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XXVIII DÉCEMBRE. LES SAINTS INNOCENTS (Gueranger)

28 décembre, 2011

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/noel/noel01/021.htm

XXVIII DÉCEMBRE. LES SAINTS INNOCENTS

(Gueranger)

La fête du Disciple bien-aimé succède la solennité des saints Innocents ; et le berceau de l’Emmanuel, auprès duquel nous avons vénéré le Prince des Martyrs et l’Aigle de Pathmos, nous apparaît aujourd’hui environné d’une troupe gracieuse de petits enfants, vêtus de robes blanches comme la neige, et tenant en main des palmes verdoyantes. Le divin Enfant leur sourit ; il est leur Roi, et toute cette petite cour sourit aussi à l’Eglise de Dieu. La force et la fidélité nous ont introduits auprès du Rédempteur ; l’innocence aujourd’hui nous convie à rester près de la crèche.
Hérode a voulu envelopper le Fils de Dieu même dans un immense massacre d’enfants ; Bethléhem a entendu les lamentations des mères; le sang des nouveau-nés a inondé toute la contrée ; mais tous ces efforts de la tyrannie n’ont pu atteindre l’Emmanuel ; ils n’ont fait que préparer pour l’armée du ciel une nombreuse recrue de Martyrs. Ces enfants ont eu l’insigne honneur d’être immolés pour le Sauveur du monde; mais le moment qui a suivi leur immolation leur a révélé tout à coup des joies futures et prochaines, bien au-dessus de celles d’un monde qu’ils ont traversé sans le connaître. Le Dieu riche en miséricordes n’a pas demandé d’eux autre chose qu’une souffrance de quelques instants ; et ils se sont réveillés au sein d’Abraham, francs et libres de toute autre épreuve, purs de toute souillure mondaine, appelés au triomphe comme le guerrier qui a donné sa vie pour sauver celle de son chef.
Leur mort est donc un Martyre, et c’est pourquoi l’Eglise les honore du beau nom de Fleurs des Martyrs, à cause de leur âge tendre et de leur innocence. Ils ont donc droit de figurer aujourd’hui sur le Cycle, à la suite des deux vaillants champions du Christ que nous avons célébrés. Saint Bernard, dans son Sermon sur cette fête, explique admirablement l’enchaînement de ces trois solennités : « Nous avons, dit-il, dans le bienheureux Etienne, l’œuvre et la volonté du Martyre ; dans le bienheureux Jean, nous remarquons seulement la volonté du Martyre; et dans les bienheureux Innocents, l’œuvre seule du Martyre. Mais qui doutera, néanmoins, de la couronne obtenue par ces enfants? Demanderez-vous où sont leurs mérites pour cette couronne ? Demandez plutôt à Hérode le crime qu’ils ont commis pour être ainsi moissonnés ? La bonté du Christ sera-t-elle vaincue par la cruauté d’Hérode ? Ce roi impie a pu mettre à mort des enfants innocents ; et le Christ ne pourrait couronner ceux qui ne sont morts qu’à cause de lui?
« Etienne aura donc été Martyr aux yeux des hommes qui ont été témoins de sa Passion subie volontairement, jusque-là qu’il priait pour ses persécuteurs, se montrant plus sensible à leur crime qu’à ses propres blessures. Jean aura donc été Martyr aux yeux des Anges qui, étant créatures spirituelles, ont vu les dispositions de son âme. Certes, ceux-là aussi auront été vos Martyrs, ô Dieu ! dans lesquels ni l’homme, ni l’Ange n’ont pu, il est vrai, découvrir de mérite, mais que la faveur singulière de votre grâce s’est chargée d’enrichir. C’est de la bouche des nouveau-nés et des enfants à la mamelle que vous vous êtes plu à faire sortir votre louange. Quelle est cette louange ? Les Anges ont chanté : Gloire à Dieu, au plus haut des deux ; et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté ! C’est là, sans doute, une louange sublime; mais elle ne sera complète que lorsque Celui qui doit venir aura dit : Laissez venir à moi les petits enfants ; car le Royaume des deux est à ceux qui leur ressemblent ; paix aux hommes, même à ceux qui n’ont pas l’usage de leur volonté : tel est le mystère de ma miséricorde. »
Dieu a daigné faire pour les Innocents immolés à cause de son Fils ce qu’il fait tous les jours par le sacrement de la régénération, si souvent appliqué à des enfants que la mort enlève dès les premières heures de la vie ; et nous, baptisés dans l’eau, nous devons rendre gloire à ces nouveau-nés, baptisés dans leur sang, et associés à tous les mystères de l’enfance de Jésus-Christ. Nous devons aussi les féliciter, avec l’Eglise, de l’innocence que cette mort glorieuse et prématurée leur a conservée. Purifiés d’abord parie rite sacré qui, avant l’institution du Baptême, enlevait la tache originelle, visités antérieurement par une grâce spéciale qui les prépara à l’immolation glorieuse pour laquelle ils étaient destinés, ils ont habité cette terre, et ils ne s’y sont point souillés. Que la société de ces tendres agneaux soit donc à jamais avec l’Agneau sans tache ! et que ce monde, vieilli dans le péché, mérite miséricorde en s’associant, par ses acclamations, au triomphe de ces élus de la terre qui, semblables à la colombe de l’arche, n’y ont pas trouvé où poser leurs pieds !
Néanmoins, dans cette allégresse du ciel et de la ferre, la sainte Eglise Romaine ne perd pas de vue la désolation des mères qui virent ainsi arracher de leur sein, et immoler par le glaive des soldats ces gages chéris de leur tendresse. Elle a recueilli le cri de Rachel, et ne cherche point à la consoler, si c n’est en compatissant à son affliction. Pour honorer cette maternelle douleur, elle consent à suspendre aujourd’hui une partie des manifestations de la joie qui inonde son cœur durant cette Octave du Christ naissant. Elle n’ose revêtir dans ses vêtements sacrés la couleur de pourpre des Martyrs, pour ne pas rappeler trop vivement ce sang qui jaillit jusque sur le sein des mères ; elle s’interdit même la couleur blanche, qui marque l’allégresse et va mal à de si poignantes douleurs. Elle revêt la couleur violette, qui est celle du deuil et des regrets. Aujourd’hui même, si la fête ne tombe pas le Dimanche, elle va jusqu’à suspendre le chant du Gloria in excelsis, qui pourtant lui est si cher en ces jours où les Anges l’ont entonné sur la terre ; elle renonce au joyeux Alleluia, dans la célébration du Sacrifice; enfin elle se montre, comme toujours, inspirée par cette délicatesse sublime et chrétienne dont la sainte Liturgie est une si merveilleuse école.
Mais, après cet hommage rendu à la tendresse maternelle de Rachel, et qui répand sur tout l’Office des saints Innocents une touchante mélancolie, elle ne perd pas de vue la gloire dont jouissent ces bienheureux enfants ; et elle consacre à leur solennelle mémoire une Octave entière, comme elle l’a fait pour saint Etienne et pour saint Jean. Dans ses Cathédrales et ses Collégiales, elle honore aussi, en ce jour, les enfants qu’elle appelle à joindre leurs voix innocentes à celles des prêtres et des autres ministres sacrés. Elle leur accorde de gracieuses distinctions, jusque dans le chœur même ; elle jouit de l’allégresse naïve de ces jeunes coopérateurs qu’elle emploie à rehausser ses pompes mystérieuses ; en eux, elle rend gloire au Christ Enfant, et à l’innocente cohorte des tendres rejetons de Rachel.
A Rome, la Station qui, le jour de saint Etienne, s’est tenue dans l’Eglise de ce premier des Martyrs, sur le Mont Coelius, et le jour de saint Jean, dans la Basilique de Saint-Jean-de-Latran, où le Disciple bien-aimé partage les honneurs de Jean le Précurseur, a lieu aujourd’hui dans la Basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs, dont le trésor se glorifie de posséder plusieurs des corps des saints Innocents. Au xvie siècle; Sixte-Quint en enleva une partie, pour les placer dans la Basilique de Sainte-Marie-Majeure, près de la Crèche du Sauveur.

26 Décémbre : ST Etienne Protomartyr

26 décembre, 2011

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070110_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 10 janvier 2007

Etienne, le Protomartyr

Chers frères et soeurs,

Après la période des fêtes, nous revenons à nos catéchèses. J’avais médité avec vous sur les figures des douze Apôtres et de saint Paul. Puis nous avons commencé à réfléchir sur les autres figures de l’Eglise naissante et ainsi, nous voulons aujourd’hui nous arrêter sur la figure de saint Etienne, fêté par l’Eglise le lendemain de Noël. Saint Etienne est le plus représentatif d’un groupe de sept compagnons. La tradition voit dans ce groupe la semence du futur ministère des « diacres », même s’il faut souligner que cette dénomination est absente dans le Livre des Actes. L’importance d’Etienne découle dans tous les cas du fait que Luc, dans son livre important, lui consacre deux chapitres entiers.
Le récit de Luc part de la constatation d’une sous-division établie au sein de l’Eglise primitive de Jérusalem: celle-ci était certes entièrement composée de chrétiens d’origine juive, mais certains d’entre eux étaient originaires de la terre d’Israël et étaient appelés « Hébreux », tandis que d’autres de foi juive vétérotestamentaire provenaient de la diaspora de langue grecque et étaient appelés « Hellénistes ». Voici le problème qui se présentait: les plus démunis parmi les hellénistes, en particulier les veuves dépourvues de tout soutien social, couraient le risque d’être négligés dans l’assistance au service quotidien. Pour remédier à cette difficulté, les Apôtres, se réservant la prière et le ministère de la Parole comme devoir central propre, décidèrent de charger « sept hommes de bonne réputation, remplis de l’Esprit et de sagesse » afin d’accomplir le devoir de l’assistance (Ac 6, 2-4), c’est-à-dire du service social caritatif. Dans ce but, comme l’écrit Luc, sur l’invitation des Apôtres, les disciples élirent sept hommes. Nous connaissons également leurs noms. Il s’agit de: « Etienne, homme rempli de foi et de l’Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas prosélyte d’Antioche. On les présenta aux Apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains » (Ac 6, 5-6).
Le geste de l’imposition des mains peut avoir diverses significations. Dans l’Ancien Testament, ce geste a surtout la signification de transmettre une charge importante, comme le fit Moïse avec Josué (cf. Mb 27, 18-23), désignant ainsi son successeur. Dans ce sillage, l’Eglise d’Antioche utilisera également ce geste pour envoyer Paul et Barnabé en mission aux peuples du monde (cf. Ac 13, 3). C’est à une imposition analogue des mains sur Timothée, pour lui transmettre une fonction officielle, que font référence les deux Epîtres de Paul qui lui sont adressées (cf. 1 Tm 4, 14; 2 Tm 1, 6). Le fait qu’il s’agisse d’une action importante, devant être accomplie avec discernement, se déduit de ce que l’on lit dans la Première Epître à Timothée: « Ne te hâte pas d’imposer les mains à qui que ce soit. Ne te fais pas complice des péchés d’autrui » (5, 22). Nous voyons donc que le geste d’imposition des mains se développe dans la lignée d’un signe sacramentel. Dans le cas d’Etienne et de ses compagnons, il s’agit certainement de la transmission officielle, de la part des Apôtres, d’une charge et, dans le même temps, d’une façon d’implorer la grâce de Dieu pour qu’ils l’exercent.
La chose la plus importante à souligner est que, outre les services caritatifs, Etienne accomplit également une tâche d’évangélisation à l’égard de ses compatriotes, de ceux qu’on appelle « hellénistes », Luc insiste en effet sur le fait que celui-ci, « plein de grâce et de puissance » (Ac 6, 8), présente au nom de Jésus une nouvelle interprétation de Moïse et de la Loi même de Dieu, il relit l’Ancien Testament à la lumière de l’annonce de la mort et de la résurrection de Jésus. Cette relecture de l’Ancien Testament, une relecture christologique, provoque les réactions des Juifs qui perçoivent ses paroles comme un blasphème (cf. Ac 6, 11-14). C’est pour cette raison qu’il est condamné à la lapidation. Et saint Luc nous transmet le dernier discours du saint, une synthèse de sa prédication. Comme Jésus avait montré aux disciples d’Emmaüs que tout l’Ancien Testament parle de lui, de sa croix et de sa résurrection, de même saint Etienne, suivant l’enseignement de Jésus, lit tout l’Ancien Testament d’un point de vue christologique. Il démontre que le mystère de la Croix se trouve au centre de l’histoire du salut raconté dans l’Ancien Testament, il montre que réellement Jésus, le crucifié et le ressuscité, est le point d’arrivée de toute cette histoire. Et il démontre donc également que le culte du temple est fini et que Jésus, le ressuscité, est le nouveau et véritable « temple ». C’est précisément ce « non » au temple et à son culte qui provoque la condamnation de saint Etienne, qui, à ce moment-là – nous dit saint Luc -, fixant les yeux vers le ciel vit la gloire de Dieu et Jésus qui se trouvait à sa droite. Et voyant le ciel, Dieu et Jésus, saint Etienne dit: « Voici que je contemple les cieux ouverts: le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 56). Suit alors son martyre, qui, de fait, est modelé sur la passion de Jésus lui-même, dans la mesure où il remet au « Seigneur Jésus » son esprit et qu’il prie pour que les péchés de ses meurtriers ne leur soient pas imputés (cf. Ac 7, 59-60).
Le lieu du martyre de saint Etienne à Jérusalem est traditionnellement situé un peu à l’extérieur de la Porte de Damas, au nord, où s’élève à présent précisément l’église Saint-Etienne, à côté de la célèbre Ecole Biblique des Dominicains. La mort d’Etienne, premier martyr du Christ, fut suivie par une persécution locale contre les disciples de Jésus (cf. Ac 8, 1), la première qui ait eu lieu dans l’histoire de l’Eglise. Celle-ci constitua l’occasion concrète qui poussa le groupe des chrétiens juifs d’origine grecque à fuir de Jérusalem et à se disperser. Chassés de Jérusalem, ils se transformèrent en missionnaires itinérants: « Ceux qui s’étaient dispersés allèrent répandre partout la Bonne Nouvelle de la Parole » (Ac 8, 4). La persécution et la dispersion qui s’ensuit deviennent mission. L’Evangile se diffusa ainsi en Samarie, en Phénicie et en Syrie, jusqu’à la grande ville d’Antioche, où selon Luc il fut annoncé pour la première fois également aux païens (cf. Ac 11, 19-20) et où retentit aussi pour la première fois le nom de « chrétiens » (Ac 11, 26).
Luc note en particulier que les lapidateurs d’Etienne « avaient mis leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul » (Ac 7, 58), le même qui, de persécuteur, deviendra un éminent apôtre de l’Evangile. Cela signifie que le jeune Saul devait avoir entendu la prédication d’Etienne, et qu’il connaissait donc ses contenus principaux. Et saint Paul était probablement parmi ceux qui, suivant et entendant ce discours, « s’exaspéraient contre lui, et grinçaient des dents » (Ac 7, 54). Et nous pouvons alors voir les merveilles de la Providence divine. Saul, adversaire acharné de la vision d’Etienne, après sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, reprend la lecture christologique de l’Ancien Testament effectuée par le Protomartyre, il l’approfondit et la complète, et devient ainsi l’ »Apôtre des Nations ». La Loi est accomplie, ainsi enseigne-t-il, dans la Croix du Christ. Et la foi en Christ, la communion avec l’amour du Christ est le véritable accomplissement de toute la Loi. Tel est le contenu de la prédication de Paul. Il démontre ainsi que le Dieu d’Abraham devient le Dieu de tous. Et tous les croyants en Jésus Christ, en tant que fils d’Abraham, participent de ses promesses. Dans la mission de saint Paul s’accomplit la vision d’Etienne.
L’histoire d’Etienne nous dit beaucoup de choses. Par exemple, elle nous enseigne qu’il ne faut jamais dissocier l’engagement social de la charité de l’annonce courageuse de la foi. Il était l’un des sept, chargé en particulier de la charité. Mais il n’était pas possible de dissocier la charité et l’annonce. Ainsi, avec la charité, il annonce le Christ crucifié, jusqu’au point d’accepter également le martyre. Telle est la première leçon que nous pouvons apprendre de la figure de saint Etienne: charité et annonce vont toujours de pair. Saint Etienne nous parle surtout du Christ, du Christ crucifié et ressuscité comme centre de l’histoire et de notre vie. Nous pouvons comprendre que la Croix reste toujours centrale dans la vie de l’Eglise et également dans notre vie personnelle. Dans l’histoire de l’Eglise ne manquera jamais la passion, la persécution. Et c’est précisément la persécution qui, selon la célèbre phrase de Tertullien, devient une source de mission pour les nouveaux chrétiens. Je cite ses paroles: « Nous nous multiplions à chaque fois que nous sommes moissonnés par vous: le sang des chrétiens est une semence » (Apologetico 50, 13: Plures efficimur quoties metimur a vobis: semen est sanguis christianorum). Mais dans notre vie aussi la croix, qui ne manquera jamais, devient bénédiction. Et en acceptant la croix, en sachant qu’elle devient et qu’elle est une bénédiction, nous apprenons la joie du chrétien également dans les moments de difficulté. La valeur du témoignage est irremplaçable, car c’est à lui que conduit l’Evangile et c’est de lui que se nourrit l’Eglise. Que saint Etienne nous enseigne à tirer profit de ces leçons, qu’il nous enseigne à aimer la Croix, car elle est le chemin sur lequel le Christ arrive toujours à nouveau parmi nous.

29 août – Décollation de Saint Jean-Baptiste

29 août, 2011

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/08/29.php

29 août – Décollation de Saint Jean-Baptiste

Evangile du jour
Homélie sur l’Evangile du jour

Evangile selon Saint Marc (VI 16-29)

Hérode[1] disait : Celui que moi j’ai fait décapiter, Jean, c’est lui qui s’est relevé ! Car c’était lui, Hérode, qui avait envoyé arrêté Jean et l’avait fait lier en prison[2], à cause d’Hérodiade, la femme de Philippe, son frère, qu’il avait épousée[3]. Car Jean disait à Hérode : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère[4]. Hérodiade en avait contre lui, et elle aurait bien voulu le tuer, mais elle ne pouvait pas. Car Hérode craignait Jean, le sachant un homme juste et saint, et il le protégeait. Et après l’avoir entendu, il ne savait vraiment que penser, et cependant il l’écoutait avec plaisir.
Vint un jour opportun, quand Hérode, lors de son anniversaire, fit un dîner pour ses grands, pour ses officiers et pour les notables de la Galilée. Et la fille de ladite Hérodiade entra, dansa et plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la fillette : Demande-moi tout ce que tu veux, et je te le donnerai. Et il lui fit ce serment : Tout ce que tu demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume. Et elle sortit et dit à sa mère : Que dois-je réclamer ?  Celle-ci dit : La tête de Jean le Baptiseur. Et, rentrant aussitôt en hâte auprès du roi, elle fit sa réclamation : Je veux qu’à l’instant tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. Et le roi devint très triste, mais à cause de ses serments et de ses convives, il ne voulut pas la repousser. Et aussitôt le roi envoya un bourreau avec ordre d’apporter la tête de Jean. Et celui-ci s’en alla le décapiter dans la prison. Puis il apporta la tête sur un plat et la donna à la fillette, et la fillette la donna à sa mère[5].
Et l’ayant appris, ses disciples vinrent, enlevèrent son cadavre et le mirent dans un tombeau[6].

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[1] Hérode Antipas (né vers 22 avant Jésus-Christ) qui règne de 4 avant Jésus-Christ à 39 après Jésus-Christ, était le fils d’Hérode le Grand et de la samaritaine Malthakè. A la mort de son père, il devint tétrarque de Galilée et de Pérée mais le peuple avait coutume de lui donner le titre de roi ; on lui doit les fortifications de Sepphoris et de Beth-Haram, ainsi que la fondation de Tibériade (en l’honneur de l’empereur Tibère) où il résida et installa des colons. Fidèle allié de Rome, en 37, il accompagna le gouverneur de Syrie, Vitellius, et fit prêter le serment de fidélité à Caligula qui venait de succéder à Tibère ; c’est lui qui finança les fêtes que l’on donna sur l’Euphrate à l’occasion des pourparlers de paix entre Vitellius et le roi des Parthes. Jaloux de son neveu, Hérode Agrippa I°, qui avait reçu le titre royal, il vint à Rome quémander pour lui-même le diadème mais, incapable de se disculper de l’accusation de collusion avec les Parthes, il fut exilé en Gaule, probablement à Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges). Il serait mort assassiné par ordre de l’Empereur.
[2] Probablement dans la forteresse de Machéronte, sur la rive orientale de la mer Morte, en face d’Hébron, construite par Hérode le Grand ; cette place forte devait tenir en respect des Nabatéens et, en plus des locaux de la garnison, Hérode le Grand y avait installé une prison et un palais somptueux.
[3] Hérode Antipas avait d’abord épousé une fille du roi arabe Arétas IV qui, de 9 avant Jésus-Christ, jusqu’à 40 après Jésus-Christ, régnait sur les Nabatéens, à la frontière orientale de son royaume ; mais, lors d’un voyage vers Rome (vers 26), il reçut l’hospitalité chez son demi-frère Hérode-Philippe, fis d’Hérode le Grand et de Mariamme, lequel vivait en simple particulier, et s’était lié avec Hérodiade, sa femme. Hérodiade était la fille d’Aristobule, descendant des Asmonéens par sa grand’mère, cette même Mariamme, mère d’Hérode-Philippe. La fille, qui était du premier mariage d’Hérodiade, s’appelait Salomé ; elle pouvait alors avoir dans les quinze ans. Quant à la fille d’Arétas, pour éviter l’humiliation de la répudiation, elle était retournée chez son père qui, en 36, se mit en guerre contre Hérode qui fut honteusement battu et, sans doute par jugement de Caligula, perdit Damas (37)
[4] Tu ne découvriras pas la nudité de la femme de ton frère : c’est la nudité de ton frère (Lévitique XVIII 16). L’homme qui prend pour femme la femme de son frère : c’est une souillure ; il a découvert la nudité de son frère ; ils seront sans enfants (Lévitique XX 21).
[5] Avec quelle modération l’Evangéliste raconte cet évènement tragique ! Il montre Hérode contristé, ne consentant au meurtre qu’à cause de son serment et de ses convives. La jeune fille est dirigée par sa mère, elle porte la tête à sa mère, et cette femme, il l’appelle simplement sa mère et non scélérate, sanguinaire. Les justes ont plus de compassion pour ceux qui font le mal que pour ceux qui le subissent, car ce sont ceux-là qui en réalité sont les plus malheureux. Entrons dans cet esprit : avec les saints pleurons sur les pécheurs plutôt que de les maudire, et autant que cela est permis, jetons un voile sur leurs fautes (saint Jean Chrysostome : Homélie XLVIII 5).
[6] Quant à Salomé, elle épousa successivement le tétrarque d’Iturée et de Trachonitide, Hérode Philippe II, fils d’Hérode le Grand et de Cléopâtre, et Aristobule, fils d’Hérode Agrippa II (48-95, roi de Chalcis puis tétrarque de Philippe et de Lysanias), qui, en 54, recevra de Néron le royaume de la Petite Arménie.

Homélie sur l’Evangile, II 23
Le saint précurseur de la naissance, de la prédication et de la mort du Seigneur a montré (dans sa mort) un courage digne d’attirer les regards de Dieu. Comme dit l’Ecriture, « Aux yeux des hommes, il subissait un châtiment, mais par son espérance il avait déjà l’immortalité. » Nous avons raison de célébrer avec joie la naissance au ciel de celui qui, par sa passion, a rendu lui-même ce jour solennel en l’illustrant par la pourpre de son sang. Nous vénérons dans la joie la mémoire de celui qui a scellé par le sceau de son martyre le témoignage qu’il rendait au Seigneur.
n’y a en effet aucun doute que Jean Baptiste a subi la prison pour le Rédempteur qu’il précédait par son témoignage, et qu’il a donné sa vie pour lui. Car si son persécuteur ne lui a pas demandé de nier le Christ, mais de taire la vérité, c’est cependant pour le Christ qu’il est mort. Le Christ a dit en effet : « Je suis la vérité. » Puisque c’est pour la vérité qu’il a répandu son sang, c’est bien pour le Christ. Jean avait témoigné en naissant que le Christ allait naître, en prêchant que le Christ allait prêcher, en baptisant qu’il allait baptiser. En souffrant le premier sa passion, il signifiait que le Christ devait lui aussi souffrir.
Cet homme si grand parvint donc au terme de sa vie par l’effusion de son sang, après une longue et pénible captivité. Lui qui avait annoncé la bonne nouvelle de la liberté d’une paix supérieure est jeté en prison par des impies. Il est enfermé dans l’obscurité d’un cachot, lui qui était venu rendre témoignage à la lumière et qui avait mérité d’être appelé flambeau ardent de lumière par la lumière elle-même qui est le Christ. Par son propre sang est baptisé celui à qui fut donné de baptiser le Rédempteur du monde, d’entendre la voix du Père s’adresser au Christ, et de voir descendre sur lui la grâce du Saint-Esprit. Mais il n’était pas pénible à des hommes tels que lui, bien plus, il leur semblait léger et désirable d’endurer pour la vérité des tourments temporels qui laissaient entrevoir la récompense de joies éternelles. Préférant la mort qui de toute façon était naturellement inévitable, ils choisissaient de l’accepter en confessant le nom du Christ ; ils recevaient ainsi la palme de la vie éternelle. L’Apôtre l’a bien dit : « Il nous a été accordé par le Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. » Et s’il dit que souffrir pour le Christ est un.don de celui-ci à ses élus, c’est parce que, comme il le dit ailleurs : « Il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler ennous. »
Saint Bède le Vénérable

Saint Maximilien Kolbe, témoin de la solidarité

14 août, 2011

du site:

http://www.pointscoeur.org/saints_patrons/maximilien_kolbe/index.htm

Saint Maximilien Kolbe, témoin de la solidarité

Solidaire par amour

Nous connaissons surtout du père Kolbe son martyre à Auschwitz et le don qu’il fit de sa vie, en prenant la place d’un père de famille : geste héroïque en des temps extrêmes. Aujourd’hui, il nous semble, du moins sous nos latitudes, que les temps sont plus conscients des dangers que représentent les extrémismes de tous horizons. Mais nous savons aussi que la corde sur laquelle évolue notre monde funambule est fragile. Aussi Maximilien Kolbe reste un phare, comme le dit le pape Jean-Paul II, pour notre temps difficile. Le geste de cet homme, s’il fût accompli en quelques secondes, le temps de faire un pas en direction du chef de camps, n’est cependant pas spontané. Il intervient au terme d’un itinéraire qui dépasse Maximilien lui-même, depuis que l’amour autant que la haine prévaut aux relations humaines et ainsi construit la dignité propre de l’humanité. Refaisons ensemble cette route.

Le Message Évangélique
La solidarité envers les plus pauvres marque tous les temps, mais la nouveauté du message évangélique se trouve dans le fait que Dieu lui-même, en Jésus-Christ prend le visage du Pauvre : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Le jeune franciscain qu’est à l’époque Maximilien Kolbe, exprimera cela pour lui-même dans ses carnets spirituels : « aime les enfants, les pauvres, les malades… Un malade est une bénédiction pour le couvent, car il efface les fautes des frères. Va visiter les malades… Aime Dieu dans le prochain. » La vie, l’œuvre, la solidarité et la mort du père Kolbe reposent sur ce pilier du message évangélique.

Fils de François
Cette solidarité du père Kolbe s’inscrit dans le sillage du petit homme qui, au détour d’un chemin, rencontra son Seigneur sous les traits d’un lépreux, il y a sept siècles, au cœur de l’Italie. Assumant le dégoût qu’il éprouvait pour cette maladie et ceux qui en étaient atteints, François d’Assise y découvre une présence : celle du crucifié… Son cœur se brise, il descend de cheval et embrasse le lépreux… Bien plus, il visite les léproseries et se met au service des lépreux non par vertu, mais par amour.
Il est parfois regrettable que l’on dissocie l’œuvre de père Kolbe de son appartenance à la famille franciscaine. Son martyre même trouve sa source dans cet héritage du baiser au lépreux, dans son amour de la pauvreté, même s’il utilise pour vivre cet idéal, les moyens les plus sophistiqués.
Aujourd’hui encore, dans cette Cité de l’Immaculée qu’il a fondée à côté de Varsovie, le murmure des rotatives de l’imprimerie est parfois couvert par la sirène invitant les frères pompiers à la solidarité du secours. Il en est de même à Nagasaki, où le père Kolbe continue son œuvre médiatique, tout en fondant aussi des écoles et en s’initiant au dialogue inter-religieux, comme l’avait fait François d’Assise avec le Sultan. De nombreuses photographies du père Kolbe en compagnie de moines Zen, en témoignent.

La pauvreté franciscaine vécue comme solidarité
Si le père Kolbe a toujours tenu à propager le message évangélique et marial, en utilisant un matériel d’avant-garde, et par conséquent coûteux, il voulut toujours vivre lui-même ainsi que ses frères, dans la plus grande pauvreté. Ce n’était pas pour lui une contrainte, mais au contraire, le signe même de l’authenticité du message qu’il voulait annoncer. Les baraquements de Niepokalanov ou ceux de Nagasaki sont révélateurs de cet esprit de solidarité, qu’entretenait le père Kolbe avec les plus pauvres.

La Mission de l’Immaculée, œuvre missionnaire.
Le père Kolbe parle avant tout de conquête. C’est sur le plan missionnaire qu’il se place le plus souvent dans ses écrits. Proposer sans cesse la foi au monde de son temps, pour que ceux qui ignorent le Christ puissent le connaître et l’aimer par l’Immaculée. C’est pourquoi, la Mission de l’Immaculée est d’abord un mouvement de spiritualité mariale comme une proposition du message chrétien. C’est aussi un appel à la conversion et à l’offrande de notre monde à Dieu par les mains de l’Immaculée. Une statue, dans la basilique de Niepokalanov, représente cela : le père Kolbe et le pape présentant à Marie le globe terrestre. Cette symbolique évoque la totalité du message de Maximilien : ce monde est aimé par Dieu et attend d’être offert dans l’Amour qui, seul, peut le construire.
Le père Kolbe ne parle pas beaucoup dans ses écrits de la solidarité au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Certes, la Mission de l’Immaculée n’est pas une œuvre caritative. Mais force est de reconnaître que là où est mis en acte ce qu’il écrit, il y a bel et bien solidarité. En effet, il n’est pas possible, et le père Kolbe le savait fort bien, de proposer de manière crédible la foi chrétienne sans que le missionnaire lui-même partage la même pauvreté de ceux vers qui il est envoyé. C’est ainsi qu’il manifeste leur dignité humaine par la compassion et l’aide matérielle autant qu’il est possible de la dispenser. Il définira cette intuition dans une lettre du 14 octobre 1933, envoyée de Nagasaki : « La Cité de l’Immaculée en terre de mission est telle qu’on l’imagine et comme je l’ai toujours désirée : très modeste, très pauvre, franciscaine au vrai sens du mot. »

La presse pour tous
En désirant annoncer le message évangélique avec le concours de tous les moyens médiatiques d’avant-garde, le père Kolbe désire aussi que toutes les couches de la société de son temps puissent bénéficier de ce progrès. C’est pourquoi, il ne se satisfait pas d’éditer un mensuel marial, intitulé Le messager de l’Immaculée, sorte de magazine spirituel. Il éditera rapidement un quotidien d’actualité, très bon marché, qui permettra, non seulement aux plus humbles d’être informés de ce qui se passe dans le monde, mais encore, d’apprendre à porter sur celui-ci, un regard chrétien. Le format de ce journal, sa concision, la diversité de ses rubriques en font rapidement un média de masse, publié chaque jour en Pologne, à deux cent soixante mille exemplaires… Il en sera de même au Japon. Nous rejoignons là l’intuition universelle du père Kolbe, et sa solidarité aux dimensions du monde, dont témoignera l’un de ses collaborateurs : « Il portait en lui le désir ardent de donner sa vie pour tous les hommes et pour chacun en particulier ».

Niepolakalanov, durant la guerre
Cette période troublée à laquelle il ne survivra pas, va donner au père Kolbe de concrétiser cette phrase qu’il a prononcée : « L’amour seul est force de création ». Encore une fois, la solidarité évangélique n’est pas seulement humanisme et philanthropie, mais essentiellement fondée sur l’Amour. En effet, il ne s’agit pas d’être conscient de la grandeur et de la dignité humaine, mais bien plus simplement d’aimer profondément l’humanité. Alors que les rotatives sont stoppées (l’autorisation d’éditer se faisant attendre de la part de l’occupant allemand), et que la persécution fait rage, Niepokalanow devient un véritable camp de réfugiés : Polonais, Juifs et autres exilés viennent frapper à cette porte dont ils sont sûrs qu’elle s’ouvrira pour eux.

Le camp de l’Amour
La solidarité du père Kolbe se manifestera pleinement dans son sacrifice ultime pour un père de famille : c’est le sommet de toute sa vie. Il semble, selon les témoignages, que sa solidarité fut d’autant plus remarquée qu’elle portait ses compagnons d’infortune au-delà de la simple entraide, puisqu’elle avait un fondement spirituel : vaincre le mal par l’amour. En effet, les témoins rapportent qu’au-delà d’un secours matériel, le père Kolbe dispensait l’espérance, soutenait le moral de ses codétenus, leur redonnant des forces pour lutter et pour vivre. Voici ce que rapporte un docteur du camp : « Il m’indiquait chaque fois d’autres personnes qui selon lui, avaient davantage besoin… Dans l’atmosphère générale d’instinct animal de conservation qui régnait partout dans le camp, un tel désir de se sacrifier pour les autres fut pour moi quelque chose de surprenant, et je vis dans le père Kolbe un homme peu commun. » Cette petite réflexion nous invite nous aussi à être solidaires par amour, mais comment rendre par écrit ce qui ne peut qu’être vécu concrètement ? Comment en effet exprimer l’amour, sinon en faisant comme le père Kolbe : oser le geste total, à la suite du Christ ? Maximilien nous invite par sa vie et le don de celle-ci, à faire de la solidarité, le « point-cœur » de la nôtre : « Que souhaiter de plus grand ? nous dit-il. Je ne connais rien de plus sublime que cette affirmation de Jésus : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.”» (Lettre du 18.8.1939)

Frère Bernard,
franciscain conventuel

Biographie de Maximilien Kolbe (1894-1941) :
Raymond Kolbe est né en Pologne dans une famille assez pauvre, mais profondément unie et croyante. C’est un petit garçon assez turbulent, jusqu’au jour où sa mère s’écrie : « Mon pauvre enfant, qu’est-ce que tu deviendras ? » Cette question le bouleverse. Il s’ensuit un événement fondamental : « J’ai beaucoup prié la Sainte Vierge de me dire ce que je deviendrai. Alors elle m’est apparue en tenant deux couronnes, l’une blanche et l’autre rouge. Elle m’a regardé avec amour et me les a proposées. La blanche signifie que je serai toujours pur et la rouge que je serai martyr. Je les ai acceptées toutes les deux ! » avoue-t-il à sa mère. Il a dix ans. Dès treize ans, Raymond se sent appelé à devenir franciscain et entre au petit séminaire de Lwow. En 1910 il prend le nom de Maximilien-Marie et commence son noviciat. Il fait de très brillantes études à Rome malgré sa santé fragile et des attaques de tuberculose. En 1917 il fonde la Milice de l’Immaculée qui a pour but la conversion de tous les pécheurs. Les moyens mis en œuvre sont : l’exemple, la prière, la souffrance et le travail, dans une consécration totale à l’Immaculée. Maximilien est aussi très proche de Thérèse de l’Enfant Jésus à qui il confie ses désirs missionnaires infinis. Il est ordonné prêtre en 1918. De retour en Pologne, il fonde un mensuel : Le chevalier de l’Immaculée, qui connaît une diffusion étonnante. En 1927 il fonde Niepokalanow, la cité de l’Immaculée, immense « couvent maison d’édition ». En 1930 il part au Japon et fonde Mugenzai No Sono : le jardin de l’Immaculée, où il demeure jusqu’en 1936. La guerre interrompt toutes ces activités : la Pologne est vaincue et occupée. Il est arrêté une première fois avec ses frères le 19 septembre 1939. Relâchés le 8 décembre, ils retrouvent Niepokalanow saccagée. Maximilien réussira à publier un dernier numéro du chevalier avant d’être arrêté à nouveau le 17 février 1941. Le 28 mai, il est transféré à Auschwitz. Il y est particulièrement maltraité en tant que chrétien et prêtre mais toujours il répond à la haine par l’amour. un jour il s’offre en échange d’un de ses codétenus, père de famille, condamné à mort en représailles d’une évasion. Ils sont dix hommes condamnés à mourir de faim et de soif. Mais la présence de Maximilien transforme cette agonie qu’ils vivent dans les chants et la prière. Dernier survivant, le père Maximilien sera achevé par une injection de phénol le 14 août 1941.
Lettre à ses frères dispersés (1940) :
N’ayons aucune trêve dans notre travail de missionnaires. Répandons son règne dans tous les cœurs. Offrons dans ce but toutes nos peines et toutes nos souffrances. Ne désirons qu’une seule chose : qu’elle soit contente de nous. Tâchons de lui faire plaisir à nos dépens, même si cela nous coûte… Combien d’âmes retrouveront la lumière, grâce à votre dispersion ! Prions, acceptons amoureusement toutes les croix, aimons tous nos prochains, sans nulle exception, amis et ennemis… Dieu est amour : et comme l’effet doit ressembler à la cause, toute la création vit d’amour. Non seulement pour la fin dernière, mais aussi pour les fins intermédiaires et dans toute action saine et normale l’amour est le principal ressort et le principal moteur.

10 AOÛT: SAINT LAURENT – PROTO DIACRE DE L’EGLISE ROMAINE

9 août, 2011

du site:

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cclergy/documents/rc_con_cclergy_doc_19022000_slaur_fr.html    
 
SAINT LAURENT –
PROTO DIACRE DE L’EGLISE ROMAINE

Don Francesco Moraglia

Docteur de théologie systématique

L’histoire de l’Eglise nous a laissé de grandes figures d’évêques et de prêtres qui ont contribué à illustrer, sur le plan théologique et pastoral, le sens profond du ministère ordonné. Pour l’épiscopat, on distingue, entre autres, les figures d’Irénée, Augustin, Winfrid, Boniface, Bartolomé Las Casas et Ildephonse Schuster; pour la prêtrise, l’époque moderne et contemporaine a été marquée par Philippe Néri, Jean-Marie Vianney, Jean Bosco, Pierre Chanel et Maximilien Kolbe. Le ministère diaconal acquiert lui aussi des contours plus nets si on le considère à la lumière de la figure de grands diacres; c’est le cas, par exemple, du martyr Laurent, proto diacre de l’Eglise romaine qui, avec Etienne et Philippe, est certainement l’un des plus célèbres de l’antiquité.
Le diaconat considéré en lui-même, en tant que ministère permanent, non finalisé à la prêtrise, disparaît en Occident après avoir été une institution florissante jusqu’au Ve siècle; à partir de cette époque – principalement à cause de l’engagement plus grand des prêtres dans l’activité pastorale -, le premier degré du sacrement de l’ordre se réduit à une simple étape d’accès au degré suivant, la prêtrise. On peut alors aisément comprendre pourquoi l’institution diaconale, sur le plan de la réflexion théologique et de la pratique pastorale, est restée inhibée, presque fossilisée.
Dès le XVIe siècle, le concile de Trente tenta de réagir à cette situation, sans succès; il faudra attendre le concile Vatican II, dans la seconde moitié du XXe siècle, pour assister au rétablissement du diaconat « en tant que degré propre et permanent de la hiérarchie… »; le texte de la constitution dogmatique Lumen Gentium, toujours au n. 29, précise immédiatement après: « …avec l’accord du pontife romain ce diaconat pourra être conféré à des hommes mûrs, même s’ils vivent dans le mariage, ainsi qu’à des jeunes gens idoines, pour lesquels, cependant, la loi du célibat doit rester ferme » (EV. 1/360).
Paul VI, dans la lettre apostolique Sacrum diaconatus ordinem – 18 juin 1967 -, réaffirme que l’ordre du diaconat « …ne doit pas être considéré comme un pur et simple degré d’accès au sacerdoce; celui-ci, insigne par son caractère indélébile et sa grâce particulière, s’enrichit d’autant plus que ceux qui y sont appelés peuvent se consacrer de manière stable aux mystères du Christ et de l’Eglise » (EV. 2/369).
Le seul fait que pendant une période aussi longue – quinze siècles -, le diaconat ne se soit pas réalisé sous une forme permanente dans l’Eglise latine, laisse deviner qu’il est nécessaire, sur le plan de la réflexion théologique et de la pratique pastorale, de récupérer le temps perdu à travers une ample réflexion de la part de toute la communauté ecclésiale. Le diaconat permanent, en effet, représente un important enrichissement pour la mission de l’Eglise.
Naturellement, le rétablissement du diaconat permanent, sollicité avec autorité par le dernier concile, ne pourra se réaliser qu’en harmonie et continuité avec la tradition ancienne. A ce sujet, la récente déclaration conjointe – 22 fevrier 1998 – de la Congrégation pour l’Education catholique et de la Congrégation pour le Clergé est extrêmement significative; elle se trouve au début des « Normes fondamentales pour la formation des diacres permanents » et du « Directoire pour le ministère et la vie des prêtres »; le contenu de cette déclaration apporte une clarification et une orientation pour le futur: « c’est la réalité diaconale toute entière (vision doctrinale fondamentale, discernement vocationnel et préparation, vie, ministère, spiritualité et formation permanente) qui postule une révision du chemin de formation jusqu’ici parcouru, pour obtenir une clarification globale, indispensable à une nouvelle impulsion de ce degré de l’Ordre sacré, en correspondance avec les vœux et les intentions du Concile Œcuménique Vatican II » (Normes fondamentales pour la formation des diacres permanents, Directoire pour le ministère et la vie des diacres permanents. Cité du Vatican, page 7).
Pour reprendre ce qui a été dit au sujet des grandes figures d’évêques, de prêtres et de diacres qui ont illustré et influencé le ministère ordonné, permettant une compréhension plus vraie et plus approfondie de celui-ci, il est raisonnable de s’arrêter sur la figure du diacre Laurent dont l’histoire personnelle incite à repenser le premier degré du ministère ordonné; lequel, en raison de l’évolution historique évoquée plus haut, attend encore aujourd’hui d’être pleinement compris et mis en valeur. Il s’agit de donner une nouvelle vigueur à un ministère permanent en mesure de s’exprimer avec une plus grande fécondité dans la vie de l’Eglise.
Les vicissitudes personnelles de saint Laurent, archidiacre de l’Eglise de Rome, nous sont parvenues à travers une tradition ancienne divulguée dès le IVe siècle; cette tradition accueillie par l’Eglise a également été admise dans les textes liturgiques.
Les épisodes les plus connus du martyre de Laurent sont décrits, avec richesse de détails, dans la Passio Polychromi dont nous avons trois rédactions (V-VIIe siècle); De fait, ce récit renferme des éléments légendaires, même si certaines informations que nous rapportons ici figurent dans des témoignages précédents comme celui de saint Ambroise dans De Officiis (cf. PL XVL 89-92).
Nous commençons, avec l’intention de les développer, par les courtes annotations reportées pour la fête du martyr qui – selon la « Depositio martyrum » (année 354) – tombe le 10 août; voici les expressions du Missel Romain: « Laurent, célèbre diacre de l’Eglise de Rome, confirma son service de charité par le martyre sous Valérien (258), quatre jours après la décapitation du pape Sixte II. Selon une tradition divulguée dès le IVe siècle, il soutint, intrépide, un atroce martyre sur le gril, après avoir distribué les biens de la comunauté aux pauvres qu’il considérait comme les vrais trésors de l’Eglise… ». Ces annotations se terminent en rappelant que le nom de Laurent figure également dans le Canon Romain.
L’Eglise, dans ses textes liturgiques, prend donc à son compte ce que rapporte la tradition ancienne qui, cependant, connaît en son sein des versions différentes. Ici, nous n’avons pas l’intention d’entrer dans le vif des hypothèses récemment avancées par la critique historiographique qui aurait tendance à reporter la date du martyre de saint Laurent au début du IVe siècle et à se démarquer des contours traditionnels pour le caractériser; par exemple, Laurent ne serait pas espagnol mais romain et, à ce propos, la Prefazio della mensa XII del Sacramniario leoniano le présente comme civis romain. Mais, comme le remarque Paolo Toschi, toutes ces nouvelles études « n’enlèvent pas a priori la possibilité qu’il existe, à Rome, une véritable tradition, exposée avec d’évidents embellissements réthoriques par saint Ambroise, sur la tragique capture et la fin de saint Laurent par le feu, supplice qui a été infligé sous Valérien, comme on le sait, à saint Fructuosus et aux diacres Euloge et Augure à Tarragone. D’autre part, le verbe animadvertere utilisé dans le décret de persécution dans la rédaction de Cyprien peut également faire référence à d’autres formes d’exécutions capitales en dehors de la « décapitation » (Bibliotheca Sanctorum, vol….1539).
Nous accueillons ici les données traditionnelles telles qu’elles sont rapportées dans les textes liturgiques, en nous limitant à les proposer de manière plus articulée.
Laurent serait donc né en Espagne, à Osca une petite ville de l’Aragon qui surgit aux pieds des Pyrénées. Afin de compléter ses études humanistiques et liturgiques il fut envoyé, tout jeune encore, dans la ville de Saragosse, où il fit la connaissance du futur pape Sixte II. Ce dernier – originaire de la Grèce -, était investi d’une charge d’enseignant dans l’un des plus importants centres d’études de l’époque et, parmi ses maîtres, le pape était l’un des plus connus et des plus appréciés.
Pour sa part, Laurent, qui devait devenir un jour le chef des diacres de l’Eglise de Rome, s’imposait par ses qualités humaines, par sa délicatesse d’âme et son intelligence. Entre le maître et l’élève s’instaura une communion et une familiarité qui, avec le passage du temps, augmenta et se cimenta; entre temps, l’amour qu’il portaient tous les deux pour Rome, centre de la chrétienté et ville-siège du vicaire du Christ, augmenta au point de suivre un flux migratoire alors très intense et de quitter l’Espagne pour la ville où l’apôtre Pierre avait établi sa chaire et rendu le témoignage suprême. C’est donc à Rome, au cœur de la catholicité, que maître et élève purent réaliser leur idéal d’évangélisation et de mission… jusqu’à l’effusion du sang. Lorsque le 30 août de l’année 257, Sixte II monta sur le trône de Pierre – pour un pontificat qui devait durer moins d’un an – , immédiatement et sans hésiter, il voulut à ses côtés son ancien élève et ami Laurent, en lui confiant la charge délicate de proto diacre.
Les deux hommes, à la fin, scellèrent leur vie de comunion et d’amitié en mourant par les mains du même persécuteur, séparés seulement par quelques jours.
Nous avons des informations sur la fin du pape Sixte II dans une lettre de saint Cyprien, évêque de Carthage. Cyprien, en parlant de la situation de grande incertitude et de malaise dans laquelle versaient les Eglises à cause de l’hostilité croissante à l’égard des chrétiens, remarque: « L’empereur Valérien a envoyé au sénat son rescrit par lequel il a décidé que les évêques, les prêtres et les diacres doivent être immédiatement mis à mort… – le témoignage de Cyprien continue – … je vous communique que Sixte a subi le martyre avec quatre diacres le 6 août, alors qu’il se trouvait dans la zone du cimetière. Les autorités romaines ont pour règle que ceux qui sont dénoncés comme chrétiens doivent être jugés et subir la confiscation de leurs biens au bénéfice du trésor public impérial » (Lettre 80, CSEL 3,839-840).
Le cimetière auquel le saint évêque de Carthage fait allusion est celui de Callixte, où Sixte fut capturé tandis qu’il célébrait la sainte liturgie et où il fut enterré après son martyre.
En revanche, pour le martyre du diacre Laurent, nous possédons un témoignage particulièrement éloquent de saint Ambroise dans De Officiis (1 41, 205-2079), repris ensuite par Prudence et saint Augustin, puis par saint Maxime de Turin, saint Pierre Chrisologue, saint Léon le Grand et, enfin, par certaines formules liturgiques renfermées dans les Sacramentaux romains, dans le Missale gothicum et dans l’Ormionale Visigotico (Bibliotheca Sanctorum, vol. …, 1538-1539).
Ambroise s’étend tout d’abord sur la rencontre et sur le dialogue entre Laurent et le pape, il évoque ensuite la distribution des biens de l’Eglise aux pauvres, il mentionne enfin le gril, l’instrument du supplice, en rapportant la phrase que le proto diacre de l’Eglise de Rome prononça en s’adressant à ses bourreaux: assum est, … versa et manduca (cf. Bibliotheca Sanctorum, vol. … col. 1538-1539).
C’est au texte d’Ambroise tiré du De Officiis (chap. 41, nn. 205-206-207), bouleversant par son intensité et sa force expressive, que nous nous référons; saint Ambroise s’exprime ainsi:
205. « … saint Laurent,… voyant son évêque Sixte conduit au martyre, commença à pleurer non pas parce que celui-ci était conduit à la mort, mais parce qu’il devait lui survivre. Il commença donc à lui dire de vive voix: « Où vas-tu, père, sans ton fils? Où t’empresses-tu, o saint évêque, sans ton diacre? Tu n’offrais jamais le sacrifice sans ministre. Qu’est-ce qui t’as donc déplu en moi, o père? Tu m’as peut-être trouvé indigne? Vérifie au moins si tu as choisi un ministre approprié. Ne désires-tu pas que celui auquel tu as confié le sang du Seigneur, celui que tu as associé à la célébration des mystères sacrés, verse son sang avec toi? Sois attentif à ce que ton discernement ne vacille pas tandis que ta force est louée. Le mépris du disciple porte préjudice au maître. Faut-il rappeler que les grands hommes remportent la victoire par les épreuves victorieuses de leurs disciples plus que par les leurs? Et puis Abraham a offert son fils, Pierre a envoyé Etienne en avant. Toi aussi, o mon père, montre en ton fils ta vertu; offre celui que tu as éduqué, pour obtenir la récompense éternelle en glorieuse compagnie, sûr de ton jugement ».
206. Sixte lui répondit: « Je ne te quitte pas, je ne t’abandonne pas, o mon fils; mais des épreuves plus difficiles te sont réservées. Comme nous sommes vieux, il nous a été donné de parcourir une épreuve plus facile; Comme tu es jeune, tu es destiné à un triomphe plus glorieux sur le tyran. Tu viendras bientôt, cesse de pleurer: tu me suivras dans trois jours. Cet intervalle entre un évêque et un lévite est convenable. Tu n’aurais pas été digne de vaincre sous la conduite de ton maître, comme si tu cherchais une aide. Pourquoi demandes-tu à partager mon martyre? Je t’en laisse l’entière succession. Pourquoi exiges-tu ma présence? Les disciples encore faibles précèdent leur maître, ceux qui sont déjà forts, qui n’ont plus besoin d’enseignements, le suivent pour vaincre sans lui. C’est pourquoi Elie quitta Elisée. Je te confie la succession de ma vertu ».
207. Il existait entre eux une rivalité véritablement digne d’être combattue par un évêque et par un diacre: celui qui, le premier, devait souffrir pour Jésus-Christ. On raconte que lors des représentations tragiques, les spectateurs éclataient en applaudissements bruyants lorsque Pilade disait qu’il était Oreste et Oreste, comme c’était le cas, affirmait qu’il était Oreste, le premier pour être tué à la place d’Oreste, le second pour empêcher que Pilade fut tué à sa place. Mais ces derniers ne devaient pas vivre, car ils étaient tous les deux coupables de parricide: l’un parce qu’il l’avait commis, l’autre parce qu’il était son complice. Dans notre cas, le seul désir qui animait saint Laurent était celui de s’immoler pour le Seigneur. Et lui aussi, trois jours après, ayant ridiculisé le tyran, sera brûlé sur un gril: « Cette partie est cuite, dit-il, retourne-la et mange-la ». Il triomphait ainsi, avec sa force d’âme, de l’ardeur du feu » (saint Ambroise, De Officiis, libri tres, Milan, Bibliothèque ambrosienne, Rome Città Nuova Editrice 1977, pp. 148-151).
Si l’on s’en tient au témoignage de saint Ambroise, le diacre apparaît caractérisé ainsi:
1) comme celui qui, constitué sacramentellement au service de l’offrande (diaconie), vit son ministère diaconal en exprimant dans le martyre le témoignage suprême de Jésus-Christ, le sens théologique du service de la charité, à travers l’accueil de cet amour-charité plus grand qu’est le martyre.
2) comme celui qui, en vertu du lien structurel qui le lie sacramentellement à l’évêque, (premier degré de l’ordre), vit la « communion ecclésiale », à travers un service spécifique à l’épiscopat, à partir de l’eucharistie et en référence à celui-ci.
3) comme celui qui, en vertu du sacrement (c’est-à-dire dans la mesure où il est enraciné dans le premier degré de l’ordre), se consacre au service d’une charité intégrale, à 360 degrés – par conséquent pas seulement une solidarité humaine et sociale -, et manifeste de la sorte le caractère le plus typique de la diaconie.

Examinons l’une après l’autre ces caractéristiques:
1) Le diacre se présente comme celui qui, constitué sacramentellement au service de l’offrande (diaconie), vit son ministère diaconal en exprimant dans le martyre le témoignage suprême de Jésus-Christ, le sens théologique du service de la charité, à travers l’accueil de cet amour-charité plus grand qu’est le martyre.
Si la caractéristique principale qui identifie le diacre, en soi et dans son ministère, est celle d’être ordonné au service de la charité, le martyre – témoignage jusqu’à l’effusion du sang -, doit être considéré comme l’expression d’un amour-charité plus grand, à savoir le service d’une charité qui ne connaît pas de limites. Le ministère de la charité auquel le diacre est délégué à travers l’ordination ne s’arrête donc pas au service des « cantines » ou, comme on avait coutume de dire autrefois, dans un langage catéchétique, aux œuvres de miséricorde corporelles, ni même aux œuvres spirituelles, mais le service diaconal de la charité doit parvenir, par l’inconditionnel don de soi, à l’imitation du Christ, le témoin fidèle par antonomase (cf. Ap 1,5;3,14).
Dans le cas de Laurent – explique Ambroise- « aucun désir ne l’animait sinon le désir de s’immoler pour le Seigneur » (cf. saint Ambroise, De Officiis, I, 41, n. 207); à travers le témoignage rendu face à ses persécuteurs, il apparaît évident que l’exercice du ministère diaconal ne s’identifie pas ici avec le service du prochain, réduit aux seules nécessités matérielles; puisque dans ce geste qui exprime un amour plus grand pour Jésus-Christ et qui porte à donner sa propre vie, Laurent fait en sorte que ses bourreaux puissent également, au sens réel, faire « une certaine » expérience du Verbe incarné qui, en dernière instance, est le destin personnel et commun de tout homme; c’est le service théologique de la charité auquel chaque diacre doit tendre ou, tout au moins, rester disponible.
Ceci ne signifie pas que le diacre épuise dans son ministère le témoignage de la charité qui est, et reste toujours, vocation et mission de toute l’Eglise, mais on entend affirmer qu’en vertu de son ordination, le diacre porte en soi, de manière sacramentelle-spécifique, la « forme Christi » pour le service de la charité; ce qui revient à dire un « exercice ministériel » de la charité qui se réalise envers Jésus-Christ et les frères et qui peut aller jusqu’à exiger le don de soi… jusqu’au sacrifice de la vie. Les mots que Laurent adresse à l’évêque Sixte résonnent clairement: « Et puis Abraham a offert son fils, Pierre a envoyé Etienne en avant. Toi aussi, o mon père, montre en ton fils ta vertu; offre celui que tu as éduqué, pour obtenir la récompense éternelle en glorieuse compagnie, sûr de ton jugement » (saint Ambroise, De Oficiis, I, 41, n. 205).
Il est utile de rappeler, cependant, que le témoignage d’un « amour-charité » plus grand de la part de celui qui est ordonné au service de la charité, ne dispensera jamais l’Eglise-Epouse de s’offrir au Christ-Epoux, dans le don de la « martyria » par lequel, au delà de toute réticence et ambiguité, se manifeste la valeur absolue et l’union inséparable que « vérité » et « charité » revêtent dans la vie du disciple du Seigneur (cf. 1 Cor 13,4-5, Phil 4,15).
A cet effet, il est utile de relire le texte de Lumen Gentium 42, dans lequel on affirme. « … le martyre, par lequel le disciple est rendu semblable au maître qui accepte librement la mort pour le salut du monde, et se conforme à lui dans l’effusion du sang, est estimé par l’Eglise comme le don exeptionnel et la preuve suprême de la charité… si le martyre est accordé à peu, tous doivent cependant être prêts à confesser Jésus-Christ devant les hommes, et à le suivre sur le chemin de la croix à travers les persécutions, qui ne font jamais défaut à l’Eglise » (EV, 1/398).
A présent – malgré l’appel universel à la charité même héroïque -, un fait reste incontestable: dans l’Eglise il existe un « ministère ordonné » spécifique, par conséquent des hommes sacramentellement constitués au service de la charité.
2) Le diacre se présente comme celui qui, en vertu du lien structurel qui le lie sacramentellement à l’évêque, (premier degré de l’ordre), vit la « communion ecclésiale », à travers un service spécifique à l’épiscopat, à partir de l’eucharistie et en référence à celui-ci.
C’est l’autre caractéristique qui ressort du dialogue entre Sixte et Laurent au cimetière de Callixte; le dialogue met en évidence le fait que c’est justement dans le lien sacramentel qui unit le diacre à l’évêque, que le diacre apparaît comme l’ »homme de la communion » à travers le service spécifique qu’il rend à l’évêque; ce service, ensuite, se réalise, concrètement, par l’accomplissement fidèle de ce que l’évêque, en vertu de la plénitude du sacerdoce et du gouvernement qu’il a sur l’Eglise – toujours en communion avec l’évêque de Rome -, exige de son diacre selon les nécessités et les urgences ecclésiales.
Dans le ministère du diacre, enfin, toute chose fait référence à l’autel, dans la mesure où dans l’Eglise toute chose, à commencer par la charité, tire son origine de la S.S. Eucharistie. Voici le point où le témoignage d’Ambroise, à cet égard, se fait particulièrement significatif: « … Laurent,… voyant son évêque Sixte conduit au martyre, commença… à lui dire de vive voix: « Où vas-tu, père, sans ton fils? Où t’empresses-tu, o saint évêque, sans ton diacre? Tu n’offrais jamais le sacrifice sans ministre… ? …Ne désires-tu pas que celui auquel tu as confié le sang du Seigneur, celui que tu as associé à la célébration des mystères sacrés, verse son sang avec toi? » (saint Ambroise, De Officiis, 1.41, n.205).
La communion et l’affection entre l’évêque et le diacre, qui se manifestent dans leur commune dépendance et dans leur lien commun à l’eucharistie, expriment une vision ecclésiale profondémente théologique qui va au delà des conceptions qui abaissent et réduisent l’Eglise-Epouse à une simple dimension politique et sociologique, en l’assimilant, de fait, à l’une des nombreuses institutions humaines; il est donc nécessaire de se libérer de toute perspective secularisée et sécularisante, qui conduit inéluctablement à perdre et à compromettre le sens et la force régénérante du Mystère; le risque est celui de voir aussi bien dans le pape que dans les évêques, les prêtres et les diacres, autant de degrés d’une bureaucratie infinie semblable à celle de l’administration publique et chargée, comme cette dernière, de veiller au bon ordre de l’ensemble guère mieux précisé.
La rencontre du pape Sixte avec le diacre Laurent nous invite, le cas échéant, à renverser une telle vision et à redécouvrir au cœur de l’Institution-Eglise, toujours indispensable, et des structures ecclésiales, pareillement nécessaires, la réalité vive et vivifiante de la grâce qui les anime et, par là même, nous invite à redécouvrir le lien théologique qui les lie au Christ, unique, véritable Evêque, Prêtre et Diacre. D’autre part, dans le Nouveau Testament – dans la lettre aux Philippiens (cf. Phil 1,1) et dans la première lettre à Timothée (cf. Tim 3,1-13) -, nous trouvons associés l’évêque et le diacre; par la suite, leur lien étroit est attesté dans la « Traditio apostolica » – début du IIIe siècle (Hyppolite de Rome) -, où la grâce conférée au diacre par le rite de l’ordination est définie comme « simple service de l’évêque », sans sacerdoce; quelques années après – dans la moitié du IIIe siècle, en Syrie -, la « Didascalie des Apôtres » présente le diacre comme le « serviteur de l’évêque et des pauvres ».
Enfin, la relation qui lie structurellement le diacre à l’évêque aujourd’hui est exprimée de manière transparente à travers la liturgie de l’ordination; dans ce cérémonial, en effet, à la différence de celui de l’ordination des évêques et des prêtres, le geste de l’imposition des mains est réalisé uniquement par l’évêque qui ordonne pour indiquer le lien caractéristique et singulier qui lie le diacre à l’évêque.
3) Le diacre se présente comme celui qui, en vertu du sacrement (c’est-à-dire dans la mesure où il est enraciné dans le premier degré de l’ordre), se consacre au service d’une charité intégrale, à 360 degrés – par conséquent pas seulement une solidarité humaine et sociale -, et manifeste de la sorte le caractère le plus typique de la diaconie.
Dans son témoignage, Ambroise nous présente encore Laurent comme celui qui, en vertu du sacrement reçu, est pleinement consacré au service de la charité dans une situation concrète: la Rome impériale du troisième siècle, tandis que la persécution fait fureur; dans cette conjoncture, Laurent est appelé à réaliser, face à la communauté ecclésiale et au monde, des gestes concrets destinés à se transformer en autant de signes de l’Amour-Charité de Dieu, à savoir de cette Charité dont toute chose provient et vers laquelle toute chose se dirige; et c’est dans ce service que le diacre exprime le ministère le plus typique de sa diaconie qui consiste, justement, dans le service de la charité réalisé en vertu du mandat sacramentel; en définitive une animation qui concerne l’Eglise ou des secteurs de la vie ecclésiale et qui se présente selon les caractères de la catholicité (kat’olon = selon la totalité, sans rien exclure); l’aspiration de ce service est la totalité des hommes sans exeption, le contenu, un bien qui répond à toutes les attentes de l’homme – esprit, âme et corps (cf. I Ts 5,23) – excluant toute partialité et unilatéralité.
En outre, dans le texte ambrosien on relève une allusion qui aide à la réflexion. Sixte, désormais prisonnier, confie à Laurent, le premier de ses diacres, l’Eglise entière et la lui laisse pour une période de trois jours. « … Comme nous sommes vieux, il nous a été donné de parcourir une épreuve plus facile; comme tu es jeune, tu es destiné à un triomphe plus glorieux sur le tyran. Tu viendras bientôt, cesse de pleurer: tu me suivras dans trois jours. Cet intervalle entre un évêque et un lévite est convenable… » (saint ambroise, De Officiis, n.206). Laurent, pendant ces trois jours, et en tant que diacre, en esprit de service et d’obéissance à son évêque – désormais définitivement arraché à son peuple -, devra prendre soin de l’Eglise, et pour la dernière fois il administrera les biens de l’Epouse du Christ en le faisant par un geste qui porte en soi la force d’une définition et qui dit comment, dans l’Eglise, tout est finalisé et prend de la valeur à partir du service de la charité, réalité destinée à perdurer quand tout aura disparu et la scène de ce monde sera passée (cf. 1 Cor 13,8).
Pour ceux qui regardent de loin, de façon approximative – et, somme toute, superficielle -, ce geste peut sembler être exclusivemnet lié aux nécessités matérielles et au temps présent; il s’agit, en effet, de la distribution de biens matériels à des pauvres; en réalité, l’acte que Laurent réalise, en esprit de fidélité au dépôt qu’il a reçu de l’évêque et au ministère ecclésial dans lequel il est constitué, est un acte qui le projette, et avec lui projette toute l’Eglise – qui lui a été confiée jusqu’au moment du martyre -, au-delà de l’histoire, dans l’escathologie, c’est-à-dire dans le « temps » et dans « l’espace » dans lequel Dieu manifeste la plénitude de sa charité et de son amour.
Le diacre laurent, ministre ordonné de la charité, achève la tâche qu’il avait reçue, non seulement dans la mesure où il suit son évêque dans le martyre mais parce qu’à travers le geste par lequel il donne aux pauvres toutes les ressources de la communauté – ici exprimées par des biens matériels -, il montre comment, dans l’Eglise, chaque chose a de la valeur si elle est orientée vers la charité, si elle devient service à la charité, si elle peut se transformer en charité.
Et ce service – comme le rappelle la première lettre aux Théssaloniciens (cf. 1 Ts 5,23) -, s’étend non seulement au « corps » mais aussi à l’ »esprit » et à l’ »âme », pour se manifester en toute clarté dans la prière que – selon la Passio Polychromi (les actes du martyre de Laurent) -, le saint diacre voulut réciter pour la ville de Rome avant de monter sur le gril.
Et la ville, qui lui attribuait la victoire définitive sur le paganisme, le lui rendit en le choisissant comme son troisième patron et en célébrant sa fête dès le IVe siècle, en second, par odre d’importance, après la fête des bienheureux Pierre et Paul et en élevant, en honneur du saint diacre, dans l’antiquité et au moyen-âge, au moins trente quatre églises et chapelles, signe tangible de reconnaissance envers celui qui, fidèle à son ministère, avait été, en son sein, véritable ministre et serviteur de la charité.
A présent, au terme de ces réflexions sur le ministère du diaconat essentiellement envisagé sous sa forme « permanente », nous pouvons dire:
1) il faut savoir considérer avec un esprit critique toutes les perspectives – désormais dépassées, en vérité -, qui, de fait, interprètent et présentent le diaconat comme un ministère qui conduit à la cléricalisation des laïcs et à la laïcisation des clercs, parvenant ainsi à l’affaiblissement de l’identité des uns et des autres.
2) le diacre, qui se distingue des évêques et des prêtres dans la mesure où il n’est pas ordonné « ad sacerdotium, sed ad ministerium », est constitué dans un degré authentique de la hiérarchie et ne peut être compris comme pur accès au sacerdoce.
3) le diacre est habilité au service de la charité en étroite dépendance avec l’Eucharistie et au soin privilégié des pauvres, aussi bien par le service des « cantines » (œuvres de miséricorde corporelles), que par le service de la parole (œuvres de miséricorde spirituelles) en restant ouvert au service d’un amour-charité plus grand, le martyre.
Enfin, l’institution du « diaconat permanent », représente et marque un important enrichissement pour l’Eglise et sa mission, notamment en vue de la nouvelle évangélisation que le Saint-Père rappelle continuellement de ce début du troisième millénaire de l’ère chrétienne; et c’est la beauté, la force et le caractère héroïque de figures de diacres comme saint Laurent qui aident à découvrir et à mieux comprendre la particularité du ministère diaconal. 

9 août: Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein)

9 août, 2011

du site:

http://viechretienne.catholique.org/saints/2943-sainte-therese-benedicte-de-la-croix-edith

Les saints

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein)

Carmélite déchaussée, martyr (1891-1942)

« Inclinons-nous profondément devant ce témoignage de vie et de mort livré par Edith Stein, cette remarquable fille d’Israël, qui fut en même temps fille du Carmel et soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, une personnalité qui réunit pathétiquement, au cours de sa vie si riche, les drames de notre siècle. Elle est la synthèse d’une histoire affligée de blessures profondes et encore douloureuses, pour la guérison desquelles s’engagent, aujoud’hui encore, des hommes et des femmes conscients de leurs responsabilités ; elle est en même temps la synthèse de la pleine vérité sur les hommes, par son coeur qui resta si longtemps inquiet et insatisfait, « jusqu’à ce qu’enfin il trouvât le repos dans le Seigneur » « . Ces paroles furent prononcées par le Pape Jean-Paul II à l’occasion de la béatification d’Édith Stein à Cologne, le 1 mai 1987.

Qui fut cette femme ?
Quand, le 12 octobre 1891, Édith Stein naquit à Wroclaw (à l’époque Breslau), la dernière de 11 enfants, sa famille fêtait le Yom Kippour, la plus grande fête juive, le jour de l’expiation. « Plus que toute autre chose cela a contribué à rendre particulièrement chère à la mère sa plus jeune fille ». Cette date de naissance fut pour la carmélite presque une prédiction.
Son père, commerçant en bois, mourut quand Édith n’avait pas encore trois ans. Sa mère, femme très religieuse, active et volontaire, personne vraiment admirable, restée seule, devait vaquer aux soins de sa famille et diriger sa grande entreprise ; cependant elle ne réussit pas à maintenir chez ses enfants une foi vivante. Édith perdit la foi en Dieu : « En pleine conscience et dans un choix libre je cessai de prier ».
Elle obtint brillamment son diplôme de fin d’études secondaires en 1911 et commença des cours d’allemand et d’histoire à l’Université de Wroclaw, plus pour assurer sa subsistance à l’avenir que par passion. La philosophie était en réalité son véritable intérêt. Elle s’intéressait également beaucoup aux questions concernant les femmes. Elle entra dans l’organisation « Association Prussienne pour le Droit des Femmes au Vote ». Plus tard elle écrira : « Jeune étudiante, je fus une féministe radicale. Puis cette question perdit tout intérêt pour moi. Maintenant je suis à la recherche de solutions purement objectives ».
En 1913, l’étudiante Édith Stein se rendit à Gôttingen pour fréquenter les cours de Edmund Husserl à l’université ; elle devint son disciple et son assistante et elle passa aussi avec lui sa thèse. À l’époque Edmund Husserl fascinait le public avec son nouveau concept de vérité : le monde perçu existait non seulement à la manière kantienne de la perception subjective. Ses disciples comprenaient sa philosophie comme un retour vers le concret. « Retour à l’objectivisme ». La phénoménologie conduisit plusieurs de ses étudiants et étudiantes à la foi chrétienne, sans qu’il en ait eu l’intention. À Gôttingen, Édith Stein rencontra aussi le philosophe Max Scheler. Cette rencontre attira son attention sur le catholicisme. Cependant elle n’oublia pas l’étude qui devait lui procurer du pain dans l’avenir. En janvier 1915, elle réussit avec distinction son examen d’État. Elle ne commença pas cependant sa période de formation professionnelle.
Alors qu’éclatait la première guerre mondiale, elle écrivit : « Maintenant je n’ai plus de vie propre ». Elle fréquenta un cours d’infirmière et travailla dans un hôpital militaire autrichien. Pour elle ce furent des temps difficiles. Elle soigna les malades du service des maladies infectieuses, travailla en salle opératoire, vit mourir des hommes dans la fleur de l’âge. À la fermeture de l’hôpital militaire en 1916, elle suivit Husserl à Fribourg-en-Brisgau, elle y obtint en 1917 sa thèse « summa cum laudae » dont le titre était : « Sur le problème de l’empathie ».
Il arriva qu’un jour elle put observer comment une femme du peuple, avec son panier à provisions, entra dans la cathédrale de Francfort et s’arrêta pour une brève prière. « Ce fut pour moi quelque chose de complètement nouveau. Dans les synagogues et les églises protestantes que j’ai fréquentées, les croyants se rendent à des offices. En cette circonstance cependant, une personne entre dans une église déserte, comme si elle se rendait à un colloque intime. Je n’ai jamais pu oublier ce qui est arrivé ». Dans les dernières pages de sa thèse elle écrit : « Il y a eu des individus qui, suite à un changement imprévu de leur personnalité, ont cru rencontrer la miséricorde divine ». Comment est-elle arrivée à cette affirmation ?
Édith Stein était liée par des liens d’amitié profonde avec l’assistant de Husserl à Gôtingen, Adolph Reinach, et avec son épouse. Adolf Reinach mourut en Flandres en novembre 1917. Édith se rendit à Gôttingen. Le couple Reinach s’était converti à la foi évangélique. Édith avait une certaine réticence à l’idée de rencontrer la jeune veuve. Avec beaucoup d’étonnement elle rencontra une croyante. « Ce fut ma première rencontre avec la croix et avec la force divine qu’elle transmet à ceux qui la portent [...] Ce fut le moment pendant lequel mon irréligiosité s’écroula et le Christ resplendit ». Plus tard elle écrivit : « Ce qui n’était pas dans mes plans était dans les plans de Dieu. En moi prit vie la profonde conviction que -vu du côté de Dieu- le hasard n’existe pas ; toute ma vie, jusque dans ses moindres détails, est déjà tracée selon les plans de la providence divine et, devant le regard absolument clair de Dieu, elle présente une unité parfaitement accomplie ».
À l’automne 1918, Édith Stein cessa d’être l’assistante d’Edmund Husserl. Ceci parce qu’elle désirait travailler de manière indépendante. Pour la première fois depuis sa conversion, Édith Stein rendit visite à Husserl en 1930. Elle eut avec lui une discussion sur sa nouvelle foi à laquelle elle aurait volontiers voulu qu’il participe. Puis elle écrit de manière surprenante : « Après chaque rencontre qui me fait sentir l’impossibilité de l’influencer directement, s’avive en moi le caractère pressant de mon propre holocauste ».
Édith Stein désirait obtenir l’habilitation à l’enseignement. À l’époque, c’était une chose impossible pour une femme. Husserl se prononça au moment de sa candidature : « Si la carrière universitaire était rendue accessible aux femmes, je pourrais alors la recommander chaleureusement plus que n’importe quelle autre personne pour l’admission à l’examen d’habilitation ». Plus tard on lui interdira l’habilitation à cause de ses origines juives.
Édith Stein retourna à Wroclaw. Elle écrivit des articles sur la psychologie et sur d’autres disciplines humanistes. Elle lit cependant le Nouveau Testament, Kierkegaard et le livre des exercices de saint Ignace de Loyola. Elle s’aperçoit qu’on ne peut seulement lire un tel écrit, il faut le mettre en pratique.
Pendant l’été 1921, elle se rendit pour quelques semaines à Bergzabern (Palatinat), dans la propriété de Madame Hedwig Conrad-Martius, une disciple de Husserl. Cette dame s’était convertie, en même temps que son époux, à la foi évangélique. Un soir, Édith trouva dans la bibliothèque l’autobiographie de Thérèse d’Avila. Elle la lut toute la nuit. « Quand je refermai le livre je me dis : ceci est la vérité ». Considérant rétrospectivement sa propre vie, elle écrira plus tard : « Ma quête de vérité était mon unique prière ».
Le ler janvier 1922, Édith Stein se fit baptiser. C’était le jour de la circoncision de Jésus, de l’accueil de Jésus dans la descendance d’Abraham. Édith Stein était debout devant les fonds baptismaux, vêtue du manteau nuptial blanc de Hedwig Conrad-Martius qui fut sa marraine. « J’avais cessé de pratiquer la religion juive et je me sentis de nouveau juive seulement après mon retour à Dieu ». Maintenant elle sera toujours consciente, non seulement intellectuellement mais aussi concrètement, d’appartenir à la lignée du Christ. À la fête de la Chandeleur, qui est également un jour dont l’origine remonte à l’Ancien Testament, elle reçut la confirmation de l’évêque de Spire dans sa chapelle privée.
Après sa conversion, elle se rendit tout d’abord à Wroclaw. « Maman, je suis catholique ». Les deux se mirent à pleurer. Hedwig Conrad-Martius écrivit : « Je vis deux israélites et aucune ne manque de sincérité » (cf Jn 1,47).
Immédiatement après sa conversion, Édith aspira au Carmel, mais ses interlocuteurs spirituels, le Vicaire général de Spire et le Père Erich Przywara, S.J., l’empêchèrent de faire ce pas. Jusqu’à pâques 1931 elle assura alors un enseignement en allemand et en histoire au lycée et séminaire pour enseignants du couvent dominicain de la Madeleine de Spire. Sur l’insistance de l’archiabbé Raphaël Walzer du couvent de Beuron, elle entreprend de longs voyages pour donner des conférences, surtout sur des thèmes concernant les femmes. « Pendant la période qui précède immédiatement et aussi pendant longtemps après ma conversion [... ] je croyais que mener une vie religieuse signifiait renoncer à toutes les choses terrestres et vivre seulement dans la pensée de Dieu. Progressivement cependant, je me suis rendue compte que ce monde requiert bien autre chose de nous [...] ; je crois même que plus on se sent attiré par Dieu et plus on doit « sortir de soi-même », dans le sens de se tourner vers le monde pour lui porter une raison divine de vivre ».
Son programme de travail est énorme. Elle traduit les lettres et le journal de la période pré-catholique de Newman et l’œuvre  » Questiones disputatx de veritate  » de Thomas d’Aquin et ce dans une version très libre, par amour du dialogue avec la philosophie moderne. Le Père Erich Przywara S.J. l’encouragea à écrire aussi des oeuvres philosophiques propres. Elle apprit qu’il est possible « de pratiquer la science au service de Dieu [... ] ; c’est seulement pour une telle raison que j’ai pu me décider à commencer une série d’oeuvres scientifiques ». Pour sa vie et pour son travail elle trouve toujours les forces nécessaires au couvent des bénédictins de Beuron où elle se rend pour passer les grandes fêtes de l’année liturgique.
En 1931, elle termina son activité à Spire. Elle tenta de nouveau d’obtenir l’habilitation pour enseigner librement à Wroclaw et à Fribourg. En vain. À partir de ce moment, elle écrivit une oeuvre sur les principaux concepts de Thomas d’Aquin : « Puissance et action ». Plus tard, elle fera de cet essai son ceuvre majeure en l’élaborant sous le titre « Être fini et Être éternel », et ce dans le couvent des Carmélites à Cologne. L’impression de l’œuvre ne fut pas possible pendant sa vie.
En 1932, on lui donna une chaire dans une institution catholique, l’Institut de Pédagogie scientifique de Münster, où elle put développer son anthropologie. Ici elle eut la possibilité d’unir science et foi et de porter à la compréhension des autres cette union. Durant toute sa vie, elle ne veut être qu’un « instrument de Dieu ». « Qui vient à moi, je désire le conduire à Lui ».
En 1933, les ténèbres descendent sur l’Allemagne. « J’avais déjà entendu parler des mesures sévères contres les juifs. Mais maintenant je commençai à comprendre soudainement que Dieu avait encore une fois posé lourdement sa main sur son peuple et que le destin de ce peuple était aussi mon destin ». L’article de loi sur la descendance arienne des nazis rendit impossible la continuation de son activité d’enseignante. « Si ici je ne peux continuer, en Allemagne il n’y a plus de possibilité pour moi ». « J’étais devenue une étrangère dans le monde ».
L’archiabbé Walzer de Beuron ne l’empêcha plus d’entrer dans un couvent des Carmélites. Déjà au temps où elle se trouvait à Spire, elle avait fait les voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. En 1933 elle se présenta à la Mère Prieure du monastère des Carmélites de Cologne. « Ce n’est pas l’activité humaine qui peut nous aider, mais seulement la passion du Christ. J’aspire à y participer ».
Encore une fois Édith Stein se rendit à Wroclaw pour prendre congé de sa mère et de sa famille. Le dernier jour qu’elle passa chez elle fut le 12 octobre, le jour de son anniversaire et en même temps celui de la fête juive des Tabernacles. Édith accompagna sa mère à la Synagogue. Pour les deux femmes ce ne fut pas une journée facile. « Pourquoi l’as-tu connu (Jésus Christ) ? Je ne veux rien dire contre Lui. Il aura été un homme bon. Mais pourquoi s’est-il fait Dieu ? » Sa mère pleure.
Le lendemain matin Édith prend le train pour Cologne. « Je ne pouvais entrer dans une joie profonde. Ce que je laissais derrière moi était trop terrible. Mais j’étais très calme – dans l’intime de la volonté de Dieu ». Par la suite elle écrira chaque semaine une lettre à sa mère. Elle ne recevra pas de réponses. Sa soeur Rose lui enverra des nouvelles de la maison.
Le 14 octobre, Édith Stein entre au monastère des Carmélites de Cologne. En 1934, le 14 avril, ce sera la cérémonie de sa prise d’habit. L’archiabbé de Beuron célébra la messe. À partir de ce moment Édith Stein portera le nom de soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix.
En 1938, elle écrivit : « Sous la Croix je compris le destin du peuple de Dieu qui alors (1933) commençait à s’annoncer. Je pensais qu’il comprenait qu’il s’agissait de la Croix du Christ, qu’il devait l’accepter au nom de tous les autres peuples. Il est certain qu’aujourd’hui je comprends davantage ces choses, ce que signifie être épouse du Seigneur sous le signe de la Croix. Cependant il ne sera jamais possible de comprendre tout cela, parce que c’est un mystère ».
Le 21 avril 1935, elle fit des voeux temporaires. Le 14 septembre 1936, au moment du renouvellement des voeux, sa mère meurt à Wroclaw. « Jusqu’au dernier moment ma mère est restée fidèle à sa religion. Mais puisque sa foi et sa grande confiance en Dieu [...] furent l’ultime chose qui demeura vivante dans son agonie, j’ai confiance qu’elle a trouvé un juge très clément et que maintenant elle est ma plus fidèle assistante, en sorte que moi aussi je puisse arriver au but ».
Sur l’image de sa profession perpétuelle du 21 avril 1938, elle fit imprimer les paroles de saint Jean de la Croix auquel elle consacrera sa dernière oeuvre : « Désormais ma seule tâche sera l’amour ».
L’entrée d’Édith Stein au couvent du Carmel n’a pas été une fuite. « Qui entre au Carmel n’est pas perdu pour les siens, mais ils sont encore plus proches ; il en est ainsi parce que c’est notre tâche de rendre compte à Dieu pour tous ». Surtout elle rend compte à Dieu pour son peuple. « Je dois continuellement penser à la reine Esther qui a été enlevée à son peuple pour en rendre compte devant le roi. Je suis une petite et faible Esther mais le Roi qui m’a appelée est infiniment grand et miséricordieux. C’est là ma grande consolation ». (31-10-1938)
Le 9 novembre 1938, la haine des nazis envers les juifs fut révélée au monde entier. Les synagogues brûlèrent. La terreur se répandit parmi les juifs. La Mère Prieure des Carmélites de Cologne fait tout son possible pour conduire soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix à l’étranger. Dans la nuit du 1er janvier 1938, elle traversa la frontière des Pays-Bas et fut emmenée dans le monastère des Carmélites de Echt, en Hollande. C’est dans ce lieu qu’elle écrivit son testament, le 9 juin 1939 : « Déjà maintenant j’accepte avec joie, en totale soumission et selon sa très sainte volonté, la mort que Dieu m’a destinée. Je prie le Seigneur qu’Il accepte ma vie et ma mort [...] en sorte que le Seigneur en vienne à être reconnu par les siens et que son règne se manifeste dans toute sa grandeur pour le salut de l’Allemagne et la paix dans le monde ».
Déjà au monastère des Carmélites de Cologne on avait permis à Édith Stein de se consacrer à ses oeuvres scientifiques. Entre autres elle écrivit dans ce lieu « De la vie d’une famille juive ». « Je désire simplement raconter ce que j’ai vécu en tant que juive ». Face à « la jeunesse qui aujourd’hui est éduquée depuis l’âge le plus tendre à haïr les juifs [...] nous, qui avons été éduqués dans la communauté juive, nous avons le devoir de rendre témoignage ».
En toute hâte, Édith Stein écrira à Echt son essai sur « Jean de la Croix, le Docteur mystique de l’Église, à l’occasion du quatre centième anniversaire de sa naissance, 1542-1942″. En 1941, elle écrivit à une religieuse avec laquelle elle avait des liens d’amitié : « Une scientia crucis (la science de la croix) peut être apprise seulement si l’on ressent tout le poids de la croix. De cela j’étais convaincue depuis le premier instant et c’est de tout coeur que j’ai dit : Ave Crux, Spes unica (je te salue Croix, notre unique espérance) ». Son essai sur Jean de la Croix porta le sous-titre : « La Science de la Croix ».
Le 2 août 1942, la Gestapo arriva. Édith Stein se trouvait dans la chapelle, avec les autres soeurs. En moins de 5 minutes elle dut se présenter, avec sa soeur Rose qui avait été baptisée dans l’Église catholique et qui travaillait chez les Carmélites de Echt. Les dernières paroles d’Édith Stein que l’on entendit à Echt s’adressèrent à sa soeur : « Viens, nous partons pour notre, peuple ».
Avec de nombreux autres juifs convertis au christianisme, les deux femmes furent conduites au camp de rassemblement de Westerbork. Il s’agissait d’une vengeance contre le message de protestation des évêques catholiques des Pays-Bas contre le progrom et les déportations de juifs. « Que les êtres humains puissent en arriver à être ainsi, je ne l’ai jamais compris et que mes soeurs et mes frères dussent tant souffrir, cela aussi je ne l’ai jamais vraiment compris [...] ; à chaque heure je prie pour eux. Est-ce que Dieu entend ma prière ? Avec certitude cependant il entend leurs pleurs ». Le professeur Jan Nota, qui lui était lié, écrira plus tard : « Pour moi elle est, dans un monde de négation de Dieu, un témoin de la présence de Dieu ».
À l’aube du 7 août, un convoi de 987 juifs partit en direction d’Auschwitz. Ce fut le 9 août 1942, que soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, avec sa soeur Rose et de nombreux autres membres de son peuple, mourut dans les chambres à gaz d’Auschwitz.
Avec sa béatification dans la Cathédrale de Cologne, le ler mai 1987, l’Église honorait, comme l’a dit le Pape Jean-Paul II, « une fille d’Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive ».

Pape Benoît: les témoignages d’Edith Stein et de Maximilien Marie Kolbe (2008)

1 août, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080813_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 13 août 2008        

Celui qui prie ne perd jamais l’espérance,

les témoignages d’Edith Stein et de Maximilien Marie Kolbe

Chers frères et sœurs!

De retour de Bressanone, où j’ai pu passer une période de repos, je suis content de vous rencontrer et de vous saluer, chers habitants de Castel Gandolfo, et vous pèlerins qui êtes venus aujourd’hui me rendre visite. Je voudrais encore une fois remercier ceux qui m’ont accueilli et ont veillé sur mon séjour en montagne. Ce furent des jours de détente sereine, au cours desquels je n’ai cessé de rappeler au Seigneur tous ceux qui s’en remettent à mes prières. Et ils sont vraiment très nombreux tous ceux qui m’écrivent en me demandant de prier pour eux. Ils m’expriment leurs joies, mais aussi leurs inquiétudes, leurs projets de vie, ainsi que les problèmes familiaux et professionnels, les attentes et les espoirs qu’ils portent dans leur cœur, avec les angoisses liées aux incertitudes que l’humanité vit en ce moment. Je peux assurer que je me souviens de tous et de chacun, en particulier lors de la célébration quotidienne de la Messe et de la récitation du Rosaire. Je sais bien que le premier service que je peux rendre à l’Eglise et à l’humanité est précisément celui de la prière, parce qu’en priant je place entre les mains du Seigneur avec confiance le ministère qu’il m’a lui-même confié, avec le destin de toute la communauté ecclésiale et civile.
Celui qui prie ne perd jamais l’espérance, même lorsqu’il en vient à se trouver dans des situations difficiles voire humainement désespérées. C’est ce que nous enseigne la Sainte Ecriture et ce dont témoigne l’histoire de l’Eglise. Combien d’exemples, en effet, pourrions nous apporter de situations où ce fut véritablement la prière qui soutint le chemin des saints et du peuple chrétien! Parmi les témoignages de notre époque je voudrais citer celui de deux saints dont nous célébrons ces jours-ci la mémoire:  Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein, dont nous avons célébré la fête le 9 août, et Maximilien Marie Kolbe, que nous célébrerons demain, 14 août, veille de la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. Tous deux ont conclu leur vie terrestre par le martyre dans le camp d’Auschwitz. Apparemment leurs existences pourraient être considérées comme un échec, mais c’est précisément dans leur martyre que resplendit l’éclair de l’Amour, qui vainc les ténèbres de l’égoïsme et de la haine. A saint Maximilien Kolbe sont attribuées les paroles suivantes qu’il aurait prononcées en pleine fureur de la persécution nazie:  « La haine n’est pas une force créatrice:  seul l’amour en est une ». Et il apporta une preuve héroïque de l’amour en s’offrant généreusement en échange de l’un de ses compagnons de prison, une offrande qui culmina par sa mort dans le bunker de la faim, le 14 août 1941.
Edith Stein, le 6 août de l’année suivante, à trois jours de sa fin dramatique, approchant des consœurs du monastère de Echt, en Hollande, leur dit:  « Je suis prête à tout. Jésus est ici aussi au milieu de nous, jusqu’à présent j’ai pu très bien prier et j’ai dit de tout mon cœur:  « Ave, Crux, spes unica »". Des témoins qui parvinrent à échapper à l’horrible massacre racontèrent que Thérèse Bénédicte de la Croix, tandis qu’elle revêtait l’habit carmélitain, avançait consciemment vers sa mort, elle se distinguait par son comportement empli de paix, par son attitude sereine et par des manières calmes et attentives aux nécessités de tous. La prière fut le secret de cette sainte copatronne de l’Europe, qui « même après être parvenue à la vérité dans la paix de la vie contemplative, dut vivre jusqu’au bout le mystère de la Croix » (Lettre apostolique Spes aedificandi, Enseignements de Jean-Paul II, XX, 2, 1999, p. 511).
« Ave Maria! »:  ce fut la dernière invocation sur les lèvres de saint Maximilien Marie Kolbe tandis qu’il tendait le bras à celui qui le tuait par une injection d’acide phénique. Il est émouvant de constater comment le recours humble et confiant à la Vierge est toujours une source de courage et de sérénité. Alors que nous nous préparons à célébrer la solennité de l’Assomption, qui est l’une des célébrations mariales les plus chères à la tradition chrétienne, nous renouvelons notre consécration à Celle qui depuis le Ciel veille à tout instant sur nous avec un amour maternel. Tel est en effet ce que nous disons dans la prière familière du « Je vous salue Marie », en lui demandant de prier pour nous « aujourd’hui et à l’heure de notre mort ».

28 JUILLET – SAINT NAZAIRE et SAINT CELSE – MARTYR

28 juillet, 2011

du site:

http://www.magnificat.ca/cal/fran/07-28.htm

28 JUILLET – SAINT NAZAIRE et SAINT CELSE

Martyrs

(Ier siècle)

Nazaire naquit à Rome, d’un père païen, nommé Africanus, et d’une pieuse mère nommée Perpétue, qui avait été baptisée par saint Pierre. L’enfant répondit admirablement aux leçons maternelles et brilla par ses vertus précoces et son innocence.
Parvenu à sa neuvième année, Nazaire fut sollicité par son père d’abandonner le christianisme; mais il préféra la vérité au mensonge, fut baptisé par saint Lin et devint un des plus fervents chrétiens de Rome. Son père, irrité, employa la violence pour vaincre sa fermeté; mais, enfin, plein d’admiration pour ce fils, il lui fournit lui-même les moyens d’accomplir le projet hardi qu’il avait formé d’aller prêcher la foi.
Nazaire parcourut l’Italie, semant l’Évangile parmi les populations païennes et les édifiant par ses vertus. A Milan, son premier soin fut d’aller visiter les martyrs Gervais et Protais dans leur prison et de les fortifier dans la lutte par ses paroles. Saisi lui-même comme chrétien, il est cruellement flagellé et chassé de la ville. Près de Nice, il s’attache comme disciple un enfant nommé Celse, après l’avoir instruit et baptisé. Nazaire et Celse ne se séparent plus. Les conversions se multiplient d’une manière étonnante; Nazaire est de nouveau soumis à de cruelles tortures, puis rendu à la liberté, à la condition de ne plus reparaître dans ce pays.
Les deux saints jeunes gens remontent alors les Alpes, traversant sans se décourager d’immenses et solitaires forêts, des rochers inaccessibles, de rares villages où vivaient de pauvres idolâtres, et arrivent à Embrun, où leur zèle opère des prodiges de conversions. Vienne, Genève, Trèves entendent tour à tour leur voix, rendue éloquente par l’amour de Jésus-Christ. Les contradictions et la persécution donnent à leur prédication une fécondité nouvelle.
Condamnés à être noyés, ils marchent sur les ondes comme sur une terre ferme. Après cet éclatant miracle, Nazaire et Celse reprennent la route de Milan, où ils sont bientôt arrêtés comme chrétiens et zélateurs de la foi. A la lecture de la sentence de mort, ils se jettent, joyeux, dans les bras l’un de l’autre: « Quel bonheur pour nous, s’écrie Nazaire, de recevoir aujourd’hui la palme du martyre! ? Je Vous rends grâces, ô mon Dieu, dit Celse, de ce que Vous voulez bien me recevoir, si jeune encore, dans Votre gloire. » Ils sont alors conduits sur une place publique de Rome, où ils ont la tête tranchée, vers l’an 56 de l’ère chrétienne.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.

Le saint du mois (23 Février) St POLYCARPE

22 février, 2011

du site:

http://catholiquedu.free.fr/revelation/paroissiales/SAINTS/23Fevrier.htm

Le saint du mois (23 Février)   St POLYCARPE

Saint POLYCARPE, disciple de St, jean, fut établi par l’Apôtre qui a écrit notre 4ème Évangile et le Livre de l’Apocalypse à la tête de l’Eglise de Smyrne. Il mourut Martyr un Samedi 23 Février de l’an 155 ou 157. Voici quelques extraits du récit de son Témoignage apporté par des témoins oculaires

Nuit et jour, il ne faisait que prier pour- tous les hommes et pour toutes les Eglises du monde : c’était sa coutume. Au cours d’une vision, il vit son dessous de tête consumé par les flammes. Alors, il se tourna vers ses compagnons et leur dit : « Je serai brûlé vif « .
Le Vendredi, vers l’heure du souper, gardes et cavaliers sortirent, comme à I’accoutumée, et. . firent irruption… Au bruit que faisaient les policiers, il descendit et leur fit servir aussitôt à boire et à manger… leur demanda de lui laisser seulement une heure pour prier à sa guise… Rempli de la grâce de Dieu, deux heures durant, il ne put cesser de (Lui) parler. Ceux qui l’entendaient étaient bouleversés, et beaucoup se repentaient d’être venus arrêter un vieillard aussi saint. -.
Le chef’ de la police nommé Hérode et son père le firent monter dans leur voiture
Ils essayaient de l’ébranler… Il déclara : « Je ne ferai rien de ce que vous me demandez « … Alors, ils se mirent à l’insulter et le poussèrent si brutalement hors de la voiture. . qu’il se blessa une jambe.
Au moment où l’Evêque pénétrait dans l’amphithéâtre, une voix retentit du Ciel : « COURAGE POLYCARPE, ET SOIS FORT »… : ceux d’entre les nôtres qui étaient présents avaient entendu cette voix.
Le Proconsul, à son tour, s’efforce de lui arracher son reniement : « Rétracte-toi, dis seulement : « À bas les athées » (qui n’adorent pas les dieux). Alors, Polycarpe jeta un regard de sévérité sur cette populace de païens, et, agitant la main dans leur direction, il soupira, leva les yeux au Ciel et dit :  » A bas les athées » ( ceux qui n’adorent pas Dieu). « Maudis le Christ ». « Voilà 86 ans que je le sers et Il ne m’a fait aucun mal. Comment pourrais-je outrager mon Roi et mon Sauveur ? … . Puisque tu feins d’ignorer qui je suis, entends-le de moi franchement : Je suis Chrétien. Et si tu veux apprendre la Sagesse de ma religion, accorde-moi un jour et écoute-moi… « 

« J’ai des fauves reprit le proconsul, je te jetterai sous leurs dents si tu n’abjures pas ». « . Appelle-les… Nous n’acceptons pas de conversion qui nous fasse passer du bien au mal. S’il s’agit de s’acheminer du péché à la Justice, alors, nous changeons volontiers ». L’autre insistait : « Je te livrerai aux flammes ». Polycarpe dit : « Tu me menaces d’un feu qui brûle une heure et s’éteint parce-que tu ne connais pas le Feu du Jugement futur et du châtiment éternel qui attend les impies…  »
( La foule cependant trépigne de rage et hurle qu’il soit brûlé vif )
Lorsque le bûcher fut dressé, Polycarpe se dépouilla lui-même… On voulut le clouer au poteau ; mais sachant que l’Amour l’y tiendrait attaché, il dit : « Laissez-moi libre. Celui qui me fait consentir au feu m’aidera aussi sans la précaution de vos clous à ne pas faiblir sur le bûcher ». Alors on alluma le feu. Celui-ci s’arrondit en forme de voûte (comme une coupole) comme la voile d’un vaisseau gonflée par le vent qui entourait comme d’un rempart le corps du Martyr… Lui était au milieu non comme une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit… Et nous respirions des effluves aussi douces que l’encens ou d’autres aromates précieux… Voyant que le feu ne pouvait consumer son corps, les impies ordonnèrent au bourreau de le percer de son poignard… L’homme s’exécuta. Un flot de sang jaillit qui éteignit le feu
Étonnante figure que celle de ce vieillard de 86 ans que rien ne fléchit quand il s’agit du Christ… la persécution de Marc-Aurèle du reste cessa aussitôt, et les chrétiens comprirent que c’est par sa mort que cet Evêque de Smyrne y avait mis le sceau !

St Polycarpe, priez pour nous ! ! !

Une exhortation venue de l’Antiquité : Les Martyrs d’Abitène, Ils sont morts pour avoir pris la sainte Cène – un dimanche de Février !

11 février, 2011

 du site:

http://www.blogdei.com/3484/une-exhortation-venue-de-l-antiquite-pourquoi-il-faut-que-les-croyants-se-reunissent-le-dimanche/

Une exhortation venue de l’Antiquité : Pourquoi il faut que les croyants se réunissent le dimanche
par nicolas le 13 avril 2008 · 7 commentaires

dans la rubrique Histoire de l’Eglise         

NDLR: Sans entrer dans la polémique du samedi, du dimanche, retenons qu’il est important, pour les croyants, de SE RÉUNIR. Merci à John Vallotton pour cette exhortation tirée de son bulletin « Vision ».
(je ne cannais pas cette question, je poste ce texte pour le Martyr de Abitene)

Ecoutons nos frères des premiers siècles !
Sans nous réunir le dimanche pour célébrer le repas du Seigneur nous ne pouvons pas vivre. Ainsi s’expriment, en l’an 304, devant le tribunal de Carthage en Tunisie, ceux et celles qui vont devenir les martyrs d’Abitène (voir ci-dessous).
« Le jour du Seigneur, il faut courir avec diligence à l’Église », … « et que personne ne manque à l’assemblée » : telles sont les consignes de la Didaché des apôtres, (ce célèbre texte qui nous vient du début du IIe siècle).
« Le jour qu’on appelle Jour du Soleil (cf. aujourd’hui Sonntag, Sunday…), tous, dans les villes ou à la campagne, se réunissent dans un même lieu », témoigne Justin Martyr au milieu du IIe siècle…
« Ils se réunissent à jour fixe, avant l’aube, pour chanter une hymne au Christ… » dit le rapport de police qu’écrit en l’an 112 le gouverneur romain Pline le Jeune à l’empereur Trajan: il parle bien sûr des chrétiens !
Dès la fin du premier siècle, Ignace d’Antioche écrit cette parole splendide : « Le Dimanche est le jour où notre vie se lève par le Christ ! »
Alors ils sortent du lit !
Ils se bougent ! Ils s’assemblent ! Même s’il faut aller un peu plus loin que d’habitude ! Même s’ils n’en ont pas envie !
Parce que chaque membre de l’équipe Église doit pouvoir compter sur la présence de tous les autres…
Ils font la joie de Dieu leur Père, s’ils ont compris qu’ils étaient « convoqués » à l’Assemblée.
C’est bien plus fort qu’« invités ».
Parce que le corps a besoin de tous les membres: un seul membre lui manque et tout le corps est amputé.
Ils font la joie de Dieu leur Père, s’ils se saluent comme des frères, avant de prier.
Frères différents, frères difficiles, frères ennemis parfois, mais frères quand même.
Ils font la joie de Dieu leur Père, s’ils savent se reconnaître, lucidement et humblement, pécheurs encore aimés, pardonnables, encore appelés, encore envoyés.
Ils font la joie de Dieu leur Père, s’ils savent écouter attentivement la Parole, parce que cette Parole est unique ; elle s’est faite totalement chair dans le Fils.
Ils font la joie de Dieu leur Père, s’ils cherchent à s’unir à l’offrande parfaite que Jésus fait de Lui-même.
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Les Martyrs d’Abitène, Ils sont morts pour avoir pris la sainte Cène - un dimanche de Février !

Les martyrs d’Abitène sont un groupe de chrétiens d’Afrique du Nord mis à mort au printemps 304. Ces martyrs sont commémorés le 12 Février par l’église catholique. Au IIIe siècle, l’actuelle Tunisie, à l’époque partie de l’Afrique proconsulaire, fait partie de l’Empire romain.
En refusant les cultes civiques de Rome, les chrétiens qui pratiquent l’évangélisation se rendent coupables de crime contre la raison d’État. En 250, l’empereur décide de rendre obligatoire le culte impérial. Les chrétiens seront condamnés s’ils refusent de se convertir.
Cyprien, évêque de Carthage, est décapité en 258. Quatre édits sont signés par l’empereur Dioclétien en 303 et 304 ordonnant la destruction des édifices du culte chrétien et des Saintes Écritures et obligation pour tous les chrétiens d’apostasier.
En 304, dans une petite localité nommée Abitène, située près de Carthage, 49 chrétiens réunis dans la maison d’Octave Félix, sont surpris un dimanche célébrant la sainte cène. Arrêtés le 12 février, ils sont amenés les pieds enchaînés à Carthage pour être interrogés par le proconsul Anulinus. La réponse d’un certain Emeritus au proconsul qui lui demandait la raison de leur réunion: « Sans nous réunir le dimanche pour célébrer le repas du Seigneur, nous ne pouvons pas vivre, les forces nous manqueraient pour affronter les difficultés quotidiennes »
Après d’atroces tortures, ils sont mis à mort.

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