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Saint Jean Damascène : Deuxième Homélie sur la Dormition de la Vierge Marie

10 décembre, 2007

du site:

http://www.jesusmarie.com/jean_damascene_homelies_sur_la_dormition_2.html

Saint Jean Damascène – Saint Jean de Damas
Deuxième Homélie sur la Dormition de la Vierge Marie


édition numé
rique par Myriam Stagnaro et www.JesusMarie.com – septembre 2002

DEUXIEME HOMELIE SUR LA DORMITION

DU MÊME, DEUXIEME DISCOURS
SUR L
ILLUSTRE DORMITION.
DE LA TOUTE SAINTE ET TOUJOURS VIERGE MARIE.

1. Il nest entre les hommes personne qui puisse célébrer dignement la migration sacrée de la Mère de Dieu, quand même il aurait mille langues et mille bouches. Que dis-je ? Les langues de tous les hommes dispersés, fussent-elles réunies, ne parviendraient pas à exprimer les louanges qui lui conviennent. Car elle est au-dessus de toute loi du genre laudatif. Mais puisque loffrande est chère à Dieu, qui est faite selon nos forces, par amour, par zèle et par une volonté droite, et que ceci est cher à la Mère de Dieu qui est cher et agréable à son Fils, entreprenons encore une fois ses louanges, pour obéir à vos ordres, pasteurs excellents et très aimés de Dieu, après avoir appelé à notre aide le Verbe qui sest incarné par elle, qui remplit toute bouche souvrant vers lui, et qui seul fut son ornement et son éloge souverainement glorieux. Nous savons quen commençant ses louanges, nous acquittons notre dette, et quaprès lavoir acquittée, nous sommes encore ses débiteurs : ainsi la dette demeure, toujours renouvelée à mesure quelle est acquittée. Puisse nous

être propice celle que nous célébrons, elle qui surpasse toutes les créatures et qui domine toutes les œuvres divines, comme Mère de Dieu, du Créateur et du Démiurge, du Maître universel.

Pardonnez-moi, vous aussi, assemblée désireuse d’écouter les paroles divines ; accueillez ma bonne volonté, applaudissez à mon zèle, mais compatissez à la faiblesse de ma parole. Supposez le prince aux mains de qui Dieu a remis le gouvernail de son peuple, dont la table est toujours abondante et couverte de mets variés, et le palais embaumé de parfums précieux : si quelquun, hors de la saison, vient lui offrir une violette couleur de pourpre, ou une rose, fleur odorante des épines, avec son enveloppe verdoyante, dont elle sort doublement colorée en prenant par degré une belle teinte rouge, et quelque fruit de lautomne à la vive teinte de miel, ce prince, sans faire attention au peu de valeur du cadeau, remarquera sa nouveauté ; il admirera ce quil a dinsolite, en bon juge et en vrai connaisseur ; et il récompensera le paysan des dons les plus abondants et les plus beaux. Ainsi nous, qui dans notre hiver offrons les fleurs de notre éloquence à notre Reine, nous qui préparons notre voix vieillie à affronter les discours dapparat, nous qui, stimulant notre bonne volonté avec notre esprit, comme on frappe une pierre avec le fer, ou pressant, comme une grappe qui nest pas mûre, nos facultés d’élocution, pour vous donner dans ce discours une obscure étincelle et un vin nouveau, à vous qui êtes des lettrés et des auditeurs exigeants, puissions-nous être accueillis bien plus favorablement encore ! Qu

offrir à la Mère de la Parole, sinon notre parole ? Ce qui est semblable plaît au semblable, et ce qui est amical à lami. A présent donc, ouvrons la barrière à notre discours, lâchons un peu les rênes et poussons-le comme un cheval à la course. Mais, ô Parole de Dieu, sois toi-même mon auxiliaire et mon secours : fais éloquente ma pensée sans éloquence ; ouvre à ma parole une carrière unie et dirige sa course vers ton bon plaisir, auquel tendent toute parole et toute pensée du sage.

I. LA MERE DE DIEU DEVAIT TRIOMPHER DE LA MORT.

La mort ne peut retenir la Théotokos, ciel vivant et trésor de la vie

2. Aujourdhui la sainte et lunique Vierge est amenée au temple hypercosmique et céleste, elle qui a brûlé dune telle ardeur pour la virginité, quelle fut transformée en elle comme en un feu très pur. Toute vierge perd sa virginité en enfantant, mais celle-ci, vierge avant l’enfantement, demeure vierge en enfantant et après la naissance. Aujourd

hui larche sacrée et vivante du Dieu vivant, celle qui a porté dans son sein son Auteur, se repose dans le temple du Seigneur non fait de main dhomme, et David, son ancêtre et lancêtre de Dieu, exulte ; et les anges mènent leurs chœurs avec lui, les archanges applaudissent, les Vertus rendent gloire, les Principautés avec lui tressaillent, les Dominations jubilent, les Puissances se réjouissent, les Trônes sont en fête, les Chérubins chantent des louanges, les Séraphins proclament : « Gloire ! ». Car ce nest point pour eux une faible gloire que de glorifier la Mère de la Gloire.

Aujourdhui la colombe toute sacrée, ? l’âme pure et innocente, consacrée par lEsprit divin, ? envolée de larche, je veux dire de son corps, réceptacle de Dieu et source de vie, a trouvé « où reposer ses pieds » : elle est partie pour le monde intelligible, et sest établie sur la terre sans tache de lhéritage den haut. Aujourd

hui, lEden du nouvel Adam accueille le paradis spirituel, où la condamnation est effacée, où larbre de vie est planté, où fut recouverte notre nudité. Car nous ne sommes plus nus et sans vêtements, privés de l’éclat de la divine image, et dépouillés de la grâce abondante de lEsprit. Nous ne déplorons plus lantique nudité, en disant : « Jai quitté ma tunique, comment la remettrai-je ? ». Car dans ce paradis le serpent neut pas dentrée, lui dont nous avons convoité la divinisation mensongère, ce qui nous a valu de ressembler au bétail sans raison. Le Fils unique de Dieu en personne, qui est Dieu et consubstantiel au Père, de cette Vierge et de cette terre pure sest lui-même façonné une nature humaine ». Et je suis devenu dieu, moi qui suis homme ; mortel, je suis immortalisé ; jai dépouillé les tuniques de peau : jai rejeté le manteau de la corruption, je me suis couvert du vêtement de la divinité.

Aujourdhui la Vierge sans tache, qui na pas entretenu daffections terrestres, mais sest nourrie des pensées du ciel, nest pas retournée à la terre » ; comme elle est en réalité un ciel vivant, elle est placée dans les tentes célestes. Qui donc en effet manquerait à la vérité en lappelant un ciel ? A moins de dire peut-être, avec justesse et intelligence, quelle dépasse les cieux mêmes par dincomparables privilèges. Car celui qui a construit les cieux et qui les contient, lartisan de toute la création cosmique et hypercosmique, visible et invisible, qui nest dans aucun lieu, parce quil est lui-même le lieu de tous les êtres ? puisque le lieu, par définition, contient ce qui est en lui ? sest fait lui-même en elle petit enfant, sans semence humaine : il a fait delle la spacieuse demeure de sa divinité qui remplit tout, unique et sans limites ; tout entier ramassé en elle sans samoindrir, et demeurant tout entier en dehors, étant à soi-même son lieu infini. Aujourd

hui le trésor de la vie, labîme de la grâce ? je ne sais comment mexprimer de mes lèvres audacieuses et intrépides ? entre dans lombre dune mort porteuse de vie ; sans crainte elle sen approche, elle qui a engendré son destructeur, si toutefois il est permis dappeler mort son départ plein de sainteté et de vie.
Car celle qui pour tous fut la source de la vraie vie, comment tomberait-elle au pouvoir de la mort ? Mais elle ob
éit à la loi établie par son propre enfant, et comme fille du vieil Adam, elle acquitte la dette paternelle, puisque son Fils même, qui est la vie en personne, ne la pas reniée ». Mais comme Mère du Dieu vivant, il est juste quelle soit emportée auprès de lui. Car si Dieu a dit : « De peur que lhomme », le premier créé, « n’étende la main, ne cueille de larbre de vie, nen goûte et ne vive pour la durée des temps », comment celle qui a reçu la vie elle-même, sans principe et sans terme, affranchie des limites du commencement et de la fin, ne vivrait-elle pas pour la durée illimité
e ?

Eve et Marie devant la mort.

3. Jadis, le Seigneur Dieu frappa les auteurs de la race mortelle, qui s’étaient
gorg
és du vin de la désobéissance, avaient assoupi le regard de leur cœur par livresse de la transgression, appesanti les yeux de leur esprit par lintempérance du péché, et s’étaient endormis dun sommeil de mort ; il les exila et les chassa du Paradis dEden. Mais ici, celle qui a repoussé tout mouvement de passion, qui a produit le germe de lobéissance à Dieu et au Père, linitiatrice de la vie pour la race entière, le Paradis ne la recevra-t-il pas ? Oui, nen doutons pas. Eve, qui prêta loreille au message du serpent, qui écouta la suggestion de lennemi, dont les sens goûtèrent le charme du plaisir mensonger et trompeur, emporte une sentence de tristesse et daffliction ; elle subit les douleurs de lenfantement, elle est condamnée à la mort avec Adam et reléguée aux profondeurs de lHadès. Mais celle-ci, la toute heureuse en vérité, qui sinclina docile à la parole de Dieu, fut remplie de la force de lEsprit et reçut dans son sein, à lassurance de larchange, celui qui était la bienveillance paternelle, elle qui, sans volupté et sans union humaine, conçut la Personne du Verbe de Dieu qui remplit tout, elle qui enfanta sans les douleurs naturelles, elle qui fut unie à Dieu dans tout son être, comment la mort pourrait-elle lengloutir ? lHadès se fermer sur elle ? Comment la corruption oserait-elle sen prendre au corps qui a contenu la vie ? Toutes choses qui répugnent et sont absolument étrangères à l’âme et au corps qui ont porté
Dieu.

La mort recule avec crainte.

A son seul aspect, la mort est saisie deffroi : instruite par sa défaite quand elle sattaqua à son Fils, la leçon de lexpérience la rendue prudente. Non, celle-ci na pas connu les sombres descentes de lHadès, mais la voie vers le ciel, droite, unie et facile, lui a été préparée. Si le Christ, qui est vie et vérité, a dit : « Où je suis, là aussi sera mon serviteur », comment sa Mère, bien davantage, nhabiterait-elle pas avec lui ? Lenfantement avait prévenu les douleurs, sans douleurs aussi fut son départ de cette vie. « La mort des pécheurs est funeste », mais pour celle en qui « laiguillon de la mort, le péché », a été tué, que dirons-nous, sinon que sa mort fut lentrée dans une vie immortelle et meilleure ? Précieuse, en vérité, la mort des saints du Seigneur Dieu des armées : plus que précieuse la migration de la Mère de Dieu.

Cité vivante de Dieu et Jérusalem céleste. Maintenant, que les cieux se r

éjouissent, que les anges applaudissent ! Maintenant, « que la terre exulte », que les hommes bondissent de joie ! Maintenant, que lair retentisse des chants de lallégresse, que la nuit obscure rejette la ténèbre sinistre et son manteau de deuil, mais que, brillante, elle imite l’éclat du jour avec des éclairs de feu. La vivante cité du Seigneur Dieu des armées est élevée dans les hauteurs, et les rois apportent un présent inestimable, du temple du Seigneur, lillustre Sion, dans la Jérusalem den haut, celle qui est libre, celle qui est leur mère : ceux que le Christ a établis chefs de toute la terre ? les Apôtres ? escortent la Mère de Dieu, la toujours Vierge.

II. LA TRADITION DE LEGLISE DE JERUSALEM
CONCERNANT LA DORMITION.
Dans la sainte Sion, centre de toutes les

églises.

4. Et ici, il ne me paraît pas déplacé de décrire par la parole, autant que cela
est possible, d
’évoquer et de faire revivre en un tableau les merveilles qui se sont accomplies à propos de cette sainte Mère de Dieu : cest une tradition dont on peut dire raisonnablement, et dune manière très générale, quelle nous est transmise de père en fils depuis une é
poque ancienne. Je me la repr

ésente, plus sainte que les saints, sacrée entre toutes, vénérable entre toutes, cette douce demeure de la manne, ou plutôt et plus véritablement, sa source, étendue sur un lit de repos, dans la divine et renommée cité de David, dans cette Sion illustre et couronnée de gloire, où fut menée à son terme la loi selon la lettre, et proclamé le nom de lesprit ; où le Christ législateur mit fin à la Pâque typique, et où le Dieu de lancienne et de la nouvelle Alliance a transmis la Pâque véritable ; où lAgneau de Dieu qui porte le péché du monde a initié ses disciples au repas mystique, et pour eux sest immolé comme le veau gras et a foulé la grappe de la vraie vigne. Là le Christ ressuscité des morts se fait voir aux Apôtres, et amène Thomas, et par lui lunivers, à croire quil est Dieu et Seigneur, ayant en lui deux natures, même après sa résurrection, avec deux opérations qui leur correspondent, et des décisions libres qui demeurent pour l’éternité. Cest là la métropole des églises, cest là le séjour des disciples. Là lEsprit très saint est survenu, avec grand bruit, multitude de langues et apparence de feu, et fut répandu sur les Apôtres. Là le héraut de la parole de Dieu, qui avait reçu chez lui la Mère de Dieu, subvenait à ses besoins. Cette demeure, qui est la mère des églises de la terre entière, devint la résidence de la Mère de Dieu après le retour de son Fils dentre les morts. Cest donc là que la bienheureuse Vierge reposait sur son lit trois fois béni.

5. Mais parvenu à ce point de mon discours, sil faut dévoiler mes sentiments
intimes, je suis consum
é dune vive ardeur et dun feu brûlant, saisi dun frisson avec des larmes de joie, comme si jembrassais en réalité ce lit bienheureux et aimable, débordant de merveilles, qui reçut la demeure d’où est sortie la vie, et qui à son contact a participé à sa sainteté. Cette demeure sacrée elle-même, sacro-sainte, digne de Dieu, il me semblait la tenir de mes mains, lentourer de mes bras. Les yeux, les lèvres, le front, le cou, les joues, appliqués à ces membres, j’ai eu le sentiment de toucher le corps comme s’il était présent, et cependant avec toute mon attention je n’ai pu voir de mes yeux ce que je désirais. Comment apercevoir ce qui a été emporté dans les hauteurs vers les parvis célestes Mais en voilà
assez sur ce point. Marie, reine des ap

ôtres, des prophètes et des anges, qui lentourent.

6. Quels honneurs lui furent alors rendus par lauteur de la loi qui prescrit
d
honorer ses parents ! Ceux qui

étaient dispersés sur toute l’étendue de la terre pour leur mission de pêcheurs dhommes, ceux qui, par les harmonies multiples et les langues variées de lEsprit, avec le filet de leur parole, ramenaient les hommes des abîmes de lerreur jusqu’à la table spirituelle et céleste du repas mystique, au festin sacré des noces spirituelles de l’époux céleste, que le Père célèbre avec une splendeur toute royale en lhonneur de son Fils, son égal en puissance et en nature, ? voici que par un ordre divin, la nuée les amenait, à la manière dun filet, vers Jérusalem, elle les pressait et les rassemblait, comme des aigles, des extrémités de la terre. « Là où est le corps, a dit le Christ qui est la vérité, les aigles se rassembleront. » Sans doute cette parole sapplique à la seconde parousie de celui qui la prononcée, parousie grandiose et manifeste, et à sa descente du ciel ; cependant il ne sera pas hors de propos de lemployer ici comme un agrément du discours. Ils étaient donc là, les témoins oculaires et les serviteurs de la Parole, pour servir aussi sa Mère, selon leur devoir, et pour puiser auprès delle la bénédiction, comme un magnifique et précieux héritage. Pour qui, en effet, est-ce une opinion douteuse, quelle soit la source de la bénédiction et la fontaine jaillissante de tous les biens ? Avec eux étaient leurs compagnons et leurs successeurs, pour avoir part à leur service comme à la bénédiction qu’ils en recevaient où le travail est commun, les fruits du travail le sont dans la même proportion. Et pareillement la communauté, élue de Dieu, de tous ceux qui séjournaient à Jérusalem.

Il convenait aussi que les principaux des anciens justes et des prophètes se joignissent à leur escorte, pour prendre part à cette garde sacrée, eux qui avaient annoncé davance que le Dieu Verbe devait naître de cette femme, à cause de nous, et devait prendre chair par amour pour les hommes. Mais l

assemblée même des anges n’était pas exclue. Tout être en effet qui obéissait au désir du Roi et méritait par là lhonneur de lassister, devait escorter aussi sa Mère selon la chair, celle qui est vraiment bienheureuse et bénie, celle qui lemporte sur toutes les générations et sur la création entière. Ils étaient tous auprès delle ; la lumière de lEsprit resplendissait, et ses rayons étincelants les éclairait, tandis quavec respect et crainte, immobiles dans une attitude damour, ils fixaient sur elle le pur regard de leur esprit.
Aucun
être ne faisait exception. Aucun, même parmi les plus élevés de ceux qui ne sont comparables à nul autre, ne refusa de sabaisser et de s
acquitter de tous ces services.

Tous célèbrent les merveilles de lamour divin et de lIncarnation. 7. Alors ce furent des paroles divinement inspir

ées et de divins entretiens.
Alors sans doute des hymnes dignes de Dieu se firent entendre, pour accompagner ce d
épart. Il fallait célébrer une fois de plus, à cette occasion, la bonté plus quinfinie, la grandeur au-dessus de toute grandeur, la puissance qui dépasse sans mesure toute puissance, et la sagesse de Dieu à notre égard, qui défie toute hauteur et toute grandeur, la richesse infinie de la bienveillance incompréhensible, l’abîme insondable de l’amour. Il fallait dire comment, sans abandonner sa propre majesté, le Verbe est descendu jusquau dépouillement doù sortirait son élévation, avec lassentiment bienveillant du Père et de lEsprit ; comment le Suressentiel a pris substance du sein dune femme, selon un mode suressentiel ; comment il est Dieu et sest fait homme, et demeure en même temps lun et lautre ; comment sans quitter la substance de la divinité, à la ressemblance de notre « condition », il a « participé à la chair et au sang » ; comment Celui qui remplit tout et porte lunivers par la parole de sa propre bouche, est venu habiter une étroite demeure ; comment enfin le corps de cette femme admirable, matière fragile et semblable à la paille, reçut le « feu dévorant » de la divinité en restant, comme lor pur, inconsumé. Cest par la volonté de Dieu que ces mystères se sont accomplis. Quand Dieu veut, toutes choses deviennent possibles ; rien nest réalisable si sa volonté s
y oppose.

Là-dessus, tous rivalisèrent de paroles, non pour lemporter les uns sur les autres ? ce qui serait dun esprit avide de vaine gloire, et loin de ce qui plaît à Dieu ?, mais afin que leur ardeur et leur force ne faiblissent en rien pour célébrer Dieu et honorer la Mère de Dieu. Invocations supr

êmes des saints et de toute lEglise.

8. Alors Adam et Eve, alors les ancêtres de notre race, de leurs lèvres
joyeuses, bien haut s
’écrièrent : Heureuse es-tu, ô fille, qui as aboli pour nous la peine de la transgression ! Tu as hérité de nous un corps périssable, et tu as porté dans ton sein, pour nous, un vêtement d’incorruptibilité. Vivre, voilà ce que tu as pris de notre chair, mais vivre heureux, voilà ce quen retour tu nous as donné ; tu as supprimé les douleurs, tu as brisé les liens de la mort. Tu as restauré notre ancienne demeure ; nous avions fermé le Paradis, toi, tu as ouvert à nouveau laccès de larbre de vie. Par notre faute, les biens s’étaient changés en peines : grâce à toi, de ces peines sont sortis, pour nous, de plus grands biens. Comment goûterais-tu la mort, ô toi qui es sans souillure ? Pour toi elle sera un pont qui conduit à la vie, une échelle vers le ciel ; la mort sera un passage à limmortalité. Oui, réellement, tu es heureuse, toi la tout heureuse ! Qui en effet, à moins d’être le Verbe, se fût offert à supporter ce que nous apprenons qu
il a accompli ?
Et tout le ch
œur des saints joignait ses applaudissements : Tu as réalisé nos prédictions, tu nous as apporté la joie attendue, puisque, grâce à toi, nous voilà affranchis des chaînes de la mort. Viens à nous, ô trésor divin et porteur de vie. Viens vers nous, qui te désirons, toi qui as comblé notre dé
sir ! Mais des paroles non moins pressantes la retenaient, celles de la multitude des saints qui l

entouraient, encore vivants dans leurs corps : Demeure avec nous, disaient-ils, toi notre consolation, notre seul réconfort sur la terre. Ne nous laisse pas orphelins, ô Mère, nous qui pour ton Fils compatissant affrontons le danger. Puissions-nous te garder comme repos dans nos peines, comme rafraîchissement de nos sueurs ! Si tu veux rester, tu en as le pouvoir, et si ton désir est de t’éloigner, rien ne tarrête. Si tu ten vas, toi la demeure de Dieu, laisse-nous partir avec toi, nous qui sommes appelés ton peuple à cause de ton Fils. En toi nous possédons la seule consolation qui nous soit laissée sur terre. Heureux de vivre avec toi si tu vis, de te suivre dans la mort si tu meurs ! Mais que disons-nous « si tu meurs » ? Pour toi, même la mort est une vie, et une vie meilleure, préférable, sans comparaison possible, à la vie présente. Mais pour nous la vie est-elle encore une vie, si nous sommes privés de ta compagnie ?

9. Telles étaient, jimagine, les paroles que les Apôtres, avec tout lensemble
de l
Eglise, adressaient à la bienheureuse Vierge. Mais quand ils virent la Mère de Dieu se hâter vers son départ dici-bas, et sy porter de tout son désir, ils se mirent à chanter des hymnes accordés à ce départ, soulevés quils étaient par la grâce divine, et prêtant leur bouche à lEsprit ; et, ravis hors de la chair, aspirant à sen aller avec la Mère de Dieu qui sen allait, ils devançaient leur propre départ, autant quils le pouvaient, par lintensité de leur désir. Lorsquils eurent tous satisfait à leur ferveur comme à leur devoir, et tressé de leurs hymnes sacrés une couronne de fleurs riches et variées, ils obtinrent leur part de bénédiction, comme un trésor venu de Dieu. Ils prononcèrent alors les paroles du départ et de lheure suprême : elles disaient, je le suppose, que la vie présente est fragile et passagère, et mettaient en lumière les mystères cachés des biens à
venir. Les Fils vient

à la rencontre de sa mère. La mort. 10. A ce moment certains faits durent survenir, en accord avec ces
circonstances et r
éclamés par elles, me semble-t-il : je veux dire la venue du Roi vers sa propre mère, pour accueillir, de ses mains divines et pures, sa sainte âme toute claire et immaculée. Et elle, sans doute, dit alors : Dans tes mains, mon Fils, je remets mon esprit. Reçois mon âme, qui test chère, et que tu as préservée de toute faute. A toi, et non à la terre, je remets mon corps ; garde sain et sauf ce corps en qui tu daignas habiter, et dont, en naissant, tu préservas la virginité. Emporte-moi près de toi, afin que là où tu es, toi le fruit de mes entrailles, je sois aussi, pour partager ta demeure ! Je mempresse de retourner à toi, qui descendis vers moi en supprimant toute distance. Quant à mes enfants très aimés, que tu as bien voulu appeler tes frères, console-les toi-même de mon départ. Ajoute à celle quils ont déjà une nouvelle bénédiction par limposition de mes mains. ? Et, levant les mains, on peut croire quelle bénit les assistants réunis. Après ces mots, elle entendit à son tour une voix : Viens ma mère bénie, « dans mon repos ». « Lève-toi, viens, ma bien-aimée », belle entre les femmes : « car voilà lhiver passé, et le temps de la taille des branches est venu. » « Belle est ma bien-aimée, et il ny a pas de défaut en toi. » « Lodeur de tes parfums surpasse tous les aromates ! »

Ces paroles entendues, la Sainte remet son esprit entre les mains de son Fils.

Le corps de la Vierge, source de bénédictions.

11. Et quadvient-il alors ? Je suppose les éléments ébranlés et bouleversés,
des voix, des rumeurs, des fracas, et, ainsi qu
il convient, les hymnes des anges qui précèdent, accompagnent et suivent. Les uns rendaient leurs devoirs et faisaient escorte à l’âme irréprochable de toute sainte, et laccompagnaient dans sa montée au ciel, jusquau trône royal où ils amenèrent la Reine, tandis que dautres se rangeaient en cercle autour du corps divin et sacré, et de leurs chants angéliques célébraient la Mère de Dieu. Quant à ceux qui se tenaient tout auprès de ce corps saint et sacré, avec crainte et ardent amour, avec des larmes dallégresse, ils entouraient ce divin et tout heureux tabernacle, ils lembrassaient, baisaient tous ses membres, ils touchaient ce corps, comblés à son contact de sainteté et de bénédiction. Alors les maladies étaient en fuite, les bandes de démons en déroute, de partout refoulées aux demeures souterraines. Lai, l’éther, le ciel étaient sanctifiés par la montée de lesprit, la terre par la déposition du corps. Leau elle-même ne fut pas exclue de bette bénédiction, car le corps est lavé dune eau pure, qui ne le purifie pas, mais est bien plutôt sanctifiée. Alors louïe était rendue aux sourds dans son intégrité, les pieds des boiteux saffermissaient, les aveugles retrouvaient la vue ; pour les pécheurs qui sapprochaient avec foi, le décret de condamnation était déchiré. Que supposer ensuite ? Dans des linges purs le corps pur est enveloppé, et la Reine est replacée sur un lit. Des flambeaux, des parfums, des chants funèbres lentourent ; dans la langue des anges, un hymne se fait entendre, tel quils peuvent le moduler, tandis que les Apôtres et les Pères tout remplis de Dieu chantent des cantiques divins composés par lEsprit.

« Transfert de larche. »

12. Cest alors que larche du Seigneur, ayant quitté la montagne de Sion,
port
ée sur les épaules glorieuses des Apôtres, est transférée dans le temple céleste par lintermédiaire du tombeau. Et dabord elle est conduite à travers la ville, comme une épouse dune parfaite beauté, ornée de l’éclat immatériel de lEsprit, et ainsi elle est amenée dans lenclos très saint de Gethsémani ; des anges la précèdent, laccompagnent, la couvrent de leurs ailes, avec lEglise en sa plé
nitude. Et comme le roi Salomon, pour faire reposer l

arche dans le temple du Seigneur, quil avait lui-même édifié, convoqua « tous les anciens dIsraël à Sion pour faire monter larche de lalliance du Seigneur, de la cité de David, qui est Sion » ? « et les prêtres portèrent larche et la tente du témoignage, et les prêtres et les lévites la firent monter ; et le roi et tout le peuple sacrifièrent devant larche bœufs et moutons en quantité innombrable ; et les prêtres apportèrent larche de lalliance du Seigneur à sa place, au Dabir du Temple, dans le Saint des saints, sous les ailes des chérubins » ? ainsi maintenant, pour faire reposer larche spirituelle, non de lalliance du Seigneur, mais de la Personne même du Verbe de Dieu, le nouveau Salomon lui-même, prince de la paix et Maître Ouvrier de lunivers, a convoqué aujourdhui les ordres hypercosmiques des esprits célestes et les chefs de la nouvelle alliance : les Apôtres, avec tout le peuple des saints qui se trouvaient à Jérusalem. Par les anges, il introduit l’âme au Saint des saints, dans les archétypes véritables et célestes, sur les ailes mêmes des animaux à quadruple figure, et l’établit près de son propre trône, à lintérieur du voile, où le Christ lui-même, en précurseur, a pénétré corporellement. Quant au corps, il est porté en procession tandis que le Roi des rois le recouvre de l’éclat de son invisible divinité, et que lassemblée entière des saints marche devant lui, pousse de saintes acclamations et offre « un sacrifice de louange », jusquau moment où il est introduit dans le tombeau comme dans une chambre nuptiale, et, à travers lui, dans les délices de lEden et dans les tabernacles célestes.

Légende du profanateur. 13. Des Juifs pouvaient se trouver l

à aussi, de ceux qui navaient pas perdu
tout jugement droit. Il n
est pas déplacé de mêler à notre récit, comme un condiment au repas, lhistoire qui court sur les lèvres dun grand nombre. On raconte quau moment où les porteurs du corps bienheureux de la Mère de Dieu commençaient à descendre la pente de la montagne, un Hébreu esclave du péché et lié par un pacte avec lerreur, imitant le valet de Caïphe qui avait souffleté le visage souverain et divin du Christ notre Dieu, et devenu linstrument du diable, dans un emportement téméraire et insensé, se jeta dun élan démoniaque sur cette demeure toute divine dont les anges sapprochaient avec crainte ; des deux mains saisissant le lit funèbre, dans l’égarement de sa folie, il voulu le faire tomber à terre : une attaque encore de la haine envieuse de lauteur du mal ! Mais le fruit de ses efforts le prévint, et il récolta un raisin amer digne de son entreprise. On raconte quil fut privé de lusage de ses mains, et lon pu voir celui qui de ses propres mains avait commis lindigne attentat, apparaître soudain mutilé, jusquau moment où, cédant à la foi et au repentir, il vint à résipiscence. Aussitôt en effet les porteurs du lit funèbre s’étaient arrêtés, et le malheureux aux mains mutilées, les ayant approchées de ce tabernacle, principe de vie et source de miracles, se retrouva sain et sauf. Cest ainsi que le malheur lui-même est capable denfanter de saines et de salutaires décisions. Mais revenons à notre ré
cit.

Assomption corporelle.

14. Ensuite le corps est porté au lieu très saint de Gethsémani. Ce sont
encore baisers et embrassements, encore louanges et hymnes sacr
és, invocations et larmes ; la sueur de langoisse et de la douleur s’épanche. Et ainsi le corps très saint est placé dans le glorieux et magnifique monument. De là, après trois jours, il est emporté dans les hauteurs vers les demeures cé
lestes.

III. CONVENANCE DE LASSOMPTION.
GRACES QUI DECOULENT DE CE MYSTERE.
Pourquoi l

Assomption ?

Il fallait en effet que cette demeure digne de Dieu, la source non creusée de main dhomme, doù jaillit leau qui remet les péchés, la terre non labourée, productrice du pain céleste, la vigne qui sans être arrosée donna le vin dimmortalité, lolivier toujours verdoyant de la miséricorde du Père, aux fruits magnifiques, ne subît pas lemprisonnement des abîmes de la terre. Mais de même que le corps saint et pur, que le Verbe divin, par elle, avait uni à sa Personne, le troisième jour est ressuscité du tombeau, elle aussi devait être arrachée à la tombe, et la mère associée à son Fils. Et comme il était descendu vers elle, ainsi elle-même, objet de son amour, devait être transportée jusque dans « le tabernacle plus grand et plus parfait », « jusquau ciel lui-même ». Il fallait que celle qui avait donn

é asile au Verbe divin dans son sein, vînt habiter dans les tabernacles de son Fils. Et comme le Seigneur avait dit quil devait être dans la demeure de son propre Père, il fallait que sa mère demeurât au palais de son Fils, « dans la maison du Seigneur, dans les parvis de la maison de notre Dieu. » Car si là est « la demeure de tous ceux qui sont dans la joie », où donc habiterait la cause de la joie ?

Il fallait que celle qui dans lenfantement avait gardé intacte sa virginité, conservât son corps sans corruption, même après sa mort. Il fallait que celle qui avait port

é petit enfant son Créateur dans son sein, vécût dans les tabernacles divins.

Il fallait que l’épouse que le Père s’était choisie vînt habiter au ciel la demeure nuptiale. Il fallait que celle qui avait contempl

é son Fils en Croix et reçu alors au cœur le glaive de douleur qui lavait épargnée dans son enfantement, le contemplât assis auprès de son Père.

Il fallait que la Mère de Dieu entrât en possession des biens de son Fils, et fût honorée comme Mère et servante de Dieu par toute la création. Lhéritage passe toujours des parents aux enfants ; ici cependant, pour emprunter lexpression dun sage, les sources du fleuve sacré remontent vers leur origine. Car le Fils a soumis à sa mère la création tout entière. R

éalisme de lIncarnation et de la maternité divine.

15. Eh bien donc, à notre tour, aujourdhui, célébrons la fête du départ de la
M
ère de Dieu, non point avec des flûtes ni des chants de corybantes, ni par les thiases orgiaques de celle quon appelle la Mère des dieux faussement nommés : les insensés, dans leurs imaginations fabuleuses, lui attribuent beaucoup denfants, alors que la vérité montre quelle nen eut aucun. Ce ne sont que des démons, des fantômes vains comme des ombres, qui feignent sottement ce quils ne sont pas, aidés en cela par la folie qui égare les hommes. Un être sans corps peut-il engendrer ? Comment sunirait-il à un autre ? Et comment appeler un dieu ce qui nexiste pas auparavant, et apparaît par la naissance ? Que la race des dieux, en effet, soit incorporelle, cest l’évidence pour tout homme, même pour ceux dont les yeux spirituels sont aveugles. Car Homère décrit ainsi, en un passage de ses œ
uvres la complexion des dieux qui sont dignes de lui : Ils ne mangent pas le pain, ni ne boivent le vin couleur de feu ; aussi sont-ils exsangues, et appel

és immortels.

Ils ne se nourrissent pas de pain, dit-il, ils ne boivent pas le vin qui donne la chaleur. Voilà pourquoi ils nont pas de sang et on leur donne le nom dimmortels. Il dit très justement : on les appelle. On les dit immortels ; mais ils ne sont pas ce que lon dit, car ils ont péri de male mort. Quant

à nous, comme celui que nous adorons est Dieu, un Dieu qui nest pas venu du non-être à lexistence, mais qui est éternel engendré de l’éternel, qui dépasse toute cause, parole, idée soit de temps soit de nature, cest la Mère de Dieu que nous honorons et vénérons. Nous ne voulons pas dire quil tienne delle la naissance intemporelle de sa divinité ? la génération du Verbe de Dieu est hors du temps et éternelle comme le Père. ? Mais nous confessons une seconde naissance, par incarnation volontaire, et de celle-ci nous connaissons la cause et nous la proclamons : il se fait chair, celui qui est éternellement incorporel, « à cause de nous et à cause de notre salut », pour sauver le semblable par le semblable. Et sincarnant, il naît de cette Vierge sacrée sans union humaine, restant lui-même Dieu tout entier, et tout entier devenu homme ; pleinement Dieu avec sa chair, et pleinement homme avec son infinie divinité. Cest en reconnaissant ainsi cette Vierge comme Mère de Dieu que nous célébrons sa dormition : nous ne lappelons pas une déesse ? loin de nous ces fables de limposture grecque ! ? puisque nous annonçons aussi sa mort. Mais nous la reconnaissons pour la Mère de Dieu incarné.

16. Célébrons-la aujourdhui, par des chants sacrés, nous qui avons été
enrichis au point d
’être le peuple du Christ et de porter ce nom ! Honorons-la par des stations nocturnes ! Réjouissons-la par la pureté de l’âme et du corps, elle qui réellement est plus pure que tous les êtres sans exception après Dieu : car le semblable se plaît au semblable. Rendons-lui hommage par notre miséricorde et notre compassion à l’égard des indigents. Si rien ne fait honneur à Dieu comme la miséricorde, qui contestera que sa Mère soit honorée par les mêmes sentiments, elle qui a mis à notre disposition cet abîme ineffable, l
amour de Dieu pour nous ? M

édiatrice de tous les biens.

Par elle nos hostilités séculaires avec le Créateur ont pris fin. Par elle notre réconciliation avec Lui fut proclamée, la paix et la grâce nous furent données, les hommes unissent leurs chœurs à ceux des anges, et nous voilà faits enfants de Dieu, nous qui étions auparavant un objet de mépris ! Par elle nous avons vendangé le raisin qui donne la vie ; delle nous avons cueilli le germe de lincorruptibilité. De tous les biens elle est devenue pour nous la médiatrice. En elle Dieu sest fait homme, et lhomme est devenu Dieu. Prosopop

ée du tombeau. Grâces et guérisons.

17. Et toi, le plus saint des tombeaux sacrés, du moins après le tombeau
vivifiant du Seigneur, qui fut le berceau de la R
ésurrection ? je madresserai à toi comme à un être vivant ?, où est lor dans alliage que les mains des Apôtres déposèrent en toi comme un trésor ? Où est la richesse inépuisable ? Où est lobjet précieux reçu de Dieu ? Où est la table vivante, le livre nouveau dans lequel, ineffablement, la Parole divine sest inscrite sans le secours de la main ? Où est labîme de la grâce, locéan des guérisons ? Où est la source génératrice de vie ? Où est le corps de la Mère de Dieu, objet de tant de vœux et de tant d
amour ? ? Pourquoi cherchez-vous dans un tombeau celle qui fut

élevée aux
demeures c
élestes ? Pourquoi me demander compte de sa perte ? Je nai pas le pouvoir de mopposer aux ordres divins. Laissant son linceul, le corps saint et sacré, qui ma communiqué sa sainteté, ma embaumé de son parfum et a fait de moi un temple divin, ce corps a été enlevé et sen est allé, escorté des anges, des archanges et de toutes les puissances célestes. Maintenant les anges mentourent. Maintenant en moi la divine grâce réside ? Me voici devenu pour les malades le remède qui chasse tous les maux. Je suis une source éternelle de guérison ; je suis la terreur qui met en fuite les démons ; je suis la ville de refuge pour ceux qui recourent à moi. Approchez avec foi, ô peuples, venez puiser le flot abondant des grâces. Armez-vous dune foi sans hésitation, et approchez. « Vous qui avez soif, venez vers les eaux », selon linvitation dIsaïe, « et vous tous qui navez pas dargent, venez et achetez gratuitement. » A tous jadresse lappel clamé par lEvangile : Celui qui a soif de la guérison des maladies, de la délivrance des passions de l’âme, de labsolution de ses péchés, de l’éloignement des épreuves de toutes sortes, du repos du Royaume des Cieux, avec foi quil avance vers moi, et quil puise les flots tout puissants et tout efficaces de la grâce ! De même en effet que la vertu de leau, comme celle de la terre, de lair, de l’éclatant soleil, tout en étant simple et une, sadapte à la nature différente des objets qui la partagent, et devient dans la vigne le vin, lhuile dans lolivier : ainsi la grâce, simple et une en elle-même, diversement et analogiquement, fait du bien à ceux qui la reçoivent, suivant les besoins de chacun. Ce nest point en vertu de ma nature que je possède la grâce. Tout sépulcre est plein dodeur fétide, cause de tristesse, ennemi de la joie. Mais jai reçu un parfum dun grand prix, et jai eu part à son arôme, parfum si odorant et si puissant quun léger contact en procure une participation impérissable. Oui, vraiment, « les dons de Dieu sont sans repentance. » Jai reçu chez moi une source de joie, et pour toujours jai été
enrichi de son jaillissement.

Extrait de lHistoire euthymiaque. 18. Vous voyez, chers p

ères et frères, tout ce que nous révèle ce tombeau
plein de gloire. Et comme preuve qu
il en est bien ainsi, voici ce qui est écrit en propres termes dans lHistoire euthymiaque, au troisiè
me discours, chapitre 40 :

On dit plus haut comment sainte Pulchérie éleva dans Constantinople de nombreuses églises au Christ. Lune delles est celle qui fut édifiée aux Blachernes au début du règne de Marcien, de divine mémoire. Ces souverains donc, ayant bâti en cet endroit un sanctuaire dédié à la glorieuse et toute sainte Théotokos, Marie toujours Vierge, et layant orné de tout le décor possible, étaient à la recherche de son corps très saint, qui avait reçu Dieu. Ils firent appeler larchevêque de Jérusalem, Juvénal, et les évêques de Palestine, qui se trouvaient alors dans la capitale à cause du concile qui s’était tenu à Chalcédoine, et ils leur dirent : « Nous apprenons quil y a, à Jérusalem, la première église de la toute sainte Théotokos et toujours Vierge Marie, magnifique entre toutes, à lendroit appelé Gethsémani, où le corps de cette Vierge, qui fut le séjour de la vie, fut déposé dans un cercueil. Or nous voulons faire venir ici cette relique pour la sauvegarde de cette capitale. » Prenant la parole, Juv

énal répondit : « Dans la sainte Ecriture inspirée de Dieu on ne raconte pas ce qui se passa à la mort de la sainte Théotokos Marie, mais nous tenons dune tradition ancienne et très véridique quau moment de sa glorieuse dormition, tous les saints Apôtres, qui parcouraient la terre pour le salut des nations, furent assemblés en un instant par la voie des airs à Jérusalem. Quand ils furent près delle, des anges leur apparurent dans une vision, et un divin concert des puissances supérieures se fit entendre. Et ainsi, dans une gloire divine et céleste, la Vierge remit aux mains de Dieu sa sainte âme dune manière ineffable. Quant à son corps, réceptacle de la divinité, il fut transporté et enseveli, au milieu des chants des anges et des Apôtres, et déposé dans un cercueil à Gethsémani, où pendant trois jours persévéra sans relâche le chant des chœurs angéliques. Après le troisième jour, ces chants ayant cessé, les Apôtres présents ouvrirent le cercueil à la demande de Thomas qui seul avait été loin deux, et qui, venu le troisième jour, voulu vénérer le corps qui avait porté Dieu. Mais son corps digne de toute louange, ils ne purent aucunement le trouver ; ils ne trouvèrent que ses vêtements funèbres déposés là, doù s’échappait un parfum ineffable qui les pénétrait, et ils refermèrent le cercueil. Saisis d’étonnement devant le prodige mystérieux, voici seulement ce quils pouvaient conclure : celui qui dans sa propre personne daigna sincarner delle et se faire homme, Dieu le Verbe, le Seigneur de la gloire, et qui garda intacte la virginité de sa Mère après son enfantement, celui-là avait voulu encore, après son départ dici-bas, honorer son corps virginal et immaculé du privilège de lincorruptibilité, et dune translation avant la résurrection commune et universelle.

Etaient présents alors avec les Apôtres, le saint apôtre Timothée, premier évêque dEphèse, et Denys lAréopagite, comme lui-même, le grand Denys, dans ses discours adressés au susdit apôtre Thimothée, au sujet du bienheureux Hiérothée, lui-même alors présent, en témoigne en ces termes :

« Même auprès de nos pontifes inspirés, en effet ? lorsque nous-mêmes, comme tu le sais, et lui et beaucoup de nos saints frères, nous nous réunîmes pour contempler le corps qui fut principe de vie, en présence aussi de Jacques, frère du Seigneur, et de Pierre, la plus haute et la plus ancienne autorité des théologiens, et lorsquon décida, après cette contemplation, que chacun de tous les pontifes célébrerait selon son pouvoir la bonté infiniment puissante de la force théarchique, ? après les théologiens, tu le sais, il dépassait tous les autres initiateurs sacrés, tout ravi, tout transporté hors de lui-même, subissant lemprise profonde de lobjet quil célébrait ; et tous ceux qui lentendaient, qui le voyaient, qui le connaissaient sans quil les reconnût, le tenaient pour un inspiré de Dieu et pour un divin auteur dhymnes. Mais à quoi bon tentretenir de ce qui fut alors dit de Dieu ? Car, si ma propre mémoire ne me trompe, je sais que jai entendu souvent de ta bouche des fragments de ces hymnes inspirés. »

A cette réponse, les souverains demandèrent à larchevêque Juvénal lui-même de leur envoyer, dûment scellé, ce saint cercueil avec les vêtements funèbres de la glorieuse et toute sainte Théotokos Marie, qui sy trouvaient. Layant reçu, ils le déposèrent dans le sanctuaire élevé aux Blachernes en lhonneur de la sainte Théotokos. Tels furent donc les faits. Imitation de la tr

ès sainte Vierge.

19. Et que dirons-nous, à notre tour au tombeau ? Ta grâce est inépuisable et
permanente, mais la puissance divine n
est pas limitée par les lieux, ni les bienfaits de la Mère de Dieu. Sils se bornaient au sépulcre, le don divin natteindrait que peu dhommes. Mais cest en toutes les régions du monde quils sont libéralement distribués. Ainsi donc, faisons de notre mémoire le trésor de la Théotokos. Comment y parvenir ? Elle est vierge, et amie de la virginité ; elle est chaste et amie de la chasteté. Si donc avec le corps nous purifions la mémoire, nous obtiendrons sa grâce qui viendra habiter chez nous. Elle évite toute souillure et se détourne de la fange des passions. Elle exècre lintempérance ; elle a horreur des convoitises de la honteuse fornication, dont elle fuit les impurs propos comme une engeance de vipè
res, elle repousse les paroles et les chants honteux et lascifs, et rejette les parfums des courtisanes. Elle d

éteste lenflure de lorgueil ; elle nadmet pas linhumanité ni les querelles. Elle repousse la vaine gloire qui se fatigue pour le néant. Elle soppose en adversaire au faste de la superbe. Elle déteste le souvenir des injures, cet ennemi du salut. Tous les vices, elle les tient pour poisons mortels, et prend sa joie dans leurs contraires. Car les contraires se guérissent par les contraires. Le jeûne, la maîtrise de soi, les chants des psaumes lui sont agréables. Avec la pureté, la virginité, la sagesse, elle se plaît, entretient avec elles une paix éternelle, les embrasse avec amour. Elle accueille la paix et lesprit de douceur, elle reçoit dans ses bras comme ses enfants, la charité, la pitié, lhumilité. Et pour tout dire en un mot, attristée et irritée par tout vice, elle se réjouit de toute vertu comme de sa grâce propre.

Si donc nous évitons avec courage nos vices passés, si nous aimons de toute notre ardeur les vertus et que nous les prenions pour compagnes, elle multipliera ses visites auprès de ses propres serviteurs, avec, à sa suite, lensemble de tous les biens ; et elle prendra avec elle le Christ son Fils Roi et Seigneur universel, qui habitera en nos cœurs. A Lui gloire, honneur, force, majesté et magnificence, avec le Père sans principe et le Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.

www.JesusMarie.com

Jean de Damas, Docteur de l’Eglise (+ 753)

4 décembre, 2007

du site: 

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/215/Saint-Jean-Damascene.html

Jean de Damas, Docteur de l’Eglise (+ 753)

Jean Mansour est né à Damas en Syrie, dans une famille de fonctionnaires des impôts, arabe et chrétienne. Son grand-père et son père ont servi successivement sous les Perses, les Byzantins et les Arabes. Mansour, à son tour, supervise durant des années, la perception des impôts que les chrétiens doivent à l’émir de Damas. Vers 720, le nouveau calife décide d’islamiser son administration et en chasse les chrétiens. Mansour a 45 ans et il est désormais sans travail. Cette liberté lui permet de se rendre en Palestine où il entre au monastère de Mar Saba (saint Sabas) entre Jérusalem et Bethléem. Devenu prêtre, il prend le nom de Jean et partage désormais sa vie entre la prédication à Jérusalem où le patriarche l’a choisi comme conseiller théologique et l’étude dans son monastère. Son principal écrit  » La source de la connaissance  » résume toute la théologie byzantine. Il est aussi un grand défenseur des Saintes Images lors de la première crise iconoclaste. On lui doit de nombreux tropaires, des hymnes et des poèmes. C’est lui composa le canon que la liturgie chante à Pâques et il rédigea la plus part des hymnes de l’Octoèque (hymnes pour les dimanches selon les huit tons musicaux) en l’honneur de la résurrection du Seigneur. Le Pape Léon XIII l’a proclamé docteur de l’Eglise en 1890.

A propos des icônes :  » Ce n’est pas la matière que j’adore mais le créateur de la matière qui, à cause de moi, s’est fait matière, a choisi sa demeure dans la matière. Par la matière, il a établi mon salut. En effet,  » le Verbe s’est fait chair et il a dressé sa tente parmi nous… Cette matière, je l’honore comme prégnante de l’énergie et de la grâce de Dieu.

Saint Jean Damascène-Discours sur les images

Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407)

3 octobre, 2007

du site: 

http://catho.org/9.php?d=oq

Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407) Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle (Jn 3,16).

Vous voyez la cause de l’avènement du Fils de Dieu: il est venu pour que tous ceux qui devaient périr trouvent, par la foi en lui, l’accès au salut. Qui aurait pu imaginer une générosité pareille, au-delà de tout éloge? Par le don du baptême, Dieu accorde à notre nature le pardon de tous nos péchés! Non seulement ici la pensée est impuissante, mais la parole est incapable de dénombrer les autres bienfaits de Dieu. Si nombreux qu’ils soient, je suis obligé d’en omettre encore davantage. Que serait-ce donc, si l’on songeait encore à ce chemin de la conversion que Dieu, dans son indicible amour des hommes, a donné au genre humain, ainsi qu’à ses prescriptions merveilleuses grâce auxquelles, si nous le voulons, même après le bienfait du baptême, nous pourrons attirer la grâce d’en haut! Vous voyez, mes enfants, l’abîme des bienfaits de Dieu! Vous voyez combien leur énumération est longue, bien que nous n’en ayons encore rappelé qu’une faible partie! Comment, en effet, le langage humain pourrait-il dénombrer tout ce que Dieu a fait pour nous? Mais si grands et si nombreux que soient ces bienfaits, ils sont plus ineffables et plus grands encore, ceux qu’il a promis pour la vie future à ceux qui marchent sur le chemin de la vertu. Et, pour nous montrer en peu de mots l’excès de leur grandeur, saint Paul nous dit: Ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le coeur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu (1Co 2,9). Voyez-vous l’excellence de ces bienfaits? Voyez-vous comme ils sont au-dessus de toutes les idées de l’homme? Ce que le coeur de l’homme n’avait pas imaginé, c’est l’expression de saint Paul. Si nous voulons récapituler toutes ces merveilles, si nous voulons en rendre grâce selon nos forces, nous pourrons attirer sur nous encore plus de grâces divines et grandir en vertu. Le souvenir des bienfa its de Dieu nous aide à affronter les labeurs de la vertu, à mépriser les biens terrestres, pour nous ouvrir à l’auteur de tous ces dons et augmenter, de jour en jour, l’amour que nous lui témoignons.

 Prière Dieu notre Père, tu as envoyé dans le monde ta Parole de vérité et ton Esprit de sainteté pour révéler aux hommes ton admirable mystère; donne-nous de professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, en adorant son Unité toute-puissante. Par Jésus Christ.

SERMON DE SAINT LÉON LE GRAND SUR LES BÉATITUDES: La pureté du coeur et la paix

10 septembre, 2007

deuxième lecture de Office de Lecture de ce matin, du site:

http://cnpl.cef.fr/PTP/interro.php

SERMON DE SAINT LÉON LE GRAND SUR LES BÉATITUDES (Editeur : P. Roguet)
La pureté du coeur et la paix.

C’est à juste titre que la béatitude de voir Dieu est promise à la pureté du coeur. En effet, un regard souillé ne pourra pas voir la splendeur de la vraie lumière et ce qui sera la joie des âmes limpides sera le châtiment des âmes boueuses. Il faut donc détourner ses yeux des vanités terrestres qui les obscurcissent et nettoyer notre oeil intérieur de toute souillure d’iniquité; c’est ainsi qu’un regard paisible se rassasiera de l’incomparable vision de Dieu.

Nous avons compris que la béatitude suivante nous enseigne comment mériter cela: Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Cette béatitude, mes bien-aimés, ne vient pas d’une entente banale ou d’une concorde quelconque, mais de celle dont l’Apôtre dit: Soyez en paix avec Dieu. Elle prophète David: Grande est la paix des amis de ta loi; pour eux, plus d’obstacle.

Même une amitié très étroite, même une parfaite unité d’esprit ne peuvent véritablement prétendre à cette paix, s’il n’y a pas accord avec la volonté de Dieu. On ne peut reconnaître la dignité de cette paix à une communauté de désirs malhonnêtes, à des complicités criminelles ou à des pactes conclus pour le vice. L’amour du monde n’est pas compatible avec l’amour de Dieu, et il ne peut entrer dans la société des fils de Dieu, celui qui ne brise pas avec son origine charnelle. Mais ceux dont l’âme est toujours unie à Dieu ont à coeur de garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix; ils ne s’écartent jamais de la loi éternelle, disant dans une prière pleine de foi: Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Les voilà, les pacifiques; les voilà, ceux qui sont unanimes dans le bien, qui ont un même coeur dans la sainteté, qui doivent être appelés éternellement fils de Dieu, héritiers avec le Christ. L’amour de Dieu et l’amour du prochain leur obtiendra de ne plus ressentir aucune opposition, de ne craindre aucun scandale ; mais, une fois terminé le combat de toutes les tentations, de se reposer dans la paix infiniment tranquille, la paix de Dieu, par notre Seigneur qui, avec le Père et l’Esprit Saint, vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

OEUVRES DE SAINT JÉRÔME – Correspondance

18 août, 2007

OEUVRES DE SAINT JÉRÔME – Correspondance, du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/jerome/correspondance/048.htm#_Toc63699058.

A MARCELLA. RÉPONSE A DIVERSES QUESTIONS SUR L’ÉCRITURE SAINTE.

Lettre écrite du monastère de Bethléem, en 396.

Vous me proposez de grandes questions, et en me les proposant vous m’instruisez moi; même et me retirez de mon apathie actuelle.

Vous me demandez d’abord quelles sont ces (531) choses dont parle saint Paul, « que l’oeil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, que le coeur de l’homme n’a jamais connues, et que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment? » Et comment cet apôtre a pu dire

« Mais pour nous, Dieu nous les a révélées par son Esprit ? » Car si Dieu les a révélées à saint Paul, pourquoi ne pourrions-nous pas comprendre ce que cet apôtre a depuis révélé lui-même aux autres?

Je vous réponds en peu de mots que nous ne devons point porter notre curiosité jusqu’à vouloir connaître ce que loeil n’a point vu, ce que l’oreille n’a point entendu et ce que le coeur de l’homme n’a jamais conçu. Car si l’on ignore ce que c’est, comment peut-on le comprendre? Nous ne saurions voir durant la vie présente ce que Dieu nous promet dans la vie future. « Quand on voit ce qu’on a espéré, » dit le même apôtre, « ce n’est plus espérance, » c’est une possession paisible et assurée de ce que l’on a espéré. Ainsi, vouloir comprendre des choses qui surpassent l’intelligence humaine, c’est colonie si quelqu’un disait : « Faites-moi voir ce qui est invisible, dites-moi ce qu’on ne peut entendre, expliquez-moi ce qu’aucun ne peut concevoir. » Saint Paul veut donc dire que les choses spirituelles sont entièrement au-dessus des sens et des pensées d’un homme mortel. « Si nous avons connu Jésus-Christ selon la chair, » dit cet apôtre, « maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière. » Saint Jean dit aussi dans une de ses épîtres : « Mes bien-aimés, nous sommes déjà enfants de Dieu, mais notre situation future n’est pas encore évidente. Nous savons que Jésus-Christ se montrera dans sa gloire, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » Parce que saint Paul dit que lui et les saints ont connu ces choses par la révélation du Saint-Esprit, il ne résulte pas qu’il les a lui-même révélées aux autres; car lorsqu’il fut ravi dans le paradis, « il y entendit des paroles ineffables qu’il n’a pu raconter aux autres, » autrement elles n’auraient pas été ineffables.Vous dites, en second lieu, que vous avez lu en passant dans mes ouvrages, que par les agneaux qui au jour du jugement seront

à la droite de Jésus-Christ et par les boucs qui seront à sa gauche, on doit entendre les chrétiens et les païens, et non pas les bons et les méchants. Je ne me rappelle pas avoir jamais avancé celte proposition, mais si elle m’avait échappé, je ne serais pas assez opiniâtre pour la soutenir. Je crois pourtant, si ma mémoire est fidèle, avoir traité cette question dans mon second livre contre Jovinien, et y avoir parlé aussi (ce qui est à peu près la même chose) de la séparation des bons chrétiens d’avec les mauvais. Nous pouvons donc passer cette difficulté, puisque je rai expliquée fort au long dans cet ouvrage.

Vous me demandez, en troisième lieu, comment on doit entendre saint Paul, quand il dit qu’à l’avènement du Sauveur quelques-uns « étant encore en vie seront emportés dans les nuées pour aller au-devant de lui, » et qu’ils ne seront point « prévenus par ceux qui seront morts en Jésus-Christ. » Vous voulez savoir s’ils iront au-devant de lui avec leurs corps, et s’ils ne mourront point auparavant, vu que Jésus-Christ lui-même est mort, et qu’Enoch et Elie, comme saint Jean le dit dans son Apocalypse, doivent aussi mourir, afin que personne n’échappe à l’inévitable mort.Pour peu qu’on veuille examiner toute la suite de ce passage, l’on verra que les saints qui vivront encore

à l’avènement du Sauveur iront au-devant de lui avec leurs corps; en sorte néanmoins que ces corps mortels, terrestres et corruptibles seront changés en des corps glorieux, incorruptibles et immortels, et revêtus, tout vivants qu’ils seront alors, de toute la gloire qu’auront ceux qui ressusciteront. C’est pourquoi l’apôtre saint Paul dit en un autre endroit : « Nous ne désirons pas d’être dépouillés de ce corps, mais d’être revêtus par-dessus, eu sorte que ce qu’il y a de mortel en nous soit absorbé par la vie; » c’est-à-dire que nous ne souhaitons pas que notre âme abandonne notre corps, mais que ce corps étant toujours uni à l’âme, soit revêtu d’une gloire qu’il ne possédait pas auparavant. Ce n’est point ici l’occasion de parler d’Enoch et d’Elie qui, selon l’Apocalypse, doivent prévenir l’avènement du Sauveur; car on ne peut expliquer ce livre de saint Jean que dans un sens spirituel; ou si l’on veut s’attacher à la lettre, on se trouve réduit à donner dans les visions et les fables des Juifs, qui prétendent qu’un jour on rebâtira leur ville de Jérusalem, qu’on (532) immolera des victimes dans le temple, et que le culte spirituel que nous rendons aujourd’hui à Dieu doit faire place à leurs anciennes cérémonies, qui n’ont rien que d’extérieur et de matériel.

La troisième difficulté que vous me proposez est sur ce passage de l’Evangile de saint Jean où Jésus-Christ ressuscité dit à Marie-Madeleine : « Ne me touchez pas, parce que je ne suis pas encore monté vers mon Père. » Vous êtes en peine de concilier ces paroles avec saint Matthieu qui rapporte que le Sauveur s’étant présenté devant les femmes qui le cherchaient dans le sépulcre, elles lui embrassèrent les pieds. Car enfin, dites-vous, toucher et ne point toucher sont deux choses entièrement opposées.Marie-Madeleine dont parle saint Jean est celle que J

ésus-Christ avait délivrée de sept démons, afin que « là où il y avait eu une abondance de péchés, il y eût une surabondance de grâces. »Or, comme elle prenait le Sauveur pour un jardinier, qu’elle lui parlait comme à un homme ordinaire, et qu’elle cherchait parmi les morts celui qui était vivant, ce ne fut pas sans raison que Jésus-Christ lui dit : « Ne me touchez pas; » car c’est comme s’il lui eût dit Vous ne croyez pas que je suis ressuscité, vous ne méritez pas de m’approcher, ni d’embrasser mes pieds, ni de m’adorer comme votre Seigneur, parce que d’après l’idée que vous avez de moi je ne suis pas encore monté vers mon Père. Quant aux autres femmes, comme elles le reconnaissaient pour le Seigneur, et qu’elles étaient persuadées qu’il était monté vers son Père, elles méritèrent de le toucher et de lui embrasser les pieds. Mais quand bien même ce serait la même femme qui, selon un évangéliste, aurait embrassé les pieds du Sauveur, et selon un autre ne les aurait point embrassés, il serait toujours fort aisé d’expliquer et de détruire cette contradiction apparente en disant que d’abord Jésus-Christ lui défendit de le toucher, parce qu’elle était incrédule, et qu’ensuite il lui permit parce qu’elle avait reconnu son erreur. C’est aussi de la sorte qu’on explique ce que l’Evangile dit des deux larrons qui furent crucifiés avec Jésus-Christ ; car selon saint Luc l’un d’eux se confessa, mais selon saint Matthieu et saint Marc, ils le blasphémèrent tous les deux.

Vous me demandez à la fin de votre lettre si notre Sauveur après sa résurrection conversa pendant quarante jours avec ses disciples, et si pendant tout ce temps il n’était point ailleurs, s’il montait au ciel ou s’il en descendait, sans priver ses apôtres de sa présence. Pour peu que vous pensiez que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, que c’est de lui qu’un prophète a dit, ou plutôt que c’est lui-même qui a dit par la bouche de ce prophète : « N’est-ce pas moi qui remplis le ciel et la terre, dit le Seigneur? » et ailleurs : « Le ciel est mon trône et la terre mon marche-pied; » et dans un autre endroit: « C’est lui qui tient le ciel et la terre dans le creux de sa main ; » et David dit aussi dans ses psaumes : « Où irai-je pour me dérober à votre Esprit, et où fuirai-je pour éviter votre face? Si je monte dans le ciel vous y êtes; si je descends dans l’enfer, vous y êtes encore; si je vais demeurer au-delà des mers; votre main même m’y conduira et ce sera votre droite qui me soutiendra ; » pour peu, dis-je, que vous réfléchissiez sur tous ces passages de lEcriture, vous n’aurez pas de peine à vous persuader due le Fils de Dieu, même avant sa ré. surrection, était tellement dans le corps dont il s’était revêtu qu’il ne cessait point d’être aussi dans son Père, renfermant tout le ciel par son immensité, pénétrant tout, contenant tout. Il est donc ridicule de croire que la puissance d’un Dieu, que le ciel ne saurait contenir, puisse être renfermée dans les bornes étroites d’un corps humain. Néanmoins ce Verbe divin qui remplissait tout, était en même temps tout entier dans le Fils de l’Homme, parce que le Verbe de Dieu, selon sa nature divine, ne peut ni être coupé par parties, ni séparé par la distance des lieux. Comme il est partout, il y est aussi tout entier. Ainsi durant. les quarante jours d’après sa résurrection, il était en même temps avec ses apôtres, et avec les anges, et avec son Père. Il occupait les extrémités de la mer et tous les lieux de la terre. Il était dans les Indes avec saint Thomas, à Home avec saint Pierre, dans l’Illyrie avec saint Paul, dans l’île de Crète avec Tite, dans l’Achaïe avec saint André, dans chaque pays avec les apôtres et les hommes apostoliques. Or, quand on dit qu’il abandonne les uns et qu’il n’abandonne pas les autres, ce n’est pas que sa nature soit bornée; mais c’est qu’il demeure avec nous et qu’il s’en éloigne selon nos mérites divers.

Père Apostolique: lettre de Clemént de Rome et introduction à la Didaché

13 juillet, 2007

renseignements ont été demandés sur les Pères Apostoliques, je propose de nouveau, Clément I, brièvement  parce que présenté par le Pape, les deux premiers écrits des Pères Apostoliques sont le Didaché et Clément Romain dont je propose la lecture du bureau de ce mati; du Didaché j’offre seulement une introduction, puis je verrai si continuer parce qu’ils sont très intéressants et instructifs,

introduction à la Didachè du site:

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Textes/index.html

La Didachè est un petit livre qui fut écrit en langue grecque, sans doute en Syrie, vers la fin du premier siècle ou au début du deuxième siècle de notre ère. Elle a été de bonne heure l’objet d’une grande vénération, à tel point que pendant un temps on la lisait, avec les Epîtres, aux cultes de la primitive Eglise.
Les Pères de l’Eglise (Saint Irénée, Clément d’Alexandrie, Athanase, Origène, etc…) l’ont très fréquemment citée, ainsi que Eusèbe, l’auteur de l’Histoire ecclésiastique. Enfin elle fut traduite en latin et en arabe.
Soudainement elle disparut et, pendant des siècles, on n’avait pas de raison d’espérer la retrouver, lorsque M. Philothée Bryennios, patriarche de Nicomédie, alors qu’il était évêque de Sérès (Macédoine) et doyen de l’Ecole du Phanar, à Constantinople, en découvrit le manuscrit, vers 1873, dans la Bibliothèque du Saint-Sépulcre – laquelle se trouve dans le palais du Phanar, bien qu’appartenant au patriarcat de Jérusalem.
Le manuscrit retrouvé, d’une belle écriture cursive, a été copié à Jérusalem en 1056, par « Léon, scribe et pécheur ». M. Bryennios en a donné, en 1883, une édition très remarquable, avec introduction et commentaires. La découverte a eu un retentissement énorme. Par la suite, et jusqu’à ces derniers temps, il a paru sur la Didachè un nombre considérable d’études, dont beaucoup sont accompagnées de traductions.
Ce qui fait le grand intérêt de la Didachè, c’est qu’elle est le premier document extra-canonique du christianisme primitif, pratiquement contemporain des livres qui composent le Nouveau Testament. Selon les historiens qui ont cherché à fixer la date de sa rédaction, celle-ci se situerait entre les points extrêmes de 70 et 150.
Le mot grec Didachè, ou Didakhè, signifie Enseignement, ou Doctrine. Le manuscrit retrouvé est intitulé : Enseignement des douze Apôtres. En dehors de cette indication du titre, les douze apôtres ne sont jamais mentionnés dans le texte lui-même. Cela fait supposer que ce titre est dû à un copiste.

Emile Besson

Clement du site:

http://www.etudes-sacerdoce.org/vatican/index.php/Peres-apostoliques

Portrait du Pape Saint Clement

merrcredi 7 mars 2007

A l’occasion de l’audience générale, tenue Salle-Paul VI devant 16.000 personnes, le Pape a repris sa catéchèse sur les origines de l’Eglise et les pères apostoliques, évoquant saint Clément, le troisième successeur de Pierre (fin du I siècle). Comme en fait foi saint Irénée de Lyon, cet évêque de Rome avait connu les Apôtres, « ayant encore leur prédication en mémoire et leur tradition sous les yeux ».

Auteur de la célèbre Epître aux Corinthiens, qui constitue « la première application du primat romain après la disparition de Pierre », Clément y expose « la dialectique théologique, toujours actuelle, entre indicatif de salut et impératif moral ». Il invite aussi à répondre « à l’annonce du salut par un engagement solide dans la conversion ».

L’Epître permet à Clément de développer l’identité de l’Eglise et sa mission. En rappelant l’ancienne liturgie d’Israël, il révèle son idéal d’Eglise où « la nette distinction entre laïcs et n’est pas opposition mais articulation d’un corps, d’un organisme aux fonctions variées ».

Pour le Pape Clément l’Eglise « ne peut être un espace confus ou anarchique mais…un corps ordonné dans lequel chaque membre accomplit une mission selon sa vocation propre ». Sa structure est sacramentale et non politique. C’est de la volonté divine, exprimée dans la liturgie, que découlent -a ajouté Benoît XVI- toutes nos positions ».

La grande prière finale du texte de saint Clément de Rome revêt une grande importance. L’invocation pour les gouvernants, a souligné le Saint-Père, qui « après les textes de l’Ancien Testament constitue la plus ancienne prière en faveur des pouvoirs publics » contient « un l’enseignement guidant les chrétiens depuis des siècles dans leur rapport à la politique et à l’état ».

Clément écrit peu après la mort de l’empereur Domitien, alors que la communauté chrétienne était très divisée, Clément demanda que l’on prie pour les institutions politique. « Cela prouve -a précisé le Saint-Père- qu’après les persécutions les chrétiens priaient pour ceux mêmes qui les avaient pourchassés ».

« En priant ainsi pour les autorités, Clément reconnaît la légitimité des autorités et de l’ordre politique établis par Dieu, tout en exprimant le désir de voir le pouvoir s’exercer dans la paix et la mansuétude. César n’est pas tout, il existe une souveraineté supérieure de la vérité que l’état doit reconnaître ».

Avant l’audience Salle-Paul VI, le Pape avait salué en la basilique vaticane les pèlerinages des diocèses du Piémont et du Val d’Aoste (Italie), dont les évêques sont à Rome pour la visite Ad Limina.

Evoquant la difficulté à annoncer et à témoigner de l’Evangile dans notre société, Benoît XVI a encouragé les pasteurs à faire en sorte que leurs communautés soient « fidèles au Seigneur, qu’elles mettent en œuvre leurs richesses spirituelles et leurs charismes respectifs. Aucune difficulté -a-t-il précisé- ne doit nous séparer de l’amour de Dieu… Ainsi les forces unies des évêques, des prêtres, des personnes consacrées et de laïcs, témoigneront-elles clairement de votre adhésion commune au Christ et votre engagement à bâtir l’Eglise dans la charité et la vérité ».

Portrait du Pape Saint Clement (mercredi 7 marz 2007)

A l’occasion de l’audience générale, tenue Salle-Paul VI devant 16.000 personnes, le Pape a repris sa catéchèse sur les origines de l’Eglise et les pères apostoliques, évoquant saint Clément, le troisième successeur de Pierre (fin du I siècle). Comme en fait foi saint Irénée de Lyon, cet évêque de Rome avait connu les Apôtres, « ayant encore leur prédication en mémoire et leur tradition sous les yeux ».

Auteur de la célèbre Epître aux Corinthiens, qui constitue « la première application du primat romain après la disparition de Pierre », Clément y expose « la dialectique théologique, toujours actuelle, entre indicatif de salut et impératif moral ». Il invite aussi à répondre « à l’annonce du salut par un engagement solide dans la conversion ».

L’Epître permet à Clément de développer l’identité de l’Eglise et sa mission. En rappelant l’ancienne liturgie d’Israël, il révèle son idéal d’Eglise où « la nette distinction entre laïcs et n’est pas opposition mais articulation d’un corps, d’un organisme aux fonctions variées ».

Pour le Pape Clément l’Eglise « ne peut être un espace confus ou anarchique mais…un corps ordonné dans lequel chaque membre accomplit une mission selon sa vocation propre ». Sa structure est sacramentale et non politique. C’est de la volonté divine, exprimée dans la liturgie, que découlent -a ajouté Benoît XVI- toutes nos positions ».

La grande prière finale du texte de saint Clément de Rome revêt une grande importance. L’invocation pour les gouvernants, a souligné le Saint-Père, qui « après les textes de l’Ancien Testament constitue la plus ancienne prière en faveur des pouvoirs publics » contient « un l’enseignement guidant les chrétiens depuis des siècles dans leur rapport à la politique et à l’état ».

Clément écrit peu après la mort de l’empereur Domitien, alors que la communauté chrétienne était très divisée, Clément demanda que l’on prie pour les institutions politique. « Cela prouve -a précisé le Saint-Père- qu’après les persécutions les chrétiens priaient pour ceux mêmes qui les avaient pourchassés ».

« En priant ainsi pour les autorités, Clément reconnaît la légitimité des autorités et de l’ordre politique établis par Dieu, tout en exprimant le désir de voir le pouvoir s’exercer dans la paix et la mansuétude. César n’est pas tout, il existe une souveraineté supérieure de la vérité que l’état doit reconnaître ».

Avant l’audience Salle-Paul VI, le Pape avait salué en la basilique vaticane les pèlerinages des diocèses du Piémont et du Val d’Aoste (Italie), dont les évêques sont à Rome pour la visite Ad Limina.

Evoquant la difficulté à annoncer et à témoigner de l’Evangile dans notre société, Benoît XVI a encouragé les pasteurs à faire en sorte que leurs communautés soient « fidèles au Seigneur, qu’elles mettent en œuvre leurs richesses spirituelles et leurs charismes respectifs. Aucune difficulté -a-t-il précisé- ne doit nous séparer de l’amour de Dieu… Ainsi les forces unies des évêques, des prêtres, des personnes consacrées et de laïcs, témoigneront-elles clairement de votre adhésion commune au Christ et votre engagement à bâtir l’Eglise dans la charité et la vérité ».

Office des Lectures du vendredi 13 juillet 2007 – lettre de Clément de Rome aux Corinthiens

13 juillet, 2007

du site:

http://www.prieravecleglise.fr/

Office des Lectures du vendredi 13 juillet 2007
de la férie – 14ème semaine du temps ordinaire

deuxième lecture

LETTRE DE SAINT CLÉMENT DE ROME AUX CORINTHIENS (Editeur : Sources Chrétiennes)
L’accomplissement de l’amour

Vous voyez, mes bien-aimés, combien l’amour est quelque chose de grand et d’admirable: il est impossible d’expliquer sa perfection. Qui sera capable d’y être trouvé par Dieu, sinon ceux qu’il en a rendus dignes? Prions donc, et demandons à sa miséricorde de nous trouver dans l’amour, purs de tout parti pris humain, et irréprochables. Depuis Adam jusqu’aujourd’hui, toutes les générations ont disparu; mais ceux qui, par la grâce de Dieu, ont obtenu la perfection de l’amour, demeurent dans le séjour des saints, qui seront manifestés lorsque le Christ, dans son règne, viendra nous visiter. Comme dit l’Ecriture: Entrez un instant dans vos chambres, jusqu’à ce que ma colère et ma fureur soient passées. Je tiendrai compte d’un jour de fête et je vous ferai sortir de vos tombeaux.

Heureux sommes-nous, mes bien-aimés, si nous accomplissons les commandements de Dieu dans la concorde qui vient de l’amour, pour, que nos péchés soient pardonnés à cause de l’amour. L’Ecriture dit en effet: Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, dont les péchés sont effacés. Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute aucune faute et dont la bouche ignore le mensonge. Cette béatitude concerne ceux que Dieu a élus par Jésus Christ notre Seigneur. A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Toutes nos chutes, toutes les fautes que nous avons commises sous les assauts de l’Adversaire, demandons qu’elles nous soient pardonnées. Quant à ceux qui ont été les meneurs de la révolte et du schisme, ils doivent considérer quelle est notre commune espérance. Car ceux qui vivent dans la crainte et la charité préfèrent subir eux-mêmes des mauvais traitements que de les voir infliger à leur prochain, et ils préfèrent que la condamnation tombe sur eux plutôt que sur la concorde qui nous vient d’une tradition belle et juste. Il vaut mieux confesser ses fautes qu’endurcir son coeur. ~

Qui donc, parmi vous, est généreux, compatissant, tout rempli d’amour? Qu’il dise « Si, à cause de moi, il y a révolte, disputes, divisions, je pars ; j’irai où vous voudrez, j’obéis à ce que l’assemblée ordonnera; tout ce qu’il faut, c’est que le troupeau du Christ, avec les presbytres en place, vive dans la paix.» En agissant ainsi, il acquerra une grande gloire dans le Christ et il sera bien reçu partout. En effet, la terre est au Seigneur, avec tout ce qu’elle contient. Voilà comment agissent et agiront ceux qui vivent en sujets de la cité de Dieu, ce qu’ils n’auront jamais a regretter.

Chercher l’EspritVoici un texte de saint Bernard de Clairvaux, au XIIe siècle, pour faire grandir en nous le désir de l’Esprit

11 juillet, 2007

 du site:

http://www.inxl6.org/article3279.php

Repères > Réflexions

Chercher l’EspritVoici un texte de saint Bernard de Clairvaux, au XIIe siècle, pour faire grandir en nous le désir de l’Esprit.

Bernard de Clairvaux
26/05/2007

Cherchons l’Esprit, frères, mettons tout notre soin à posséder avec plus d’abondance celui que nous avons déjà. Car celui qui ne possède pas l’Esprit du Christ, celui-là ne lui appartient pas. « Quand à nous, nous n’avons pas reçu l’esprit de ce monde, mais l’Esprit de Dieu, pour connaître les dons que Dieu nous a faits ». Le témoignage de sa présence, ce sont les œuvres de salut et de vie que nous ne pourrions nullement accomplir si l’Esprit qui vivifie, l’Esprit du sauveur n’était présent. Cherchons donc à obtenir que Dieu multiplie en nous ses dons, qu’il augmente en nous son Esprit, Lui qui déjà nous en a donné les prémices. En effet, de sa présence, il n’est pas de plus sûr témoignage que le désir d’une grâce plus grande, puisqu’il dit lui-même : « Ceux qui me mangent auront encore faim ; ceux qui me boivent auront encore soif » (Si 24,21). Mais peut-être beaucoup déjà me répondent en eux-mêmes : « Nous désirons en, en vérité, l’Esprit pour qu’il vienne en aide à notre faiblesse, mais nous ne pouvons le trouver ». Et moi je dis : « Vous ne trouvez pas parce que vous ne cherchez pas ; vous ne recevez pas, pour la raison que vous demandez avec négligence ». En effet, Dieu n’attend rien d’autre, il ne cherche rien d’autre que d’être recherché avec zèle et désir. Donc quand opposera-t-il un refus à ceux qui demandent, Lui qui provoque même ceux qui ne demandent pas et les exhorte à demander ? « si vous, dit-il, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos fils, combien plus votre Père du ciel donnera-t-il l’Esprit bon à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11,13). demandez donc, frères, demandez sans relâche, demandez sans hésitation, et, dans toutes vos actions, implorez la présence et le secours de cet Esprit très doux. cherchons cet Esprit, frères, mettons tout notre soin à posséder avec plus d’abondance celui que nous avons déjà !

Sermon 2 pour saint André

SERMON DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 32 (Editeur : P. Roguet)

10 juillet, 2007

celle-ci est la seconde lecture de l’Office des lectures de ce matin, comme toujours Agustin m’enseigné et m’ému, du site:

http://www.prieravecleglise.fr/

SERMON DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 32 (Editeur : P. Roguet)
«Un seul baptême; un seul Dieu et Père…»

Mes frères, nous vous exhortons très vivement à la charité: non seulement envers vous-mêmes, mais aussi envers ceux qui sont au dehors; qu’ils soient encore païens, ne croyant pas encore au Christ, ou bien qu’ils soient séparés de nous, reconnaissant le même chef tout en étant retranchés du corps. Bon gré mal gré, ils sont nos frères. Ils cesseraient d’être nos frères s’ils cessaient de dire : Notre Père.

Le prophète a dit, de certains d’entre eux: A ceux qui vous disent: «Vous n’êtes pas nos frères», répondez: « Vous êtes nos frères». Cherchez de qui il pouvait dire cela? Serait-ce des païens? Non, car nous ne disons pas qu’ils sont nos frères, selon les Écritures et selon le langage de l’Église. Parlait-il des Juifs, qui n’ont pas cru au Christ? Lisez saint Paul, et vous verrez que le mot «frères», quand l’Apôtre l’emploie tout court, ne peut s’entendre que des chrétiens. ~ Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère? Et toi, pourquoi méprises-tu ton frère? Et dans un autre passage: Vous commettez l’injustice et la fraude, et cela contre des frères!

Les donatistes qui disent: « Vous n’êtes pas nos frères» nous traitent donc de païens. C’est pourquoi ils veulent nous rebaptiser, car ils affirment que nous n’avons pas ce qu’ils nous donnent. De là découle leur erreur, de nier que nous soyons leurs frères. Mais pourquoi le Prophète nous a-t-il dit: Vous leur répondrez: « Vous êtes nos frères», sinon parce que nous reconnaissons en eux le baptême que nous ne réitérons pas. Eux donc, en ne reconnaissant pas notre baptême, nient que nous soyons leurs frères; nous, en ne le réitérant pas sur eux, mais en reconnaissant le nôtre, nous leur disons: « Vous êtes nos frères.  »

Ils diront: «Que nous demandez-vous? Que nous voulez vous?» Répondons: Vous êtes nos frères. Ils diront « Laissez-nous tranquilles, nous n’avons rien à faire avec vous.» Mais nous, nous avons parfaitement à faire avec vous: nous confessons un seul Christ, nous devons être dans un seul corps, sous un seul chef. ~

Nous vous adjurons donc, mes frères; par cette tendresse de charité nourrissante comme le lait, fortifiante comme le pain, par le Christ notre Seigneur, par sa douceur, nous vous adjurons! Il est temps, en effet, que nous leur prodiguions une grande charité, une abondante miséricorde, en implorant Dieu pour eux: qu’il leur donne un jour du sang-froid, pour qu’ils se reprennent et qu’ils voient que leurs attaques contre la vérité sont sans aucun fondement; il ne leur reste que la maladie de leur animosité, qui est d’autant plus malsaine qu’elle s’imagine avoir plus de forces. Nous vous adjurons, dis-je, pour ces malades, soi-disant sages, mais d’une sagesse naturelle et charnelle; ils sont pourtant nos frères. Ils célèbrent les mêmes sacrements, et bien qu’ils ne les célèbrent pas avec vous, ce sont bien les mêmes; ils répondent un même: Amen, et si ce n’est pas avec nous, c’est bien le même. Priez Dieu pour eux, du plus profond de votre charité.

R/Il y a un seul pain,
et nous sommes tous un seul corps,
car nous avons tous part à un seul pain.

L’amour dont nous aimons,
n’est-il pas communion à l’amour du Christ ?

Garde-nous, Seigneur,
dans l’unité de l’Esprit, par le lien de la paix.

Oraison : Fais-nous vivre à tout moment, Seigneur, dans l’amour et le respect de ton saint nom, toi qui ne cesses jamais de guider ceux que tu enracines solidement dans ton amour.

Que le Seigneur nous bénisse,
qu’il nous garde de tout mal,
et nous conduise à la vie éternelle. Amen.

Saint Jean Chrysostome – QU’IL NE FAUT PAS DÉSESPÉRER DE SOI-MÊME…

5 juillet, 2007

du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/index.htm

Saint Jean Chrysostome

HOMÉLIE SUR CE SUJET : QU’IL NE FAUT PAS DÉSESPÉRER DE SOI-MÊME NI PRIER CONTRE SES ENNEMIS ni se décourager quand la prière n’est pas exaucée, et que les maris doivent vivre en paix avec leurs femmes.

ANALYSE.

1° L’orateur éprouve de la joie en voyant les fruits de componction produits par son dernier discours. — 2° Pour bien prier il faut se souvenir de ses péchés et ne pas se souvenir de ses bonnes actions. — 3° Quand Dieu veut faire un grand miracle, il prépare le monde par des figures. Ainsi des femmes stériles enfantent pour disposer les esprits à croire l’enfantement virginal ; ainsi Jonas rejeté par la baleine figure le Christ sortant vivant des entrailles de la mort. La mort avait avalé la pierre angulaire, elle n’a pu la digérer, elle l’a rejetée et avec elle tout le genre humain. — 4° Sarra, figure de l’Eglise. — 5°- 6° Déductions morales à tirer de ses dogmes. — 7° – 8° Une épouse doit être tolérée malgré ses défauts. Puissance de la prière.

1. Je vous suis très-reconnaissant du bon accueil que vous avez fait à mon sermon sûr la prière; vous m’avez rendu bienheureux, car bienheureux est l’orateur à qui l’on prête l’oreille. (Eccl. XXV, 12.) Ce ne sont pas seulement vos applaudissements et vos éloges qui m’ont prouvé votre attention, mais c’est la conduite que je vous ai vu tenir. En effet, quand je vous défendais de prier contre vos ennemis, ajoutent que ceux qui le font irritent Dieu et vont à l’encontre de sa loi (car, puisqu’il a dit : Priez pour vos ennemis (Math. V, 44), si nous prions contre eux, nous lui demandons de violer lui-même sa loi ; pendant .que je parlais ainsi, je voyais beaucoup d’entre vous qui se frappaient la figure et la poitrine, en versant des larmes amères, et qui levaient les mains au ciel pour implorer le pardon de semblables prières. Alors, levant moi-même mes regards vers Dieu, je lui ai rendu grâces des fruits si rapides qu’avait produits mon discours. En effet, telle est la semence spirituelle, elle n’a pas besoin d’années, de temps ni de jours, mais quand elle pénètre une âme généreuse; elle donne sans retard des épis vigoureux et parfaits; voilà ce, qui s’est passé hier pour vous. J’avais semé la componction et j’ai recueilli les gémissements de la confession, gémissements qui sont les richesses des gens de bien. Car, si ce publicain en se frappant la poitrine et en disant : Soyez propice à un pécheur comme moi (Luc, XXV, 25), se retira plus justifié que le pharisien, quelle indulgence. ne devons-nous pas:attendre pour avoir montré tant de componction en si peu de temps? Observez qu’il n’est rien de pire qu’un publicain, c’est la limite du mal; aussi, quand le Christ vent indiquer ce qu’il y a de plus mauvais, il cite toujours la courtisane et le publicain. En lui, en effet, se trouvent la violence sans crainte, la rapine sans répression, l’avarice sans honte, le trafic sans raison, le négoce sans pudeur. Cependant, celui qui avait (276) vécu au milieu de toutes ces infamies, a pu les réparer avec quelques mots seulement, et recevoir même plus qu’il n’avait demandé. Car, il avait dit : Soyez propice à un pécheur comme moi, et Dieu non-seulement lui a été propice, mais l’a justifié plus que le pharisien. Aussi, Paul dit-il : Il peut tout faire de manière à dépasser nos prières et nos pensées. (Eph. III, 20.) Cependant, le pharisien avait prié, il s’était tenu dans le temple, il avait invoqué le même Dieu, il avait dit plus de paroles et commencé sa prière par une action de grâces. D’où vient, cependant, qu’il a perdu les biens qu’il possédait, tandis que l’autre a obtenu la grâce qui lui manquait? C’est que la manière de prier n’était pas la même. L’une des prières était pleine d’arrogance, de faste et d’orgueil, l’autre de franchise. Ainsi celui qui succombait sous le poids d’innombrables péchés, s’en est vu complètement délivré; celui qui arrivait avec un navire chargé de bonnes actions, d’aumônes, de jeûnes; se brisant sur l’écueil de l’orgueil et de la vaine gloire a fait naufragé dans le port: car se perdre par une prière c’est échouer au port. Cependant cela n’arrive point par la nature de la prière , mais par la faute ,de notre volonté.

2. Vous voyez donc que pour notre salut la prière ne suffit pas, mais encore qu’il faut prier suivant les lois que le Christ a établies. Or, quelles lois a-t-il établies? De prier pour nos ennemis, même pour ceux qui nous affligent le plus. Faute de le faire, nous nous perdons entièrement, comme le prouve l’exemple du pharisien. Eh bien! si cet homme, qui n’avait point prié contre ses ennemis, mais qui n’était coupable que de vanité, a été ainsi puni, quel supplice attend ceux qui ‘ne tarissent pas lorsqu’ils parlent contre leurs ennemis ! Que fais-tu donc, mon ami? Tu viens pour demander pardon de tes péchés et tan âme est pleine de colère ? Lorsque nous devrions être plus doux que jamais, puisque nous parlons au Seigneur, que nous implorons pour nos péchés sa miséricorde, sa clémence et son pardon, c’est alors que nous nous irritons, que nous ressemblons à une bête furieuse, et que notre bouche se remplit de fiel? Et comment pourrons-nous, dis-moi, obtenir notre salut si, tout en prenant une attitude suppliante, nous proférons des paroles insensées, et si nous irritons le Seigneur contre nous? Tu es venu pour guérir tes blessures et non pour envenimer celles de ton prochain : c’est le moment de l’expiation, de la prière et des gémissements, non celui de la colère; celui des larmes, et non de la fureur; celui de la componction et non de l’indignation. Pourquoi tout bouleverser? pourquoi te faire la guerre à toi-même? pourquoi détruire ta propre maison? L’homme qui prie doit avant tout avoir l’âme adoucie, l’esprit apaisé, le coeur contrit : ruais celui qui crie contre ses ennemis, ne retirera aucun fruit de sa prière; il ne pourra jamais s’y appliquer avec le calme nécessaire.

Ainsi nous ne devons pas prier contre nos ennemis, mais nous ne devons pas non plus nous souvenir de nos bonnes actions, de peur qu’il ne nous arrive la même chose qu’au pharisien. Car s’il est bon de nous rappeler nos péchés, il n’est pas moins bon d’oublier nos bonnes actions. Pourquoi cela? Parce que le souvenir de nos bonnes actions nous entraîne à l’orgueil, tandis que le souvenir de. nos péchés nous inspire le mépris de nous-mêmes et l’humilité : ainsi l’un nous rend plus négligents et l’autre plus diligents. Car ceux qui pensent n’avoir aucun bien, deviennent plus actifs pour en acquérir : ceux qui croient posséder beaucoup se fient à leur richesse, ne montrent guère d’empressement pour en acquérir davantage.

3. Oubliez donc vos bonnes actions afin que Dieu s’en souvienne. Il dit, en effet : Confesse le premier tes fautes, afin que tu sois justifié. (Is. XL, III, 26); et aussi : J’oublierai tes fautes, mais ne les oublie pas (Ibid.).

Mais pourquoi Dieu a-t-il exaucé si promptement le publicain, tandis qu’il a laissé Isaac le prier pendant vingt ans et l’implorer pour son épouse, et que seulement alors il a exaucé les prières de ce juste? Il faut ici que je complète l’instruction que je vous ai donnée hier. Pourquoi., dis-je, cela s’est-il passé ainsi? Afin que l’exemple du publicain montre la bonté du Seigneur si prompt à exaucer, et que celui d’Isaac fasse voir la patience du serviteur dont la satisfaction est tardive, mais qui ne cesse de prier : afin que le pécheur ne désespère pas et que le juste ne se glorifie pas. Ce ne sont pas les personnes bien portantes, mais les malades qui ont besoin de médecin. (Matth. IX , 12.) Le publicain était malade, aussi Dieu s’est empressé de lui tendre la main : Isaac était plus affermi, aussi Dieu a semblé (277) l’abandonner pour faire valoir sa patience. Mais ce n’est là qu’une considération accessoire. Pourquoi cette femme était-elle stérile? Il faut le dire : c’est afin que la foi ne vous manquât pas en voyant une vierge mère; c’est afin que, si un juif vous dit : comment a enfanté Marie? vous puissiez lui répondre. Comment ont enfanté Sarra, Rébecca et Rachel? En effet, quand un miracle inouï doit se manifester, il est précédé de signes précurseurs. Quand l’empereur doit passer, les soldats courent en avant pour que la foule soit prête à le recevoir; de même, quand un prodige éclatant va paraître, il est annoncé par des faits figuratifs qui avertissent le mondé de l’attendre: et nous préparent à son arrivée, en prévenant l’excès de notre étonnement.

Cela se voit aussi pour la mort du Christ. Jonas l’a précédé et a préparé notre esprit. Ainsi, la baleine l’a vomi après trois jours, né trouvant pas en lui l’aliment naturel qui lui convenait. Comparez, et voyez que l’aliment naturel qui convient à la mort est le péché; c’est là qu’elle a pris naissance , là qu’elle a pris racine, là qu’elle prend sa nourriture. Nous même, quand nous avons par imprudence avalé une pierre, notre estomac cherche d’abord à la digérer, mais bientôt il reconnaît que cette nourriture ne lui convient pas; il a beau faire, sa force digestive s’épuise sans résultat; alors ne pouvant plus supporter ce fardeau, il le vomit avec douleur. C’est ce qu’on a vu pour la mort elle-même. . Elle a avalé la pierre angulaire et n’a pu la digérer; toute sa force s’y est épuisée : elle a rejeté en même temps cette nature humaine qu’elle avait également absorbée: Aussi sera-t-elle obligée à la fin de la rendre tout entière. Si donc il y a eu jadis des femmes stériles, c’était pour nous avertir d’avoir foi dans l’enfantement virginal : ou plutôt ce n’était- pas seulement pour nous inspirer cette foi, c’était encore et surtout, si nous y réfléchissons profondément, pour nous faire voir que cette stérilité est la figure de la mort.

4. Mais écoutez bien ; car ce que nous avons à vous dire est du peu subtil. Nous allons expliquer comment la stérilité de Sarra nous conduit par la main au dogme de la résurrection. Comment nous y conduit-elle ainsi? De même que Sarra, qui était morte au point de vue de la génération, a été régénérée par un bienfait de Dieu pour faire croître et vivre le corps d’Isaac; de même. aussi le Christ étant mort a ressuscité par sa propre puissance. Et pour prouver que cette explication n’a rien de forcé, écoutez Paul, voici ce qu’il dit à propos d’Abraham. Il ne considéra pas que la vertu de concevoir était éteinte chez Sarra, mais il se confirma dans la foi en rendant gloire à Dieu, sachant bien que tout ce qu’il promettait il pouvait aussi le faire. (Rom. IV, 19-21.) C’est-à-dire qu’un fils pouvait lui naître par la fécondation d’un corps stérile.. De plus, afin de nous conduire d’une croyance à l’autre, Paul ajoute : Cela n’a pas été seulement écrit pour Abraham, en faveur de qui ce miracle a été accompli, mais aussi pour nous. (Rom. IV, 23, 24.) Pourquoi? Cela s’accomplira aussi pour les hommes qui croient à celui par lequel Jésus Notre-Seigneur est ressuscité des morts. Voici ce qu’il veut dire. Dieu a fait naître Isaac d’un corps aussi froid qu’un cadavre ; de même il a fait renaître son Fils, qui était devenu cadavre lui-même.

Mais voulez-vous trouver encore un autre symbole dans cette stérilité ? L’Eglise était destinée à produire une multitude innombrable de fidèles : or, pour que vous conceviez comment elle a pu enfanter après avoir été si longtemps inféconde, infructueuse , stérile, une stérilité naturelle w précédé sa stérilité volontaire et Sarra a été la figure de l’Eglise : l’une a enfanté dans sa vieillesse, l’autre a enfanté dans les derniers temps. Pour le démontrer, écoutez Paul. Nous sommes les fils de la femme libre. (Gal. IV, 31.) Comme Sarra, qui était libre, était la figure de l’Eglise, voilà pourquoi il dit : Nous sommes les fils de la femme libre. Et il ajoute : Nous sommes les fils de la promesse à l’exemple d’Isaac. (Gal. IV, 28.) Qu’entend-il par cette promesse ? De même que ce n’est pas la nature qui a fait naître Isaac, de même ce n’est point la nature, mais la grâce de Dieu qui nous a engendrés. Et il dit encore : La Jérusalem céleste est libre, c’est elle qui est notre mère (Gal. IV, 26) ; cela signifie l’Eglise. Vous êtes parvenus, dit-il, à la montagne de Sion , à la cité du Dieu vivant, à la Jérusalem céleste et à l’Eglise des premiers-nés. (Héb. XII, 22.) Du reste si la Jérusalem céleste est l’Eglise, Sarra représente cette Jérusalem céleste, puisqu’il dit: Elles sont deux, l’une qui engendre dans la servitude, c’est Agar: l’autre, la Jérusalem d’en-haut est libre; c’est elle qui est notre mère. (Gal. IV, 24-26.) Il est clair que Sarra, par sa stérilité, puis par son (278) enfantement, représente cette Jérusalem céleste.

5. Je sais que tout cela est bien subtil, mais avec de l’attention, nous pourrons tout saisir. Nous avons envisagé le côté mystérieux et dogmatique, mais, si vous le voulez, j’entrerai dans des considérations plus pratiques. Rébecca était stérile, afin de faire éclater la pureté de son mari: il ne la répudia point; bien qu’alors aucune loi ne s’y opposât, il ne prit pas une autre femme pour remplacer son épouse de race libre. Cependant c’est ce que font bien des gens sous prétexte d’avoir des enfants et en réalité pour satisfaire leur libertinage : ils renvoient les unes, appellent les autres, excitent contre elles les concubines et rem plissent leurs maisons de mille discordes. Mais ce juste n’en agit pas ainsi : content de la femme que Dieu lui avait donnée, il priait le Maître de la nature d’étendre pour lui les bornes de la nature, et il ne reprochait rien à sa femme. Comment prouver qu’il ne lui reprochait rien? Par l’Ecriture elle-même. S’ll lui eût fait des reproches, l’Ecriture l’aurait aussi raconté et ne l’aurait point passé sous silence. En effet, elle raconte les .bonnes et les mauvaises actions des justes afin que nous imitions les unes et que nous évitions les autres. Aussi quand sa bru Rachel se plaignait à son mari, fils d’Isaac, et que celui-ci répondait durement, l’Ecriture a tout rapporté et n’a rien caché, quand elle lui dit : Donne-moi des enfants, ou je meurs. Que répond-il? Je ne suis pas Dieu, c’est lui qui t’a privée du fruit de tes entrailles. (Gen. XXX, 1-2.) Cette demande que fait la femme, donne-moi des enfants, manque de raison. Tu dis à ton mari : donne-moi des enfants, sans tenir compte du Maître de la nature. Aussi le mari, par sa réponse sévère, repoussa sa demande insensée et lui montra à qui elle devait être faite. Mais Isaac ne dit rien de semblable et aussi sa femme ne lui fit ni plainte, ni lamentations.

Ces exemples nous enseignent en même temps la chasteté et la foi. Le mari retrouve sa foi en priant Dieu; sa pureté éclate en ce qu’il ne répudie point sa. femme; enfin, quand il ne lui reproche rien et qu’il ne désespère point, il met en évidence sa patience et sa modération, ainsi que sa bonté et son amour pour sa femme. Il n’a point agi comme bien des personnes maintenant qui, en pareilles circonstances, ont recours aux philtres et aux sortilèges, toutes choses superflues, inutiles, nuisibles, et qui ne servent qu’à perdre l’âme, il négligea toutes ces ressources, et, dédaignant tous les secours humains, il ne s’adressa qu’au Seigneur de la nature qui peut seul accomplir de tels voeux.

6. Ecoutez cela, maris et femmes, étudiez-le, et imitez tous ce juste. Que la femme ne respecte rien plus que son mari; que le mari n’aime rien plus que sa femme. La sauvegarde de l’existence,. c’est l’accord du mari et de la femme, c’est là ce qui conserve l’univers. De même qu’un édifice s’écroule quand les fondements sont ébranlés, de même la discorde entre les époux bouleverse toute la vie. Voyez en effet ! le Monde est fait de villes, les villes de maisons, et chaque maison contient un mari et sa femme. Si donc la concorde n’existe pas dans les ménages, le désordre s’étendra jusqu’aux villes; si les villes sont troublées,-l’univers entier sera plein de séditions, de guerres et de combats. C’est pour cela que Dieu fait de cette concorde une recommandation toute particulière, c’est pour cela qu’il défend de répudier sa femme, excepté pour cause d’adultère.

Mais, direz-vous, si elle est insolente, prodigue et luxueuse, si elle a une foule d’autres défauts? Supportez cela avec constance, et ne la renvoyez pas à casse de ses vices, mais corrigez ces vices eux-mêmes. Vous êtes à la tête du ménage, c’est pour en guérir le corps. En effet, notre corps aura beau avoir mille plaies, jamais,. nous ne le séparerons de la tête. Da nomme ne vous séparez pas de votre femme, car elle est comme votre corps. Aussi saint Paul disait : un mari doit aimer sa femme comme si c’était son propre corps. (Eph. V, 28.) La même loi s’étend aussi aux femmes. De même que tu entretiens et que tu cultives ta tête, ô femme, de même tu dois soigner ton mari : et ce n’est pas sans raison que nous insistons sur cette nécessité. Je sais combien d’avantages procure la concorde entre mari et femme, je sais combien la discorde entraîne de maux. Alors la richesse, le bonheur d’avoir des enfants nombreux et vertueux, les magistratures et la puissance, la gloire, les honneurs, les délices, le luxe et toutes les félicités imaginables, ne peuvent réjouir un mari et une femme qui sont en querelle.

7. Voilà donc quelle doit être notre principale étude. Votre femme a un défaut? faites ce qu’a fait Isaac : priez Dieu. S’il a pu, par la (279) puissance de la prière, suppléer à l’impuissance de la nature, nous pourrons à plus forte raison, corriger les vices de la volonté; si nous invoquons Dieu assidûment. Si Dieu voit que par amour pour sa loi, vous supportez avec constance les défauts de votre femme, il vous aidera à la corriger et vous récompensera de votre patience. Comment savez-vous si vous sauvez votre femme ? Comment savez-vous si vous sauvez votre mari? (I Cor. VII, 16.) Ne vous découragez pas, ne désespérez pas. Elle peut se corriger, et quand même elle ne se corrigerait pas, votre patience est toujours méritoire. Mais si vous la répudiez, vous êtes pécheur tout le premier, puisque vous transgressez la loi, et vous êtes adultère au jugement de Dieu. Quiconque, dit-il, renverra sa femme, autrement que pour adultère, l’entraîne à l’adultère. (Matth. V, 32.)

Souvent vous prenez une femme plus difficile que la première, vous n’avez fait que changer un mal pour un pire et votre repos n’y gagne rien. Si la seconde vaut mieux que la première, vous ne pouvez pas goûter avec elle des plaisirs purs, en songeant que vous êtes regardé comme adultère à cause de celle que vous avez renvoyé; et, en effet, ce divorce est un adultère. Ainsi, quand vous voyez se présenter une difficulté dans le mariage ou dans toute autre chose, ayez recours à Dieu; lui seul peut nous tirer des embarras de la vie; en effet, la prière est Une arme bien puissante. Je l’ai dit souvent, je le dis maintenant, et je ne cesserai point de le dire : Si pécheur que wons soyez, considérez le publicain qui a été exaucé, qui s’est purifié de tant de péchés. Voulez-vous savoir ce que peut la prière ? Auprès de Dieu même , l’amour ne suffit point sans la prière. Ce n’est pas moi qui parle, car je n’oserais pas vous dire de moi-même une; chose aussi grave. Apprenez de l’Ecriture même que là où l’affection seule échoue, la prière réussit. Un de vous, ayant un ami, vient et lui dit Mon ami, prête-moi trois pains; l’autre ré pond: La porte est fermée, les enfants sont couchés, ne me tourmente pas. Eh bien!, je vous le dis; ce qu’il aurait refusé à l’amitié, il l’accordera à l’importunité et donnera tout ce qu’il faudra. (Luc, XI, 5, 8.) Vous voyez ainsi que l’affection n’a, point suffi sans la persévérance. Car le solliciteur était ami, mais pour qu’on ne croie pas que cela lui ait suffi; l’Ecriture dit : Ce qu’il aurait refusé à l’amitié, il l’accordera à l’importunité. Ainsi, dit-elle, l’amitié était impuissante, mais alors la persévérance réussira. Et sur qui cela s’est-il vérifié sur le publicain. Il n’était pas l’ami de Dieu , mais il l’est devenu : ainsi, même si vous. êtes son ennemi, la persévérance vous rendra son ami. Voyez encore la Chananéenne et écoutez ce que le Christ lui dit d’abord : Il n’est pas ton de prendre le pain des enfants pour le jeter aux chiens. (Matth. XV, 26.) Cependant comment l’a-t-il fait, si ce n’était pas une bonne action ? Cette femme l’a rendue bonne par sa persévérance; ce qui nous enseigne que l’homme le moins digne d’un bienfait finit par le devenir En persévérant.

8. Si je parle ainsi, c’est pour vous empêcher de dire: Je suis un pécheur, je n’ose parler, je ne puis prier. Celui-là est écouté qui croit ne pas l’être; celui, au contraire, qui est sûr de lui devrait craindre, tel que le pharisien : tandis que celui qui se regarde comme repoussé et indigne d’attention, est écouté plus qu’un autre; tel que le publicain. Voyez combien d’exemples vous en avez: la Chananéenne, le publicain, le voleur sur la croix, l’ami que la parabole nous représente mandant trois pains et les obtenant, non par amitié, mais par importunité. Si chacun d’eux avait dit :je suis un pécheur, couvert de tant de honte que je ne dois pas me présenter; cela n’aurait servi à rien. Mais comme chacun d’eux n’a pas considéré la grandeur de ses péchés , mais l’inépuisable bonté de Dieu, il a été confiant et audacieux : tout pécheur qu’il était, il a demandé plus qu’il ne croyait mériter, et il a réussi à l’obtenir.

Songeons à tous ces exemples et gardons-en la mémoire : prions sans cesse avec vigilance, avec; confiance, avec un bon espoir, avec un zèle infatigable. Toute cette ardeur que d’autres mettent à faire des voeux contre leurs ennemis, mettons-la à prier pour. nos ennemis, .pour leurs frères, et nous obtiendrons en même temps la satisfaction de nos désirs personnels. Car notre. bienfaiteur est si bon pour nous qu’il désire encore plus donner que nous ne désirons recevoir. Ainsi, bien pénétrés de tous ces exemples, quand même nous serions tombés au plus profond abîme de la perversité, ne désespérons pas, même alors, de notre salut, mais présentons-nous avec une bonne,espérance, et persuadons-nous que nous obtiendrons tout ce que nous demanderons, pourvu (280) que nous le demandions en observant la loi portée par celui qui peut tout faire de manière à dépasser nos prières et nos pensées. (Eph. III, 20.)

Au Christ, Souverain tout-puissant, notre Dieu, appartient gloire, honneur et adoration, ainsi qu’au Père éternel et au Saint-Esprit, principe de toute vie, maintenant et toujours,

et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Traduction de M. HOUSEL

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