Archive pour la catégorie 'saint Paul'

KARL RAHNER SERMONS (2 Co 6, 1-10)

10 septembre, 2014

http://peresdeleglise.free.fr/auteurscontemporains/rahner2.htm

KARL RAHNER SERMONS (2 Co 6, 1-10)

Extraits d’un Sermon prononcé le 1er dimanche de Carême, 10 mars 1957, commentant 2 Co 6, 1-10)
Commentaire de l’extrait suivant de la 2e lettre de Paul aux Corinthiens (2 Co 6, 1-10) :

« Puisque nous sommes ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Car il est dit : « Au temps favorable, je t’exauce, au jour de salut, je te viens en aide ». Le voici maintenant le temps favorable, le voici le jour du salut. »

Extrait du Sermon de Karl Rahner :
« Nous le savons tous, la vie humaine n’est vécue qu’une fois et c’est à partir de cette unicité du temps que, tel un fruit, croît l’éternité. Nous autres chrétiens, nous savons que ce temps unique nous est donné par Dieu. Nous sommes appelés dans un temps déterminé et nous avons un temps dont nous ne décrétons pas la longueur : c’est Dieu qui la détermine. Dans ce temps, encore une fois, chaque moment est unique et précieux, car, en définitive, aucun moment ne peut être remplacé par un autre. Et puisque nous autres chrétiens, nous sommes, en tant que chrétiens, appelés dans le temps du Christ, puisqu’on nous prêche la Parole de Dieu révélée, la Parole de sa réconciliation, de son amour, de sa miséricorde, puisque la Parole de Dieu faite chair appartient à notre temps, c’est donc que le jour du salut est vraiment là ainsi que le moment favorable, le moment convenable, le moment opportun, selon la trauction qu’on pourrait peut-être aussi donner à ce mot chez Paul. C’est pourquoi Paul affirme (et l’Eglise le dit avec lui maintenant, au début de ce temps de Carême) : c’est maintenant le temps favorable, le « Kairos » pour vous, c’est maintenant le jour du salut. Ce maintenant n’existe pas toujours, mais il passe ; ce maintenant est un don qui n’est pas en notre pouvoir. Peut-être avons-nous encore une longue vie devant nous, peut-être vivrons-nous encore de nombreux Carêmes, et pourtant chaque moment de notre vie est précieux et chacun est un don de Dieu. Souvent nous aimerions bien avoir d’autres temps, dans l’histoire du mondee et dans notre vie. Peut-être avons-nous un temps de détresse, et nous aimerions avoir un temps de joie. Peut-être aimerions-nous connaître des temps magnifiques et nous avons un temps de travail pauvre, pénible, monotone, ennuyeux, dont – croyons-nous – il ne sort pas grand-chose. Et pourtant, de chacun de nos instants, l’Ecriture peut dire : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut : ce jour que tu as maintenant, l’heure qui t’est donnée maintenant. Sans cesse nous devrions, de toute la force de notre coeur, adresser à Dieu cette prière : Donne-moi la lumière et la force pour reconnaître le temps que j’ai maintenant comme tu veux que je le reconnaisse : comme quelque chose qu’il faut peut-être supporter et qui est peut-être ennuyeux et amer, comme l’heure, peut-être, de la mort et de la lente agonie, mais surtout comme ton heure, comme le don que tu me fais, et comme le jour de ton salut.
Si nous commencions ainsi chaque journée, si nous acceptions chaque heure de la main de Dieu, c’est-à-dire de là d’où elle nous vient vfraiment, si nous ne nous plaignions pas, si nous ne nous attaquions pas à la situation dans laquelle nous sommes placés sans pouvoir y échapper, mais si nous disions avec foi et humilité, dans la force de l’Esprit et dans la lumière du Seigneur : c’est maintenant le jour du salut, l’heure du salut, le moment favorable, d’où peut surgir mon éternité, est-ce que notre vie ne serait pas alors mieux vécue ? Est-ce qu’alors nos journées – même si, humainement, elles sont vides et désolées – ne seraient pas plus remplies, plus lumineuses, plus grandes, plus larges et plus heureuses de ce bonheur secret que le chrétien peut connaître même sur la croix et dans la désolation. Redisons une fois encore avec l’Apôtre : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut. Ô Dieu, donne-nous dans ta grâce la lumière et la force de reconnaître et de vivre le jour, le moment tel que tu ne cesses de nous le donner : comme le don que tu nous fais, comme ta grâce et comme notre mission, afin que de ce temps, de ce temps favorable du salut germe ton éternité. »
(Sermon cité in Homélies et méditations, Salvator, 2005, pp. 223-225)

À CAUSE DU CHRIST. LE RETOURNEMENT DE PAUL LE JUIF

2 septembre, 2014

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/200042.html

À CAUSE DU CHRIST. LE RETOURNEMENT DE PAUL LE JUIF

Par Yara Matta

À cause du Christ. Le retournement de Paul le Juif
« Lectio divina » 256, Éd. du Cerf, Paris, 2013, 384 p., 

Le beau livre que nous offre Yara Matta (Y.M.), religieuse de la Congrégation des Sœurs maronites de la Sainte-Famille, professeur à l’Institut catholique de Paris et à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, est issu de sa thèse de doctorat. Mais s’il a la précision et l’érudition d’une thèse, il est aussi d’une lecture agréable et soutient l’attention du lecteur tout au long de la démonstration. Y.M. se propose de reprendre à frais nouveaux le chapitre 3 de la lettre aux Philippiens, développement de caractère autobiographique où la « narration de soi » demande à être interprétée. Elle l’aborde en termes d’appartenance(s) et d’identité, fil rouge d’un retournement qui dépasse, annule puis réinterprète l’appartenance juive de l’apôtre, pour donner naissance à une identité nouvelle, elle-même en tension permanente vers son but. Mais l’identité de l’apôtre ne se construit que d’être un appel et un modèle pour que d’autres entrent dans la même dynamique de retournement et de marche en avant, à cause du Christ et vers lui.
Puisqu’il s’agit de montrer que Paul habite pleinement une appartenance pour la dépasser, la méthode originale de Y.M. est d’éclairer le texte paulinien en le situant dans le paysage complexe du judaïsme contemporain. La possibilité de rapprochements avec les traditions juives est certes soumise au problème récurrent de la datation de ces traditions, mais l’auteur maîtrise largement la question et la prudence de ses analyses permet que ses propositions soient toujours pertinentes.
La composition du livre est simple : après la question de l’intégrité de la lettre et de la délimitation du texte étudié, vient une proposition de structuration de Ph 3,2-21. Y.M. y donne une large place aux recherches de type rhétorique dont elle sait aussi relativiser l’importance. Les 5 chapitres suivants offrent une analyse serrée du texte paragraphe par paragraphe. Les traits innés ou acquis de l’appartenance juive, qui sont autant de motifs de fierté pour Paul, sont l’occasion d’une plongée dans les traditions juives contemporaines qui donnent un relief remarquable au discours paulinien. L’exemple le plus marquant est l’étude de la circoncision dont Y.M. détaille les significations multiples pour éclairer l’ampleur des démarches spirituelles en jeu. D’un geste sûr, elle choisit et présente les traits saillants mais composites qui font une appartenance.
Le chapitre central (chap. 5) donne son titre au livre : « À cause du Christ ». L’étude des quelques versets qui opèrent le retournement permet une analyse à nouveaux frais de la conception paulinienne de la « justice », et on résumerait volontiers l’ensemble par l’alternative : « la circoncision ou le Christ ». Le dialogue constant que Y.M. entretient avec les commentateurs récents de la lettre lui permet de guider progressivement le lecteur vers sa propre lecture, à la fois très équilibrée et toujours nuancée. Le fil conducteur d’une nouvelle identité reçue du Christ permet de réévaluer de façon négative l’appartenance juive de Paul (comme d’ailleurs toutes les autres appartenances), sans que soit pour autant niée sa réelle valeur.
Cependant l’ouvrage ne culmine pas sur ces versets qui disent la nouvelle appartenance en termes de connaissance intime et de participation à la dynamique pascale. Il poursuit plus loin, dans le sens de la tension eschatologique qui anime la course de l’apôtre, mais par là même aussi dans l’appel à l’imitation qui transforme l’expérience particulière de Paul en témoignage et exemple pour d’autres. On notera au passage les très jolies remarques sur les pratiques de la course au stade, qui soulignent l’originalité de Paul ; on y lira plus profondément le fait qu’il ne s’agit pas pour l’apôtre d’une compétition mais d’un désir d’entraîner avec lui tous les membres de l’Eglise de Philippes. Du coup, le témoignage personnel et subjectif est inséparable d’une prédication qui lui donne valeur universelle : tous sont appelés avec Paul et à sa suite, quelles que soient leurs appartenances, tous peuvent courir vers le même but, vers une nouvelle identité, à cause du Christ.
Ce livre marquera dans les études pauliniennes, et il passionnera spécialistes et enseignants. Mais la clarté de son écriture et la fermeté du propos, bien annoncé, bien balisé et remarquablement repris en conclusion, font qu’on peut le recommander à tous les animateurs bibliques et passionnés de la Bible : sa lecture renouvellera leur connaissance de l’apôtre Paul, de sa vocation et de sa mission. (Roselyne Dupont-Roc)
Niveau de difficulté : moyen

ESPÉRER CONTRE TOUTE ESPÉRANCE – ( Romains 4:13-25 )

2 juillet, 2014

http://oratoiredulouvre.fr/predications/esperer-contre-toute-esperance.php

ESPÉRER CONTRE TOUTE ESPÉRANCE – ( Romains 4:13-25 )

Culte du dimanche 7 mars 2010 à l’Oratoire du Louvre

prédication du pasteur James Woody

Chers frères et sœurs, il me semble que, si, au sein des croyances disponibles, le christianisme est délaissé par tant de nos contemporains, c’est qu’il apparaît très souvent comme impraticable. L’Evangile est bien joli sur le papier, mais au jour le jour, il est impossible à appliquer : trop exigeant ou trop en décalage avec la réalité, l’Evangile semble inaccessible ou hors de propos pour nous aider à vivre au quotidien.

Contre toute espérance
Cette critique pourrait nous accabler si elle n’était assumée par la Bible elle-même. Oui, la Bible elle-même, ce passage biblique en particulier, assume le fait qu’il y a un écart terrible entre l’Evangile et notre vie quotidienne. Plus qu’un écart, il y a même une opposition. Dans ce texte, l’apôtre Paul la pointe en une formule « contre toute espérance ». Abraham a cru, il a espéré contre toute espérance. Cette opposition, Jürgen Moltmann l’érige au rang de conflit qui traverse la notre vie spirituelle. C’est le conflit entre l’expérience, la réalité (ce qui est) et l’espérance, justement (ce qui peut être, l’expérience possible). C’est le conflit entre tout ce qui, dans notre histoire, démontre la domination de la souffrance, du mal et de la mort, d’une part, et l’espérance, d’autre part, qui nous oriente vers un mieux. C’est un conflit que Jean Calvin relevait déjà : « La vie éternelle nous est promise : mais cependant nous sommes morts. On nous tient propos de la résurrection bienheureuse : mais cependant nous sommes environnés de pourriture… » (Comment. Hb 11/1).
Ce conflit, c’est la contradiction entre ce qui est et ce qui devrait être ; c’est la contradiction entre la prédication chrétienne et la vie quotidienne ; c’est la contradiction entre les bons sentiments chrétiens et leur mise en œuvre ; c’est la contradiction entre le monde et l’Evangile dont l’évangile selon Jean est gorgé.
L’Evangile ne va pas de soi, c’est le moins qu’on puisse dire. Il suffit de consulter les informations des médias pour avoir la liste détaillée de tout ce qui va de travers dans notre monde et qui contredit le bien fondé de l’espérance chrétienne. Il n’y a qu’à laisser parler notre expérience pour que s’exprime nos désillusions, parfois notre détresse à l’égard de tout ce qui ne va pas comme nous serions en doit de l’espérer. Il n’est qu’à regarder les travailleurs sociaux, ceux qui sont dans des relations d’aide et qui sont menacés par le fameux « burn out », cette forme de dépression qui touche ceux qui ont le sentiment que ce qu’ils font ne sert à rien, que le monde ne va pas mieux, que la société continue à dévorer ses membres, que c’est foutu, de toutes manières. C’est le cas de nos jours, c’était déjà le cas du temps où des hommes réfléchissaient à leur condition et essayaient d’en dire quelque chose à travers la mise en récit de figures exemplaires parmi lesquelles Abraham.
Face à ce constat, certains baissent les bras, ils se résignent et, avant de sombrer totalement, ils se détachent de cet environnement et se réfugient derrière une forme de cynisme, à la manière de ce que Camus présente dans le mythe de Sisyphe : « des hommes qui pensent clair mais qui n’espèrent plus » (p. 124). C’est leur manière de se protéger, de ne pas être affecté par des situations qui leur semblent être des impasses de la vie. Jürgen Moltmann, qui admet que Dieu ne soit pas impassible et que la souffrance en Dieu lui-même soit possible, y voit là le véritable péché. Selon lui, le péché ne relève pas d’un comportement moral défaillant, mais de l’abandon de soi au désespoir. Le véritable péché, selon Moltmann, c’est le désespoir, désespoir qui est « l’absence muette de sens, de perspective, d’avenir et de visée » (Théol. de l’espérance, p. 19). Certains se désespèrent, d’autres, au contraire, gardent le feu sacré. Ils persévèrent et continuent à lutter à contre courant d’une espérance qui est devenue une peau de chagrin aux yeux du monde.

Fidélité de Dieu
Avec l’apôtre Paul, nous pouvons découvrir les racines de cette ténacité, de cette espérance qui surmonte le désespoir, dans la fidélité de Dieu. Espérer encore parce que Dieu est fidèle à ses promesses. Ce n’est pas espérer malgré tout, ce n’est pas adopter une posture optimiste. Moltmann insiste aussi pour dire que « l’espérance chrétienne n’est pas un optimisme de l’homme poussé par son désir mais un ‘extra nos’ de la promesse de Dieu » (p. 392). Inscrire l’espérance dans la fidélité de Dieu, c’est un acte de foi, bien entendu, et les non-chrétiens pourraient objecter que ça ne fonctionne qu’à la condition de croire dans cette illusion qu’on appelle Dieu. Et lorsque Moltmann inscrit l’espérance chrétienne dans le fait central de la résurrection, les non-chrétiens pourraient objecter que ça ne fonctionne qu’à la condition de croire dans cette histoire incroyable de Pâques. Ces objections, nous ne pouvons les balayer négligemment d’un revers de main. Ces objections nous obligent. Nous devons les prendre au sérieux pour que notre espérance ne soit pas, justement, un optimisme illusoire. De même que nous ne pouvons pas nous contenter de dire « oui, c’est vrai, Dieu est fidèle puisque dans la Bible il est écrit que Dieu est fidèle », de même que nous ne pouvons pas nous contenter de dire « oui, c’est vrai, Dieu accomplit ses promesses puisqu’il est écrit dans la Bible qu’il a fait pour Abraham tout ce qu’il lui avait promis », sans risquer de confondre foi et crédulité, nous ne pouvons pas prendre cette déclaration de principe pour argent comptant.
Penser la foi, penser la fidélité de Dieu, c’est ce que fait l’apôtre Paul, c’est ce que nous invite à faire Moltmann à sa suite : lorsqu’il reprend la vieille histoire d’Abraham, Paul rappel que l’accomplissement de la promesse divine doit être assurée à toute la descendance au sens universel du terme : tous sans exception. C’est le terme bebaios que Paul utilise (4/16) pour exprimer la confirmation de la promesse que nous devons tous vérifier, génération après génération. Il ne suffit pas de recevoir cette promesse, encore faut-il l’éprouver, encore faut-il qu’elle soit vraie pour nous. C’est la raison pour laquelle Moltmann dit que l’Evangile n’accomplit pas les promesses, mais qu’il les valide. Il les valide pour ceux de la génération de Jésus. A notre tour, il faut aussi vérifier que cette promesse est valide, aujourd’hui encore. Cela implique que nous mettions à l’écoute du monde pour y entendre la promesse divine à l’œuvre et cela implique que nous nous engagions pour que cette promesse devienne réaliste. En termes clairs, il s’agit d’entendre que ressusciter est possible de nos jours encore et il s’agit d’être agent de résurrection. C’est à nous, personnellement, qu’une telle tâche théologique incombe. Je prends un exemple pour illustrer en quoi cela peut consister, avec l’histoire d’un enfant, « Maurice, qui a passé les dix premières années de sa vie en compagnie de deux parents alcooliques qui se battaient tous les jours. A l’âge de dix ans il a été placé dans une institution où il n’a pas été malheureux, jusqu’au jour où il a rencontré un jardinier qui a enchanté sa vie. Chaque jour, l’enfant attendait ce travailleur et s’empressait de lui poser quelques questions banales auxquelles l’homme répondait gentiment. Pour l’adulte, ce n’était rien, quelques minutes de vacances pour répondre à un enfant. Pour le petit, ce fut un événement énorme, fabuleux, car c’était la première fois de sa vie qu’on lui parlait gentiment… » (Cyrulnik, Un merveilleux malheur, p. 74). C’est ainsi, au contact d’un jardinier (ce qui n’a rien de nouveau pour un lecteur de la Bible), que ce petit a été ressuscité, relevé de son malheur. C’est vrai pour les anonymes qui sont autour de nous, c’est vrai pour des personnes aussi célèbres que les chanteurs Georges Brassens ou Barbara, que pour Niki de Saint Phalle qui s’est donné ce nom comme un étendard qui transgresse la transgression de l’enfance et qui signifie la résurrection de son âme blessée.

Espérer contre toute espérance
Transgresser… tel est bien le sens profond de cette théologie de l’espérance qui point dans cette lettre aux Romains et que Moltmann mit en musique. Moltmann qui écrit que « croire signifie transgresser par une espérance anticipante les limites où la résurrection du crucifié à pratiqué une brèche » (p.17). L’espérance chrétienne, est ce moteur qui nous pousse à transgresser les lois qui condamnent l’humanité à n’être que l’ombre d’elle-même. L’espérance nous pousse à transgresser les habitudes qui nous empêchent de donner le meilleur de nous même. L’espérance nous pousse à transgresser le réel, à faire craquer tous les vernis qui figent la vie et font de nous des personnages de musée. Transgresser, par ce que l’espérance que Dieu suscite en nous revient à ajouter de l’espérance à l’espérance ou, pour le dire avec l’expression grecque de l’apôtre Paul, une espérance au-dessus de l’espérance, sous-entendu supérieure à l’espérance commune, l’espérance bon marché qui n’est qu’un optimisme de confort. Précisément, l’espérance est ce qui nous pousse à attaquer le monde lorsque celui-ci impose le conformisme comme mode d’existence, lorsqu’il réduit notre horizon d’attente, lorsqu’il ampute notre futur de tout ce que Dieu nous rend capable d’entreprendre. Transgresser, combattre car, comme l’écrit Moltmann, « on ne peut pas simplement espérer et attendre la Seigneurie à venir du Christ ressuscité : cette espérance et cette attente façonnent en outre la vie, l’action et la souffrance, dans l’histoire de la société » (p. 355) ; et il ajoute : « ne pas se conformer à ce monde veut dire transformer, par sa résistance et par son attente créatrice, la forme du monde où l’on croit, où l’on espère et où l’on aime ».

Amen. 

ENZO BIANCHI POUR LA FÊTE DE PIERRE ET PAUL

27 juin, 2014

http://rouen.catholique.fr/spip.php?article1818

ENZO BIANCHI POUR LA FÊTE DE PIERRE ET PAUL

La solennité des saints Pierre et Paul réunit, dans une unique célébration, Pierre, le premier disciple à avoir été appelé selon les récits synoptiques, le premier des douze apôtres, et Paul, qui n’a pas été disciple de Jésus, ni ne fit partie du groupe des Douze, mais que l’Église appelle « l’Apôtre » : l’envoyé par excellence, bien que ce titre, que lui-même se donne, ne lui soit jamais reconnu dans les Actes des apôtres. Cette fête, déjà attestée dans le plus ancien calendrier liturgique qui nous soit parvenu, la Depositio marthyrum, du IIIe siècle, met en commun deux apôtres de Jésus morts à Rome en des temps différents, mais l’un et l’autre martyrs, victimes des persécutions contre les chrétiens : deux vies offertes en libation à cause de Jésus et de l’Évangile.
Les deux apôtres sont ainsi réunis dans la célébration liturgique, après que leurs vies terrestres les ont vus plutôt s’opposer l’un à l’autre : leur communion, parce que vécue dans la parresia, la franchise évangélique, n’a pas toujours été facile, et a même souvent été laborieuse. Le bas-relief en calcaire conservé à Aquilée, tout comme l’iconographie traditionnelle qui représente leur accolade, cherche à exprimer précisément cette communion au prix fort, qui a garanti à chacun des deux de mener à terme son œuvre comme fondement de l’Église de Rome, le lieu où leur course prit fin, le lieu qui les vit l’un et l’autre martyrs à l’époque de Néron, mis à mort pour le même motif.
Pierre est parmi les premiers hommes que Jésus a appelés : un pêcheur de Bethsaïda, sur le lac de Tibériade, un homme qui n’a certainement pas accordé beaucoup de temps à la formation intellectuelle et qui vivait sa foi surtout dans le culte synagogal du sabbat puis, après avoir été appelé par Jésus, à travers l’enseignement de ce maître qui parlait comme personne d’autre avant lui. Homme généreux et impulsif, Pierre suivit Jésus en répondant avec élan à la vocation, mais il restait toutefois inconstant, victime facile de la peur, capable même de lâcheté, au point de méconnaître celui qu’il suivait comme disciple.
Toujours proche de Jésus, il apparaît comme le représentant des autres disciples, parmi lesquels il occupait une position prééminente : on ne pourrait pas parler de la vie de Jésus sans mentionner Pierre, qui osa, le premier, confesser avec audace que Jésus est le Messie (voir Mt 16,16). Quand les disciples, tout comme une grande partie de la foule, se demandaient si Jésus était un prophète ou s’il était même « le » prophète des temps derniers, s’il était le Messie, l’Oint du Seigneur, ce fut Pierre, sollicité par Jésus, qui confessa la foi : les quatre évangiles rapportent chacun différemment les mots utilisés, mais ils attestent tous la priorité de Pierre à reconnaître la vraie identité de Jésus. Toutefois Pierre fit cette confession non pas comme « porte-parole » des Douze, mais animé par une force intérieure, par une révélation qui ne pouvait lui venir que de Dieu. Croire que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, n’était pas possible en ne faisant qu’analyser et interpréter l’accomplissement éventuel des Écritures : c’est Dieu lui-même, le Père qui est dans les cieux, qui révéla à Pierre l’identité de Jésus (voir Mt 16,17). Ainsi Jésus a-t-il reconnu dans son disciple Simon une « roche », Céphas, une pierre, sur la foi duquel la communauté, l’Église pouvait trouver son fondement.
Pierre, que Jésus appelle le « bienheureux », qu’il déclare roche solide capable de confirmer la foi de ses frères, ne sera pas exempt d’erreurs, de chutes, d’infidélités à son Seigneur. Immédiatement après la confession de foi que l’on vient de rappeler, il manifestera sa manière trop mondaine de comprendre le chemin de passion de Jésus, à tel point que ce dernier l’appellera « Satan » (Mt 16,23). Puis, à la fin de la vie terrestre de Jésus, Pierre déclarera bien trois fois qu’il ne l’a jamais rencontré : la peur et la volonté de se sauver soi-même le conduiront à déclarer avec force « ne pas connaître » (Mt 26,70.72.74) ce Jésus dont il avait reçu la connaissance par Dieu même ! Jésus, qui l’avait assuré de sa prière pour que sa foi ne défaille pas, après la Résurrection, le reconfirmera à sa place, en lui demandant toutefois, lui aussi par trois fois, de lui attester son amour : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » (Jn 21,15.16.17.) Touché au vif par cette question, Pierre deviendra l’apôtre de Jésus, le pasteur de ses premières brebis à Jérusalem, puis parmi les communautés judaïques en Palestine, à Antioche ensuite et enfin à Rome, où il déposera la vie à son tour, à l’exemple de son Maître et Seigneur. Et à Rome, Pierre retrouvera aussi Paul : nous ne savons pas si cela se fit dans le quotidien du témoignage chrétien, mais dans tous les cas à travers le signe éloquent du martyre.
Paul, « l’autre », l’apôtre différent, a été placé à côté de Pierre dans son altérité, comme pour garantir dès les premiers pas que l’Église chrétienne est toujours plurielle et qu’elle se nourrit de diversité. Juif de la diaspora, originaire de Tarse, la capitale de la Cilicie, monté à Jérusalem pour devenir scribe et rabbi dans le sillage de Gamaliel, l’un des maîtres les plus fameux de la tradition rabbinique, Paul était un pharisien, expert zélé de la loi de Moïse, qui n’a connu ni Jésus ni ses premiers disciples, mais qui se distingua par son opposition et sa persécution envers le mouvement chrétien naissant. Paul se définit comme un « avorton » (1 Co 15, 8) par rapport aux autres apôtres qui avaient vu le Seigneur Jésus ressuscité, mais il demandait à être reconnu comme envoyé, serviteur, apôtre de Jésus Christ au même titre qu’eux, parce qu’il avait mis sa vie au service de l’Évangile, il s’était fait l’imitateur du Christ jusque dans ses souffrances, il s’était dépensé en voyages apostoliques dans toute la Méditerranée orientale, il était habité par une sollicitude pour toutes les Églises de Dieu. Sa passion, son intelligence, son engagement à annoncer le Seigneur Jésus transparaissent dans toutes ses lettres et les Actes des apôtres en donnent également un témoignage sincère. C’est lui « l’apôtre des gentils », comme il se définit lui-même, alors que Pierre est « l’apôtre des circoncis » (Ga 2,8).
Pierre et Paul, l’un et l’autre disciples et apôtres du Christ, et pourtant si différents : Pierre, un pauvre pêcheur, Paul, un intellectuel rigoureux ; Pierre, un Juif palestinien venu d’un obscur village, Paul, un Juif de la diaspora et citoyen romain ; Pierre, lent à comprendre et à œuvrer en conséquence, Paul, consumé par l’urgence eschatologique… Voilà deux apôtres qui ont eu des styles différents, qui ont servi le Seigneur selon des modalités très diverses, qui ont vécu l’Église de manière parfois dialectique pour ne pas dire opposée, mais l’un et l’autre ont cherché à suivre le Seigneur et sa volonté, et ensemble, grâce à leur diversité précisément, ils ont su donner un visage à la mission chrétienne et un fondement à l’Église de Rome, qui préside dans la charité. Il est juste alors de célébrer leur mémoire ensemble, car c’est la mémoire de l’unité dans la diversité, de deux vies offertes par amour pour le même Seigneur, d’une charité vécue dans l’attente du retour du Christ.

Source : Enzo Bianchi : « Donner sens au temps, Les grandes fêtes chrétiennes », p. 127-132 Éditions Bayard, 2004.

LA VISITE DE BARTHOLOMEOS Ier À ROME – FÊTE DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL (2004) -

25 juin, 2014

http://www.30giorni.it/articoli_id_4022_l4.htm

LA VISITE DE BARTHOLOMEOS Ier À ROME – FÊTE DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL (2004) -

L’unité que nous souhaitons voir de nos yeux durant notre vie sur terre

Le Patriarche œcuménique de Constantinople a défini, dès son premier discours du 29 juin, les bases de cette unité que les Églises doivent demander «fixant les yeux sur Jésus, le chef de notre foi qui la mène à la perfection, sans lequel nous ne pouvons rien faire»

par Gianni Valente

«C’est avec des sentiments mêlés de tristesse et de joie que nous venons à vous en ce jour important de la fête des saints apôtres Pierre et Paul». L’exorde ambivalent de l’homélie prononcée par Bartholomeos Ier durant la messe du soir du 29 juin sur le parvis de Saint-Pierre, où était réunie une foule de cardinaux et d’archevêques catholiques attendant de recevoir le pallium des mains tremblantes du Pape, représente comme l’emblème de la façon dont s’est déroulée la visite du patriarche œcuménique de Constantinople à l’Église de Rome et à son Évêque, à l’occasion de la fête patronale de la Ville éternelle. Une sincérité sans calcul, peu accoutumée aux schémas préfabriqués des habituelles et vaines courtoisies dans les rapports du monde œcuménique. Une grande loyauté qui lui fait dire: «Tout en nous réjouissant avec vous, nous regrettons que manque ce qui aurait rendu totale notre joie à tous deux à savoir le rétablissement de la pleine communion entre nos Églises».
Bartholomeos connaît bien Rome. Il y a poursuivi ses études pendant quelques années au temps du Concile. C’est la troisième fois qu’il vient dans la Ville sainte en tant que patriarche, mais cette fois-ci sa visite a donné lieu à des attentes particulières. À la suite de la lettre que, le 29 novembre dernier, Bartholomeos avait envoyée au Pape pour manifester l’hostilité de toute l’Orthodoxie à la reconnaissance – dont il était question – du patriarcat pour les catholiques ukrainiens de rite oriental, il était nécessaire de dissiper les malentendus et de mettre fin aux mauvaises humeurs. Il fallait célébrer le réouverture de l’église romaine San Teodoro al Palatino qui a été confiée, sur décision du Pape, pour usage liturgique, aux grecs-orthodoxes de Rome. Et puis tombent cette année des anniversaires importants d’événements liés à l’histoire des rapports entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe: le schisme d’Orient (1054), la quatrième Croisade avec le sac de Constantinople (1204) et l’accolade que se sont donnée à Jérusalem le pape Paul VI et le patriarche Athênagoras (1964), après des siècles d’hostilité entre évêques de la Première et de la Seconde Rome.
Les gestes et les mots de Bartholomeos, dans ses journées romaines, sont passés comme une brise fraîche au milieu des manières obséquieuses et formalistes des représentants de l’Église. Sans s’engager dans les impasses des querelles brûlantes sur le prosélytisme et l’uniatisme (seule une allusion dans la rencontre finale avec des journalistes pour réduire toute la question au zèle «excessif, incompréhensible et inacceptable» de «certains prêtres polonais»), Bartholomeos a défini, dès son premier discours du 29 juin, les bases de cette unité que les Églises doivent demander «fixant les yeux sur Jésus, le chef de notre foi qui la mène à la perfection, sans lequel nous ne pouvons rien faire». Une unité que pourtant», a-t-il dit, «nous souhaitons de tout notre cœur voir de nos yeux durant notre vie sur terre ».
L’accolade de Jean Paul II et du patriarche Bartholomeos Ier sur la place Saint-Pierre, à la fin de la messe dans la solennité des apôtres saint Pierre et saint Paul, le soir du 29 juin
L’accolade de Jean Paul II et du patriarche Bartholomeos Ier sur la place Saint-Pierre, à la fin de la messe dans la solennité des apôtres saint Pierre et saint Paul, le soir du 29 juin

Unité de l’Église et alliances mondaines
Il y a une façon de comprendre l’unité souhaitée entre les Églises qui se fonde sur des catégories et des interprétations «mondaines». Bartholomeos, dans les discours qu’il a prononcés à Rome, a utilisé plusieurs fois cet adjectif pour décrire le modus operandi qui conçoit cette unité comme une «soumission des Églises et de leurs fidèles à un unique schéma administratif» ou comme une «alliance idéologique ou une alliance d’action pour atteindre un but commun», une unité égale «aux unions des États, aux corporations de personnes et de structures avec lesquelles se crée une union d’organisation plus élevée».
Cette conception n’a rien à voir avec «l’expérience qui vient d’une telle communion de chacun avec le Christ que l’unité se fait dans le vécu du Christ». Une unité dans laquelle «on ne cherche pas à niveler les traditions, les usages et les habitudes de tous les fidèles», mais on demande seulement de vivre «la communion dans le vécu de l’incarnation du Logos de Dieu et de la descente de l’Esprit Saint dans l’Église ainsi que dans le vécu commun de l’événement de l’Église comme Corps du Christ». Le seul dialogue intéressant, «le plus important de tous», a lieu à l’intérieur de cet horizon.
Si n’existe pas cette insertion gratuite dans le «vécu du Christ», le risque est que l’on se serve du nom du Christ pour couvrir ses propres prétentions de pouvoir ecclésiastique. «Il est arrivé bien des fois», a expliqué Bartholomeos dans son homélie de la place Saint-Pierre, que «des fidèles, au cours des siècles, aient demandé au Christ d’approuver des œuvres qui n’étaient pas en accord avec son esprit». «On a encore plus souvent», poursuit-il, «attribué au Christ ses propres opinions, son propre enseignement en prétendant que les unes et l’autre étaient l’expression de l’esprit du Christ. De là sont nées des discordes entre les fidèles».
Le patriarche Bartholomeos Ier dépose un bouquet de fleurs sur la tombe de Paul VI, dans les Grottes du Vatican, le matin du 29 juin
Le patriarche Bartholomeos Ier dépose un bouquet de fleurs sur la tombe de Paul VI, dans les Grottes du Vatican, le matin du 29 juin

Défis et gestes concrets
Jean Paul II a lui aussi situé la rencontre avec Bartholomeos dans la perspective historique qui va des déchirures de 1054 et de 1204 au “revirement” de l’accolade entre Athênagoras et Paul VI et à la reprise du dialogue théologique entre les Églises d’Orient et d’Occident. Le matin du 29 juin, dans le discours qu’il a adressé à la délégation venant du Phanar, il s’est arrêté en particulier sur les événements de la IVe croisade, époque où «une armée partie pour récupérer pour la chrétienté la Terre Sainte se dirigea vers Constantinople pour prendre et saccager la ville, versant le sang de nos frères dans la foi». Dans l’homélie qu’il a prononcée durant la messe du soir, il a rappelé la rencontre entre Paul VI et Athênagoras comme «un défi pour nous», rappelant que l’engagement à marcher vers l’unité «pris par l’Église catholique avec le Concile Vatican II est irrévocable». Mais plus que les discours et les homélies, ce sont certains gestes concrets qui ont donné la mesure du peu qui sépare les Églises catholique et orthodoxe. Un peu qui les empêche pourtant de manifester et de vivre dans toutes ses conséquences la pleine communion visible. Des gestes comme le Credo que le Pape et le Patriarche ont récité ensemble en langue grecque, dans la formulation originale nicéo-constantinopolitaine, durant la messe du 29 juin. Ou comme l’hymne à l’apôtre Pierre, entonné par Bartholomeos devant le sépulcre de l’apôtre Pierre, le matin du 29 juin, quand le Patriarche est descendu dans les Grottes du Vatican pour réciter une prière et déposer un bouquet de fleurs sur la tombe de Paul VI.
L’Orthodoxie dans le cœur de Rome
Les Turcs appellent la résidence de Bartholomeos sur la Corne d’Or, à Istanbul, Rum Patrikhanesi, Patriarcat “Romain”. Dans le jargon local, le Patriarcat et sa cour sont aujourd’hui encore les Rum, les “Romains”, autrement dit les descendants de la tradition byzantine, laquelle se considérait comme l’héritière exclusive de la civilisation romaine impériale. Mis à part sa visite au Vatican, les trajets accomplis par Bartholomeos durant ses journées romaines ont tous été compris dans le triangle formé par le Capitole, le Palatin et l’île Tibérine, au cœur de Rome. Trajets qui ont consolidé le lien qui unit le patriarcat œcuménique à la réalité ecclésiale et civile de la Ville éternelle.
Dans l’après-midi du 30 juin, le Patriarche et toute la délégation (dont faisaient partie le métropolite Chrysostome d’Ephèse, Jean de Pergame et Gennadios de l’archidiocèse d’Italie) ont été accueillis par le maire de Rome, Walter Veltroni, dans la Salle des Drapeaux, au Capitole. Recevant la décoration de la Louve de Rome, Bartholomeos a souligné que «c’est l’idée de la réconciliation et de la collaboration entre les peuples européens qui a fait naître justement, ici, à Rome, l’Union européenne». Il a encore rendu hommage à la Cité éternelle, en tant que point concret de fusion des trois éléments constitutifs de la civilisation européenne: «La démocratie, la philosophie, l’art», a-t-il dit, «sont issus de l’ancien esprit grec. La suprématie du droit, l’organisation de l’État, la paix comme effet de la domination sur le monde expriment le réalisme de l’esprit romain. Le respect du faible, de la femme, de l’enfant, la diffusion de la charité, l’adoucissement de la cruauté et la clémence sociale expriment l’esprit chrétien […]. Souhaitons que l’esprit chrétien, partant de Rome, la ville qui cultive et mêle depuis des siècles les principes de ces trois civilisations, imprègne de son parfum la vie de tous les habitants de l’Europe».
La rencontre avec le maire Walter Veltroni , au Capitole, l’après-midi du 30 juin
La rencontre avec le maire Walter Veltroni , au Capitole, l’après-midi du 30 juin
La rencontre de la délégation patriarcale avec la Communauté de Sant’Egidio, qui s’est déroulée dans l’église san Bartolomeo, sur l’Île Tibérine, a confirmé les liens d’amitié qui existent depuis longtemps entre le Patriarche et le groupe ecclésial romain. Bartholomeos a loué les membres de la communauté «de poursuivre le dialogue interreligieux dans un esprit de paix», à un moment où des «heurts réciproques survenus au nom de la religion, ont répandu parmi les hommes l’idée erronée que la haine et l’extrémisme religieux plaisent à Dieu». Une idée qui attribue ainsi à Dieu un reniement pervers «de sa sagesse et de son amour, c’est-à-dire de lui-même».
Le matin du 1er juillet, les progrès accomplis par les Églises de la Première et de la Seconde Rome sur la voie de la pleine communion se sont manifestés de façon stable et concrète par la remise de l’église San Teodoro Tirone al Palatino (dédiée au martyr du même nom), qui a été confiée par le diocèse de Rome, sur décision de son Évêque, à l’archidiocèse orthodoxe d’Italie et qui est destinée à devenir la paroisse romaine des orthodoxes de langue grecque. Une église à plan circulaire, lieu de culte dès le VIe siècle, restaurée dans les deux dernières années selon les exigences de la liturgie byzantine, aux frais de Mme Fotini Livanos, qui appartient à une riche famille d’armateurs grecs. C’est dans cette église que Bartholomeos a présidé, pendant plus de deux heures, le thyranixion, célébration solennelle d’inauguration de l’usage liturgique de la part de la communauté grecque-orthodoxe, en présence de nombreux ecclésiastiques catholiques dont le cardinal vicaire Camillo Ruini, le cardinal Walter Kasper et l’archevêque substitut de la Secrétairerie d’État, Leonardo Sandri. Dans la petite église, avant-poste orthodoxe dans le cœur de l’aire archéologique de Rome, Bartholomeos a exprimé sa gratitude au Pape et à ses collaborateurs et a situé la concession de l’usage de l’«ancien temple» dans la perspective souhaitée de «l’accord qui plaît à Dieu sur les points importants, accord qui portera à l’union sacramentelle désirée».

Rendez-vous à Istanbul (via Ankara?)
L’annonce-surprise, Bartholomeos la réserve pour les dernières heures de son séjour romain. Après avoir été reçu par le Pape pour le déjeuner d’adieu et avoir souscrit avec lui la Déclaration conjointe rituelle, le soir du jeudi 1er juillet, il confie à un groupe de journalistes qu’il a profité de cette occasion pour inviter le Pape à Istanbul pour la fête de Saint Andréa, le 30 novembre prochain. «Et comme le Pape», ajoute-t-il, «est un chef d’État, il ira d’abord à Ankara, la capitale, puis il viendra chez nous». Bartholomeos évoque aussi la possibilité que, dans cet hypothétique voyage au Phanar, le Pape puisse rapporter sur la Corne d’Or les précieuses reliques des patriarches saint Jean Chrysostome et saint Grégoire de Naziance qui ont disparu de Constantinople, dans le sac de 1204. «Selon nos recherches», fait savoir Bartholomeos, «elles devraient se trouver à Saint-Pierre. On nous a dit au Vatican que l’on ferait des recherches. Quand elles auront été retrouvées, j’enverrai une lettre pour demander qu’elles nous soient restituées».
L’activisme politico-ecclésial de Bartholomeos (quelques heures avant de voir le Pape, il avait rencontré à Istanbul le président des États-Unis George W. Bush) suscite souvent des réserves dans les milieux ecclésiaux. Le caractère élevé du point de vue doctrinal de ses interventions (et ceux de Rome en sont un exemple) s’accorderait mal, au dire de certains, avec la faiblesse institutionnelle du patriarcat œcuménique qui conserve une juridiction directe sur quelques millions de fidèles, dont quelques milliers seulement sont en Turquie. M. Andrea Riccardi, fondateur de Sant’Egidio, a parlé du patriarcat œcuménique comme d’une «force faible dans le sens indiqué par l’apôtre Paul, qui dit: quand je suis faible, c’est alors que je suis fort». En ce sens, le rôle assumé par Barholomeos dans la partie qui se joue pour l’entrée du pays anatolien dans l’Union européenne est encore plus intéressant.
Dans la rencontre avec les journalistes, le Patriarche a fait l’éloge des pas accomplis par le gouvernement d’Erdogan pour aligner son pays sur les normes législatives européennes («certains députés kurdes ont été libérés, des émissions de télévision en langue kurde ont été créées, la peine de mort, qui est encore en vigueur aux États-Unis, a aussi été abolie»). Il a confié qu’il avait insisté pour que, dans la déclaration commune qu’il a souscrite avec le Pape, il y eût une allusion au dialogue nécessaire entre l’Europe et l’islam, en pensant précisément à la Turquie. Il a aussi annoncé que le gouvernement turc, guidé par des musulmans modérés, avait autorisé la réouverture de l’École de Théologie patriarcale de Halki, l’académie orthodoxe fermée dans les années Soixante-dix par le laïcisme rigide de la législation inspirée de Mustapha Kémal («nous comptons la remettre en fonction à la prochaine rentrée universitaire»).
Une rencontre entre le Pape et Erdogan orchestrée par Bartholomeos, un mois avant le Conseil de l’Europe qui devra se prononcer sur l’épineuse question de l’entrée de la Turquie dans l’Europe (et passer éventuellement outre les nombreuses objections à cette entrée, dont certaines viennent de l’Église et mettent parfois en avant les racines chrétiennes de l’Europe), serait pour le moins un coup magnifique.

 

LA CROISSANCE SPIRITUELLE – LECTURE : EPHÉSIENS 4:11/16

24 juin, 2014

http://www.pasteurweb.org/Etudes/Meditation/CroissanceSpirituelle.htm

LA CROISSANCE SPIRITUELLE

LECTURE : EPHÉSIENS 4:11/16

Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ,
jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ,
afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction,
mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ.
C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans la charité.
La pensée centrale de ce passage est que « nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ. »
Ensuite nous remarquons que les ministères donnés par le Seigneur Jésus-Christ ne sont pas une fin en eux-mêmes, mais des moyens qu’il accorde à son église pour son édification et sa croissance spirituelle.
Enfin ceux qui ont cru en Christ et sont sauvés entrent dans un processus de perfectionnement Jusqu’à ce que tous parviennent à :
? l’unité de la foi.
Ce sujet doit faire à lui seul l’objet d’une réflexion approfondie, tellement il est urgent pour l’église locale et les églises en général de prendre conscience des divisions, des rivalités, des « options » diverses, différentes et opposées. L’Eglise de Christ sur la terre ressemble à un puzzle dont les pièces sont dispersées et incapables de se rassembler. Cependant, il est nécessaire que dans une église locale tous aient un mêle esprit, un même langage, une même sentiment, un même amour, un même foi, selon que l’écrit l’apôtre Paul aux églises dont il avait le souci.
? la connaissance du Fils de Dieu
Nous, vous et moi, avons besoin de grandir dans la connaissance intime et réelle de notre Sauveur, notre Seigneur, notre Maître, notre Berger, notre Avocat auprès du Père, notre Ami, etc. Nous avons besoin d’une révélation de la personne du Seigneur Jésus-Christ, afin que notre amour pour lui et notre attachement grandissent, pour que notre relation personnelle, intime avec lui, devienne de plus en plus réelle et quotidienne.
? la maturité spirituelle
C’est le thème de cette réflexion : croître jusqu’à la mesure de la stature parfaite de Christ.
Lorsque nous observons les enfants, ils sont tous bien mignons et gentils, mais nous devons les éduquer afin qu’ils grandissent et deviennent des adultes capables de vivre leur vie convenablement au sein d’une société difficile, d’un monde sans concession, mais aussi dans des églises fidèles. Leur éducation est la tâche et la responsabilité des parents. Cela fait partie de l’enseignement de la Parole de Dieu.
Une des caractéristiques de la petite enfance, c’est la crédulité d’un esprit simple. Or la crédulité ce n’est pas la foi.
L’homme simple croit tout ce qu’on dit, Mais l’homme prudent est attentif à ses pas. Proverbes 14:15
Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. Hébreux 5:14
Le résultat de notre croissance spirituelle c’est d’acquérir la maturité spirituelle qui rend capable :
- rester ferme dans la foi en se gardant des faux enseignements, de la tromperie et de la ruse des hommes dans leurs moyens de séduction, pour pratiquer la charité dans la vérité.
- de servir, être utiles dans le corps de Christ, l’Eglise : « en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ ».
L’apôtre Paul a résumé en une phrase le sens de la vie chrétienne, dans le témoignage qu’il rend aux disciples de Thessalonique :
On raconte, à notre sujet, quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous vous êtes convertis à Dieu, en vous détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir. 1 Thessaloniciens 1:9/10
Nous sommes sauvés pour servir et nous le ferons d’autant mieux que nous quitterons le stade de l’enfance, c’est à dire l’état charnel, pour entrer dans le monde des chrétiens spirituellement adultes.
Il y a deux domaines de la croissance spirituelle :
- Chacun en particulier
- L’église ensemble
Les deux sont étroitement liés et dépendent l’un de l’autre
Des chrétiens qui grandissent et deviennent des adultes spirituels seront une richesse pour l’église et une grâce pour leur entourage : famille, voisins, vie professionnelle.
Une église qui s’édifie selon les principes spirituels enseignés par le Seigneur sera une bénédiction pour tous ceux qui y vivront et dans la région où elle est implantée.
Pour répondre à l’appel (ou la vocation) que Dieu nous adresse, nous devons aspirer à grandir spirituellement afin d’atteindre la taille idéal : la stature parfaite de Christ.
Il faut sortir de l’enfance afin de devenir des adultes en Christ.
… afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ. Ephésiens 4:14/15
Trop souvent nous nous contentons du minimum : être sauvés et bénis. Alors nous restons des enfants, c’est à dire des chrétiens charnels, comme l’a écrit l’apôtre Paul aux disciples de Corinthe :
Pour moi, frères, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. 1 Corinthiens 3:1
Paul précise les caractéristiques de ces chrétiens charnels :
En effet, puisqu’il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n’êtes-vous pas charnels, et ne marchez-vous pas selon l’homme? 1 Corinthiens 3:3
Si le Seigneur a fait des dons à son Eglise et accordé des ministères c’est pour la croissance de son corps et celle de chacun de ses membres, afin qu’ils deviennent spirituels :
Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ. Ephésiens 4:11/13
La stature parfaite de Christ
Dieu a pour nous un grand projet : Il veut que nous devenions semblables à son Fils Jésus-Christ.
Romains 8:29 Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères.
Un jour, l’Eglise, c’est à dire tous les enfants de Dieu rassemblés en un seul corps, aura atteint la perfection :
1 Jean 3:2 Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est.
C’est pour cela que le Seigneur s’est offert en sacrifice et qu’il accorde son Esprit avec les dons spirituels et les ministères.
Afin de faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. Ephésiens 5:27
Le véritable modèle c’est Jésus. Il y a des personnages remarquables dans la Bible et dans l’histoire de l’Eglise, mais la mesure qui nous est proposée c’est celle de Jésus. : sa stature parfaite.
Pour cela nous devons le découvrir, parvenir à une plus grande connaissance du Fils de Dieu :
- ses sentiments d’humilité, de douceur, de compassion, de bonté. Philippiens 2:5
- sa foi et son attachement aux Ecritures
- son esprit d’obéissance dans une parfaite soumission à son Père
- ses paroles, ses préceptes, ses instructions. Colossiens 3:16
- sa nature sainte et juste. 1 Jean 2:6
- ses œuvres. Jacques 3:13
Nous sommes premièrement appelés à considérer Jésus, en fixant nos regards sur lui :
Courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Hébreux 12:1
Ensuite aspirer à lui ressembler. Ce serait une grave erreur de croire que nous avons atteint le but.
Enfin nous devons nous laisser transformer à son image., jusqu’à ce qu’il soit formé en nous. Galates 4:19
Croitre en Jésus-Christ, c’est une croissance qui produit la nature de Christ en nous. C’est le fruit de l’Esprit du Seigneur
Nous n’avons pas à nous faire croître nous-mêmes. Beaucoup de gens pensent qu’il nous faut acquérir une personnalité forte, positive, émergeante …Mais la Bible dit que notre nature est charnelle et quelle doit laisser la place à une nature nouvelle, créée selon Dieu.
Ephésiens 4:20 Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris Christ, si du moins vous l’avez entendu, et si, conformément à la vérité qui est en Jésus, c’est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité.
Ayons toujours à l’esprit que la croissance spirituelle dépend de Christ :
C’est de lui … . Ephésiens 4:16
Par sa puissance glorieuse … Colossiens 1:9/11
Fortifiés par sa puissance glorieuse.
C’est pour cela que nous aussi, depuis le jour où nous en avons été informés, nous ne cessons de prier Dieu pour vous, et de demander que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle,
pour marcher d’une manière digne du Seigneur et lui être entièrement agréables, portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres et croissant par la connaissance de Dieu,
fortifiés à tous égards par sa puissance glorieuse, en sorte que vous soyez toujours et avec joie persévérants et patients. Colossiens 1:9/11
Sans le Seigneur Jésus-Christ nous ne pouvons rien faire
Moi, je suis le cep ; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire. Jean 15:5
Il y a un principe fondamental, simple et incontournable pour notre croissance personnelle et celle de l’église c’est la qualité de notre relation avec le Seigneur Jésus-Christ, le chef de l’Eglise, l’autorité souveraine et la source de toute croissance, de toutes force, de tout don, de tout ministère, de toute fonction.
Sans lui ou en dehors de Lui nous ne pouvons rien faire de réellement spirituel et édifiant. C’est ce que nous rappelle cette parole :
C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans la charité. Ephésiens 4:16
Chacun de nous et l’Eglise toute entière, sont dépendants de Christ. Il faudra revenir sur la nécessité d’être fortifiés par le Seigneur et de nous fortifier en Lui, par sa force toute-puissante selon ce qui est écrit :
afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur. Ephésiens 3:16 (lire jusqu’au verset 21)
Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force toute-puissante. Ephésiens 6:10
Nous devons retenir cette parole de Dieu, qui est un puissant encouragement :
Dieu peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au delà de tout ce que nous demandons ou pensons.
A lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles! Amen! Ephésiens 3:20
Il est essentiel de ne jamais oublier que la source de notre croissance spirituelle est le Seigneur Jésus-Christ lui-même et qu’elle dépend de notre relation avec Lui, le cep.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui–même porter du fruit, s’il ne demeure sur le cep, de même vous non plus, si vous ne demeurez en moi. Jean 15:4
Le plus important ce n’est pas ce que nous faisons, c’est ce que nous sommes en Jésus-Christ et cela c’est le produit de notre communion avec Lui. La qualité de nos œuvres, de notre service, du fruit que nous porterons, en sera le résultat.
La réalité de la vie chrétienne c’est Christ vivant en nous. Colossiens 1:27
Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. Jean 15:4
Jean Baptiste disait : Il faut qu’il croisse et que je diminue.
En fait la croissance spirituelle de chaque enfant de Dieu, c’est la croissance de la vie de Christ en lui. C’est notre vocation, l’appel que Dieu nous adresse et aussi l’œuvre qu’il veut accomplir en nous
Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son Fils, Jésus–Christ notre Seigneur. Il vous affermira aussi jusqu’à la fin, (pour que vous soyez) irréprochables au jour de notre Seigneur Jésus–Christ.1 Corinthiens 1:8,9
Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera. 1 Thessaloniciens 5:24
L’apôtre Paul dit qu’il courait vers ce but :
Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ.
Frères, je ne pense pas l’avoir saisi; mais je fais une chose: oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. Philippiens 3:12
Nous sommes aussi exhortés à courir cette course :
Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Hébreux 12:1
Le Seigneur est celui qui mènera notre foi à la perfection, non seulement celle de chacun en particulier, mais celle de l’Eglise entière, dont la croissance spirituelle dépend de la croissance de chacun de ceux et celles qui la composent. Si les membres sont faibles, l’église sera faible, s’ils sont charnels elle sera charnelle, s’ils sont spirituels et forts l’église le sera aussi.
La croissance spirituelle des églises
On a beaucoup dit et écrit sur la croissance des églises, mais trop souvent uniquement ce qui concerne le nombre de membres. Que ne ferait-on pas, dans certains endroits, pour gagner des membres, quitte à se compromettre avec les solutions et les chemins faciles du laisser faire ou de ce qui plait. Dans ce domaine on peut toujours mettre en place des programmes attractifs.
Lorsque nous parlons de la croissance de l’église, nous pouvons considérer deux éléments : la qualité et la quantité.
Les bergers qui ont la responsabilité de paître le troupeau du Seigneur ont la tâche de conduire ceux dont ils ont la charge vers leur perfectionnement, leur édification et leur croissance spirituelle en Christ. Nous l’avons vu plus haut, la qualité spirituelle d’une église dépend de celle de ceux qui la composent.
L’église, selon le modèle divin, est construite avec des matériaux spirituels pour former une maison spirituelle dans laquelle le Seigneur habite :
… et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ. 1 Pierre 2:5
Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire.
En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur.
En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit. Ephésiens 2:20
Nous l’avons compris, il ne s’agit pas de faire « du nombre » une priorité, mais de veiller à la qualité spirituelle de l’église, sachant que l’architecte et le constructeur en est le Seigneur lui-même. Nous sommes ouvriers avec Dieu et chacun est responsable de la manière dont il travaille.
Jésus construit son Eglise avec ses rachetés, ceux qui sont sauvés :
Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. Actes 2:47
Il y a trois éléments dans la croissance spirituelle d’ne église :
. La paix qu’on y trouve
. La sanctification
. Et le nombre
C’est l »œuvre du Saint-Esprit et le nombre vient en troisième position, dépendant des deux premiers points.
L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle s’édifiait, marchait dans la crainte du Seigneur et progressait par l’assistance du Saint–Esprit. Actes 9:31
Nous remarquons que lorsque les églises ou ceux qui annoncent et enseignent la Parole de Dieu sont fidèles, non seulement les chrétiens s’édifient spirituellement, mais le nombre des disciples augmentent.
Les multitudes d’hommes et de femmes qui croyaient au Seigneur augmentaient toujours plus. Actes 5:14
Car c’était un homme bon, plein d’Esprit Saint et de foi. Et une foule assez nombreuse se joignit au Seigneur. Actes 11:24
Les païens se réjouissaient en entendant cela, ils glorifiaient la parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent. Actes 13:48
Je lisais dernièrement un passage de la Bible qui ne regarde pas les églises directement, mais dont le principe est valable pour elles :
2 Chroniques 15:9 De nombreux Israélites des tribus d’Éfraïm, Manassé et Siméon s’étaient ralliés au roi Asa et vivaient dans son royaume depuis qu’ils avaient vu que le Seigneur son Dieu était avec lui.
Croyez moi ! Les gens sérieux et ceux dont le Seigneur touche le cœur seront heureux de trouver un endroit où il est honoré, un lieu où la sainteté est enseignée et pratiquée, une église ou le Seigneur manifeste sa présence d’une manière évidente, car ceux qui la dirigent et la composent cherchent à lui plaire en priorité.
En conclusion je vous laisse cet extrait d’une réflexion parue sur pasteurweb, à partir du passage du psaume 107: 2 à 9 :
« Une ville habitable »
Louez l’Eternel, car il est bon, Car sa miséricorde dure à toujours!
Qu’ainsi disent les rachetés de l’Eternel, Ceux qu’il a délivrés de la main de l’ennemi,
Et qu’il a rassemblés de tous les pays, De l’orient et de l’occident, du nord et de la mer!
Ils erraient dans le désert, ils marchaient dans la solitude, Sans trouver une ville où ils pussent habiter.
Ils souffraient de la faim et de la soif; Leur âme était languissante.
Dans leur détresse, ils crièrent à l’Eternel, Et il les délivra de leurs angoisses;
Il les conduisit par le droit chemin, Pour qu’ils arrivassent dans une ville habitable.
Qu’ils louent l’Eternel pour sa bonté, Et pour ses merveilles en faveur des fils de l’homme!
Car il a satisfait l’âme altérée, Il a comblé de biens l’âme affamée.
Premièrement, nous devons édifier des assemblées afin qu’elles soient des lieux de grâce, des villes haitables, dans lesquelles les brebis du Seigneur ne se déchirent pas, mais trouvent le repos, la guérison, la bénédiction, le salut, la joie et la paix.
Des assemblées qui ne servent pas l’ambition et les intérêts de quelques uns, mais au bien être de ceux qui les fréquentent.
J’avais préparé un texte intitulé « Irrité et furieux ». Mais réflexion faîte, je me suis dit que j’étais plutôt triste et malheureux lorsque je vois des personnes qui errent à la recherche d’une église dans laquelle ils seraient rassasiés et heureux.
Je ne pense pas avoir un ministère de prophète, mais il m’arrive de ressortir d’un culte irrité et furieux, tellement on est éloigné de la pensée de Christ. Tellement c’était pauvre concernant l’Esprit et la Parole de Dieu.
Il y a eu une prédication convenable, une heure de louange très exaltante pour ne pas dire extravagante. Et quelques uns s’en retournent contents d’avoir passé un bon moment, tandis que d’autres repartent avec leurs problèmes sans solution, leurs souffrances et leurs plaies ni pansées, ni guéries. Les uns sont rassasiés et les autres ont faim. 1 Corinthiens 11.21
Alors je me culpabilise d’être irrité, mais mon irritation ne se calme pas, jusqu’à ce que je tombe sur ce texte d’Ézéchiel :
L’esprit m’enleva et m’emporta. J’allais, irrité et furieux, et la main de l’Eternel agissait sur moi avec puissance. Ezéchiel 3:14
En relisant le psaume 107, je comprends mieux la miséricorde et la bonté du Seigneur en faveur de ceux qui sont dans la détresse, même lorsqu’ils en sont responsables.
Les insensés, par leur conduite coupable Et par leurs iniquités, s’étaient rendus malheureux.
… Dans leur détresse, ils crièrent à l’Eternel, Et il les délivra de leurs angoisses;
Il envoya sa parole et les guérit, Il les fit échapper de la fosse.
Qu’ils louent l’Eternel pour sa bonté, Et pour ses merveilles en faveur des fils de l’homme! Psaumes 107:17
Vous retrouverez le texte complet avec ce lien : Une ville habitable
Prions afin que les églises de Dieu deviennent des maisons où il y a une nourriture spirituelle saine et abondante, un breuvage désaltérant, une ville habitable.
C’est alors que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tirera son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifiera lui-même dans la charité.

TDC 087 – LE MARIAGE COMME SACREMENT, SELON SAINT PAUL AUX EPHÉSIENS

2 avril, 2014

http://www.theologieducorps.fr/tdc/tdc-087-mariage-comme-sacrement-selon-saint-paul-aux-ephesiens

TDC 087 – LE MARIAGE COMME SACREMENT, SELON SAINT PAUL AUX EPHÉSIENS

Par Incarnare, le lundi 07/09/2009

1. Nous entamons aujourd’hui un nouveau chapitre sur le thème du mariage, en lisant ce que dit saint Paul aux Ephésiens: « Que les femmes soient soumises à leur mari, comme au Seigneur Jésus; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Eglise, le Christ est à la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien! si l’Eglise se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari. Vous, les hommes, aimez votre femme, à l’exemple du Christ: il a aimé l’Eglise, il s’est livré pour elle; il voulait la rendre sainte en la purifiant par l’eau du baptême et la parole de vie; il voulait se la présenter à lui-même, cette Eglise, resplendissante, sans tache ni ride, ni aucun défaut; il la voulait sainte et immaculée. C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme: comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui- même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps: au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Eglise, parce que nous sommes les membres de son corps A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’unira à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand; je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise! Bref, en ce qui vous concerne, que chacun aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari » Ep 5,22-33.
2. Il nous faut soumettre à une analyse approfondie ce texte de Ep 5, comme auparavant nous avons analysé toutes les paroles du Christ qui semblaient avoir une signification capitale pour la théologie du corps. Il s’agissait des paroles dans lesquelles le Christ se réfère au « commencement » Mt 19,4 Mc 10,6, au « coeur » humain, dans le Sermon sur la Montagne Mt 5,28 et à la résurrection future Mt 22,30 Mc 12,25 Lc 20,35 Ce qui est dit dans ce passage de l’épître aux Ephésiens constitue pour ainsi dire le couronnement de ces autres mots clés. Si, à partir de ceux-là on a pu dégager une théologie du corps dans ses grandes lignes évangéliques, à la fois simples et fondamentales, il faut, d’une certaine manière, présupposer cette théologie pour interpréter ce passage de l’épître aux Ephésiens. Par conséquent, si l’on veut interpréter ce passage, il faut le faire à la lumière de ce que le Christ nous a dit sur le corps humain. Il a parlé de la concupiscence (du coeur) à l’homme historique, et par conséquent à l’homme tout court. Et il a aussi fait ressortir, d’un côté, les perspectives du commencement, c’est-à-dire de l’innocence originelle et de la justice et, de l’autre, les perspectives eschatologiques de la résurrection des corps quand « on ne prendra plus femme ni mari » Lc 20,35. Tout cela fait partie de l’optique théologique de la « Rédemption de notre corps » Rm 8,23.
3. Ce que dit l’auteur de la lettre aux Ephésiens (*) est également centré sur le corps; et cela aussi bien dans son sens métaphorique, c’est-à-dire à propos du corps du Christ qui est l’Eglise, que dans son sens propre, c’est-à-dire à propos du corps humain dans sa masculinité et sa féminité, dans son destin de s’unir dans le mariage, comme le dit Gn 2,24 « L’homme quittera son père et sa mère, il s’unira à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un ».
De quelle manière ces deux significations du corps apparaissent-elles et convergent-elles dans ce passage de l’épître aux Ephésiens. Et pourquoi y apparaissent-elles et convergent-elles? Voilà des questions qu’il faut se poser, et il ne faut pas l’attendre à avoir des réponses immédiates et directes, mais plutôt, autant que possible, il faut approfondir à longue échéance, ces réponses auxquelles nous ont préparés nos analyses précédentes. En effet, ce passage de l’épître aux Ephésiens ne peut être compris correctement que dans son large contexte biblique; il faut le voir comme le couronnement des thèmes et des vérités qui ponctuent la Parole de Dieu révélée dans l’Ecriture sainte, tels le flux et le reflux de larges vagues. Ce sont des thèmes centraux et des vérités essentielles. C’est pour cela que ce texte de l’épître aux Ephésiens est également un texte clé classique.
Note (*) – La question de savoir si l’épître aux Ephésiens est de saint Paul ou pas, paternité reconnue par certains exégètes et refusée par d’autres, peut trouver une solution dans une supposition qui se place entre les deux opinions et que nous ferons nôtre comme hypothèse de travail, à savoir que saint Paul confia à son secrétaire quelques idées et que celui-ci, par la suite, les développa et les rédigea. – C’est à cette solution provisoire de la question que nous pensons quand nous parlons de l’auteur de l’épître aux Ephésiens, de l’apôtre et de saint Paul.
4. C’est un texte bien connu dans la liturgie qui l’utilise toujours en rapport avec le sacrement de mariage. La lex orandi de l’Eglise voit dans ce texte une référence explicite à ce sacrement: et la lex orandi annonce et en même temps exprime la lex credendi. Ceci étant admis, il nous faut tout de suite nous demander comment on voit, dans ce texte classique de l’épître aux Ephésiens, la vérité sur la sacramentalité du mariage. De quelle façon s’y exprime-t- elle, y est-elle confirmée? On va voir que la réponse à ces questions ne peut être immédiate et directe, mais progressive, et n’être donnée qu’à longue échéance. Cela se vérifie dès le premier coup d’oeil sur ce texte qui nous renvoie au livre de la Genèse, et donc au commencement, et qui, dans sa description des rapports entre le Christ et l’Eglise, reprend chez les prophètes de l’Ancien Testament leur analogie bien connue avec l’amour nuptial entre Dieu et le peuple élu. Il serait difficile de dire comment l’épître aux Ephésiens traite de la sacramentalité du mariage sans étudier ces rapports. On verra aussi comment cette réponse doit passer par toutes les dimensions des problèmes qu’on a déjà analysés, c’est-à-dire par la théologie du corps.
5. Le sacrement ou la sacramentalité – au sens le plus général de ce terme – concerne les corps et présuppose une théologie du corps. Le sacrement, en effet, dans son sens généralement reçu, est un signe visible. Le corps signifie aussi ce qui est visible, le caractère visible du monde et de l’homme. Par conséquent, d’une certaine manière – bien qu’en un sens plus général -, le corps entre dans la définition du sacrement puisqu’il est le signe visible d’une réalité invisible, c’est-à-dire de la réalité spirituelle, transcendante, divine. C’est dans ce signe – et à travers ce signe – que Dieu se donne à l’homme dans sa vérité transcendante et dans son amour. Le sacrement est un signe de la grâce, et c’est un signe efficace. Non seulement il l’indique et l’exprime de façon visible, il en est le signe, mais il la produit et contribue efficacement à faire en sorte que la grâce fasse partie de l’homme et qu’en lui se réalise et s’accomplisse l’oeuvre du salut, l’oeuvre établie d’avance par Dieu de toute éternité et qui a été pleinement révélée en Jésus-Christ.
6. Je dirais que déjà, dans ce premier coup d’oeil jeté sur ce texte classique de l’épître aux Ephésiens, nous voyons dans quelle direction devront se poursuivre nos analyses suivantes. Il est indispensable que ces analyses commencent par une compréhension préliminaire du texte en lui-même; cependant, elles doivent nous conduire ensuite, si l’on peut dire, par-delà les limites du texte, à comprendre, si possible jusqu’au fond, quelle richesse de vérité révélée par Dieu est contenue dans le cadre de cette merveilleuse page. En empruntant la célèbre expression de GS 22, on peut dire que ce passage que nous avons choisi dans l’épître aux Ephésiens « manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation »: en tant qu’il partage l’expérience de l’incarnation. En effet Dieu, en le créant à son image, dès le commencement le créa « homme et femme » Gn 1,27
Au cours de nos analyses suivantes nous chercherons – surtout à la lumière de ce texte de l’épître aux Ephésiens – à comprendre plus profondément le sacrement, en particulier le mariage en tant que sacrement: en premier lieu dans sa dimension de l’Alliance et de la grâce, et ensuite dans sa dimension de signe sacramentel.

- 28 juillet 1982

LES HYMNES CHRISTOLOGIQUES DES LETTRES DE PAUL

20 mars, 2014

http://web.cathol.lu/servicesdienste/pastorale-biblique/se-convertir-au-christ/article/les-hymnes-christologiques-des

LES HYMNES CHRISTOLOGIQUES DES LETTRES DE PAUL

2. Partage autour de la Parole de Dieu

Faire la lecture et partager autour des textes choisis
Pour Paul, Jésus est le « Premier-né » de tout un peuple appelé à vivre la vie en plénitude selon le bon vouloir de Dieu, « le seul sage » (Rom 16,27). L’hymne qui ouvre la lettre aux Colossiens (écrite entre les années 61 et 63) exprime clairement cette idée (lire Col 1,15-20 ). Dans la première partie (vv. 15-17), l’auteur s’émerveille de voir le Christ, « image de Dieu invisible », présider en tant que « Premier-né » toute la création, parce que c’est bien « par lui » et « pour lui » que tout a été créé. C’est le Christ qui donne toute sa cohérence à la création, parce qu’en lui habite la plénitude du projet créateur de Dieu (lire Eph 1,10 ; 1Cor 15,28 ; Ap 1,18 ; 2,8 ; 21,6). Dans la deuxième partie (vv. 18-20), l’auteur loue le Christ en tant que source de la nouvelle création, terme et aboutissement de la première : il est la « Tête du Corps », le « Principe » et le « Premier-né d’entre les morts ». Pour l’auteur, l’événement du Christ, notamment de sa résurrection, ne peut pas être compris comme un événement isolé, n’atteignant que l’homme Jésus de Nazareth, sinon comme un événement cosmique. En fait, en Jésus ressuscité c’est la résurrection de toute l’humanité qui est commencée (lire 1Cor 15). L’attente de libération qui traversait la création toute entière, devient dès maintenant réalité (lire Rom 8,18-22 ; 1Cor 3,22).
En effet, dans un autre hymne, transmis dans la lettre aux Éphésiens écrite entre les années 61 et 63, Paul proclame que Jésus est le « Bien aimé » en qui nous sommes bénis. Dans le Christ, Dieu nous a rempli de ses bénédictions en nous adoptant en lui comme ses enfants (lire Eph 1,3-14). Celui-là est, en effet, pour Paul, le sens caché de toute l’histoire humaine qui se dévoile maintenant dans le Crucifié-Ressuscité (lire Rom 16,25s ; 3,11 ; 2Tim 1,9) : Dieu, fidèle à son Projet créateur, a accompli en Jésus, l’Homme nouveau et définitif (lire Eph 4,24 ; 2Cor 5,17), ce qui était en germe dans le « premier Adam » (lire 1Cor 15,35-49). En définitive, par l’incarnation Dieu a manifesté que le Ressuscité est le sens, le centre et le but de la création et pour nous tous. En lui, le projet de Dieu s’est réalisé concrète et définitivement dans une personne ; dans la riche expression du théologien L. Boff : en lui « l’utopie s’est fait lieu/topos ». Si l’histoire humaine continue et avance au milieu des fortes douleurs de l’accouchement de l’humanité définitive (lire Mc 13,8 ; Rom 8,22), après la résurrection de Jésus, les disciples partagent cette marche en annonçant, par la parole et la pratique de la solidarité avec les souffrants, qu’au terme du chemin, ne se trouve pas la mort ou le non-sens, mais la vie, la justice de Dieu le Père qui aime les hommes qu’il a créé par pure philanthropie.
La raison de l’existence du Christ, ne peut être subordonnée au péché de l’homme et, moins encore, à la colère vindicative d’un Dieu qui est amour ; la vrai raison du Dieu fait Homme se trouve donc dans cet amour de Dieu qui a voulu créer pour aimer au-delà de lui-même. Dans ce sens, la croix n’est pas voulue par Dieu mais elle est « contingente », elle se situe dans l’histoire comme conséquence du rejet de Jésus et de son message et non pas comme un sacrifice imposé par le Père à son Fils « Bien-aimé ». Ainsi, la croix dévoile, comme dit Saint Jean, la gloire de Dieu qui nous a aimé jusqu’à l’extrême de donner sa vie en partageant la condition humaine avec tout ce qu’elle a de dramatique. Le Christ est bien le « Premier-né de toute créature » qui était prévu par Dieu depuis toute éternité pour s’approcher de l’homme et lui montrer le « chemin véritable qui conduit à la vie en plénitude » (lire Jn 14,6). L’Homme-Dieu, Jésus-Christ, est le premier voulu de Dieu et, en lui toutes les créatures viennent à l’être et sont également aimés.

LA PANOPLIE DE DIEU – Père J. Leveque

6 mars, 2014

http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/homeliesnouv/pano.htm

LA PANOPLIE DE DIEU - 

Père J. Leveque

(panoplie=Au Moyen Âge, armure complète d’un chevalier. Larusse)

EP 6,10-18

² Le patriarche Albert, dans la Règle qu’il a donnée à l’Ordre du Carmel, insiste longuement sur la panoplie des serviteurs et des servantes de Dieu, telle qu’elle est décrite dans l’Épître aux Éphésiens. N’allons pas croire qu’il était à ce point marqué par l’insécurité des croisés de Jérusalem que les images guerrières lui venaient spontanément à l’esprit, car c’est de combat spirituel qu’il s’agit, pour lui comme pour saint Paul.
² C’est un combat sans ennemi humain repérable, « sans ennemi de chair et de sang », comme dit Paul. C’est un combat contre des forces sans visage qui travaillent le monde, les communautés, et le cœur de chacune. Et ce combat est demandé aussi bien aux femmes qu’aux hommes, car il s’agit de « résister » avec les seules armes de la lumière, et de « tenir » debout, « même aux jours mauvais ».
² Cette lutte, chacune la mène finalement seule, car l’entraide fraternelle ne dispense aucune sœur des réponses libres qu’elle doit donner. Mais Dieu ne nous laisse pas seules, si du moins nous acceptons, comme Paul nous y invite, de « nous dynamiser dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force » (v.10).
Comment faire concrètement ? « En nous revêtant, dit Paul, de la panoplie de Dieu », celle que Dieu lui- même nous offre pour la lutte. Inutile de vous imaginer en soldates de Dieu, pliant sous des armes trop longues et trop lourdes, car tout se passe dans le cœur.
² La vérité est la première nommée, comme le ceinturon avant tout équipement. Car c’est elle qui rassemble les forces spirituelles, qui sangle les muscles de l’âme et unifie la personne dans son effort, quoi qu’il en soit des handicaps et des interrogations qui demeurent.
² La justice, elle aussi, est une arme avant les armes : une cuirasse, dit Paul. Pour lui comme pour les prophètes la justice de l’homme consiste à s’ajuster à Dieu, à son vouloir, à son dessein d’amour. Et c’est bien là, effectivement, ce qui nous cuirasse contre les mauvais coups, contre tout ce qui peut nous atteindre, nous blesser, nous déstabiliser.
Seul, en effet, un regard constant vers le Dieu de l’appel et le souci de rencontrer son propre Regard peuvent nous prémunir
contre les retours paralysants du passé,
contre la crainte de l’inconnu
et, pour le présent, contre les suggestions de notre cœur, qui nous font parfois trouver étranges les voies de Dieu, et irréelle sa présence.
Pour la marche, pour la durée, pour l’endurance, Jésus nous offre l’élan et l’enthousiasme, la joie d’être associée à la course de l’Évangile et de faire, même dans le silence d’un cloître, œuvre de paix aux dimensions du monde.
La foi sera notre bouclier. C’est elle qui nous protègera du soupçon, de tous ces brûlots qui arrivent sur nous à l’improviste et qui pourraient incendier notre confiance en Dieu.
Le salut, donné par Dieu pour toujours en Jésus Christ, sera notre sauvegarde essentielle : Dieu, qui nous a réconciliés avec lui, veillera lui- même sur son œuvre. Ses mains paternelles seront le casque qui déviera tous les coups mortels.
Enfin la Parole de Dieu sera en nous le glaive de l’Esprit, un glaive au service de l’Esprit. »Vivante, en effet, est cette Parole de Dieu, énergique et tranchante comme un glaive, plus qu’un glaive (Hb 4,11). Elle pénètre jusqu’au point de division, en nous, de l’âme et de l’esprit humain, jusqu’à la frontière insaisissable entre les désirs de la femme et les réflexes de la fille de Dieu.
² Oui, tout se passe dans le cœur, et c’est le cœur qui vibre à la victoire de Dieu. Ce sont « les yeux illuminés du cœur » qui s’ouvrent à l’espérance offerte par l’appel du Seigneur (Ep 1,18), et c’est le cœur habité par la force de Dieu qui seul peut veiller dans la prière.
Bienheureux combat, que l’Esprit nous donne de mener sans violence ni envers Dieu ni envers nous-mêmes.
Bienheureuse insistance de l’Esprit, qui veut nous mener à la vérité tout entière.
Heureux travail de lumière, qui libère en nous le meilleur de nous-mêmes, et fait de la vie, jour après jour, en union au Christ Sauveur, une « intercession » pour tous ceux que Dieu aime.

SAINT PAUL, APÔTRE DES NATIONS, ET SAINT BENOÎT, PATRIARCHE DES MOINES D’OCCIDENT…:

24 février, 2014

http://www.benedictinesjoliette.org/pdfdocuments/806-44-mai-2009-saint-paul-et-saint-benoit-vie-et-ecrits.pdf

SAINT PAUL, APÔTRE DES NATIONS, ET SAINT BENOÎT, PATRIARCHE DES MOINES D’OCCIDENT…:

en l’année paulinienne

28 juin 2008 – 29 juin 2009

un même zèle missionnaire par amour du Christ En nous penchant avec le Pape Benoît XVI et tous les croyants sur la
vie et les écrits de saint Paul, durant l’Année paulinienne, la vie de notre bienheureux Père saint Benoît, de même que sa mission et sa Règle, nous sont apparues dans une lumière nouvelle. Avec des charismes apparemment différents, l’apôtre des nations et le patriarche des moines d’Occident ont des points communs; ils présentent certaines similitudes, ayant œuvré à la construction de l’Église de manière éminente, chacun suivant sa propre vocation. Leur pensée ne fait qu’une, saint Benoît ayant largement puisé dans les lettres de l’apôtre Paul, comme en fait foi la rédaction de sa Règle, dont la première citation scripturaire est un passage de la Lettre aux Romains (13, 11).

ROME : terme de la vie de Paul, départ de la vocation de Benoît
La ville de Rome, capitale de l’Empire romain des premiers siècles et devenue centre de la chrétienté, a joué un rôle important dans la vie de saint Paul comme dans celle de saint Benoît. Saint Paul possédait de naissance la citoyenneté romaine. Sans avoir été le premier évangélisateur des habitants de Rome, il leur a cependant adressé sa lettre la plus longue et la plus importante. Après sa conversion sur le chemin de Damas, le Christ envoie Paul prêcher aux nations, dans le vaste empire romain qui continue son expansion autour de la mer Méditerranée. Pour lui, Rome évoque ensuite de longues années de captivité, après qu’il eût fait la demande d’être jugé par le tribunal impérial. C’est Jésus qui demande à l’apôtre de témoigner de lui à Rome comme il l’avait fait à Jérusalem. Paul profite de cette période pour évangéliser ceux qui viennent le voir. Il y rencontre une dernière fois saint Pierre; et cette ville de Rome incendiée en juillet 64 sous l’empereur Néron, devient le lieu du martyre des deux apôtres inséparables : saint Pierre en l’an 64 même, peut-être, ou en 67 comme saint Paul. Leurs restes y sont conservés respectivement à la Basilique Saint-Pierre et à la Basilique Saint-Paul-hors-les Murs.Quant à saint Benoît, il naît vers l’an 480, à l’époque du déclin de l’empire romain, et passe toute sa vie aux environs de Rome. De la région de Nursie, lieu de sa naissance, l’adolescent est envoyé à Rome pour étudier les belles-lettres. Mais Benoît n’y demeure pas longtemps. La décadence de mœurs qu’il y rencontre le presse de quitter la ville en bandonnant ses études. En quête d’une vie sainte, il va s’établir au désert de Subiaco, à l’Est de la capitale. C’est le début de sa vocation érémitique, laquelle évoluera vers la vie cénobitique sous l’action de l’Esprit Saint et des événements. Il finira ses jours au Mont-Cassin, situé au Sud-Est de Rome.

LA MISSION : PAUL ET LES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES,
Benoît et les communautés monastiques Annoncer la Bonne Nouvelle à toutes les nations, telle est la mission laissée par Jésus à ses disciples et déjà entreprise par les douze apôtres. Mais Paul – qui n’a pas connu Jésus de son vivant – reçoit personnellement du Christ cette mission d’annoncer l’Évangile. Par un séjour au désert d’Arabie, il se prépare à commencer sa prédication auprès de ses frères de race, à Jérusalem et dans les contrées voisines, avant d’aller
fonder de nouvelles communautés chrétiennes en territoire païen. Benoît gagne également le désert, celui de Subiaco, où il vit seul durant trois ans, avant d’entreprendre une mission d’évangélisation auprès des gens qui viennent à lui, attirés par sa renommée de sainteté. De nombreux disciples voulant se joindre à lui, il fonde en ce lieu douze petits monastères. Les deux prédicateurs persécutés comme leur Maître, le Christ Paul et Benoît n’ont pas été accueillis par tous, comme Jésus lui-même a été rejeté par un grand nombre. Leur prédication et leur action apparaissent comme un danger pour les uns, suscitent la jalousie chez les autres, d’autant plus que ces deux passionnés du Christ sont doués de divers charismes dont celui des miracles. Saint Paul raconte dans ses lettres tout ce qu’il a eu à souffrir de mauvais traitements et d’atteintes à sa vie, au point qu’il dut souvent s’enfuir. Une fois même, il ne put quitter la ville que dans un panier descendu le long de la muraille. Cette évasion de l’apôtre est rapportée dans la vie de saint Benoît écrite par le pape saint Grégoire le Grand. Saint Benoît n’a pas subi les mêmes tortures physiques et morales que saint Paul, bien
qu’il ait été victime des attaques du démon et se soit imposé lui-même un ascétisme rigoureux. Mais il est raconté par saint Grégoire que des opposants envieux ont cherché à le faire disparaître par deux fois, en lui présentant des aliments empoisonnés. La prière du saint anéantit par miracle leur projet meurtrier. Cependant Benoît, lui aussi, finit par choisir la fuit e d’un milieu hostile; en effet, ne pouvant rien contre le saint Abbé, on s’attaquait maintenant à l’âme de ses disciples.

L’expansion des commaunautés jusqu’au bout du monde
Les obstacles rencontrés en cours d’évangélisation, tant chez saint Paul que chez saint Benoît, ont eu pour
avantage la multiplication des communautés fondées par eux.Repoussé par les Juifs d’Antioche de Pisidie, Paul avait rétorqué : Alors nous nous tournons vers les païens (Ac 13, 46). Ses grands voyages missionnaires permettent à l’infatigable témoin du Christ d’implanter de nouvelles communautés chrétiennes dans les principales villes de l’Orient grec. À partir de celles-ci, le message évangélique se transmettra aux localités plus éloignées. Saint Benoît, suite à la persécution de Subiaco, prend la route du Mont-Cassin où il trouve un nouveau terrain de mission. Il convertit ce lieu païen en lieu de culte chrétien, où s’élève la célèbre abbaye que nous connaissons. Par une prédication continuelle, note saint Grégoire, il appelait à la foi toute la population des alentours. Mais Benoît n’entreprend pas de sillonner mers et continents. Comme Jésus qui ne dépassa guère les frontières de la Palestine, il fixe sa stabilité au M ont-Cassin. Et là, il écrit sa Règle en déclarant qu’il institue une “école du service du Seigneur” où dans la prière, l’écoute de la Parole de Dieu et le travail, ses disciples marcheraient dans les sentiers du Christ, à la suite de l’Évangile. Si la mission évangélique de saint Paul et de saint Benoît a connu un tel rayonnement dans l’Église universelle, les écrits qu’ils ont laissés y comptent sans doute pour beaucoup.

LES ÉCRITS : Les lettres de saint Paul et la Règle de saint Benoît
Les lettres envoyées par Paul à ses communautés chrétiennes sont les premiers écrits du Nouveau Testament à circuler dans l’Église naissante. Écrites pour répondre à des situations concrètes, ces lettres renferment en même temps une
riche doctrine théologique, ainsi que l’expression de la pensée et des sentiments de l’apôtre. Lorsque saint Benoît écrit sa Règle, en s’inspirant de la Règle du Maître, la figure du grand apôtre lui est présente. Il le nomme par son nom une douzaine de fois : “l’apôtre Paul”, alors qu’il ne nomme aucun autre apôtre, sinon une fois “l’apôtre saint Jean”. C’est dire sa familiarité avec les lettres pauliniennes. À la manière de Paul, saint Benoît s’appuie fortement sur les Saintes Écritures dans la rédaction de sa Règle. Après les psaumes et les évangiles, ce sont les lettres de saint Paul qui sont citées le plus souvent (plus de vingt fois), surtout les deux lettres aux Corinthiens et l’épître aux Romains. La première citation de la Règle est justement un passage de la lettre aux Romains (13, 11) : Voici l’heure pour nous de sortir du sommeil. Outre des citations littérales, nous retrouvons la pensée de saint Paul en filigrane, au travers de mots qui
traduisent des thèmes spirituels chers à l’apôtre. En voici quelques-uns.

Esprit filial, esprit paternel, esprit fraternel
Dès les premières lignes de sa Règle, saint Benoît emploie le mot “fils” et le mot “père” : un tendre père, dit-il. Il entend que le disciple vive en enfant de Dieu, sous le regard de son père du ciel qui lui promet le royaume. Plus loin, on remarque l’importance donnée à l’abbé dont le nom signifie “père”. L’esprit fraternel en est inséparable : partout il est question des “frères”. On reconnaît là le thème de l’adoption des fils dont parle souvent saint Paul, et que nous résumons par ces mots cités par saint Benoît au chapitre de l’abbé : Vous avez reçu l’Esprit d’adoption des fils, qui nous fait nous écrier : Abba, Père!(Romains 8, 15) La théologie paulinienne est centrée sur le Père aussi bien que sur le Christ. L’apôtre se complaît à répéter des centaines de fois le nom de Dieu dans ses lettres, et par ce nom il désigne le Père : “Dieu l’a dit : Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles” (2 Co 6, 18).

Par-dessus tout : l’amour
Au coeur du message paulinien, comme de l’Évangile, il y a l’amour, la charité qui surpasse tous les charismes et sans laquelle on n’est plus rien. L’amour du Christ mort et ressuscité l’a saisi, lui, Paul : qui pourra le séparer de l’amour du Christ qui l’a aimé et s’est livré pour lui? Il s’écrie dans toute son ardeur : L’amour du Christ nous presse (2 Co 5, 14). C’est la grande passion de sa vie. Conscient que le Christ vit en lui, il se met à son service avec un zèle infatigable. Dans le Christ, il aime les communautés chrétiennes auxquelles il s’adresse : Mon amour est avec vous tous en Jésus Christ (1 Co 16, 24). Il exhorte de même les disciples à rechercher la charité, à abonder toujours plus dans l’amour. Saint Benoît répète à son tour : Ne rien préférer à l’amour du Christ… Par-dessus tout, aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toute sa force… Ils ne préféreront absolument rien au Christ (ch. 4 et 72). Les préceptes de sa Règle veulent conduire le disciple à un très grand amour traduit dans les actes, pour parvenir à aimer Dieu d’un amour parfait qui chasse la crainte. Il rappelle aussi la charité fraternelle : Aimer le prochain comme soi-même. Pour cela se servir mutuellement avec charité, être pleins de respect et d’affection les uns pour les autres, comme des membres d’une même famille.Tous appelés, tous un dans le Christ Avec la conversion des païens, des divisions surviennent dans l’Église primitive. Dans sa lettre aux Romains, saint Paul aborde le mystère de l’élection divine : celle-ci, reposant sur le peuple juif d’abord, s’est étendue ensuite à toutes les nations. C’est la foi, non la Loi, qui obtient la grâce du salut par Jésus
Christ. Donc tous les baptisés ne font qu’un dans le Christ Jésus(Ga 3, 28). Benoît adresse également un appel à tous : Qui que tu sois, dit-il. (Prologue) Et dans ses directives à l’abbé (ch. 2), il reprend un verset de l’épître aux Romains : Il n’y a pas acception de personnes auprès de Dieu. Comme Paul il reconnaît l’égalité entre frères, à cette époque de l’invasion des barbares où certains convertis entraient au monastère. Il demande que l’homme libre ne soit pas préféré à un autre venu d’une condition servile, et que tous soient aimés et traités également, sauf motif raisonnable. Car, libres ou esclaves, dit-il, nous sommes tous un dans le Christ, et nous faisons le même service dans la milice du
même Seigneur (2, 20).

Marcher, courir, combattre
Militer sous le Seigneur engage à marcher selon l’Évangile sur la voie du salut dont l’entrée est toujours étroite. Aussi saint Benoît emprunte-t-il à saint Paul des mots reliés à une aventure spirituelle d’allure routière, militaire et sportive, pour laquelle on s’impose toutes sortes de privations en vue de la réussite.
Saint Paul rappelle à ce propos les courses du stade, et il exhorte les croyants à courir de manière à remporter le prix (1 Co 9, 24), comme il le fera lui-même : J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course,
j’ai gardé la foi. (2 Tm 4, 7) Saint Benoît retient ce terme de course, action plus intense et rapide que la
marche, pour exprimer la hâte de parvenir à la patrie céleste : Courez pendant que vous avez la lumière de
la vie… Il nous faut courir et agir d’une façon qui nous profite pour l’éternité. (Prologue)
Tout un arsenal de combat est proposé par saint Paul (Éph 6, 13-17). Saint Benoît en simplifie la
description : Les reins ceints de la foi et de l’accomplissement des bonnes actions, avec en main les armes
très puissantes et glorieuses de l’obéissance. (Prologue)

Avec le Christ obéissant jusqu’à la mort
Saint Paul a écrit une hymne magnifique sur l’abaissement du Christ qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort pour être ensuite exalté par Dieu (Phil 2, 6-11). L’apôtre ne voulait savoir qu’une chose : Jésus crucifié. Se considérant le dernier des apôtres, il acceptait de tout endurer pour se conformer à la Passion et à la Croix de son Maître. Il déclarait : Je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église (Col 1, 24). Saint Benoît, lui aussi, veut que nous prenions part aux souffrances du Christ par la patience. En écrivant son chapitre sur l’humilité (7), il rappelle d’obéir en imitant le Seigneur dont l’apôtre dit : Il a été obéissant jusqu’à la mort (Phil 2, 8). Plus loin il propose d’imiter Paul lui-même : Avec l’apôtre Paul, ils supportent les faux frères et la persécution (2 Co 11, 26), et ils bénissent ceux qui les maudissent (1 Co 4, 12).

Tant d’autres richesses pauliniennes à découvrir
Les lettres de saint Paul, en particulier celles adressées aux chrétiens de Corinthe, contiennent tant de directives pratiques pour l’organisation d’une communauté, qu’il serait intéressant de mettre en parallèle bien d’autres passages de la Règle de saint Benoît, par exemple : le chapitre des bonnes actions (4) et celui du bon zèle (72), la prière, le travail, les forts et les faibles, la discrétion, les corrections, la sainteté de vie, la paix, la vigilance dans l’attente de la venue du Seigneur, etc… Autant de richesses à découvrir encore.

* * *
Si la vie et les écrits de saint Paul ont été une telle source d’inspiration pour saint Benoît, nul doute que les familles et les groupes, et chaque personne, peuvent en retirer aujourd’hui encore un très grand profit spirituel. C’est la grâce que nous demandons à l’apôtre des nations ainsi qu’au patriarche des moines
Supplément à la circulaire no 44 – Mai 2009.- Bénédictines Joliette

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