Archive pour la catégorie 'poème'

Blaise Pascal: Nous connaissons la vérité par le coeur

16 novembre, 2008

du site: 

http://www.bonheurpourtous.com/botext/vercora.html

Nous connaissons la vérité par le coeur

Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le coeur ; c’est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes, et c’est en vain que le raisonnement, qui n’y a point de part, essaye de les combattre. [...]

Nous savons que nous ne rêvons point ; quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l’incertitude de toutes nos connaissances [...].

Car la connaissance des premiers principes, comme l’existence de l’espace, du temps, des mouvements, des nombres, est aussi ferme qu’aucune connaissance donnée par nos raisonnements. Et c’est sur ces connaissances du coeur et de l’instinct qu’il faut que la raison s’appuie, et qu’elle y fonde tout son discours. ([...] Les principes se sentent, les propositions se concluent ; et le tout avec certitude, quoique par différentes voies.) Et il est aussi inutile et ridicule que la raison demande au coeur des preuves de ses premiers principes, pour vouloir y consentir, que le coeur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu’elle démontre, pour vouloir les recevoir.

Cette impuissance ne doit donc servir qu’à humilier la raison, qui voudrait juger de tout, mais non pas à combattre notre certitude, comme s’il n’y avait que la raison capable de nous instruire.

Blaise Pascal, Pensées, pensée n° 282

Victor Hugo: Le firmament est plein de la vaste clarté

30 septembre, 2008

du site:

http://www.bonheurpourtous.com/botext/lefirma.html 

Victor Hugo, Les contemplations, avril 1840

Le firmament est plein de la vaste clarté

;
Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bont
é.
Le beau lac brille au fond du vallon qui le mure ;
Le champ sera f
écond, la vigne sera mûre ;
Tout regorge de s
ève et de vie et de bruit,
De rameaux verts, d’azur frissonnant, d’eau qui luit,
Et de petits oiseaux qui se cherchent querelle.
Qu’a donc le papillon ? qu’a donc la sauterelle ?
La sauterelle a l’herbe, et le papillon l’air ;
Et tous deux ont avril, qui rit dans le ciel clair.
Un refrain joyeux sort de la nature enti
ère ;
Chanson qui doucement monte et devient pri
ère.
Le poussin court, l’enfant joue et danse, l’agneau
Saute, et, laissant tomber goutte
à goutte son eau,
Le vieux antre, attendri, pleure comme un visage ;
Le vent lit
à quelqu’un d’invisible un passage
Du po
ème inouï de la création ;
L’oiseau parle au parfum ; la fleur parle au rayon ;
Les pins sur les
étangs dressent leur verte ombelle ;
Les nids ont chaud ; l’azur trouve la terre belle,
Onde et sph
ère, à la fois tous les climats flottants ;
Ici l’automne, ici l’
été ; là le printemps.
Ô coteaux ! ô sillons ! souffles, soupirs, haleines !
L’hosanna des for
êts, des fleuves et des plaines,
S’
élève gravement vers Dieu, père du jour ;
Et toutes les blancheurs sont des strophes d’amour ;
Le cygne dit : Lumi
ère ! et le lys dit : Clémence !
Le ciel s’ouvre
à ce chant comme une oreille immense.
Le soir vient ; et le globe
à son tour s’éblouit,
Devient un oeil
énorme et regarde la nuit ;
Il savoure,
éperdu, l’immensité sacrée,
La contemplation du splendide empyr
ée,
Les nuages de cr
êpe et d’argent, le zénith,
Qui, formidable, brille et flamboie et b
énit,
Les constellations, ces hydres
étoilées,
Les effluves du sombre et du profond, m
êlées
A vos effusions, astres de diamant,
Et toute l’ombre avec tout le rayonnement !
L’infini tout entier d’extase se soul
ève.
Et, pendant ce temps-l
à, Satan, l’envieux, rêve.

 

« Mémoires d’un Ange Gardien »

27 septembre, 2008

du site:

http://spiritualite-chretienne.com/anges/ange-gardien/ref-07.html

« Mémoires d’un Ange Gardien »

Abbé G. Chardon

Clermont-Ferrand, Librairie Catholique, 1868.
Chapitre L : La Corbeille

Quand, matin et soir, les membres de la famille étaient à genoux, ne formant qu’une âme et qu’un cś

ur, pour prier Dieu, nous étions, nous aussi, prosternés en adoration (1).
Nous unissions nos accents à ce beau mélange de voix graves et enfantines. Aucun ne manquait à la pieuse couronne. L’ange même de celui qui dormait dans son berceau se joignait à nous et priait pour son petit frère (2).
Les démons cherchaient à troubler le saint exercice. Ils venaient se poser sur la tête, sur la bouche, sur les yeux de nos amis. C’était alors, ou la fatigue, ou le sommeil, ou le dégoût, ou de folles imaginations qui arrêtaient l’action du c
śur. Nous chassions les tentateurs et la ferveur reparaissait (3).
Nous recueillions avec un grand soin les prières. Elles étaient pour nous comme des fleurs qui naissaient dans l’âme et s’épanouissaient au dehors par la parole. Nous en formions une corbeille.
Celles qui n’avaient été effeuillées par aucune distraction, ni souillées par aucun sentiment profane, celles qui étaient fraîches et pures, intactes et complètes, obtenaient la place d’honneur.
Pour relever l’éclat de ces fleurs cueillies dans les vallées de l’exil, nous en empruntions de plus riches aux jardins de la patrie. Les fleurs du ciel venaient se marier aux fleurs de la terre et leur communiquaient leurs émanations et leurs beautés (4).
Comblés des biens de la gloire, nous n’avions rien à demander pour nous. Avec quelle joie nous demandions pour ceux qui nous étaient chers ! Nous éprouvions un égal besoin de louer en notre nom et de prier au nom de nos frères. Leurs infirmités, leurs douleurs, leurs périls devenaient notre partage. Par un échange touchant, l’amour nous donnait leurs misères et leur conférait nos privilèges.
Embellie par notre ferveur et soutenue par nos mains, la corbeille était acceptée, comme venant de nos amis, et leur obtenait les faveurs qu’ils désiraient (5).
Quand, trois fois le jour et plus souvent, ils se tournaient vers Marie et la saluaient par les paroles de Gabriel, à nous de recueillir les pieux Ave et de les offrir.
Marie s’inclinait avec l’expression d’un tendre amour. Elle retrouvait pour cette ambassade venue de la terre le sourire qu’elle eut jadis pour celle du ciel. Elle accueillait l’humble enfant, comme elle accueillit le glorieux archange. Son émotion était celle qu’elle éprouva au jour où il lui fut annoncé qu’elle allait être la mère de son Dieu.

1. Saint Nil, De la prière. – Louis de Blois, Appendice de la Vie ascétique.
2. Saint Bernard, Méditations, chap. VI.
3. Saint Thomas de Villeneuve, Sur les Anges. – Vie de saint Macaire d’Egypte, Boll.
4. Saint Jean Climaque, Echelle du ciel.
5. Saint Thomas de Villeneuve, Sur les Anges. – Vies de sainte Dorothée, de saint Arrigius, de saint Annowaredh, Boll.

Simon de Cyrène

7 septembre, 2008

du site:

http://www.biblisem.net/meditat/audrasim.htm

Simon de Cyrène

Un homme pointe à l’horizon du paysage amer.
Il est robuste et calme. Il revient de ses champs
à la minute extrême où Dieu ne pouvait plus.
On le happe au tournant et le mystère descend
sur le Christ et sur lui qui s’élèvent ensemble.
Puis, la montagne acquise, les soldats le libèrent. On le rend à la nuit.

« Simon de Cyrène – si près de Dieu, puisque le bois te heurte –
silencieux auditeur de la croix que tu portes, et qui n’as jamais rien dit…
Qu’as-tu donc entendu des battements de son Coeur,
alors que le Passionné montait ? »
« Je n’ai rien entendu – dit Simon – que je puisse redire,
puisque l’Évangile s’est tu. »

Mais l’arbre de toutes les semences, et le tronc de tous les secrets,
n’a pas en vain sur ta chair imprimé ses méfaits
sans que tes épaules ressentent et que ton front comprenne,
– Simon de Cyrène – la lassitude humaine, et tout ce que l’homme va faire à Dieu…
La complainte infiniment pareille, le sanglot du mal inconscient ou voulu qui va jaillir tout à l’heure de ses plaies suspendues.

Le Seigneur te précède et t’omet.
L’Écriture mentionne sa grâce à Véronique, aux femmes son apostrophe.
Mais à toi plus prochain, qui partages avec Lui le fardeau des humains,
Il n’a pas dit merci !…

Saint Simon de Cyrène, philosophe ignoré, toi qui marches dans l’ombre de toute la Clarté,
Il te laisse derrière, la part du bois qui traîne, pour que l’intelligence à jamais te soit faite des choses inconsolées…
Dans le symbole de l’Écriture des jours, tu vis, Samaritain du Christ, à côté de chacun dont le travail surpasse les forces de la nature.
Tu te charges en silence, de ce peu de leur croix, qui dépasse, apparente, et soutiens tout leur coeur invisible, du tien.
Jusqu’au jour, où la même colline unifiant les sommets réunira les mondes,
devant la joie du Père, nous verrons le Verbe ensoleillé,
vers toi, Cyrénéen dirigeant sa parole –
avant tous les martyrs, les élus, les enfants, appeler :
« Consolateur » –
Et puis te consoler.

Alliette AUDRA, Via Crucis, Rouart, 1924.

Recueilli dans La vie de Jésus racontée par les poètes,
par Jacques Charpentreau, DDB, 1982.

La paix commence toujours par un sourire

16 mai, 2008

du site: 

http://chezmacrimi.spaces.live.com/?_c11_BlogPart_BlogPart=blogview&_c=BlogPart&partqs=amonth%3D12%26ayear%3D2006

Texte de Richard Migneault

La paix commence toujours par un sourire

Et un sourire en attire toujours un autre.

Lorsque la paix entre dans le cœur,

elle s’exprime par la joie et le bonheur.

La paix, le bonheur et l’amour n’existent pas l’un sans l’autre ;

c’est ce que s’appelle la Sainte Trinité.

Alors, à cause d’un sourire on peut aimer on peut tendre les bras et

donner un peut de son temps, partager un peu de son argent.

Un sourire soulage la souffrance, et redonne l’espèrent.

Il attendrit le cœur et le remplit de compassion

l’orsque l’amour envahit le cœur…

Il n’y a plus de place pour la haine, la colère, l’envie et la jalousie.

Seul l’amour peut faire gagner une guerre,

car seul l’amour… l’ennemi en ami.

Le plus beau cadeau que vous puissez donner c’est un sourire ,

il ne coûte rien , il enrichit celui qui le reçoit sans

appauvrir celui qui le donne.

Pour votre cadeau prenez quelques instants…

Fermez les yeux et faites-vous un beau sourire!

Ensuite, visualisez les personnes que vous connaissez en

leur faisant un sourire

Et voyez toutes ces personnes vous retourner un beau sourire

QUI NOUS ROULERA LA PIERRE ?

28 avril, 2008

du site:

http://www.ndweb.org/ecrit/forge/forge.htm

QUI NOUS ROULERA LA PIERRE ?
Mc 16 3

Qui nous roulera la pierre ?… Qui ?
Pierre scellée de nos tombeaux
tombeaux de nos habitudes
tombeaux de nos idoles
de nos jugements définitifs
de nos idée arrêtées
de nos peurs paralysantes…

Mais aussi tombeaux de nos souffrances ensevelies
de nos rancœurs et aigreurs
de nos déceptions enfouies
de nos échecs accumulés…

Qui nous roulera la pierre… Qui ?
pierre d’achoppement
pierre de nos « pourquoi »
de tous les « pourquoi » auxquels nous nous heurtons
tous les « pourquoi » qui retentissent autour de nous
qui résonnent si fort en nous…

tous les « pourquoi » des hommes à travers les siècles
les « pourquoi » des hommes aujourd’hui
le « pourquoi » du Fils en Croix…

Qui nous roulera la pierre… Qui ?
« Car la pierre était fort grande…
Le 1er jour de la semaine, de grand matin,
les femmes vont au tombeau
alors que le soleil se lève
elles regardent : la pierre a été roulée… » Mc 16, 2-4

Le Soleil s’est levé
le Soleil a surgi du tombeau
le Soleil a surgi de tous nos tombeaux
la pierre a été roulée :
une brèche, une béance en tous nos murs

en tous les murs de l’impossible
en tous les murs de clôture
en tous les murs de séparation
en toutes nos forteresses…

une faille, une brèche a pour toujours ouvert un Passage
et nous sommes entraînés inlassablement à travers cette Pâque

Le Soleil s’est levé, CHRIST RESSUCITE
« en sa personne il a tué la haine » Ep 2, 16
béance de son Amour blessé
béance de son côté transpercé d’où jaillit l’eau et l’Esprit
d’où jaillit la vie que nul ne peut définitivement stopper
« J’ai ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermer » Ap 3, 8

Chantal de La Forge
sœur du Cénacle

Pierre GAUTHIEZ: Les vieux clochers

27 avril, 2008

 du site:

http://www.biblisem.net/meditat/gauthlvc.htm

Les vieux clochers

Vieux clochers campagnards, couverts de tuiles rousses,
Clochers de nos pays, qui chantez au ciel clair,
L
hiver vous a sculptés ; les herbes et les mousses
Brodent vos chapiteaux rid
é
s par le grand air ;

Clochers massifs, pareils aux colombiers rustiques,
Chancelants sous la brise, effrit
é
s et charmants,
Dans vos larges auvents, comme des vols mystiques,
Tourbillonne l
essor des carillons clamants ;

Sur le trouble Océan des plaines ondoyantes
Vous dressez les vaisseaux qui cinglent vers le ciel,
Et le rayonnement de tant d
’â
mes croyantes
Vous illumine encor d
un souffle dirré
el.

On dit quon trouve, ailleurs, des églises vêtues
De dentelle d
albâ
tre et de marbres luisants ;
Il n
est, pour les peupler, qu
un peuple de statues,
Elles n
enferment point l’â
me des paysans.

Vous ne surplombez point des façades pompeuses,
L
or n
est jamais venu plaquer votre portail,
Vous ne lancez parmi les brumes radieuses
Qu
un coq étincelant dont la rouille est l’é
mail ;

Mais souvent, bien au fond de vos nefs en ogive,
Derri
ère vos autels au vermeil dédoré
,
Plus d
un joyau survit, que l
artiste ravive
Dans le myst
ère où tant daïeux lont ignoré
:

Éblouissants vitraux, clartés dun ciel de rêve,
Pierre tombale o
ù gî
t un seigneur ancien,
B
énitier ciselé, forme exquise où se rê
ve
Le chef-d
oeuvre dun vieux maî
tre parisien.

Clochers, vous rassemblez à ces pauvres grandmères
Qui tremblent, tout le jour, dans leur sombre sarrau.
Leurs yeux se sont creus
és, leurs lèvres sont amè
res,
Et leur
étroit fantô
me attriste le carreau ;

Mais, dans lobscur recoin de leurs placards obliques,
Elles gardent parfois quelque bijou sans prix,
Pr
ésent des jours charmé
s, lumineuse relique
Dont la flamme scintille entre leurs doigts maigris.

Et surtout, ô mes vieux clochers dIsle-de-France,
Vous avez tant vibr
é dallé
gresse ou de deuil,
Vous avez enferm
é tant dombre et despé
rance
Que le plus fier s
incline en passant votre seuil.

Pour les enterrements et pour les épousailles,
Par les froides Toussaints, par les No
ë
ls divins,
Vous avez
éveillé
dans vos fortes entrailles
La cloche, voix de fer dont pas un mot n
est vain.

Et quand, vers lheure où le bétail revient aux portes,
L
Angé
lus fait tinter ses rythmes solennels,
Je m
arrête, entendant l
hymne des races mortes
Qui plane avec lenteur sur les champs
é
ternels.

Pierre GAUTHIEZ, Isle-de-France.

poème: Dieu dans la création

26 avril, 2008

du site: 

http://www.biblisem.net/meditat/racidieu.htm

Dieu dans la création

Oui, c

est un Dieu caché, que le Dieu quil faut croire,
Mais tout cach
é quil est, pour. révé
ler sa gloire
Quels t
émoins éclatants devant moi rassemblé
s !
R
é
pondez, Cieux et Mers ; et vous Terre, parlez.
Quel bras peut vous suspendre, innombrables
é
toiles ?
Nuit brillante, dis-nous qui t
a donné
ces voiles ?
Ô cieux, que de grandeur et quelle majesté
!
J
y reconnais un Maître à qui rien na coûté
.
Dans vos vastes d
éserts il sème la lumiè
re,
Ainsi que dans nos champs il s
ème la poussiè
re.
Toi qu
annonce l
Aurore, admirable flambeau,
Astre toujours le m
ê
me, Astre toujours nouveau,
Par quel ordre,
ô Soleil, viens-tu du sein de l
onde
Nous rendre les rayons de ta clart
é fé
conde ?
Tous les jours je t
attends, tu reviens tous les jours :
Est-ce moi qui t
appelle, et qui rè
gle ton cours ?

Et toi dont le courroux veut engloutir la terre,
Mer terrible, en ton lit quelle main te resserre ?
Pour forcer ta prison tu fais de vains efforts ;
La rage de tes flots expire sur tes bords.
Fais sentir ta vengeance
à ceux dont l
avarice
Sur ton perfide sein va chercher son supplice.
H
élas ! prêts à périr, tadressent-ils leurs vœ
ux ?
Ils regardent le Ciel, secours des malheureux.
La nature qui parle en ce p
éril extrê
me
Leur fait lever les mains vers l
asile suprê
me :
Hommage que toujours rend un c
œur effray
é
Au Dieu que jusqualors il avait oublié
.
La voix de l
Univers à
ce Dieu me rappelle.
La terre le publie. Est-ce moi, me dit-elle,
Est-ce moi qui produis mes riches ornements ?
C
est celui dont la main posa mes fondements,
Si je sers tes besoins, c
est lui qui me l
ordonne :
Les pr
ésents quil me fait, cest à toi quil les donne.

Louis RACINE.

Prière pour des poètes de mon pays

10 avril, 2008

du site: 

http://www.biblisem.net/meditat/audrappp.htm

Prière pour des poètes
de mon pays

Seigneur, dans mon pays on naime
Que rarement la po
é
sie,
H
élas ! Vous en souffrez vous-mê
me
Qui voyez les
â
mes choisies

Par vous pour chanter la couleur
Des mondes, p
âlir et puis blê
mes,
Donner voix, plus bas, aux po
è
mes
Exaltant le pommier en fleurs

Et lombre du clocher dardoise
Qui s
allonge avec son é
glise
Tandis que l
air sent la framboise
Et que terre et ciel s
’é
galisent.

Seigneur, je connais des poètes
Dont la tristesse est d
’être né
s,
Puisqu
il ny a jamais de fê
te
Pour eux qui sont insoup
çonné
s…

Que faire, afin quils soient heureux
Une heure, des lauriers au front ?
Je ne demande rien pour eux
Qu
une heure, et que les pommiers ronds

Laissent tomber toutes leurs fleurs
Avec tendresse, avec ampleur
Sur eux, pour que, devenus roses
De joie
et leur âme assouvie

Ils voient comme jamais, les choses
Briller, et qu
ils aiment la vie…

Alliette AUDRA.

Extrait de Le lendemain des jours, Rodez.

Dieu est musique

8 avril, 2008

du site:

http://www.ndweb.org/ecrit/rimaud/dieu_musique.htm

Dieu est musique


Je n’ai pas voulu créer la musique, dit Dieu,
je vous ai laissé le soin de l’inventer
pour votre joie et pour ma gloire,
afin que vous ajoutiez vous-mêmes
à la beauté du monde que je vous donne.

J’ai fait toute chose dans l’univers,
et j’ai fait aussi le bruit particulier de chaque chose.
J’ai fait la lune et le soleil
et leur muet dialogue au long des nuits et des jours.
J’ai fait les étoiles fidèles
et leur langage sans parole.
J’ai fait la terre, solide et sûre,
et le silence des sommets et celui des vallées.

J’ai fait les océans pleins de mystères
et leur mugissement innombrable
J’ai fait les sources, les ruisseaux, les rivières et les grands fleuves,
leur murmure et leur grondement.
J’ai fait la pluie si bienfaisante
et son clapotis sur les étangs, sur les feuilles et sur les toits.
J’ai fait les vents qui aiment jouer
avec les champs de blé, avec les arbres des forêts.
J’ai fait le tonnerre, le terrifiant tonnerre,
et son immense roulement à travers les nuages.

J’ai fait les animaux, chacun avec sa voix,
pour qu’ils disent le désir et la plainte,
le bonheur d’exister et la peur de la mort.
J’ai fait tous les oiseaux
et je leur ai donné la grâce de chanter.
J’ai fait les Anges aussi
qui remplissent mon ciel de leur immense louange.

Et puis je vous ai faits,
homme et femme je vous ai faits,
avec votre oreille et votre voix,
- une voix plus haute, une voix plus basse
qui peuvent l’une à l’autre s’accorder -
pour que tendant l’oreille
au rythme de votre souffle, aux battements de votre sang
et à tout être bruissant dans ce monde,
vous entendiez que tout est son
et soyez capables d’en jouir et d’en jouer.

Je vous ai faits ainsi
pour que vous fassiez de toute chose musique
et que vous-mêmes deveniez musique,
à l’image de ce que je suis.
Didier Rimaud, s.j.

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