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BENOÎT XVI : DIEU RÉVÈLE SON « DESSEIN BIENVEILLANT » (SAINT PAUL)

17 février, 2014

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20121205_fr.html  

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 5 décembre 2012 

L’ANNÉE DE LA FOI. DIEU RÉVÈLE SON « DESSEIN BIENVEILLANT » (SAINT PAUL)

Chers frères et sœurs,

Au début de sa lettre aux chrétiens d’Ephèse (cf. 1, 3-4), l’apôtre Paul élève une prière de bénédiction à Dieu, Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous introduit à vivre le temps de l’Avent, dans le cadre de l’Année de la foi. Le thème de cet hymne de louange est le projet de Dieu à l’égard de l’homme, défini à travers des termes pleins de joie, d’émerveillement et d’action de grâce, comme un « dessein bienveillant » (v. 9), de miséricorde et d’amour. Pourquoi l’apôtre élève-t-il à Dieu, du plus profond de son cœur, cette bénédiction ? Parce qu’il contemple son action dans l’histoire du salut, qui a culminé dans l’incarnation, la mort et la résurrection de Jésus et il voit que le Père céleste nous a choisis avant même la création du monde, pour être ses fils adoptifs, dans son Fils unique, Jésus Christ (cf. Rm 8, 14s ; Ga 4, 4s). Nous existons, dès l’éternité, dans l’esprit de Dieu, dans un grand projet que Dieu a conservé en lui et qu’il a décidé de réaliser et de révéler « quand les temps seraient accomplis » (cf. Ep 1, 10). Saint Paul nous fait donc comprendre que toute la création et, en particulier, l’homme et la femme, ne sont pas le fruit du hasard, mais répondent à un dessein bienveillant de la raison éternelle de Dieu qui, en vertu de la puissance créatrice et rédemptrice de sa Parole, donne origine au monde. Cette première affirmation nous rappelle que notre vocation n’est pas simplement d’exister dans le monde, d’être insérés dans une histoire, ni même d’être uniquement des créatures de Dieu ; c’est quelque chose de beaucoup plus grand : c’est être choisis par Dieu, avant même la création du monde, dans le Fils, Jésus Christ. En Lui, donc, nous existons déjà, pour ainsi dire, depuis toujours. Dieu nous contemple dans le Christ, comme des fils adoptifs. Le « dessein bienveillant » de Dieu, qui est qualifié par l’apôtre également de « dessein d’amour » (Ep 1, 5) est défini comme le « mystère » de la volonté divine (v. 9), caché et à présent manifesté dans la Personne et dans l’œuvre du Christ. L’initiative divine précède toute réponse humaine : c’est un don gratuit de son amour qui nous enveloppe et nous transforme.

Mais quel est l’objectif ultime de ce dessein mystérieux ? Quel est le centre de la volonté de Dieu ? C’est celui — nous dit saint Paul — « de ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ » (v. 10). Dans cette expression, nous trouvons l’une des formulations centrales du Nouveau Testament qui nous font comprendre le dessein de Dieu, son projet d’amour à l’égard de l’humanité tout entière, une formulation que, au siècle dernier, saint Irénée de Lyon plaça au centre de sa christologie : « récapituler » toute la réalité dans le Christ. Certains de vous se souviennent peut-être de la formule utilisée par le Pape saint Pie x pour la consécration du monde au Sacré Cœur de Jésus : « Instaurare omnia in Christo », formule qui rappelle cette expression de saint Paul et qui était également la devise de ce saint Pape. Mais l’apôtre parle plus précisément de récapituler l’univers dans le Christ, et cela signifie que, dans le grand dessein de la création et de l’histoire, le Christ s’élève comme centre du chemin tout entier du monde, axe porteur de tout, qui attire à Lui la réalité tout entière, pour surmonter la dispersion et la limite et conduire tout à la plénitude voulue par Dieu (cf. Ep 1, 23). Ce « dessein bienveillant » n’est pas resté, pour ainsi dire, dans le silence de Dieu, dans les sommets de son Ciel, mais Il l’a fait connaître en entrant en relation avec l’homme, à qui il n’a pas seulement révélé quelque chose, mais Lui-même. Il n’a pas simplement communiqué un ensemble de vérités, mais il s’est auto-communiqué à nous, jusqu’à être l’un de nous, à s’incarner. Le Concile œcuménique Vatican ii, dans la Constitution dogmatique Dei Verbum dit : « Il a plu à Dieu dans sa bonté et sa sagesse de se révéler en personne [pas seulement quelque chose de lui-même, mais lui-même] et de faire connaître le mystère de sa volonté grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine » (n. 2). Dieu dit non seulement quelque chose, mais Il se communique, il nous attire dans la nature divine si bien que nous sommes introduits en elle, divinisés. Dieu révèle son grand dessein d’amour en entrant en relation avec l’homme, en s’approchant de lui au point de se faire Lui-même homme. Le Concile poursuit : « Le Dieu invisible (cf. Col 1, 15 ; 1 Tm 1, 17) s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis (cf. Ex 33, 11 ; Jn 15, 14-15), il s’entretient avec eux (cf. Ba 3, 28) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie » (ibid.). Par sa seule intelligence et ses capacités, l’homme n’aurait pas pu atteindre cette révélation aussi lumineuse de l’amour de Dieu; c’est Dieu qui a ouvert son Ciel et qui s’est abaissé pour guider l’homme dans l’abîme de son amour. Saint Paul écrit également aux chrétiens de Corinthe : « Mais ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu. Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, a révélé cette sagesse. Car l’Esprit voit le fond de toutes choses, et même les profondeurs de Dieu » (1 Co 2, 9-10). Et saint Jean Chrysostome, dans une page célèbre qui commente le début de la Lettre aux Éphésiens, invite à goûter toute la beauté de ce « dessein bienveillant » de Dieu révélé dans le Christ, par ces mots : « Qu’est-ce qui te manque ? Tu es devenu immortel, tu es devenu libre, tu es devenu fils, tu es devenu juste, tu es devenu frère, tu es devenu cohéritier, tu règnes avec le Christ, tu es glorifié avec le Christ. Tout nous a été donné et — comme il est écrit — “comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ?” (Rm 8, 32). Tes prémisses (cf. 1 Co 15, 20.23) sont adorées par les anges [...] : qu’est-ce qu’il te manque ? » (pg 62, 11).

Cette communion dans le Christ par l’œuvre de l’Esprit Saint, offerte par Dieu à tous les hommes avec la lumière de la Révélation, n’est pas quelque chose qui vient se superposer à notre humanité, mais elle est l’accomplissement des aspirations les plus profondes, de ce désir de l’infini et de plénitude qui demeure au plus profond de l’être humain, et l’ouvre à un bonheur qui n’est pas momentané et limité, mais éternel. Saint Bonaventure de Bagnoregio, en se référant à Dieu qui se révèle et nous parle à travers les Écritures pour nous conduire à Lui, affirme ce qui suit : « L’Écriture Sainte est [...] le livre dans lequel sont écrites les paroles de vie éternelle car, non seulement nous croyons, mais nous possédons aussi la vie éternelle, dans laquelle nous verrons, nous aimerons et seront réalisés tous nos désirs » (Breviloqum, Prol. ; Opera Omnia v, 201s). Enfin, le bienheureux Pape Jean-Paul II rappelait que « la Révélation introduit dans l’histoire un point de repère que l’homme ne peut ignorer s’il veut arriver à comprendre le mystère de son existence ; mais, d’autre part, cette connaissance renvoie constamment au mystère de Dieu que l’esprit ne peut explorer à fond mais seulement recevoir et accueillir dans la foi ». (Enc. Fides et ratio, n. 14). Dans cette perspective, qu’est-ce donc que l’acte de la foi ? C’est la réponse de l’homme à la Révélation de Dieu, qui se fait connaître, qui manifeste son dessein bienveillant ; c’est, pour utiliser une expression augustinienne, se laisser emporter par la Vérité qui est Dieu, une Vérité qui est Amour. C’est pourquoi saint Paul souligne qu’à Dieu, qui a révélé son mystère, est due « l’obéissance de la foi » (Rm 16, 26 ; cf. 1, 5 ; 2 Co 10, 5-6), l’attitude par laquelle « l’homme s’en remet tout entier et librement à Dieu dans un complet hommage d’intelligence et de volonté à Dieu qui révèle et dans un assentiment volontaire à la révélation qu’il fait » (Const. dogm. Dei Verbum, n. 5). Tout cela conduit à un changement fondamental de la manière de se rapporter à la réalité tout entière ; tout apparaît sous une lumière nouvelle, il s’agit donc d’une véritable « conversion », la foi est un « changement de mentalité », parce que le Dieu qui s’est révélé dans le Christ et a fait connaître son dessein d’amour, nous emporte, nous attire à Lui, devient le sens qui soutient la vie, le roc sur lequel celle-ci peut trouver une stabilité. Dans l’Ancien Testament nous trouvons une riche expression sur la foi, que Dieu confie au prophète Isaïe afin qu’il la communique au roi de Juda, Achaz. Dieu affirme : « Si vous ne croyez pas — c’est-à-dire si vous ne restez pas fidèles à Dieu —, vous ne vous maintiendrez pas » (Is 7, 9b). Il existe donc un lien entre le fait d’être et celui de comprendre, qui exprime bien que la foi signifie accueillir dans sa propre vie la vision de Dieu sur la réalité, laisser Dieu nous guider avec sa Parole et les sacrements pour comprendre ce que nous devons faire, quel est le chemin que nous devons parcourir, comment vivre. Dans le même temps, toutefois, c’est précisément comprendre selon Dieu, voir avec ses yeux qui rend la vie solide, qui nous permet de « rester debout », de ne pas tomber. Chers amis, l’Avent, le temps liturgique que nous venons de commencer et qui nous prépare à Noël, nous place face au lumineux mystère de la venue du Fils de Dieu, au grand « dessein bienveillant » par lequel il veut nous attirer à Lui, pour nous faire vivre en pleine communion de joie et de paix avec Lui. L’Avent nous invite encore une fois, au milieu de tant de difficultés, à renouveler la certitude que Dieu est présent : Il est entré dans le monde, en se faisant homme comme nous pour conduire à sa plénitude son dessein d’amour. Et Dieu demande que nous aussi devenions signe de son action dans le monde. À travers notre foi, notre espérance, notre charité, Il veut entrer dans le monde, toujours à nouveau et veut toujours à nouveau faire resplendir sa lumière dans notre nuit.

 

DEUXIEME LECTURE – 1 CORINTHIENS 2, 6 – 10

14 février, 2014

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

DEUXIEME LECTURE – 1 CORINTHIENS 2, 6 – 10

Frères, 6 c’est bien une sagesse que nous proclamons   devant ceux qui sont adultes dans la foi,   mais ce n’est pas la sagesse de ce monde   La sagesse de ceux qui dominent le monde  et qui déjà se détruisent. 7 Au contraire, nous proclamons la sagesse du mystère de Dieu,   sagesse tenue cachée,  prévue par lui dès avant les siècles,  pour nous donner la gloire. 8 Aucun de ceux qui dominent ce monde ne l’a connue,  car s’ils l’avaient connue,   ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. 9 Mais ce que nous proclamons, c’est comme dit l’Ecriture,  ce que personne n’avait vu de ses yeux   ni entendu de ses oreilles,   ce que le coeur de l’homme n’avait pas imaginé,   ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu. 10 Et c’est à nous que Dieu par l’Esprit,   a révélé cette sagesse.   Car l’Esprit voit le fond de toutes choses,   et même les profondeurs de Dieu. 

Dimanche dernier, la lettre de Paul opposait déjà sagesse humaine et sagesse de Dieu : « Votre foi, disait-il, ne repose pas sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu. » Et il insistait pour dire que le mystère du Christ n’a rien à voir avec nos raisonnements humains : aux yeux des hommes, l’évangile ne peut que passer pour une folie : et sont considérés comme insensés ceux qui misent leur vie dessus. Soit dit en passant, cette insistance sur le mot « sagesse » nous surprend peut-être, mais Paul s’adresse aux Corinthiens, c’est-à-dire à des Grecs pour qui la sagesse est la vertu la plus précieuse.  Aujourd’hui, Paul poursuit dans la même ligne : oui, la proclamation du mystère de Dieu est peut-être une folie aux yeux du monde, mais il s’agit d’une sagesse combien plus haute, la sagesse de Dieu. « C’est bien une sagesse que nous proclamons devant ceux qui sont adultes dans la foi mais ce n’est pas la sagesse de ce monde… Au contraire, nous proclamons la sagesse du mystère de Dieu… »  A nous de choisir, donc : vivre notre vie selon la sagesse du monde, l’esprit du monde, ou selon la sagesse de Dieu. Les deux ont bien l’air totalement contradictoires ! Nous retrouvons là le thème des autres lectures de ce dimanche : la première lecture tirée du livre de Ben Sirac et le psaume 118/119 développaient tous les deux, chacun à sa manière, ce qu’on appelle le thème des deux voies : l’homme est placé au carrefour de deux routes et il est libre de choisir son chemin ; une voie mène à la vie, à la lumière, au bonheur ; l’autre s’enfonce dans la nuit, la mort, et n’offre en définitive que de fausses joies.  « Sagesse tenue cachée » : une des grandes affirmations de la Bible est que l’homme ne peut pas tout comprendre du mystère de la vie et de la Création, et encore moins du mystère de Dieu lui-même. Cette limite fait partie de notre être même.  Voici ce que dit le livre du Deutéronome : « Au SEIGNEUR notre Dieu sont les choses cachées, et les choses révélées sont pour nous et nos fils à jamais, pour que soient mises en pratique toutes les paroles de cette Loi. » (Dt 29, 28). Ce qui veut dire : Dieu connaît toutes choses, mais nous, nous ne connaissons que ce qu’il a bien voulu nous révéler, à commencer par la Loi qui est la clé de tout le reste.  Cela nous renvoie encore une fois au récit du paradis terrestre : le livre de la Genèse raconte que dans le jardin d’Eden, il y avait toute sorte d’arbres « d’aspect attrayant et bon à manger ; et il y avait aussi deux arbres particuliers : l’un, situé au milieu du jardin était l’arbre de vie ; et l’autre à un endroit non précisé s’appelait l’arbre de la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux. Adam avait le droit de prendre du fruit de l’arbre de vie, c’était même recommandé puisque Dieu avait dit « Tu pourras manger de tout arbre du jardin… sauf un ». Seul le fruit de l’arbre de la connaissance était interdit. Manière imagée de dire que l’homme ne peut pas tout connaître et qu’il doit accepter cette limite : « Au SEIGNEUR notre Dieu (sous-entendu et à lui seul) sont les choses cachées » dit le Deutéronome. En revanche, la Torah, la Loi, qui est l’arbre de vie, est confiée à l’homme : pratiquer la Loi, c’est se nourrir jour après jour de ce qui nous fera vivre.

 Je reviens sur cette formule : « Sagesse tenue cachée, prévue par lui dès avant les siècles… ». Paul insiste plusieurs fois dans ses lettres sur le fait que le projet de Dieu est prévu de toute éternité : il n’y a pas eu de changement de programme, si j’ose dire. Parfois nous nous représentons le déroulement du projet de Dieu comme s’il avait dû changer d’avis en fonction de la conduite de l’humanité. Par exemple, nous imaginons que, dans un premier temps, acte 1 si vous voulez, Dieu a créé le monde et que tout était parfait jusqu’au jour où, acte 2, Adam a commis la faute : et alors pour réparer, acte 3, Dieu aurait imaginé d’envoyer son Fils. Contre cette conception, Paul développe dans plusieurs de ses lettres cette idée que le rôle de Jésus-Christ est prévu de toute éternité et que le dessein de Dieu précède toute l’histoire humaine.  Par exemple, je vous rappelle la très belle phrase de la lettre aux Ephésiens : « Dieu nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même pour mener les temps à leur accomplissement, réunir l’univers entier sous un seul chef (une seule tête), le Christ. » (Ep 1, 9-10). Ou bien, dans la lettre aux Romains, Paul dit « J’annonce l’évangile en prêchant Jésus-Christ, selon la Révélation d’un mystère gardé dans le silence durant des temps éternels, mais maintenant manifesté et porté à la connaissance de tous les peuples païens… » (Rm 16, 25-26).  « Pour nous donner la gloire » : la gloire, normalement, c’est un attribut de Dieu et de lui seul. Notre vocation ultime, c’est donc de participer à la gloire de Dieu. Cette expression est, pour Paul, une autre manière de nous dire le dessein bienveillant : le projet de Dieu, c’est de nous réunir tous ensemble en Jésus-Christ et de nous faire participer à la gloire de la Trinité.  « Ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Ecriture, ce que personne n’avait vu de ses yeux, ni entendu de ses oreilles, ce que le coeur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu ». L’expression « comme dit l’Ecriture » renvoie à une phrase du prophète Isaïe : « Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï-dire, jamais l’oeil n’a vu qu’un dieu, toi excepté, ait agi pour qui comptait sur lui. » (Is 64, 3). Elle dit l’émerveillement du croyant biblique gratifié de la Révélation des mystères de Dieu.  Reste la fin de la phrase « Ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu » : y aurait-il donc des privilégiés et des exclus ? Y aurait-il des gens pour qui cela n’était pas préparé ? Bien sûr que non : le projet de Dieu, son dessein bienveillant est évidemment pour tous ; mais ne peuvent y participer que ceux qui ont le coeur ouvert. Et de notre coeur, nous sommes seuls maîtres. D’une certaine manière, c’est le saut dans la foi qui est dit là. Le mystère du dessein de Dieu ne s’ouvre que pour les petits. Comme le disait Jésus, « Dieu l’a caché aux sages et aux savants, et il l’a révélé aux tout-petits ». Nous voilà tout-à-fait rassurés : tout-petits, nous le sommes, il suffit de le reconnaître.

DEUX PRIÈRES DE L’APÔTRE PAUL – Éph. 3:14-21 ; Col. 1:9-20

23 janvier, 2014

http://www.bibliquest.org/PF/PF-nt10et12-Deux_prieres_de_Paul_ME1948.htm

DEUX PRIÈRES DE L’APÔTRE PAUL

Éph. 3:14-21 ; Col. 1:9-20

Paul Fuzier

ME 1948 p. 3. Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

Table des matières :
1 La prière pour les Éphésiens
1.1 Premier amour
1.2 Que l’homme intérieur soit fortifié
2 La prière pour les Colossiens
2.1 Que Christ ait la première place
2.2 Amour dans la vérité — tenir ferme le chef
2.3 Connaissance de Sa volonté — marcher d’une manière digne du Seigneur — Lui plaire à tous égards
3 Conclusion

Dans le premier numéro du Messager Évangélique de l’année 1947, nous rappelions les paroles de l’apôtre : « il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11:28). Nous le faisions dans le sentiment de besoins multiples, demandant à Dieu qu’Il nous accorde d’être animés du même esprit. Continuons à intercéder avec persévérance pour toutes les assemblées. Plus que jamais nous avons besoin de le faire !
Dieu a voulu nous conserver dans sa Parole quelques-unes des prières formulées par l’apôtre en faveur des assemblées auxquelles il pensait avec tant d’amour. Il nous semble particulièrement opportun, au début de cette nouvelle année, d’arrêter notre attention sur deux d’entre elles.

1 La prière pour les Éphésiens

1.1 Premier amour
L’apôtre Paul, divinement inspiré, a adressé une épître aux chrétiens d’Éphèse, et plus tard l’apôtre Jean communiqua à cette assemblée ce que lui disait pour elle la « grande voix » qu’il entendit à Patmos, dans la journée dominicale. Qu’est-ce qui caractérisait alors cette assemblée ? L’abandon du premier amour. « J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour ». Longtemps auparavant, Dieu savait, quel travail l’ennemi allait opérer dans les cœurs. Il avait donc conduit l’apôtre Paul à adresser à ces croyants l’exhortation qui convenait et l’avait amené à exprimer cette requête : « … afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d’être fortifiés en puissance, par son Esprit, quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs et que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour ; afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l’amour du Christ, qui surpasse toute connaissance ; afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (Éph. 3:16 à 19). En lisant Apoc. 2:4, nous comprenons quel discernement avait l’apôtre de l’état des Éphésiens, et nous voyons comment Dieu dirigeait son fidèle serviteur pour qu’il présentât l’exhortation nécessaire et demandât, dans sa prière, exactement ce qui convenait afin que ces croyants fussent gardés des pièges que l’adversaire allait placer devant eux. Du côté de Dieu, jamais rien ne peut manquer !
Nous gémissons sur tant de misère et de manquements, sur tant de choses qui témoignent de l’abandon du premier amour. Cet abandon est la conséquence du fait que nous ne savons pas assez boire à la source, que nous sommes trop peu « enracinés et fondés dans l’amour ». Il y eut, dans l’histoire d’Israël, un moment qui correspondait à la fraîcheur du premier amour. Huit siècles après, l’Éternel déclare à son peuple, par la bouche du prophète : « Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles… », et dit de lui : « Mon peuple a fait deux maux : ils m’ont abandonné, moi, la source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau » (Jér. 2:2, 13). C’est la même histoire, qu’il s’agisse du peuple terrestre ou de l’Église responsable.
C’est aussi l’illustration de tant de déclins individuels !

1.2 Que l’homme intérieur soit fortifié
Si nous voulons retrouver plus de vie, plus de fraîcheur, plus de fidélité dans notre témoignage, n’oublions pas que le secret est renfermé dans la prière que l’apôtre adressait à Dieu pour les Éphésiens. Notre « homme intérieur » a besoin d’être fortifié et, pour cela, il faut le nourrir de Christ — de Christ agneau rôti, manne et vieux blé du pays. Aucune autre nourriture ne peut nous fortifier « quant à l’homme intérieur » ! Pourquoi sommes-nous si faibles ? Sans aucun doute, parce que nous sommes mal nourris. C’est une vérité incontestée dans le domaine physique, c’est une vérité aussi dans le domaine spirituel. Avons-nous dès l’enfance spirituelle « désiré ardemment le pur lait intellectuel » ? (1 Pierre 2:2). Si, au lieu de nous occuper de Christ et de la Parole, de nous attacher au « sain enseignement », nous allons courir, çà et là, pour chercher des « coloquintes sauvages » (2 Rois 4:38-41), nous nous affaiblirons individuellement et nous deviendrons une cause de faiblesse pour l’assemblée. Le Saint Esprit, dont l’activité a toujours pour but de nous rafraîchir et de nous « fortifier en puissance », veut nous amener à la « source des eaux vives » et nous nourrir de Christ seul (Jean 7:37-39 ; 16:13-15). Ne contristons pas le Saint Esprit, « afin que Christ habite par la foi dans nos cœurs » et soit l’unique objet de nos affections. Nourris de Lui et de son amour, « enracinés et fondés dans l’amour », nous retrouverons le premier amour abandonné, car c’est de son amour même que notre amour vivra !

2 La prière pour les Colossiens

2.1 Que Christ ait la première place
En écrivant à l’assemblée de Colosses, l’apôtre pensait aussi à celle de Laodicée et il combattait par la prière pour les Laodicéens comme pour les Colossiens. « Car je veux que vous sachiez quel combat j’ai pour vous et pour ceux qui sont à Laodicée, et tous ceux qui n’ont point vu mon visage en la chair, afin que leurs cœurs soient consolés, étant unis ensemble dans l’amour.. » (Col. 2:1 et 2). En terminant sa lettre, il demande « qu’elle soit lue aussi dans l’assemblée des Laodicéens » (4:16). Sans doute les besoins étaient-ils les mêmes à Colosses et à Laodicée. De même qu’à Éphèse, une seconde épître a été adressée à Laodicée (Apoc. 3:14-22). Nous avons vu ce qui caractérisait Éphèse lorsque la deuxième épître lui a été envoyée, nous savons aussi ce qui en était de Laodicée. Beaucoup de prétentions : « je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien », tandis que l’état réel était tout différent : « tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu… ». À Laodicée, Christ n’a pas la première place (Col. 1:18), Il n’a même pas la dernière, Il est à la porte ! « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe… ».
Comme pour Éphèse. Dieu savait aussi, à l’avance, ce qu’il en serait de Laodicée et, par le ministère de l’apôtre, Il adressait à cette assemblée l’exhortation exactement appropriée à ses besoins. C’est la personne de Christ que présente l’apôtre dans son épître aux Colossiens qui devait aussi être lue aux Laodicéens. Il fait briller ses gloires : image du Dieu invisible, premier-né de toute la création, premier-né d’entre les morts, chef du Corps, de l’Assemblée. Et l’exhortation essentielle est celle-ci : tenez ferme le chef ! Serait-Il à la porte, si Laodicée avait tenu ferme le chef ?

2.2 Amour dans la vérité — tenir ferme le chef
Comme autrefois à Colosses, bien des fausses doctrines sont enseignées dans la chrétienté aujourd’hui. Notre manque de discernement spirituel nous met en danger de les recevoir. Certes, c’est une chose excellente et désirable que d’avoir « le cœur large » envers tous les enfants de Dieu. Mais si l’amour ne s’allie pas à la vérité c’est un faux amour, qui nous conduit vite à des associations regrettables, à l’acceptation (volontaire ou tacite) de doctrines opposées à l’enseignement des Écritures. On ne veut pas passer pour un « esprit étroit », on se glorifie même d’une certaine largeur de vue et l’on entr’ouvre la porte — que l’ennemi aura vite fait d’ouvrir complètement — qui conduira à la ruine d’un témoignage fidèle. En présence de tels dangers, écoutons ce que dit l’apôtre aux Colossiens et aux Laodicéens : « Comme donc vous avez reçu le Christ Jésus, le Seigneur, marchez en Lui, enracinés et édifiés en Lui, et affermis dans la foi, selon que vous avez été enseignés, abondant en elle avec des actions de grâces. Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie, par la philosophie et par de vaines déceptions, selon l’enseignement des hommes, selon les éléments du monde, et non selon Christ » (2:6 à 8). Tenons ferme le Chef ! C’est seulement ainsi que nous pourrons être « remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu : étant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance, avec joie, rendant grâces au Père.. » (Col. 1:9-12).

2.3 Connaissance de Sa volonté — marcher d’une manière digne du Seigneur — Lui plaire à tous égards
Être rempli de la connaissance de sa volonté, c’est être débarrassé de toute volonté propre et ne connaître rien d’autre que la volonté de Dieu. Écouter, garder et pratiquer, « ce sera là votre sagesse et votre intelligence » (Deut. 4:1 et 6 ; cf. Col. 1:9). Ce n’est pas une connaissance théorique de la volonté de Dieu, elle a en vue un but pratique : « pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards ». Marcher par l’Esprit, marcher dans l’amour, marcher comme des enfants de lumière, marcher soigneusement, marcher dans la vérité (Gal. 5:16 à 26 ; Éph. 5:2, 8, 15 ; 2 Jean 4), c’est cela « marcher d’une manière digne du Seigneur », reflétant les caractères du divin Modèle. Dans une telle marche, nous pouvons « Lui plaire à tous égards » et jouir de Sa communion, ce qui est indispensable pour « porter du fruit en toute bonne œuvre » (cf. Jean 15:1 à 6). Dieu est alors connu d’une manière réelle et pratique, dans ses caractères, dans tout ce qu’Il est Lui-même (c’est davantage que « la connaissance de sa volonté ») et l’âme peut croître et se développer, puisant dans cette connaissance de Dieu ce qui lui donnera son plein accroissement. La force morale qu’elle a trouvée lui procurera, au milieu des épreuves du désert, « patience et constance, avec joie ». Le racheté est ainsi conduit jusqu’au plus haut degré, il devient un adorateur : « rendant grâces au Père… ». Dieu est connu comme Père (il faut le connaître comme tel pour pouvoir adorer, cf. Jean 4:23) — c’est plus intime que « la connaissance de Dieu ». Il faut d’abord obéir pour « connaître Dieu » ; ensuite, l’on peut jouir de son amour, le Saint Esprit non contristé nous faisant goûter la douceur de notre relation avec Lui comme Père : connaissance de sa volonté — connaissance de Dieu — rendant grâces au Père… Le croyant peut rendre grâces en pensant à tout ce que Dieu a fait pour lui, à tout ce qu’Il lui a donné en lui donnant le « Fils de son amour » !

3 Conclusion

Notre Dieu est toujours le Même, invariable dans son amour et dans les tendres soins de son amour. Ne sait-Il pas à quels dangers nous serons exposés tout au long de cette année nouvelle, si nous avons à la passer ici-bas ? Beaucoup mieux que nous-mêmes, Il connaît nos besoins et Il veut y répondre parfaitement, nous avertissant, nous exhortant et nous fournissant à l’avance toutes les ressources nécessaires, comme Il le faisait autrefois pour Éphèse et Laodicée. Prenons donc courage, au milieu de tout ce qui est susceptible de nous décourager et puisons abondamment aux ressources divines qui demeurent jusqu’à la fin. « Enracinés et fondés dans l’amour », attachons-nous à Christ, « tenons ferme le chef », nourrissons-nous et nourrissons les âmes de sa Personne et de son amour, afin que nous soyons tous « remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu : étant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance, avec joie, rendant grâces au Père… ».

Oh ! si mes yeux pouvaient sans cesse
Suivre cet astre glorieux ;
Si je pouvais de ta tendresse
Voir tous les reflets radieux ;

Mon âme alors, pleine de zèle,
Saurait t’aimer plus ardemment,
Et, connaissant mieux son Modèle,
Prendrait tout son accroissement.

VIE ET VOYAGES DE SAINT PAUL APÔTRE – 4- LE CITOYEN ROMAIN

23 janvier, 2014

http://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul04-romain.htm

VIE ET VOYAGES DE SAINT PAUL APÔTRE

4- LE CITOYEN ROMAIN

Paul appartenait aux trois cultures les plus importantes de son temps : la culture romaine, la culture grecque et la culture hébraïque. Son éducation et ses racines lui donnaient ainsi une largueur d’esprit, une polyvalence exceptionnelle.

Sa culture latine Ce Juif de Tarse était fier de son appartenance à la citoyenneté romaine. « Je suis citoyen romain ». Il utilisera ce titre à son avantage en de nombreuses occasions. Être citoyen romain, c’était bénéficier d’un statut très particulier qui donnait le droit de participer à la vie publique et surtout qui accordait des garanties judiciaires et fiscales à ceux de la minorité qui avaient ce privilège. C’était le plus grand titre de noblesse de l’Empire romain et le seul symbole de « standing » social à cette époque. Paul profitera toute sa vie de cette dignité qu’il tenait de son père. Il n’existait alors que quatre à cinq millions de citoyens romains dans un empire d’environ 55 millions d’habitants, soit moins de dix pour cent de la population totale. La citoyenneté romaine conférait trois privilèges principaux : le droit de vote, le droit d’immunité contre les sanctions déshonorantes et le droit d’être jugé devant le plus haut tribunal de l’Empire. Pour ce qui est du droit de vote, nous ne savons pas si Paul l’a exercé dans sa ville de Tarse. Il pouvait participer à l’assemblée du peuple où se discutait et se décidait tout ce qui concernait la vie et l’organisation de la cité. Seuls les citoyens romains avaient ce droit de participation aux assemblées. Les femmes, les esclaves, les affranchis et les étrangers en étaient exclus. Les Grecs appelaient ce système démocratie, de demos (peuple) et kratia (gouvernement). En réalité, ce n’était pas un «gouvernement du peuple», mais plutôt le gouvernement d’une élite restreinte de citoyens privilégiés. Le second avantage incluait l’immunité contre les sanctions déshonorantes. Dans la ville de Philippes, Paul obtiendra des excuses de la part des juges qui l’avaient condamné à être battu de verges sans jugement. Plus tard, à Jérusalem, c’est en invoquant ce privilège qu’il échappera de justesse à la flagellation. Condamné à mort, il ne sera ni crucifié, ni brûlé dans les jardins de Néron, ni jeté aux bêtes féroces dans l’arène, comme bon nombre de chrétiens. Il sera décapité, mort plus honorable pour un citoyen romain. Le troisième privilège sera utile à Paul lors de la première audience devant le nouveau gouverneur Festus, à Césarée maritime. En désespoir de cause, pour échapper aux conjurés qui avaient décidé de l’assassiner, il demandera d’être jugé devant la cour suprême de l’empereur, à Rome (Actes 25, 11), requête qui lui sera accordée. Il se peut que cet « appel à César » ait été une erreur tactique de la part de Paul. En effet, comme le remarquait le roi Agrippa après l’audience : « On aurait pu relâcher cet homme s’il n’en avait appelé à César » (Actes 26, 32) ; mais Paul connaissait beaucoup mieux ses compatriotes juifs que le roi Agrippa. S’il était retourné à Jérusalem, il aurait été assassiné en chemin. Rome a été une attraction irrésistible pour Paul de Tarse. Centre de tous les pouvoirs, cette ville semble avoir joué un rôle déterminant dans son programme missionnaire. Son avance progressive, délibérée et hardie, d’Est en Ouest, correspond à un plan préétabli de conquête pour le Christ, jusqu’à la capitale du monde. Rome devenait pour lui le symbole de l’universalité du christianisme. La citoyenneté romaine explique en grande partie la largeur d’esprit de Paul, sa compréhension des non-Juifs et son loyalisme à l’égard de l’État, loyalisme qui lui inspira des paroles bienveillantes et des invitations à la prière pour les détenteurs de l’autorité publique.

La citoyenneté romaine fut un atout important dans son effort pour faire éclater l’étroitesse d’esprit du judaïsme de son temps et en arriver à un christianisme universel.

VIE ET VOYAGES DE SAINT PAUL APÔTRE – 6- LE PHARISIEN DE CULTURE HÉBRAÏQUE

23 janvier, 2014

http://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul06-hebreu.htm

VIE ET VOYAGES DE SAINT PAUL APÔTRE

6- LE PHARISIEN DE CULTURE HÉBRAÏQUE

Paul était Juif, fils de Pharisien, destiné au rabbinat. Il parle plus d’une fois dans ses lettres, et avec fierté, de son éducation juive. Je suis « Hébreu, fils d’Hébreux » (Philémon 3, 5), «membre de la tribu de Benjamin». Il aura passé de longues heures à l’école de la synagogue sous la direction du «hazzan» à apprendre par coeur les Écritures. Il les cite de mémoire environ deux cents fois dans ses lettres. étoile de DavidPaul est resté jusqu’au bout passionnément attaché au peuple qui est le sien, à cette nation qui défiait l’histoire et qui continue à le faire aujourd’hui encore : « Je souhaiterais être moi-même anathème et séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race, selon la chair. Eux qui sont israélites, à qui appartiennent l’adoption filiale ; la gloire, les alliances, la législation, le culte et les promesses ; et aussi les patriarches, et de qui est issu le Christ selon la chair » (Romains 9, 3-5). Les pharisiens, contrairement aux Saducéens, étaient très proches du peuple, ouvrant des écoles, accueillant les pauvres et les malades, aidant les immigrants et les nouveaux arrivés. Après la destruction de Jérusalem et la fin de l’État juif, en l’an 70, les Pharisiens ont été d’une importance vitale pour ce peuple en détresse. Ce sont eux qui ont sauvé Israël. C’est à eux que le judaïsme doit sa survie. Chez les Juifs, la maison paternelle était «un sanctuaire familial», consacré à la pratique de la vertu et à l’observance des devoirs imposés par la tradition et par la Loi. Les pharisiens ne mangeaient que des aliments kasher, ce  qui garantissait leur pureté et évitait toute souillure. Paul se rendait régulièrement à la synagogue et observait rigoureusement le repos sabbatique. Il payait la dîme et jeûnait conformément aux commandements de la Loi. Dès le début du jour, il se tournait dans la direction du Temple de Jérusalem et prononçait sa première prière : «Écoute Israël, notre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu unique.» Au moins trois fois pendant la journée – le matin, l’après-midi et le soir -, il remerciait Dieu pour les faveurs obtenues. Dans la maison paternelle, Paul respirait une atmosphère essentiellement religieuse. Dans cet environnement fleurissait aussi le nationalisme juif, qui le reliait à Jérusalem et à la Palestine. Au temps de César-Auguste et de Tibère, les Juifs de la Diaspora étaient protégés par les empereurs qui sévissaient quand on les molestait. Ils disposaient d’une juridiction propre, quoique limitée, et on leur permettait de suivre leurs règles alimentaires. Ils étaient dispensés du service militaire, pour ne pas être obligés à combattre le jour du sabbat. Ils avaient l’autorisation de célébrer leur culte à condition d’y mettre la forme : les sacrifices en l’honneur de Yahvé avaient pour les Romains valeur d’hommages à l’empereur-dieu. Mieux encore : on leur permettait de lever un impôt annuel pour le Temple de Jérusalem et d’acheminer cette contribution vers la ville sainte. Après sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas et au cours de ses voyages missionnaires, Paul est entré en conflit avec les Juifs orthodoxes et avec les judéo-chrétiens. Sans jamais renié son peuple, il est resté déchiré entre l’amour qu’il avait pour lui et sa fidélité au Christ, sauveur de tous. Paul de Tarse était un homme aux multiples facettes, d’une grande richesse culturelle et religieuse : à la fois romain, grec et juif, pharisien et chrétien, contemplatif et homme d’action, évangélisateur et docteur, écrivain audacieux et théologien profond. On ne peut comprendre ce grand missionnaire qu’à travers sa riche personnalité et l’attachement à sa foi en Jésus-Christ. Peu de gens étaient mieux préparé que lui pour annoncer la Bonne Nouvelle « à toutes les Nations ». Avec Paul, nous assistons à la naissance du christianisme universel, « où il n’y a ni Juif ni Grec, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme », mais un nouveau peuple de fils et de filles tous aimés de Dieu.

1- SAINT PAUL, L’APÔTRE DES NATIONS

22 janvier, 2014

http://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul01-nation.htm

1- SAINT PAUL, L’APÔTRE DES NATIONS

St-Paul apôtre – Place St-Pierre à RomePaul de Tarse a été et est encore aujourd’hui l’un des plus grands personnages de l’histoire du christianisme. C’est pourquoi nous avons intérêt à connaître ce pilier de notre Église.
Il existe plusieurs façons d’aborder son oeuvre. On peut étudier

sa personnalité,
sa théologie,
ses voyages missionnaires,
ses nombreux conflits
ses lettres aux communautés,
ses relations avec ses ami(e)s et ses ennemi(e)s,
son influence à travers les âges,
etc., etc.

Je pense que la meilleure façon de bien connaître ce pionnier du christianisme est de le «suivre à la trace», de la naissance à la mort. Il a eu une vie exceptionnelle, pleine de surprises et de rebondissements. Il a connu des scénarios dignes des plus grands films d’action.
Cette approche est plus longue mais elle nous permet de mieux découvrir toute la richesse et toute la complexité du personnage.
Plusieurs d’entre nous avons une bonne connaissance des quatre évangiles : Marc, Matthieu, Luc et Jean, mais Paul, l’auteur des Épitres, reste une énigme et un point d’interrogation.
J’espère vous donner le goût de lire Paul de Tarse, de prier avec lui et de méditer sur sa vie et sur ses écrits.
Je m’efforcerai de faire un peu de lumière sur cet homme, à travers ses cheminements tortueux, son développement théologique, ses conflits avec la communauté de Jérusalem, ses voyages missionnaires, sa pastorale pour les églises et ses lettres passionnées.
Déterminé, parfois têtu, ombrageux à l’occasion, Paul a eu de nombreux ami(e)s et un grand nombre d’ennemi(e)s. Il a joué un rôle de premier plan dans les débuts du christianisme et son influence perdure jusqu’à nos jours.
J’éviterai de m’impliquer dans les innombrables controverses de spécialistes sur la vie de Paul, sur l’authenticité de certaines de ses lettres, sur ce que Luc dit de lui ou ce qu’il a jugé bon de passer sous silence. Je voudrais vous présenter la «vie de saint Paul» avec toute la richesse que nous offre cet apôtre unique en son genre. Vous le verrez en pleine action dans les grandes villes de l’Empire romain, voyageant d’Est en Ouest, toujours désireux de porter plus loin la Bonne Nouvelle, jusqu’aux limites du monde connu.
À travers cette «biographie», nous pourrons aussi lever le voile sur la vie quotidienne des premiers chrétiens et sur les nombreuses communautés fondées par Paul.
J’espère vous donner le goût de lire Paul de Tarse, de prier avec lui et de méditer sur sa vie et sur ses écrits.
Des centaines d’excellents volumesont été publiés par des experts qui ont pour Paul une grande admiration et une connaissance approfondie de son oeuvre missionnaire. À intervalle régulier, je vous donnerai le nom de certains de ces auteurs, le titre de leur livre, l’édition et une photo du volume mentionné.
Cela vous incitera peut-être à vous procurer l’un ou l’autre de ces volumes, afin de mieux apprécier toute la richesse de Paul de Tarse.

« VOUS ÊTES UNE LETTRE DU CHRIST » (2 CO 3,3) – RELATION DE PAUL AVEC L’ÉGLISE DE CORINTHE.

25 novembre, 2013

http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/homeliesnouv/vuse.htm

« VOUS ÊTES UNE LETTRE DU CHRIST » (2 CO 3,3)
 
 RELATION DE PAUL AVEC L’ÉGLISE DE CORINTHE.

proposés par Jean Lévêque, carme, de la Province de Paris
 
En 2 Co 11,27 Paul énumère les épreuves de sa vie d’apôtre : »Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité » ; et il ajoute : »Sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Églises[1] ! »
 Pour Paul ce souci des Églises est une préoccupation éminemment concrète. C’est bien une sollicitude déjà universelle (« toutes les Églises »), mais il demeure, dans le cœur de l’Apôtre, la somme des soucis quotidiens de chaque Église : celle des Éphésiens, de Philippes, de Thessalonique d’Athènes, de Corinthe.
 Cette dernière, la communauté à problèmes, nous fournit le meilleur exemple du souci apostolique de Paul.
1. En arrivant à Corinthe (vers 51/52), Paul y trouva déjà les judéo-chrétiens Aquilas et Priscille, fabricants de tentes comme lui, et logea d’abord chez eux. Marqué déjà par l’hostilité de Philippes et Thessalonique, il vint « craintif et tout tremblant[2], mais resta un an et demi. Renonçant au polissage littéraire qu’il avait tenté à Athènes[3], il commença son ministère par les Juifs[4]. Quand arrivèrent de Macédoine Silas et Timothée, porteurs des nouvelles de Thessalonique, Paul passa aux « gentils » et déménagea[5] chez Jason, un « craignant-Dieu », sympathisant du judaïsme. Les « gentils » convertis, plus nombreux à Corinthe, étaient surtout des artisans et d’anciens esclaves, ce qui amena des frictions entre riches et pauvres lors du repas eucharistique[6]. Encore persuadé que ce monde n’allait pas durer, Paul n’acceptait pas d’argent, sa prédication a dû privilégier des thèmes eschatologiques ou apocalyptiques, et les prodiges qu’il accomplissait[7] n’empêchèrent pas qu’il fut traîné par des adversaires juifs, sans succès d’ailleurs, devant Gallion, le procurateur[8].
2.  Paul partit en 52 avec Aquilas et Priscille. D’autres prédicateurs vinrent à Corinthe et peut-être Apollos à l’époque a-t-il enthousiasmé la communauté.
3.  Dans une lettre A, aujourd’hui perdue, Paul s’en prenait à des gens immoraux.
4.  Par des « gens de Chloè » il reçut, étant alors à Éphèse (54-57), des échos de la communauté de Corinthe[9].
5.   Toujours à Éphèse, il reçut une lettre des Corinthiens, peut-être en réponse à sa lettre A, apportée, semble-t-il, par Stéphanas[10].
6.D’Éphèse également date la Lettre B (=1 Co).
7.  C’est l’époque aussi (début 57) où Paul reçut à Éphèse des nouvelles alarmantes apportées par Timothée[11].
8.  La situation s’aggravant, Paul arriva directement par mer. Cette deuxième visite, « dans la tristesse », fut un lourd échec. Paul, qui avait menacé de « venir avec des verges[12]« , s’effaça au contraire et fut publiquement pris à partie[13]. Il décida alors de prendre un moment de réflexion et quitta Corinthe avec l’intention d’y revenir sans tarder (sans même revisiter les fondations de Macédoine, comme il l’avait naguère prévu[14].
9.  De retour à Éphèse, Paul changea d’avis. Au lieu de revenir tout de suite pour une autre « triste » visite, il envoya une lettre, rédigée « parmi bien des larmes », confiée à Tite (Lettre C, maintenant perdue)[15].
10.  Durant l’été 57, Paul partit vers le nord : Troas, puis la Macédoine[16]. Pendant ce temps Tite faisait du bon travail à Corinthe. Non seulement il était bien traité, mais il put amorcer la collecte que Paul envisageait pour Jérusalem[17]. Rejoignant Paul en Macédoine, il lui apporta la bonne nouvelle de la conversion des Corinthiens : à la fois chagrinés et préoccupés, ils cherchaient à se disculper[18].
11. Immédiatement (été-automne 57), en présence de Tite Paul rédigea sa Lettre D = 2 Co. Tite devait la porter avec deux autres disciples ; en même temps il fallait achever la collecte que Paul porterait à Jérusalem[19].
12. Troisième visite de Paul à Corinthe. Il y passe l’hiver 57-58, en route pour Jérusalem[20].
13. Revit-il jamais Corinthe[21] ?
 
Nantis de ces quelques précisions, nous sommes à même maintenant d’aborder notre texte de la Deuxième aux Corinthiens.
 Corinthe se présente donc comme une communauté disparate. On y aime les petits groupes, les « courants » (1 Co 3,4), le culte de la personnalité et les oppositions de personnes. À Corinthe on a du goût pour la démesure, on gonfle indûment les problèmes, on s’enfle vite d’orgueil[22], on valorise les performances individuelles des prédicateurs (2 Co 8,7) ou un type de connaissance qui dispense de s’engager, et l’on table sur les charismes les plus voyants, au détriment de l’agapè qui seule construit vraiment (1 Co 8,1).
Si bien que Paul parvient difficilement à faire admettre les critères qui lui semblent essentiels : le contenu évangélique de la prédication, et la qualité apostolique des messagers ou des responsables.
 Avec cette communauté agitée et instable, Paul entretient une relation finalement assez complexe ; il se voit obligé de doser au mieux l’autorité et l’affection, l’admiration et la lucidité, et son espérance doit traverser toute une épaisseur de déceptions.
Mais c’est là surtout, à Corinthe, que Paul manifeste la vigueur de son projet missionnaire et la conscience qu’il a de son mandat d’apôtre :
- jamais il ne baisse les bras, car il se sait lié à la vie et à la mort au peuple de Dieu qui lui est confié ;
- jamais il ne sépare la mission de sa quête personnelle de l’Évangile : son activité pastorale est sans cesse référée au Christ de son appel. Toute sa réponse au Christ est là. Il y va du sens même de toute sa vie.
            Si Paul, à plusieurs reprises, dans 2 Co, fait l’apologie de son propre ministère à Corinthe, c’est, d’une part, à cause de son attachement pour cette communauté qu’il a fondée, mais aussi parce que, dans cette ville, les enjeux étaient trop graves. Pour autant qu’il dépendait de lui, Paul ne voulait pas que sa mission pût être dénaturée par des campagnes de calomnies.
 
Une lettre du Christ
 
À Corinthe, semble-t-il, on lui reprochait de se recommander lui-même. Cela revenait à nier, concrètement, le mandat qu’il avait reçu du Christ. Paul se devait de mettre les choses au point, non par une polémique, mais en plaçant sa responsabilité vis-à-vis des Corinthiens dans la grande perspective de la nouvelle alliance :
 
2 Co 3, 1 Avons-nous besoin, comme certains, de lettres de recommandation pour vous ou de votre part ?
2  Notre lettre, c’est vous, lettre écrite dans nos cœurs, connue et lue par tous les hommes.
3  De toute évidence vous êtes une lettre du Christ, confiée à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant,sur les tables de chair de vos cœurs.
4 Telle est l’assurance [la conviction] que nous avons par le Christ auprès de Dieu.
5  Ce n’est pas que de nous-mêmes nous soyons capablesde revendiquer quoi que ce soit comme venant de nous,
c’est de Dieu que vient toute notre capacité.
 6 C’est lui qui nous a rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit.
 ²  Comme souvent chez saint Paul, la pensée avance par glissement de sens à partir d’un mot important ou d’une image (ici celle de la lettre).
La lettre en question est d’abord une lettre de Paul,puis Paul précise ce qu’elle est en réalité : une lettre du Christ.
 Paul peut présenter une lettre de recommandation, celle qu’il a écrite à Corinthe avec ses compagnons de mission durant les mois où ils ont apporté l’Évangile.
Cette lettre qui habilite Paul comme missionnaire à Corinthe, c’est l’œuvre qu’il a accomplie, c’est la communauté elle-même : « Notre lettre, c’est vous ». Des années de mission restent gravées dans le cœur des missionnaires, comme une anamnèse ineffaçable. Paul dira aux Corinthiens : »Je vous l’ai déjà dit : Vous êtes dans nos cœurs à la vie et à la mort » (2 Co 7,3).
Ce récit que Paul garde au cœur demeure lisible par tous, à Corinthe même et dans toutes les Églises : en 50 le Christ n’était pas connu de la ville, en 55 les efforts de Paul, Silas et Timothée ont fait naître une communauté diverse et nombreuse. Pour qui veut bien lire, cela atteste amplement le dévouement de Paul, son désintéressement, et son amour de la communauté.
Mais plus encore qu’une lettre de Paul, la communauté est une lettre du Christ, qui doit être perçue et reçue comme telle, et que personne ne saurait contester. Une lettre confiée à la diaconie (service) de Paul, qui effectivement y a travaillé depuis six ans, mais qui a été écrite par l’Esprit du Dieu vivant sur chaque cœur de croyant dans la communauté.
²  Dieu, désormais, n’écrit plus sur la pierre, dure et fragile, comme au Sinaï[23], mais directement sur le cœur. Le Dieu vivant écrit sur du vivant. Car le cœur, pour Paul comme pour les prophètes, est le tout le l’homme intérieur et le lieu privilégié du risque de la foi. Le cœur est à la fois réceptif et inventif/créateur ; réceptif puisqu’il est le point de résonance de tous les affects, inventif/créateur puisqu’en lui les impressions et les idées se muent en projets et en décisions.
Ce qui est écrit désormais sur ces tables de chair, sur ces libertés réceptives, c’est la nouvelle loi et la nouvelle alliance, « la loi de l’Esprit qui donne la vie par le Christ Jésus (Rm 8,2). Mais cette écriture de l’Esprit ne demeure visible que sur des cœurs qui acquiescent.  C’est pourquoi la lettre du Christ que chacun porte en soi est l’anamnèse d’une conversion, d’une adhésion et d’une fidélité ; elle est la trace d’un travail de l’Esprit.
Qui peut lire cette lettre ? qui peut s’y référer ? C’est avant tout chaque baptisé qui peut y avoir accès à l’intime de lui-même, car il a reçu l’Esprit pour reconnaître les dons que Dieu lui a faits (Cf.1 Co 2,12.16).
 ²  Ainsi Paul et ses compagnons missionnaires disposent de deux lettres de recommandation qui les habilitent à parler et à agir dans la communauté en dépit des contestations et des remous :      
- d’une part la lettre qu’ils ont écrite eux-mêmes, la trace bien visible de leur labeur apostolique ;
- d’autre part la lettre que le Christ a écrite par son Esprit sur chaque cœur de croyant, et là, c’est surtout à chaque chrétien, dans sa loyauté, de rendre justice à Paul et aux autres prédicateurs. C’est à chacun de reconnaître et de dire : l’Esprit a laissé, vivante en moi, sa loi nouvelle de liberté, et de cette nouvelle alliance, c’est Paul et les siens qui ont été les serviteurs.
 Ce que l’Esprit a écrit sur le cœur des disciples est une lettre du Christ qui, certes, authentifie l’action de Paul, mais elle authentifie d’abord la foi des disciples et leur réponse à l’Évangile.
Et finalement Paul désire s’appuyer non sur son œuvre manifeste, mais sur l’œuvre cachée de l’Esprit : »Telle est l’assurance que nous avons, par le Christ, devant Dieu. Ce n’est pas à cause d’une capacité personnelle que nous pourrions mettre à notre compte, c’est de Dieu que vient notre capacité[24] ; c’est lui qui nous a rendus capables d’être ministres (serviteurs) d’une alliance nouvelle » (v.4-5).
 Non seulement, donc, Dieu donne à Paul d’être dans le monde « la bonne odeur du Christ », mais il l’envoie pour être serviteur de la nouvelle alliance, et pour entrer directement dans le travail de l’Esprit.
 Contesté dans ses droits d’apôtre et dans ses méthodes par des éléments influents de la communauté de Corinthe, Paul répond : »Je suis serviteur de l’Esprit pour la nouvelle alliance, mon ministère est service de l’Esprit » (cf.3,8).
Paul alors s’accroche à cette idée d’un service dans l’Esprit et la développe en contraste avec le ministère de Moïse. Contrairement au ministère de l’ancienne alliance, qui était un ministère de mort, de condamnation, et un ministère passager où la vérité demeurait « voilée », le ministère de Paul est le service de l’Esprit qui donne la vie, de l’alliance qui demeure, la diaconie de la justice, qui a pour but « d’ajuster » les hommes au dessein de salut et par là de réaliser une vraie réciprocité, dans l’alliance, entre Dieu et les hommes.
 Ce qui fortifie Paul dans l’espérance, ce qui lui donne pleine assurance (3,13), c’est surtout que le ministère de l’Esprit est en prise sur la gloire, « la gloire incomparable » (v.10), celle de Jésus-Christ  Seigneur.
La gloire n’était que fugitive sur le visage de Moïse lorsqu’il avait rencontré Dieu, et Moïse   couvrait d’un voile son visage pour éviter que les Israélites ne voient disparaître cet éclat passager[25]. Ce voile existe encore, commente Paul, non plus sur le visage de Moïse, mais sur le cœur de ceux qui le lisent, ce qui les empêche de voir que l’ancienne disposition a pris fin.
À ce moment interviennent, dans la méditation de Paul, les thèmes conjoints de la liberté et de la gloire :
« C’est quand on se convertit au Seigneur que le voile est enlevé. Car le Seigneur, c’est l’Esprit, et où est l’Esprit, là est la liberté. Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est esprit » (2 Co 3,16-18).  
 
 NOTE SUR LE SITE (beaucoup)

BENOÎT XVI: LECTURE: COL 1, 3.12.18-20

22 novembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060104_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 4 JANVIER 2006

LECTURE:  COL 1, 3.12.18-20

Le Christ fut engendré avant toute créature
Il est le premier-né de ceux qui ressuscitent d’entre les morts

Chers frères et soeurs,
1. En cette première Audience générale de la nouvelle année, nous nous arrêtons pour méditer sur le célèbre hymne christologique contenu dans la Lettre aux Colossiens, qui est comme le solennel portail d’entrée de ce riche texte paulinien, ainsi qu’un portail d’entrée pour cette année. L’Hymne proposé à notre réflexion est encadré par une longue formule de remerciement (cf. vv. 3.12-14). Celle-ci nous aide à créer l’atmosphère spirituelle pour bien vivre ces premiers jours de 2006, ainsi que notre chemin tout au long de la nouvelle année (cf. vv. 15-20).
La louange de l’Apôtre, de même que la nôtre, s’élève vers « Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ » (v. 3), source de ce salut qui est décrit du point  de  vue  négatif  comme  « arrachement  à  l’empire des ténèbres » (cf. v. 13), c’est-à-dire comme « rédemption et rémission des péchés » (v. 14). Il est ensuite proposé de manière positive comme « participation au sort des saints dans la lumière » (cf. v. 12) et comme entrée « dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (v. 13).
2. C’est à ce point que s’ouvre l’Hymne, profond et intense, qui a comme centre le Christ, dont on exalte le primat et l’oeuvre, que ce soit dans la création  ou dans l’histoire de la rédemption (cf. vv. 15-20). L’on trouve donc deux mouvements dans le chant. Dans le premier est présenté le premier-né de toute la création, le Christ, « Premier-né de toute créature » (v. 15). Il est, en effet, l’ »image du Dieu invisible », et cette expression est chargée de toute la signification que l’ »icône » possède dans la culture de l’Orient:  on ne souligne pas tant la ressemblance, mais l’intimité profonde avec le sujet représenté.
Le Christ repropose parmi nous de manière visible le « Dieu invisible ». En Lui nous voyons le visage de Dieu, à travers la nature commune qui les unit. Le Christ, en raison de sa très haute dignité, précède « toutes les choses » non seulement à cause de son éternité, mais également et surtout à travers son oeuvre créatrice et providentielle:  « car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles… et tout subsiste en lui » (vv. 16-17). Elles ont même également été créées « pour lui » (v. 16). Et ainsi saint Paul nous indique une vérité très importante:  l’histoire a un objectif, elle a une direction. L’histoire va vers l’humanité unie dans le Christ, elle va ainsi vers l’homme parfait, vers l’humanisme parfait. En d’autres termes, saint Paul nous dit:  oui, il y a un progrès dans l’histoire. Il y a – si l’on veut – une évolution de l’histoire. Le progrès est tout ce qui nous rapproche du Christ et nous rapproche ainsi de l’humanité unie, du véritable humanisme. Dans ces indications, se cache donc également un impératif pour nous:  travailler pour le progrès, une chose que nous voulons tous; nous pouvons le faire en travaillant pour le rapprochement des hommes au Christ; nous pouvons le faire en nous conformant personnellement au Christ, en allant ainsi dans la direction du véritable progrès.
3. Le deuxième mouvement de l’Hymne (cf. Col 1, 18-20) est dominé par la figure du Christ sauveur au sein même de l’histoire du salut. Son oeuvre se révèle tout d’abord dans le fait d’être « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Eglise » (v. 18):  tel est l’horizon salvifique privilégié dans lequel se manifestent en plénitude la libération et la rédemption, la communion vitale qui existe entre la tête et les membres du corps, c’est-à-dire entre le Christ et les chrétiens. Le regard de l’Apôtre se tourne vers l’objectif ultime vers lequel converge l’histoire:  le Christ est le « Premier-né d’entre les morts » (v. 18), il est celui qui ouvre les portes à la vie éternelle, en nous arrachant aux limites de la mort et du mal.
Voilà, en effet, ce pleroma, cette « plénitude » de vie et de grâce qui est dans le Christ lui-même et qui nous est donné et communiquée (cf. v. 19). Avec cette présence vitale, qui nous fait participer à la divinité, nous sommes transformés intérieurement, réconciliés, pacifiés:  il s’agit là d’une harmonie de tout l’être racheté, dans lequel Dieu est désormais « tout en tous » (1 Co 15, 28), et vivre en chrétien signifie se laisser ainsi transformer intérieurement vers la forme du Christ. C’est alors que se réalise la réconciliation, la pacification.
4. Consacrons à présent un regard contemplatif à ce mystère grandiose de la rédemption, en reprenant les paroles de saint Proclus de Constantinople, mort en 446. Dans sa Première homélie sur la Mère de Dieu Marie, il repropose le mystère de la Rédemption comme une conséquence de l’Incarnation.
En effet, Dieu, rappelle l’Evêque, s’est fait homme pour nous sauver et nous arracher ainsi au pouvoir des ténèbres  et  nous  reconduire  dans  le royaume du Fils bien-aimé, comme le rappelle précisément l’hymne de la Lettre aux Colossiens. « Celui qui nous a rachetés – observe Proclus – n’est pas un pur homme:  en effet, tout le genre humain était asservi au péché; mais il n’était pas non plus un Dieu privé de nature humaine:  il avait en effet un corps qui, s’il ne s’était pas revêtu de moi, ne m’aurait pas sauvé. Apparu dans le sein de la Vierge, Il revêtit l’habit du condamné. C’est là qu’eut lieu le terrible échange, il donna l’esprit et prit la chair » (8:  Textes mariaux du premier millénaire, I Rome 1988, p. 561).
Nous nous trouvons donc devant l’oeuvre de Dieu, qui a accompli la Rédemption précisément parce qu’il était également un homme. Il est à la fois le Fils de Dieu, sauveur, mais également notre frère et c’est grâce à cette proximité qu’Il diffuse en nous le don divin.

Il est réellement le Dieu avec nous. Amen!

MALTE (..ET SAINT PAUL)

11 novembre, 2013

http://456-bible.123-bible.com/calmet/M/malte.htm

(Je ne crois pas un site catholique , mais je ne comprends pas l’origine!)

MALTE (..ET SAINT PAUL)

Melita , île célèbre dans la mer d’Afrique. On croit que son nom de Melita lui vient de la grande quantité de miel qui s’y trouvait autrefois. Sa longueur est d’orient en occident , et sa largeur du septentrion au midi. Son circuit est de soixante milles, ou de vingt lieues. Cette île est attribuée à l’Afrique par les géographes , parce que, tirant une ligne de l’orient à l’occident, elle se trouve enfermée dans la mer d’Afrique. Son terrain est pierreux et ingrat. Elle porte toutefois d’excellents fruits , des melons et du coton.
 Saint-Paul, ayant fait naufrage sur les côtes de Malte , fut très-bien reçu avec ses compagnons par ceux de cette île, qui leur donnèrent le couvert , et leur allumèrent du feu pour les sécher. Mais saint Paul ayant pris un fagot de sarments pour le jeter au feu (Ac 28 :1-3), une vipère qui y était cachée, ayant senti la chaleur, se jeta à la main de Paul, qui, sans s’effrayer, la secoua dans le feu. Les assistants se disaient l’un à l’autre : Il faut quecet homme soit un homicide , puisqu’après avoir échappé du naufrage , la vengeance divine le poursuit encore. Ils s’attendaient à tout moment de le voir tomber mort; mais, considérant qu’il ne lui en était rien arrivé, ils commencèrent à le regarder comme une divinité.
 Publius , gouverneur de l’île , les reçut fort humainement , et les traita fort bien pendant trois jours. Comme son père était malade de fièvre et de dyssenterie, saint Paul l’alla voir, lui imposa les mains et le guérit. Alors tous ceux de l’île qui avaient des malades les lui amenèrent, et il leur rendit la santé; et lorsque saint Paul et sa compagnie se rembarquèrent , ils les pourvurent abondamment de tout ce qui leur était nécessaire pour le voyage. On assure que depuis l’arrivée de saint Paul à Malte , il n’y a plus ni vipère, ni aucun autre animal venimeux, et que ceux même qu’on y porte d’ailleurs n’y peuvent vivre, surtout en l’endroit où saint Paul fut mordu , qui est une caverne d’où l’on emporte tous les jours de la terre et des pierres , pour chasser les animaux venimeux , et pour servir de préservatif et de remède contre les morsures des scorpions et des serpents. On ne peut pas dire que ce soit une propriété naturelle du pays, puisque, quand saint Paul y aborda, les habitants l’ayant vu mordu d’une vipère, jugèrent qu’il allait tomber mort. Cela ne peut donc venir que de la bénédiction particulière de saint Paul, qui s’étendit sur toute l’île. Un voyageur assure qu’on y voit de petits enfants manier les scorpions sans danger. Plusieurs Maltais se convertirent à la prédication de saint Paul, et la maison de Publius, qui en fut le premier évêque, fut changée en église. Saint Paul y demeura trois mois entiers.
 Un religieux de la Charité, natif de cette île, m’a écrit que Malte était une ancienne colonie des Carthaginois , qu’elle avait toujours parlé le langage d’Afrique, comme elle fait encore aujourd’hui ; que c’est pour cela que ceux qui étaient avec saint Paul, qui tous étaient Grecs ou Latins, appellent les Maltais barbares ; que les Romains n’y ont jamais introduit leur langue parmi le peuple; qu’on y parle aujourd’hui arabe parmi le peuple ; qu’à la Valette on parle italien, à cause des chevaliers qui y ont leur demeure ; mais que les peuples de la campagne n’entendent point cette langue ; qu’à la vérité il y a deux paroisses de Grecs à la Valette : mais elles sont pour les Grecs qui sont sortis de Rhodes avec les .chevaliers et ont suivi leur fortune à Malte ; que, malgré toutes les révolutions qui sont arrivées à cette île, elle a toujours conservé la religion catholique dans sa pureté depuis saint Paul jusqu’aujourd’hui.
 Il m’écrit de plus que le lieu où saint Paul échoua est une langue de terre baignée par la mer de deux côtés, située au nord de l’île, et à l’ouest de son étendue, qu’on a appelé toujours depuis le cale de saint Paul; que ta tradition de cette île est que saint Paul fut véritablement mordu d’une vipère, et qu’en la secouant dans le feu il maudit toutes les vipères de l’île, et que toutes celles qu’on y a vues depuis sont sans venin ; car il y en a encore aujourd’hui, mais elles ne sont pas dangereuses. On en a quelquefois porté en Sicile par curiosité, et aussitôt qu’elles sont arrivées en cette île, elles sont devenues venimeuses comme les autres; et dès qu’on les a rapportées à Malte, elles ont perdu leur qualité venimeuse.
 Il ajoute qu’on trouve tous les jours quantité de vipères et d’autres serpents pétrifiés dans l’île de Malte, comme aussi des langues, des yeux, des viscères de serpents, qui ont tous la vertu de garantir de la morsure des animaux venimeux ceux qui en portent sur eux quelques morceaux ; et pour ceux qui n’en portent point ou qui n’en ont point, s’il leur arrive d’avoir été mordus par un serpent, ils se guérissent sûrement en prenant dans de. l’eau de la râclure de ces serpents pétrifiés, ou de leurs langues, de leurs yeux ou de leurs viscères aussi pétrifiés, ou même de la râclure des pierres de la grotte où saint Paul a logé ; et cela n’est point un effet du climat du pays ; puisqu’avant son arrivée à Malte les vipères et les autres animaux venimeux y étaient aussi dangereux qu’ailleurs.
 Il existe, dit Barbié du Bocage, deux opinions relativement à l’île de Malte, sur laquelle la tempête jeta saint Paul : l’une, toute vivante dans Ille de Malte, située entre la Sicile et l’Afrique, veut que ce soit sur cette île que le saint Apôtre ait trouvé son salut ; l’autre, qui offre aussi quelque vraisemblance, le fait aborder dans l’île de Méléda, au nord-ouest de Raguse, sur la côte de Dalmatie. Il faut, dans cette dernière opinion, supposer que, lorsque la tempête surprit saint Paul dans son vogage à Rome, Brindes était le port vers lequel on se dirigeait pour aborder en Italie ; et en effet, Brindes était alors le port le plus fréquenté pour le passage de l’Italie. en Grèce, et réciproquement. La tempête aurait, dans ce cas, porté le navire plus au nord que la position de Brindes, l’aurait fait échouer sur le rivage de Méléda.

L’autre opinion est pourtant plus communément partagée.
  M. Michaud a vu l’île de Malte en revenant de l’Orient. La ville se compose de deux cités : l’ancienne, c’est Malte ; la nouvelle, c’est la Valette. Ou appelle la cité de Malte, la cité vieille ou la cité notable. a J’ai voulu la visiter, dit M. Michaud (Corresp. d’Orient, lettr. CLXXXVIII, tom. VII, pag. 469, 470); on en fait remonter l’origine aux Carthaginois ; elle est aussi bien bâtie que la Valette; mais ses rues sont désertes ; on nous a montré hors de la ville la grotte miraculeuse de saint Paul, et les souterrains qu’on appelle Catacombes : la grotte est taillée dans une pierre molle qui se reproduit, dit-on, à mesure qu’on en détache des fragments; à côté de cette merveille de la nature est une belle statue en marbre de saint Paul. Tout le monde sait que saint Paul fut jeté dans l’île par un naufrage, et qu’il y apporta la parole de l’Evangile. C’est à un miracle du saint Apôtre que les Maltais attribuent la faveur de n’avoir point dans leur pays des reptiles venimeux.

COMMENTAIRE SUR LA DEUXIEME ÉPITRE AUX THESSALONICIENS – SAINT JEAN CHRYSOSTOME

8 novembre, 2013

 http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/thessaloniciens/2thes01.htm

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

COMMENTAIRE SUR LA DEUXIEME ÉPITRE AUX THESSALONICIENS.

ARGUMENT. — HOMÉLIE PREMIÈRE.

Analyse.

1. Pour quels motifs saint Paul envoie aux Thessaloniciens cette seconde lettre. — Sur les imposteurs qui prétendent que la résurrection est un fait déjà accompli, qui fondent leurs enseignements sur la parole de l’apôtre lui-même. — De l’enseignement de Jésus-Christ à ses sujet.
2. Contre l’orgueil qui vient de l’ignorance où l’on est de Dieu. — L’orgueil, commencement de tout péché. — Tourments que causent les passions mauvaises. — Vanité des choses humaines, qui ne sont que de purs songes.

1. En disant dans la première épître: « Jour et nuit nous désirons vous voir, et encore nous n’y résistons plus, et encore nous sommes restés seuls à Athènes, et j’ai envoyé Timothée » (I Thess. III, 10, 1 , 2); par toutes ces expressions, il marque son désir de se rendre auprès de ceux de Thessalonique. C’est, à ce qu’il semble, parce qu’il n’a pas encore pu satisfaire son désir, c’est parce qu’il lui est impossible de leur communiquer de vive voix les enseignements dont ils avaient encore besoin, qu’il leur écrit cette seconde lettré, destinée à le remplacer auprès d’eux. Il n’était pas allé les voir; c’est ce que l’on peut conjecturer des paroles de cette lettre même, où il dit : « Nous vous conjurons, mes frères, par l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ». (II Thess. II, 1.) Car dans la première lettre il leur disait : « Pour ce qui regarde les temps et les moments, il n’est pas besoin de vous en écrire ». (I Thess. V,1.) S’il avait fait le voyage, une lettre eût été inutile; mais la question ayant été ajournées, il leur écrit. Il s’exprime ainsi, dans l’épître à Timothée : « Quelques-uns bouleversent la foi, en disant que la résurrection est déjà arrivée ». (II Tim. II , 18.) Le but de ces prédicateurs de mensonges était, en étant aux fidèles toute grande et glorieuse espérance, de les décourager devant les fatigues. L’espérance redressait les fidèles, les empêchait de succomber aux maux présents. C’était, pour eux, comme une ancre que le démon voulût briser. Or, ne pouvant leur persuader gaie les choses futures n’étaient que des mensonges, Il s’y prit d’une autre manière; il envoya de ces hommes perdus qui devaient lui servir à tromper les fidèles en leur insinuant que cette grande et glorieuse destinée avait reçu sots accomplissement. Et tantôt ces imposteurs disaient que la résurrection était déjà arrivée; tantôt , que le jugement était proche , qu’on allait voir paraître le Christ; ils voulaient envelopper (246) jusqu’au Christ dans leurs mensonges. En montrant qu’il n’y a plus désormais ni rémunération, ni jugement, ni châtiment, ni supplice pour les coupables, ils voulaient rendre les oppresseurs plus audacieux, et enlever à leurs victimes toute énergie. Et ce qu’il y a de plus grave, c’est que, parmi ces imposteurs, les uns envoyaient des paroles qu’ils prétendaient sorties de la bouche de Paul; les autres allaient jusqu’à fabriquer des lettres qu’il était censé avoir écrites.
Voilà pourquoi l’apôtre, pour s’opposer à ces hommes, disait : « Que vous ne vous laissiez pas ébranler ni par quelques prophéties, ni par quelques discours, ni par quelques lettres qu’on supposerait venir de nous». — « Ni par quelques prophéties». (II Thess. II, 2.) Il indique par là les faux prophètes; mais comment s’y reconnaître, dira-t-on ? par le signe qu’il donne. Aussi ajoute-t-il : « Je vous salue de ma propre main, moi Paul; c’est là mon seing, dans toutes mes lettres j’écris ainsi. La grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous ». (Ibid. III,17,18.) Il ne dit pas que ce qu’il écrit soit son signe, car il est vraisemblable que d’autres aussi l’avaient imité, mais il dit : Je vous écris ma salutation de ma propre main. C’est ce qui se passe aujourd’hui encore parmi nous. La suscription des lettres montre qui les écrit. Maintenant il les avertit des maux dont ils sont infectés; il les loue, pour le présent, et il tire de l’avenir les exhortations qu’il leur envoie. Il les avertit, en leur parlant du supplice, de la distribution des biens qui leur sont préparés; il insiste sur ce point où il répand la lumière; sans indiquer l’époque précise, il montre le signe qui fera reconnaître les derniers temps, à savoir, l’antéchrist. Pour procurer la certitude à l’âme faible, il ne suffit pas de lui parler simplement, il faut lui donner des signes et des preuves. Le Christ se montre plein de sollicitude à cet égard; assis sur la montagne, il met un soin extrême à révéler à ses disciples tout ce qui concerne la consommation des temps. Pourquoi? pour ne pas laisser le champ libre à ceux qui introduisent les antéchrists et les pseudochrists. Lui-même donne beaucoup de signes; il en donne un surtout et c’est le plus grand: Quand l’Evangile aura été prêché dans toutes les nations. Il donne encore un second signe pour qu’on ne se trompe pas sur son avènement : « Il viendra » , dit-il, « comme l’éclair » ; il ne se cachera pas dans un coin; on le verra partout resplendissant. Il n’a besoin de personne pour l’annoncer, tant sa splendeur éclate; l’éclair aussi n’a pas besoin qu’on l’annonce. Jésus-Christ dit encore quelque part, en parlant de l’antéchrist : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’avez pas reçu ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez ». (Jean, V, 43.)
Il donne aussi comme des signes de son arrivée, les calamités survenant coup sur coup, des malheurs inexprimables. Autre signe encore : la venue d’Elie. Or, à cette époque, les habitants de Thessalonique étaient dans le doute, et leur doute nous a été utile à nous-mêmes, car les paroles de l’apôtre ne devaient pas servir seulement aux hommes de Thessalonique, mais à nous-mêmes, pour nous délivrer de fables puériles et d’extravagances de vieilles femmes. N’avez-vous pas entendu souvent, dans votre enfance, certaines conversations sans fin, sur l’antéchrist et sur la génuflexion?. Ce sont des impostures que le démon fait entrer dans nos âmes encore tendres, de telle sorte que cette croyance se fortifie en nous, quand nous grandissons, et trompe nos esprits. Paul, parlant de l’antéchrist, n’aurait pas négligé ces fables, s’il y eût eu du profit pour nous à nous en parler. Ne cherchons donc pas de pareils signes, car il ne viendra pas ainsi, fléchissant les genoux. Mais, « s’élevant au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou adoré, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, voulant lui-même passer pour Dieu ». (II Thess. II, 4.) Car, de même que c’est l’arrogance qui a causé la chute du démon, de même celui que le démon fait mouvoir, est rempli d’arrogance.
2. Aussi, je vous en prie, appliquons-nous tous à repousser ce vice loin de nous, afin de ne pas subir le même jugement, de ne pas encourir la même peine, de ne pas partager le même supplice. « Que ce ne soit point un néophyte » , dit-il, « de peur qu’enflé d’orgueil il ne tombe dans la même condamnation que le démon ». (I Tim. III, 6.) Ainsi, celui qui est enflé d’orgueil, sera puni de la même manière que le démon. « Car le commencement de l’orgueil, c’est de méconnaître le Seigneur». (Eccl. X, 14.) Le commencement du péché c’est l’orgueil. C’est là le premier élan, le premier mouvement vers le mal ; peut-être en est-ce et la racine et (247) la base. Le mot « commencement » veut dire, en effet, le premier élan vers le mal, ou ce qui le constitue: par exemple, si l’on disait que s’abstenir des mauvais spectacles c’est le commencement de la chasteté, cela signifierait le premier élan, le premier pas dans la voie de la chasteté. Si au contraire nous disons: Le commencement de la chasteté c’est le jeûne; c’est comme si nous disions Voilà ce qui la fonde, ce qui la constitue. Ainsi, le commencement du péché c’est l’orgueil ; c’est par lui, en effet, que tout péché commence, c’est l’orgueil qui forme le péché. En effet, quelles que soient nos bonnes oeuvres, ce vice les détruit; c’est comme une racine quine permet pas aux plantes de prendre de la consistance. Voyez, par exemple, toutes les bonnes actions du pharisien, elles lui ont été inutiles parce qu’il n’en a pas coupé la funeste racine; la racine a tout perdu et corrompu. De l’orgueil naissent le mépris des pauvres, la cupidité, l’amour de la prédominance, le désir d’une gloire insatiable. Un homme de ce caractère est porté à se venger de tous les outrages, car l’orgueil ne souffre pas les insultes qui viennent même des plus puissants, à plus forte raison celles qui viennent des plus faibles. Mais celui qui ne peut souffrir l’insulte, ne peut supporter aucun mal. Voyez comme il est vrai de dire que l’orgueil est le commencement du péché ; mais est-il bien vrai que le commencement de l’orgueil, c’est de méconnaître le Seigneur?
Assurément, car celui qui connaît Dieu, comme il faut le connaître, celui qui sait que le Fils de Dieu s’est abaissé à un état si humble, celui-là ne cherche pas à s’élever; celui, au contraire, qui ne sait pas ces choses, s’enfle et s’élève; car l’orgueil le prédispose à l’arrogance. En effet, dites-moi comment ceux qui font la guerre à l’Eglise, peuvent-ils prétendre qu’ils connaissent Dieu? N’est-ce pas là une folie orgueilleuse ? Et voyez dans quel précipice les jette l’ignorance où ils sont de Dieu ; car si Dieu aime un coeur contrit, en revanche il résiste aux superbes; c’est aux humbles qu’il réserve sa grâce. Non, aucun malheur n’est comparable à l’orgueil ; de l’homme, il fait un démon, insolent, blasphémateur, parjure; l’orgueil fait qu’on aspire au carnage ; car toujours l’orgueilleux vit dans les douleurs, toujours indigné, toujours chagrin, et rien ne peut rassasier la funeste passion qui le tourmente ; il verrait l’empereur incliné devant lui et l’adorant, qu’il ne serait pas rassasié, il lui faudrait plus encore. Plus les avares amassent, plus ils ont de besoins. De même pour ces âmes superbes; de quelque gloire qu’elles jouissent, c’est pour elles une raison d’en désirer une plus grande; la passion s’augmente (car c’est une passion). Or, la passion ne connaît pas la mesure ; elle ne s’arrête qu’après avoir tué celui qui la porte en soi. Ne voyez-vous pas combien de gens ivres, toujours altérés, car la passion mauvaise n’est pas un désir fondé sur la nature, mais une dépravation, une maladie. Ne voyez-vous pas que les affamés ont toujours faire? Cette infirmité, comme disent les médecins, franchit toutes les limites de la nature; ainsi ces investigateurs curieux et oisifs ont beau apprendre, ils ne s’arrêtent pas; c’est une passion mauvaise, et qui ne connaît pas de bornes. Et ceux maintenant qui trouvent des charmes aux plaisirs impurs, ceux-là non plus ne s’arrêtent pas. « [Car pour le fornicateur », dit l'Ecriture, « toute espèce de pain est agréable»] (Ecclés. XXIII, 20) ; il ne s’arrêtera que quand il sera dévoré ; c’est une passion. Mais, si ce sont là des passions funestes, elles ne sont pas toutefois incurables, la cure en est possible, et beaucoup plus possible que pour les affections du corps; nous n’avons qu’à vouloir, nous pouvons les éteindre. Comment donc; éteindre l’orgueil ? Connaissons Dieu. Si notre orgueil provient de l’ignorance où nous sommes en ce qui concerne Dieu, la connaissance de Dieu chasse l’orgueil. Pensez à la géhenne, pensez à ceux qui sont bien meilleurs que vous, pensez à toutes les expiations que vous devez à Dieu, de telles pensées auront bien vite réduit, bien vite dompté votre esprit superbe.
Mais c’est ce qui vous est impossible? Vous êtes trop faible? Pensez aux choses- présentes, à la nature humaine, au néant de l’homme. A la vue d’un mort qu’on porte sur la place publique, des enfants orphelins qui le suivent, de sa veuve brisée par la douleur, de ses serviteurs qui se lamentent, de ses amis dans l’affliction, considérez le néant des choses présentes, qui ne sont que des ombres, des songes, rien de plus. Vous ne le voulez pas? Pensez à ces riches qui ont péri dans les guerres ; voyez ces maisons de grands et illustres personnages, ces splendides demeures maintenant abattues; pensez à toute la puissance qu’ils possédaient, (248) dont il ne reste pas aujourd’hui un souvenir. Il n’est pas de jour, si vous voulez, qui ne vous présente de pareils exemples, des princes laissant leur place à d’autres, des richesses confisquées. «Un grand nombre de rois se sont assis sur la terre nue, et celui qu’on ne soupçonnait pas, a porté le diadème». (Ecclés. XI, 5.) N’est-ce pas l’histoire de tous les jours? Ne tournons-nous pas sur une roue ? Lisez, si vous voulez, nos livres, et les livres profanes (car les livres du dehors sont remplis de pareils exemples) si vous dédaignez nos écritures par orgueil; si les ouvrages des philosophes provoquent votre admiration, eh bien, consultez-les; vous y trouverez des leçons, ils vous parleront des malheurs antiques, poètes, orateurs, maîtres de philosophie, tous les écrivains quels qu’ils soient. Partout, si vous voulez, les exemples se montreront à vous. Si vous ne voulez rien entendre parmi eux, considérez notre nature même, son origine, sa fin; appréciez ce que vous pouvez valoir, quand vous dormez: n’est-il pas vrai que le moindre animal pourrait vous ôter la vie? Que de fois un animalcule, tombant du haut d’un toit, ou crève l’œil, ou fait courir quelque autre danger ! Eh quoi? n’êtes-vous pas plus faible que tout animal, quel qu’il soit? Eh ! que me dites-vous? que vous avez le privilège de la raison? Eh bien, vous ne l’avez pas, la raison, et ce qui prouve qu’elle vous manque, c’est votre présomption. Qu’est-ce qui vous inspire votre fierté, répondez-moi la bonne constitution de votre corps? Mais les animaux l’emportent sur vous. Et cela est vrai aussi des brigands, des meurtriers, des profanateurs de sépultures. Mais votre intelligence? Mais l’intelligence ne se manifeste pas par la présomption ; voilà donc tout d’abord qui vous dépouille de votre intelligence. Sachons donc abaisser clos sentiments présomptueux, devenons modestes, humbles, doux et pacifiques car voilà ceux que le Christ regarde comme heureux avant tous les autres: « Bienheureux les pauvres d’esprit » (Matth. V, 3; et XI, 29); et sa voix nous crie encore : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur». Aussi a-t-il lavé les pieds de ses disciples, nous donnant par là un exemple d’humilité. Appliquons-nous à profiter de tous ces discours, afin de pouvoir obtenir les biens promis par lui à ceux qui l’aiment, par la grâce et par la bonté, etc., etc.

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