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7 MARS – SAINTES FÉLICITÉ & PERPÉTUE, BIOGRAPHIE

6 mars, 2015

http://missel.free.fr/Sanctoral/03/07.php

7 MARS – SAINTES FÉLICITÉ & PERPÉTUE

BIOGRAPHIE

Lors de la persécution ordonnée par Septime-Sévère[1], Perpétue et Félicité furent arrêtée à Thuburbo, ville épiscopale de la Proconsulaire (aujourd’hui Tebourba, en Tunisie). Perpétue, âgée de vingt-deux ans, était patricienne ; elle était encore catéchumène et mère d’un tout jeune enfant. Félicité qui était esclave, était enceinte et elle accoucha d’une fille dans la maison. Malgré les supplications de son père qui l’implore de se soumettrez et malgré son angoisse d’avoir à priver son enfant de sa mère, Perpétue demeure ferme jusqu’au bout. Perpétue et Félicité sont martyrisées dans l’amphithéatrum Castrense de Carthage, le 7 mars 303, avec Saturus, Satuminus, Revocatus et Secundulus.
« Le jour se leva, où les martyrs allaient remporter la victoire, et ils sortirent de la prison pour s’avancer vers l’amphithéâtre comme s’ils allaient au ciel. Ils avaient des visages gais et radieux, et s’ils tremblaient, c’était de joie, non de peur. Perpétue, la première, fut frappée par les cornes d’une vache furieuse et tomba à la renverse. Puis elle se releva et voyant que Félicité avait été précipitée sur le sol, elle s’approcha, la prit par la main et l’aida à se redresser. Toutes deux demeurèrent debout. La cruauté du peuple s’apaisa et on les fit sortir par la porte des Vivants. Là, Perpétue fut accueillie par un certain Rustique, alors catéchumène qui était à son service et, comme si elle sortait du sommeil (tellement elle avait été ravie en extase), elle se mit à regarder autour d’elle et dit, à la surprise de tous : ‘ Quand donc serons-nous exposés à cette vache dont on parle ? ’ Et quand elle apprit que cela avait déjà eu lieu, elle ne le crut pas avant d’avoir reconnu sur son corps et sur ses vêtements les marques des coups. Alors, après avoir appelé son frère et ce catéchumène, elle les exhorta ainsi : ‘ Demeurez fermes dans la foi, aimez vous tous les uns les autres, et ne soyez pas ébranlés par nos souffrances ’. De même, Saturus, à une autre porte, s’adressait ainsi au soldat Pudens : ‘Finalement, comme je l’avais pensé et annoncé par avance, je n’ai vraiment rien souffert d’aucune bête jusqu’ici. Et maintenant, crois de tout ton coeur: voici que je vais au-devant du léopard, et par une seule de ses morsures je parviens au but ’. Et aussitôt, à la fin du spectacle, il fut livré à un léopard. A la première morsure, il fut tellement inondé de sang que le peuple, lorsqu’il revint, cria, comme si l’on était aux bains : ‘ Baigne-toi et bonne santé ! Baigne-toi et bonne santé ! ’ Ce cri témoignait qu’il avait reçu le second baptême, celui du sang. Et, certes, après un tel bain, il avait trouvé le salut. Alors il dit au soldat Pudens : ‘ Adieu, garde mon souvenir et garde la foi. Que tout cela, au lieu de t’ébranler, te fortifie ’. En même temps il lui demanda l’anneau qu’il portait au doigt et, après l’avoir plongé dans sa blessure, il le lui remit en héritage, lui laissant cette relique, ce mémorial de son sang. Puis, comme il est inanimé, on le jette avec les autres dans le local où l’on devait les égorger. Mais, comme le peuple les réclamait au milieu de l’arène pour être témoin oculaire de leur mise à mort en voyant l’épée s’enfoncer dans leurs corps, ils se levèrent d’eux-mêmes et se portèrent à l’endroit voulu par le peuple. Mais d’abord ils s’embrassèrent pour achever la célébration de leur martyre par le rite du baiser de paix. Tous reçurent le coup d’épée, immobiles et silencieux; en particulier Saturus qui rendit l’esprit le premier, lui qui était monté le premier à l’échelle de la vision de Perpétue, pour attendre celle-ci. Perpétue, quant à elle, devait faire l’expérience de la douleur: frappée entre les côtes, elle poussa un grand cri ; puis, comme la main du gladiateur débutant hésitait, elle la poussa elle-même sur sa gorge. Sans doute une telle femme ne pouvait-elle être mise à mort autrement, elle qui faisait peur à l’esprit mauvais: il fallait qu’elle-même le veuille ».
De temps immémorial les saintes Félicité et sainte Perpétue (citées au canon de la messe, première prière eucharistique) étaient honorées le 7 mars sous le rite simple ; en 1901, saint Pie X éleva leur fête au rite double et la fixa au 6 mars. Paul VI remit leur fête au 7 mars.

[1] Sous Septime Sévère (193-211), fondateur de la dynastie syrienne, s’annonce pour le christianisme une phase de développement inexorable. Des chrétiens occupent à la cour des positions influentes. Dans la dixième année de règne (202), l’Empereur change radicalement de position : un édit prescrit de graves peines pour ceux qui se convertissent au judaïsme et à la religion chrétienne. On ne peut comprendre le changement soudain de l’empereur que si on pense qu’il s’est rendu compte que les chrétiens s’unissent toujours plus fortement en une société religieuse universelle et organisée, dotée d’une grande capacité intime d’opposition qui, en vertu de la raison d’État, lui semble suspecte. Les dommages les plus importants seront encourus par Alexandrie et les communautés chrétiennes d’Afrique.

RÉCIT DU MARTYRE DE SAINT POLYCARPE

23 février, 2015

http://www.patristique.org/Recit-du-martyre-de-saint.html

RÉCIT DU MARTYRE DE SAINT POLYCARPE

Nous sommes à Smyrne en l’an 156. La persécution, sous les Antonins, était modérée et venait moins d’une politique systématique que des dénonciations de païens, qui répandaient force calomnies sur les cultes nouveaux. Les autorités, sans être dupes, mettaient à mort les chrétiens arrêtés ; à leurs yeux, ils commettaient au moins un crime de lèse-majesté en ne sacrifiant pas aux dieux, c’est-à-dire en ne reconnaissant pas la souveraineté absolue des Césars.
Le martyre de Polycarpe émane ainsi de pressions populaires, et des autorités locales, mues par un esprit de démagogie et la volonté de faire un exemple. Ce supplice représente cependant un cas relativement isolé à cette période.
Polycarpe, qui nous a laissé une épître (peut-être deux) aux Philippiens, était, dit-on, un disciple de saint Jean. Évêque de Smyrne, il avait fréquenté Ignace d’Antioche et Irénée de Lyon. À une telle école, le martyr ne se contente pas d’être un témoin du Christ, il veut être son imitateur, jusqu’à revivre lui-même les souffrances et la mort de son Maître qui le mettront en communion étroite avec son corps. Entre l’Évangile et la passion de Polycarpe, les coïncidences affluent, de noms, de lieux, de circonstances, mais plus profondément retentissent les grands mots évangéliques de la Passion, les « il faut », les « je suis », les métaphore du « pain » que dore le feu du supplice.
C’est le plus ancien récit de martyre qui nous soit parvenu. Il fut diffusé dans toute la chrétienté et servit de modèle à d’autres « imitateurs du Christ ».

RÉCIT DU MARTYRE DE POLYCARPE
L’Église de Dieu qui réside à Smyrne à l’Église de Dieu qui est à Philomélion et à toutes les communautés que l’Église sainte et universelle a partout établies. Que Dieu notre Père et notre Seigneur Jésus-Christ vous remplissent de miséricorde, de paix et d’amour !
Frères, c’est pour vous que nous rédigeons les actes des martyrs et du bienheureux Polycarpe, dont le supplice sembla achever la persécution en la frappant de son sceau.
En presque tous les événements qui précédèrent sa mort, le Seigneur nous montre un martyre tout entier évangélique. Polycarpe a attendu d’être livre, comme le Seigneur, afin qu’imitant son exemple, nous regardions moins notre intérêt que celui de notre prochain. L’amour, quand il est vrai et fort, n’incline pas à se sauver seul, il aspire au salut de tous les frères.
Bienheureux et vaillants, tous ces martyrs qui firent honneur à Dieu ! Ayons en effet assez de foi pour attribuer à Dieu cette liberté au sein de tant d’épreuves ! Qui n’admirerait le courage de ces hommes, leur patience, l’amour qu’ils portaient à leur Maître ? Lacérés par les fouets qui mettaient à vif leurs veines et leurs artères, ils ne fléchissaient pas, alors que les assistants ne pouvaient réprimer des cris de douleur et de pitié. Mais chez eux, l’on n’entendait ni gémissement ni soupir, et leur vaillance prouva qu’à l’heure où on les suppliciait, ces admirables témoins du Christ avaient déjà quitté leur corps, ou plutôt que le Seigneur était là et s’entretenait avec eux.
Ravis par la grâce du Christ, ils n’avaient que mépris pour les tortures infligées, puisqu’une heure leur gagnait la vie éternelle. Le feu de leurs bourreaux inhumains leur semblait froid. Un autre feu les inquiétait, qu’ils voulaient fuir, éternel celui-là, destiné à ne jamais s’éteindre. Ils considéraient avec leurs yeux du cœur les bienfaits que Dieu réserve au courage, que l’oreille n’a pas entendus, que l’œil n’a pas vus, et qui ne sont pas montés au cœur de l’homme (1 Co 2, 9). Mais le Seigneur les leur découvrait puisqu’ils n’étaient plus des hommes mais déjà des anges.
Ceux que l’on avait condamnés aux bêtes supportèrent aussi d’abominables tourments : on les étendait sur des coquillages hérissés de pointes, on les soumettait aux tortures les plus raffinées, espérant, par la variété et la longueur de ces supplices, qu’ils finiraient par renier leur foi.
Le Diable contre eux déploya toutes sortes de ruses. Grâce à Dieu, il n’en vainquit aucun. L’un des plus résolus, Germanicus, fortifiait les plus faibles par son intrépidité : son combat avec les bêtes fut admirable. Le proconsul essayait de le convaincre, il le suppliait d’avoir pitié de sa jeunesse, mais lui, impatient d’en finir avec ce monde d’injustice et de cruauté, provoqua le fauve qui se jeta sur lui. Alors la foule, déchaînée par le courage des chrétiens et par la foi de cette race ardente, hurla : « A mort, les impies, qu’on cherche Polycarpe ! »
Un seul défaillit, à la vue des bêtes. C’était un Phrygien, arrivé depuis peu de son pays ; il se nommait Quintus. Il s’était de lui-même dénoncé, entraînant avec lui quelques compagnons. Le proconsul, à force d’insister, réussit à le faire abjurer et il sacrifia. Aussi n’y a-t-il pas lieu de féliciter ceux qui vont au-devant du martyre ; un tel zèle n’est pas évangélique.
Polycarpe, le plus admirable de tous, ne se laissa pas d’abord émouvoir par les rumeurs de persécution. Il voulait rester en ville. Mais comme son entourage le pressait d’aller se mettre à l’abri, il gagna une petite maison non loin de Smyrne et il l’habita avec quelques amis, ne faisant qu’y prier jour et nuit, pour tous les hommes et toutes les Églises de ce monde, selon la coutume.
C’est au cours de sa prière que, trois jours avant d’être arrêté, il eut une vision : son oreiller prenait le feu et était entièrement consumé. Alors il se tourna vers ses compagnons : « Il faut que je sois brûlé vif. »
Cependant on le recherchait activement. Il dut gagner une seconde cachette ; à peine y arrivait-il que les gens lancés à sa poursuite firent irruption dans la première maison. Ne l’y trouvant pas, ils saisirent deux jeunes esclaves, en torturèrent un, qui parla. Polycarpe désormais ne pouvait plus leur échapper, puisqu’il avait été dénoncé par un des siens. L’irénarque qui répondait au nom d’Hérode, était pressé de le conduire au stade. Ainsi Polycarpe accomplirait-il sa destinée, en ne faisant qu’un avec le Christ, tandis que ceux qui l’avaient livré subiraient le châtiment de Judas.
Ils emmenèrent le jeune esclave. C’était un vendredi, vers l’heure du dîner. Les policiers, à pied et à cheval, armés jusqu’aux dents, se mirent en chasse, comme s’ils couraient après un brigand. Tard dans la soirée, les voilà qui trouvent la maison et se lancent à l’assaut. Il était couché à l’étage supérieur. Une fois encore, il aurait pu s’échapper, mais il refusa : « Que la volonté de Dieu soit faite », dit-il.
Quand il sut qu’ils étaient là, il descendit et engagea la conversation. Son âge et sa sérénité les frappèrent et ils ne comprenaient pas qu’on ait mis tant de police sur le pied de guerre pour arrêter un si noble vieillard. Mais lui, malgré l’heure tardive, les invita aussitôt à manger et à boire à satiété, il leur demanda seulement de lui laisser une heure pour prier en paix. Ils le lui accordèrent. Alors, debout, il se mit à prier, si intensément pénétré de la grâce de Dieu que deux heures durant il ne cessa de parler et d’impressionner ceux qui l’écoutaient. Beaucoup se repentaient d’être venus arrêter un vieillard aussi saint.
Quand il eut achevé sa prière, où il avait fait mémoire de tous ceux qu’il avait rencontrés dans sa vie, petits ou grands, illustres ou obscurs, et de toute l’Église catholique, répandue dans le monde entier, l’heure du départ était arrivée. On le jucha sur un âne et on le conduisit à la ville : c’était le jour du grand sabbat. L’irénarque Hérode, ainsi que son père Nicétès, vinrent au-devant de lui et le firent monter dans leur carrosse. Assis à ses côtés, ils essayèrent de le fléchir, disant : « Quel mal y a-t-il à dire Seigneur César, à sacrifier et à observer notre religion pour sauver sa vie ? »
Mais lui ne leur répondit d’abord pas et, comme ils insistaient, il leur déclara : « Je ne suivrai pas vos conseils ». Humilés par leur échec, ses interlocuteurs l’accablèrent d’injures et le poussèrent si brutalement de la voiture qu’en descendant il s’écorcha la jambe. Mais il n’en parut pas troublé, et il marcha d’un pas résolu, comme s’il ne sentait rien, vers le stade où on le conduisait.
Du stade montait une énorme rumeur et nul ne pouvait s’y faire entendre. Quand Polycarpe en franchit les portes, une voix retentit du ciel : « Courage, Polycarpe, et sois un homme ». Nul ne vit qui avait parlé, mais ceux des nôtres qui étaient présents entendirent la voix. On fit entrer Polycarpe. Quand la foule apprit qu’il avait été arrêté, les clameurs redoublèrent.
Le proconsul le fit comparaître devant lui et lui demanda s’il était Polycarpe. « Oui », répondit celui-ci. Alors il essaya de le faire abjurer : « Respecte ton âge », disait-il.Suivaient toutes les paroles que l’on tenait en pareil cas : « Jure par la fortune de César, rétracte-toi, crie : à mort les impies ! »
Alors Polycarpe jeta un œil sombre sur cette populace de païens massée dans le stade, et pointa sa main vers elle. Puis il soupira, et, les yeux levés au ciel, il dit : « A bas les impies ! » Le proconsul le pressait de plus belle : « Jure donc et je te libère, maudis le Christ ! »
Polycarpe répondit : « Si tu t’imagines que je vais jurer par la fortune de César, comme tu dis, en feignant d’ignorer qui je suis, écoute-le donc une bonne fois : je suis chrétien. Voilà quatre-vingt-six ans que je le sers et il ne m’a fait aucun mal. Comment pourrais-je insulter mon roi et mon sauveur ? Si le christianisme t’intéresse, donne-toi un jour pour m’entendre ». Le proconsul lui dit : « Essaie de convaincre le peuple ». Mais Polycarpe répliqua : « Avec toi, je veux bien m’expliquer. Dieu nous demande de respecter comme elles le méritent les autorités et les hautes fonctions qu’il a lui-même instituées, du moment que cela ne nous porte pas préjudice. Mais ces gens-là ont trop peu de dignité pour que je défende ma foi devant eux ».
Le proconsul reprit : « J’ai des fauves, je t’y ferai jeter si tu ne changes pas d’opinion ».
- Fais-les venir ! Quand nous changeons, nous, ce n’est pas pour aller du bien au mal. Nous ne consentons à changer que pour devenir meilleurs.
Le magistrat s’irritait : « Je t’envoie au bûcher si tu ne crains pas les fauves. Apostasie donc ».
Polycarpe répliqua : « Tu me menaces d’un feu qui brûle une heure, puis s’éteint rapidement. Tu ignores donc le feu du jugement à venir et du châtiment éternel gardé pour les impies. Mais pourquoi tardes-tu ? Va, donne tes ordres ».

Telles furent ses paroles, et bien d’autres encore. Il rayonnait de courage et de joie, et la grâce inondait sa face. Il ne s’était pas laissé démonter par cette confrontation, c’était au contraire le proconsul qu’elle plongeait dans le désarroi.
Cependant, ce dernier envoya son héraut au milieu du stade pour claironner trois fois : « Polycarpe a avoué qu’il est chrétien ! » La déclaration du héraut mit en fureur toute la foule des païens et des Juifs qui résidaient à Smyrne. Les cris éclatèrent : « C’est lui, le maître de l’Asie, le père des chrétiens, le fossoyeur de nos dieux, c’est lui qui incite les foules à ne plus sacrifier ni adorer ! »
Au milieu de leurs hurlements, ils demandaient à l’asiarque Philippe de lâcher un lion sur Polycarpe. Mais il objecta qu’il n’en avait plus le droit, parce que les combats de fauves étaient clos. Alors d’une seule voix, ils réclamèrent que Polycarpe pérît par le feu. Il fallait en effet que s’accomplît la vision qui lui avait montré son oreiller en flammes, tandis qu’il priait, et qui lui avait arraché devant ses amis ce mot prophétique : « Il faut que je sois brûlé vif ».
Les événements se précipitèrent. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la foule se rua dans les ateliers et dans les bains pour ramasser du bois et des fagots. Les Juifs s’acquittaient de la besogne avec leur zèle habituel. Quand le bûcher fut prêt, le martyr retira lui-même tous ses vêtements, il détacha sa ceinture, puis commença à se déchausser, geste dont les fidèles le dispensaient toujours : dans l’impatience où ils étaient de toucher son corps, tous se précipitaient pour l’aider. Bien avant son martyre, la sainteté de sa conduite inspirait cette unanime révérence.
Rapidement, on disposa autour de lui les matériaux rassemblés pour le feu. Mais, quand les gardes voulurent le clouer au poteau : « Laissez-moi comme je suis, leur dit-il. Celui qui m’a donné la force d’affronter ces flammes me donnera aussi, même sans la précaution de vos clous, de rester immobile sur le bûcher. » Ils ne le clouèrent donc pas et bornèrent à le lier. Les mains derrière le dos, ainsi attaché, il ressemblait à un bélier magnifique, pris dans un grand troupeau pour être offert en sacrifice à Dieu et à lui seul destiné. Alors, il leva les yeux au ciel et dit : « Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de Jésus-Christ, ton Fils béni et bien-aimé, à qui nous devons de te connaître, Dieu des anges, des puissances, de toute la création et du peuple entier des justes qui vivent sous ton regard, je te bénis parce que tu m’as jugé digne de ce jour et de cette heure, et que tu me permets de porter mes lèvres à la coupe de ton Christ, pour ressusciter à la vie éternelle de l’âme et du corps dans l’incorruptibilité de l’Esprit Saint. Accueille-moi parmi eux devant ta face aujourd’hui ; que mon sacrifice te soit agréable et onctueux, en même temps que conforme au dessein que tu as conçu, préparé et accompli. Toi qui ne connais pas le mensonge, ô Dieu de vérité, je te loue de toutes tes grâces, je te bénis, je te glorifie au nom du Grand Prêtre éternel et céleste, Jésus-Christ, ton Fils bien-aimé, par lequel la gloire soit à toi comme à lui et à l’Esprit Saint, aujourd’hui et dans les siècles futurs. Amen ! »
Quand il eut prononcé cet « amen », qui achevait sa prière, les valets allumèrent le feu. Une gerbe immense s’éleva et nous fûmes les témoins d’un spectacle extraordinaire qui ne fut donné à voir qu’à ceux qui avaient été choisis pour ensuite faire connaître ces événements. La flamme s’arrondit. Semblable à la voilure d’un navire que gonfle le vent, elle entoura comme d’un rempart, le corps du martyr. Ce n’était plus une chair qui brûle, c’était un pain que l’on dore, c’était un or et un argent incandescents dans le creuset, et nous respirions un parfum aussi capiteux qu’une bouffée d’encens ou quelque autre aromate de prix.
À la fin, voyant que le feu ne pouvait consumer son corps, les scélérats ordonnèrent au bourreau de l’achever d’un coup de poignard. Il s’exécuta. Un flot de sang jaillit de la plaie et éteignit le feu. Toute la foule s’étonna de la grande différence qui sépare les incroyants des élus.
L’admirable Polycarpe était l’un de ces élus, maître de notre temps, apôtre, prophète, évêque de l’Église catholique de Smyrne. Toute parole sortie de sa bouche s’est vérifiée et se vérifiera.
Le Diable, le jaloux, l’ennemi de la race des justes, voyant la grandeur de son martyre, l’irréprochable conduite qui fut la sienne dès son enfance, la couronne d’incorruptibilité posée sur son front, et la récompense incontestée qu’il remporta, essaya de nous empêcher de retirer son corps que beaucoup étaient, en effet, impatients de reprendre, ne fût-ce que pour toucher cette chair sacrée. Il souffla donc à Nicétès, le père d’Hérode et le frère d’Alcé, de persuader le magistrat de ne pas rendre le corps. Car, disait-il, ils vont oublier leur crucifié pour se mettre à adorer celui-ci. Les Juifs appuyaient frénétiquement ces discours. Ils nous avaient épiés quand nous avions tenté de le reprendre sur le bûcher. Ils ne savaient pas que jamais nous ne pourrons renoncer au Christ qui a souffert pour le salut du monde entier, immolant son innocence à nos péchés ; Nous n’en adorerons jamais un autre. Nous vénérons le Christ parce qu’il est le Fils de Dieu, et nous aimons les martyrs parce qu’ils sont les disciples et les imitateurs du Seigneur. Leur ferveur incomparable envers leur roi et leur maître mérite bien cet hommage. Puissions-nous aussi être leurs compagnons et leurs condisciples.
Quand il vit la querelle que déchaînaient les Juifs, le centurion exposa le corps au milieu de la place, comme c’est l’usage, et le fit brûler. C’est ainsi que nous revînmes plus tard recueillir les cendres que nous jugions plus précieuses que des pierreries et qui nous étaient plus chères que de l’or. Nous les déposâmes en un lieu de notre choix. C’est là que le Seigneur nous donnera, autant que cela se pourra, de nous réunir dans la joie et la fête, pour y célébrer l’anniversaire de son martyre et pour nous souvenir de ceux qui ont combattu avant lui, fortifiant et épaulant ceux qui le feront après.
Telle est l’histoire du bienheureux Polycarpe. Il fut le douzième d’entre nos frères de Philadelphie à souffrir à Smyrne. Son souvenir reste plus vivant que tous les autres et il est le seul dont les païens chantent partout les louanges. Il fut un maître prestigieux, un martyr hors pair, dont tous aimeraient imiter la passion, si fidèle à l’Évangile du Christ. Son courage a eu raison d’un magistrat inique et lui a mérité la couronne d’incorruptibilité. Il partage désormais la joie des apôtres et de tous les justes, il glorifie dieu, le Père tout-puissant, et bénit notre Seigneur Jésus-Christ, le sauveur de nos vies et le guide de nos corps, le pasteur de l’Église catholique répandue dans le monde.
Vous désiriez avoir un rapport détaillé de ces événements. Nous nous bornons ici au récit succinct qu’en a fait notre frère Marcion. Quand vous aurez lu cette lettre, transmettez-là) de proche en proche à nos frères, afin qu’eux aussi rendent gloire au Seigneur, qui choisit ses élus parmi ses serviteurs.
À celui qui, par sa grâce et sa bonté, a le pouvoir de nous conduire tous à son Royaume éternel, par son Fils unique Jésus-Christ, gloire, honneur, puissance, grandeur dans les siècles !
Saluez tous les chrétiens. Ceux qui sont avec nous vous envoient leurs salutations, j’ajoute les miennes et celles d’Évariste le scribe, ainsi que de sa famille.

Source :
Bruno Chenu, Claude Prud’homme, France Quéré, Jean-Claude Thomas, Le livre des martyrs chrétiens, Centurion, Paris 1988, p. 42-49.

13 DÉCEMBRE – SAINTE LUCIE ET SAINTE ODILE

12 décembre, 2014

http://missel.free.fr/Sanctoral/12/13.php

13 DÉCEMBRE – SAINTE LUCIE ET SAINTE ODILE

Sommaire :

Du « choix » entre Sainte Lucie et Sainte Odile
Vie de Ste Lucie
Vie de Sainte Odile
Prières

Du « choix » entre Sainte Lucie et Sainte Odile

Chaque année, le curé qui accorde de l’importance au sanctoral est mis en demeure de choisir entre sainte Lucie et sainte Odile et, quelle que soit celle qu’il choisit de présenter, il s’attire la déception d’une partie de ses paroissiens qui ont de bonnes raisons, familiales ou régionales, de célébrer l’autre.
Il ne manquerait plus que les bretons veuillent fêter leur saint roi Josse qui se fit ermite, ou que les artésiens entendent célébrer leur saint évêque Aubert qui sauva leurs pères de la famine, que les nivernais veuillent rappeler la dédicace de leur cathédrale, que les auvergnats veuillent honorer la sainte recluse Vitalène dont saint Grégoire de Tours raconta la vie, ou que les cadurciens veuillent entendre la messe de leur saint évêque Ursize, voire que les gens d’Ile-de-France se souviennent la sainte moniale de Chelles, Elisabeth-Rose, qui fonda l’abbaye de Rozoy ; heureusement que la fête de sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal a été avancée d’un jour et que sont encore bienheureux les autres français montés sur les autels comme Ponce de Balmey, évêque de Belley, et le dominicain Jean Chauveneau que les protestants martyrisèrent.
Pourquoi ne pas célébrer ensemble sainte Lucie et sainte Odile ? En effet, pendant que l’Eglise chemine à travers l’Avent vers le fulgurent avènement du Soleil de Justice, toutes les deux sont, de singulière façon, les témoins de la lumière du Christ qui éclaire les nations, auquel elles ont parfaitement offert leur vie, l’une dans l’éclatant martyre sanglant et l’autre par l’obscure observance monastique. La brune vierge de Syracuse, Lucie, dont le nom est dérivé du latin lux (la lumière), qui préféra s’arracher les yeux pour goûter la lumière céleste plutôt que de jouir de la lumière terrestre annonce la blonde jeune fille d’Alsace, Odile, qui recouvra la vue lorsque, rejetée par ses parents des honneurs du monde, elle reçut, dans le baptême, la lumière de la foi. Si, pour la fête de la sicilienne, on allume des cierges qui annoncent l’approche du solstice et de la naissance du Christ, dans les attributs de l’alsacienne, on place un coq qui annonce le lever du jour et le triomphe de la lumière du Christ sur les ténèbres de la mort. Quand le propre de Syracuse, par l’intercession de sainte Lucie, nous fait demander à Dieu, d’être délivrés de tout aveuglement de l’esprit et du corps pour mériter plus facilement de contempler les biens célestes, le missel de Frissingue, par l’intercession de sainte Odile, supplie la clémence divine, de nous accorder la grâce de la lumière terrestre et la gloire de l’éternelle clarté. Jadis, au temps ténébreux de l’occupation allemande, l’Alsace espérait la lumière libératrice de la prière de sainte Odile qu’elle priait sur sur sa montagne, tandis que la Lorraine se confiait à sainte Lucie dont elle gardait les reliques à Ottange.
Prions donc ensemble sainte Lucie et saint Odile qui ne seront pas trop de deux, pour nous aider à bien recevoir le Divin Enfant de Noël. Puisse leur commune intercession nous obtenir davantage de grâces pour les pieux exercices de l’Avent : que leurs prières nous aident mieux voir les vérités que le Seigneur nous a révélées, à mieux observer les commandements qu’il nous a donnés et à mieux goûter les secours qu’il nous a préparés.

Vie de Sainte Lucie
Née en Sicile, d’une noble famille, vers la fin du III° siècle, sainte Lucie de Syracuse, refusa le mariage, se défit de tous ses biens en faveur des pauvres avant que se consacrer toute entière à Dieu. Pendant la persécution de Dioclétien, elle préféra mourir de la main du bourreau que de perdre sa virginité (304). Ayant été insensible au feu du bûcher, elle périt la gorge percée par une épée.

Vie de Sainte Odile
Le plus ancien document sur la vie de sainte Odile est un parchemin du X° siècle où un moine a noté ce que la tradition orale transmettait depuis près de deux cents ans, au Mont Saint Odile qui domine la plaine d’Alsace.
Au temps du roi mérovingien Childeric II, Aldaric, troisième duc d’Alsace, père de sainte Odile, tient sous son empire toute la vallée du Rhin, de Strasbourg à Bâle. Aldaric est un chrétien sincère, mais il s’arrache avec peine aux coutumes barbares, ses réactions sont impulsives et même dangereuses : pas de pardon pour qui l’offense. En 660, alors qu’il attendait avec impatience la naissance de son fils premier-né, lui naquit une petite fille aveugle. Son premier réflexe fut de vouloir la tuer, mais devant les pleurs de sa femme, Béreswinde, il accepta de lui laisser la vie à condition que le bébé disparût aussitôt. Béreswinde, bouleversée, se mit en quête d’une nourrice. Odile fut emmenée à Scherwiller, à une trentaine de kilomètres d’Obernai. Devant le beau linge du bébé et les soins particuliers dont il était entouré, les langues allaient bon train. Bientôt Odile ne fut plus en sécurité chez la nourrice et, à un an, dut reprendre la route pour Baume-les-Dames, près de Besançon, où elle franchit les portes d’un monastère.
Pendant toute son enfance, Odile était entourée du silence et de la paix des moniales qui essayaient de lui faire oublier sa cécité : elle apprit à se diriger seule dans le cloître, à reconnaître les appels de la cloche, à chanter par cœur les offices, faisant la joie de ses mères adoptives.
L’évêque Ehrhardt de Ratisbonne arriva un jour au monastère pour, dit-il, baptiser la petite aveugle. Devant la communauté, Ehrhardt prononça les paroles sacramentelles : « Odilia Je te baptise au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Odilia veut dire : soleil de Dieu. Au moment où l’eau coula sur son front, Odile ouvrit les paupières… elle voyait ! Après la guérison, l’évêque fit avertir Aldaric qui n’eut aucun geste de repentir. Il avait maintenant quatre fils et une fille, sa fille aînée était oubliée. Odile demeura donc à Palma chez les religieuses qui lui apprirent aussitôt à écrire et à lire dans les livres saints. La souffrance et la cécité l’avaient mûrie : elle faisait preuve d’une force d’âme et d’un détachement extraordinaires. Au fur et à mesure que les mois passaient, Odile sentait grandir en elle le désir de connaître sa famille. Certains voyageurs qui s’arrêtaient au monastère lui avaient déjà parlé de son frère Hugon qu’ils disaient aimable et généreux. Par l’intermédiaire d’un pèlerin, Odile lui fit parvenir une lettre qui émut Hugon au point qu’il osa affronter son père. L’heure du pardon n’avait pas encore sonné, Aldaric ne voulait pas revoir sa fille mais Hugon écrivit cependant à sa sœur de venir au château, pensant que la vue d’Odile ferait tomber la colère de son père. Hélas, à l’arrivée de sa fille aînée la colère d’Aldaric redoubla : il frappa Hugon qui mourut des suites des blessures. Ce fut le dernier accès de colère du terrible barbare qui, désespéré par la mort de son fils préféré, installa sa fille à Honenbourg et assura sa subsistance. Odile eut la patience de vivre ignorée des siens et se contente de ce que lui donnait son père qu’elle n’osait plus affronter. Elle ne vivait que pour les pauvres avec qui elle partageait ses maigres ressources. Peu à peu Aldaric se transforma et offrit à Odile le Honenbourg et toutes ses dépendances à condition qu’elle priât pour lui.
La jeune fille humiliée va devenir la célèbre Abbesse représentée par les statues et les tapisseries. Son cœur profond, son austère vertu, sa grande charité attirèrent plus de cent trente moniales et la plupart des membres de sa famille. Les travaux commencèrent rapidement pour transformer le Honenbourg en un monastère. Odile qui est une âme d’oraison, couvrit de chapelles tout le sommet de la colline dont la première fut dédiée à Notre-Dame, puis une autre à saint Jean-Baptiste qu’Odile vénérait particulièrement depuis son baptême. Un soir, la moniale chargée d’appeler ses compagnes pour l’office fut éblouie par une violente clarté : Odile conversait avec saint Jean-Baptiste. De jour, de nuit, par petits groupes qui se succédaient, les moniales chantaient sans cesse la louange de Dieu. L’Abbesse était la plus ardente à la prière ; elle aimait la mortification, mais elle était sage et prudente pour ses filles.
Peu de temps après la construction du monastère, Aldaric mourut. Avertie par une vision, Odile le sut en Purgatoire et se mit en prière jusqu’à ce que Notre-Seigneur lui apparût pour lui apprendre l’entrée de son père en Paradis. Une chapelle, dite des larmes, se dresse encore aujourd’hui sur la terrasse du couvent ; la tradition assure qu’une pierre creusée par les genoux de la sainte existe encore devant le maître-autel.
Le Honenbourg était le refuge des pauvres, des malheureux, des malchanceux et des pèlerins qui savaient y trouver bon accueil. Un vieillard tomba en montant vers le monastère. Odile le rencontra un moment plus tard et, comme pour le soulager, il fallait de l’eau, Odile implora le secours de Dieu, frappa le rocher et une source jaillit et ne tarira jamais. Mais la preuve était faite que tous ceux qui désiraient du secours ne pouvaient parvenir au sommet de la colline. Un autre monastère fut construit en bas. Aucun des deux couvents ne voulait se passer de la présence d’Odile qui allait donc du cloître du haut à celui du bas. En chemin elle aidait les éclopés et les infirmes. De toutes parts on venait la voir car on savait que ses mains étaient bénies. Parfois lorsqu’elle pansait des blessés ou des lépreux, les plaies se fermaient et les douleurs s’apaisaient. Sa préférence allait aux aveugles en souvenir de son infirmité. Elle présidait tout, elle prévoyait tout et s’intéressait à chacun en particulier.
Mais ses compagnes la voyaient de plus en plus lasse. Sentant la faiblesse la gagner, Odile se rendit à la chapelle Saint-Jean-Baptiste ; une dernière fois elle s’adressa à ses filles puis, à l’heure de l’office elle les envoya à l’église. Quand les moniales revinrent de l’office, Odile les avait quittées. Leur peine était grande d’autant plus que leur mère était partie sans avoir communié. Elles se mirent en prière et Odile revint à elle. Après les avoir réprimandées, l’Abbesse réclama le ciboire, se communia et quitta définitivement la terre, le 13 décembre 720.

Prières
O Seigneur qui avez guéri autrefois la petite Odile, faites maintenant qu’avec son secours, notre esprit demeure ouvert à vos desseins, et que notre âme reste toujours claire et limpide comme une source. Ainsi soit-il.

O sainte Lucie, servante et de Jésus l’amie,
avec tous les bien venus tu es en paradis en sus.
Des apôtres par la prédication tu as en Dieu dilection,
des docteurs par vraie doctrine tu as Jésus qui t’illumine,
des saints évêques et confesseurs tu as les joies et les honneurs
des vierges comme la marguerite en qui Jésus moult se délite.

Par pitié, par miséricorde, par charité que Dieu t’accorde
si te requiert que pour moi prie qui puisse avoir au ciel la vie
au très puissant Dieu, roi de gloire, qui a tous ceux en sa mémoire
qui sainte Lucie veulent servir et veulent leur corps asservir
a faire son plaisant service pour effacer péché et vice.

Veuille ma prière recevoir et de moi telle pitié avoir
que par ta grâce et la prière de sainte Lucie, ton amie chère,
a qui tu as tes dons promis que ses amis soient au ciel mis,
que telle vie puisse maintenir qu’avec elle au ciel venir
me fasse par son doux souvenir

 

14 AOÛT – SAINT MAXIMILIEN KOLBE

13 août, 2014

http://missel.free.fr/Sanctoral/08/14.php#biographie1

14 AOÛT – SAINT MAXIMILIEN KOLBE

Biographie de St Maximilien Kolbe

Un jour de 1915, à Rome, un homme d’âge mûr vocifère devant frère Maximilien Kolbe contre le Pape et l’Église. Le jeune franciscain engage la discussion. «Je m’y entends, jouvenceau! Je suis docteur en philosophie», s’exclame l’inconnu. «Et moi aussi», riposte le petit frère de vingt et un ans qui en paraît seize. Stupéfait, l’homme change de ton. Alors patiemment, avec une inexorable logique, le frère reprend un à un les arguments de son interlocuteur et les retourne contre lui. «Vers la fin de la discussion, raconte un témoin, le mécréant se tut. Il semblait profondément réfléchir». Qui est donc cet apôtre ardent, décrit par le Pape Paul VI comme un «type d’homme auquel nous pouvons conformer notre art de vivre, lui reconnaissant le privilège de l’apôtre Paul de pouvoir dire au peuple chrétien: Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ (1 Co 11, 1)»?

Les deux couronnes
Raymond Kolbe, le futur saint Maximilien (canonisé par le Pape Jean-Paul II, le 10 octobre 1982), est né le 7 janvier 1894 de modestes tisserands polonais. Son père est très doux, un peu taciturne. Sa mère, Marie, est énergique et travailleuse. Outre deux enfants morts en bas âge, le foyer compte trois garçons, François, Raymond et Joseph. Raymond est violent, indépendant, entreprenant et têtu. D’un naturel vif et primesautier, il éprouve souvent la patience de sa mère qui s’écrie un jour: «Mon pauvre enfant, que deviendras-tu?»
La réprimande provoque chez le petit une véritable conversion. Il devient sage et obéissant. La maman s’aperçoit qu’il disparaît souvent derrière l’armoire où se trouve un petit autel de Notre-Dame de Czestochowa. Là, il prie et pleure. «Voyons, Raymond, lui demande sa mère, pourquoi pleures-tu comme une fille? – Lorsque vous m’avez dit: « Raymond, que deviendras-tu? » j’ai eu beaucoup de peine et je suis allé demander à la Sainte Vierge ce que je deviendrai… La Sainte Vierge m’est apparue, en tenant deux couronnes, l’une blanche et l’autre rouge. Elle m’a regardé avec amour et m’a demandé laquelle je choisissais; la blanche signifie que je serai toujours pur et la rouge que je mourrai martyr. J’ai répondu: « Je choisis les deux! »»
L’âme de l’enfant conserve depuis cette rencontre un amour indéfectible pour la Sainte Vierge. La lecture des écrits de saint Louis-Marie Grignion de Montfort lui apprend que «Dieu veut révéler et découvrir Marie, le chef-d’oeuvre de ses mains, dans ces derniers temps Marie doit briller, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce» (Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge). Il donne sa vie à la Sainte Vierge. La consécration mariale est un don d’amour qui offre toute la personne et qui la lie à l’Immaculée. «De même que l’Immaculée est à Jésus, à Dieu, de même chaque âme va être par Elle et en Elle à Jésus, à Dieu, et cela beaucoup mieux que sans Elle», écrira saint Maximilien. «L’Église catholique a toujours affirmé que l’imitation de la Vierge Marie, non seulement ne détourne pas de l’effort pour suivre fidèlement le Christ, mais qu’elle le rend plus aimable et plus aisé» (Paul VI, Exhortation apostolique Signum Magnum, 13 mai 1967, n. 8).
Attiré par Marie, Raymond Kolbe embrasse la vie religieuse. Le 4 septembre 1910, il revêt l’habit franciscain, et prend pour nom « frère Maximilien Marie ». À l’automne 1912, ses supérieurs l’envoient à l’université grégorienne de Rome. Ses études ne le détournent pas de son idéal de sainteté: il veut procurer à Dieu la plus grande gloire possible. «la gloire de Dieu consiste dans le salut des âmes. Le salut des âmes et la parfaite sanctification de celles-ci, déjà rachetées à grand prix par la mort de Jésus en croix, en commençant naturellement par notre âme, est donc notre noble idéal». Mais la voie du salut se trouve dans l’accomplissement de la volonté de Dieu. Aussi le jeune frère écrit-il à sa mère: «Je ne vous souhaiterai ni la santé, ni la prospérité. Pourquoi? Parce que je voudrais vous souhaiter mieux que cela, quelque chose de tellement bon que Dieu lui-même ne saurait vous souhaiter mieux: qu’en toutes choses la volonté de ce très bon Père se fasse en vous, maman, que vous sachiez en toutes choses accomplir la volonté de Dieu! C’est tout ce que je puis vous souhaiter de mieux».

Sauver toutes les âmes
Puissante contre le mal, Notre-Dame est victorieuse du démon. Aussi, frère Maximilien fonde-t-il la « Mission de l’Immaculée » sur cette parole de Dieu au serpent (le diable): Elle (la Sainte Vierge) t’écrasera la tête (Gn 3, 15 – Vulgate). Le saint relie cette prophétie divine à l’affirmation de la liturgie: «Par vous seule, ô Marie, ont été vaincues toutes les hérésies». Le but de son oeuvre est d’obtenir «la conversion des pécheurs, hérétiques, schismatiques, etc., et particulièrement des francs-maçons; et la sanctification de tous les hommes sous la direction et par l’intermédiaire de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée». Dans son ardeur, il désire la conversion de tous les pécheurs, car le saint ne dira jamais «sauver des âmes», mais «toutes les âmes». Ce désir correspond au dessein de Dieu. Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle (Jn 3, 16). C’est Dieu qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés (1 Jn 4, 10). Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier (1 Jn 2, 2).
Les membres de la « Mission » feront l’offrande totale d’eux-mêmes à la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée, comme instruments dans ses mains, et porteront la Médaille Miraculeuse. Ils réciteront, une fois par jour, la prière suivante: «Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous et pour tous ceux qui n’ont pas recours à Vous, plus particulièrement pour les francs-maçons et pour tous ceux qui vous sont recommandés».

Christianiser la culture
La santé de frère Maximilien n’est pas robuste. Malgré cela, il s’adonne avec courage aux études, passe brillamment ses examens et devient, en 1915, docteur en philosophie. Quatre ans plus tard, il obtient, avec le même succès, un doctorat en théologie. Entre temps, il a reçu l’ordination sacerdotale le 28 avril 1918. Il envisage sa formation intellectuelle dans le but d’instruire le prochain et de contribuer ainsi au salut des âmes.
Son désir est de «faire servir tout progrès à la gloire de Dieu», c’est-à-dire de christianiser la culture moderne. «Les problèmes nouveaux et les recherches suscitées par le progrès du monde moderne, déclare, de nos jours, le Concile Vatican II, seront étudiés très soigneusement. On saisira plus profondément comment la foi et la raison s’unissent pour atteindre l’unique vérité… De la sorte, se réalisera comme une présence publique, durable et universelle, de la pensée chrétienne dans tout l’effort intellectuel vers la plus haute culture; et les étudiants de ces instituts (écoles supérieures, universités et facultés) seront formés à devenir des hommes éminents par leur science, prêts à assumer les plus lourdes tâches dans la société, en même temps que témoins de la foi dans le monde» (Gravissimum educationis, 10).
Mais le saint doit expérimenter que le bien ne se fait pas sans la croix. En effet, comme le rappelle sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, «seule la souffrance enfante les âmes». Vers la fin de 1919, on l’envoie à Zakopane, dans un sanatorium où les secours religieux font défaut. Bien que malade, il entreprend un difficile apostolat auprès de ses compagnons, à l’aide de médailles miraculeuses. Il gagne les coeurs et les esprits un à un et fait si bien qu’on l’invite à donner des conférences. L’apôtre de Marie n’attendait que cela. Beaucoup d’incrédules se convertissent.

Le poison de l’indifférence
Puis, le Père inaugure une série de « causeries apologétiques », sur l’existence de Dieu et la divinité du Christ. L’amour qu’il manifeste pour la vérité transparaît dans une lettre écrite à son frère Joseph: «De nos jours, le plus grand poison est l’indifférence, qui trouve ses victimes non seulement parmi les bourgeois mais aussi parmi les religieux, à des degrés divers, bien entendu». «Tous les chrétiens, dit le Pape Pie XII, devraient avoir, autant que possible, une instruction religieuse profonde et organique. Il serait, en effet, dangereux de développer toutes les autres connaissances et de laisser le patrimoine religieux sans changement, tel qu’il était dans la première enfance. Nécessairement incomplet et superficiel, il serait étouffé, et peut-être détruit, par la culture areligieuse et par les expériences de la vie adulte, comme en témoignent tous ceux dont la foi fit naufrage pour des doutes demeurés dans l’ombre, des problèmes restés sans solution. Comme il est nécessaire que le fondement de la foi soit rationnel, une étude suffisante de l’apologétique devient indispensable» (24 mars 1957).
En 1927, le Père Maximilien fonde la cité mariale franciscaine de Niepokalanow (littéralement: la cité de l’Immaculée). Tout y est consacré à Marie. Nombreux sont ceux qui demandent leur admission au noviciat, au point que le couvent comptera jusqu’à mille religieux. «À Niepokalanow, dit le Père, nous vivons d’une idée fixe, si l’on peut s’exprimer ainsi, volontairement choisie et aimée: l’Immaculée!» La presse, dont l’influence ne cesse de grandir, lui apparaît comme un terrain privilégié d’apostolat. Il lance, en vue de l’évangélisation, la revue « Le Chevalier de l’Immaculée », qui devient bientôt la plus importante publication de Pologne. En 1939, son tirage atteindra un million d’exemplaires.

«Savez-vous le japonais?»
Loin d’être l’unique objectif du Père Maximilien, la Pologne n’est qu’un tremplin. Trois ans à peine après la fondation de Niepokalanow, il rencontre, dans un train, des étudiants japonais. La conversation s’engage et le Père offre des médailles miraculeuses. En échange, les étudiants lui donnent de petits éléphants en bois qui leur servent de fétiches. Depuis ce temps, le saint ne cesse de penser à la grande pitié de ces âmes sans Dieu. Aussi se présente-t-il, un beau jour, chez son provincial et lui demande-t-il la permission d’aller au Japon pour y fonder un Niepokalanow japonais. «Avez-vous de l’argent? demande le Père provincial – Non. – Savez-vous le japonais? – Non. – Avez-vous, du moins, des amis là-bas, quelque appui? – Pas encore, mais j’en trouverai, avec la grâce de Dieu»..
Toutes les autorisations obtenues, le Père part en 1930 avec quatre frères pour le Japon. À force de travail, d’audace, de prières et de confiance en l’Immaculée, ils parviennent à créer la « Mugenzai no Sono », textuellement: le jardin de l’Immaculée. Deux ans après la fondation au Japon, le Père Maximilien s’embarque pour fonder aux Indes. Aux prises avec de grosses difficultés, il prie sainte Thérèse de Lisieux: n’avait-il pas convenu avec elle, jadis à Rome, qu’il prierait chaque jour pour sa canonisation, mais qu’en retour elle serait patronne de ses oeuvres? Sainte Thérèse honore le contrat. Tous les obstacles tombent comme par enchantement. Mais, exténué et miné par la fièvre, l’apôtre de Marie Immaculée doit rentrer en Pologne, en 1936.

L’amour ou le péché
Septembre 1939: la guerre s’abat sur le pays. Saint Maximilien s’adonne, avec plus d’ardeur que jamais à l’apostolat. «Si le bien consiste en l’amour de Dieu et en tout ce qui jaillit de l’amour, le mal, dans son essence, est une négation de l’amour», lit-on dans la publication de son dernier article. Voilà le vrai conflit. Au fond de chaque âme, il y a ces deux adversaires: le bien et le mal, l’amour et le péché. Saint Augustin a exprimé ce conflit en ces termes: « Deux amours ont fait deux cités: l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu a fait la cité terrestre; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a fait la cité céleste» (Cité de Dieu, XIV, 28).
Le 17 février 1941, des policiers de la Gestapo se saisissent du Père et de quatre autres frères qu’ils emmènent d’abord à la prison de Pawiak à Varsovie. Le Père y est violemment frappé en tant que religieux et prêtre. Il écrit à ses enfants restés à Niepokalanow: «L’Immaculée, Mère très aimante, nous a toujours entourés de tendresse et veillera toujours Laissons-nous conduire par Elle, de plus en plus parfaitement où qu’elle veuille et quel que soit son bon plaisir, afin que, remplissant nos devoirs jusqu’au bout, nous puissions, par amour, sauver toutes les âmes». Quelques jours plus tard, le Père Kolbe est transféré au camp d’Auschwitz.
Bientôt hospitalisé, à la suite des sévices endurés, il confesse à longueur de nuits, malgré l’interdiction et la menace de représailles. Il sait convertir en bien le mal lui-même, et explique un jour à un malade: «La haine n’est pas une force créatrice. Seul l’amour est créateur. Ces douleurs ne nous feront pas plier, mais elles doivent nous aider, toujours davantage, à être forts. Elles sont nécessaires, avec d’autres sacrifices, pour que ceux qui resteront après nous soient heureux». Il fait partager à ses compagnons l’expérience du mystère pascal, où la souffrance vécue dans la foi se transforme en joie. «Le paradoxe de la condition chrétienne éclaire singulièrement celui de la condition humaine: ni l’épreuve ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la Rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire» (Paul VI, Exhortation Apostolique sur la joie chrétienne, 9 mai 1975).

Travailler des deux mains
À la fin de juillet 1941, un prisonnier du bloc 14, celui du Père Maximilien, s’est évadé. Le chef de camp avait prévenu que, pour chaque évadé, dix hommes seraient condamnés à mourir de faim et de soif. Un des malheureux désignés pour la mort s’écrie: «Oh! ma pauvre femme et mes enfants que je ne reverrai plus!» Alors, au milieu de ses camarades interdits, le Père Maximilien se fraie un chemin et sort des rangs. «Je voudrais mourir à la place d’un de ces condamnés», et il désigne celui qui vient de se lamenter. «Qui es-tu?» demande le chef. «Prêtre catholique», répond le Père. Car c’est comme prêtre catholique qu’il veut donner sa vie. L’officier, stupéfait, garde un moment le silence puis accepte l’héroïque proposition.
Dans le bloc de la mort, les geôliers se rendent compte qu’il se passe quelque chose de nouveau. Au lieu des cris de détresse habituels, ce sont des chants qu’ils entendent. La présence du Père Maximilien a changé l’atmosphère de l’affreuse cellule. Le désespoir a fait place à une aspiration pleine d’espérance, d’acceptation et d’amour, vers le ciel, vers la Mère de Miséricorde. À la veille de l’Assomption, seul le Père Maximilien est pleinement conscient. Au moment où les gardes entrent pour l’achever, il est en prière. Voyant la seringue, il tend lui-même son bras décharné à la piqûre mortelle.
De son vivant, saint Maximilien Kolbe aimait à répéter: «Sur cette terre, nous ne pouvons travailler que d’une seule main, car de l’autre nous devons bien nous cramponner pour ne point tomber nous-mêmes. Mais au Ciel, ce sera différent! Point de danger de glisser, de tomber! Alors nous travaillerons bien plus encore, de nos deux mains!» Nous lui demandons d’intercéder pour vous et pour tous ceux qui vous sont chers, vivants et défunts, auprès de la Vierge Immaculée et de saint Joseph.

Acte de consécration à l’immaculée
Daignez recevoir ma louange, ô Vierge bénie ! Immaculée Conception, Reine du ciel et de la terre, Refuge des pécheurs et Mère très-aimante, à qui Dieu a voulu confier tout l’ordre de la miséricorde, me voici à vos pieds, moi, pauvre pécheur. Je vous en supplie, acceptez mon être tout entier comme votre bien et votre propriété. Agissez en moi selon votre volonté, en mon âme et mon corps, en ma vie et ma mort et mon éternité. Disposez avant tout de moi comme vous le désirez, pour que se réalise enfin ce qui est dit de vous : La Femme écrasera la tête du serpent et aussi : Vous seule vaincrez les hérésies dans le monde entier. Qu’en vos mains immaculées, si riches de miséricorde, je devienne un instrument de votre amour, capable de ranimer et d’épanouir pleinement tant d’âmes tièdes ou égarées. Ainsi s’étendra sans fin le règne du Coeur divin de Jésus. Vraiment, votre seule présence attire les grâces qui convertissent et sanctifient les âmes, puisque la grâce jaillit du Coeur divin de Jésus sur nous tous, en passant par vos mains maternelles.
Saint Maximilen-Marie Kolbe

 

10 AOÛT : JOUR DE LA SAINT-LAURENT, DIACRE ET MARTYR

10 août, 2014

http://www.calixo.net/~knarf/almanach/laurent/laurent.htm

10 AOÛT : JOUR DE LA SAINT-LAURENT, DIACRE ET MARTYR

LE MARTYRE DE SAINT LAURENT

Laurent serait né vers 210 ou 220 en Espagne, à Huesca, au royaume d’Aragon. Son père s’appelait Orence, et sa mère Patience. Afin de compléter ses études humanistiques et liturgiques il fut envoyé, tout jeune encore, dans la ville de Saragosse, où il fit la connaissance du futur pape Sixte II. Ce dernier, originaire de la Grèce, était investi d’une charge d’enseignant dans l’un des plus importants centres d’études de l’époque et, parmi ses maîtres, le pape était l’un des plus connus et des plus appréciés.
Pour sa part, Laurent, qui devait devenir un jour le chef des diacres de l’Église de Rome, s’imposait par ses qualités humaines, par sa délicatesse d’âme et son intelligence. Entre le maître et l’élève s’instaura une communion et une familiarité qui, avec le passage du temps, augmenta et se cimenta ; entre temps, l’amour qu’ils portaient tous les deux pour Rome, centre de la chrétienté et ville-siège du vicaire du Christ, augmenta au point de suivre un flux migratoire alors très intense et de quitter l’Espagne pour la ville où l’apôtre Pierre avait établi sa chaire et rendu le témoignage suprême. C’est donc à Rome, au cœur de la catholicité, que maître et élève purent réaliser leur idéal d’évangélisation et de mission… jusqu’à l’effusion du sang. Lorsque le 30 août de l’année 257, Sixte II monta sur le trône de Pierre – pour un pontificat qui devait durer moins d’un an – , immédiatement et sans hésiter, il voulut à ses côtés son ancien élève et ami Laurent, en lui confiant la charge délicate de proto diacre, premier des sept diacres de l’Église romaine. Il avait, en cette qualité, la garde du trésor de l’église et était chargé d’en distribuer les revenus aux pauvres.
A cette époque l’empereur Valérien publia de sanglants édits contre les chrétiens, et le pape saint Sixte fut une des premières victimes de cette persécution. Le jour où l’on conduisait au supplice le vénérable pontife, Laurent dont le plus ardent désir était d’être associé à son martyre, le suivait en versant des larmes et lui disait : «Où allez-vous, mon père, sans votre fils ? Saint pontifie, où allez-vous sans votre ministre ?» Saint Sixte lui répondit : «Je ne vous abandonne point, mon fils; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse vous sont réservées; vous me suivrez dans trois jours».
Après l’avoir ainsi consolé, il lui ordonna de distribuer aux pauvres toutes les richesses dont il était dépositaire, pour les soustraire à la cupidité des persécuteurs. Laurent distribua donc aux indigents tout l’argent qu’il avait entre les mains, puis il vendit les vases et les ornements sacrés, et en employa le produit de la même manière.
Le préfet de Rome, à cette nouvelle, fit venir Laurent et lui demanda où étaient tous les trésors dont il avait la garde, car l’empereur en avait besoin pour l’entretien de ses troupes: «J’avoue, lui répondit le diacre, que notre Église est riche et que l’empereur n’a point de trésors aussi précieux qu’elle; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer.» Le préfet accorda trois jours de délai.
Pendant ce temps, Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres nourris aux dépens de l’Église; le troisième jour, il les réunit et les montra au préfet, en lui disant: «Voilà les trésors de l’Église que je vous avais promis. J’y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu; l’Église n’a point d’autres richesses».
A cette vue, le préfet entra en fureur, et, croyant intimider le saint diacre, il lui dit que les tortures qu’il aurait à souffrir seraient prolongées et que sa mort ne serait qu’une lente et terrible agonie. Alors ayant ordonné qu’on dépouillât Laurent de ses habits, il le fit d’abord déchirer à coups de fouet, puis étendre et attacher sur un lit de fer en forme de gril, de manière que les charbons placés au-dessous et à demi allumés ne devaient consumer sa chair que peu à peu. Au milieu de ses horribles tourments, le saint martyr, sans faire entendre une plainte, pria pour l’église de Rome. Quand il eut un côté tout brûlé, il dit au juge : « Je suis assez rôti de ce côté, faites-moi rôtir de l’autre. » Bientôt, les yeux au Ciel, il rendit l’âme.

Les reliques de saint Laurent
L’empereur Constantin lui fit bâtir à Rome une superbe église, qui est une des cinq patriarcales et une des sept principales stations, gouvernée aujourd’hui par des chanoines réguliers de Saint-Augustin. Le corps de ce saint Martyr y est honoré. L’on y conserve aussi quelques morceaux du gril sur lequel il a été rôti ; et, dans la muraille, de l’un des côtés du chœur, l’on montre une pierre de marbre, sur laquelle il fut mis après avoir été grillé, et où il reste encore quelques marques de son sang et de sa chair. Le pape saint Damase honora aussi sa mémoire d’une autre église qui est collégiale, et qui se nomme Saint-Laurent in Damaso, où l’on conserve de sa cendre et des charbons qui servirent à le rôtir. Il y a encore, dans la même ville, Saint-Laurent in pane et pernâ, bâtie sur le lieu de son martyre, où l’on garde un des ossements de ses bras, avec quelques autres charbons de son brasier. Saint-Laurent in fonte, à l’endroit où ce grand Saint fit sortir une fontaine dont il se servit pour baptiser les nouveaux chrétiens. Saint-Laurent in Lucinâ, où il y a de sa chair brûlée teinte de son sang, et de ses cendres. L’on y voit aussi la fourche de fer dont les bourreaux se servirent pour attiser le feu, et le linge dont un ange vint essuyer ses plaies. Il y a de plus Saint-Laurent in Borgo Vecchio, Saint-Laurent le Petit, et Saint-Laurent in Miranda. Dans le reste de l’Italie, les cathédrales de quelques villes sont dédiées à saint Laurent.
A Constantinople, l’impératrice Pulchérie fit bâtir une belle église en son nom, où elle mit de ses reliques ; et l’empereur Justinien la rendit, depuis, encore plus magnifique. Dans toutes les autres parties de la chrétienté, ce très-illustre Martyr a toujours été en singulière vénération. La France est enrichie de plusieurs de ses ossements et des instruments de son martyre. On voit au trésor de Saint-Denis quelques pièces de son gril, et il s’en trouve aussi des morceaux en l’église de Saint-Vincent, au Mans, qui y furent apportés par saint Domnole, évêque de la même ville. On montre à Laon, dans l’abbaye de Saint-Martin, de l’Ordre des Prémontrés, une partie de son bras gauche encore couvert de sa peau toute rôtie ; et au Puy-en-Velay, dans la cathédrale, une partie de son bras droit. Les autres parties sont à Rome, à Saint-Laurent in pane et pernâ, et en l’église de Saint-Marc. Saint Grégoire de Tours écrit que l’Église de Limoges, et plusieurs autres, ont aussi de ses reliques.

Source : Vie des Saints, par le R.P. Simon Martin, religieux de l’Ordre des Minimes, Imprimerie de Madame Laguerre, Bar-le-Duc,

« SANS LE DIMANCHE NOUS NE POUVONS PAS VIVRE  » LES MARTYRS D’ABITÈNE – 12 FÉVRIER

13 février, 2014

http://www.parrocchie.it/vasto/smincoronata/martiri.htm

« SANS LE DIMANCHE NOUS NE POUVONS PAS VIVRE « 

LES MARTYRS D’ABITÈNE – 12 FÉVRIER

Traduction de Google de l’italien

Années 303-304 AD , l’empereur Dioclétien , après une période de calme relatif au cours de laquelle la communauté chrétienne avait été en mesure de croître et de s’étendre dans les différentes régions de l’Empire romain, a déclenché une violente persécution contre lui et ordonné qu’elle devrait rechercher les textes sacrés parce qu’ils ont été brûlés; dovevavno vous briser les basiliques du Seigneur devrait être interdit de célébrer les rites sacrés et sainte réunion du Seigneur.

Martyrs chrétiens
Je n ce moment dans la ville de Abitène , proconsulare dans la province romaine de l’Afrique (de la Tunisie moderne), un groupe de 49 chrétiens, composée d’hommes, femmes, jeunes et enfants, appartenant à différentes conditions sociales et à différentes tâches au sein de la communauté chrétienne, contrairement aux ordres de l’empereur, répond le Jour du Seigneur pour célébrer l’Eucharistie du dimanche. Découvert, sont emprisonnés et poursuivis en justice pour être jugés. À la demande de la Anulinus proconsul qui demande si émérite, contre l’édit de l’empereur, ont eu lieu dans ses assemblages de maison, le martyr a répondu par l’affirmative, ajoutant qu’il n’avait pas empêché, parce que:  » Nous, chrétiens, sans dimanche nous ne pouvons pas vivre ».

La réponse du émérite
La réponse du émérite souligne le lien étroit qui existe entre le Seigneur Christ, sa mort et sa résurrection, la communauté chrétienne et de l’Eucharistie, célébrée le jour le dimanche, le jour où le Christ ressuscité révèle sa splendeur et sa gloire, recueille ses disciples autour de la table de la Parole et de l’Eucharistie, il ya une communauté eucharistique et missionnaire, un avant-goût de la joie de la gloire.

La réponse de Saturnino
Il est également significatif que la réponse Saturnin, le prêtre de la communauté, par le tribunal. Il sait l’interdiction de l’empereur, mais il est également convaincu que vous ne pouvez pas  » arrêter célébrer le dimanche de Pâques parce que commander notre droit .  » Saturnino pour le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus devrait être célébrée chaque dimanche, conformément à la commande du Seigneur et sa promesse d’être là tous les jours jusqu’à la fin du monde. Célébration de l’Eucharistie, les moyens de jour du Seigneur disposés au martyre, le don de soi à l’effusion de sang.

Le martyre de Saturnin
Je l’ai dit le martyre de Saturnin est comme une action liturgique. Bien que l’exécution était imminente, par ces mots, le prêtre pria le Seigneur,  » S’il vous plaît, Christ, écoute-moi. vous rendre grâce, ô Dieu Grant que je sois décapité! S’il vous plaît, Christ, prends pitié. Fils de Dieu, aide-moi  » . Par la prière, le prêtre Saturnin prêche également la sainteté des tourments de la loi qui dit que la punition de joie.

Le témoignage des martyrs
Le témoignage des martyrs nous invite à redécouvrir la relation indissociable qui existe entre le «Eucharistie et martyre, y compris la liturgie vécue dans le temps présent et celui célébré dans le ciel. L’Eucharistie, la présence du Ressuscité, est la re-présentation du sacrement de la passion et la mort du Seigneur, à laquelle le chrétien est invité à prendre part, afin d’identifier totalement avec sa personne, faisant corps avec lui, déjà à l’heure actuelle , pour être pleinement dans la gloire.
Les reliques des martyrs et sont placés sous l’autel de l’autel pour signifier que le Christ est l’autel du chrétien, et qu’il existe une unité entre le sacrifice de la Croix et de l’Eucharistie, par le sacrifice du Christ et que le chrétien. Même dans les temps modernes, les chrétiens sont persécutés. Le XXe siècle, avec de nombreuses victimes du nazisme et du communisme, a été appelé « le siècle des martyrs .  » Pas tous les croyants en Christ sont appelés au martyre du sang, mais tout le monde doit faire de leur vie une offrande agréable au Père, en union avec le sacrifice du Christ, et ainsi à participer à ses souffrances afin de partager sa gloire. Le martyre consiste à permettre à tuer témoignage de la foi en Jésus-Christ. Mais chaque âme qui cherche la pureté de la connaissance de Dieu, de l’amour et obéir aux enseignements de Jésus est un martyr à la fois dans la vie et dans les mots.
Et ssa fait, même si vous ne versez pas le sang coule de sa foi, car la foi est séparée du corps avant qu’ils ne meurent. Dans l’histoire des martyrs d’Abitène est des nouvelles importantes que l’arrestation des martyrs a lieu dans la maison d’Octave Félix, lors de la célébration de la ‘Eucharistie dominicale, et autres célébrations ont eu lieu dans la maison de émérite. La maison est l’endroit où la vie quotidienne, mais aussi le milieu de vie où vous apprenez, célébrer et vivre le jour du Seigneur. Tout aussi importante est la référence à la façon de comprendre et de vivre les relations familiales.
S huit ce profil, des indications utiles sont de la narration du martyre de la Vierge de la Victoire et petit Hilarion, le plus jeune fils du prêtre Saturnin. Victoire ne cède pas à la tentation de Fortunanziano frère, convaincu que les vrais frères  » sont ceux qui gardent les commandements de l’Éternel .  » Hilarion, à l’instar des autres membres de la famille qui, avant lui, avait souffert le martyre, a déclaré: « Je suis chrétien, et ma volonté, j’ai assisté à la réunion le dimanche avec mon père et mes frères .  » Ces références rappellent l’importance, même à notre époque, la famille chrétienne, l ‘ »Eglise domestique », et sa tâche irremplaçable d’être la première cellule de la société et de l’Église, un lieu d’éducation et de la croissance de la foi.
La participation à l’Eucharistie dominicale dans la vie de la communauté et renforce le chemin de foi des couples mariés et les familles chrétiennes. Même l’engagement des parents chrétiens à accompagner leurs enfants sur le chemin de l’initiation et de les introduire à la prière personnelle et liturgique dans le Sunday eucharistique est le contexte vital et l’irradiation et de la communication de la foi en toute sécurité. L’auteur de l’histoire des martyrs d’Abitène, se référant à la demande formulée par le proconsul au martyr Félix, souligne que le juge romain pas intéressé à savoir si heureux est un chrétien, mais il se soucie d’être informé si il a pris part à l ‘«assemblée».
L ou même auteur est conscient que le chrétien ne peut pas vivre sans le dimanche de Pâques, comme le dimanche de Pâques ne peut être célébré sans qu’il y ait un chrétien. Ajoute littéralement:  » Je ne sais pas, Satan, qui est le dimanche de Pâques pour faire le chrétien et c’est le chrétien à faire le dimanche de Pâques, de sorte que l’un ne peut exister sans l’autre, et vice versa Lorsque vous entendez le nom? Christian ‘, savent qu’il ya un ensemble de célébrer le Seigneur: et quand vous entendez «assemblée», savent qu’il ya un chrétien « .
C’est une question d’identité dimanche de Pâques est l’essence même du chrétien, son statut, il s’agit plutôt d’un chrétien lui-même, une identité qui est la crdente en Christ dans son être et qui doit être exprimé dans l’action et de traiter avec les gens. Pour cette raison, l’Eglise a constamment réaffirmé la nécessité pour les chrétiens d’être fidèle à jour du Seigneur.

21 JANVIER : SAINTE AGNÈS

21 janvier, 2014

http://missel.free.fr/Sanctoral/01/21.php

21 JANVIER : SAINTE AGNÈS

Sommaire :   Historique par St Ambroise   Les reliques et les églises de Rome en son honneur

Historique A propos de sainte Agnès, la tradition latine a pour fondement le De Virginibus de saint Ambroise. Prononcé pour la fête de la sainte, en janvier 375 ou 376, le sermon donne la plus ancienne représentation du martyre de date certaine : A douze ans, Agnès accomplit son martyre ; détestable cruauté qui n’épargna point cet âge si jeune ou plutôt admirable puissance de la foi qui jusque dans cet âge sut trouver un témoin. En un si petit corps, y eut-il place pour la blessure ? Et pourtant, n’ayant pas où recevoir le glaive, elle eut de quoi vaincre le glaive. Les filles de cet âge ne peuvent soutenir le regard irrité de leurs parents, une piqûre d’aiguille les fait pleurer, comme si c’était une blessure ; Agnès, intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux, immobile au milieu des lourdes chaînes qu’on tire avec fracas, offre tout son corps à la pointe du glaive que le soldat brandit contre elle avec fureur. Sans savoir encore ce qu’est la mort, elle est prête à la subir. Si, malgré elle, on la traîne aux autels, à travers leurs feux elle tend les mains vers le Christ ; sur les foyers sacrilèges, elle forme le signe victorieux de la croix du Seigneur. Au carcan et aux menottes de fer, elle passe son cou et ses deux mains ; mais il n’en était pas qui pussent serrer des membres si délicats. Martyre d’un genre inconnu, elle n’a point l’âge requis pour le supplice et elle est capable d’en triompher. À grand’peine elle peut être admise à combattre et, sans peine, elle ravit la couronne. Elle est maîtresse consommée en fait de courage, elle qui en était dispensée par son âge. L’épousée n’irait pas aussi allègrement à la salle nuptiale que la vierge alla, joyeuse de son succès, hâtant le pas vers le lieu de son supplice, ayant pour orner sa tête non la coiffure bien tressée, mais le Christ, ayant pour couronne non les fleurs, mais les vertus. Tous pleuraient, elle seule était sans larmes. On s’étonnait qu’elle fût si facilement prodigue de sa vie, qu’elle la donnât sitôt, non encore goûtée, comme si elle en était rassasiée déjà. Chacun s’émerveillait de la voir se présenter déjà en témoin de la divinité, à un âge où l’on ne peut encore disposer de soi. Elle fit tant qu’on accepta, quand il s’agissait de Dieu, son témoignage qu’on n’aurait pu recevoir s’il se fût agi d’un homme ; ce qui dépasse la nature ne dénote-t-il pas l’auteur de la nature. Quel appareil de terreur employa le juge pour l’intimider, que de douces paroles pour la persuader ! Combien lui exprimèrent le vœu de l’obtenir pour épouse ! Mais c’est faire injure à mon fiancé, dit-elle, que s’attendre à me plaire. Celui-là m’aura pour sienne qui le premier m’a choisie. Pourquoi, bourreau, tant de retards ? Périsse un corps qui peut être aimé par des yeux auxquels je me refuse ! Elle se tient droite, elle prie, elle infléchit le cou. Le juge frémit comme s’il était le condamné. Le bourreau sentit sa main trembler, son visage pâlir ; il redoutait pour Agnès ce qu’Agnès ne redoutait pas pour elle-même. Vous avez donc en une seule victime un double martyre : celui de la pudeur et celui de la religion. Agnès est restée vierge et elle a obtenu le martyre. Ambroise aime ici à répandre des fleurs sur son sujet ; il se soucie des antithèses beaucoup plus que des faits ; il suppose que son auditoire connaît l’histoire ou la légende de son héroïne ; il se réclame de la tradition dont les points essentiels se ramènent aux suivants : 1. Agnès accomplit son martyre à douze ans ; la naissance de la sainte a pu varier entre 240 et 290, le martyre entre 254 et 304 ; les auteurs, ici, ne sont pas d’accord ; 2. Agnès était vierge et elle a dû lutter pour rester vierge ; 3. Agnès a péri percée par le glaive ; elle est allée spontanément au martyre. D’autre part, dans la composition de son hymne, Agnes beatæ virginis, le même saint Ambroise a mis en lumière quelques traits laissés ici dans l’ombre ; ainsi, la modestie de la vierge mourante : curam pudoris præstitit, de l’avant-dernière strophe ; mais les différences ne portent que sur des particularités. Les données de la tradition ambrosienne restent donc plausibles.  De Virginibus de saint Ambroise

Les reliques et les églises de Rome en son honneur Lorsque le martyre d’Agnès fut consommé, ses restes furent recueillis et portés dans une villa de la famille, non loin de la voie Nomentane ; on a cru retrouver cette villa dans le monastère de Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Quand la paix fut donnée à l’Église, les malades affluèrent au tombeau. Constance, qu’on a dite fille de Constantin le Grand fut guérie par l’intercession de sainte Agnès. Au tombeau de cette sainte, le pape Libère fit mettre des tables de marbre, sur l’une de ces tables, saint Damase inscrivit les louanges d’Agnès et y mentionna le nom de Constance. Cette princesse avait, en 321, résolu d’élever une basilique sur le tombeau : ce fut Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Vers 410, Innocent I° mit la basilique et son cimetière sous la juridiction du prêtre titulaire de Saint-Vital. Les récits du V° siècle font allusion à la conservation du corps sous l’autel majeur de Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Il y eut des réparations, sous Symmaque, Honorius I° ; des dévastations par les Lombards en 755, puis des réparations sous Adrien I°, en 773. Près de la basilique se trouvait un monastère de religieuses basiliennes grecques auxquelles Léon III fit des dons magnifiques pour l’ornementation de l’église. En somme, jusqu’au IX° siècle, les reliques de sainte Agnès restèrent intactes dans le tombeau où l’on avait placé aussi le corps de sainte Émérentienne (23 janvier) ; sous Pascal I° (817-824), les religieuses grecques furent remplacées par des bénédictines ; le corps de sainte Émérentienne fut tiré du tombeau, son chef resta à la basilique de la voie Nomentane, mais sans être placé sous l’autel. Le corps de sainte Agnès resta dans le tombeau, sous l’autel majeur ; le chef en fut détaché pour être porté dans la chapelle du palais pontifical du Latran, appelée Sancta sanctorum. En 877, Jean VIII pouvait emporter dans ses voyages le chef de sainte Agnès ; de là diverses translations et repositions pendant les XIV° et XVI° siècles. Il était dans un reliquaire donné par Honorius III, on en a fait une reconnaissance en 1903. Quant au corps de sainte Agnès, la reconnaissance qui en fut faite l’an 1605 en constate la présence à Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Une pratique annuelle observée dans cette basilique a quelque rapport symbolique avec sainte Agnès elle-même. Chaque année, après la messe solennelle du 21 janvier, l’abbé de Saint-Pierre-ès-Liens bénit deux agneaux qui ont été donnés à titre de redevance au chapitre de Saint-Jean-de-Latran ; les chanoines de ce chapitre desservent maintenant la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs ; ils offrent au pape ces deux agneaux bénits dont le soin est confié aux religieuses du couvent de Saint-Laurent in Panisperna ; elles en recueillent et tissent la laine pour la confection des palliums. Outre la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs, Rome possédait plusieurs églises construites en l’honneur de sainte Agnès dont deux ont disparu : celle du Transtevere et S. Agnese ad duo furna ; en revanche, il existe encore, place Navonne, S. Agnese in Agone, à l’endroit même où s’élevaient les arcades du stade de Domitien, là où la tradition latine place l’exposition et le supplice de sainte Agnès. A Paris, au début du XIII° siècle, sainte Agnès possédait une chapelle, près des Halles, qui fut plus tard érigée en église paroissiale sous le vocable de Saint-Eustache où Augustin de Saint-Aubin a dessiné la châsse de sainte Agnès, telle qu’il la voyait, vers 1779, dans le recueil de Stockholm ; Lepautre sculpta une sainte Agnès sur le banc d’oeuvre.

EVANGILE: 28 DÉC:FÊTE DES SAINT INNOCENTS, MARTYRS/MATT 2,13-18/ »OÙ ES …LE ROI DES JUIFS

28 décembre, 2013

http://www.eglisecatholique.ga/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=778:evangile-28-decfete-des-saint-innocents-martyrsmatt-213-18qou-es-le-roi-des-juifsq&catid=57:evangile&Itemid=114

EGLISE CATHOLIQUE DU GABON

EVANGILE: 28 DÉC:FÊTE DES SAINT INNOCENTS, MARTYRS/MATT 2,13-18/ »OÙ ES …LE ROI DES JUIFS? »

FÊTE DES SAINT INNOCENTS, MARTYRS

Première lettre de saint Jean 1,5-10.2,1-2. Voici le message que Jésus Christ nous a fait entendre et que nous vous annonçons : Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous n’agissons pas selon la vérité ; mais, si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout ce qui nous oppose à lui. Si nous disons que nous ne sommes pas pécheurs, nous faisons de lui un menteur et sa parole n’est pas en nous. Mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché. Mais, si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier.

Commentaire du jour Eusèbe le Gallican (5ème siècle), moine, puis évêque Sermon 219 ; PL 39, 2150 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 1, p. 1097 rev.)

« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2,2)       Le roi traître Hérode, trompé par les mages, envoie ses sbires à Bethléem et dans tous les environs pour tuer les enfants de moins de deux ans… Mais tu n’as donc rien obtenu, barbare cruel et arrogant : tu peux faire des martyrs, tu ne peux pas trouver le Christ. Ce tyran malheureux croyait que l’avènement du Seigneur notre Sauveur le renverserait de son trône royal. Mais il n’en est pas ainsi. Le Christ n’était pas venu pour usurper la gloire d’autrui, mais pour nous faire don de la sienne. Il n’était pas venu pour s’emparer d’un royaume terrestre, mais pour accorder le Royaume des cieux. Il n’était pas venu pour voler des dignités, mais pour souffrir des injures et des sévices. Il n’était pas venu pour préparer sa tête sacrée à un diadème de pierreries, mais à une couronne d’épines. Il n’était pas venu pour siéger glorieusement au-dessus des sceptres, mais pour être bafoué et crucifié.       A la naissance du Seigneur, « Hérode a été troublé et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,3). Quoi d’étonnant, si l’impiété est troublée par la naissance de la bonté ? Voici qu’un homme en armes s’effraie de celui qui est couché dans une mangeoire, un roi orgueilleux tremble devant l’humble, celui qui est revêtu de pourpre redoute le tout-petit enveloppé de langes… Il feignait de vouloir adorer celui qu’il cherchait à faire périr (Mt 2,8). Mais la Vérité ne craint pas les embûches du mensonge… La traîtrise ne peut pas trouver le Christ, car ce n’est pas par la cruauté mais par la foi que l’on doit chercher Dieu, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

Psaume 124(123),2-3.4-5.7-8. Sans le Seigneur qui était pour nous quand des hommes nous assaillirent, alors ils nous avalaient tout vivants, dans le feu de leur colère. Alors le flot passait sur nous, le torrent nous submergeait ; alors nous étions submergés par les flots en furie. Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; le filet s’est rompu : nous avons échappé. Notre secours est le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 2,13-18. Après la visite des mages à Bethléem, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et la mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils. Alors Hérode, voyant que les mages l’avaient trompé, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama, des pleurs et une longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus.

Commentaire du jour Eusèbe le Gallican (5ème siècle), moine, puis évêque Sermon 219 ; PL 39, 2150 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 1, p. 1097 rev.) « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2,2) Le roi traître Hérode, trompé par les mages, envoie ses sbires à Bethléem et dans tous les environs pour tuer les enfants de moins de deux ans… Mais tu n’as donc rien obtenu, barbare cruel et arrogant : tu peux faire des martyrs, tu ne peux pas trouver le Christ. Ce tyran malheureux croyait que l’avènement du Seigneur notre Sauveur le renverserait de son trône royal. Mais il n’en est pas ainsi. Le Christ n’était pas venu pour usurper la gloire d’autrui, mais pour nous faire don de la sienne. Il n’était pas venu pour s’emparer d’un royaume terrestre, mais pour accorder le Royaume des cieux. Il n’était pas venu pour voler des dignités, mais pour souffrir des injures et des sévices. Il n’était pas venu pour préparer sa tête sacrée à un diadème de pierreries, mais à une couronne d’épines. Il n’était pas venu pour siéger glorieusement au-dessus des sceptres, mais pour être bafoué et crucifié. A la naissance du Seigneur, « Hérode a été troublé et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,3). Quoi d’étonnant, si l’impiété est troublée par la naissance de la bonté ? Voici qu’un homme en armes s’effraie de celui qui est couché dans une mangeoire, un roi orgueilleux tremble devant l’humble, celui qui est revêtu de pourpre redoute le tout-petit enveloppé de langes… Il feignait de vouloir adorer celui qu’il cherchait à faire périr (Mt 2,8). Mais la Vérité ne craint pas les embûches du mensonge… La traîtrise ne peut pas trouver le Christ, car ce n’est pas par la cruauté mais par la foi que l’on doit chercher Dieu, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

SAINT ETIENNE, LE PROTOMARTYR – 26 DÉCEMBRE – BENOÎT XVI

26 décembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070110_fr.html  

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 10 JANVIER 2007

ETIENNE, LE PROTOMARTYR – 26 DÉCEMBRE

Chers frères et soeurs,

Après la période des fêtes, nous revenons à nos catéchèses. J’avais médité avec vous sur les figures des douze Apôtres et de saint Paul. Puis nous avons commencé à réfléchir sur les autres figures de l’Eglise naissante et ainsi, nous voulons aujourd’hui nous arrêter sur la figure de saint Etienne, fêté par l’Eglise le lendemain de Noël. Saint Etienne est le plus représentatif d’un groupe de sept compagnons. La tradition voit dans ce groupe la semence du futur ministère des « diacres », même s’il faut souligner que cette dénomination est absente dans le Livre des Actes. L’importance d’Etienne découle dans tous les cas du fait que Luc, dans son livre important, lui consacre deux chapitres entiers. Le récit de Luc part de la constatation d’une sous-division établie au sein de  l’Eglise  primitive  de  Jérusalem:  celle-ci était certes entièrement composée de chrétiens d’origine juive, mais certains d’entre eux étaient originaires de la terre d’Israël et étaient appelés « Hébreux », tandis que d’autres de foi juive vétérotestamentaire provenaient de la diaspora de langue grecque et étaient appelés « Hellénistes ». Voici le problème qui se présentait:  les plus démunis parmi les hellénistes, en particulier les veuves dépourvues de tout soutien social, couraient le risque d’être négligés dans l’assistance au service quotidien. Pour remédier à cette difficulté, les Apôtres, se réservant la prière et le ministère de la Parole comme devoir central propre, décidèrent de charger « sept hommes de bonne réputation, remplis de l’Esprit et de sagesse » afin d’accomplir le devoir de l’assistance (Ac 6, 2-4), c’est-à-dire du service social caritatif. Dans ce but, comme l’écrit Luc, sur l’invitation des Apôtres, les disciples élirent sept hommes. Nous connaissons également leurs noms. Il s’agit de:  « Etienne, homme rempli de foi et de l’Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas prosélyte d’Antioche. On les présenta aux Apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains » (Ac 6, 5-6). Le geste de l’imposition des mains peut avoir diverses significations. Dans l’Ancien Testament, ce geste a surtout la signification de transmettre une charge importante, comme le fit Moïse avec Josué (cf. Mb 27, 18-23), désignant ainsi son successeur. Dans ce sillage, l’Eglise d’Antioche utilisera également ce geste pour envoyer Paul et Barnabé en mission aux peuples du monde (cf. Ac 13, 3). C’est à une imposition analogue des mains sur Timothée, pour lui transmettre une fonction officielle, que font référence les deux Epîtres de Paul qui lui sont adressées (cf. 1 Tm 4, 14; 2 Tm 1, 6). Le fait qu’il s’agisse d’une action importante, devant être accomplie avec discernement, se déduit de ce que l’on lit dans la Première Epître à Timothée:  « Ne te hâte pas d’imposer les mains à qui que ce soit. Ne te fais pas complice des péchés d’autrui » (5, 22). Nous voyons donc que le geste d’imposition des mains se développe dans la lignée d’un signe sacramentel. Dans le cas d’Etienne et de ses compagnons, il s’agit certainement de la transmission officielle, de la part des Apôtres, d’une charge et, dans le même temps, d’une façon d’implorer la grâce de Dieu pour qu’ils l’exercent. La chose la plus importante à souligner est que, outre les services caritatifs, Etienne accomplit également une tâche d’évangélisation à l’égard de ses compatriotes, de ceux qu’on appelle « hellénistes », Luc insiste en effet sur le fait que celui-ci, « plein de grâce et de puissance » (Ac 6, 8), présente au nom de Jésus une nouvelle interprétation de Moïse et de la Loi même de Dieu, il relit l’Ancien Testament à la lumière de l’annonce de la mort et de la résurrection de Jésus. Cette relecture de l’Ancien Testament, une relecture christologique, provoque les réactions des Juifs qui perçoivent ses paroles comme un blasphème (cf. Ac 6, 11-14). C’est pour cette raison qu’il est condamné à la lapidation. Et saint Luc nous transmet le dernier discours du saint, une synthèse de sa prédication. Comme Jésus avait montré aux disciples d’Emmaüs que tout l’Ancien Testament parle de lui, de sa croix et de sa résurrection, de même saint Etienne, suivant l’enseignement de Jésus, lit tout l’Ancien Testament d’un point de vue christologique. Il démontre que le mystère de la Croix se trouve au centre de l’histoire du salut raconté dans l’Ancien Testament, il montre que réellement Jésus, le crucifié et le ressuscité, est le point d’arrivée de toute cette histoire. Et il démontre donc également que le culte du temple est fini et que Jésus, le ressuscité, est le nouveau et véritable « temple ». C’est précisément ce « non » au temple et à son culte qui provoque la condamnation de saint Etienne, qui, à ce moment-là – nous dit saint Luc -, fixant les yeux vers le ciel vit la gloire de Dieu et Jésus  qui  se trouvait à sa droite. Et voyant le ciel, Dieu et Jésus, saint Etienne dit:  « Voici que je contemple les cieux ouverts:  le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 56). Suit alors son martyre, qui, de fait, est modelé  sur  la  passion de Jésus lui-même, dans la mesure où il remet au « Seigneur Jésus » son esprit et qu’il prie pour que les péchés de ses meurtriers ne leur soient pas imputés (cf. Ac 7, 59-60). Le lieu du martyre de saint Etienne à Jérusalem est traditionnellement situé un peu à l’extérieur de la Porte de Damas, au nord, où s’élève à présent précisément l’église Saint-Etienne, à côté de la célèbre Ecole Biblique des Dominicains. La mort d’Etienne, premier martyr du Christ, fut suivie par une persécution locale contre les disciples de Jésus (cf. Ac 8, 1), la première qui ait eu lieu dans l’histoire de l’Eglise. Celle-ci constitua l’occasion concrète qui poussa le groupe des chrétiens juifs d’origine grecque à fuir de Jérusalem et à se disperser. Chassés de Jérusalem, ils se transformèrent en missionnaires itinérants:  « Ceux qui s’étaient dispersés allèrent répandre partout la Bonne Nouvelle de la Parole » (Ac 8, 4). La persécution et la dispersion qui s’ensuit deviennent mission. L’Evangile se diffusa ainsi en Samarie, en Phénicie et en Syrie, jusqu’à la grande ville d’Antioche, où selon Luc il fut annoncé pour la première fois également aux païens (cf. Ac 11, 19-20) et où retentit aussi pour la première fois le nom de « chrétiens » (Ac 11, 26). Luc note en particulier que les lapidateurs d’Etienne « avaient mis leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul » (Ac 7, 58), le même qui, de persécuteur, deviendra un éminent apôtre de l’Evangile. Cela signifie que le jeune Saul devait avoir entendu la prédication d’Etienne, et qu’il connaissait donc ses contenus principaux. Et saint Paul était probablement parmi ceux qui, suivant et entendant ce discours, « s’exaspéraient contre lui, et grinçaient des dents » (Ac 7, 54). Et nous pouvons alors voir les merveilles de la Providence divine. Saul, adversaire acharné de la vision d’Etienne, après sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, reprend la lecture christologique de l’Ancien Testament effectuée par le Protomartyre, il l’approfondit et la complète, et devient ainsi l’ »Apôtre des  Nations ».  La  Loi est accomplie, ainsi enseigne-t-il, dans la Croix du Christ. Et la foi en Christ, la communion avec l’amour du Christ est le véritable accomplissement de toute la Loi. Tel est le contenu de la prédication de Paul. Il démontre ainsi que le Dieu d’Abraham devient le Dieu de tous. Et tous les croyants en Jésus Christ, en tant que fils d’Abraham, participent de ses promesses. Dans la mission de saint Paul s’accomplit la vision d’Etienne. L’histoire d’Etienne nous dit beaucoup de choses. Par exemple, elle nous enseigne qu’il ne faut jamais dissocier l’engagement social de la charité de l’annonce courageuse de la foi. Il était l’un des sept, chargé en particulier de la charité. Mais il n’était pas possible de  dissocier  la charité et l’annonce. Ainsi, avec la charité, il annonce le Christ crucifié, jusqu’au point d’accepter également le martyre. Telle est la première leçon que nous pouvons apprendre de la figure de saint Etienne:  charité et annonce vont toujours de pair. Saint Etienne nous parle surtout du Christ, du Christ crucifié et ressuscité comme centre de l’histoire et de notre vie. Nous pouvons comprendre que la Croix reste toujours centrale dans la vie de l’Eglise et également dans notre vie personnelle. Dans l’histoire de l’Eglise ne manquera jamais la passion, la persécution. Et c’est précisément la persécution qui, selon la célèbre phrase de Tertullien, devient une source de mission pour les nouveaux chrétiens. Je cite ses paroles:  « Nous nous multiplions à chaque fois que nous sommes moissonnés par vous:  le sang des chrétiens est une semence » (Apologetico 50, 13:  Plures efficimur quoties metimur a vobis:  semen est sanguis christianorum). Mais dans notre vie aussi la croix, qui ne manquera jamais, devient bénédiction. Et en acceptant la croix, en sachant qu’elle devient et qu’elle est une bénédiction, nous apprenons la joie du chrétien également dans les moments de difficulté. La valeur du témoignage est irremplaçable, car c’est à lui que conduit l’Evangile et c’est de lui que se nourrit l’Eglise. Que saint Etienne nous enseigne à tirer profit de ces leçons, qu’il nous enseigne à aimer la Croix, car elle est le chemin sur lequel le Christ arrive toujours à nouveau parmi nous.

* * * Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones venus à cette audience. Je salue particulièrement les diacres du séminaire de Lille. Puissiez-vous, à l’exemple de saint Étienne, être d’ardents témoins de l’Évangile par votre engagement concret au service de vos frères et par l’annonce courageuse de la foi en Jésus. Que Dieu vous bénisse !     

SAINTE LUCIE DE SYRACUSE, VIERGE ET MARTYRE EN SICILE (+ 305). FÊTE LE 13 DÉCEMBRE.

12 décembre, 2013

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SAINTE LUCIE DE SYRACUSE, VIERGE ET MARTYRE EN SICILE (+ 305). FÊTE LE 13 DÉCEMBRE.

Vierge et martyre à Syracuse, elle est victime de la persécution de Dioclétien en 304. Son nom même évoque la lumière, mais sa vie reste dans l’ombre. Elle fut très populaire et son culte remonte aux premiers siècles. Il s’étendit jusqu’en Scandinavie, en particulier en Suède où la fête païenne de la lumière et des mauvais esprits qui luttent contre elle, a été remplacée par la Fête de sainte Lucie. A cette date, ce sont les longues nuits de l’hiver nordique. Nous connaissons aussi de longues nuits dans les doutes de notre Foi. La rédaction de sa ‘passion’ date du Ve voire du VIe siècle et beaucoup de détails y sont légendaires: enfermée dans un lieu de prostitution, elle sut résister à toute avance; attelée à deux bœufs pour l’écarteler, ils ne purent bouger; mise sur un bûcher, les flammes s’éloignèrent d’elle. Ses reliques vénérées à Syracuse ont été transportées d’abord à Constantinople et actuellement à Venise. Saint Thomas d’Aquin parle d’elle à deux reprises dans sa ‘Somme théologique’. Elle se serait rendue en pèlerinage à Catane sur le tombeau de sainte Agathe pour demander la guérison de sa mère. Ce miracle accomplit elle distribua sa fortune aux pauvres. Dénoncée comme Chrétienne, condamnée à être livrée à des débauchés, elle fut comme une ‘colonne inébranlable’ d’après une hymne… De cette ‘fabuleuse’ passion, nous retiendrons la réponse qu’elle fit à son juge: « Toi tu gardes les volontés de tes princes et moi j’observe nuit et jour les volontés de mon Dieu… Toi tu désires leur plaire et moi je n’ai d’autre ambition que de plaire au Christ seul. Fais donc ce qui te sembles utile et moi je ferai ce qui sera utile au Salut de mon âme ». De Syracuse où elle était l’objet d’une dévotion fort tendre dès le IVe siècle, son culte se répandit dans tout l’occident. La Corse du moyen-âge lui  a dédié quelques vingt-neuf sanctuaires. (d’après ‘Église de Corse en prière’ – diocèse d’Ajaccio) Mémoire de sainte Lucie, vierge et martyre à Syracuse en Sicile, vers 300. Tant qu’elle vécut, elle garda sa lampe allumée pour aller au-devant de l’Époux et, conduite à la mort pour le Christ, elle mérita d’entrer avec Lui dans la salle des noces et de posséder la lumière qui n’a pas de fin.

Martyrologe romain Lucie, jeune fille de Syracuse, vint à Catane, au tombeau de sainte Agathe, avec sa mère qui souffrait d’un flux de sang incurable. Après avoir prié un instant, Lucie s’endormit et vit en songe sainte Agathe qui lui dit : « Lucie, ma sœur, pourquoi me demander ce que ta Foi a pu obtenir par elle-même ? Ta mère est guérie. Tu seras bientôt la gloire de Syracuse comme je suis la gloire de Catane. » Lucie en échange de la guérison de sa mère, lui demanda et obtint la grâce de garder sa virginité. De retour à Syracuse, elle se défit de ses bijoux, vendit tous ses biens, et ne tarda pas à être dénoncée comme Chrétienne par son propre fiancé. Le gouverneur fait venir Lucie à son tribunal et lui ordonne de sacrifier aux dieux ; Lucie demeure invincible devant toutes les menaces. Les bourreaux la saisissent pour l’entraîner en un mauvais lieu ; mais, malgré leurs efforts, elle reste inébranlable comme un rocher. On la tire avec des cordes attachées à ses pieds et à ses mains sans plus de succès. On attelle plusieurs paires de bœufs pour l’ébranler ; mais toute la vigueur de ces robustes animaux ne produit aucun effet. « Quels maléfices emploies-tu donc ? dit à Lucie le préfet exaspéré. – Je ne recours point aux maléfices, dit-elle, mais la puissance de Dieu est avec moi. – Comment peux-tu, femme de rien, triompher d’un millier d’hommes ? – Fais-en venir dix mille, et ils ne pourront lutter contre Dieu. » Lucie est alors couverte d’huile, de poix et de résine, et on y met le feu ; mais la flamme respecte la vierge. Enfin elle meurt d’un coup d’épée en prédisant la paix dans l’Église.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/007.htm. Lucie, vierge de Syracuse, noble d’origine; entendant parler, par toute la Sicile, de la célébrité de sainte Agathe, alla à son tombeau avec sa mère Euthicie qui, depuis quatre ans, souffrait, sans espoir de guérison, d’une perte de sang. Or, à la messe, on lisait l’évangile où l’on raconte que N.-S. guérit une femme affligée de la même maladie. Lucie dit alors à sa mère : « Si vous croyez ce qu’on lit, croyez que Agathe jouit toujours de la présence de celui pour lequel elle a souffert. Si donc vous touchez son tombeau avec Foi, aussitôt vous serez radicalement guérie. » Quand toute l’assistance se fut retirée, la mère et la fille restèrent en prières auprès du tombeau; le sommeil alors s’empara de Lucie, et elle vit Agathe entourée d’anges, ornée de pierres précieuses ; debout devant elle et lui disant : « Ma sœur Lucie, vierge toute dévouée à Dieu, que demandez-vous de moi que vous né puissiez vous-même obtenir à l’instant pour votre mère ? Car elle vient d’être guérie par votre Foi. » Et Lucie qui s’éveilla dit : «Mère, vous êtes guérie. Or, je vous conjure, au nom de celle qui vient d’obtenir votre guérison par ses prières, de ne pas me chercher d’époux; mais tout ce que vous deviez me donner en dot, distribuez-le aux pauvres. » « Ferme-moi les yeux auparavant, répondit la mère, et alors tu disposeras de ton bien comme tu voudras. » Lucie lui dit : « En mourant, si vous donnez quelque chose c’est parce que tous ne pouvez l’emporter avec vous : donnez-le-moi tandis que vous êtes en vie, et vous en serez récompensée. » Après leur retour on faisait journellement des biens une part qu’on distribuait aux pauvres. Le bruit du partage de ce patrimoine vint aux oreilles du fiancé, et il en demanda le motif à la nourrice. Elle eut la précaution de lui répondre que sa fiancée avait trouvé une propriété de plus grand rapport, qu’elle voulait acheter à son nom ; c’était le motif pour lequel on la voyait se défaire de son bien. L’insensé, croyant qu’il s’agissait d’un commerce tout humain, se mit à faire hausser lui-même la vente. Or, quand tout fut vendu et donné aux pauvres, le fiancé traduisit Lucie devant le consul Pascasius : il l’accusa d’être Chrétienne et de violer les édits des Césars. Pascasius l’invita à sacrifier aux idoles, mais elle répondit : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est de visiter les pauvres, de subvenir à leurs besoins, et parce que je n’ai plus rien à offrir, je me donne moi-même pour lui être offerte. » Pascasius dit: « Tu pourrais bien dire cela à quelque Chrétien insensé, comme toi, mais à moi qui fais exécuter les décrets des princes, c’est bien inutile de poursuivre. » « Toi, reprit Lucie, tu exécutes les lois de tes princes, et moi j’exécute la loi de mon Dieu. Tu crains les princes, et moi je crains Dieu. Tu ne voudrais pas les offenser et moi je me garde d’offenser Dieu. Tu désires leur plaire et moi je souhaite ardemment de plaire à J.-C. Fais donc ce que tu juges te devoir être utile, et moi je ferai ce que je saurai m’être profitable. » Pascasius lui dit : « Tu as dépensé ton patrimoine avec des débauchés, aussi tu parles comme une courtisane. » « J’ai placé, reprit Lucie, mon patrimoine en lieu sûr, et je suis loin de connaître ceux qui débauchent l’esprit et le corps. » Pascasius lui demanda: « Quels sont-ils ces corrupteurs? » Lucie reprit : « Ceux qui corrompent l’esprit, c’est vous qui conseillez aux âmes d’abandonner le créateur. Ceux qui corrompent le corps, ce sont ceux qui préfèrent les jouissances corporelles aux délices éternelles. » « Tu cesseras de parler, reprit Pascasius, lorsqu’on commencera à te fouetter. » «Les paroles de Dieu, dit Lucie, n’auront jamais de fin. » « Tu es donc Dieu », repartit Pascasius. « Je suis, répondit Lucie, la servante du Dieu qui a. dit : « Alors que vous serez en présence des rois et des présidents, ne vous inquiétez pas de ce que vous aurez à dire, ce ne sera pas vous qui parlez, mais L’Esprit parlera en vous. » Pascasius reprit: « Alors tu as l’esprit saint en toi ? » « Ceux qui vivent dans la chasteté, dit Lucie, ceux-là sont les temples du Saint-Esprit. » Alors, dit Pascasius je vais te faire conduire dans un lieu de prostitution, pour que tu y subisses le viol, et que tu perdes l’esprit saint. » « Le corps, dit Lucie, n’est corrompu qu’autant que le cœur y consent, car si tu me fais violer malgré moi, je gagnerai la couronne de la chasteté. Mais jamais tu ne sauras forcer ma volonté à y donner consentement. Voici mon corps, il est disposé à toutes sortes de supplices. Pourquoi hésites-tu? Commence, fils du diable, assouvis sur moi ta rage de me tourmenter. » Alors Pascasius fit venir des débauchés, en leur disant : « Invitez tout le peuple, et qu’elle subisse tant d’outrages qu’on vienne dire qu’elle en est morte. Or, quand on voulut la traîner, Le Saint-Esprit la rendit immobile et si lourde qu’on ne put lui faire exécuter aucun mouvement. Pascasius fit venir mille hommes et lui fit lier les pieds et les mains; mais ils ne surent la mouvoir en aucune façon. Aux mille hommes, il ajouta mille paires de bœufs, et cependant la vierge du Seigneur demeura immobile. Il appela des magiciens, afin que, par leurs enchantements, ils la fissent remuer, mais ce fut chose impossible. Alors Pascasius dit « Quels sont ces maléfices ? Une jeune fille ne saurait être remuée par mille hommes? » Lucie lui dit : « Ce ne sont pas maléfices; mais bénéfices de J.-C. Et quand vous en ajouteriez encore dix mille, vous ne m’enverriez pas moins immobile: » Pascasius pensant, selon quelques rêveurs, qu’une lotion d’urine la délivrerait dit maléfice, il l’en fit inonder; mais, comme auparavant, on ne pouvait venir à bout de la mouvoir, il en fut outré ; alors il fit allumer autour d’elle un grand feu et jeter sur son corps de l’huile bouillante mêlée de poix et de résine. Après ce supplice, Lucie s’écria : « J’ai obtenu quelque répit dans mes souffrances, afin d’enlever à ceux qui: croient la crainte des tourments, et à ceux qui ne croient pas, le temps de  m’insulter. » Les amis de Pascasius, le voyant fort irrité, enfoncèrent une épée dans la gorge de Lucie, qui, néanmoins, ne perdit point la parole : « Je vous annonce, dit-elle, que la paix est rendue à l’Eglise, car Maximien vient de mourir aujourd’hui, et Dioclétien est chassé de son royaume : et de même que ma sœur Agathe a été établie la protectrice de la ville de Catane, de même j’ai été établie la gardienne de Syracuse. » Comme la vierge parlait ainsi, voici venir les ministres romains qui saisissent Pascasius, le chargent de chaînes et le mènent à César. César avait en effet appris qu’il avait pillé toute la province. Arrivé à Rome, il comparait devant le Sénat, est convaincu, et condamné à la peine capitale. Quant à la vierge Lucie, elle ne fut pas enlevée du lieu où elle avait souffert, elle rendit l’esprit seulement quand les Prêtres furent venus lui apporter le Corps du Seigneur. Et tous les assistants répondirent : Amen. Elle fut ensevelie dans cet endroit là même où on bâtit une église. Or, elle souffrit au- temps de Constantin et de Maxime, vers l’an de N.-S. 310.   HISTOIRE DE SAINTE LUCIE

Etymologie : Lucie vient du mot latin lux qui signifie la lumière. Fête de Sainte Lucie : le 13 Décembre Sainte Lucie est la patronne des aveugles et des électriciens.

     Lucie vivait à Syracuse, en Sicile au IVème siècle ; elle était issue d’une famille de nobles. Sa mère souffrait d’un flux de sang incurable. On disait qu’une nuit de prière sur la tombe de Sainte-Agathe permettait de grands prodiges. Lucie vint avec sa mère à Catane pour prier sur le tombeau de Sainte-Agathe. En priant pour la guérison de sa mère, Lucie s’endormit et elle vit Sainte Agathe lui dire : « Lucie, ma sœur, pourquoi me demander ce que ta Foi a pu obtenir par elle-même ? Ta mère est guérie. Tu seras bientôt la gloire de Syracuse comme je suis la gloire de Catane. »      En remerciement, Lucie décida de faire don de tous ses biens et de sa dot aux nécessiteux. Elle décida de consacrer sa vie aux pauvres. L’homme à qui elle était promise en mariage (contre la volonté de Lucie) n’apprécia pas du tout ce comportement. Il continuait de la presser. Lucie lui aurait demandé pourquoi il tenait tant à elle ; il lui aurait répondu : « Vos yeux ! » Lucie s’arracha les yeux avec un petit couteau et après les avoir mis sur un plat, elle les porta à tâtons à son fiancé (voir la statue de l’église de Ste-Luce). La vierge Marie aurait rendu la vue à Lucie, avec des yeux encore plus beaux !      Lucie apportait la nuit des provisions aux Chrétiens qui se cachaient dans les grottes. Comme il faisait nuit, elle avait besoin de bougies pour s’éclairer et comme elle portait de la nourriture et de l’eau, elle avait besoin de ses deux mains. Elle fabriqua une couronne sur laquelle elle fixa des bougies.      Finalement son fiancé la dénonça aux autorités comme chrétienne.      Lucie fut conduite devant le consul Pascasius. Lucie refusa de se conformer au culte des idoles et elle affirma sa Foi Chrétienne :      « Ceux qui vivent avec chasteté et piété sont le Temple de l’Esprit-Saint. »      Pour la punir, le consul décida de l’emmener dans une maison de débauche pour lui faire perdre sa virginité. Le corps de Lucie devint très lourd et il fut impossible de l’emmener. Le consul fit venir des bœufs pour la tirer, mais ce fut sans résultat !      Le consul décida alors de la faire brûler sur un bucher ; on enduisit son corps de poix, de résine et d’huile bouillante, mais les flammes se détournèrent de Lucie. Le consul ordonna de l’égorger : un coup d’épée lui trancha la gorge. Son corps fut enseveli à Syracuse. Il fut ensuite transféré à Constantinople et enfin à Venise.

Lecture Quand son fiancé apprit que Lucie avait distribué tous ses biens aux pauvres, il traduisit la jeune fille devant le consul Paschase sous l’accusation qu’elle était Chrétienne et refusait de se soumettre aux lois de l’empire. Aussitôt Paschase lui intima l’ordre de sacrifier aux idoles. Lucie répondit : « Visiter les pauvres et soulager leurs misères est un sacrifice qui plaît à Dieu : je n’ai désormais plus de richesses à offrir, je n’ai plus que ma personne que j’offre en victime au Dieu vivant. Jacques de Voragine, Légende dorée

Prière Permets, nous t’en prions, Seigneur, que l’intercession de sainte Lucie ranime notre ferveur, afin que nous puissions chanter aujourd’hui son martyre et contempler sa gloire auprès de toi.

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