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Saint Bernard – Il faut rechercher Dieu: il y a trois liens qui nous rattachent à lui

6 septembre, 2011

du site:

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Textes/index.html

SAINT BERNARD

SERMON DIVERS DE SAINT BERNARD

QUATRIÈME SERMON. Il faut rechercher Dieu: il y a trois liens qui nous rattachent à lui.
 
1. Nous ne demeurons point là toute la journée à ne rien faire, nous savons, en effet, ce que nous cherchons et qui nous a loués. C’est Dieu que nous cherchons, c’est Dieu que nous espérons. Ce n’est pas une chose de peu d’importance, ni l’objet d’une ambition commune, puisque celle qui se glorifie, d’une piété particulière se plaint bien souvent d’en être privée, quand elle s’écrie : « Je l’ai cherché et ne l’ai point trouvé (Cant. III, 1). » S’il est aimable il est aussi admirable, et si on ne le trouve point quand on le cherche, on le trouve aussi quand on ne le cherche point. Si nous avions vu le jour au moment où l’homme apparut sur la terre et que notre vie durât jusqu’à des centaines de mille ans, le temps présent n’en serait pas plus digne pour cela d’être mis en comparaison avec la gloire qui sera un jour révélée en nous. C’est maintenant le temps de chercher, maintenant luisent les jours propices pour trouver. Il est dit . «cherchez le Seigneur tandis qu’on peut le trouver; invoquez-le pendant qu’il est proche de vous (Isa. LV. 6). » Un jour viendra où on ne le pourra plus, où la source des miséricordes sera tarie par une éternelle sécheresse. « Vous me chercherez, dit le Seigneur, et vous ne nie trouverez point (Joan. VII, 34). » Vous êtes bon, Seigneur, à l’âme qui vous cherche.; mais si vous êtes bon à celui qui vous cherche, combien plus fêtes-vous à ceux qui vous ont trouvé? S’il est doux de penser à vous, combien plus l’est-il de jouir de votre présence? Si vous êtes doux comme le lait et le miel quand vous n’êtes encore que sous la langue, que sera-ce quand vous serez dessus?
2. Voyez donc, mes frères, si vous êtes dans la voie, assurez-vous  que vous n’êtes point sortis de votre orbite.  Il est dit : « Que le coeur de ceux qui cherchent le Seigneur soit dans la joie (Psal. CIV, 3). » Si donc vous vous réjouissez au milieu des fatigues et des peines, si vous courez d’un pas allègre et d’un pied infatigable dans les voies des commandements de Dieu, si tous les jours l’état des deux hommes qui sont en vous est plutôt en voie de progresser qu’en voie de commencer, il est sùr que vous ne cessez point de recherchez sa face. Où donc s’en est allé votre bien-aimé entre tous, et nous nous mettrons à sa recherche? Que dis-je, malheureux homme que je suis, où est a votre bien-aimé, c’est plutôt où il n’est pas que je devrais demander? Il est plus haut que les cieux, plus bas que l’enfer, plus étendu que la terre, plus répandu que la mer. Il n’est nulle part et il est partout, attendu que s’il n’est absent d’aucun, en droit il n’est renfermé dans aucun lieu. Il est ici et moi je n’y suis pas. Combien semblerait-il plus vraisemblable de dire que vous n’êtes point ici, mon Dieu, et qu’il n’y a que moi qui y suis ! Mais je ne suis ni ici ni là; car « je suis réduit à rien et je ne le sais même point (Psal. LXXII, 22). » Oui, je suis réduit à rien, c’est-à-dire an péché, et je ne l’ai pas su, car je n’étais point là quand mon premier père m’a dévoré d’une dent infiniment amère. Voilà d’où vient que, brisé de coeur et de corps, je me laisse aller au plaisir et à l’amertume, portant en moi une faute innée et ayant la peine pour parente, et pourquoi je suis faible et languissant. Mais pour celui qui est toujours lui-même, et qui a dit : « Je suis celui qui est (Exod. III, 4), » il est véritablement, parce que, pour lui, être, c’est être ce qu’il est.
3. Or, quel rapport, quel rapprochement peut-il y avoir entre celui qui n’est pas et celui qui est ? Comment réunir deux choses si diverses? « Pour moi, dit le saint Roi, il m’est bon de m’attacher à Dieu (Psal. LXXII, 28). » Or, nous ne pouvons lui être attachés immédiatement, peut-être y a-t-il un moyen qui rende cette union possible. Pour ne pas vous tenir plus longtemps en suspens, je vous dirai qu’il y a trois attaches qui nous relient à Dieu, mais ces trois attaches sont telles qu’elles n’en font qu’une, il n’en est pas d’autres, à moins qu’elles ne leur ressemblent, qui puissent unir ensemble ce qui est uni. La première de ces attaches ce sont des liens, la seconde des clous de bois ou de fer, et la troisième une sorte de ciment. La première unit fortement et durement, la seconde plus fortement et plus durement que la première, mais la troisième unit doucement et sûrement. Nous sommes rattachés au Rédempteur par une sorte de lien, si dans les assauts d’une forte tentation nous ne fixons nos regards que sur ce qui est honnête, et n’oublions point les promesses qui nous ont été faites; dans ce cas, c’est par une sorte de lien que nous nous retenons à lui, pour que notre bon propos ne vienne point à se rompre. Ce lien est dur et fatigant, bien plus, il n’est pas sans de nombreux dangers et ne
 
a Ce passage se trouve reproduit dans les Fleurs de saint Bernard, du chapitre III sous forme de sentence.
 
saurait durer longtemps; car il est dans la nature des cordes de se pourrir, dans celle du lien de la pudeur de tomber en oubli ou même de se rompre promptement. Il y en a qui sont attachés au Seigneur de majesté par des clous, ce sont ceux que la crainte de Dieu tient unis à lui; il en est dis-je qui ne tremblent pas devant les hommes, mais qui sont saisis de crainte à la pensée des tourments de l’enfer; ce dont ils ont peur ce n’est pas de pécher, mais de brûler. Toutefois ils sont serrés à Dieu plus durement et plus fort que les premiers; car, tandis que ceux-ci sont flottants dans leur bon propos, ceux-là ne s’en laissent point écarter. Enfin, il y en a d’autres, ce sont les troisièmes, qui sont unis à Dieu par une sorte de ciment, je veux dire par la charité, et ceux-là sont attachés au Seigneur avec non moins de douceur que de sécurité, ils ne font plus qu’un seul esprit avec lui. Ceux-ci font tourner à leur avantage et rétorquent en leur faveur tout ce qui arrive de quelque côté que cela leur arrive, tout ce qu’ils font et tout ce qui leur est fait. Heureux celui qui en est là, il se sent rempli de l’abondance de l’esprit de majesté, qui, dans sa douceur et l’onction de ses grâces, porte ceux qu’il remplit, et ne charge personne. Il tient pour quelque chose de plus horrible et de plus redoutable que l’enfer même, que d’offenser sciemment, en face, le Seigneur, même dans les plus petites choses. « C’est là le véritable amateur de ses frères, et du peuple d’Israël, c’est là celui qui prie beaucoup pour le peuple, et pour la ville sainte de Jérusalem (II Mac. XV, 14). Ce ciment est bon (Isaï. XLI, 1), « dit Isaïe ; oui bon et agréable, car pour les deux autres attaches, si je ne puis dire qu’elles ne sont pas bonnes, toujours est-il qu’elles sont lourdes et insupportables en comparaison de celle-ci.
4. Mais l’œil de miséricorde qui connaît notre limon, ne laisse aucun de ceux qui doivent se sauver dans le premier dé ces trois liens, il l’attire vers le second, et là même, ne l’abandonnant pas encore, il le conduit du second au troisième. Dans le premier de ces liens la honte nous empêche de nous éloigner du Seigneur, mais c’est à peine si nous pouvons y durer une heure au milieu des épreuves ; dans le second la crainte et l’espérance commencent à nous faire faire un pas en avant, mais ce n’est que dans le troisième que l’amour nous perfectionne. Aussi, après avoir mis de côte les deux premières attaches, je veux dire la crainte et la honte, nous nous arrêtons sur le lit de repos de la charité. Voilà comment le Christ a commencé par être lié, puis crucifié avant d’être enfin recouvert de l’onctueux ciment des aromates, non pas que son corps eût eu besoin d’être raffermi par ces parfums, il ne pouvait ni se dissoudre ni se corrompre; mais celui qui, pour nous, a essuyé les crachats des Juifs, a daigné pour nous encore point repousser les parfums des âmes fidèles. Mais remarquez que s’il ne reste qu’un jour dans les liens et sous les clous, il ressuscite victorieux de la mort avec les parfums et pour ne plus mourir jamais. Il en est de même des élus : il ne souffre pas qu’ils demeurent longtemps dans les deux premiers liens, mais il les oint de l’onction de sa miséricorde, afin que, crucifiés au monde comme le monde est crucifié pour eux, ils ressuscitent enfin dans la nouveauté de l’esprit et disent : « Qui nous détachera de la charité de Dieu (Rom. VIII, 35) ? »
5. C’est avec ce ciment qu’il nous attache à lui, après avoir abaissé ses divins regards sur nous depuis le commencement du monde, afin que noirs soyons saints et sans tâche, dans la charité, en sa présence. « Nous savons, en effet, que quiconque est né de Dieu ne pèche point, attendu que sa naissance divine le conserve pur de tout péché (I Joan. V, 18). » Par cette naissance divine, il faut entendre la prédestination éternelle, par laquelle Dieu a prévu que nous serions rendus conforme à l’image de son Fils. Or, nul de ceux-là ne pèche, (a) c’est-à-dire ne persévère dans le péché, attendu que le Seigneur tonnait ceux qui sont à lui, et que ses décrets sont immuables. David peut se souiller de crimes horribles, Marie Madeleine peut être soumise à sept démons à la fois, le prince des apôtres peut s’enfoncer dans le gouffre du reniement, personne ne peut les arracher ni les uns ni les autres à la main de Dieu. « Car ceux qu’il a prédestinés il les a aussi appelés, et ceux qu’il a appelés il les a aussi justifiés (Rom. VIII, 30).» N’était-ce pas un bien pour le dernier des trois de s’attacher à Dieu? Cherchez, mes frères, « cherchez le Seigneur, et fortifiez-vous de plus en plus dans cette recherche, cherchez sa face sans cesse (Psal. CIV, 4), cherchez Dieu et votre âme vivra (Psal. XVIII, 33). Mon âme » dit encore le Prophète, mon âme qui est morte au monde « vivra par lui (Psal. XXI, 31). » L’âme qui vit au monde ne vit pas pour lui. Cherchons-le donc de telle sorte que nous le cherchions toujours, et qu’il dise de noirs, quand il viendra nous chercher à son tour : « Voilà la race de ceux qui le cherchent, de ceux, dis-je, qui cherchent à voir la face du Dieu de Jacob (Psal. XXIII, 6). » Et qu’ainsi les portes éternelles s’ouvrent, que le Roi de gloire s’avance, et que nous nous avancions aussi avec lui qui est Dieu et béni dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
a Comparer à ce sermon, le sermon vingt-troisième sur le Cantique des cantiques. n. 15; le livre de la Grâce et die libre arbitre, n. 29, et le premier sermon pour, la Septuagésime.
 

CATÉCHISME DE S. JEAN-MARIE VIANNEY: SUR LA PRIÈRE

4 août, 2011

du site:

http://www.aelf.org/office-lectures

4 Août – Liturgie des Heures – Office des Lectures

CATÉCHISME DE S. JEAN-MARIE VIANNEY

SUR LA PRIÈRE

Voyez, mes enfants : le trésor d’un chrétien n’est pas sur la terre, il est dans le ciel. Eh bien ! notre pensée doit aller où est notre trésor.
L’homme a une belle fonction, celle de prier et d’aimer… Vous priez, vous aimez : voilà le bonheur de l’homme sur la terre !
La prière n’est autre chose qu’une union avec Dieu. Quand on a le cœur pur et uni à Dieu, on sent en soi un baume, une douceur qui enivre, une lumière qui éblouit. Dans cette union intime, Dieu et l’âme sont comme deux morceaux de cire fondus ensemble ; on ne peut plus les séparer. C’est une chose bien belle que cette union de Dieu avec sa petite créature. C’est un bonheur qu’on ne peut comprendre.
Nous avions mérité de ne pas prier ; mais Dieu, dans sa bonté, nous a permis de lui parler. Notre prière est un encens qu’il reçoit avec un extrême plaisir.
Mes enfants, vous avez un petit cœur, mais la prière l’élargit et le rend capable d’aimer Dieu… La prière est un avant-goût du ciel, un écoulement du paradis. Elle ne nous laisse jamais sans douceur. C’est un miel qui descend dans l’âme et adoucit tout. Les peines se fondent devant une prière bien faite, comme la neige devant le soleil.
La prière fait passer le temps avec une grande rapidité, et si agréablement, qu’on ne s’aperçoit pas de sa durée. Tenez, quand je courais la Bresse, dans le temps que les pauvres curés étaient presque tous malades, je priais le bon Dieu le long du chemin. Je vous assure que le temps ne me durait pas.
On en voit qui se perdent dans la prière comme le poisson dans l’eau, parce qu’ils sont tout au bon Dieu. Dans leur cœur, il n’y a pas d’entre-deux. Oh! que j’aime ces âmes généreuses !… Saint François d’Assise et sainte Colette voyaient notre Seigneur et lui parlaient comme nous nous parlons. Tandis que nous, que de fois nous venons à l’église sans savoir ce que nous venons faire et ce que nous voulons demander ! Et pourtant, quand on va chez quelqu’un, on sait bien pourquoi on y va. Il y en a qui ont l’air de dire au bon Dieu « Je m’en vais vous dire deux mots pour me débarrasser de vous… » Je pense souvent que, lorsque nous venons adorer notre Seigneur, nous obtiendrions tout ce que nous voudrions, si nous le lui demandions avec une foi bien vive et un cœur bien pur.

15 Juillet : Saint Bonaventure de Bagnoregio – Breviloquim, Partie II : Le monde créature de Dieu

14 juillet, 2011

du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bonaventure/divers/043.htm#_Toc84468954

BREVILOQUIUM (BREF DISCOURS)

Résumé de la foi catholique

Par saint Bonaventure, de l’ordre des Frères mendiants, Docteur de l’Eglise
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PARTIE II: LE MONDE CRÉATURE DE DIEU

Chapitre 1: La production du monde comme un tout
Après nous être fait une idée sommaire de la Trinité de Dieu, il faut parler quelque peu du monde, créature de Dieu.
Résumé de la matière
La totalité de la machine du monde a été produite dans l’être, dans le temps, et de rien, par un unique premier Principe, seul et souverain, dont la puissance, bien qu’incommensurable a disposé « toutes choses dans un certain poids et nombre et mesure ».
Il faut entendre dans leur sens général, ces affirmations touchant la production des choses: à partir d’elles peut se conclure la vérité et se dissiper l’erreur.
En disant: dans le temps, on exclut l’erreur de ceux qui professent l’éternité du monde.
En disant: de rien, on exclut l’erreur de ceux qui professent l’éternité de la matière.
En disant: par un unique principe, on exclut l’erreur des Manichéens qui proposent la pluralité des principes.
En disant: seul et souverain, on exclut l’erreur de ceux qui professent que Dieu a produit les créatures inférieures par le ministère des intelligences.
En ajoutant: dans un certain poids et nombre et mesure, on montre que là créature est l’oeuvre de la Trinité sous une triple causalité: efficiente, d’où la créature reçoit l’unité, le mode et la mesure exemplaire, par laquelle se trouve dans la créature, la vérité, la beauté et le nombre; finale, par laquelle se trouve dans la créature, la bonté, l’ordre et la pesanteur.
Et tout cela se retrouve dans toutes les créatures comme vestiges du Créateur, soit dans les choses corporelles, soit dans les choses spirituelles, soit dans les choses à la fois corporelles et spirituelles.
Explication
Pour que l’ordre des choses soit parfait et définitif, il faut que toutes choses soient reconduites à un seul principe. Ce principe doit être le premier pour donner aux autres leur existence, il doit être le plus parfait pour les conduire à leur achèvement.
Or ce premier principe en qui se trouve l’existence ne peut être qu’unique. S’il crée le monde, il ne peut le créer à partir de lui-même, il le crée donc de rien.
De plus, la production « de rien » signifie l’être après le non-être pour ce qui est produit et, pour le principe, l’infinité de la puissance créatrice. Parce que cela n’appartient qu’à Dieu seul, le monde a été nécessairement produit dans le temps par cette puissance sans limite, agissant par elle-même et immédiatement.
En outre, parce que le principe parfait dont découle la perfection de toutes choses, agit nécessairement par lui-même, selon lui-même et pour lui-même — il n’a besoin de rien en agissant hors de lui —, il faut qu’il ait à l’égard de toute créature un dessein selon la triple causalité efficiente, exemplaire et finale. Il faut aussi que toute créature puisse être comparée à la cause première selon cette triple causalité. Toute créature, en effet, est constituée dans l’être par la cause efficiente, elle est conformée à l’exemplaire, elle est ordonnée à une fin.
Par là, elle est une, vraie et bonne; conforme, belle et ordonnée; mesurée, distincte et pesante (la pesanteur est, en effet, une tendance ordonnée). Tout ceci s’applique en général à toute créature corporelle, incorporelle, ou composée de corps et d’esprit comme l’est la nature humaine.
 
Chapitre 2: La nature corporelle dans sa genèse
Il nous faut considérer la nature corporelle dans sa genèse, dans son être et dans son agir.
Résumé de la matière
La nature corporelle a été produite en six jours, de sorte qu’au commencement, avant tout temps, Dieu créa le ciel et la terre Le premier jour a été formée la lumière; le deuxième jour, le firmament a été créé au milieu des eaux; le troisième jour, les eaux ont été séparées de la terre et amassées en un seul lieu; le quatrième jour, le ciel a été orné de luminaires; le cinquième jour, les airs et les eaux ont été peuplés d’oiseaux et de poissons; le sixième jour, la terre a été peuplée d’animaux et d’hommes; le septième jour, Dieu se reposa, non pas de son travail et de son oeuvre, car il continue toujours d’agir, mais il s’arrêta de produire de nouvelles espèces. Il avait fait toutes choses, soit dans leur prototype, ainsi les choses qui se propagent par génération, soit dans leur raison séminale, ainsi les choses qui viennent à l’être autrement.
Explication
Les choses viennent du principe premier et par fait. Or, ce principe est tout-puissant, infiniment sage et souverainement bienveillant. Il fallait donc que les choses viennent à l’être de façon que dans leur création éclate cette triple perfection. L’opération divine a donc revêtu une triple forme dans la production du monde:
la création qui, par appropriation, répond à la toute-puissance, la distinction qui répond à la sagesse, l’ornement qui répond à la bonté très généreuse.
Et parce que la création est à partir de rien, elle a donc été au commencement, avant tout temps, comme fondement de toutes les choses et de tous les temps.
En outre, parce que la distinction des corps peut être considérée selon un triple aspect, elle a donc été accomplie en trois jours. Elle est, en effet, distinction de la nature lumineuse, de la nature limpide et de la nature opaque: ceci eut lieu le premier jour, dans la division de la lumière et des ténèbres. Elle est aussi distinction entre les natures limpides: ceci eut lieu le deuxième jour, dans la division des eaux avec les eaux. Elle est enfin distinction entre la nature limpide et la nature opaque: ceci eut lieu le troisième jour, dans la division des eaux et de la terre. Ainsi comprend-on implicitement la distinction entre les cieux et les éléments, comme on l’expliquera plus loin. Ainsi donc, cette distinction a dû se faire en trois jours.
L’ornement correspond à la distinction. Il a donc été semblablement achevé en trois jours. Il est, en effet, ornement de la nature lumineuse: ceci eut lieu le quatrième jour dans la formation des étoiles, du soleil et de la lune. Il est aussi ornement de la nature limpide: ceci eut lieu le cinquième jour, lorsque les eaux produisirent les poissons et les oiseaux pour l’ornement des eaux et des airs. Il est enfin ornement de la nature opaque, c’est-à-dire de la terre: ceci eut lieu le sixième jour, lorsque furent créés les animaux et les reptiles et lorsque fut créée, pour l’achèvement de toutes choses, la nature humaine.
Toutes ces choses, Dieu aurait pu les faire en un instant. Il préféra cependant les créer dans la succession des temps et ceci pour trois raisons. Tout d’abord, pour donner une représentation distincte et claire de sa puissance, de sa sagesse et de sa bienveillance. Ensuite, pour établir une correspondance convenable entre les jours du temps et les opérations. Enfin, comme dans la création du monde, les semences devaient être jetées des oeuvres à venir, de même devaient être préfigurés les temps futurs.
Ainsi, dans ces sept jours, la distinction de tous les temps était en germe; on l’explique par le déroulement des sept âges. C’est pour cela qu’aux six jours d’opération est ajouté le septième jour de repos. L’Ecriture Sainte ne dit pas que ce jour ait eu un soir. Ce n’est pas que ce jour n’ait pas été suivi d’une nuit, mais c’est pour préfigurer le repos des âmes qui n’aura jamais de fin. Si l’on dit, par contre, que toutes les choses ont été faites en même temps, on réfère les sept âges à un point de vue angélique. Cependant, la première manière de parler est plus conforme à l’Ecriture Sainte et aux autorités des saints qui ont précédé et suivi le bienheureux Augustin.
 
Chapitre 3: La nature corporelle dans son être
Résumé de la matière
La nature corporelle, dans sa totalité, est tout entière dans les cieux et dans les éléments.
De sorte que la nature céleste est divisée en trois ciels principaux, l’empyrée, le cristallin et le firmament.
Dans le firmament, qui est le ciel étoilé, se trou vent les sept orbites des sept planètes: Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure et Lune.
Dans la nature élémentale, on distingue les quatre sphères du feu, de l’air, de l’eau et de la terre. Ainsi, en allant du sommet du ciel au centre de la terre, on trouve dix mondes célestes et quatre sphères élémentales, par quoi est constitué dans son intégralité, distinctement, parfaitement et avec ordre, le monde sensible tout entier.
Explication
La nature corporelle, pour être parfaite et pour exprimer la sagesse multiforme du premier principe, requiert une multiplicité de formes, comme on le voit chez les minéraux, les plantes et les animaux. Il était donc nécessaire de créer quelques corps simples qui puissent se mélanger de façon multiple pour introduire une multiplicité de formes. Telle est la nature sujette à la combinaison des contraires, la nature élémentale. Il était nécessaire aussi qu’il y ait une nature par laquelle ces contraires puissent être conciliés dans un composé. Cette nature, libre de toute contrariété, est celle de la lumière et du corps supracéleste
Et parce que le mélange ne peut se faire que par des contraires actifs et passifs, il a donc fallu une double contrariété dans les éléments, dans les qua lités actives qui sont le chaud et le froid, et dans les qualités passives qui sont l’humide et le sec. Et parce que chaque élément agit et subit, il possède donc deux qualités, l’une active et l’autre passive de façon cependant que l’une soit principale et propre. Ainsi, n’y a-t-il que quatre éléments correspondant aux quatre qualités précédentes, combinées de façon quadruple.
La nature céleste est soit uniforme et immobile, c’est l’empyrée, qui est pure lumière; soit mobile et multiforme, c’est le firmament; soit mobile et uniforme, c’est le ciel moyen entre l’empyrée et le ciel étoilé, le ciel cristallin. La quatrième combinaison qui serait multiforme et immobile est impossible car la multiplicité donne la variété au mouvement et non le repos uniforme.
Il y a trois ciels, dont le premier est tout entier lumineux, l’empyrée; le deuxième tout entier clair, le cristallin; le troisième lumineux et clair, le firmament. Donc, puisqu’il y a trois ciels incorruptibles et quatre éléments variables, pour que s’établisse la connexion nécessaire, la concorde et la correspondance, Dieu a disposé sept orbites de planètes pour que, par la variété de leurs mouvements et l’incorruptibilité de leurs formes, elles soient comme un certain lien et un assemblage entre les orbites des éléments inférieurs et celles des corps célestes supérieurs pour achever et orner l’univers. Cet uni vers est ordonné selon des proportions numériques et se compose des dix orbites célestes et des autres éléments qui le rendent proportionnellement aussi beau que parfait et ordonné de façon qu’à sa manière, il représente son principe.
 
Chapitre 4: La nature corporelle dans son agir et dans son influence
Résumé de la matière
Les corps célestes influent sur les corps terrestres et élémentaux dans la désignation distincte des temps, jours, mois et années. L’Ecriture Sainte dit, en effet, qu’ils servent de signes pour les saisons, les jours et les années. Ils influent encore dans la production effective des choses engendrables et corruptibles, telles que les minéraux, les végétaux, les sensibles et les corps humains.
Cependant, ils ne servent pas de signes aux temps et ne gouvernent pas les opérations au point d’être les signes certains des futurs contingents et d’in fluer sur le libre-arbitre par la force des constellations, ce que certains philosophes ont appelé le « fatum »
Explication
Dans les corps célestes, en raison de leur proximité avec le premier principe, il y a lumière, mouvement, chaleur, force: lumière à cause de sa forme et de sa beauté, mouvement en raison de l’influence d’en-haut, chaleur par rapport à la nature inférieure qui la reçoit, force en raison de tout ce qui vient d’être dit.
Ceci étant, les corps célestes servent, par la lumière et le mouvement, à la distinction des temps, à savoir: du jour selon la lumière du soleil et le mouvement du firmament, du mois selon le mouvement de la lune dans son chemin elliptique, de l’année selon le mouvement du soleil dans le même chemin, des saisons selon le mouvement des diverses planètes, leur opposition et leur conjonction, leur ascension et leur descente, leur disparition et leur repos, qui donnent naissance à la diversité des saisons.
Par leur force et leur chaleur, les corps célestes influent sur la production des choses qui naissent à partir des éléments, en les excitant, en les poussant et en les unissant. Ainsi, selon une conciliation inégale des contraires, ils influent sur les minéraux selon une conciliation moins inégale, ils influent sur les végétaux; selon une conciliation presque égale, ils influent sur les animaux; selon une conciliation égale, ils influent sur les corps humains qui sont faits pour la forme la plus noble, l’âme raisonnable, laquelle est ordonné et se termine le désir de toute la nature sensible et corporelle. Par l’âme raisonnable qui est une forme existante, vivante, sensible et intelligente, toute la nature sensible et corporelle est ramenée, à la manière d’un cercle intelligible, à son principe dans lequel elle trouve sa perfection et sa béatitude.
Et parce que l’âme raisonnable tend à cela par son libre-arbitre, elle dépasse en perfection toute puissance corporelle en raison de la liberté de son arbitre. A cause de cela, toutes choses sont faites pour la servir. Rien ne peut la dominer sinon Dieu seul et non pas le « fatum », ni quelque force venant de la position des astres.
Ainsi, il est indubitablement vrai que nous sommes la fin de toutes choses qui existent. Toutes les choses corporelles sont faites pour le service de l’homme, de sorte que par toutes ces choses, l’homme est poussé à aimer et à louer l’auteur des mondes, dont la providence a disposé toutes choses.
Cet univers sensible des choses corporelles est donc une maison édifiée pour l’homme par le souverain artisan jusqu’à ce qu’il rejoigne la demeure qui n’est pas faite par des mains d’homme et qui est dans les cieux. De la sorte, comme l’âme, en raison du corps et de l’état de mérite, se trouve maintenant sur terre, ainsi plus tard, le corps, en raison de l’âme et de l’état de récompense, sera dans les cieux.

Chapitre 5: La manière dont l’Ecriture Sainte décrit la création
Résumé de la matière
De tout ce qui a été dit, il faut conclure que, comme Dieu a créé les choses avec ordre dans le temps et les a disposées avec ordre dans l’espace, il les gouverne aussi avec ordre dans leur influence. C’est avec le même ordre que l’Ecriture Sainte nous en donne une doctrine suffisante, bien qu’elle ne décrive pas si explicitement la distinction des orbites célestes et élémentales et qu’elle dise peu de choses ou rien des mouvements et des formes des corps supérieurs et des mélanges entre les éléments et les composés. Qui plus est, elle ne raconte rien explicitement de la création des esprits supérieurs parce qu’elle décrit surtout notre univers parvenant à l’être.
Explication
Le premier principe se fait connaître à nous par l’Ecriture Sainte et par la créature. Par le livre de la créature, il se manifeste comme principe effectif; par le livre de l’Ecriture Sainte, comme principe de réparation. Le principe de réparation ne peut être connu que s’il est connu aussi comme principe effectif. Donc, l’Ecriture Sainte, bien qu’elle traite principalement des oeuvres de réparation, doit néanmoins traiter de l’oeuvre de création en tant que celle-ci conduit à la connaissance du premier principe créateur et réparateur. L’Ecriture Sainte est donc la connaissance sublime et salutaire: sublime, parce qu’elle traite du principe effectif, Dieu créateur; salutaire, parce qu’elle traite du principe réparateur, le Christ sauveur et médiateur.
Et parce que l’Ecriture Sainte est sublime, en traitant du premier principe et être souverain, elle ne s’abaisse pas à décrire les natures spéciales, les mouvements, les forces et les différences des êtres. Mais elle se tient dans une certaine généralité dans laquelle est impliqué tout ce qui est spécial, en décrivant la création du monde quant à la disposition et à l’in fluence à l’égard de la nature lumineuse, opaque et limpide.
Le premier principe dont traite l’Ecriture Sainte possède en soi un ordre de nature en étant principe d’existence, un ordre de sagesse en étant principe de disposition, un ordre de bonté en étant principe d’influence; de sorte que l’ordre de la nature possède la simultanéité et l’égalité, l’ordre de l’influence, la supériorité et l’infériorité.
Donc, pour insinuer l’ordre de la nature, l’Ecriture Sainte détermine comme il convenait que Dieu opère: au commencement, avant le déroulement du temps, cette triple nature fut produite du non-être à l’être, lorsqu’il est dit: Dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre et l’Esprit de Dieu planait sur les eaux. Le mot « ciel » insinue la nature lumineuse, le mot « terre », la nature opaque, le mot « eaux », la nature limpide sujette à la contrariété ou élevée au-dessus. La Trinité éternelle est aussi insinuée, le Père par le mot « Dieu créateur », le Fils par le mot « Principe », l’Esprit Saint par le mot « Esprit de Dieu » Ainsi faut-il comprendre ce qui est dit: Celui qui vit éternellement a créé tout ensemble. Non qu’il ait créé dans le chaos d’une confusion absolue, comme l’ont écrit les poètes, puisqu’il a produit cette triple nature, la supérieure au sommet, la médiane au milieu, l’inférieure en bas. Il ne l’a pas créée non plus dans l’être dans une distinction absolue, puisque le ciel était parfait et la terre vague, la nature moyenne comme tenant le milieu, n’ayant pas encore atteint la distinction parfaite.
Pour insinuer l’ordre de la sagesse dans la disposition des choses, l’Ecriture Sainte détermine que cette triple nature ne fut pas en même temps distincte et ornée. Mais selon l’exigence de cette triple nature créée, elle fut distincte en trois jours et ornée en trois autres jours. De sorte que, comme Dieu a créé au commencement la nature triple simultanément au début du temps, ainsi avec la succession du temps en une triple mesure temporelle, c’est-à-dire en trois jours, Dieu a fait la triple distinction de la triple nature créée. En trois autres jours, il a fait le triple ornement de la triple nature distincte.
Pour insinuer l’ordre de la bonté dans l’in fluence, l’Ecriture Sainte détermine que cette triple nature a été placée dans le monde selon sa dignité et son influence. La nature lumineuse ayant la plus grande beauté, il lui revenait d’entourer toutes choses. La nature opaque ayant moins de beauté, il lui revenait d’être au centre. La nature limpide tenant le mi lieu, il lui revenait d’être au milieu. Et parce que la nature limpide est commune à la nature céleste et à la nature élémentale et qu’en outre la nature lumineuse convient aux deux, il est donc dit juste ment que le firmament a été créé au milieu des eaux, non parce que les eaux qui sont au-dessus des cieux sont liquides, froides, pesantes et corruptibles, mais parce qu’elles sont subtiles et incorruptibles, limpides et élevées au-dessus de toute contrariété et par là de nature céleste et devant se situer parmi les natures célestes en raison de la dignité de leur forme.
Ces eaux occupent cette place en raison aussi de leur forme et de leur influence. En effet, toute action corporelle dans les choses inférieures tire sa règle, son origine et sa force de la nature céleste. Puisqu’il y a deux qualités actives, le chaud et le froid et qu’il y a un certain ciel principalement influent et chaud, le ciel sidéral en raison de sa luminosité, il convenait qu’un certain ciel influe sur le froid, c’est le cristallin. Et comme le ciel sidéral, bien qu’il influe pour créer la chaleur, n’est pas formellement chaud, ainsi le ciel qu’on appelle aqueux ou cristallin, n’est pas essentiellement froid.
De là, lorsque les saints disent que les eaux sont placées là pour réprimer la chaleur des corps supérieurs et autres choses semblables, il faut l’en tendre non pas formellement, mais selon l’efficience et l’influence.
La production des créatures, selon l’ordre que nous venons de dire, correspond à l’ordre de la sagesse créatrice et de la divine Ecriture Sainte, car elle est la science sublime.
En outre, I’Ecriture Sainte est la science salutaire. Elle ne traite donc de l’oeuvre de création qu’en vue de l’oeuvre de réparation. Et parce que les anges ont été ainsi créés qu’ils n’ont pas été rachetés après leur chute, comme on le dira plus loin, l’Ecriture Sainte, si on la prend à la lettre, se tait donc sur la chute et la création des anges, car leur chute ne devait pas être suivie de réparation.
Parce qu’il ne convenait pas à la sublimité de l’Ecriture Sainte qu’elle se taise absolument sur la création de la créature la plus sublime, elle décrit donc la création des choses comme l’exige la science sublime et salutaire, de façon cependant que, selon le sens spirituel de l’Ecriture Sainte, toute la création décrite par la lettre se rapporte spirituellement à la hiérarchie angélique et ecclésiastique. Selon le sens spirituel, dans ces trois natures sont décrites la hiérarchie angélique par le mot « ciel », la hiérarchie ecclésiastique par le mot « terre » et la grâce qui irrigue les deux hiérarchies par le mot « eaux ».
1En outre, par les sept jours, on entend l’état septiforme de l’Eglise dans le déroulement des sept âges On entend aussi la conversion septiforme des anges, de la créature à Dieu.
Ainsi, dans tout ce que l’on vient de dire, apparaît la suffisance et la vérité de l’Ecriture Sainte dans les diverses opinions des saints, Augustin et autres, opinions qui ne se contredisent pas, puisqu’elles sont vraies si on les comprend bien.

La règle de Saint Benoît, Chapitre IV: Quels sont les instruments a pratiquer les bonnes oeuvres

10 juillet, 2011

du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/benoit/regle.htm#_Toc502483625

La règle de Saint Benoît

CHAPITRE IV

QUELS SONT LES INSTRUMENTS A PRATIQUER LES BONNES OEUVRES.
 

Avant tout, aimer le Seigneur Dieu de tout cœur, de toute son âme, de toutes ses forces.
Ensuite le prochain comme soi-même.
Ensuite, ne point tuer.
Ne point commettre d’adultère.
Ne point dérober.
Ne point convoiter.
Ne point porter de faux témoignage
Honorer toute personne humaine.
Et ne pas infliger à autrui ce qu’on ne voudrait pas subir soi-même.
Faire abnégation de soi pour suivre le Christ.
Châtier son corps.
Ne point s’attacher aux jouissances
Aimer le jeûne.
Assister les pauvres.
Vêtir celui qui est nu.
Visiter les malades.
Ensevelir les morts.
Soulager ceux qui sont dans la tribulation
Consoler les affligés.
Rompre avec les manières du siècle.
Ne rien préférer à l’amour du Christ.
Ne pas se livrer à la colère.
Ne point s’attarder dans la rancune.
Ne pas entretenir de fausseté dans son cœur.
Ne pas donner le baiser de paix avec simulation.
Ne pas se départir de la charité.
Ne pas jurer, pour éviter le danger de parjure.
Proférer de bouche la vérité telle qu’on l’a dans le cœur.
Ne point rendre le mal pour le mal.
Ne faire d’injure à personne, ruais supporter avec patience celle qu’on nous fait.
Aimer ses ennemis.
Ne point rendre malédiction pour malédiction, mais plutôt bénir ceux qui nous maudissent.
Soutenir persécution pour la justice.
Ne pas être superbe.
Ni gorgé de vin.
Ni vorace.
Ni porté à la nonchalance.
Ni paresseux.
Ni murmurateur.
Ni enclin au dénigrement.
Mettre en Dieu son espérance.
Tout ce que l’on trouve de bon en soi, le rapporter non à soi, mais à Dieu ;
Quant au mal, reconnaître toujours qu’on en est l’auteur, et le mettre à son compte.
Craindre le jour du jugement.
Avoir grand’peur de l’enfer.
Désirer la vie éternelle de toute l’avidité de son âme.
Avoir toujours devant les yeux la mort qui nous guette.
Veiller à toute heure sur les actions de sa vie.
Entretenir la certitude qu’en tout lieu Dieu nous voit.
Briser contre la pierre qui est le Christ les pensées mauvaises à l’instant même où elles viennent à l’esprit, et s’en ouvrir à un ancien éclairé de Dieu.
Garder sa bouche de tout discours malsonnant ou dépravé.
Ne point se plaire à beaucoup parler.
Ne pas tenir de discours inutiles ou qui ne portent qu’à rire.
Ne pas se laisser entraîner au rire fréquent ou débridé.
Prêter volontiers l’oreille à de saintes lectures.
S’adonner souvent à l’oraison.
Pleurer et gémir sur ses fautes passées, en se les reprochant chaque jour devant Dieu dans la prière, et ne pas manquer de se purifier de ces mêmes souillures.
Ne pas accomplir les désirs de la chair. Haïr la volonté propre.
Obéir de tout point aux préceptes de l’abbé, même, ce qu’à Dieu ne plaise, s’il agissait autrement. Souvenons-nous de la parole de Notre-Seigneur : faites ce qu’ils disent, mais ce qu’ils font, gardez-vous de le faire.
Ne pas chercher à passer pour saint avant de l’être, mais le devenir d’abord, en sorte qu’il y ait quelque vérité à ce qu’on le dise.
Accomplir chaque jour d’une manière effective les préceptes de Dieu.
Aimer la chasteté.
Ne haïr qui que ce Soit.
Ne pas céder â la jalousie.
Réprimer le tourment de l’envie.
Avoir horreur de la dispute.
Fuir l’élèvement.
Vénérer les anciens.
Aimer les plus jeunes.
Prier pour ses ennemis dans l’amour du Christ.
Se remettre en paix, avant le coucher du soleil, avec celui dont nous éloigne la discorde.
Et ne désespérer jamais de la miséricorde de Dieu. 

Voilà quels sont les instruments de l’art spirituel. En les employant jour et nuit, en accomplissant sans relâche le programme des œuvres divines, de manière à les remettre au jour du jugement entre les mains de Dieu, nous recevrons de lui la récompense que Lui-même a promise: « Nul œil n’a vu, nulle oreille n’a entendu, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. » Quant à l’atelier où nous apportons tous nos soins ont œuvrer de la sorte, il n’est autre que le cloître monastique et la communauté où nous sommes stabilisés. 

Saint Antoine de Padoue, Sermon : « Ils disent et ne font pas »

12 juin, 2011

du site:

http://levangileauquotidien.org/www/popup-comments.php?language=FR&id=2131

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231), franciscain, docteur de l’Église
Sermons

« Ils disent et ne font pas »
      Celui qui est rempli du Saint Esprit parle diverses langues (Ac 2,4). Ces diverses langues sont les divers témoignages rendus au Christ, comme l’humilité, la pauvreté, la patience et l’obéissance. Nous les parlons quand, en les pratiquant nous-mêmes, nous les montrons aux autres. La parole est vivante lorsque ce sont les actions qui parlent. Je vous en prie, que les paroles se taisent et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles mais vides d’actions ; à cause de cela le Seigneur nous maudit, lui qui a maudit le figuier où il n’a pas trouvé de fruits mais seulement des feuilles (Mc 11,13s). « La loi, dit saint Grégoire, a été présentée au prédicateur pour qu’il pratique ce qu’il prêche. » Il perd son temps à répandre la connaissance de la loi, celui qui détruit son enseignement par ses actions.

      Mais les apôtres parlaient selon le don de l’Esprit. Heureux celui qui parle selon le don de l’Esprit, et non selon son propre sentiment… Parlons donc selon ce que l’Esprit Saint nous donnera de dire. Demandons-lui humblement et pieusement de répandre en nous sa grâce.

4 janvier – Sainte Angèle de Foligno

3 janvier, 2011

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/01/04.php

4 janvier – Sainte Angèle de Foligno

Sommaire :

 Biographie
 De la doctrine de Ste Angèle
 Derniers enseignements
 Divers enseignements sur l’oraison
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Biographie
Angèle naquit en 1248, dans la petite ville de Foligno (Ombrie). Issue d’une famille opulente, elle mena une vie mondaine jusque vers l’âge de quarante ans. Elle se maria assez jeune et eut plusieurs enfants. Rentrée en elle-même et favorisée d’une apparition de saint François d’Assise, elle commença par se mortifier rudement. « Je commençai à faire de sérieuses considérations sur ma mauvaise conduite, et Dieu me fit la grâce de me donner une claire connaissance de mes péchés, ce qui me jeta dans une grande appréhension de la damnation éternelle. »
Sa mère, son mari, ses enfants étant morts à bref intervalle, elle vendit son château, se dépouilla de toute sa fortune et vécut en recluse avec une compagne nommée Marie. Guérie d’une maladie qui la conduisit aux portes de la mort, Angèle se fit agréger au tiers-ordre de la pénitence et fit profession de la sainte règle (vers 1290). Bientôt entourée d’un petit groupe de compagnes qui formèrent avec elle une sorte de communauté, elle vécut à l’ombre du couvent des Frères mineurs, dans la pratique des plus hautes vertus.
Un pèlerinage à Assise fut marqué par une invasion violente de Dieu et des faits étranges (souffrances, cris) qui jetèrent ses compagnons dans la stupeur. Un franciscain, le Frère Arnaud, du couvent d’Assise, venu à Foligno devint son confesseur et exigea d’elle, par des instances réitérées le récit des révélations qui se multipliaient, au milieu d’étranges maladies. Il écrivait sous sa dictée une sorte de Mémorial reproduisant jusqu’aux mots dont elle s’était servie ;  puis il relisait le chapitre afin que la sainte pût le corriger. L’ouvrage, achevé en 1297, fut approuvé par le cardinal Jacques Colonna, ami des spirituels. La caractéristique du récit de sa vie vient de ce qu’il est comme une autobiographie et donc d’une haute valeur pour l’étude de la mystique divine, nul mieux que la bienheureuse n’ayant pu exprimer les merveilles célestes dont elle fut l’objet ou l’instrument. Celui-ci écrivait sous sa dictée.
Umbertin de Casale la connut vers 1298. A l’occasion d’un entretien qu’il eut avec elle, il se convertit à la stricte observance. Il garda de la rencontre un souvenir plein d’admiration pour celle qui, lui révélant les secrets replis de son âme, y aviva aussi les flammes de son zèle ; il en consigna plus tard, vers 1305, les détails au premier prologue de l’Arbor vitæ crucifixæ Jesu, dans un éloge enthousiaste. Douée du don de pénétration des cœurs, Angèle fortifiait ainsi dans le droit chemin ceux qui la consultait et servait de guide aux âmes éprises du noble idéal de la perfection. Elle maintint ses nombreux disciples dans la ferveur sans les laisser s’égarer aux folies du « Libre Esprit ». Quelque temps avant le pontificat de saint  Célestin V, en 1294, elle subit des tourments qui durèrent plus de deux ans. Mais les visions et les autres grâces surnaturelles ne se ralentirent pas jusqu’à sa mort qui arriva le 4 janvier 1309, laissant une haute réputation  de sainteté et de doctrine. Dès sa mort, ses contemporains l’appellent Bienheureuse. En 1535, elle était l’objet d’un culte officiel à Foligno depuis longtemps. Rome en 1701 accorda un office propre. Pie X fixa sa fête au 4 janvier. Son tombeau à l’église Saint-François de Foligno a toujours été l’objet d’une vénération ardente.
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De la doctrine de Ste Angèle
La doctrine spirituelle d’Angèle de Foligno est celle d’une franciscaine stricte et orthodoxe ; sa part personnelle est l’accent d’amour passionné dont elle l’a marqué. Angèle a été plongée dès sa conversion, dans le milieu franciscain spirituel. Assise est sa patrie mystique ; saint François son maître. Mais elle a opté, à l’encontre des Relâchés, pour la pauvreté et la pénitence rigoureuse des spirituels. Malgré cela, elle a réagi fortement contre les égarements du Libre Esprit dont elle stigmatise le dévergondage (les illusions et les dangers de l’amour et de l’amitié). A ce titre, c’est la dévotion ardente à Jésus crucifié qu’elle prêcha avant toutes choses (contemplation, imitation) sous l’influence des écrits de saint Bonaventure, dont elle s’inspire fréquemment. La pénitence, la fuite du monde et des richesses, la prière sont les conditions d’un amour sincère. Tardivement une trace dionysienne se retrouve dans sa pensée  (Ténèbre divine, ineffabilité, tout de Dieu). Mais le propre de son œuvre, son incomparable prix, c’est la passion amoureuse qu’elle exprime en mots inoubliables (Amour non connu!… Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée). La véhémence des invasions divines répond à l’héroîsme des poursuites ou plutôt le prévient. Une rédaction balbutiante ne donne que plus de jaillissement à l’impétiosité de l’amour. Nul mystique n’a exprimé avec cette force le tragique de la destinée chrétienne, faite des folies d’un Dieu crucifié. La sagesse de ses conseils spirituels, nés de l’expérience d’une époque très troublée, assure son disciple contre toute déviation, mais ses cris d’amour réveilleront les âmes les plus endormies et toucheront les cœurs même incroyants. Angèle de Foligno est une cime spirituelle de l’Eglise catholique et du monde.
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Derniers enseignements
Mon âme reçut davantage du Seigneur Dieu quand je pleurai et souffris pour les péchés du prochain avec tout mon cœur, que quand je pleurai mes péchés. Et, en vérité, il n’est charité plus grande sur terre que de pleurer les péchés du prochain. Le monde se gausse de ce que je dis : car cela me semble être contre nature, savoir que l’homme puisse pleurer et souffrir des péchés du prochain comme des siens, plus que des siens. Mais la charité qui fait cela n’est pas de ce monde. O mes petits enfants ! efforcez-vous d’avoir cette charité.

Sainte Angèle de Foligno
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Divers enseignements de sainte Angèle de Foligno touchant l’oraison
L’oraison est là où est trouvé Dieu. Et sont trois écoles, savoir, trois parties de l’oraison, hors desquelles Dieu n’est pas trouvé. Il y a, en effet, oraison corporelle, mentale et surnaturelle.
Corporelle est celle qui se fait avec son de paroles et exercice corporel, comme génuflexions. Et celle-ci, jamais je ne l’abandonne. Pour ce qu’en effet, quelquefois, je voulais m’exercer en la mentale, et quelquefois j’étais trompée par paresse et sommeil et perdais mon temps. Aussi je m’exerce en la corporelle. Et cette corporelle mène à la mentale. Elle doit, en effet, être faite avec attention, et quand tu dis : « Notre Père », considère ce que dis. Non en courant, t’efforçant d’achever certain nombre, comme ces petites femmes qui font certains travaux aux pièces.
Elle est mentale, quand la méditation de Dieu occupe tellement l’âme qu’elle ne pense à rien d’autre qu’à Dieu. Et si quelque autre cogitation entre en l’esprit, je ne l’appelle pas mentale. Et cette oraison coupe la langue, car elle ne peut parler. L’âme, en effet, est totalement pleine de Dieu, tellement qu’elle ne peut être occupée à aucune autre chose en pensant ou en parlant, sinon de Dieu et en Dieu. Et de cette mentale on vient à la surnaturelle.
J’appelle surnaturelle, celle où l’âme est ravie par cette pitié de Dieu et méditation, tellement qu’elle est entraînée quasi au delà de sa nature ; et elle comprend de Dieu plus qu’elle ne voit que par sa nature peut être compris ; et elle connaît qu’elle ne peut comprendre. Et ce qu’elle comprend, elle ne peut l’expliquer : car tout ce qu’elle voit et sent est au-dessus de sa nature.
En ces trois écoles donc, chacun se connaît soi-même et Dieu. Et de ce qu’on connaît on aime. Et plus on aime, plus on désire avoir ce qu’on aime. Et c’est signe du vrai amour, que celui qui aime ne transforme pas une part de soi, mais tout soi en l’aimé. Mais par ce que cette transformation n’est pas continue, et ne dure pas, le désir prend l’âme de rechercher tous les modes par lesquels elle pourrait être transformée en la volonté de l’aimé, afin de revenir de nouveau en cette vision. Et elle cherche ce qu’aima celui qu’elle aime.

Sainte Angèle de Foligno
Documents.

1 Octobre – Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus: A mon Ange Gardien (prière)

30 septembre, 2010

du site:

http://www.spiritualite-chretienne.com/anges/ange-gardien/poesie01.html

1 Octobre – Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

Carmélite déchaussée, docteur de l’Eglise
Née le 2 janvier 1873 à Alençon (Normandie)
Morte le 30 septembre 1897 à Lisieux (Normandie)

A MON ANGE GARDIEN

Glorieux gardien de mon âme,
Toi qui brille dans le beau ciel
Comme une douce et pure flamme
Près du trône de l’Eternel
Tu descends pour moi sur la terre
Et m’éclairant de ta splendeur
Bel ange, tu deviens mon frère,
Mon ami, mon consolateur !…

Connaissant ma grande faiblesse
Tu me diriges par la main
Et je te vois avec tendresse
Oter la pierre du chemin
Toujours ta douce voix m’invite
A ne regarder que les cieux
Plus tu me vois humble et petite
Et plus ton front est radieux.

O toi ! qui traverses l’espace
Plus promptement que les éclairs
Je t’en supplie, vole à ma place
Auprès de ceux qui me sont chers
De ton aile sèche leurs larmes
Chante combien Jésus est bon
Chante que souffrir a des charmes
Et tout bas, murmure mon nom …

Je veux pendant ma courte vie
Sauver mes frères les pécheurs
O bel ange de la patrie
Donne-moi tes saintes ardeurs
Je n’ai rien que mes sacrifices
Et mon austère pauvreté
Avec tes célestes délices
Offre-les à la Trinité.

A toi le royaume et la gloire,
Les richesses du Roi des rois.
A moi l’humble Hostie du ciboire,
A moi le trésor de la Croix.
Avec la Croix, avec l’Hostie
Avec ton céleste secours
J’attends en paix de l’autre vie
Les joies qui dureront toujours.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, Poésies, Paris, le Cerf, Desclée de Brouwer, 1979.

DIALOGUE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE SUR LA PROVIDENCE

6 août, 2010

du site:

http://www.aelf.org/office-lectures#lecture

DIALOGUE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE SUR LA PROVIDENCE

L’amour incompréhensible de Dieu pour l’humanité.

Mon très doux Seigneur, de grâce, tourne tes regards miséricordieux vers ton peuple et le corps mystique de ton Église. Car une plus grande gloire s’attachera à ton nom, si tu pardonnes à une telle multitude de tes créatures et non pas à moi seule, misérable, qui ai tellement offensé ta majesté. ~ Comment pourrais-je me consoler en croyant que je possède la vie, alors que ton peuple serait dans la mort, en voyant les ténèbres des péchés envelopper ton épouse tout aimable, à cause de mes défauts et de ceux de tes autres créatures?

Je veux donc et je demande comme une grâce sans pareille que tu lui fasses miséricorde, par cet amour incompréhensible qui t’a poussé à créer l’homme à ton image et ressemblance. ~ Quel motif avais-tu d’établir l’homme dans une telle dignité? Certainement, c’est uniquement l’amour incompréhensible par lequel tu as considéré ta créature en toi-même et tu t’en es épris. ~ Mais je sais bien que la faute du péché lui a fait perdre, en toute justice, la dignité dans laquelle tu l’avais établie. ~

Mais toi, poussé par le même amour, en voulant réconcilier gracieusement le genre humain avec toi, tu nous as donné la parole de ton Fils unique, qui a vraiment été entre nous et toi un réconciliateur et un médiateur. Il a été notre justice parce qu’il a châtié en les prenant sur lui toutes nos injustices et nos crimes, en vertu de l’obéissance que toi, Père éternel, lui as imposée lorsque tu as décidé qu’il revêtirait notre humanité. ~ Abîme incompréhensible de ton amour! Quel coeur pourrait être assez dur pour rester indifférent et ne pas être déchiré en considérant qu’une telle grandeur est descendue jusqu’à une telle profondeur, une telle bassesse, celle de notre humanité!

Nous sommes ton image et tu es devenu notre image par ton union avec l’homme tu as voilé ta divinité éternelle en prenant la chair d’Adam, misérable et pécheresse. D’où vient cela? Uniquement de ton amour inexprimable. C’est donc par cet amour incompréhensible que j’implore humblement ta majesté, de toutes les forces de mon âme, pour que tu fasses gracieusement miséricorde à tes misérables créatures.

R/Le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous.

D’un amour éternel tu m’as aimé.
Par des liens de douceur tu nous as tirés à toi.

Tu pardonnes nos fautes pour la gloire de ton Nom.
Au milieu de nous, tu es le Saint.

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Oraison
Dieu éternel et tout-puissant, toi que nous pouvons déjà appeler notre Père, fais grandir en nos cœurs l’esprit filial, afin que nous soyons capables d’entrer un jour dans l’héritabe qui nous est promis.

Splendeur, blancheur et chaleur, par: St Antoine de Padoue, Sermon pour l’Annonciation

12 juin, 2010

du site:

http://www.mariedenazareth.com/297.0.html

Splendeur, blancheur et chaleur

St Antoine de Padoue, Sermon pour l’Annonciation

Le soleil possède trois propriétés :

la splendeur,
la blancheur,
et la chaleur.

Ces trois propriétés répondent aux trois paroles de l’Ange :
Ave, pleine de grâce ;
Ne crains pas ;
L’Esprit Saint surviendra sur toi.

- La splendeur :
« Ave, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes ».
Voilà la splendeur du soleil, voilà les vertus dont elle a brillé.
- Elle eut la tempérance, la modestie dans les paroles, l’humilité dans le coeur.
- Elle fut prudente lorsque, troublée, elle se tut, comprit ce qu’on lui avait dit, répondit à ce qui lui fut proposé.
- Elle fut juste lorsqu’elle donna a chacun son dû.
- Elle fut forte dans ses fiançailles, lors de la circoncision de son Fils et de la purification légale.
- Elle fut compatissante envers les affligés, lorsqu’elle dit : « Ils n’ont plus de vin » (Jn 2, 3).
- Elle fut en communion avec les saints lorsqu’elle était assidue dans la prière, au cénacle, avec les apôtres et quelques femmes (cf. Ac 1, 14).

- La blancheur :
«[Ne crains pas] Voici que tu concevras et tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. »
Voici la blancheur du soleil. Comment aurait-elle pu concevoir la lumière éternelle et le miroir sans tache, si elle n’avait été elle-même toute blanche ?
De cette blancheur, son Fils dit dans le Cantique : « Ton ventre est une masse d’ivoire, couverte de saphirs » (Ct 5, 14). L’ivoire, blanc et froid, désigne la double pureté de l’esprit et du corps. La pierre du saphir, de couleur céleste, désigne la contemplation. Le ventre de la Vierge Marie fut d’ivoire et couvert de saphirs parce qu’elle avait la blancheur de la virginité dans son corps et la beauté de la contemplation dans son âme. 

- La chaleur :
« Le Saint-Esprit surviendra sur toi ».
Voici la chaleur. La chaleur est l’aliment et la nourriture de tous les vivants ; lorsqu’elle manque, c’est la chute et la mort. La chaleur est la grâce du Saint-Esprit. Si elle se retire du cœur de l’homme, la sève de la componction vient à manquer et l’âme malheureuse tombe dans la mort du péché.
Mais si la chaleur revient, si le Saint-Esprit survient, Marie conçoit et enfante le fruit béni qui ôte toute malédiction.
[...]
Viens donc, notre Dame, unique espérance !
Eclaire, nous t’en supplions, notre esprit par la splendeur de ta grâce, purifie-le par la candeur de ta pureté, réchauffe-le par la chaleur de ta présence. Réconcilie-nous tous avec ton Fils, afin que nous puissions parvenir à la splendeur de sa gloire.
Que nous l’accorde celui qui, aujourd’hui, à l’annonce de l’ange, a voulu prendre de toi sa chair glorieuse et rester enfermé pendant neuf mois dans ton sein. A lui, honneur et gloire pour les siècles éternels ! Amen !  

Pierre de Bérulle: Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire! (Jn 4, 10)

15 février, 2010

du site:

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20020303_berulle_fr.html

(Pierre de Bérulle, Les mystères de la vie du Christ, Cerf, Paris 1988, pp.87-89)

Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire! (Jn 4, 10)

« L’une des excellentes catéchèses du Fils de Dieu est celle faite en la campagne de Samarie, en plein midi, sous un ardent soleil, qui du ciel recevait sa lumière de ce soleil qui était en la terre. Cette catéchèse se passe entre Jésus et une femme seule, en l’absence des apotres. […] Cette catéchèse est admirable en ses circonstances, en ses paroles, en ses effets, car elle contient en peu de paroles les plus hauts mystères du salut, annoncés par le salut lui-meme à une simple femme, qui ne pense qu’à la terre et ne cherche que l’eau qui est au fond de ce puits de Jacob, cette eau qui la peut abreuver en sa soif corporelle.

En un moment il la tire de l’erreur à la vérité, du péché à la grace, de la perte au salut, de son ignorance de Dieu à la connaissance et adoration du Fils de Dieu en la terre, c’est-à-dire à la connaissance la plus haute et la plus nécessaire qui fut alors au monde: le mystère de l’Incamation […].

Mais, parmi toutes les paroles, l’une d’elles mérite d’étre considérée, d’étre adorée, d’étre pénétrée par nos esprits: celle où Jésus dit à la femme: “Si tu savais le don de Dieu”. Car cette parole exprime un soupir et une langueur du Fils de Dieu, ravi par l’excellence de cette vérité et souffrant que le monde l’ignore, tant elle est haute et importante pour le salut de la terre! Et c’est à nous à adorer la pensée, la douleur, la langueur et les sentiments du Fils de Dieu, et à pénétrer cette vérité qui nous est dite en la personne de cette pauvre Samaritaine.

Que de choses médiocres et petites nous savons en la terre, que de vanités et de curiosités nous y recherchons, alors qu’il n’y a aucune vérité plus haute et plus utile que celle qui est ici proposée: Si tu savais le don de Dieu; aucune parole pour laquelle le Fils de Dieu ait plus d’ardeur et de désir pour le salut du monde.”

Prière:

Jésus, je t’aime et je t’adore. Je te remercie d’etre venu sur la terre pour etre mon salut et ma joie. Je te prie, mon Dieu, de ne jamais oublier ou me distraire de ton amour et de pouvoir, chaque jour, mieux répondre au don de la grace que tu m’accordes. Ainsi soit-il.

Préparé par la Pontificale Université du Latran

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