http://www.pagesorthodoxes.net/saints/meres-spirituelles/sainte-macrine.htm
19 JUILLET: SAINTE MACRINE
par saint Grégoire de Nysse
Sainte Macrine naquit vers 327, l’aînée de dix enfants d’une vieille famille chrétienne de Cappadoce dont la foi fut mise à l’épreuve pendant la grande persécution de Dioclétien (284-305) – un de ses aïeux maternels avait gagné la palme du martyre – et également sous Maximin (306-310, dont la persécution obligea ses grands-parents maternels de se réfugier dans les montagnes du Pont pendant sept ans. Sa grand-mère paternelle fut sainte Macrine l’Ancienne, disciple de saint Grégoire le Thaumaturge, évêque de Néo-Césarée dans le Pont, élève d’Origène à Césarée de Palestine. Ses parents, Basile l’Ancien et Émélie, bien que non mentionnées dans les synaxaires byzantins, sont célébrés en Occident le 30 mai. Parmi les frères de Macrine figurent quatre saints de l’Église : Basile le Grand et Grégoire de Nysse (deux des trois grands théologiens cappadociens) ; ainsi que Pierre, évêque de Sébaste (Synaxaire, 9 janvier), et saint Naucrace (8 juin). Moins connue que ses illustres frères, sainte Macrine est néanmoins considérée le « véritable chef spirituel de la famille » (Synaxaire, 1er janvier) : c’est elle qui, après le décès du père, convainquit sa mère de renoncer à la jouissance de la fortune familiale, de libérer leurs esclaves et servantes, et de transformer la maison familiale en monastère. Macrine dirigeait le monastère des femmes et son frère Pierre, celui des hommes.
En 379, après le décès de la mère, de Naucrace et de Basile (fin 378), et après de longues années de persécution et de division à l’intérieur de l’Église dues à l’hérésie arienne, Grégoire de Nysse, de retour d’un synode à Antioche, rend visite à sa sœur, malade et mourante. Après son décès, Grégoire écrit la Vie de sainte Macrine, qui passe en revue l’histoire de la famille et le rôle de Macrine ; il y décrit en particulier ses entretiens avec Macrine, son dernier jour et son ensevelissement. Les extraits de la Vie de sainte Macrine qui suivent portent sur la fondation du monastère, la vie de la communauté et les entretiens de Grégoire et Macrine.
Transformation de la maison familiale en monastère
7. Comme tout prétexte de vie trop matérielle leur avait déjà été enlevé, Macrine persuade sa mère de renoncer à son mode de vie accoutumé et à ses manières de grande dame, ainsi qu’aux services qu’elle avait jusqu’alors l’habitude de recevoir de ses servantes, pour prendre les sentiments du commun et partager le mode de vie des vierges qu’elle avait auprès d’elle, après en avoir fait, d’esclaves et de servantes qu’elles étaient, des sœurs et des égales. […]
11. Quand donc la mère eut été libérée du souci de l’éducation de ses enfants, ainsi que de la charge de leur instruction et de leur établissement, et qu’on eut procédé au partage entre les enfants de la plus grande part des ressources pour la vie matérielle, alors, comme on l’a déjà dit, la vie de cette vierge [Macrine] devient pour sa mère un guide vers ce genre de vie philosophique et immatériel [c’est-à-dire la vie spirituelle ou évangélique]. Elle, qui avait renoncé à toutes ses habitudes, amena sa mère à son propre degré d’humilité, l’ayant disposée à se mettre au même niveau que le groupe des vierges pour partager avec elles, comme une égale, même table, même couche et mêmes moyens d’existence, toute différence de rang étant supprimée de leur vie. Et telle était l’ordonnance de leur vie, telle l’élévation de leur philosophie et la noblesse de leur mode de vie, dans leur conduite de jour comme de nuit, qu’elles dépassent toute description. De même que les âmes délivrées de leur corps par la mort sont du même coup affranchies des préoccupations de cette vie, de même leur existence se tenait-elle à l’écart de celles-ci, loin de toute vanité mondaine, cependant qu’elle était réglée de manière à imiter le mode de vie angélique.
On ne voyait chez ces personnes ni colère, ni envie, ni haine, ni arrogance, ni rien de semblable ; tout désir de vanités – d’honneur ou de gloire, d’ambition ou d’orgueil et de tout ce qui leur ressemble – était banni. Leur plaisir, c’était la continence ; leur gloire, de n’être connues de personne ; leur fortune, de ne rien posséder, d’avoir secoué de leur corps, comme poussière, toute richesse matérielle. Leur travail, ce n’était aucune de ces tâches dont on se préoccupe dans cette vie, sinon accessoirement, mais seulement la méditation des réalités divines, la prière incessante, le chant ininterrompu des hymnes réparti également pendant tout le temps, de jour comme de nuit, si bien que ces occupations étaient à la fois leur travail et leur repos après le travail. Quelles paroles humaines pourraient mettre sous les yeux le tableau de ce mode de vie, chez ceux pour qui l’existence se trouvait aux confins de la nature humaine et de la nature incorporelle ? […]
Après de longues années de séparation, Grégoire rend visite à sa sœur malade
17. Lorsqu’elle [Macrine] me vit près de la porte, elle se souleva sur un coude, incapable d’accourir vers moi, car la fièvre avait déjà consumé ses forces. Cependant, prenant appui de ses mains sur le sol et se soulevant de son grabat autant qu’elle le pouvait, elle s’efforçait de me faire l’honneur de venir à ma rencontre. Pour moi, j’accourus auprès d’elle et, prenant dans mes mains son visage incliné à terre, je la redressai et lui fis reprendre la position allongée qu’elle avait auparavant. Et celle-ci de tendre la main vers Dieu et de dire : » Tu m’as encore enrichie de cette grâce, ô Dieu, et tu ne m’as pas privée de ce que je désirais, puisque tu as poussé ton serviteur à faire une visite à ta servante. » Et pour ne pas m’affliger davantage, elle essayait d’adoucir ses gémissements, elle s’efforçait comme elle le pouvait de cacher l’oppression de sa respiration, elle cherchait par tous les moyens à créer un climat plus joyeux, commençant à tenir elle-même de plaisants propos et nous en fournissant l’occasion par les questions qu’elle nous posait. Mais dans la suite de notre entretien fut évoqué le souvenir du grand Basile ; mon âme alors perdit courage et, dans ma tristesse, j’inclinai à terre mon visage, cependant que les larmes jaillissaient de mes yeux. Mais elle, loin de se laisser aller à partager notre douleur, fit de cette mention du saint le point de départ d’une plus haute philosophie, et elle se mit à développer de si grands sujets – dissertant sur la nature humaine, découvrant la divine providence cachée dans les épreuves et exposant ce qui a trait à la vie future comme si elle était inspirée par le Saint-Esprit – que mon âme se croyait dégagée, ou presque, de la nature humaine, soulevée qu’elle était par ses paroles et prenant place, sous la conduite de son discours, à l’intérieur des sanctuaires célestes.
18. Nous entendons raconter, dans l’histoire de Job que cet homme consumé en tout son corps par les abcès purulents des plaies qui le couvraient de toutes parts, ne permettait pas à sa sensibilité, grâce à ses réflexions, de tomber dans la douleur, mais, tout en souffrant dans son corps, il ne laissait pas faiblir son activité propre, ni n’interrompait son discours, qui touchait aux sujets les plus élevés. Je voyais un même comportement chez cette grande Macrine. La fièvre consumait toute sa force et l’entraînait vers la mort, mais elle, rafraîchissant son corps comme par une rosée, gardait, à l’exemple de Job, son esprit libre dans la contemplation des réalités d’en-haut, sans le laisser affecté par une telle faiblesse. Et si je ne craignais d’étendre mon récit à l’infini, je rapporterais en bon ordre toutes ses paroles, et comment elle s’était élevée par ses discours jusqu’à philosopher pour nous sur l’âme, jusqu’à nous exposer la cause de notre vie dans la chair, pourquoi l’homme existe, comment il se fait qu’il soit mortel et d’où vient la mort, quelle est enfin la libération qui nous fait passer de celle-ci à une vie nouvelle. Sur tous ces sujets, elle parlait comme si l’inspirait la puissance du Saint-Esprit, en exposant tous les points avec clarté et logique, mais aussi en toute facilité de parole, son discours s’écoulant comme l’eau d’une source lorsqu’elle ruisselle sans obstacle sur un terrain en pente [voir saint Grégoire de Nysse, Sur l’âme et la résurrection (Cerf, 1995), qui prend la forme d’un dialogue entre Grégoire et Macrine.]
Le repos de Grégoire
19. Lorsqu’elle eut achevé de parler : » Il est temps pour toi, frère, dit-elle, de prendre un peu de repos, car le voyage doit t’avoir beaucoup fatigué. » Pour moi, c’était une grande et véritable détente que de la voir et d’écouter ses nobles paroles, mais puisque ce lui était agréable, et pour montrer en toutes choses mon obéissance à celle dont je recevais l’enseignement, trouvant dans un des jardinets proches un lieu de repos agréable que l’on m’avait préparé, je pris un peu de repos à l’ombre des treilles. Mais il ne m’était pas possible d’en goûter l’agrément, car mon âme était bouleversée par la perspective de tristes événements. Ce que j’avais vu semblait en effet me révéler le sens de la vision de mon rêve : le spectacle que j’avais eu sous les yeux offrait bien en vérité les restes d’un saint martyr, restes » morts au péché » et resplendissants » de la grâce de l’Esprit-Saint présente en eux « . J’expliquai cela à l’un de ceux qui m’avaient entendu auparavant raconter mon rêve. Mais alors que nous nous tenions, plus affligés encore – c’était bien naturel –, dans l’attente de tristes événements, elle devina, je ne sais comment, notre état d’esprit, et nous fit annoncer des nouvelles plus réconfortantes, nous encourageant à reprendre confiance et à concevoir à son endroit de meilleures espérances : elle avait en effet le sentiment d’une amélioration. Ce n’est pas pour nous abuser qu’elle nous faisait dire cela, et son affirmation était véridique, même si sur le moment nous n’en comprîmes pas le sens. De même en effet qu’un coureur, lorsqu’il a dépassé son adversaire et qu’il arrive près de la borne du stade, lorsqu’il est tout proche du prix de la course et voit la couronne du vainqueur, se réjouit en lui-même, comme s’il avait déjà obtenu le prix, et annonce sa victoire à ceux des spectateurs qui lui sont favorables, de même celle-ci, animée de pareils sentiments, nous donnait-elle à espérer à son sujet un sort plus favorable, elle qui déjà dirigeait son regard vers » le prix de l’élection d’en haut » et s’appliquait en quelque sorte la parole de l’Apôtre : » Voici qu’est préparée pour moi la couronne de justice, que me donnera en retour le juste juge « , puisque » j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi « . Pour nous donc, rassurés par ces bonnes nouvelles, nous commençâmes à goûter ce que l’on nous avait préparé : le menu en était varié et plein d’agrément, la grande Macrine ayant étendu jusque-là sa sollicitude.
Nouvelle rencontre
20. Lorsque nous fûmes à nouveau en sa présence – car elle ne nous laissa pas passer notre temps livré à nous-même –, elle entreprit de raconter ce qu’avait été sa vie depuis sa jeunesse, en exposant dans l’ordre tous les faits, comme dans un récit historique. Elle racontait aussi les événements de la vie de nos parents dont elle avait souvenance, tant ceux d’avant ma naissance que ceux des années qui suivirent. Le but de son récit, c’était l’action de grâces envers Dieu : c’est ainsi que, touchant la vie de nos parents, elle mettait en relief, non pas tant qu’elle ait été illustre et célèbre aux yeux de leurs contemporains de par leur richesse, mais plutôt qu’elle ait été mise à l’honneur grâce à la philanthropie divine. Les parents de notre père avaient été dépouillés de leurs biens pour avoir confessé le Christ ; l’aïeul du côté maternel avait été mis à mort pour avoir provoqué la colère de l’empereur, et toutes ses propriétés avaient été distribuées à d’autres maîtres. Malgré cela, les ressources de la famille avaient, grâce à leur foi, augmenté de telle manière que l’on ne pouvait citer personne, à cette époque, qui les dépassât. Par la suite, lorsque leur fortune fut partagée en neuf, selon le nombre des enfants, la part de chacun s’était, de par la bénédiction divine, à ce point accrue que la richesse de chacun des enfants surpassa la prospérité des parents. Macrine cependant ne garda à sa disposition aucun des biens qui lui avaient été attribués lors du partage entre frères et sœurs, mais, conformément au commandement divin, tout fut administré par les mains du prêtre. Par la grâce de Dieu, sa vie fut telle que jamais elle ne cessa d’exercer ses mains à la pratique des commandements, jamais elle ne compta sur un homme, jamais les ressources pour une vie honorable ne lui vinrent de quelque service ou don des hommes. Mais, tout en ne renvoyant pas les quémandeurs, elle ne se mit pas en quête de bienfaiteurs, car Dieu, par ses bénédictions, faisait croître secrètement, comme des semences, les maigres ressources qui lui venaient de ses travaux et les transformait en fruits abondants.
Macrine reprend son frère
21, Pour ma part, je lui racontai les difficultés dans lesquelles je m’étais trouvé, d’abord lorsque l’empereur Valens me fit exiler à cause de la foi, ensuite lorsque la confusion qui régnait dans les Églises m’entraîna dans des controverses et des luttes. » Ne cesseras-tu pas, me dit-elle alors, de méconnaître les dons de Dieu ? Ne porteras-tu pas remède à l’ingratitude de ton âme ? Ne compareras-tu pas ton sort à celui de tes parents, bien qu’en vérité, aux yeux de ce monde, nous puissions tirer fierté d’apparaître comme bien nés et issus de bonne famille. Notre père, dit-elle, jouissait en son temps d’une grande considération pour sa culture, mais sa réputation ne s’étendait qu’aux tribunaux de la région ; par la suite, bien qu’il l’emportât sur les autres par sa maîtrise de la sophistique, sa renommée ne franchit pas les limites du Pont, mais il lui suffisait d’être connu dans sa patrie. Et toi, dit-elle, qui es célèbre par les villes, les peuples, les provinces, toi que des Églises délèguent et que d’autres appellent pour apporter de l’aide ou remettre de l’ordre, ne vois-tu pas la grâce qui t’est faite ? Ne comprends-tu pas d’où te viennent de si grands biens, et que ce sont les prières de tes parents qui te font accéder à cette élévation, alors que de toi-même tu n’as pas de dispositions pour cela, ou si peu ? «
Dispositions de Macrine à son dernier jour
22. Pour moi, pendant qu’elle exposait cela, j’aurais voulu que s’allonge le jour, pour qu’elle ne cesse de nous faire entendre ces douces paroles. Mais le chant du chœur appelait à l’office du soir, et la grande Macrine, après m’avoir envoyé à l’église, se réfugiait à nouveau auprès de Dieu par la prière. La nuit survint sur ces entrefaites. Lorsque vint le jour, il m’apparut clairement, à la voir, que cette journée qui commençait serait la dernière de sa vie dans la chair, car la fièvre avait totalement consumé ses forces naturelles. Celle-ci, voyant la faiblesse de nos pensées, s’efforçait de nous distraire de cette désolante perspective, en dissipant à nouveau par ces belles paroles le chagrin de notre âme, mais maintenant avec un souffle court et oppressé. C’est alors surtout que ce que je voyais affectait mon âme de sentiments très partagés : d’une part la nature en moi était accablée de tristesse, comme on peut le comprendre, car je prévoyais que je n’entendrais plus désormais une telle voix, et je m’attendais à ce que la gloire commune de notre famille quitte bientôt la vie humaine ; mais d’autre part mon âme, comme transportée d’enthousiasme à ce spectacle, estimait qu’elle avait transcendé la nature commune. Ne ressentir, en ses derniers instants, aucun sentiment d’étrangeté à la perspective de la mort et ne pas craindre de quitter cette vie, mais méditer jusqu’à son dernier souffle, avec une sublime intelligence, sur ce qui dès le début avait fait l’objet de son choix touchant la vie d’ici-bas, cela me paraissait ne plus faire partie des réalités humaines. C’était plutôt comme si un ange avait pris providentiellement une forme humaine, un ange sans aucune attache avec la vie dans la chair, aucune affinité avec elle, dont il n’était pas surprenant que la pensée demeurât dans l’impassibilité, puisque la chair ne l’entraînait pas vers ses passions propres. Aussi elle me semblait manifester avec évidence, aux yeux de tous ceux qui étaient alors présents, ce divin et pur amour de l’époux invisible qu’elle nourrissait secrètement au plus intime de son âme et publier le désir qui animait son cœur de se hâter vers son bien-aimé, pour être au plus tôt avec lui, une fois libérée des liens de son corps. En vérité, c’est vers son amant que se dirigeait sa course, sans qu’aucun des plaisirs de la vie ne détourne à son profit son attention.
La dernière prière de Macrine
23. Du jour déjà s’était écoulée la plus grande part, et le soleil s’inclinait vers le couchant. Sa ferveur pourtant ne fléchissait pas, mais plus elle approchait du départ, plus violente était sa hâte d’aller vers son bien-aimé, comme si elle contemplait davantage la beauté de l’époux. Elle ne s’adressait plus à nous qui étions présents, mais à celui-là seul vers lequel elle tenait les yeux incessamment fixés. On avait en effet tourné sa couche vers l’Orient, et elle avait cessé de nous parler pour ne plus converser qu’avec Dieu dans la prière ; elle tendait vers lui ses mains suppliantes et murmurait d’une voix faible, en sorte que nous pouvions à peine entendre ses paroles. Je cite ici sa prière, pour que l’on ne puisse pas même douter qu’elle se trouvait auprès de Dieu et était entendue de lui. Elle disait :
24. » C’est toi, Seigneur, qui as abrogé pour nous la crainte de la mort. C’est toi qui as fait pour nous, du terme de la vie d’ici-bas, le commencement de la vie véritable.
C’est toi qui pour un temps laisses se reposer nos corps par une dormition, et qui les réveilles à nouveau ‘au son de la dernière trompette’.
C’est toi qui à la terre donnes en dépôt notre terre, celle que tu as façonnée de tes mains, et qui fais revivre à nouveau ce que tu lui as donné, en transformant par l’immortalité et la beauté ce qui en nous est mortel et difforme.
C’est toi qui nous as arrachés à la malédiction et au péché, en devenant pour nous l’un et l’autre.
C’est toi qui as brisé les têtes du dragon, lui qui avait saisi l’homme dans sa gueule en l’entraînant au travers du gouffre de la désobéissance.
C’est toi qui nous as ouvert la route de la résurrection, après avoir brisé les portes de l’enfer, et, ‘réduit à l’impuissance celui qui régnait sur la mort’.
‘C’est toi qui à ceux qui te craignent as donné pour emblème’ le signe de la sainte Croix, pour anéantir l’Adversaire et donner la sécurité à nos vies.
Dieu éternel, ‘vers qui je me suis élancée dès le sein de ma mère’, ‘toi que mon âme a aimé’ de toute sa force, à qui j’ai consacré ma chair et mon âme depuis ma jeunesse et jusqu’en cet instant, mets auprès de moi un ange lumineux qui me conduise par la main au lieu du rafraîchissement, là où se trouve ‘l’eau du repos’, dans le sein des saints patriarches.
Toi qui as brisé la flamme de l’épée de feu et rendu au paradis l’homme crucifié avec toi et qui s’était confié à ta miséricorde, de moi aussi ‘souviens-toi dans ton royaume’ car moi aussi j’ai été crucifiée avec toi, moi ‘qui ai cloué ma chair par ta crainte et qui ai craint tes jugements’.
Que l’abîme effrayant ne me sépare pas de tes élus.
Que le Jaloux ne se dresse pas contre moi sur mon chemin, et que mon péché ne soit pas découvert devant tes yeux si, pour avoir été trompée par la faiblesse de notre nature, ai péché en parole, en acte ou en pensée.
Toi qui as sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, ‘fais m’en remise, afin que je reprenne haleine’, et ‘qu’une fois dépouillée de mon corps’, je sois trouvée devant ta face ‘sans tache et sans ride’ dans la figure de mon âme, mais que mon âme entre tes mains soit accueillie, irréprochable et immaculée, ‘comme un encens devant ta face’. «
Sainte Grégoire de Nysse, Vie de sainte Macrine,
Cerf, 1995. Le texte complet est disponible
au site www.jesusmarie.com.
Tropaire de sainte Macrine (ton 8)
L’amour de la sagesse ayant donné des ailes à ton esprit, sagement tu t’élevas au-dessus des mondaines voluptés et tu fus la charmante demeure du savoir divin ; toi qui, par l’ascèse et la perfection des vertus, devins une illustre épouse du Sauveur, prie-le pour qui te chante : Réjouis-toi, Macrine, sainte porteuse du Seigneur notre Dieu.
Kondakion de sainte Macrine (ton 4)
Tu as aimé de tout ton cœur, vénérable Macrine, le Dieu de bonté et, prenant sur tes épaules sa croix, avec amour tu l’as suivi pour trouver la rémission des péchés.