Archive pour la catégorie 'Saints: mémoire optionnelle'

16 novembre : Sainte Gertrude de Helfta (mf)

16 novembre, 2011

du site:

http://www.nominis.cef.fr/contenus/saint/154/Sainte-Gertrude-de-Helfta.html

16 novembre : Sainte Gertrude de Helfta (mf)

vierge moniale (+ 1301)

A cinq ans, la petite Gertrude qui va devenir Gertrude la Grande est confiée pour son éducation au monastère bénédictin de Helfta en Saxe. Elle y trouve une atmosphère de vie spirituelle et intellectuelle intense. Elle a aussi la chance d’y avoir comme maîtresse et conseillère la grande Melchtilde de Hackeborn. Elle s’épanouit dans ce milieu qu’elle ne cherchera pas à quitter. En grandissant elle devient une moniale d’une intelligence rayonnante et d’une vaste culture. Si sa santé fragile la tient souvent éloignée du chœur, sa santé mentale, au contraire, reflète un grand équilibre. A partir de 1291, elle commence à être favorisée de visions qu’elle consignera dans cinq livres. Son expérience mystique s’appuie sur les mystères de la liturgie et reste totalement dépourvue de dolorisme. Elle fait une large place au Christ et tout particulièrement au Sacré-Cœur, « où est enclose toute la vertu de la Divinité. » Elle oriente l’âme vers la contemplation sereine et la jouissance de la vie divine « dans la resplendissante et toute calme Trinité ».
Le 6 octobre 2010, Benoît XVI a évoqué sainte Gertrude, « une célèbre mystique et la seule femme à avoir reçu le titre de Grande en Allemagne en vertu de sa stature culturelle et évangélique. Sa vie et sa pensée -a ajouté le Pape- ont profondément influencé la spiritualité chrétienne » du Moyen Age. Née en 1256, elle entra enfant au couvent, comme c’était alors la coutume. Après des études, elle y passa le restant de son existence. Gertrude fut une étudiante extraordinaire, capable d’apprendre tout ce qu’on pouvait alors enseigner. « Ensuite, elle se consacra totalement à Dieu dans la vie monastique, la prière et l’étude ». Vingt ans plus tard, elle eut la vision d’un enfant qui l’encourageait à surmonter le roncier qui opprimait son esprit. A partir de ce moment, sa communion avec le Seigneur s’intensifia en un véritable chemin de conversion ». Elle abandonna ses études profanes pour se consacrer exclusivement aux théologiques et, toujours dans l’observance monastique, elle passa de ce qu’elle appelait sa vie de négligence à une vie priante, mystique et missionnaire ».
Le Saint-Père a ensuite rappelé que Gertrude se repentit de « s’être trop consacrée aux arts libéraux, à la sagesse humaine, au dam de la science spirituelle, se privant ainsi du sel de la vraie connaissance. Gravissant le mont de la contemplation, elle abandonna l’homme ancien pour le nouveau ». La sainte allemande « se consacra, avec clarté et simplicité, à écrire et à diffuser la vérité de la foi. Elle servit l’Église avec efficacité et amour, au point d’être appréciée des théologiens. Il reste peu de choses de son intense production à cause de la dévastation que subit le couvent de Helfta. Ont survécu, ses Révélations et ses Exercices spirituels, qui sont des joyaux de la littérature mystique… Elle ajouta des prières au pénitencier monastique, dans lesquelles elle s’abandonne à Dieu avec confiance, au point de faire sentir la présence du Seigneur à qui la rencontrait. Dieu lui avait, il est vrai, fait comprendre l’avoir appelée à être un instrument de sa grâce. Gertrude se sentait indigne de cet immense trésor, et déclarait ne pas l’avoir assez bien conservé et valorisé ». Elle mourut en 1301 ou 1302.
Benoît XVI a conclu en affirmant que l’exemple de sainte Gertrude « montre qu’une vie heureuse est faite de l’amitié du Seigneur, de l’amour de l’Écriture, de la liturgie et de Marie, faite d’une foi profonde et de la recherche continue de Dieu, but de notre existence ». Après la catéchèse, il a salué les différents groupes, notamment polonais, et rappelé qu’octobre est le mois du Rosaire et, demain, la fête de Note Dame du Rosaire: « Le chapelet est une prière particulière dans l’Église, une arme spirituelle adaptée à chacun de nous. La méditation de la vie de Jésus et de Marie doit être une lumière éclairant notre chemin évangélique, notre renouveau spirituel et la conversion de nos cœurs ». (source: VIS 20101006 – 500)
Mémoire  de sainte Gertrude, surnommée la Grande, vierge moniale. Donnée au Seigneur par ses parents dès l’âge de cinq ans dans l’abbaye cistercienne d’Helfta en Saxe, elle y passa toute sa vie, vouée à la solitude du cloître et aux belles-lettres avec tout son cœur et toute son énergie. Sans renoncer au travail intellectuel, elle avança de manière admirable sur le chemin de la perfection, dans la prière et la contemplation du Christ en croix, et mourut le 17 novembre 1301.
Martyrologe romain

6 octobre -Saint Bruno

6 octobre, 2011

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/10/06.php

6 octobre -Saint Bruno,

fondateur des Chartreux

Prières

O Dieu, montrez-nous votre visage
qui n’est autre que votre Fils,
puisque c’est par lui que vous vous faites connaître
de même que l’homme tout entier est connu par son seul visage.
Et par ce visage que vous nous aurez montré,
convertissez-nous ;
convertissez les morts que nous sommes
des ténèbres à la lumière,
convertissez-nous des vices aux vertus,
de l’ignorance à la parfaite connaissance de vous.
Saint Bruno

Vous êtes mon Seigneur,
vous dont je préfère les volontés aux miennes propres ;
puisque je ne puis toujours prier avec des paroles,
si quelque jour j’ai prié avec une vraie dévotion,
comprenez mon cri :
prenez en gré cette dévotion
qui vous prie comme une immense clameur ;
et pour que mes paroles
soient de plus en plus dignes d’être exaucées de vous,
donnez intensité et persévérance à la voix de ma prière.
O Dieu, qui êtes puissant et dont je me suis fait le serviteur,
quant à moi je vous prie et vous prierai avec persévérance
afin de mériter et de vous obtenir ;
ce n’est pas pour obtenir quelque bien terrestre :
je demande ce que je dois demander, Vous seul.
Saint Bruno

Vie de Saint Bruno
Bruno qui appartenait à une famille noble (celle, croit-on, des Hartenfaust, de duro pugno), né à Cologne entre 1030 et 1035. Il commença ses études dans sa ville natale, à la collégiale de Saint-Cunibert, et fit ensuite des études de philosophie et de théologie à Reims et, peut-être aussi à Paris. Vers 1055, il revint à Cologne pour recevoir de l’archevêque Annon, avec la prêtrise, un canonicat à Saint-Cunibert.
En 1056 ou 1057, il fut rappelé à Reims par l’archevêque Gervais pour y devenir, avec le titre d’écolâtre, professeur de grammaire, de philosophie et de théologie ; il devait garder une vingtaine d’années cette chaire, où il travailla à répandre les doctrines clunisiennes et, comme on allait dire bientôt, grégoriennes ; parmi ses élèves, étaient Eudes de Châtillon, le futur Urbain II,  Rangérius, futur évêque de Lucques, Robert, futur évêque de Langres, Lambert, futur abbé de Pothières, Pierre, futur abbé de Saint-Jean de Soissons, Mainard, futur prieur de Cormery, et d’autres personnages de premier plan. Maître Bruno dont on conserve un commentaire des psaumes et une étude sur les épitres de saint Paul est précis, clair et concis en même temps qu’affable, bon et souriant « il est, dire ses disciples, éloquent, expert dans tous les arts, dialecticien, grammairien, rhéteur, fontaine de doctrine, docteur des docteurs. »
Sa situation devint difficile quand l’archevêque Manassès de Gournay, simoniaque avéré, monta en 1067 sur le siège de Reims ; ce prélat qui n’ignorait pas l’opposition de Bruno, tenta d’abord de se le concilier, et le désigna même comme chancelier du Chapitre (1075), mais l’administration tyrannique de Manassès, qui pillait les biens d’Eglise, provoqua des protestations, auxquelles Bruno s’associa ; elles devaient aboutir à la déposition de l’indigne prélat en 1080 ; en attendant, Manassès priva Bruno de ses charges et s’empara de ses biens qui ne lui furent rendus que lorsque l’archevêque perdit son siège[1].
Bruno, réfugié d’abord au château d’Ebles de Roucy, puis, semble-t-il, à Cologne, chargé de mission à Paris, et redoutant d’être appelé à la succession de Manassès, décida de renoncer à la vie séculière. Cette résolution aurait été fortifiée en lui, d’après une tradition que répètent les historiens chartreux, par l’épisode parisien (1082) des funérailles du chanoine Raymond Diocrès qui se serait trois fois levé de son cercueil pour se déclarer jugé et condamné au tribunal de Dieu[2].
En 1083, Bruno se rendit avec deux compagnons, Pierre et Lambert, auprès de saint Robert de Molesme, pour lui demander l’habit monastique et l’autorisation de se retirer dans la solitude, à Sèche-Fontaine. Mais ce n’était pas encore,  si près de l’abbaye, la vraie vie érémitique. Sur le conseil de Robert de Molesme et, semble-t-il, de l’abbé de la Chaise-Dieu, Seguin d’Escotay, Bruno se rendit, avec six compagnons[3] auprès du saint évêque Hugues de Grenoble qui accueillit avec bienveillance la petite colonie.  Une tradition de l’Ordre veut que saint Hugues ait vu les sept ermites annoncés dans un songe sous l’apparence de sept étoiles. Il conduisit Bruno et ses compagnons dans un site montagneux d’une sévérité vraiment farouche, le désert de Chartreuse (1084)[4]. En 1085 une première église s’y élevait. Le sol avait été cédé en propriété par Hugues aux religieux qui en gardèrent le nom de Chartreux. Quant à l’appartenance spirituelle, il paraît que la fondation eut d’abord quelque lien avec la Chaise-Dieu, à qui Bruno la remit quand il dut se rendre en Italie ; mais l’abbé Seguin restitua la Chartreuse au prieur Landuin quand celui-ci, pour obéir à saint Bruno, rétablit la communauté, et il reconnut l’indépendance de l’ordre nouveau (1090)[5].
Au début de cette année 1090, Bruno avait été appelé à Rome par un de ses anciens élèves, le pape Urbain II, qui voulait s’aider de ses conseils et qui lui concéda, pour ceux de ses compagnons qui l’avaient suivi, l’église de Saint-Cyriaque. Le fondateur fut à plusieurs reprises convoqué à des conciles[6]. Le pape eût voulu lui faire accepter l’archevêché de Reggio de Calabre, mais Bruno n’abandonnait pas son rêve de vie érémitique. Il avait reçu en 1092 du comte Roger de Sicile un terrain boisé à La Torre, près de Squillace, où Urbain II autorisa la construction d’un ermitage et où une église fut consacrée en 1094. Roger aurait affirmé, dans un diplôme de 1099, que Bruno l’aurait averti dans un songe d’un complot durant le siège de Padoue en 1098.
Bruno, le 27 juillet 1101, recevait du pape Pascal II la confirmation de l’autonomie de ses ermites. Le 6 octobre suivant, après avoir émis une profession de foi et fait devant les frères sa confession générale, il rendit l’âme à la chartreuse de San Stefano in Bosco, filiale de La Torre, où il fut enseveli. Les cent soixante-treize rouleaux des morts, circulant d’abbaye en abbaye et recevant des formules d’éloges funèbres, attestent précieusement, dès le lendemain de sa mort, sa réputation de sainteté, accrue par les miracles attribués à son intercession. Son corps, transféré en 1122 à Sainte-Marie du Désert, la chartreuse principale de La Torre, y fut l’objet d’une invention en 1502 et d’une récognition en 1514. Le culte fut autorisé de vive voix dans l’ordre des Chartreux par Léon X, le 19 juillet 1514. La fête, introduite en 1622 dans la liturgie romaine et confirmée en 1623 comme semi-double ad libitum, est devenue de précepte et de rite double en 1674 à la date anniversaire de sa mort, le 6 octobre ; saint Bruno n’a donc été l’objet que d’une canonisation équipollente.
Il y a actuellement 17 chartreuses de moines et 5 de moniales, toutes situées en Europe sauf un monastère aux Etats-Unis. (Une fondation est en cours en Amérique Latine). Les moines sont environ 400, les moniales une centaine.
En 1257, saint Louis demanda des moines au prieur de la Grande Chartreuse, qui lui envoya Dom Jean de Jossaram, prieur du Val-Sainte-Marie, près de Valence, et quatre autres religieux. Ils habitèrent d’abord Gentilly, puis vinrent près de Paris, au château de Vauvert, dès 1258. Saint Louis fit commencer leur grande église, qui ne fut dédiée qu’en 1325, à la Sainte Vierge et à saint Jean-Baptiste. Elle avait sept chapelles latérales dans la clôture et une huitième chapelle extérieure, dont l’accès était permis aux femmes. Vingt-huit cellules, chacune composée de deux ou trois pièces et accompagnée d’un jardin, étaient groupées autour du grand cloître. Il y vivait quarante religieux, sans compter les Frères. Le petit cloître était décoré des fameux tableaux de la vie de saint Bruno d’Eustache Lesueur : il n’y en avait que trois, disait-on, de sa main. La Révolution détruisit ce monastère pour faire passer des rues et agrandir le jardin du Luxembourg.
Les Chartreux de Paris achetèrent une rente sur des biens sis à Saulx que saint Louis leur confirma en 1263. L’année suivante, les Chartreux achètent à Saulx la dîme du blé avec une partie du fief des Tournelles où était le four banal. En 1265, les Chartreux achètent à Saulx la dime du vin. En 1285, les Chartreux achètent le fief des Tournelles avec le four banal. En 1657 le prieuré Notre-Dame de Saulx est cédé aux Chartreux et ils nomment le curé de la paroisse.
 Le 14 mai 1984, l’occasion du neuvième centenaire de la fondation de leur Ordre le Saint-Père adressait aux Chartreux la lettre Silentio et solitudini, rappelant qu’en l’an 1084, aux alentours de la fête de saint Jean-Baptiste, Bruno de Cologne, au terme d’une brillante carrière ecclésiastique, marquée notamment par un courage indomptable dans la lutte contre les abus de l’époque, entrait avec six compagnons au désert de Chartreuse. Il s’agit d’une vallée étroite et resserrée des Préalpes, à 1175 mètres d’altitude, où de grands sapins laissent à peine pénétrer la lumière, et que les neiges isolent presque complètement du monde extérieur durant l’hiver interminable. Ce cadre austère paraissait approprié à la forme de vie entièrement centrée sur Dieu qu’ils désiraient chercher par le moyen de la solitude. Le monastère fut fait de petits ermitages, reliés par une galerie pour se rendre en toute saison à l’église. Les moines ne se rencontraient habituellement qu’aux Matines et aux Vêpres, parfois à la messe qui n’était pas alors quotidienne, mais ils prenaient ensemble le repas du dimanche, suivi du chapitre. Saint Bruno avait en propre de savoir unir une soif intense de la rencontre de Dieu dans la solitude, avec une capacité exceptionnelle de se faire des amis, et de faire naître parmi eux un courant d’intense affection.
Parmi les six compagnons de saint Bruno figuraient deux laïcs ou convers ; leur solitude devait incorporer un certain travail hors de la cellule, principalement agricole. Aujourd’hui encore un monastère cartusien comporte des moines du cloître, voués à la solitude de la cellule, et des moines convers, qui partagent leur temps entre cette solitude et la solitude du travail dans les obédiences : on pratique ainsi deux manières, étroitement solidaires et complémentaires, de vivre la vie de chartreux ou de chartreuse.
Les historiens de la vie monastique ont relevé la sagesse qui a su unir les différents aspects de la vie cartusienne en un équilibre harmonieux : le soutien de la vie fraternelle aide à affronter l’austérité de l’érémitisme ; la coexistence de deux manières de vivre l’érémitisme (moines du cloître et moines convers) permet à chacune des deux de trouver sa formule la meilleure ; un facteur équilibrant, aussi, est joué par l’importance de l’office liturgique de Matines, célébré à l’église au cours de la nuit. Ou encore, liberté spirituelle et obéissance sont étroitement unies… Cette sagesse de vie, les chartreux la doivent à saint Bruno lui-même, et c’est elle qui a assuré la persévérance de leur Ordre à travers les siècles. Sagesse et équilibre.
Il reste vrai qu’une telle vie n’a de sens qu’en référence à Dieu. Le Saint-Père, dans sa lettre, rappelait aux Chartreux que c’est là leur responsabilité, leur fonction propre dans le Corps mystique, au sein duquel ils doivent exercer un rayonnement invisible : ils sont, disait-il, des témoins de l’absolu, spécialement utiles aux hommes d’aujourd’hui, souvent profondément troublés par le tourbillon des idées et l’instabilité qui caractérisent la culture moderne. Pour l’Eglise elle-même, ajoute le Pape, en tant qu’elle est absorbée dans les difficultés du labeur apostolique, les solitaires signifient la certitude de l’Amour immuable de Dieu ; et c’est au nom de toute l’Eglise qu’ils font monter vers Lui un hymne de louange ininterrompue.
Il y a actuellement 17 chartreuses de moines et 5 de moniales, toutes situées en Europe sauf un monastère aux Etats-Unis. (Une fondation est en cours en Amérique Latine). Les moines sont environ 400, les moniales une centaine.
[1] Quelques clercs de Reims avaient porté plainte contre Manassès de Gournay auprès de Hugues de Die, légat du pape Grégoire VII, qui le cita à comparaître au concile d’Autun (1077). Manassès ne parut pas au concile d’Autun qui le déposa, mais s’en fut se plaindre à Rome où il promit tout ce que l’on voulut. C’est alors qu’il priva de leurs charges et de leurs biens tous ses accusateurs dont Bruno. Voyant que Manassès de Gournay ne s’amendait pas, Hugues de Die le cita à comparaître au concile de Lyon (1080) ; l’archevêque écrivit pour se défendre mais, cette fois, il fut déposé et, le 27 décembre 1080, Grégoire VII ordonna aux clercs de Reims de procéder à l’élection d’un nouvel archevêque. Manassès s’enfuit et ses accusateurs rentrèrent en possession de leurs charges et de leurs biens.
[2] Jean Long d’Ypres : Chronique de Saint-Bertin.
[3] Les six compagnons de Bruno étaient le toscan Landuin, théologien réputé, qui lui succéda comme prieur de la Chartreuse, Etienne de Bourg et Etienne de Die, chanoines de Saint-Ruf en Dauphiné, le prêtre Hugues qui fut leur chapelain, André et Guérin. Les deux derniers des six compagnons de saint Bruno étaient deux laïcs ou convers ; leur solitude devait incorporer un certain travail hors de la cellule, principalement agricole. Aujourd’hui encore un monastère cartusien comporte des moines du cloître, voués à la solitude de la cellule, et des moines convers, qui partagent leur temps entre cette solitude et la solitude du travail dans les obédiences : on pratique ainsi deux manières, étroitement solidaires et complémentaires, de vivre la vie de chartreux ou de chartreuse.
[4] Il s’agit d’une vallée étroite et resserrée des Préalpes, à 1175 mètres d’altitude, où de grands sapins laissent à peine pénétrer la lumière, et que les neiges isolent presque complètement du monde extérieur durant l’hiver interminable. Ce cadre austère paraissait approprié à la forme de vie entièrement centrée sur Dieu qu’ils désiraient chercher par le moyen de la solitude. Le monastère fut fait de petits ermitages, reliés par une galerie pour se rendre en toute saison à l’église. Les moines ne se rencontraient habituellement qu’aux Matines et aux Vêpres, parfois à la messe qui n’était pas alors quotidienne, mais ils prenaient ensemble le repas du dimanche, suivi du chapitre. Saint Bruno avait en propre de savoir unir une soif intense de la rencontre de Dieu dans la solitude, avec une capacité exceptionnelle de se faire des amis, et de faire naître parmi eux un courant d’intense affection.
[5] Les historiens de la vie monastique ont relevé la sagesse qui a su unir les différents aspects de la vie cartusienne en un équilibre harmonieux : le soutien de la vie fraternelle aide à affronter l’austérité de l’érémitisme ; la coexistence de deux manières de vivre l’érémitisme (moines du cloître et moines convers) permet à chacune des deux de trouver sa formule la meilleure ; un facteur équilibrant, aussi, est joué par l’importance de l’office liturgique de Matines, célébré à l’église au cours de la nuit. Ou encore, liberté spirituelle et obéissance sont étroitement unies… Cette sagesse de vie, les chartreux la doivent à saint Bruno lui-même, et c’est elle qui a assuré la persévérance de leur Ordre à travers les siècles. Sagesse et équilibre. Il reste vrai qu’une telle vie n’a de sens qu’en référence à Dieu. Le Saint-Père, dans sa lettre, rappelait aux Chartreux que c’est là leur responsabilité, leur fonction propre dans le Corps mystique, au sein duquel ils doivent exercer un rayonnement invisible : ils sont, disait-il, des témoins de l’absolu, spécialement utiles aux hommes d’aujourd’hui, souvent profondément troublés par le tourbillon des idées et l’instabilité qui caractérisent la culture moderne. Pour l’Eglise elle-même, ajoute le Pape, en tant qu’elle est absorbée dans les difficultés du labeur apostolique, les solitaires signifient la certitude de l’Amour immuable de Dieu ; et c’est au nom de toute l’Eglise qu’ils font monter vers Lui un hymne de louange ininterrompue.
[6] Bénévent, 1091 ; Troja, 1093 ; Plaisance,  1095.

12 août: Sainte Jeanne de Chantal

11 août, 2011

du site:

http://www.saintejeannedechantal.com/spip.php?article42

Paroisse Sainte Jeanne de Chantal

Sainte Jeanne de Chantal 

La vie de Sainte Jeanne de Chantal

Elle est la patronne de toutes les vocations ; et connaître sa vie explique pourquoi.
Une vie de famille toute simple
Jeanne Frémyot naît le 23 janvier 1572, à Dijon. Elle perd sa mère rapidement. Son père, Président du Parlement de Bourgogne, élève avec soin ses enfants, veillant lui-même à leur éducation religieuse. Jeanne est vive et enjouée, curieuse de tout. Très tôt, elle demande à Marie d’être sa vraie mère. C’est l’époque des guerres de religion, qui bouleversent la fillette. Elle se sent profondément catholique et sa famille soutiendra indéfectiblement le roi de France. Au moment de sa confirmation, Jeanne ajoute à son prénom celui de Françoise.
Elle a presque 21 ans quand elle épouse le baron Christophe Rabutin de Chantal. Appelé pour le service du Roi, son époux est souvent absent. Jeanne doit s’occuper seule du château et des biens de la famille de Chantal ; énergique et pieuse, elle se consacre à ces responsabilités et à sa famille, réservant les distractions pour les moments de présence de son époux. Le ménage est très heureux.
Les épreuves de la vie
Deux premiers enfants meurent à la naissance, mais Jeanne-Françoise donne ensuite naissance à un garçon, Celse-Bénigne, puis à Marie-Aimée, Françoise et Charlotte ; elle restera toujours très attentive à leur éducation. Début 1601, Christophe de Chantal décide de quitter la Cour pour vivre auprès des siens. Mais alors que vient de naître leur dernier enfant, il meurt victime d’un accident de chasse. Le choc est terrible pour Jeanne, qui a 29 ans.
Son beau-père lui ordonne alors de venir habiter chez lui ; ce sont des années difficiles. Le Baron de Chantal est acariâtre, il a confié sa maison a une servante-maîtresse. Mais la foi de Jeanne est solide, elle s’appuie sur la prière, elle se consacre à ses enfants, elle les catéchise et s’occupe aussi des bâtards du château et de tous ceux qu’elle peut aider. Déjà, elle met en pratique les vertus qui seront les axes de sa vie spirituelle : la charité, l’humilité.
La naissance d’une vocation
Son père l’invite à Dijon, en mars 1604 car le jeune évêque de Genève , François de Sales, vient y prêcher le Carême. Cette rencontre est capitale, François de Sales et Jeanne de Chantal « se reconnaissent » ; il devient son directeur spirituel, elle aspire à une vie toute donnée à Dieu. A l’époque les monastères réformés sont très austères, les non réformés plutôt relâchés ; pour l’évêque de Genève, il doit exister une troisième voie. Jeanne l’aidera à réaliser ce grand dessein, qui va longuement mûrir chez l’un et chez l’autre.
Au printemps 1610, la décision est prise. Les enfants de Jeanne ont grandi : son fils, suivant les traces de son père, doit commencer une carrière à la Cour et dans l’armée, sa fille aînée va se marier , avec le plus jeune frère de François de Sales, et ses cadettes suivront leur mère. Les jeunes filles à l’époque n’étaient-elles pas élevées dans des monastères ? Mais la petite Charlotte meurt et Jeanne part seule avec Françoise (ainsi que deux autres jeunes filles).
Fondation de la Visitation
L’évêque de Genève résidant à Annecy, Jeanne et trois autres sœurs s’installent donc dans « la Galerie » petite maison des faubourgs de Annecy. Et c’est le début de « La Visitation sainte Marie », en hommage à ce mystère de la vie humble et cachée de Marie. François de Sales est très attentif à cette petite communauté, qui met l’oraison au cœur de sa vie. Des visites aux malades débutent en 1612, mais elles sont limitées. Quelques années plus tard , quand des monastères seront créés à Lyon puis à Moulins, les moniales ne sortiront plus.
Mère de Chantal se consacre à ses religieuses et à la croissance de son ordre. L’abondante correspondance, qu’elle laissera, en porte témoignage . Elle continue de s’occuper de ses enfants : son fils se marie. Il mourra plus tard, laissant une fillette, qui deviendra Madame de Sévigné. Marie-Aimée, veuve elle aussi, meurt à la naissance de son premier enfant. Seule Françoise, et ses deux enfants, survivront à Jeanne.
Le 28 décembre 1622, le décès de François de Sales , à 55 ans, la laisse seule, alors que les monastères sont de plus en plus nombreux. Elle s’occupe de tout avec la foi, le courage et l’énergie qu’elle avait jeune femme pour s’occuper du château de son mari, qu’elle a eu jeune veuve pour élever seule ses enfants. Quand elle meurt, en décembre 1641, la Visitation Sainte Marie est un ordre important, comptant 87 monastères.
Ainsi, successivement vierge, épouse, mère, veuve et religieuse, Jeanne de Chantal est bien la patronne de tous les états de vie.
La jeune Baronne puis la Mère de Chantal a été dévorée par l’amour de Dieu “il nous faut tout quitter pour rester à la merci de l’amour divin, afin qu’il fasse de nous ce qu’il lui plaira”. Pour elle, “si vous cherchez Dieu, vous le trouverez partout”. Saint François de Sales estimait que la dévotion n’était pas réservée aux personnes consacrées, mais devait avoir sa place dans chaque vie. Jeanne l’a écouté ; dans tous les états de sa vie elle a servi son Seigneur ; elle a fait merveilleusement sienne le conseil de “leur bienheureux Père” : “C’est là où Dieu nous a plantés qu’il nous faut savoir fleurir

28 JUILLET – SAINT NAZAIRE et SAINT CELSE – MARTYR

28 juillet, 2011

du site:

http://www.magnificat.ca/cal/fran/07-28.htm

28 JUILLET – SAINT NAZAIRE et SAINT CELSE

Martyrs

(Ier siècle)

Nazaire naquit à Rome, d’un père païen, nommé Africanus, et d’une pieuse mère nommée Perpétue, qui avait été baptisée par saint Pierre. L’enfant répondit admirablement aux leçons maternelles et brilla par ses vertus précoces et son innocence.
Parvenu à sa neuvième année, Nazaire fut sollicité par son père d’abandonner le christianisme; mais il préféra la vérité au mensonge, fut baptisé par saint Lin et devint un des plus fervents chrétiens de Rome. Son père, irrité, employa la violence pour vaincre sa fermeté; mais, enfin, plein d’admiration pour ce fils, il lui fournit lui-même les moyens d’accomplir le projet hardi qu’il avait formé d’aller prêcher la foi.
Nazaire parcourut l’Italie, semant l’Évangile parmi les populations païennes et les édifiant par ses vertus. A Milan, son premier soin fut d’aller visiter les martyrs Gervais et Protais dans leur prison et de les fortifier dans la lutte par ses paroles. Saisi lui-même comme chrétien, il est cruellement flagellé et chassé de la ville. Près de Nice, il s’attache comme disciple un enfant nommé Celse, après l’avoir instruit et baptisé. Nazaire et Celse ne se séparent plus. Les conversions se multiplient d’une manière étonnante; Nazaire est de nouveau soumis à de cruelles tortures, puis rendu à la liberté, à la condition de ne plus reparaître dans ce pays.
Les deux saints jeunes gens remontent alors les Alpes, traversant sans se décourager d’immenses et solitaires forêts, des rochers inaccessibles, de rares villages où vivaient de pauvres idolâtres, et arrivent à Embrun, où leur zèle opère des prodiges de conversions. Vienne, Genève, Trèves entendent tour à tour leur voix, rendue éloquente par l’amour de Jésus-Christ. Les contradictions et la persécution donnent à leur prédication une fécondité nouvelle.
Condamnés à être noyés, ils marchent sur les ondes comme sur une terre ferme. Après cet éclatant miracle, Nazaire et Celse reprennent la route de Milan, où ils sont bientôt arrêtés comme chrétiens et zélateurs de la foi. A la lecture de la sentence de mort, ils se jettent, joyeux, dans les bras l’un de l’autre: « Quel bonheur pour nous, s’écrie Nazaire, de recevoir aujourd’hui la palme du martyre! ? Je Vous rends grâces, ô mon Dieu, dit Celse, de ce que Vous voulez bien me recevoir, si jeune encore, dans Votre gloire. » Ils sont alors conduits sur une place publique de Rome, où ils ont la tête tranchée, vers l’an 56 de l’ère chrétienne.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.

Les époux Priscille et Aquilas, 8 juin mf (Pape Benoît, Audience 2 février 2007)

8 juillet, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070207_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 février 2007

Les époux Priscille et Aquilas

Chers frères et soeurs,

En faisant un nouveau pas dans cette sorte de galerie de portraits des premiers témoins de la foi chrétienne, que nous avons commencée il y a quelques semaines, nous prenons aujourd’hui en considération un couple d’époux. Il s’agit des conjoints Priscille et Aquilas, qui se trouvent dans le groupe des nombreux collaborateurs qui ont entouré l’apôtre Paul, que j’avais déjà brièvement mentionnés mercredi dernier. Sur la base des informations en notre  possession,  ce  couple d’époux joua un rôle très actif au temps des origines post-pascales de l’Eglise.
Les noms d’Aquilas et de Priscille sont latins, mais l’homme et la femme qui les portent étaient d’origine juive. Cependant, au moins Aquilas provenait géographiquement de la diaspora de l’Anatolie septentrionale, qui s’ouvre sur la Mer Noire – dans la Turquie actuelle -, alors que Priscille, dont le nom se trouve parfois abrégé en Prisca, était probablement une juive provenant de Rome (cf. Ac 18, 2). C’est en tout cas de Rome qu’ils étaient parvenus à Corinthe, où Paul les rencontra au début des années 50; c’est là qu’il s’associa à eux car, comme nous le raconte Luc, ils exerçaient le même métier de fabricants de toiles ou de tentes pour un usage  domestique,  et  il  fut   même accueilli dans leur maison (cf. Ac 18, 3). Le motif de leur venue à Corinthe avait été la décision de l’empereur Claude de chasser de Rome les Juifs résidant dans l’Urbs. L’historien Romain Suétone nous dit, à propos de cet événement, qu’il avait expulsé les Juifs car « ils provoquaient des tumultes en raison d’un certain Crestus » (cf. « Les vies des douze Césars, Claude », 25). On voit qu’il ne connaissait pas bien le nom – au lieu du Christ, il écrit « Crestus » – et qu’il n’avait qu’une idée très confuse de ce qui s’était passé. Quoi qu’il en soit, des discordes régnaient à l’intérieur de la communauté juive autour de la question de savoir si Jésus était ou non le Christ. Et ces problèmes constituaient pour l’empereur un motif pour expulser simplement tous les juifs de Rome. On en déduit que les deux époux avait déjà embrassé la foi chrétienne à Rome dans les années 40, et qu’ils avaient à présent trouvé en Paul quelqu’un non seulement qui partageait cette foi avec eux – que Jésus est le Christ – mais qui était également un apôtre, appelé personnellement par le Seigneur Ressuscité. La première rencontre a donc lieu à Corinthe, où ils l’accueillent dans leur maison et travaillent ensemble à la fabrication de tentes.
Dans un deuxième temps, ils se rendirent en Asie mineure, à Ephèse. Ils jouèrent là un rôle déterminant pour compléter la formation chrétienne du juif alexandrin Apollos, dont nous avons parlé mercredi dernier. Comme il ne connaissait que de façon sommaire la foi chrétienne, « Priscille et Aquilas l’entendirent, ils le prirent à part et lui exposèrent avec plus d’exactitude la Voie de Dieu » (Ac 18, 26). Quand, à Ephèse, l’Apôtre Paul écrit sa Première Lettre aux Corinthiens, il envoie aussi explicitement avec ses propres salutations celles d’ »Aquilas et Prisca [qui] vous saluent bien dans le Seigneur, avec l’Eglise qui se rassemble chez eux » (16, 19). Nous apprenons ainsi le rôle très important que ce couple joua dans le milieu de l’Eglise primitive:  accueillir dans leur maison le groupe des chrétiens locaux, lorsque ceux-ci se rassemblaient pour écouter la Parole de Dieu et pour célébrer l’Eucharistie. C’est précisément ce type de rassemblement qui est appelé en grec « ekklesìa » – le mot latin est « ecclesia », le mot français « église » – qui signifie convocation, assemblée, regroupement. Dans la maison d’Aquilas et de Priscille, se réunit donc l’Eglise, la convocation du Christ, qui célèbre là les saints Mystères. Et ainsi, nous pouvons précisément voir la naissance de la réalité de l’Eglise dans les maisons des croyants. Les chrétiens, en effet, jusque vers le III siècle, ne possédaient pas leurs propres lieux de culte:  dans un premier temps, ce furent les synagogues juives, jusqu’à ce que la symbiose originelle entre l’Ancien et le Nouveau Testament ne se défasse et que l’Eglise des Gentils ne soit obligée de trouver sa propre identité, toujours profondément enracinée dans l’Ancien Testament. Ensuite, après cette « rupture », les chrétiens se réunissent dans les maisons, qui deviennent ainsi « Eglise ». Et enfin, au III siècle, naissent de véritables édifices de culte chrétien. Mais ici, dans la première moitié du I et du II siècle, les maisons des chrétiens deviennent véritablement et à proprement parler des « églises ». Comme je l’ai dit, on y lit ensemble les Saintes Ecritures et l’on célèbre l’Eucharistie. C’est ce qui se passait, par exemple, à Corinthe, où Paul mentionne un certain « Gaïus vous salue, lui qui m’a ouvert sa maison, à moi et à toute l’Eglise » (Rm 16, 23), ou à Laodicée, où la communauté se rassemblait dans la maison d’une certaine Nympha (cf. Col 4, 15), ou à Colosse, où le rassemblement avait lieu dans la maison d’un certain Archippe (cf. Phm 1, 2).
De retour à Rome, Aquilas et Priscille continuèrent à accomplir cette très précieuse fonction également dans la capitale de l’Empire. En effet, Paul, écrivant aux Romains, envoie précisément ce salut:  « Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude:  c’est le cas de toutes les Eglises de la gentilité; saluez aussi l’Eglise qui se réunit chez eux » (Rm 16, 3-5). Quel extraordinaire éloge des deux conjoints dans ces paroles! Et c’est l’apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d’avoir risqué la vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d’un de ses emprisonnements, peut-être à Ephèse même (cf. Ac 19, 23; 1 Co 15, 32; 2 Co 1, 8-9). Et le fait qu’à sa gratitude, Paul associe même celle de toutes les Eglises des gentils, tout en considérant peut-être l’expression quelque peu excessive, laisse entrevoir combien leur rayon d’action a été vaste, ainsi, en tous cas que leur influence en faveur de l’Evangile.
La tradition hagiographique postérieure a conféré une importance particulière à Priscille, même s’il reste le problème de son identification avec une autre Priscille martyre. Dans tous les cas, ici, à Rome, nous avons aussi bien une église consacrée à Sainte Prisca sur l’Aventin que les catacombes de Priscille sur la Via Salaria. De cette façon se perpétue la mémoire d’une femme, qui a été certainement une personne active et d’une grande valeur dans l’histoire du christianisme romain. Une chose est certaine:  à la gratitude de ces premières Eglises, dont parle saint Paul, doit s’unir la nôtre, car c’est grâce à la foi et à l’engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d’époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas croître uniquement grâce aux Apôtres qui l’annonçaient. Pour s’enraciner dans la terre du peuple, pour se développer de façon vivante, était nécessaire l’engagement de ces familles, de ces époux, de ces communautés chrétiennes, et de fidèles laïcs qui ont offert l’ »humus » à la croissance de la foi. Et c’est toujours et seulement ainsi que croît l’Eglise. En particulier, ce couple démontre combien l’action des époux chrétiens est importante. Lors-qu’ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l’Eglise et dans l’Eglise devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s’élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu’une petite partie de celui-ci. Il en était ainsi dans la première génération et il en sera souvent ainsi.
Nous pouvons tirer une autre leçon importante de leur exemple:  chaque maison peut se transformer en une petite Eglise. Non seulement dans le sens où dans celle-ci doit régner le typique amour chrétien fait d’altruisme et d’attention réciproque, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi, est appelée à tourner autour de l’unique domination de Jésus Christ. Ce n’est pas par hasard que dans la Lettre aux Ephésiens, Paul compare la relation matrimoniale à la communion sponsale qui existe entre le Christ et l’Eglise (cf. Eph 5, 25-33). Nous pourrions même considérer que l’Apôtre façonne indirectement la vie de l’Eglise tout entière sur celle de la famille. Et en réalité, l’Eglise est la famille de Dieu. Nous honorons donc Aquilas et Priscille comme modèles d’une vie conjugale engagée de façon responsable au service de toute la communauté chrétienne. Et nous trouvons en eux le modèle de l’Eglise, famille de Dieu pour tous les temps.

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