Archive pour la catégorie 'Saints, écrit'

Sermon du bienheureux Guerric D’Igny, abbé

17 décembre, 2012

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/avent.htm

Sermon du bienheureux Guerric D’Igny, abbé

« Préparez le chemin du Seigneur. » Le chemin du Seigneur, frères, qu’il nous est demandé de préparer se prépare en marchant. On y marche dans la mesure où on le prépare. Même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous soyez toujours tendus au-delà. Voilà comment, à chaque pas que vous faites, le Seigneur à qui vous préparez les voies vient au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand. Aussi est-ce avec raison que le juste prie ainsi : « Enseigne-moi le chemin de tes volontés et je le chercherai toujours. » On donne à ce chemin le nom de vie éternelle, peut-être parce que bien que la providence ait examiné le chemin de chacun et lui ait fixé un terme jusqu’où il puisse aller, cependant la bonté de celui vers lequel vous vous avancez n’a pas de terme. C’est pourquoi le voyageur sage et décidé pensera commencer lorsqu’il arrivera. Il oubliera alors ce qui est derrière lui pour se dire chaque jour : « Maintenant, je commence. »
Mais nous qui parlons d’avancée dans ce chemin, plût au ciel que nous nous soyons mis en route ! A mon sens, quiconque s’est mis en route est déjà sur la bonne voie : il faut toutefois qu’il ait vraiment commencé, qu’il ait trouvé le chemin de la ville habitée, comme dit le psaume. qu’ils sont peu nombreux ceux qui la trouvent, dit la Vérité. Qu’ils sont nombreux ceux qui errent dans les solitudes…
Et toi Seigneur, tu nous as préparé un chemin, si seulement nous consentons à nous y engager. Tu nous as enseigné le chemin de tes volontés en disant : Voici le chemin, suivez-le sans vous égarer à droite ou à gauche. C’est le chemin que le Prophète avait promis : « Il y aura une route droite et les insensés ne s’y égareront pas. » J’ai été jeune, maintenant je suis vieux et, si j’ai bonne mémoire, je n’ai jamais vu d’insensés sur ton chemin, Seigneur, c’est tout juste si j’ai vu quelques sages qui aient pu le suivre tout au long. Malheur à vous qui êtes sages à vos yeux et qui vous dites prudents, votre sagesse vous a éloignés du chemin du salut et ne vous a pas permis de suivre la folie du Sauveur.
Si tu es déjà sur le chemin, ne perds pas ta route ; tu offenserais le Seigneur qui lui-même t’a conduit. Alors il te laisserait errer dans les voies de ton coeur. Si ce chemin te paraît dur, regarde le terme auquel il te conduit. Si tu vois ainsi le bout de toute perfection, tu diras : « Comme ils sont larges tes ordres. » Si ton regard ne va pas jusque-là, crois au moins Isaïe le Voyant qui est l’oeil de ton corps. Il voyait bien ce terme lorsqu’il disait : « Ils marcheront par ce chemin, ceux qui ont été libérés et rachetés par le Seigneur, et ils viendront dans Sion avec des cris de joie. Un bonheur éternel transfigurera leur visage, allégresse et joie les accompagneront, douleur et plainte auront pris fin. » Celui qui pense à ce terme, non seulement trouve le chemin court, mais encore a des ailes, de sorte qu’il ne marche plus, il vole vers le but. Que par là vous conduise et vous accompagne celui qui est le chemin de ceux qui courent et la récompense de ceux qui arrivent au but : Jésus-Christ. »

Sermon V pour l’Avent, in Lectionnaire pour les dimanches et fêtes de Jean-René Bouchet, Cerf, 1994, pp. 36-38).

14 décembre: Saint Jean de la Croix,

13 décembre, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/12/14.php

14 décembre: Saint Jean de la Croix,

prètre et docteur de l’Eglise

Sa vie

Jean de Yepes naquit en 1542, à Fontiveros, entre Salamanque et Avila, sur la meseta de Vieille Castille ; son père, de vieille lignée tolédanne, parce qu’il s’était mésallié avec la belle et vertueuse Catherine Alvarez, fut rejeté de sa famille et dut se faire marchand de soie. Après la mort du père (1544), Catherine et ses deux enfants se retirent à Arevala où Jean est tour à tour apprenti charpentier, tailleur, sculpteur sur bois et peintre. Vers 1554, la famille s’installe à Medina del Campo où Jean apprend à lire et à écrire au collège des Enfants de la Doctrine dont les religieuses lui confie la fonction de quêteur. En même temps qu’il est infirmier à l’hôpital de Las Bubas, il étudie chez les Jésuites, la grammaire et la philosophie. Après avoir refusé une chapellenie, il entre chez les frères de la Vierge, au couvent Sainte-Anne de Médina où il prend le nom de Jean de Saint-Matthias. Il poursuit ses études de philosophie à Salamanque où il fait aussi sa théologie et reçoit l’ordination sacerdotale (1568). Conquis par sainte Thérèse d’Avila qu’il a rencontrée en 1567, il travaille à la restauration de la règle primitive des Carmes et, en novembre 1568, devenu Jean de la Croix, il obtient la permission de la vivre, avec deux compagnons, à Duruelo. Il se conforme aux anciennes austérités et s’adonne à quelques prédications.
Maître des novices à Pastrana (1570), recteur du collège des étudiants carmes à Alcade de Henares (1571), de 1572 à 1577, il dirige les religieuses du carmel d’Avila. Au chapitre général des Carmes qui se tient à Plaisance, en 1575, les primitifs de Castille sont sévèrement jugés comme désobéissants, rebelles et contumaces. Dans la nuit du 3 au 4 décembre 1577, Jean de la Croix et un de ses compagnons sont enlevés pour être enfermés au monastère de Tolède où il reste neuf mois dans un cachot d’où la Vierge le fait évader quelques jours après le 15 août 1578.
Supérieur du Calvaire, près des sources du Quadalquivir, il confesse les carmélites de Beas. En 1579, il fonde le collège carme de Baeza ; en 1582, il est élu prieur du carmel des Martyrs, à Grenade où il travaille de ses mains à construire un aqueduc et un cloître ; deuxième définiteur et vicaire général de l’Ordre en Andalousie (1585), il est prieur de Ségovie (1588) mais, le chapitre général de Madrid (1591) ne lui confie aucune charge et l’envoie à Penuela ; envoyé au couvent d’Ubeda (1591), il y meurt, le vendredi 13 décembre 1591, un peu après minuit.

Purification
La connaissance purificatrice et amoureuse, ou lumière divine, purifie l’âme et la dispose à se l’unir parfaitement, comme le feu agit sur le bois pour le transformer en soi. Le feu matériel, appliqué au bois, commence tout d’abord à le dessécher ; il en expulse l’humidité et lui fait pleurer toute se sève. Aussitôt il commence par le rendre peu à peu noir, obscur, vilain ; il lui fait répandre même une mauvaise odeur ; il le dessèche insensiblement ; il en tire et manifeste tous les éléments grossiers et cachés qui sont opposés à l’action du feu. Finalement quand il commence à l’enflammer à l’extérieur et à l’échauffer, il le transforme en lui-même et le rend aussi brillant que le feu. En cet état le bois n’a plus l’action ni les propriétés du bois ; il n’en conserve que la quantité et la pesanteur qui est plus grande que celle du feu ; car il a déjà en lui les propriétés et les forces actives du feu. Il est sec et il dessèche ; il est chaud, et il réchauffe ; il est lumineux, et il répand sa clarté ; il est beaucoup plus léger qu’avant ; et c’est le feu qui lui a communiqué ses propriétés et ses effets.
Or nous devons raisonner de la même manière avec ce feu divin de l’amour de contemplation qui, avant de s’unir l’âme et de la transformer en soi, la purifie tout d’abord de tous ses éléments contraires. Il en fait sortir toutes ses souillures ; il la rend noire, obscure ; aussi apparaît-elle pire qu’avant, beaucoup plus laide et abominable que précédemment. Comme cette divine purification chasse toutes les humeurs mauvaises et vicieuses qui étaient très enracinées et établies dans l’âme, celle-ci ne les voyait pas ; elle ne s’imaginait pas qu’il y eût tant de mal en elle, et maintenant qu’il s’agit de les chasser et de les détruire, on les lui met sous les yeux. Elle les voit très clairement à l’éclat de cette obscure lumière de divine contemplation ; mais elle n’est pas pour cela pire en elle-même et devant Dieu. Néanmoins, comme elle voit alors en elle-même ce qu’elle n’y découvrait pas précédemment, il lui semble évident que non seulement elle est indigne du regard de Dieu, mais qu’elle mérite qu’il l’ait en horreur et que déjà elle est pour lui un objet d’horreur.
Saint Jean de la Croix

Morceaux choisis

Détachement
Pour arriver à goûter tout, veillez à n’avoir goût pour rien.
Pour arriver à  savoir tout, veillez à ne rien savoir de rien.
Pour arriver à posséder tout, veillez à ne posséder quoi que ce soit de rien.
Pour arriver à être tout, veillez à n’être rien, en rien.
Pour arriver à ce que vous ne goûtez pas, vous devez passer par ce que vous ne goûtez pas.
Pour arriver à ce que vous ne savez pas, vous devez passer par où vous ne savez pas.
Pour arriver à ce que vous ne possédez pas, vous devez passer par où vous ne possédez pas.
Pour arriver à ce que vous n’êtes pas, vous devez passer par ce que vous n’êtes pas.

Moyen de ne pas empêcher le tout.
Quand vous vous arrêtez à quelque chose, vous cessez de vous abandonner au tout.
Car pour venir du tout au tout, il faut se renoncer du tout au tout.
Et quand vous viendrez à avoir tout, il faut l’avoir sans rien vouloir.
Car si vous voulez avoir quelque chose en tout, vous  n’avez pas purement en Dieu votre trésor.

Peu importe que l’oiseau soit tenu attaché par un lien faible ou fort. Le lien serait-il faible, tant qu’il n’est pas rompu, l’oiseau restera prisonnier sans pouvoir s’envoler. Ainsi en sera-t-il de l’âme qui se laisse attacher à une chose insignifiante.
Aimer, ce n’est pas éprouver de grandes choses, c’est connaître un grand dénuement et une grande souffrance pour l’Aimé.
Jésus-Christ est très peu connu de ceux qui se croient ses amis, car nous les voyons rechercher en lui non ses amertumes, mais leur propre consolation.
Il est mieux de souffrir pour Dieu que de faire des miracles.

Encore un texte magnifique

Vous ne m’enlèverez pas, ô mon Dieu, ce que vous m’avez déjà donné en votre Fils Unique, Jésus-Christ. J’ai reçu en lui tout ce que je désire, et c’est pourquoi si j’espère, je pourrai me réjouir de votre prochaine venue. Et puis, pourquoi, mon âme, recourir à ces espérances ? Dès ce moment ne peux-tu pleinement aimer Dieu dans ton cœur ?
Les cieux sont à moi, la terre est à moi ; à moi les nations, à moi les justes, à moi les pécheurs. Les anges sont à moi, la Mère de Dieu et toutes les choses créées sont miennes ; Dieu lui-même est à moi et pour moi, puisque Jésus-Christ est à moi et tout entier pour moi ! Qu’as-tu donc à demander et à chercher, ô mon âme ? Tout cela n’est-il pas à toi et pour toi ?
Ne te rapetisse pas, ne t’attarde pas aux miettes qui tombent de la table de ton Père ; sors de ta bassesse et glorifie-toi en ta gloire ; cache-toi en elle pour y trouver tes délices et tu posséderas tout ce que ton cœur demande.                                 

Montée

Ci-dessous les strophes célèbres composées par le saint et qui servent de thèmes aux divers développements de son ouvrage “ La Montée du Carmel ” :

Strophes où l’âme chante l’heureux sort qu’elle a eu de passer par la nuit obscure de la foi pure et sa purification pour arriver à l’union de l’Amour.

Par une nuit profonde,
Etant pleine d’angoisse et enflammée d’amour,
Oh ! l’heureux sort !
Je sortis sans être vue,
Tandis que ma demeure était déjà en paix.

J’étais dans les ténèbres et en sûreté
Quand je sortis déguisée par l’escalier secret,
Oh ! l’heureux sort !
J’étais dans les ténèbres et en cachette,
Tandis que ma demeure était déjà en paix.

Dans cette heureuse nuit,
Je me tenais dans le secret, personne ne me voyait,
Et je n’apercevais rien
Pour me guider que la lumière
Qui brûlait dans mon cœur.

Elle me guidait
Plus sûrement que la lumière du midi
Au but où m’attendait
Celui que j’aimais,
Là où nul autre ne se voyait.

Ô nuit qui m’avez guidée !
Ô nuit plus aimable que l’aurore !
Ô nuit qui avez uni
L’aimé avec sa bien-aimée
Qui a été transformée en lui !

Sur mon sein orné de fleurs,
Que je gardais tout entier pour lui seul,
Il resta endormi,
Et moi je le caressais
Et avec un éventail de cèdre je le rafraîchissais.

Quand le souffle provenant du fort
Soulevait déjà sa chevelure,
De sa douce main
Posée sur mon cou il me blessait,
Et tous mes sens furent suspendus.

Je restai là et m’oubliai,
Le visage penché sur le Bien-Aimé.
Tout cessa pour moi, et je m’abandonnai à lui,
Je lui confiai tous mes soucis
Et m’oubliai au milieu des lis.
Saint Jean de la Croix

Prière

Et je vis sans vivre en moi.
Embrasée par mon désir,
Je meurs de ne pas mourir [Sainte Thérèse d’Avila]
Si je vis sans vivre en moi,
 Sans Toi je ne peux pas vivre.
Exister sans moi, sans Toi,
Est-ce donc mourir ou vivre ?
Mille morts serait la vie
Hors du suprême désir.
Je meurs de ne pas mourir.

Cette vie où je crois vivre,
Où j’agonise sans Toi,
Est la mort qui va me suivre
Jusqu’à ce que je Te voie.
Ecoute, Seigneur, la voix,
Les plaintes de mon désir !
Je meurs de ne pas mourir.

Etant si loin, si loin de Toi,
Quelle vie a-t-il, mon être,
Sinon la mort sans effroi,
Sans mourir et sans renaître ?
Seigneur, j’ai pitié de moi,
J’ai pitié de mon désir.
Je meurs de ne pas mourir.

Le poisson sorti de l’eau
Voit la fin de sa misère :
La mort qu’il subit lui vaut
La Mort, une mort plénière.
Moi je vis dans la douleur
Qui n’a ni nuit ni lumière,
Car je vis plus que je meurs.

Quand j’adore Ton image
Dans le Très Saint Sacrement,
Ton regard ne me soulage
Que pour creuser mon tourment.
La chair dressant ses barrages
Sur les flots de mon désir,
Je meurs de ne pas mourir.

Si j’exulte d’allégresse
A ta présence, Seigneur,
De ne pas Te voir sans cesse
Se décuple ma douleur.
Vivant ainsi dans la peur
Terrible de mon désir,
Je meurs de ne pas mourir.

Ah ! sors-moi de cette mort,
Seigneur, donne-moi la vie !
Ouvre Ta source aux transports
De ma soif inassouvie !
Je meurs d’espoir, de remords,
Et de crainte, et de désir.
Je meurs de ne pas mourir.

Je redouterai la mort,
Je pleurerai sur ma vie
Tant qu’elles seront flétries
Par des péchés sans remords.
Quand luira, Seigneur, le jour
Où je pourrai dire :  » Amour
Je vis de vivre toujours  » ?

Saint Jean de la Croix

Saint François – Règle (1221 non approuvée) : Prière et action de grâces.

3 octobre, 2012

http://fsi.voila.net/ecritsdefrancois.htm#Première

Règle (1221 non approuvée)

23. Prière et action de grâces.

1 Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu,
Père saint et juste, Seigneur, roi du ciel et de la terre,
nous te rendons grâces à cause de toi-même,
parce que, par ta sainte volonté,
et par ton Fils unique avec le Saint-Esprit,
tu as créé toutes choses, spirituelles et corporelles;
tu nous as faits à ton image et ressemblance,
tu nous as placés dans le paradis;
2 et nous, par notre faute, nous sommes tombés.
3 Nous te rendons grâces parce que,
de même que tu nous as créés par ton Fils,
de même, par le saint amour dont tu nous as aimés,
tu as fait naître ton Fils, vrai Dieu et vrai homme,
de la glorieuse Vierge sainte Marie,
et, par sa croix, son sang et sa mort,
tu as voulu nos racheter de notre captivité.
4 Et nous te rendons grâces parce que ce même Fils
reviendra dans la gloire de sa majesté,
pour envoyer au feu éternel les maudits
qui ont refusé de se convertir et de te reconnaître;
et pour dire à tous ceux qui t’auront reconnu,
adoré et servi dans la pénitence:
Venez les bénis de mon Père, recevez le royaume
qui vous a été préparé dès l’origine du monde.
5 Indigents et pécheurs que nous sommes tous,
nous ne sommes pas dignes de te nommer;
accepte donc, nous t’en prions,
que notre Seigneur Jésus-Christ,
ton Fils bien-aimé en qui tu te complais,
avec le Saint-Esprit Paraclet,
te rende grâces lui-même pour tout,
comme il te plaît et comme il lui plaît,
lui qui toujours te suffit en tout,
lui par qui tu as tant fait pour nous. Alléluia!

6 Et sa glorieuse mère, la bienheureuse Vierge Marie, les bienheureux Michel, Gabriel, Raphaël, et tous les choeurs des esprits bienheureux: Séraphins, Chérubins et Trônes, Dominations, Principautés et Puissances, Vertus, Anges et Archanges; le bienheureux Jean Baptiste, Jean l’Evangéliste, Pierre et Paul, et les bienheureux Patriarches, Prophètes, Innocents, Apôtres, Evangélistes, Disciples, Martyrs, Confesseurs, Vierges, les bienheureux Elie et Énoch; et tous les saints qui furent, qui seront et qui sont: pour ton amour nous les supplions humblement de rendre grâces pour tout bien, comme il te plaît, à toi le Dieu souverain, vivant, éternel et vrai, avec ton Fils très cher, notre Seigneur Jésus-Christ, et la Saint-Esprit Paraclet, dans les siècles des siècles. Amen. Alléluia!
7 Tous ceux qui, dans la sainte Eglise catholique et apostolique, veulent servir le Seigneur Dieu; tous les Ordres sacrés: prêtres, diacres, sous-diacres, acolytes, exorcistes, lecteurs, portiers, et tous les clercs, tous les religieux et toutes les religieuses; tous les enfants, garçons et filles; les pauvres et les indigents, les rois et les princes, les travailleurs et les paysans, les serfs et les seigneurs; toutes les femmes: jeunes filles, veuves ou mariées; tous les fidèles laïcs: hommes et femmes, enfants et adolescents, jeunes et vieux, bien portants et malades, petits et grands; tous les peuples, races, tribus et langues; enfin toutes les nations et tous les hommes, partout sur la terre, actuels ou à venir: humblement nous les prions et supplions, nous tous frères mineurs et serviteurs inutiles, de persévérer tous ensemble dans la vraie foi et dans la pénitence, car nul ne peut être sauvé autrement.
8 Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de tout notre pouvoir et courage, de toute notre intelligence, de toutes nos forces, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs, de toutes nos volontés. Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l’âme et la vie; il nous a créés et rachetés; il nous sauvera par sa seule miséricorde; malgré nos faiblesses et nos misères, nos corruptions et nos hontes, nos ingratitudes et notre méchanceté, il ne nous a fait et ne nous fait que du bien.
9 N’ayons donc d’autre désir, d’autre volonté, d’autre plaisir et d’autre joie que notre Créateur, Rédempteur et Sauveur, le seul vrai Dieu, qui est le bien plénier, entier, total, vrai et souverain; qui seul est bon, miséricordieux et aimable, suave et doux; qui seul est saint, juste, vrai et droit; qui seul est bienveillant, innocent et pur; de qui, par qui et en qui est tout pardon, toute grâce et toute gloire pour tous les pénitents et les justes sur la terre et pour tous les bienheureux qui se réjouissent avec lui dans le ciel.
10 Désormais donc, plus d’obstacle, plus de barrière, plus d’écran!
11 Partout, en tout lieu, à toute heure et en tout temps, chaque jour et sans discontinuer, tous, croyons d’une foi humble et vraie, gardons dans notre coeur, sachons aimer, honorer, adorer, servir, louer et bénir, glorifier et célébrer, magnifier et remercier le très haut souverain Dieu éternel, trinité et unité, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes choses, Sauveur de tous ceux qui mettent en lui leur foi, leur espérance et leur amour; lui qui est sans commencement ni fin, immuable, invisible, inénarrable, ineffable, incompréhensible, impénétrable, béni, louable, glorieux et célébré, sublime, élevé, doux, aimable, délectable, et tout désirable plus que tout autre bien dans les siècles. Amen,

Ascension du Seigneur, solennité, Jean Tauler : « Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin » (Jn 14,4)

18 mai, 2012

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20120518

Ascension du Seigneur, solennité

Commentaire du jour

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 20, 3ème pour l’Ascension (trad. Cerf, 1991, p. 149 rev.)
« Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin » (Jn 14,4)

      « Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel »… Les membres du Corps du Christ doivent suivre leur chef, leur tête, qui est monté aujourd’hui. Il nous a précédés, pour nous préparer une place (Jn 14,2), à nous qui le suivons, de sorte que nous puissions dire avec la fiancée du Cantique des Cantiques : « Entraîne-moi après toi » (1,4)…
      Voulons-nous le suivre ? Nous devons aussi considérer le chemin qu’il nous a montré pendant trente-trois ans : chemin de pauvreté, de dénuement, parfois très amers. Il nous faut suivre tout à fait le même chemin si nous voulons parvenir, avec lui, au-dessus de tous les cieux. Quand même tous les maîtres seraient morts et tous les livres brûlés, nous trouverions toujours, en sa sainte vie, un enseignement suffisant, car c’est lui-même qui est la voie et pas un autre (Jn 14,6). Suivons-le donc.
      De même que l’aimant attire le fer, ainsi le Christ aimable attire à lui tous les cœurs qu’il a touchés. Le fer touché par la force de l’aimant est élevé au-dessus de sa manière naturelle, il monte en le suivant, quoique ce soit contraire à sa nature. Il n’a plus de repos jusqu’à ce qu’il se soit élevé au-dessus de lui-même. C’est ainsi que tous ceux qui sont touchés au fond de leur cœur par le Christ ne retiennent plus ni la joie ni la souffrance. Ils sont élevés au-dessus d’eux-mêmes jusqu’à lui…
      Quand on n’est pas touché, il ne faut pas l’imputer à Dieu. Dieu touche, pousse, avertit et désire également tous les hommes, il veut également tous les hommes, mais son action, son avertissement et ses dons sont reçus et acceptés d’une façon bien inégale… Nous aimons et nous recherchons autre chose que lui, voilà pourquoi les dons que Dieu offre sans cesse à chaque homme restent parfois inutiles… Nous ne pouvons sortir de cet état d’âme qu’avec un zèle courageux et décidé et avec une prière bien sincère, intérieure et persévérante.

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein]: « Afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle »

17 avril, 2012

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20120417

Le mardi de la 2e semaine de Pâques

Commentaire du jour

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l’Europe
Poésie « Heilige Nacht » (trad. Malgré la nuit, Ad Solem 2002, p.21)
« Afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle »

Mon Seigneur et mon Dieu,
tu m’as guidée sur un long chemin obscur, pierreux et dur.
Mes forces semblaient souvent vouloir m’abandonner,
je n’espérais presque plus voir un jour la lumière.
Mon cœur se pétrifiait dans une souffrance profonde
quand la clarté d’une douce étoile se leva à mes yeux.
Fidèle, elle me guida et je la suivis
d’un pas d’abord timide, plus assuré ensuite.
J’arrivai enfin devant la porte de l’Église.
Elle s’ouvrit. Je demandai à entrer.
Ta bénédiction m’accueille par la bouche de ton prêtre.
A l’intérieur des étoiles se succèdent,
des étoiles de fleurs rouges qui me montrent le chemin jusqu’à toi…
Et ta bonté permet qu’elles m’éclairent dans mon chemin vers toi.
Le mystère qu’il me fallait garder caché au profond de mon cœur,
je peux désormais l’annoncer à haute voix :
Je crois, je confesse ma foi !
Le prêtre me conduit aux marches de l’autel,
j’incline le front,
l’eau sainte coule sur ma tête.

Seigneur, est-il possible à quelqu’un de renaître
une fois écoulée la moitié de sa vie ? (Jn 3,4)
Tu l’as dit, et c’est pour moi devenu réalité.
Le poids des fautes et des peines de ma longue vie m’a quittée.
Debout, j’ai reçu le manteau blanc placé sur mes épaules,
symbole lumineux de la pureté !
J’ai porté à la main le cierge dont la flamme annonce
qu’en moi brûle ta vie sainte.
Mon cœur est désormais devenu la crèche qui attend ta présence.
Pour peu de temps !
Marie, ta mère, qui est aussi la mienne, m’a donné son nom.
A minuit elle dépose en mon cœur son enfant nouveau-né.
Oh ! nul cœur humain ne peut concevoir
ce que tu prépares à ceux qui t’aiment (1Co 2,9).
Tu es à moi désormais et jamais plus je ne te quitterai.
Où que puisse aller la route de ma vie, tu es auprès de moi.
Rien jamais ne pourra me séparer de ton amour (Rm 8,39).

La création poétique chez Saint Jean de la Croix

5 mars, 2012

http://www.carmel.asso.fr/La-creation-poetique-chez-Saint.html

La création poétique chez Saint Jean de la Croix

L’ensemble des textes poétiques de Jean de la Croix qui nous est parvenu livre une œuvre assez brève, neuf cent quatre-vingt dix neuf vers. Ces poèmes relèvent de différents genres : toujours mystiques, apophatiques ou scripturaires, tout à la fois lyriques et didactiques.
Jean pratique l’art poétique de quatre manières : celle des canciónes (les chants), ensuite la manière des coplas et glosa (les couplets ou la glose), puis les romances (le romance), enfin celle simple des letrillas (les letrilles).
La plus brillante est incontestablement celle des canciónes, les cinq poèmes : l’hendécasyllabe introduit par les octosyllabes apporte une vive musicalité ; cette versification en castillan est une reprise de la forme employée par Juan Boscán (1490 — 1550) qui publia un recueil de tels poèmes profanes ; Jean indique lui-même cet emprunt en marge du texte de ¡ Oh llama de amor viva… [Ô flamme par amour vive…] ; Boscán pratique cette nouveauté à l’école de son ami Garcilaso de la Vega (1503 – 1536) qui vécut à Tolède. Vient ensuite la manière des coplas et glosa, les cinq gloses : ensembles de trois à neuf strophes d’octosyllabes qui commentent un tercet ou quatrain dont un vers, ou plusieurs, est repris en finale de chaque strophe. Puis les romances, dix romances – au masculin -, selon une forme populaire et moyenâgeuse qui facilite la mémorisation, récitatifs faits d’ensembles d’octosyllabes assonancés par pairs et impairs. Enfin celle simple des letrillas : les versos, les vers au bas du Monte Perfecto, et deux ou trois sonnets dont la paternité n’est pas toujours établie.
Les frères P. et Y. Hébert, protestants, qui éditèrent en 1962 une traduction française, étudient la versification dans le texte espagnol. Ils analysent particulièrement les rimes : « 1) Sur la rime. Rimes à finale fortes et rimes à finale faible ; prédominance et variété des rimes à finale faible ; genres où tous les vers sont à finales faibles, en particulier les poèmes majeurs de Jean de la croix ; genres où certains vers sont à finale forte, les autres à finale faible, et où s’établit une équivalence métrique entre les vers des eux catégories, par exemple des poèmes à refrain, tel et Entreme donde no supe ; les deux sortes principales de finales faibles : celles qui s’achèvent sur leur voyelle, ou bien cette voyelle est suivie d’une consonne. 2) Vers utilisés. L’endécasyllabe, vers très classique à finale faible utilisé dans les trois poèmes majeurs, l’heptasyllabe à finale faible associé à l’endécasyllabe, l’heptasyllabe à finale forte, l’octosyllabe à finale faible utilisé dans les trois poèmes à refrain, le pentasyllabe à finale faible du refrain : Que bien sé yo la fonte. Nos auteurs appliquent ces données à l’analyse des poèmes de jean de la Croix » [Cité par André Bord dans Variations autour de la poésie, Hommage à Bernard Sesé, p. 92 PUBLIDIX 2001].
Selon les témoignages de l’époque où Jean vécu ou la teneur des textes eux-mêmes, on peut déduire le moment où il les a composés. Il est des plus probable qu’il a ainsi composé les deux gloses Vivo sin vivir en mí… [Je vis sans plus vivre en moi…] et Entreme donde no supe… [J’entrai où je ne savais…] lorsqu’il vivait dans l’enceinte du grand couvent de l’Incarnation, proche de Thérèse de Jésus et des religieuses, de 1572 à 1577. On trouve chez Thérèse de Jésus une composition analogue à partir d’un tercet Vivo sin vivir en mí… et leurs échanges sur l’extase sont connus. Ces deux gloses sont tout à fait identiques de forme. Dans la première, avec un minimum de langage religieux, Jean traduit la tension existentielle entre le désir de vivre pleinement de Dieu et la nécessité de quitter la vie présente devenue comme une mort ; d’une manière pathétique, il rapporte une expérience profondément humaine. Dans la seconde, de type hermétique mais aussi didactique, Jean relate l’expérience étrange de l’essence divine, au-delà de tout savoir.
C’est durant sa mise au secret par les frères de l’Ordre au couvent de Tolède, de décembre 1577 à Août 1578, que Jean est vraiment inspiré et que son génie poétique trouve toute sa mesure. L’épreuve du cachot aura été pour lui une nouvelle naissance. Dans la mouvance du cycle liturgique, alors qu’il est opprimé et dépossédé de tout secours religieux, son génie s’exprime. Durant le temps de l’Avent et de Noël, il compose les romances : à partir du Commencement de l’Évangile selon saint Jean, il conte l’histoire sainte ; En el principio moraba… [Dans le principe demeurait…] elle naît de la contemplation de la vie en Dieu, celle du Fils, dans le Père et leur commun Amour, jusqu’à l’Incarnation et la nativité. L’amour de Dieu est montré avec beaucoup d’humanité en neuf séquences, suivies d’un romance de l’exil qui est aussi le sien, s’inspirant du psaume Super fulmina Babilonis. En carême et durant le temps pascal, germe en lui le poème Adonde te escondiste… [En quel lieu t’es-tu caché…] fruit merveilleux de sa méditation du Cantique des cantiques qu’il a mémorisé en grande partie auparavant. L’allégorie symbolique de l’amour de l’homme et de la femme chante dans l’univers et en sa propre vie l’histoire de l’amour divin. La mise en scène l’apparente à une mythologie pastorale. Il complétera plus tard les trente et une strophes de type pleinement hermétique. Alors qu’il entend de son cachot les bruissements du Tage, au temps de la Pentecôte, de la Trinité et du Corps du Christ qu’il ne peut fêter, il compose cet autre poème plus lyrique encore, mais théologique celui-là Que bien sé yo la fonte que mana y corre,/ aunque es de noche… [Je sais bien la fontaine qui coule et bruit,/ Encor que ce soit de nuit]. L’image lancinante des flots porte sa contemplation du mystère de Dieu, Père, Fils et Esprit saint, récapitulé dans le pain de vie dont il est privé.
Dans la suite de son évasion du cachot de Tolède, au lendemain de l’Assomption 1578, Jean crée le poème de type hermétique En una noche oscura… [Durant une nuit obscure…] le plus parfait littérairement, mais aussi le plus complet pour son évocation de l’ensemble de l’expérience mystique. La nuit tombée, une femme, l’amante – l’âme —, mais aussi l’humanité, s’esquive vers la terrasse de sa maison, à la recherche de son bien-aimé (les quatre premières strophes) ; guidée par un seul rai, elle trouve enfin dans la rencontre le repos de l’amour (les quatre dernières). Au cœur de la nuit, la lumière de l’amour mène à l’apaisement. L’aventure nocturne de l’emprisonnement et indicible de son âme font place à l’expérience amoureuse : Jean l’entend se murmurer en lui avec vaillance et tendresse. Il y a été envoyé en Andalousie. Là, dans la maturité, il donnera toute sa mesure.
Trois ajouts seront apportés plus tard au poème, dans la même forme Adonde te escondiste : les cinq dernières strophes Gocémonos, amado,/ y vámonos a uer en tu hermosura… [Bien-Aimé, s’esjouissant/ Allons ensemble nous voir en ta beauté…] puis les trois strophes précédentes Escóndete, carillo,/ y mira con tu haz a las montañas… [Tiens-toi caché, doux Ami,/ Et regarde avec ta face les montagnes…] et la strophe onzième Descubre tu presencia,/ y máteme tu vista y hermosura… [Découvre-moi ta présence,/ Et que me tue la vision de ta beauté !]. Ces ajouts disent aussi chacun une expérience spirituelle : la beauté, le retrait, la présence amoureuse de Dieu en sa beauté.
À Grenade, le couvent est situé dans le haut de la ville maure et face à la Sierra Nevada. C’est là que Jean rédige Traités et Commentaires. De 1582 à 1591, s’aidant du Boscán comme il le rappelle par son annotation, il écrit ¡ Oh llama de amor viva/ que tiernamente hier/ de mi alma en el más profundo centro !… [Ô flamme par amour vive/ Qui blesses de ta tendresse/ Mon âme dans son centre le plus profond !] pour Ana de Peñalosa et dans l’oraison. Le poème est encore de type hermétique. Mais c’est l’amour divin qui mène la fête au centre de l’âme. Avec sublimité, les images de la bûche enflammée et de la fraîcheur du souffle interprètent sa douceur ardente.
À Grenade aussi, avec une expérience apostolique des plus intense, Jean exprime une perception très forte de l’évangélisation par le poème du jeune berger Un pastorcico solo está penado… [Un jeune pâtre seul est dans la tristesse..]. Le poème pastoral est encore de type hermétique. Mais le sens caché et mystique est clair : l’amour du jeune berger est bafoué par sa compagne. Il pleure, non pas de la souffrance d’aimer, mais du mépris que rencontre son amour.
À Grenade encore, Jean compose trois gloses Tras de un amoroso lance… [D’un élan amoureux en quête…] Sin arrimo y con arrimo… [Sans arrimage et arrimé…] et comme nous l’avons rapporté en commençant ce texte Por toda la hermosura… [Pour la beauté des créatures/ Qu’onques je ne me fourvoie,/ Mais pour un je-ne-sais-quoi/ Qu’on obtienne par aventure !] Les trois gloses sont de type hermétique et a lo divino. La première s’apparente à la mythologie pastorale ; elle met en scène la pratique de la chasse au faucon dans l’amour courtois ; elle décrit le geste précis de l’oraison qui atteint Dieu. La seconde exploite l’image subtile de l’arrimage dans la forme de l’oxymoron ; elle pointe vers la liberté du croyant, mais l’amour appelle lui-même les vertus théologales de foi et d’espérance qui permettent au navire de voguer vers le port. La dernière reprend donc ce thème devenu le plus cher à Jean : la beauté, vécue sous le mode d’un je-ne-sais-quoi, qui mène seule à la divinité.
À Grenade enfin ont été rédigé les vers, enchâssés dans le dessin du Monte Perfecto, Para venir a gustarlo todo… [Pour arriver à goûter tout,/ ne désire avoir goût en rien ;/ pour arriver à posséder tout, / ne désire posséder quelque chose en rien] ; « nada per todo » ,le rien pour le tout, qui prendront place dans La Montée du Mont-Carmel (MC1, 13) .
Il est plus difficile de situer la composition dans les temps et lieux de ces deux autres lettrilles Navideña [C’est du Verbe divin/ Que la Vierge est empreinte ;/ Elle vient au chemin,/ Ouvre-lui ton enceinte…] et Suma de perfección [Oubli dans les choses créées,/ Souvenir de leur Créateur,/ Attention à son intérieur,/ Et être aimant du bien-aimé]. Ces quatrains n’appellent pas de développement. La première « Fin d’année » pose la question : alors que c’est l’hiver, qui accueillera la femme enceinte à la veille de Noël ? Il y va de l’accueil de Dieu. La seconde s’intitule ordinairement : Somme et résumé de la perfection. Elle résume le message d’amour du poète mystique.
Jean de la Croix indique plusieurs fois que Traités et Commentaires ne sont là que pour aider à entrer plus avant dans la poésie ; et de toutes les manières à y revenir. Le texte explicatif, par la richesse des images et de la sonorité, est lui-même souvent lyrique.
Marginalisé à l’intérieur même de la réforme, en 1591 il se retire dans la solitude de La Peñuela, vivant de La vive Flamme d’amour, de la fidélité de quelques frères et de quelques sœurs et surtout de la pure amitié d’Ana de Peñalosa qui était veuve et pour laquelle il a rédigé ce texte le plus lyrique.
Refusant la prière des agonisants ce 14 décembre, il se fait relire le Cantique des cantiques. Il a 49 ans.

La spiritualité de Jean de la Croix

MON CHANT D’AUJOURD’HUI, premier juin 1894 de Ste Thérèse de Lisieux

15 janvier, 2012

http://prierecatholique.free.fr/fiches/14penseeslugan.htm#_Toc69008347

MON CHANT D’AUJOURD’HUI, premier juin 1894 de Ste Thérèse de Lisieux

Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit, Tu le sais, ô mon Dieu! pour t’aimer sur la terre Je n’ai rien qu’aujourd’hui…
Oh! je t’aime, Jésus! vers toi mon âme aspire Pour un jour seulement reste mon doux appui Viens régner dans mon coeur, donne-moi ton sourire Rien que pour aujourd’hui !
Que m’importe, Seigneur, si l’avenir est sombre ? Te prier pour demain, oh non, je ne le puis !… Conserve mon coeur pur, couvre-moi de ton ombre Rien que pour aujourd’hui.
Si je songe â demain, je crains mon inconstance Je sens naître en mon coeur la tristesse et l’ennui. Mais je veux bien, mon Dieu, l’épreuve, la souffrance Rien que pour aujourd’hui.
Je dois te voir bientôt sur la rive éternelle 0 Pilote Divin! dont la main me conduit. Sur les flots orageux guide en paix ma nacelle Rien que pour aujourd’hui.
Ah! laisse-moi, Seigneur, me cacher en ta Face. Là je n’entendrai plus du monde le vain bruit Donne-moi ton amour, conserve-moi ta grâce Rien que pour aujourd’hui.
Près de ton Coeur divin, j’oublie tout ce qui passe. Je ne redoute plus les craintes de la nuit Ah! donne-moi, Jésus, dans ce Coeur une place Rien que pour aujourd’hui.
Pain Vivant, Pain du Ciel, divine Eucharistie ! Mystère sacré ! que l’Amour a produit…
Viens habiter mon coeur, Jésus, ma blanche Hostie rien que pour aujourd’hui.
Daigne m’unir â toi, Vigne Sainte et sacrée Et mon faible rameau te donnera son fruit Et je pourrai t’offrir une grappe dorée Seigneur, dès aujourd’hui.
Cette grappe d’amour, dont les grains sont des âmes Je n’ai pour la former que ce jour qui s’enfuit Ah! donne-moi, Jésus, d’un Apôtre les flammes Rien que pour aujourd’hui.
O Vierge Immaculée ! C’est toi ma Douce Etoile qui me donnes Jésus et qui m’unis â Lui. O Mère ! laisse-moi reposer sous ton voile Rien que pour aujourd’hui.
Mon saint Ange gardien, couvre-moi de ton aile Eclaire de tes feux la route que je suis Viens diriger mes pas… aide-moi, je t’appelle Rien que pour aujourd’hui.
Seigneur, je veux te voir, sans voile, sans nuage, Mais encore exilée, loin de toi, je languis Qu’il ne me soit caché, ton aimable visage rien que pour aujourd’hui.
Je volerai bientôt, pour dire tes louanges Quand le jour sans couchant sur mon âme aura lui Alors je chanterai sur la lyre des Anges L’Eternel Aujourd’hui !…
Avec Dieu nous avons la force de supporter tout ce qui nous arrive si nous choisissons de faire ce qu’il nous demande : l’aimer avec tout ce que nous sommes et accepter sa lumière dans nos vies et son regard sur chacun de nous.

Demandons à Dieu la grâce de choisir son Amour tant que nous le pouvons, tant qu’il est encore temps…

Dieu est partout (Saint Hilaire de Poitiers, La Trinité, 1,6)

13 janvier, 2012

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20000728_ilario_fr.html

Dieu est partout

Saint Hilaire de Poitiers, La Trinité, 1,6

« Le ciel tout entier tient dans le paume de Dieu et la terre toute entière est enclose dans son poing. Or la parole de Dieu fait bien sûr toujours profit à l’intelligence d’un esprit religieux ; cependant elle contient encore plus de sens lorsqu’on l’examine au-dedans par la pensée qu’au moment où on la reçoit au dehors par l’ouïe . De fait le ciel enclos dans la paume de Dieu est en même temps son trône et la même terre qui tient dans son poing est l’escabeau de ses pieds. Cela ne permet pas de concevoir, sur le trône et l’escabeau, une apparence corporelle s’étalant dans l’attitude de quelqu’un d’assis, puisque ce qui est pour elle trône et escabeau, cette infinité puissante le prend dans sa paume et l’enclôt en son poing. Mais grâce à cela, on saurait que Dieu, au-dedans et au dehors, est toujours présent à l’origine des créatures, qu’il est à la fois transcendant et immanent, c’est-à-dire répandu autour de toutes choses et en elles. Tenir dans la paume et le poing manifesterait donc l’être puissant sur la nature extérieure ; le trône et l’escabeau montreraient les êtres extérieurs à lui subordonnés comme à l’être intérieur. Ces êtres extérieurs à lui, au-dedans desquels il réside, voici qu’à l’inverse, extérieur à eux, ce même Etre les enclôt, intérieurs à lui. C’est ainsi qu’il tient tout entier toutes choses et du dedans et du dehors : infini qu’il est, il n’est rien dont il soit absent et rien non plus qui ne soit en lui, qui est infini.
Or donc cette conception très religieuse de Dieu faisait les délices de mon âme, possédée qu’elle était par l’amour du vrai. En effet, pensai-je, il n’est rien qui soit digne de qui cherche à l’atteindre. Cela, nous le comprenions avec respect ; mais le prophète venait de rendre plus assuré et manifeste encore en disant : « Où irais-je loin de ton esprit, ou bien où fuirais-je loin de ta face ? Si je monte dans le ciel, tu y es ; si je descends dans les enfers, tu es là aussi. Si je prends mes ailes avant l’aurore et m’en vais habiter au fin bout de la mer, là ta main me conduira et ta droite me tiendra.»(Ps. 138, 7 – 10). Aucun lieu n’est privé de Dieu ; il n’en est aucun qui ne soit en lui. Il est aux deux, il est dans les enfers, il est par-delà les mers. Au-dedans il habite, il déborde par dehors. Ainsi tout en possédant, il est aussi possédé ; il n’est enfermé dans rien, mais il n’est rien où il ne soit. »

Férie du temps de Noël (6 janv.), Saint Irénée de Lyon: « Fils d’Adam »

5 janvier, 2012

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20120106

Férie du temps de Noël (6 janv.)

Commentaire du jour
Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr
Contre les hérésies, livre III, 22,3 ; 23,1 (trad. SC 211, p. 439s rev.)
« Fils d’Adam »

Luc présente une généalogie allant de la naissance de notre Seigneur à Adam et comportant soixante-douze générations ; il rattache de la sorte la fin au commencement et donne à entendre que le Seigneur est celui qui a récapitulé en lui-même toutes les nations dispersées à partir d’Adam, toutes les langues et les générations des hommes, y compris Adam lui-même. C’est aussi pour cela que Paul appelle Adam « la préfiguration de celui qui devait venir » (Rm 5,14), car le Verbe, Artisan de l’univers, avait ébauché d’avance en Adam l’histoire future de l’humanité dont se revêtirait le Fils de Dieu…

Le Seigneur, en devenant le Premier-né des morts (Col 1,18) et en recevant dans son sein les anciens pères, les a fait renaître à la vie de Dieu ; il est devenu le premier, le principe des vivants, parce qu’Adam était devenu le principe des morts… En commençant sa généalogie par le Seigneur, pour la faire remonter jusqu’à Adam, Luc indique que ce ne sont pas les pères qui ont donné la vie au Seigneur, mais lui au contraire qui les a fait renaître dans l’Évangile de vie. Ainsi également le nœud de la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie, car ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi.

Il était donc indispensable que, venant vers la brebis perdue (Mt 18,12), récapitulant une si grande histoire, recherchant son ouvrage modelé par lui-même (Lc 19,10; Gn 2,7), le Seigneur sauve l’homme qui avait été fait à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26), c’est-à-dire Adam.

Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, XIII, 1 ; XLIX, 1 – L, 1.

22 novembre, 2011

du site:

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010627_clemente_fr.html

Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, XIII, 1 ; XLIX, 1 – L, 1.

L’humilité 
XIII. 1. « Eh bien donc, frères, soyons humbles de coeur; déposons (Cf. Jac. 1, 21) tous les sentiments de jactance, de vanité, de fol orgueil, de colère, et accomplissons ce qui est écrit; car l’Esprit Saint dit: « Que le sage ne se vante pas de sa sagesse, ni le fort de sa force, ni le riche de sa richesse, mais que celui qui se vante se vante dans le Seigneur, de le chercher et de pratiquer le droit et la justice » (Cf. Jér. 9,22-23. I Rois 2,10. I Cor. 1,31. II Cor. 10,17). Souvenons-nous surtout des paroles du Seigneur Jésus, lorsqu’il nous enseignait la bienveillance et la longanimité. 2. Car c’est ainsi qu’il parlait: « Soyez miséricordieux, afin qu’on vous fasse miséricorde; pardonnez afin qu’on vous pardonne; comme vous agissez, ainsi on agira avec vous; comme vous donnez, ainsi on vous donnera; comme vous jugez, ainsi on vous jugera; comme vous exercez la bonté, ainsi on l’exercera envers vous; la mesure dont vous vous servez est celle dont on se servira envers vous » (Cf. Matth. 6,14-15; 7,1-2,12; Lc. 6,31,36-38). 3. Attachons-nous fermement à ce commandement et à ces préceptes, afin de marcher dans l’obéissance à ses paroles sacrées, en humilité de coeur. Car voici ce que dit la parole sainte: 4. « Vers qui tournerai-je mes regards, sinon vers l’homme doux, pacifique, qui tremble à mes paroles? » (Is. 66,2). » 

Excellence de l’ « agapè » 
XLIX. 1. « Celui qui a la charité dans le Christ, qu’il pratique les commandements du Christ. 2. Le lien de la charité (Cf. Col. 3,14) de Dieu, qui peut le raconter? 3. La grandeur de sa beauté, qui est capable de l’exprimer? 4. Elles sont ineffables, les hauteurs où fait monter la charité. 5. La charité nous unit à Dieu, « la charité couvre la multitude des péchés » (I Pierre 4,8. Jac. 5,20), la charité endure tout, patiente pour tout; il n’est rien de bas dans la charité, rien qui s’enfle; la charité ne sépare pas, la charité ne fomente pas la révolte, la charité opère tout dans la concorde; c’est dans la charité qu’ont été rendus parfaits les élus de Dieu; sans la charité, il n’est rien qui plaise à Dieu. 6. C’est dans la charité que le Maître nous a attirés à lui; c’est à cause de sa charité envers nous que Jésus Christ notre Seigneur, selon la volonté de Dieu, a donné son sang pour nous, sa chair pour notre chair et sa vie pour nos vies.
L. 1. Vous voyez, bien-aimés, combien la charité est chose grande, étonnante, et que sa perfection dépasse tout commentaire. 2. Qui sera capable d’être trouvé dans la charité? Ceux-là seuls que Dieu en a voulu dignes! Prions donc et demandons à sa miséricorde d’être trouvés dans la charité, loin de toute cabale humaine, irréprochables. 3. Toutes les générations ont passé, depuis Adam jusqu’à ce jour, mais ceux qui de par la grâce de Dieu ont été rendus parfaits dans la charité demeurent au séjour des hommes pieux; et ces derniers seront manifestés lorsque apparaîtra le royaume du Christ. 4. Car il est écrit: « Entrez dans vos caves un petit moment, jusqu’à ce que passent ma colère et ma fureur, et je me souviendrai du jour de fête, et je vous ferai lever de vos cercueils. » 5. Nous sommes heureux, bien-aimés, si nous pratiquons les commandements de Dieu dans la concorde de la charité, afin qu’à cause de la charité nos fautes nous soient pardonnées. 6. Car il est écrit: « Heureux ceux dont les iniquités ont été pardonnées et dont les fautes ont été recouvertes; heureux l’homme à qui le Seigneur ne tient pas compte de sa faute et qui n’a pas de tromperie dans la bouche. » (Ps. 31,1-2. Rom. 4,7-8) 7. Cette béatitude (Rm. 4,9) est venue sur ceux que Dieu a élus par Jésus Christ notre Seigneur. A lui la gloire dans les siècles des siècles. Amen ! »

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