Archive pour la catégorie 'Saint François d’Assisi'

LA JOIE PARFAITE – SAINT FRANÇOIS

3 octobre, 2013

http://www.diquipassofrancesco.it/Fr/LAJOIEPARFAITE.html

(DU SITE: FRANÇOIS EST PASSE ICI)

Dans les Fioretti il est une page que les pèlerins peuvent faire leur comme une “Trace” de l’attitude juste du “Cœur pèlerin”. C’est une page qui peut être considérée comme dure et extrême, ou bien lue comme une invitation à la légèreté et à une attitude de transformation positive de tout ce qui nous arrive sur le chemin et dans la vie ; ce texte perd ainsi son côté « quasi masochiste ».

LA JOIE PARFAITE

En allant par les chemins saint François et frère Léon, discutaient de ce qui amène à la joie parfaite.

Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte-Marie des Anges avec frère Léon, au temps d’hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : « O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n’est pas la joie parfaite.» Et saint François, allant plus loin, l’appela une deuxième fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait les aveugles voir, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l’ouïe aux sourds, le marcher aux boiteux, la parole aux muets, et, ce qui est plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. » Marchant encore un peu, saint François s’écria d’une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Ecritures, en sorte qu’il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. » Allant un peu plus loin, saint François appela encore d’une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère Mineur parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu’il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. » Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d’une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu’il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n’est point la joie parfaite. »
Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l’interrogea et dit : « Frère, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » Et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie des Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons: « Nous sommes deux de vos frères », et qu’il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous-en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu’il nous fera rester dehors dans la neige et dans la pluie, avec le froid et la faim, jusqu’à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d’injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et si nous persistons à frapper, et qu’il sorte en colère, et qu’il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets, en disant : « Allez-vous-en d’ici, misérables petits voleurs, allez à l’hôpital car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et supplions pour l’amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu’il dise, plus irrité encore : « Ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et qu’il sorte avec un bâton noueux, et qu’il nous saisisse par le capuchon, et nous jette à terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les nœuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu’en cela est la joie parfaite. Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l’Esprit Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l’amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu’ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l’Apôtre : « Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu de Dieu ? Et si tu l’as reçu de lui, pourquoi t’en glorifies-tu comme si tu l’avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l’affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c’est pourquoi l’Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n’est dans la croix de Notre Seigneur Jésus Christ. »
A qui soit toujours honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen.

Fioretti di San Francesco  n° 1836 – 42922

On peut rapprocher ce texte de la
Lettre de saint Jacques 1,2-4

« Tenez pour une joie suprême, mes frères, d’être en butte à toutes sortes d’épreuves. Vous le savez : bien éprouvée, votre foi produit la constance ; mais que la constance s’accompagne d’une oeuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désirer. » 

PAPE BENOIT: SAINT FRANÇOIS D’ASSISE

3 octobre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100127_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

MERCREDI 27 JANVIER 2010

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE

Chers frères et sœurs,
Dans une récente catéchèse, j’ai déjà illustré le rôle providentiel que l’Ordre des frères mineurs et l’Ordre des frères prêcheurs, fondés respectivement par saint François d’Assise et par saint Dominique Guzman, eurent dans le renouveau de l’Eglise de leur temps. Je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure de François, un authentique « géant » de sainteté, qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions.
« Surgit au monde un soleil ». A travers ces paroles, dans la Divine Comédie (Paradis, chant XI), le plus grand poète italien Dante Alighieri évoque la naissance de François, survenue à la fin de 1181 ou au début de 1182, à Assise. Appartenant à une riche famille – son père était marchand drapier –, François passa son adolescence et sa jeunesse dans l’insouciance, cultivant les idéaux chevaleresques de l’époque. A l’âge de vingt ans, il participa à une campagne militaire, et fut fait prisonnier. Il tomba malade et fut libéré. De retour à Assise, commença en lui un lent processus de conversion spirituelle, qui le conduisit à abandonner progressivement le style de vie mondain qu’il avait mené jusqu’alors. C’est à cette époque que remontent les célèbres épisodes de la rencontre avec le lépreux, auquel François, descendu de cheval, donna le baiser de la paix, et du message du Crucifié dans la petite église de saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s’anima, et lui dit: « Va, François, et répare mon église en ruine ». Ce simple événement de la parole du Seigneur entendue dans l’église de Saint-Damien renferme un symbolisme profond. Immédiatement, saint François est appelé à réparer cette petite église, mais l’état de délabrement de cet édifice est le symbole de la situation dramatique et préoccupante de l’Eglise elle-même à cette époque, avec une foi superficielle qui ne forme ni ne transforme la vie, avec un clergé peu zélé, avec un refroidissement de l’amour; une destruction intérieure de l’Eglise qui comporte également une décomposition de l’unité, avec la naissance de mouvements hérétiques. Toutefois, au centre de cette église en ruines se trouve le crucifié, et il parle: il appelle au renouveau, appelle François à un travail manuel pour réparer de façon concrète la petite église de Saint-Damien, symbole de l’appel plus profond à renouveler l’Eglise même du Christ, avec la radicalité de sa foi et l’enthousiasme de son amour pour le Christ. Cet événement qui a probablement eu lieu en 1205, fait penser à un autre événement semblable qui a eu lieu en 1207: le rêve du Pape Innocent III. Celui-ci voit en rêve que la Basilique Saint-Jean-de-Latran, l’église mère de toutes les églises, s’écroule et un religieux petit et insignifiant la soutient de ses épaules afin qu’elle ne tombe pas. Il est intéressant de noter, d’une part, que ce n’est pas le Pape qui apporte son aide afin que l’église ne s’écroule pas, mais un religieux petit et insignifiant, dans lequel le Pape reconnaît François qui lui rend visite. Innocent III était un Pape puissant, d’une grande culture théologique, et d’un grand pouvoir politique, toutefois, ce n’est pas lui qui renouvelle l’église, mais le religieux petit et insignifiant: c’est saint François, appelé par Dieu. Mais d’autre part, il est intéressant de noter que saint François ne renouvelle pas l’Eglise sans ou contre le Pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont de pair: le Successeur de Pierre, les évêques, l’Eglise fondée sur la succession des apôtres et le charisme nouveau que l’Esprit Saint crée en ce moment pour renouveler l’Eglise. C’est ensemble que se développe le véritable renouveau.
Retournons à la vie de saint François. Etant donné que son père Bernardone lui reprochait sa générosité exagérée envers les pauvres, François, devant l’évêque d’Assise, à travers un geste symbolique, se dépouille de ses vêtements, montrant ainsi son intention de renoncer à l’héritage paternel: comme au moment de la création, François n’a rien, mais uniquement la vie que lui a donnée Dieu, entre les mains duquel il se remet. Puis il vécut comme un ermite, jusqu’à ce que, en 1208, eut lieu un autre événement fondamental dans l’itinéraire de sa conversion. En écoutant un passage de l’Evangile de Matthieu – le discours de Jésus aux apôtres envoyés en mission –, François se sentit appelé à vivre dans la pauvreté et à se consacrer à la prédication. D’autres compagnons s’associèrent à lui, et en 1209, il se rendit à Rome, pour soumettre au Pape Innocent III le projet d’une nouvelle forme de vie chrétienne. Il reçut un accueil paternel de la part de ce grand Souverain Pontife, qui, illuminé par le Seigneur, perçut l’origine divine du mouvement suscité par François. Le Poverello d’Assise avait compris que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être placé au service du Corps du Christ, qui est l’Eglise; c’est pourquoi, il agit toujours en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique. Dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement, et si apparaissent des tensions, ils savent attendre avec patience les temps de l’Esprit Saint.
En réalité, certains historiens du XIXe siècle et même du siècle dernier ont essayé de créer derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, de même que l’on essaie de créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique. Ce François historique n’aurait pas été un homme d’Eglise, mais un homme lié immédiatement uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie. La vérité est que saint François a eu réellement une relation très directe avec Jésus et avec la Parole de Dieu, qu’il voulait suivre sine glossa, telle quelle, dans toute sa radicalité et sa vérité. Et il est aussi vrai qu’initialement, il n’avait pas l’intention de créer un Ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le peuple de Dieu, le convoquer de nouveau à l’écoute de la parole et de l’obéissance verbale avec le Christ. En outre, il savait que le Christ n’est jamais « mien », mais qu’il est toujours « nôtre », que le Christ, je ne peux pas l’avoir « moi » et reconstruire « moi » contre l’Eglise, sa volonté et son enseignement, mais uniquement dans la communion de l’Eglise construite sur la succession des Apôtres qui se renouvelle également dans l’obéissance à la parole de Dieu.
Et il est également vrai qu’il n’avait pas l’intention de créer un nouvel ordre, mais uniquement de renouveler le peuple de Dieu pour le Seigneur qui vient. Mais il comprit avec souffrance et avec douleur que tout doit avoir son ordre, que le droit de l’Eglise lui aussi est nécessaire pour donner forme au renouveau et ainsi réellement il s’inscrivit de manière totale, avec le cœur, dans la communion de l’Eglise, avec le Pape et avec les évêques. Il savait toujours que le centre de l’Eglise est l’Eucharistie, où le Corps du Christ et son Sang deviennent présents. A travers le Sacerdoce, l’Eucharistie est l’Eglise. Là où le Sacerdoce, le Christ et la communion de l’Eglise vont de pair, là seul habite aussi la parole de Dieu. Le vrai François historique est le François de l’Eglise et précisément de cette manière, il parle aussi aux non-croyants, aux croyants d’autres confessions et religions.
François et ses frères, toujours plus nombreux, s’établirent à la Portioncule, ou église Sainte-Marie des Anges, lieu sacré par excellence de la spiritualité franciscaine. Claire aussi, une jeune femme d’Assise, de famille noble, se mit à l’école de François. Ainsi vit le jour le deuxième ordre franciscain, celui des Clarisses, une autre expérience destinée à produire d’insignes fruits de sainteté dans l’Eglise.
Le successeur d’Innocent III lui aussi, le Pape Honorius III, avec sa bulle Cum dilecti de 1218 soutint le développement singulier des premiers Frères mineurs, qui partaient ouvrir leurs missions dans différents pays d’Europe, et jusqu’au Maroc. En 1219, François obtint le permis d’aller s’entretenir, en Egypte, avec le sultan musulman, Melek-el-Kâmel, pour prêcher là aussi l’Evangile de Jésus. Je souhaite souligner cet épisode de la vie de saint François, qui est d’une grande actualité. A une époque où était en cours un conflit entre le christianisme et l’islam, François, qui n’était volontairement armé que de sa foi et de sa douceur personnelle, parcourut concrètement la voie du dialogue. Les chroniques nous parlent d’un accueil bienveillant et cordial reçu de la part du sultan musulman. C’est un modèle dont devraient s’inspirer aujourd’hui encore les relations entre chrétiens et musulmans: promouvoir un dialogue dans la vérité, dans le respect réciproque et dans la compréhension mutuelle (cf. Nostra Aetate, n. 3). Il semble ensuite que François ait visité la Terre Sainte, jetant ainsi une semence qui porterait beaucoup de fruits: ses fils spirituels en effet firent des Lieux où vécut Jésus un contexte privilégié de leur mission. Je pense aujourd’hui avec gratitude aux grands mérites de la Custodie franciscaine de Terre Sainte.
De retour en Italie, François remit le gouvernement de l’ordre à son vicaire, le frère Pietro Cattani, tandis que le Pape confia à la protection du cardinal Ugolino, le futur Souverain Pontife Grégoire IX, l’Ordre, qui recueillait de plus en plus d’adhésions. Pour sa part, son Fondateur, se consacrant tout entier à la prédication qu’il menait avec un grand succès, rédigea la Règle, ensuite approuvée par le Pape.
En 1224, dans l’ermitage de la Verna, François vit le Crucifié sous la forme d’un séraphin et de cette rencontre avec le séraphin crucifié, il reçut les stigmates; il devint ainsi un avec le Christ crucifié: un don qui exprime donc son intime identification avec le Seigneur.
La mort de François – son transitus – advint le soir du 3 octobre 1226, à la Portioncule. Après avoir béni ses fils spirituels, il mourut, étendu sur la terre nue. Deux années plus tard, le Pape Grégoire IX l’inscrivit dans l’album des saints. Peu de temps après, une grande basilique fut élevée en son honneur, à Assise, destination encore aujourd’hui de nombreux pèlerins, qui peuvent vénérer la tombe du saint et jouir de la vision des fresques de Giotto, le peintre qui a illustré de manière magnifique la vie de François.
Il a été dit que François représente un alter Christus, qu’il était vraiment une icône vivante du Christ. Il fut également appelé « le frère de Jésus ». En effet, tel était son idéal: être comme Jésus; contempler le Christ de l’Evangile, l’aimer intensément, en imiter les vertus. Il a en particulier voulu accorder une valeur fondamentale à la pauvreté intérieure et extérieure, en l’enseignant également à ses fils spirituels. La première béatitude du Discours de la Montagne – Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient (Mt 5, 3) a trouvé une réalisation lumineuse dans la vie et dans les paroles de saint François. Chers amis, les saints sont vraiment les meilleurs interprètes de la Bible; ils incarnent dans leur vie la Parole de Dieu, ils la rendent plus que jamais attirante, si bien qu’elle nous parle concrètement. Le témoignage de François, qui a aimé la pauvreté pour suivre le Christ avec un dévouement et une liberté totale, continue à être également pour nous une invitation à cultiver la pauvreté intérieure afin de croître dans la confiance en Dieu, en unissant également un style de vie sobre et un détachement des biens matériels.
Chez François, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
En cette année sacerdotale, j’ai également plaisir à rappeler une recommandation adressée par François aux prêtres: « Lorsqu’ils voudront célébrer la Messe, purs de manière pure, qu’ils présentent avec respect le véritable sacrifice du Très Saint Corps et Sang de notre Seigneur Jésus Christ » (François d’Assise, Ecrits, 399). François faisait toujours preuve d’un grand respect envers les prêtres et il recommandait de toujours les respecter, même dans le cas où ils en étaient personnellement peu dignes. Il donnait comme motivation de ce profond respect le fait qu’ils avaient reçu le don de consacrer l’Eucharistie. Chers frères dans le sacerdoce, n’oublions jamais cet enseignement: la sainteté de l’Eucharistie nous demande d’être purs, de vivre de manière cohérente avec le Mystère que nous célébrons.
De l’amour pour le Christ naît l’amour envers les personnes et également envers toutes les créatures de Dieu. Voilà un autre trait caractéristique de la spiritualité de François: le sens de la fraternité universelle et l’amour pour la création, qui lui inspira le célèbre Cantique des créatures. C’est un message très actuel. Comme je l’ai rappelé dans ma récente encyclique Caritas in veritate, seul un développement qui respecte la création et qui n’endommage pas l’environnement pourra être durable (cf. nn. 48-52), et dans le Message pour la Journée mondiale de la paix de cette année, j’ai souligné que l’édification d’une paix solide est également liée au respect de la création. François nous rappelle que dans la création se déploient la sagesse et la bienveillance du Créateur. Il comprend la nature précisément comme un langage dans lequel Dieu parle avec nous, dans lequel la réalité devient transparente et où nous pouvons parler de Dieu et avec Dieu.
Chers amis, François a été un grand saint et un homme joyeux. Sa simplicité, son humilité, sa foi, son amour pour le Christ, sa bonté envers chaque homme et chaque femme l’ont rendu heureux en toute situation. En effet, entre la sainteté et la joie existe un rapport intime et indissoluble. Un écrivain français a dit qu’il n’existe qu’une tristesse au monde: celle de ne pas être saints, c’est-à-dire de ne pas être proches de Dieu. En considérant le témoignage de saint François, nous comprenons que tel est le secret du vrai bonheur: devenir saints, proches de Dieu!
Que la Vierge, tendrement aimée de François, nous obtienne ce don. Nous nous confions à Elle avec les paroles mêmes du Poverello d’Assise: « Sainte Vierge Marie, il n’existe aucune femme semblable à toi née dans le monde, fille et servante du très haut Roi et Père céleste, Mère de notre très Saint Seigneur Jésus Christ, épouse de l’Esprit Saint: prie pour nous… auprès de ton bien-aimé Fils, Seigneur et Maître » (François d’Assise, Ecrits, 163).

LES PSAUMES DE SAINT FRANÇOIS

2 octobre, 2013

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Fdassise/psaumes.html

LES PSAUMES DE SAINT FRANÇOIS

(15 Psaumes sur le site)

PSAUME 1

Mon Dieu, je t’ai dit toutes les peines de ma vie,
tu sais combien de larmes j’ai versées.

Mes ennemis s’acharnent à me perdre,
contre moi ils assemblent leur conseil.

A mes bienfaits ils ne répondent que par le mal,
à mon amour que par la haine.

Je suis en butte à l’indifférence et aux sarcasmes,
mais je reste fidèle à la prière.

Père saint, roi du ciel et de la terre,
ne t’éloigne pas de moi,
car l’épreuve m’accable
et personne pour me secourir!

Mais l’ennemi reculera quand je t’invoquerai,
car, je le sais, tu es mon Dieu.

Mes ennemis ont déserté mon foyer,
mes plus proches fuient le seuil de ma maison.

Mes amis se détournent de moi,
je suis trahi sans pouvoir me disculper.

Père saint, n’éloigne pas de moi ton aide,
ô mon Dieu, viens à mon secours!

Accours vite à mon aide,
Seigneur, ô Dieu mon Sauveur!

PSAUME 2

Seigneur, Dieu de mon salut,
je crie le jour et la nuit devant toi.

Que ma supplication parvienne jusqu’à toi,
prête l’oreille à ma prière.

Ecoute mon âme et délivre-la,
à l’Ennemi arrache-moi!

C’est toi qui m’as fait naître,
toi mon espoir dès le premier jour,
à ma naissance c’est toi qui m’as reçu.

Dès le sein de ma mère, mon Dieu c’est toi,
ne t’éloigne jamais de moi!

Toi seul connais ma honte et mes affronts,
mes outrages et ma confusion.

Tu vois la meute de mes insulteurs,
tu vois mon coeur accablé par le mépris.

J’attends la compassion; personne n’y prend garde,
je cherche un consolateur et je n’en trouve pas.

O Dieu, des impies se sont levés contre moi,
une bande de forcenés pourchasse mon âme.

On me considère déjà comme au tombeau,
comme un homme fini, vivant parmi les morts.

Mais toi tu es mon Père très saint,
tu es mon Roi, tu es mon Dieu.

Accours vite à mon aide,
Seigneur, ô Dieu mon Sauveur.

PSAUME 3

Pitié pour moi, mon Dieu, pitié pour moi,
mon âme se confie en toi.

A l’ombre de tes ailes je m’abrite,
tant que dure le fléau.

Je crie vers mon Père, le Très-Saint, le Très-Haut,
vers Dieu qui a tant fait pour moi.

C’est lui qui, du ciel, m’a secouru et m’a sauvé,
qui a refoulé ceux qui me harcelaient.

Il a déployé sa force et sa vérité,
il m’a arraché à la haine de l’Ennemi.

Ils avaient tendu un piège devant mes pas,
ils avaient fait plier mon âme.

Ils avaient creusé une trappe devant moi,
eux-mêmes sont tombés dedans.

Mon coeur est prêt, ô Dieu, mon coeur est prêt,
je veux chanter et psalmodier.

Eveille-toi, ma gloire, éveille-toi, harpe et cithare,
que j’éveille l’aurore.

Je veux te louer parmi les peuples, Seigneur,
et te chanter un psaume parmi les nations.

Car ton amour est aussi vaste que l’univers,
ta fidélité, plus haute que les cieux.

Sois loué, ô Dieu, tout là-haut dans les cieux,
et que ta gloire rayonne sur toute la terre.

PSAUME 4

Pitié pour moi, ô Dieu, car on me foule aux pieds,
tout le jour on m’accable d’injures et de coups.

Mes ennemis, me piétinent tout le jour,
ils sont nombreux, mes assaillants.

Mes ennemis ne songent qu’à me torturer,
ils lancent leurs mensonges contre moi.

Ils en veulent à ma vie,
ils se sont réunis en conseil.

Ils se sont retirés à l’écart,
afin de comploter entre eux.

Tous les passants me voient et se moquent de moi,
ils ricanent et hochent la tête.

Et moi je suis un ver et non un homme,
honte du genre humain et le rebut du peuple.

Après mes ennemis,
mes voisins me prennent en dégoût,
mes amis me traitent comme un objet d’effroi.

Père saint, n’éloigne pas de moi ton aide,
ô Dieu, veille à me secourir!

Accours, vite à mon aide,
Seigneur, ô Dieu mon Sauveur.

PSAUME 5

De toute ma voix je crie vers Dieu,
de toute ma voix j’implore le Seigneur.

Je répands devant lui ma plainte,
devant lui j’expose ma détresse.

Je crains que mon esprit s’égare,
mais toi, ô Dieu, tu connais mon chemin.

Sur la route où je marche,
ils m’ont tendu un piège.

Jette les yeux autour de moi et vois,
pas un qui me connaisse!

Il n’y a point de refuge pour moi,
personne pour me délivrer.

C’est pour toi que j’ai supporté l’injure,
pour toi la honte a couvert mon visage.

Je suis devenu pour mes frères un étranger,
un inconnu pour les fils de ma mère.

Père saint, le zèle de ta maison me dévorait,
mais tes ennemis se sont ligués contre moi.

Ils se sont assemblés pour se moquer de moi,
leur fouet s’est abattu sur moi, et moi j’ai pardonné.

Plus nombreux que les cheveux de ma tête,
sont ceux qui me haïssent sans raison.

Ils ont gagné, mes injustes persécuteurs
il m’a fallu payer jusqu’aux dettes d’autrui.

De faux témoins se sont levés contre moi,
ils m’ont chargé de crimes que j’ignorais.

Ils m’ont rendu le mal pour le bien,
et m’ont calomnié parce que je les aimais.

Tu es mon Père, le Très-Saint, le Très-Haut,
tu es mon Roi, tu es mon Dieu.

Accours vite à mon aide,
Seigneur, ô Dieu mon Sauveur.

PSAUME 6

Vous qui passez sur le chemin,
arrêtez-vous et regardez,
et voyez s’il est une douleur pareille à ma douleur.

Des chiens nombreux me cernent,
une bande de vauriens m’assiège.

Ils me toisent, ils me dévisagent,
ils ont partagé mes vêtements, tiré ma robe au sort.

Ils ont percé mes mains, mes pieds,
ils ont compté tous mes os.

Ils ont ouvert la bouche et hurlé contre moi,
comme des lions qui rugissent et déchirent.

Je sens la vie s’écouler hors de moi comme l’eau,
tous mes os sont disloqués.

Mon coeur s’est amolli comme la cire,
il fond au milieu de ma poitrine.

Ma force se dessèche comme terre cuite au four,
ma langue colle à mon palais.

Pour nourriture ils m’ont fait goûter le fiel,
et dans ma soif ils m’ont abreuvé de vinaigre.

Ils m ont couché dans la poussière de la mort,
ils ont mis le comble à la douleur de mes blessures.

Je me suis endormi… Mais je suis ressuscité,
mon Père très saint m’a reçu dans sa gloire.

Père saint, tu m’as pris par la main droite,
tu m’as accueilli dans ta gloire.

Quelle est ma récompense dans le ciel, sinon toi ?
et sur la terre que puis-je vouloir d’autre que toi ?

Voyez, voyez, je suis Dieu, dit le Seigneur,
je serai exalté parmi les peuples, exalté sur la terre.

Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël
qui rachète nos âmes par son sang très saint,
il n’abandonne aucun de ceux qui espèrent en lui.

Et nous savons qu’il reviendra,
il fera régner la justice sur la terre.

PSAUME 7

Toutes les nations, applaudissez!
Acclamez Dieu, éclatez en cris de joie!

Car il est le Seigneur, le Redoutable, le Très-Haut,
le Puissant, le Roi de l’univers.

Il est notre Père très saint, notre Roi,
qui, dès avant la création du monde,
envoya son Fils bien-aimé
pour faire don du salut à la terre.

Que les cieux se réjouissent et que la terre exulte,
que jubile la mer avec ses habitants,
que fleurissent les plaines et chantent les forêts!

Chantez-lui un cantique nouveau,
chantez le Seigneur, terre entière!

Car le Seigneur est grand et digne de louange,
devant lui disparaissent toutes les idoles.

Peuples païens, reconnaissez le Seigneur,
rendez-lui honneur et louange,
reconnaissez la gloire de son nom.

Faites don de vous-mêmes,
et vous aussi portez sa croix,
obéissez jusqu’au bout à ses commandements.

Que tout l’univers tremble devant sa face,
dites à tous les peuples: Le Seigneur règne par la Croix!

Le jour de l’ascension, on ajoute ces deux versets.

Il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père,
ô Dieu, sois glorifié dans les cieux,
et que ta gloire rayonne sur la terre!

Et nous savons qu’il reviendra,
il fera régner la justice sur la terre.

SAINT FRANÇOIS ET LE SULTAN : DIEU EST COURTOISIE

2 octobre, 2013

http://www.freres-capucins.fr/Saint-Francois-et-le-Sultan-Dieu.html

SAINT FRANÇOIS ET LE SULTAN : DIEU EST COURTOISIE

Pendant que les armées de la cinquième croisade assiégeaient les musulmans devant la ville de Damiette, en Égypte, François, « poussé par l’Esprit d’en Haut », décida de quitter le camp des croisés avec son compagnon, pour aller trouver le Sultan. Ils allaient sans arme et sans escorte. Savoir qu’ils risquaient le martyre n’était pas pour leur déplaire. Ils voyaient dans les musulmans, des créatures de Dieu avaient droit à la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Contrairement à toute attente, le Sultan les reçut avec courtoisie.
Si invraisemblable que cela paraisse, la visite de Frère François au Sultan Al-Malik alKâmil est un fait historique qui a bien eu lieu en 1219.

Un geste prophétique
Avec son compagnon frère Illuminé, « homme d’intelligence et de courage » qui parlait peut-être l’arabe, il sort du camp des croisés, il n’a pas de recommandation : sans le leur interdire, le légat du pape, chef de la croisade, n’a pas voulu se compromettre dans une telle aventure. Les deux frères se dirigent vers le camp ennemi, vêtus de leur simple bure de frères mineurs. Dès que les soldats de la garde les aperçoivent, ils se précipitent sur eux et les traitent sans ménagement. Heureusement, on est dans un moment de trêve, et les deux étranges visiteurs ne sont pas armés. A grands cris, François et son compagnon crient : « Le Sultan, le Sultan ».

François et Al Malik Al Kâmil
On ne sait pas comment les gardes ont fait annoncer au Sultan que deux hommes pauvrement vêtus, venant du camp des croisés, désiraient le rencontrer. Ce que l’on sait par contre, c’est qu’il les reçut et les traita avec courtoisie. « Il fit soigner François » peut-être des coups reçus, ou de la maladie d’yeux contractée sous le soleil d’Égypte.
Saint Bonaventure qui tient ses informations du compagnon même de François, raconte « Le prince leur demanda qui les envoyait. Avec sa belle assurance, François répondit qu’il avait été envoyé d’au-delà des mers, non par un homme, mais par le Dieu Très-Haut pour lui indiquer à lui et à son peuple la voie du salut et leur annoncer l’Évangile qui est la vérité. Puis il prêcha au Sultan,. Dieu Trinité et Jésus sauveur du monde ». Tout en disant intégralement sa foi chrétienne, à aucun moment il n’a de paroles offensantes contre le Coran, ni contre Mahomet. Bonaventure continue : « Témoin de cette ardeur et de ce courage, le Sultan l’écoutait avec plaisir et le pressait de prolonger son séjour près de lui ».
On ne sait combien de temps François resta chez lui, certainement plusieurs jours. En tout cas, ce qui ressort des témoignages de l’époque, c’est qu’une estime réciproque et une réelle sympathie naquirent entre ces deux hommes. Le Sultan profondément religieux admirait la Foi et la douceur de ce soufi chrétien. François quant à lui, était impressionné par le respect que les musulmans portaient au nom d’Allah, et par leur fidélité à la prière, cinq fois par jour.
Quand François décida de retourner au camp des croisés, le Sultan lui offrit de nombreux et riches cadeaux. Il les refusa en conformité avec sa volonté de pauvreté. Le Sultan n’en conçut que plus de dévotion encore pour lui » (L. M. 9,8.) et il se recommanda à ses prières.

Respect, amour
D’après ses plus anciens biographes, François, en allant rencontrer le Sultan espérait, soit obtenir la grâce du martyre en versant son sang pour témoigner du Christ, soit amorcer un mouvement de conversion à la foi chrétienne. Il revint en Italie sans avoir obtenu ni l’un ni l’autre, mais ce geste de respect et d’amour pour l’ennemi, à une époque où l’on ne pensait qu’à en découdre d’un côté comme de l’autre, n’aura pas été posé en vain.
En ce qui concerne son Ordre, on pense que c’est après son retour de la croisade qu’il rédigera le chapitre seize de sa première règle. Le Règne de Dieu n’avance pas seulement par la fondation de l’ Église hiérarchique. Il avance aussi par le simple témoignage de la vie évangélique vécue en milieu non-chrétien, surtout quand le missionnaire est prêt à verser son sang plutôt que le sang des autres. Depuis huit siècles, de nombreux disciples de saint François ont pratiqué cette forme de mission. Ce fut aussi la méthode adoptée par le père Charles de Foucauld, le père Peyriguère, et plus près de nous par les moines de Tibhirine.

La rencontre d’Assise
Quand dans un siècle ou deux… on écrira l’histoire de l’Église au XXe siècle, on se rappellera sans doute comme un des faits les plus marquants la date du 27 octobre 1986. Des représentants de toutes les religions du monde, réunis avec le pape Jean-Paul II, avaient accepté son invitation à venir prier pour la paix universelle. Dans la basilique Notre-Dame des Anges, près de la chapelle, berceau de l’ordre franciscain, il présenta ainsi la journée : « J’ai choisi cette ville comme lieu de notre journée de prière pour la paix, à cause de la signification particulière de l’homme vénéré ici. François d’Assise, connu et respecté par de si nombreuses personnes dans le monde entier comme un symbole de paix, de réconciliation et de fraternité ».
Huit siècles après, l’exemple de François continue de porter ses fruits.

Fr Marcel Connault

« François est trop désarmé pour effrayer, trop faible pour inquiéter, trop petit, trop fragile pour attirer la foudre des puissants. Il a seulement en lui, la brûlure de l’Amour divin qui le pousse à donner sa vie, pour rendre cet Amour contagieux ».
(Mgr Claverie, évêque d’Oran)

Saint François – Règle (1221 non approuvée) : Prière et action de grâces.

3 octobre, 2012

http://fsi.voila.net/ecritsdefrancois.htm#Première

Règle (1221 non approuvée)

23. Prière et action de grâces.

1 Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu,
Père saint et juste, Seigneur, roi du ciel et de la terre,
nous te rendons grâces à cause de toi-même,
parce que, par ta sainte volonté,
et par ton Fils unique avec le Saint-Esprit,
tu as créé toutes choses, spirituelles et corporelles;
tu nous as faits à ton image et ressemblance,
tu nous as placés dans le paradis;
2 et nous, par notre faute, nous sommes tombés.
3 Nous te rendons grâces parce que,
de même que tu nous as créés par ton Fils,
de même, par le saint amour dont tu nous as aimés,
tu as fait naître ton Fils, vrai Dieu et vrai homme,
de la glorieuse Vierge sainte Marie,
et, par sa croix, son sang et sa mort,
tu as voulu nos racheter de notre captivité.
4 Et nous te rendons grâces parce que ce même Fils
reviendra dans la gloire de sa majesté,
pour envoyer au feu éternel les maudits
qui ont refusé de se convertir et de te reconnaître;
et pour dire à tous ceux qui t’auront reconnu,
adoré et servi dans la pénitence:
Venez les bénis de mon Père, recevez le royaume
qui vous a été préparé dès l’origine du monde.
5 Indigents et pécheurs que nous sommes tous,
nous ne sommes pas dignes de te nommer;
accepte donc, nous t’en prions,
que notre Seigneur Jésus-Christ,
ton Fils bien-aimé en qui tu te complais,
avec le Saint-Esprit Paraclet,
te rende grâces lui-même pour tout,
comme il te plaît et comme il lui plaît,
lui qui toujours te suffit en tout,
lui par qui tu as tant fait pour nous. Alléluia!

6 Et sa glorieuse mère, la bienheureuse Vierge Marie, les bienheureux Michel, Gabriel, Raphaël, et tous les choeurs des esprits bienheureux: Séraphins, Chérubins et Trônes, Dominations, Principautés et Puissances, Vertus, Anges et Archanges; le bienheureux Jean Baptiste, Jean l’Evangéliste, Pierre et Paul, et les bienheureux Patriarches, Prophètes, Innocents, Apôtres, Evangélistes, Disciples, Martyrs, Confesseurs, Vierges, les bienheureux Elie et Énoch; et tous les saints qui furent, qui seront et qui sont: pour ton amour nous les supplions humblement de rendre grâces pour tout bien, comme il te plaît, à toi le Dieu souverain, vivant, éternel et vrai, avec ton Fils très cher, notre Seigneur Jésus-Christ, et la Saint-Esprit Paraclet, dans les siècles des siècles. Amen. Alléluia!
7 Tous ceux qui, dans la sainte Eglise catholique et apostolique, veulent servir le Seigneur Dieu; tous les Ordres sacrés: prêtres, diacres, sous-diacres, acolytes, exorcistes, lecteurs, portiers, et tous les clercs, tous les religieux et toutes les religieuses; tous les enfants, garçons et filles; les pauvres et les indigents, les rois et les princes, les travailleurs et les paysans, les serfs et les seigneurs; toutes les femmes: jeunes filles, veuves ou mariées; tous les fidèles laïcs: hommes et femmes, enfants et adolescents, jeunes et vieux, bien portants et malades, petits et grands; tous les peuples, races, tribus et langues; enfin toutes les nations et tous les hommes, partout sur la terre, actuels ou à venir: humblement nous les prions et supplions, nous tous frères mineurs et serviteurs inutiles, de persévérer tous ensemble dans la vraie foi et dans la pénitence, car nul ne peut être sauvé autrement.
8 Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de tout notre pouvoir et courage, de toute notre intelligence, de toutes nos forces, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs, de toutes nos volontés. Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l’âme et la vie; il nous a créés et rachetés; il nous sauvera par sa seule miséricorde; malgré nos faiblesses et nos misères, nos corruptions et nos hontes, nos ingratitudes et notre méchanceté, il ne nous a fait et ne nous fait que du bien.
9 N’ayons donc d’autre désir, d’autre volonté, d’autre plaisir et d’autre joie que notre Créateur, Rédempteur et Sauveur, le seul vrai Dieu, qui est le bien plénier, entier, total, vrai et souverain; qui seul est bon, miséricordieux et aimable, suave et doux; qui seul est saint, juste, vrai et droit; qui seul est bienveillant, innocent et pur; de qui, par qui et en qui est tout pardon, toute grâce et toute gloire pour tous les pénitents et les justes sur la terre et pour tous les bienheureux qui se réjouissent avec lui dans le ciel.
10 Désormais donc, plus d’obstacle, plus de barrière, plus d’écran!
11 Partout, en tout lieu, à toute heure et en tout temps, chaque jour et sans discontinuer, tous, croyons d’une foi humble et vraie, gardons dans notre coeur, sachons aimer, honorer, adorer, servir, louer et bénir, glorifier et célébrer, magnifier et remercier le très haut souverain Dieu éternel, trinité et unité, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes choses, Sauveur de tous ceux qui mettent en lui leur foi, leur espérance et leur amour; lui qui est sans commencement ni fin, immuable, invisible, inénarrable, ineffable, incompréhensible, impénétrable, béni, louable, glorieux et célébré, sublime, élevé, doux, aimable, délectable, et tout désirable plus que tout autre bien dans les siècles. Amen,

Quatre petites prières de Saint François d’Assise (1182-1226)

2 octobre, 2012

http://ccvienne.free.fr/textes/prieres.html

Quatre petites prières de Saint François d’Assise (1182-1226)

Dame Sainte

Salut, Dame Sainte, reine très sainte, Mère de Dieu, ô Marie qui êtes vierge perpétuellement, élue par le très Saint Père du Ciel, consacrée par Lui,
avec son très saint Fils bien aimé et l’esprit Paraclet, vous en qui fut et demeure toute plénitude de grâce et tout bien!
Salut, palais; salut, tabernacle; salut, maison; salut, vêtement; salut, servante; salut, mère de Dieu!
Et salut à vous toutes, saintes vertus qui par la grâce et l’illumination du Saint Esprit, êtes versées dans les cœurs des fidèles et, d’infidèles que
nous sommes, nous rendez fidèles à Dieu.

Tout Puissant

Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu; souverain bien, bien universel, bien total; toi qui seul est bon; puissions nous te rendre
toute louange, toute gloire, toute reconnaissance, tout honneur, toute bénédiction; puissions nous rapporter toujours à toi tous les biens. Amen.

Seigneur, je vous en prie

Seigneur, je vous en prie, que la force brûlante et douce de votre amour absorbe mon âme et la retire de tout ce qui est sous le ciel, afin que
je meure par amour de votre amour puisque vous avez daigné mourir par amour de mon amour.

O mes très chers frères

O mes très chers frères et mes enfants bénis pour toute l’éternité, écoutez moi, écoutez la voix de votre père :
Nous avons promis de grandes choses, on nous en a promis de plus grandes; Gardons les unes et soupirons après les autres;
Le plaisir est court, la peine éternelle. La souffrance est légère, la gloire infinie.
Beaucoup sont appelés, peu sont élus. Tous recevront ce qu’ils auront mérité. Ainsi soit-il

2 octobre, 2012

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/150081?fr=y

(suit, sur ce même article, la conversion de saint Augustin)

Pourquoi saint François “est un vrai maître“ pour les chrétiens d’aujourd’hui

Et pourquoi saint Augustin l’est aussi. Depuis Assise et Pavie, destinations de ses deux derniers voyages en Italie, Benoît XVI propose les deux grands convertis comme modèles. Et il critique leurs “mutilations“ modernes

par Sandro Magister

ROMA, le 20 juin 2007 – Benoît XVI a consacré ses deux derniers voyages en Italie, à Pavie et à Assise, à deux saints de tout premier rang et d’une influence exceptionnelle dans l’histoire de l’Eglise: Augustin et François.
Dans les deux cas, le pape a concentré son attention sur un moment précis de la vie des deux saints: la conversion.
La conversion – a expliqué le pape – est le tournant crucial de l’existence de chaque chrétien. La vie de chaque homme y prend une nouvelle forme grâce au Christ auquel il se confie. Dès lors, sa vie se distingue par le fait qu’elle est marquée par le Christ.
Si François est ainsi « un vrai maître » dans la recherche de la paix, dans la sauvegarde de la nature, dans la promotion du dialogue entre tous les hommes, il l’est d’une manière unique, qui ne peut pas être mutilée: « il l’est à partir du Christ ».
L’ »esprit d’Assise » n’a donc rien à voir avec l’indifférentisme religieux, justement parce que la vie et le message de François « reposent si visiblement sur le Christ »:
« Ne pas réussir à concilier l’accueil, le dialogue et les respect pour tous avec cette certitude de foi que chaque chrétien, à l’image du saint d’Assise, est tenu de cultiver, en annonçant le Christ comme le chemin, la vérité et la vie de l’homme (cf Jean 14,6) et l’unique Sauveur du monde, ne pourrait pas être un comportement évangélique, ni franciscain ».
D’autres fois, déjà, Benoît XVI avait critiqué les « abus » et les « trahisons » qui selon lui dénaturent la figure exemplaire de François.
Mais, le dimanche 17 juin à Assise, le pape a repris d’une manière plus organique sa prédication sur la personne du saint et en particulier sur sa conversion, dont on fête le huitième centenaire en 2007.
Il l’a fait en particulier lors de l’homélie de la messe. Comme il l’avait déjà fait à Pavie le dimanche 22 avril, évoquant saint Augustin, dont le corps repose dans cette ville.
Dans les autres discours ponctuant la journée passée à Assise, le pape a tout autant insisté sur la présentation du visage authentique du saint, en repoussant les travestissements qui en sont faits. Un exemple, lorsqu’il a adressé la recommandation suivante aux prêtres, aux diacres et au clergé régulier de la ville:
« Les millions de pèlerins qui empruntent ces rues, attirés par le charisme de François, doivent être aidés à cueillir le noyau essentiel de la vie chrétienne et à parvenir à sa ‘dimension la plus élevée, qui est justement la sainteté. Il ne suffit pas qu’ils admirent François: à travers lui, ils doivent pouvoir rencontrer le Christ, pour l’écouter et l’aimer avec ‘une foi droite, une espérance ferme et une charité parfaite’ (Prière de François devant le Crucifix, 1: FF 276). Les chrétiens de notre époque se retrouvent toujours plus souvent à devoir faire face à la tendance d’accepter un Christ diminué, c’est-à-dire un Christ admiré par son extraordinaire humanité, mais repoussé dans le mystère profond de sa divinité. François lui-même subit une sorte de mutilation quand on le fait intervenir comme témoin de valeurs certes importantes et appréciées dans la culture d’aujourd’hui, mais en oubliant que le choix profond – l’on pourrait dire le cœur de sa vie – est le choix du Christ. A Assise, une ligne pastorale exigeante est plus que jamais nécessaire. A cette fin, c’est à vous, prêtres et diacres, et à vous, qui avez consacré votre vie à Dieu, de sentir avec force le privilège et la responsabilité de vivre en ce territoire de grâce. Certes, nombreux sont ceux qui, en passant par cette ville, reçoivent un message bénéfique simplement par ses ‘pierres’ et son histoire. Cela ne dispense pas d’une proposition spirituelle robuste, qui aide aussi à affronter les nombreuses séductions du relativisme qui caractérise la culture de notre époque ».
Voici donc les deux homélies de Benoît XVI consacrées aux deux grands convertis François et Augustin. Deux homélies qui sont l’expression typique de la prédication de ce pape, toujours étroitement liée à la liturgie du jour:

1. La conversion de saint François

Assise, le 17 juin 2007
Chers frères et sœurs, que nous dit aujourd’hui le Seigneur, alors que nous célébrons l’Eucharistie dans le cadre suggestif de cette place, où se concentrent huit siècles de sainteté, de dévotion, d’art et de culture, liés au nom de François d’Assise? Aujourd’hui, tout parle ici de conversion. [...] Parler de conversion signifie aller au cœur du message chrétien et en même temps aux racines de l’existence de l’homme.
La Parole de Dieu à peine proclamée nous illumine, en mettant devant nos yeux trois figures de convertis.
La première figure est celle de David. Le passage qui le concerne, tiré du deuxième Livre de Samuel, nous présente un des entretiens les plus dramatiques de l’Ancien Testament. Au centre de ce dialogue, un verdict brûlant, par lequel la Parole de Dieu, proférée par le prophète Nathan, met à nu un roi arrivé au faîte de sa fortune politique, mais tombé jusqu’au niveau le plus bas de sa vie morale.
Pour ressentir la tension dramatique de ce dialogue, il convient de garder à l’esprit l’horizon historique et théologique dans lequel il s’intègre. C’est un horizon marqué par l’histoire d’amour avec laquelle Dieu choisit Israël comme son peuple, et établit avec lui une alliance, en se préoccupant de lui assurer terre et liberté.
David est un anneau de cette histoire de l’attention constante de Dieu pour son peuple. Il est choisi à un moment difficile et placé aux côtés du roi Saul, pour devenir par la suite son successeur. Le dessein de Dieu concerne également sa descendance, liée au projet messianique, qui trouvera en Christ, « fils de David », sa pleine réalisation.
La figure de David est ainsi une image de grandeur historique et religieuse à la fois. Tout à l’opposé de l’abjection dans laquelle il tombe quand, aveuglé par sa passion pour Bethsabée, il l’arrache à son époux, un de ses plus fidèles guerriers, et ordonne ensuite froidement l’assassinat de ce dernier.
C’est à en avoir des frissons: comment un élu de Dieu peut-il tomber aussi bas? L’homme est vraiment grandeur et misère: il est grandeur parce qu’il porte en lui l’image de Dieu et parce qu’il est l’objet de son amour; il est misère parce qu’il peut faire mauvais usage de la liberté – son grand privilège – en finissant par s’opposer à son Créateur. Le verdict de Dieu, prononcé par Nathan à David, porte la lumière au plus profond de la conscience, là où les armées, le pouvoir, l’opinion publique ne comptent pas, mais où l’on est seul avec Dieu seulement. « Tu es cet homme »: voilà la parole qui cloue David à ses responsabilités.
Profondément touché par ces mots, le roi développe un repentir sincère et s’ouvre à la miséricorde qui lui est offerte. C’est le chemin de la conversion.
Aujourd’hui, saint François nous invite à suivre ce chemin, à côté de David.
D’après ce que les biographes racontent de ses années de jeunesse, rien ne laisse à penser à des chutes aussi graves que celle qui est reprochée à l’ancien roi d’Israël. Mais François lui-même, dans le Testament rédigé dans les derniers mois de son existence, revoit ses vingt-cinq premières années comme une période où « il était dans le péché » (cf 2 Text 1: FF 110).
Au-delà des manifestations particulières, son péché était de concevoir et de s’organiser une vie entièrement centrée sur lui, en suivant des rêves vains de gloire terrestre. Lorsqu’il était le « roi des fêtes », parmi les jeunes d’Assise (cf 2 Cel I, 3, 7: FF 588), il possédait une générosité d’âme naturelle. Mais celle-ci était encore bien loin de l’amour chrétien que l’on donne sans réserve. Comme lui-même le rappelle, il lui était amer de voir les lépreux. Le péché l’empêchait de dominer la répugnance physique pour reconnaître en eux d’autres frères à aimer.
La conversion l’a amené à exercer la miséricorde et également à l’obtenir. Servir les lépreux, jusqu’à les embrasser, n’a pas seulement été un geste de philanthropie, une conversion, pour ainsi dire, « sociale », mais une véritable expérience religieuse, guidée par l’initiative de la grâce et de l’amour de Dieu: « Le Seigneur – dit-il – m’a conduit parmi eux » (2 Text 2: FF 110).
C’est alors que l’amertume s’est transformée en « douceur d’âme et de corps » (2 Text 3: FF 110). Oui, mes chers frères et sœurs, se convertir à l’amour c’est passer de l’amertume à la « douceur », de la tristesse à la vraie joie. L’homme est vraiment lui-même et se réalise pleinement dans la mesure où il vit avec Dieu et de Dieu, en le reconnaissant et en l’aimant dans ses frères.
Un autre aspect du chemin de la conversion apparaît dans le passage de la Lettre aux Galates. C’est un autre grand converti, saint Paul, qui nous l’explique.
Ses mots ont pour contexte le débat dans lequel la communauté primitive s’est trouvée impliquée: de nombreux chrétiens provenant du judaïsme avaient tendance à lier le salut à l’accomplissement des œuvres de l’ancienne Loi, rendant ainsi vaine la nouveauté du Christ et l’universalité de son message.
Paul se dresse comme témoin et comme héraut de la grâce. Sur la route de Damas, le visage radieux et la voix forte du Christ l’avaient arraché à son zèle violent de persécuteur et avaient allumé en lui le nouveau zèle du Crucifié, qui réconcilie ceux qui sont proches et ceux qui sont éloignés dans sa croix (cf Ephésiens 2,11-22). Paul avait compris que toute la loi est accomplie dans le Christ et que celui qui adhère au Christ s’unit à Lui, accomplit la loi.
Porter le Christ, et avec le Christ le Dieu unique, à toutes les personnes, telle était devenue sa mission. En effet, le Christ « est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un: il a renversé le mur de la séparation… » (Ephésiens 2,14). Sa confession d’amour très personnelle exprime en même temps l’essence commune de la vie chrétienne: « Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal 2, 20b). Et comment peut-on répondre à cet amour, sinon en embrassant le Christ crucifié, jusqu’à vivre de sa vie même? « J’ai été crucifié avec le Christ et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20a).
En parlant de son être crucifié avec le Christ, saint Paul fait non seulement allusion à sa nouvelle naissance dans le baptême, mais aussi à toute sa vie au service du Christ. Cette connexion avec sa vie apostolique apparaît avec clarté dans les derniers mots de sa défense de la liberté chrétienne à la fin de la Lettre aux Galates: « Au reste, que personne désormais ne me suscite plus d’embarras; car je porte sur mon corps les stigmates de Jésus » (6,17).
C’est la première fois dans l’histoire du christianisme qu’apparaît le terme « stigmate de Jésus ». Dans le débat concernant la juste manière de voir et vivre l’Evangile, les arguments de notre pensée ne décident finalement pas; c’est la réalité de la vie, la communion vécue et soufferte avec Jésus qui décide, non seulement dans les idées ou dans les mots, mais jusqu’au plus profond de l’existence, en engageant aussi le corps, la chair.

Les meurtrissures reçues au cours d’une longue histoire de passion sont le témoignage de la présence de la croix de Jésus dans le corps de saint Paul, ce sont ses stigmates. Ce n’est pas la circoncision qui le sauve: les stigmates sont la conséquence de son baptême, l’expression de sa mort avec Jésus jour après jour, le signe certain de son existence en tant que nouvelle créature (cf Galates 6,15). Du reste, Paul fait référence avec l’utilisation du mot « stigmate » à l’ancien usage d’imprimer sur la peau de l’esclave le sceau de son propriétaire. Le serviteur était ainsi « stigmatisé » comme propriété de son patron et était sous sa protection. Le signe de la croix, inscrit lors de longues souffrances sur la peau de Paul, est sa fierté: il le légitime comme véritable serviteur de Jésus, protégé par l’amour de Dieu.
Chers amis, François d’Assise nous transmet aujourd’hui toutes ces paroles de Paul, avec la force de son témoignage.
Depuis que le visage des lépreux, qu’il a aimés par l’amour de Dieu, lui a fait comprendre, d’ une certaine manière, le mystère de la « kenosi » (cf Philippiens 2,7), l’abaissement de Dieu dans la chair du Fils de l’homme, et depuis que la voix du Crucifix de Saint-Damien lui a mis le programme de sa vie dans son cœur: « Va, François, répare ma maison » (2 Cel I, 6, 10: FF 593), son chemin n’a été que l’effort quotidien de s’identifier au Christ.
François est tombé amoureux du Christ. Les plaies du Crucifix ont blessé son cœur, avant de marquer son corps à La Verna. Il pouvait vraiment dire avec Paul « Ce n’est plus moi qui vis, le Christ vit en moi ».
Et venons-en au cœur évangélique de la Parole de Dieu d’aujourd’hui. Jésus lui-même, dans le passage de l’Evangile de Luc que nous avons à peine lu, nous explique le dynamisme de la conversion authentique, en s’appuyant sur le modèle de la femme pécheresse rachetée par l’amour.
Il faut reconnaître que cette femme avait beaucoup osé. La façon dont on elle s’approche de Jésus, mouillant ses pieds de ses larmes pour les essuyer ensuite avec ses cheveux, les embrasser et y verser de l’huile parfumée allait sans doute scandaliser ceux qui regardaient avec l’œil impitoyable du juge les femmes de sa condition.
Au contraire, la tendresse avec laquelle Jésus traite cette femme, dont on a si souvent profité et que tout le monde condamne, impressionne. Elle a trouvé enfin en Jésus un regard pur, un cœur capable d’aimer sans profiter. Dans le regard de Jésus, elle reçoit la révélation de Dieu-Amour!
Loin de toute équivoque, il faut remarquer que la miséricorde de Jésus ne s’exprime pas en mettant entre parenthèses la loi morale. Pour Jésus, le bien est le bien, le mal est le mal. La miséricorde ne change pas le contenu du péché, mais il le brûle dans un feu d’amour. Cet effet purificateur et guérisseur se réalise s’il y a dans l’homme une correspondance d’amour, qui implique la reconnaissance de la loi de Dieu, le repentir sincère, l’engagement d’une nouvelle vie. Beaucoup est pardonné à la pécheresse de l’Evangile, parce qu’elle a beaucoup aimé. En Jésus, Dieu vient pour nous donner l’amour et pour nous demander l’amour.
Qu’est-ce qu’a été, mes chers frères et sœurs, la vie de saint François converti, sinon un grand acte d’amour? Ses prières enflammées, riches de contemplation et de louanges, le geste tendre qu’il a envers l’enfant divin à Greccio, sa contemplation de la passion à La Verna, son « mode de vie selon la forme du saint Evangile » (2 Text 14: FF 116), son choix de pauvreté et sa recherche du Christ dans le visage des pauvres le révèlent.
Cette conversion au Christ, jusqu’au désir de « se transformer » en Lui, devenant une image accomplie, explique son vécu particulier, qui nous le fait apparaître si actuel, aussi par rapport aux grandes thématiques de notre époque, telles que la recherche de la paix, la sauvegarde de la nature, la promotion du dialogue entre tous les hommes.
François est un vrai maître dans ces domaines. Mais il l’est à partir du Christ. En effet, c’est le Christ qui est « notre paix » (cf Ephésiens 2,14). Le Christ est le principe même du Cosmos, car c’est en lui que tout a été fait (cf Jean 1,3). Le Christ est la vérité divine, le « Logos » éternel dans lequel tout « dia-logos » au cours du temps trouve son fondement ultime. François incarne profondément cette vérité « christologique » qui est à la racine de l’existence humaine, du cosmos, de l’histoire.
Je ne peux pas oublier, dans le contexte d’aujourd’hui, l’initiative de mon prédécesseur de vénérée mémoire, Jean-Paul II, qui a voulu réunir ici, en 1986, les représentants des confessions chrétiennes et des diverses religions du monde en une rencontre de prière pour la paix. Ce fut une intuition prophétique et un moment de grâce, comme je l’ai rappelé il y a quelques mois dans ma lettre à l’évêque de cette ville à l’occasion du vingtième anniversaire de cet événement.
Le choix d’organiser cette rencontre à Assise a été dicté précisément par le témoignage de François comme homme de paix, que beaucoup de gens regardent avec sympathie même si leurs positions culturelles et religieuses sont différentes. En même temps, la lumière que le Poverello jetait sur cette initiative était une garantie d’authenticité chrétienne puisque sa vie et son message reposent si visiblement sur le choix du Christ, qu’ils repoussent a priori toute tentation d’indifférentisme religieux, qui n’aurait rien à voir avec l’authentique dialogue interreligieux.
L’ »esprit d’Assise », qui depuis cet événement continue à se répandre dans le monde, s’oppose à l’esprit de violence, à l’utilisation abusive de la religion comme prétexte à la violence. Assise nous dit que la fidélité à ses convictions religieuses, la fidélité surtout au Christ crucifié et ressuscité ne s’expriment pas dans la violence et l’intolérance mais dans le respect sincère de l’autre, dans le dialogue, dans une annonce qui fait appel à la liberté et à la raison, dans l’engagement pour la paix et pour la réconciliation. Ce ne serait une attitude ni évangélique, ni franciscaine que de na pas réussir à associer l’accueil, le dialogue et le respect de tous avec la certitude de la foi que tout chrétien, comme le saint d’Assise est tenu de pratiquer, en annonçant le Christ comme le chemin, la vérité et la vie de l’homme (cf Jean 14,6), et l’unique sauveur du monde.
Que François d’Assise obtienne à cette Eglise en particulier, aux Eglises d’Ombrie, à toute l’Eglise d’Italie, dont il est le patron avec sainte Catherine de Sienne, et à ceux, si nombreux dans le monde, qui se réclament de lui, la grâce d’une authentique et complète conversion à l’amour du Christ.

Benoît XVI: Saint François d’Assise

23 mai, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100127_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 27 janvier 2010

Saint François d’Assise

Chers frères et sœurs,
Dans une récente catéchèse, j’ai déjà illustré le rôle providentiel que l’Ordre des frères mineurs et l’Ordre des frères prêcheurs, fondés respectivement par saint François d’Assise et par saint Dominique Guzman, eurent dans le renouveau de l’Eglise de leur temps. Je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure de François, un authentique « géant » de sainteté, qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions.
« Surgit au monde un soleil ». A travers ces paroles, dans la Divine Comédie (Paradis, chant XI), le plus grand poète italien Dante Alighieri évoque la naissance de François, survenue à la fin de 1181 ou au début de 1182, à Assise. Appartenant à une riche famille – son père était marchand drapier –, François passa son adolescence et sa jeunesse dans l’insouciance, cultivant les idéaux chevaleresques de l’époque. A l’âge de vingt ans, il participa à une campagne militaire, et fut fait prisonnier. Il tomba malade et fut libéré. De retour à Assise, commença en lui un lent processus de conversion spirituelle, qui le conduisit à abandonner progressivement le style de vie mondain qu’il avait mené jusqu’alors. C’est à cette époque que remontent les célèbres épisodes de la rencontre avec le lépreux, auquel François, descendu de cheval, donna le baiser de la paix, et du message du Crucifié dans la petite église de saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s’anima, et lui dit: « Va, François, et répare mon église en ruine ». Ce simple événement de la parole du Seigneur entendue dans l’église de Saint-Damien renferme un symbolisme profond. Immédiatement, saint François est appelé à réparer cette petite église, mais l’état de délabrement de cet édifice est le symbole de la situation dramatique et préoccupante de l’Eglise elle-même à cette époque, avec une foi superficielle qui ne forme ni ne transforme la vie, avec un clergé peu zélé, avec un refroidissement de l’amour; une destruction intérieure de l’Eglise qui comporte également une décomposition de l’unité, avec la naissance de mouvements hérétiques. Toutefois, au centre de cette église en ruines se trouve le crucifié, et il parle: il appelle au renouveau, appelle François à un travail manuel pour réparer de façon concrète la petite église de Saint-Damien, symbole de l’appel plus profond à renouveler l’Eglise même du Christ, avec la radicalité de sa foi et l’enthousiasme de son amour pour le Christ. Cet événement qui a probablement eu lieu en 1205, fait penser à un autre événement semblable qui a eu lieu en 1207: le rêve du Pape Innocent III. Celui-ci voit en rêve que la Basilique Saint-Jean-de-Latran, l’église mère de toutes les églises, s’écroule et un religieux petit et insignifiant la soutient de ses épaules afin qu’elle ne tombe pas. Il est intéressant de noter, d’une part, que ce n’est pas le Pape qui apporte son aide afin que l’église ne s’écroule pas, mais un religieux petit et insignifiant, dans lequel le Pape reconnaît François qui lui rend visite. Innocent III était un Pape puissant, d’une grande culture théologique, et d’un grand pouvoir politique, toutefois, ce n’est pas lui qui renouvelle l’église, mais le religieux petit et insignifiant: c’est saint François, appelé par Dieu. Mais d’autre part, il est intéressant de noter que saint François ne renouvelle pas l’Eglise sans ou contre le Pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont de pair: le Successeur de Pierre, les évêques, l’Eglise fondée sur la succession des apôtres et le charisme nouveau que l’Esprit Saint crée en ce moment pour renouveler l’Eglise. C’est ensemble que se développe le véritable renouveau.
Retournons à la vie de saint François. Etant donné que son père Bernardone lui reprochait sa générosité exagérée envers les pauvres, François, devant l’évêque d’Assise, à travers un geste symbolique, se dépouille de ses vêtements, montrant ainsi son intention de renoncer à l’héritage paternel: comme au moment de la création, François n’a rien, mais uniquement la vie que lui a donnée Dieu, entre les mains duquel il se remet. Puis il vécut comme un ermite, jusqu’à ce que, en 1208, eut lieu un autre événement fondamental dans l’itinéraire de sa conversion. En écoutant un passage de l’Evangile de Matthieu – le discours de Jésus aux apôtres envoyés en mission –, François se sentit appelé à vivre dans la pauvreté et à se consacrer à la prédication. D’autres compagnons s’associèrent à lui, et en 1209, il se rendit à Rome, pour soumettre au Pape Innocent III le projet d’une nouvelle forme de vie chrétienne. Il reçut un accueil paternel de la part de ce grand Souverain Pontife, qui, illuminé par le Seigneur, perçut l’origine divine du mouvement suscité par François. Le Poverello d’Assise avait compris que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être placé au service du Corps du Christ, qui est l’Eglise; c’est pourquoi, il agit toujours en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique. Dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement, et si apparaissent des tensions, ils savent attendre avec patience les temps de l’Esprit Saint.
En réalité, certains historiens du XIXe siècle et même du siècle dernier ont essayé de créer derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, de même que l’on essaie de créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique. Ce François historique n’aurait pas été un homme d’Eglise, mais un homme lié immédiatement uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie. La vérité est que saint François a eu réellement une relation très directe avec Jésus et avec la Parole de Dieu, qu’il voulait suivre sine glossa, telle quelle, dans toute sa radicalité et sa vérité. Et il est aussi vrai qu’initialement, il n’avait pas l’intention de créer un Ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le peuple de Dieu, le convoquer de nouveau à l’écoute de la parole et de l’obéissance verbale avec le Christ. En outre, il savait que le Christ n’est jamais « mien », mais qu’il est toujours « nôtre », que le Christ, je ne peux pas l’avoir « moi » et reconstruire « moi » contre l’Eglise, sa volonté et son enseignement, mais uniquement dans la communion de l’Eglise construite sur la succession des Apôtres qui se renouvelle également dans l’obéissance à la parole de Dieu.
Et il est également vrai qu’il n’avait pas l’intention de créer un nouvel ordre, mais uniquement de renouveler le peuple de Dieu pour le Seigneur qui vient. Mais il comprit avec souffrance et avec douleur que tout doit avoir son ordre, que le droit de l’Eglise lui aussi est nécessaire pour donner forme au renouveau et ainsi réellement il s’inscrivit de manière totale, avec le cœur, dans la communion de l’Eglise, avec le Pape et avec les évêques. Il savait toujours que le centre de l’Eglise est l’Eucharistie, où le Corps du Christ et son Sang deviennent présents. A travers le Sacerdoce, l’Eucharistie est l’Eglise. Là où le Sacerdoce, le Christ et la communion de l’Eglise vont de pair, là seul habite aussi la parole de Dieu. Le vrai François historique est le François de l’Eglise et précisément de cette manière, il parle aussi aux non-croyants, aux croyants d’autres confessions et religions.
François et ses frères, toujours plus nombreux, s’établirent à la Portioncule, ou église Sainte-Marie des Anges, lieu sacré par excellence de la spiritualité franciscaine. Claire aussi, une jeune femme d’Assise, de famille noble, se mit à l’école de François. Ainsi vit le jour le deuxième ordre franciscain, celui des Clarisses, une autre expérience destinée à produire d’insignes fruits de sainteté dans l’Eglise.
Le successeur d’Innocent III lui aussi, le Pape Honorius III, avec sa bulle Cum dilecti de 1218 soutint le développement singulier des premiers Frères mineurs, qui partaient ouvrir leurs missions dans différents pays d’Europe, et jusqu’au Maroc. En 1219, François obtint le permis d’aller s’entretenir, en Egypte, avec le sultan musulman, Melek-el-Kâmel, pour prêcher là aussi l’Evangile de Jésus. Je souhaite souligner cet épisode de la vie de saint François, qui est d’une grande actualité. A une époque où était en cours un conflit entre le christianisme et l’islam, François, qui n’était volontairement armé que de sa foi et de sa douceur personnelle, parcourut concrètement la voie du dialogue. Les chroniques nous parlent d’un accueil bienveillant et cordial reçu de la part du sultan musulman. C’est un modèle dont devraient s’inspirer aujourd’hui encore les relations entre chrétiens et musulmans: promouvoir un dialogue dans la vérité, dans le respect réciproque et dans la compréhension mutuelle (cf. Nostra Aetate, n. 3). Il semble ensuite que François ait visité la Terre Sainte, jetant ainsi une semence qui porterait beaucoup de fruits: ses fils spirituels en effet firent des Lieux où vécut Jésus un contexte privilégié de leur mission. Je pense aujourd’hui avec gratitude aux grands mérites de la Custodie franciscaine de Terre Sainte.
De retour en Italie, François remit le gouvernement de l’ordre à son vicaire, le frère Pietro Cattani, tandis que le Pape confia à la protection du cardinal Ugolino, le futur Souverain Pontife Grégoire IX, l’Ordre, qui recueillait de plus en plus d’adhésions. Pour sa part, son Fondateur, se consacrant tout entier à la prédication qu’il menait avec un grand succès, rédigea la Règle, ensuite approuvée par le Pape.
En 1224, dans l’ermitage de la Verna, François vit le Crucifié sous la forme d’un séraphin et de cette rencontre avec le séraphin crucifié, il reçut les stigmates; il devint ainsi un avec le Christ crucifié: un don qui exprime donc son intime identification avec le Seigneur.
La mort de François – son transitus – advint le soir du 3 octobre 1226, à la Portioncule. Après avoir béni ses fils spirituels, il mourut, étendu sur la terre nue. Deux années plus tard, le Pape Grégoire IX l’inscrivit dans l’album des saints. Peu de temps après, une grande basilique fut élevée en son honneur, à Assise, destination encore aujourd’hui de nombreux pèlerins, qui peuvent vénérer la tombe du saint et jouir de la vision des fresques de Giotto, le peintre qui a illustré de manière magnifique la vie de François.
Il a été dit que François représente un alter Christus, qu’il était vraiment une icône vivante du Christ. Il fut également appelé « le frère de Jésus ». En effet, tel était son idéal: être comme Jésus; contempler le Christ de l’Evangile, l’aimer intensément, en imiter les vertus. Il a en particulier voulu accorder une valeur fondamentale à la pauvreté intérieure et extérieure, en l’enseignant également à ses fils spirituels. La première béatitude du Discours de la Montagne – Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient (Mt 5, 3) a trouvé une réalisation lumineuse dans la vie et dans les paroles de saint François. Chers amis, les saints sont vraiment les meilleurs interprètes de la Bible; ils incarnent dans leur vie la Parole de Dieu, ils la rendent plus que jamais attirante, si bien qu’elle nous parle concrètement. Le témoignage de François, qui a aimé la pauvreté pour suivre le Christ avec un dévouement et une liberté totale, continue à être également pour nous une invitation à cultiver la pauvreté intérieure afin de croître dans la confiance en Dieu, en unissant également un style de vie sobre et un détachement des biens matériels.
Chez François, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
En cette année sacerdotale, j’ai également plaisir à rappeler une recommandation adressée par François aux prêtres: « Lorsqu’ils voudront célébrer la Messe, purs de manière pure, qu’ils présentent avec respect le véritable sacrifice du Très Saint Corps et Sang de notre Seigneur Jésus Christ » (François d’Assise, Ecrits, 399). François faisait toujours preuve d’un grand respect envers les prêtres et il recommandait de toujours les respecter, même dans le cas où ils en étaient personnellement peu dignes. Il donnait comme motivation de ce profond respect le fait qu’ils avaient reçu le don de consacrer l’Eucharistie. Chers frères dans le sacerdoce, n’oublions jamais cet enseignement: la sainteté de l’Eucharistie nous demande d’être purs, de vivre de manière cohérente avec le Mystère que nous célébrons.
De l’amour pour le Christ naît l’amour envers les personnes et également envers toutes les créatures de Dieu. Voilà un autre trait caractéristique de la spiritualité de François: le sens de la fraternité universelle et l’amour pour la création, qui lui inspira le célèbre Cantique des créatures. C’est un message très actuel. Comme je l’ai rappelé dans ma récente encyclique Caritas in veritate, seul un développement qui respecte la création et qui n’endommage pas l’environnement pourra être durable (cf. nn. 48-52), et dans le Message pour la Journée mondiale de la paix de cette année, j’ai souligné que l’édification d’une paix solide est également liée au respect de la création. François nous rappelle que dans la création se déploient la sagesse et la bienveillance du Créateur. Il comprend la nature précisément comme un langage dans lequel Dieu parle avec nous, dans lequel la réalité devient transparente et où nous pouvons parler de Dieu et avec Dieu.
Chers amis, François a été un grand saint et un homme joyeux. Sa simplicité, son humilité, sa foi, son amour pour le Christ, sa bonté envers chaque homme et chaque femme l’ont rendu heureux en toute situation. En effet, entre la sainteté et la joie existe un rapport intime et indissoluble. Un écrivain français a dit qu’il n’existe qu’une tristesse au monde: celle de ne pas être saints, c’est-à-dire de ne pas être proches de Dieu. En considérant le témoignage de saint François, nous comprenons que tel est le secret du vrai bonheur: devenir saints, proches de Dieu!
Que la Vierge, tendrement aimée de François, nous obtienne ce don. Nous nous confions à Elle avec les paroles mêmes du Poverello d’Assise: « Sainte Vierge Marie, il n’existe aucune femme semblable à toi née dans le monde, fille et servante du très haut Roi et Père céleste, Mère de notre très Saint Seigneur Jésus Christ, épouse de l’Esprit Saint: prie pour nous… auprès de ton bien-aimé Fils, Seigneur et Maître » (François d’Assise, Ecrits, 163).

Le Cordon Séraphique de Saint François

7 mars, 2012

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Le Cordon Séraphique

Texte de Monseigneur Louis-Gaston de Ségur paru en 1877

Le Cordon de Saint François

Le séraphique saint François d’Assise, ayant embrassé la pauvreté, évangélique, ne voulut avoir pour vêtement qu’une grossière tunique, et pour ceinture qu’une pauvre corde: cette corde était un symbole de pénitence, de pauvreté et de chasteté. Un jour, son ami saint Dominique lui demanda en témoignage de leur intime union, de lui donner sa corde; et, jusqu’à la fin de sa vie, le bienheureux Dominique porta toujours, sous sa robe blanche de Frère Précheur, cette corde de saint François. Il fut ainsi, en dehors de la famille franciscaine, le premier qui porta la corde de saint François d’Assise. Son exemple fut suivi d’une multitude de pieux fidèles, désireux de porter ainsi une marque de leur amour envers saint François. Le Cordon de Saint-François était, dès le quatorzième siècle, quatre-vingts ou cent ans à peine après la mort du patriarche d’Assise, une des dévotions populaires de la France. Les princes et les rois s’honoraient de le porter. Les ducs de Bretagne en ceignirent leurs armes. François 1er le substitua au Cordon de Saint-Michel; et sa mère, la reine Louise de Savoie, l’introduisit dans le blason de sa maison. Par une bulle en date du 19 novembre 1585, le grand pape Sixte V, érigea ce pieux usage en une archiconfrérie, qui prît le nom d’Archiconfrérie du Cordon de Saint-François. Il l’enrichit de nombreuses indulgences et lui accorda en outre une pleine et entière participation à toutes les faveurs spirituelles dont jouissaient les Frères-Mineurs. L’Archiconfrérie du Cordon est une affiliation à la famille religieuse fondée par le patriarche séraphique. Elle n’oblige à rien sous peine de péché, et apporte à tous ses membres des grâces vraiment merveilleuses. Elle subsiste encore aujourd’hui, et tout le monde peut en faire partie, même les enfants, même les religieux et religieuses de n’importe quel ordre. — Saint Benoit- Joseph Labre reçut le cordon à Assise même, sur le tombeau de saint François, le 20 novembre 1770. Pour faire partie de l’Archiconfrérie, il suffit de recevoir le cordon de la main d’un supérieur franciscain ou d’un prêtre délégué à cet effet, et de porter ce cordon jour et nuit. Il est d’usage, mais simplement d’usage, de réciter chaque jour, en souvenir des cinq Plaies du Sauveur et de saint François, et aussi aux intentions du Pape, pour les besoins de l’Eglise, six Pater, Avé et Gloria Patri. On peut porter le cordon sur la chemise. Il peut être de fil, de coton, de lin ou de chanvre, de couleur blanche on ne doit le quitter qu’en cas de nécessité, pour le reprendre dès que cela redevient possible. Une petite ficelle ne suffirait pas, mais il n’est pas nécessaire que ce soit une grosse corde. On peut réciter les six Pater, Ave et Gloria à n’importe quel moment du jour, soit en marchant, soit à genoux, comme on le préfère. On n’y est pas obligé, c’est un simple conseil de piété. Si l’on ne portait par le cordon, on ne gagnerait pas les faveurs spirituelles concédées par le Saint Siège. Pour les gagner, il faut non-seulement porter le cordon, et accomplir ce qui est prescrit par la concession apostolique, mais encore remplir les conditions ordinairement exigées pour les indulgences plénières. Ces conditions sont, comme chacun sait, d’abord d’être en état de grâce, sincèrement contrit de ses péchés, et fermement résolu à les éviter et à les expier; puis, à moins que le contraire ne soit spécifié, de se confesser et de communier, et de prier, dans un oratoire public, pour le Pape et à ses intention. Pour les personnes pieuses qui ont l’habitude d’approcher souvent de la Sainte-Table, la confession de tous les huit jours, ou de tous les quinze jours dans certains diocèses suffit.

Faveurs spirituelles attachées au Cordon Séraphique
Nous disions tout à l’heure qu’elles étaient merveilleuses. En effet, elles comprennent le trésor incomparable des indulgences et Absolutions générales, qui font de la famille franciscaine une merveille unique en son genre. Les confrères du Cordon séraphique ont droit à toutes ces grâces. On peut en avoir le détail dans le catalogue que nous joignons à cette petite Notice et dans celle de l’Archiconfrérie du Cordon publiée, en 1871, par le R. P. Laurent, ancien Provincial des Capucins de France. En voici trois qui brillent entre toutes les autres; elles ont été confirmées par N. T. -S. P. le pape Pie IX, par deux décrets en date du 12 mars 1855 et du 14 avril 1856.
Premièrement: Toutes les fois qu’on récite six Pater, Ave et Gloria, on gagne toutes les Indulgences, plénières et partielles, de la Terre-Sainte; toutes les indulgences, plénières et «partielles, de toutes les basiliques et de tous les sanctuaires de Rome; toutes les indulgences plénières et partielles, des sanctuaires d’Assise, etc… c’est-à-dire des milliers d »indulgences plénières et certainement plus de cent mille années d’indulgences partielles. Il y a là un océan presque infini de miséricordes; il y a là de quoi délivrer chaque jour des milliers de pauvres âmes du purgatoire. Et l’on peut gagner ces trésors autant de fois par jour que l’on veut: il n’est pas nécessaire d’avoir communié le matin, il suffit d’être en état de grâce, contrit de ses péchés, et décidé à demeurer très fidèle à Notre-Seigneur.
Deuxièmement. Toutes les fois qu’on communie, indulgence plénière; et, en outre, lorsqu’après la communion on récite le psaume Exaudiat avec quelques courtes prières que l’on trouvera ci-après, on gagne (grâce admirable!) toutes les indulgences plénières et partielles de tous Les sanctuaires de la terre. Ceux qui ne savent ou ne peuvent pas lire, récitent à la place de ce psaume et de ces prières trois Pater et trois Ave, aux intentions du Pape.
Troisièmement. Mais ce qui est plus précieux encore, les confrères du Cordon jouissent d’une faveur unique, accordée dans l’Eglise à l’humble famille de saint François, et qu’on appelle l’absolution générale. Cette grande absolution franciscaine consiste dans la restitution de l’innocence du Baptême. C’est là une grâce qui surpasse toutes les autres. Dans cette grâce toute franciscaine, il y a d’abord ce qu’on pourrait appeler le côté général, c’est-à-dire l’exemple,le pardon des peines du purgatoire, en d’autres termes l’indulgence plénière; puis, le côté spécial, qui consiste dans un renouvellement miséricordieux de l’innocence du baptême, proportionné, aux dispositions du fidèle qui reçoit la susdite absolution. Ce n’est point la grâce sacramentelle du baptême, laquelle ne saurait être renouvelée: c’est la même plénitude de pardon, que nous avons reçue au jour sacré de notre baptême, et l’entière restitution de la sainteté et de l’innocence baptismales. La première partie de la grâce de l’absolution générale, l’indulgence plénière est applicable, par mode de suffrage, aux âmes du purgatoire; tandis que la seconde est toute personnelle et par conséquent incommunicable. Quel trésor que cette restitution de l’innocence de notre baptême! Comme elle nous rend digne des regards du bon Dieu ! Comme elle attire en nous Jésus-Christ, avec tous les trésors de son Sacré-Cœur ! Comme elle permet à la sainte Vierge immaculée de nous contempler avec un maternel amour! Comme elle nous prépare à recevoir dignement la très-pure Eucharistie! Enfin, comme elle nous rends beaux aux yeux de l’Eglise du ciel et de l’Eglise de la terre! Une âme ainsi purifiée, ainsi enrichie, est un ciel vivant où règne et vit pleinement: Jésus-Christ, avec son Père céleste et l’Esprit sanctificateur,
On peut recevoir l’absolution générale trente-six fois par an, par le ministère d’un Frère-Mineur ou d’un directeur du Tiers Ordre ou d’un prêtre quelconque, approuvé pour les confessions. D’abord aux jours de fête qui suivent: le jour de l’Immaculée-Conception, à Noël, à la Circoncision, à l’Epiphanie, à la Purification, à la Saint-Joseph, à l’Annonciation, au dimanche des Rameaux, à chacun des jours de la Semaine-Sainte, au Dimanche de Pâques, à l’Ascensicn, à la Pentecôte, à la Trinité, à la Fête-Dieu, à la fête du Sacré-Cœur, le 21 juin, (en mémoire de l’anniversaire de l’entrée du Pape Pie IX dans le Tiers-Ordre), à la Saint-Pierre, à la Visitation, à la fête de Sainte-Claire (le 12 août), à l’Assomption, à la Saint-Louis, à la Nativité, à la Saint-François (le 4 octobre), à la Toussaint, à la fête de Sainte-Elizabeth de Hongrie (le 19 novembre), à la Présentation, et enfin, le 25 novembre, à la fête de Sainte Catherine, vierge et martyre. En outre, on peut recevoir l’Absolution générale quatre fois encore par an, n’importe quel jour, et ces quatre jour là on reçoit de plus la bénédiction Papale, comme au 21 juin: en tout trente-six fois par an.
Je le répète: la restitution de l’innocence du Baptême, quelle grâce ineffable! quel gage de salut! quel moyen de sanctification! Ne l’oublions pas, chaque confrère du Cordon peut la recevoir de tout prêtre régulièrement autorisé à confesser. En effet, tout confesseur, quel qu’il soit, est investi de ce pouvoir par un Indult général du supérieur de l’Ordre de Saint-François, par cela seul qu’un enfant de Saint François se présente à son tribunal. Quoiqu’on trouve dans les manuels franciscains de très-belles et très-précieuses formules pour cette grande absolution générale, il est bon de savoir que ces formules ne sont pas indispensables, et que l’intention du confesseur suffit, du moment qu’elle est exprimée par une formule quelconque. Pour donner l’absolution générale à un confrère du Cordon, il n’est pas du tout nécessaire que le confesseur soit affilié à la famille franciscaine. Aux jours de fêtes indiquées ci-dessus, on peut recevoir l’absolution générale, à partir de la veille à midi, et le jour de la fête jusqu’à minuit. Par une concession récente, les prêtres que les devoirs du saint ministère empêcheraient de recevoir l’absolution générale au jour indiqué, ont, pour aller la demander, une latitude de huit jours avant la fête. Enfin, à l’article de la mort, les confrères du Cordon séraphique reçoivent cette même grâce de la Bénédiction papale, de l’Indulgence plénière et de la restitution de l’innocence de leur baptême, de la main du prêtre qui les assiste. Ces trois admirables faveurs spirituelles ne doivent-elles pas rendre bien chère à notre foi l’Archiconfrérie du Cordon de Saint-François, ainsi que l’Œuvre de Saint-François de Sales, qui nous les apportent ? Tous les vrais chrétiens devraient en faire partie, tant pour eux-mêmes que pour le soulagement des âmes du Purgatoire. La corde du patriarche séraphique leur rappellerait sans cesse les vertus de Saint-François, la protection dont il les entoure et l’esprit de pénitence, de pauvreté, de chasteté et de charité qui doit embaumer leur vie.

Les trois noeuds du Cordon Séraphique
Il est d’usage de faire trois nœuds au Cordon Séraphique en signe d’union spirituelle avec les trois Ordres que saint François d’Assise a eu le bonheur d’instituer dans l’Eglise pour l’amour de Jésus-Christ et la sanctification des âmes. Ces trois Ordres sont si précieux aux yeux du Sauvent, ils sont si chers à son Sacré-Cœur, qu’il a formellement promis à son grand serviteur François, sur le mont Alverne, qu’ils subsisteraient tous trois jusqu’à la fin du monde.
Le premier de ces Ordres est celui des Frères-Mineurs communément appelés Franciscains, ou Capucins, ou Cordeliers, ou Récollets, suivant les différentes branches delà grande famille de Saint-François. Au fond, c’est un seul et même Ordre: le grand arbre séraphique n’a qu’un tronc; mais il y a des nuances dans l’interprétation et l’application de la règle du patriarche d’Assise ; et ces nuances ou, comme on dit, ces réformes ont donné naissances à plusieurs branches, distinctes entre elles quoiqu’unies par le tronc et la racine. Les Frères-Mineurs sont avant tout les religieux de la pauvreté évangélique. Dans leur Règle, dans la forme de leur sainteté, tout converge vers la première béatitude :  » Bienheureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté, car le royaume des cieux est pour eux !  » C’est dans la pauvreté de Jésus-Christ qu’ils trouvent l’humilité et la douceur, la patience et la mortification, la paix, la joie, la charité, l’esprit de sacrifice, en un mot la sainteté parfaite. Ils vont nu-pieds comme des pauvres ; ils ont une robe grossière, trop chaude en été, trop froide en hiver; ils jeûnent tous les vendredis de l’année, et presque sans interruption, depuis la Toussaint jusqu’à Pâques. Ils ne possèdent rien ici-bas, absolument rien ; ils ne vivent que de charité; ce que vous leur donnes continue à vous appartenir aussi longtemps que cela subsiste, aussi longtemps que cela n’est point consommé. Quant à leurs pauvres couvents et aux morceaux de terre qui en dépendent, ils appartiennent au Pape. Les Frères-Mineurs n’ont rien, rien que Jésus-Christ, qui est tout- L’hiver comme l’été, ils se lèvent à minuit pour psalmodier l’Office divin; et après l’Office, ils font une heure d’oraison. Après quoi, ils regagnent leurs pauvres cellules, et se rendorment, comme ils peuvent, sur leurs couchettes de planches, garnies d’une méchante paillasse qui n’est guère moins dure que le bois. Ils prêchent Jésus crucifié et son amour; ils prient, ils font pénitence, une pénitence rude, mais Joyeuse. Tel est le premier Ordre de Saint-François, le saint Ordre des Frères-Mineurs, aux mérites, aux pénitences et aux prières desquels nous avons le bonheur de participer, grâce à la concession récente de notre bien- aimé Pape Pie IX.
Le second Ordre de la famille séraphique représenté par le second nœud du Cordon, est celui des Dames de la pauvreté ou Pauvres Dames, comme on les appelait jadis. Aujourd’hui on ne les connaît guère que sous le nom de Clarisses, qui leur vient de Sainte-Claire d’Assise, la première fille spirituelle de Saint-François, et la fondatrice du premier couvent des Pauvres Dames. Les Clarisses sont cloîtrées; leur pauvreté est extrême, absolue, comme celle des Frères-Mineurs. Elles vont pied-nus, vivent exclusivement des aumônes qu’on veut bien leur apporter; car elles ne peuvent aller mendier, comme les Frères-Mineurs. Leur vie tout entière est un holocauste d’amour, de pénitence, d’immolation perpétuelle. Comme les Frères-Mineurs, elles ont une dévotion toute particulière au mystère de la crèche et de la croix, au Sacré-Cœur et au Saint- Sacrement, à l’Immaculée-Conception de la sainte Vierge, aux saints Anges, à saint Joseph et à l’autorité de la Chaire Apostolique.
Le troisième nœud de notre cher cordon nous rappelle le troisième Ordre, ou Tiers-Ordre institué par saint François lui-même pour faire jouir des bienfaits de la vie religieuse, tous les chrétiens, ecclésiastique ou laïques, qui vivent dans le monde. Le Tiers-Ordre de la pénitence, comme on rappelle encore, est un véritable Ordre, et non pas seulement une confrérie. C’est un Ordre qui a une règle approuvée par le Saint-Siège; qui a un habit religieux, de forme et de couleur déterminées; qui est astreint à certaines pratiques de piété, à certaines prières, à certaines pénitences. Il y a le Tiers-Ordre régulier, composé de tertiaires qui vivent en communauté, comme de vrais religieux et qui ont un supérieur-général résidant à Rome; et le Tiers-Ordre séculier, dont les membres, ecclésiastiques ou laïques, célibataires ou mariés, continuent à vivre dans le monde, chacun suivant sa vocation. Il serait trop long de détailler ici les diverses obligations des tertiaires; qu’il suffise de dire que le Tiers-Ordre est une source immense de grâces et de sanctification; que, dans la pensée de saint François et du Saint-Siège, il est fait pour tout le monde, accessible à toutes les conditions, à toutes les santés, à, tous les tempéraments, aussi bien fait pour les princes et les princesses que pour les pauvres, que pour les servantes, pour les prêtres que pour les gens mariés, pour les jeunes gens et les jeunes filles aussi bien que pour les vieillards. La règle elle-même commande de dispenser de
toutes les austérités qu’elle prescrit, lorsque, pour des raisons légitimes, on ne peut les embrasser. Du reste, la règle du Tiers-Ordre n’oblige pas sous peine de péché, môme de péché véniel. C’est une pure source de grâces et de mérites, sans aucun inconvénient, sans aucun danger.
Le Cordon de Saint- François nous apporte, si nous le voulons, toutes les immenses indulgences, les absolutions générales et les autres faveurs spirituelles octroyées par le Siège- Apostolique à la famille franciscaine. Mais prenons garde et ne nous imaginons pas que pour cela nous sommes sur le même pied que les Frères-Mineurs et les Clarisses, et même que les simples Tertiaires. Si les faveurs sont les mêmes, les mérites ne sont pas les mêmes : loin de là. Or ce sont les mérites qui constituent la sainteté et qui comptent pour la vie éternelle. Nous autres, avec les magnifiques faveurs de notre cordon, récoltées à si peu de frais, nous mangeons les confitures de saint François, mais nous n’avons pas le pain» le pain qui nourrit; les tertiaires ont, avec les confitures, la mie du pain, ce que l’on donne aux enfants; les austères Frères-Mineurs et les généreuses pénitentes de Sainte-Claire reçoivent le pain tout entier, avec les fortes et nourrissantes duretés d’une croûte bien cuite; et les confitures ne sont pour eux que l’accessoire. Aussi, combien de fois le cordon franciscain n’a-t-il pas servi à saint François pour attirer au Tiers-Ordre des âmes avides de mieux faire, et, à son tour, combien de fois le Tiers-Ordre n’a-t-il pas été la porte par laquelle l’Esprit de Dieu a fait monter des âmes plus généreuses encore jusqu’aux deux grands Ordres de la pauvreté séraphique! N’oublions pas, pauvres petites violettes du parterre de saint François d’Assise et de saint François de Sales, n’oublions pas que nous ne sommes rien en comparaison de ces nobles pénitents; auprès de ces zouaves de la pénitence, nous ne sommes que des enfants de troupe; et si, devant Dieu et son Eglise, nous sommes revêtus du même uniforme tout resplendissant d’indulgences et de grâces inestimables, nous n’en sommes pas moins des enfants, qui ne doivent se réjouir que très-modestement. Tâchons du moins, avec l’aide de Dieu et de nos deux bons saints François, de si bien profiter de cet inépuisable trésor de pardon et d’amour, que nous soyons toujours de bons enfants, bien innocents, bien dociles, bien reconnaissants, bien fidèles à Jésus.

PAPE BENOÎT: POUR S. FRANÇOIS, À NOËL, DIEU EST VRAIMENT L’«EMMANUEL», EXPLIQUE LE PAPE

14 décembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-23073?l=french

POUR S. FRANÇOIS, À NOËL, DIEU EST VRAIMENT L’«EMMANUEL», EXPLIQUE LE PAPE

Catéchèse du mercredi

ROME, Mercredi 23 décembre 2009 (ZENIT.org) – « Grâce à saint François, le peuple chrétien a pu percevoir qu’à Noël, Dieu est vraiment devenu l »Emmanuel’, le Dieu-avec-nous, dont ne nous sépare aucune barrière et aucune distance », a expliqué Benoît XVI qui a mis en valeur l’apport spécifique de saint François d’Assise aux célébrations et au sens de Noël, à l’occasion de sa catéchèse du mercredi, en la salle Paul VI du Vatican.
L’accueillir librement
Le pape souligne ce que la Nativité signifie pour la liberté de l’homme : « Dans cet Enfant se manifeste Dieu-Amour : Dieu vient sans armes, sans la force, parce qu’il n’entend pas  conquérir, pour ainsi dire, de l’extérieur, mais il entend plutôt être librement accueilli par l’homme ; Dieu se fait Enfant sans défense pour vaincre l’orgueil, la violence, la soif de possession de l’homme ».
Le pape rapproche le mystère de Noël de cette parole de l’Evangile : « C’est à la lumière de Noël que nous pouvons comprendre les paroles de Jésus: « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3).
Le pape interprète ainsi cette parole de l’Evangile : « Celui qui n’a pas compris le mystère de Noël, n’a pas compris l’élément décisif de l’existence chrétienne. Celui qui n’a pas accueilli Jésus avec le cœur d’un enfant, ne peut pas entrer dans le royaume des cieux : tel est ce que François a voulu rappeler à la chrétienté de son époque et de tous les temps, jusqu’à aujourd’hui ».
Aimer et adorer l’humanité du Christ
Benoît XVI a en effet évoqué, en italien, le biographe de saint François d’Assise, Thomas de Celano, qui « parle de la nuit de la crèche de Greccio de manière vivante et touchante, en offrant une contribution décisive à la diffusion de la plus belle tradition de Noël, celle de la crèche ».
« La nuit de Greccio, en effet, a redonné à la chrétienté l’intensité et la beauté de la fête de Noël, et a éduqué le Peuple de Dieu à en saisir le message le plus authentique, la chaleur particulière, et à aimer et adorer l’humanité du Christ », a fait observer le pape.
Et de préciser : «  Cette approche particulière  de Noël a offert à la foi chrétienne une nouvelle dimension. La Pâque avait concentré l’attention sur la puissance de Dieu qui l’emporte sur la mort, inaugure la vie nouvelle et enseigne à espérer dans le monde qui viendra. Avec saint François et sa crèche étaient mis en évidence l’amour désarmé de Dieu, son humilité et sa bénignité qui, dans l’Incarnation du Verbe, se manifeste aux hommes pour enseigner une nouvelle manière de vivre et d’aimer ».
Thomas de Celano raconte que, en cette nuit de Noël, a raconté à son tour Benoît XVI, « la grâce d’une vision merveilleuse fut accordée à François » : « Il vit couché immobile dans la mangeoire un petit enfant, qui fut réveillé du sommeil précisément par la proximité de François. Et il ajoute : « Cette vision n’était pas discordante des faits car, par l’œuvre de sa grâce qui agissait au moyen de son saint serviteur François, l’enfant Jésus fut ressuscité dans le cœur de beaucoup de personnes qui l’avaient oublié, et il fut profondément imprimé dans leur mémoire pleine d’amour » (Vita prima, op. cit., n. 86, p. 307) ».
Une joie ineffable
Pour Benoît XVI, voilà l’apport décisif de saint François : « Cette évocation décrit avec beaucoup de précision ce que la foi vivante et l’amour de François pour l’humanité du Christ ont transmis à la fête chrétienne de Noël : la découverte que Dieu se révèle sous la  tendre apparence de l’Enfant Jésus. Grâce à saint François, le peuple chrétien a pu percevoir qu’à Noël, Dieu est vraiment devenu l »Emmanuel’, le Dieu-avec-nous, dont ne nous sépare aucune barrière et aucune distance. Dans cet Enfant, Dieu est devenu si proche que nous pouvons le tutoyer et entretenir avec lui une relation confidentielle de profonde affection, de la même façon que nous le faisons avec un nouveau-né », a insisté le pape.
Benoît XVI a fait observer que l’expérience des bergers – et de saint François – peut être communiquée à chacun aujourd’hui : « Nous prions le Père pour qu’il accorde à notre cœur cette simplicité qui reconnaît  le Seigneur dans l’Enfant, précisément comme le fit François à Greccio. Il pourrait alors aussi nous arriver ce que Thomas de Celano – se référant à l’expérience des pasteurs dans la Nuit Sainte (cf. Lc 2, 20) – raconte à propos de ceux qui furent présents à l’événement de Greccio: « Chacun s’en retourna chez lui empli d’une joie ineffable» (Vita prima, op. cit., n. 86, p. 479) ».
« Tel est le vœu que j’adresse avec affection à vous tous, à vos familles et à ceux qui vous sont chers. Bon Noël à vous tous ! », a conclu le pape.

Anita S. Bourdin

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