Archive pour la catégorie 'saints'

SAINT PACÔME LE GRAND – 9 MAI

8 mai, 2015

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1127/Saint-Pacome-le-Grand.html

SAINT PACÔME LE GRAND – 9 MAI

Fondateur du cénobitisme chrétien (✝ 346)

A 20 ans, l’égyptien Pacôme est enrôlé de force dans l’armée romaine. A Thèbes, alors qu’il se morfond dans une caserne où on l’a enfermé avec les autres conscrits récalcitrants, des chrétiens charitables viennent les visiter et leur apportent de quoi manger.
Une fois libéré, Pacôme se fait baptiser. Il se met au service des pauvres et des malades, puis obéit à l’appel de la solitude en se faisant ermite pendant sept ans.
Saint PacômeUn jour qu’il se trouve à Tabennesi dans le désert, une voix mystérieuse lui dit: « Pacôme, reste ici, bâtis un monastère. »
Une autre fois, un ange lui dit: « Pacôme, voici la volonté de Dieu: servir le genre humain et le réconcilier avec Dieu. »
Pacôme a compris: on ne se sauve pas tout seul. Il bâtit un monastère pour aider d’autres hommes à trouver Dieu. Les disciples y viendront petit à petit.
Ce premier essai de vie commune est un échec: on n’improvise pas une communauté. Pacôme en tirera la leçon et rédigera un règlement strict: « la Règle de saint Pacôme ». Il devient ainsi le père du monachisme communautaire ou cénobitique.
Le grand saint Athanase d’Alexandrie veut le faire prêtre. Par humilité, il refuse. Il continue à fonder et à multiplier les monastères chez les coptes de la Haute-Égypte.
Il mourut lors d’une épidémie qui frappa les couvents égyptiens en 346.
Saint Pacôme est fêté le 15 mai par les Eglises d’Orient.
Illustration: icône byzantine – Saint Pacôme recevant d’un ange la règle de son ordre.
En Thébaïde, l’an 347 ou 348, saint Pacôme, abbé. Soldat encore païen, témoin de la charité chrétienne envers les recrues de l’armée détenues, il en fut ému, se convertit à la vie chrétienne, reçut de l’anachorète Palémon l’habit monastique et, sept années plus tard, sur un avertissement divin, il édifia un grand nombre de monastères pour accueillir des frères, et écrivit une célèbre Règle des moines.

Martyrologe romain

LES INSTRUCTIONS SPIRITUELLES DE SAINT SÉRAPHIM DE SAROV

7 mai, 2015

http://www.pagesorthodoxes.net/saints/seraphim/seraphim-instructions.htm

LES INSTRUCTIONS SPIRITUELLES

DE SAINT SÉRAPHIM DE SAROV

Dieu
Dieu est un feu qui réchauffe et enflamme les coeurs et les entrailles. Si nous sentons dans nos coeurs le froid qui vient du démon – car le démon est froid – ayons recours au Seigneur et il viendra réchauffer notre coeur d’un amour parfait,non seulement envers lui, mais aussi envers le prochain. Et la froidure du démon fuira devant sa Face. Là où est Dieu, il n’y a aucun mal… Dieu nous montre son amour du genre humain non seulement quand nous faisons le bien, mais aussi quand nous l’offensons méritant sa colère…Ne dis pas que Dieu est juste, enseigne saint Isaac le Syrien… David l’appelait  » juste « , mais son Fils nous a montré qu’il est plutôt bon et miséricordieux. Où est sa Justice? Nous étions des pécheurs, et le Christ est mort pour nous (Homélie 90).

Des raisons pour lesquelles
le Christ est venu en ce monde

1) L’amour de Dieu pour le genre humain.  » Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle  » (Jn 3, 16).
2) Le rétablissement dans l’homme déchu de l’image divine et de la ressemblance à cette image, comme le chante de l’Église (Premier Canon de Noël, chant 1).
3) Le salut des âmes.  » Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui  » (Jn 3, 17).

De la foi
Avant tout, il faut croire en Dieu,  » car il existe et se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent  » (He 11, 6). La foi, selon saint Antioche, est le début de notre union à Dieu… La foi sans les oeuvres est morte (Jc 2, 26). Les oeuvres de la foi sont : l’amour, la paix, la longanimité, la miséricorde, l’humilité, le portement de croix et la vie selon l’Esprit. Seule une telle foi compte. Il ne peut pas y avoir de vraie foi sans oeuvres.

De l’espérance
Tous ceux qui espèrent fermement en Dieu sont élevés vers lui et illuminés par la clarté de la lumière éternelle. Si l’homme délaisse ses propres affaires pour l’amour de Dieu et pour faire le bien, sachant que Dieu ne l’abandonnera pas, son espérance est sage et vraie. Mais si l’homme s’occupe lui-même de ses affaires et se tourne vers Dieu seulement quand il lui arrive malheur et qu’il voit qu’il ne peut s’en sortir par ses propres moyens – un tel espoir est factice et vain. La véritable espérance cherche, avant tout, le Royaume de Dieu, persuadée que tout ce qui est nécessaire à la vie d’ici-bas sera accordé par surcroît. Le coeur ne peut être en paix avant d’avoir acquis cette espérance.

De l’amour de Dieu
Celui qui est arrivé à l’amour parfait de Dieu vit en ce monde comme s’il n’y vivait pas. Car il se considère comme étranger à ce qu’il voit, attendant avec patience l’invisible… Attiré vers Dieu, il n’aspire qu’à le contempler…

De quoi faut-il munir l’âme ?
- De la parole de Dieu, car la parole de Dieu, comme dit Grégoire le Théologien, est le pain des anges dont se nourrissent les âmes assoiffées de Dieu.
Il faut aussi munir l’âme de connaissances concernant l’Église : comment elle a été préservée depuis le début jusqu’à nos jours, ce qu’elle a eu à souffrir. Il faut savoir ceci non dans l’intention de gouverner les hommes, mais en cas de questions auxquelles on serait appelé à répondre. Mais surtout il faut le faire pour soi-même, afin d’acquérir la paix de l’âme, comme dit le Psalmiste :  » Paix à ceux qui aiment tes préceptes, Seigneur « , ou  » Grande paix pour les amants de ta loi  » (Ps 118, 165).

De la paix de l’âme
Il n’y a rien au-dessus de la paix en Christ, par laquelle sont détruits les assauts des esprits aériens et terrestres.  » Car ce n’est pas contre les adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes  » (Ep 6, 12). Un homme raisonnable dirige son esprit à l’intérieur et le fait descendre dans son coeur. Alors la grâce de Dieu l’illumine et il se trouve dans un état paisible et suprapaisible : paisible, car sa conscience est en paix ; suprapaisible, car au-dedans de lui il contemple la grâce du Saint-Esprit…
Peut-on ne pas se réjouir en voyant, avec nos yeux de chair, le soleil ? D’autant plus grande est notre joie quand notre esprit, avec l’oeil intérieur, voit le Christ, Soleil de Justice. Nous partageons alors la joie des anges. L’Apôtre a dit à ce sujet  » Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux  » (Ph 3, 20). Celui qui marche dans la paix, ramasse, comme avec une cuiller, les dons de la grâce. Les Pères, étant dans la paix et dans la grâce de Dieu, vivaient vieux. Quand un homme acquiert la paix, il peut déverser sur d’autres la lumière qui éclaire l’esprit… Mais il doit se souvenir des paroles du Seigneur :  » Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton oeil, et alors tu verras clair pour enlever la paille de l’oeil de ton frère  » (Mt 7, 5).
Cette paix, Notre Seigneur Jésus Christ l’a laissée à ses disciples avant sa mort comme un trésor inestimable en disant :  » Je vous laisse ma paix, je vous donne la paix  » (Jn 14, 27). L’Apôtre en parle aussi en ces termes :  » Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ  » (Ph 4, 7).Si l’homme ne méprise pas les biens de ce monde, il ne peut avoir la paix. La paix s’acquiert par des tribulations. Celui qui veut plaire à Dieu doit traverser beaucoup d’épreuves. Rien ne contribue plus à la paix intérieure que le silence et, si possible, la conversation incessante avec soi-même et rare avec les autres. Nous devons donc concentrer nos pensées, nos désirs et nos actions sur l’acquisition de la Paix de Dieu et crier incessamment avec l’Église :  » Seigneur ! Donne-nous la paix ! « 

Comment conserver la paix de l’âme ?
De toutes nos forces il faut s’appliquer à sauvegarder la paix de l’âme et à ne pas s’indigner quand les autres nous offensent. Il faut s’abstenir de toute colère et préserver l’intelligence et le coeur de tout mouvement inconsidéré. Un exemple de modération nous a été donné par Grégoire le Thaumaturge. Abordé, sur une place publique, par une femme de mauvaise vie qui lui demandait le prix de l’adultère qu’il aurait soi-disant commis avec elle, au lieu de se fâcher, il dit tranquillement à son ami : Donne-lui ce qu’elle demande. Ayant pris l’argent, la femme fut terrassée par un démon. Mais le saint chassa le démon par la prière.
S’il est impossible de ne pas s’indigner, il faut au moins retenir sa langue… Afin de sauvegarder la paix, il faut chasser la mélancolie et tâcher d’avoir l’esprit joyeux… Quand un homme ne peut suffire à ses besoins, il lui est difficile de vaincre le découragement. Mais ceci concerne les âmes faibles. Afin de sauvegarder la paix intérieure, il faut éviter de juger les autres. Il faut entrer en soi-même et se demander  » Où suis-je ? « Il faut éviter que nos sens, spécialement la vue, ne nous donnent des distractions : car les dons de la grâce n’appartiennent qu’à ceux qui prient et prennent soin de leur âme.

De la garde du coeur
Nous devons veiller à préserver notre coeur de pensées et d’impressions indécentes.  » Plus que sur toute chose, veille sur ton coeur, c’est de lui que jaillissent les sources de la vie  » (Pr 4, 23). Ainsi naît, dans le coeur, la pureté.  » Bienheureux les coeurs purs, car ils verront Dieu  » (Mt 5, 8).Ce qui est entré de bon dans le coeur, nous ne devons pas inutilement le répandre à l’extérieur : car ce qui a été amassé ne peut être à l’abri des ennemis visibles et invisibles que si nous le gardons, comme un trésor, au fond du coeur.
Le coeur, réchauffé par le feu divin, bouillonne quand il est plein d’eau vive. Si cette eau a été versée à l’extérieur, le coeur se refroidit et l’homme est comme gelé.

De la prière
Ceux qui ont décidé de vraiment servir Dieu doivent s’exercer a garder constamment son souvenir dans leur coeur et à prier incessamment Jésus Christ, répétant intérieurement : Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur… En agissant ainsi, et en se préservant des distractions, tout en gardant sa conscience en paix, on peut s’approcher de Dieu et s’unir à lui. Car, dit saint Isaac le Syrien, à part la prière ininterrompue, il n’y a pas d’autre moyen de s’approcher de Dieu (Homélie 69).
A l’église, il est bon de se tenir les yeux fermés, pour éviter les distractions ; on peut les ouvrir si l’on éprouve de la somnolence ; il faut alors porter son regard sur une icône ou sur un cierge allumé devant elle. Si pendant la prière notre esprit se dissipe, il faut s’humilier devant Dieu et demander pardon… car, comme dit saint Macaire  » l’ennemi n’aspire qu’à détourner notre pensée de Dieu, de sa crainte et de son amour  » (Homélie 2).
Lorsque l’intelligence et le coeur sont unis dans la prière et que l’âme n’est troublée par rien, alors le coeur s’emplit de chaleur spirituelle, et la lumière du Christ inonde de paix et de joie tout l’homme intérieur.

De la lumière du Christ
Afin de recevoir dans son coeur la lumière du Christ il faut, autant que possible, se détacher de tous les objets visibles. Ayant au préalable purifié l’âme par la contrition et les bonnes oeuvres, ayant, pleins de foi au Christ crucifié, fermé nos yeux de chair, plongeons notre esprit dans le coeur pour clamer le Nom de Notre Seigneur Jésus Christ ; alors, dans la mesure de son assiduité et de sa ferveur envers le Bien-Aimé, l’homme trouve dans le Nom invoqué consolation et douceur, ce qui l’incite à chercher une connaissance plus haute.
Quand par de tels exercices l’esprit s’est enraciné dans le coeur, alors la lumière de Christ vient briller à l’intérieur, illuminant l’âme de sa divine clarté, comme le dit le prophète Malachie :  » Mais pour vous qui craignez son Nom, le soleil de justice brillera, avec le salut dans ses rayons  » (Ml 3, 20). Cette lumière est aussi la vie, d’après la parole de l’Evangile :  » De tout être il était la vie, et la vie était la lumière de hommes  » (Jn 1, 4).
Quand l’homme contemple au-dedans de lui cette lumière éternelle, il oublie tout ce qui est charnel, s’oublie lui-même et voudrait se cacher au plus profond de la terre afin de ne pas être privé de ce bien unique – Dieu.

De l’attention
Celui qui suit la voie de l’attention ne doit pas se fier uniquement à son propre entendement, mais doit se référer aux Écritures et comparer les mouvements de son coeur, et sa vie, à la vie et à l’activité des ascètes qui l’ont précédé. Il est plus aisé ainsi de se préserver du Malin et de voir clairement la vérité.
L’esprit d’un homme attentif est comparable à une sentinelle veillant sur la Jérusalem intérieure. A son attention n’échappe ni  » le diable (qui) comme un lion rugissant, rôde cherchant qui dévorer  » (1 P 5, 8), ni ceux qui  » ajustent leur flèche à la corde pour viser dans l’ombre les coeurs droits  » (Ps 10, 2). Il suit l’enseignement de l’Apôtre Paul qui a dit :  » C’est pour cela qu’il vous faut endosser l’armure de Dieu, afin qu’au jour mauvais vous puissiez résister  » (Ep 6, 13).Celui qui suit cette voie ne doit pas faire attention aux bruits qui courent ni s’occuper des affaires d’autrui… mais prier le Seigneur :  » De mon mal secret, purifie-moi  » (Ps 18, 13).
Entre en toi-même et vois quelles passions se sont affaiblies en toi ; lesquelles se taisent, par suite de la guérison de ton âme ; lesquelles ont été anéanties et t’ont complètement quitté. Vois si une chair ferme et vivante commence à pousser sur l’ulcère de ton âme – cette chair vivante étant la paix intérieure. Vois aussi quelles passions restent encore – corporelles ou spirituelles ? Et comment réagit ton intelligence ? Entre-t-elle en guerre contre ces passions, ou fait-elle semblant de ne pas les voir ? Et de nouvelles passions ne se sont-elles pas formées ? En étant ainsi attentif, tu peux connaître la mesure de la santé de ton âme.

Extrait des Instructions spirituelles,
dans Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov,
Éditions Abbaye de Bellefontaine et Desclée de Brouwer, 1995.
Reproduit avec l’autorisation des Éditions Desclée de Brouwer.

 

BENOÎT XVI – CATHERINE DE SIENNE, 29 AVRIL

29 avril, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20101124.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 24 novembre 2010

CATHERINE DE SIENNE, 29 AVRIL

Chers frères et sœurs,

Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une femme qui a eu un rôle éminent dans l’histoire de l’Eglise. Il s’agit de sainte Catherine de Sienne. Le siècle auquel elle vécut — le XIVe — fut une époque tourmentée pour la vie de l’Eglise et de tout le tissu social en Italie et en Europe. Toutefois, même dans les moments de grandes difficultés, le Seigneur ne cesse de bénir son peuple, suscitant des saints et des saintes qui secouent les esprits et les cœurs provoquant la conversion et le renouveau. Catherine est l’une de celles-ci et, aujourd’hui encore, elle nous parle et nous incite à marcher avec courage vers la sainteté pour être toujours plus pleinement disciples du Seigneur.
Née à Sienne, en 1347, au sein d’une famille très nombreuse, elle mourut dans sa ville natale en 1380. A l’âge de 16 ans, poussée par une vision de saint Dominique, elle entra dans le Tiers Ordre dominicain, dans la branche féminine dite des Mantellate. En demeurant dans sa famille, elle confirma le vœu de virginité qu’elle avait fait en privé alors qu’elle était encore adolescente, et se consacra à la prière, à la pénitence et aux œuvres de charité, surtout au bénéfice des malades.
Lorsque la renommée de sa sainteté se diffusa, elle fut protagoniste d’une intense activité de conseil spirituel à l’égard de toutes les catégories de personnes: nobles et hommes politiques, artistes et personnes du peuple, personnes consacrées, ecclésiastiques, y compris le Pape Grégoire XI qui à cette époque, résidait à Avignon, et que Catherine exhorta de façon énergique et efficace à revenir à Rome. Elle voyagea beaucoup pour solliciter la réforme intérieure de l’Eglise et pour favoriser la paix entre les Etats: c’est pour cette raison également, que le vénérable Jean-Paul II voulut la déclarer co-patronne de l’Europe: pour que le Vieux continent n’oublie jamais les racines chrétiennes qui sont à la base de son chemin et continue de puiser à l’Evangile les valeurs fondamentales qui assurent la justice et la concorde.
Catherine souffrit beaucoup, comme de nombreux saints. Certains pensèrent même qu’il fallait se méfier d’elle, au point qu’en 1374, six ans avant sa mort, le chapitre général des Dominicains la convoqua à Florence pour l’interroger. Il mirent à ses côtés un frère cultivé et humble, Raymond de Capoue, futur maître général de l’Ordre. Devenu son confesseur et également son «fils spirituel», il écrivit une première biographie complète de la sainte. Elle fut canonisée en 1461.
La doctrine de Catherine, qui apprit à lire au prix de nombreuses difficultés et à écrire à l’âge adulte, est contenue dans le Dialogue de la Divine Providence, ou Livre de la Divine Doctrine, chef d’œuvre de la littérature spirituelle, dans ses Lettres, et dans le recueil de Prières. Son enseignement contient une telle richesse qu’en 1970, le Serviteur de Dieu Paul VI, la déclara Docteur de l’Eglise, titre qui s’ajoutait à celui de co-patronne de la ville de Rome, par volonté du bienheureux Pie IX, et de patronne d’Italie, selon la décision du vénérable Pie XII.
Dans une vision qui ne s’effaça plus jamais du cœur et de l’esprit de Catherine, la Vierge la présenta à Jésus, qui lui donna un anneau splendide, en lui disant: «Moi, ton créateur et sauveur, je t’épouse dans la foi, que tu conserveras toujours pure jusqu’à ce que tu célèbres avec moi tes noces éternelles» (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 115, Sienne, 1998). Cet anneau ne demeura visible qu’à elle seule. Dans cet épisode extraordinaire, nous percevons le sens vital de la religiosité de Catherine et de toute spiritualité authentique: le christocentrisme. Le Christ est pour elle comme l’époux, avec lequel existe un rapport d’intimité, de communion et de fidélité; il est le bien-aimé au-delà de tout autre bien.
Cette union profonde avec le Seigneur est illustrée par un autre épisode de la vie de cette éminente mystique: l’échange du cœur. Selon Raymond de Capoue, qui transmit les confidences reçues de Catherine, le Seigneur Jésus lui apparut tenant dans la main un cœur humain rouge resplendissant, lui ouvrit la poitrine, l’y introduisit et dit: «Ma très chère petite fille, de même qu’un jour j’ai pris le cœur que tu m’offrais, voici à présent que je te donne le mien, et désormais, il prendra la place qu’occupait le tien» (ibid.). Catherine a vécu véritablement les paroles de saint Paul: «Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi» (Ga 2, 20).
Comme la sainte de Sienne, chaque croyant ressent le besoin de s’uniformiser aux sentiments du Cœur du Christ pour aimer Dieu et son prochain, comme le Christ lui-même aime. Et nous pouvons tous laisser notre cœur se transformer et apprendre à aimer comme le Christ, dans une familiarité avec Lui nourrie par la prière, par la méditation sur la Parole de Dieu et par les Sacrements, en particulier en recevant fréquemment et avec dévotion la sainte communion. Catherine appartient elle aussi à ce groupe de saints eucharistiques, avec lesquels j’ai voulu conclure mon Exhortation apostolique Sacramentum caritatis (cf. n. 94). Chers frères et sœurs, l’Eucharistie est un don d’amour extraordinaire que Dieu nous renouvelle sans cesse pour nourrir notre chemin de foi, renforcer notre espérance, enflammer notre charité, pour nous rendre toujours plus semblables à Lui.
Autour d’une personnalité aussi forte et authentique commença à se constituer une véritable famille spirituelle. Il s’agissait de personnes fascinées par l’autorité morale de cette jeune femme dont la vie atteignait un niveau très élevé, et parfois impressionnées également par les phénomènes mystiques auxquels elles assistaient, comme les extases fréquentes. Beaucoup de gens se mirent à son service et considérèrent surtout comme un privilège d’être guidées spirituellement par Catherine. Ils l’appelaient «maman», car en tant que fils spirituels, ils puisaient en elle la nourriture de l’esprit.
Aujourd’hui aussi l’Eglise tire un grand bénéfice de l’exercice de la maternité spirituelle de nombreuses femmes, consacrées et laïques, qui nourrissent dans les âmes la pensée pour Dieu, qui renforcent la foi des personnes et qui orientent la vie chrétienne vers des sommets toujours plus élevés. «Je vous dis et je vous appelle mon fils — écrit Catherine en s’adressant à l’un de ses fils spirituels Giovanni Sabbatini —, dans la mesure où je vous mets au monde par des prières incessantes et mon désir auprès de Dieu, comme une mère met son fils au monde» (Recueil de lettres, Lettre n. 141: A dom Giovanni de’ Sabbatini). Elle avait l’habitude de s’adresser au frère dominicain Bartolomeo de Dominici par ces mots: «Bien-aimé et très cher frère et fils dans le doux Christ Jésus».
Un autre trait de la spiritualité de Catherine est lié au don des larmes. Celles-ci expriment une extrême et profonde sensibilité, la capacité à s’émouvoir et à éprouver de la tendresse. De nombreux saints ont eu le don des larmes, renouvelant l’émotion de Jésus lui-même, qui n’a pas retenu et caché ses pleurs devant le sépulcre de son ami Lazare et la douleur de Marie et de Marthe, et à la vue de Jérusalem, au cours de ses derniers jours terrestres. Selon Catherine, les larmes des saints se mélangent au Sang du Christ, dont elle a parlé avec un ton vibrant et des images symboliques très efficaces: «Rappelez-vous du Christ crucifié, Dieu et homme (…) Donnez-vous pour objet le Christ crucifié, cachez-vous dans les plaies du Christ crucifié, noyez-vous dans le sang du Christ crucifié» (Recueil de lettres, Lettre n. 21; A une personne que l’on ne nomme pas).
Nous pouvons ici comprendre pourquoi Catherine, bien que consciente des fautes humaines des prêtres, ait toujours éprouvé un très grand respect pour eux: ces derniers dispensent, à travers les sacrements et la Parole, la force salvifique du Sang du Christ. La sainte de Sienne a toujours invité les saints ministres, et également le Pape, qu’elle appelait «doux Christ de la terre», à être fidèles à leurs responsabilités, toujours et seulement animée par son amour profond et constant pour l’Eglise. Avant de mourir, elle dit: «Alors que je quitte mon corps, moi en vérité j’ai consommé et donné ma vie dans l’Eglise et pour la Sainte Eglise, ce qui m’est une grâce très particulière» (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 363).
Nous apprenons donc de sainte Catherine la science la plus sublime: connaître et aimer Jésus Christ et son Eglise. Dans le Dialogue de la Divine Providence celle-ci, à travers une image singulière, décrit le Christ comme un pont lancé entre le ciel et la terre. Celui-ci est formé de trois marches constituées par les pieds, par le côté et par la bouche de Jésus. En s’élevant grâce à ces marches, l’âme passe à travers les trois étapes de chaque voie de sanctification: le détachement du péché, la pratique de la vertu et de l’amour, l’union douce et affectueuse avec Dieu.
Chers frères et sœurs, apprenons de sainte Catherine à aimer avec courage, de manière intense et sincère, le Christ et l’Eglise. Faisons donc nôtres les paroles de sainte Catherine que nous lisons dans le Dialogue de la Divine Providence, en conclusion du chapitre qui parle du Christ-pont: «Par miséricorde, tu nous as lavés dans le Sang, par miséricorde, tu voulus converser avec les créatures. O fou d’amour! Il ne t’a pas suffi de t’incarner, mais tu voulus aussi mourir! (…) O miséricorde! Mon cœur étouffe en pensant à toi: car où que je me tourne, je ne trouve que miséricorde» (chap. 30). Merci.

* * *

Chers amis, puisse sainte Catherine de Sienne nous apprendre ainsi la science la plus sublime: aimer avec courage intensément et sincèrement Jésus Christ et aimer l’Eglise! Je salue cordialement les pèlerins francophones: bon séjour à tous!

 

SAINT PATRICK, PRIÈRE

16 mars, 2015

http://apprr.catholique.fr/spip.php?article413

SAINT PATRICK, PRIÈRE

J’avance sur ma route avec la force de Dieu pour me protéger,
La sagesse de Dieu pour me diriger,
L’oeil de Dieu pour me guider,
L’oreille de Dieu témoin de mon langage.

Que la parole de Dieu soit sur mes lèvres,Que la main de Dieu me garde,
Que le chemin qui mène à Dieu s’étende devant moi,
Que le bouclier de Dieu me protège,
Que l’armée invisible de Dieu me sauve de toutes les embûches
du démon, de tout vice qui pourrait me réduire en esclavage et de tous
ceux qui me veulent du mal, au cours de mon rapide ou long voyage,
seul ou avec la multitude.

Que le Christ sur ma route me garde de la prison, me garde du feu,
de la noyade ou de la blessure provoquée par la colère de l’ennemi,
afin qu’une moisson fructueuse puisse accompagner ma mission.

Christ devant moi, Christ derrière moi,Christ sous moi, Christ sur moi,
Christ en moi et à mes côtés,Christ autour et alentour,
Christ à ma gauche et à ma droite,
Christ avec moi le matin, avec moi le soir,
Christ dans chaque coeur qui pensera à moi,
Christ sur chaque lèvre qui parlera de moi,
Christ sur chaque regard qui se posera sur moi,
Christ dans chaque oreille qui m’écoutera.

Sur ma route me conduisant vers le roi d’Irlande et sa colère,
j’invoque le pouvoir de la Trinité Sainte, par ma foi dans la Triade,
par ma foi dans le Père, dans la divinité éternelle du Créateur

LE 17 MARS, MÉMOIRE DE SAINT PATRICK, EVÊQUE ET ILLUMINATEUR DE L’IRLANDE

16 mars, 2015

http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsmars/mars17bis.html

LE 17 MARS, MÉMOIRE DE SAINT PATRICK, EVÊQUE ET ILLUMINATEUR DE L’IRLANDE

St Patrick Cet apôtre de l’extrême Occident naquit en Grande-Bretagne vers l’an 383, au sein d’une famille celte romanisée et depuis longtemps chrétienne. Fils de prêtre, son père, Calpurnius, était Diacre et avait en même temps la charge de décurion1. Il possédait un domaine (villa) prospère et laissa son fils passer ses premières années dans la frivolité, sans grand souci des choses de Dieu. Lorsque Patrick eut seize ans, il fut capturé, avec de nombreux autres habitants de la région, par des pirates et vendu en Irlande à un propriétaire terrien qui lui assigna la garde de ses troupeaux dans la montagne. Les rigueurs de l’exil en cette terre étrangère et presque entièrement adonnée au paganisme, et le contact avec la nature tournèrent son coeur vers Dieu, et il commença à mener une vie de pénitence, passant ses jours et la plus grande partie de ses nuits dans la prière, à genoux sur la terre gelée ou détrempée par les pluies, sans en ressentir aucune gêne, tant son âme était remplie de divines consolations.
Au bout de six années de cette captivité qui était devenue paradis de délices, il entendit une nuit une voix qui lui disait : « Tu as bien fait de jeûner et de prier, Dieu a entendu ta prière, va maintenant, retourne dans ta patrie, ton bateau est prêt! » Plein de confiance, il prit alors la fuite et, marchant au hasard pendant plus de 320 kilomètres, il parvint à un port et s’embarqua sur un bateau de marchands païens. Au bout de trois jours, ils débarquèrent sur une terre déserte et inconnue22 et se mirent en marche, à la recherche d’une habitation. Ils errèrent pendant près d’un mois en proie à la faim, et finalement demandèrent à Patrick d’intercéder auprès de son Dieu pour les sauver. Dès que le jeune chrétien éleva les mains, un troupeau de porcs apparut et les hommes purent en abattre pour se rassasier. Après diverses tribulations, Patrick parvint à regagner sa patrie, où il fut de nouveau enlevé par des pirates, mais il retrouva la liberté au bout de deux mois, conformément à une prédiction qu’il avait reçue.
Ayant regagné la demeure familiale, il eut une nouvelle vision un personnage céleste du nom de Victorius se présenta devant lui en montrant un paquet de lettres. Ouvrant la première, il lut : « Voix de l’Irlande! Saint garçon, nous te prions de venir encore marcher parmi nous. » Et il crut alors entendre la voix des hommes de la forêt de Foclut, où il avait passé ses années de captivité. Ressentant en lui l’appel de Dieu, il décida de se préparer à évangéliser ces barbares, après avoir complété au préalable sa formation ecclésiastique négligée dans sa jeunesse. Il se rendit alors en Gaule, séjourna dans divers centres monastiques, en particulier à Lérins, et demeura pendant près de quinze ans à Auxerre pour suivre l’enseignement de Saint Germain (cf. 31 juillet), qui l’ordonna Diacre.
Lorsque Saint Germain revint de sa mission en Angleterre où il avait lutté contre les hérétiques pélagiens (429), il ramena des nouvelles sur le grand besoin de missionnaires pour la terre d’Irlande. Saint Pallade3, Diacre de Rome, fut alors consacré Evêque par le Pape Célestin 1er(431) dans le but de gouverner et d’organiser les Chrétiens dispersés d’Irlande. Mais celui-ci se heurta immédiatement à de grandes difficultés, il fonda seulement trois Eglises et fut surpris par la mort au bout de quelques mois. Saint Patrick reçut alors la consécration épiscopale des mains de Saint Germain, avec mission d’évangéliser les barbares d’Irlande. Il était en effet bien préparé à cette tâche, non seulement par l’appel de Dieu, mais aussi parce qu’il connaissait bien la langue et les moeurs de ces peuplades. Se souvenant de ses péchés de jeunesse, il hésita à accepter l’Ordination, mais une nouvelle vision vint lui confirmer que telle était la volonté du Seigneur.
A la tête d’une petite troupe de Clercs, il débarqua dans l’île, à ]`endroit même où Saint Pallade était lui aussi arrivé, et il se rendit sans tarder à une grande assemblée que tenaient périodiquement les chefs de clans. Il prêcha intrépidement le Christ devant ces farouches guerriers et parvint à en convertir quelques-uns, obtenant ainsi la conversion de leurs peuples, et des terrains pour y fonder des Eglises et des Monastères. Il parcourut toute l’Irlande, surtout dans sa partie nord, proclamant infatigablement la parole de Dieu, en s’adressant de préférence d’abord aux chefs de clans et aux rois locaux. C’est ainsi qu’il put convertir les rois de Dublin, de Munster et les sept fils du roi de Connaught. Il se heurtait partout à l’opposition des druides, qui usaient contre l’Apôtre de leurs sortilèges magiques, mais par la puissance de Dieu, Patrick les réduisait à limpuissance et il en convertit même certains qui devinrent des Prêtres pieux et zélés pour l’évangélisation de leurs frères. Après avoir prêché dans le royaume d’Oriel, il fonda un Monastère à Armagh, qui fut le centre de ses voyages missionnaires et devint par la suite le siège archiépiscopal de l’Irlande. Affrontant violences, menaces et dangers de toutes sortes dans un mépris complet de lui-même et sans faire aucun cas de ses capacités personnelles, Patrick traversait ces terres inhospitalières en laissant Dieu parler par son intermédiaire. Bien qu’il dédaignât les artifices de l’éloquence, sa parole, tout imprégnée de références et de citations de l’Ecriture Sainte, avait une force divine pour amener au Christ non seulement le peuple mais aussi les bardes qui, se faisant moines, mirent au service de l’Evangile leurs talents poétiques et composèrent des hymnes si belles que les Anges se penchaient, dit-on, du haut du Ciel pour les écouter. Ordonnant Prêtres et Evêques, Saint Patrick organisa la nouvelle Eglise, en respectant avec sagesse les caractères originaux du peuple irlandais. Ses Evêques n’avaient pas en général leur siège dans les cités mais dans les monastères, lesquels connurent dans les générations suivantes un essor considérable et firent de l’Irlande une nouvelle Thébaïde, d’où sortirent quantité de moines, hardis missionnaires et voyageurs infatigables, qui contribuèrent grandement à la ré-évangélisation de l’Europe après les invasions barbares4.
Qu’il soit en séjour dans un de ces monastères-évêchés ou en voyage, Saint Patrick ne manquait jamais à l’accomplissement de sa règle quotidienne de prière, qui consistait en la récitation complète du Psautier, avec tous les Cantiques de l’Ancien Testament et d’autres textes inspirés comme l’Apocalypse de Saint Jean. Il faisait cent fois le signe de croix à chaque heure du jour, et quand il rencontrait une croix sur son chemin, il descendait de son char pour se prosterner devant elle. Dans ces tournées missionnaires, il faillit plus d’une fois être tué par ses opposants, mais l’Ange de son Eglise le tirait du danger pour le profit des fidèles. Lui qui avait connu les souffrances de la servitude, il se faisait le défenseur des populations en proie aux incursions des pirates, et il excommunia Coroticus, le chef d’une horde bretonne, qui, débarquant au milieu d’une peuplade baptisée la veille, avait massacré plusieurs néophytes et en avait capturé d’autres pour les vendre en esclaves. Quelques mois après Coroticus, qui avait refusé de se repentir, fut frappé d’aliénation mentale et mourut dans le désespoir.
Parvenu à l’âge de quatre-vingts ans, Saint Patrick se retirant un peu au bout de trente années d’épiscopat, écrivait dans sa Confession « Je le confesse à mon Seigneur et je ne rougis pas en Sa présence depuis que je L’ai connu dans ma jeunesse, l’amour de Dieu a grandi en moi, et jusqu’à présent, par la grâce du Seigneur, j’ai gardé la Foi ( … ). Lui qui a si souvent pardonné ma sottise et ma négligence pour répondre à ce que l’Esprit m’inspirait, a eu pitié de moi en faveur de milliers et de milliers d’hommes, parce qu’Il voyait que je Lui étais disponible. Plaise à Dieu que mes fils me dépassent en oeuvres plus élevées et en fruits de salut ! Ce sera ma gloire, car « un fils sage est la gloire de son père » (Prov. 10:1). Mes bien-aimés, c’est vous et non vos richesses que j’ai recherchés. Ce qui m’avait été donné gratuitement, je l’ai distribué de même. A vous vos biens, à moi les fatigues et les dangers, et je suis allé vers vous et partout à cause de vous, même jusqu’aux régions où. nul n’était jamais venu baptiser. Par la grâce de Dieu, j’ai tout accompli avec vigilance et de grand coeur pour votre salut ( … ). Le Christ Seigneur fut pauvre pour nous, et moi, pauvre et malheureux, je m’attends chaque jour à être assassiné, pris au piège ou réduit en servitude; mais, à cause des promesses du ciel, je ne redoute rien de tout cela, me jetant moi-même dans les mains de Dieu tout-puissant qui m’a choisi pour cette mission (…). Comment Lui rendrais-je tous Ses bienfaits envers moi? et s’il m’est arrivé de réaliser quelque oeuvre bonne pour mon Dieu que j’aime, que nul ne dise que c’est l’ignorant que je suis qui l’a faite, mais que ce fut un don de Dieu. Je Lui demande de m’accorder de verser mon sang pour Son Nom, dussé-je être privé de sépulture et que mon cadavre, déchiré en lambeaux, fût abandonné en pâture aux oiseaux de proie et aux bêtes féroces »5.
Avant son repos, qui lui avait été annoncé par Dieu, Patrick entreprit une dernière tournée d’inspection. Apercevant au bord du chemin un buisson qui brûlait sans se consumer, il s’approcha et entendit un Ange qui lui annonçait, entre autres promesses, qu’il devrait juger le peuple irlandais au dernier jour. Il retourna à Saul, en Uldie, et s »endormit en paix, accompagné par les hymnes des Armées célestes, le 17 mars 461. On plaça ensuite son corps sur un char traîné par deux boeufs sauvages qui s’arrêtèrent dans un endroit où l’on creusa sa sépulture et qui fut appelé par la suite Down-Patrick6
L’Irlande devenue, grâce aux labeurs de Saint Patrick, l’île des saints, le vénère avec ferveur comme son principal protecteur et lui a consacré plus de deux cents églises. Son culte se répandit aussi largement dans tout l’Occident.

1. Membre de l’administration locale responsable de la perception des impôts.
2. Selon certains il s’agirait d’une région de Gaule récemment dévastée par les barbares. selon d’autres plus probablement d’une région de Grande-Bretagne.
3. Mémoire le 6 juillet.
4. Cf. en particulier les notices de St Columba d’lona (9 juin) et de St Colomban de Luxeuil (21 nov.).
5. St Patrick, Confession, 44-59 (SC 249, 118-128).
6. Une tradition irlandaise rapporte que peu avant son repos le Saint visita Sainte Brigitte (cf. le1er fév.) et lui demanda de tisser le linceul dans lequel il fut inhumé.

7 MARS – SAINTES FÉLICITÉ & PERPÉTUE, BIOGRAPHIE

6 mars, 2015

http://missel.free.fr/Sanctoral/03/07.php

7 MARS – SAINTES FÉLICITÉ & PERPÉTUE

BIOGRAPHIE

Lors de la persécution ordonnée par Septime-Sévère[1], Perpétue et Félicité furent arrêtée à Thuburbo, ville épiscopale de la Proconsulaire (aujourd’hui Tebourba, en Tunisie). Perpétue, âgée de vingt-deux ans, était patricienne ; elle était encore catéchumène et mère d’un tout jeune enfant. Félicité qui était esclave, était enceinte et elle accoucha d’une fille dans la maison. Malgré les supplications de son père qui l’implore de se soumettrez et malgré son angoisse d’avoir à priver son enfant de sa mère, Perpétue demeure ferme jusqu’au bout. Perpétue et Félicité sont martyrisées dans l’amphithéatrum Castrense de Carthage, le 7 mars 303, avec Saturus, Satuminus, Revocatus et Secundulus.
« Le jour se leva, où les martyrs allaient remporter la victoire, et ils sortirent de la prison pour s’avancer vers l’amphithéâtre comme s’ils allaient au ciel. Ils avaient des visages gais et radieux, et s’ils tremblaient, c’était de joie, non de peur. Perpétue, la première, fut frappée par les cornes d’une vache furieuse et tomba à la renverse. Puis elle se releva et voyant que Félicité avait été précipitée sur le sol, elle s’approcha, la prit par la main et l’aida à se redresser. Toutes deux demeurèrent debout. La cruauté du peuple s’apaisa et on les fit sortir par la porte des Vivants. Là, Perpétue fut accueillie par un certain Rustique, alors catéchumène qui était à son service et, comme si elle sortait du sommeil (tellement elle avait été ravie en extase), elle se mit à regarder autour d’elle et dit, à la surprise de tous : ‘ Quand donc serons-nous exposés à cette vache dont on parle ? ’ Et quand elle apprit que cela avait déjà eu lieu, elle ne le crut pas avant d’avoir reconnu sur son corps et sur ses vêtements les marques des coups. Alors, après avoir appelé son frère et ce catéchumène, elle les exhorta ainsi : ‘ Demeurez fermes dans la foi, aimez vous tous les uns les autres, et ne soyez pas ébranlés par nos souffrances ’. De même, Saturus, à une autre porte, s’adressait ainsi au soldat Pudens : ‘Finalement, comme je l’avais pensé et annoncé par avance, je n’ai vraiment rien souffert d’aucune bête jusqu’ici. Et maintenant, crois de tout ton coeur: voici que je vais au-devant du léopard, et par une seule de ses morsures je parviens au but ’. Et aussitôt, à la fin du spectacle, il fut livré à un léopard. A la première morsure, il fut tellement inondé de sang que le peuple, lorsqu’il revint, cria, comme si l’on était aux bains : ‘ Baigne-toi et bonne santé ! Baigne-toi et bonne santé ! ’ Ce cri témoignait qu’il avait reçu le second baptême, celui du sang. Et, certes, après un tel bain, il avait trouvé le salut. Alors il dit au soldat Pudens : ‘ Adieu, garde mon souvenir et garde la foi. Que tout cela, au lieu de t’ébranler, te fortifie ’. En même temps il lui demanda l’anneau qu’il portait au doigt et, après l’avoir plongé dans sa blessure, il le lui remit en héritage, lui laissant cette relique, ce mémorial de son sang. Puis, comme il est inanimé, on le jette avec les autres dans le local où l’on devait les égorger. Mais, comme le peuple les réclamait au milieu de l’arène pour être témoin oculaire de leur mise à mort en voyant l’épée s’enfoncer dans leurs corps, ils se levèrent d’eux-mêmes et se portèrent à l’endroit voulu par le peuple. Mais d’abord ils s’embrassèrent pour achever la célébration de leur martyre par le rite du baiser de paix. Tous reçurent le coup d’épée, immobiles et silencieux; en particulier Saturus qui rendit l’esprit le premier, lui qui était monté le premier à l’échelle de la vision de Perpétue, pour attendre celle-ci. Perpétue, quant à elle, devait faire l’expérience de la douleur: frappée entre les côtes, elle poussa un grand cri ; puis, comme la main du gladiateur débutant hésitait, elle la poussa elle-même sur sa gorge. Sans doute une telle femme ne pouvait-elle être mise à mort autrement, elle qui faisait peur à l’esprit mauvais: il fallait qu’elle-même le veuille ».
De temps immémorial les saintes Félicité et sainte Perpétue (citées au canon de la messe, première prière eucharistique) étaient honorées le 7 mars sous le rite simple ; en 1901, saint Pie X éleva leur fête au rite double et la fixa au 6 mars. Paul VI remit leur fête au 7 mars.

[1] Sous Septime Sévère (193-211), fondateur de la dynastie syrienne, s’annonce pour le christianisme une phase de développement inexorable. Des chrétiens occupent à la cour des positions influentes. Dans la dixième année de règne (202), l’Empereur change radicalement de position : un édit prescrit de graves peines pour ceux qui se convertissent au judaïsme et à la religion chrétienne. On ne peut comprendre le changement soudain de l’empereur que si on pense qu’il s’est rendu compte que les chrétiens s’unissent toujours plus fortement en une société religieuse universelle et organisée, dotée d’une grande capacité intime d’opposition qui, en vertu de la raison d’État, lui semble suspecte. Les dommages les plus importants seront encourus par Alexandrie et les communautés chrétiennes d’Afrique.

ST BERNARD : 107E SERMON SUR LES SENTIMENTS QU’IL FAUT AVOIR DANS LA PRIÈRE

11 février, 2015

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/bernard-priere.htm

ST BERNARD : 107E SERMON SUR LES SENTIMENTS QU’IL FAUT AVOIR DANS LA PRIÈRE

1. Il doit en être du pécheur par rapport à son Créateur, comme du malade par rapport à son médecin, et tout pécheur doit prier Dieu comme un malade prie son médecin. Mais la prière du pécheur rencontre deux obstacles, l’excès ou l’absence de lumière. Celui qui ne voit ni ne confesse point ses péchés est privé de toute lumière; au contraire celui qui les voit, mais si grands qu’il désespère du pardon, est offusqué par un excès de lumière : ni l’un ni l’autre ne prient. Que faire donc ? Il faut tempérer la lumière, afin que le pécheur voie ses péchés, les confesse, et prie pour eux afin d’en obtenir la rémission. Il faut donc d’abord qu’il prie avec un sentiment de confusion, c’est ce qui a lieu quand le pécheur n’ose point encore s’approcher lui-même de Dieu et cherche quelque homme saint, quelque saint pauvre d’esprit qui soit comme la frange du manteau du Seigneur, et par qui il puisse s’approcher de lui. Nous avons un exemple de cette sorte de prière, dans cette femme de l’Évangile qui souffrait d’un flux de sang: dans son désir d’être guérie, elle s’approche et se disait en elle-même : « Si je touche la frange de son vêtement, je serai sauvée. » (Matt. IX, 23). La seconde sorte de prière est celle qui se fait avec une affection pure ; c’est ce qui a lieu quand le pécheur s’approche lui-même enfin, et confesse ses péchés de sa propre bouche. La pécheresse qui lavait de ses larmes les pieds du Seigneur, et les essuyait des cheveux de sa tête, et dont le Sauveur a dit « beaucoup de péchés lui sont remis parce que elle a beaucoup aimé. » (Luc. VII, 47), nous a laissé un exemple de cette prière. La troisième se fait avec une ample effusion de sentiments ; c’est quand celui qui avait commencé par prier pour lui-même, prie enfin pour les autres. Voilà comment les apôtres ont prié pour la Chananéenne qui priait elle-même pour sa fille. « Seigneur, disaient-ils, accordez-lui ce qu’elle demande, afin qu’elle s’en aille, car elle crie après nous. » (Matt. XV, 23). La quatrième sorte de prière est celle qui part d’un coeur pur sans hésitation, avec action de grâces, et dans un sentiment plein de dévotion. Telle fut la prière que fit le Seigneur quand il ressuscita Lazare depuis quatre jours au tombeau : il dit en effet : « Je vous rends grâce mon Père de ce que vous m’avez écouté. » (Jean XI, 41). Telles sont aussi les prières que l’Apôtre veut que nous fassions fréquemment quand il dit : « Priez sans cesse, et rendez grâce en toute chose. » (I Thess. V, 17). C’est de ces quatre sortes de prières, je veux dire de la prière humble, et de la pure, de la prière ample et de la dévote qu’il nous parle quand il nous excite en ces termes à prier : « Je vous conjure, avant tout, de faire des supplications, des prières, des demandes et des actions de grâces. » (I Tim. II, 1). En effet, les supplications se font dans un sentiment d’humilité, les prières dans un sentiment de pureté, les demandes se font dans un sentiment d’effusion, et les actions de grâces dans un sentiment de dévotion.
2. Je vous ai parlé des différents genres d’affections et de prières, il faut que je vous parle aussi de la pureté de la prière. Et d’abord, il me semble qu’il y a trois choses nécessaires pour donner à la prière une direction ferme. En effet, celui qui prie doit considérer ce qu’il demande dans la prière, quel est celui qu’il prie et quel il est, lui qui prie. Or, dans l’objet de sa prière il a deux choses à observer, en premier lieu, de ne demander rien qui ne soit selon Dieu, et en second lieu, désirer avec la plus grande ardeur de sentiment ce qu’il demande. Prenons un exemple : demander la mort d’un ennemi, le mal ou la ruine du prochain, ce n’est point faire une prière qui soit selon Dieu, puisque lui-même vous fait cette recommandation : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous calomnient. » (Luc. VI, 27). Mais si nous demandons la rémission de nos péchés, la grâce du Saint-Esprit, la vertu et la sagesse, la foi et la vérité, la justice et l’humilité, la patience, la douceur et tous les autres dons spirituels, si, dis-je, c’est là ce que nous avons en pensée et l’objet de nos plus ardents désirs, notre prière est bien selon Dieu, et mérite par dessus tout d’être exaucée. Voilà certainement la prière dont Dieu parle quand il dit par la bouche d’Isaïe : « Avant qu’ils crient je les exaucerai ; et lorsqu’ils parleront encore j’exaucerai leurs prières. (Is. LXV, 24). Il y a d’autres choses encore qui, lorsqu’elles nous font défaut, nous sont accordées de Dieu et peuvent être ou n’être point selon Dieu, d’après la fin à laquelle nous les rapportons. Telle est la santé du corps, l’argent, et l’abondance des autres choses semblables. Toutes ces choses-là viennent bien de Dieu, néanmoins, il n’en faut pas faire trop de cas ni les posséder avec trop d’attachement. De même, il y a deux choses aussi à considérer dans celui que nous prions, sa bonté et sa majesté : sa bonté par laquelle il veut gratuitement, et sa majesté par laquelle il peut sans peine donner ce qu’on lui demande. Quant à celui qui prie, il a aussi deux choses à considérer par rapport à lui, c’est qu’il ne mérite point d’être exaucé par lui-même, et qu’il n’a d’espoir d’obtenir ce qu’il demande que de la miséricorde de Dieu. C’est enfin avoir un coeur pur que d’avoir présentes à l’esprit les trois choses dont je viens de parler et de la manière que je l’ai dit. Mais celui qui prie avec cette pureté et cette intention du coeur est sûr d’être exaucé, car, selon ce que dit saint Pierre : « Dieu ne fait acception de personne, mais en toute nation, celui qui le craint et dont les oeuvres sont justes, lui est agréable » (Act. X, 34).
Comment le monde peut-il être sauvé s’il oublie la prière ? Si l’homme ne se reconnaît plus créature d’un Créateur, si l’homme ne se reconnaît plus aimé d’un amour fou par Celui de qui vient tout Amour ? L’Eglise trop souvent se vit maintenant à travers des structures considérées comme indispensables, dans la détresse de l’organisation, alors qu’on ne demande que la prière à ceux qui sont chrétiens ! Prière de chaque instant, prière que nous ne savons pas formuler, mais pour laquelle il ne s’agit pas tant de remuer les lèvres que de laisser prier en nous l’Esprit qui pousse des gémissements ineffables ; prière qui s’épanche comme un chant d’Amour pour nos frères, pour nos proches, et même pour ces plus lointains que de jour en jour nous rencontrons et qui n’attendent qu’un signe pour vivre !
Certes si l’Amour parfois semble naître de la prière (et c’est heureux !), n’oublions pas que toute prière vient de l’Amour reçu, que tout Amour se prolonge en action de grâce… Celui qui est premier, c’est Dieu et c’est lui qui nous a aimé le premier, mais cet Amour accueilli devient puissance d’Amour et se répand ensuite sur ceux qui n’ont jamais entendu parler de Dieu et peut-être même qui n’ont pas vraiment connu l’amour. L’action de grâce est, selon les temps et les moments, Amour brûlant ou prière… et c’est la même chose ! L’homme tente toujours de distinguer, de séparer par l’analyse ce qu’il ne comprend pas. En Dieu il n’y a pas de séparation et si Dieu est vraiment en moi, s’il est venu y faire sa demeure, j’aime quand je prie et je prie quand j’aime… St Paul le redit, l’Amour ne passera jamais (1 Co, 13)…
Lorsque Dieu sera tout en tous, la foi et l’espérance passeront : vivant de la vie même de Dieu, nous n’aurons plus besoin de la foi et de l’espérance, nous n’aurons plus à croire et à attendre, nous n’aurons plus qu’à aimer.
Pour lors, dans notre monde si souvent marqué par la souffrance, l’Eglise avance tant qu’il y a des croyants pour prier quelque part dans le monde ; l’Eglise visible peut être réduite à très peu de chose comme se plaisent à le signaler les médias qui ne s’attachent guère à l’invisible ! Mais l’Eglise est là, petitement, invisiblement, partout où de coeurs assoiffés monte un chant vers le Père, chaque fois que dans le silence et souvent dans la solitude se vit l’élan du plus grand Amour.

21 JANVIER : SAINTE AGNÈS DE ROME – Martyre († v. 304)

20 janvier, 2015

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/471/Sainte-Agnes-de-Rome.html

21 JANVIER : SAINTE AGNÈS DE ROME

Martyre († v. 304)

Il est certain qu’il y eut à Rome vers cette date, une fillette de treize ans qui mourut volontairement pour la foi en Jésus-Christ. La nouvelle s’en répandit très vite chez les chrétiens de l’Empire. On s’indigna de la cruauté des bourreaux, on s’apitoya sur la jeune victime, dont le nom se perdit au fur et mesure que la distance était lointaine de Rome. Et comme on ne savait pas exactement son nom, elle est devenue Agnès(*). Sainte Agnès de Rome, mosaïque Elle devint un personnage légendaire, chacun imaginant le comment de sa mort. En Occident, on transmit la tradition qu’elle eut la tête coupée; en Orient, on dit qu’elle aurait été enfermée dans un lupanar où personne n’osa la toucher avant d’être brûlée vive. Quoi qu’il en soit des détails de son martyre, gardons présent à notre mémoire comme un exemple, ce fait historique qu’une jeune romaine de treize ans n’hésita pas à sacrifier la vie terrestre qui s’ouvrait à elle, pour se donner à la vie du Dieu qu’elle adorait. Saint Ambroise, évêque de Milan, dira d’elle qu’elle sût donner au Christ un double témoignage : celui de sa chasteté et celui de sa foi. (de virginitate. II. 5 à 9)
Illustration: Mosaïque de la basilique.
(*)Agnë, est un adjectif grec, le latin a ajouté le s. En 300 après JC le peuple parlait encore grec à Rome, où vivaient bien des étrangers.
Agnê veut dire « pur », « net », « intègre » de corps et d’âme, donc pure, chaste. Saint Ambroise nous a transmis son martyre, 70 ans après, De Virginibus, Livre I, Chapitre 2, et il explique bien ce rapprochement: Agnès, pure de corps et d’âme a pu offrir à Dieu sa promesse de virginité et le sacrifice de sa vie qu’elle a accepté. (d’autres sources indiquent qui donne sa vie comme l’agneau de Dieu, d’où son nom d’Agnès)
Catacombes de Sainte-Agnès: la célèbre et très jeune martyre romaine, fut ensevelie dans cette catacombe, sur le versant gauche de la Via Nomentana…
Le catacombe di S. Agnese (site en italien)
Selon la tradition en la fête de sainte Agnès le Pape a béni ce matin, 21 janvier 2013, les agneaux dont la laine servira à tisser les palliums, que les nouveaux Archevêques métropolitains recevront le 29 juin prochain, en la solennité des apôtres Pierre et Paul. Le pallium est un ornement porté par dessus la chasuble, qui symbolise l’union privilégiée d’un pasteur, à la tête d’une région ecclésiastique, avec le Souverain Pontife. Les agneaux, symbole de sainte Agnès, sont élevés par les trappistes de l’abbaye des Trois Fontaines, et les palliums tissés par les religieuses de Ste Cécile au Transtévère. (VIS)
Mémoire de sainte Agnès, vierge et martyre. Au début du IVe siècle, encore jeune fille, elle offrit à Rome le témoignage suprême de la foi et consacra par le martyre la marque de sa chasteté; car elle triompha tout ensemble et de son jeune âge et du tyran, elle acquit l’admiration générale des peuples et emporta une gloire encore plus grande auprès de Dieu. Elle fut mise au tombeau en ce jour sur la voie Nomentane.

Martyrologe romain
A moi aussi, Dieu veuille m’accorder de ne condamner personne et de ne pas prétendre que je suis seul à être sauvé. Je préfère mourir plutôt que de sentir ma conscience tourmentée pour avoir trahi ma foi en Dieu, en quelque façon que ce soit.
Saint Maxime le Confesseur, que les Eglises d’Orient fêtent aujourd’hui

IL NE ME SUFFIT PAS D’AIMER DIEU, SI MON PROCHAIN NE L’AIME PAS DE MÊME – ST VINCENT DE PAUL

13 janvier, 2015

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010821_vincenzo-paoli_fr.html

IL NE ME SUFFIT PAS D’AIMER DIEU, SI MON PROCHAIN NE L’AIME PAS DE MÊME – ST VINCENT DE PAUL

« Notre vocation est d’aller enflammer le coeur des hommes,de faire ce que fit le Fils de Dieu, Lui qui vint porter le feu dans le monde pour l’enflammer de son amour. Que pouvons-nous désirer d’autre sinon qu’il brûle et consume tout?

Il est donc vrai que je suis envoyé non seulement pour aimer Dieu, mais pour le faire aimer.

Il ne me suffit pas d’aimer Dieu, si mon prochain ne l’aime pas de même. Je dois aimer mon prochain, fait à l’image de Dieu et objet de son amour, et tout faire, pour qu’à leur tour, les hommes aiment leur Créateur qui les reconnaît et les considère comme ses frères, qu’il a sauvés; et faire en sorte que, par la charité réciproque, ils s’aiment les uns les autres par amour de Dieu, qui les a aimés jusqu’à abandonner à la mort son propre Fils pour eux. C’est cela mon devoir.
Et bien, s’il est vrai que nous sommes appelés à porter au loin et à proximité l’amour de Dieu, que nous devons en enflammer les nations, si notre vocation est d’aller répandre ce feu divin dans le monde entier, s’il en est ainsi, dis-je, s’il en est vraiment ainsi, mes frères, combien me faut-il moi-même brûler de ce feu divin!
Comment donner la charité aux autres, si nous ne l’avons pas entre nous? Observons si nous l’avons, non pas en général, mais si chacun l’a en soi, s’il l’a à la mesure nécessaire; parce que si elle n’est brûlante en nous, si nous ne nous aimons pas les uns les autres comme Jésus Christ nous a aimés et si nous n’accomplissons pas d’actes semblables aux siens, comment pourrions-nous espérer diffuser un tel amour sur toute la terre? Il n’est pas possible de donner ce que l’on n’a pas.
Le devoir de la charité consiste précisément à faire aux autres ce que l’on voudrait raisonnablement qu’ils nous fassent. Est-ce que je fais vraiment pour mon prochain ce que je voudrais qu’il me fasse?
Observons le Fils de Dieu. Il n’y a que Notre Seigneur, qui soit si épris de l’amour pour les créatures qu’Il a laissé le trône de son Père, pour venir prendre un corps soumis à l’infirmité.
Et pourquoi cela? Pour établir entre nous, par sa parole et son exemple, la charité prochain. C’est cet amour qui l’a crucifié et a accompli l’oeuvre admirable de notre rédemption.
Si nous avions un peu de cet amour, resterions-nous les bras croisés? Oh! non, la charité ne peut pas rester désoeuvrée, elle nous pousse à procurer le salut et le soulagement aux autres. »

De “Conférence aux Prêtres de la Mission” de St Vincent de Paul (Conférence 207).

Prière
O Sauveur, qui nous a donné pour loi d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, toi qui l’a exercée si parfaitement envers les hommes, sois Toi-même, Seigneur, ton remerciement éternel.
O Sauveur, que je suis fortuné d’être en disposition d’amour envers le prochain! Accorde-moi la grâce de reconnaître ma chance, d’aimer cette heureuse disposition, et de pouvoir contribuer à ce que cette vertu se manifeste maintenant, demain et toujours. Amen. (de St. Vincent de Paul)

 

«TOUT PAR AMOUR, RIEN PAR FORCE !» – FRANÇOIS DE SALES

7 janvier, 2015

http://www.coopdonbosco.be/TPA/index.html

(trois parties, je propose la première)

«TOUT PAR AMOUR, RIEN PAR FORCE !»

FRANÇOIS DE SALES

Causerie de Xavier THEVENOT sur SAINT FRANÇOIS DE SALES

«L’homme est la perfection de l’univers, l’esprit est la perfection de L’homme, l’amour, celle de l’esprit et la charité celle de l’amour»
‘François de Sales
Cet exposé sera sans prétention, c’est vraiment en famille que ça se passe. On m’a demandé de vous parler de la spiritualité salésienne.
Alors, il y a deux mots dans cette expression, le mot spiritualité et le mot salésienne.
Le mot spiritualité, comme le signalait le Père Danielou, c’est difficile de l’utiliser parce qu’il parle d’Esprit et quand nous parlons d’Esprit, que nous disons Dieu est Esprit, que voulons-nous dire? Parlons-nous grec ou hébreux? Si nous parlons grec nous disons que Dieu est immatériel etc…, si nous parlons hébreux, nous disons que Dieu est un ouragan, une tempête, une puissance irrésistible. D’où toutes les ambiguïtés quand on parle de spiritualité.
La spiritualité consiste-t-elle à devenir immatériel? – certainement pas! -répondront les Salésiens et les Salésiennes, – ou plutôt à être animés par le Saint-Esprit? Eh bien, c’est évidemment dans ce sens d’animation par le Saint Esprit qu’il faut entendre le terme de spiritualité.
Don Vigano en 1990 écrivait ceci: « La vraie spiritualité apporte avec elle l’enthousiasme et le courage. Parce qu’elle est consciente de cette animation constante de l’Esprit.» Et nous savons que l’Esprit manifeste d’ordinaire sa puissance non pas dans l’ouragan ou dans le tremblement de terre ou dans le feu, mais, comme le rappelle le Livre des Rois, paradoxalement dans le murmure d’une brise légère comme l’a expérimenté le prophète Elie. Mais de toutes façons, sa puissance demeure tout le temps irrésistible; plutôt que comme pou voir absolu, l’Esprit-Saint se présente comme amour infini et c’est cet amour infini auquel ont été spécialement sensibles Saint François de Sales et Saint Jean Bosco. Il touche efficacement le coeur, renforce l’homme intérieur. Il se rend présent pour ainsi dire en se cachant. L’homme spirituel, et on en voit des exemples parfaits à travers François de Sales, Jean Bosco, Dominique Savio, l’homme spirituel est son chef d’oeuvre, le fruit de l’énergie de la charité qu’il nous donne.
Donc, la base de toute spiritualité, c’est de se mettre en harmonie avec l’Esprit-Saint. En ce jour, il est bon de se le rappeler. Et le propre de l’Esprit est de transformer tellement des hommes qu’ils deviennent des saints.
Et donc on rejoint le deuxième mot de l’expression « spiritualité salésienne »: le mot salésienne.
Et je crois qu’il est très important que nous revenions à notre qualificatif de salésienne, famille salésienne, parce que je crois que ces dernières décennies on a trop négligé St François de Sales. Et le Supérieur Majeur insiste fortement aujourd’hui pour que l’on redécouvre non seulement St Jean Bosco, mais François de Sales dans la sorte de dialectique qui existe entre ces deux grands saints.
Je vous lis encore une lettre du Recteur Majeur en 1990, montrant que ce n’est pas par hasard du tout que notre qualificatif de salésienne existe pour cette famille que nous formons. « Le terme renvoie à François de Sales, – écrit Don Vigano – , une des plus hautes figures de la spiritualité chrétienne. Et l’emploi de ce qualificatif de salésienne remonte à Don Bosco, quand il engagea sa première équipe de jeunes à rester pour lui, avec lui, pour s’exercer dans la charité pastorale propre à sa mission éducative, il choisit parmi tant d’autres noms possibles le nom de « Salésiens », il voulut également que l’institution religieuse qu’il avait fondée devint  » Société de François de Sales « ; il désirait que les siens se tournent vers François de Sales comme un pasteur plein de zèle et un docteur de la charité.
Et les Constitutions précisent encore qu’il voulait s’inspirer de sa bonté et de son zèle et privilégier les attitudes de bonté affectueuse, de joie, de dialogue, de convivialité, d’amitié et de patience inlassable selon le riche humanisme qui a caractérisé la vie et l’action de l’Evêque de Genève. L’attirance de Don Bosco pour François de Sales remonte aux années de sa formation et de son perfectionnement pastoral. Sa quatrième résolution lors de sa première messe disait: « que la charité et la douceur de François de Sales me guident en toutes choses ». Et cette attirance n’a jamais faibli au cours de sa vie, comme le montre ce qu’il a fait ou fait faire en l’honneur du patron qu’il aimait.
Et Vigano renvoie à la table analytique des Mémoires biographiques, où l’on voit le nombre d’allusions considérables qui sont faites à François de Sales, montrant bien ainsi que François de Sales était un personnage structurant de la vie et de l’agir de Don Bosco. Et Vigano conclut: « Pour rendre à St François de Sales le poids qui lui revient dans notre spiritualité, je crois qu’il est important pour nous de souligner que la qualification de salésienne exprime son caractère ecclésial et son envergure; car il est le docteur de la charité pastorale et le centre et la synthèse de notre esprit apostolique ». Les formules sont pesées: « docteur de la charité pastorale ». Or on sait que toute la pédagogie salésienne est un déploiement de la charité pastorale. Donc, le docteur qui a pensé cela pour nous, c’est François de Sales et il est le centre et la synthèse de notre esprit apostolique.
Et vous savez que la devise « Da mihi animas coetera tolle »: – donne-moi des âmes, le reste prends-le -, Don Bosco, d’après le Père Scheppens, pensait plutôt que c’était attribué à François de Sales. Au fait, ce n’était pas de St François de Sales, c’était dans la Genèse, mais pour lui ça représentait une devise tout-à-fait salésienne.
Bref, on peut dire avec Don Vigano que Don Bosco mettait au centre de sa spiritualité l’intuition lapidaire de François de Sales, qui est si merveilleuse et si dense. Voici cette intuition:
« L’homme est la perfection de l’univers, l’esprit est la perfection de l’homme, l’amour celle de l’esprit et la charité celle de l’amour » (TRAITÉ DE L’AMOUR DE DIEU, Volume 2, livre 10).
L’homme est la perfection de l’univers. Dieu a voulu l’homme pour lui, il nous a faits pour lui mais l’esprit c’est la perfection de l’homme, l’amour celle de l’esprit et la charité celle de l’amour.
Cette spiritualité apostolique plut tellement à Don Bosco qu’au soir de sa vie il chargea le Père Jules Barberis, maître des novices, de faire mieux connaître François de Sales et d’en écrire une vie adaptée à ses jeunes, qui fut comme l’incarnation de la vie chrétienne. Le Père Rinaldi, déjà Recteur Majeur, pria le Père Eugène Ceria de travailler à approfondir et à mieux faire connaître François de Sales.
C’est pourquoi ce matin, nous allons ensemble, tout simplement, sans faire trop d’intellectualisme, méditer; je vous propose une méditation sur des passages du « Traité de l’amour de Dieu » et de « L’Introduction à la Vie dévote », les deux grandes oeuvres majeures de François de Sales, parce que je crois qu’elles sont une longue réflexion sur la charité pastorale qui est au coeur de la Famille Salésienne.
En effet, le Père Scheppens, qui est donc un grand spécialiste de Don Bosco, qui a fait sa thèse de doctorat sur Don Bosco, affirme que tout ce qui oriente l’agir apostolique, l’agir éducatif de Don Bosco, c’est ce qu’on appelle dans la théologie contemporaine, une théonomie radicale. L’autonomie, ça veut dire qu’on trouve la règle d’agir en soi-même, la théonomie ça veut dire qu’on trouve la règle d’agir en Dieu. Eh bien, pour Don Bosco, il y avait théonomie radicale de son activité éducative. Je lis ce qu’écrit le P. Scheppens :«L’homme en général, et le jeune en particulier, était présenté sans hésitation aucune par Don Bosco comme un être pour Dieu. Il y avait chez lui un primat de la dimension verticale, c’est un trait essentiel de son anthropologie. Pour Don Bosco, l’homme est fondamentalement orienté vers Dieu, vers un monde divin, vers la réalité céleste; il l’est de par sa nature, depuis son origine et par la force de tout son être, il est essentiellement ouverture au transcendant qui est son créateur, son rédempteur, son unique maître. Il n’atteint la plénitude de son être que dans la rencontre définitive avec Dieu, dans la vie éternelle et céleste.»
Chez Don Bosco, il ne faut donc pas chercher le contenu essentiel et spécifique de la tâche éducative en premier lieu dans la réalisation d’un idéal humain. La destinée de l’homme n’est pas d’abord à repérer dans un engagement dans le monde d’ici-bas. La seule chose absolument nécessaire pour Don Bosco est une vie en amitié, et en paix avec Dieu et avec la pratique de la foi. Autrement dit, ce qui dirige la réflexion éducative de Don Bosco, c’est la méditation profonde de l’être même de Dieu. L’être même de Dieu, la pédagogie de Dieu, c’est ce qui va donner à Don Bosco, ses intuitions pédagogiques fondamentales. Or, l’être de Dieu, auquel Don Bosco se réfère, est manifestement le Dieu présenté par François de Sales, même s’il l’a lu médiatisé par d’autres auteurs.
Et je suis très frappé, depuis le jour où je me suis remis à lire St François de Sales, sérieusement, avec la maturité de mon âge, maintenant, et je relis ça comme un texte splendide, d’une finesse théologique extrême, d’une qualité d’analyse psychologique qui n’a rien à envier à la psychologie contemporaine; on découvre page par page des textes qui s’appliquent tout-à-fait à Don Bosco, comme si les portraits que François de Sales fait de l’action de Dieu auprès de l’humanité peuvent s’appliquer au portrait de l’action de Don Bosco auprès de la jeunesse.
Voilà pourquoi ce matin je voudrais vous donner le goût de relire chez vous François de Sales, un auteur un peu difficile à lire, mais qui a un style de toute beauté. Je voudrais vous inviter à lire avec moi, tout simplement, quelques extraits du Traité de l’amour de Dieu, de la Vie dévote.
Donc si vous voulez, l’intuition qui dirige ma conférence, c’est que l’action pédagogique de Dieu vis-à-vis de l’humanité est le modèle de l’action pédagogique de Don Bosco vis-à-vis des jeunes, que le Dieu de Don Bosco, c’est le Dieu de St François de Sales et que les portraits de Dieu qui sont faits là sont aussi évidemment des portraits du Christ, car ce sont des portraits de l’amour et, toute proportion gardée, dans la mesure où Don Bosco est configuré au Christ, ce sont des portraits de Don Bosco.
Alors, lisons ensemble le TRAITÉ DE L’AMOUR DE DIEU, au chapitre 9, page 2.
Le titre:
« Comme l’amour éternel de Dieu envers nous prévient nos coeurs de
son inspiration afin que l’aimions ».
Regardez le mot prévenir, il est central dans ce chapitre. Il y a une précédence radicale de Dieu. Et notre système préventif va tenter d’instaurer une précédence radicale de l’amour de l’éducateur vis-à-vis des jeunes à éduquer.
Et ce chapitre 9 est une longue méditation de cette prévenance, de cette antécédence, de cette précédence radicale de Dieu qui fait que l’action de l’homme ne sera jamais qu’une éthique de la responsabilité. Notre éthique éducative est une éthique de réponse et c’est pourquoi elle est spécialement de responsabilité au sens étymologique. Il s’agit de déployer dans une logique extrême, cette précédence enveloppante de l’amour de Dieu.
Alors voici ce que fait dire François de Sales à Dieu:
« Je t’ai aimé d’une charité perpétuelle, (phrase que Don Bosco peut dire vis-à-vis de ses jeunes) et partant, je t’ai attiré, ayant pitié et miséricorde de toi, et je te réédifierai, tu seras édifiée, toi Vierge d’Israël, (la volonté de Don Bosco de réédifier les jeunes blessés par la vie). Voilà les paroles de Dieu par lesquelles il promet que le Sauveur venant au monde, établira un nouveau règne en son Eglise qui sera son épouse vierge et vraie Israélite spirituelle. Or, comme vous voyez que ça n’a pas été par aucun mérite des oeuvres que nous avions faites.»
Il faut se rappeler que François de Sales, Evêque de Genève, écrit dans un diocèse marqué par le protestantisme, où il y a une polémique où l’on se défie de la théologie du mérite qui affirmerait qu’il faut mériter l’amour de Dieu. Eh bien, François de Sales, vous allez voir, a des accents luthériens et calvinistes très forts, il va jusqu’où il peut aller pour développer sa tâche oecuménique.
– Eh bien, ce n’est
« par aucun mérite des oeuvres que nous eussions faites mais selon sa miséricorde, (la miséricorde précède, les mérites ne sont que réponse), c’est selon sa miséricorde qu’il nous a sauvés, par cette charité ancienne et éternelle qui a ému sa divine Providence de nous attirer à soi.»
L’émotion de Dieu…, le Dieu présenté par François de Sales est un Dieu qui n’est pas un intellect pur mais un Dieu plein d’émotion, qui vibre a la réalité des hommes, comme Don Bosco vibre à la réalité de la jeunesse blessée.
«Que si le Père ne nous eut tirés, jamais nous ne fussions venus au Fils notre Sauveur, ni par conséquent, au salut.»
Et François de Sales qui est un merveilleux pédagogue et un grand contemplatif, va immédiatement prendre une comparaison pour faire comprendre cette réflexion très abstraite sur la nature et la grâce. Alors j’y vois deux indications pour nous, Salésiens, aujourd’hui. Tout d’abord une indication à la contemplation. On est très frappé quand on lit François de Sales, de voir un homme pour qui les objets, les réalités quotidiennes se mettent à parler de Dieu: les abeilles lui parlent de Dieu, les grenouilles lui parlent de Dieu, les albatros lui parlent de Dieu, les goélands lui parlent de Dieu. Enfin, chaque chose la plus ordinaire est pour lui occasion de méditer sur l’action de Dieu vis-à-vis de l’humanité.
Merveilleuse pédagogie ! Savoir ouvrir les yeux des jeunes sur les choses banales de leur vie pour leur faire comprendre que ces choses sont des icônes qui nous renvoient à une profondeur beaucoup plus grande que celle que l’on imagine.
Et puis, deuxième leçon que je tire de cet appel à des exemples concrets, c’est que François de Sales n’a pas un discours qui fait marcher uniquement le cerveau gauche de la rationalité, mais il fait aussi marcher l’hémisphère droit qui est l’hémisphère des analogies, l’hémisphère des perceptions esthétiques et, grâce à cela, il fait comprendre des choses très compliquées. Voilà une comparaison qu’il prend id: il va prendre la comparaison des apodes, qui veut dire en grec: sans pieds. Ce sont des oiseaux qu’ Aristote appelait ainsi, qui avaient de tout petits pieds et de grandes ailes; pensez à un goéland, pensez à un albatros.
Alors il continue: « II ya certains oiseaux qu’Aristote nomme apodes parce qu’ayant des jambes extrêmement courtes et les pieds sans force, (les pieds sans force me parlent beaucoup), ils ne s’en servent non plus que s’ils n’en avaient point Alors si une fois ils prennent terre, ils y demeurent pris, sans que jamais ils puissent reprendre le vol; d’autant que n’ayant nul usage des jambes et des pieds, ils n’auront pas le moyen de se pousser, et relancer en l’air. Ils demeurant là, croupissant, et y meurent, sauf bouffées sur la face de la terre, les vienne saisir et enlever comme il si quelque vent propice à leur impuissance, jetant ses fait plusieurs autres choses car alors si, employant leurs ailes, ils correspondent à cet élan et premier essor que le vent leur donne, le même vent continue aussi son secours envers eux, les poussant de plus en plus au vol. »
Et on assiste à ces merveilleuses évolutions d’albatros dans le ciel.
«Eh bien, dit-il, nous autres humains, nous ressemblons aux apodes (aux albatros); car s’il nous advient de quitter l’air du saint amour divin pour prendre terre et nous attacher aux créatures, ce que nous faisons toutes les fois que nous offensons Dieu; »
Admirez cette affirmation: l’écosystème, c’est-à-dire l’endroit où est bien l’albatros, l’apode, c’est l’air du saint amour. Voilà ce qui nous fait vivre. Nous trouvons notre agilité d’homme, de femme, blessé ou non par la vie, ayant un équilibre ou non, dans la vérité de l’aire de l’agapè chrétienne. Hors de l’agapê, nous devenons comme ces albatros posés au sol, lourdauds, incapables de nous envoler.
On retrouve là l’intuition profonde de Don Bosco devant des jeunes blessés qui agitent leurs ailes pour essayer de reprendre l’air, il faut que le vent du saint amour les atteigne, c’est-à-dire qu’il faut reconstituer une institution, une façon d’être avec eux où l’agapè, l’air de l’amour, rend possible le déploiement des ailes et aide le jeune à décoller et le rend de nouveau agile.
Il continue:
« nous mourons maintenant mais regardez, (voyez le conflit avec les Luthériens), nous mourons voirement, mais pas d’une mort si entière qu’il ne nous reste un peu de mouvement, (notre nature n’est pas complètement pourrie par le péché) e( avec cela des jambes et des pieds, c’est-à-dire qu’il nous reste quelques menues affections qui nous peuvent faire faire quelques essais d’amour. »
Splendide expression! Tout être humain, si abîmé fut-il par la vie, peut encore faire quelques essais d’amour. Et l’art de l’éducateur salésien, l’art du système préventif qui, comme Dieu, prévient l’homme, c’est de s’appuyer, d’aller d’abord en quête de ces essais d’amour, de s’appuyer sur ces essais d’amour et d’envoyer le grand vent de l’amour qui permet à ces essais de se transformer en vol.
Mais, continue François de Sales:
« Cela est si important et si faible qu’en vérité nous ne pouvons plus de nous-mêmes défendre nos coeurs du péché et nous relancer au vol de la sacrée dilection, laquelle, chétifs que nous sommes, nous avons perfidement et volontairement quittée. Et certes, nous mériterions bien de demeurer abandonnés de Dieu…»
(Eh oui, après tout, on n’a aucune revendication à avoir après avoir péché, à ne pas être abandonnés de Dieu.) «…quand avec cette déloyauté nous l’avons ainsi abandonné »

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