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Le bal de l’obéissance : « Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé. »

12 mars, 2010

du site:

http://www.ndweb.org/ecrit/delbrel/bal.html

Madeleine DELBREL, Le bal de l’obéissance

« Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé. »

C’est le 14 juillet.
Tout le monde va danser.
Partout, depuis des mois, des années, le monde danse.
Plus on y meurt, plus on y danse.
Vagues de guerres, vagues de bal.

II y a vraiment beaucoup de bruit.
Les gens sérieux sont couchés.
Les religieux récitent les matines de saint Henri, roi.
Et moi je pense
A l’autre roi,
Au roi David qui dansait devant l’Arche.

Car s’il y a beaucoup de saintes gens qui n’aiment pas danser,
Il y a beaucoup de saints qui ont eu besoin de danser,
Tant ils étaient heureux de vivre :
Sainte Thérèse avec ses castagnettes,
Saint Jean de la Croix avec un Enfant Jésus dans les bras,
Et saint François, devant le pape.
Si nous étions contents de vous, Seigneur,
Nous ne pourrions pas résister
A ce besoin de danser qui déferle sur le monde,
Et nous arriverions à deviner
Quelle danse il vous plaît de nous faire danser
En épousant les pas de votre Providence.

Car je pense que vous en avez peut-être assez
Des gens qui, toujours, parlent de vous servir avec des airs de
Capitaines,
De vous connaître avec des airs de professeurs,
De vous atteindre avec des règles de sport.
De vous aimer comme on s’aime dans un vieux ménage.

Un jour où vous aviez un peu envie d’autre chose,
Vous avez inventé saint François,
Et vous en avez fait votre jongleur.
A nous de nous laisser inventer
Pour être des gens joyeux qui dansent leur vie avec vous.

Pour être un bon danseur, avec vous comme ailleurs, il ne faut
Pas savoir où cela mène.
Il faut suivre,
Être allègre,
Être léger,
Et surtout ne pas être raide.
Il ne faut pas vous demander d’explications
Sur les pas qu’il vous plaît de faire.
Il faut être comme un prolongement,
Agile et vivant de vous,
Et recevoir par vous la transmission du rythme de l’orchestre.
Il ne faut pas vouloir à tout prix avancer,
Mais accepter de tourner, d’aller de côté.
Il faut savoir s’arrêter et glisser au lieu de marcher.
Et cela ne serait que des pas imbéciles
Si la musique n’en faisait une harmonie.

Mais nous oublions la musique de votre esprit,
Et nous faisons de notre vie un exercice de gymnastique ;
Nous oublions que, dans vos bras, elle se danse,
Que votre Sainte Volonté
Est d’une inconcevable fantaisie,
Et qu’il n’est de monotonie et d’ennui
Que pour les vieilles âmes
Qui font tapisserie
Dans le bal joyeux de votre amour.

Seigneur, venez nous inviter.
Nous sommes prêts à vous danser cette course à faire,
Ces comptes, le dîner à préparer, cette veillée où l’on aura
Sommeil.

Nous sommes prêts à vous danser la danse du travail,
Celle de la chaleur, plus tard celle du froid.
Si certains airs sont souvent en mineur, nous ne vous dirons pas
Qu’ils sont tristes ;
Si d’autres nous essoufflent un peu, nous ne vous dirons pas
Qu’ils sont époumonants.
Et si des gens nous bousculent, nous le prendrons en riant,
Sachant bien que cela arrive toujours en dansant.

Seigneur, enseignez-nous la place
Que, dans ce roman éternel
Amorcé entre vous et nous,
Tient le bal singulier de notre obéissance.

Révélez-nous le grand orchestre de vos desseins,
Où ce que vous permettez
Jette des notes étranges
Dans la sérénité de ce que vous voulez.
Apprenez-nous à revêtir chaque jour
Notre condition humaine
Comme une robe de bal, qui nous fera aimer de vous
Tous ses détails comme d’indispensables bijoux.

Faites-nous vivre notre vie,
Non comme un jeu d’échecs où tout est calculé,
Non comme un match où tout est difficile,
Non comme un théorème qui nous casse la tête,
Mais comme une fête sans fin où votre rencontre se renouvelle,
Comme un bal,
Comme une danse,
Entre les bras de votre grâce,
Dans la musique universelle de l’amour.

Seigneur, venez nous inviter.
 

Extrait de Nous autres, gens des rues, Madeleine DELBREL, 1966, 1995 pour la réédition dans la
collection Livre de vie, Le Seuil, Paris, p.81

Fête de la Conversion de saint Paul (2009) (poème ou Hymne, magnifique!)

24 janvier, 2010

du site:

http://jerusalem.cef.fr/homelies/index.php?hid=462

Fête de la Conversion de saint Paul (2009)

La fête que nous célébrons aujourd’hui
a quelque chose de tout à fait inhabituel.
Elle évoque la figure d’un saint, mais dont ce n’est pas
la fête en ce jour, puisqu’elle est fixée au 29 juin
avec celle de l’apôtre Pierre.
Elle prend le pas, pour une fois, sur le dimanche,
ce qui ne se fait pratiquement jamais dans le cours du cycle liturgique.
Et elle ne fête ni la naissance ni la mort de celui dont on fait mémoire,
mais tout simplement : sa conversion.
La conversion de saint Paul apôtre
dont nous célébrons cette année,du 29 juin 2008 au 29 juin 2009,
le deuxième millénaire. D’où son exceptionnelle solennité, en ce 25 janvier.

C’est que cette conversion dont nous avons entendu,
une fois de plus, le récit bien connu, dans la 1e lecture,
a été et demeure d’une importance capitale
pour la mise en route et la propagation du christianisme.
Nous nous sentons toujours touchés et concernés
par une conversion, surtout quand elle est aussi spectaculaire,
aussi sincère et radicale que celle de Saul de Tarse.
Car l’Évangile, si nous le prenons au sérieux,
nous invite tous à une incessante conversion
puisque nous sommes appelés à monter, pas à pas, et tout du long,
sur un chemin de perfection.
Vous donc, vous serez parfaits
comme votre Père du ciel est parfait (Mt 5,48).

Mais la conversion de Paul a plus que quelque chose
de stimulant, d’exaltant ou même d’exemplaire.
Elle manifeste dans sa vie, une vie à nulle autre pareille,
la puissance de la grâce, capable de transformer un homme,
quand celui-ci se donne sans réserve à son action.
On comprend alors le poids de cet aveu de l’Apôtre :
C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ;
et sa grâce à mon égard n’a pas été vaine (1 Co 15,10).

On passe dès lors de l’étonnement à l’admiration,
de la surprise à l’enthousiasme,
en voyant d’où est parti Paul, le jour où il a été renversé sur le chemin de Damas,
et à quoi il est parvenu au bout de sa course (Ph 3,14 ; 2 Tm 4,7).
Le labeur incomparable qu’il a pu accomplir
et la richesse sans pareille des écrits qu’il nous a laissés.
Sans même se douter un instant qu’ils allaient,
jetés comme des papyrus au vent de la Providence,
traverser les âges et retentir au long des jours
dans toutes les églises de la chrétienté et au plus profond du cœur des croyants !

Pour radicale et fracassante qu’elle soit,
la conversion de Paul n’a été cependant ni facile ni spontanée.
Il lui a fallu d’abord se plier à l’action patiente de la grâce
(car Dieu ne violente jamais une liberté).
Et cela, en acceptant loyalement, humblement, de s’interroger
sur le sens de cette parole tombée du ciel :
Je suis Jésus que tu persécutes ! Mais relève-toi,
entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire (Ac 9,5-6).

Il y a eu ensuite, ces deux ans au désert d’Arabie (Ga 1,17-18),
et le temps qui a suivi où il a dû, peu à peu, faire sienne
la lumière du mystère du Fils de Dieu fait homme.
Ce n’est pas d’emblée qu’il a pu passer
de son monothéisme juif si rigoureux,
à l’adhésion de son intelligence en un Dieu Trinité d’amour.
À un salut offert au monde par un Christ crucifié.

Ce n’a pas été non plus sans arrachement qu’une fois devenu apôtre,
il a dû choisir de porter, sans partage, l’Évangile aux nations païennes,
en passant de la pratique de la Loi de ses pères
au salut par la foi au Christ (Rm 4-5 ; Ga 3).

Et c’est tout son être, avec sa fougue, sa faiblesse,
son bouillant tempérament et sa fameuse écharde dans la chair (2Co 12,7),
qu’il a dû convertir, au jour le jour et au long des jours,
à l’humilité, la patience, la persévérance, la tendresse.

Mais au bout du compte on est bien amené à constater
que ce que Paul a pu entreprendre et mener à bien
sous la mouvance de la grâce de Dieu, tient du miracle.
Tant du point de vue humain que du point de vue spirituel,
ce que cet apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu,
a fait et écrit, dépasse l’entendement !

Humainement, on est fasciné par son personnage.
On peut ne pas l’aimer
(et d’aucuns ne s’en privent pas, tant il est direct et entier),
mais on ne peut s’empêcher de l’admirer.
Certains traits de sa personnalité peuvent agacer,
certains aspects de sa pensée peuvent heurter
mais on doit reconnaître que l’homme est hors du commun.
Ainsi demeure-t-il un des êtres les plus marquants de l’humanité.
Quelqu’un qui, depuis vingt siècles,
a mis son empreinte sur l’histoire et la pensée
et va continuer de le faire au fil des âges,
tant son message et plein de force et de lumière.

Quand on fait le total de ce que Paul, à l’époque où il était,
dans les circonstances qu’il a connues,
à travers les épreuves qu’il a traversées,
en face de ce monde juif et païen qu’il affrontait
avec le seul glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu (Ep 6,17),
sans aucun moyen matériel, sans ressources financières, sans appareil intellectuel,
quand on songe à ce qu’il a pu vivre, subir, parcourir,
proclamer, enseigner, écrire, entreprendre,
ne sachant quelle suite cela pourrait avoir,
mais en allant toujours droit de l’avant,
tendu de tout son être en poursuivant sa course (1 Co 9,25-26 ; Ph 3,13-14),
on reste sans voix !

Souvent j’ai été à la mort.
Cinq fois j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ;
trois fois j’ai été flagellé ; une fois lapidé ;
trois fois j’ai fait naufrage.
Il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abîme.
Et il énumère pour nous : Voyages sans nombre,
dangers des rivières, dangers des brigands,
dangers de mes compatriotes, dangers des païens,
dangers de la ville, dangers du désert
 dangers de la mer, dangers des faux frères !
Labeur et fatigue, veilles fréquentes,
faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité !
Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne,
le souci de toutes les Églises ! (2 Co 11,24-29).

Avouons-le, cet itinéraire de vie
a quelque chose d’aussi ahurissant que de profondément touchant.
On pourrait en effet le regarder comme un héros
accumulant épreuves et exploits.
Il ne s’agit en fait que d’un fol en Christ plein de sagesse,
d’un saint passionné par l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut (Ep 1,13),
se redisant sans cesse : Malheur à moi si je ne prêche pas l’Évangile (1 Co 9,16),
et pour qui seule compte la foi s’exerçant dans la charité (Ga 5,6).
Jamais sans doute, dans l’histoire des hommes,
un parcours n’a été aussi contrasté puisque la vie de Paul de Tarse
part du crime le plus froidement organisé,
pour parvenir à la sainteté la plus pure.

Sachant comment il est parvenu
à travers toutes ces épreuves et difficultés,
à semer les germes de l’Évangile de Jérusalem à Rome,
en passant par toutes les viles que l’on sait,
pour venir périr par le glaive au cœur de la capitale de l’Empire,
on peut se dire : qui a jamais fait humainement ce que Paul a fait ?

D’un point de vue spirituel, notre étonnement et notre admiration
sont tout aussi grands.
L’apôtre Paul demeure celui qui a mis en forme,
enraciné, structuré le christianisme.
Celui qui, sans rien renier de la source à laquelle il puise
et qu’il sert dans une fidélité absolue,
a révélé l’abîme de la richesse,
de la sagesse et de la science de Dieu (Rm 11,33).

Il est bien en ce sens
le révélateur et le dispensateur d’un mystère (Rm 16,25 ; Col 1,25-29),
le metteur en lumière de cette sagesse de Dieu,
mystérieuse, demeurée cachée, celle que dès avant les siècles
Dieu a par avance destinée pour notre gloire (1 Co 2,7).
Et Paul n’hésite pas à dire :
Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit ! (1 Co 2,10).
Aussi peut-il aller jusqu’à proclamer,
avec autant de fierté que d’humilité :
C’est bien pour cette cause que je me fatigue à lutter,
avec l’énergie du Christ qui agit en moi avec puissance (Col 1,29).
Et il nous avoue, dans le feu de son zèle pour cet Évangile de Dieu (2 Co 11,7)
qui n’est autre que l’Évangile du Christ (2 Co 10,14),
pourquoi il agit ainsi, libre à l’égard de tous,
en se faisant l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre (1 Co 9,19) :
pour que tous parviennent au plein épanouissement de l’intelligence
qui leur fera pénétrer le mystère de Dieu
dans lequel se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance (Col 2,3).

La grande richesse de Paul, à ce stade,
est de se situer parfaitement, au carrefour du Premier et du Second Testaments.
Tout nourri des Écritures qu’il possède à la perfection,
il est en même temps le ministre de l’Évangile de la paix (Ep 6,15)
dont il n’hésite plus à dire que c’est son Évangile (Rm 16,25),
tellement ce n’est plus lui qui vit mais le Christ qui vit en lui.
Nul ne pouvait être mieux placé que lui,
Pharisien et irréprochable observateur de la Loi (Ph 3,5-6)
pour établir le lien
entre les valeurs de la loi ancienne et les richesses de l’Évangile,
en montrant combien la vétusté de la lettre
débouche sur la nouveauté de l’Esprit.

Mais le plus admirable ici, c’est de voir combien,
sans avoir connu le Christ selon la chair,
ni vécu durablement avec ses apôtres,
tout ce qu’il a pu dire, écrire, enseigner, développer
est en parfaite concordance avec les quatre évangiles.
En parfaite conformité avec l’Évangile de Jean.
C’est là où l’on voit combien l’Esprit de Dieu
peut conduire la marche de l’Évangile du salut,
et construire l’Église du Christ
dans sa quête inlassable de vérité, d’unité et de paix !

À l’évidence, l’instrument inutile
est devenu un instrument de choix !
Il est bien clair qu’en tout cela, ce n’est pas seulement
le zèle, le talent, le savoir-faire de Saul de Tarse
que l’on peut louer et admirer,
mais bien plus encore la puissance de la grâce de Dieu.
Et c’est cela qui permet de parler, à son égard,
de vivant miracle.
Cela n’enlève d’ailleurs rien à la sainteté de Paul
qui fait de lui le plus accompli des saints et le plus grand des apôtres.

Qu’il intercède pour nous en ce jour béni !
 

Henry Van Dyke: Le sapin idiot une poésie de Noël

28 décembre, 2009

du site:

http://www.best-quotes-poems.com/francais/poesies-de-noel.html

Le sapin idiot une poésie de Noël

« Un conte que le poèt Ruckert a dit
Aux enfants allemands, en jours de vieux ;
Déguisé dans une rime aléatoire et joviale
Comme un joyeux mime de temps antique,
Et envoyé, dans sa robe anglaise, à svp
Les petits gens des arbres de Noël. «

Un peu de sapin s’est développé au milieu du bois
Satisfait et heureux, en tant que jeunes arbres devoir.
Son corps était droit et ses branches étaient propres ;
Et été et hiver l’éclat bienfaisant
De ses aiguilles ornées lui, à partir du dessus à la racine,
Dans un beau, tout-le-année, costume à feuilles persistantes.

Mais un ennui a hérité son coeur pendant un jour,
Quand il a vu que les autres arbres étaient gais
Dans le raiment merveilleux que l’été tisse
Des formes et des genres divers de feuilles :
Il a regardé ses aiguilles si raides et petites,
Et pensé que sa robe était la plus pauvre de tous.
Alors la jalousie a opacifié du petit l’esprit arbre,
Et il a dit à se, « il n’était pas très aimable
« Pour donner une vieille robe si laide à un arbre !
« Si ajuste de la forêt me demanderait seulement,
« Je leur dirais que je voudrais être habillé,
« Dans un vêtement d’or, pour stupéfier le repos ! »
Ainsi il est tombé endormi, mais ses rêves étaient mauvais.
Quand il s’est réveillé le matin, son coeur était heureux ;
Pour chaque feuille que ses branches pourraient tenir
A été fait de l’or battu le plus lumineux.
Je vous dis que, les enfants, l’arbre étaient fiers ;
Il était quelque chose au-dessus de la foule commune ;
Et il a tinté ses feuilles, comme si il dirait
À un marchand ambulant qui est arrivé au passage qui la manière,
« Regard juste à moi ! ne me pensez-vous pas suis-vous très bien ?
« Et pas vous aiment une robe telle que le mien ? »
Le « OH, oui ! » a dit l’homme, « et moi deviner vraiment
Je dois remplir mon paquet de votre belle robe. «
Ainsi il a sélectionné les feuilles d’or avec soin,
Et laissé le petit arbre tremblant là.

Le « OH, pourquoi je souhaitent les feuilles d’or ? »
Le sapin a indiqué, « j’ai oublié que des voleurs
« Être sûr de me voler en passant près.
« Si les fées me donneraient un autre essai,
« Je souhaiterais quelque chose qui a coûté beaucoup moins,
« Et être satisfait du verre pour ma robe ! »
Alors il est tombé endormi ; et, tout aussi avant,
Les fées ont accordé son souhait une fois de plus.
Quand la nuit a été allée, et l’espace libre de rose du soleil,
L’arbre était un lustre en cristal ;
Et il a semblé, car il s’est tenu dans la lumière de matin,
Que ses branches ont été couvertes de bijoux lumineux.
« Aha ! » a dit l’arbre. « C’est quelque chose de grand ! »
Et il s’est jugé vers le haut, très fier et directement ;
Mais un jeune vent grossier par la forêt à tiret,
Dans un trempe insouciant, et rapidement cassé
Les feuilles sensibles. Avec un bruit s’opposant
Elles se sont cassées en morceaux et sont tombées sur la terre,
Comme un argenté, miroitant la douche de la grêle,
Et l’arbre s’est tenu nu et nu à la rafale.

Alors son coeur était triste ; et il a pleuré, « hélas
« Pour mes belles feuilles de verre brillant !
« Peut-être j’ai fait une autre erreur
« En choisissant une robe si facile à se casser.
« Si les fées seulement m’entendraient encore
« Je leur demanderais quelque chose jolie et plate :
« Cela ne coûterait pas beaucoup pour accorder ma demande,
« Dans des feuilles de laitue verte que je voudrais être habillé ! »
Par ce temps les fées riaient, je savent ;
Mais elles lui ont donné son souhait dans une seconde ; et ainsi
Avec des feuilles de laitue verte, tous les offre et doux,
L’arbre a été rangé, de sa tête à ses pieds.
« Je l’ai su ! » il a pleuré, « j’était sûr que je pourrais trouver
« La sorte d’un costume qui serait à mon avis.
« Il n’y en a aucun des arbres a une plus jolie robe,
« Et aucun aussi attrayant que je suis, je devine. »
Mais une chèvre, qui faisait un tour d’après-midi,
A par hasard surpris l’entretien du sapin.
Ainsi il a monté étroitement pour une vue plus proche ;
« Ma salade ! » il a bêlé, « je pensent tellement aussi !
« Vous êtes le genre le plus attrayant d’arbre,
« Et je veux vos feuilles pour mon thé de cinq-heure. »
Ainsi il les a mangées toutes sans dire la grace,
Et a marché loin avec une grimace sur son visage ;
Tandis que le petit arbre se tenait dans le crépusculaire obscurcir,
Avec jamais une feuille sur un membre simple.

Alors il sighed et a gémi ; mais sa voix était faible
Il avait honte si qu’il ne pourrait pas parler.
Il a su enfin qu’il avait été un imbécile,
Pour penser de casser la règle de forêt,
Et choisissant une robe lui-même à svp,
Puisqu’il a envié les autres arbres.
Mais elle ne pourrait pas être aidée, il était maintenant trop tardive,
Il doit composer son esprit à un destin sans feuilles !
Ainsi il s’est laissé descendre dans un assoupissement profondément,
Mais il a gémi et il a jeté en l’air dans son sommeil préoccupé,
Jusqu’à ce que le matin l’ait touché avec le faisceau joyeux,
Et il s’est réveillé pour le trouver était tout un rêve.
Là dedans sa robe à feuilles persistantes il a représenté,
Un sapin aigu au milieu du bois !
Ses branches étaient douces avec l’odeur de baume,
Ses aiguilles étaient vert quand la neige blanche est tombée.
Et toujours contenté et heureux était il,
Le genre le meilleur d’arbre de Noël.

Henry Van Dyke

Noël Bells

24 décembre, 2009

du site:

http://www.best-quotes-poems.com/francais/poesies-de-noel.html

Noël Bells

J’ai entendu les cloches le jour de Noël
Leur vieux, familier chante le jeu,
Et sauvage et doux
La répétition de mots
De la paix sur terre, good-will aux hommes !

Et pensé comment, comme le jour était venu,
Les beffrois de toute la chrétienté
Avait roulé le long
La chanson ininterrompue
De la paix sur terre, good-will aux hommes !

Jusqu’à, sonner, chantant sur son chemin
Le monde a tourné de la nuit au jour,
Une voix, un carillon,
Un chant subliment
De la paix sur terre, good-will aux hommes !

Alors de chaque bouche noire et maudite
Le canon a tonné dans les sud,
Et avec le bruit
Les hymnes de louange se sont noyées
De la paix sur terre, good-will aux hommes !

Et de désespoir j’ai cintré ma tête ;
Le `là n’est aucune paix sur terre,’ I dit ;
Le `pour la haine est fort,
Et raille la chanson
De la paix sur terre, good-will aux hommes !’

Alors a carillonné les cloches plus fort et profondément :
Dieu de `n’est pas mort ; ni doth il dorment !
Le mal échouera,
La droite règnent,
Avec la paix sur terre, good-will aux hommes !’

Henry Wadsworth Longfellow 

Jour de Noël: (25 décembre 2005, Saint-Gervais, Paris, Frère Jean-Christophe)

24 décembre, 2009

du site:

http://jerusalem.cef.fr/homelies/index.php?hid=47

25 décembre 2005
Saint-Gervais, Paris
Frère Jean-Christophe

Jour de Noël

Un jour, dans un de ses sermons, Maurice Zundel s’exclama :
«Voilà, Dieu vous est livré, faites-en ce que vous voulez !
Dieu vous est livré ! Il risque tout.
Vous pouvez le tuer, il est sans défense.
Vous pouvez le crucifier : il est sans appel.
Il vous fait crédit … Tout est là.»
Les yeux rivés devant ce nouveau-né couché dans une mangeoire,
comment ne pas être saisis, à notre tour,
par Dieu qui est livré entre nos mains d’homme ?
En Jésus, Dieu se livre à nous.
Il consent à cette rencontre dans notre humanité
qui, du coup, le rend vulnérable.
Comme tout nouveau-né, cet Enfant Jésus
a besoin d’une mère pour le nourrir,
d’un père pour le protéger.
Notre Dieu est livré car il a besoin d’un autre pour vivre en notre humanité.
Entre le cri de l’enfant qui a faim
et le cri du crucifié – J’ai soif -,
il y a un même appel : être aimé.

Dans cette naissance que nous célébrons,
non seulement Dieu se livre mais encore il demeure caché.
Le Christ aurait pu venir de toutes sortes de façon,
or il est né loin des honneurs, dans une étable.
Sa condition de nouveau-né évite d’apporter
toute preuve qui contraindrait notre raison.
Seule la foi peut voir ce qui est caché et confesser
qu’en cet enfant habite corporellement la plénitude de la divinité (Col 2,9).
François Varillon écrit :
Dieu «reste caché pour n’être pas irrésistible.
Son invisibilité est pudeur …
Dieu est caché, humblement caché
car on ne pourrait le voir et rester libre.»
La présence de Dieu en Jésus est tout sauf écrasante.
Dieu ne s’impose pas.
Il ne violente pas notre intelligence
et ne brusque pas notre cœur.
Il vient chez nous seulement si nous voulons bien de lui.
Il attend que nous lui ouvrions la porte
et ne frappe pas comme un forcené.

Dieu livré, Dieu caché, … Dieu humilié.
Quel abaissement pour notre Dieu
que d’accepter l’esclavage de notre humanité !
Aujourd’hui, nous contemplons
le Créateur de toutes choses réduit à l’indigence,
l’Eternel soumis au rythme du temps,
l’Infini cantonné dans cette crèche misérable,
le Tout-Puissant vagissant sur la paille,
la Parole éternelle du Père réduite au silence.
Quel mystère dans cet abaissement !
La Vierge a conçu l’Inconcevable.
Une fille des hommes atteint l’Inaccessible.
Une grotte contient Celui que l’univers ne contient pas.
La terre devient comme un ciel où Dieu réside
et l’homme est comme un temple où Dieu demeure.
Lui de condition divine,
chante le Cantique de St Paul aux Philippiens,
ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu,
mais il s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave,
devenant semblable aux hommes. (Ph 2,6-7)

Dieu livré, Dieu caché, Dieu humilié,
voilà la face plus sombre du mystère
de l’Incarnation du Verbe que nous célébrons.
Mais voici que resplendit simultanément
la face toute lumineuse de ce même mystère.

En effet, le Dieu livré ne fait qu’un avec le Dieu tout aimant.
Dieu s’est totalement donné aux hommes
en Jésus pour nous aimer.
Dieu s’est soumis en tout à notre condition humaine
par amour pour notre humanité
qu’il est venu sauver de la mort et du péché.
Dieu livré, c’est le prix d’un amour fou pour chacun de nous.
En ceci s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde,
afin que nous vivions par Lui. (1 Jn 4,9)
Dieu vulnérable pour rendre l’homme fort.

Ensuite, au Dieu caché répond le Dieu de toute douceur.
La douceur de Dieu, c’est le respect infini de notre liberté.
Dieu se cache pour nous laisser libres
de répondre à son amour.
Oui, Dieu veut sauver l’humanité «en douceur».
«Il faut peu de puissance pour s’imposer, se montrer, s’exhiber.
Il en faut beaucoup pour s’effacer à ce point.
Dieu est infinie douceur ou encore puissance illimitée d’effacement.»

Enfin, à travers le Dieu humilié apparaît le Dieu de toute humilité.
Jésus est l’unique vrai humble.
Pour nous, humains, l’humilité, c’est s’abaisser des hauteurs
où nous nous sommes illusoirement élevés.
Mais, pour Jésus, l’humilité, c’est abandonner la gloire divine
pour la vulnérabilité de notre chair.
Jésus vit un réel abaissement.
Oui, combien il pourra dire plus tard :
Je suis doux et humble de cœur (Mt 11,29).

Amour, douceur, humilité.
Voilà la lumière qui jaillit de cette Nativité.
Une lumière pleine de force
car lorsque nous luttons contre nos lenteurs, nos faiblesses,
Jésus est là dans la crèche
pour nous rappeler qu’il marche avec nous.
Dieu petit-enfant n’a pas fait l’économie
de la lenteur de notre croissance humaine,
des faims, des soifs, des fatigues de tout homme
pour nous sauver.
Dieu reste Dieu, même dans l’extrême dénuement d’un nouveau-né.
Si Dieu a accepté l’inconcevable,
combien plus pouvons-nous trouver en lui la force
de consentir à notre nature humaine avec ses joies et ses pesanteurs.
Même le poids de notre péché,
Jésus le prendra sur lui pour nous en délivrer.

Oui, frères et sœurs, en cette nuit de Noël,
c’est bien un Sauveur qui nous est né.
Dieu livré, caché, humilié
manifeste en Jésus son amour, sa douceur, son humilité.
Plus rien ne peut être vécu comme avant
car Dieu a visité notre chair pour nous sauver de la mort.
Le monde ancien s’en est allé.
Un monde nouveau vient de naître.
Ne le voyez-vous pas ?

Jour de Noël (Jerusalem)

20 décembre, 2009

du site:

http://jerusalem.cef.fr/homelies/index.php?hid=47

Jour de Noël

Un jour, dans un de ses sermons, Maurice Zundel s’exclama :
«Voilà, Dieu vous est livré, faites-en ce que vous voulez !
Dieu vous est livré ! Il risque tout.
Vous pouvez le tuer, il est sans défense.
Vous pouvez le crucifier : il est sans appel.
Il vous fait crédit … Tout est là.»
Les yeux rivés devant ce nouveau-né couché dans une mangeoire,
comment ne pas être saisis, à notre tour,
par Dieu qui est livré entre nos mains d’homme ?
En Jésus, Dieu se livre à nous.
Il consent à cette rencontre dans notre humanité
qui, du coup, le rend vulnérable.
Comme tout nouveau-né, cet Enfant Jésus
a besoin d’une mère pour le nourrir,
d’un père pour le protéger.
Notre Dieu est livré car il a besoin d’un autre pour vivre en notre humanité.
Entre le cri de l’enfant qui a faim
et le cri du crucifié – J’ai soif -,
il y a un même appel : être aimé.

Dans cette naissance que nous célébrons,
non seulement Dieu se livre mais encore il demeure caché.
Le Christ aurait pu venir de toutes sortes de façon,
or il est né loin des honneurs, dans une étable.
Sa condition de nouveau-né évite d’apporter
toute preuve qui contraindrait notre raison.
Seule la foi peut voir ce qui est caché et confesser
qu’en cet enfant habite corporellement la plénitude de la divinité (Col 2,9).
François Varillon écrit :
Dieu «reste caché pour n’être pas irrésistible.
Son invisibilité est pudeur …
Dieu est caché, humblement caché
car on ne pourrait le voir et rester libre.»
La présence de Dieu en Jésus est tout sauf écrasante.
Dieu ne s’impose pas.
Il ne violente pas notre intelligence
et ne brusque pas notre cœur.
Il vient chez nous seulement si nous voulons bien de lui.
Il attend que nous lui ouvrions la porte
et ne frappe pas comme un forcené.

Dieu livré, Dieu caché, … Dieu humilié.
Quel abaissement pour notre Dieu
que d’accepter l’esclavage de notre humanité !
Aujourd’hui, nous contemplons
le Créateur de toutes choses réduit à l’indigence,
l’Eternel soumis au rythme du temps,
l’Infini cantonné dans cette crèche misérable,
le Tout-Puissant vagissant sur la paille,
la Parole éternelle du Père réduite au silence.
Quel mystère dans cet abaissement !
La Vierge a conçu l’Inconcevable.
Une fille des hommes atteint l’Inaccessible.
Une grotte contient Celui que l’univers ne contient pas.
La terre devient comme un ciel où Dieu réside
et l’homme est comme un temple où Dieu demeure.
Lui de condition divine,
chante le Cantique de St Paul aux Philippiens,
ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu,
mais il s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave,
devenant semblable aux hommes. (Ph 2,6-7)

Dieu livré, Dieu caché, Dieu humilié,
voilà la face plus sombre du mystère
de l’Incarnation du Verbe que nous célébrons.
Mais voici que resplendit simultanément
la face toute lumineuse de ce même mystère.

En effet, le Dieu livré ne fait qu’un avec le Dieu tout aimant.
Dieu s’est totalement donné aux hommes
en Jésus pour nous aimer.
Dieu s’est soumis en tout à notre condition humaine
par amour pour notre humanité
qu’il est venu sauver de la mort et du péché.
Dieu livré, c’est le prix d’un amour fou pour chacun de nous.
En ceci s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde,
afin que nous vivions par Lui. (1 Jn 4,9)
Dieu vulnérable pour rendre l’homme fort.

Ensuite, au Dieu caché répond le Dieu de toute douceur.
La douceur de Dieu, c’est le respect infini de notre liberté.
Dieu se cache pour nous laisser libres
de répondre à son amour.
Oui, Dieu veut sauver l’humanité «en douceur».
«Il faut peu de puissance pour s’imposer, se montrer, s’exhiber.
Il en faut beaucoup pour s’effacer à ce point.
Dieu est infinie douceur ou encore puissance illimitée d’effacement.»

Enfin, à travers le Dieu humilié apparaît le Dieu de toute humilité.
Jésus est l’unique vrai humble.
Pour nous, humains, l’humilité, c’est s’abaisser des hauteurs
où nous nous sommes illusoirement élevés.
Mais, pour Jésus, l’humilité, c’est abandonner la gloire divine
pour la vulnérabilité de notre chair.
Jésus vit un réel abaissement.
Oui, combien il pourra dire plus tard :
Je suis doux et humble de cœur (Mt 11,29).

Amour, douceur, humilité.
Voilà la lumière qui jaillit de cette Nativité.
Une lumière pleine de force
car lorsque nous luttons contre nos lenteurs, nos faiblesses,
Jésus est là dans la crèche
pour nous rappeler qu’il marche avec nous.
Dieu petit-enfant n’a pas fait l’économie
de la lenteur de notre croissance humaine,
des faims, des soifs, des fatigues de tout homme
pour nous sauver.
Dieu reste Dieu, même dans l’extrême dénuement d’un nouveau-né.
Si Dieu a accepté l’inconcevable,
combien plus pouvons-nous trouver en lui la force
de consentir à notre nature humaine avec ses joies et ses pesanteurs.
Même le poids de notre péché,
Jésus le prendra sur lui pour nous en délivrer.

Oui, frères et sœurs, en cette nuit de Noël,
c’est bien un Sauveur qui nous est né.
Dieu livré, caché, humilié
manifeste en Jésus son amour, sa douceur, son humilité.
Plus rien ne peut être vécu comme avant
car Dieu a visité notre chair pour nous sauver de la mort.
Le monde ancien s’en est allé.
Un monde nouveau vient de naître.
Ne le voyez-vous pas ?

La vraie signification de Noël

19 décembre, 2009

du site:

http://www.best-quotes-poems.com/francais/poesies-de-noel.html

La vraie signification de Noël

Il y a deux mille ans le roi des rois est né.
« L’agneau de Dieu » plus tard a fait pour sentir l’épine,
Si ses mots sont acceptés et pas dédaignés,
Ils nous feront tout le rené.

Bien que la grace, le Joseph et la Mary de Dieu aient présenté
Un cadeau au monde qui jour, que nous pouvons tout rembourser,
en vivant les dix commandements chaque jour.

Essayer de se rappeler et maintenir dans votre coeur et esprit
L’evangile de Jésus tandis qu’ici sur terre,
Le rachat pas une vie a vécu dans la gaieté constante.
Paix sur terre, bonne volonté vers l’homme
Chacun devrait l’essayer, toutes les fois qu’ils peuvent.

Le seigneur nous a donné l’option et le choix « librement de la volonté, »
Maintenant elle l’appartient nous pour adapter la facture.

Ainsi quand vous êtes des achats de Noël pour la famille et des amis,
et l’argent est serré aux deux extrémités,
Se rappeler que le plus grand cadeau de tous,
Est votre amour de Jésus dans la stalle de mangeoire.

Joseph P. Martino

Noël : Allume une lumière

16 décembre, 2009

 du site:

http://users.skynet.be/prier/textes/PR0757.HTM

Noël : Allume une lumière

Auteur : Jean-Marie Bedez

Voici les derniers mois de l’année.
Voici les nuits les plus longues
et les jours les plus tristes.
La télé et les journaux nous déversent
leur flot quotidien de violence.
A désespérer !

Allume la première bougie de l’Avent, mon frère !
Qu’elle dise d’abord ton espérance :
Dieu ne dort pas, ton salut et le salut du monde
tu l’attends d’abord de lui.

Allume une lumière, mon frère !
un temps de silence et de prière,
une lecture quotidienne de la Bible,
une visite à ce malade,
un temps d’écoute pour ce voisin,
un geste nouveau de partage,
une parole bonne et positive,
une réponse à tel appel…

Avec ceux de ta famille,
tes enfants surtout qui te regardent
allume gravement, joyeusement,
la première bougie de l’Avent.

reçu par e-mail de France

Cantique spirituel (Jean-Joseph Surin)

22 novembre, 2009

du site:

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Textes/index.html

Cantique spirituel

Je veux aller courir parmi le monde,
Où je vivrai comme un enfant perdu,
J’ai pris l’humeur d’une âme vagabonde
Après avoir tout mon bien dépendu.
Ce m’est tout un que je vive ou je meure,
Il me suffit que l’Amour me demeure.

Déchu d’honneur, d’amis et de finance,
Amour je suis réduit à ta merci,
Je ne puis plus mettre mon espérance,
Qu’au seul plaisir d’être à toi sans souci.
Ce m’est tout un…

Allons, Amour, allons à l’aventure
Avecques toi je n’appréhende rien,
Quelque travail que souffre la nature,
Te possédant, je serai toujours bien.
Ce m’est tout un…

Si mes amis les plus chers m’abandonnent,
Si mes parents m’appellent insensé,
Je chanterai pour les biens qu’ils me donnent,
Pourvu qu’Amour ne m’ait point délaissé.
Ce m’est tout un…

O doux Amour, en qui je me repose,
Que tu m’as bien de soucis déchargé !
Perdre ou gagner m’est une même chose,
Depuis qu’Amour mon esprit a changé.
Ce m’est tout un…

Allons, Amour, au plus fort de l’orage,
Que l’océan renverse tout sur moi.
J’aime bien mieux me perdre avec courage
En te suivant, que me perdre sans toi.
Ce m’est tout un…

Je ne veux plus qu’imiter la folie
De ce Jésus, qui sur la Croix un jour,
Pour son plaisir, perdit honneur et vie,
Délaissant tout pour sauver son Amour.
Ce m’est tout un que je vive ou je meure,
Il me suffit que l’Amour me demeure.

Jean-Joseph Surin, sj
   (1600 – 1665)

par Charles Peguy: Heureux qui espère et qui dort

7 novembre, 2009

du site:

http://www.portstnicolas.org/Heureux-qui-espere-et-qui-dort.html

par Charles Peguy

Heureux qui espère et qui dort

Je n’aime pas celui qui ne dort pas, dit Dieu.
Le sommeil est l’ami de l’homme.
Le sommeil est l’ami de Dieu.
Le sommeil est peut-être ma plus belle création.
Et moi-même je me suis reposé le septième jour.
Celui qui a le coeur pur, dort,
Et celui qui dort a le coeur pur.
C’est le grand secret d’être infatigable comme un enfant.
D’avoir comme un enfant cette force dans les jarrets.
Ces jarrets neufs, ces âmes neuves.
Et de recommencer tous les matins, toujours neuf,
Comme la jeune, comme la neuve Espérance.
Or on me dit qu il y a des hommes
Qui travaillent bien et qui dorment mal.
Qui ne dorment pas.
Quel manque de confiance en moi.
C’est presque plus grave que s’ils travaillaient mal mais dormaient bien.
Que s’ils ne travaillaient pas mais dormaient, car la paresse
N’est pas un plus grand péché que l’inquiétude
Et même c’est un moins grand péché que l’inquiétude.
Et que le désespoir et le manque de confiance en moi.
Je ne parle pas, dit Dieu, de ces hommes
Qui ne travaillent pas et qui ne dorment pas.
Ceux-là sont des pécheurs, c’est entendu.
C’est bien fait pour eux.
Des grands pécheurs.
Ils n’ont qu’à travailler.
Je parle de ceux qui travaillent et qui ne dorment pas.
Je les plains.
Je parle de ceux qui travaillent, et qui ainsi
En ceci suivent les commandement, les pauvres enfants
Et d’autre part n’ont pas le courage, n’ont pas la confiance, ne dorment pas.
Je les plains.
Je leur en veux.
Un peu.
Ils ne me font pas confiance.
Comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère ainsi ils ne se couchent point.
Innocents dans les bras de ma Providence.
Ils ont le courage de travailler.
Ils n’ont pas le courage de ne rien faire.
Ils ont la vertu de travailler.
Ils n’ont pas la vertu de ne rien faire.
De se détendre.
De se reposer.
De dormir.
Les malheureux ils ne savent pas ce qui est bon.
Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour.
Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit.
Comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit.
Celui qui ne dort pas est infidèle à l’Espérance.

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