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LA LÉGENDE DE SAINT LUC, PREMIER ICONOGRAPHE DE LA VIERGE

18 février, 2014

http://www.histoire-russie.fr/icone/stluc.html

LA LÉGENDE DE SAINT LUC, PREMIER ICONOGRAPHE DE LA VIERGE

Luc était médecin  et évangéliste. Il fut le compagnon de Paul de Tarse et rédacteur d’un des quatres Evangiles canoniques.A l’époque (IVe siècle) où naît la légende le présentant comme l’auteur des portraits de la Vierge Marie, Mère de Jésus Christ, l’Église cherche à imposer l’aspect théologique de la « Theotokos » : la Mère de Dieu, celle dont le rôle fut prépondérant dans l’histoire du salut des hommes par la naissance du Sauveur. Dès le début de la chrétienté, une place particulière fut réservée à la mère du Dieu Vivant. En Russie elle est « Bogorodiza », traduction littérale de théotokos. Elle y sera priée surtout pour son intercession auprès de son fils. Les trois portraits décrits ci-après deviendront des modèles pour l’Église chrétienne d’abord et surtout pour l’Église orthodoxe. Ils donneront lieu à d’innombrables icônes de la Mère de Dieu, dérivées de ces premiers canons.  Il n’y a pas moins de 196 « Icônes miraculeuses de la Vierge » répertoriées dans le Calendrier Ecclésial publié chaque année par l’Eglise Orthodoxe Russe et fêtées sur tout le territoire. Fêtes auquelles il faut ajouter les offices traditionnels de la Nativité de la Vierge, sa Présentation au Temple, l’Annonciation, et la Dormition. L’évangéliste Luc aurait effectivement pu peindre Marie, habitant alors la maison de l’apôtre Jean à Damas. Cependant Marie aurait été à cette époque une très vieille dame. Il faut lucidement envisager l’hypothèse que ces trois portraits de jeune femme aient été en réalité réalisés en Egypte par un évêque de la Thébaïde, appelé Luc également. Le premier type est dit « Hodiguitria » ou « Celle qui montre le chemin » :  Marie est représentée de face, l’enfant sur ses genoux, une de ses mains maintient l’enfant et le désigne de l’autre main comme étant la voie à suivre. L’enfant a toujours un geste de bénédiction de la main droite et tient souvent dans son autre main le rouleau des textes saints, le plus souvent symbole des écrits de l’Ancien Testament annonçant sa venue par les prophètes. La célèbre Vierge de Vladimir est difficile à classer : mère et enfant ont la classique attitude « de tendresse » mais la Vierge par son geste de la main gauche désigne le Christ, comme on le voit dans les types « hodiguitria ».

Le deuxième type de Vierge est dite « La Miséricordieuse » ou « De tendresse » : Elle est appellée « Oumiliénié » ou Vierge de tendresse en russe  : l’enfant se réfugie dans les bras de sa mère, ou bien la regarde en s’accrochant à son manteau et lui tend la main.  La tête de Marie est tournée vers lui dans un geste très doux. La dénomination russe représente plus l’attendrissement de Jésus par l’intercession de sa mère auprès de lui.De très nombreuses variantes existent désormais Vierge de Khorsoum, du Prince Igor, du Don, de Yaroslav ou de Kazan (C’est la seule icône sur laquelle il n’y a qu’une seule main : la main du Christ qui bénit. Les autres mains ne sont pas visibles, elles sont sous les vêtements). Chaque icône présente des particularités tout en appartenant au même type et en respectant les canons de l’Eglise.

Le troisième type de Vierge est dit « Orante » ou Vierge en prière et la « Vierge du Signe » : Marie est de face, les mains levées invitant le fidèle à prier avec elle.  La « Blachernitissa » d’une hauteur de 5 mètres apparaissait dans l’abside de l’église Sainte Sophie de Kiev. Elle était vénérée sous le nom de « Mur indestructible ». En Russie apparaîtra une variante de la « Vierge orante » où l’enfant est  représenté sur sa poitrine et qui se nommera « Vierge du signe » (znaménié), en référence à la prophétie d’Isaïe citée dans l’Evangile de Saint-Matthieu : « Le Seigneur Lui-même vous donnera un signe : voici, une vierge concevra et elle enfantera un Fils que l’on appellera Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous ». Cette icône est la plus vénérée en Russie

On lui attribue la sauvegarde de Novgorod puis par la suite de Moscou, et donc de toute la Russie, depuis le XIIe siècle. Quoique fort endommagée, elle est l’objet de vénérations en Russie. Dans toutes les copies effectuées, les peintres reproduisent fidèlement la trace des flêches qui l’atteignirent lors de la bataille de Novgorod contre Souzdal. 

BENOÎT XVI: JEAN, LE THÉOLOGIEN – DÉCEMBRE 27

27 décembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060809_fr.html  

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 9 AOÛT 2006

JEAN, LE THÉOLOGIEN – DÉCEMBRE 27

Chers frères et soeurs,

Avant les vacances, j’avais commencé de brefs portraits des douze Apôtres. Les Apôtres étaient les compagnons de route de Jésus, les amis de Jésus et leur chemin avec Jésus n’était pas seulement un chemin extérieur, de la Galilée à Jérusalem, mais un chemin intérieur, dans lequel ils ont appris la foi en Jésus Christ, non sans difficulté, car ils étaient des hommes comme nous. Mais c’est précisément pour cela, parce qu’ils étaient compagnons de route de Jésus, des amis de Jésus qui ont appris la foi sur un chemin difficile, qu’ils sont aussi des guides pour nous, qui nous aident à connaître Jésus Christ, à l’aimer et avoir foi en Lui. J’ai déjà parlé de quatre des douze Apôtres:  Simon Pierre, son frère André, Jacques, le frère de saint Jean, et l’autre Jacques, dit « le Mineur », qui a écrit une Lettre que nous trouvons dans le Nouveau Testament. Et j’avais commencé à parler de Jean l’évangéliste, en recueillant dans la dernière catéchèse avant les vacances les informations essentielles qui définissent la physionomie de cet Apôtre. Je voudrais à présent concentrer l’attention sur le contenu de son enseignement. Les écrits qui feront l’objet de notre intérêt aujourd’hui sont donc l’Evangile et les Lettres qui portent son nom. S’il est un thème caractéristique qui ressort des écrits de Jean, c’est l’amour. Ce n’est pas par hasard que j’ai voulu commencer ma première Lettre encyclique par les paroles de cet Apôtre:  « Dieu est amour (Deus caritas est); celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4, 16). Il est très difficile de trouver des textes de ce genre dans d’autres religions. Et ces expressions nous placent donc face à un concept très particulier du christianisme. Assurément, Jean n’est pas l’unique auteur des origines chrétiennes à parler de l’amour. Etant donné qu’il s’agit d’un élément constitutif essentiel du christianisme, tous les écrivains du Nouveau Testament en parlent, bien qu’avec des accents divers. Si nous nous arrêtons à présent pour réfléchir sur ce thème chez Jean, c’est parce qu’il nous en a tracé avec insistance et de façon incisive les lignes principales. Nous nous en remettons donc à ses paroles. Une chose est certaine:  il ne traite pas de façon abstraite, philosophique ou même théologique de ce qu’est l’amour. Non, ce n’est pas un théoricien. En effet, de par sa nature, le véritable amour n’est jamais purement spéculatif, mais exprime une référence directe, concrète et vérifiable à des personnes réelles. Et Jean, en tant qu’apôtre et ami de Jésus, nous fait voir quels sont les éléments, ou mieux, les étapes de l’amour chrétien, un mouvement caractérisé par trois moments. Le premier concerne la Source même de l’amour, que l’Apôtre situe en Dieu, en allant jusqu’à affirmer, comme nous l’avons entendu, que « Dieu est Amour » (1 Jn 4, 8.16). Jean est l’unique auteur de Nouveau Testament à nous donner une sorte de définition de Dieu. Il dit par exemple que « Dieu est esprit » (Jn 4, 24) ou que « Dieu est Lumière » (1 Jn 1, 5). Ici, il proclame avec une intuition fulgurante que « Dieu est amour ». Que l’on remarque bien:  il n’est pas affirmé simplement que « Dieu aime » ou encore moins que « l’amour est Dieu »! En d’autres termes:  Jean ne se limite pas à décrire l’action divine, mais va jusqu’à ses racines. En outre, il ne veut pas attribuer une qualité divine à un amour générique ou même impersonnel; il ne remonte pas de l’amour vers Dieu, mais se tourne directement vers Dieu pour définir sa nature à travers la dimension infinie de l’amour. Par cela, Jean veut dire que l’élément constitutif essentiel de Dieu est l’amour et donc toute l’activité de Dieu naît de l’amour et elle est marquée par l’amour:  tout ce que Dieu fait, il le fait par amour et avec amour, même si nous ne pouvons pas immédiatement comprendre que cela est amour, le véritable amour. Mais, à ce point, il est indispensable de faire un pas en avant et de préciser que Dieu a démontré de façon concrète son amour en entrant dans l’histoire humaine à travers la personne de Jésus Christ incarné, mort et ressuscité pour nous. Cela est le second moment constitutif de l’amour de Dieu. Il ne s’est pas limité à des déclarations verbales, mais, pouvons-nous dire, il s’est véritablement engagé et il a « payé » en personne. Comme l’écrit précisément Jean, « Dieu a tant aimé le monde (c’est-à-dire nous tous), qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Désormais, l’amour de Dieu pour les hommes se concrétise et se manifeste dans l’amour de Jésus lui-même. Jean écrit encore:  Jésus « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). En vertu de cet amour oblatif et total, nous sommes radicalement rachetés du péché, comme l’écrit encore saint Jean:  « Petits enfants [...] si quelqu’un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jn 2, 1-2; cf. 1 Jn 1, 7). Voilà jusqu’où est arrivé l’amour de Jésus pour nous:  jusqu’à l’effusion de son sang pour notre salut! Le chrétien, en s’arrêtant en contemplation devant cet « excès » d’amour, ne peut pas ne pas se demander quelle est la réponse juste. Et je pense que chacun de nous doit toujours et à nouveau se le demander. Cette question nous introduit au troisième moment du mouvement de l’amour:  de destinataires qui recevons un amour qui nous précède et nous dépasse, nous sommes appelés à l’engagement d’une réponse active qui, pour être adéquate, ne peut être qu’une réponse d’amour. Jean parle d’un « commandement ». Il rapporte en effet ces paroles de Jésus:  « Je vous donne un commandement nouveau:  vous aimer les  uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34). Où se trouve la nouveauté dont parle Jésus? Elle réside dans le fait qu’il ne se contente pas de répéter ce qui était déjà exigé dans l’Ancien Testament, et que nous lisons également dans les autres Evangiles:  « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18; cf. Mt 22, 37-39; Mc 12, 29-31; Lc 10 27). Dans l’ancien précepte, le critère normatif était tiré de l’homme (« comme toi-même »), tandis que dans le précepte rapporté par Jean, Jésus présente comme motif et norme de notre amour sa personne même:  « Comme je vous ai aimés ». C’est ainsi que l’amour devient véritablement chrétien, en portant en lui la nouveauté du christianisme:  à la fois dans le sens où il doit s’adresser à tous, sans distinc-tion, et surtout dans le sens où il doit parvenir jusqu’aux conséquences extrêmes, n’ayant d’autre mesure que d’être sans mesure. Ces paroles de Jésus, « comme je vous ai aimés », nous interpellent et nous préoccupent à la fois; elles représentent un objectif christologique qui peut apparaître impossible à atteindre, mais dans le même temps, elles représentent un encouragement qui ne nous permet pas de nous reposer sur ce que nous avons pu réaliser. Il ne nous permet pas d’être contents de ce que nous sommes, mais nous pousse à demeurer en chemin vers cet objectif. Le précieux texte de spiritualité qu’est le petit livre datant de la fin du Moyen-Age intitulé Imitation du Christ, écrit à ce sujet:  « Le noble amour de Jésus nous pousse à faire de grandes choses et nous incite à désirer des choses toujours plus parfaites. L’amour veut demeurer élevé et n’être retenu par aucune bassesse. L’amour veut être libre et détaché de tout sentiment terrestre… En effet, l’amour est né de Dieu et ne peut reposer qu’en Dieu, par-delà toutes les choses créées. Celui qui aime vole, court, et se réjouit, il est libre, rien ne le retient. Il donne tout à tous et a tout en toute chose, car il trouve son repos dans l’Unique puissant qui s’élève par-dessus toutes les choses, dont jaillit et découle tout bien » (Livre III, chap. 5). Quel meilleur commentaire du « commandement nouveau » énoncé par Jean? Prions le Père de pouvoir le vivre, même de façon imparfaite, si intensément, au point de contaminer tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin.

S. LUC, ÉVANGÉLISTE 18 OCTOBRE

17 octobre, 2013

http://www.cassicia.com/FR/Vie-de-saint-Luc-le-troisieme-Evangeliste-compagnon-d-apostolat-de-St-Paul-Fete-le-18-octobre-No_514.htm

S. LUC, ÉVANGÉLISTE 18 OCTOBRE

RÉSUMÉ :
Saint Luc, peut-être juif d’origine, naquit, dit saint Eusèbe, à Antioche la capitale des rois de Syrie. Saint Paul nous dit qu’il y exerçait les fonctions de médecin.
Compagnon de voyage de l’Apôtre des Nations, il fut aux côtés de saint Paul durant la plupart de ses missions et pendant sa double captivité à Rome.
Grâce à ses relations avec ce maître et avec les autres Apôtres, il put écrire le troisième Évangile que saint Jérôme et saint Jean Chrysostôme désignent sous le nom d’ « Évangile de saint Paul ». Comme le Docteur des Gentils, il s’adresse aux païens pour leur prouver que le salut est apporté par Jésus à tous les hommes sans exception qui croient en Lui.
On le désigne sous le symbole du bœuf, l’un des quatre animaux de la vision d’Ézéchiel, parce qu’il commence son Évangile en parlant du sacerdoce de Zacharie, prêtre et sacrificateur, et que le bœuf était la victime la plus ordinaire des sacrifices de l’ancienne loi.
La Messe de saint Luc présente, de même que celle de saint Marc, cette particularité qu’on y lit l’Évangile renfermant les instructions du Sauveur à Ses soixante-douze disciples, parce que ces deux Évangélistes ne furent pas Apôtres, mais seulement des Disciples de Notre-Seigneur.
Saint Jérôme rapporte que saint Luc mourut en Achaïe, âgé de quatre-vingt-quatre ans.
Saint Luc, né à Antioche, est une des principales gloires de cette ville. L’Histoire nous apprend peu de chose de ses premières années ; on ne sait même pas si, avant sa conversion, il était païen ou observait la religion juive ; cette dernière opinion est la plus généralement adoptée.
Il fit de grands progrès dans la science. Doué d’un caractère ferme et d’une belle intelligence, il fut, paraît-il, très habile médecin, et ne dédaignait pas, dans ses loisirs, de cultiver l’art de la peinture, pour lequel il avait un goût prononcé.
Saint Luc serait sûrement arrivé à l’une des premières charges de la cité, quand il renonça à son brillant avenir pour aller voir, en Judée, ce Jésus qui venait d’inaugurer Sa mission publique, et dont le Nom, la doctrine, les miracles, faisaient grand bruit dans tous les pays voisins.
Il Le vit, crut en Sa mission divine, et prenant pour lui la parole du Maître : « Que celui qui veut être mon disciple quitte tout et Me suive », il suivit dès lors le Sauveur pas à pas dans Ses courses apostoliques ; il fut témoin de Sa Passion, de Sa Résurrection, de Son Ascension, reçut le Saint-Esprit au Cénacle, le jour de la Pentecôte, et partit pour évangéliser Antioche sa patrie.
Plein d’enthousiasme pour le génie de saint Paul, il le prit pour son maître et se joignit à lui pour l’aider dans ses travaux ; il lui fut si fidèle, qu’il l’accompagna dans tous ses voyages et supporta patiemment avec lui fatigues, souffrances et persécutions pour le Nom de Jésus-Christ.
Saint Luc écrivit, sous l’inspiration de l’Esprit-Saint et avec une compétence personnelle qui est incontestable, l’Évangile qui porte son nom et les Actes des Apôtres. Son Évangile est surtout précieux par ses récits assez détaillés des mystères de l’Incarnation et de la Nativité du Sauveur, de l’Annonciation et de la Visitation. Les Actes des Apôtres servirent à faire disparaître beaucoup de mensonges qu’on répandait sur le Christianisme naissant, et à confirmer les fidèles dans la Foi.
Qui n’a entendu parler des Vierges peintes par saint Luc ? D’après une pieuse légende, il aurait obtenu de Marie la grâce de faire son portrait, et la divine Mère aurait consenti à poser devant lui ; le travail terminé, la sainte Vierge l’aurait béni en disant : « Ma grâce sera toujours avec cette image ». Quoi qu’il en soit, les Madones de saint Luc sont vénérées en plusieurs lieux.
Après la mort du grand Apôtre, saint Luc continua son apostolat en Italie, dans les Gaules, la Dalmatie, la Macédoine. Où et comment mourut-il ? On ne saurait le dire au juste ; selon les uns, il répandit son sang pour la Foi dans le Péloponèse, après avoir évangélisé l’Égypte ; selon d’autres, il répandit son sang pour la Foi en Bithynie.
Les peintres et les médecins le regardent comme leur patron.

BENOÎT XVI: MATTHIEU – 21 SEPTEMBRE SAINT MATTHIEU

20 septembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060830_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 30 AOÛT 2006

MATTHIEU – 21 SEPTEMBRE SAINT MATTHIEU

Chers frères et soeurs,

En poursuivant la série de portraits des douze Apôtres, que nous avons commencée il y a quelques semaines, nous nous arrêtons aujourd’hui sur Matthieu. En vérité, décrire entièrement sa figure est presque impossible, car les informations qui le concernent sont peu nombreuses et fragmentaires. Cependant, ce que nous pouvons faire n’est pas tant de retracer sa biographie, mais plutôt d’en établir le profil que l’Evangile nous transmet.
Pour commencer, il est toujours présent dans les listes des Douze choisis par Jésus (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13). Son nom juif signifie « don de Dieu ». Le premier Evangile canonique, qui porte son nom, nous le présente dans la liste des Douze avec une qualification bien précise:  « le publicain » (Mt 10, 3). De cette façon, il est identifié avec l’homme assis à son bureau de publicain, que Jésus appelle à sa suite:  « Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain. Il lui dit:  « Suis-moi ». L’homme se leva et le suivit » (Mt 9, 9). Marc (cf. 2, 13-17) et Luc (cf. 5, 27-30) racontent eux aussi l’appel de l’homme assis à son bureau de publicain, mais ils l’appellent « Levi ». Pour imaginer la scène décrite dans Mt 9, 9, il suffit de se rappeler le magnifique tableau du Caravage, conservé ici, à Rome, dans l’église Saint-Louis-des-Français. Dans les Evangiles, un détail biographique supplémentaire apparaît:  dans le passage qui précède immédiatement le récit de l’appel, nous est rapporté un miracle accompli par Jésus à Capharnaüm (cf. Mt 9, 1-8; Mc 2, 1-12) et l’on mentionne la proximité de la mer de Galilée, c’est-à-dire du Lac de Tibériade (cf. Mc 2, 13-14). On peut déduire de cela que Matthieu exerçait la fonction de percepteur à Capharnaüm, ville située précisément « au bord du lac » (Mt 4, 13), où Jésus était un hôte permanent dans la maison de Pierre.
Sur la base de ces simples constatations, qui apparaissent dans l’Evangile, nous pouvons effectuer deux réflexions. La première est que Jésus accueille dans le groupe de ses proches un homme qui, selon les conceptions en vigueur à l’époque en Israël, était considéré comme un pécheur public. En effet, Matthieu manipulait non seulement de l’argent considéré impur en raison de sa provenance de personnes étrangères au peuple de Dieu, mais il collaborait également avec une autorité étrangère odieusement avide, dont les impôts pouvaient également être déterminés de manière arbitraire. C’est pour ces motifs que, plus d’une fois, les Evangiles parlent à la fois de « publicains et pécheurs » (Mt 9, 10; Lc 15, 1), de « publicains et de prostituées » (Mt 21, 31). En outre, ils voient chez les publicains un exemple de mesquinerie (cf. Mt 5, 46:  ils aiment seulement ceux qui les aiment) et ils mentionnent l’un d’eux, Zachée, comme le « chef des collecteurs d’impôts et [...] quelqu’un de riche » (Lc 19, 2), alors que l’opinion populaire les associait aux « voleurs, injustes, adultères » (Lc 18, 11). Sur la base de ces éléments, un premier fait saute aux yeux:  Jésus n’exclut personne de son amitié. Au contraire, alors qu’il se trouve à table dans la maison de Matthieu-Levi, en réponse à ceux qui trouvaient scandaleux le fait qu’il fréquentât des compagnies peu recommandables, il prononce cette déclaration importante:  « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (Mc 2, 17).
La bonne annonce de l’Evangile consiste précisément en cela:  dans l’offrande de la grâce de Dieu au pécheur! Ailleurs, dans la célèbre parabole du pharisien et du publicain montés au Temple pour prier, Jésus indique même un publicain anonyme comme exemple appréciable d’humble confiance dans la miséricorde divine:  alors que le pharisien se vante de sa propre perfection morale, « le publicain… n’osait même pas lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine en disant:  « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis! »". Et Jésus commente:  « Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste. Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé » (Lc 18, 13-14). Dans la figure de Matthieu, les Evangiles nous proposent donc un véritable paradoxe:  celui qui est apparemment le plus éloigné de la sainteté peut même devenir un modèle d’accueil de la miséricorde de Dieu et en laisser entrevoir les merveilleux effets dans sa propre existence. A ce propos, saint Jean Chrysostome formule une remarque significative:  il observe que c’est seulement dans le récit de certains appels qu’est mentionné le travail que les appelés effectuaient. Pierre, André, Jacques et Jean sont appelés alors qu’ils pêchent, Matthieu précisément alors qu’il lève l’impôt. Il s’agit de fonctions peu importantes – commente Jean Chrysostome – « car il n’y a rien de plus détestable que le percepteur d’impôt et rien de plus commun que la pêche » (In Matth. Hom.:  PL 57, 363). L’appel de Jésus parvient donc également à des personnes de basse extraction sociale, alors qu’elles effectuent un travail ordinaire.
Une autre réflexion, qui apparaît dans le récit évangélique, est que Matthieu répond immédiatement à l’appel de Jésus:  « il se leva et le suivit ». La concision de la phrase met clairement en évidence la rapidité de Matthieu à répondre à l’appel. Cela signifiait pour lui l’abandon de toute chose, en particulier de ce qui lui garantissait une source de revenus sûrs, même si souvent injuste et peu honorable. De toute évidence, Matthieu comprit qu’être proche de Jésus ne lui permettait pas de poursuivre des activités désapprouvées par Dieu. On peut facilement appliquer cela au présent:  aujourd’hui aussi, il n’est pas admissible de rester attachés à des choses incompatibles avec la « sequela » de Jésus, comme c’est le cas des richesses malhonnêtes. A un moment, Il dit sans détour:  « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi » (Mt 19, 21). C’est précisément ce que fit Matthieu:  il se leva et le suivit! Dans cette action de « se lever », il est légitime de lire le détachement d’une situation de péché et, en même temps, l’adhésion consciente à une nouvelle existence, honnête, dans la communion avec Jésus.
Rappelons enfin que la tradition de l’Eglise antique s’accorde de façon unanime à attribuer à Matthieu la paternité du premier Evangile. Cela est déjà le cas à partir de Papia, Evêque de Hiérapolis en Phrygie, autour de l’an 130. Il écrit:  « Matthieu recueillit les paroles (du Seigneur) en langue hébraïque, et chacun les interpréta comme il le pouvait » (in Eusèbe de Césarée, Hist. eccl. III, 39, 16). L’historien Eusèbe ajoute cette information:  « Matthieu, qui avait tout  d’abord prêché parmi les juifs, lorsqu’il décida de se rendre également auprès d’autres peuples, écrivit dans sa langue maternelle l’Evangile qu’il avait annoncé; il chercha ainsi à remplacer par un écrit, auprès de ceux dont il se séparait, ce que ces derniers perdaient avec son départ » (Ibid., III, 24, 6). Nous ne possédons plus l’Evangile écrit par Matthieu en hébreu ou en araméen, mais, dans l’Evangile grec que nous possédons, nous continuons à entendre encore, d’une certaine façon, la voix persuasive du publicain Matthieu qui, devenu Apôtre, continue à nous annoncer la miséricorde salvatrice de Dieu et écoutons ce message de saint Matthieu, méditons-le toujours à nouveau pour apprendre nous aussi à nous lever et à suivre Jésus de façon décidée.

ST AUGUSTIN LIT ET COMMENTE ST JEAN

16 mai, 2013

http://peresdeleglise.free.fr/Augustin/commandementnouveau.htm

ST AUGUSTIN LIT ET COMMENTE ST JEAN

CHAPITRE 5E : LE COMMANDEMENT NOUVEAU

On trouve ce « commandement nouveau », l’Amour, tout particulièrement au cœur du 65e Tractatus, avec la question : Comment ce commandement « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » est-il nouveau, alors qu’inscrit dans la loi ancienne, il apparaît si ancien ?
Nous aurons aussi recours au Commentaire sur la première Epître de St Jean qui est surtout une méditation sur l’amour (à l’image de la 1ère épître de Jean).

Aimer même nos ennemis.
« Quelle est la perfection de l’amour ? D’aimer même nos ennemis, et de les aimer à cette fin qu’ils deviennent nos frères » … « Aime tes ennemis en souhaitant qu’ils deviennent tes frères ; aime tes ennemis en demandant qu’ils soient appelés à entrer en communion avec toi. » (Comment. sur la 1ère Ep., Tr, 1, 9).
Dans le texte de référence « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », ce qui est très important, en effet c’est : « aimer comme je vous ai aimés ». C’est pour cela qu’il convient d’aimer ses ennemis.
« C’est ainsi, en effet qu’a aimé celui qui, suspendu à la Croix, disait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » [Lc 23, 24] Il n’a pas dit : « Père, fais en sorte qu’ils vivent longtemps ; moi, ils me mettent à mort ; mais eux, qu’ils vivent ! Non, que dit-il ? « Pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Il voulait les arracher à la mort éternelle, par une prière toute de miséricorde et une puissance toute de force. Nombre d’entre eux crurent, et il leur fut pardonné d’avoir versé le sang du Christ. D’abord ils le versèrent en s’acharnant contre lui, ensuite ils le burent en croyant en lui. » A ce signe nous savons que nous sommes en lui, si en lui nous sommes parfaits. » C’est à cette perfection de l’amour des ennemis que le Seigneur nous invite, lorsqu’il dit : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » [MT 5, 48].(Tr I, 9, p. 135)
Pour arriver à cela, il faut déjà aimer ses frères : sans quoi on ne peut être dans la lumière et on est un menteur :
« Aimez vos ennemis » ? Gardez-vous du moins, ce qui serait plus grave, de haïr vos frères. Si vous n’aimez que vos frères, vous ne seriez pas encore parfaits ; mais si vous haïssez vos frères, qu’êtes-vous ? où en êtes-vous ? Que chacun regarde en son cœur ! Qu’il ne garde pas rancune à son frère, pour quelque parole dure ; que pour une chicane de la terre, il ne devienne pas terre ! Quiconque hait son frère en effet, qu’il ne prétende pas marcher dans la lumière ! Que dis-je ? Qu’il ne prétende pas marcher dans le Christ ! » Quiconque prétend être dans la lumière tout en haïssant son frère, est encore dans les ténèbres. » (Tr I, 11, p. 139)
L’explication plus complète de « l’amour des ennemis » viendra plus tard.

L’amour du monde qui détourne de l’amour de Dieu.
« Mais comment pourrons-nous aimer Dieu, si nous aimons le monde ? Dieu prépare donc en nous l’inhabitation de la charité. Il y a deux amours : du monde et de Dieu ; là où habite l’amour du monde, nul accès à l’amour de Dieu. Que l’amour du monde cède la place, et que Dieu habite en nous : que le meilleur occupe la place. Tu aimais le monde, renonce à l’amour du monde ; lorsque tu auras vidé ton cœur de tout amour terrestre, tu puiseras l’amour de Dieu : et déjà commence d’habiter en toi la charité, d’où ne peut provenir aucun mal. Ecoutez donc les paroles de celui qui ne veut que purifier. Le cœur humain est pour lui comme un champ : mais en quel état le trouve-t-il ? S’il y trouve une forêt, il défriche ; s’il trouve un champ nettoyé, il plante. Il veut y planter un arbre, la charité. Et quelle forêt veut-il défricher ? L’amour du monde. Ecoute ce que dit le défricheur de forêt : N’aimez pas le monde – c’est le verset qui suit – ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, la dilection du Père n’est pas en lui. » (Tr. II, 8)
Pourquoi ne pas aimer le monde ? Le Christ lui-même est venu dans le monde mais :

« Combien grande est la différence, bien qu’ils soient tous deux dans la prison, entre un accusé et celui qui vient le voir ! Il arrive en effet qu’un homme vienne voir son ami, lui rende visite : apparemment tous deux sont en prison, mais leur condition est bien distincte et différente ! L’un est sous le coup d’une accusation, l’autre est venu par amitié. De même nous étions détenus en cette vie mortelle par le péché ; lui, il y est descendu par miséricorde. Il est venu vers le captif en rédempteur, non en accusateur. Le Seigneur a versé son sang pour nous, il nous a rachetés, il a changé notre destin en espérance. Nous portons encore la mortalité de la chair, mais nous avons le gage de l’immortalité future : nous sommes ballottés sur la mer, mais déjà nous avons fixé sur le sol l’ancre de l’espérance. » (Tr II, 10, pp. 171-173)
Le monde d’après St Jean, rappelle Augustin, est
convoitise de la chair
convoitise des yeux
amibition du monde.
Et il s’interroge : pourquoi n’aimerais-je pas le monde que le Seigneur a fait ?
« Pourquoi n’aimerai-je pas ce que Dieu a fait ? Que l’Esprit de Dieu soit en toi pour te faire voir que tout cela est bon ; mais malheur à toi si, en aimant les créatures, tu abandonnes le Créateur ! Elles te semblent belles ? mais combien plus beau celui qui les a faites ! » (ibid. p. 173)
Suit alors une comparaison très « augustinienne » :
« … supposons qu’un fiancé donne une bague à sa fiancée ; si celle-ci préfère la bague à son fiancé, qui a fait cette bague pour elle, ne surprend-on pas, dans cet attachement au cadeau du fiancé, un cœur adultère, encore que cette jeune fille aime ce que lui a donné son fiancé ? Bien sûr, elle aime ce que lui a donné son fiancé ; pourtant, si elle disait : Cette bague me suffit ; mais lui, je ne veux plus le voir, quelle femme serait-ce là ? qui ne condamnerait cette folie ? qui ne convaincrait ce cœur d’adultère ? Tu aimes l’or au lieu de l’homme, tu aimes la bague au lieu du fiancé : si tels sont tes sentiments que tu préfères la bague au fiancé et ne veuilles plus voir ton fiancé, alors le gage qu’il t’a donné n’est plus lien d’amour, mais cause d’aversion. En te donnant ce gage, le fiancé espérait être aimé pour lui-même à travers ce gage. Si donc Dieu t’a donné toutes ces choses, aime-le, lui qui les a faites. Il veut te donner plus, je veux dire se donner, lui qui les a faites. Mais si tu aimes ces choses, même faites par Dieu, en négligeant le Créateur et en aimant le monde, ton amour ne sera-t-il pas tenu pour adultère ? (Tr II, 11, p. 173-175).
Ceux qui aiment le monde, ceux qui sont le monde :
« désirent manger, boire, coucher ensemble, s’adonner aux plaisirs de cette sorte. Est-ce à dire qu’on ne puisse user de ces choses avec mesure ? Ou alors, quand on dit : « N’aimez pas ces plaisirs », faut-il comprendre qu’il faut ne pas manger, ne pas boire, ne pas procréer d’enfants ? Ce n’est pas cela qu’on veut dire ! Mais vous devez, selon l’intention du Créateur, en user avec mesure, afin de ne pas vous laisser enchaîner par l’amour de ces choses : de crainte d’aimer pour en jouir ce qui ne vous est donné que pour en user. » (Tr II, 12, p. 175-177).
Augustin compare avec les tentations du Christ ce qu’il baptise « convoitise de la chair », « convoitise des yeux », « ambition du monde ». Fidèles aux paroles du Christ qui repousse le Tentateur, nous échappons à la convoitise du monde. (réf. dans l’Evangile à : Mt 4, 1-11 ; Lc 4, 1-13).
Pourquoi le commandement est nouveau ?
Il y a trois nouveautés :
Aimer comme Jésus nous a aimés
Appel à être des hommes nouveaux (conséquences de l’amour de Dieu)
Etre des chantres du cantique nouveau.
1) Le commandement est nouveau parce qu’il est assorti de « comme je vous ai aimés » : cf. Hom. Sur l’Evangile de Jean, Tract 65, 1 :
« Le Seigneur Jésus affirme qu’il donne à ses disciples un commandement nouveau, celui de l’amour mutuel, lorsqu’il dit : Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres.
Est-ce que ce commandement n’existait pas déjà dans la loi ancienne, puisqu’il y est écrit : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ? Pourquoi donc le Seigneur appelle-t-il nouveau un commandement qui est évidemment si ancien ? Est-ce un commandement nouveau parce qu’en nous dépouillant de l’homme ancien il nous revêt de l’homme nouveau ? Certes, l’homme qui écoute ce commandement, ou plutôt qui y obéit, est renouvelé non par n’importe quel amour mais par celui que le Seigneur a précisé, en ajoutant, afin de le distinguer de l’amour charnel : Comme je vous ai aimés.
[…]
C’est cet amour-là qui nous renouvelle, pour que nous soyons des hommes nouveaux, les héritiers du testament nouveau, les chantres du cantique nouveau. » [cité d'après Livre des Jours, pp. 406-407]
S’aimer comme Jésus nous a aimés : par ces derniers mots, le Seigneur distingue l’amour mutuel qu’il demande à ses disciples :
non seulement de l’amour coupable que se portent des adultères ou de la solidarité qui lie des complices de crimes ou de brigandages (amour illicite)
mais encore de l’amour naturel qu’ont entre eux les époux, les parents et les enfants, les amis, etc. (amour licite et même « commandé »).
Il s’agit là de « charité humaine » qui est différente de la « charité divine » que Jésus demande aux siens.
2) Le commandement est nouveau surtout parce qu’il nous rend nouveaux !
C’est ainsi qu’Augustin formule la nouveauté dans le Tr 10, 4 du Commentaire sur la 1ère Epître : « Ce commandement est nouveau parce qu’il rend nouveau ». Il continue :
« Quel est le commandement de Dieu ? le commandement nouveau, justement dit nouveau, parce qu’il renouvelle l’homme. »
Il s’agit de ne plus être à l’étroit mais d’ »habiter au large » (Tr X, 6, p. 425), car l’amour de Dieu dilate nos cœurs :
« Aimez tous les hommes, même vos ennemis ; non parce qu’ils sont vos frères, mais pour qu’ils soient vos frères ; en sorte que toujours vous brûliez d’amour fraternel, soit pour celui qui est déjà votre frère, soit pour que votre ennemi, afin qu’à force d’amour, vous en fassiez votre frère. » (Tr. X, 7, p. 429).
On retrouve cela aussi au début du Sermon 336, 1 :
« Voulant entrer et habiter en nous, le Seigneur Christ disait comme pour bâtir sa maison : Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Vous étiez vieux, vous n’étiez pas encore pour moi une demeure, vous gisiez dans vos ruines. Donc, pour vous arracher à la vieillerie de vos ruines, aimez-vous les uns les autres. »
La priorité est donnée à ce commandement de l’amour :
« Quelle autre question le Seigneur a-t-il posée à Pierre, après sa Résurrection, sinon celle-ci : « M’aimes-tu ? » Et il ne se contenta pas de l’interroger une fois ; mais, une seconde fois, même question, une troisième fois, même question. Bien que, la troisième fois, Pierre se fût attristé à la pensée que le Seigneur ne se fiait pas à lui, comme s’il ignorait ce qui se passait dans son cœur, cependant le Seigneur lui posa cette question une première, une seconde, une troisième fois. Trois fois la crainte a renié, trois fois l’amour a confessé. » (Tr. V, 4 Commentaire sur la 1ère Ep., p. 253).
La perfection de ce commandement est d’être prêt à mourir pour ses frères, mais surtout pour ses ennemis :
« C’est de cette charité que le Seigneur lui-même a donné l’exemple, lui qui est mort pour tous, a prié pour ceux qui le crucifiaient en disant : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Mais s’il était seul à agir ainsi, il ne serait plus notre Maître, puisqu’il n’aurait pas de disciples. A sa suite, les disciples ont agi comme lui. Lapidé, Etienne se met à genoux et dit : « Seigneur, ne leur impute pas ce crime ». Il aimait ceux qui le tuaient, car c’est pour eux aussi qu’il mourait. Ecoute également l’apôtre Paul : « Je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes. » Il était en effet de ceux pour lesquels priait Etienne, quand celui-ci mourait de leurs mains. » (Comment. sur la 1ère Ep., Tr V, 4, p. 255).
Il poursuit en rappelant le propos de Jean disant « quiconque hait son frère est un homicide » :
« Ne vous figurez pas, frères, que ce soit faute légère de haïr ou de ne pas aimer. Ecoutez ce qui suit : Quiconque hait son frère est un homicide. Si donc jusqu’alors quelqu’un prenait à la légère la haine qu’il a pour son frère, prendra-t-il également à la légère l’homicide qu’il commet dans son cœur ? Il ne fait pas un geste pour tuer un homme que déjà le Seigneur le tient pour homicide. Cet homme vit, et lui déjà est jugé meurtrier. Quiconque hait son frère est un homicide. Or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui. »
Pécher contre l’amour n’est pas seulement pécher contre celui qu’on n’aime pas : c’est pécher contre Dieu qui est amour : dit avec insistance par Augustin un peu plus loin dans le Tr. VII.
Mais comment atteindre cette perfection de la charité ? Cela commence par de petites choses :
« Si tu n’es pas encore capable de murir pour ton frère, sois déjà capable de lui donner de tes biens » (V, 12, p. 269).
Attention : la charité doit être sincère : on peut donner ses biens sans amour (souci de sa réputation, de popularité, gloire humaine…).
Les exigences du véritable amour sont donc :
la charité active :
« Si jamais vous voulez conserver la charité, mes frères, gardez-vous par dessus tout de croire qu’elle est languissante et oisive, et qu’on la conserve par une sorte de mansuétude, – que dis-je mansuétude, disons plutôt indolence et mollesse. Ce n’est pas ainsi qu’on la conserve. Ne te figure pas que tu aimes ton serviteur, quand tu ne le frappes pas ; que tu aimes ton fils, quand tu ne châties pas ; que tu aimes ton voisin, quand tu ne le reprends pas : ce n’est pas là charité, mais tiédeur. Que la charité soit fervente à corriger, à reprendre ! Si la vie est pure, réjouis-toi ; si elle est mauvaise, reprends, corrige. Ne va pas, dans l’homme, aimer l’erreur, mais l’homme ; car l’homme, c’est l’œuvre de Dieu ; l’erreur, c’est l’œuvre de l’homme. Aime l’œuvre de Dieu, non l’œuvre de l’homme. Aimer celle-ci, c’est détruire celle-là ; chérir celle-là, c’est purifier celle-ci. Mais, même s’il t’arrive de sévir, que ce soit par amour du mieux. » (p. 333, VII, 11)
la charité toujours :
« Les œuvres de miséricorde, les sentiments de charité, une piété sainte, une chasteté incorruptible, une tempérance qui garde la mesure, ce sont là vertus auxquelles nous devons toujours être fidèles. En public comme en privé, devant les hommes comme en notre chambre, qu’on parle ou se taise, qu’on soit occupé ou de loisir, ce sont vertus auxquelles nous devons toujours être fidèles : car toutes ces vertus que je viens d’énumérer sont intérieures. » (Tr VIII, 1, p. 339).
la charité humble :
« [L'Evangile (Mt 6, 1) dit] :  » Gardez-vous de faire vos bonnes œuvres devant les hommes pour être vus d’eux. » A-t-il voulu dire que, quelque bien que nous fassions, nous devions nous cacher aux yeux des hommes et craindre d’en être vus ? Si tu crains les spectateurs, tu n’auras pas d’imitateurs : il faut donc qu’on te voie. Mais tu ne dois pas agir pour qu’on te voie. Là ne doit pas être la fin de ta joie, le terme de ton bonheur, comme si tu estimais avoir obtenu tout le fruit de ta bonne action, quand on t’aura vu et loué. Cela, c’est néant. Méprise-toi, quand on te loue : que celui-là soit loué en toi, qui agit par toi. Le bien que tu fais, ne le fais donc pas pour ta propre gloire, mais pour la gloire de celui qui te donne de bien faire. » (p. 341, Tr. VIII, 2)
l’amour des ennemis : la question a été posée dès le traité 4 et sous forme de contradiction : Le Seigneur commande d’aimer ses ennemis et Jean ne parle que d’amour fraternel : n’y a-t-il pas là contradiction ? Augustin y revient dans le Tr. VIII et propose enfin une solution : ce que le chrétien doit voir dans son ennemi, c’est un frère appelé à la même sainteté que lui (Augustin reprend l’exemple du Christ mourant pour ses bourreaux : « Souhaite [à ton ennemi] d’avoir part avec toi à la vie éternelle ; souhaite-lui d’être ton frère. Si donc tu souhaites, en aimant ton ennemi, qu’il devienne ton frère : quand tu l’aimes, c’est un frère que tu aimes » (p. 361, Tr VIII, 10) :
« Cherche la raison pour laquelle le Christ te dit d’aimer tes ennemis. Est-ce pour qu’ils demeurent à jamais tes ennemis ? S’il te prescrit de les aimer pour qu’ils demeurent tes ennemis, tu les hais, tu ne les aimes pas. Considère comment lui-même les a aimés : non pour qu’ils demeurassent ses persécuteurs, comme le montrent les paroles : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Vouloir qu’ils soient pardonnés, c’était vouloir qu’ils soient changés ; vouloir qu’ils soient changés, c’était, d’ennemis qu’ils étaient, daigner faire d’eux des frères : et c’est bien ce qu’il a fait. » (p. 363, Tr VIII, 10).
La conclusion est que nous ne pourrions pas aimer « comme Dieu nous a aimés » s’il ne nous avait aimés le premier (idée centrale sur laquelle Augustin revient plusieurs fois) :
« Pourrions-nous l’aimer, s’il ne nous avait aimés le premier ? Si nous étions paresseux à l’aimer, ne soyons pas paresseux à lui rendre amour pour amour. Il nous a aimés le premier ; mais pour nous il n’en va pas de même. Il nous a aimés pécheurs, mais il a effacé le péché ; il nous a aimés pécheurs, mais il ne nous a pas rassemblés pour que nous commettions le péché. Il nous a aimés malades, mais il est venu parmi nous pour nous guérir. » (p. 325, Tr. VII, 7)
ou encore :
« En effet, comment pourrions-nous aimer, si lui ne nous avait aimés le premier ? En l’aimant, nous sommes devenus ses amis ; mais ce sont des ennemis qu’il a aimés pour en faire des amis. Le premier il nous a aimés, et nous a donné de l’aimer. Nous ne l’aimions pas encore ; en l’aimant nous devenons beaux. » (p. 397 , Tr. IX, 9).
3) Avec le commandement nouveau, nous sommes chantres du cantique nouveau.
C’est la troisième nouveauté annoncée plus haut.
Augustin lie commandement nouveau, homme nouveau, Testament nouveau, cantique nouveau ; mais c’est une affaire de cœur et non pas de temps qui distingue la Nouvelle Alliance et l’Ancienne Alliance : sous la loi ancienne il a existé des justes qui ont compris spirituellement les promesses terrestres ; sous la loi nouvelle, il y a des injustes qui n’ont pas reçu la parole de Dieu et qui n’ont pas été transformés.
Les commentaires principaux en la matière sont donnés dans les Enarrationes in Psalmos, commentaires sur les Ps 95 et 149.
« ‘Chantez au Seigneur un cantique nouveau’. Au vieil homme l’ancien cantique, au nouvel homme, un cantique nouveau. L’Ancien Testament est l’ancien cantique ; le Nouveau Testament est le cantique nouveau. L’ancien Testament contient des promesses temporelles et terrestres. Quiconque aime les biens de la terre, chante l’ancien cantique, quiconque veut chanter le cantique nouveau, doit aimer les choses éternelles. Ce nouvel amour est aussi éternel ; il est donc éternellement nouveau, parce qu’il ne vieillit jamais. Car à la bien considérer, c’est là une chose ancienne ; comment peut-elle être en même temps nouvelle ? Mes frères, est-ce que la vie éternelle est née récemment ? C’est le Christ lui-même qui est la vie éternelle et, en tant qu’il est Dieu, il n’est pas né récemment, car au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu ; il était en Dieu au commencement. Toutes choses ont été faites par lui et rien n’a été fait sans lui (Jn 1, 3). Si les choses qu’il a faites sont anciennes, qu’est-il lui-même, lui par qui elle s ont été faites ? Qu’est-il, s’il n’est éternel et co-éternel avec son Père ? Mais nous, qui sommes tombés dans le péché, nous sommes, par le péché tombés dans la vieillesse. C’est en effet notre voix qui dit, en gémissant, dans un autre Psaume : J’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis (Ps 6, 8) : L’homme a vieilli par suite du péché, il est renouvelé par la grâce. Tous ceux qui sont renouvelés dans le Christ chantent donc le cantique nouveau et ils commencent ainsi à être dignes de la vie éternelle.
C’est aussi le cantique de la paix, c’est le cantique de l’amour. Quiconque se sépare de la communion des saints ne doit pas chanter le cantique nouveau. En effet, il a suivi l’impulsion de l’animosité du vieil homme et non celle de l’amour nouveau. Qu’y a-t-il dans cet amour nouveau. La paix, lien d’une sainte société, union étroite et spirituelle, édifice composé de pierres vivantes. Où est cet édifice ? Il est, non pas en un seul lieu, mais dans l’univers entier. C’est ce que nous voyons dans un autre Psaume, où il est dit : Chantez au Seigneur un cantique nouveau, que la terre entière adresse des cantiques au Seigneur (Ps 95, 1). Nous comprenons par là que celui qui ne chante pas avec toute la terre, chante l’ancien cantique, quelles que soient les paroles qui sortent de sa bouche. » En. in Ps. 149, 1-2
Le cantique nouveau produit des fruits d’amour et d’unité : « Que nul ne se sépare de l’unité, que nul ne s’en retire par le schisme si vous êtes froment, sachez supporter la paille jusqu’à ce que le vannage ait lieu. » (En. in Ps. 149, 3).
« Le Seigneur, qui aime le cantique nouveau, vous l’apprend en disant : « Que celui qui veut être mon disciple, se renonce lui-même, qu’il porte sa croix et qu’il me suive. »" (ibid. 149, 7)
Cette idée était déjà présente dans le Commentaire du Ps 95, 2 :
« ‘Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; ô terre entière, chantez au Seigneur’ (Ps 95,1) Si toute la terre chante un cantique nouveau, la maison du Seigneur se construit lorsque la terre chante ; car c’est ce chant même qui l’élève, pourvu qu’il ne soit rien chanté de vieux. La cupidité de la chair chante ce qui est vieux, l’amour de Dieu chante ce qui est nouveau. Quoi que vous chantiez sous l’inspiration de la cupidité, vous ne chanterez que ce qui est vieux, et lors même que votre bouche prononcerait les paroles du Cantique nouveau, la louange n’est pas belle dans la bouche du pécheur [Eccl, XV, 9]. Il vaut mieux être l’homme nouveau et garder le silence, que d’être le vieil homme et de chanter ; car si vous êtes l’homme nouveau et que vous vous taisiez, les oreilles des hommes ne vous entendront pas, mais votre cœur n’en chantera pas moins le Cantique nouveau, et ce cantique parviendra jusqu’aux oreilles de Dieu, qui a fait de vous un homme nouveau. Vous aimez et vous gardez le silence ; or, l’amour même est une voix qui monte vers Dieu, et l’amour même est le Cantique nouveau. Ecoutez la preuve que c’est là le Cantique nouveau : « Je vous donne, dit le Seigneur, un commandement nouveau, qui est que vous vous aimiez les uns les autres (Jn XIII, 34) ». Toute la terre chante donc le Cantique nouveau, et c’est là qu’est bâtie la maison de Dieu. Toute la terre est donc la maison de Dieu. Si toute la terre est la maison de Dieu, quiconque n’est pas attaché à la terre tout entière, ne fait partie que d’une ruine et non de la maison de Dieu : il est cette vieille ruine, dont le vieux Temple était l’ombre. C’est là en effet que ce qui était vieux a été jeté bas, pour élever à la place ce qui est nouveau. » (En. In Ps., 95, 2).
Le résultat du cantique nouveau est la « rénovation par l’Amour ». L’édifice grandit par l’annonce avec zèle du Seigneur et de sa gloire :
« Si vous prétendez annoncer votre propre gloire, vous tomberez ; si vous annoncez sa gloire, c’est vous-même que vous placez dans l’édifice, en l’élevant. C’est pourquoi ceux qui prétendent annoncer leur propre gloire refusent de faire partie de cette maison, et c’est pour cela qu’ils ne chantent pas le cantique nouveau avec toute la terre ». (ibid).

Conclusion
« Chantez avec la voix, chantez avec le cœur, chantez avec la bouche, chantez par toute votre vie : Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez comment chanter celui que vous aimez ? Car, sans aucun doute, tu veux chanter celui que tu aimes. Tu cherches quelles louanges lui chanter ? Vous avez entendu : Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez où sont ses louanges ? Sa louange est dans l’assemblée des fidèles. La louange de celui que l’on veut chanter, c’est le chanteur lui-même.
Vous voulez dire les louanges de Dieu ? Soyez ce que vous dites. Vous êtes sa louange, si vous vivez selon le bien. » (Commentaire sur le Ps 149 – Livre des Jours, p. 378)

BENOÎT XVI: JEAN, LE VOYANT DE PATMOS

4 mai, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060823_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 23 AOÛT 2006

JEAN, LE VOYANT DE PATMOS

Chers frères et soeurs,

Dans la dernière catéchèse, nous étions arrivés à la méditation sur la figure de l’Apôtre Jean. Nous avions tout d’abord cherché à voir ce que l’on peut savoir  de  sa  vie.  Puis,  dans  une deuxième catéchèse, nous avions médité le contenu central de son Evangile, de ses Lettres:  la charité, l’amour. Et aujourd’hui, nous revenons encore une fois sur la figure de l’Apôtre Jean, en prenant cette fois en considération le Voyant de l’Apocalypse. Et nous faisons immédiatement une observation:  alors que ni le Quatrième Evangile, ni les Lettres attribuées à l’Apôtre ne portent jamais son nom, l’Apocalypse fait référence au nom de Jean, à quatre reprises (cf. 1, 1.4.9; 22, 8). Il est évident que l’Auteur, d’une part, n’avait aucun motif pour taire son propre nom et, de l’autre, savait que ses premiers lecteurs pouvaient l’identifier avec précision. Nous savons par ailleurs que, déjà au III siècle, les chercheurs discutaient sur la véritable identité anagraphique du Jean de l’Apocalypse. Quoi qu’il en soit, nous pourrions également l’appeler « le Voyant de Patmos », car sa figure est liée au nom de cette île de la Mer Egée, où, selon son propre témoignage autobiographique, il se trouvait en déportation « à cause de la Parole de Dieu et du témoignage pour Jésus » (Ap 1, 9). C’est précisément à Patmos, « le jour du Seigneur… inspiré par l’Esprit » (Ap 1, 10), que Jean eut des visions grandioses et entendit des messages extraordinaires, qui influencèrent profondément l’histoire  de  l’Eglise et la culture occidentale tout entière. C’est par exemple à partir du titre de son livre – Apocalypse, Révélation – que furent introduites dans notre langage les paroles « apocalypse, apocalyptique », qui évoquent, bien que de manière inappropriée, l’idée d’une catastrophe imminente.
Le livre doit être compris dans le cadre de l’expérience dramatique des sept Eglises d’Asie (Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée), qui vers la fin du I siècle durent affronter des difficultés importantes – des persécutions et également des tensions internes – dans leur témoignage  au  Christ.  Jean  s’adresse à elles en faisant preuve d’une vive sensibilité pastorale à l’égard des chrétiens persécutés, qu’il exhorte à rester solides dans la foi et à ne pas s’identifier au monde païen si fort. Son objet est constitué en définitive par la révélation, à partir de la mort et de la résurrection du Christ, du sens de l’histoire humaine. La première vision fondamentale de Jean, en effet, concerne la figure de l’Agneau, qui est égorgé et pourtant se tient debout (cf. Ap 5, 6), placé au milieu du trône où Dieu lui-même est déjà assis. A travers cela, Jean veut tout d’abord nous dire deux choses:  la première est que Jésus, bien que tué par un acte de violence, au lieu de s’effondrer au sol, se tient paradoxalement bien fermement sur ses pieds, car à travers la résurrection, il a définitivement vaincu la mort; l’autre est que Jésus, précisément en tant que mort et ressuscité, participe désormais pleinement au pouvoir  royal et salvifique du Père. Telle est la vision fondamentale. Jésus, le Fils de Dieu, est sur cette terre un agneau sans défense, blessé, mort. Toutefois, il se tient droit, il est debout, il se tient devant le trône de Dieu et participe du pouvoir divin. Il a entre ses mains l’histoire du monde. Et ainsi, le Voyant veut nous dire:  Ayez confiance en Jésus, n’ayez pas peur des pouvoirs opposés, de la persécution! L’Agneau blessé et mort vainc! Suivez l’Agneau Jésus, confiez-vous à Jésus, prenez sa route! Même si dans ce monde, ce n’est qu’un Agneau qui apparaît faible, c’est Lui le vainqueur!
L’une des principales visions de l’Apocalypse a pour objet cet Agneau en train d’ouvrir un livre, auparavant fermé par sept sceaux que personne n’était en mesure de rompre. Jean est même présenté alors qu’il pleure, car l’on ne trouvait personne digne d’ouvrir le livre et de le lire (cf. Ap 5, 4). L’histoire reste indéchiffrable, incompréhensible. Personne ne peut la lire. Ces pleurs de Jean devant le mystère de l’histoire si obscur expriment peut-être le sentiment des Eglises asiatiques déconcertées par le silence de Dieu face aux persécutions auxquelles elles étaient exposées à cette époque. C’est un trouble dans lequel peut bien se refléter notre effroi face aux graves difficultés, incompréhensions et hostilités dont souffre également l’Eglise aujourd’hui dans diverses parties du monde. Ce sont des souffrances que l’Eglise ne mérite certainement pas, de même que Jésus ne mérita pas son supplice. Celles-ci révèlent cependant la méchanceté de l’homme, lorsqu’il s’abandonne à l’influence du mal, ainsi que le gouvernement supérieur des événements de la part de Dieu. Eh bien, seul l’Agneau immolé est en mesure d’ouvrir le livre scellé et d’en révéler le contenu, de donner un sens à cette histoire apparemment si souvent absurde. Lui seul peut en tirer les indications et les enseignements pour la vie des chrétiens, auxquels sa victoire sur la mort apporte l’annonce et la garantie de la victoire qu’ils obtiendront eux aussi sans aucun doute. Tout le langage fortement imagé que Jean utilise vise à offrir ce réconfort.
Au centre des visions que l’Apocalypse  présente,  se  trouvent  également celles très significatives de la Femme qui accouche d’un Fils, et la vision complémentaire du Dragon désormais tombé des cieux, mais encore très puissant. Cette Femme représente Marie, la Mère du Rédempteur, mais elle représente dans le même temps toute l’Eglise, le Peuple de Dieu de tous les temps, l’Eglise qui, à toutes les époques, avec une grande douleur, donne toujours à nouveau le jour au Christ. Et elle est toujours menacée par le pouvoir du Dragon. Elle apparaît sans défense, faible. Mais alors qu’elle est menacée, persécutée par le Dragon, elle est également protégée par le réconfort de Dieu. Et à la fin, cette Femme l’emporte. Ce n’est pas le Dragon qui gagne. Voilà la grande prophétie de ce livre qui nous donne confiance. La Femme qui souffre dans l’histoire, l’Eglise qui est persécutée, apparaît à la fin comme une Epouse splendide, figure de la nouvelle Jérusalem, où il n’y a plus de larmes, ni de pleurs, image du monde transformé, du nouveau monde, dont la lumière est Dieu lui-même, dont la lampe est l’Agneau.
C’est pour cette raison que l’Apocalypse de Jean, bien qu’imprégnée par des références continues aux souffrances, aux tribulations et aux pleurs – la face obscure de l’histoire -, est tout autant imprégnée par de fréquents chants de louange, qui représentent comme la face lumineuse de l’histoire. C’est ainsi, par exemple, que l’on lit la description d’une foule immense, qui chante presque en criant:  « Alléluia! le Seigneur notre Dieu a pris possession de  sa royauté, lui, le Tout-Puissant. Soyons dans la joie, exultons, rendons-lui gloire, car voici les noces de l’Agneau. Son épouse a revêtu ses parures » (Ap 19, 6-7). Nous nous trouvons ici face au paradoxe chrétien typique, selon lequel la souffrance n’est jamais perçue  comme  le dernier mot, mais considérée comme un point de passage vers le bonheur, étant déjà même mystérieusement imprégnée par la joie qui naît de l’espérance. C’est précisément pour cela que Jean, le Voyant de Patmos, peut terminer son livre par une ultime aspiration, vibrant d’une attente fervente. Il invoque la venue définitive du Seigneur:  « Viens, Seigneur Jésus! » (Ap 22, 20). C’est l’une des prières centrales de la chrétienté naissante, également traduite par saint Paul dans la langue araméenne:  « Marana tha ». Et cette prière, « Notre Seigneur, viens! » (1 Co 16, 22), possède plusieurs dimensions. Naturellement, elle est tout d’abord l’attente de la victoire définitive du Seigneur, de la nouvelle Jérusalem, du Seigneur qui vient et qui transforme le monde. Mais, dans le même temps, elle est également une prière eucharistique:  « Viens Jésus, maintenant! ». Et Jésus vient, il anticipe son arrivée définitive. Ainsi, nous disons avec joie au même moment:  « Viens maintenant, et viens de manière définitive! ». Cette prière possède également une troisième signification:  « Tu es déjà venu, Seigneur! Nous sommes certains de ta présence parmi nous. C’est pour nous une expérience joyeuse. Mais viens de manière définitive! ». Et ainsi, avec saint Paul, avec le Voyant de Patmos, avec la chrétienté naissante, nous prions nous  aussi:  « Viens, Jésus! Viens, et transforme le monde! Viens dès aujourd’hui et que la paix l’emporte! ». Amen!

EVANGILE SELON MARC – INFORMATIONS (étude) AVANCÉES

25 avril, 2013

http://mb-soft.com/believe/tfs/mark.htm

EVANGILE SELON MARC

INFORMATIONS AVANCÉES

(Je vais juste par le chapitre III)

III. Langue originale, VOCABULAIRE, ET STYLE
Il a toujours été l’opinion commune que le second évangile a été écrit en grec, et il n’ya aucune raison solide de douter de la justesse de cette vue. Nous apprenons de Juvénal (sam., III, 60 sq;. VI, 187 sqq) et Martial (Epig., XIV, 58) que le grec a été très largement parlé à Rome au premier siècle. Diverses influences étaient à l’œuvre pour diffuser la langue dans la capitale de l’Empire. «En effet, il y avait une double tendance qui embrassaient à des cours une fois aux deux extrémités de l’échelle sociale. D’une part parmi les esclaves et les classes commerciales, il y avait des essaims d’Orientaux grecs et de langue grecque. D’autre part dans les grades supérieurs c’était la mode de parler grec, les enfants ont appris par les infirmières qu’elle grecques et dans la vie, après l’utilisation de celui-ci a été réalisée à la hauteur de l’affectation »(Sanday et Headlam,« Romains », p. LII). Nous savons, aussi, qu’il était en grec écrit saint Paul aux Romains, et de Rome Saint-Clément a écrit à l’Eglise de Corinthe dans la même langue. Il est vrai que certains manuscrits cursifs grecs du Xe siècle ou plus tard parler de l’Evangile comme second écrit en latin (egrathe Romaisti fr Rome, mais peu de preuves et à la fin de ce genre, qui est probablement seulement une déduction sur le fait que l’Evangile a été écrit à Rome, peut être autorisé sur le poids. semble tout aussi improbable l’opinion de Blass (Philol. de l’Gosp., 196 sqq.) que l’Evangile a été écrit en araméen. Les arguments avancés par Blass (cf. aussi Allen dans  » . Expositor « , 6e série, I, 436 sqq) montrent simplement tout au plus que Marc peut-être pensé en araméen;. et, naturellement, son simple, familier grecs révèle une grande partie de la teinte natif araméenne Blass exhorte en effet que les diverses lectures dans les manuscrits de Marc, et les variations de citations patristiques de l’Evangile, sont des reliques de différentes traductions d’un original araméen, mais les cas, il invoque à l’appui de cette situation sont assez concluants. Un original araméen est absolument incompatible avec le témoignage de Papias, qui contraste évidemment le travail de l’interprète de Pierre avec le travail en araméen de Matthieu. Elle est incompatible, aussi, avec le témoignage de tous les autres Pères, qui représentent l’Evangile comme écrit par l’interprète de Pierre pour les chrétiens de Rome.
Le vocabulaire de l’Évangile Seconde embrasse 1330 mots distincts, dont 60 sont des noms propres. Quatre-vingts mots, à l’exclusion des noms propres, on ne trouve pas ailleurs dans le Nouveau Testament, ce qui, cependant, est un petit nombre en comparaison avec plus de 250 mots particuliers dans l’Evangile de saint Luc. Des mots de Saint-Marc, 150 sont partagés que par les deux autres synoptiques, 15 sont partagés que par Saint-Jean (Evangile), et 12 autres par l’un ou l’autre des Synoptiques et de saint Jean. Bien que les mots trouvés, mais une fois dans le Nouveau Testament (hapax Apax) ne sont pas assez nombreux dans le second évangile, ils sont souvent remarquables, nous nous réunissons avec des mots rares tard grecs tels que (Eiten, paidiothen, avec des expressions familières comme (kenturion, xestes , spekoulator), et avec translittérations tels que Korban, Taleitha koum, Effata, rabbounei (cf. Swete, op. cit., p. XLVII). Parmi les mots propres à Saint-Marc près d’un quart sont des non-classiques, tandis que parmi celles particulières à saint Matthieu ou à Saint-Luc, la proportion de non-classique des mots n’est que d’environ un septième (cf. Hawkins, « Hor. Synopt. », 171). Dans l’ensemble, le vocabulaire du second évangile points à l’écrivain comme un étranger qui connaissait bien le grec familier, mais un étranger relative à l’utilisation de la langue littéraire.
Style de Saint-Marc est clair, direct, concis, pittoresque et, si parfois un peu rudes. Il fait un usage très fréquent des participes, aime le présent historique, de la narration directe, des doubles négations, de l’utilisation abondante de adverbes de définir et de mettre l’accent ses expressions. Il varie son temps du très librement, parfois pour faire ressortir les différentes nuances de sens (VII, 35; XV, 44), parfois apparemment pour donner vie à un dialogue (IX, 34; XI, 27). Le style est souvent la plus comprimée, beaucoup étant transmis en quelques mots (i, 13, 27; xii, 38-40), mais au adverbes d’autres temps et synonymes et même les répétitions sont utilisées pour accentuer l’impression et la colorent l’image. Des clauses sont généralement enchaînées dans la manière la plus simple par Kai; n’est pas utilisé de moitié aussi souvent que dans Matthieu ou Luc, tandis que oun survient seulement cinq fois dans l’Évangile tout entier. Latinismes sont rencontré plus fréquemment que dans les autres Evangiles, mais cela ne prouve pas que Marc a écrit en latin ou même compris la langue. Cela prouve simplement qu’il était familier avec le grec commun de l’Empire romain, qui librement adopté mots latins et, dans une certaine mesure, la phraséologie latine (cf. Blass, «Philol. Gosp de l’. », 211 sq), en effet ces familiarité avec ce qu’on pourrait appeler romains grecs confirment fortement l’idée traditionnelle que Marc était un «interprète», qui a passé quelque temps à Rome.
IV. ÉTAT DE TEXTE ET L’INTÉGRITÉ
Le texte de l’Evangile Deuxièmement, comme d’ailleurs de tous les évangiles, est parfaitement attestée. Elle est contenue dans tous les manuscrits primaires Unical, C, cependant, ne pas avoir le texte complet, dans tous les unicals plus importantes plus tard, dans la grande masse des cursives; dans toutes les anciennes versions:.. Latin (deux Vet Il en ses meilleurs manuscrits, et Vulg), syriaque (Pesh., Curet, Sin, Harcl Palest,), copte (Memph. et THEB), l’arménien, le gothique, et l’éthiopien;…… et il est largement attestée par patristique citations. Certains problèmes textuels, cependant, demeurent, par exemple, si Gerasenon ou Gergesenon est à lire dans v, 1, eporei ou epoiei dans vi, 20, et si les difficultés autou, attestée par B, Aleph, A, L, ou autes sont pour être lu dans vi, 20. Mais le grand problème textuel de l’Evangile concerne l’authenticité de ces douze derniers versets. Trois conclusions de l’Evangile sont connus: la conclusion de long, comme dans nos Bibles, des versets contenant 9-20, la courte se terminant par le verset 8 (ephoboumto Gar), et une forme intermédiaire qui (avec quelques légères variations) fonctionne comme suit: « Et ils ont immédiatement fait connaître tout ce qui avait été commandé à ceux de Pierre. Et après cela, Jésus Lui-même leur apparut, et à travers les envoya de l’Est à l’Ouest de la proclamation sainte et incorruptible du salut éternel. » Maintenant cette troisième forme peut être rejetée à la fois. Quatre manuscrits Unical, datant du VIIe au IXe siècle, il donne, en effet, après xvi, 9, mais chacun d’eux fait aussi référence à la plus longue se termine comme une alternative (pour détails cf. Swete, op. Cit., Pp . CV-CVII). Il se distingue également dans la marge du manuscrit cursif 274, en marge de l’Harclean syriaque et de deux manuscrits de la version Memphitic et, dans quelques manuscrits de l’Éthiopien qu’il tient entre le verset 8, et la conclusion ordinaire. Une seule autorité, la k Vieux latin, il donne seul (dans un rendu très corrompu), sans aucune référence à la forme plus longue. Ces éléments de preuve, surtout lorsque comparée à celle des deux autres terminaisons, ne peut avoir aucun poids, et en fait, aucun érudit qui concerne cette conclusion intermédiaires comme ayant tous les titres à l’acceptation.
Nous pouvons passer, ensuite, d’examiner comment le cas se situe entre la conclusion de long et le court, c’est à dire entre accepter XVI, 9-20, comme une partie authentique de l’Evangile d’origine, ou de faire la fin originale avec xvi, 8. En faveur de la Eusèbe se termine court (« Quaest. Ad Marin. ») Est appelé à dire que l’apologie pourrait se débarrasser de toute difficulté découlant de la comparaison de Matt. XXVIII, 1, avec Marc, xvi, 9, en ce qui concerne l’heure de la résurrection du Christ, en faisant remarquer que le passage au début de Marc avec le verset 9 n’est pas contenue dans tous les manuscrits de l’Évangile. L’historien passe ensuite sur lui-même à dire que dans presque tous les manuscrits de Marc, au moins, dans les précis (schedon fr apasi tois antigraphois… Ta M’goun akribe, l’Evangile se termine avec xvi, 8.
Il est vrai, Eusèbe donne une deuxième réponse, qui pourrait faire l’apologiste, et qui suppose l’authenticité du passage contesté, et il dit que cette réponse-ci pourrait être faite par celui «qui n’a pas osé mettre de côté quelque chose qui a été trouvé en aucune manière dans l’écriture Evangile « . Mais tout le passage montre assez clairement que Eusèbe était enclin à rejeter tout ce qui suit XVI, 8. Il est communément admis, aussi, qu’il ne s’applique pas ses canons aux versets litigieux, ce qui montre clairement qu’il n’a pas les considérer comme une partie du texte original (voir, cependant, Scriv. « Introd.», II, 1894, 339). Saint Jérôme dit aussi dans un seul endroit («Ad. Hedib. ») Que le passage manquait dans presque tous les manuscrits grecs (omnibus Græciæ libris capitule poene hoc in fine habentibus non), mais il cite d’ailleurs (« Commentaire. Matt . « ; » Ad Hedib »), et, comme nous le savons, il a incorporé dans la Vulgate.. Il est clair que tout le passage, où Jérôme fait la déclaration sur les versets litigieux étant absent de manuscrits grecs, est emprunté presque textuellement par Eusèbe, et on peut douter si sa déclaration ajoute vraiment aucune valeur probante indépendante à la déclaration d’Eusèbe. Il semble plus probable aussi que Victor d’Antioche, le premier commentateur de l’Évangile Deuxièmement, considéré XVI, 8, que la conclusion.
Si on ajoute à cela que l’Évangile se termine par XVI, 8, dans les deux plus anciens manuscrits grecs, B et Aleph, dans le péché. Syriaque et en quelques manuscrits éthiopiens, et que le manuscrit cursif 22 et quelques manuscrits arméniens indiquent doute quant à la vraie fin est au verset 8 ou le verset 20, nous avons mentionné toutes les preuves qui peuvent être invoquées en faveur de la conclusion de courte . La preuve externe en faveur de la longue, ou ordinaire, la conclusion est extrêmement forte. Le passage se trouve dans toutes les grandes unicals sauf B et Aleph – en A, C, (D), E, ​​F, G, H, K, M, (N), S, U, V, X, gamma, delta , (Pi, Sigma), Omega, Beth – dans tous les cursives, dans tous les manuscrits latins (. OL et Vulg) sauf k, dans toutes les versions sauf le syriaque (Sinaï dans le Pesh, Curet, Harcl… , Palest.), dans les manuscrits coptes, gothique, et la plupart des Arméniens.
Il est cité ou fait allusion, dans le quatrième siècle, par Aphraate, le tableau syriaque de chanoines, Macaire Magnes, Didyme, les Actes des Apôtres syriaques, Léonce, le Pseudo-Éphrem, Cyrille de Jérusalem, Épiphane, Ambroise, Augustin, et Chrysostome, dans le troisième siècle, par Hippolyte, Vincentius, les « Actes de Pilate», les «Constitutions apostoliques», et probablement par Celse, dans le second, par Irénée plus explicitement que la fin de l’évangile de Marc («In fine autem Evangelii ACI Marcus et quidem Dominus Jesus », etc – Marc XVI, 19), par Tatien dans le » Diatessaron « , et très probablement par Justin (« Apol I « , 45) et Hermas (Pasteur, IX, xxv, 2. ). Par ailleurs, dans le quatrième siècle certainement, et probablement dans le troisième, le passage a été utilisé dans la liturgie de l’Église grecque, une preuve suffisante que ce qui était sans aucun doute divertir quant à son authenticité. Ainsi, si l’authenticité du passage devaient être jugés par des preuves externes seuls, il pouvait difficilement y avoir aucun doute à ce sujet.
Beaucoup a été fait le silence de certains Père troisième et quatrième siècle, leur silence soit interprété comme signifiant qu’ils ne savaient pas le passage ou l’a rejeté. Ainsi Tertullien, SS. Cyprien, Athanase, Basile le Grand, Grégoire de Nazianze, et Cyrille d’Alexandrie sont appelé. Dans le cas de Tertullien et de Cyprien il ya place pour quelques doutes, car ils pourraient assez naturellement à attendre d’avoir cité ou fait allusion à Marc, XVI, 16 ans, si elles l’ont reçu, mais le passage ne peut guère avoir été inconnus à Athanase ( 298-373), car il a été reçu par Didyme (309-394), son contemporain à Alexandrie (PG, XXXIX, 687), ni de Basile, voyant qu’il a été reçu par son jeune frère Grégoire de Nysse (PG, XLVI, 652 ), ni à Grégoire de Nazianze, car il était connu pour son jeune frère Cæsarius (PG, XXXVIII, 1178), et quant à Cyrille d’Alexandrie, il cite réellement à partir de Nestorius (PG, LXXVI, 85). Les seules difficultés sérieuses sont créés par son omission dans B et Aleph et par les déclarations d’Eusèbe et de Jérôme.
Mais Tischendorf prouvé jusqu’à la démonstration (Proleg., p. xx, 1 ss.) Que les deux fameux manuscrits ne sont pas ici deux témoins indépendants, parce que le scribe de B copie la feuille dans Aleph sur lequel se trouve notre passage. Par ailleurs, dans les deux manuscrits, le scribe, bien que concluant avec le verset 8, trahit quelque chose de plus que les connaissances suivie soit dans son archétype ou dans d’autres manuscrits, dans B, contrairement à son habitude, il laisse plus d’une colonne vacant après le verset 8, et au verset 8 Aleph est suivie par un complexe d’arabesques, comme se rencontre nulle part ailleurs dans l’ensemble du manuscrit, en montrant que le scribe était au courant de l’existence d’une conclusion dont il voulait délibérément à exclure (cf. Cornely, « Introd. », iii, 96-99; Salmon,« Introd », 144-48).. Ainsi, les deux manuscrits témoignent de l’existence d’une conclusion, après le verset 8, où ils omettent. Que B et Aleph sont deux des cinquante manuscrits qui Constantin a commandé Eusèbe d’avoir des copies pour sa nouvelle capitale nous ne pouvons pas être sûr, mais en tout cas, ils ont été écrits à une époque où l’autorité d’Eusèbe a été primordiale dans la critique biblique, et probablement leur l’autorité est l’autorité, mais d’Eusèbe. La vraie difficulté, par conséquent, contre le passage, à partir de preuves externes, se réduit à ce Eusèbe et saint Jérôme dire sur son omission dans de nombreux manuscrits grecs, et ceux-ci, comme Eusèbe dit, les précise.
Mais quel que soit l’explication de cette omission, il faut se rappeler que, comme nous l’avons vu précédemment, les versets litigieux étaient largement connues et ont reçu bien avant l’époque d’Eusèbe. Dean Burgon, tout en soutenant pour l’authenticité de ces versets, a suggéré que l’omission auraient pu venir au sujet comme suit. Une des leçons ancienne église s’est terminée avec Marc, xvi, 8 et Burgon suggéré que le telos, qui se situerait à la fin de ces leçons, peut-être trompé certains scribe qui avait devant lui une copie des quatre Evangiles dans laquelle Marc se dernier, et dont la dernière feuille, contenant des versets litigieux, était absente. Compte tenu d’une copie tels défectueux, et en supposant qu’il est tombé dans les mains de scribes ignorants, l’erreur pourrait facilement se propager. D’autres ont suggéré que l’omission est sans doute d’être tracée à Alexandrie. Cette Eglise a mis fin au jeûne du Carême et a commencé la célébration de Pâques, à minuit, contrairement à la coutume de la plupart des Eglises, qui ont attendu pour le chant du coq (cf. Denys d’Alexandrie dans PG, X, 1272 sq.) Maintenant Marc, xvi, 9: «Mais il se lever tôt », etc, pourraient facilement être prises pour favoriser la pratique des autres Églises, et il est suggéré que les Alexandrins peuvent avoir omis le verset 9 et ce qui suit à partir de leur lectionnaires, et à partir de ces omission pourrait passer dans les manuscrits de l’Évangile.
Qu’il y ait une force dans ces suggestions, ils soulignent en tout cas les moyens par lesquels il était possible que le passage, bien réelle, doit avoir été absent d’un certain nombre de manuscrits à l’époque d’Eusèbe, tandis que, sur l’autre et, si les versets n’ont pas été écrites par saint Mar, il est extrêmement difficile de comprendre comment ils auraient pu être si largement reçue dans le deuxième siècle pour être accepté par Tatien et Irénée, et probablement par Justin et Hermas, et trouver une place dans Les anciennes versions latines et syriaques.
Lorsque nous nous tournons vers les éléments internes, le nombre, et plus encore le caractère, des particularités est certes frappante. Les mots ou expressions suivants se produisent nulle part ailleurs dans l’Evangile: prote sabbaton (v. 9), ne se trouve pas encore dans le Nouveau Testament, au lieu de te [s] mia [s] [tonnes] sabbaton (v. 2), utilisé ekeinos absolue (10, 11, 20), poreuomai (10, 12, 15), theaomai (11, 14), apisteo (11, 16), les méta tauta et eteros (12), et une salle d’parakoloutheo onomati (17), ho kurios (19, 20), pantachou, sunergeo, bebaioo, epakoloutheo (20). Au lieu de la connexion d’habitude par kai et une occasionnelle de, nous avons de méta tauta (12), husteron [de] (14), les hommes ho oun (19), ekeinoi de (20). Ensuite, il est instamment demandé que le sujet du verset 9 n’a pas été mentionnée immédiatement avant; que Marie-Madeleine semble maintenant être introduit pour la première fois, mais en fait elle a été mentionné trois fois dans les seize versets précédents; qu’aucune référence n’est faite d’une apparition du Seigneur en Galilée, bien que cela était à prévoir en vue du message du verset 7. Comparativement peu d’importance attachée à ces trois derniers points, pour le sujet du verset 9 est suffisamment évident d’après le contexte, la référence à la Madeleine comme la femme sur qui le Christ avait chassé sept démons est explicable ici, comme montrant l’amour miséricordieux du Seigneur pour celui qui auparavant avait été si misérable, et la mention d’une apparition en Galilée n’était guère nécessaire.
L’important étant de prouver, comme ce passage ne, que le Christ était vraiment ressuscité des morts, et que ses apôtres, presque contre leur volonté, ont été obligés de croire le fait. Mais, même quand cela est dit, la force cumulée de la preuve contre l’origine du passage Marcan est considérable. Quelques explications peuvent en effet être proposés sur presque tous les points (cf. Knabenbauer, « Comm. De Marc. », 445-47), mais elle est le fait que dans le court espace de douze versets tant de points nécessitent des explications qui fait la force de la preuve. Il n’ya rien d’étrange à propos de l’utilisation, dans un passage comme celui-ci, de nombreux mots rares qu’il auteur. Seulement dans le dernier caractère est utilisé apisteo par saint Luc aussi (Luc 24:11, 41), eteros est utilisé une seule fois dans l’Evangile de Saint Jean (XIX, 37), et parakoloutheo n’est utilisé qu’une seule fois par saint Luc (i , 3). Par ailleurs, dans d’autres passages de Saint-Marc utilise beaucoup de mots qui ne figurent pas dans l’Évangile en dehors du passage particulier. Au cours des dix versets, Marc, IV, 20-29, l’auteur a constaté quatorze mots (quinze, si phanerousthai du xvi, 12, soit ne pas Marcan) qui n’existent nulle part ailleurs dans l’Evangile. Mais, comme l’a dit, c’est la combinaison de tant de caractéristiques particulières, non seulement du vocabulaire, mais de la matière et de la construction, qui laisse place à aucun doute quant à la paternité Marcan des versets.
En pesant les preuves internes, cependant, compte doit être de prendre de l’improbabilité de la conclusion de l’évangéliste au verset 8. En dehors de l’invraisemblance de sa fin avec la gar Participe, il n’aurait jamais volontairement fermer son compte sur les «bonnes nouvelles» (I, 1) avec la note de la terreur attribué au xvi, 8, à certains des disciples du Christ. Ne pouvait pas non un évangéliste, surtout un disciple de saint Pierre, volontairement conclure son Evangile, sans mentionner quelque apparence du Seigneur ressuscité (Actes 1:22; 10:37-41). Si, alors, Marc conclu avec le verset 8, il doit avoir été parce qu’il est mort ou a été interrompu avant qu’il ait pu écrire plus. Points de la tradition Mais pour sa vie sur l’Evangile, après a été achevée, car il le représente comme apportant le travail avec lui en Egypte ou en tant que de le remettre aux chrétiens de Rome qui avait demandé pour lui. Il n’est pas facile de comprendre comment, si il vivait, il aurait pu être interrompue pour être efficacement empêchée d’ajouter, tôt ou tard, même une courte conclusion. Non beaucoup de minutes auraient été nécessaires pour écrire un tel passage comme XVI, 9-20, et même si c’était son désir, comme Zahn suggère sans raison (Introd., II, 479), d’ajouter quelques portions considérables pour le travail, il est encore inconcevable comment il aurait pu soit distribué lui-même ou ses amis a permis de la faire circuler, sans lui fournir au moins une conclusion temporaire et provisoire. En toute hypothèse, alors, XVI, 8, semble une fin impossible, et nous sommes forcés de conclure soit que la vraie fin est perdu ou que nous l’avons dans les versets litigieux. Maintenant, il n’est pas facile de voir comment il aurait pu être perdu. Zahn affirme qu’il n’a jamais été établie ni fait probable que même une seule phrase complète du Nouveau Testament a totalement disparu du texte transmis par l’Église (Introd., II, 477). En l’espèce, si la vraie fin ont été perdus pendant la durée de vie de Marc, la question à la fois se produit: Pourquoi n’at-il pas le remplacer? Et il est difficile de comprendre comment il pourrait avoir été perdu après sa mort, car avant cette date, sauf si il est mort en quelques jours de l’achèvement de l’Evangile, il doit avoir été copié, et il est peu probable que les mêmes versets pourraient ont disparu de plusieurs copies.
On verra de cette enquête sur la question qu’il n’y a aucune justification pour l’énoncé confiant de Zahn: «Il peut être considéré comme l’un des plus certaines des conclusions de critique, que les mots ephobounto gar, XVI, 8, sont les derniers mots dans le livre ont été écrits par l’auteur lui-même « (Introd., II, 467). Quelle que soit la réalité, il n’est pas du tout certain que Marc n’a pas écrit les versets litigieux. C’est peut-être qu’il n’a pas, qu’ils sont de la plume d’un autre écrivain inspiré, et ont été annexées à l’Evangile dans le premier siècle ou au début de la seconde. Un manuscrit arménien, écrit en AD 986, les attribue à un prêtre nommé Ariston, qui peut être le même avec le Aristion prêtre, cité par Papias comme un contemporain de Saint-Jean en Asie. Catholiques ne sont pas liés à tenir que les versets ont été écrits par Saint-Marc. Mais ils sont l’Ecriture canonique, par le Concile de Trente (Sess. IV), dans la définition que toutes les parties des Livres Saints doivent être reçus comme sacrés et canoniques, avait surtout en vue les parties contestées de l’Évangile, dont le présent conclusion de Marc est un (cf. Theiner, « Acta gen. Conc. Trid. », I, 71 sq). Ainsi, celui qui a écrit les couplets, ils sont inspirés, et doit être reçu comme tel par tous les catholiques.
LIEU ET DATE DE V. COMPOSITION
Il est certain que l’Evangile a été écrit à Rome. Saint Jean Chrysostome parle en effet de l’Egypte comme le lieu de composition (« Hom. I. sur Matt. », 3), mais il a probablement mal compris Eusèbe, qui affirme que Marc a été envoyé en Egypte et a prêché l’Evangile n’y lequel il avait écrit ( « Hist. Eccl. », II, XVI). Quelques rares savants modernes ont adopté la suggestion de Richard Simon (« Hist. Crit. Texte du du NT», 1689, 107) que l’évangéliste peut avoir publié à la fois une romaine et une édition égyptienne de l’Evangile. Mais cette vue est suffisamment réfutée par le silence des Pères de l’Alexandrin. D’autres avis, comme celle de l’Evangile a été écrit en Asie Mineure ou à Antioche syrienne, ne sont pas dignes d’aucune considération.
La date de l’Evangile est incertain. La preuve externe n’est pas décisif, et les internes n’aide pas beaucoup. Saint Clément d’Alexandrie, Origène, Eusèbe, Tertullien et Saint Jérôme signifie qu’il a été écrit avant la mort de Saint-Pierre. La souscription de nombreux états manuscrits tard Unical et cursive qu’il a été écrit dans le dixième ou douzième année après l’Ascension (AD 38-40). La «Chronique pascale » qu’il assigne à AD 40, et la « Chronique » d’Eusèbe à la troisième année de Claudius (AD 43). Peut-être ces dates précoce peut être seulement une déduction de la tradition que Pierre est venu à Rome en l’an deux de Claudius, AD 42 (cf. Eusèbe, II, xiv. « Hist Eccl.. »;. Jr, « De Vir. Ill « , i). Saint Irénée, d’autre part, semble placer la composition de l’Évangile après la mort de Pierre et Paul (méta de dix exodon Touton – « .. Adv Haer », III, i). Papias, aussi, en affirmant que Marc a écrit en fonction de son souvenir des discours de Pierre, a été interprétée comme signifiant que Pierre était mort. Ceci, cependant, ne suit pas nécessairement des paroles de Papias, pour Peter aurait été absent de Rome. Par ailleurs, Clément d’Alexandrie (Eusèbe, « Hist. Eccl. », VI, xiv) semble dire que Pierre était vivant et à Rome à l’époque a écrit Marc, mais il a donné l’évangéliste aucune aide dans son travail. Il est laissé, par conséquent, le témoignage de saint Irénée contre celle de tous les autres témoins au début, et il est un fait intéressant que la plupart des savants d’aujourd’hui rationaliste et protestante préfère suivre Irénée et d’accepter la date plus tard pour l’évangile de Marc, mais Ils rejettent presque à l’unanimité le témoignage de la sainte, donné dans le même contexte et soutenu par toute l’antiquité, en faveur de la priorité de l’évangile de Matthieu au-Marc. Diverses tentatives ont été faites pour expliquer le passage dans Irénée, afin de le mettre en accord avec les autorités d’autres précoce (voir, par exemple, Cornely, « Introd. », Iii, 76-78; Patrizi, «De Evang. », I, 38), mais à l’auteur du présent article, ils apparaissent échoue si le texte existant doit être considérée comme correcte. Il semble beaucoup plus raisonnable, cependant, de croire que Irénée s’est trompé que toutes les autres autorités sont dans l’erreur, et donc la preuve externe serait montrer que Marc a écrit avant la mort de Pierre (AD 64 ou 67).
De la preuve interne, nous pouvons conclure que l’Evangile a été écrit avant l’an 70, car il n’y a aucune allusion à la destruction du Temple de Jérusalem, comme cela peut naturellement s’attendre compte tenu de la prédiction dans XIII, 2, si cet événement avait déjà eu lieu. D’autre part, si XVI, 20: «Mais ils vont de suite prêcher partout», se de la plume de Saint-Marc, l’Evangile ne peut bien avoir été écrite avant la clôture du premier voyage apostolique de saint Paul (AD 49 ou 50 ), car il est vu d’Actes, XIV, 26; XV, 3, que seul avait alors la conversion des païens commencé sur une grande échelle. Bien sûr, il est possible que les précédents à ce les apôtres avaient prêché loin parmi les Juifs dispersés, mais, dans l’ensemble, il semble plus probable que le dernier verset de l’Evangile, se produisant dans un ouvrage destiné aux lecteurs européens, ne peut pas avoir été écrit avant l’arrivée de saint Paul en Europe (AD 50-51). Prendre les preuves externes et internes ainsi, nous pouvons conclure que la date de l’Évangile se situe probablement entre 50 et 67 après JC.
VI. DESTINATION ET LE BUT
Tradition représente l’Evangile comme écrit principalement pour les chrétiens romains (voir ci-dessus, II), et la preuve interne, si elle n’est pas tout à prouver la véracité de ce point de vue, est tout à fait en accord avec elle. La langue et les coutumes des Juifs sont supposés être inconnus à au moins quelques-uns des lecteurs. Ainsi des termes comme Boanerges (III, 17), Korban (VII, 11), Ephphatha (VII, 34) sont interprétés; coutumes juives sont expliqués afin d’illustrer le récit (VII, 3-4; XIV, 12); de la situation des Mont des Oliviers en relation avec le Temple est souligné (XIII, 3), la généalogie du Christ est omis, et l’Ancien Testament est cité une seule fois (i, 2-3; xv, 28 ans, est omis par B, Aleph, A, C, D, X). Par ailleurs, la preuve, dans la mesure où il va, les points aux lecteurs romains. Pilate et son bureau sont censés être connus (15h01 – cf Matthieu 27:2;. Luc 03:01); d’autres pièces sont réduits à leur valeur en monnaie romaine (XII, 42); Simon de Cyrène est dit être le père d’Alexandre et de Rufus (XV, 21), un fait sans importance en soi, mais probablement parce que mentionnés Rufus était connu pour les chrétiens romains (Romains 16:13), et enfin, latinismes, ou des utilisations de vulgaires grec, tels que doit avoir été particulièrement fréquente dans une ville cosmopolite comme Rome, se produisent plus fréquemment que dans les autres Evangiles (v, 9, 15, vi, 37; XV, 39, 44; etc.)
Le second évangile n’a pas de déclaration, de son but est que l’on trouve dans les troisième et quatrième (1,1-3 Luc; Jean 20:31). Les critiques de Tübingen temps il considéré comme une «tendance» écrit, composé dans le but de la médiation entre les parties et de concilier pétrinien et Pauline dans l’Église primitive. Les rationalistes autres y ont vu une tentative d’apaiser la déception des chrétiens face au retard de la Venue du Christ, et ont jugé que son objet était d’exposer la vie terrestre du Seigneur de manière à montrer qu’en dehors de son retour glorieux, il avait suffisamment attestée le caractère messianique de sa mission. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des rationalistes à apprendre dans le but de l’Evangile. Le témoin Pères qu’il a été écrit pour mettre en forme permanente pour l’Eglise romaine les discours de saint Pierre, ni de raison d’en douter. Et l’Evangile lui-même montre assez clairement que Marc voulait dire, par la sélection, il fait des discours de Pierre, pour prouver aux chrétiens de Rome, et plus encore peut-être pour ceux qui pourraient penser des chrétiens deviennent, que Jésus était le Fils de Dieu Tout-Puissant. À cette fin, au lieu de citer la prophétie, comme Matthew fait pour prouver que Jésus était le Messie, il expose dans la langue puissance graphique du Christ sur toute la nature, comme en témoigne par ses miracles. La note dominante de tout l’Evangile retentit dans le tout premier verset: «Le commencement de l’évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu» (les mots «Fils de Dieu » sont retirés du texte par Westcott et Hort, mais très mal .. – cf Knabenb, « .. Comm en Marc », 23), et le but principal de l’évangéliste à travers semble être de prouver la vérité de ce titre et du verdict du centurion: «En effet, cet homme était (le fils) de Dieu »(XV, 39).
VII. RELATION AVEC MATTHIEU ET LUC
Les trois évangiles synoptiques couvrent une large mesure le même terrain. Marc, cependant, n’a rien correspondant aux deux premiers chapitres de Matthieu ou les deux premiers de Luc, très peu pour représenter la plupart des longs discours du Christ dans Matthieu, et peut-être rien de parallèle à la longue section dans Luc, IX, 51 -XVIII, 14. D’autre part, il a très peu qui ne se trouve dans l’une ou l’autre des deux autres synoptiques, la quantité de matière qui est propre à l’Evangile Deuxièmement, si tout cela était mis ensemble, s’élevant seulement à moins de soixante versets. Dans l’arrangement de la question commune aux trois évangiles diffèrent très sensiblement à l’endroit où Hérode Antipas est dit avoir entendu parler de la renommée de Jésus (Matthieu 13:58; Marc 04:13, Luc 09:06). À partir de ce point de l’ordre des événements est pratiquement la même dans les trois, sauf que Matthieu (xxvi, 10) semble dire que Jésus purifia le temple le jour de son entrée triomphale à Jérusalem et maudit le figuier que le jour suivant , tandis que Marc assigne deux événements pour le jour suivant, et les lieux de la malédiction du figuier avant la purification du Temple, et, tandis que Matthew semble dire que l’effet de la malédiction et l’étonnement des disciples là-dessus immédiatement suivi. Marc dit que c’était seulement le jour suivant, les disciples ont vu que l’arbre était desséchée par les racines (Matthieu 21:12-20; Marc 11:11-21).
Il est souvent dit, aussi, qui part Luc de l’arrangement de Marc en plaçant la divulgation de ce traître, après l’institution de l’Eucharistie, mais il semble que certains, le traître a été renvoyé à plusieurs reprises au cours de la Cène, cette différence peut être plus apparente que réelle (Marc 14:18-24, Luc 22:19-23). Et non seulement il ya cet accord considérable quant au sujet et arrangement, mais dans de nombreux passages, certains d’une longueur considérable, il ya coïncidence des mots et des phrases qu’il est impossible de croire que les comptes soient totalement indépendants. D’autre part, aux côtés de cette coïncidence, il est étrange et fréquemment des divergences récurrentes. «Que tout passage commun aux trois Synoptiques être mis à l’épreuve les phénomènes présentés sera beaucoup comme suit: d’abord, peut-être, nous aurons trois, cinq, ou plusieurs mots identiques; alors autant totalement distinctes, puis deux clauses ou. plus exprimé dans les mêmes termes, mais différentes dans le but, puis une clause contenue dans un ou deux, et non dans le troisième, puis plusieurs mots identiques, puis une clause ou deux, non seulement totalement distinctes, mais apparemment incompatibles, et ainsi de suite; avec des récurrences de l’arbitraire et mêmes altérations anormales, des coïncidences, et les transpositions.
La question se pose alors, comment allons-nous expliquer cette relation très remarquable des trois évangiles à l’autre, et, en particulier, pour notre but actuel, comment pouvons-nous expliquer la relation de Marc des deux autres? Pour une discussion complète de ce problème le plus important littéraires voir synoptiques. Il peut à peine être abordé ici, mais ne peut pas être totalement passée sous silence. Au départ peut être mis de côté, de l’avis de l’auteur, la théorie de la dépendance commune aux trois évangiles sur la tradition orale, pour, sauf sous une forme très modifiée, elle est incapable à elle seule d’expliquer tous les phénomènes à être comptabilisées pour. Il semble impossible que la tradition orale pouvait rendre compte de la similitude extraordinaire entre, par exemple, Marc, II, 10-11, et ses parallèles. Dépendance littéraire ou connexion d’un certain type doit être admis, et les questions, quelle est la nature de cette dépendance ou connexion? Marc ne dépendent Matthieu, ou sur les deux Matthieu et Luc, ou était-ce avant et utilisés dans les deux, ou sont tous les trois, peut-être, reliés par leur dépendance commune sur des documents antérieurs ou par une combinaison de certaines de ces causes? En réponse, il est à noter, en premier lieu, que toutes les traditions précoce représente l’Évangile de saint Matthieu que la première communication écrite, et cela doit être compris de notre présent Matthieu, pour Eusèbe, avec le travail de Papias avant lui, avait aucun doute que c’était notre présent Matthieu dont Papias censé avoir été écrit en hébreu (araméen). L’ordre des évangiles, selon les Pères et les premiers écrivains qui se réfèrent à ce sujet, a été Matthieu, Marc, Luc, Jean. Clément d’Alexandrie est le seul à qui signifie que Luc a écrit avant Marc (Eusèbe, « Hist. Eccl. », VI, XIV, dans PG, XX, 552), et pas un seul écrivain antique a estimé que Marc a écrit avant Matthieu. Saint Augustin, en supposant que la priorité de Matthieu, a tenté de rendre compte des relations entre les deux premiers Evangiles en estimant que le second est un recueil de la première (Matthaeum secutus tanquam breviator pedisequus et – « De Consens Evang..», Je , ii). Mais, dès que l’étude sérieuse du problème synoptique a commencé, on a vu que ce point de vue ne pouvait pas expliquer les faits, et il a été abandonné. La dépendance de l’évangile de Marc sur Matthieu cependant, mais pas à la manière d’un recueil, est toujours farouchement défendu. Zahn estime que l’Evangile deuxième est dépendante de la Matthieu araméen ainsi que sur les discours de Peter pour sa matière, et, dans une certaine mesure, par son ordre, et que le Matthieu grec est à son tour dépend de Marc pour sa phraséologie. Alors, trop, Besler («Einleitung in das NT», 1889) et Bonaccorsi (« I Tre primi Vangeli », 1904). On verra tout de suite que ce point de vue est conforme à la tradition en ce qui concerne la priorité de Matthieu, et il explique aussi les similitudes dans les deux premiers évangiles. Sa principale faiblesse semble à l’auteur de se situer dans son incapacité à expliquer certains des omissions Marc. Il est très difficile de voir, par exemple, pourquoi, si Saint-Marc avait le premier évangile devant lui, il a omis toute référence à la guérison du serviteur du centurion (Matthieu 8:5-13). Ce miracle, en raison de sa relation à un officier romain, aurait dû avoir un intérêt tout particulier pour les lecteurs romains, et il est extrêmement difficile de rendre compte de son omission par saint Marc, s’il avait l’Évangile de saint Matthieu avant lui. Encore une fois, saint Matthieu raconte que lorsque, après l’alimentation des cinq mille hommes, Jésus était venu, les disciples, marchant sur l’eau, ceux qui étaient dans le bateau »est venu et l’adoraient, en disant: Tu es en effet [le] Fils de Dieu « (Matthieu 14:33). Maintenant, le rapport de Marc de l’incident est: «Et il monta vers eux dans la barque, et le vent cessa, et ils furent très étonnés en eux-mêmes: car ils ne comprirent pas sur la multiplication des pains, mais leur cœur était aveuglé» (Marc 6 :51-52). Ainsi Marc ne fait aucune référence à l’adoration, ni à la confession frappante des disciples que Jésus était [le] Fils de Dieu. Comment pouvons-nous compte de cela, s’il avait le rapport de Matthieu devant lui? Une fois de plus, Matthieu raconte que, à l’occasion de la confession de Pierre du Christ près de Césarée de Philippe, Pierre lui dit: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu 16:16). Mais le rapport de Marc de cette magnifique confession est simplement: «Pierre, répondant lui dit: Tu es le Christ» (Marc 8:29). Il semble impossible d’expliquer l’omission d’ici les mots: «le Fils du Dieu vivant», des mots qui font la gloire particulière de cette confession, si Marc fait usage de l’Evangile d’abord. Il semblerait donc que le point de vue qui rend le second évangile dépend du Premier n’est pas satisfaisante. L’opinion qui prévaut à l’heure actuelle parmi les érudits protestants et non pas un peu de catholiques, en Amérique et en Angleterre ainsi qu’en Allemagne, c’est que l’Evangile de saint Marc est antérieur à saint Matthieu, et utilisé en elle, ainsi que de Saint-Luc. Ainsi Gigot écrit: «L’Evangile selon Marc a été écrit en premier et utilisée par les deux autres synoptiques» («The New York Review», septembre-décembre 1907.). De même Bacon, Yale Divinity School: «Il semble que le matériel récit de Matthieu est tout simplement celui de Marc transféré à former un cadre pour les masses de discours». . . « Nous trouvons la preuve ici positifs de la dépendance par notre Matthieu sur notre marque» (Introd. au NT, 1905, 186-89). Allen, de l’art. « Matthieu » dans « The International Critical Commentary », parle de la priorité de la deuxième pour les deux autres évangiles synoptiques comme «le seul résultat solide de la critique littéraire», et de Burkitt dans « L’Histoire Evangile » (1907), 37 ans, écrit : «Nous sommes obligés de conclure que Marc contient l’ensemble d’un document qui Matthieu et Luc ont utilisé de manière indépendante, et, en outre, que Marc contient très peu de chose à côté de cette conclusion est extrêmement important, c’est la contribution d’un solide constitué par l’. bourse d’études du XIXe siècle vers la solution du problème synoptique ». Voir aussi Hawkins, « horae Synopt. » (1899), 122; Salmond au Hast, III, 261. « Dict de la Bible. »; Plummer, « Evangile de Matthieu » (1909), p. xi; Stanton, «Les évangiles comme des documents historiques » (1909), 30-37; Jackson, « Essais Cambridge biblique » (1909), 455.
Pourtant, malgré la large acceptation de cette théorie a gagné, on peut douter si elle peut nous permettre d’expliquer tous les phénomènes des deux premiers, les Évangiles; Orr, « La Résurrection de Jésus » (1908), 61-72, n’a pas pense qu’il peut, ni ne Zahn (Introd., II, 601-17), dont certains des arguments contre elle n’ont pas encore été aux prises avec. Il offre en effet une explication toute prête des similitudes dans le langage entre les deux évangiles, mais le fait la théorie de Zahn de la dépendance de la Grèce lors de Matthieu Marc. Il contribue également à expliquer l’ordre des deux évangiles, et pour tenir compte de certaines omissions dans Matthieu (cf. notamment Allen, op. Cit., Pp XXXI-XXXIV). Mais elle laisse beaucoup de différences inexpliquées. Pourquoi, par exemple, devrait Matthieu, s’il avait l’évangile de Marc, avant lui, omettent référence au fait singulier enregistré par Marc que le Christ dans le désert était avec les bêtes sauvages (Marc 1:13)? Pourquoi devrait-il omettre (Matthieu 4:17) du résumé de Marc de la première prédication du Christ, « Repentez-vous et croyez à l’Evangile» (Marc 1:15), les mots très importants « croire à l’Evangile », qui ont été si appropriée à la occasion? Pourquoi devrait-il (IV, 21) omettent OLIGON et tautologiquement ajouter « deux frères » à Marc, I, 19, ou l’échec (IV, 22) à mentionner «les mercenaires» avec lesquels les fils de Zébédée quitté leur père dans le bateau (Marc 1:20), surtout depuis que, comme le remarque Zahn, la mention aurait aidé à sauver leur désertion de leur père à l’apparence d’être piété filiale. Pourquoi, encore, doit-il omettre VIII, 28-34, le fait curieux que, bien que l’Gadarene démoniaque, après sa guérison voulu suivre dans la compagnie de Jésus, il n’a pas été autorisé, mais a dit de rentrer chez eux et annoncer à ses amis ce grand choses que le Seigneur avait fait pour lui (Marc 5:18-19). Comment est-il que Matthieu a aucune référence à l’obole de la veuve et y toucher Christ commentaires (Marc 12:41-44) ni le nombre de porcs (Matthieu 8:3-34; Marc 5:13), ni le désaccord des témoins qui ont comparu contre le Christ? (Matthieu 26:60; 14:56 Marc, 59).

Il est sûrement étrange aussi, s’il avait l’évangile de Marc, avant lui, qu’il semble représenter de façon si différente au moment de la visite des femmes au tombeau, la situation de l’ange qui leur apparut et le but pour lequel ils sont venus (Matthieu 28:1-6; Marc 16:1-6). Encore une fois, même si nous admettons que Matthieu est le regroupement dans les chapitres VIII et IX, il est difficile de voir quelque raison satisfaisante pourquoi, s’il avait l’évangile de Marc, avant lui, il devrait donc disposer de ce compte Marcan des premiers Christ miracles enregistrés non seulement comme d’omettre le premier en tout, mais pour rendre la troisième et la seconde avec Marc respectivement la première et la troisième avec lui-même (Matthieu 8:1-15; Marc 1:23-31; 40-45). Allen effet. (Op. cit., P. XV-XVI) tente une explication de cette étrange omission et une inversion dans le huitième chapitre de Matthieu, mais il n’est pas convaincante. Pour voir d’autres difficultés Zahn, « Introd.», II, 616-617. Dans l’ensemble, alors, il apparaît prématuré de considérer cette théorie de la priorité de Marc comme définitivement établi, surtout quand on se rappelle qu’il est opposé à toutes les preuves au début de la priorité de Matthieu. La question est encore sub judice, et malgré l’immense travail qui lui sont dévolues, enquête patiente supplémentaire est nécessaire.
Il peut éventuellement être que la solution des relations particulières entre Matthieu et Marc se trouve ni dans la dépendance de deux sur la tradition orale, ni dans la dépendance soit sur l’autre, mais dans l’utilisation par un ou deux documents précédents. Si on peut supposer, et Luc, I, 1, donne terrain pour la supposition, que Matthieu a eu accès à un document écrit sans doute en araméen, incarnant la tradition pétrinien, il peut avoir combiné avec l’un ou de plusieurs autres documents, contenant principalement du Christ discours, pour former son Évangile araméen. Mais la tradition pétrinienne mêmes, peut-être dans une forme grecque, aurait été connu pour Marc a également, pour les autorités au début à peine nous obligent à tenir qu’il n’a pas fait usage des documents pré-existants. Papias (apud Eus, «il» III, 39;. PG XX, 297) parle de lui comme écrire certaines choses comme il les rappeler, et si Clément d’Alexandrie (ap. Eus, «il» VI, 14;. PG XX, 552) représente les Romains comme en pensant qu’il pouvait tout écrire de mémoire, il n’est pas du tout suivi ce qu’il faisait. Supposons donc que Matthieu incarné la tradition de Pierre dans son évangile araméen, et que Marc la suite utilisé, il ou plutôt une forme grecque de cela un peu différent, combinant avec lui des réminiscences de discours de Pierre. Si, en plus de cela, on suppose que le traducteur grec de Matthieu pour avoir fait usage de notre marque présents pour sa phraséologie, nous avons un moyen possible de la comptabilité pour les similitudes et les différences de nos deux premiers évangiles, et nous sommes libres au en même temps à accepter le point de vue traditionnel en ce qui concerne la priorité de Matthieu. Luc pourrait alors être tenu d’avoir utilisé nos Marc présents ou peut-être une forme antérieure de la tradition pétrinienne, se combinant avec une source ou des sources dont il n’appartient pas au présent article à envisager.
Bien sûr, l’existence de documents au début, comme ici, sont censés, ne peuvent pas être directement prouvée, sauf si la bêche devraient chance de les divulguer, mais il n’est pas du tout improbable. Il est raisonnable de penser que pas beaucoup d’années écoulées après la mort du Christ avant les tentatives ont été faites pour mettre en forme écrite des compte de ses paroles et ses œuvres. Luc nous dit que de nombreuses tentatives avaient été faites avant qu’il n’écrive et ne nécessite aucun effort pour croire que la forme pétrinien de l’Evangile avait été commis à l’écriture, avant les Apôtres séparés; qu’il a disparu par la suite ne serait pas merveilleux, voyant qu’il est inscrit dans les Evangiles. Il est à peine nécessaire d’ajouter que l’utilisation de documents plus tôt par un auteur inspiré est assez intelligible. Grace ne dispense pas de la nature, ni, en règle générale, l’inspiration avec ordinaires, des moyens naturels. L’auteur du second livre des Macchabées états distinctement que son livre est un abrégé d’un travail antérieur (2 Maccabées 02:24, 27), et saint Luc nous dit que, avant d’entreprendre d’écrire son évangile qu’il avait demandé diligence en toutes choses depuis le début (Luc 1:1).
Il n’ya aucune raison, par conséquent, pourquoi les catholiques devraient être timide d’admettre, si nécessaire, la dépendance des évangélistes d’inspiration sur des documents antérieurs, et, compte tenu des difficultés contre les autres théories, il est bon de garder cette possibilité à l’esprit dans tente de rendre compte des relations énigmatique de Marc pour les deux autres synoptiques.

Publication d’informations écrites par J. Macrory. Transcrit par Ernie Stefanik. L’Encyclopédie catholique, tome IX. Publié 1910. New York: Robert Appleton Société. Nihil obstat, Octobre 1, 1910. Remy Lafort, Censeur. Imprimatur. + John M. Farley, Archevêque de New York

25 AVRIL: SAINT MARC L’ÉVANGÉLISTE

24 avril, 2013

http://missel.free.fr/Sanctoral/04/25.php

25 AVRIL

SAINT MARC L’ÉVANGÉLISTE

HISTORIQUE

L’auteur du deuxième évangile ne se nomme pas, mais certains ont cru pouvoir l’identifier au jeune homme qui s’enfuit lors de l’arrestation du Seigneur : Et un jeune homme le suivait, un drap jeté sur son corps nu. Et on l’arrête, mais lui, lâchant le drap s’enfuit tout nu (évangile selon saint Marc XIV 51-52).
D’après Jean le Presbytre dont le témoignage rapporté par Papias (évêque d’Hiérapolis en Phrygie vers le premier quart du II° siècle) est cité par Eusèbe de Césarée dans un passage de son Histoire ecclésiastique (Livre III, chapitre XXXIX, 15) :
Voici ce que le presbytre disait : Marc, qui avait été l’interprète de Pierre, écrivit exactement tout ce dont il se souvint, mais non dans l’ordre de ce que le Seigneur avait dit ou fait, car il n’avait pas entendu le Seigneur et n’avait pas été son disciple, mais bien plus tard, comme je disais, celui de Pierre. Celui-ci donnait son enseignement selon les besoins, sans se proposer de mettre en ordre les discours du Seigneur. De sorte que Marc ne fut pas en faute, ayant écrit certaines choses selon qu’il se les rappelait. Il ne se souciait que d’une chose : ne rien omettre de ce qu’il avait entendu, et ne rien rapporter que de véritable.
Saint Justin (vers 150) cite comme appartenant aux Mémoires de Pierre un trait qui ne se trouve que dans l’évangile selon saint Marc (Dialogue avec Tryphon, n°106) : surnom de Boarnergès (fils du tonnerre) donné à Jacques et Jean, fils de Zébédée (Saint Marc III 16-17).
Saint Irénée (vers 180) dit qu’après la mort de Pierre et de Paul, Marc, disciple et interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce qui avait été prêché par Pierre(Contra haereses, Livre III, chapitre I, 1).
Tertullien attribue à Pierre ce que Marc a écrit (Adversus Marcionem, Livre IV, chapitre V).
La tradition le désigne donc comme un disciple de Pierre et son interprète authentique (Saint Clément d’Alexandrie, Origène – selon ce que Pierre lui avait enseigné- et saint Jérôme – Marc, interprète de l’apôtre Pierre et premier évêque d’Alexandrie).
Les anciens l’ont identifié avec le Marc ou le Jean-Marc des Actes des Apôtres et des épîtres pauliniennes : son nom hébreux aurait été Jean et son surnom romain aurait été Marc (Marcus qui a donné le grec Marcos), usage que l’on rencontre pour Joseph, surnommé Justus (Actes des Apôtres I 23), ou pour Simon, surnommé Niger (Actes des Apôtres XIII 1) ; il serait le fils d’une Marie, probablement veuve, chez qui se réunissait la première communauté chrétienne de Jérusalem et chez qui saint Pierre se réfugia après sa délivrance de la prison (Actes des Apôtres XII 12) ; celui-ci accompagna Paul et Barnabé, son propre cousin (Colossiens IV 10) dans un premier voyage (Actes des Apôtres XII 25), puis se sépara deux à Pergé en Pamphylie (Actes des Apôtres XIII 13) avant de repartir pour Chypre avec Barnabé (Actes des Apôtres XV 39) ; on le retrouve à Rome près de saint Paul prisonnier (Billet à Philémon 24) qui le charge d’une mission en Asie Mineure (Colossiens IV 10) et finalement l’appelle auprès de lui (II Timothée IV 11) ; la mention à Rome de Marc comme le fils très cher de l’apôtre Pierre (I Pierre V 13) fait penser que Marc a été baptisé par Pierre et qu’il se mit à son service après la mort de Paul.
Eusèbe de Césarée rapporte que Marc aurait été le fondateur de l’Eglise d’Alexandrie : Pierre établit aussi les églises d’Egypte, avec celle d’Alexandrie, non pas en personne, mais par Marc, son disciple. Car lui-même pendant ce temps s’occupait de l’Italie et des nations environnantes ; il envoya don Marc, son disciple, destiné à devenir le docteur et le conquérant de l’Egypte (Histoire ecclésiastique Livre II, chapitre XVI), ce qu’un texte arménien fixe à la première année du règne de Claude (41) et saint Jérôme la troisième (43) ; Eusèbe dit qu’il établit son successeur, Anien, la huitième année du règne de Néron (62).
L’attribut de saint Marc est le lion parce que son évangile commence par la prédication de saint Jean-Baptiste dans le désert et que le lion est l’animal du désert (Evangile selon saint Marc I 12-13).

L’ENQUÊTE DE LUC OU COMMENT UN MÉDECIN PAÏEN SE TRANSFORMA EN HISTORIEN DE JÉSUS.

22 janvier, 2013

http://www.spiritualite2000.com/page-95.php

AVENTURE SPIRITUELLE

MAI 2001 

L’ENQUÊTE DE LUC OU COMMENT UN MÉDECIN PAÏEN SE TRANSFORMA EN HISTORIEN DE JÉSUS.

Luc suit la flamme vacillante de la lanterne à travers les entrelacs des rues de la ville. Les faibles lueurs jettent sur les murs de pisé clair les ombres Incertaines de ses deux guides. Luc est étreint par une émotion puissante, II ne se sent pas encore prêt pour la rencontre. Hier, quand Jean lui a dit qu’elle l’attendait, qu’elle acceptait de le recevoir, jamais il n’aurait pu imaginer une joie plus grande. Elle, qui ne voit plus personne, dont on dît qu’elle ne parle jamais, elle, qui vit recluse dans la maison de Jean, elle. Marie, la mère du Seigneur.
« La mère du Seigneur », ces quatre mots représentent tellement pour Luc que ses pensées se bousculent dans son esprit. Elle, qui a connu le Seigneur alors qu’il n’était qu’une vie fragile qui tressaillait dans ses entrailles ; elle, qui a porté celui qui porte tout ; elle, qui a tenu dans ses bras le Salut du monde ; elle, qui a nourri de son lait celui qui allait s’offrir en nourriture à l’humanité ; elle, qui a appris les premiers mots humains à la Parole de Dieu ; elle, qui a recueilli le dernier mot du Christ en croix, du Verbe fait chair ; elle, qui a reçu dans ses bras le cadavre de celui qui est la Vie…
Luc demande à ses guides de ralentir le pas, il ne se sent pas prêt encore. Pourtant, II a tant désiré cette rencontre, lui qui consacre sa vie à recueillir les témoignages de ceux qui l’ont vu, qui l’ont connu, ce Jésus, le Christ, le Fils de Dieu venu dans le monde.
Dès qu’il avait rencontré Paul à Troas, Luc avait été subjugué par la puissance de sa foi et la force de son enseignement. Depuis, II est devenu son compagnon dans ses pérégrinations missionnaires. À l’annonce de l’Evangile de Dieu, de plus en plus de païens comme lui entraient dans la Vie. Tous ces néophytes étaient avides d’en savoir plus sur Jésus, devenu leur Seigneur. Le témoignage des apôtres et leurs lettres n’y suffisaient plus. Des écrits commençaient à circuler, qui racontaient les grands moments de la vie du SauveUr du monde, et qui rappelaient certaines ses paroles. De son premier séjour à Jérusalem, Luc avait ramené les nombreuses notes rédigées par l’Apôtre Matthieu, et en faisait faire des copies.
Son ami Marc lui avait remis la rédaction qu’il avait des confidences de l’Apôtre Pierre. Mais lui, Luc, pensait que ces premiers textes inestimables étaient trop marqués par la culture juive pour être reçus sans explications par les chrétiens d’origine païenne. Leur forme ne leur permettait pas de toucher les hommes cultivés de culture grecque. Un autre phénomène préoccupait Luc : des gens, sans en avoir reçu mission des Apôtres, sans compétence et sans avoir fait des enquêtes sérieuses, s’autorisaient à écrire des vies de Jésus. Ces écrits apocryphes risquaient de porter un grand tort à l’annonce de la Vérité. Déjà des légendes absurdes circulaient dans les communautés chrétiennes et nourrissaient des fausses doctrines.
Fin lettré et féru d’histoire, Luc s’était inquiété de cette situation auprès de Paul. Il lui avait confié son dessein d’écrire une biographie de Jésus, suivie d’une histoire des premières communautés, en un mot de publier de vraies « Antiquités chrétiennes », sur le modèle des Antiquités romaines du célèbre historiographe Denys d’Halicarnasse. Paul, convaincu par ses arguments, avait encouragé Luc et lui avait donné une lettre de recommandation, afin qu’il pût mener les investigations appropriées auprès des témoins crédibles encore de ce monde. Alors Luc avait quitté Rome, laissant Paul dans sa prison, et était parti pour la Palestine.
Luc avait commencé son enquête à Nazareth. Les anciens se souvenaient de Jésus, le fils de Joseph le charpentier et de Marie. Alors qu’il avait trente ans, il avait quitté l’atelier familial. Il s’était éloigné quelque temps du village, certains disaient qu’Il avait rejoint un certain Jean qu’on prétendait être son cousin et qui baptisait dans le Jourdain. Quand il était revenu, ce n’était plus le jeune homme qu’ils avaient connu, il pariait avec autorité. Il avait fait scandale à la synagogue en lisant la prophétie d’Isaïe : « L’esprit du Seigneur est sur moi… » II avait osé proclamer que ce passage de l’Ecriture s’accomplissait maintenant, que lui-même était cet envoyé de Dieu. Il avait été chassé, et c’était miracle qu’il n’ait pas été précipité au bas d’un escarpement qui surplombe la ville. Les anciens disaient qu’ensuite il était allé à Capharnaüm et y avait fait de nombreux miracles, encore qu’à Nazareth, on n’en eût vu aucun.
Luc était donc parti pour Capharnaüm. Là, les choses avaient été plus simples. Capharnaüm était la ville de Pierre. Luc savait que c’était là que le chef des Apôtres, André, Jacques et Jean avaient été appelés par Jésus alors qu’ils étaient pécheurs sur le lac. Ils avaient suivi cet homme qui remplissait miraculeusement leurs filets et promettait de faire d’eux des pécheurs d’hommes. Avec lui, ils avaient parcouru la région. Jésus enseignait et guérissait de nombreux malades. Un jour, on lui avait présenté un paralytique, et Jésus avait déclaré à l’homme : « Tes péchés sont pardonnés. » De nouveau, le scandale était advenu. Des pharisiens s’étaient émus : « Seul Dieu peut pardonner les péchés ! »
Et Jésus, en quelque sorte, avait relevé le défi. Pour montrer l’efficacité de sa parole, il avait ordonné à l’homme de marcher, et celui-ci aussitôt s’était levé, et avait ramassé sa civière. À partir de cet instant, le comportement de Jésus n’avait plus cessé de heurter les convenances. Il avait appelé Lévi à le suivre, un collecteur d’impôt méprisé de tous. II avait même guéri un homme le jour du sabbat dans la synagogue. Qui était-il donc pour se prétendre le maître du sabbat ? Là encore, les pharisiens avaient récriminé, et dès lors, le discours de Jésus s’était fait plus âpre. Aux foules qui le suivaient, il prêchait un amour total, sans réticences, sans limites, qui allait jusqu’à l’amour des ennemis.
Luc avait rencontré des témoins de cet amour, le serviteur d’un centurion romain qui avait été guéri sur la supplique de son maître – un païen, il l’avait souligné -, le fils d’une veuve de Naïm qui était revenu à la vie et avait été rendu à sa mère dont le chagrin avait ému Jésus, et surtout, cette femme, maintenant âgée, qui avait dû être très belle. Elle avait imploré le pardon du maître et avait répandu sur les pieds de Jésus un parfum coûteux qu’elle avait essuyé avec ses cheveux. Ce jour-là, elle avait versé sur elle-même et sa vie de péché des pleurs amers, et le pardon du Seigneur lui avait rendu sa dignité et sa vie. C’est avec des larmes de joie qu’elle avait répété à Luc les mots par lesquels Jésus l’avait relevée : « Ta foi t’a sauvée ; va en paix. »
Des témoignages comme celui-là, Luc en avait recueilli tant et tant qu’il avait dû en éliminer bon nombre dans son livre, ne conservant que ce qui mettaient le plus évidemment en lumière le Salut gratuit et universel que Jésus le Christ offre aux hommes. Il avait ainsi retenu le démoniaque géranésien dont les démons avaient péri avec un troupeau de porcs, la fille de Jaïre qui était revenue à la vie, l’aveugle de Jéricho, et le très riche Zachée, qui était trop petit pour voir le Seigneur, et chez qui Jésus s’était invité après l’avoir aperçu juché dans un arbre. Le vieux Zachée n’en revenait pas encore , d’avoir été jugé digne et répétait: « Ce jour-là, le Salut est entré dans ma maison. » Luc a retenu encore l’histoire de ce lépreux étranger. Guéri par Jésus, il fut le seul à revenir se jeter à ses pieds pour s’entendre dire : « Relève-toi, ta foi t’a sauvé. »
Chaque rencontre, chaque témoignage lui avait permis d’affiner son portrait de Jésus: un homme libre devant le péché,, le mal, la loi qui emprisonne les esprits et stérilise les coeurs, un homme doux et humble, débordant d’amour et de miséricorde pour les petits, les pauvres, les exclus, les estropiés de la vie, sans tenir compte ni de la race, ni de la religion, ni du sexe. C’était aussi un homme doué d’une puissance et d’une autorité inconnues, comme l’atteste cet épisode qu’on lui a raconté dix fois, celui de la tempête, apaisée sur le lac. Alors que la barque des disciples tanguait et prenait l’eau, tandis que Jésus dormait, les disciples avaient pris peur, mais Jésus avait arrêté le tumulte des flots et fustigé leur manque de foi. Tous les témoignages recueillis recoupaient ceux que les Apôtres avaient laissés. Cependant, Luc avait eu plus de difficultés à reconstituer les paraboles, ces histoires que Jésus inventait pour rendre son message plus accessible. Chaque auditeur en avait compris le sens à sa manière.
Parfois, les témoins étaient encore marqués par des paroles du Maître très dures à entendre, et pas seulement pour les pharisiens. Cet homme riche, par exemple, qui jeune homme avait demandé conseil à Jésus. Le Seigneur l’avait invité à vendre tous ses biens et à le suivre. Il avait préféré conserver ses richesses, mais, avait-il confessé à Luc, depuis ce jour, il ne trouvait plus le repos. Jésus prononçait aussi des paroles étranges que nul ne comprenait, qui échappaient à toute logique humaine. C’était celles dont les gens se souvenaient le mieux. Depuis des années, ils les retournaient dans leur tête pour en percer le sens.
Certains qui faisaient partie des disciples qui suivaient Jésus se rappelaient que les Apôtres se posaient beaucoup de questions. Ils avaient préféré Jésus à leurs métiers, à leurs épouses, à leurs enfants, que fallait-il qu’ils donnent encore ? Petit à petit, ils comprirent qu’il s’agissait de vie et de mort. Jésus annonçait une grande épreuve et, en même temps, il faisait la promesse d’un royaume, le royaume de son Père, le royaume de Dieu, un royaume qui appartient à ceux qui ne savent pas compter. C’est ce que lui avait expliqué un disciple collecteur d’impôts qui savait faire les comptes. Dans ce royaume, on paie les ouvriers qui ont travaillé une heure comme ceux qui ont peiné tout le jour, on glorifie le berger qui laisse cent brebis pour en retrouver une, le fils qui revient après avoir dilapidé l’héritage avec des filles, le semeur qui répand la semence à tous les vents, le maître du banquet qui invite tous les gueux et tous les loqueteux du pays, l’étranger qui laisse son argent pour qu’on prenne soin d’un inconnu détroussé et battu par des bandits, un royaume où les enfants, les pauvres, les pécheurs, les prostituées et les païens sont les premiers.
Luc avait noté des témoignage plus étonnants encore, comme celui de cet homme qui, encore enfant, avait suivi Jésus au milieu d’une grande foule, cinq mille hommes au moins prétendait-il. Ce jour-là, lorsque le soir était venu, Jésus avait regardé cette foule harassée et affamée, il avait été pris de pitié. Pouvait-on les renvoyer sans nourriture ? L’enfant avait entendu les proches du Maître protester : « Renvoie la foule, qu’ils aillent dans les villages et les fermes alentour, pour trouver abri et subsistance, ici, nous sommes dans un endroit désert. » Jésus avait rétorqué : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Les Apôtres avaient l’air bien ennuyés. L’enfant leur avait alors apporté discrètement les cinq pains et les deux poissons dont l’avaient muni ses parents. C’était peu, mais il n’allait tout de même pas les manger tout seul dans son coin ! Les Apôtres les avaient déposé devant Jésus qui les avaient bénis et partagés, et toute la foule avait eu à manger en abondance, au point que les restes avaient rempli plusieurs grands paniers.
En dehors de ceux qu’on nomme les Apôtres, et des autres disciples, de nombreuses femmes suivaient Jésus: Marie, Jeanne, Suzanne, et bien d’autres. Luc a même rencontré à Béthanie une certaine Marthe, qui était amie de Jésus comme sa sueur, Marie, et leur frère Lazare. Elle racontait comment le Seigneur avait ramené Lazare à la vie. Un drôle de caractère, cette Marthe, et Luc avait bien senti combien elle aimait le Seigneur. Pourtant, Jésus n’avait pas toujours été amène à son égard.
Elle se souvenait qu’un jour où sa sueur Marie était tranquillement assise à ses pieds à l’écouter, elle, Marthe, préparait seule le repas, sans que Jésus ne s’en offusquât. Comme elle avait protesté, Jésus lui avait même reproché de s’agiter inutilement; il avait pris le parti de Marie. Depuis, elle avait compris que la meilleure place était bien auprès du Seigneur, mais sur l’instant, elle avait cru qu’il avait une préférence pour Marie. Enfin, avait-elle conclu avec un brin d’humour, cela prouvait peut-être que pour le Seigneur les femmes n’avaient pas seulement à être de bonnes ménagères. Désormais, elle prenait le temps de s’arrêter pour écouter Dieu dans le silence de son coeur. D’ailleurs, avait-elle ajouté, Jésus lui-même montrait l’exemple : souvent, il laissait tout tomber et se retirait à l’écart pour prier son Père.
À Jérusalem, grâce au grand nombre de témoins encore présents. Luc avait vérifié les détails de ce que la communauté des croyants confessait depuis ce glorieux jour de la Pentecôte, où l’Esprit Saint promis par Jésus avait ouvert les esprits, les coeurs et les bouches : Jésus avait été crucifié et était mort, mais Dieu l’avait ressuscité. Luc avait pu décrire précisément le procès, la condamnation, l’exécution. Il avait pu suivre le chemin même qu’avait emprunté le Seigneur, du mont des Oliviers au Calvaire. Il avait le coeur serré en y repensant: la trahison de Judas (celui-là, personne ne voulait lui en parler), le reniement de Pierre, le vieil Apôtre tant aimé et si respecté, l’agonie du Seigneur, ce témoignage insoutenable de son obéissance à son Père. Il n’avait rien caché, pour être cru et « pour que le monde croie ». Enfin, il avait voulu bien mettre en évidence ce témoignage sur un centurion – encore un païen – qui le premier, après que le Seigneur eut expiré dans un grand cri, avait glorifié Dieu en s’exclamant : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu !
Le fils de Joseph d’Arimathie se souque pour le Seigneur les femmes venait mot à mot de ce que lui racontait son père, et comment celui-ci avait réclamé à Pilate le corps du Seigneur et l’avait déposé dans un tombeau taillé dans le roc au soir de ce jour terrible, tandis que les disciples et les Apôtres étaient terrés ou en fuite. Seules les femmes étaient là, avaitil tenu à préciser. Plus tard, elles avaient observé en silence, dans les larmes, la lourde pierre qu’on roulait devant le sépulcre. Enfin, elles étaient parties pour ne pas être surprises en chemin par le début du sabbat.
Ensuite, Luc avait tenté de rendre compte de l’inconcevable, de raconter comment, au matin du premier jour de la semaine, ces mêmes femmes avaient trouvé le tombeau ouvert et vide. Il y avait Marie de Magdala, lui avait-on dit, et Jeanne, et Marie, la mère de Jacques. Elles avaient couru le dire aux Apôtres, mais ils avaient cru que les pauvres femmes radotaient. Luc avait recueilli une foule de témoignages attestant la résurrection du Seigneur. On disait que Marie de Magdala avait été la première à le voir vivant. Mais Luc avait décidé de rester sobre, tout cela resterait incompréhensible à ceux qui n’accueilleraient pas le don de la foi. C’était le sens qui comptait, pas l’accumulation des preuves. Ce jour-là, le soleil qui se levait sur le monde était celui d’un jour nouveau qui commençait, un jour qui ne connaîtrait pas de crépuscule. Aussi, Luc s’était il décidé à ramasser sur le seul premier jour de la semaine, le jour du Seigneur, le dimanche de la résurrection qui désormais embrasse toute l’histoire du monde, les quelques témoignages qu’il avait retenus.
Dans sa rédaction, il avait choisi de bien mettre en avant le récit de deux disciples que le Seigneur ressuscité avait rejoints sur la route du village d’Emmaüs. Aucun des deux ne l’avait reconnu, mais leurs coeurs brûlaient quand il leur parlait sur la route. Quand il avait rompu le pain à l’auberge, ils avaient su que c’était le Seigneur.
Bien sûr, Luc avait raconté comment Jésus était apparu à tous ses Apôtres et avait montré la trace des clous dans ses mains et celle de la lance à son côté. Oui, cela, ils en avaient tous témoigné c’était bien le Seigneur qu’ils avaient vu, et il était bien vivant. Ce n’était pas un fantôme, il avait même mangé un morceau de poisson sous leurs yeux. Puis, il leur avait promis de leur envoyer une force, un conseiller, l’Esprit Saint.
Il lui reste encore à écrire la deuxième partie de son livre pour raconter, à partir de l’élévation de Jésus au Ciel, l’oeuvre de l’Esprit, son travail au coeur des Apôtres, et tous les actes de la première communauté des croyants. Cela, il peut d’autant plus aisément le faire que c’est déjà son histoire à lui.
Depuis qu’il est entré dans la communauté chrétienne, il a vu les croyants être un seul coeur et un seul esprit dans le Christ, il a écouté l’enseignement des Apôtres, il a partagé avec eux le pain qui est la chair du Seigneur pour le Salut du monde, il a prié avec eux, il a connu l’hostilité des juifs qui refusent de croire que le Seigneur est le Christ, le Fils de Dieu annoncé par les prophètes, et qui ont tué Étienne pour qu’il se taise. Il a vu les païens accueillir la Bonne Nouvelle que Paul leur apportait. Oui, cette deuxième partie sera plus facile à écrire. Mais il lui faut encore finir la première, par où elle commence, c’est-à-dire par la naissance et l’enfance de Jésus. Il ne serait pas un bon historiographe s’il faisait l’impasse sur la genèse de l’histoire. Mais, sur cette période de la vie de Jésus, il ne dispose d’aucun témoignage fiable. Maintenant peut-être, il va savoir…
Luc presse le pas et rattrape ses guides. Ils sont arrivés au seuil de la maison où ils sont attendus. L’un des hommes frappe légèrement à la porte qui s’entrebâille.
- Voici Luc que Jean t’a annoncé.
Une jeune femme s’efface en silence pour le laisser entrer.
Elle se tient dans la chambre haute, elle ne parle plus, ne s’alimente plus, elle semble ne pas nous voir, ni nous entendre.
- Vous êtes médecins n’est-ce pas ?
Luc acquiesce.
- Vous saurez quoi faire.
Luc en doute ; néanmoins, il suit la jeune femme jusqu’à la chambre haute. Il entre. C’est elle, elle est là, la mère du Seigneur, assise, les yeux grands ouverts, dans une parfaite immobilité. Une petite lampe éclaire faiblement la pièce. Il la distingue à peine, il voit seulement son regard, infiniment jeune, si beau, si pur, et devant tant de grâce, il ose à peine respirer. Il approche très lentement. Il découvre enfin ses traits ridés éclairés par une joie parfaite. Toute la lumière de la pièce semble être totalement concentrée dans son visage. En un instant, Luc comprend. Elle voit ou, plutôt, elle contemple ce que depuis si longtemps elle conserve précieusement dans son coeur. Ce qui était obscur est devenu une immense lumière. Elle est la perfection de la contemplation, au point que tout son être y est comme absorbé.
Elle est tout à celui qu’elle aime depuis toujours et à jamais, et elle est le reflet parfait de cet amour donné et rendu dans un coeur à coeur absolu. Luc se sent si pesant, si maladroit devant cette miraculeuse transparence. Un sourire s’esquisse sur ce visage radieux, et une voix légère comme un souffle murmure: « C’est le plus bel enfant du monde, le plus beau des enfants des hommes. »
Nul ne sait ce que Marie dit à Luc. À l’aube, Luc étala le lourd rouleau de parchemin et il écrivit : « Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph de la maison de David et le nom de la vierge était Marie. Et Luc ajoute d’une seule traite deux nouveaux chapitres au début de son livre, qui jusque-là commençait par la prédication de Jean-Baptiste.

Sources : Nouveau Testament. P.M. Beaude, Jésus de Nazareth, Paris, 1983. C. Perrot, Jésus et l’histoire, Paris, 1979. I. de la Potterie, Marie dans le mystère de la nouvelle alliance, Paris, 1988.
Extrait du Livre des merveilles, Mame-Plon, 1999

Pape Benoît: Jean, le Voyant de Patmos

27 décembre, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060823_fr.html

(trois catéchèse en 2006:
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/index_it.htm)

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 23 août 2006

Jean, le Voyant de Patmos

Chers frères et soeurs,

Dans la dernière catéchèse, nous étions arrivés à la méditation sur la figure de l’Apôtre Jean. Nous avions tout d’abord cherché à voir ce que l’on peut savoir de sa vie. Puis, dans une deuxième catéchèse, nous avions médité le contenu central de son Evangile, de ses Lettres: la charité, l’amour. Et aujourd’hui, nous revenons encore une fois sur la figure de l’Apôtre Jean, en prenant cette fois en considération le Voyant de l’Apocalypse. Et nous faisons immédiatement une observation: alors que ni le Quatrième Evangile, ni les Lettres attribuées à l’Apôtre ne portent jamais son nom, l’Apocalypse fait référence au nom de Jean, à quatre reprises (cf. 1, 1.4.9; 22, 8). Il est évident que l’Auteur, d’une part, n’avait aucun motif pour taire son propre nom et, de l’autre, savait que ses premiers lecteurs pouvaient l’identifier avec précision. Nous savons par ailleurs que, déjà au III siècle, les chercheurs discutaient sur la véritable identité anagraphique du Jean de l’Apocalypse. Quoi qu’il en soit, nous pourrions également l’appeler « le Voyant de Patmos », car sa figure est liée au nom de cette île de la Mer Egée, où, selon son propre témoignage autobiographique, il se trouvait en déportation « à cause de la Parole de Dieu et du témoignage pour Jésus » (Ap 1, 9). C’est précisément à Patmos, « le jour du Seigneur… inspiré par l’Esprit » (Ap 1, 10), que Jean eut des visions grandioses et entendit des messages extraordinaires, qui influencèrent profondément l’histoire de l’Eglise et la culture occidentale tout entière. C’est par exemple à partir du titre de son livre – Apocalypse, Révélation – que furent introduites dans notre langage les paroles « apocalypse, apocalyptique », qui évoquent, bien que de manière inappropriée, l’idée d’une catastrophe imminente.
Le livre doit être compris dans le cadre de l’expérience dramatique des sept Eglises d’Asie (Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée), qui vers la fin du I siècle durent affronter des difficultés importantes – des persécutions et également des tensions internes – dans leur témoignage au Christ. Jean s’adresse à elles en faisant preuve d’une vive sensibilité pastorale à l’égard des chrétiens persécutés, qu’il exhorte à rester solides dans la foi et à ne pas s’identifier au monde païen si fort. Son objet est constitué en définitive par la révélation, à partir de la mort et de la résurrection du Christ, du sens de l’histoire humaine. La première vision fondamentale de Jean, en effet, concerne la figure de l’Agneau, qui est égorgé et pourtant se tient debout (cf. Ap 5, 6), placé au milieu du trône où Dieu lui-même est déjà assis. A travers cela, Jean veut tout d’abord nous dire deux choses: la première est que Jésus, bien que tué par un acte de violence, au lieu de s’effondrer au sol, se tient paradoxalement bien fermement sur ses pieds, car à travers la résurrection, il a définitivement vaincu la mort; l’autre est que Jésus, précisément en tant que mort et ressuscité, participe désormais pleinement au pouvoir royal et salvifique du Père. Telle est la vision fondamentale. Jésus, le Fils de Dieu, est sur cette terre un agneau sans défense, blessé, mort. Toutefois, il se tient droit, il est debout, il se tient devant le trône de Dieu et participe du pouvoir divin. Il a entre ses mains l’histoire du monde. Et ainsi, le Voyant veut nous dire: Ayez confiance en Jésus, n’ayez pas peur des pouvoirs opposés, de la persécution! L’Agneau blessé et mort vainc! Suivez l’Agneau Jésus, confiez-vous à Jésus, prenez sa route! Même si dans ce monde, ce n’est qu’un Agneau qui apparaît faible, c’est Lui le vainqueur!
L’une des principales visions de l’Apocalypse a pour objet cet Agneau en train d’ouvrir un livre, auparavant fermé par sept sceaux que personne n’était en mesure de rompre. Jean est même présenté alors qu’il pleure, car l’on ne trouvait personne digne d’ouvrir le livre et de le lire (cf. Ap 5, 4). L’histoire reste indéchiffrable, incompréhensible. Personne ne peut la lire. Ces pleurs de Jean devant le mystère de l’histoire si obscur expriment peut-être le sentiment des Eglises asiatiques déconcertées par le silence de Dieu face aux persécutions auxquelles elles étaient exposées à cette époque. C’est un trouble dans lequel peut bien se refléter notre effroi face aux graves difficultés, incompréhensions et hostilités dont souffre également l’Eglise aujourd’hui dans diverses parties du monde. Ce sont des souffrances que l’Eglise ne mérite certainement pas, de même que Jésus ne mérita pas son supplice. Celles-ci révèlent cependant la méchanceté de l’homme, lorsqu’il s’abandonne à l’influence du mal, ainsi que le gouvernement supérieur des événements de la part de Dieu. Eh bien, seul l’Agneau immolé est en mesure d’ouvrir le livre scellé et d’en révéler le contenu, de donner un sens à cette histoire apparemment si souvent absurde. Lui seul peut en tirer les indications et les enseignements pour la vie des chrétiens, auxquels sa victoire sur la mort apporte l’annonce et la garantie de la victoire qu’ils obtiendront eux aussi sans aucun doute. Tout le langage fortement imagé que Jean utilise vise à offrir ce réconfort.

Au centre des visions que l’Apocalypse présente, se trouvent également celles très significatives de la Femme qui accouche d’un Fils, et la vision complémentaire du Dragon désormais tombé des cieux, mais encore très puissant. Cette Femme représente Marie, la Mère du Rédempteur, mais elle représente dans le même temps toute l’Eglise, le Peuple de Dieu de tous les temps, l’Eglise qui, à toutes les époques, avec une grande douleur, donne toujours à nouveau le jour au Christ. Et elle est toujours menacée par le pouvoir du Dragon. Elle apparaît sans défense, faible. Mais alors qu’elle est menacée, persécutée par le Dragon, elle est également protégée par le réconfort de Dieu. Et à la fin, cette Femme l’emporte. Ce n’est pas le Dragon qui gagne. Voilà la grande prophétie de ce livre qui nous donne confiance. La Femme qui souffre dans l’histoire, l’Eglise qui est persécutée, apparaît à la fin comme une Epouse splendide, figure de la nouvelle Jérusalem, où il n’y a plus de larmes, ni de pleurs, image du monde transformé, du nouveau monde, dont la lumière est Dieu lui-même, dont la lampe est l’Agneau.
C’est pour cette raison que l’Apocalypse de Jean, bien qu’imprégnée par des références continues aux souffrances, aux tribulations et aux pleurs – la face obscure de l’histoire -, est tout autant imprégnée par de fréquents chants de louange, qui représentent comme la face lumineuse de l’histoire. C’est ainsi, par exemple, que l’on lit la description d’une foule immense, qui chante presque en criant: « Alléluia! le Seigneur notre Dieu a pris possession de sa royauté, lui, le Tout-Puissant. Soyons dans la joie, exultons, rendons-lui gloire, car voici les noces de l’Agneau. Son épouse a revêtu ses parures » (Ap 19, 6-7). Nous nous trouvons ici face au paradoxe chrétien typique, selon lequel la souffrance n’est jamais perçue comme le dernier mot, mais considérée comme un point de passage vers le bonheur, étant déjà même mystérieusement imprégnée par la joie qui naît de l’espérance. C’est précisément pour cela que Jean, le Voyant de Patmos, peut terminer son livre par une ultime aspiration, vibrant d’une attente fervente. Il invoque la venue définitive du Seigneur: « Viens, Seigneur Jésus! » (Ap 22, 20). C’est l’une des prières centrales de la chrétienté naissante, également traduite par saint Paul dans la langue araméenne: « Marana tha ». Et cette prière, « Notre Seigneur, viens! » (1 Co 16, 22), possède plusieurs dimensions. Naturellement, elle est tout d’abord l’attente de la victoire définitive du Seigneur, de la nouvelle Jérusalem, du Seigneur qui vient et qui transforme le monde. Mais, dans le même temps, elle est également une prière eucharistique: « Viens Jésus, maintenant! ». Et Jésus vient, il anticipe son arrivée définitive. Ainsi, nous disons avec joie au même moment: « Viens maintenant, et viens de manière définitive! ». Cette prière possède également une troisième signification: « Tu es déjà venu, Seigneur! Nous sommes certains de ta présence parmi nous. C’est pour nous une expérience joyeuse. Mais viens de manière définitive! ». Et ainsi, avec saint Paul, avec le Voyant de Patmos, avec la chrétienté naissante, nous prions nous aussi: « Viens, Jésus! Viens, et transforme le monde! Viens dès aujourd’hui et que la paix l’emporte! ». Amen!

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