœurs que la charité du Christ remplissait. Qu’on lise les Actes des Apôtres et leurs Épîtres, on apprendra sur quelle immense échelle fonctionnait l’apostolat dans ces premiers jours ; et l’ardeur de ce zèle fut longtemps sans se refroidir. Aussi les païens disaient : « Voyez comme ils s’aiment ! » Et comment ne se fussent-ils pas aimés ? Dans l’ordre de la foi, ils étaient fils les uns des autres.
Quelle tendresse maternelle Cécile ressentait pour les âmes de ses frères, par cela seul qu’elle était chrétienne ! A la suite de son nom, nous pourrions en enregistrer mille autres qui attestent que la conquête du monde par le christianisme et sa délivrance du joug des dépravations païennes, ne sont dues qu’à ces actes de dévouement opérés sur mille points à la fois, et produisant enfin le renouvellement universel. Imitons du moins en quelque chose ces exemples auxquels nous devons tout. Perdons moins de temps et d’éloquence à gémir sur des maux trop réels. Que chacun se mette à l’œuvre, et qu’il gagne un de ses frères-bientôt le nombre des fidèles aura dépassé celui des incroyants. Sans doute, ce zèle n’est pas éteint, il opère dans plusieurs, et ses fruits réjouissent et consolent l’Église ; mais pourquoi faut-il qu’il sommeille si profondément dans un si grand nombre de cœurs que Dieu lui avait préparés !
La cause en est, hélas ! à la froideur générale, produit de la mollesse des mœurs, et qui donnerait à elle seule le type de l’époque, s’il ne fallait encore y joindre un autre sentiment qui procède de la même source, et suffirait, s’il était de longue durée, à rendre incurable l’abaissement d’une nation. Ce sentiment est la peur, et l’on peut dire qu’il s’étend aujourd’hui aussi loin qu’il est possible. Peur de perdre ses biens ou ses places ; peur de perdre son luxe ou ses aises ; peur enfin de perdre la vie. Il n’est pas besoin de dire que rien n’est plus énervant, et partant plus dangereux pour ce monde, que cette humiliante préoccupation ; mais avant tout, il faut convenir qu’elle n’a rien de chrétien. Aurions-nous oublié que nous ne sommes que voyageurs sur cette terre, et l’espérance des biens futurs serait-elle donc éteinte dans nos cœurs ? Cécile nous apprendra comment on se défait du sentiment de la peur. Au temps où elle vécut, la vie était moins sûre qu’aujourd’hui. Alors on pouvait bien avoir quelque raison de craindre ; cependant on était ferme, et les puissants tremblèrent souvent à la voix de leur victime.
Dieu sait ce qu’il nous réserve ; mais si bientôt la peur ne faisait place à un sentiment plus digne de l’homme et du chrétien, la crise politique ne tarderait pas à dévorer toutes les existences particulières. Quoi qu’il arrive, l’heure est venue de rapprendre notre histoire. La leçon ne sera pas perdue, si nous arrivons à comprendre ceci : avec la peur, les premiers chrétiens nous eussent trahis, car la Parole de vie ne fût pas arrivée jusqu’à nous ; avec la peur, nous trahirions les générations à venir qui attendent de nous la transmission du dépôt que nous avons reçu de nos pères (1).
La Passio sanctœ Cœciliæ est indiquée par les plus anciens textes [5] au 16 septembre, et elle eut lieu sous Marc-Aurèle et Commode empereurs [6]. La grande fête du 22 novembre, précédée de sa Vigile, était l’une des plus solennelles du Cycle romain ; elle rappelait aux habitants des sept collines la dédicace de l’église élevée sur l’emplacement du palais consacré par le sang de la descendante des Metelli, et légué par Cécile mourante à l’évêque Urbain, représentant du Souverain Pontife Éleuthère. Urbain, confondu plus tard avec le Pape du même nom qui gouverna l’Église de Dieu au temps d’Alexandre Sévère, amena les légendaires à retarder d’un demi-siècle le martyre de la Sainte, comme on le voit encore aujourd’hui dans les leçons historiques du jour.
Selon toute vraisemblance, ce fut en l’année 178 que Cécile rejoignit Valérien au ciel d’où l’Ange du Seigneur était descendu peu de mois auparavant, dans la nuit des noces, apportant aux deux époux les couronnes où s’entrelaçaient les lis et les roses. Ensevelie par Urbain telle que l’avait laissée la mort, elle vit au commencement du siècle suivant la crypte de famille qui l’abritait donnée par les siens à l’Église romaine, et disposée pour la sépulture des Pontifes de cette Église maîtresse et mère. Paschal Ier la retrouvait près de ces tombes augustes au IX° siècle, et la ramenait triomphalement, le VIII mai 822, à sa maison du Transtévère qu’elle ne devait plus quitter désormais.
Le 20 octobre 1599, des travaux nécessités par la restauration de la basilique faisaient de nouveau reparaître Cécile aux yeux émerveillés de la Ville et du monde. Elle était revêtue de sa robe brochée d’or, sur laquelle on distinguait encore les traces glorieuses de son sang virginal ; à ses pieds reposaient les linges teints de la pourpre de son martyre. Étendue sur le côté droit, les bras affaissés en avant du corps, elle semblait dormir profondément. Le cou portait encore les cicatrices des plaies dont le glaive du licteur l’avait sillonné ; la tête, par une inflexion mystérieuse et touchante, était retournée vers le fond du cercueil. Le corps se trouvait dans une complète intégrité, et la pose générale, conservée par un prodige unique, après tant de siècles, dans toute sa grâce et sa modestie, retraçait avec la plus saisissante vérité Cécile rendant le dernier soupir, étendue sur le pavé de la salle du bain. On se croyait reporté au jour où le saint évêque Urbain avait renfermé dans l’arche de cyprès le corps de Cécile, sans altérer en rien l’attitude que l’épouse du Christ avait choisie pour exhaler son âme dans le sein de son Époux. On admirait aussi la discrétion de Paschal qui n’avait point troublé le repos de la vierge, et avait su conserver à la postérité un si grand spectacle [7].
Sfondrate, l’heureux cardinal-titulaire de Sainte-Cécile qui dirigeait les travaux, retrouva en outre dans la chapelle dite du Bain l’hypocauste et les soupiraux du sudatorium où la Sainte passa un jour et une nuit au milieu des vapeurs embrasées. De nouvelles fouilles entreprises récemment, et qui se poursuivent au moment où nous écrivons ces lignes, ont mis à jour d’autres restes de la patricienne demeure, que leur style doit faire reporter aux temps reculés de la République.
Tout l’ensemble des Antiennes et des Répons du 22 novembre (Voir les Matines) est emprunté aux Actes de la Sainte, et il reste le même après treize siècles qu’au temps de saint Grégoire. Nous en détachons quelques parties de nature à compléter le récit qui précède. La vierge nous y est tout d’abord montrée chantant à Dieu dans son cœur, au milieu des profanes accords du festin nuptial : silencieuse mélodie, supérieure à tous les concerts de la terre, qui inspira l’heureuse idée de représenter Cécile avec les attributs de la Reine de l’harmonie, et de l’acclamer comme la patronne du plus séduisant des arts.

12 NOVEMBRE – SAINT JOSAPHAT KUNCEWICZ

11 novembre, 2014

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12 NOVEMBRE – SAINT JOSAPHAT KUNCEWICZ

Extrait de la lettre encyclique “Ecclesiam Dei”
de S.S. Pie XI (12 novembre 1923),
à l’occasion du troisième centenaire de la mort de saint Josaphat.

Pour que cette unité et cette bonne entente pussent se maintenir à jamais, la Providence si sage de Dieu les marqua du sceau de la sainteté et du martyre. Cette auréole était réservée à l’archevêque de Polotsk, Josaphat, du rite slave oriental, que nous saluons à juste titre comme la plus belle gloire et le plus ferme soutien de l’Orient slave ; car on trouvera difficilement quelqu’un qui ait fait plus honneur au nom slave et plus efficacement travaillé au salut de ces populations que Josaphat, leur pasteur et apôtre, qui a versé son sang pour l’unité de la Sainte Eglise.
Puisque nous voici au troisième centenaire de ce très glorieux martyre, ce Nous est une très vive joie de rappeler le souvenir de ce si grand saint ; daigne le Seigneur, cédant aux prières plus ferventes des fidèles, susciter dans son Eglise l’esprit qui remplissait le bienheureux Martyr et Pontife Josaphat… et qui le porta à donner sa vie pour ses brebis ; puisse s’accroître le zèle du peuple chrétien pour l’unité, et ainsi l’œuvre principale de Josaphat se poursuivre jusqu’au jour où se réalisera le vœu du Christ et de tous les saints : Et il n’y aura qu’un seul bercail et qu’un seul Pasteur.
Né de parents séparés de l’unité catholique, Josaphat, qui reçut au saint baptême le nom de Jean, se consacra à la piété dès sa plus tendre enfance. Tout en suivant la splendide liturgie slave, il recherchait avant toutes choses la vérité et la gloire de Dieu ; à cette fin, et en dehors de toute considération humaine, il se tourna tout enfant vers la communion de l’unique Eglise œcuménique ou catholique, se considérant comme appelé à la communion de cette Eglise par le baptême même qu’il avait validement reçu. Bien plus, se sentant poussé par une inspiration du ciel à travailler au rétablissement de la sainte unité dans le monde entier, il comprit qu’il pouvait y contribuer dans une très large mesure s’il conservait dans le cadre de l’unité de l’Eglise universelle le rite slave oriental et l’Ordre des moines basiliens.
C’est pourquoi, reçu en 1604 parmi les Basiliens et ayant échangé le nom de Jean pour celui de Josaphat, il s’adonna tout entier à l’exercice de toutes les vertus, particulièrement de la piété et de la mortification. La vue de Jésus crucifié avait fait naître en lui, dès son enfance, l’amour de la croix, qu’il ne cessa ensuite de pratiquer à un degré éminent.
D’après Joseph Velamin Russky, métropolite de Kiev, qui avait été archimandrite de ce monastère, il fit en peu de temps de tels progrès dans la vie monastique qu’il put servir de maître aux autres. Aussi, à peine ordonné prêtre, Josaphat est lui-même nommé archimandrite et placé à la tête du monastère. Pour accomplir sa charge, il ne se contenta point de maintenir en bon état le monastère et l’église attenante et de les fortifier contre les attaques des ennemis ; mais, constatant qu’ils étaient presque abandonnés par le peuple chrétien, il résolut de s’employer à l’y ramener.
Entre temps, préoccupé avant tout de l’union de ses compatriotes avec la chaire de Pierre, il s’enquérait de tous côtés des moyens soit de la promouvoir, soit de la consolider ; surtout, il étudiait sans répit les livres liturgiques dont les Orientaux, y compris les schismatiques eux-mêmes, avaient accoutumé de se servir en accord avec les prescriptions des saints Pères.

Le “ravisseur d’âmes”
Après cette si active préparation, Josaphat se mit à l’œuvre de restauration de l’unité avec tant de force tout ensemble et de douceur, et il y réussit à tel point que ses adversaires eux-mêmes l’appelaient ravisseur d’âmes. Le nombre, en effet, est étonnant de ceux qu’il ramena à l’unique bercail de Jésus-Christ, convertis de toutes condition et origine, gens du peuple, commerçants, nobles, préfets même et administrateurs de provinces, comme nous savons que ce fut le cas pour Sokolinski de Polotsk, pour Tyszkievicz de Novgrodensk, pour Mieleczko de Smolensk.

Josaphat sur le siège de Polotsk
Mais il étendit bien plus encore son action apostolique du jour où il fut nommé évêque de l’Eglise de Polotsk. Cet apostolat a dû avoir une influence incroyable ; car on vit Josaphat donner l’exemple d’une extrême chasteté, pauvreté et austérité ; il se montrait envers les pauvres d’une telle générosité qu’il alla jusqu’à mettre en gage son omophorion pour secourir leur indigence ; se renfermant strictement dans le domaine religieux, il ne s’ingérait en rien dans les affaires politiques, encore que par des instance vives et réitérées on le pressât de se charger d’intérêts et à prendre parti dans des conflits d’ordre temporel ; enfin, il apportait à son œuvre le dévouement accompli d’un très saint évêque, travaillant sans relâche par sa parole et ses écrits à faire pénétrer la vérité. Il a publié en effet nombre d’ouvrages merveilleusement mis à la portée du peuple, entre autres sur la Primauté de saint Pierre et le baptême de saint Vladimir, et encore une apologie de l’unité catholique, un catéchisme selon la méthode du bienheureux Pierre Canisius, et d’autres travaux du même genre.
Se multipliant pour rappeler l’un et l’autre clergé à l’accomplissement attentif de ses devoirs, il obtint peu à peu, en réveillant le zèle pour le ministère sacerdotal, que le peuple, régulièrement instruit de la doctrine chrétienne et nourri de la parole divine par une prédication appropriée, se reprît à fréquenter les sacrements et les cérémonies liturgiques, et fût ramené à une vie toujours plus chrétienne.

Le témoignage du sang ; fruits du martyre
C’est ainsi que, par une large et abondante diffusion de l’esprit de Dieu, Josaphat consolida merveilleusement l’œuvre d’unité à laquelle il s’était voué. Cet affermissement, on peut même dire cette consécration, il la donna surtout le jour où il tomba martyr de cette cause, par un acte de sa pleine volonté et avec une admirable grandeur d’âme. La pensée du martyre était toujours dans son esprit, fréquemment sur ses lèvres ; le martyre, il l’appela de ses vœux au cours d’une prédication solennelle ; le martyre, enfin, il le sollicitait comme une faveur particulière de Dieu. C’est ainsi que, peu de jours avant sa mort, averti des embûches qui se tramaient contre lui, il dit : Seigneur, faites-moi la grâce de pouvoir répandre mon sang pour l’unité, ainsi que pour l’obéissance au Siège Apostolique.
Son désir fut exaucé le dimanche 12 novembre 1623 ; avec un visage où éclate la joie et qui respire la bonté, il va au-devant de ses ennemis qui l’entourent, cherchant l’apôtre de l’Unité ; il leur demande, à l’exemple de son Maître et Seigneur, de ne faire aucun mal aux siens, et se livre entre leurs mains ; frappé avec une extrême cruauté et tombé sous leurs coups, il ne cesse jusqu’au dernier soupir d’implorer de Dieu le pardon pour ses meurtriers.
Ce martyre si glorieux fut fécond en résultats ; notamment, il inspira une grande énergie et fermeté aux évêques ruthènes, qui faisaient deux mois plus tard, dans une lettre à la Sacrée Congrégation de la Propagande, la déclaration suivante : Nous nous affirmons absolument prêts à donner notre vie jusqu’au sang, comme vient de le faire l’un des nôtres, pour la foi catholique. Un nombre considérable de schismatiques, parmi lesquels les meurtriers mêmes du martyr, rentrèrent bientôt après dans la seule véritable Eglise.

SAINT CHARLES BORROMÉE – 4 NOVEMBRE Archevêque de Milan (? 1584)

4 novembre, 2014

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/7/Saint-Charles-Borromee.html

SAINT CHARLES BORROMÉE – 4 NOVEMBRE

Archevêque de Milan (? 1584)

Fils cadet d’une noble famille italienne, il avait tout pour se laisser entraîner dans une vie facile et fastueuse.
Neveu d’un pape, nommé cardinal à 22 ans, il est submergé de charges honorifiques très lucratives: son revenu annuel était de 52.000 écus(*). Il reçoit les revenus du diocèse de Milan, des abbayes de Mozzo, Folina, Nonatella, Colle et de quelques autres légations: Bologne, Spolète, Ravenne, etc … Il reste laïc, grand amateur de chasse et de musique de chambre.
Mais la conscience de son devoir est telle qu’il s’impose dans la vie mondaine et brillante de Rome, par sa rigueur et son travail. Il collabore efficacement à la reprise du Concile de Trente, interrompu depuis huit ans. Au moment de la mort subite de son frère aîné, alors qu’il pourrait quitter l’Église pour la charge de chef d’une grande famille, il demande à devenir prêtre.
Désormais il accomplit par vocation ce qu’il réalisait par devoir. Devenu archevêque de Milan, il crée des séminaires pour la formation des prêtres. Il prend soin des pauvres alors qu’il vit lui-même pauvrement. Il soigne lui-même les pestiférés quand la peste ravage Milan en 1576. Il demande à tous les religieux de se convertir en infirmiers. Les années passent. Malgré le poids des années, il n’arrête pas de se donner jusqu’à l’épuisement.
« Pour éclairer, la chandelle doit se consumer,  » dit-il à ceux qui lui prêchent le repos.
(*) Un internaute nous signale: « si on se rapporte à l’écu de François Ier (environ même époque ), il pesait environ 3 grammes; les 52 000 écus du revenu de Charles ne devaient donc pas de beaucoup dépasser les 150 000 grammes d’or fin soit 150 kg »
Le 4 novembre 2010, le Saint-Père a fait parvenir un message au Cardinal Dionigio Tettamanzi, Archevêque de Milan (Italie), pour le quatrième centenaire de la canonisation de saint Charles Borromée. En voici les passages principaux: Charles Borromée vécut dans une période difficile pour le christianisme, « une époque sombre parsemée d’épreuves pour la communauté chrétienne, pleine de divisions et de convulsions doctrinales, d’affaiblissement de la pureté de la foi et des mœurs, de mauvais exemples de la part du clergé. Mais il ne se contenta pas de se lamenter ou de condamner. Pour changer les autres, il commença par réformer sa propre vie… Il était conscient qu’une réforme crédible devait partir des pasteurs » et pour y parvenir il eut recours à la centralité de l’Eucharistie, à la spiritualité de la croix, à la fréquence des sacrements et à l’écoute de la Parole, à la fidélité envers le Pape, « toujours prompt à obéir à ses indications comme garantie d’une communion ecclésiale, authentique et complète ».
Après avoir manifesté le désir de voir l’exemple de saint Charles continuer à inspirer la conversion personnelle comme communautaire, Benoît XVI encourage prêtres et diacres à faire de leur vie un parcours de sainteté. Il encourage en particulier le clergé milanais à suivre « une foi limpide, à vivre une vie sobre, selon l’ardeur apostolique de saint Ambroise, de saint Charles Borromée et de tant d’autre pasteurs locaux… Saint Charles, qui fut un véritable père des pauvres, fonda des institutions d’assistance » et, « durant la peste de 1576 il resta parmi son peuple pour le servir et le défendre avec les armes de la prière, de la pénitence et de l’amour ». Sa charité ne se comprend pas si on ignore son rapport passionné au Seigneur, qui « se reflétait dans sa contemplation du mystère de l’autel et de la croix, d’où découlait sa compassion des hommes souffrants et son élan apostolique de porter l’Évangile à chacun… C’est de l’Eucharistie, cœur de toute communauté, qu’il faut tirer la force d’éduquer et de combattre pour la charité. Toute action charitable et apostolique trouve force et fécondité dans cette source ». Le Saint-Père conclut par un appel aux jeunes: « A l’exemple de Charles Borromée, vous pouvez faire de votre jeunesse une offrande au Christ et au prochain… Si vous êtes l’avenir de l’Église, vous en faites partie dès aujourd’hui. Si vous avez l’audace de croire dans la sainteté, vous serez le principal trésor de l’Église ambrosienne, bâtie sur ses saints ». (source: VIS 20101104 420)
Nommé par son oncle, le pape Pie IV, cardinal et archevêque de Milan, il se montra sur ce siège un vrai pasteur, attentif aux besoins de l’Église de son temps. Pour la formation de son clergé, il réunit des synodes et fonda des séminaires ; pour favoriser la vie chrétienne, il visita plusieurs fois tout son troupeau et les diocèses suffragants et prit beaucoup de dispositions pour le salut des âmes. Il s’en alla la veille de ce jour à la patrie du ciel, en 1584.

Martyrologe romain

SAN JEAN PAUL II – SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE (2001)

22 octobre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/2001/documents/hf_jp-ii_hom_20010815_assunzione-maria_fr.html

22 OCTOBRE SAN JEAN PAUL II

SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II

Mercredi 15 août 2001

1. « Le dernier ennemi détruit, c’est la Mort » (1 Co 15, 26).

Les paroles de Paul, qui viennent de retentir au cours de la deuxième lecture, nous aident à comprendre le sens de la solennité que nous célébrons aujourd’hui. En Marie, élevée au ciel au terme de sa vie terrestre, resplendit la victoire définitive du Christ sur la mort, entrée dans le monde à cause du péché d’Adam. C’est le Christ, le « nouvel » Adam, qui a vaincu la mort, en s’offrant en sacrifice sur le Calvaire, dans un geste d’amour obéissant au Père. Il nous a ainsi sauvés de l’esclavage du péché et du mal. Dans le triomphe de la Vierge, l’Eglise contemple Celle que le Père a choisie comme vraie Mère de son Fils unique, en l’associant intimement au dessein salvifique de la Rédemption.
C’est pour cela que Marie, comme le montre bien la liturgie, est un signe réconfortant pour notre espérance. En la contemplant, enlevée dans l’exultation de la foule des anges, l’histoire humaine tout entière, avec ses lumières et ses ombres, s’ouvre à la perspective de la béatitude éternelle. Si l’expérience quotidienne nous permet de nous rendre compte que le pèlerinage terrestre est placé sous le signe de l’incertitude et de la lutte, la Vierge élevée dans la gloire du Paradis nous assure que le secours divin ne nous fera jamais défaut.
2. « Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! Le soleil l’enveloppe » (Ap 12,1).
Contemplons Marie, très chers frères et soeurs ici rassemblés en ce jour si cher à la dévotion du peuple chrétien. Je vous salue avec une grande affection. Je salue en particulier M. le Cardinal Angelo Sodano, le premier de mes collaborateurs, ainsi que l’Evêque d’Albano et son Auxiliaire, en les remerciant de leur présence courtoise. Je salue en outre le curé, ainsi que les prêtres qui l’aident dans sa tâche, les religieux et les religieuses et tous les fidèles présents, en particulier les consacrés salésiens, la communauté de Castel Gandolfo et celle des Villas pontificales. J’étends ma pensée aux pèlerins des différents groupes linguistiques qui ont voulu s’unir à notre célébration. Je souhaite à chacun de vivre dans la joie la solennité de ce jour, qui est riche d’occasions de méditation.
Un grand signe apparaît pour nous dans le ciel aujourd’hui: la Vierge Mère! L’auteur sacré du livre de l’Apocalypse nous en parle à travers un langage prophétique dans la première lecture. Quel prodige extraordinaire se trouve devant nos yeux stupéfaits! Habitués à fixer les réalités de la terre, nous sommes invités à regarder vers le Haut: vers le ciel, qui est notre Patrie définitive, où la Très Sainte Vierge nous attend.
L’homme moderne, peut-être plus encore que par le passé, est pris par des intérêts et des préoccupations matérielles. Il recherche la sécurité et, souvent, il fait l’expérience de la solitude et de l’angoisse. Et que dire ensuite de l’énigme de la mort? L’Assomption de Marie est un événement qui nous touche de près justement parce que l’homme est destiné à mourir. Mais la mort n’est pas le dernier mot. Elle est – comme nous l’affirme le mystère de l’Assomption de la Vierge – le passage vers la vie à la rencontre de l’Amour. Elle est le passage vers la béatitude céleste réservée à ceux qui oeuvrent pour la vérité et la justice et s’efforcent de suivre le Christ.
3. « Désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1, 48). Ainsi s’exprime la Mère du Christ lorsqu’elle rencontre sa parente âgée, Elisabeth. L’Evangile nous a reproposé, il y a peu, le Magnificat que l’Eglise chante chaque jour. C’est la réponse de la Madone aux paroles prophétiques de sainte Elisabeth: « Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1, 45).
En Marie, la promesse se fait réalité: Bienheureuse est la Mère et bienheureux serons-nous, nous, ses fils, si, comme elle, nous écoutons et nous mettons en pratique la Parole du Seigneur.
Puisse la solennité de ce jour ouvrir notre coeur à cette perspective supérieure de l’existence. Que la Vierge, que nous contemplons aujourd’hui resplendissante à la droite du Fils, aide l’homme d’aujourd’hui à vivre en croyant « en l’accomplissement de la Parole du Seigneur ».
4. « Aujourd’hui, les fils de l’Eglise sur la terre célèbrent dans la joie le passage de la Vierge à la cité divine, la Jérusalem céleste » (Laudes et hymni, VI). C’est ce que chante la liturgie arménienne aujourd’hui. Je fais miennes ces paroles, en pensant au pèlerinage apostolique au Kazakhstan et en Arménie que j’accomplirai, si Dieu le veut, dans un peu plus d’un mois. Je Te confie, Marie, l’issue de cette nouvelle étape de mon service de l’Eglise et du monde. Je Te demande d’aider les croyants à être les sentinelles de l’espérance qui ne déçoit pas, et à proclamer sans cesse que le Christ est vainqueur du mal et de la mort. Illumine, ô Femme fidèle, l’humanité de notre temps afin qu’elle comprenne que la vie de tout homme ne finit pas dans une poignée de poussière, mais est appelée à un destin d’éternel bonheur.
Marie, qui es la « joie du ciel et de la terre », veille et prie pour nous et pour le monde entier, maintenant et toujours. Amen!

MERCREDI 22 OCTOBRE 2014 – ST JEAN-PAUL II, « LE GÉANT DE DIEU » (1920-2005)

22 octobre, 2014

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20141022&id=14007&fd=0

MERCREDI 22 OCTOBRE 2014 – ST JEAN-PAUL II, « LE GÉANT DE DIEU » (1920-2005)

Saint Jean-Paul II « Le Géant de Dieu » Pape (263e) de 1978 à 2005

« Au vu de la dimension extraordinaire avec laquelle ces Souverains Pontifes ont offert au clergé et aux fidèles un modèle singulier de vertu et ont promu la vie dans le Christ, tenant compte des innombrables requêtes partout dans le monde, le Saint-Père François, faisant siens les désirs unanimes du peuple de Dieu, a disposé que les célébrations de saint Jean XXIII, Pape, et de saint Jean-Paul II, Pape, soient inscrites dans le Calendrier Romain général, la première le 11, la deuxième le 22 octobre, avec le degré de mémoire facultative. […] »
De la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, 29 mai 2014, solennité de l’Ascension du Seigneur.
« Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! »
Ces paroles mémorables, prononcées le 22 octobre 1978 dans l’homélie du début du pontificat (>>> Vidéo Extraits du discours du pape) restent, désormais, sculptées dans les cœurs de tous les chrétiens et des hommes de bonne volonté du monde entier.
Ce que le Pape demandait à tous, lui même l’a fait en premier : il a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques, en inversant, avec la force d’un géant qui venait de Dieu, une tendance qui pouvait sembler irréversible.
Karol Józef Wojtyla, devenu Jean-Paul II à son élection au Siège apostolique d’octobre 1978, est né le 18 mai 1920 à Wadowice, petite ville située à 50 km de Cracovie. Il est le plus jeune des trois enfants de Karol Wojtyla et d’Émilie Kaczorowska. Sa mère mourut en 1929. Son frère aîné Edmund, qui fut médecin, est décédé en 1932 ; leur père, ancien sous-officier, en 1941. Leur sœur Olga était décédée avant la naissance de Karol.
Il fut baptisé le 20 juin 1920, dans l’église paroissiale de Wadowice, par le prêtre François Zak, fit sa Première Communion à neuf ans et reçut la Confirmation à dix-huit ans. Ses études secondaires près l’École Marcin Wadowita de Wadowice achevées, il s’inscrit en 1938 à l’Université Jagellon de Cracovie et à un cours de théâtre. L’Université ayant été fermée en 1939 par l’occupant nazi, le jeune Karol dut travailler sur un chantier de l’usine chimique Solvay afin de gagner sa vie et d’échapper à la déportation en Allemagne.
À compter de 1942, ressentant l’appel au sacerdoce, il suivit les cours de formation du Séminaire clandestin de Cracovie. Il fut à la même époque l’un des promoteurs du Théâtre Rapsodique, lui aussi clandestin.
Après la Seconde Guerre mondiale, il poursuivit ses études au Grand Séminaire de Cracovie à peine rouvert, et également à la Faculté de théologie de l’Université Jagellon, jusqu’à son ordination sacerdotale à Cracovie le Ier novembre 1946 des mains du cardinal Adam Stefan Sapieha. Il fut ensuite envoyé à Rome par le cardinal Sapieha et poursuivit ses études doctorales sous la direction du dominicain français, le P. Garrigou-Lagrange. Il soutint en 1948 sa thèse en théologie consacrée à la Foi dans l’œuvre de saint Jean-de-la-Croix (Doctrina de fide apud Sanctum Ioannem a Cruce). Durant ce séjour romain, il occupa son temps libre pour exercer son ministère pastoral auprès des émigrés polonais de France, de Belgique et des Pays-Bas.
Il rentra en 1948 en Pologne pour être vicaire en diverses paroisses de Cracovie et aumônier des étudiants jusqu’en 1951 où il reprit ses études philosophiques et théologiques.
En 1953, il soutint à l’Université catholique de Lublin une thèse intitulée « Mise en valeur de la possibilité de fonder une éthique catholique sur la base du système éthique de Max Scheler ». Il accéda ensuite à l’enseignement professoral de la théologie morale et d’éthique sociale au Grand Séminaire de Cracovie et à la Faculté de théologie de Lublin.
Le 4 juillet 1958, Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) le nomma Évêque titulaire d’Ombi et auxiliaire de Cracovie et, le 28 septembre suivant, il reçut la consécration épiscopale des mains de l’Archevêque Eugeniusz Baziak, en la cathédrale du Wawel (Cracovie).
Le 13 janvier 1964, il fut nommé Archevêque de Cracovie par le Bx Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) qui, le 26 juin 1967, l’éleva au cardinalat, du titre de S. Cesareo in Palatio, une diaconie élevée au rang presbytéral pro illa vice (pour l’occasion). Après avoir participé au Concile Vatican II (1962-1965), où il offrit notamment une importante contribution à l’élaboration de la constitution Gaudium et Spes, le Cardinal Wojtyla prit part à toutes les assemblées du Synode des Évêques.
Au cours du second Conclave de 1978, il fut élu Pape par les Cardinaux le 16 octobre et prit le nom de Jean-Paul II. Le 22 octobre, Jour du Seigneur, il entamait solennellement son ministère de 263e successeur de l’Apôtre Pierre. Son pontificat de près de 27 années allait être l’un des plus longs de l’histoire de l’Église.
Jean-Paul II a exercé son ministère pétrinien avec un inlassable esprit missionnaire, prodiguant toutes ses énergies, poussé par la sollicitude pastorale envers toutes les Églises et par la charité ouverte à l’humanité tout entière. En vingt-six années de pontificat, le Pape Jean-Paul II a accompli 104 voyages apostoliques hors d’Italie et 146 visites dans ce pays. Comme Évêque de Rome, il a visité 317 des 333 paroisses de son diocèse.
Plus qu’aucun de ses prédécesseurs, il a rencontré le Peuple de Dieu et les Responsables des nations : aux 1166 audiences générales du mercredi ont participé plus de 17.600.000 pèlerins, sans compter toutes les autres audiences spéciales et les cérémonies religieuses [plus de 8 millions de pèlerins seulement au cours du Grand Jubilé de l'An 2000] ; outre les millions de fidèles qu’il a rencontrés au cours de ses visites pastorales en Italie et dans le monde. Nombreuses sont les personnalités gouvernementales reçues en audience : il suffit de rappeler les 38 visites officielles et les 738 audiences ou rencontres de chefs d’État, ainsi que les 246 audiences et rencontres de premiers ministres.
Son amour pour les jeunes l’a poussé à lancer en 1985 les Journées mondiales de la Jeunesse, et les 19 JMJ de son pontificat ont rassemblé des millions de jeunes dans diverses parties du monde. D’autre part, son attention à la famille s’est exprimée par la tenue de Rencontres mondiales des Familles entreprises à son initiative en 1994.
Il a promu avec succès le dialogue avec les juifs et avec les représentants des autres religions, les invitant parfois à des rencontres de prière pour la paix, en particulier à Assise.
Sous sa direction l’Église s’est approchée du troisième millénaire et a célébré le grand Jubilé de l’An 2000, selon les orientations indiquées dans la Lettre apostolique Tertio Millennio Adveniente. Celle-ci s’est ensuite ouverte à la nouvelle époque, en recevant ses indications dans la Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, dans laquelle il montrait aux fidèles le chemin de l’avenir.
Avec l’Année de la Rédemption, l’Année mariale et l’Année de l’Eucharistie il a promu le renouveau spirituel de l’Église.
Il a donné une impulsion extraordinaire aux canonisations et aux béatifications, pour montrer d’innombrables exemples de la sainteté d’aujourd’hui, qui soient un encouragement pour les hommes de notre temps. Jean-Paul II a procédé à 147 cérémonies de béatification (1338 bienheureux) et à 51 de canonisation (482 saints). Il a proclamé Docteur de l’Église sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
Il a considérablement élargi le Collège des Cardinaux, en en créant 231 en neuf Consistoires, plus un in pectore, dont le nom n’a jamais été révélé. Il a également présidé six réunions plénières du Sacré Collège.
Jean-Paul II a présidé quinze Synodes des Évêques : six Assemblées ordinaires (1980, 1983, 1987, 1990, 1994 et 2001), une générale extraordinaire (1985), huit spéciales (1980, 1991, 1994, 1995, 1997, 1998 [2] et 1999).
Il a prononcé 20.351 discours pendant son seul pontificat dont 3.438 hors d’Italie. Au nombre de ses documents majeurs, on compte quatorze encycliques, quinze exhortations apostoliques, onze constitutions apostoliques et quarante-cinq lettres apostoliques.
À titre privé, en tant que Docteur, a également publié cinq livres : Entrer dans l’espérance (octobre 1994) ; Don et Mystère : en ce 50ème anniversaire de mon ordination sacerdotale (novembre 1996) ; Triptyque romain – Méditations poétiques (mars 2003) ; Levez-vous et allons ! (mai 2004) et Mémoire et Identité (février 2005).
Les seuls écrits officiels représentent plus de 80.000 pages ; à cela il faut ajouter des publications à titre personnel et sans doute des milliers de lettres et documents privés divers.
Il a promulgué le Catéchisme de l’Église catholique, à la lumière de la Tradition, interprétée avec autorité par le Concile Vatican II. Il a également réformé les Codes de droit canonique latin et oriental, a créé de nouvelles institutions et réorganisé la Curie romaine.
Jean-Paul II est décédé au Vatican le 2 avril 2005 à 21 h 37, tandis qu’on entrait déjà dans le Jour du Seigneur, Octave de Pâques et Dimanche de la Divine Miséricorde.
Les funérailles se sont déroulées le >>> 08/04/05 alors que, depuis son décès, plus de trois millions de fidèles étaient venus à Rome saluer sa dépouille, attendant jusqu’à 24 heures avant d’entrer dans la basilique Saint Pierre.
Le 28 avril, le nouveau pape Benoît XVI a accordé la dispense des 5 années après la mort pour l’ouverture de la Cause en béatification-canonisation de Jean-Paul II. La procédure canonique a été ouverte le 28 juin suivant par le card. Camillo Ruini, Vicaire général pour le diocèse de Rome.
Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyla) a été officiellement élevé aux honneurs des autels le dimanche Ier mai 2011, au cours de la messe de béatification, sur la place Saint-Pierre de Rome, présidée par le pape Benoît XVI (>>> Homélie).
Le 27 avril 2014 sa Sainteté le pape Francesco a proclamé Saints ses prédécesseurs Jean XXIII et Jean-Paul II. Un moment de joie et de prière pour les 800.000 et plus fidèles qui du monde entier ont conflué dans la place Saint-Pierre, mais aussi le début d’un voyage eternel dans la gloire de l’Église Catholique.

Pour un approfondissement : >>> Canonisation des bienheureux Jean XXIII et Jean-Paul II
http://www.vatican.va/special/canonizzazione-27042014/index_fr.html

SAINT PAUL DE LA CROIX – 19 OCTOBRE

20 octobre, 2014

http://missel.free.fr/Sanctoral/10/19.php

SAINT PAUL DE LA CROIX – 19 OCTOBRE

Paul Danéi, né le 3 janvier 1694, était le fils de Luc Danéi, commerçant à Ovada (diocèse d’Acqui), dans la République de Gênes, et de sa deuxième épouse, Anne-Marie Massari, qui lui donna seize enfants dont plusieurs moururent en bas âge. En 1709, Luc Danéi retourna dans son pays natal, Castellazo, où il établit son commerce et sa famille. Paul fit quelques études à Crémolino sous la conduite d’un vénérable prêtre.
Paul qui avait toujours été pieux et vertueux, après un an de vie militaire (1715), décida de se consacrer à Dieu, malgré les efforts de son oncle, le prêtre Christophe Danéi qui lui avait arrangé un beau mariage. Tout en aidant au commerce de son père, il commença d’enseigner le catéchisme ; le curé, après l’avoir traité durement, découvrit en lui une âme exceptionnelle et, se croyant incapable de la guider, le confia à un capucin de Castellazo, le R.P. Jérôme de Tortone qui se fit aider par un de ses confrères d’Ovada, le R.P. Colomban de Gênes.
Quand les deux capucins quittèrent la région, Paul s’adressa à Don Polycarpe Cerutti, pénitencier d’Alexandrie, qui crut découvrir de l’orgueil dans ses habitudes d’oraison et lui interdit de méditer sur les fins dernières. « Je donnais entre le jour et la nuit, au moins sept heures à l’oraison et aux autres exercices ; Quant aux fêtes, je me levais le matin de très bonne heure et j’allais à une confrérie où j’étais inscrit, puis, terminée la confrérie, je me rendais à l’église principale où selon l’usage était exposé le Très Saint-Sacrement et j’y restais au moins cinq heures à genoux; j’allais ensuite prendre quelque chose et puis j’allais à vêpres. Après vêpres, en compagnie de quelques pieux jeunes gens avec qui avaient lieu de dévots entretiens, on allait prendre un peu l’air et je faisais une autre heure d’oraison mentale, puis je rentrais à la maison. »
L’évêque d’Alexandrie, Mgr de Gattinara[1], qui avait remarqué l’extraordinaire piété de ce jeune homme, avait fait sa connaissance. Paul lui confia son désir de fonder une nouvelle famille religieuse qui porterait une tunique noire sur laquelle serait cousu un cœur surmonté d’une croix avec les mots : Jesu Christi Passio. L’évêque l’autorisa à porter ce costume religieux qu’il bénit et remit lui-même (22 juillet 1720).
« Lorsque je me voyais porter la sainte tunique, je ne voyais pas de forme corporelle, comme une figure d’homme, cela non, mais en Dieu, c’est-à-dire que l’âme connaît que c’est Dieu, parce qu’il le lui fait comprendre par mouvements intérieurs du cœur et intelligence infuse dans l’esprit et si hautement que c’est bien difficile à expliquer… Cependant, pour être mieux compris, je dirai une certaine vision spirituelle, que Dieu dans son infinie miséricorde m’a plusieurs fois donnée, quand il a voulu m’envoyer quelque peine particulière. Tandis que j’étais en oraison, je voyais un fouet dans les mains de Dieu et ce fouet avait des cordes comme les disciplines et sur elles était écrit « Amor ». Au même instant, Dieu montrait à l’âme, dans une très haute contemplation, que Dieu voulait la fouetter, mais par amour, et l’âme courait vite embrasser le fouet en lui donnant des baisers en esprit… Or j’ai écrit cela pour expliquer et pour dire, selon l’intelligence que Dieu me donne, que ce que je vois en esprit avec la lumière très haute de la sainte foi, je le tiens pour plus certain que si je le voyais de mes yeux corporels, vu que ceux-ci pourraient me tromper avec quelque fantôme, tandis que, pour le reste, il n’y a pas de danger, grâce à l’intelligence que Dieu m’accorde, étant donné que je me remets à l’avis de mes supérieurs, me soumettant à ce qu’avec la grâce de Dieu ils me diront. Quand donc j’ai dit que j’ai vu dans les mains de Dieu, je n’ai pas vu ; mais l’âme a une très haute intelligence qu’elle est dans l’immense, et ainsi m’est-il arrivé pour la sainte tunique. De plus sachez que depuis que mon Dieu m’a retiré des exercices de méditation, pour m’occuper à discourir sur les mystères en allant d’une chose à l’autre, je n’ai plus de formes imaginaires. »
Le 23 novembre 1720, Paul se retirait, avec la permission de son évêque, dans une petite pièce située sous un escalier à côté de la sacristie de l’église paroissiale Saint-Charles de Castellazo. Il y fit une retraite de quarante jours, jusqu’au 1° janvier 1721, dans des conditions matérielles fort pénibles : pieds nus et mal
vêtu dans ce réduit froid et humide, il se contenta d’un peu de paille jetée à même le sol en guise de lit, ne but que de l’eau et ne mangea que le pain reçu en aumône. A la fin de cette retraite, qui donna à sa vie sa direction définitive, il apporta à Mgr de Gattinara son journal, brèves notes destinées à rendre compte des grâces reçues et des épreuves endurées, et la première ébauche de sa Règle, écrite du 2 au 7 décembre. L’évêque approuva tout.
Retiré à l’ermitage de la Sainte-Trinité puis à celui de Saint-Etienne, catéchiste et prédicateur apprécié, il fut rejoint par son frère, Jean-Baptiste, et par Paul Sardi qui ne put supporter les rigueurs de la règle. Paul partit à Rome pour obtenir l’approbation pontificale, mais n’ayant pas de protecteur, il quitta Rome sans avoir vu le Pape. Installé sur le Monte Argentario, Paul et Jean-Baptiste, prêchèrent à Orbetello puis furent appelés par l’évêque de Gaète, Charles Pignatelli[2] (juin 1723), qui les fit prêcher dans son diocèse et leur confia la retraite des ordinands. Au mois d’août 1724, ils furent recrutés par l’évêque de Troja. En 1725, alors qu’ils étaient à Rome, priant dans la basilique Saint-Pierre, pour gagner le Jubilé, ils furent remarqués par Mgr Marcel Crescenzi[3] qui les introduisit auprès de Benoît XIII.
Les deux frères se retirèrent à Gaète où les quelques jeunes gens se joignirent à eux, ne persévérèrent pas sous une règle si austère. Malgré les succès de leur prédication, ils quittèrent Gaète (14 septembre 1726) et revinrent à Rome où ils furent admis comme infirmier à l’hôpital Saint-Gallican du Transtevere. Ils furent tonsurés (6 février), reçurent les ordres mineurs (23 février), le sous-diaconat (12 avril), le diaconat (1° mai) et Benoît XIII les ordonna prêtres (7 juin). Ils furent protégés par Clément XII qui leur donna le droit de prêcher des missions (23 février 1731) et le fit missionnaires apostoliques (14 septembre 1737). Adoucie, la règle de la Congrégation des Clercs déchaussés de la Sainte-Croix et de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ fut approuvée par Benoît XIV (15 mai 1741) et la première profession eut lieu le 11 juin 1741 : Paul Danei devint Paul de la Croix. Les recrues commencèrent à affluer et les fondations se multiplièrent[4], protégées par les papes successifs. Malade depuis plusieurs années, Paul de la Croix célébra la messe pour la dernière fois le 15 juin 1775 ; il reçut l’extrême-onction le 8 octobre et mourut après avoir communié le 18 octobre 1775. Il fut enterré dans la basilique romaine des Saints-Jean-et-Paul.
Pie VI qui, comme Benoît XIV, était allé le visiter dans sa chambre, le déclara vénérable (septembre 1784) ; Pie VII proclama l’héroïcité de ses vertus (18 février 1821), Pie IX le béatifia (1° mai 1853) et le canonisa (29 juin 1869).

SAINT LUC ÉVANGÉLISTE – 18 OCTOBRE

17 octobre, 2014

http://www.paixetdeveloppement.net/religion-chretienne-redecouvrir-levangeliste-saint-luc-historien-medecin-peintre-et-evangeliste/

SAINT LUC ÉVANGÉLISTE – 18 OCTOBRE

Redécouvrir l’évangéliste Saint Luc (historien, médecin, peintre et évangéliste)

« Luc est né à Antioche. L’on ignore s’il était païen ou juif non croyant. Il exerçait la profession de médecin. Cet homme cultivé connaissait la langue grecque. Il se présente comme écrivain, soucieux de vérité historique. La visée théologique d’un missionnaire de la fin du 1e siècle apparaît cependant derrière la construction littéraire de ses écrits. Luc a réalisé un travail d’écrivain qui révèle sa capacité d’écrire une œuvre harmonieuse. Sur le plan de l’écriture, Luc est l’écrivain le plus doué des évangélistes.
Ses écrits, parus dans les années 60, font partie des trois évangiles dits « synoptiques ». Les deux autres évangiles ont été réalisés par Matthieu et Marc. »
(Le pape Jean Paul II)

1 – Luc, un homme avec plusieurs cordes à son arc, mais qui ne dit rien de lui.
Qui est Luc ?
Historien, médecin, peintre… Luc, un homme avec plusieurs cordes à son arc, mais qui ne dit rien de lui. Luc est le compagnon de Paul. Il est l’auteur du 3e évangile et des Actes de Apôtres. Il adresse ces deux textes à un certain Théophile. C’est aussi l’évangéliste qui raconte la naissance et l’enfance de Jésus.
Luc historien
Luc n’a pas connu Jésus pendant sa vie terrestre. Son évangile et les Actes des Apôtres qui s’achèvent avec l’arrivée de Paul à Rome forme un tout. Ils ont été rédigés autour des années 60. Luc écrit une biographie de Jésus, puis l’histoire des premiers chrétiens.
Dans le prologue de son évangile, il présente la manière dont il travaille. Comme un historien, il a mené l’enquête de manière à présenter des faits reconnus dans lesquels, il veut que son lecteur reconnaisse l’œuvre de Dieu. «Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début des témoins oculaires et serviteurs de la Parole, après m’être informé exactement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus.»
Il recommence dans le prologue des Actes des Apôtres. Toujours dans les Actes, il présente les différents lieux où le christianisme est annoncé : à Jérusalem, en Judée, en Samarie jusqu’aux extrémités de la terre (Actes 1,8). Il agit en reporter : il énonce des faits, les illustrent et montrent leurs cohérences.
Celui qui raconte l’enfance de Jésus
Luc donne une place importante à Marie. Les récits de l’enfance de Jésus sont racontés de son point de vue. Elle est celle qui a vu l’amour de Dieu. Il fait d’elle la première messagère de la Bonne Nouvelle.
Luc commence par raconter la naissance de Jean-Baptiste parce que, pour lui, l’histoire de Jésus commence avec celui qui le précède. Puis vient l’annonce faite à Marie : «Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils : tu lui donneras le nom de Jésus» (Luc 1, 31). Marie questionne, dialogue avec l’ange et finalement dit oui : «je suis la servante du Seigneur. Qu’il m’advienne selon sa parole» (Luc 1, 38). Le signe donné à Marie est la naissance proche attendue par Elisabeth. Elle part la rejoindre. Les histoires de Jean-Baptiste et de Jésus se mêlent quand Elisabeth et Marie se rencontrent (la Visitation). De cette rencontre surgit une prière : le Magnificat, le chant d’action de grâce de Marie. A cette prière, une autre vient comme en écho : celle de Zacharie, mari d’Elisabeth, lors de la naissance de Jean-Baptiste.
Luc nous donne ensuite quelles informations sur Joseph. Il est issu de la maison et de la famille de David. C’est la raison pour laquelle il quitte Nazareth où il est installé, pour Bethléem, ville de David, pour se faire recenser comme le demande l’empereur César Auguste.
Jésus naît à Bethléem. Ce sont les bergers gardant leurs troupeaux qui seront les premiers à recevoir la nouvelle : «Aujourd’hui, vous est né un Sauveur» (Luc 2, 11). On apprend également que huit jours après sa naissance, Jésus est circoncis, puis, un peu plus tard présenté au temple. C’était la coutume de consacrer le premier d’une famille au Seigneur.
Le récit de Jésus à douze ans qui discute avec les docteurs de la loi du Temple de Jérusalem est fait uniquement par Luc. Cela lui permet de marquer une étape dans la vie de Jésus et de montrer qu’il est humain. «Il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes» (Luc 2, 52). Il est à la fois vrai homme et vrai Dieu.
Luc a vécu au cours du 1er siècle, il est grec. Il est né à Antioche (dans l’actuelle Turquie), ville connue à cette époque pour ses écoles dans tout l’Orient.
Luc rencontre Paul et se convertit. Il devient son fidèle collaborateur et l’accompagne dans ses déplacements à partir de 51. Paul le décrit comme un éminent médecin : «notre cher médecin» (lettre aux Colossiens 4, 14). Vers l’an 56, Luc est envoyé à Corinthe par Paul. Lorsque Paul est mis en prison à Rome, une première fois en 61, une seconde en 65 ou 66, Luc partage sa captivité. Quand Paul est décapité, Luc quitte Rome. On ne sait plus grand chose de sa vie ensuite.
Luc, médecin
Il est le seul des quatre Evangélistes à décrire les maladies avec une précision médicale, pour désigner par exemple la localisation d’une paralysie et pour utiliser des termes médicaux. Vers la fin du Moyen-Age, les médecins l’adoptent comme leur saint patron. A partir du 15ème siècle, la rentrée en Faculté de Médecine se fait le jour de la fête de saint Luc, le 18 octobre. Les médecins militaires, aussi bien dans leurs hôpitaux qu’en opérations, fêtent la saint Luc.
Luc est renommé également comme peintre de la Vierge, peut-être parce qu’il est celui qui décrit avec le plus d’attention Marie. Certains tableaux en Syrie et à Rome, sont dit peints par lui. Il arrive que sur des gravures ou des peintures du XVe siècle, Luc soit représenté à la fois en écrivain (évangéliste) et en peintre ; et quelquefois, avec les habits du médecin. Actuellement quelques établissements médicaux et quelques galeries de peintures portent le nom de Luc.
Les représentations de Luc
Les plus anciennes représentations de Luc le montrent écrivant son évangile. La tradition a donné comme symbole à Luc, un taureau. Le début de son évangile (Luc 1, 9) s’ouvre sur Zacharie au temple – lieu dans la Bible des sacrifices.
On le représente aussi, selon une tradition, en train de peindre la sainte Vierge.

2 – Évangile selon saint Luc
L’Évangile selon saint Luc (kata Lukas, où kata signifie selon) a pour auteur Luc (médecin et, selon la légende, peintre, compagnon de saint Paul). Il n’a pas connu lui-même le Christ, durant son ministère public. Il a également composé les Actes des Apôtres, qui sont la suite de son évangile. Les deux livres sont pareillement dédiés à “Théophile” (personnage réel, ou peut-être fictif, figure de l’ “ami de Dieu”, Théo-phile).
Les deux ouvrages ont été rédigés probablement dans les années 60, avant la destruction du Temple (en 70), et avant le martyre des saints apôtres Pierre et Paul à Rome (en 64 ou 67).
Avec l’Évangile selon saint Marc et l’Évangile selon saint Matthieu, il fait partie des évangiles dits synoptiques. C’est le plus long de nos quatre évangiles, retenus dans le Nouveau Testament.
Il y a deux traditions relatives à l’auteur du Troisième Évangile.
L’une, orale, fut transmise par Gégoire le grand puis Théophylacte jusqu’à Jacques de Voragine et Anne Catherine Emmerich: L’évangéliste n’était autre que le compagnon anonyme de Cléopas. Épiphane de Salamine lui donnait pour nom Nathanaël [1]
L’autre, scripturaire, voyait en lui le compagnon de Paul. Saint Irénée note dans son Adversus Haereses (vers 180): “De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Évangile que prêchait celui-ci.” (Adv. Hae. III, Prologue)
Un ancien prologue grec de l’évangile de Luc, daté de la fin du second siècle, décrivait ainsi la genèse de cet évangile, et son auteur: “Luc était un syrien d’Antioche, médecin de profession, disciple des apôtres, et plus tard un accompagnateur de Paul jusqu’à son martyre. Il servit le Seigneur sans divertissement, sans femme et sans enfants. Il mourut à l’âge de 84 ans, en Béotie, rempli du Saint Esprit.” Ce prologue poursuit: “Quoique des évangiles existassent déjà, celui selon Matthieu, composé en Judée, et celui selon Marc en Italie, il fut incité par le Saint Esprit, et composa cet évangile entièrement dans la région avoisinant l’Achaïe; il rend très clair dans le prologue que les autres (évangiles) avaient été écrits avant le sien [...] Plus tard le même Luc écrivit les Actes des Apôtres.” (Cf. Joseph A.Fitzmyer, The Gospel according to Luke, I-IX, 1981, page 38-39).
De même le Canon de Muratori (document romain du milieu du IIe s.) : “Troisièmement, le livre de l’évangile selon Luc. Ce Luc était médecin. Après l’Ascension du Christ, Paul l’ayant pris pour second à cause de sa connaissance du droit, il écrivit avec son assentiment ce qu’il jugeait bon.” Il continue: “Cependant lui non plus ne vit pas le Seigneur dans la chair. Et par conséquent selon ce dont il avait pu s’informer il commença à le dire à partir de la Nativité de Jean.”
Saint Paul de Tarse se réfère à Luc en Col 4,14 où il l’appelle “le cher médecin”; de même dans l’épître à Philémon (24) où Luc se trouve en compagnie de Marc, pendant la première captivité romaine de Paul, et dans la deuxième à Timothée (4,11): “Seul Luc est avec moi.” Luc pourrait avoir été, sous les directives de Paul, le rédacteur des épîtres dites pastorales (1 Tm ; 2 Tm ; Tt). En effet, on croit y reconnaître son style.

Les trois cantiques
C’est dans Luc que l’on trouve les trois célèbres cantiques, repris dans la liturgie des heures :
• Le Benedictus (ou cantique de Zacharie)
• Le Magnificat (ou cantique de Marie)
• Le Nunc dimittis (ou cantique de Siméon)

Marie livrant ses souvenirs, soit à l’apôtre Jean soit directement à l’évangéliste Luc, affirme à deux reprises qu’ “elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur.” (Lc 2,19; cf. 2,51). Si elle a conservé tous ces souvenirs, c’était pour la postérité. Si elle les a médités, c’est qu’elle a dû chanter bien souvent dans son cœur les cantiques qui y sont contenus. Toute cette poésie est emplie de réminiscences bibliques. Effectivement, si de tels souvenirs sont parvenus à la connaissance de Luc, et à la nôtre, ce ne peut être que par Marie.
Luc, l’évangéliste de la miséricorde
L’analyse des sources de l’Évangile selon saint Luc met en évidence son originalité.
Saint Irénée a puissamment résumé, dans une page célèbre (cf. Adv. Hae. III, 14, 3), la nouveauté de l’évangile de Luc. Il recoupe notre exposé du précédent titre.
Luc en personne, dans son Prologue, a précisé sa méthode et sa préoccupation première.
“Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile.” (Lc 1,1-3).
Théophile devait être un éditeur de Rome par lequel Luc a publié son double ouvrage de l’évangile et des Actes (cf. Ac 1,1), mais aussi un chrétien fervent qui, en l’espèce, nous représente tous.
Luc a décidé de suivre l’exemple de plusieurs confrères : Matthieu l’apôtre qui (en hébreu ?), avait publié l’enseignement du Seigneur et plusieurs de ses faits et gestes. Marc l’interprète et le confident de Pierre et qui lui-même avait assisté, au sortir de l’enfance, à la Passion du Sauveur et qui avait fréquenté, chez sa mère, les apôtres et la première communauté chrétienne.
Philippe enfin, le diacre et compagnon d’Étienne, qui, selon une hypothèse, entreprenait avec l’aide de Luc de confectionner un évangile original reprenant les logia de Matthieu, mais qu’il n’écrirait et ne publierait qu’après le départ pour Rome de Luc et de Paul.
Luc a interrogé les “témoins oculaires et [les] serviteurs de la Parole”, ceux de la première génération qui avaient connu le Seigneur: avant tous Jean, l’apôtre, et même la mère de Jésus, ainsi que les “frères du Seigneur”: Jacques, Simon et Jude, et avec eux toute l’Église de Jérusalem, héritière au premier chef de la pensée et de la mémoire de Jésus le Nazaréen. Il enquêta sur place en Palestine, profitant de son séjour forcé et prolongé dans la patrie du Christ. Philippe et Luc, dans leurs investigations, travaillèrent en commun avec Paul, puisqu’il nous est précisé que ce dernier pouvait recevoir librement dans sa prison (cf. Ac 24,23).
Luc est allé aux sources, ainsi qu’aux documents originaux, comme lui-même l’affirme avec insistance. Il l’a fait en historien consciencieux, même si son œuvre demeure artisanale à bien des égards, comme l’analyse l’a montré.
Si l’on poursuit dans le détail la comparaison de Luc avec les autres synoptiques, on observe sur le vif l’activité d’un écrivain qui excelle à présenter les choses d’une manière qui lui est propre, évitant ou atténuant tout ce qui peut froisser, ou bien ce qui serait peu compréhensible au lecteur, ménageant les personnes des apôtres, ou les excusant, interprétant les termes obscurs, ou précisant la géographie.
En vrai “scriba mansuetudinis Christi”, écrivain de la mansuétude du Christ (Dante), il aime à souligner la miséricorde de son Maître pour les pécheurs (15,1.7.10), à raconter des scènes de pardon (7,36-50). Il insiste volontiers sur la tendresse de Jésus pour les humbles et pour les pauvres, tandis que les orgueilleux et les riches jouisseurs sont sévèrement traités (16,19-31).
Cependant même la juste condamnation ne se fera qu’après les délais patients de la miséricorde (13,6-9). Il faut seulement qu’on se repente. Ici Luc tient à répéter l’exigence d’un détachement décisif et absolu des richesses (14,25-33).
On notera les passages propres au troisième évangile sur la nécessité de la prière (18,1-8) et l’exemple qu’en a donné Jésus (6,12).
Enfin comme chez saint Paul, et dans les Actes (suites de l’évangile), l’Esprit Saint occupe une place de premier plan que Luc seul souligne (4,1; 24,49).
Ceci avec l’atmosphère de reconnaissance et d’allégresse spirituelle qui enveloppe tout le troisième évangile achève de donner à l’œuvre de Luc cette ferveur qui touche.

Extraits
Lc 1,26-28 : Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, vers une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. Etant entré où elle était, il lui dit : ” Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous…”
Lc 2,4-7 : Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter s’accomplit, et elle mit au monde son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
Lc 2,44-47 : Pensant qu’il était avec la caravane, ils marchèrent tout un jour, puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Ne l’ayant point trouvé, ils s’en retournèrent à Jérusalem en le recherchant. Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses.
Lc 13,34-35 : “Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés ! Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule sa couvée sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre maison va vous être laissée (déserte). Je vous le dis, vous ne me verrez plus que ne [soit venu quand] vous direz : Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! “
Lc 22,60-62 : Pierre dit : ” Homme, je ne sais ce que tu dis. ” Et à l’instant, comme il parlait encore, un coq chanta. Et le Seigneur, s’étant retourné, arrêta son regard sur Pierre, et Pierre se souvint de la parole du Seigneur, comme il lui avait dit : ” Avant que le coq ait chanté aujourd’hui, tu me renieras trois fois. ” Et étant sorti, il pleura amèrement.

3 – L’œuvre de Saint Luc :
L’oeuvre de Luc, calquée sur les livres des Rois ?
Dans le Nouveau Testament, c’est l’évangéliste Luc qui raconte le plus nettement l’ascension de Jésus. Il le fait même à deux reprises : une fois à la fin de son évangile (Lc 24, 50-53), puis au début des Actes des Apôtres, second tome, en quelque sorte, de son évangile.
Depuis longtemps, les exégètes ont remarqué la proximité entre l’oeuvre de Luc et ce que l’on nomme les cycles d’Elie et d’Elisée aux livres des Rois (1R 17 – 2 R 1 pour Elie, 2 R 2-13 pour Elisée). Luc aime calquer ses récits, ou certains de ses récits, sur ces grands modèles bibliques. Et la figure d’Elie, dans son immense stature de prophète, lui permet une approche du mystère de Jésus. Mais Jésus est plus grand qu’Elie, Luc ne cessera de le montrer. Ainsi trouve-t-on, dans la finale de l’évangile de Luc et le début des Actes, des récits qui reprennent les grands et beaux textes concernant Elie et son disciple.
L’ascension de Jésus
Nous tenons ainsi de Luc deux récits de l’Ascension de Jésus. Le premier, à la fin de son évangile, est christologique : il parle de Jésus. Venu de Dieu, il repart vers lui. Il est le Fils. L’accent du texte porte donc sur l’identité de Jésus : “Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu” (Luc 24, 50-53).
Le second récit ouvre les Actes des Apôtres. Il raconte encore l’Ascension de Jésus, mais porte un accent différent. La pointe du récit est alors ecclésiologique : il dit qui est le disciple et quelle est sa mission. Il parle de la naissance de l’Eglise, constituée de disciples fragiles, que l’Esprit de Dieu emporte dans son souffle pour les envoyer jusqu’au bout du monde (Actes 1, 8). Telle est en effet la mission que Jésus leur donne au moment de son départ. Désormais ils sont pleinement apôtres, c’est-à-dire envoyés : « Vous allez recevoir, dit Jésus, une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8). Le relais leur est passé, c’est désormais le temps de l’Eglise.

Un langage théologique
Après ces paroles, poursuit le récit des Actes, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Actes 1, 9-11).
Ainsi Jésus s’élève et disparaît dans une nuée. L’image de la nuée est présente tout au long de la Bible pour évoquer la présence mystérieuse de Dieu auprès de son peuple. C’est dans une nuée que le Seigneur accompagne son peuple à la sortie d’Egypte, dans le passage de la mer et la marche au désert. Et sous la forme d’une colonne de feu, la nuit ! Une nuée entoure Jésus et ses disciples à la Transfiguration. C’est le signe de la présence et d’une révélation de Dieu. Et c’est bien sûr aussi vers le ciel que Jésus est emporté, puisque le ciel est ce lieu d’en haut, le lieu de Dieu.
Le langage des peintres
Notre habitude du langage des évangiles nous met aussi en alerte lorsque le récit évoque deux hommes vêtus de blanc. Comme à la résurrection ! Le blanc est la couleur de Dieu, le chiffre deux celui du témoignage parfait, confirmé par cette double présence.
L’Assomption de Marie
Ce que la Bible exprime dans une dimension spatiale est avant tout une vision ou une compréhension théologique. La théologie s’exprimera en termes semblables pour évoquer le mystère de Marie. Comprenant que Marie, mère de Jésus, est en même temps Mère de Dieu, elle exprimera en des images forgées au creuset biblique, sa proximité infinie de Dieu. Marie sera dite Immaculée conception, épargnée absolument par le péché. Et le langage de la foi dira de même que Marie ne meurt pas, mais qu’elle est emportée auprès de Dieu.
L’Assomption n’est pas plus un voyage stratosphérique que l’Ascension de Jésus. La théologie orientale, utilisant d’autres images, parle de la Dormition de Marie. Les peintres l’ont également magnifiquement représentée, à grand renfort de fleurs printanières surgissant en abondance : Marie n’est pas morte, elle dort, de ce sommeil dans lequel veille la vie de Dieu tout entière.

4 – Saint Luc évangéliste, historien et peintre
Luc est né à Antioche. L’on ignore s’il était païen ou juif non croyant. Il exerçait la profession de médecin. Cet homme cultivé connaissait la langue grecque. Il se présente comme écrivain, soucieux de vérité historique. La visée théologique d’un missionnaire de la fin du 1e siècle apparaît cependant derrière la construction littéraire de ses écrits. Luc a réalisé un travail d’écrivain qui révèle sa capacité d’écrire une oeuvre harmonieuse. Sur le plan de l’écriture, Luc est l’écrivain le plus doué des évangélistes.
Ses écrits, parus dans les années 60, font partie des trois évangiles dits « synoptiques ». Les deux autres évangiles ont été réalisés par Matthieu et Marc.
Luc est l’auteur du livre des Actes des Apôtres qui suit les quatre Evangiles dans le Nouveau Testament. Il distingue clairement le temps de Jésus et celui des débuts de l’Église et est le seul évangéliste qui apporte des précisions sur l’enfance de Jésus. L’évangile selon Saint Luc peut être divisé en trois grandes parties :
- Le ministère de Jésus en Galilée
- De la Galilée à Jérusalem
- A Jérusalem.
Luc veut montrer que l’histoire de Jésus et celle de l’Église constituent l’accomplissement des promesses qui avaient été faites dans l’Ancien Testament.
Sa conversion fit suite à sa rencontre avec Paul de Tarse dont il devint le principal disciple. Il accompagna Paul de Tarse lors de son deuxième voyage missionnaire aux environs de l’an 49. Ils se retrouvent ensuite à Philippes. Lorsque Paul de Tarse fut décapité, Luc quitta Rome.
Luc fut également peintre et iconographe de la Vierge Marie. Plusieurs artistes l’ont représenté ainsi et nous vous invitons à lire, page suivante, l’histoire de la vierge noire vénérée en Pologne.
Le taureau est le symbole de l’évangéliste saint Luc dans notre tradition chrétienne.
Cet animal représente la puissance de travail dans l’imaginaire humain.

5 – SAINT LUC : L’Evangéliste (Patron des peintres et des médecins) fêté le 18 octobre
LUC naquit à Antioche en Syrie. Il était grec de naissance et médecin de profession.
Luc fut un des premiers à être convertis. Plus tard, il devint le compagnon missionnaire de saint Paul pendant une partie de son deuxième et troisième voyage. Il prit soin de Paul lors de son incarcération à Césarée et à Rome. Paul en parle comme étant “le plus attentionné des médecins” et comme étant aussi “un travailleur acharné”. Avec Paul, il s’embarqua sur un bateau les menant de Troas à la Macédoine et demeura pendant sept ans à Philippes, partageant les naufrages et les périls du voyage jusqu’à Rome. En lisant les épîtres de Paul, nous apprenons que Luc est demeuré son compagnon fidèle.
Luc est l’auteur du troisième Evangile écrit avant l’an 63. Il a aussi écrit les Actes des Apôtres. Son symbole est le boeuf car celui-ci représente l’animal du sacrifice et on le retrouve dans son Evangile avec l’histoire de Zacharie le prêtre, offrant le sacrifice à Dieu. Luc parle de la prêtrise du Christ. Il mentionne aussi les oeuvres merveilleuses de Dieu lors de la construction de son Eglise et des événements et miracles qui eurent lieu de par saint Paul et auxquels il fut lui-même témoin.
Les icônes de Saint Luc (Biographie selon le Monastère Orthodoxe des Saints Elie et Elisée)
D’après la tradition, ce fut Saint Luc qui, le premier, exécuta trois Images de la sainte Mère de Dieu portant dans ses bras l’Enfant Dieu. Il les soumit à l’approbation de la Sainte Vierge, alors qu’elle était encore en vie. Celle-ci accueillit avec joie ces Saintes Images et dit: « Que la grâce de Celui qui a été enfanté par moi, soit en elles! ». Par la suite, Saint Luc, représenta en Image les Saints Apôtres et transmit à l’Eglise cette pieuse et Sainte Tradition de la vénération des Icônes du Christ et de ses Saints.
Saint Luc était originaire de la ville d’Antioche la Grande. De noble naissance, il excellait en particulier dans les domaines de la science médicale et de l’art pictural. Sous le règne de l’empereur Claude (vers 42 ap. J.C.), alors qu’il dispensait ses soins aux malades de la région de Thèbes en Béotie, il rencontra l’Apôtre Paul, dont les paroles de feu le convainquirent que la vérité absolue qu’il recherchait depuis tant d’années se trouvait effectivement chez les disciples de Jésus-Christ. Après avoir été séparé de son maître, Luc retourna en Grèce pour y proclamer l’Evangile. Il se fixa à nouveau dans la région de Thèbes, où il mourut dans la paix à l’âge de quatre-vingts ans.
Voulant rendre gloire à son fidèle serviteur, Dieu fit couler de son tombeau un liquide miraculeux, qui guérissait les maladies des yeux de ceux qui s’en oignaient avec foi. C’est ainsi que même après sa mort, Saint Luc continua d’exercer la médecine. De longues années plus tard (3 mars 357), l’empereur Constance, fils du Grand Constantin fit transporter la Relique du Saint à Constantinople par l’intermédiaire de Saint Artémios, duc d’Egypte, et la fit déposer sous l’Autel de l’église des Saints-Apôtres, auprès des Saintes Reliques des Apôtres André et Timothée.
Selon des traditions, Saint Luc a peint à trois reprises la Vierge, ouvrant la voie aux icônes peintes. C’est à l’une de ces icônes, acquise en Palestine par la femme de Théodose II et rapportée à Constantinople, que remonterait le type, très populaire, de la “Vierge Hodigitria”, Vierge qui indique la Voie (le Christ enfant sur le bras gauche, la main droite ramenée devant le buste, désignant le Christ).
Plusieurs icônes sont traditionnellement attribuées à Saint Luc. Entre autres, les icônes Russes de la Vierge de Vladimir, de Jérusalem, de Tikhvine, de Smolensk, ainsi que, en Pologne, la Vierge de Czestochowa. Les icônes russes de la Vierge correspondent à des compositions iconographiques différentes.

BENOÎT XVI: SAINTE THÉRÈSE DE JÉSUS – 15 OCTOBRE (m

14 octobre, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110202_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 2 février 2011

SAINTE THÉRÈSE DE JÉSUS – 15 OCTOBRE (m)

Chers frères et sœurs,

Au cours des catéchèses que j’ai voulu consacrer aux Pères de l’Eglise et aux grandes figures de théologiens et de femmes du Moyen-âge, j’ai eu l’occasion de m’arrêter également sur certains saints et saintes qui ont été proclamés docteurs de l’Eglise en raison de leur éminente doctrine. Aujourd’hui, je voudrais commencer une brève série de rencontres pour compléter la présentation des docteurs de l’Eglise. Et je commence par une sainte qui représente l’un des sommets de la spiritualité chrétienne de tous les temps: sainte Thérèse d’Avila (de Jésus).
Elle naît à Avila, en Espagne, en 1515, sous le nom de Teresa de Ahumada. Dans son autobiographie, elle mentionne elle-même certains détails de son enfance: la naissance de «parents vertueux et craignant Dieu», au sein d’une famille nombreuse, avec neuf frères et trois sœurs. Encore enfant, alors qu’elle n’avait pas encore 9 ans, elle a l’occasion de lire les vies de certains martyrs, qui lui inspirent le désir du martyre, si bien qu’elle improvise une brève fugue de chez elle pour mourir martyre et monter au Ciel (cf. Vie, 1, 4): «Je veux voir Dieu» déclare la petite fille à ses parents. Quelques années plus tard, Thérèse parlera de ses lectures d’enfance, et affirmera y avoir découvert la vérité, qu’elle résume dans deux principes fondamentaux: d’un côté, «le fait que tout ce qui appartient au monde ici bas passe» et de l’autre, que seul Dieu est «pour toujours, toujours, toujours», un thème qui revient dans la très célèbre poésie «Que rien ne te trouble,/ que rien ne t’effraie;/ tout passe. Dieu ne change pas:/ la patience obtient tout;/ celui qui possède Dieu/ ne manque de rien/ Dieu seul suffit!». Orpheline de mère à l’âge de 12 ans, elle demande à la Très Sainte Vierge de lui servir de mère (cf. Vie, 1, 7).
Si, au cours de son adolescence, la lecture de livres profanes l’avait conduite aux distractions d’une vie dans le monde, l’expérience comme élève des moniales augustiniennes de Sainte-Marie-des-Grâces d’Avila, ainsi que la lecture de livres spirituels, en particulier des classiques de la spiritualité franciscaine, lui enseignent le recueillement et la prière. A l’âge de 20 ans, elle entre au monastère carmélite de l’Incarnation, toujours à Avila; dans sa vie religieuse, elle prend le nom de Thérèse de Jésus. Trois ans plus tard, elle tombe gravement malade, au point de rester quatre jours dans le coma, apparemment morte (cf. Vie, 5, 9). Même dans la lutte contre ses maladies, la sainte voit le combat contre les faiblesses et les résistances à l’appel de Dieu: «Je désirais vivre — écrit-elle — car je le sentais, ce n’était pas vivre que de me débattre ainsi contre une espèce de mort; mais nul n’était là pour me donner la vie, et il n’était pas en mon pouvoir de la prendre. Celui qui pouvait seul me la donner avait raison de ne pas me secourir; il m’avait tant de fois ramenée à lui, et je l’avais toujours abandonné» (Vie, 8, 2) En 1543, sa famille s’éloigne: son père meurt et tous ses frères émigrent l’un après l’autre en Amérique. Au cours du carême 1554, à l’âge de 39 ans, Thérèse atteint le sommet de sa lutte contre ses faiblesses. La découverte fortuite de la statue d’«un Christ couvert de plaies» marque profondément sa vie (cf. Vie, 9). La sainte, qui à cette époque trouvait un profond écho dans les Confessions de saint Augustin, décrit ainsi le jour décisif de son expérience mystique: «Le sentiment de la présence de Dieu me saisissait alors tout à coup. Il m’était absolument impossible de douter qu’il ne fût au dedans de moi, ou que je ne fusse toute abîmée en lui» (Vie, 10, 1).
Parallèlement au mûrissement de son intériorité, la sainte commence à développer concrètement l’idéal de réforme de l’ordre du carmel: en 1562, elle fonde à Avila, avec le soutien de l’évêque de la ville, don Alvaro de Mendoza, le premier carmel réformé, et peu après, elle reçoit aussi l’approbation du supérieur général de l’ordre, Giovanni Battista Rossi. Dans les années qui suivent, elle continue à fonder de nouveaux carmels, dix-sept au total. La rencontre avec saint Jean de la Croix, avec lequel, en 1568, elle fonde à Duruelo, non loin d’Avila, le premier couvent de carmélites déchaussées, est fondamentale. En 1580, elle obtient de Rome l’érection en Province autonome pour ses carmels réformés, point de départ de l’ordre religieux des carmélites déchaussées. Thérèse termine sa vie terrestre au moment où elle est engagée dans l’activité de fondation. En 1582, en effet, après avoir fondé le carmel de Burgos et tandis qu’elle est en train d’effectuer son voyage de retour à Avila, elle meurt la nuit du 15 octobre à Alba de Tormes, en répétant humblement ces deux phrases: «A la fin, je meurs en fille de l’Eglise» et «L’heure est à présent venue, mon Epoux, que nous nous voyons». Une existence passée en Espagne, mais consacrée à l’Eglise tout entière. Béatifiée par le Pape Paul V en 1614 et canonisée en 1622 par Grégoire XV, elle est proclamée «Docteur de l’Eglise» par le Serviteur de Dieu Paul VI en 1970.
Thérèse de Jésus n’avait pas de formation universitaire, mais elle a tiré profit des enseignements de théologiens, d’hommes de lettres et de maîtres spirituels. Comme écrivain, elle s’en est toujours tenu à ce qu’elle avait personnellement vécu ou avait vu dans l’expérience des autres (cf. Prologue au Chemin de perfection), c’est-à-dire en partant de l’expérience. Thérèse a l’occasion de nouer des liens d’amitié spirituelle avec un grand nombre de saints, en particulier avec saint Jean de la Croix. Dans le même temps, elle se nourrit de la lecture des Pères de l’Eglise, saint Jérôme, saint Grégoire le Grand, saint Augustin. Parmi ses œuvres majeures, il faut rappeler tout d’abord son autobiographie, intitulée Livre de la vie, qu’elle appelle Livre des Miséricordes du Seigneur. Composée au Carmel d’Avila en 1565, elle rapporte le parcours biographique et spirituel, écrit, comme l’affirme Thérèse elle-même, pour soumettre son âme au discernement du «Maître des spirituels», saint Jean d’Avila. Le but est de mettre en évidence la présence et l’action de Dieu miséricordieux dans sa vie: c’est pourquoi l’œuvre rappelle souvent le dialogue de prière avec le Seigneur. C’est une lecture fascinante, parce que la sainte non seulement raconte, mais montre qu’elle revit l’expérience profonde de sa relation avec Dieu. En 1566, Thérèse écrit le Chemin de perfection, qu’elle appelle Admonestations et conseils que donne Thérèse de Jésus à ses moniales. Les destinataires en sont les douze novices du carmel de saint Joseph d’Avila. Thérèse leur propose un intense programme de vie contemplative au service de l’Eglise, à la base duquel se trouvent les vertus évangéliques et la prière. Parmi les passages les plus précieux, figure le commentaire au Notre Père, modèle de prière. L’œuvre mystique la plus célèbre de sainte Thérèse est le Château intérieur, écrit en 1577, en pleine maturité. Il s’agit d’une relecture de son chemin de vie spirituelle et, dans le même temps, d’une codification du déroulement possible de la vie chrétienne vers sa plénitude, la sainteté, sous l’action de l’Esprit Saint. Thérèse fait appel à la structure d’un château avec sept pièces, comme image de l’intériorité de l’homme, en introduisant, dans le même temps, le symbole du ver à soie qui renaît en papillon, pour exprimer le passage du naturel au surnaturel. La sainte s’inspire des Saintes Ecritures, en particulier du Cantique des cantiques, pour le symbole final des «deux Epoux», qui lui permet de décrire, dans la septième pièce, le sommet de la vie chrétienne dans ses quatre aspects: trinitaire, christologique, anthropologique et ecclésial. A son activité de fondatrice des carmels réformés, Thérèse consacre le Livre des fondations, écrit entre 1573 et 1582, dans lequel elle parle de la vie du groupe religieux naissant. Comme dans son autobiographie, le récit tend à mettre en évidence l’action de Dieu dans l’œuvre de fondation des nouveaux monastères.
Il n’est pas facile de résumer en quelques mots la spiritualité thérésienne, profonde et articulée. Je voudrais mentionner plusieurs points essentiels. En premier lieu, sainte Thérèse propose les vertus évangéliques comme base de toute la vie chrétienne et humaine: en particulier, le détachement des biens ou pauvreté évangélique, et cela nous concerne tous; l’amour des uns pour les autres comme élément essentiel de la vie communautaire et sociale; l’humilité comme amour de la vérité; la détermination comme fruit de l’audace chrétienne; l’espérance théologale, qu’elle décrit comme une soif d’eau vive. Sans oublier les vertus humaines: amabilité, véracité, modestie, courtoisie, joie, culture. En deuxième lieu, sainte Thérèse propose une profonde harmonie avec les grands personnages bibliques et l’écoute vivante de la Parole de Dieu. Elle se sent surtout en harmonie avec l’épouse du Cantique des Cantiques et avec l’apôtre Paul, outre qu’avec le Christ de la Passion et avec Jésus eucharistie.
La sainte souligne ensuite à quel point la prière est essentielle: prier, dit-elle, «signifie fréquenter avec amitié, car nous fréquentons en tête à tête Celui qui, nous le savons, nous aime» (Vie 8, 5). L’idée de sainte Thérèse coïncide avec la définition que saint Thomas d’Aquin donne de la charité théologale, comme amicitia quaedam hominis ad Deum, un type d’amitié de l’homme avec Dieu, qui le premier a offert son amitié à l’homme; l’initiative vient de Dieu (cf. Summa Theologiae -II, 21, 1). La prière est vie et se développe graduellement en même temps que la croissance de la vie chrétienne: elle commence par la prière vocale, elle passe par l’intériorisation à travers la méditation et le recueillement, jusqu’à parvenir à l’union d’amour avec le Christ et avec la Très Sainte Trinité. Il ne s’agit évidemment pas d’un développement dans lequel gravir les plus hautes marches signifie abandonner le type de prière précédent, mais c’est plutôt un approfondissement graduel de la relation avec Dieu qui enveloppe toute la vie. Plus qu’une pédagogie de la prière, celle de Thérèse est une véritable «mystagogie»: elle enseigne au lecteur de ses œuvres à prier en priant elle-même avec lui; en effet, elle interrompt fréquemment le récit ou l’exposé pour se lancer dans une prière.
Un autre thème cher à la sainte est le caractère central de l’humanité du Christ. En effet, pour Thérèse la vie chrétienne est une relation personnelle avec Jésus, qui atteint son sommet dans l’union avec Lui par grâce, par amour et par imitation. D’où l’importance que celle-ci attribue à la méditation de la Passion et à l’Eucharistie, comme présence du Christ, dans l’Eglise, pour la vie de chaque croyant et comme cœur de la liturgie. Sainte Thérèse vit un amour inconditionné pour l’Eglise: elle manifeste un vif sensus Ecclesiae face aux épisodes de division et de conflit dans l’Eglise de son temps. Elle réforme l’Ordre des carmélites avec l’intention de mieux servir et de mieux défendre la «Sainte Eglise catholique romaine », et elle est disposée à donner sa vie pour celle-ci (cf. Vie 33, 5).
Un dernier aspect essentiel de la doctrine thérésienne, que je voudrais souligner, est la perfection, comme aspiration de toute la vie chrétienne et objectif final de celle-ci. La sainte a une idée très claire de la «plénitude» du Christ, revécue par le chrétien. A la fin du parcours du Château intérieur, dans la dernière «pièce», Thérèse décrit cette plénitude, réalisée dans l’inhabitation de la Trinité, dans l’union au Christ à travers le mystère de son humanité.
Chers frères et sœurs, sainte Thérèse de Jésus est une véritable maîtresse de vie chrétienne pour les fidèles de chaque temps. Dans notre société, souvent en manque de valeurs spirituelles, sainte Thérèse nous enseigne à être des témoins inlassables de Dieu, de sa présence et de son action, elle nous enseigne à ressentir réellement cette soif de Dieu qui existe dans la profondeur de notre cœur, ce désir de voir Dieu, de chercher Dieu, d’être en conversation avec Lui et d’être ses amis. Telle est l’amitié qui est nécessaire pour nous tous et que nous devons rechercher, jour après jour, à nouveau. Que l’exemple de cette sainte, profondément contemplative et efficacement active, nous pousse nous aussi à consacrer chaque jour le juste temps à la prière, à cette ouverture vers Dieu, à ce chemin pour chercher Dieu, pour le voir, pour trouver son amitié et trouver ainsi la vraie vie; car réellement, un grand nombre d’entre nous devraient dire: «Je ne vis pas, je ne vis pas réellement, car je ne vis pas l’essence de ma vie». C’est pourquoi, le temps de la prière n’est pas du temps perdu, c’est un temps pendant lequel s’ouvre la voie de la vie, s’ouvre la voie pour apprendre de Dieu un amour ardent pour Lui, pour son Eglise, c’est une charité concrète pour nos frères. Merci.

CALIXTE: ÉTYM. GRECQUE : DE KALLISTOS, LE PLUS BEAU.

13 octobre, 2014

http://goyet.free.fr/StCalixte.htm

CALIXTE: ÉTYM. GRECQUE : DE KALLISTOS, LE PLUS BEAU.

Calixte Ier, Saint (155-222), Pape et Martyr (217-222)
Romain, né vers 155 dans les quartiers du Transtévère, ancien esclave d’un chrétien, Calixte (ou Calliste) gère la banque de son ancien maître, celui qui l’a affranchi, à Rome, mais ses procédés pour renflouer la caisse et éviter la faillite le conduisent au tribunal où il est condamné aux mines de Sardaigne.
Libéré avec d’autres chrétiens grâce à l’intervention de Marcia, la maîtresse de l’empereur Commode, il revint à Rome vers 190, étudie la théologie, lit la Bible et porte secours aux chrétiens nécessiteux. Ordonné diacre, il est ensuite nommé conseiller principal du pape Zéphirin et chargé de l’organisation des cimetières chrétiens romains : C’est à lui que l’on doit la construction sous la voie Appienne, des Catacombes Sainte-Calixte, premier cimetière chrétien officiel où reposent les martyrs et tous les papes (sauf lui) ayant vécu au IIIe siècle.
Elu pape pour succéder à Zéphirin en 217, Calixte a le souci d’adapter l’Eglise aux conditions de son époque. Bon et indulgent par-dessus tout, il fait prévaloir, contre les rigoristes, l’usage d’admettre au sacrement de réconciliation tous les pécheurs sans exception, quelle que soit la gravité de leurs fautes. Il permet à des adultères repentants ainsi qu’aux anciens apostats, les lapsi (qui avaient renié leur foi sous la torture ou la menace) de recevoir la sainte communion. Il est dès lors l’objet de très vives attaques d’un grand théologien traditionaliste, Hippolyte, qui n’hésite pas à se dresser en antipape en se faisant élire par des dissidents. Calixte définit l’unité divine et la distinction entre le Père et le Fils. Il facilite aussi, malgré la loi civile en vigueur, les mariages entre femmes libres et esclaves. Il est assassiné au Transtévère au cours d’une émeute antichrétienne en l’an 222. Sa tombe sera retrouvée au cimetière Calépode, via Aurelia, à Rome, en 1961. 235.
Le pontificat de Calixte est très important, surtout de par sa politique d’indulgence et de pardon, face à la ligne d’extrême rigueur et de dureté d’Hippolyte. Calixte resta fidèle à la tradition de l’Eglise ancienne, mais l’adapta à son époque et à la société dans laquelle il vivait.

Catacombes de Saint Calixte
Le complexe de St. Calixte, entre le second et le troisième mille de la via Appia Antique, est constitué d’espaces de cimetières en surface, avec des annexes que l’on peut dater de la fin du IIè siècle après Jésus–Christ, à l’origine indépendant les uns des autres il furent ensuite reliés entre eux pour former un unique et très vaste ensemble de catacombes communautaires. L’ensemble a pris le nom du pape St. Calixte, martyr (217 – 222), celui–ci, avant son pontificat, fut nommé par le pape Zéphirin (199 – 217 ) à l’administration du cimetière. Ce cimetière était celui de l’Eglise de Rome, lieu de sépulture de nombreux pontifes et martyrs. Des nombreuses structures qui occupaient l’espace sur terre, il ne reste de visible actuellement que deux édifices funéraires en forme d’abside : La tricora orientale et celle occidentale. Cette dernière accueillait probablement les sépultures du pape Zéphirin et du martyr Tartisius. Une des plus anciennes et importante zone de la catacombe est celle des Papes et de Ste Cécile : le long d’une galerie de cette zone s’ouvrent les cubiculum dits « des sacrements » (premières décennies, IIIé siècle après Jésus–Christ), là figurent des peintures parmi les plus anciennes des catacombes. Dans une crypte de la zone furent enterrés presque tous les papes du IIIè siècle : Pontien, Anthère, Fabien, Lucius, Etienne, Sixte II, Denis, Félix et Eutichien. Près de la crypte des Papes se trouve celle de Ste. Cécile, à laquelle on attribue un culte surtout à l’époque du haut Moyen âge. Les autres zones des catacombes importantes sont : celle du pape Corneille (215–253), mort en exil à Civitavecchia, celle du pape St. Miltiade (311–314), celle des papes St. Caïus (283–296) et St. Eusèbe (309) et celle dénommée « libérienne », à cause des nombreuses inscriptions qui datent de l’époque du pape St. Libère (352–366)
Les Catacombes, comme on l’a souligné à plusieurs reprises, présentent une grande importance en rapport avec le Jubilé de l’an deux mille. Le retour aux origines, par le moyen des plus anciens cimetières imaginés par les premiers chrétiens, s’insère parfaitement dans le projet de la  » nouvelle évangélisation « , qui engage l’Eglise tout entière sur la route du troisième millénaire. Les Catacombes, tout en présentant le visage éloquent de la vie chrétienne des premiers siècles, constituent une permanente école de la foi, d’espérance et de charité. Elles parlent de la solidarité qui unissait les frères dans la foi : les offrandes de chacun permettaient la sépulture de tous les défunts, même des plus indigents qui ne pouvaient pas se permettre les frais d’acquisition et d’installation de leur tombe. Le terme même de coemeteria,  » dortoirs « , dit que les Catacombes étaient considérées de véritables lieux de repos communautaire, où tous les frères chrétiens, indépendamment de leur titre et de leur profession, dormaient dans une proximité large et solidaire, dans l’attente de la résurrection finale. Ce n’étaient pourtant pas des lieux tristes ; ils étaient décorés de fresques, de mosaïques et de sculptures, comme pour égayer les méandres obscurs et anticiper pars des images de fleurs, d’oiseaux et d’arbres la vision du paradis attendu à la fin des temps. La formule significative :  » in pace « , qui revient souvent sur les tombeaux des chrétiens, résume bien leur espérance. Beaucoup de tombeaux des martyrs sont encore gardés à l’intérieur des Catacombes et des générations de fidèles sont venus prier devant eux. Les pèlerins du Jubilé de l’an deux mille, eux aussi, se rendront au tombeaux des martyrs et, adressant leurs prières aux antique champions de la foi, ils tourneront leur pensée vers les  » nouveaux martyrs « , vers les chrétiens qui dans un passé récent et de nos jours encore, ont été et sont encore victimes de violence, d’injustices, d’incompréhension parce qu’ils veulent rester fidèles au Christ et à son Evangile. Dans le silence des Catacombes, le pèlerin de l’an deux mille peut retrouver ou raffermir sa propre identité religieuse par une sorte d’itinéraire spirituel qui, partant des premiers témoins de la foi, le mène jusqu’aux raisons et aux exigences de la nouvelle évangélisation « . ( L’Osservatore Romano 17 janvier 1998 )

Saint Calixte, Le seizième de nos papes (Article de Christiane MALLARMÉ dans  » Le Monde Chrétien  » Octobre 2001)
Il s’appelait Calixte et c’était un esclave chrétien qui devint – destinée exceptionnelle – le pape de l’indulgente bonté. On pense qu’il est né vers 155 et mort en 222 à Rome. Doté d’une très grande intelligence, son maître Carpophore, qui reconnaissait son habileté naturelle, lui avait donné à gérer une banque qui s’occupait de son propre argent et de celui d’autres chrétiens. Malheureusement, l’argent fut perdu, on ne sait comment, puis ce fut la faillite et, pour cette raison, Calixte fut condamné aux travaux forcés dans les mines de Sardaigne. La maîtresse de l’empereur Commode, Marcia, chrétienne de cœur, le connaissait et obtint sa grâce. Calixte se retira alors loin de Rome et alla s’établir à Autium où il vécut une dizaine d’années grâce à la pension que lui versait le pape Victor Ier (189-199). Il secourait les chrétiens dans le besoin et s’adonnait à l’étude des saintes écritures. Affranchi, Calixte (que certain appellent Calliste) fonda le cimetière chrétien sis sur la voie Appienne (cimetière connu aujourd’hui sous le nom de Saint Calliste). Ce cimetière contenait, entre autres, les corps de la plupart des évêques de Rome du IIIe siècle. Calixte devint ensuite l’archidiacre du pape saint Zéphyrin (199-217).
Celui-ci apprécia les talents de son protégé, se prit d’une grande amitié pour lui et même l’employa comme conseiller.
A la mort de Zéphyrin en 217, il ne fallait pas, pour gouverner l’Église, à une époque si tourmentée, un pasteur moins sage ni moins vaillant. Calixte fut élu pape et autorisa, à l’encontre de la loi civile, les mariages entre esclaves et personnes libres, et rendit le jeûne des Quatre-Temps, qui remontait aux apôtres, obligatoire dans toute l’Église. L’oraison disait :  » Chaque année, nous faisons pénitence à l’arrivée de chaque saison. Que les sacrifices de nos corps et de nos âmes vous soient agréables, Seigneur Jésus.  »
Hippolyte, talentueux Grec alexandrin érudit, un autre candidat, l’accusa d’être un mauvais pape parce qu’il accordait trop facilement le pardon aux pécheurs. En effet, la politique de Calixte était si indulgente qu’elle irritait les rigoristes : il admettait à la communion des meurtriers et les adultères repentants, conservait des évêques qui regrettaient sincèrement des péchés mortels, et assouplissait les normes d’entrée au catéchuménat. La controverse conduisit au schisme. Hippolyte, se déclara antipape.
De nombreuse conversions s’opérèrent sous le pontificat de saint Calixte. La persécution ayant éclaté, il se réfugia avec dix de ses prêtres dans la maison de Pontien. La maison fut bientôt envahie par des soldats qui reçurent des ordres leur défendant de laisser entrer des vivres. Pendant quatre jours, Calixte fut privé de toute nourriture mais le jeûne et la prière lui donnèrent des forces nouvelles. Le préfet, redoublant de cruauté, donna l’ordre de le frapper chaque matin à coups de bâton et de tuer quiconque essayerait de l’aider. Mais parmi les soldats qui veillaient à la garde de Calixte, il y avait un certain Privatus, qui soufrait beaucoup d’un ulcère. Il demanda sa guérison au saint qui lui dit :  » Si vous croyez de tout cœur en Jésus-Christ et recevez le baptême au nom de la sainte Trinité, vous serez guéri  » Aussitôt apres l’administration du baptême, le soldat fut guéri. Le préfet eut connaissance de cette conversion et fit fouetter à mort Privatus.
De la mort de Calixte, on ne connaît pas exactement les circonstances. Il semble avoir été tué dans une émeute, soit décapité, soit défenestré par des excités. Enterré sur la voie Aurélienne, il fut vénéré comme martyr à partir du IVe siècle. La plupart des informations le concernant viennent de son ennemi Hippolyte et d’un autre opposant, Tertullien, dont voici un texte ou il expose sa thèse avant de la réfuter :  » Mais, disent-ils, Dieu est bon, très bon. Il est compatissant, il aime à pardonner. Il faut donc que les enfants de Dieu soient, eux aussi, miséricordieux et pacifiques, qu’ils se pardonnent réciproquement, comme le Christ nous a pardonné, et que nous ne jugions pas de peur d’être jugés.  » D’une extrême habileté, d’une grande humanité, d’une foi ardente en Dieu, Calixte se heurta aux opinions de l’époque. Il est fêté le 14 octobre.

Saint Calixte Ier Pape et Martyr (+ 222) (Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.)
A la mort de saint Zéphirin, Calixte, Romain, fut élevé au Siège apostolique. Il ne fallait point, pour gouverner l’Église, à une époque si tourmentée, un pasteur moins sage ni moins vaillant. Il rendit le jeûne des Quatre-Temps, qui remontait aux Apôtres, obligatoire dans toute l’Église.
C’est sous son règne que l’on commença à bâtir des temples chrétiens, qui furent détruits dans les persécutions suivantes. Il fit creuser le cimetière souterrain de la voie Appienne, qui porte encore aujourd’hui son nom et qui renferme tant de précieux souvenirs, entre autres le tombeau de sainte Cécile, la crypte de plusieurs Papes, des peintures qui attestent la conformité de la foi primitive de l’Église avec sa foi actuelle.
De nombreuses conversions s’opérèrent sous le pontificat de saint Calixte. La persécution ayant éclaté, il se réfugia, avec dix de ses prêtres, dans la maison de Pontien. La maison fut bientôt enveloppée par des soldats qui reçurent la défense d’y laisser rentrer aucune espèce de vivres. Pendant quatre jours, le Pape Calixte fut privé de toute nourriture; mais le jeûne et la prière lui donnaient des forces nouvelles. Le préfet, redoublant de cruauté, donna l’ordre de frapper chaque matin le prisonnier à coups de bâton, et de tuer quiconque essayerait de pénétrer pendant la nuit dans sa maison.
Une nuit, le prêtre martyr Calépode, auquel Calixte avait fait donner une sépulture honorable, apparut au Pontife et lui dit: « Père, prenez courage, l’heure de la récompense approche; votre couronne sera proportionnée à vos souffrances. »
Parmi les soldats qui veillaient à la garde du prisonnier, il y avait un certain Privatus, qui souffrait beaucoup d’un ulcère; il demanda sa guérison à Calixte, qui lui dit: « Si vous croyez de tout coeur en Jésus-Christ et recevez le baptême au nom de la Sainte Trinité, vous serez guéri. – Je crois, reprit le soldat, je veux être baptisé, et je suis sûr que Dieu me guérira. » Aussitôt après l’administration du baptême, l’ulcère disparut sans laisser de trace. « Oui, s’écrie le nouveau chrétien, le Dieu de Calixte est le seul vrai Dieu; les idoles seront jetées aux flammes, et le Christ régnera éternellement! » Le préfet eut connaissance de cette conversion et fit fouetter Privatus jusqu’à la mort. Par son ordre, Calixte, une grosse pierre au cou, fut jeté de la fenêtre d’une maison dans un puits.

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