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Jean Chrysostome : l’Église est plus forte que le ciel.

27 avril, 2008

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http://www.patristique.org/article.php3?id_article=182

Jean Chrysostome : l’Église est plus forte que le ciel.

Jean est né à Antioche sur lOronte, au milieu du quatrième siècle. Il sapprêtait, après ses études, à suivre une carrière de haut fonctionnaire impérial. Mais il est attiré par la vie érémitique. Lascèse, les privations affaiblissent sa santé. Il retourne à Antioche où il est ordonné diacre en 381, puis prêtre en 386.
Brillant, Jean attire des foules nombreuses. Son
éloquence lui vaudra, après sa mort, le surnom de Chrysostome, ce qui veut dire « bouche dor ». Il est ordonné évêque de Constantinople, contre son gré, le 26 fé
vrier 398.
Jean se met alors
à vouloir réformer l’Église et la société. Il suscitera lhostilité de nombreuses personnes, en particulier de Théophile dAlexandrie et de limpératrice Eudoxie. Les manigances de Théophile lui vaudront d’être condamné à lexil au synode du Chêne (403). Cest à ce moment-là quil prononce le discours qui suit. La mobilisation de la communauté chrétienne lui vaudra cependant d’être rappelé dexil dè
s le lendemain. Ce ne sera pourtant que partie remise. Jean mourra en exil le 14 septembre 407.L

homélie qui suit comporte de très beaux passages, notamment sur la place de l’Église dans le projet de Dieu et sur la manière dont Jean concevait sa charge de pasteur de Constantinople.

es vagues sont violentes, la houle est terrible, mais nous ne craignons pas d’être engloutis par la mer, car nous sommes debout sur le roc.
Que la mer soit furieuse, elle ne peut briser ce roc ; que les flots se soul
èvent, ils sont incapables dengloutir la barque de Jésus. Que craindrions-nous ? Dites-le moi. La mort ? Pour moi, vivre, cest le Christ, et mourir un avantage (Phi 1, 21). Lexil ? La terre appartient au Seigneur, avec tout ce quelle contient (Ps 23, 1). La confiscation des biens ? De même que nous navons rien apporté dans ce monde, de même nous ne pourrons rien emporter (1 Tim 6, 7). Les menaces du monde, je les méprise ; ses faveurs, je men moque. Je ne crains pas la pauvreté, je ne désire pas la richesse ; je ne crains pas la mort, je ne désire pas vivre, sinon pour vous faire progresser. Cest à cause de cela que je vous avertis de ce qui se passe, et jexhorte votre charité à
la confiance.

De fait, personne ne pourra nous séparer car ce que Dieu a uni, lhomme ne peut le séparer. En effet, il est dit de lhomme et de la femme : Aussi lhomme quittera-t-il son père et sa mère pour sattacher à sa femme, et ils seront deux pour une seule chair. Or, ce que Dieu a uni, que lhomme ne le sépare pas. (Gn 2, 24 ; Mt 19, 5-6). Sil nest pas possible de rompre le lien conjugal, il vous est plus impossible encore de séparer l’Église de Dieu. Vous la combattez mais sans pouvoir nuire à celui que vous combattez. Quant à moi, vous ne faites quajouter à ma gloire, vous dissipez vos forces dans le combat contre moi. Il est dur en effet de se rebeller contre laiguillon (Ac 9, 5). Vous nen émousserez pas la pointe mais vous ensanglanterez vos pieds. Cest ainsi que les flots ne dissolvent pas le rocher, mais se dissolvent en écume contre lui.Homme ! Rien n

est fort comme l’Église. Cesse le combat, afin de ne pas perdre ta force. Nentre pas en guerre contre le ciel. Combats-tu un homme, tu peux être vainqueur ou vaincu, mais si tu combats l’Église tu ne peux vaincre car Dieu est plus fort que toutes choses. Voudrions-nous rivaliser avec le Seigneur ? Serions-nous plus forts que lui ? (1 Co 10, 22). Ce que Dieu a établi, qui tentera de l’ébranler ? Ne connaissez-vous pas sa puissance ! Il regarde la terre et il la fait trembler (Ps 103, 32). Il ordonne et ce qui tremble est affermi. Sil a affermi la cité chancelante, à plus forte raison pourra-t-il affermir l’Église.

L’Église est plus forte que le ciel. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas (Mt 24, 35). Quelles paroles ? Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de lenfer ne prévaudront pas contre elle (Mt 16, 18).Si vous n

accordez pas foi au discours, croyez les faits. Que de tyrans ont voulu renverser l’Église ? Que de tortures employées pour cela : chevalets, fournaises, dents des bêtes, glaives acérés ! Et cela na pas abouti. Où sont les ennemis ? Ils ont été livrés au silence et à loubli. Et où est l’Église ? Elle brille plus que le soleil. Les oeuvres des premiers se sont éteintes, ses oeuvres à elle sont immortelles. Si lorsquils étaient un petit nombre les membres de l’Église nont pas été vaincus, comment pourraient-ils être vaincus maintenant que la piété a rempli lunivers ?

Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Et avec raison, car l’Église est plus chère à Dieu que le ciel. Ce nest pas le ciel qui a pris corps, mais l’Église qui a pris chair. Le ciel existe à cause de l’Église, non pas l’Église à cause du ciel. Ne soyez donc pas troublés par les événements. Faites-moi la grâce dune foi immuable. Ne voyez-vous pas que Pierre, marchant sur les eaux, pour avoir douté un peu, fut sur le point de sombrer, non pas à cause du mouvement tumultueux des flots, mais en raison de la faiblesse de sa foi ! Sont-ce par des suffrages humains que je suis arrivé là, à la tête de cette Église ? Est-ce en effet un homme qui my a conduit, pour quun homme men démette ? Je ne dis pas ces choses avec orgueil, à Dieu ne plaise, ni non plus pour me vanter, mais parce que je veux affermir ce qui est ébranlé chez vous.Comme la ville avait retrouv

é le calme, le diable sest efforcé d’ébranler l’Église. Diable impur et scélérat, tu nas pu te rendre maître des murs et tu penses ébranler l’Église ! L’Église consisterait-elle en des murs ? Non, elle consiste en la multitude des croyants. Voici, combien de solides colonnes, liées non pas avec du fer, mais étroitement liées par la foi. Je ne veux pas dire quune telle multitude dépasse lardeur du feu, mais que, ny eut-il quun unique fidèle, tu nen viendrais pas à bout. Vois encore quelles blessures tont infligées les martyrs. Il est arrivé souvent quune tendre jeune fille, une vierge, est entrée dans larène. Dapparence elle était plus tendre que de la cire, et elle devenait plus ferme que le roc. Tu déchirais ses flancs, mais tu nas pu prendre sa foi. La nature de la chair était anéantie et la puissance de la foi na pas abdiquée. Le corps était consumé, lesprit revigoré. La substance était supprimée et la piété subsistait. Tu nas pu venir à bout dune seule femme et tu comptes lemporter sur un peuple si nombreux ! Nentends-tu pas cette parole du Seigneur : Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu deux (Mt 18, 20) ? Et là où un peuple aussi nombreux est uni par le lien de la charité, le Seigneur ne serait pas présent ? Jai sa garantie : est-ce à ma propre force que je fais confiance ? Je possède sa parole : voilà mon appui, voilà ma sécurité, voilà mon havre de paix. Que lunivers se soulève, je possède cette parole, jen lis le texte : voilà mon rempart, voilà ma sécurité. Quel texte ? Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps (Mt 28, 20).

Le Christ est avec moi, que vais-je craindre ? Même si les flots de la mer ou la colère des puissants s’élèvent contre moi, tout cela est aussi peu de chose pour moi quune toile daraignée. Et sans lamour que jai pour vous, je naurais pas refusé de partir aujourdhui même. Car je ne cesse de dire : Seigneur, que ta volonté soit faite (Mt 6, 10). Non pas ce que veut un tel ou un tel, mais ce que tu veux. Telle est ma tour, telle est ma pierre inébranlable, tel est mon appui immuable. Si cest la volonté de Dieu que cela arrive, que cela arrive ! Sil me veut ici, je le bénis ; sil mappelle ailleurs, je le remercie.Que personne ne vous trouble. Appliquez-vous

à la prière. Le diable a fait ces choses afin d’émousser votre zèle à la prière. Mais il na pas réussi. Au contraire, je vous trouve plus zélés et plus ardents. Demain, je viendrai me joindre à vos prières. Là où je suis, vous êtes vous aussi. Et là où vous êtes, je suis moi aussi. Nous sommes un corps : le corps nest pas séparé de la tête, ni la tête du corps. Serions-nous séparés par le lieu, nous serons unis par lamour. La mort ne peut pas non plus couper cette unité. Car si le corps meurt, l’âme vit, et elle se souviendra de mon peuple. Vous êtes mes parents, comment pourrais-je vous oublier ? Vous êtes mes parents, vous êtes ma vie, vous êtes ma bonne réputation. Si vous faites des progrès, cest mon honneur, de sorte que ma vie est une richesse déposée dans votre trésor. Je suis prêt à être immolé mille fois pour vous (et je ne vous fais aucune faveur, mais je paie simplement une dette. En effet, le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis (Jn 10, 11)) et pour elles, il se laisserait mille fois égorger, mille fois trancher la tête. Une telle mort est pour moi le fondement de limmortalité, ces persécutions sont pour moi une nouvelle base de sécurité. De fait, suis-je traqué à cause de la richesse, pour que jen sois affligé, à cause de crimes, pour que jen sois abattu ? Non, mais à cause de mon amour pour vous, puisque je fais tout pour vous garder inébranlables, pour que personne ne sintroduise dans la bergerie, pour que le troupeau demeure intact. Le motif des combats me suffit pour couronne. Que ne souffrirais-je pas pour vous ? Vous êtes mes concitoyens, vous êtes mes parents, vous êtes mes frères, vous êtes mes enfants, vous êtes mes membres, vous êtes mon corps, vous êtes ma lumière, davantage encore, vous êtes plus doux pour moi que la lumière. En effet, la lumière du soleil ne mapporte rien de comparable à ce que mapporte votre charité. Le soleil mest utile à présent, mais votre charité me prépare une couronne pour lavenir.Je vous dis ces choses à loreille. Qui pourrait concevoir une écoute plus bienveillante que la vôtre ? Vous avez veillé pendant un si grand nombre de jours, et rien na pu vous ébranler, ni la longueur du temps, ni les terreurs, ni les menaces ; vous avez généreusement triomphé de tout. Que dis-je, vous êtes devenus ce que jai toujours désiré : vous avez méprisez les choses temporelles, vous avez dit adieu à la terre, vous vous êtes élancés jusquau ciel ; vous vous êtes affranchis des liens du corps, vous luttez pour cette bienheureuse philosophie. Voilà mes couronnes, voilà la consolation, voilà le réconfort, voilà mon onction, voilà la vie, voilà le fondement de limmortalité.

Sources :

Le texte reprend et complète la traduction partielle de la Liturgie des heures au jour de la mémoire de saint Jean Chrysostome. Le texte grec se trouve dans la patrologie de Migne (PG 52, col. 427-430).

Le Magnificat

21 avril, 2008

du site:

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20011216_origene_fr.html

Le Magnificat

« « L’âme » de Marie magnifie d’abord le Seigneur et « son esprit » ensuite exulte en Dieu. De fait, si nous n’avons pas d’abord grandi, nous ne pouvons pas exulter.

« Parce que, dit-elle, il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante. » Mais où est cette humilité que le Seigneur a regardée en Marie? Qu’avait donc d’humble et d’abject la mère du Sauveur qui portait le Fils de Dieu en son sein? Ces paroles: « Il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante », équivalent à celles-ci : « il a jeté les yeux » sur la justice de sa servante, « il a jeté les yeux » sur sa tempérance, « il a jeté les yeux » sur sa force et sa sagesse. De fait il est normal que Dieu porte son regard sur les vertus et l’on me dira : je comprends bien que Dieu regarde la justice et la sagesse de sa servante, mais je ne vois pas très bien comment il peut prêter attention à son humilité. Celui qui cherche la solution de cette difficulté, remarquera que précisément dans l’Écriture l’humilité est considérée comme une des vertus.

5. Le Sauveur l’affirme : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur ; et vous trouverez le repos de vos âmes .» Si vous voulez connaître le nom de cette vertu et savoir comment l’appellent les philosophes, sachez que la vertu d’humilité que Dieu considère est celle même que les sages appellent atyphía ou metriótês, « absence d’orgueil » ou « modestie ». Mais nous pouvons la définir en une périphrase: c’est l’état d’un homme qui ne s’enfle pas, mais s’abaisse lui-même. S’enfler d’orgueil, selon l’Apôtre, c’est « tomber sous la condamnation du diable » qui, précisément, a commencé par l’enflure de l’orgueil; et de la superbe ; voici la citation : « Afin que, n’étant pas bouffi d’orgueil, il ne tombe pas sous la condamnation du diable. » « Il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante. » Dieu m’a regardée, dit-elle, parce que je suis humble et cherche la douceur et l’abjection.

6. « Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse. » Si je comprend l’expression « toutes les générations » selon le sens le plus simple, je l’interprète des croyants. Mais si je scrute ce verset plus profondément, je m’aperçois qu’il est préférable d’ajouter « car le Tout-puissant a fait pour moi de grandes choses ». Puisque «tout homme qui s’humilie sera exalté », Dieu a jeté les yeux sur l’humilité de la bienheureuse Marie, c’est pourquoi « le Tout-puissant, dont le nom est saint, a accompli pour elle de grandes choses » .

« Et sa miséricorde s’étend de génération en génération. » Ce n’est pas sur une, deux, trois ni même cinq générations que s’étend « la miséricorde » de Dieu mais éternellement, « de génération en génération ». « Pour ceux qui le craignent, il a déployé la puissance de son bras. » Malgré ta faiblesse, si tu approches du Seigneur dans la crainte, tu pourras entendre sa promesse en réponse à ta crainte. »

ORIGÈNE, Homélies sur S. Luc, VIII, 4-6.

A cura della Pontificia Facoltà Teologica «Marianum»
Roma

HOMELIE DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 149 : UN CHANT NOUVEAU

8 avril, 2008

OFFICE DES LECTURES 8 MARS 2008-04-08

DEUXIÈME LECTURE

HOMELIE DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 149

Le chant nouveau.

Chantez au Seigneur un chant nouveau, sa louange est dans l’assemblée des fidèles.

Nous sommes invités à chanter au Seigneur un chant nouveau. L’homme nouveau connaît ce chant nouveau. Le chant est affaire de joie et, si nous y réfléchissons plus attentivement, il est affaire d’amour. Donc, celui qui sait aimer la vie nouvelle sait chanter le chant nouveau. Qu’est-ce que la vie nouvelle? Nous y sommes invités à cause du chant nouveau. Car tout appartient au même Royaume: l’homme nouveau, le chant nouveau, le testament nouveau. Donc l’homme nouveau chantera le chant nouveau et appartiendra au testament nouveau.

Chacun aime, mais on doit chercher quel est l’objet de cet amour. Par conséquent, on ne nous demande pas de renoncer à l’amour, mais de choisir ce que nous devons aimer. Mais que pourrons-nous choisir, si d’abord nous ne sommes choisis? Ecoutez l’Apôtre Jean:~ Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier.~
Cherche comment l’homme peut aimer Dieu, et tu ne trouveras absolument rien d’autre que ceci: c’est Dieu, le premier, qui l’a aimé. Celui que nous avons aimé s’est donné lui-même, il s’est donné pour que nous ayons de quoi aimer. Qu’a-t-il donné pour que nous ayons de quoi aimer? Sachez-le plus clairement en écoutant l’Apôtre Paul, qui dit: L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs. D’où cela vient-il? de nous? de qui donc?
Par l’Esprit Saint qui nous a été donné.

Puisque nous avons une telle garantie, aimons Dieu de par Dieu. ~ Ecoutez cette parole plus explicite de saint Jean: Dieu est amour. Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Il ne suffit pas de dire : L’amour vient de Dieu. Mais qui d’entre nous oserait dire, comme saint Jean: Dieu est amour? Celui qui a dit cela savait ce qu’il avait en lui.~

En un mot, Dieu s’offre à nous. Il nous crie: Aimez-moi et vous m’aurez en vous. Car vous ne pouvez même pas m’aimer, si vous ne m’avez pas en vous.

O mes frères! O mes fils! Enfants de l’Eglise catholique! Plantation sainte et céleste! Vous qui êtes régénérés dans le Christ et qui avez reçu la naissance d’en haut, écoutez-moi, ou plutôt écoutez Dieu par ma voix: Chantez au Seigneur un chant nouveau! Eh bien, dis-tu, je chante! Tu chantes, oui, tu chantes, je l’entends. Mais il ne faut pas que ta vie porte témoignage contre tes paroles.

Chantez avec la voix, chantez avec le Coeur, chantez avec la bouche, chantez par toute votre vie: Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez comment chanter celui que vous aimez? Car, sans aucun doute, tu veux chanter celui que tu aimes. Tu cherches quelles louanges lui chanter? Vous avez entendu: Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez où sont ses louanges? Sa louange est dans l’assemblée des fidèles. La louange de celui que l’on veut chanter, c’est le chanteur lui-même.
Vous voulez dire les louanges de Dieu? Soyez ce que vous dites. Vous êtes sa louange, si vous vivez selon le bien.

« Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs »

31 mars, 2008

 

du site: 

 http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010328_massimo-confessore_fr.html

« Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs »

« Les prédicateurs de la vérité, ceux qui sont les officiants de la grâce divine, nous ont appris, depuis le commencement et chacun à son époque jusqu’à la nôtre, que Dieu veut notre salut. Et ils nous disent que Dieu n’aime, ne désire rien davantage que de voir les hommes se tourner vers lui par une véritable conversion.

Et le Verbe divin de Dieu le Père a voulu montrer qu’un tel désir était beaucoup plus divin que tout autre. Bien plus, il est lui-même le premier et incomparable témoignage de la bonté infinie. Par un abaissement en notre faveur qui défie toute expression, il a daigné partager notre vie par l’Incarnation. Par ses actes, ses souffrances, ses paroles, adaptés à notre condition, il nous a réconciliés avec Dieu le Père, alors que nous étions des ennemis en guerre avec lui ; et alors que nous étions exilés de la vie bienheureuse, il nous y a ramenés.

En effet, il ne s’est pas contenté de guérir nos maladies par ses miracles, en prenant sur lui nos souffrances et nos faiblesses; non seulement, en acceptant la mort comme s’il y était astreint, lui qui est sans péché, il a payé notre dette et nous a libérés de nos fautes nombreuses et redoutables. En outre, il nous a instruits de mille manières pour que nous ayons une bonté pareille à la sienne et il nous a invités à un parfait amour mutuel.

C’est pourquoi il s’écriait: Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, pour gu’ils se convertissent. Et aussi: Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Il a dit aussi qu’il était venu chercher et sauver ce qui était perdu. Et aussi qu’il avait été envoyé aux brebis perdues de la maison d’Israël. Il a encore suggéré par la parabole de la drachme perdue qu’il était venu récupérer l’effigie royale souillée par l’ordure des vices. Et il a dit encore : Vraiment, je vous le dis, on se réjouira dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit.

C’est pourquoi l’homme qui était tombé sur des bandits, qui avait été dépouillé de tous ses vêtements, et qui avait été abandonné à demi-mort, du fait de ses blessures, il l’a réconforté avec du vin, de l’huile, et lui a fait des pansements; après l’avoir mis sur sa monture, il l’a confié à une auberge et, après avoir pourvu à ses besoins, il lui promit de régler à son retour les dépenses supplémentaires. C’est pour cela encore qu’il nous montre le Père très bon se penchant vers son fils prodigue de retour, l’embrassant alors qu’il revient vers lui par la conversion, pour lui rendre toutes les parures de la gloire paternelle, sans lui faire aucun reproche pour le passé.

C’est pour cela qu’il a ramené au bercail la brebis qui avait abandonné le troupeau divin, après l’avoir trouvée errante par les montagnes et les collines; sans la chasser devant lui, sans l’épuiser de fatigue, mais en la mettant sur ses épaules, il la réintroduit miséricordieusement parrnï ses pareilles.

C’est pourquoi il a crié: Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, dont le eceur est accablé, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug. Ce qu’il appelle joug, ce sont les commandements, c’est une vie conforme à l’Evangile ; il appelle fardeau ce qui semble pesant dans la pénitence: Oui, dit-il, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger.

En outre, en montrant la justice et la bonté divines, il prescrit: Soyez saints, soyez parfaits, soyez miséricordieux comme votre Père des cieux. Et aussi : Pardonnez, et vous serez pardonnés. Et enfin: Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. »

Lettre de Saint Maxime le Confesseur

Prière

Notre Père

Dieu qui réponds à la pénitence en récompensant les justes et en pardonnant aux pécheurs, prends pitié de nous, écoute-nous: que l’aveu de nos fautes nous obtienne la grâce de ton pardon.

Préparé par l’Institut de Spiritualité:
Université Pontificale Saint Thomas
d’Aquin

Grégoire de Nazianze: Discours no 40 sur le baptême chrétien

26 mars, 2008

du site: 

http://www.spiritualite2000.com/page.php?idpage=1805&chronique=Patristique

 

PATRISTIQUE 

 

Mars 2008 

 

Discours no 40 sur le baptême chrétien 

Grégoire de Nazianze 

 

I. L’illumination baptismale est éclat fulgurant des âmes, transformation du cours de la vie, mettant la conscience en quête de Dieu. Cette illumination est pour notre faiblesse un secours : mettant de côté la chair, elle fait suivre l’Esprit et entrer en communion avec le Verbe. Redressement de la nature créée dont elle submerge le péché, elle donne part à la lumière et anéantit les ténèbres. Cette illumination fait monter vers Dieu, partager la route du Christ; elle est l’appui de la foi, la perfection de l’intelligence, la clé du royaume des cieux. Transformation de la vie, suppression de la servitude, libération des liens, elle est une amélioration totale de l’être. Cette illumination est, de tous les dons de Dieu, le plus beau et le plus magnifique. Aussi, comme on parle du Saint des saints et du Cantique des cantiques, car ils comprennent que la transfiguration du baptême est l’illumination par excellence, étant donné qu’elle est la plus sainte de toutes celles de la terre. 

Comme le Christ qui l’accorde, le baptême reçoit bien des noms divers : soit à cause de l’extrême joie qu’on a de l’avoir reçu (car on aime à savourer en l’appelant de noms divers ce à quoi on est passionnément attaché), soit que la multiplicité d’aspects du bienfait qu’il apporte explique cette multitude de vocables. On le nomme : le Don, la Faveur gratuite; le Bain, l’Onction; l’Illumination, le Vêtement d’immortalité, l’Eau de la régénération, le Sceau de Dieu et de tous les autres termes d’honneur qu’on peut trouver. 

C’est un Don, qu’aucun acte ne mérite et une Grâce dont on est aussi débiteur; un Bain dans l’eau duquel le péché est enseveli; une Onction, par son caractère sacré et royal, les deux titres qui justifient l’onction. Une illumination par l’éclat qu’il donne; un Vêtement revêtu pour cacher la honte, un Bain qui lave vraiment, un Sceau qui protège et signifie la souveraine maîtrise de Dieu. 

II. … Purifions donc notre corps tout entiers; consacrons toute notre sensibilité. Que rien en nous n’échappe à l’initiation, qu’il n’y ait plus rien de la première naissance, ne laissons rien qui ne soit illuminé. 

Que l’illumination baptismale touche nos yeux pour nous donner un regard droit, pour que nous ne portions en nous-mêmes aucune de ces imaginations déshonnêtes qui viennent d’un spectacle dont notre vaine curiosité est toujours en quête. Car même si nous ne vouons pas un véritable culte à nos passions, nous avons cependant une âme souillée. Que ce soit, chez nous, une poutre ou un fétu de paille, ôtons-les; nous pourrons alors voir ceux des autres. 

Que l’illumination touche nos oreilles; qu’elle touche notre langue, pour que nous entendions ce que dira le Seigneur, qu’il nous fasse connaître sa « miséricorde du matin », et que nous percevions l’exultation et la joie qui résonnent aux oreilles ouvertes à la grâce divine. Quant à notre langue, que l’illumination lui évite d’être un glaive acéré ou un rasoir effilé et de rouler sous elle peine et souffrance. Qu’au contraire, attentif envers l’Esprit-aux-langues-de-feu, nous exprimions la sagesse cachée de Dieu qui se manifeste dans le Mystère. 

Guérissons notre odorat pour n’être pas efféminés et ne pas nous disperser en poussière au lieu de répandre un parfum délicat. Respirons plutôt la senteur du baume qui a été répandu pour nous; laissons notre esprit s’en imprégner; laissons-nous faire et réformer par lui, de façon que de nous aussi s’exhale une bonne odeur. 

Purifions notre toucher, notre goût, notre gosier; ne donnons pas de caresses efféminées, et ne nous plaisons pas à la mollesse. Touchons plutôt, comme il convient, à l’imitation de Thomas, le Verbe qui s’est fait chair pour nous. Ne nous laissons pas tenter par les mets succulents et les friandises, laissant ce qui est plus amer à nos frères; goûtons plutôt et apprenons que le Seigneur est doux, d’un goût meilleur et qui demeure. Ne nous contentons pas d’apporter de faibles soulagements à notre gosier, quand il est amer et désagréable, quand il renvoie et ne garde pas ce qu’on lui donne; offrons-lui plutôt la douceur des paroles qui sont plus délicieuses que le miel. 

En outre, s’il est encore bon d’ajouter que purifier notre tête où s’élaborent nos sensations, c’est tenir droite la tête qu’est le Christ, d’où toutes les parties du corps tirent leur coordination et leur union; et jeter à bas le péché qui nous domine, nous, mais qui est dominé par celui qui est plus fort que lui. 

Il est bon de sanctifier et de purifier nos épaules pour qu’elles puissent porter la croix du Christ, car elle n’est pas toujours facile à porter pour n’importe qui. Il est bon, de même, de nous sanctifier les mains et les pieds – les mains pour qu’en tout lieu on puisse les montrer pures et pour qu’elles saisissent l’enseignement du Christ. Qu’ainsi, jamais le Seigneur ne se mette en colère et que l’action de nos mains accrédite la parole, comme celle que le Seigneur a confiée à la main du prophète.- Et les pieds, afin qu’ils ne courent répandre le sang et ne se précipitent pas vers le mal; qu’au contraire, ils soient chaussés pour l’Évangile, prêts à remporter le prix auquel nous sommes appelés dans le ciel, et à recevoir le Christ qui lave et purifie. 

S’il y a aussi une façon de purifier les entrailles qui contiennent et digèrent la nourriture que nos tenons du Verbe, il est bon de ne pas les traiter comme un dieu en nous adonnant à la sensualité et à l’excès de nourriture. Purifions-les, au contraire, le plus possible; dépouillons-;es e leur grossièreté pour qu’elles puissent accueillir la parole du Seigneur et ressentir une saine souffrance devant l’achoppement d’Israël. Je trouve que le cœur et les organes intérieurs sont dignes aussi d’honneur. Je me fie pour cela à David, quand il demande que soit créé en lui un cœur pur, que soit renouvelé dans ses entrailles un esprit sans détour : il désigne par là, je pense, la faculté de penser, avec ses mouvements, c’est-à-dire les idées. 

Et le flanc? Et les reins? Ne laissons pas cette question de côté. Eux aussi, que la purification les atteigne. Que nos reins soient ceints et contenus par la modération, comme le voulait autrefois la loi pour les Israélites lorsqu’ils participaient à la Pâque. 

Personne n’est pur quand il sort d’Égypte; s’il n’a maîtrisé ses passions, personne n’échappe à l’ange exterminateur. Que nos reins subissent donc ce vertueux changement et portent toute leur ardeur vers Dieu, de manière à pouvoir dire : « Seigneur, devant toi, tout mon désir », et : « Je n’ai pas désiré le malheur de l’homme. » Il faut, en effet, devenir des hommes passionnés de l’Esprit. Ainsi, ce dragon qui porte le meilleur de sa force sur le nombril et les reins serait terrassé si son pouvoir en ces parties-là était anéanti. 

Rien d’étonnant que j’accorde plus d’honneur aux parties indécentes de notre corps; en parlant ainsi, je les mortifie, je les corrige et je me dresse contre la matière. Donnons tous nos membres à Dieu sur la terre; consacrons-les lui tous. Je ne précise pas : le lobe du foie, ou les reins avec leur graisse, ou une autre partie du corps, ou celle-ci ou celle-là; car pourquoi devrions-nous mépriser les autres? Offrons-nous tout entiers; devenons des holocaustes raisonnables, des victimes parfaites. Faisons une offrande sacrée, non seulement de nos bras ou de notre poitrine, ce serait trop peu. Mais en nous donnant tout nous-mêmes, retrouvons-nous tout entiers en échange, puisque c’est recevoir sans rien perdre que de se donner à Dieu et de lui faire l’offrande sacrée de toute notre personne.

  

Saint Maxime le Confesseur : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs »

13 mars, 2008

du site:

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010328_massimo-confessore_fr.html

 

« Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » 

« Les prédicateurs de la vérité, ceux qui sont les officiants de la grâce divine, nous ont appris, depuis le commencement et chacun à son époque jusqu’à la nôtre, que Dieu veut notre salut. Et ils nous disent que Dieu n’aime, ne désire rien davantage que de voir les hommes se tourner vers lui par une véritable conversion. 

Et le Verbe divin de Dieu le Père a voulu montrer qu’un tel désir était beaucoup plus divin que tout autre. Bien plus, il est lui-même le premier et incomparable témoignage de la bonté infinie. Par un abaissement en notre faveur qui défie toute expression, il a daigné partager notre vie par l’Incarnation. Par ses actes, ses souffrances, ses paroles, adaptés à notre condition, il nous a réconciliés avec Dieu le Père, alors que nous étions des ennemis en guerre avec lui ; et alors que nous étions exilés de la vie bienheureuse, il nous y a ramenés. 

En effet, il ne s’est pas contenté de guérir nos maladies par ses miracles, en prenant sur lui nos souffrances et nos faiblesses; non seulement, en acceptant la mort comme s’il y était astreint, lui qui est sans péché, il a payé notre dette et nous a libérés de nos fautes nombreuses et redoutables. En outre, il nous a instruits de mille manières pour que nous ayons une bonté pareille à la sienne et il nous a invités à un parfait amour mutuel. 

C’est pourquoi il s’écriait: Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, pour gu’ils se convertissent. Et aussi: Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Il a dit aussi qu’il était venu chercher et sauver ce qui était perdu. Et aussi qu’il avait été envoyé aux brebis perdues de la maison d’Israël. Il a encore suggéré par la parabole de la drachme perdue qu’il était venu récupérer l’effigie royale souillée par l’ordure des vices. Et il a dit encore : Vraiment, je vous le dis, on se réjouira dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit.

C’est pourquoi l’homme qui était tombé sur des bandits, qui avait été dépouillé de tous ses vêtements, et qui avait été abandonné à demi-mort, du fait de ses blessures, il l’a réconforté avec du vin, de l’huile, et lui a fait des pansements; après l’avoir mis sur sa monture, il l’a confié à une auberge et, après avoir pourvu à ses besoins, il lui promit de régler à son retour les dépenses supplémentaires. C’est pour cela encore qu’il nous montre le Père très bon se penchant vers son fils prodigue de retour, l’embrassant alors qu’il revient vers lui par la conversion, pour lui rendre toutes les parures de la gloire paternelle, sans lui faire aucun reproche pour le passé

C’est pour cela qu’il a ramené au bercail la brebis qui avait abandonné le troupeau divin, après l’avoir trouvée errante par les montagnes et les collines; sans la chasser devant lui, sans l’épuiser de fatigue, mais en la mettant sur ses épaules, il la réintroduit miséricordieusement parrnï ses pareilles. 

C’est pourquoi il a crié: Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, dont le eceur est accablé, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug. Ce qu’il appelle joug, ce sont les commandements, c’est une vie conforme à l’Evangile ; il appelle fardeau ce qui semble pesant dans la pénitence: Oui, dit-il, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger

En outre, en montrant la justice et la bonté divines, il prescrit: Soyez saints, soyez parfaits, soyez miséricordieux comme votre Père des cieux. Et aussi : Pardonnez, et vous serez pardonnés. Et enfin: Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.«  

Lettre de Saint Maxime le Confesseur

 Prière 

Notre Père 

Dieu qui réponds à la pénitence en récompensant les justes et en pardonnant aux pécheurs, prends pitié de nous, écoute-nous: que l’aveu de nos fautes nous obtienne la grâce de ton pardon. 

Préparé par l’Institut de Spiritualité:
Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin

Lectures patristiques du Pater

29 février, 2008

du site: 

http://www.bible-service.net/site/635.html

Lectures patristiques du Pater

L’exégèse patristique du Pater, du IIe au VIe siècle, est d’une grande richesse mais aussi d’une grande unité. Sa dimension théologique est loin d’être négligeable, même si elle privilégie la dimension morale du texte, son caractère de règle de vie chrétienne.

La prière du chrétien et de l’Eglise. L’oraison dominicale ( » oratio dominica  ») : telle est l’appellation donnée par les Pères de l’Eglise au  » Notre Père  ». Elle en souligne l’origine : c’est la prière du Seigneur ( » Dominus  »), la seule que le Maître ait un jour enseignée à ses disciples. Elle était donc appelée à devenir la prière par excellence du chrétien et de l’Eglise. Avec le  » Credo  », elle constitue le second élément du dépôt de foi confié à chaque catéchumène au moment du baptême. Cela fait du  » Notre Père  » une prière spécifiquement chrétienne. Elle appartient en propre aux baptisés ; les catéchumènes ont à l’apprendre et à en pénétrer le sens au cours de leur initiation, mais ils ne pourront s’y associer qu’après leur baptême. Jusque-là, en effet, demeurant exclus de la liturgie eucharistique, ils le sont aussi de la récitation du  » Pater  » qui précède le rite de communion. Dans sa double dimension de prière communautaire et liturgique, et de prière personnelle du chrétien en son particulier,  » dans le secret de sa chambre  » (cf. Mt 6,5-8), le  » Notre Père  » est donc au cœur de la vie de tout baptisé ou, pour le dire avec le vocabulaire contemporain de la génétique, un  » marqueur  » de son identité chrétienne.Les commentaires patristiques C’est pourquoi le  » Pater  » est l’un des textes de l’Evangile les plus commentés par les Pères, et sous différentes formes. L’une des plus habituelles était naturellement celle des catéchèses baptismales, puisque le commentaire du  » Pater  » était un élément fondamental de l’initiation chrétienne : nous en avons conservé plusieurs, celles notamment de Cyrille de Jérusalem et de Théodore de Mopsueste (IVe s.). Il faut y ajouter le petit traité  » Sur les sacrements  », attribué à Ambroise de Milan (IVe s.), d’autant qu’il présente un certain nombre de ressemblances avec les  » Catéchèses mystagogiques  » de Cyrille et qu’il constitue, comme elles, une catéchèse post-baptismale, destinée à expliquer aux nouveaux baptisés le sens des sacrements qu’

ils viennent de recevoir.

Plus anciens toutefois sont les traités entièrement consacrés à un commentaire continu du  » Pater  » ou les traités sur la prière, qui lui réservent toujours une place importante. Le plus ancien de tous les traités sur le  » Pater  » qui nous sont parvenus est celui de Tertullien, rédigé à l’aube du IIIe s. Quelques décennies plus tard, Cyprien de Carthage s’en inspire largement pour écrire à son tour un traité sur L’Oraison dominicale (vers 252). Les deux traités exerceront une influence considérable en Occident, celui de Cyprien surtout dont Augustin faisait grand cas et dont sa propre explication du  » Pater  » porte la marque, alors que le passage de Tertullien au montanisme et sa rupture avec la Grande Eglise ont nui à la diffusion de son traité. Néanmoins, relayée par celle d’Augustin (IVe-Ve s.), c’est bien fondamentalement l’explication du  » Pater  » donnée par les deux premiers Africains qui demeure à la source de presque toute l’exégèse latine jusqu’au moyen âge et même au-delà.Près de vingt ans avant Cyprien, vers 233-234, le grand exégète grec Origène, à la demande de son mécène et ami Ambroise, compose un traité sur la prière ( » Peri euchè  »s), dont les chapitres 22 à 30 forment un long commentaire du  » Pater  ». Comme celui de Tertullien pour l’exégèse latine, il joue pour l’exégèse grecque le rôle d’un texte fondateur et de référence, et son influence se fera sentir jusqu’en Occident. Au VIIe siècle, un grand théologien grec, Maxime le Confesseur, rédige à son tour un  » Commentaire du Pater  ».

De nombreux autres commentaires se présentent sous la forme d’homélies ou de sermons. Il peut s’agir d’homélies consacrées à l’explication intégrale de l’Evangile de Matthieu – celles, par exemple, de Jean Chrysostome, de Jérôme ou de Chromace d’Aquilée (IVe s.) – ou de l’Evangile de Luc — celles de Titus de Bostra (IVe s.), dont ne sont conservés que des fragments, ou celles de Cyrille d’Alexandrie (Ve s.), transmises dans une version syriaque. On peut aussi avoir affaire à des sermons adressés à des catéchumènes ou à de nouveaux baptisés, comme ceux d’Augustin, de Chromace ou de Pierre Chrysologue (Ve s.), ou encore à une série d’homélies destinées à raviver la foi et l’ardeur à la prière d’anciens baptisés, comme le sont peut-être celles de Grégoire de Nysse (IVe s.). L’explication du  » Pater  » peut aussi, comme chez Jean Cassien (Ve s.) avec ses  » Conférences  », revêtir la forme d’une instruction faite aux moines ; telle est encore celle que présente  » La Règle du Maître  » (VIe s.).Ajoutons à ces écrits, qui offrent tous un commentaire intégral du  » Pater  », les multiples références à un verset particulier contenues dans d’autres homélies ou traités, et on verra que la prière du Seigneur occupe une place centrale dans la pensée et la réflexion des Pères pour la raison même qu’elle est au centre de toute vie chré

tienne.

Une grande unité. Une impression de grande unité ressort de la lecture de ces commentaires. Dès Tertullien en Occident et Origène en Orient, les traits généraux de l’exégèse du Pater paraissent fixés pour ne plus varier. Sans doute, selon les Pères et selon les époques, on note des différences d’accent, tel père privilégiant le caractère ecclésial et liturgique de la prière, tel autre insistant plutôt sur son caractère d’enseignement théologique ou moral, tel autre encore choisissant d’en proposer une lecture spirituelle et mystique. Toutefois, malgré le statut particulier que confère à son exégèse du  » Pater  » ce dernier type de lecture, on voit bien que l’interprétation d’un Grégoire de Nysse ou d’un Maxime le Confesseur s’inscrit dans un schéma général depuis longtemps fixé et commun à tous les Pères. Il servira en partie à structurer notre exposé.Avant d’aborder leur explication des différentes demandes du  » Pater  », il nous a paru important, dans une première partie, de mettre en évidence le caractère de prière spécifiquement chrétienne rconnu par les pères. On appréciera l’attention qu’ils portent à la structure de cette prière, à la fois si brève et si dense, et leur intérêt, le plus souvent très limité, pour la critique textuelle, malgré les différences notables que présente le texte du  » Pater  » chez Matthieu et chez Luc. La deuxième partie de notre étude s’attachera à la dimension théologique et doctrinale que les Pères reconnaissent au  » Pater  », principalement dans l’invocation initiale et les trois premières demandes. Pour la clarté de l’exposition, nous laisserons de côté, momentanément, l’enseignement moral qu’ils tirent, pour y revenir dans une troisième partie qui traitera des quatre dernières demandes. Cela permettra de mieux comprendre l’importance que les Pères accordent au  » Pater  », non seulement en tant que prière par excellence du chrétien, mais plus encore comme règle de vie de tous les baptisés.

La prière chrétienne par excellence : la nouveauté de la prière du  » Pater  »

La plupart des commentaires patristiques soulignent en premier lieu le caractère de nouveauté de la prière enseignée par le Christ. Tel est le cas notamment de celui de Tertullien pour qui le  » Notre Père  » introduit, dans la manière de s’adresser à Dieu, un changement aussi radical que celui opéré dans l’histoire du salut par l’Incarnation et l’accomplissement des prophéties. L’ouverture majestueuse, pareille à celle d’une symphonie, que constituent les premières lignes du traité, où la poésie le dispute à la rhétorique, a pour effet de rendre sensible au lecteur ce caractère de surprenante nouveauté.

 

Tertullien,  » La Prière  » 1,1

Esprit de Dieu et parole de Dieu et sagesse de Dieu, parole de la sagesse et sagesse de la parole, et esprit de l’une et l’autre, Jésus-Christ, notre Seigneur, a fixé pour des disciples nouveaux d’un testament nouveau une forme nouvelle de prière. Car il fallait que, dans ce cas-là aussi, le vin nouveau fût mis dans des outres nouvelles et qu’un pan nouveau fût cousu au vêtement nouveau*. Du reste, tout ce qui existait auparavant a été ou bien changé, comme la circoncision, ou bien conduit à sa perfection, comme le reste de la Loi, ou bien accompli, comme la prophétie, ou bien achevé, comme la foi elle-même.

Traité de Tertullien sur la prière : L’offrande spirituelle.

28 février, 2008

28 Février 2008 

Liturgie des Heures – Office de Lecture 

deuxième lecture 

 

Traité de Tertullien sur la prière  

L’offrande spirituelle.

La prière est le sacrifice spirituel qui a supprimé les anciens sacrifices. A quoi bon, dit le Seigneur, m’offrir tant de sacrifices? Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus. Qui donc vous a demandé de m’apporter tout cela?

Ce que Dieu réclame, l’Evangile nous l’enseigne. L’heure vient, dit Jésus, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. En effet, Dieu est Esprit, et c’est pourquoi il cherche de tels adorateurs.

Nous sommes les vrais adorateurs et les vrais sacrificateurs. En priant dans l’Esprit, c’est par l’Esprit que nous offrons en sacrifice la prière, victime qui revient à Dieu, qui lui plaît, qu’il a recherchée, qu’ il s’est destinée.

C’est elle, offerte de tout cœur, nourrie de la foi, guérie par la vérité, gardée parfaite par l’innocence, purifiée par la chasteté, couronnée par l’amour, c’est elle, la prière, que nous devons conduire jusqu’à l’autel de Dieu, avec la procession des bonnes œuvres, parmi les psaumes et les hymnes; c’est elle qui obtiendra tout de Dieu en notre faveur.

En effet, qu’est-ce que Dieu peut refuser à la prière qui procède de l’esprit et de la vérité, lui qui l’exige? Les grandes preuves de son efficacité, nous les lisons, nous les entendons, nous les croyons!

La prière de jadis délivrait du feu, des bêtes, de la famine, et pourtant elle n’avait pas reçu du Christ sa perfection.

D’ailleurs combien la prière chrétienne est plus amplement efficace! Elle ne place pas au milieu de la fournaise un ange porteur de rosée ; elle ne ferme pas les gueules des lions; elle n’apporte pas aux affamés le repas des moissonneurs. Elle n’écarte aucune souffrance par un bienfait particulier: elle forme par la patience ceux qui pâtissent, qui souffrent et qui s’affligent, elle développe la grâce par son efficacité pour que la foi sache ce qu’elle peut obtenir du Seigneur, en comprenant qu’elle souffre pour le nom de Dieu.

Autrefois la prière infligeait des calamités, mettait en déroute les armées ennemies, arrêtait les bienfaits de la pluie, mais maintenant la prière de justice détourne toute colère divine, monte la garde en faveur des ennemis, supplie pour les persécuteurs. Est-il étonnant qu’elle ait su obtenir de force les eaux du ciel, puisqu’elle a pu en faire tomber le feu? C’est la prière seule qui triomphe de Dieu; mais le Christ n’a pas voulu qu’elle produise aucun mal, toute la vertu qu’il lui a conférée est pour le bien.

Aussi tout ce qu’elle sait faire, c’est rappeler les âmes des défunts du chemin qui conduit droit à la mort, fortifier les faibles, guérir les malades, délivrer les possédés, ouvrir les prisons, défaire les chaînes des innocents. C’est elle encore qui lave les fautes, repousse les tentations, arrête les persécutions, réconforte les timides, adoucit les magnanimes, guide les voyageurs, apaise les flots, paralyse les bandits, nourrit les pauvres, modère les riches, relève ceux qui sont tombés, retient ceux qui trébuchent, raffermit ceux qui restent debout.

Tous les anges prient, toutes les créatures prient; les bêtes domestiques et les bêtes sauvages fléchissent les genoux, et, lorsqu’elles sortent de leurs étables ou de leurs repaires, elles regardent vers le ciel, non sans motif, en faisant frémir leur souffle, chacune à sa manière. Quant aux oiseaux, lorsqu’ils se lèvent, ils se dirigent vers le ciel et ils étendent leurs ailes, comme nous étendons les mains, en forme de croix, et ils font entendre ce qui apparaît comme une prière.

Que dire encore sur la fonction de la prière? Le Seigneur lui-même a prié, à qui soient honneur et puissance pour les siècles des siècles. 

pour une méditation de Carême : Ambroise de Milan

26 février, 2008

du site:

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/careme2007.htm

Quelques textes pour une méditation de Carême

Ambroise de Milan

N’ayons pas peur si nous avons gaspillé en plaisirs terrestres le patrimoine de dignité spirituelle que nous avons reçu. Le Père a remis au Fils le trésor qu’il avait. la fortune de la foi ne s’épuise jamais. Aurait-on tout donné, on possède tout, n’ayant pas perdu ce que l’on a donné. Ne redoute pas que le Père refuse de t’accueillir : car « Dieu ne prend pas plaisir à la perte des vivants » (Sag., I, 13). Il viendra en courant au-devant de toi, il se penchera sur toi — car « le Seigneur redresse ceux qui sont brisés » (Ps. 145, 8) — il te donnera le baiser, qui est gage de tendresse et d’amour, il te fera donner robe, anneau, chaussures. Tu en es encore à craindre un affront, il te rend ta dignité. Tu as peur du châtiment, il te donne un baiser. Tu as peur des reproches, il te prépare un festin.

Mais il est temps d’expliquer la parabole même.

Un homme avait deux fils ; et le plus jeune lui dit : donne-moi ma part de fortune. Vous voyez que le patrimoine divin se donne à ceux qui demandent. Et ne croyez pas que le père soit en faute pour avoir donné au plus jeune : il n’y a pas de bas-âge pour le Royaume de Dieu, et la foi ne sent pas le poids des ans. En tout cas celui qui a demandé s’est jugé capable ; et plût à Dieu qu’il ne se fût pas éloigné de son père ! il n’aurait pas éprouvé les inconvénients de son âge. Mais une fois parti à l’étranger — c’est donc justice que l’on gaspille son patrimoine quand on s’est éloigné de l’Eglise — après, dit-il, qu’ayant quitté la maison paternelle il fut parti à l’étranger, dans un pays lointain… . Qu’y a-t-il de plus éloigné que de se quitter soi-même, que d’être séparé non par les espaces, mais par les mœurs, de différer par les goûts, non par les pays, et les excès du monde interposant leurs flots, d’être distant par la conduite ? Car quiconque se sépare du Christ s’exile de la patrie, est citoyen du monde. Mais nous autres « nous ne sommes pas étrangers et de passage, mais nous sommes citoyens du sanctuaire, et de la maison de Dieu » (Éphés., II, 19) ; car « éloignés que nous étions, nous avons été rapprochés dans le sang du Christ » (Ib., 13). Ne soyons pas malveillants envers ceux qui reviennent du pays lointain, puisque nous avons été, nous aussi, en pays lointain, comme l’enseigne Isaïe : « Pour ceux qui résidaient au pays de l’ombre mortelle, la lumière s’est levée » (Is., IX, 2). Le pays lointain est donc celui de l’ombre mortelle ; mais nous, qui avons pour souffle de notre visage le Seigneur Christ (Lam., IV, 20), nous vivons à l’ombre du Christ ; et c’est pourquoi l’Eglise dit : « J’ai désiré son ombre, et je m’y suis assise » (Cant., II, 3). — Donc celui-là, vivant dans la débauche, a gaspillé tous les ornements de sa nature : alors vous qui avez reçu l’image de Dieu, qui portez sa ressemblance, gardez-vous de la détruire par une difformité déraisonnable. Vous êtes l’ouvrage de Dieu ; ne dites pas au bois : « Mon père, c’est toi » (Jér., II, 27) ; ne prenez pas la ressemblance du bois, puisqu’il est écrit : « Que ceux qui font les (idoles) leur deviennent semblables » (Ps. 113, 2, 8) !

Il survint une famine en cette contrée : famine non des aliments, mais des bonnes œuvres et des vertus. Est-il jeûnes plus lamentables ? En effet, qui s’écarte de la parole de Dieu est affamé, puisque « l’on ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu » (Lc, IV,4). S’écartant de la source on a soif, s’écartant du trésor on est pauvre, s’écartant de la sagesse on est stupide, s’écartant de la vertu on se détruit. Il était donc juste que le fils vînt à manquer, ayant délaissé les trésors de la sagesse et de la science de Dieu (Col., II, 3) et la profondeur des richesses célestes. Il en vint donc à manquer et à sentir la faim, parce que rien ne suffit à la volupté prodigue. On éprouve toujours la faim quand on ne sait se combler des aliments éternels. Il alla donc s’attacher à un des citoyens : celui qui s’attache est pris au filet, et il semble que ce citoyen soit le prince de ce monde. Bref il est envoyé à sa ferme — celle dont l’acheteur s’excuse du Royaume (Lc, XIV, 18 et ci-dessus) — et il fait paître les porcs : ceux-là sans doute dans lesquels le diable demande à entrer, ceux qu’il précipite dans la mer de ce monde (Matth., VIII, 32), ceux qui vivent dans l’ordure et la puanteur. Et il souhaitait, est-il dit, se garnir le ventre de glands : car les débauchés n’ont d’autre souci que de se garnir le ventre, leur ventre étant leur dieu (Phil., III, 19). Et quelle nourriture convient mieux à de tels hommes que celle qui est, comme le gland, creuse au-dedans, molle au-dehors, faite non pour alimenter, mais pour gaver le corps, plus pesante qu’utile ? Il en est qui voient dans les porcs les troupes des démons, dans les glands la chétive vertu des hommes vains et le verbiage de leurs discours qui ne peuvent être d’aucun profit : par une vaine séduction de philosophie et par le tintamarre sonore de leur faconde ils font montre de plus de brillant que d’utilité quelconque.

Mais de tels agréments ne sauraient durer : aussi « personne ne les lui donnait » : c’est qu’il était dans la région où il n’y a personne, parce qu’elle ne contient pas ceux qui sont. Car « toutes les nations sont comptées pour rien » (Is., XL, 17) ; mais il n’y a que Dieu pour « rendre la vie aux morts et appeler ce qui n’est pas comme ce qui est » (Rom., IV, 17). Et revenant à lui, il dit : que de pains ont en abondance les mercenaires de mon père ! Il est bien vrai qu’il revient à lui, s’étant quitté : car revenir au Seigneur, c’est se retrouver, et qui s’éloigne du Christ se renie. Quant aux mercenaires, qui sont-ils ? N’est-ce pas ceux qui servent pour le salaire, ceux d’Israël ? Ils ne poursuivent pas ce qui est bien par zèle pour la droiture ; ils sont attirés non par le charme de la vertu, mais par la recherche de leur profit. Mais le fils, qui a dans le cœur le gage du Saint-Esprit (II Cor., I, 22), ne recherche pas les profits mesquins d’un salaire de ce monde, possédant son droit d’héritier. Il existe aussi des mercenaires qui sont engagés pour la vigne. C’est un bon mercenaire que Pierre — Jean, Jacques — à qui on dit : « Venez, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Matth., IV, 19). Ceux-là ont en abondance non les glands, mais les pains : aussi bien ont-ils rempli douze corbeilles de morceaux. O Seigneur Jésus, si vous nous ôtiez les glands et nous donniez les pains ! car vous êtes l’économe dans la maison du Père ; oh ! si vous daigniez nous engager comme mercenaires, même si nous venons sur le tard ! car vous engagez même à la onzième heure, et vous daignez payer le même salaire : même salaire de vie, non de gloire ; car ce n’est pas à tous qu’est réservée la couronne de justice, mais à celui qui peut dire : « J’ai combattu le bon combat » (II Tim., IV, 7 ssq.). Je n’ai pas cru devoir me taire sur ce point, parce que certains, je le sais, disent qu’ils réservent jusqu’à leur mort la grâce du baptême ou la pénitence. D’abord comment savez-vous si c’est la nuit prochaine qu’on vous demandera votre âme (Lc, XII, 20) ? Et puis, pourquoi penser que n’ayant rien fait tout vous sera donné ? Admettons qu’il y ait une seule grâce, un seul salaire : autre chose est le prix de la victoire, celui auquel tendait, non sans raison, Paul qui, après le salaire de la grâce, poursuivait encore le prix pour le gagner (Phil., III, 14), sachant que si le salaire de grâce est égal, la palme n’appartient qu’au petit nombre.

(Traité sur l’Evangile de St Luc, PL 15, col. 1755 sq)

Saint CYPRIEN: LA PRIERE DU SEIGNEUR

20 février, 2008

du site:

http://eocf.free.fr/text_cyprien_carthage.htm

LA PRIERE DU SEIGNEUR

Saint CYPRIEN, évêque de Carthage (IIIe siècle ) Commentaire du Notre Père, 28-30

Qu’y a-t-il d’étonnant, frères bien-aimés, si le Seigneur nous a enseigné une telle prière, si notre Maître a résumé tous nos appels dans ces paroles qui nous sauvent ? Le prophète Isaïe l’avait prédit, lorsque, rempli de l’Esprit Saint, il parlait de la majesté et de la bonté de Dieu. C’est une parole parfaite dit-il, qui contient toute justice, car par toute la terre Dieu fera entendre une parole brève. En effet, lorsque le Verbe de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, est venu pour tous les hommes, il a rassemblé savants et ignorants, pour donner à tout sexe et à tout âge les préceptes qui conduisent au salut. Et il a fait un magnifique condensé de ses commandements, pour que la mémoire n’ait pas trop de difficulté à retenir; il a voulu qu’on puisse apprendre rapidement ce qui est nécessaire à une vraie foi.

Ainsi, pour enseigner ce qu’est la vie éternelle, il a résumé le mystère de cette vie avec une grande et divine concision en disant: La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé. Jésus-Christ. De même il a cueilli, dans la Loi et les Prophètes, les commandements primordiaux: Écoute, Israël, dit-il, le Seigneur ton Dieu est l’unique Seigneur. Et: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur de toute ton âme et de toute ta force. C’est le premier commandement et le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans la Loi et les Prophètes dépend de ces deux commandements. Et encore: Tout le bien que vous voulez que les hommes fassent pour vous faites-le aussi pour eux: c’est la Loi et les Prophètes.Le Seigneur nous a enseign

é à prier non seulement par ses paroles mais aussi par sa conduite. Lui-même était fréquemment en prière et il nous montre par son témoignage l’exemple qu’il faut suivre. Il est écrit en effet qu’il se retirait dans les lieux déserts pour prier. Et aussi: il s’en alla dans la montagne pour prier et il passa la nuit à prier Dieu.

Le Seigneur priait et demandait, non pour lui-même – quelle raison l’innocent aurait-il d’implorer pour lui-même ? – mais pour nos péchés; il le montre bien lorsqu’il dit à Pierre : Satan a réclamé de vous passer au crible comme le froment. Mais i ai prié pour toi afin que ta foi ne succombe pas. Et ensuite il implore son Père pour tous les hommes lorsqu’il dit: Je ne prie pas seulement pour ceux-ci, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi: Que tous ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi; pour qu’ils soient un en nous eux aussi.Elle est grande, la miséricorde et la bonté de Dieu en faveur de notre salut! Il ne se contente pas de nous racheter par son sang, il faut encore qu’il prie pour nous! Mais voyez donc ce que désire sa prière: comme le Père et le Fils sont un, que nous aussi demeurions dans l’unité.Saint CYPRIEN, évêque de Carthage (IIIe siècle ) Commentaire du Notre Père, 28-30

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