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BENOÎT XVI : SAINT ANSELME, 21 AVRIL

21 avril, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2009/documents/hf_ben-xvi_aud_20090923.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 23 septembre 2009aprile

SAINT ANSELME, 21 AVRIL

Chers frères et sœurs,

A Rome, sur la colline de l’Aventin, se trouve l’abbaye bénédictine de Saint-Anselme. En tant que siège d’un institut d’études supérieures et de l’abbé primat des Bénédictins confédérés, c’est un lieu qui unit la prière, l’étude et le gouvernement, qui sont précisément les trois activités qui caractérisent la vie du saint auquel elle est dédiée: Anselme d’Aoste, dont nous célébrons cette année le ix centenaire de la mort. Les multiples initiatives, promues spécialement par le diocèse d’Aoste pour cette heureuse occasion, ont souligné l’intérêt que continue de susciter ce penseur médiéval. Il est connu également comme Anselme du Bec et Anselme de Canterbury en raison des villes auxquelles il est lié. Qui est ce personnage auquel trois localités, éloignées entre elles et situées dans trois nations différentes – Italie, France, Angleterre – se sentent particulièrement liées? Moine à la vie spirituelle intense, excellent éducateur de jeunes, théologien possédant une extraordinaire capacité spéculative, sage homme de gouvernement et défenseur intransigeant de la libertas Ecclesiae, de la liberté de l’Eglise, Anselme est l’une des personnalités éminentes du Moyen-âge, qui sut harmoniser toutes ces qualités grâce à une profonde expérience mystique, qui en guida toujours la pensée et l’action.

Saint Anselme naquit en 1033 (ou au début de 1034), à Aoste, premier-né d’une famille noble. Son père était un homme rude, dédié aux plaisirs de la vie et dépensant tous ses biens; sa mère, en revanche, était une femme d’une conduite exemplaire et d’une profonde religiosité (cf. Eadmero, Vita s. Anselmi, PL 159, col. 49). Ce fut elle qui prit soin de la formation humaine et religieuse initiale de son fils, qu’elle confia ensuite aux bénédictins d’un prieuré d’Aoste. Anselme qui, enfant – comme l’écrit son biographe -, imaginait la demeure du bon Dieu entre les cimes élevées et enneigées des Alpes, rêva une nuit d’être invité dans cette demeure splendide par Dieu lui-même, qui s’entretint longuement et aimablement avec lui, et à la fin, lui offrit à manger « un morceau de pain très blanc » (ibid., col. 51). Ce rêve suscita en lui la conviction d’être appelé à accomplir une haute mission. A l’âge de quinze ans, il demanda à être admis dans l’ordre bénédictin, mais son père s’opposa de toute son autorité et ne céda pas même lorsque son fils gravement malade, se sentant proche de la mort, implora l’habit religieux comme suprême réconfort. Après la guérison et la disparition prématurée de sa mère, Anselme traversa une période de débauche morale: il négligea ses études et, emporté par les passions terrestres, devint sourd à l’appel de Dieu. Il quitta le foyer familial et commença à errer à travers la France à la recherche de nouvelles expériences. Après trois ans, arrivé en Normandie, il se rendit à l’abbaye bénédictine du Bec, attiré par la renommée de Lanfranc de Pavie, prieur du monastère. Ce fut pour lui une rencontre providentielle et décisive pour le reste de sa vie. Sous la direction de Lanfranc, Anselme reprit en effet avec vigueur ses études, et, en peu de temps, devint non seulement l’élève préféré, mais également le confident du maître. Sa vocation monastique se raviva et, après un examen attentif, à l’âge de 27 ans, il entra dans l’Ordre monastique et fut ordonné prêtre. L’ascèse et l’étude lui ouvrirent de nouveaux horizons, lui faisant retrouver, à un degré bien plus élevé, la proximité avec Dieu qu’il avait eue enfant.

Lorsqu’en 1063, Lanfranc devint abbé de Caen, Anselme, après seulement trois ans de vie monastique, fut nommé prieur du monastère du Bec et maître de l’école claustrale, révélant des dons de brillant éducateur. Il n’aimait pas les méthodes autoritaires; il comparait les jeunes à de petites plantes qui se développent mieux si elles ne sont pas enfermées dans des serres et il leur accordait une « saine » liberté. Il était très exigeant avec lui-même et avec les autres dans l’observance monastique, mais plutôt que d’imposer la discipline il s’efforçait de la faire suivre par la persuasion. A la mort de l’abbé Herluin, fondateur de l’abbaye du Bec, Anselme fut élu à l’unanimité à sa succession: c’était en février 1079. Entretemps, de nombreux moines avaient été appelés à Canterbury pour apporter aux frères d’outre-Manche le renouveau en cours sur le continent. Leur œuvre fut bien acceptée, au point que Lanfranc de Pavie, abbé de Caen, devint le nouvel archevêque de Canterbury et il demanda à Anselme de passer un certain temps avec lui pour instruire les moines et l’aider dans la situation difficile où se trouvait sa communauté ecclésiale après l’invasion des Normands. Le séjour d’Anselme se révéla très fructueux; il gagna la sympathie et l’estime générale, si bien qu’à la mort de Lanfranc, il fut choisi pour lui succéder sur le siège archiépiscopal de Canterbury. Il reçut la consécration épiscopale solennelle en décembre 1093.

Anselme s’engagea immédiatement dans une lutte énergique pour la liberté de l’Eglise, soutenant avec courage l’indépendance du pouvoir spirituel par rapport au pouvoir temporel. Il défendit l’Eglise des ingérences indues des autorités politiques, en particulier des rois Guillaume le Rouge et Henri I, trouvant encouragement et appui chez le Pontife Romain, auquel Anselme démontra toujours une adhésion courageuse et cordiale. Cette fidélité lui coûta également, en 1103, l’amertume de l’exil de son siège de Canterbury. Et c’est seulement en 1106, lorsque le roi Henri I renonça à la prétention de conférer les investitures ecclésiastiques, ainsi qu’au prélèvement des taxes et à la confiscation des biens de l’Eglise, qu’Anselme put revenir en Angleterre, accueilli dans la joie par le clergé et par le peuple. Ainsi s’était heureusement conclue la longue lutte qu’il avait menée avec les armes de la persévérance, de la fierté et de la bonté. Ce saint archevêque qui suscitait une telle admiration autour de lui, où qu’il se rende, consacra les dernières années de sa vie en particulier à la formation morale du clergé et à la recherche intellectuelle sur des sujets théologiques. Il mourut le 21 avril 1109, accompagné par les paroles de l’Evangile proclamé lors de la Messe de ce jour: « Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves; et moi je dispose pour vous du Royaume comme mon Père en a disposé pour moi: vous mangerez à ma table en mon Royaume » (Lc 22, 28-30). Le songe de ce mystérieux banquet, qu’il avait fait enfant tout au début de son chemin spirituel, trouvait ainsi sa réalisation. Jésus, qui l’avait invité à s’asseoir à sa table, accueillit saint Anselme, à sa mort, dans le royaume éternel du Père.

« Dieu, je t’en prie, je veux te connaître, je veux t’aimer et pouvoir profiter de toi. Et si, en cette vie, je ne suis pas pleinement capable de cela, que je puisse au moins progresser chaque jour jusqu’à parvenir à la plénitude » (Proslogion, chap. 14). Cette prière permet de comprendre l’âme mystique de ce grand saint de l’époque médiévale, fondateur de la théologie scolastique, à qui la tradition chrétienne a donné le titre de « Docteur Magnifique », car il cultiva un intense désir d’approfondir les Mystères divins, tout en étant cependant pleinement conscient que le chemin de recherche de Dieu n’est jamais terminé, tout au moins sur cette terre. La clarté et la rigueur logique de sa pensée ont toujours eu comme fin d’ »élever l’esprit à la contemplation de Dieu » (ibid., Proemium). Il affirme clairement que celui qui entend faire de la théologie ne peut pas compter seulement sur son intelligence, mais qu’il doit cultiver dans le même temps une profonde expérience de foi. L’activité du théologien, selon saint Anselme, se développe ainsi en trois stades: la foi, don gratuit de Dieu qu’il faut accueillir avec humilité; l’expérience, qui consiste à incarner la parole de Dieu dans sa propre existence quotidienne; et ensuite la véritable connaissance, qui n’est jamais le fruit de raisonnements aseptisés, mais bien d’une intuition contemplative. A ce propos, restent plus que jamais utiles également aujourd’hui, pour une saine recherche théologique et pour quiconque désire approfondir la vérité de la foi, ses paroles célèbres: « Je ne tente pas, Seigneur, de pénétrer ta profondeur, car je ne peux pas, même de loin, comparer avec elle mon intellect; mais je désire comprendre, au moins jusqu’à un certain point, ta vérité, que mon cœur croit et aime. Je ne cherche pas, en effet, à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre » (ibid., 1).

ÉPHREM DE NISIBE: QUATRIÈME HYMNE SUR LA RÉSURRECTION

3 avril, 2015

http://www.patristique.org/Ephrem-de-Nisibe-Resurrection.html

ÉPHREM DE NISIBE : RÉSURRECTION

QUATRIÈME HYMNE SUR LA RÉSURRECTION

par François Cassingena

Éphrem le Syrien (306-373) a composé de nombreuses hymnes doctrinales, polémiques et liturgiques. Les collections liturgiques célèbrent les grandes fêtes chrétiennes. À cette catégorie appartiennent les Hymnes pascales qui réunissent en réalité trois recueils distincts : les Hymnes sur les Azymes, les Hymnes sur la Crucifixion et les Hymnes sur la Résurrection. Vous découvrirez ci-dessous la quatrième hymne sur la Résurrection.
On sait peu de chose sur la vie d’Éphrem le Syrien (306-373). Son ministère d’allânâ (diacre ?) et d’hymnographe a eu d’abord pour cadre Nisibe, puis Édesse, deux villes de Mésopotamie, l’actuel Iraq. Il a composé un corpus considérable de pièces métriques (madrâ_é) dont la tradition manuscrite est loin de nous laisser, malheureusement, l’intégralité. La thématique de cette vaste activité littéraire est à la fois doctrinale, polémique et liturgique.
Éphrem est un champion de la théologie apophatique au IVe siècle, à la fois contre les gnostiques Marcion, Mani, Bardesane et contre les ariens qu’il appelle « scrutateurs », nous dirions volontiers « inquisiteurs » du mystère trinitaire.
Les collections liturgiques célèbrent les grandes fêtes chrétiennes. À cette catégorie appartiennent les hymnes éditées et traduites en allemand par Edmund Beck (CSCO fasc. 248-249) sous le titre générique d’ Hymnes pascales, collection qui réunit en réalité trois recueils distincts : les Hymnes sur les Azymes, les Hymnes sur la Crucifixion et les Hymnes sur la Résurrection. Pareille séquence ne doit pas donner l’illusion d’un triduum pascal rigoureux, tel qu’il se constituera plus tard. Ce qui se dégage surtout des Hymnes pascales, c’est une double célébration : celle de la Passion du Seigneur et celle du renouveau printanier.
La note anti-judaïque, très présente, s’explique par la préoccupation pastorale du poète : empêcher la communauté chrétienne de « judaïser » dans une région où la communauté juive jouissait d’un certain establishment auprès des autorités de l’Empire perse, régulièrement persécuteur de la première.

Sur la mélodie : « Voici le jeûne du Premier-né… »
Ô mon Seigneur béni, baille-nous un peu de la richesse d’Avril le tout-libéral !
En Avril Ta générosité s’étend sur tout :
De par elle les montagnes se parent de regain,
Les sillons de semences, la mer de riches nefs,
La terre de troupeaux ; là-haut des luminaires
Qui sourient ! En bas des fleurs ! Avril orne la terre
Et la fête d’Avril orne la sainte Église !

Avril, ce babillard, m’a soufflé la hardiesse :
J’ai demandé, j’ai dit : « Seigneur, si les bouches fermées
Du serpent meurtrier par Avril furent ouvertes,
- il a ouvert la bouche de ce maudit reptile qui ment et qui tue ! –
Ouvre, Seigneur, en Ta bonté la bouche de Ton serviteur ; fais-en
Une cithare de vérité ! Qu’elle chante un chant sain et plein de certitude,
Une bénédiction pour tous ceux qui l’écoutent !

Si l’air d’Avril bruit de chants et de tonnerres, sonore tout entier,
Quelle ne sera pas, au jour de Ta Pâque sonore, la liesse de l’Église volubile !
Tout entière elle résonne, vraie cithare, en cette Fête Tienne, la grande,
Compagne et jumelle de l’autre Fête
Qui, dedans Bethléem, mit les Veilleurs en liesse ;
Que l’Église en Avril Te tresse la louange
Qu’avaient tressée pour Toi les Anges de Janvier !

Oh ! regardez : Avril tisse à la terre un vêtement !
De toutes les couleurs la création s’atourne :
C’est tablier de fleurs, c’est sarrau de corolles !
La Mère d’Adam se pare, en la Fête d’Avril,
D’un habit que mains n’ont point tissé ; elle exulte :
Son Seigneur est descendu, faisant monter son fils ! Deux fêtes pour la terre,
Deux noces d’un seul coup, du Seigneur et du fils !

Sein maternel, giron que la terre pour tous les vivants,
Couverture pour les morts… Ô terre ! par tes soins sont habillés tous les nus,
Et personne n’est capable de te couvrir ! Avril a eu de la pudeur pour toi ;
Tu étais à découvert comme Noé : il a caché ta nudité.
Deux frères ont couvert d’un vêtement le Père universel,
Et la terre, Mère universelle,
Avril la vêt tout seul dans des livrées de fleurs !

La frêle-ailée aussi sort en ce mois des fleurs, elle s’empresse ;
Regardez cette toute-fragile, et comme elle empressez-vous !
Elle est porteuse de mystères et son pollen est de symboles ;
Sur toutes les fleurs elle ramasse sa provende ;
Son trésor bien caché ne paie guère de mine,
Mais quand on l’ouvre, ah ! c’est merveille de voir comme elle a travaillé :
Elle a construit, rempli. Béni, son Créateur !

La douceur se répand : sa bouche la recueille ;
Toute-pure, elle est le miroir de l’Église
Qui butine dans les Livres la douceur du Saint-Esprit ;
Au désert, le Ramassis récoltait la manne, la ramassait avec avidité,
Dans un esprit sordide. Venez ! Cueillez le pur amour
Au lieu de la manne jolie ! Une fois conservée, la manne se gâtait ;
Mais l’amour conservé, lui, n’en est que plus doux.

Les glaces de l’hiver, les dards piquants du froid,
Avril les a brisés ! Symbole de l’amour
Qu’Avril ! Ses ardeurs triomphent des rigoureux frimas ;
Voyez : ils dansent, les pieds qu’Hiver enchaînait !
Libres, les mains qu’engourdissait l’inertie !
Diligence est sortie pour décorer la terre : que l’âme regarde, rivalise,
Et qu’au lieu de la terre elle s’orne elle-même !

Sa Majesté Avril, semblable au Libérateur universel,
Élargit les marchands que l’hiver entravait ;
Sitôt devenu roi, il les a libérés : ils s’évadent, ils trépignent !
Ainsi son Seigneur avait-il libéré en Avril les détenus d’Enfers
Qui brisèrent leurs tombes. Ah ! que liberté se libère elle-même,
Elle qui s’est enchaînée ! Qui libérerait celui qui met
Ses liens, si grands soient-ils, dessous sa volonté ?

Aimable Avril, en Toi le Très-Haut modère Son fracas pour nos oreilles ;
Oui, en Avril, le Seigneur de l’Orage
Mitige Sa vigueur par amour : Il descend habiter dans le sein de Marie ;
En Avril derechef, revigoré,
Il habite le sein du Shéol et en remonte ;
En Avril mêmement, Il entre et prend une voix douce pour persuader
Ses ouailles sans espoir en Sa résurrection.

Ce glorieux Avril ouvre tous les dépôts : toute richesse en sort ;
…………………………………………………………………..
En ce mois le dépôt souterrain de l’En bas
restitue, quant à lui, le Corps tout-vivifiant.

Encensoir à senteurs que ce charmant Avril !
Il exhale tous les parfums ! Dieu est descendu pour marcher sur la terre :
Avril L’a vu, comme un grand prêtre il s’est fait beau ;
Il Lui a présenté l’encensoir à senteurs, le fumet des fragrances ;
Il a prophétisé : « Voici que le Grand Prêtre pour nous descend d’En Haut !
Son sacrifice : l’amour de la vérité ! Son encensoir : la miséricorde !
Et Son hysope encor : l’absoute des péchés !

C’est en Avril que d’En Haut Notre-Seigneur descend,
Que Marie le reçoit ; c’est encore en Avril
Qu’Il ressuscite et monte, que Marie Le revoit ;
Elle L’avait senti descendre : la première, elle Le voit Resurgi !
Voir l’En haut et l’En bas : c’est renom de Marie !
Heureux Avril ! Tu as vu la Conception
De ton Seigneur, Sa Mort et Sa Résurrection !

En Avril, l’Élu s’ébranle, Il descend de Là-haut, atourné de tendresse ;
Avril Le couronne de triomphes en foule ;
Il remonte d’En bas : les morts Te font une couronne de ressuscités,
Les disciples une couronne de consolés,
Les Anges une couronne de ravis, à la vue de Ton Duel.
À la place de la couronne d’épines,
C’est la gloire, en couronne, que le Créé Te tresse !

Intendant des symboles, Avril a couru vers Notre-Seigneur, à Sa venue ;
Car ce sont symboles cachés que, pour Avril,
Moïse emmi l’Égypte déposait ;
Avril a présenté ses symboles………………
………………………………………………
Heureux Avril ! Tu as vu les deux Pâques radieuses :
Et celle de Moïse et celle du Seigneur !

 

« JE NE SUIS PAS VENU APPELER LES JUSTES, MAIS LES PÉCHEURS » – LETTRE DE SAINT MAXIME LE CONFESSEUR

25 mars, 2015

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010328_massimo-confessore_fr.html

« JE NE SUIS PAS VENU APPELER LES JUSTES, MAIS LES PÉCHEURS »

LETTRE DE SAINT MAXIME LE CONFESSEUR

« Les prédicateurs de la vérité, ceux qui sont les officiants de la grâce divine, nous ont appris, depuis le commencement et chacun à son époque jusqu’à la nôtre, que Dieu veut notre salut. Et ils nous disent que Dieu n’aime, ne désire rien davantage que de voir les hommes se tourner vers lui par une véritable conversion.
Et le Verbe divin de Dieu le Père a voulu montrer qu’un tel désir était beaucoup plus divin que tout autre. Bien plus, il est lui-même le premier et incomparable témoignage de la bonté infinie. Par un abaissement en notre faveur qui défie toute expression, il a daigné partager notre vie par l’Incarnation. Par ses actes, ses souffrances, ses paroles, adaptés à notre condition, il nous a réconciliés avec Dieu le Père, alors que nous étions des ennemis en guerre avec lui ; et alors que nous étions exilés de la vie bienheureuse, il nous y a ramenés.
En effet, il ne s’est pas contenté de guérir nos maladies par ses miracles, en prenant sur lui nos souffrances et nos faiblesses; non seulement, en acceptant la mort comme s’il y était astreint, lui qui est sans péché, il a payé notre dette et nous a libérés de nos fautes nombreuses et redoutables. En outre, il nous a instruits de mille manières pour que nous ayons une bonté pareille à la sienne et il nous a invités à un parfait amour mutuel.
C’est pourquoi il s’écriait: Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, pour gu’ils se convertissent. Et aussi: Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Il a dit aussi qu’il était venu chercher et sauver ce qui était perdu. Et aussi qu’il avait été envoyé aux brebis perdues de la maison d’Israël. Il a encore suggéré par la parabole de la drachme perdue qu’il était venu récupérer l’effigie royale souillée par l’ordure des vices. Et il a dit encore : Vraiment, je vous le dis, on se réjouira dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit.
C’est pourquoi l’homme qui était tombé sur des bandits, qui avait été dépouillé de tous ses vêtements, et qui avait été abandonné à demi-mort, du fait de ses blessures, il l’a réconforté avec du vin, de l’huile, et lui a fait des pansements; après l’avoir mis sur sa monture, il l’a confié à une auberge et, après avoir pourvu à ses besoins, il lui promit de régler à son retour les dépenses supplémentaires. C’est pour cela encore qu’il nous montre le Père très bon se penchant vers son fils prodigue de retour, l’embrassant alors qu’il revient vers lui par la conversion, pour lui rendre toutes les parures de la gloire paternelle, sans lui faire aucun reproche pour le passé.
C’est pour cela qu’il a ramené au bercail la brebis qui avait abandonné le troupeau divin, après l’avoir trouvée errante par les montagnes et les collines; sans la chasser devant lui, sans l’épuiser de fatigue, mais en la mettant sur ses épaules, il la réintroduit miséricordieusement parrnï ses pareilles.
C’est pourquoi il a crié: Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, dont le eceur est accablé, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug. Ce qu’il appelle joug, ce sont les commandements, c’est une vie conforme à l’Evangile ; il appelle fardeau ce qui semble pesant dans la pénitence: Oui, dit-il, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger.
En outre, en montrant la justice et la bonté divines, il prescrit: Soyez saints, soyez parfaits, soyez miséricordieux comme votre Père des cieux. Et aussi : Pardonnez, et vous serez pardonnés. Et enfin: Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. »

Prière

Notre Père
Dieu qui réponds à la pénitence en récompensant les justes et en pardonnant aux pécheurs, prends pitié de nous, écoute-nous: que l’aveu de nos fautes nous obtienne la grâce de ton pardon.

Préparé par l’Institut de Spiritualité:
Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin

TOUT FAIRE REMONTER À DIEU… SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX

23 février, 2015

http://voiemystique.free.fr/tout_faire_remonter_a_dieu.htm

TOUT FAIRE REMONTER À DIEU…

SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX, « SUR LA CANTIQUE DES CANTIQUES », SERMON XIII.

«La source des fontaines et des fleuves, c’est la mer ; et la source des vertus et des sciences, est notre Seigneur Jésus-Christ. Car, qui est le Seigneur des vertus, sinon le roi de gloire ? Il est encore le Seigneur des sciences, selon le cantique d’Anne la prophétesse (Reg. II, 3). La continence de la chair, la pureté de cœur, la rectitude de la volonté, procèdent de celte source divine. C’est peu, mais la vivacité de l’esprit, la grâce de la parole, la sainteté des moeurs ont la même source. C’est de là que les discours de la science et de la sagesse tirent leur origine. Car tous les trésors de la sagesse et de la science y sont renfermés (Col. 11, 3). Que dirai-je des conseils purs, des jugements équitables, et des saints désirs, ne sont-ce pas encore des ruisseaux de cette source ? Si toutes les eaux retournent sans cesse à la mer par des conduits cachés et souterrains, afin d’en sortir ensuite par un cours perpétuel et infatigable pour servir à l’usage des hommes, pourquoi ces ruisseaux spirituels ne retourneront-ils pas aussi à leur propre source, sans intermittence et sans diminution, pour ne cesser point d’arroser le champ de nos âmes ? Que les fleuves des grâces retournent au lieu d’où ils partent, pour couler de nouveau. Que cet écoulement céleste remonte à son principe, peur se répandre ensuite sur la terre avec plus d’abondance. Comment l’entendez-vous, me dira-t-on ? Je l’entends selon ces paroles de l’Apôtre : « Rendant des actions de grâces à Dieu en toutes choses » (I. Thess. V, 18). Tout ce que vous croyez avoir de sagesse et de vertu, attribuez-le à la vertu et à la sagesse de Dieu, qui est Jésus-Christ.
Et qui serait assez fou, dites-vous, pour présumer les tenir d’ailleurs ? Personne assurément, et le Pharisien même rend grâces à Dieu (Luc. XVIII, 1). Néanmoins Dieu ne le loue pas de sa justice ; et cette action de grâces, si vous vous souvenez bien de l’Évangile, ne le lui rend pas agréable. Pourquoi ? C’est que quelque dévotion qui paraisse au dehors cela ne suffit pas pour excuser l’enflure du cœur devant celui qui voit de loin ceux qui s’élèvent par l’orgueil (Ps. CXXXVII, 6). On ne se moque pas de Dieu, ô Pharisien. Croyez-vous avoir quelque chose que vous n’ayez point reçu ? Rien, dites-vous, et c’est pour cela que je rends grâces à celui qui m’a donné ce que j’ai. Si vous n’avez rien du tout, vous n’avez eu aucun mérite précédent, pour recevoir les choses dont vous vous glorifiez. Si vous en demeurez aussi d’accord, c’est donc en vain d’abord, que vous vous élevez avec présomption au dessus du Publicain ; car s’il n’a pas ce, que vous avez, c’est parce qu’il ne l’a pas reçu comme vous. De plus, prenez garde que vous ne rapportiez pas pleinement à Dieu tous ses dons, et que, détournant pour vous, quelque chose de sa gloire et de son honneur, vous ne soyez justement accusé de fraude, et de fraude envers Dieu. Car si vous vous attribuiez quelque chose des vertus dont vous vous vantez, comme venant de vous, je croirais que c’est parce que vous vous trompez vous-même, non pas que vous vouliez tromper ; et je corrigerais cette erreur. Mais comme en rendant des actions de grâces, vous montrez que vous ne vous attribuez rien à vous-même, et que vous reconnaissez prudemment que vos mérites sont des dons de Dieu; et de plus, comme en méprisant les autres, vous vous trahissez vous-même, et faites voir que vous parlez avec un coeur double; d’un côté vous faites servir votre langue au mensonge, et de l’autre vous usurpez la gloire de dire la vérité. En effet, vous ne jugeriez pas le Publicain méprisable. au prix de vous, si vous n’estimiez pas que vous êtes plus que lui. Mais que répondez-vous à l’Apôtre qui nous prescrit cette règle, et vous dit : « A Dieu seul soit honneur et gloire ? » (I. Tim. I, 9) Que répondez-vous de même à l’ange qui distingue et apprend ce qu’il plaît à Dieu de se réserver, et ce qu’il daigne départir aux hommes quand il s’écrie : « Gloire à Dieu dans le ciel et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ? » (Luc. II, 14) Voyez-vous maintenant que le Pharisien, en rendant grâces, honore Dieu des lèvres, et que dans son coeur ce n’est que lui-même qu’il honore. Ainsi nous en voyons plusieurs, dans la bouche desquels retentissent des actions de grâces ; mais plutôt par habitude que par un sentiment véritable ; c’est au point même que des scélérats à chacun de leurs crimes rendent souvent grâces à Dieu de ce qu’ils ont réussi, du moins ils le pensent ainsi, dans l’accomplissement de leurs désirs déréglés. Vous entendrez par exemple un voleur, après avoir exécuté son mauvais dessein, et dévalisé quelqu’un, se réjouir secrètement en lui-même, et dire : Dieu soit loué, je n’ai pas veillé en vain, et je n’ai pas perdu ma peine. De même celui qui a tué un homme, ne s’en glorifie-t-il pas, et ne rend-il pas grâces à Dieu de ce qu’il a été plus fort que son adversaire, ou s’est vengé de son ennemi ? Un adultère de même saute de joie, et loue Dieu de ce qu’il a joui enfin d’un plaisir qu’il avait longtemps désiré.
Toute sorte d’actions de grâces n’est donc pas agréable à Dieu, il n’y a que celle qui part d’un cœur pur et simple».

 

LA LÈPRE ET LE PARDON – (COMMENTAIRE ET UN TEXTE PATRISTIQUE)

13 février, 2015

http://www.zenit.org/fr/articles/la-lepre-et-le-pardon

LA LÈPRE ET LE PARDON – (COMMENTAIRE ET UN TEXTE PATRISTIQUE)

Sixième dimanche du temps ordinaire – Année B – 15 février 2015

Rome, 13 février 2015 (Zenit.org) Mgr Francesco Follo

Rite romain
Sixième dimanche du temps ordinaire – Année B – 15 février 2015.
Lv 13,1-2.45-46; 1 Co 10,31-11.1; Mc 1,40-451

Rite ambrosien
Dernier dimanche après l’Épiphanie – appelé «du pardon».
Es 54,5-10; Ps 129; Rm 14,9-13; Lc 18,9-14

1) La vie est un miracle et l’Évangile n’est pas un conte de fées
Le passage de l’Évangile d’aujourd’hui raconte la rencontre entre Jésus et le lépreux. Le Messie quitte Capharnaüm où il a commencé les premières guérisons, et va dans les villages voisins où il devait porter l’Évangile. Dans le désert qui entourait ces petites villes de Galilée, il n’y avait certainement pas de sable, comme dans le Sahara, mais plutôt une nature si aride que personne ne voulait y vivre. C’était une région de passage, une terre inhospitalière. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y avait personne parce que, parfois, l’homme vit là, justement, par choix ou à cause d’une faute ou parce que quelqu’un l’y a envoyé.
C’est le cas du lépreux. Quand on avait été frappé de la lèpre, « le premier-né de la mort » (Job 18:13), on devait se tenir à l’écart et on ne pouvait s’approcher de personne parce que la loi de l’Ancien Testament prescrivait: « Le lépreux habitera à l’écart, sa demeure sera hors du camp » (Lv 13,46)2. Le lépreux était abandonné à lui-même, destiné à une mort lente, sujet d’opprobre parce qu’il était considéré comme un pécheur qui méritait d’avoir contracté une maladie repoussante, incurable et contagieuse.
Jésus, le Médecin venu pour guérir tous les malades, touche le lépreux et le guérit. Nos lois ne peuvent que reconnaître le mal et le condamner. Jésus, lui, le guérit. L’impur, le châtié, l’intouchable devient une source d’émerveillement et d’Evangile. Mais pourquoi le Christ touche-t-il ce malade répugnant? Puisqu’il guérit les malades par sa volonté et sa parole, pourquoi Jésus vient-il, en plus, le toucher de sa main? «Je crois qu’il n’y pas d’autre raison que de montrer que rien n’est impur pour un homme pur.» (Saint Jean Chrysostome).
L’explication la plus profonde de ce miracle nous est donnée par l’exemple de François d’Assise. Saint François d’Assise, qui aimait le Christ jusqu’à lui ressembler physiquement dans ses stigmates, a baisé les lépreux. Pas toute de suite, bien sûr. Thomas de Celano le confirme: « Au début, la seule vue des lépreux lui était tellement insupportable que dès qu’il apercevait leur habitation à deux milles de distance, il se bouchait le nez avec ses mains. Or, à l’époque où il avait déjà commencé, par la grâce et la vertu du Très-Haut, à nourrir des pensées saintes et saines tout en vivant dans le monde, un lépreux se présenta un jour devant lui : se faisant violence, il s’approcha de lui et l’embrassa. Dès lors, il décida de s’abaisser de plus en plus jusqu’à ce que la miséricorde du Rédempteur lui obtînt la victoire complète « . Il vécut ainsi non par peur, mais par amour parce qu’il était amoureux de Dieu. En fait, il le faisait avec son cœur « .Quelque temps après, il voulut répéter ce geste: il se rendit à la léproserie et, après avoir donné de l’argent à chaque malade, il lui baisa la main et la bouche. « 
Dans son testament, Saint François lui-même écrivit: «Le Seigneur m’a donné à moi, François, de commencer à faire pénitence de cette manière: quand j’étais dans le péché, il me semblait trop difficile de voir des lépreux; et c’est le Seigneur lui-même qui me conduisit parmi eux et je leur montrai de la miséricorde. Et quand je les eus quittés, ce qui m’avait semblé si difficile s’est changé en douceur de l’âme et du corps. Ensuite, j’ai attendu un peu, puis j’ai quitté le monde « (Sources franciscaines, 110).
Dans les lépreux que rencontra François alors qu’il était encore «dans le péché » – comme il le dit –Jésus était là. Et quand François s’approcha de l’un d’eux, et surpassant son dégoût, le prit dans ses bras, Jésus le guérit de sa lèpre, c’est-à-dire de son orgueil, et le convertit à l’amour de Dieu. Voilà la victoire du Christ : notre profonde guérison et notre résurrection à une vie nouvelle.
Saint François d’Assise a montré et montre encore que l’Évangile n’est pas un conte de fées fait pour inspirer de bons sentiments et enseigner une morale, mais c’est le récit d’une Présence qui accomplit des miracles. Le miracle, pour Jésus, est la convergence de deux volontés bienveillantes; le contact vivant entre la volonté de bonté de celui qui agit et la foi de celui qui est agi. La collaboration des deux forces. La concordance, la convergence de deux certitudes: une qui demande : »Si tu le veux, tu peux me guérir » et l’autre, purificatrice, qui guérit non seulement le corps mais aussi le cœur malade.
2) Jésus nous purifie de notre « lèpre »
Il n’a pas de nom ou de visage, le lépreux de l’Évangile, de sorte que chacun de nous peut s’identifier à lui. Sa voix exprime notre désir de santé physique et spirituelle. Discrètement il supplie: «Si tu le veux, guéris-moi ».
Le lépreux exprime ce désir parce que, plus ou moins consciemment, il se demande: « Qu’est-ce que Dieu veut de moi? Que veut-Il de cette chair décrépite, de ce corps couvert de plaies, de ces années de douleur (pour ceux qui souffrent le temps de la maladie est toujours long). Les scribes de chaque époque répètent que la souffrance est la punition de nos péchés ou bien un maître de vie, ou encore la volonté incompréhensible de Dieu. La question du lépreux est «théologique» car à partir de son expérience de la souffrance, cet homme se tourne vers le Fils de Dieu –Amour. La foi du lépreux n’est pas théorique ou abstraite: elle est née d’un cœur qui bat et qui a compris que Dieu est le Dieu de la compassion. La douleur fait ressortir l’amour à partir duquel on est né.
Faisons nôtre cet appel du lépreux: «Si tu le veux, tu peux me purifier. » Il ne s’agit pas de notre pureté selon la Loi, mais de notre misère qui nous donne le droit de nous tourner vers le Seigneur, de l’invoquer et de tomber à genoux parce que nous reconnaissons sa divinité et son amour. Nous avons besoin de Dieu et de son amour. L’important, c’est de reconnaître notre mal et de vouloir guérir.
Et Jésus, saisi de compassion3, nous touche. Pour Jésus, le lépreux (chacun de nous) n’est pas un cas à résoudre, mais c’est un couteau dans la chair. Pour lui, le lépreux n’est pas une question théorique à laquelle donner une réponse, mais un frère pour qui ses entrailles frémissent, comme celles d’une mère pour son enfant. Dieu a pour nous cette commisération maternelle qui génère des gestes, qui fait quasiment violence à la main, la fait se tendre, la fait toucher. Jésus touche le lépreux, sachant que, pour la loi mosaïque, toucher un lépreux rend impur. Pour lui, l’homme vaut plus que cette loi. Avec une caresse, qui purifie, le Rédempteur porte l’ancienne loi à son accomplissement grâce à la nouvelle loi de l’amour et de la liberté.
Dieu veut des enfants guéris pour l’éternité. A chacun de nous, comme au lépreux, à Lazare, à la fille de Jaïre, à la belle-mère de Simon, Jésus répète: je le veux, lève-toi, sois guéri.
Dieu est la santé et le salut, la guérison du mal de vivre. Nous ne savons pas quand et comment, mais nous savons, par la foi, qu’il renouvellera notre cœur, un battement après l’autre. Avec de la compassion, une caresse de Sa main, avec la force de sa voix tendre, Il nous arrache toujours et pour toujours à l’abîme de la douleur.
Un exemple actuel de cette compassion nous est donné par les Vierges Consacrées dans le monde.
En vertu de cette consécration, (cf rite de consécration des vierges n° 36, bénédiction finale : « Que Dieu vous vous établisse aux yeux du monde comme signe et témoin de son amour ») elles sont appelées à être des témoins de la compassion de Dieu pour chaque frère et sœur. Si ces femmes, par le don total d’elles-mêmes, sont appelées à être dans la virginité pour servir Dieu dans la prière, en particulier dans la liturgie, elles sont, par ailleurs, appelées au service de la charité envers le prochain, qui consiste précisément en ceci qu’en Dieu et avec Dieu, elles aiment aussi la personne que l’on n’aime pas, dont la maladie inspire la répulsion. Totalement consacrées à Dieu, elles sont entièrement données à leurs frères, pour apporter la lumière du Christ là où les ténèbres se font plus épaisses et pour répandre Son espérance dans les cœurs sans courage.
Les personnes consacrées sont un signe de Dieu dans les différents domaines de la vie, elles sont ferment de croissance d’une société plus juste et plus fraternelle, elles sont prophétie de partage avec les pauvres et les petits. Ainsi comprise et vécue, la vie consacrée nous apparaît sous son jour véritable: un don de Dieu, un don de Dieu à l’Église, un don de Dieu à son peuple « (Pape François).

Lecture Patristique
Saint Paschase Radbert (né vers 790, mort à Saint-Riquier en 865)
Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 5, 8, CCM 56 A, 475-476.
Le Christ guérit celui qui croit

Le Seigneur guérit chaque jour l’âme de tout homme qui l’implore, l’adore pieusement et proclame avec foi ces paroles: Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier (Mt 8,2), et cela quel que soit le nombre de ses fautes. Car celui qui croit du fond du cœur devient juste (Rm 10,10). Il nous faut donc adresser à Dieu nos demandes en toute confiance, sans mettre nullement en doute sa puissance.
Et si nous prions avec une foi pleine d’amour, nous bénéficions certainement, pour parvenir au salut, du concours de la volonté divine qui agit en proportion de sa puissance et qui est capable de produire son effet. C’est la raison pour laquelle le Seigneur répond aussitôt au lépreux qui le supplie: Je le veux (Mt 8,3). Car, à peine le pécheur commence-t-il à prier avec foi, que la main du Seigneur se met à soigner la lèpre de son âme.
Ce lépreux nous donne un conseil excellent sur la façon de prier. Ainsi ne met-il pas en doute la volonté du Seigneur, comme s’il refusait de croire en sa bonté. Mais, conscient de la gravité de ses fautes, il ne veut pas présumer de cette volonté. Quand il dit que le Seigneur, s’il le veut, peut le purifier, il fait bien d’affirmer ainsi le pouvoir qui appartient au Seigneur, de même que sa foi inébranlable. Car, pour obtenir une grâce, la foi pure et vraie est à bon droit requise tout autant que la mise en œuvre de la puissance et de la bonté du Créateur.
Par ailleurs, si la foi est faible, elle doit d’abord être fortifiée. C’est alors seulement qu’elle révélera toute sa puissance pour obtenir la guérison de l’âme et du corps. L’apôtre Pierre parle sans aucun doute de cette foi quand il dit: Il a purifié leurs cœurs par la foi (Ac 15,9). Si le cœur des croyants est purifié par la foi, nous devons entendre par là la force de la foi, car, comme le dit l’apôtre Jacques, celui qui doute ressemble au flot de la mer (Jc 1,6).
Mais la foi pure, vécue dans l’amour, maintenue par la persévérance, patiente dans l’attente, humble dans son affirmation, ferme dans sa confiance, pleine de respect dans sa prière et de sagesse dans ce qu’elle demande, est certaine d’entendre en toute circonstance cette parole du Seigneur: Je le veux. En ayant présente à l’esprit cette réponse admirable, nous devons regrouper les mots selon leur sens. Aussi bien le lépreux a-t-il dit pour commencer: Seigneur, si tu le veux, et le Seigneur: Je le veux. Le lépreux ayant ajouté: Tu peux me purifier, le Seigneur ordonna avec la puissance de sa parole: Sois purifié (Mt 8,2-3).
Vraiment, tout ce que le pécheur a proclamé dans une vraie confession de foi, la bonté et la puissance divine l’ont aussitôt accompli par grâce.
Un autre évangéliste précise que l’homme qui recouvra la santé était tout couvert de lèpre (Lc 5,12), afin que personne ne perde confiance en raison de la gravité de ses fautes. Car tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu (Rm 3,23).
C’est pourquoi, si nous croyons à bon droit que la puissance de Dieu est à l’œuvre partout, nous devons le croire également de sa volonté. Il veut, en effet, que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité (1Tm 2,4) .
1Un lépreux vint trouver Jésus; il tombe à ses genoux et le supplie: « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » A l’instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié. Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi : ta guérison sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et répandre la nouvelle, de sorte qu’il n’était plus possible à Jésus d’entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d’éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui. (Mc 1,40-45)
2La première et la deuxième lectures de ce jour nous placent devant ce qui a été pendant des siècles un véritable cauchemar, un spectre horrible causant répulsion et terreur: la lèpre. Le premier texte est extrait du Lévitique, en particulier des chap. 13-14, qui traitent de la lèpre dans les moindres détails: le chap.13 en décrit la typologie, et plus largement,dans ses diverses manifestations ( la Mishnah, repertoire des commentaires traditionnels de la Loi de l’Ancien Testament, en aurait identifié 72) des maladies de la peau, dont la plupart étaient guérissables; le chap.14 expose le rituel de la purification des lépreux et des maisons infestées. Il ne fait pas de doute que c’est un souci d’hygiène qui inspire un comportement communautaire vigilant pour ce qui est des maladies contagieuses. Les prêtres étaient habilités à examiner le malade et à décider s’il était contagieux, en faisant une déclaration d”impureté” (chap.13,a.3); ces mêmes prêtres auraient, plus tard, certifié sa guérison (chap.14, v;1-4). Dans les sociétés antiques , les précautions légales constituaient la seule défense à l’égard des maladies contagieuses, surtout celles qui ne pouvaient pas guérir; d’où les réglementations inflexibles exposées au chap. 13 (v.45-46): le lépreux atteint de cette plaie porterades vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera: “Impur! Impur!” Tant qu’il gardera cette plaie il sera impur. C’est pourquoi il habitera à l’écart, sa demeure sera hors du camp.”

3Le verbe grec, que l’on traduit par « saisi de compassion »signifie que l’on est pris aux entrailles, que l’on com-patit, que l’on souffre-avec.

LA VISITATION – AMBROISE DE MILAN,

11 février, 2015

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20011209_ambrogio_fr.html

LA VISITATION

AMBROISE DE MILAN, Traité sur l’Évangile de S. Luc, II, 19. 24-26.

« « Et Marie se levant en ces jours-là partit en hâte pour la montagne, pour la cité de Juda, et entra dans la demeure de Zacharie et salua Élisabeth. »

19. Il est normal que tous ceux qui veulent être crus fournissent les raisons de croire. Aussi l’ange qui annonçait les mystères, pour l’amener à croire par un précédent, a-t-il annoncé à Marie, une vierge, la maternité d’une femme âgée et stérile, montrant ainsi que Dieu peut tout ce qui lui plaît. Dès qu’elle l’eut appris, Marie, non par manque de foi en la prophétie, non par incertitude de cette annonce, non par doute sur le précédent fourni, mais dans l’allégresse de son désir, pour remplir un pieux devoir, dans l’empressement de la joie, se dirigea vers les montagnes. Désormais remplie de Dieu, pouvait-elle ne pas s’élever en hâte vers les hauteurs? Les lents calculs sont étrangers à la grâce de l’Esprit Saint.
« Bénie êtes-vous parmi les femmes, et béni le fruit de votre sein! Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi? »
24. L’Esprit Saint connaît sa parole; Il ne l’oublie jamais, et la prophétie se réalise non seulement dans les faits miraculeux, mais en toute rigueur et propriété de termes. Quel est ce fruit du sein, sinon Celui de qui fut dit: « Voici que le Seigneur donne pour héritage les enfants, récompense du fruit du sein » (Ps. 126, 3)? Autrement dit: l’héritage du Seigneur, ce sont les enfants, prix de ce fruit qui est issu du sein de Marie. C’est Lui le fruit du sein, la fleur de la tige, dont Isaïe prophétisait bien: « Une tige, disait-il, va s’élever de la souche de Jessé, et une fleur jaillir de cette tige » (Is., XI, 1): la souche, c’est la race des Juifs, la tige Marie, la fleur de Marie le Christ, qui, comme le fruit d’un bon arbre, selon nos progrès dans la vertu, maintenant fleurit, maintenant fructifie en nous, maintenant renaît par la résurrection qui rend la vie à son corps.
« Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi? »
25. Ce n’est point l’ignorance qui la fait parler – elle sait bien qu’il y a grâce et opération du Saint-Esprit à ce que la mère du prophète soit saluée par la Mère du Seigneur pour le profit de son enfant – mais elle reconnaît que c’est le résultat non d’un mérite humain mais de la grâce divine; aussi dit-elle: « Comment m’est-il donné », c’est-à-dire: quel bonheur m’arrive, que la Mère de mon Seigneur vienne à moi! Je reconnais n’y être pour rien. Comment m’est-il donné? par quelle justice, quelles actions, pour quels mérites? Ce ne sont pas là démarches accoutumées entre femmes « que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ». Je pressens le miracle, je reconnais le mystère: la Mère du Seigneur est féconde du Verbe, pleine de Dieu.
« Car voici qu’au moment où votre salut s’est fait entendre à mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Et bienheureuse êtes-vous d’avoir cru! »
26. Vous voyez que Marie n’a pas douté, mais cru, et par là obtenu le fruit de la foi. « Bienheureuse, dit-elle, qui avez cru! » Mais vous aussi bienheureux, qui avez entendu et cru! car toute âme qui croit, conçoit et engendre la parole de Dieu et reconnaît ses oeuvres. Qu’en tous réside l’âme de Marie pour glorifier le Seigneur; qu’en tous réside l’esprit de Marie pour exulter en Dieu. S’il n’y a corporellement qu’une Mère du Christ, par la foi le Christ est le fruit de tous. »

Ambroise de Milan, Traité sur l’Évangile de S. Luc, II, 19. 24-26.

HOMÉLIES SUR LES BÉATITUDES (EXTRAITS) DE ST GRÉGOIRE DE NYSSE (V. 335-395)

9 février, 2015

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/gregoiredenysse3.htm

HOMÉLIES SUR LES BÉATITUDES (EXTRAITS) DE ST GRÉGOIRE DE NYSSE (V. 335-395)

CELUI QUI PURIFIE SON COEUR VOIT EN LUI-MÊME L’IMAGE DE DIEU

« La santé du corps est un bien pour la vie humaine. Or, on est heureux non seulement de connaître la définition de la santé, mais de vivre en bonne santé. Car si un homme fait l’éloge de la santé et prend une nourriture malsaine qui lui gâte le sang, quel profit trouvera-t-il à ces éloges tandis qu’il est tourmenté par la maladie ? Comprenons de la même manière l’affirmation que nous avons discutée. Le Seigneur Jésus ne dit pas qu’on est heureux de savoir quelque chose au sujet de Dieu, mais qu’on est heureux de le posséder en soi-même. En effet, heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu. Il ne pense pas que Dieu se laisse voir face à face par celui qui aura purifié le regard de son âme. Mais peut-être la noblesse de cette parole nous suggère-t-elle ce qu’une autre parole exprime plus clairement : Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. Voici ce qu’elle nous enseigne : celui qui a purifié son coeur de toute créature et de tout attachement déréglé voit l’image de la nature divine dans sa propre beauté.
Il me semble que dans cette brève formule le Verbe fait tenir l’exhortation suivante : « Hommes qui avez quelque désir de contempler le vrai Bien, vous avez entendu dire que la majesté divine est élevée au-dessus des cieux, que sa gloire est incompréhensible, sa beauté inexprimable et sa nature infinie. Mais ne désespérez pas de parvenir à contempler l’objet de votre désir. »
[...]
Si tu purifies par un effort de vie parfaite, les souillures attachées à ton coeur, la beauté divine brillera de nouveau en toi. C’est ce qui arrive avec un morceau de fer, lorsque la meule le débarrasse de sa rouille. Auparavant il était noirci, et maintenant il brille et rayonne au soleil.
De même l’homme intérieur, que le Seigneur appelle « le coeur », lorsqu’il aura enlevé les taches de rouille qui altéraient et détérioraient sa beauté, retrouvera la ressemblance de son modèle, et il sera bon. Car ce qui ressemble à la Bonté est nécessairement bon.
Donc celui qui se voit lui-même découvre en soi l’objet de son désir(1). Et ainsi celui qui a le coeur pur devient heureux parce que en découvrant sa propre pureté, il découvre, à travers cette image, son modèle. Ceux qui voient le soleil dans un miroir, même s’ils ne fixent pas le ciel, voient le soleil dans la lumière du miroir aussi bien que s’ils regardaient directement le disque solaire. De même vous, qui êtes trop faibles pour saisir la lumière, si vous vous retournez vers la grâce de l’image établie en vous dès le commencement, vous possédez en vous-même ce que vous recherchez.
La pureté, en effet, la paix de l’âme, l’éloignement de tout mal, voilà la divinité, Si tu possèdes tout cela, tu possèdes certainement Dieu. Si ton coeur est exempt de tout vice, libre de toute passion, pur de toute souillure, tu es heureux, car ton regard est clair. Purifié, tu contemples ce que les yeux non purifiés ne peuvent pas voir. L’obscurité qui vient de la matière a disparu de tes regards et, dans l’atmosphère très pure de ton coeur, tu distingues clairement la bienheureuse vision. Voici en quoi elle consiste : pureté, sainteté, simplicité, tous les rayons lumineux jaillis de la nature divine, qui nous font voir Dieu. »

(Grégoire de Nysse, Homélie sur les Béatitudes, 6).
(1) De façon très semblable Augustin dit dans Les Confessions :
« Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais. » (Conf. X, , xxvii, 38).
- phrase qui devrait être méditée par les élèves de prépas scientifiques qui en 2008-09 travaillent sur le chapitre X des Confessions en relation avec le thème « les énigmes du moi » ! L’homélie de Grégoire de Nysse peut les y aider.

 

PRIÈRE DE SAINT JEAN DAMASCÈNE À LA SAINTE VIERGE

5 février, 2015

http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-Saint-Jean-de-Damas-a-Marie-2

PRIÈRE DE SAINT JEAN DAMASCÈNE À LA SAINTE VIERGE

Voici la Prière « Ô fille du roi David et Mère de Dieu » de Saint Jean Damascène (676-749), surnommé aussi Saint Jean de Damas parce que né à Damas, déclaré Père et Docteur de l’Église Catholique du VIIème siècle par le pape Léon XIII en 1890.

La Prière de Saint Jean Damascène « Ô fille du roi David et Mère de Dieu » :

« Ô fille du roi David et Mère de Dieu, roi universel. Ô divin et vivant objet dont la beauté a charmé le Dieu créateur, vous dont l’âme est toute sous l’action divine et attentive à Dieu seul ; tous vos désirs sont tendus vers Celui-là seul qui mérite qu’on le cherche et qui est digne d’amour ; vous n’avez de colère que pour le péché et son auteur. Vous aurez une vie supérieure à la nature mais vous ne l’aurez pas pour vous, vous qui n’avez pas été créée pour vous. Vous l’aurez consacrée tout entière à Dieu qui vous a introduite dans le monde afin de servir au salut du genre humain, afin d’accomplir le dessein de Dieu, l’Incarnation de son Fils et la déification du genre humain. Votre coeur se nourrira des paroles de Dieu : elles vous féconderont, comme l’olivier fertile dans la maison de Dieu, comme l’arbre planté au bord des eaux vives de l’Esprit, comme l’arbre de vie qui a donné son fruit au temps fixé : le Dieu incarné, la vie de toutes choses. Vos pensées n’auront d’autre objet que ce qui profite à l’âme, et toute idée non seulement pernicieuse, mais inutile, vous la rejetterez avant même d’en avoir senti le goût. Vos yeux seront toujours tournés vers le Seigneur, vers la lumière éternelle et inaccessible ; vos oreilles attentives aux paroles divines et au son de la harpe de l’Esprit par qui le Verbe est venu assumer notre chair. Ô Vous qui êtes à la fois fille et souveraine de Joachim et d’Anne, accueillez la prière de votre pauvre serviteur : il n’est qu’un pécheur, et, pourtant, de tout son cœur, il vous aime et vous honore. C’est en vous qu’il veut trouver la seule espérance de son bonheur, le guide de sa vie, la réconciliation auprès de votre Fils et le gage assuré de son salut. Délivrez-moi du poids de mes fautes, dispersez l’obscurité accumulée autour de mon esprit, débarrassez-moi de mon épaisse boue, arrêtez mes tentations, gouvernez ma vie avec bonheur et conduisez-moi au bonheur du ciel. Accordez la paix au monde. Donnez à tous les chrétiens de cette ville la joie parfaite et le salut éternel. Nous vous en supplions, obtenez-nous d’être sauvés, d’être délivrés des passions de nos âmes, d’être guéris des maladies de nos corps, d’être délivrés de nos difficultés ; obtenez-nous une vie tranquille dans la lumière de l’Esprit. Enflammez-nous d’amour pour votre Fils. Que notre vie lui soit agréable, pour que, établis dans la béatitude du ciel, nous puissions vous voir un jour resplendir dans la gloire de votre Fils, pour que nous puissions chanter, dans une joie sans fin, des hymnes saintes d’une manière digne de l’Esprit, au milieu de l’assemblée des élus, en l’honneur de Celui qui, par vous, nous a sauvés, le Christ, Fils de Dieu et notre Dieu. A lui soient la puissance et la gloire, avec le Père et l’Esprit, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Amen. . »

LA LOI DE L’AMOUR DIVIN – de saint Thomas d’Aquin

3 février, 2015

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010116_thomas-aquinas_fr.html

LA LOI DE L’AMOUR DIVIN

Des Opuscules théologiques de saint Thomas d’Aquin

« Il est bien évident que tous les hommes ne peu­vent pas consacrer leur vie entière à l’étude, et c’est pourquoi le Christ a donné une loi brève, pour que tout le monde puisse la connaître et que personne ne puisse être dispensé de l’observer pour cause d’ignorance: parole abrégée que le Seigneur fera venir sur la terre. Cette loi doit être celle de tous les actes humains. Dans les activités artisanales on dit qu’un produit est bon et loyal quand il est conforme aux règles, de même toute activité humaine est droite et vertueuse quand elle est conforme à la règle de l’amour divin, mais quand elle s’éloigne de la règle de la charité elle n’est ni droite, ni bonne, ni parfaite.
Cette loi de l’amour divin produit en l’homme quatre effets grandement désirables. D’abord elle produit en lui la vie spirituelle. Il est évident que ce qui est aimé en vertu de la nature existe en celui qui aime. Celui qui demeure dans la charité de meure en Dieu, et Dieu en lui. La nature de l’amour veut encore que celui qui aime se transforme en l’être aimé: Celui qui est uni à Dieu ne fait qu’un esprit avec lui. C’est ainsi que, selon saint Augustin,“de même que l’âme est la vie du corps, ainsi Dieu est la vie de l’âme”.Ainsi encore l’âme agit ver­tueusement et parfaitement quand elle agit par la charité, puisque c’est par celle-ci que Dieu habite en elle. Mais sans la charité elle n’opère pas: Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quelqu’un peut bien avoir tous les charismes donnés par l’Esprit Saint, sans la charité il n’a pas la vie. Qu’il s’agisse du don des langues, du don de la foi héroïque ou de n’importe quel don comme le dôn de prophétie, sans la charité ces dons n’apportent pas la vie. Car on peut bien couvrir un cadavre d’or et de pierres précieuses, il n’en demeure pas moins un corps mort.
Le deuxième fruit de la charité, c’est l’observance des commandements divins. Saint Grégoire dit en effet que la charité n’est pas inactive. Si elle existe, elle fait de grandes choses, mais si elle n’agit pas, c’est qu’elle est absente. Nous voyons en effet celui qui aime accomplir de grands et difficiles exploits pour l’être aimé. C’est pourquoi le Seigneur dit: Celui qui m’aime gardera ma parole. Celui qui ob­serve le commandement et la loi de l’amour divin accomplit toute la loi.
Le troisième fruit de la charité, c’est la protection qu’elle nous donne contre l’adversité. A celui qui possède la charité, l’adversité ne fait aucun mal, au contraire elle tourne à son avantage: Pour ceux qui aiment Dieu, tout contribue à leur bien, et même l’adversité et les difficultés paraissent douces à celui qui aime, comme nous le voyons clairement parmi nous.
Le quatrième fruit de la charité, c’est qu’elle conduit à la béatitude. En effet la béatitude éternelle est promise à ceux-là seulement qui possèdent la charité. Tout le reste, en l’absence de la charité, n’y suffit pas. Et il faut savoir que, s’il y a des différences dans la béatitude, elles correspondent à des différences selon la charité, et non selon aucune autre vertu. Beaucoup de saints ont mené une vie plus austère que les Apôtres, mais ceux-ci dépassent tout le monde en béatitude à cause de l’excellence de leur charité. »

Préparé par l’Université Pontificale URBANIANA,
avec la collaboration des Instituts Missionnaires

(lectio) LA STUPEUR DEVANT LE PROPHÈTE (IV DIMENCHE T.O.) – SAINT JEAN CHRYSOSTOME (+ 407) SUR LA LETTRE AUX HÉBREUX

2 février, 2015

http://www.zenit.org/fr/articles/la-stupeur-devant-le-prophete

LA STUPEUR DEVANT LE PROPHÈTE

IVE DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNÉE B – 1ER FÉVRIER 2015

PARIS, 30 JANVIER 2015 (ZENIT.ORG) MGR FRANCESCO FOLLO

Dt 18,15-20 ; Ps 94 ; 1 Co 7,32-35 ; Mc,21-28 [1]

1) La parole douce, forte et vraie, du « prophète » Jésus
Jésus-Christ, qui est plus fort que Jean, a une parole convaincante, un enseignement nouveau qui surprend et qui a autorité.
La liturgie de la Parole de ce dimanche met en relief la figure de Jésus comme le vrai prophète qui parle et agit au nom de Dieu.
Cet extrait du livre du Deutéronome décrit les caractéristiques du prophète dont la mission est profondément ancrée en Dieu. Le prophète est le porte-parole de Dieu et sa parole est efficace et créatrice ; celui qui ne l’écoute pas devra en rendre compte et malheur à qui se dit prophète mais ne l’est pas.
Le prophète ne prédit pas l’avenir, ce n’est pas là sa vocation. Il est celui qui dit la vérité parce qu’il est en contact avec Dieu, c’est-à-dire la vérité qui vaut pour aujourd’hui et qui, naturellement, éclaire aussi l’avenir. C’est ainsi que, même quand il parle du futur, le prophète ne le prédit pas dans les détails, mais il rend la vérité divine présente à celui qui l’écoute et il indique le chemin à prendre.
Dès lors, on peut se demander si l’on peut donner au Christ le nom de prophète. Sans aucun doute. Dans le Deutéronome (cf la lecture de ce jour), Moïse prophétise : « un prophète comme moi ». Le guide libérateur de l’Egypte a transmis la Parole à Israël et a fait de celui-ci un peuple. Et dans son « face à face » avec Dieu il a accompli sa mission prophétique en amenant les hommes à la rencontre avec Dieu. Tous les autres prophètes suivent ce modèle de prophétie, en libérant toujours, et de façon nouvelle, la loi mosaïque de sa rigidité pour la transformer en chemin de vie.
Les Pères de l’Eglise ont interprété cette prophétie du Deutéronome comme une promesse du Christ. Et ils ont raison car le plus grand et le véritable Moïse est effectivement le Christ qui vit réellement « face à face » avec Dieu puisqu’Il est son Fils.
En cela, les Pères de l’Eglise ne font qu’expliciter le passage de l’Evangile de saint Marc proposé aujourd’hui et qui met en évidence cette conviction que le prophète annoncé par Moïse, c’est Jésus ; en fait, il parle avec autorité et il commande aux esprits malins qui lui obéissent.
Le passage de l’Evangile de Marc lu aujourd’hui démontre que le prophète annoncé par Moïse est Jésus. Comme cela se fait le jour du sabbat, le Messie entre dans la synagogue où la communauté juive locale[2] avait l’habitude de se réunir pour écouter et commenter la torah, c’est-à-dire la loi. C’est précisément dans ce contexte que Jésus se manifeste comme un nouveau prophète, suscitant l’estime et le respect parmi les auditeurs présents qui, pourtant, le condamneront pour suivre de faux prophètes.
Avec cet épisode, l’évangéliste Marc entame le récit de l’activité publique de Jésus et commence à développer son thème le plus important : qui est Jésus ?
Deux choses sont affirmées immédiatement et clairement, même si elles ne sont pas encore pleinement réalisées (l’Evangéliste les développera petit à petit tout au long de son Evangile) : 1) l’enseignement de Jésus est nouveau et différent de celui des scribes ; 2) son autorité s’impose même sur les esprits malins.
2) La stupeur
A ce propos, je voudrais souligner la stupeur des auditeurs de l’époque pour qu’elle devienne aussi la nôtre. Saint Marc a écrit : « ils étaient stupéfaits de son enseignement parce qu’il enseignait comme quelqu’un qui a autorité et non pas comme les scribes ». La même notation –avec quelques variantes – est répétée à la fin de l’épisode : « Mais qu’est-ce que cela ? Un enseignement nouveau, plein d’autorité ! ».
Ils étaient tous stupéfaits, incrédules, mais ils percevaient dans ses paroles la force supérieure de la grâce, comme l’écrira aussi saint Luc : « Ils s’étonnaient du message de la grâce qui sortait de sa bouche » (Lc 4,22).
C’est cela l’autorité de Jésus dont on dit : « un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple » (Lc 7,16).
Devant ce prophète « indiscutable», on ne peut qu’être dans une écoute remplie de stupeur, qui exige un climat de silence intérieur et de saisissement, signe du désir de connaissance dans lequel naît et croît une attitude d’accueil, à l’exemple de la Vierge : accueil de la Parole qui, en Dieu, est Personne, ce Verbe éternel dont Jean disait : « et le verbe était tourné vers Dieu, et le verbe était Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui » (Jn 1,1-3).
La parole de Dieu n’est pas un simple son de voix qui véhicule une pensée, mais une parole qui opère et vivifie ; une Parole qui sauve et qui, par amour, s’est faite chair en Jésus de Nazareth, le fils de Marie, la femme de l’écoute et de l’accueil : « Me voici, fut sa réponse, qu’il advienne (fiat) selon ta parole…(Lc 1,38), cette parole que lui apportait l’Ange qui parlait de la part de Dieu.
Nous sommes persévérants dans l’imitation de Marie. D’elle, icône de l’écoute, chez qui la parole de Dieu prit un corps, comme chez n’importe quelle autre femme, l’Evangile dit : « Marie conservait toutes ces choses et les méditait dans son cœur» (Lc 2,19). C’est autour de la Parole et de l’écoute stupéfaite que tourne aujourd’hui l’Evangile de Marc, un bref passage qui parle de stupeur chez ceux qui avaient entendu Jésus de Nazareth commenter les textes de l’Ecriture dans la synagogue de Capharnaüm : « ils étaient frappés de son enseignement parce qu’il leur enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes » (Mc 1,28).
J’insiste sur l’importance de la stupeur, parce que je crois que la certitude de la foi se forme à partir de la stupeur face à une présence incarnée. Il suffit de lire les Evangiles : des pasteurs jusqu’au berceau de Bethléhem, jusqu’aux anges qui accueillent le Seigneur ressuscité dans son vrai corps lorsqu’il monte au ciel. Aujourd’hui, ce trait distinctif de la foi de celui qui porte le nom de chrétien semble perdu. Tout se conçoit et s’organise comme si la certitude chrétienne était seulement et surtout la conséquence d’une réflexion, d’un discours persuasif. L’Eglise est l’Educatrice qui nous enseigne la vérité, mais elle est aussi la Mère qui donne la vie et, comme le disait saint Jean Damascène : « les concepts créent des idoles, la stupeur génère la vie ». J’écris ceci pour éviter que l’on réduise notre christianisme à un discours ou une méthode abstraite à enseigner ou à apprendre conceptuellement, parce que les concepts sont l’explication toujours imparfaite d’une connaissance personnelle. La substance de la révélation ne consiste pas dans l’enseignement d’une doctrine mais dans la manifestation d’une présence. Le cardinal Henri de Lubac a écrit : « il peut exister une idolâtrie de la Parole et du parler qui n’est pas moins dangereuse que celle des images ».
J’insiste sur la stupeur pour souligner l’importance de la simplicité du cœur et de l’esprit. La simplicité que vivent les pauvres d’esprit est aussi la méthode qu’utilise Dieu pour venir à notre rencontre. Qu’y a-t-il de plus simple que la grotte de Bethléhem, que la maison de Jésus à Nazareth, que la synagogue à Capharnaüm ? Et le Fils de Dieu y est entré. L’avènement du Christ est un fait nouveau qui entre dans notre vie, simplement. Si chacun de nous ouvre les yeux, le cœur, l’esprit et les bras, le Christ entrera dans nos maisons, apportant sa paix et sa vérité.
3) Non seulement chez nous, mais en nous, Temple de Dieu
Demain, 2 février, la liturgie célèbre la présentation[3] de Jésus. Lorsque Marie et Joseph portèrent leur enfant au Temple de Jérusalem, eut lieu la première rencontre entre Jésus et son peuple, représenté par deux personnes âgées, Siméon et Anne. Ce fut une rencontre à l’intérieur de l’histoire du peuple, une rencontre entre jeunes et vieux , les jeunes étant Marie et Joseph avec leur nouveau-né et les anciens, Siméon et Anne, deux personnages qui fréquentaient régulièrement le Temple (Pape François).
A la lumière de cette scène évangélique, regardons la vie consacrée comme une rencontre avec le Christ : c’est lui qui vient vers nous, porté par Marie et Joseph, et nous, nous allons vers Lui, guidés par l’Esprit Saint. Mais Lui est au centre. Lui fait tout bouger. Lui nous attire vers le Temple, vers l’Eglise, là où nous pouvons le rencontrer, le reconnaître, l’accueillir, l’embrasser.
Les bougies qui irradient la lumière constituent le signe spécifique de la tradition liturgique de cette Fête. Ce signe exprime la beauté et la valeur de la vie consacrée en tant que reflet de la lumière du Christ ; un signe qui rappelle l’entrée de Marie au Temple : la Vierge Marie, la consacrée par excellence, portait dans ses bras la Lumière-même, le Verbe incarné, venu chasser les ténèbres du monde avec l’amour de Dieu.
Une façon particulière de vivre cela et de devenir Temple et Tabernacle de la Divine présence est celle des Vierges consacrées dans le monde, pour lesquelles l’Evêque prie : « Seigneur notre Dieu, toi qui veux demeurer en l’homme, tu habites ceux qui te sont consacrés… Accorde, Seigneur, ton soutien et ta protection à celles qui se tiennent devant toi, et qui attendent de leur consécration un surcroît d’espérance et de force » (Rituel de consécration des vierges, n° 24) pour qu’elles grandissent dans leur foi en l’amour dont elles témoignent comme sacrifice de soi dans la vie quotidienne. Qu’elles nous aident à devenir nous aussi ces lampes qu’elles sont et qui irradient la lumière de la vérité et de la charité de Dieu.

LECTURE PATRISTIQUE
L’AUTORITÉ DE JÉSUS
HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME (+ 407) SUR LA LETTRE AUX HÉBREUX
HOMÉLIES SUR LA LETTRE AUX HÉBREUX, -5,3; PG 63, 50.
Considérez Jésus Christ, apôtre et grand prêtre pour notre confession de foi, lui qui est digne de confiance pour celui qui l’a institué, tout comme Moïse, sur toute sa maison (He 3,1-2). Que signifie: Il est digne de confiance pour celui qui l’a institué! Cela veut dire qu’il dirige par sa providence les êtres qui lui appartiennent, et ne les laisse pas périr par sa négligence.??Comme Moïse qui fut digne de confiance dans toute sa maison ; c’est-à-dire: apprenez qui est votre grand prêtre, apprenez son origine, et vous n’aurez pas besoin d’autres encouragements ni consolations. Le Christ est appelé apôtre parce qu’il a été envoyé. Il est appelé aussi grand prêtre pour notre confession, c’est-à-dire notre confession de foi. Jésus est comparé, ajuste titre, à Moïse puisqu’il a été chargé comme Moïse de gouverner un peuple, mais un peuple plus nombreux et chargé d’une mission plus importante. Moïse avait gouverné à titre de serviteur, le Christ gouverne en sa qualité de Fils. Ceux dont Moïse avait la charge n’étaient pas à lui, ceux que guide Jésus lui appartiennent.??Pour attester ce qui allait être dit (He 3,5). Que dis-tu là? Est-il possible que Dieu accepte un témoignage humain? Oui, sans aucun doute, car il appelle le ciel, la terre et les collines à être ses témoins. Voici ce qu’il dit par son prophète: cieux, écoutez; terre, prête l’oreille, car le Seigneur parle (Is 1,2). Et encore: Écoutez, vous aussi, fondements inébranlables de la terre (Mi 6,2), c’est le procès du Seigneur avec son peuple. A plus forte raison prend-il des hommes à témoin.??Que signifie: Pour attester! Pour que les hommes attestent, même quand ils agissent impudemment, que le Christ nous parle vraiment en sa qualité de Fils, car ceux dont Moïse avait la charge n’étaient pas à lui, mais ceux que guide Jésus lui appartiennent.
[1] « Ils pénétrèrent dans Capharnaüm. Et dès le jour du sabbat, entré dans la synagogue, Jésus enseignait. Ils étaient frappés de son enseignement ; car il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes. Justement il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur ; il s’écria : « De quoi te mêles-tu, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu.» Jésus le menaça : « Tais-toi et sors de cet homme ». L’esprit impur le secoua avec violence et il sortit de lui en poussant un grand cri. Ils furent tous tellement saisis qu’ils se demandaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela ? Voilà un enseignement nouveau, plein d’autorité ! Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ! ». Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de Galilée.
[2] A cette époque-là, en Palestine on trouvait des synagogues dans les grandes villes, mais aussi dans les bourgs et les villages. Les Juifs s’y rendaient pour la prière et la lecture et l’enseignement de l’ Ecriture. Outre les scribes et les anciens, quiconque parmi les Juifs pouvait demander la parole et intervenir. C’est ainsi que Jésus, à Capharnaüm, entra dans la synagogue et prit la parole pour enseigner.
[3]La Présentation de Jésus au Temple -2 février – est la fête de la lumière (cf Lc 2,30-32) naquit en Orient sous le nom d’Ipapante, c’est-à-dire ‘la Rencontre». Au VIe siècle elle s’étendit à l’Occident avec des développements spécifiques: à Rome avec un caractère plus pénitentiel et en France avec la bénédiction solennelle et la procession aux bougies, connue sous le nom populaire de « chandeleur ». La présentation du Seigneur clôt les célébrations du temps de Noël, et avec la présentation de la Vierge Mère et la prophétie de Siméon, elle ouvre le chemin vers Pâques (Missel romain).
La fête d’aujourd’hui dont le premier témoignage remonte au IVe siècle à Jérusalem, était appelée jusqu’à la réforme récente du calendrier, Fête de la Purification de la Très Sainte Vierge Marie, en souvenir de l’épisode vécu par la Sainte famille et raconté au chapitre 2 de l’Evangile de Luc au cours duquel Marie, aux termes de la loi, se rendit au Temple de Jérusalem quarante jours après la naissance de Jésus pour consacrer son premier-né et accomplir le rite légal de sa purification. La réforme liturgique de 1960 a restitué à cette célébration son titre original de « présentation du Seigneur ». La consécration de Jésus au Père, accomplie dans le Temple, constitue le signe avant-coureur de son oblation sacrificielle sur la croix.
Cet acte d’obéissance à un rite légal, auquel ni Jésus ni Marie n’étaient tenus, constitue aussi une leçon d’humilité, venant couronner la méditation annuelle sur le grand mystère de Noël , au cours duquel le Fils de Dieu et sa divine Mère se présentent à nous dans le cadre émouvant mais humiliant de la crèche, ce qui signifie dans l’extrême pauvreté des mal-logés, dans l’existence précaire des migrants et des persécutés, en un mot des exilés.
La rencontre avec Siméon et Anne dans le Temple accentue l’aspect sacrificiel de la célébration et la communion personnelle de Marie au sacrifice du Christ, puisque quarante jours après sa divine maternité la prophétie de Siméon lui laisse entrevoir la perspective de sa souffrance : « Une épée te traversera le cœur » : Marie, grâce à son union intime avec la personne du Christ, est associée au sacrifice de son Fils.
Le rite de la bénédiction des cierges, dont le témoignage remonte au Xe siècle déjà, s’inspire des paroles de Siméon : » Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé face à tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens ». De ce rite expressif vient le nom populaire de «chandeleur ».

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