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19 septembre – Saint Janvier

18 septembre, 2009

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19 septembre

Saint Janvier
Evêque de Bénévent et ses compagnons martyrs

Biographie

Dans la liste épiscopale de Bénévent, saint Janvier est mentionné comme martyr en 305 ; selon une lettre d’Uranius, saint Janvier serait apparu avec saint Martin de Tours pour réconforter saint Paulin de Nole agonisant (431) ; dans la catacombe de Naples, une peinture du V° siècle représente saint Janvier nimbé, entre deux cierges ; saint Janvier est incrit au calendrier de Carthage, au V° siècle ; on trouve une passion de saint Janvier dans les Acta Bononiensia qui ne sont pas antérieurs au VI° siècle, et dans les Acta Vaticana qui sont probablement du IX° siècle.

Encore que plusieurs villes italiennes s’en disputent l’honneur, saint Janvier est sans doute né à Naples vers 270. Son père, haut magistrat napolitain qui le destinait à sa succession, cédant, dit-on, aux demandes instantes de l’évêque, lui permit d’embrasser la cléricature. Le jeune homme aurait été ordonné prêtre en 302 et, la même année, élu évêque de Bénévent. Au début de la persécution de Dioclétien, le proconsul Draconce fit arrêter deux diacres, Sosius et Procule, et deux gentilshommes, Eutyche et Acuce, mais il fut rappelé à Rome avant que de les avoir livrés au bourreau ; Timothée, le nouveau proconsul, réussit à faire arrêter saint Janvier et le fit comparaître devant son tribunal, à Nole : Offre de l’encens aux idoles ou renonce à la vie. – Je ne puis immoler des victimes au démon, moi qui ai l’honneur de sacrifier tous les jours au vrai Dieu. Condamné à mort, saint Janvier sortit indemne de la fournaise où on l’avait précipité ; sa chair fut labourée avec des ongles de fer et il fut jeté en prison où le rejoignirent le diacre Festus et le lecteur Desiderus. Les sept condamnés furent conduits à Pouzzoles pour être donnés aux bêtes. Courage, mes frères,dit l’évêque à ses compagnons, combattons généreusement contre le démon et contre son ministre Timothée. Notre Seigneur m’a envoyé ici afin que le pasteur ne soit pas séparé de son troupeau, ni le troupeau de son pasteur. Que les promesses et les menaces ne fassent aucune impression sur vos coeurs. Gardons une fidélité inviolable à notre divin Maître. En plaçant toute notre confiance en Dieu, nous triompherons de la malice de nos adversaires. Finalement saint Janvier fut décapité (19 septembre 305).

Une pieuse femme d’Antignano recueillit avec une éponge du sang de l’évêque martyr et le conserva chez elle jusqu’à ce que le corps passât devant chez elle pour être déposé à Naples ; lorsqu’elle mit l’ampoule près du corps, le sang desséché se liquéfia et, depuis, le miracle se reproduit régulièrement.

Au commencement du IX° siècle, Sicon, prince de Bénévent, assiégea Naples et, victorieux, laissa la vie sauve aux habitants que parce qu’ils acceptèrent de lui donner le corps de saint Janvier. Sans quitter Bénévent, le corps de saint Janvier changea d’église en 1129 puis fut secrètement déposé sous le maître-autel de l’abbaye de Monte-Vergine où on ne le découvrit qu’en 1480. Le roi Ferdinand de Naples obtint du pape Alexandre VI la permission de ramener saint Janvier dans la cathédrale de Naples où il rentra solennellement le 13 janvier 1497.

Saint Jean Chrysostome, biographie

12 septembre, 2009

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SAINT JEAN CHRYSOSTOME
Evêque et docteur de l’Eglise

biographie

Entre 344 et 350[ 1], à l’époque où l’Eglise reçut de la munificence de Dieu Ambroise, Jérôme et Augustin, naquit à Antioche de Syrie[2] un enfant dont la renommée égalerait leur gloire. Derrière lui, nul passé. Il serait de ceux qui n’ont, dit La Bruyère, ni aïeuls ni descendants : ils composent seuls toute leur race. Le long des siècles, la postérité continuera de l’appeler Chrysostome, la bouche d’or.

Son père, Secundus, brillant officier romain[3], entrevit à peine ses premiers sourires. Avec une petite soeur qui décèderait bientôt, il le laissa, par sa mort, à la responsabilité d’une mère grecque de vingt ans. Je ne trouve pas de parole, avouera Anthuse à son fils, pour décrire la violence de l’orage qui fond sur une jeune femme récemment sortie de la maison paternelle, quand un inexorable deuil l’accable, à l’improviste, de soucis qui dépassent son âge et son sexe. Il lui faut corriger la paresse des domestiques, faire attention à leur méchanceté, repousser les pièges tendus par la famille, supporter avec courage les avanies des percepteurs et leurs exigences en fait de rentrées d’impôts. Et quel poids plus lourd encore d’élever un garçon, tant pour le coût de ses études que pour la surveillance de sa conduite ! Rien ne m’inclina cependant à introduire un autre époux sous le toit de ton père. Les circonstances aggravaient sa mission.

Fière de son prestige de capitale d’Orient, car le légat impérial y résidait ; toujours ensoleillée, au bord de ses quatre rivières et sur le flanc de son coteau[4] ; ceinturée de faubourgs, dont le célèbre Daphné[5] ; opulente en statues et monuments, fresques et collections d’art ; gardienne des ruines majestueuses des temples de Jupiter, Junon et Apollon ; parée d’avenues, parmi lesquelles une enfilade de portiques qui se déployaient parallèlement à l’Oronte, sur un parcours de sept kilomètres, Antioche comptait alors plus de deux cent mille habitants, pêle-mêle, Romains, Grecs, Perses, Arméniens, Arabes et Juifs, riches et pauvres à l’extrême, tous volontiers turbulents. Mais elle était si abondamment éclairée que les fauteurs de désordre et les amateurs de frasques nocturnes étaient repérés aussitôt et, fussent-ils princes ou dignitaires, guéris de récidive.

Cette grande cité lettrée, voluptueuse et non moins commerçante, se considérait d’autant mieux l’égal d’Alexandrie et de Constantinople, sinon de Rome, que les empereurs, plus attentifs, en ses murs, aux frontières inquiétantes de la Perse, aimaient son séjour, la comblaient de faveur.

C’est à Antioche que naquit la première communauté chrétienne issue du paganisme, celle pour qui fut forgé le nom de Chrétiens, et d’où partirent Paul et Barnabé, Marc et Luc. Saint Pierre, avant de partir à Rome, avait occupé le siège d’Antioche.

Saint Jean Chrysostome appellera, dans un de ses sermons, l’Eglise d’Antioche : Mère de toutes les églises. L’évêque d’Antioche, depuis 325, avait la préséance sur ses quelques cent cinquante collègues de l’éparchie d’Orient[6] dont il présidait chaque année, à la mi-octobre, la réunion.

Que fut, dans ce cadre, la formation scolaire de Chrysostome ? Se souvenait-il encore du tourment de ses classes, lorsqu’il décrivit dans un sermon le maître rogue, minutieux, fatigant par d’incessantes questions et maniant si brutalement la férule et le martinet que les élèves s’empressaient de fuir, effarouchés et meurtris, sans avoir rien appris ni retenu que la dissimulation ?

Sa mère se réserva son éducation religieuse. Mais, quoique citée parmi les plus grandes chrétiennes qui honorèrent cette époque, elle attendit pour le faire baptiser. Car l’usage retardait la cérémonie à la maturité, à la vieillesse, même aux approches de la mort. Le prétexte d’une préparation sérieuse, la crainte de l’apostasie en temps de persécution, coloraient souvent un calcul moins surnaturel : on escomptait que, avec la grâce de l’onction baptismale, qui efface les fautes et supprime leur pénalité, le bonheur éternel succéderait ainsi sans intervalle aux délices de la terre.

L’Eglise réprouvait la pratique de ce baptême intéressé, de la dernière heure, capable de procurer la gloire céleste en dehors de tout mérite.

Jean venait d’atteindre sa dix-septième année quand le nouvel empereur, Julien[7], secoua rudement la souriante mollesse de l’Eglise d’Antioche où l’on pratiquait un arianisme modéré sans vouloir aller jusqu’au schisme.

Euzoius, l’évêque en place, un arien radical, avait succédé à Mélèce déposé en 361 pour être trop orthodoxe, tandis qu’exerçait aussi Paulin, arien modéré ; Julien, pour mieux diviser les Chrétiens qui représentaient plus de la moitié des habitants de la ville, permit à tous les évêques de résider à Antioche : l’Eglise d’Antioche, déjà fort divisée, éclata en trois ou quatre églises (arienne radicale, arienne modérée, orthodoxe radicale, orthodoxe modérée).  Ce bel esprit de Julien se targuait d’abattre en se jouant le christianisme par ses sarcasmes. Il lança maints pamphlets contre le Sauveur, interdit l’enseignement aux chrétiens, les surchargea d’impôts, les chassa des fonctions publiques et les priva d’avancement dans l’armée.

Mais, pas plus que son persiflage cavalier, ne triompha sa tyrannie. Jean garda seulement l’horreur d’avoir vu massacrer de vertueux personnages qui préférèrent le martyre à l’abjuration.

L’avènement de Valentinien pacifia la province et permit aux lettres et aux arts de reprendre leur vogue. Jean fréquenta l’école du philosophe Andragathius. Entre les rhéteurs et les philosophes réputés primait Libanius, plus habile phraseur qu’homme de savoir et de goût. Il avait collaboré aux libelles impies de Julien l’Apostat, et c’était, selon Chrysostome, le plus superstitieux des païens. Anthuse n’osa toutefois détourner son fils de ses cours, tant la louange, à la ronde, illustrait sa chaire. N’entendait-elle pas les bateliers, en ramant, les ouvriers, à leur travail, scander leur effort au rythme harmonieux d’un de ses exordes ?

Libanius, qui discerna vite le talent de son élève, ne put lui insuffler son admiration poétique du paganisme ; mais sa luxuriance de couleurs et d’images envoûta le jeune auditeur et prolongera sa fascination. Chrysostome aura beau refuser à la littérature la touchante fidélité de saint Basile et de saint Grégoire de Nanzianze, et ne voir dédaigneusement en elle qu’une fumée d’orgueil ; il aura beau raconter avec facétie de menues anecdotes de la vie de Socrate, d’Aristote et de Diogène, ou bracarder telle de leurs sentences, son éloquence gardera l’empreinte des souvenirs classiques. Platon traversera ses homélies, les amplifications fastueuses ou le cliquetis verbal de Libanius résonneront parfois en ses périodes.

A vingt ans, distingué, ardent et subtil, Jean s’inscrivit au barreau comme, en leurs cités respectives, saint Ambroise, saint Paulin et Sulpice Sévère. Mais, après des débuts prometteurs, sans tendresse pour les avocats et les juges, il s’éloigna d’un milieu qui ne lui avait révélé que petites chicanes et grandes injustices.

Anthuse le mit en relation avec l’évêque d’Antioche, Mélèce, prélat de haute vertu, glorifié par l’exil, et si bon que saint Basile lui écrivait : Quand je reçois une de vos lettres, je l’aime d’abord à proportion du nombre de ses lignes, et mon bonheur s’accroît durant toute la lecture.

Cet homme dont le regard prêchait, gagna la confiance de Jean. Secondé par Flavien, futur évêque d’Antioche, et Diodore, le futur évêque de Tarse, il lui expliqua les saints Livres et le prépara au baptême.

Jean fut baptisé dans la nuit de Pâques 368, puis continua d’étudier les saintes Ecritures sous Diodore et après qu’il eut accédé au lectorat (371), Mélèce se l’attacha pour secrétaire.

Brève collaboration, car le frère de Valentinien, Valens, avait hérité Antioche, et cet Arien fanatique reprit avec fougue la persécution. Mélèce fut banni, sans que la séparation ni le temps affaiblissent la vénération de ses diocésains. L’astuce et la violence sévirent. De louches individus dénoncèrent un prétendu complot de maléfices contre Valens. On décapita, brûla ; des familles périrent ; Antioche, terrorisée, ruissela de sang.

Jean faillit être victime. Comme je me promenais, avec un ami, en ces jardins amènes qui bordent l’Oronte, il aperçut, glissant au fil de l’eau, un livre dont il s’empara. C’était un formulaire de philtres inachevé, qu’un rédacteur, poursuivi, avait lancé dans le fleuve. Je contestai en riant la propriété du butin, et, pendant notre dispute, un soldat nous rejoignit. Mon compagnon put à peine dissimuler le volume. Qui eût admis notre bonne foi lorsque nous aurions allégué le hasard ?

Cette angoisse décida le jeune clerc à la vie solitaire et ascétique. Sa conscience, ennoblie par le désir de Dieu, lui signalait le clinquant des espérances mondaines. Sous les palmeraies du désert ou dans une grotte de quelque roche escarpée, il disciplinerait la sève de ses passions. L’amour maternel d’Anthuse protesta. Me prenant par la main, elle me conduisit à sa chambre, me fit asseoir près du lit où elle m’avait mis au monde, pleura et m’attendrit plus encore par ses plaintes :  » Ne me rends pas veuve une seconde fois ; ne ranime pas ma douleur assoupie. Quand tu m’auras prochainement, dans le tombeau, réunie à ton père, rien ne t’empêchera d’entreprendre de longs voyages. Mais, de grâce, mon enfant, supporte la présence de ta mère ; ne t’ennuie pas de vivre avec moi. « 

Elle sut avec souplesse consolider sa victoire. Ménageant à son fils, dans sa maison, une impression d’isolement, elle feignit d’ignorer ses veilles et ses jeûnes.

Non qu’il eût à expier quelque défaillance. Un examen rigoureux de sa jeunesse lui dévoilera seulement l’attrait du théâtre. Il pourra écrire sur la virginité en familier de la vertu. Sa répulsion du vice l’invitera même aux exagérations, quand l’éloge de la continence lui fera réduire la condition du mariage à une émulation d’antipathie et de querelles, et avancer avec candeur ce paradoxe contraire à l’humanité et à l’Evangile : Puisque l’union conjugale ôte la libre disposition de soi-même, qui ne regimberait devant cette loi tyrannique ?

Quand sa mère fut morte, Jean se retira dans le désert, loin de la ville, du forum et de leur tumulte, pour se mettre pendant quatre ans à l’école d’un vieux moine, puis, pendant deux ans, il se retira en solitaire dans une caverne (372-378). La santé fort altérée par le jeûne, l’abstinence perpétuelle et des mortifications trop fortes, Jean dut quitter le désert et la vie pénitentielle pour retourner à Antioche.

De retour à Antioche, fut ordonné diacre par Mélèce (381) qui allait partir au concile de Constantinople, et servit dès lors dans ce ministère jusqu’à ce que Flavien, successeur de Mélèce, l’ordonnât prêtre, apparemment  vers la fin de 385 ou au tout début du carême de 386 qu’il prêcha.

Presque tous les traités que l’on a de lui datent de son époque diaconale[8]. Prêtre, Jean Chrysostome fut surtout chargé de prédication et la plupart de ses homélies datent de cette époque[9].

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[1] On place la naissance de saint Jean Chrysostome assez probablement en 349.

[2] Il s’agit bien d’Antioche de Syrie, actuellement Antakya en Turquie, ville fondée par Séleucus I° Nikator (311 + 281), compagnon d’Alexandre le Grand et fondateur de la dynastie des Séleucides dont le royaume s’étendait sur l’Asie Mineure, la Mésopotamie, l’Iran, la Haute Asie et les confins de l’Indus, en l’honneur de son père Antiochus (22 mai 300 avant Jésus-Christ). Après avoir été la résidence royale des Séleucides, Antioche est devenue la capitale de la province romaine de Syrie. Antioche sur l’Oronte n’est pas à confondre avec Antioche de Pisidie, actuellement Yalvaç en Turquie, dans la province romaine de Galatie, fondée par Séleucus I° (vers 280 avant Jésus-Christ). Existaient encore : Antioche, aujourd’hui Tcherkeskeuï et Antioche d’Isaurie ou Antioche la Petite.

[3] Magister militum : commandant militaire de la préfecture d’Orient.

[4] pentes septentrionales du mont Silpios.

[5] Daphné, lieu enchanteur à deux heures de la ville, célèbre par le temple et le culte d’Apollon, le sanctuaire des Nymphes, la fontaine et le bois de cyprès séculaires qu’un ancien édit défendait d’ébrancher.

[6] Le concile de Nicée (325) fixe quatre grandes éparchies qui correspondaient aux quatre diocèses civils de l’empire oriental : Antioche pour l’Orient, Césarée pour le Pont, Ephèse pour l’Asie et Héraclée pour la Thrace.

[7] Julien l’Apostat, Flavius Claudius, Julianus : empereur romain de la seconde dynastie des Flaviens, petit-fils de Constance Chlore et de Théodora, neveu de Constantin (empereur de 311 à 337) et cousin de Constance II (empereur de 337 à 361).  Né à Constantinople (332), il perdit sa mère quelques mois après sa naissance et le reste de sa famille, à l’exception de son demi-frère Gallus fut assassinée après la mort de Constantin. Exilé avec Gallus dans la forteresse Marcellum (Cappadoce), il y perdit la foi chrétienne et s’enthousiasma pour l’antique paganisme. Libéré en 351, il est de nouveau emprisonné (à Milan) après l’exécution de Gallus (354). Chargé de missions militaires qu’il accomplit avec succés (victoire de Strasbourg en 357 et rétablissement de l’administration romaine en Gaule), il est proclamé empereur par l’armée, à Paris (360) contre Constance II dont la mort (361) évite la guerre civile. Pour affaiblir l’Eglise, il use de toutes sortes de moyens comme de rappeler sur leur siège les évêques ariens exilés, de supprimer les privilèges financier et administratifs, d’interdire l’enseignement aux Chrétiens et de les chasser des postes importants ; il rétablit le clergé et le culte païens traditionnels, favorise les cultes locaux et nationaux et montre beaucoup d’indulgence envers les Juifs auxquels il laisse espérer la reconstruction du temple de Jérusalem. Il se rend à Antioche (362) pour préparer une campagne contre les Perses,. A Daphné, il viole le tombeau de saint Babylas et les chrétiens, en riposte, brûlent le temple d’Apollon. La campagne contre les Perses commence en mars 363,  il trouve la mort le 26 juin 363.

[8] Si le traité fait des deux Exhortation à Théodore après sa chute a été rédigé pendant sa vie retirée, les deux autres traités sur la vie monastique sont de l’époque diaconale : les deux livres Sur la componction (381-385) et les trois livres Contre les adversaires de la vie monastique (381-385) ; trois traités sont consacrés à louer et à recommander la virginité et la continence : De la virginité, A une jeune veuve (380) et De la persévérance dans le veuvage ; le plus célèbre de ses traités est un ouvrage de six livres, en forme de dialogue, intitulé : Sur le sacerdoce (entre 381 et 385). On possède encore : un traité Sur la vaine gloire et l’éducation des enfants, trois traités sur la souffrance dont le seul premier, en trois livres, est de l’époque diaconale ; deux traités apologétiques (Saint Babylas, contre Julien et les Gentils et Contre les Juifs et les Gentils que le Christ est Dieu). Il reste enfin deux écrits disciplinaires qui datent des débuts de son pontificat.

[9] 76 sermons sur la Genèse (9 de 386 et 67 de 389 ou 395) ; 8 sermons sur les livres des Rois (5 sur Anne, 3 sur David et Saül) de 387 ; 60 sermons sur les Psaumes ; 8 sermons : 2 sur les prophètes en général (386), 6 sermons sur Isaïe (certains sont de Constantinople) ; 90 sermons sur l’évangile selon saint Matthieu (390) ; 88 sermons sur l’évangile selon saint Jean (399) ; 63 sermons sur les Actes des Apôtres (8 qui sont de 388, les autres sont de Constantinople) ; 240 sermons sur les épîtres de saint Paul (d’Antioche et de Constantinople) ; s’ajoutent encore plus d’une centaine de sermons.

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Biographie

A Antioche, sur les bords de l’Oronte, Anthousa, veuve à vingt ans du commandant militaire de la préfecture d’Orient, élève ses deux enfants dont la fille mourra jeune ; devant cette éducatrice modèle, le rhéteur païen Libanios, s’écrie : Dieux, quelle femme chrétienne admirable !

Jean est d’abord élève de Mélèce d’Antioche, prélat pondéré qui le baptise à vingt-quatre ans, selon la coutume du temps, puis de Diodore de Tarse, fondateur de la fameuse école d’Antioche, dont il gardera le goût de la recherche historique dans le commentaire exégétique, et, enfin, de Carterius, directeur de l’école d’ascètes qui l’oriente vers la vie monastique.

Cher fils, supplie Anthousa, ne me laisse pas veuve une seconde fois. Quand tu m’auras fermé les yeux, il sera toujours temps de choisir un état de vie à ta convenance. Toutefois, pendant que je respire encore, je t’en supplie : supporte ma présence. Bouleversé, Jean reste avec sa mère. Ordonné lecteur (373), il devient visiteur-consolateur des pauvres et des affligés, et compose ses premiers traités. A la mort de sa mère (375), libre de se faire moine, Jean rejoint le Stilpius, mont proche d’Antioche, pour se mettre sous la direction d’un ermite syrien, pendant quatre ans.

Le véritable roi, c’est celui qui commande à la colère, à l’envie, à toutes les passions ; qui assujettit tout aux lois divines, et ne laisse pas la tyrannie des voluptés régner dans son âme. J’aurais certes grand plaisir à voir un tel homme commander aux peuples de la terre et à la mer, aux cités, aux nations et aux armées (…) Mais un esclave de la colère, de l’ambition, des plaisirs coupables, qui a l’air de commander aux hommes, ne mérite que le mépris des peuples. En effet, l’or et les diamants couronnent sa tête, mais la sagesse ne couronne pas son coeur. Tout son corps est resplendissant de pourpre, mais son âme reste sans ornement. (…) Si nous voulons jeter un regard sur la lutte dernière, nous verrons le moine s’élever triomphalement et tout radieux, dans les nuées du ciel, à la rencontre du Seigneur dans les airs, suivant l’exemple de ce divin chef, de ce guide du salut et de toutes les vertus. Quant au roi, s’il a fait régner avec lui, sur le trône, le justice et l’humanité – ce qui est fort rare – , il sera sans doute sauvé, mais avec moins d’honneur.

Ensuite, d’après Pallade, retiré pendant vingt-quatre mois dans une caverne solitaire, il  y réduit son sommeil au strict minimum, pour y mieux étudier la loi du Christ. Ces terribles pénitences ruinent sa santé et il doit retourner à Antioche. Jean est déjà un auteur spirituel apprécié lorsqu’il est ordonné diacre par Mélèce (381). Au commencement de 386, il est ordonné prêtre par le successeur de Mélèce, Flavien, qui, pendant dix ans, le charge de prêcher dans tous les sanctuaires de la seconde métropole de l’Empire et de l’Eglise, ce qu’il fait avec un tel talent qu’on le surnomme Chrysostome (du grec chrusos qui signifie or et stoma qui signifie bouche).

A la fin de l’hiver 386, comme le fisc impérial montre une excessive âpreté, les antiochiens se soulèvent et renversent les statues de la famille impériale, ce que Théodose veut châtier comme un crime de lèse-majesté. Flavien court à Constantinople pour plaider la cause de ses diocésains menacés de sévères sanctions ; resté à Antioche, Jean imagine, dans le Discours sur les statues la plaidoirie de l’évêque suppliant au monarque offensé : Regarde combien il sera beau, dans la postérité, que l’on reconnaisse qu’au milieu des mérites d’un si grand peuple promis à la vengeance et aux supplices, quand tous frissonnaient de terreur, quand les chefs, les préfets et les juges, étaient saisis de crainte et n’osaient élever la voix pour les malheureux, un vieillard se soit avancé avec le sacerdoce de Dieu et, par sa seule présence, par ses simples paroles, ait vaincu l’empereur ; et qu’alors une grâce que l’empereur avait refusée à tous les grands de sa cour, il l’ait accordée aux prières d’un vieillard, par respect pour les lois de Dieu. En effet, ô prince ! mes concitoyens n’ont pas cru te rendre un médiocre honneur, en me choisissant pour cette ambassade ; car ils ont jugé (et ce jugement fait ta gloire) que tu préférais la religion dans ses plus faibles ministres à toute la puissance du trône. Mais je ne viens pas seulement de leur part ; je viens au nom du souverain des cieux pour dire à ton âme clémente et miséricordieuse ces paroles de l’Evangile :  » Si vous remettez aux hommes leurs offenses, Dieu vous remettra les vôtres « . Saint Jean Chrysostome, pendant tout le Carême, soutient l’espérance du peuple qui, au jour de Pâques, sera récompensée lorsque Fabien apportera la nouvelle de l’amnistie.

Quand Nectaire, patriarche de Constantinople, meurt (27 septembre 397), les prétendants sont nombreux à convoiter le siège prestigieux de la nouvelle Rome. Théophile, patriarche d’Alexandrie, a beau estimer que la place lui revient de droit, contre toute attente, Eutrope, premier ministre du jeune empereur Arcadios, fait élire et acclamer Jean, prêtre d’Antioche, contre le prêtre Isidore soutenu par le patriarche d’Alexandrie. Jean est enlevé par surprise et conduit de force à Constantinople. Le patriarche d’Alexandrie est bien obligé de procéder au sacre du nouveau patriarche de Constantinople (15 décembre 397) mais il n’en garde pas moins de la rancune. Jean entreprend énergiquement la réforme des mœurs du clergé ce qui ne manque pas de lui faire de solides ennemis qui attendent l’occasion favorable de lui nuire.

Or en 399, Gaïnas, chef des Goths ariens, pose, comme préliminaires de paix  avec l’Empire, cette exigence cruelle : Je veux la tête de l’eunuque Eutrope. Ensuite seulement, nous négocierons. Le veule Arcadios accepte d’abandonner son ministre, de livrer au bourreau celui qui lui a conservé son trône. Eutrope se réfugie dans la Cathédrale où il étreint l’autel, garantie du droit d’asile, tandis que le Patriarche affronte la garnison et la populace excitées.

C’est aujourd’hui, plus que jamais,le moment de s’écrier : Vanité des vanités, et tout est vanité (Ecclésiaste I 2). Où est maintenant l’éclatante dignité d’Eutrope, le consul ? Où est aujourd’hui la lumière des torches ? Où est le bruit de la foule, le vivat du cirque, la flatteuse acclamation du théâtre ? Tout est passé ! Un orage soudain a fait choir les feuilles et dévasté l’arbre, si bien que le voilà maintenant comme un tronc dépouillé, dont la racine même est ébranlée, et qui vacille. Où sont maintenant les amis douceureux qui sacrifiaient à la puissance et ne songeaient qu’à plaire par leurs paroles et par leurs actes ? Tout n’était que le songe d’une nuit, qui s’évanouit dès le lever du jour. C’étaient des fleurs printanières ; le printemps a passé, toutes les fleurs se sont flétries. C’était une ombre et elle n’est plus ; c’était une fumée et la voici dissipée (…)

Ne t’ai-je pas toujours répété, Eutrope, que la richesse est fugitive ? Mais alors tu ne voulais pas m’entendre (…)

Ne t’ai-je pas dit qu’elle est ingrate ? Mais tu ne voulais pas me croire. Vois, aujourd’hui, l’expérience t’a montré qu’elle n’est pas seulement fugitive, qu’elle n’est pas seulement ingrate mais qu’elle est meurtrière.

Et Eutrope mourut.

Eusèbe, évêque de Valentinopolis dépose une plainte contre Antonin, métropolite d’Ephèse, qu’il accuse de trafic de biens ecclésiastiques. Saint Jean Chrysostome, sollicité comme arbitre part pour la capitale d’Ionie tenir un synode où il entend les parties en présence, puis, Eusèbe étant mort, il installe sur le siège son diacre Héraclide, et dépose une dizaine d’évêques, avant de regagner Constantinople (14 avril 401).

Au début de l’année suivante, arrivent à Constantinople une cinquantaine de moines de nitriens (région de Basse-Egypte), les Longs Frères, ainsi nommés à cause de la haute taille de leurs quatre supérieurs : Chassés par Théophile d’Alexandrie qui nous accuse d’origénisme, nous avons tenté une implantation en Palestine. On nous en a expulsés. Recevez-nous ! Chrysostome les héberge dans un hospice, près de l’église Sainte-Anastasie, et sollicite pour eux l’indulgence du jaloux Théophile d’Alexandrie qui répond : Mêle-toi de tes affaires, laisse-moi traiter les miennes. L’impératrice Eudoxie intervient aussi en faveur des moines proscrits et obtient qu’Arcadios convoque un concile pour régler le litige et déterminer leur sort. Théophile d’Alexandrie s’allie Epiphane de Salamine pour accuser saint Jean Chrysostome d’être un hérétique teinté d’origénisme. Voyez-le donc, imprécis ou flottant, quand il utilise les termes ousia et hypostase ! A la mi-septembre 403, Théophile d’Alexandrie excite contre Chrysostome trente-six de ses partisans épiscopaux réunis à Drys, près de Chalcédoine qui somment le Patriarche de comparaître devant eux, ce qu’il refuse. Condamné à la déposition et au bannissement, Jean est déporté à Prænetum, sur le golfe de Nicomédie, mais le peuple se révolte, chasse Théophile et, lorsqu’un accident mystérieux frappe le palais, Eudoxie obtient son retour où il est porté en triomphe.

Quelques semaines plus tard, l’impératrice Eudoxie qui se reconnaît sous les traits d’Hérodiade dans un sermon du Patriarche, passe du côté de ses ennemis et provoque toutes sortes de troubles au point que le sang coule dans les églises et que Jean doit aller célébrer Pâques dans la campagne. Sans attendre la réponse à son appel au pape Innocent 1°, le Patriarche est confiné dans son palais ; le 9 juin, un édit impérial expulse le rebelle, ce qui sera fait onze jours plus tard. Il est d’abord assigné à résidence Cucuse, l’actuelle Göksum turque, au pied du Taurus, l’endroit le plus désert de toute la terre, où il arrive au terme d’un voyage de soixante-dix jours.

Soucieux du sort de ses diocésains, confiés au vieil évêque Arcace, saint Jean Chrysostome rédige plus de deux cents lettres de direction dont les dix-sept plus belles sont adressées à Olympiade : C’est un état si malaisé, il exige une telle énergie que le Christ, descendu du ciel pour faire de nous des anges, nous laisse entièrement libres de suivre ce simple conseil. En effet, grande est la difficulté ! Rude est le combat ! Que le chemin de cette vertu est escarpé ! (Seconde lettre à Olympiade, VII)

Pendant l’été 407, comme Jean Chrysostome reprend contact avec le pape Innocent I° qui le veut voir rentrer à Constantinople, arrive l’ordre impérial de le déporter à Pithionte (Pitsunda), quinze cents kilomètres plus au nord, au pied du Caucase, en pleine région barbare, où il part le 25 août. Epuisé, le 14 septembre, il s’affaisse en chemin, près de Comane, et meurt en disant : Gloire à Dieu pour tout. Trente et un ans après, le 27 juin 438, on rapportera triomphalement ses cendres à Constantinople.

LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN: ENTRETIEN DE SAINTE MONIQUE AVEC SON FILS ET DERNIÈRES PAROLES DE SAINTE MONIQUE.

26 août, 2009

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http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/confessions/confessions.htm

LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN

CHAPITRE X.

ENTRETIEN DE SAINTE MONIQUE AVEC SON FILS SUR LE BONHEUR DE LA VIE ÉTERNELLE.

CHAPITRE XI.

DERNIÈRES PAROLES DE SAINTE MONIQUE.

ENTRETIEN DE SAINTE MONIQUE AVEC SON FILS SUR LE BONHEUR DE LA VIE ÉTERNELLE.
 

23.       A l’approche du jour où elle devait sortir de cette vie, jour que nous ignorions, et connu de vous, il arriva, je crois, par votre disposition secrète, que nous nous trouvions seuls, elle et moi, appuyés contre une fenêtre, d’où la vue s’étendait sur le jardin de la maison où nous étions descendus, au port d’Ostie. C’est là que, loin de la foule, après les fatigues d’une longue route, nous attendions le moment de la traversée.

Nous étions seuls, conversant avec une ineffable douceur, et dans l’oubli du passé, dévorant l’horizon de l’avenir ( Philip. III, 13), nous cherchions entre nous, en présence de la Vérité que vous êtes, quelle sera pour les saints cette vie éternelle « que l’oeil n’a pas vue, que l’oreille n’a pas entendue, et où n’atteint pas le coeur de l’homme (I Cor. II, 9). » Et nous aspirions des lèvres de l’âme aux sublimes courants de votre fontaine, fontaine de vie qui réside en vous (Ps. XXXV, 10), afin que, pénétrée selon sa mesure de la rosée céleste, notre pensée pût planer dans les hauteurs.

24.       Et nos discours arrivant à cette conclusion, que la plus vive joie des sens dans le plus vif éclat des splendeurs corporelles, loin de soutenir le parallèle avec la félicité d’une telle vie, ne méritait pas même un nom, portés par un nouvel élan d’amour vers Celui qui est, nous nous promenâmes par les échelons des corps jusqu’aux espaces célestes d’où les étoiles, la lune et le soleil nous envoient leur lumière; et montant encore plus haut dans nos, pensées, dans nos paroles, dans l’admiration de vos oeuvres, nous traversâmes nos âmes pour atteindre, bien au-delà, cette région d’inépuisable abondance, où vous rassasiez éternellement (447) Israël de la nourriture de vérité, et où la vie est la sagesse créatrice de ce qui est, de ce qui a été, de ce qui sera; sagesse incréée, qui est ce qu’elle a été, ce qu’elle sera toujours; ou plutôt en qui ne se trouvent ni avoir été, ni devoir être, mais l’être seul, parce qu’elle est éternelle; car avoir été et devoir être exclut l’éternité.

Et en parlant ainsi, dans nos amoureux élans vers cette vie, nous y touchâmes un instant d’un bond de coeur, et nous soupirâmes en y laissant captives les prémices de l’esprit, et nous redescendîmes dans le bruit dé la voix, dans la parole qui commence et finit. Et qu’y a-t-il là de semblable à votre Verbe, Notre-Seigneur, dont l’immuable permanence en soi renouvelle toutes choses (Sag. VII, 27)?

25.       Nous disions donc: qu’une âme soit; en qui les révoltes de la chair, le spectacle de la terre, des eaux, de l’air et des cieux, fassent silence, qui se fasse silence à elle-même qu’oublieuse de soi, elle franchisse le seuil intérieur; songes, visions fantastiques, toute langue, tout signe, tout ce qui passe, venant à se taire; car tout cela dit à qui sait entendre:

Je ne suis pas mon ouvrage; celui qui m’a fait est Celui qui demeure dans l’éternité ( Ps. XCIX, 3,5) ; que cette dernière voix s’évanouisse dans le silence, après avoir élevé notre âme vers l’Auteur de toutes choses, et qu’il parle lui seul, non par ses créatures, mais par lui-même, et que son Verbe nous parle, non plus par la langue charnelle, ni par la voix de l’ange, ni par le bruit de la nuée, ni par l’énigme de la parabole; mais qu’il nous parle lui seul que nous aimons en tout, qu’en l’absence de tout il nous parle; que notre pensée, dont l’aile rapide atteint en ce moment même l’éternelle sagesse immuable au-dessus de tout, se soutienne dans cet essor, et que, toute vue d’un ordre inférieur cessante, elle seule ravisse, captive, absorbe le contemplateur dans ses secrètes joies; qu’enfin la vie éternelle soit semblable à cette fugitive extase, qui nous fait soupirer encore; n’est-ce pas la promesse de cette parole : « Entre dans la joie de ton Seigneur (Matth. XXV, 21) ? » Et quand cela? Sera-ce alors que « nous ressusciterons tous, sans néanmoins être tous changés (I Cor. XV, 51)?»

26. Telles étaient les pensées, sinon les paroles, de notre entretien. Et vous savez, Seigneur, que ce jour même où nous parlions ainsi, où le monde avec tous ses charmes nous paraissait si bas, elle me dit: « Mon fils, en ce qui me regarde, rien ne m’attache plus à cette vie. Qu’y ferais-je? pourquoi y suis-je encore? J’ai consommé dans le siècle toute mon espérance. Il était une seule chose pour laquelle je désirais séjourner quelque peu dans cette vie, c’était

« de te voir chrétien catholique avant de mourir. Mon Dieu me l’a donné avec surabondance, puisque je te vois mépriser toute félicité terrestre pour le servir. Que fais-je encore ici? »

CHAPITRE XI.
DERNIÈRES PAROLES DE SAINTE MONIQUE.
 

27.       Ce que je répond,is à ces paroles, je ne m’en souviens pas bien; mais à cinq ou six jours de là, la fièvre la mit au lit. Un jour dans sa maladie, elle perdit connaissance et fut un moment enlevée à tout ce qui l’entourait. Nous accourûmes; elle reprit bientôt ses sens, et nous regardant mon frère et moi, debout auprès d’elle; elle nous dit comme nous interrogeant: « Où étais-je? » Et à l’aspect de notre douleur muette : « Vous laisserez ici, votre mère! » Je gardais le silence et je retenais mes pleurs. Mon frère dit quelques mots exprimant le voeu qu’elle achevât sa vie dans sa patrie plutôt que sur une terre étrangère. Elle l’entendit, et, le visage ému, le réprimant des yeux pour de telles pensées, puis me regardant: « Vois comme il parle, » me dit-elle; et s’adressant à tous deux: « Laissez ce corps partout; et que tel souci ne vous trouble pas. Ce que je vous demande seulement, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez. » Nous ayant témoigné sa censée comme elle pouvait l’exprimer, elle se tut, et le progrès de la maladie redoublait ses souffrances.

28.       Alors, méditant sur vos dons, ô Dieu invisible, ces dons que vous semez dans le coeur de vos fidèles pour en récolter d’admirables moissons, je me réjouissais et vous rendais grâces au souvenir de cette vive préoccupation qui l’avait toujours inquiétée de sa sépulture, dont elle avait fixé et préparé la place auprès du corps de son mari; parce qu’ayant vécu dans une étroite union, elle voulait encore, ô insuffisance de l’esprit humain pour les choses (448) divines! ajouter à ce bonheur, et qu’il fût dit par les hommes qu’après un voyage d’outremer, une même terre couvrait la terre de leurs corps réunis dans la mort même.

Quand donc ce vide de son coeur avait-il commencé d’être comblé par la plénitude de votre grâce? Je l’ignorais, et cette révélation qu’elle venait de faire ainsi me pénétrait d’admiration et de joie. Mais déjà, dans mon entretien à la fenêtre, ces paroles: « Que fais-je ici? » témoignaient assez qu’elle ne tenait plus à mourir dans sa patrie. J’appris encore depuis, qu’à Ostie même, un jour, en mon absence, elle avait parlé avec une confiance toute maternelle à plusieurs de mes amis du mépris de cette vie et du bonheur de la mort. Admirant la vertu que vous aviez donnée à une femme, ils lui demandaient si elle ne redouterait pas de laisser son corps si loin de son pays: «Rien n’est loin de Dieu, répondit-elle; et il n’est pas à craindre qu’à la fin des siècles, il ne reconnaisse pas la place où il doit me ressusciter. » Ce fut ainsi que, le neuvième jour de sa maladie, dans la cinquante-sixième année de sa vie, et la trente-troisième de mon âge, cette âme pieuse et sainte vit tomber les chaînes corporelles. 

SAINT AUGUSTIN

26 août, 2009

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SAINT AUGUSTIN

Évêque d’Hippone, Docteur de l’Église
(354-430)

Saint Augustin est l’un des plus grands génies qui aient paru sur la terre et l’un des plus grands saints dont Dieu ait orné son Église. Moine, pontife, orateur, écrivain, philosophe, théologien, interprète de la Sainte Écriture, homme de prière et homme de zèle, il est une des figures les plus complètes que l’on puisse imaginer. Ce qu’il y a de plus admirable, c’est que Dieu tira cet homme extraordinaire de la boue profonde du vice pour l’élever presque aussi haut qu’un homme puisse atteindre; c’est bien à son sujet qu’on peut dire: « Dieu est admirable dans Ses Saints! »  Augustin naquit à Tagaste, en Afrique, l’an 354, et, s’il reçut de la part de sa sainte mère, Monique, les leçons et les exemples de la vertu, il reçut les exemples les plus déplorables de la part d’un malheureux père, qui ne se convertit qu’au moment de la mort. A l’histoire des égarements de coeur du jeune et brillant étudiant se joint l’histoire des égarements étranges de son esprit; mais enfin, grâce à trente années de larmes versées par sa mère, Dieu fit éclater invinciblement aux yeux d’Augustin les splendeurs de la vérité et les beautés seules vraies de la vertu, et le prodigue se donna tout à Dieu: « Le fils de tant de larmes ne saurait périr! » avait dit un prêtre vénérable à la mère désolée. Parole prophétique, qui renferme de grands enseignements pour les nombreuses Moniques des Augustins modernes.  C’est à Milan, sous l’influence d’Ambroise, qu’Augustin était rentré en lui-même. La voix du Ciel le rappela en Afrique où, dans une retraite laborieuse et paisible, avec quelques amis revenus à Dieu avec lui, il se prépara aux grandes destinées qui l’attendaient.   Augustin n’accepta qu’avec larmes l’évêché d’Hippone, car son péché était toujours sous ses yeux, et l’humilité fut la grande vertu de sa vie nouvelle. Il fut le marteau de toutes les hérésies de son temps; ses innombrables ouvrages sont un des plus splendides monuments de l’intelligence humaine éclairée par la foi, et ils demeurent comme la source obligée de toutes les études théologiques et philosophiques.   Si les écrits d’Augustin sont admirables par leur science, ils ne le sont pas moins par le souffle de la charité qui les anime; nul coeur ne fut plus tendre que le sien, nul plus compatissant au malheur des autres, nul plus sensible aux désastres de la patrie, nul plus touché des intérêts de Dieu, de l’Église et des âmes. Il passa les dix derniers jours de sa vie seul avec Dieu, dans le silence le plus absolu, goûtant à l’avance les délices de l’éternité bienheureuse.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.    
 

Sainte Monique, Mère de Saint Augustin

26 août, 2009

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Sainte Monique
Mère de Saint Augustin
(332-388)

A l’heure où sont trop oubliés les devoirs de la jeune fille, de l’épouse et de la mère chrétiennes, il est utile de rappeler les vertus de cette admirable femme. Ce que nous en savons nous vient de la meilleure des sources, son fils Augustin.

Monique naquit à Tagaste, en Afrique, l’an 332. Grâce aux soins de parents chrétiens, elle eut une enfance pure et pieuse, sous la surveillance sévère d’une vieille et dévouée servante.

Encore toute petite, elle aimait aller à l’église pour y prier, elle cherchait la solitude et le recueillement; parfois elle se levait même la nuit et récitait des prières. Son coeur s’ouvrait à l’amour des pauvres et des malades, elle les visitait, les soignait et leur portait les restes de la table de famille; elle lavait les pieds aux pauvres et aux voyageurs. Toute sa personne reflétait la modestie, la douceur et la paix. A toutes ces grâces et à toutes ces vertus, on aurait pu prévoir que Dieu la réservait à de grandes choses.

Dieu, qui a ses vues mystérieuses, permit cependant qu’elle fût donnée en mariage, à l’âge de vingt-deux ans, à un jeune homme de noble famille, mais païen, violent, brutal et libertin, presque deux fois plus âgé qu’elle, et dont elle eut beaucoup à souffrir, ainsi que de sa belle-mère.

Dans cette situation difficile, Monique fut un modèle de patience et de douceur; sans se plaindre jamais, elle versait en secret les larmes amères où se trempait sa vertu. C’est par ces beaux exemples qu’elle conquit le coeur de Patrice, son époux, et lui obtint une mort chrétienne, c’est ainsi qu’elle mérita aussi de devenir la mère du grand saint Augustin.

Monique, restée veuve, prit un nouvel essor vers Dieu. Vingt ans elle pria sur les débordements d’Augustin, sans perdre courage et espoir. Un évêque d’Afrique, témoin de sa douleur, lui avait dit: « Courage, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse! » Dieu, en effet, la récompensa même au-delà de ses désirs, en faisant d’Augustin, par un miracle de grâce, l’une des plus grandes lumières de l’Église et l’un de ses plus grands Saints.

Monique, après avoir suivi Augustin en Italie, tomba malade à Ostie, au moment de s’embarquer pour l’Afrique, et mourut à l’âge de cinquante-six ans. Augustin pleura longtemps cette mère de son corps et de son âme. Le corps de sainte Monique a été transporté à Rome dans l’église de Saint-Augustin, en 1430. Cette femme illustre a été choisie comme patronne des mères chrétiennes.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.    
 

SAINT BARTHÉLEMY – Apôtre

24 août, 2009

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SAINT BARTHÉLEMY – Apôtre

(+ vers l’an 71)

Barthélemy, appelé par le Sauveur, vécut avec Lui, assista à Ses prédications, entendit Ses paraboles, fut le témoin de Ses vertus divines.

Après la Pentecôte, il fut envoyé prêcher l’Évangile dans l’Inde, au-delà du Gange. Dans tous les pays qu’il dut traverser, il annonça Jésus-Christ, Rédempteur du monde. Son zèle et ses prodiges eurent bientôt changé la face de ces contrées; non seulement il convertit les foules, mais il ordonna des prêtres pour le seconder et consacra des évêques. Quand, plus tard, saint Pantène évangélisa ce pays, il y trouva l’Évangile de saint Matthieu, apporté là par Barthélemy.

En quittant les Indes, l’Apôtre vint dans la grande Arménie. Dans la capitale de ce pays, il y avait un temple où l’on rendait les honneurs divins à l’idole Astaroth, et où l’on allait lui demander la délivrance des sortilèges et lui faire prononcer des oracles; le prédicateur de la foi s’y rendit, et aussitôt l’idole devint muette et ne fit plus de guérisons. Les démons avouèrent aux prêtres de ce faux dieu que la faute en était à Barthélemy, et leur donnèrent son signalement; mais l’Apôtre se fit assez connaître par ses miracles; il délivra du démon la fille du roi, et fit faire à l’idole, en présence d’une foule immense, l’aveu public de ses fourberies; après quoi le démon s’éloigna en grinçant des dents. Une merveille si éclatante convertit le roi et une multitude de personnes; la famille royale et douze villes du royaume reçurent bientôt le baptême.

Le démon résolut de se venger; l’Apôtre fut saisi par le frère du roi et condamné à être écorché vif. Les bourreaux inhumains s’armèrent de couteaux et de pierres tranchantes et écorchèrent la victime de la tête aux pieds; de telle sorte que, n’ayant plus de peau, son corps montrait une chair sanglante percée de ses os. Il eut ensuite la tête tranchée. Le corps écorché et la peau sanglante de l’Apôtre furent enterrés à Albane, en la haute Arménie; il s’y opéra tant de miracles, que les païens furieux, enfermèrent le corps du bienheureux dans un cercueil de plomb et le jetèrent à la mer. Mais le cercueil, flottant sur l’onde, vint heureusement à l’île de Lipari, près de la Sicile.

Plus tard, les Sarrasins s’emparèrent de cette île et dispersèrent les saintes reliques; mais un moine reçut, dans une vision, l’ordre de recueillir les ossements de l’Apôtre. Le corps de saint Barthélemy est aujourd’hui à Rome, son chef à Toulouse.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.

Saint Bernard de Clairvaux, 20 août memoire liturgique

20 août, 2009

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http://nominis.cef.fr/

Saint Bernard de Clairvaux

Abbé, Docteur de l’Eglise (+ 1153)

A quoi pouvait rêver dans l’éclat de sa jeunesse le fils de Tescelin, chevalier du duc de Bourgogne, et de dame Aleth de Montbard, si bonne chrétienne? de chasses ou de tournois? de chants de guerre ou de galantes conquêtes? En tous cas, certainement pas de vie monastique comme il en fera le choix à l’âge de vingt-trois ans. D’autant qu’il entraînait avec lui une trentaine de jeunes en quête d’absolu… Dès 1115, après trois années de vie monastique à Citeaux, Bernard est envoyé à Clairvaux pour y fonder l’abbaye dont il restera père-abbé jusqu’à sa mort. Mais loin de rester cloîtré il parcourt les routes d’Europe devenant, comme on a pu l’écrire, «la conscience de l’Eglise de son temps». Il vient plusieurs fois à Paris, à Saint Pierre de Montmartre, à la chapelle du Martyrium, à la chapelle Saint Aignan où il vient prier souvent devant la statue de la Vierge qui se trouve maintenant à Notre-Dame de Paris. Sa correspondance abondante avec des princes, des frères moines ou des jeunes gens qui requièrent son conseil ne l’empêche pas de se consacrer à la contemplation tout autant qu’à l’action directe dans la société de son temps. Infatigable fondateur, on le voit sur sa mule, traînant sur les routes d’Europe sa santé délabrée et son enthousiasme spirituel. Sa réforme monastique l’oppose à l’Ordre de Cluny dont il jugeait l’interprétation de la règle de saint Benoît trop accommodante. A sa mort, en 1153, ce sont trois cent quarante-trois abbayes cisterciennes qui auront surgi du sol européen.

12 août – Sainte Jeanne de Chantal

12 août, 2009

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http://missel.free.fr/Sanctoral/08/12.php

12 août – Sainte Jeanne de Chantal

Biographie et l’oraison

Jeanne Françoise Frémyot naquit à Dijon le 23 janvier 1572. Orpheline de mère à dix-huit mois, elle reçut de son père, second Président au Parlement de Bourgogne, une éducation forte et brillante, profondément chrétienne. « Dès son jeûne âge l’on remarqua en elle des indices particuliers de la grâce divine, et entre autres une modestie fort majestueuse et une aversion si incomparable aux hérétiques, que si quelqu’un d’eux la voulait toucher ou porter entre ses bras, elle ne cessait de crier qu’il ne l’eût posée. Elle apprenait avec une grande souplesse et vivacité d’esprit tout ce qu’on lui enseignait, et on l’instruisait de tout ce qui est convenable à une demoiselle de sa condition et de son bon esprit : à lire, écrire, danser, sonner des instruments, chanter en musique, faire des ouvrages… »1

Le 29 décembre 1592, elle épousa Christophe II de Rabutin, baron de Chantal. « Ce fut un des plus accomplis mariages qui aient été vus, l’un et l’autre partis étant parfaitement doués de corps et d’esprit, des plus aimables qualités, recommandables en la noblesse. Quant à notre bienheureuse Mère, elle était de riche taille, d’un port généreux et majestueux, sa face ornée de grâces et d’une beauté naturelle fort attrayantes sans artifice et sans mollesse ; son humeur vive et gaie, son esprit clair, prompt et net, son jugement solide ; il n’y avait rien en elle de changeant ni de léger. Bref, elle était telle qu’on la surnomma la dame parfaite… Elle ne portait que du camelot et de l’étamine, et cela avec tant de propreté, de grâce et de bienséance, qu’elle paraissait cent fois plus que plusieurs autres qui ruinent leurs maisons, pour porter des affiquets… Cette femme diligente fut une couronne à son mari Le cœur duquel se fiant en elle entreprit avec joie et générosité de régler sa maison.2 »

Pendant neuf ans ils vécurent un très grand bonheur au château de Bourbilly, jusqu’à ce jour de 1601 où Monsieur de Chantal mourut des suites d’un accident de chasse. Jeanne se retrouva seule, à vingt-huit ans, avec quatre jeunes enfants3. Sa douleur était immense. Un événement décisif orienta toute sa vie : la rencontre, en 1604, de saint François de Sales venu prêcher le carême à Dijon où le président de Frémyot avait invité sa fille. « Elle faisait mettre son siège à l’opposite de la chaire du prédicateur pour le voir et ouïr plus à souhait. Le saint prélat, de son côté, bien qu’attentif à son discours, remarquait cette veuve par-dessus toutes les autres dames4. »  Le frère de la baronne de Chantal qui était archevêque de Bourges5, la présenta à François de Sales ; ce fut le point de départ d’un ardent amour de Dieu et d’un dépouillement radical qui la conduiront à une haute union à Dieu. Entre Jeanne de Chantal et François de Sales se noua une profonde relation, faite d’une totale et affectueuse confiance mutuelle. Elle ne tarda pas à lui confier son désir d’être toute à Dieu. Mais ses responsabilités familiales la retenaient.

Peu à peu, cependant, les obstacles tombèrent6 ; en 1610, elle quitta Dijon pour aller inaugurer à Annecy une nouvelle forme de vie religieuse dont François de Sales était le fondateur : la Visitation. Un double aspect caractérisait le jeune institut : une vie de prière intense et le service des malades. Fait unique à l’époque : ces religieuses n’étaient pas cloîtrées, ce qui fit l’étonnement des malveillants. En 1619, François de Sales dut supprimer la visite aux malades, et la Visitation devint un ordre cloîtré.

1617 fut pour Jeanne de Chantal une année d’épreuves : son gendre mourut à Turin (23 mai), suivi de Marie-Aimée, après un accouchement prématuré (16 septembre). Sur son lit de mort, Marie-Aimée prit l’habit de la Visitation et prononça ses vœux entre les mains de saint François de Sales. La Mère de Chantal, qui avait commencé à souffrir de maux étranges dès 1610 et avait été de nouveau malade en 1615 et 1616, se vit à toute extrémité à la fin de 1617 ; elle guérit à la suite d’un vœu à saint Charles Borromée. Une fois remise, elle partit fonder une Visitation à Grenoble (8 avril 1618), préparée par les prédications de l’évêque de Genève. A l’automne, elle commence un voyage de quatre ans loin d’Annecy. Après la fondation du monastère de Bourges (15 novembre), François de Sales l’appela à Paris où elle resta du 7 avril 1619 au 21 février 1622, s’occupant des débuts de la nouvelle Visitation (l° mai 1619), négociant le mariage de sa fille Françoise avec Antoine de Toulongeon, surveillant les fondations de Montferrand (7 juin 1620), de Nevers (21 juillet), d’Orléans (9 septembre), de Valence (8 juin 1621). Après quelques jours passés à Maubuisson avec Angélique Arnauld et un pèlerinage au tombeau de Marie de l’Incarnation au carmel de Pontoise, elle partit pour la fondation de Dijon (8 mai 1622), par Orléans, Bourges, Nevers et Moulins. Fin octobre, elle était à Lyon où François de Sales lui commanda d’aller visiter les monastères de Montferrand et de Saint-Etienne (établi le 1° octobre). Le 11 décembre, à Lyon, eut lieu le dernier entretien des deux fondateurs, et la Mère repartit aussitôt visiter d’autres monastères. Elle n’apprit la mort de son père spirituel, survenue le 28 décembre 1622, que le 6 janvier 1623 à Belley d’où elle rentra à Annecy pour s’occuper du corps de François de Sales et de ses funérailles.

Désormais Jeanne de Chantal gouverna seule les treize monastères de la Visitation où les vocations affluaient. Elle se démit de son supériorat après l’Ascension 1623 et n’accepta d’être réélue que pour trois ans. Désirant se plier en tout à la Règle comme la plus humble des religieuses, elle ne voulut jamais du titre de mère générale, reprenant après chaque déposition le dernier rang. Cependant son influence spirituelle et morale était immense et incontestée. Rien ne se décidait sans elle. Elle fonda les Visitations de Chambéry (14 janvier 1624), d’Evian (6 août 1625), de Rumilly (29 septembre) et de Pont-à-Mousson (6 mai 1626). En 1627, elle eut la joie de l’ouverture du procès de béatification de François de Sales, et la peine de la mort de Celse-Bénigne, tué au combat de l’Ile de Ré (22 juillet)7. A l’automne 1627, elle fonda la Visitation de Cremieu (21 septembre) et visita les monastères de Paris, d’Orléans et d’Auvergne. En 1634, elle fonda une seconde maison à Annecy pour accueillir l’afflux des postulantes. En juin 1635, pour conférer de l’avenir de son ordre avec les évêques réunis à l’Assemblée du clergé de France, elle gagna Paris où elle passa l’hiver.

Chaque monastère étant placé directement sous l’autorité de l’évêque du diocèse, des amis de la Visitation s’inquiétèrent des moyens de maintenir, dans l’avenir, l’union et l’uniformité entre tant de maisons. A l’occasion de l’Assemblée du clergé, en 1635, se tint une réunion de quelques évêques, avec saint Vincent de Paul, supérieur des Visitations de Paris8, et le commandeur de Sillery9. Appelée à donner son avis, la Mère de Chantal fit nettement comprendre que la volonté formelle du fondateur avait été de laisser les monastères sous l’autorité des évêques, sans supérieure générale, et d’établir « non un moyen d’union d’autorité, mais de charité » entre eux et avec le premier monastère d’Annecy, « estant le dépositaire principal de l’esprit de l’Institut, et de la tradition du sens de la Règle, et des statuts, pour avoir esté réglé et formé par le Fondateur10. » Les prélats se rangèrent à cet avis et approuvèrent le Coutumier avec les additions proposées.

Le problème des moyens d’union entre les monastères ne se régla pas si facilement que semble le dire la préface du Coutumier de 1637. Peu après, en effet, Octave de Bellegarde11 (archevêque de Sens), Vincent de Paul et le commandeur de Sillery proposèrent de demander l’établissement d’un visiteur apostolique. La Mère de Chantal en sentait l’opportunité, d’autant plus que Rome avait failli l’imposer d’office, en 1637, à la suite de rapports faits par des jésuites contre l’ordre pour accuser les supérieures et maîtresses des novices de gêner la libre communication des sœurs avec les confesseurs. De plus, c’était une idée de François de Sales mais, selon lui, le visiteur ne devait agir que par l’autorité des évêques afin de ne pas porter atteinte à leurs prérogatives. La Mère de Chantal maintint fortement cette position et se trouva ainsi en désaccord sur ce point avec Vincent de Paul qui désirait des pouvoirs étendus pour le visiteur. Jeanne de Chantal ne voulait que mettre en œuvre les intentions du fondateur, mais il fallut bien interpréter et compléter pour faire face à des situations nouvelles. Elle le fit avec sa personnalité profondément originale, son bon sens pratique et sa profonde connaissance de la psychologie féminine. Il ne fut plus jamais question de visiteur apostolique.

Au printemps 1636, elle reprit la route pour Troyes, Marseille et Montpellier. A l’automne 1638, elle fonda la Visitation de Turin (21 novembre). Le 11 avril 1641, elle se démit de sa charge de supérieure avec l’intention de ne plus jamais la reprendre. Recrue d’épreuves et de deuils, elle aspirait au repos. Or la duchesse de Montmorency12 voulut prendre le voile à la Visitation de Moulins des mains de son amie la Mère de Chantal qui se mit en route le 28 juillet. En août, elle était à Moulins où Anne d’Autriche13 lui envoya une litière pour la conduire à Saint-Germain-en-Laye où elle désirait s’entretenir avec elle. De Paris, elle regagna Moulins où, en arrivant, elle dut s’aliter (8 décembre). Jeanne de Chantal mourut paisiblement, le 13 décembre 1641, après avoir dicté ses dernières recommandations à ses filles de la Visitation. Elle laissait l’ordre solidement établi avec quatre-vingt-sept monastères. Son corps fut ramené à Annecy (30 décembre) et inhumé dans l’église de la Visitation. la Mère Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal fut béatifiée par Benoît XIV le 21 novembre 1751. Le procès de béatification n’avait commencé qu’en 1722 et les du procès avait été retardée par plusieurs difficultés D’une part, une fausse interprétation du décret d’Urbain VIII avait fait négliger de recueillir dans les formes les dépositions des témoins quand il en était encore temps ; d’autre part, les réaction anti-mystique et antijanséniste, qui sévissait dans les milieux romains, la soupçonnait de quiétisme et de sympathies jansénistes. Elle fut canonisée par Clément XIII le 16 juillet 1767.

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1 Mère Françoise-Madeleine de Chaugy : Mémoire sur la vie et les vertus de Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal.

2 Mère Françoise-Madeleine de Chaugy : Mémoire sur la vie et les vertus de Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal.

3 Ils eurent six enfants dont deux fils moururent en bas âge. Il res­ta Celse-Bénigne (né en 1596, le père de la marquise de Sévi­gné), Marie-Aimée (née en 1598), Françoise (née en 1599) et Charlotte (née en 1601, quinze jours avant la mort de son père).

4 Mère Françoise-Madeleine de Chaugy : Mémoire sur la vie et les vertus de Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal.

5 André Frémyot, né à Dijon le 26 août 1573 ; sa naissance coûta la vie à sa mère. Il fit ses études à Paris. Encore sous-diacre  (1602), il fut élu ar­che­vêque Bour­ges (sacré à Saint-Denis-du-Pas de Paris, le 7 dé­cem­­bre 1603). Démissionnaire en 1621, il re­çut en commende les abbayes de Breteuil et de Ferrières et le prieu­ré de Nogent-le-Ro­trou. Ami de François de Sales, il fut un des trois commissaires apostoliques nommés par Urbain VIII pour l’enquête canonique (1627). Il mourut à Paris le 13 mai 1641.

6 Marie-Aimée est mariée à Bernard de Sales, frère de saint François de Sales (13 octobre 1609). Charlotte meurt à la fin de janvier 1610. Celse-Bénigne est confié à son grand-père avant de commencer une carrière à la cour.

7 Celse-Bénigne, de son mariage avec Marie de Coulanges, laissait une petite fille qui deviendra la marquise de Sévigné.

8 Saint Vincent de Paul, à la demande de saint François de Sales, de sainte Jeanne de Chantal et de l’évêque de Paris fut nommé supérieur des trois monastères parisiens de la Visitation depuis leur fondation, charge qu’il garda jusqu’en 1660.

9 Frère du chancelier Nicolas de Sillery, Noël Brûlart de Sillery, destiné dès l’enfance à la vie religieuse, fut reçu dans l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem (1596) et, au retour de Malte, il reçut la commanderie de Troyes (1600). Appelé par son frère à la Cour, il eut la faveur d’Henri IV et de Marie de Médicis dont il devint le premier écuyer puis le chevalier d’honneur. Il effectua des ambassades en Espagne et à Rome, où « en quittant cette capitale du monde chrétien, il emporta le nom d’ambassadeur aussi dévot que magnifique. » En 1624, à la disgrâce de son frère il renonça à la vie publique. A l’occasion d’un jubilé, il rencontra Vincent de Paul auquel il fit une confession générale et sous la direction duquel il se plaça. C’est sans doute sur ses conseils qu’il se rendit à la Visitation du faubourg Saint-Jacques, mais ce fut un échec : « Quoy qu’il remarqua beaucoup de perfection, et toute la vertu qu’il pouvoit souhaiter à la supérieure et aux religieuses qu’il vit, ce n’estoit point cependant ce qu’il cherchoit pour s’y attacher. » Il vint pour la première fois au monastère de la rue Saint-Antoine, le 28 décembre 1630, pour entendre un panégyrique de François de Sales par le curé de Saint-Jean-en-Grève. Hélène-Angelique Lhuillier, la supérieure, lui consacra par la suite de nombreuses heures d’entretien et entreprit de travailler à son édification spirituelle comme de lutter contre son amour de la gloire et des richesses. Lorsqu’il se fit prêtre en 1634, il choisit de dire sa première messe (13 avril) dans la modeste chapelle de la rue Saint-Antoine. Pour s’associer davantage aux prières des visitandines, le commandeur vint s’établir définitivement dans l’hô­tel du Petit-Bourbon où il vécut jusqu’à sa mort. Parmi ses bienfaits à l’égard de la Visitation, l’histoire a surtout retenu la construction de l’église de la rue Saint-Antoine, mais sa gé­né­ro­sité alla aussi à d’autres maisons de l’ordre. Il mourut à Pa­ris le 26 septembre 1640 et fut inhumé au monastère de la Visitation.

10 Préface du Coutumier de 1637.

11 Octave de Saint-Lary de Bellegarde naquit à Brouage en Péri­gord, en juillet 1587, quelques mois avant que son père (César, duc de Bel­le­garde et gouverneur de Saintonge) ne mourut de bles­sures reçues à la bataille de Coutras. Il étudia à Bordeaux et à Toulouse puis à la Sorbonne (1606). Destiné à l’état ecclésias­ti­que, il fut pourvu de bonne heure de bénéfices (les abbayes de Saint-Mélaine de Rennes, et de Nisors, la domerie de Notre-Darne d’Aubrat). Son oncle lui céda l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre où il fit profession. Aumônier ordinaire d’Henri IV (1607), abbé de Pothières (1610), il fut nommé évêque de Couserans en 1612. Le 14 novembre 1621, il était appelé à l’archevêché de Sens. Pendant un quart de siècle, tout à sa mission de chef de diocèse, il veilla avec un dévouement absolu aux intérêts spirituels et temporels de son Église. Plein de sollicitude pour l’observation des lois canoniques et pour la restauration de la discipline, il laissa la réputation d’ardente piété et d’une grande douceur. Il installa les visitandines à Provins, à Montargis et à Melun. Il mourut dans sa maison de Montreuil (près de Paris) le 26 juillet 1646. Il couronnait une vie toute de dignité et de zèle par un testament laissant tout ce qu’il possédait aux pauvres et à son Eglise. Son corps, rapporté à Sens, fut inhumé dans le sanctuaire de sa cathédrale.

12 La princesse Marie-Félicité des Ursin avait épousé en 1615 Henri II, duc de Montmorency et d’Amville, pair de France, premier baron, amiral et maréchal de France, gouverneur du Languedoc. Révolté contre Louis XIII et le  cardinal de Richelieu, le duc fut battu à Castelnaudary ; pris et jugé, il fut décapité à Toulouse (1632). Après l’exécution de son époux, la duchesse de Montmorency fut assignée à résidence à Moulins où elle fit construire une église pour les religieuses de la Visitation dans laquelle elle fit élever le mausolée de son mari. Elle prit le voile et fut supérieure du monastère. Elle mourut en 1666.

13 La Reine, habituée de la Visitation du faubourg Saint-Jacques, avait favorisé la fondation de la Visitation de Saint-Denis (1638) ; plus tard (1648) elle mit sous sa protection la fondation de la Visitation de Compiègne.

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Acte d’abandon

O bonté souveraine de la souveraine providence de mon Dieu, je me délaisse pour jamais entre vos bras ; soit que vous me soyez douce ou rigoureuse, menez-moi désormais par où il vous plaira. Je ne regarderai point les chemins par où vous me ferez passer, mais vous, ô mon Dieu, qui me conduisez ; mon cœur ne trouve point de repos hors des bras et du sein de cette céleste Providence, ma vraie mère, ma force et mon rempart ; c’est pourquoi je me résous moyennant votre aide divine, ô mon Sauveur, de suivre vos désirs et ordonnances sans jamais regarder où éplucher les causes pourquoi vous faites ceci plutôt que cela, mais à yeux clos je vous suivrai selon vos volontés divines sans rechercher mon propre goût ; c’est à quoi je me détermine de laisser tout faire à Dieu, ne me mêlant que de me tenir en repos entre ses bras, sans désirer chose quelconque, que selon qu’il m’incitera à désirer, à vouloir et à souhaiter.

Je vous offre ce désir, ô mon Dieu, vous suppliant de le bénir, entreprenant le tout appuyé sur votre bonté, libéralité et miséricorde, en la totale confiance en vous et défiance de moi et de mon infinie misère et infirmité.

Amen

Sainte Jeanne de Chantal

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Il y a trois façons de faire oraison

La première se fait en nous servant de l’imagination, nous représentant le divin Jésus en la crèche, entre les bras de sa sainte Mère  et du grand saint Joseph ; le regardant entre un bœuf et un âne ; puis voir comme sa divine Mère l’expose dans la crèche, puis comme elle le reprend pour lui donner son lait virginal et nourrir ce Fils qui est son créateur et son Dieu. Mais il ne faut pas se bander l’esprit à vouloir, sur tout ceci, faire des imaginations particulières, nous voulant figurer comme ce sacré Poupon avait les yeux et comme sa bouche était faite ; mais nous représenter tout simplement le mystère. Cette façon de méditer est bonne pour celles [ les personnes ] qui ont encore l’esprit des pensées du monde, afin que l’imagination, étant remplie de ces objets, rechasse toute autre pensée.

La deuxième façon, c’est de nous servir de la considération, nous représentant les vertus que Notre-Seigneur a pratiquées : son humilité, sa patience, sa douceur, sa charité à l’endroit de ses ennemis, et ainsi des autres. En ces considérations, notre volonté se sentira tout émue en Dieu et produira de fortes affections, desquelles nous devons tirer des résolutions pour la pratique de chaque jour, tâchant toujours de battre sur les passions et inclinations par lesquelles nous sommes les plus sujettes à faillir.

La troisième façon, c’est de nous tenir simplement en la présence de Dieu, le regardant des yeux de la foi en quelque mystère, nous entretenant avec lui par des paroles pleines de confiance, cœur à cœur, mais si secrètement, comme si nous ne voulions pas que notre bon ange le sût. Lorsque vous vous trouverez sèche, qu’il vous semblera que vous ne pourrez pas dire une seule parole, ne laissez pas de lui parler, et dites : Seigneur, je suis une pauvre terre sèche, sans eau ; donnez à ce pauvre cœur votre grâce. Puis demeurez en respect en sa présence, sans jamais vous troubler ni inquiéter pour aucune sécheresse qui puisse arriver. Cette manière d’oraison est plus sujette à distractions que celle de la considération, et, si nous nous rendons bien fidèles, Notre-Seigneur donnera celle de l’union de notre âme avec lui. Que chacune suive le chemin auquel elle est attirée.

Ces trois sortes d’oraison sont très bonnes : que donc celles qui sont attirées à l’imagination la suivent, et de même celles qui le sont à la considération et à la simplicité de la présence de Dieu ; mais, néanmoins, pour cette troisième sorte, il faut bien se garder de s’y porter de soi-même, si Dieu ne nous y attire.

Ste Jeanne de Chantal

SAINTE CLAIRE D’ASSISE, 11 AOÛT

10 août, 2009

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SAINTE CLAIRE D’ASSISE

Vierge et Fondatrice d’Ordre

(1194-1253)

Sainte Claire naquit à Assise, en Italie. Dès son enfance, on put admirer en elle un vif attrait pour la retraite, l’oraison, le mépris du monde, l’amour des pauvres et de la souffrance; sous ses habits précieux, elle portait un cilice.

A l’âge de seize ans, fortement émue de la vie si sainte de François d’Assise, elle va lui confier son désir de se donner toute à Dieu. Le Saint la pénètre des flammes du divin amour, accepte de diriger sa vie, mais il exige des actes: Claire devra, revêtue d’un sac, parcourir la ville en mendiant son pain de porte en porte. Elle accomplit de grand coeur cet acte humiliant, et, peu de jours après, quitte les livrées du siècle, reçoit de François une rude tunique avec une corde pour lui ceindre les reins, et un voile grossier sur sa tête dépouillée de ses beaux cheveux.

Elle triomphe de la résistance de sa famille. Quelques jours après, sa soeur Agnès la supplie de l’agréer en sa compagnie, ce que Claire accepte avec joie, en rendant grâce au Ciel. « Morte ou vive, qu’on me ramène Agnès! » s’écria le père, furieux à cette nouvelle; mais Dieu fut le plus fort, et Agnès meurtrie, épuisée, put demeurer avec sa soeur. Leur mère, après la mort de son mari, et une de leurs soeurs, vinrent les rejoindre.

La communauté fut bientôt nombreuse et florissante; on y vit pratiquer, sous la direction de sainte Claire, devenue, quoique jeune, une parfaite maîtresse de vie spirituelle, une pauvreté admirable, un détachement absolu, une obéissance sublime: l’amour de Dieu était l’âme de toutes ses vertus.

Claire dépassait toutes ses soeurs par sa mortification; sa tunique était la plus rude, son cilice le plus terrible à la chair; des herbes sèches assaisonnées de cendre formaient sa nourriture; pendant le Carême, elle ne prenait que du pain et de l’eau, trois fois la semaine seulement. Longtemps elle coucha sur la terre nue, ayant un morceau de bois pour oreiller.

Claire, supérieure, se regardait comme la dernière du couvent, éveillait ses soeurs, sonnait matines, allumait les lampes, balayait le monastère. Elle voulait qu’on vécût dans le couvent au jour le jour, sans fonds de terre, sans pensions et dans une clôture perpétuelle.

Claire est célèbre par l’expulsion des Sarrasins, qui, après avoir pillé la ville, voulaient piller le couvent. Elle pria Dieu, et une voix du Ciel cria: « Je vous ai gardées et Je vous garderai toujours. » Claire, malade, se fit transporter à la porte du monastère, et, le ciboire en main, mit en fuite les ennemis. Sa mort arriva le 12 août 1253.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.

SAINT DOMINIQUE – (8/août, m)

8 août, 2009

du site:

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SAINT DOMINIQUE – (8/août, m)
Fondateur d’Ordre
(1170-1221)

         Saint Dominique de Guzman naquit dans la Vieille-Castille. Sa mère, avant sa naissance, eut une vision étrange; il lui sembla voir l’enfant qu’elle allait mettre bientôt au monde sous la forme d’un petit chien tenant un flambeau dans sa gueule et prêt à répandre le feu sur la terre. Son enfance fut marquée par plusieurs autres présages merveilleux.

         Jeune étudiant, il vivait déjà comme un saint. Il avait chaque jour ses heures fixées pour la prière, et souvent il était ravi en Dieu. Il jeûnait presque toujours, ne buvait jamais de vin, dormait fort peu et n’avait d’autre lit que le plancher de sa chambre. Un jour, ayant tout donné, il dit à une femme qui lui demandait de l’argent pour racheter son frère captif: « Je n’ai ni or ni argent; mais prenez-moi et offrez-moi aux Maures en échange de votre frère. » La proposition héroïque ne fut pas acceptée, mais Dominique en eut le mérite. Dans une maladie très grave, causée par son travail et ses austérités, il fut guéri soudain par l’apparition de saint Jacques le Majeur.

         Dominique, ayant dû venir en France avec son évêque, fut profondément touché du triste état auquel l’hérésie avait réduit les provinces du Midi et résolut de travailler dans ce pays au triomphe de la foi. Sentant son insuffisance pour évangéliser seul de si vastes contrées, il appela à son secours des missionnaires pleins de zèle, dont il fit plus tard les premiers religieux de son Ordre. C’est à cette époque que la Sainte Vierge lui apparut et lui enseigna définitivement, en lui ordonnant de la répandre, la dévotion du Rosaire, qui fut bientôt le plus terrible fléau de l’hérésie.

         Parmi les miracles quotidiens que Dieu opérait en sa faveur, on rapporte que, dans ses voyages, la pluie tombait souvent autour de lui sans l’atteindre; qu’un jour, son sac et ses livres, étant tombés dans une rivière, furent repêchés plusieurs jours après, sans qu’on y vît aucune trace d’eau. Dominique fit le voyage de Rome pour obtenir l’approbation de l’Ordre des Frères-Prêcheurs. C’est là qu’il rencontra saint François d’Assise, et que ces deux grands Saints de l’époque, qui étaient venus ensemble à Rome dans le même but, se reconnurent pour s’être vus en songe, s’embrassèrent comme deux frères et lièrent une amitié profonde qui dura jusqu’à la mort. Dominique opérait une multitude de miracles, ressuscitait les morts, et se disait: « le plus grand pécheur de l’univers ».

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