Archive pour la catégorie 'saints – biographie'

Sainte Claire d’Assise

10 août, 2010

du site:

http://damien.jullemier.pagesperso-orange.fr/sts/ste-claire-tce.htm

Sainte Claire d’Assise

Cofondatrice de l’ordre des Pauvres Dames, ou Clarisses, et première abbesse de San Damiano, Claire est née à Assise le 16 juillet 1194 et y est décédée le 11 août 1253.

Claire était la fille aînée de Favorino Scilfi, comte de Sasso-Rosso, riche rejeton d’une ancienne famille romaine, qui possédait un grand palais à Assise et un château sur les pentes du mont Subasio. Ainsi du moins le veut la tradition. Sa mère, la bienheureuse Ortolana, appartenait à la noble famille de Fiumi et était remarquée pour son zèle et sa piété. Depuis ses plus jeunes années, Claire semble avoir été douée des vertus les plus rares. Enfant, elle était assidue à la prière et aux mortifications et, tandis qu’elle entrait dans l’adolescence, son aversion pour le monde et son désir ardent d’une vie plus spirituelle ne faisaient que croître. Elle avait dix-huit ans lorsque saint François vint prêcher le Carême dans l’église de San Giorgio à Assise. Les paroles inspirées du Poverello allumèrent une flamme dans le cœur de Claire ; elle vint le trouver en secret et le supplia de l’aider afin qu’elle aussi puisse vivre « selon le saint Évangile ». Saint François, qui reconnu sur-le-champ en Claire l’une de ces âmes choisies destinées par Dieu à de grandes choses, et qui, aussi, prévoyait sans doute que beaucoup suivraient son exemple, promit de l’aider. Le dimanche des Rameaux, Claire, parée de ses plus beaux atours, assistait à la grand-messe dans la cathédrale, mais alors que les autres se pressaient à la grille de l’autel pour recevoir une palme, elle restait à sa place comme absorbée dans un rêve. Tous les yeux étaient dirigés vers la jeune fille alors que l’évêque descendit du sanctuaire et plaça la palme dans sa main. Ce fut la dernière fois que le monde vit Claire. La nuit suivante, sur le conseil de saint François, elle quitta en secret la maison de son père et, accompagnée par sa tante Bianca et une autre compagne, elle se rendit à l’humble chapelle de la Porziuncula, où saint François et ses disciples l’accueillirent avec des bougies dans leurs mains. Claire se dépouilla alors de sa riche robe et saint François, après avoir coupé ses cheveux, la revêtit d’une grossière tunique et d’un voile épais, et ainsi la jeune héroïne se voua-t-elle au service de Jésus-Christ. C’était le 20 mars 1212.

Claire fut provisoirement placée par saint François chez les sœurs bénédictines de San Paolo, près de Bastia (entre Assise et Pérouse) , mais son père, qui avait espéré qu’elle ferait un splendide mariage, et qui était furieux de sa fuite secrète, ayant découvert où elle s’était retirée, fit tout son possible pour dissuader Claire de ses intentions héroïques et essaya même de la ramener de force à la maison. Mais Claire tint bon, avec une fermeté au-dessus de son âge, et le comte Favorino fut finalement obligé de la laisser en paix. Quelques jours plus tard, saint François, afin d’assurer à Claire la grande solitude qu’elle désirait, la transféra à Sant’ Angelo in Panzo, un autre monastère des soeurs bénédictines sur les flancs du mont Subasio. Ici, environ seize jours après sa propre fuite, Claire fut rejointe par sa jeune sœur Agnès, qu’elle contribua à délivrer de la persécution de ses parents furieux. Claire et sa sœur demeurèrent avec les sœurs de Sant’ Angelo jusqu’à ce qu’elles, et les autres qui avaient fui le monde et les avaient suivies, fussent installées par saint François dans un logis rudimentaire contigu à la pauvre chapelle de San Damiano, située à l’extérieur de la ville et qu’il avait dans une large mesure reconstruite de ses propres mains, et qu’il obtint alors des Bénédictines comme résidence permanente de ses filles spirituelles. Ainsi fut fondée la première communauté de l’ordre des Pauvres Dames, ou des Pauvres Clarisses, comme ce second ordre de saint François en vint à être appelé.

Durant la vie de sainte Claire, on peut distinguer trois phases dans l’histoire compliquée des premiers temps du nouvel ordre. Au début, sainte Claire et ses compagnes n’avaient pas de règle écrite à suivre au delà d’une très courte formula vitae qui leur avait été donnée par saint François et que l’on peut trouver parmi ses œuvres. Quelques années plus tard, apparemment en 1219, durant l’absence de saint François en Orient, le cardinal Ugolino, alors protecteur de l’ordre, futur Gérgoire IX, rédigea une règle écrite pour les Clarisses à Monticelli, prenant comme base la règle de saint Benoît, conservant les points fondamentaux de cette dernière et ajoutant quelques constitutions spéciales. Cette nouvelle règle, qui, en fait sinon en intention, enlevait aux Clarisses la caractéristique franciscaine de la pauvreté absolue si chère au cœur de saint François et en faisait pratiquement une congrégation de Bénédictines, fut approuvée par Honoré III (bulle « Sacrosancta », 9 décembre 1219). Quand Claire découvrit que la nouvelle règle, bien que suffisamment stricte sous d’autres aspects, permettait la propriété détenue en commun, elle résista avec courage, et victorieusement, aux innovations d’Ugolino, faisant valoir qu’elles étaient entièrement opposées aux intentions de saint François. Ce dernier avait interdit aux Pauvres Dames, exactement comme il l’avait interdit à ses frères, de posséder quelque bien matériel que ce soit, même en commun. Ne possédant rien, elles devaient dépendre entièrement de ce que les Frères Mineurs pouvaient mendier pour elles. Cette renonciation complète à la pauvreté était néanmoins considérée par Ugolino comme impraticable pour des femmes cloîtrées. Quand, donc, en 1228, il vint à Assise pour la canonisation de saint François (il était entre temps monté sur le trône pontifical sous le nom de Grégoire IX), il rendit visite à sainte Claire à San Damiano et la pressa d’infléchir la pratique de la pauvreté qui avait prévalu jusque-là à San Damiano, au point d’accepter une provision pour les besoins imprévus de la communauté. Mais Claire refusa fermement. Grégoire, pensant que son refus pouvait être dû à la peur de violer son vœu de stricte pauvreté, lui offrit de l’en absoudre. « Saint Père, je désire ardemment l’absolution de mes péchés », répliqua Claire, « mais je ne souhaite pas être absoute de l’obligation de suivre Jésus-Christ. »

L’héroïque détachement de ce monde manifesté par Claire remplit le pape d’admiration, ce dont les lettres qu’il lui adressa, encore existantes, portent un éloquent témoignage, et il accéda à ses vues, au point de lui octroyer, le 17 septembre 1228, le célèbre Privilegium Paupertatis que certains considèrent comme un correctif à la règle de 1219. La copie autographe originale de ce « privilège » unique – le premier de son genre jamais émis par le Saint Siège – est conservée dans les archives de Santa Chiara à Assise. Le texte en est le suivant : « Grégoire, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu. À nos filles aimées en Christ, Claire et les autres servantes du Christ demeurant ensemble en l’église de San Damiano dans le diocèse d’Assise. Salut et bénédiction apostolique. Il est évident que le désir de vous consacrer à Dieu seul vous a conduites à abandonner tout souhait de biens matériels. C’est pourquoi, après avoir vendu tous vos biens et les avoir distribués aux pauvres, vous proposez de n’avoir absolument aucune possession, afin de suivre en toutes choses l’exemple de Celui Qui se fit pauvre et Qui est le chemin, la vérité et la vie. Le manque des choses nécessaires ne vous détourne point d’une telle proposition, car le bras gauche de votre Époux Céleste est sous votre tête pour soutenir la faiblesse de votre corps que, selon l’ordre de la charité, vous avez soumis à la loi de l’esprit. Finalement, Celui qui nourrit les oiseaux du ciel et qui donne aux lis des champs leurs vêtements et leur alimentation, ne vous laissera pas manquer d’habits ou de nourriture jusqu’à ce qu’Il vienne Lui-même prendre soin de vous pour l’éternité quand la main droite de Ses consolations vous étreindra dans la plénitude de la Vision Béatifique. Puisque, donc, vous l’avez demandé, nous confirmons par faveur Apostolique votre résolution de suivre la pauvreté la plus élevée, et par l’autorité des présentes lettres nous vous accordons que vous ne pourrez être contraintes par quiconque de recevoir des possessions. Qu’à nul ne soit permis, donc, d’enfreindre cette page de notre concession, ou de s’y opposer avec une témérité inconsidérée. Mais si quiconque se montrait assez présomptueux pour essayer de le faire, qu’il sache qu’il encourra le courroux de Dieu Tout-Puissant et des bienheureux Apôtres Pierre et Paul. Donné à Pérouse le quinzième jour des calendes d’octobre, la seconde année de notre pontificat. »

Que sainte Claire ait pu solliciter un « privilège » similaire à celui-là à une date antérieure et l’ait obtenu vivâ voce, ce n’est pas improbable. Ce qui est certain, c’est qu’après la mort de Grégoire IX, Claire dut une fois de plus lutter pour le principe de la pauvreté absolue prescrite par saint François, parce que Innocent IV aurait volontiers donné aux Clarisses une nouvelle règle moins stricte, et la fermeté avec laquelle elle tint bon convainquit le pape. Finalement, deux jours avant la mort de Claire, Innocent, sans doute à la requête réitérée de l’abbesse mourante, confirma solennellement la règle définitive des Clarisses (Bulle « Solet Annuere », 9 août 1253) et leur garantit ainsi le précieux trésor de la pauvreté que Claire, à l’imitation de saint François, avait choisi comme destin dès le début de sa conversion. L’auteur de cette dernière règle, qui est largement une adaptation mutatis mutandis de la règle que saint François avait composée pour les Frères Mineurs en 1223, semble avoir été le cardinal Rainaldo, évêque d’Ostie et protecteur de l’ordre, futur Alexandre IV, bien qu’il soit très probable que sainte Claire elle-même ait participé à sa compilation. Quoi qu’il en soit, il ne peut plus être soutenu que saint François ait été en aucune manière l’auteur de cette règle formelle des Clarisses ; il a seulement donné à Claire et à ses compagnes au commencement de leur vie religieuse la brève formula vivendi déjà mentionnée.

Sainte Claire, qui en 1215 avait, contre sa volonté, été faite supérieure à San Damiano par saint François, continua à régir l’abbaye comme abbesse jusqu’à sa mort en 1253, presque quarante ans plus tard. Il n’y pas de bonne raison de penser qu’elle ait quitté une seule fois les limites de San Damiano pendant tout ce temps. Il ne faut donc pas s’étonner que si peu de détails de la vie de sainte Claire cloîtrée, « cachée avec le Christ en Dieu » soient parvenus jusqu’à nous. Nous savons qu’elle devint un exemple vivant de la pauvreté, de l’humilité et de la mortification de saint François, qu’elle avait une dévotion spéciale à la sainte eucharistie, et qu’afin d’accroître son amour pour le Christ crucifié elle apprit par cœur l’office de la Passion composé par saint François, et que durant le temps qui lui restait après ses exercices de dévotion elle se consacrait au travail manuel. Il est inutile d’ajouter que sous la conduite de Claire, la communauté de San Damiano devint le sanctuaire de toute vertu, un vrai vivier de saintes. Claire eut la consolation de voir non seulement sa jeune sœur Béatrice, sa mère Ortolana et sa fidèle tante Bianca suivre Agnès dans l’ordre, mais aussi d’assister à la fondation de monastères de Clarisses à travers toute l’Europe. Il serait difficile, cependant, d’estimer la part de l’influence silencieuse de la douce abbesse dans la conduite des femmes de l’Italie médiéval vers des idéaux supérieurs. En particulier, Claire enveloppa la pauvreté de ce charme irrésistible que seules les femmes peuvent communiquer à l’héroïsme religieux ou civique, et elle devient une aide très efficace pour saint François dans la promotion de cet esprit de détachement qui, dans les desseins de Dieu, « était d’amener une restauration de la discipline dans l’Église et de la morale et de la civilisation dans les peuples d’Europe occidentale ». Non moins importante dans l’œuvre de Claire furent l’aide et l’encouragement qu’elle apporta à saint François. C’était vers elle qu’il se tournait quand il doutait, et c’est elle qui le pressait de continuer sa mission auprès du peuple au moment où il pensait que sa vocation était plutôt dans une vie de contemplation. Quand, aveugle et malade, saint François vint pour la dernière fois visiter San Damiano, Claire édifia pour lui une petite hutte de clayonnage dans une oliveraie près du monastère, et c’est là qu’il composa son glorieux « Cantique du Soleil » ou « Cantique des Créatures ». Après la mort de saint François, la procession qui accompagna sa dépouille de la Porziuncula en ville s’arrêta sur le chemin à San Damiano afin que Claire et ses filles puissent vénérer les mains et les pieds stigmatisés de celui qui les avait formées à l’amour du Christ crucifié – une scène pathétique que Giotto a commémoré dans une de ses plus belles fresques. Pour Claire, cependant, saint François était toujours vivant, et rien peut-être dans sa vie « après  » n’est plus frappant que sa constante loyauté aux idéaux du Poverello et que le soin jaloux avec lequel elle resta attachée à sa règle et à son enseignement.

Quand, en 1234, l’armée de Frédéric II dévasta la vallée de Spolète, les soldats, en préparation d’un assaut d’Assise, escaladèrent les murs de San Damiano une nuit, répandant la terreur parmi la communauté. Claire, se levant calmement de son lit de malade, et prenant le ciboire de la petite chapelle contiguë à sa chambre, vint faire face aux envahisseurs à une fenêtre ouverte contre laquelle ils avaient déjà placé une échelle. On relate que, alors qu’elle élevait le Saint Sacrement, les soldats qui étaient sur le point de pénétrer dans le monastère tombèrent en arrière, comme aveuglés, et que les autres qui étaient prêts à les suivre prirent la fuite. C’est en référence à cet incident que sainte Claire est généralement représentée portant un ciboire.

Quand, quelque temps plus tard, une force plus importante revint pour prendre d’assaut Assise, force dirigée par le général Vitale di Aversa qui n’avait pas été présent à la première attaque, Claire, rassemblant ses filles autour d’elle, s’agenouilla avec elles, priant que la ville soit épargnée. Alors une violente tempête se déchaîna, dispersant les tentes des soldats dans toutes les directions et causant une telle panique qu’ils prirent à nouveau refuge dans la fuite. La gratitude des habitants d’Assise, qui à l’unisson attribuèrent leur délivrance à l’intercession de Claire, accrut leur amour pour la « Mère Séraphique ». Claire était depuis longtemps dans le cœur des gens comme en une châsse, et leur vénération devint plus apparente encore lorsque, usée par la maladie et les privations, elle vit sa fin approcher. Courageuse et joyeuse jusqu’au bout, malgré sa longue et pénible maladie, Claire demanda qu’on la redresse dans son lit et ainsi, à demi couchée, raconte son biographe contemporain, « elle fila le fil le plus fin afin de le faire tisser en le tissu le plus délicat dont elle fit ensuite plus de cent corporaux, et, les enfermant dans une bourse de soie, elle ordonna qu’ils fussent donnés aux églises dans la plaine et les montagnes d’Assise. » Quand enfin elle sentit le jour de sa mort approcher, Claire, appelant ses religieuses affligées autour d’elles, leur rappela les nombreux bienfaits qu’elles avaient reçus de Dieu et les exhorta à persévérer fidèlement dans l’observance de la pauvreté évangélique. Le pape Innocent IV vint de Pérouse pour visiter la sainte mourante, qui avait déjà reçu les derniers sacrements des mains du cardinal Rainaldo. Sa propre sœur, sainte Agnès, était revenue de Florence pour consoler Claire ; Léo, Angelo et Juniper, trois des premiers compagnons de saint François étaient aussi présents auprès du lit de mort de la sainte, et à la requête de sainte Claire, ils lurent à haute voix la Passion de Notre Seigneur selon saint Jean, exactement comme ils l’avaient fait vingt-sept ans plus tôt, lorsque François était mourant à la Porziuncula. Enfin, avant l’aube, le 11 août 1253, la sainte fondatrice des Pauvres Dames rendit l’âme paisiblement. Le pape, avec sa cour, vint à San Damiano pour les funérailles de la sainte, qui participèrent plutôt de la nature d’une procession triomphale.

Les Clarisses désiraient conserver le corps de leur fondatrice parmi elles à San Damiano, mais les magistrats d’Assise intervinrent et prirent des mesures pour garder à la ville les restes vénérés de celle dont les prières l’avaient en deux occasions sauvée de la destruction. De tous côtés aussi l’on parlait des miracles de Claire. Il n’était donc pas sans danger, firent valoir les Assisiens, de laisser le corps de Claire dans un endroit solitaire hors des murs ; il n’était que juste, également, que Claire, « la principale émule du bienheureux François dans l’observance de la perfection évangélique » ait aussi une église à Assise construite en son honneur. En attendant, la dépouille de Claire fut placée dans la chapelle de San Giorgio, où son jeune cœur avait été touché pour la première fois par le prêche de saint François, et où, de manière similaire, le corps du saint avait été enterré pendant l’édification de la Basilique de San Francisco. Deux ans plus tard, le 26 septembre 1255, jour de la Saint-Damien, Claire fut solennellement canonisée par Alexandre IV, et peu de temps après commença la construction de l’église de Santa Chiara, sous la direction de Filippo Campello, l’un des principaux architectes du temps. Le 3 octobre 1260, les restes de Claire furent transférés de la chapelle de San Giorgio et inhumés profondément en pleine terre, sous le maître-autel de la nouvelle église, hors de vue et d’atteinte. Après être restée cachée pendant six siècles – comme les restes de saint François – et après de nombreuses recherches, la tombe de Claire fut retrouvée en 1850, à la grande joie des Assisiens. Le 23 septembre de cette année, le cercueil fut exhumé et ouvert, la chair et les vêtements de la sainte étaient tombés en poussière, mais le squelette était en parfait état de conservation. Finalement, le 29 septembre 1872, les ossements de la sainte furent transférés en grande pompe, par l’archevêque Pecci, futur Léon XIII, dans la châsse dans la crypte de Santa Chiara construite pour les recevoir et où on peut maintenant les voir. La fête de sainte Claire est célébrée dans toute l’Église le 11 août.

BIBLIOGRAPHIE  Les sources de l’histoire de sainte Claire à notre disposition sont peu nombreuses. Elles incluent : (1) un Testament attribué à la sainte et quelques charmantes Lettres qui qu’elle écrivit à la bienheureuse Agnès, princesse de Bohême ; (2) la Règle des Clarisses, et un certain nombre d’anciennes Bulles Pontificales relatives à l’ordre ; (3) une Biographie contemporaine écrite en 1256 sur l’ordre d’Alexandre IV. Cette vie, qui est maintenant généralement attribuée à Thomas de Celano, est la source dont les biographes ultérieures de sainte Claire ont tiré la majorité de leurs renseignements.

SAINT IGNACE de LOYOLA (m)

30 juillet, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20100731&id=5666&fd=0

SAINT IGNACE de LOYOLA

Prêtre – Fondateur de la Compagnie de Jésus
(1491-1556)

        Saint Ignace naquit au château de Loyola, en Espagne. Il fut d’abord page du roi Ferdinand V ; puis il embrassa la carrière des armes. Il ne le céda en courage à personne, mais négligea complètement de vivre en chrétien, dirigé uniquement par l’orgueil et l’amour des plaisirs. De ce chevalier mondain, Dieu allait faire l’un des premiers chevaliers chrétiens de tous les âges.

        Au siège de Pampelune, un boulet de canon brisa la jambe droite du jeune officier, qui en peu de jours fut réduit à l’extrémité et reçut les derniers sacrements. Il s’endormit ensuite et crut voir en songe saint Pierre, qui lui rendait la santé en touchant sa blessure. À son réveil, il se trouva hors de danger, quoique perclus de sa jambe.

        Pour se distraire, il demanda des livres ; on lui apporta la Vie de Jésus-Christ et la Vie des Saints. Il les lut d’abord sans attention, puis avec une émotion profonde. Il se livra en lui un violent combat ; mais enfin la grâce l’emporta, et comme des hommes de cette valeur ne font rien à demi, il devint, dans sa résolution, un grand Saint dès ce même jour. Il commença à traiter son corps avec la plus grande rigueur ; il se levait toutes les nuits pour pleurer ses péchés. Une nuit, il se consacra à Jésus-Christ par l’entremise de la Sainte Vierge, refuge des pécheurs, et lui jura une fidélité inviolable. Une autre nuit, Marie lui apparut environnée de lumière, tenant en ses bras l’Enfant Jésus.

        Peu après, Ignace fit une confession générale et se retira à Manrèze, pour s’y livrer à des austérités qui n’ont guère d’exemple que dans la vie des plus célèbres anachorètes : vivant d’aumônes, jeûnant au pain et à l’eau, portant le cilice, il demeurait tous les jours six ou sept heures à genoux en oraison. Le démon fit en vain des efforts étonnants pour le décourager. C’est dans cette solitude qu’il composa ses Exercices spirituels, l’un des livres les plus sublimes qui aient été écrits par la main des hommes.

        Passons sous silence son pèlerinage en Terre Sainte et différents faits merveilleux de sa vie, pour rappeler celui qui en est de beaucoup le plus important, la fondation de la Compagnie de Jésus (1534), que l’on pourrait appeler la chevalerie du Christ et le boulevard de la chrétienté. Cette fondation est assurément l’une des plus grandes gloires de l’Église catholique ; sciences profanes et sciences sacrées, enseignement, apostolat, rien ne devait être étranger à la Compagnie d’Ignace.

        Les vertus du fondateur égalaient ses grandes œuvres ; elles avaient toutes pour inspiratrice cette devise digne de lui : Ad majorem Dei gloriam ! « À la plus grande gloire de Dieu ! ».

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.

Sainte Brigitte de Suède, Co-Patronne d’Europe

23 juillet, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20100723&id=5496&fd=0

SAINTE BRIGITTE de SUÈDE

Veuve, Fondatrice d’Ordre
Co-Patronne de l’Europe
(1302-1373)

        Sainte Brigitte naquit en Suède, de famille royale. Sa mère avait été sauvée d’un naufrage en considération de l’enfant qu’elle portait dans son sein. Bien qu’à sa naissance un saint personnage eût reçu de la Sainte Vierge l’assurance que cette enfant ferait entendre sa voix dans tout l’univers, Brigitte fut muette, jusqu’à l’âge de trois ans ; mais, ce temps écoulé, elle parla tout à coup aussi bien qu’une grande personne.

        À l’âge de dix ans, elle fut singulièrement touchée d’un sermon sur la Passion du Sauveur. La nuit suivante, elle vit le divin Crucifié tout couvert de plaies et de sang, et l’entendit dire : « Regarde, ma fille, comme J’ai été traité. – Et qui Vous a traité si cruellement ? dit-elle. – Ce sont ceux qui me méprisent et sont insensibles à mon amour pour eux. » À partir de cette époque, la seule pensée des mystères de la Passion faisait couler ses larmes.

        Une nuit qu’elle était en prière, sa tante, chargée de son éducation après la mort de sa mère, la surprit et voulut la frapper ; mais la verge se rompit entre ses mains. Brigitte, tout enfant, était souvent assaillie par le démon qui prévoyait en elle une grande ennemie ; mais elle trouvait un secours assuré en courant dans sa chambre se jeter aux pieds du crucifix qui lui avait parlé.

        Malgré son goût pour la virginité, Brigitte accepta le mariage par obéissance ; elle et le prince, son mari, se préparèrent par un an de prières et de bonnes œuvres aux obligations de leur état. Dieu donna à ces pieux époux huit enfants. Brigitte fut le modèle des mères par sa sollicitude envers sa famille ; elle éloignait de sa maison tout ce qui n’y aurait pas apporté l’édification et la vertu : « Après la lecture de la Bible, répétait-elle à ses enfants, n’ayez rien de plus cher que la vie des Saints. »

        À la mort de son mari, elle s’adonna aux saintes œuvres avec plus de liberté que jamais, apprenant à ses enfants à laver les pieds des pauvres, à soigner les plaies des malades, à soulager toutes les misères. Mais la grande mission de sa vie, Brigitte l’accomplit pendant ses dernières années, qu’elle passa dans la pénitence et la contemplation de Jésus Crucifié. Ses révélations étonnantes ont fait d’elle la merveille de son siècle.

        C’est à Rome, où elle aimait à séjourner près des tombeaux des Saints, que le Sauveur lui fit connaître l’heure de sa mort prochaine ; elle rendit le dernier soupir en prononçant avec amour les dernières paroles de Jésus expirant : « Mon Père, je remets mon âme entre vos mains. »

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950. 

11 juillet – Saint Benoît: Biographie, Prière

10 juillet, 2010

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/07/11.php#sommaire

11 juillet – Saint Benoît

Biographie

La fête de saint Benoît, célébrée le 11 juillet, est celle de la translation de ses reliques. Le corps de saint Benoît reposa d’abord au Mont Cassin qui, après le passage des Lombards, resta vide de moines. En 672, l’abbé de Fleury, Mummolus, envoya au Mont Cassin une troupe de moines, sous la conduite d’Aigulphe, pour récupérer les reliques de saint Benoît. Petronax ayant restauré le Mont Cassin, le pape Zacharie, en 750, demanda la restitution du corps de saint Benoît dont l’abbé de Fleury ne rendit qu’une part, entre 755 et 757.

La naissance de saint Benoît ne devrait pas être pour nous un simple fait d’une histoire fort ancienne, tant l’esprit de saint Benoît est toujours présent et à l’œuvre dans l’Eglise. La Règle qu’il nous a laissée et dont on a pu dire qu’elle nous donnait un reflet particulièrement pur de l’Evangile, comme le témoignage de sa vie sont pleinement actuels non seulement pour ses fils et ses filles, les moines et les moniales, mais aussi pour tous les fidèles. C’est, pour chacun d’entre nous une invitation à la prière, à la médiation des textes saints et à la charité fraternelle.

Plutôt que sur la naissance de Benoît à Nursie (vers 480), attardons-nous sur sa mort, c’est-à-dire sur sa naissance à la vie qui ne finit pas, et transportons-nous en esprit en l’an 547, sur le Mont-Cassin où Benoît s’était établi près de vingt ans auparavant après avoir été contraint de quitter ses fondations de Subiaco.

Ecoutons le saint pape Grégoire-le-Grand : Six jours avant son trépas, il ordonna d’ouvrir sa tombe, et bientôt il fut pris d’une fièvre qui l’épuisa. Le mal s’aggravant de jour en jour, le sixième il se fit porter à l’oratoire par ses disciples, et là il reçut le corps et le sang du Seigneur pour en munir son départ. Puis, appuyant ses membres affaiblis sur les bras de ses disciples, il se mit debout, les mains levées au ciel, et dans son dernier souffle murmurait des prières. Ce jour-là, deux frères, l’un en cellule, l’autre plus loin, eurent la même apparition d’une vision identique. ils virent une voie jonchée de tapis et brillant d’innombrables feux, qui, droit vers l’Orient, allait de la cellule de Benoît jusqu’au ciel. Un homme d’aspect surnaturel s’y tenait, étincelant, et leur demanda quel était ce chemin. Les disciples avouèrent ne pas le savoir ; alors il leur dit : « C’est la voie par laquelle Benoît, précieux au Seigneur, est monté au ciel. » (Dialogue, XXXVII.)

Saint Benoît a donc vécu sa mort comme une célébration de la venue et de la rencontre du Seigneur, résumé et couronnement de sa vie. Lui, qui avait fait don de toute sa vie, va recevoir la couronne de vie (Apocalypse II 10). Dans l’Office divin, Benoît avaient, chaque semaine, repris ce verset du psalmiste : Je veux te bénir en ma vie, à ton Nom élever les mains (Psaume LXIII), parole qu’il vivait en plénitude ; corps et âme tendus vers son Seigneur, au moment de la Rencontre, il incarnait le dernier des psaumes des montées qui accompagnaient le pèlerinage à Jérusalem, figure de la vie terrestre : Voici maintenant le moment de bénir le Seigneur, vous tous, les serviteurs du Seigneur, ous qui vous tenez dans la Maison du Seigneur, dans les parvis de la Maison de notre Dieu. Au long des nuits, levez vos mains vers le Sanctuaire et bénissez le Seigneur (Psaume 134).Voilà le terme de la route où Benoît attend la parole que le Seigneur avait jadis dite à Moïse : Voici une place près de moi (Exode XXXIII, 21)

Benoît meurt les bras levés et soutenus par ses disciples, attitude qui rappelle ce passage du Livre de l’Exode où Moïse sur la montagne intercédait pour Josué et tout le peuple combattant dans la plaine contre les Amlécites : Moïse, Aaron et Hur étaient montés sur le sommet de la colline. Or, tant que Moïse tenait ses bras levés, Israël était le plus fort. Quand il les laissait retomber, Amalek avait l’avantage. Comme les bras de Moïse étaient engourdis, ils prirent une pierre et la déposèrent sous lui. Il s’assit dessus tandis qu’Aaron et Hur lui soutenaient les bras, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les bras de Moïse ne fléchirent plus juqu’au coucher du soleil. Josué décima Amalek et ses gens par le fil de l’épée (Exode XVII 10-13).

Ce texte, traditionnellement, sert de référence lorsqu’on veut évoquer le rôle des contemplatifs, et ce n’est pas un hasard si saint Grégoire a retenu le récit du miracle de la source jaillie de la montagne : trois monastères perchés sur la montagne n’avaient pas de source, Benoît qui, après avoir longuement prié, avait disposé trois pierres et dit aux frères : Allez ; vous trouverez sur un rocher trois pierres superposées. Creusez un peu, et vous verrez que le Dieu Tou-Puissant sait tirer de l’eau, même au sommet de la montagne, pour vous épargner ce chemin difficile. Nul doute que, pour saint Grégoire, saint Benoît soit un nouveau Moïse. Moïse, guidé par Dieu, n’avait-il pas fait jaillir, dans le désert, l’eau du rocher (Nombres, XX, I sq.) ?Or Benoît n’est un nouveau Moïse, que parce que, disciple du Christ, il possède en plénitude l’Esprit Saint qui avait animé Moïse et tous les prophètes.

Ce geste coutumier des orants qui fut celui de saint Benoît au moment de sa mort est aussi un rappel de la croix qui nous sauve. C’est le geste du Christ qui étendit les mains à l’heure de sa passion, afin que soit brisée la mort, et que la Résurrection soit manifestée.

Ce dernier épisode de la vie terrestre de saint Benoît est riche de plusieurs enseignements. Il nous apprend tout d’abord, que c’est à chaque instant que nous avons à préparer, amoureusement, notre rencontre avec le Seigneur et que, pour ce faire, il nous faut prier sans cesse, comme nous y invite saint Paul, pour être dans la joie et dans la paix. Cependant, saint Benoît, Sachons que nous serons exaucés non dans un flot de paroles, mais dans la pureté du cœur… (Règle, XX) et encore : Hâtons-nous de faire maintenant ce qui doit nous avancer pour l’éternité. Saint Benoît, par sa mort, nous enseigne aussi à ne pas être pleins de tristesse comme ceux qui n’ont pas d’espérance (1 Thessaloniciens IV, 13). Le Seigneur est affranchit de la mort, et dans le mystère de sa Résurrection, chaun de nous est déjà ressuscité.

Prière

Benoît, aimé du Seigneur,
s’étant fortifié
par la réception du Corps et du Sang de Jésus-Christ,
était debout dans l’église,
appuyant ses membres défaillants
sur les bras de ses disciples.
Les mains élevées vers le ciel,
il exhala son âme dans les paroles de la prière ;
et on le vit monter au ciel
par une voie couverte de riches tapis
et resplendissante de l’éclat d’innombrables flambeaux.

Vous avez apparu en pleine gloire
en la présence du Seigneur ;
- Et c’est pour cela que le Seigneur vous a revêtu de beauté.

O Dieu, qui avez honoré de tant et de si glorieux privilèges la précieuse mort du très saint Père Benoît, daignez à accorder à nous qui honorons sa mémoire, la grâce d’être protégés contre les embûches de nos ennemis, à l’heure de notre mort, par sa bienheureuse présence. Par le Christ, notre Seigneur.

- Amen.

lundi 5 juillet: Saint Antoine-Marie Zaccaria

4 juillet, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20100705&id=5079&fd=0

lundi 05 juillet 2010

SAINT ANTOINE-MARIE ZACCARIA
Fondateur de la Congrégation des Barnabites
(1502-1539)

        Saint Antoine-Marie Zaccaria naquit à Crémone, en Italie, d’une famille d’opulents patriciens. Son père, enlevé par une mort soudaine alors qu’Antoine-Marie était encore au berceau, laissa sa mère veuve à l’âge de dix-huit ans. Elle se consacra tout entière à l’éducation de son fils. Chrétienne fervente, elle s’appliquait surtout à former le petit Antoine-Marie à la vertu. À son école, il apprit vite à soulager les pauvres avec une grande compassion. Cet enfant au bon cœur allait jusqu’à se priver volontairement de nourriture pour pouvoir nourrir et vêtir les indigents. Sa sincère charité lui attira d’abondantes bénédictions et des grâces de choix.

        Le jeune Antoine-Marie Zaccaria étudia la philosophie à Pavie, puis à Padoue. Reçu docteur en médecine à l’âge de vingt-deux ans, il choisit sa ville natale pour exercer son art. Tout en soignant les corps, il cherchait à faire du bien aux âmes. Une inspiration intérieure le poussait à embrasser l’état ecclésiastique. Pour se préparer à l’apostolat des âmes, il se mit à étudier avec ardeur la théologie, les écrits des Pères de l’Église. Il reçut l’ordination sacerdotale en 1528 à l’âge de vint-six ans. Pendant ses études, il ne perdit jamais de vue sa propre sanctification ni celle de son prochain. Il visitait les malades dans les hôpitaux, rassemblait les petits enfants abandonnés et leur enseignait le catéchisme.

        Devenu prêtre, il œuvra à Crémone où sa parole simple et persuasive ramena beaucoup de chrétiens à la pratique de leurs devoirs. « Allons voir l’ange de Dieu ! » disaient ses compatriotes. Bien qu’il passât des heures au confessionnal, il ne suffisait pas à la tâche. C’est alors que saint Antoine-Marie Zaccaria songea à réunir autour de lui un certain nombre de prêtres zélés, qui tout en s’appliquant à se sanctifier eux-mêmes, travailleraient en plus à la sanctification de leurs frères en combattant l’ignorance, la paresse et la corruption du siècle. Ces prêtres menaient une vie pauvre et frugale, prêchant surtout par l’exemple. « C’est le propre des grands cœurs, leur disait le Saint, de vouloir servir sans récompense, combattre sans ravitaillement assuré. »

        Le pape leur permit de constituer une nouvelle congrégation sous le nom de : Clercs réguliers de St-Paul. On leur confia l’église St-Barnabé à Milan, d’où leur vint le nom de: Barnabites. Le zélé fondateur institua encore des Conférences spirituelles pour les prêtres. Les personnes mariées eurent une Congrégation spéciale où elles s’exercèrent aux bonnes œuvres corporelles et spirituelles de Miséricorde. Il fonda en outre un Ordre de religieuses, dites les « Angéliques de Saint-Paul » pour l’instruction des jeunes filles pauvres et l’entretien des linges des églises.

        La dévotion à la Sainte Eucharistie fut son moyen de choix pour conquérir les cœurs à Dieu. En 1534, il commença à exposer publiquement le très Saint Sacrement durant quarante heures, en souvenir du temps que le corps du Sauveur demeura dans le tombeau. C’est à lui que l’on doit cette bienfaisante institution des Quarante-Heures. Devant ce renouveau chrétien, les médiocres traitèrent les fervents de fanatiques et de superstitieux.

        Saint Antoine-Marie Zaccaria fut critiqué, moqué, décrié, mais une grande paix et une grande sérénité ne cessaient d’envelopper son âme. En 1539, épuisé par une mission qu’il prêchait à Guastalla, sa santé fléchit soudainement. Le Saint se rendit à Crémone, chez sa mère; ses religieux vinrent l’y voir une dernière fois ; il leur annonça sa mort prochaine qu’il venait d’apprendre par révélation.

        Après avoir reçu l’extrême-onction et le saint viatique, saint Antoine-Marie Zaccaria s’endormit paisiblement dans le Seigneur, le 5 juillet 1539, à l’âge de trente-sept ans. On l’enterra à Milan où il fut vite honoré comme un saint. Le pape Léon XIII l’a canonisé.

Tiré de: Frères des Ecoles Chrétiennes, Vies des Saints, Edition 1932, p. 233-234

samedi 3 Juillet : St Thomas, apôtre (1er s.) – Fête

3 juillet, 2010

samedi 3 Juillet : St Thomas, apôtre (1er s.) - Fête  dans saints - biographie St_Thomas_WGA

du site (aussi l’image):

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20100703&id=5059&fd=0

samedi 3 Juillet : St Thomas, apôtre (1er s.) – Fête 

(Ier siècle)

        Saint Thomas était probablement originaire d’une pauvre famille de Galilée. Il était dépourvu de connaissances humaines, mais d’un esprit réfléchi et d’une volonté ferme jusqu’à l’obstination ; d’autre part, il avait du cœur et du dévouement. Ces deux caractères de sa personnalité paraissent en deux paroles que l’Évangile cite de lui.

        Peu avant sa Passion, Jésus veut retourner en Judée ; les Apôtres lui rappellent les menaces de ses ennemis. Thomas seul s’écrie : « Eh bien ! Allons et mourons avec lui ! » Voilà le dévouement du cœur de l’Apôtre.

        Après sa résurrection, le Sauveur était apparu à plusieurs de ses disciples, en l’absence de Thomas. Quand, à son retour, on lui raconta cette apparition, il fut si étonné d’une telle merveille, qu’il en douta et dit vivement : « Je ne le croirai pas avant d’avoir mis mes doigts dans ses plaies. » Voilà le second caractère de Thomas, esprit trop raisonneur. Mais son premier mouvement d’hésitation, en chose si grave, ne fut pas un crime et le bon Sauveur répondit à son défi. Que fit alors Thomas ? Nous le savons ; un cri du cœur s’échappa de ses lèvres : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Dieu permit l’hésitation de cet Apôtre pour donner aux esprits difficiles une preuve de plus en faveur de la résurrection de Jésus-Christ.

        Saint Augustin attribue à saint Thomas, parmi les douze articles du Symbole, celui qui concerna la Résurrection.  Quand les Apôtres se partagèrent le monde, les pays des Parthes et des Perses et les Indes furent le vaste lot de son apostolat. La tradition prétend qu’il rencontra les mages, les premiers adorateurs de Jésus parmi les Gentils, qu’il les instruisit, leur donna le Baptême et les associa à son ministère. Partout, sur son passage, l’Apôtre établissait des chrétientés, ordonnait des prêtres, consacrait des évêques.

        Quand au XIVe siècle, les Européens s’emparèrent des Indes orientales, ils trouvèrent dans les traditions des peuples de ce vaste pays des souvenirs chrétiens, et en particulier celui de saint Thomas. Un miracle de l’Apôtre, traînant avec un faible lien une poutre énorme que les éléphants n’avaient pu remuer, fut l’occasion d’innombrables conversions. Cependant les prêtres des faux dieux, jaloux de tant de succès, jurèrent la mort de l’Apôtre ; il aurait été percé d’une lance devant une Croix où il priait.

mercredi 09 juin 2010 Saint Éphrem (mf)

8 juin, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20100609&id=4581&fd=0

mercredi 09 juin 2010

SAINT ÉPHREM
Diacre et Docteur de l’Église
(+373)

        Ce grand Docteur qui illustra l’Église de Syrie, naquit à Nisibe, en Mésopotamie, vers l’an 306. Éphrem fut consacré à Dieu dès son enfance. Quoique pauvre et vivant uniquement des produits de la terre, sa famille possédait l’insigne privilège de compter plusieurs martyrs dans ses rangs.

         Bien qu’encore jeune, Éphrem alla trouver saint Jacques de Nisibe qui l’éleva comme un fils. Prévenu des lumières de l’Esprit-Saint, il s’ensevelit dans la solitude vers sa dix-huitième année, et établit sa demeure dans une grotte au pied d’un rocher.

         Ce précoce anachorète passait ses jours et ses nuits à méditer les Saintes Écritures tout en se livrant aux plus rudes exercices de la pénitence. Il couchait sur la dure et passait des journées entières sans manger. En guise de travail, il tissait des voiles de navire au profit des pauvres. Porté à la colère, par tempérament, il dompta si bien les penchants viciés de sa nature, qu’on le surnomma : la douceur de Dieu.

         Ordonné diacre par l’évêque de Nisibe, saint Éphrem fut chargé d’annoncer la parole de Dieu. Prédicateur inspiré, il parlait avec une éloquence qui subjuguait ses auditeurs. Ses discours portaient la lumière et la conviction dans les âmes des fidèles qui accouraient l’entendre prêcher.

         La pensée à laquelle saint Éphrem revient sans cesse dans ses exhortations comme dans ses conversations et ses prières publiques, est celle du jugement dernier. Dans l’une de ses prédications, il engagea un dialogue avec son auditoire sur le grand Jour du Jugement. Il en fit une représentation si terrifiante par l’inquiétude des demandes et l’effrayante précision des réponses, que cette harangue est demeurée célèbre dans toute la chrétienté d’Orient.

         Apôtre de la pénitence, saint Éphrem en représentait lui-même un parfait modèle pour tous. Par son exemple et ses paroles, il convertit un grand nombre d’idolâtres et d’hérétiques. Il combattit victorieusement ces derniers par des écrits d’une science magistrale.

         Obligé de quitter la ville de Nisibe tombée aux mains des Perses, le saint diacre se retira à Édesse où il passa les dix dernières années de sa vie. Il résolut de s’adonner plus que jamais à la prière.

         Comme son détachement du monde le portait vers la solitude, il ne voulut quitter sa retraite que pour prêcher la parole de Dieu et exercer la charité envers les pauvres et les malades. Il rédigea de volumineux commentaires sur l’Écriture Sainte, des homélies, des instructions pour les monastères, des hymnes et des poèmes. Ces nombreuses compositions dans lesquelles il chante les mystères de la religion, les gloires du Christ et de sa Sainte Mère qu’il affectionnait particulièrement, lui ont mérité le surnom de : harpe du Saint-Esprit.

         Arrivé dans une extrême vieillesse, il interrompit ses travaux pour visiter saint Basile, archevêque de Césarée. Le grand évêque conçut une profonde vénération pour saint Éphrem et voulut l’ordonner prêtre ; mais le saint diacre avait le sacerdoce en une si haute estime, qu’il ne voulut jamais consentir à être revêtu de cette dignité suréminente.

         De retour à Édesse, saint Ephrem s’enferma dans une cellule afin de se préparer au passage du temps à l’éternité. Sur ces entrefaites, la famine et la peste éclatèrent dans la ville. Aussitôt, l’homme de Dieu accourut pour combattre le double fléau. Il secourait nuit et jour les pauvres pestiférés et leur administrait les sacrements. La peste fut finalement vaincue après trois mois d’héroïques efforts.

         En retournant dans sa cellule, saint Éphrem y emportait le germe d’une maladie mortelle. La fièvre l’accula bientôt à l’agonie et à une mort imminente. Toute la ville d’Édesse accourut pour saluer une dernière fois cet inestimable bienfaiteur de leurs âmes. Rendu au terme de son pèlerinage terrestre, saint Éphrem s’endormit du sommeil des bienheureux, le 18 juin 373.

         Interprète des Livres Saints, théologien, orateur et poète sacré, saint Éphrem est assurément le plus illustre écrivain de tout l’Orient chrétien. Le pape Benoît XV l’a proclamé Docteur de l’Église universelle.

Tiré de l’Abbé Pradier, édition 1889, p. 310-312

Saint Philippe Neri

25 mai, 2010

du site:

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1227/Saint-Philippe-Neri.html

Saint Philippe Neri

Florentin de naissance, il passa les trois-quart de sa vie à Rome et y devint si populaire et d’une sainteté si universellement reconnue qu’il deviendra, après saint Pierre, un second patron de la Ville Éternelle. Il présente cette étonnante combinaison d’une piété nourrie des Pères du Désert, avec un ministère actif , spécialement auprès de la jeunesse. Chez lui, la bonne humeur, voire l’hilarité, s’allie à l’évangélisme le plus limpide. S’étant laissé élever à la prêtrise, il y gagna les plus fervents de ses jeunes convertis. La communauté qu’ils formèrent autour de lui, tire son nom: ‘l’Oratoire’, des soirées de très pieuses mais très libres et très joyeuses méditations dont il était l’animateur. Ce saint étonnant qui allie à la culture la plus raffinée une sainteté évangélique et une bonne humeur qui ne se refuse pas à la mystification, enchantera ses compatriotes contemporains puis ravit en France, au siècle suivant, ceux qui fonderont à leur tour l’Oratoire de France: le futur cardinal de Bérulle et le Père de Condren. Et si même un sceptique aussi inguérissable que Goethe a pu se sentir un dévot de saint Philippe sans en arriver à partager la foi, il est tout aussi typique qu’un grand universitaire d’Oxford, J.H. Newman, converti lui pour de bon, n’ait pas cru pouvoir se mettre à une autre école que celle de saint Philippe Néri. Pour son action auprès des jeunes et sa gaieté contagieuse, il fut avec saint François de Sales, l’un des saints préférés de saint Jean Bosco.
Mémoire de saint Philippe Néri, prêtre. Originaire de Florence, il vint à Rome où il devint curé de Saint-Jean des Florentins. Pour sauver du mal la jeunesse, il fonda l’Oratoire, où les leçons spirituelles succédaient aux chants et aux œuvres de charité et il s’illustra par son amour du prochain, sa simplicité évangélique et son cœur plein de joie, dans un zèle extrême et un fervent service de Dieu. Il mourut à Rome en 1595.
 
Martyrologe romain
«Que la joie dans le Seigneur augmente toujours. Que la joie selon le monde diminue toujours jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Je ne dis pas cela parce que, vivant en ce monde, nous ne devrions jamais nous réjouir. Mais afin que, même vivant en ce monde, nous soyons joyeux dans le Seigneur.» (saint Philippe Néri)

29 avril – Sainte Catherine de Sienne – Docteur de l’Eglise

28 avril, 2010

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/04/29.php

29 avril – Sainte Catherine de Sienne – Docteur de l’Eglise

Sommaire :
 Prière
 Biographie
 Discours de Paul VI

Prière

O Dieu éternel ! O Lumière au-dessus de toute lumière et foyer de toute lumière ! O Feu au-dessus de tout autre feu, Feu qui seul brûle sans se consumer ! Feu qui consume dans l’âme tout péché et tout amour propre, Feu qui ne consume pas l’âme mais la nourrit d’un amour insatiable, puisqu’en la rassasiant vous ne la rassasiez pas, elle vous désire toujours ; et plus elle vous désire, et plus elle vous possède ; plus elle vous possède, et plus elle vous cherche, et plus elle vous trouve, et plus elle vous goûte, ô Feu souverain, Feu éternel, abîme de charité !

Biographie

Catherine Benincasa naquit à Sienne le 25 mars 1347 qui était à la fois le dimanche des Rameaux et le jour de l’Annonciation. En 1352, elle eut une vision du Christ-Pontife et fit vœu de virginité. A l’âge de quinze ans, Sainte Catherine revêtit l’habit des sœurs de la Pénitence de Saint Dominique (les mantellata). Après la mort de sa sœur Bonaventura, elle commença une vie d’ascèse. En 1368, après le retour à Dieu de son père et son mariage mystique avec le Christ, Catherine sauva ses frères pendant un coup d’état à Sienne. Deux ans après, elle donna son cœur à Jésus pour l’Eglise. De la même année datent ses premières lettres et les premières conversions. La jeune mystique provoqua quelques émotions dans sa cité et dans l’Ordre des dominicains. Elle dut comparaître devant le Chapitre général des dominicains à Florence en 1374. C’est alors qu’elle rencontra le Bienheureux Raymond de Capoue qui deviendra son directeur spirituel.
A partir de 1375 commence une période de sa vie durant laquelle elle prend de manière plus publique, la défense des intérêts du Pape et manifeste son souci de l’unité et de l’indépendance de l’Eglise, ainsi que du retour du Pape d’Avignon à Rome. Elle rencontre le pape Grégoire XI à Avignon. En septembre 1376, elle retourne à Sienne et Grégoire XI prend le chemin de Rome. Catherine continue son service d’ambassadrice du pape auprès des villes italiennes toujours en pleine ébullition. En 1378, après le décès de Grégoire XI, Urbain VI est élu pape. 5 mois après cette élection tumultueuse et les maladresses de l’élu, malgré les appels à la patience et les mises en garde de Catherine de Sienne, survient le Grand Schisme d’Occident et l’élection de l’antipape Clément VII (Robert de Genève). Catherine se bat pour que soit reconnu Urbain VI. La même année 1378, elle commence la rédaction de ses Dialogues, qui, rapporte une tradition, auraient été composés en cinq jours d’extase, du 9 au 14 octobre. Catherine vient s’établir définitivement à Rome. Deux ans après, après avoir reçu dans une vision, la nef de l’Eglise sur ses épaules, dans l’église du Vatican, Catherine meurt à Rome à l’âge de 33 ans. Bien que ne sachant pas écrire et ne connaissant pas le latin, elle laisse derrière elle une œuvre considérable. L’importance de son œuvre pour la langue italienne moderne est reconnue.
Appartenant au tiers-ordre dominicain, cette fille de Saint Dominique canonisé en 1461 par le pape Pie II est patronne de l’Italie et a été déclarée docteur de l’Eglise par le pape Paul VI, le 4 octobre 1970 en même temps que Sainte Thérèse d’Avila.

Discours de Paul VI

Le dimanche 4 Octobre 1970, Paul VI a présidé dans la Basilique Vaticane la cérémonie solennelle de la proclamation de Sainte Catherine de Sienne comme Docteur de l’Eglise. Voici le texte du discours prononcé par le Pape en la basilique Saint Pierre :
La joie spirituelle qui a rempli notre âme en proclamant Docteur de l’Eglise l’humble et sage vierge dominicaine, Catherine de Sienne, trouve sa référence la plus haute et, dirons-nous, sa justification dans la joie très pure éprouvée par le Seigneur Jésus lorsque, comme le rapporte le saint évangéliste Luc, « il tressaillit de joie sous l’action du Saint Esprit » et dit : « Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l’avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.[1] »
En vérité, en remerciant le Père d’avoir révélé les secrets de sa sagesse divine aux humbles, Jésus ne pensait pas seulement aux Douze qu’il avait choisis dans un peuple sans culture et qu’il enverrait un jour comme ses apôtres pour instruire toutes les nations et pour leur enseigner ce qu’il leur avait prescrit[2], mais aussi à tous ceux qui croiraient en lui, parmi lesquels seraient innombrables ceux qui seraient les moins doués aux yeux du monde.
Et l’Apôtre des gentils se plaisait à observer cela en écrivant à la communauté de Corinthe la grecque, ville où pullulaient les gens infatués de sagesse humaine : « Considérez votre appel. Il n’y a pas beaucoup de sages, selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre la force ; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi ; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu.[3]
Ce choix préférentiel de Dieu, dans la mesure où il est insignifiant ou même méprisable aux yeux du monde, avait déjà été annoncé par le Maître lorsqu’il avait appelé, en nette contradiction avec les estimations terrestres, heureux et candidats à son Royaume les pauvres, les affligés, les doux, les affamés de justice, les purs de cœur, les artisans de la paix[4].
Il n’est certes pas dans notre intention d’hésiter à mettre en relief comment, dans la vie et dans l’activité extérieure de Catherine, les Béatitudes évangéliques ont eu modèle de vérité et de beauté exceptionnelles. Tous, d’ailleurs, vous vous rappelez combien elle a été libre en esprit de toute convoitise terrestre, combien elle a été affamée de justice et envahie jusqu’aux entrailles de miséricorde dans sa recherche de porter la paix au sein des familles et dans les villes déchirées par des rivalités et des haines atroces, combien elle s’est prodiguée pour réconcilier la république de Florence avec le Souverain Pontife Grégoire XI, jusqu’à exposer sa propre vie à la vengeance des rebelles. Nous ne nous arrêterons pas à regarder les grâces mystiques exceptionnelles dont le Seigneur a voulu la gratifier, parmi lesquelles le mariage mystique et les saints stigmates. Nous croyons aussi que ce n’est pas, en la présente circonstance, le moment de rappeler l’histoire des magnanimes efforts accomplis par la sainte pour persuader le Pape de revenir à Rome, son siège légitime. Le succès qu’elle a finalement obtenu fut vraiment le chef-d’œuvre de son intense activité qui restera dans les siècles sa grande gloire et constituera un titre tout spécial à l’éternelle reconnaissance de l’Eglise.
Nous croyons par contre opportun en ce moment de mettre brièvement en lumière le second titre qui justifie, en conformité avec le jugement de l’Eglise, l’accord du titre de Docteur à la fille de l’illustre ville de Sienne, et c’est l’excellence particulière de la doctrine.
Quant au premier titre, celui de la sainteté, son approbation solennelle fut exprimée amplement et dans un style unique d’humaniste par le Pontifie Pie II, son compatriote, dans la bulle de canonisation « Misericordias Domini », dont il fut lui-même l’auteur. La cérémonie liturgique spéciale eut lieu dans la Basilique Saint-Pierre le 29 juin 1461.
Que dirons-nous donc de l’éminence de la doctrine de sainte Catherine ? Certainement nous ne trouverons pas dans les écrits de la sainte, c’est-à-dire dans les Lettres, conservées en nombre assez considérable, dans le « Dialogue de la divine Providence » ou « Livre de la doctrine divine » et dans les « orationes », la vigueur apologétique et les hardiesses théologiques qui distinguent les œuvres des grandes lumières de l’Eglise ancienne de l’Orient et de l’Occident. Nous ne pouvons pas non plus exiger de la vierge peu cultivée de Fontebranda les hautes spéculations propres à la théologie systématique, qui ont rendu immortels les docteurs du Moyen Age scolastique. Et, s’il est vrai que se reflète dans ses écrits, et d’une manière surprenante, la théologie du Docteur angélique, celle-ci y apparaît dépouillée de tout revêtement scientifique. Ce qui frappe plus que tout au contraire dans la sainte, c’est la science infuse, c’est-à-dire l’assimilation brillante, profonde et enivrante de la vérité divine et des mystères de la foi contenus dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testaments : une assimilation favorisée, oui, par des dons naturels très particuliers mais évidemment prodigieux, due à un charisme de sagesse du Saint Esprit, un charisme mystique.
Catherine de Sienne offre dans ses écrits un des plus brillants modèles de ces charismes d’exhortation, de parole de sagesse et de parole de science que saint Paul nous a montrés agissant dans chaque fidèle dans les communautés chrétiennes primitives et dont il voulait que l’usage fût bien réglé, faisant remarquer que ces dons ne sont pas tant à l’avantage de ceux qui en sont favorisés que plutôt à celui du Corps tout entier de l’Eglise : comme en lui, en effet, explique l’Apôtre, « c’est le seul et même Esprit qui distribue ses dons à chacun comme il l’entend »,[5] de même sur tous les membres de l’organisme mystique du Christ doit retomber le bénéfice des trésors spirituels que son Esprit prodigue[6].
« Doctrina ejus (scilicet Catharinæ) non acquisita fuit ; prius magistra visa quam est quam discipula » ; c’est ce qu’a déclaré le même Pie II dans la Bulle de canonisation. Et, en vérité, que de rayons de sagesse surhumaine, que d’appels pressants à l’imitation du Christ dans tous les mystères de sa vie et de sa Passion, que d’invitations à la pratique propre des vertus propres aux divers états de vie sont épars dans les œuvres de la sainte ! Ses lettres sont comme autant d’étincelles d’un feu mystérieux allumé dans son cœur brûlant de l’Amour infini qui est le Saint-Esprit.
Mais quelles sont les lignes caractéristiques, les thèmes principaux de son enseignement ascétique et mystique ? Il nous semble qu’à l’imitation du « glorieux Paul [7] » dont elle reflète parfois le style vigoureux et impétueux, Catherine soit la mystique du Verbe incarné et surtout du Christ crucifié. Elle a exalté la vertu rédemptrice du sang adorable du Fils de Dieu, répandu sur le bois de la croix avec la prodigalité de l’amour pour le salut de toutes les générations humaines[8]. Ce sang du Sauveur, la sainte le voit couler d’une manière continuelle au sacrifice de la messe et dans les sacrements, grâce au ministère des ministres sacrés, pour la purification et l’embellissement du Corps mystique du Christ tout entier. Nous pouvons donc dire que Catherine est la mystique du Corps mystique du Christ, c’est-à-dire de l’Eglise.
D’autre part, pour elle, l’Eglise est la mère authentique à laquelle il est juste de se soumettre et d’accorder révérence et assistance. Elle ose dire : « L’Eglise n’est rien d’autre que le Christ lui-même.[9] »
Quels ne furent donc pas le respect et l’amour passionné que la sainte nourrissait pour le Pontife romain ! Aujourd’hui, nous personnellement, serviteur des serviteurs de Dieu, nous devons à Catherine une immense reconnaissance, non certes pour l’honneur qui peut retomber sur notre humble personne, mais pour l’apologie mystique de la charge apostolique du successeur de Pierre. Qui ne se rappelle? Elle contemple en lui « le doux Christ sur la terre[10] », auquel on doit un amour filial et l’obéissance parce que : « qui sera désobéissant au Christ sur la terre, qui tient la place du Christ qui est au ciel, ne participe pas au fruit du sang du Fils de Dieu.[11] » Et, comme anticipant non seulement sur la doctrine, mais sur le langage même du Concile Vatican II[12], la sainte écrit au Pape Urbain VI : « Père très saint… sachez la grande nécessité, qui est la vôtre et celle de la sainte Eglise, de garder ce peuple [de Florence] dans l’obéissance et le respect envers votre Sainteté parce que c’est là qu’est le chef et le principe de notre foi.[13] »
Aux cardinaux ensuite, à beaucoup d’évêques et de prêtres, elle adresse de pressantes exhortations et n’épargne pas de sévères reproches, mais toujours en toute humilité et tout respect pour leur dignité de ministres du sang du Christ.
Et Catherine ne pouvait pas oublier qu’elle était la fille d’un Ordre religieux, un des plus glorieux et des plus actifs dans l’Eglise. Elle nourrissait donc une singulière estime pour ce qu’elle appelle « les saintes religions » qu’elle considère comme un lien d’union dans le Corps mystique, constitué par les représentants du Christ (selon une qualification qui lui est propre) et le corps universel de la religion chrétienne, c’est-à-dire les simples fidèles. Elle exige des religieux la fidélité à leur sublime vocation par l’exercice généreux des vertus et l’observation de leur règles respectives. Dans sa maternelle sollicitude, les laïcs ne sont pas les derniers. Elle leur adresse de nombreuses et vives lettres, les voulant prompts dans la pratique des vertus chrétiennes et des devoirs de leur état, animés d’une ardente charité pour Dieu et pour le prochain puisque eux aussi sont des membres vivants du Corps mystique. Or, dit-elle, « elle [c'est-à-dire l'Eglise] est fondée dans l’amour et elle est même l’amour.[14] »
Comment ensuite ne pas rappeler l’action intense développée par la sainte pour la réforme de l’Eglise ? C’est principalement aux Pasteurs de l’Eglise qu’elle adresse ses exhortations, dégoûtée et saintement indignée de l’indolence de beaucoup d’entre eux, frémissante de leur silence tandis que le troupeau qui leur était confié s’égarait et tombait en ruine. « Hélas, ne plus se taire ! Criez avec cent mille voix, écrit-elle à un haut prélat. Je vois que, parce qu’on se tait, le monde est détraqué, l’Epouse du Christ est pâle, on lui a enlevé sa couleur parce qu’on lui suce le sang par derrière c’est-à-dire le sang du Christ.[15] »
Et qu’est-ce qu’elle entendait par le renouvellement et la réforme de l’Eglise ? Certainement pas le renversement de ses structures essentielles, ni la rébellion contre les Pasteurs, ni la voie libre aux charismes personnels, ni les innovations arbitraires dans le culte et dans la discipline, comme certains le voudraient de nos jours. Au contraire, elle affirme maintes fois que la beauté sera rendue à l’Epouse du Christ et qu’on devra faire la réforme « non par la guerre, mais dans la paix et le calme, par des prières humbles et continuelles, dans les sueurs et les larmes des serviteurs de Dieu.[16] » Il s’agit donc pour la sainte d’une réforme avant tout intérieure puis extérieure, mais toujours dans la communion et l’obéissance filiale envers les représentants légitimes du Christ.
Fut-elle aussi politique notre très pieuse Vierge ? Oui, sans aucun doute, et d’une manière exceptionnelle, mais dans un sens tout spirituel du mot. En effet elle repoussait avec dédain l’accusation de politicienne que lui adressaient certains de ses concitoyens, en écrivant à l’un d’eux : « … Et mes concitoyens croient que par moi ou par la compagnie que j’ai avec moi il se fait des traités: ils disent la vérité, mais ils ne la connaissent pas et ils prophétisent, puisque je ne veux pas faire autre chose et je ne veux pas que qui est avec moi fasse autre chose que de vaincre le démon et de lui enlever la domination de l’homme qu’il a prise par le péché mortel et d’arracher la haine du cœur humain et de le mettre en paix avec le Christ crucifié et avec son prochain.[17] »
Donc la leçon de cette femme politique « sui generis » conserve encore son sens et sa valeur, bien qu’aujourd’hui on sente davantage le besoin de faire la distinction entre les choses de César et celles de Dieu. L’enseignement politique de la sainte trouve sa plus authentique et parfaite expression dans ce jugement lapidaire qu’elle a porté : « Aucun Etat ne peut se conserver en état de grâce dans la loi civile et dans la loi divine sans la sainte justice.[18] »
Non contente d’avoir développée un enseignement intense et très vaste de vérité et de bonté par la parole et par les écrits, Catherine voulait le sceller par l’offrande finale de sa vie pour le Corps mystique du Christ, qui est l’Eglise, alors, qu’elle n’avait que 33 ans. De son lit de mort, entourée de fidèles disciples, dans une petite cellule voisine de l’église de Sainte Marie sopra Minerva à Rome, elle adressa au Seigneur cette émouvante prière, vrai testament de foi et d’amour reconnaissant très ardent : « O Dieu éternel, reçois le sacrifice de ma vie [en faveur de] ce Corps mystique de la sainte Eglise. Je n’ai rien d’autre à donner que ce que tu m’as donné. Prends donc le cœur et tiens-le sur la face de cette épouse.[19] »
C’est donc le message d’une foi très pure, d’un amour ardent, d’une consécration humble et généreuse à l’Eglise catholique en tant que Corps mystique et Epouse du divin Rédempteur : c’est le message typique du nouveau Docteur de l’Eglise, Catherine de Sienne, pour l’illumination et l’exemple de tous ceux qui se glorifient de lui appartenir. Recueillons-le, ce message, avec un esprit reconnaissant et généreux pour qu’il soit la lumière de notre vie terrestre et le gage d’une appartenance future assurée à l’Eglise triomphante du ciel. Amen !
——————————————————————————–

[1] Evangile selon saint Luc, X 21; évangile selon saint Matthieu, XI 25-26.
[2] Evangile selon saint Matthieu, XXVIII 19-20.
[3] Première épître de saint Paul aux Corinthiens, I 26-29.
[4] Evangile selon saint Matthieu, V 3-10.
[5] Première épître de saint Paul aux Corinthiens, XII 11.
[6] Première épître de saint Paul aux Corinthiens, XI 5 ; épître de saint Paul aux Romains, XII 8 ; première épître de saint Paul à Timothée, VI 2 ; épître de saint Paul à Tite, II 15.
[7] Sainte Catherine de Sienne : « Dialogues de la divine Providence », chapitre XI.
[8] Sainte Catherine de Sienne : « Dialogues de la divine Providence », chapitre CXXVII.
[9] Sainte Catherine de Sienne : Lettre CLXXI.
[10] Sainte Catherine de Sienne : Lettre CXCVI.
[11] Sainte Catherine de Sienne : Lettre CCVII.
[12] Vatican II : Constitution dogmatique « Lumen gentium »n° 23.
[13] Sainte Catherine de Sienne : Lettre XVII.
[14] Sainte Catherine de Sienne : Lettre CIII.
[15] Sainte Catherine de Sienne : Lettre XVI, au Cardinal d’Ostie.
[16] Sainte Catherine de Sienne : « Dialogues de la divine Providence », chapitre XV.
[17] Sainte Catherine de Sienne : Lettre CXXII.
[18] Sainte Catherine de Sienne : « Dialogues de la divine Providence », chapitre CXIX.
[19] Sainte Catherine de Sienne : « Dialogues de la divine Providence », chapitre CCCLXI.