Archive pour la catégorie 'Paul Poupard'

25 ans du Conseil de la Culture : Relancer le dialogue entre foi et culture

14 juin, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-15621?l=french

25 ans du Conseil de la Culture : Relancer le dialogue entre foi et culture

ROME, Mercredi 13 juin 2007 (ZENIT.org) – Relancer le dialogue entre foi et culture, c’est ce que préconise le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture, à l’occasion de la célébration des 25 ans de ce dicastère.

Ce dicastère a été institué par Jean-Paul II et confié au cardinal Poupard, le 20 mai 1982. L’anniversaire a été marqué ce matin par une rencontre organisé au nouveau siège du dicastère, rue de la Conciliation.

La journée s’est déroulée autour des interventions des cardinaux Poupard, Dias, Hummes et Arinze, et du R. P. Ardura, secrétaire, et du Prof. Cappelletti.

Le cardinal Paul Poupard a évoqué « L’Evangélisation de la Culture dimension fondamentale de la mission de l’Eglise ».

Le cardinal a souligné la volonté « prophétique » de Jean-Paul II qui a voulu ce dicastère parce « qu’il avait fait de la personne humaine le cœur de la culture, le centre de sa réflexion intellectuelle ».

« ‘La culture est ce par quoi l’homme devient toujours plus homme, il puisse « être » davantage et (…) être de plus en plus pleinement « être » homme » avait déclaré le pape Wojtyla deux ans auparavant lors de son discours mémorable à l’UNESCO’, à Paris, le 2 juin 1980, rappelait le cardinal Poupard.

Il disait encore, dans la lettre par laquelle il instituait ce dicastère, ajoutait le cardinal Poupard, que « le dialogue de l’Eglise avec les cultures de notre temps est un domaine vital où se joue le destin du monde ».

« Une foi qui ne devient pas culture, y lit-on, est une foi qui n’est pas pleinement accueillie, pas entièrement pensée, pas vécue fidèlement ».

Le cardinal Poupard a annoncé le thème de la prochaine assemblée plénière du dicastère, au printemps 2008 : la sécularisation qui est « un thème récurrent dans les paroles et les préoccupations » du pape Benoît XVI.

Le cardinal Ivan Dias, préfet de la congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, et membre du conseil pontifical de la Culture est intervenu sur le thème : « Le Christ est né en Asie : défis culturels pour une foi pleinement catholique et intégrée dans sa terre ». Il a diagnostiqué le « relativisme religieux » qui répand une culture « modelée par une idéologie qui affirme qu’il n’existe rien qui ait un caractère d’absolu et d’immuabilité ».

L’intervention du cardinal Claudio Hummes, préfet de la congrégation pour le Clergé, membre du conseil pontifical de la Culture, avait pour titre : « Ma pastorale de la Culture, une expérience ecclésiale fructueuse vécue sur le continent de l’espérance ».

Le préfet de la congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, le cardinal Francis Arinze, membre du conseil pontifical de la Culture, a évoqué : « L’engagement de l’Eglise en Afrique, pour annoncer le Christ au cœur des cultures ».

Le thème de l’intervention du P. Bernard Ardura était: « Les défis de l’annonce et de l’inculturation de la foi et de l’évangélisation des cultures ».

Le prof. Vincenzo Cappelletti, président de la Société européenne de la Culture et des éditions « Studium » parlera de « Eglise et Culture à l’aube du IIIe millénaire : le regard de l’historien ».

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Le card. Poupard au Caire : Le Shaykh Tantawi accepte l’invitation du pape

10 juin, 2007

du site:

http://www.zenit.org/article-14769?l=french

Le card. Poupard au Caire : Le Shaykh Tantawi accepte l’invitation du pape

Visite également à AlexandrieROME, Mardi 20 février 2007 (ZENIT.org) – Le Shaykh Tantawi accepte l’invitation au Vatican que lui a présentée le cardinal Poupard.

C’est dans un climat de « grande cordialité » que le cardinal Poupard a été reçu ce matin au Caire par le Shaykh Mohamed Sayyed Tantawi, Grand Imam de Al-Azhar al-Sharif, la plus grande autorité spirituelle de l’islam sunnite, indique le conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux.

Le cardinal Paul Poupard est président de ce dicastère, mais aussi président de la Commission pontificale pour les Rapports religieux avec les Musulmans, et président du conseil pontifical de la Culture.

Le cardinal Poupard « a transmis au Shaykh Tantawi les bons vœux de Sa Sainteté le pape Benoît XVI et sa disponibilité à le recevoir au Vatican », indique la même source. Et le Shaykh Tantawi a accepté l’invitation du pape « avec satisfaction ».

La rencontre a permis de faire le point sur le travail du « Comité mixte pour le Dialogue » établi entre le Comité permanent de Al-Azhar pour les Rapports avec les religions monothéistes et le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux ».

Ce comité tient sa réunion annuelle, alternativement au Caire et à Rome, le 24 février, pour rappeler la visite du pape Jean-Paul II à Al-Azhar, le 24 février 2000. Les deux responsables religieux ont également examiné « divers aspects des rapports entre chrétiens et musulmans ».

La visite du cardinal Poupard au Caire sera aussi l’occasion d’une rencontre avec le ministre égyptien des Affaires religieuses, M. Mahmoud Hamdi Zaqzouq.

Le cardinal français doit également se rendre à Alexandrie pour visiter le nouvelle bibliothèque inaugurée en octobre 2002, la Bibliotheca Alexandrina, inspirée de l’antique Bibliothèque d’Alexandrie, la plus fameuse de l’Antiquité. Depuis sa conception au milieu des années 80, l’UNESCO a été associée à cette construction (cf. http://www.unesco.org/comnat/france/alexandrie.htm).

Rappelons qu’il y a un an, le 15 février, le pape Benoît XVI avait choisi un spécialiste de l’islam, comme nonce apostolique en Egypte et délégué auprès de la Ligue arabe, Mgr Michael Fitzgerald, Missionnaire d’Afrique – Père Blanc – anglais et arabophone, ancien président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux.

Le Comité mixte pour le Dialogue, constitué par le Comité permanent d’Al-Azhar pour le Dialogue avec les Religions monothéistes (CPADRM) et le conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux (CPDI), avait tenu sa troisième réunion annuelle à Rome, le mardi 28 mars 2000, un mois après la visite de Jean-Paul II au Caire, dans le cadre de son pèlerinage Jubilaire sur les lieux saints.

Or cette visite de Jean Paul II en Egypte ayant été considérée comme « un événement historique sans précédent », le Comité avait décidé de choisir désormais le 24 février, date de la visite papale à Al-Azhar, comme Jour du Dialogue et date de sa réunion annuelle.

C’est en 1998, le 28 mai, que le conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux a créé, avec le comité permanent d’Al-Azhar pour le Dialogue avec les Religions monothéistes ce « Comité pour le Dialogue », de façon à « promouvoir une meilleure connaissance réciproque, et un plus grand respect entre chrétiens et musulmans en vue du bien de l’humanité ».

Un dialogue qui a été intensifié par Benoît XVI et par le Vatican au lendemain de la crise suscitée par le malentendu de Ratisbonne, en septembre 2006.

Le cardinal Poupard décoré de l’Université polonaise de Lublin

5 juin, 2007

Le texte est de le site de la Radio Vaticana italien on line, j’ai eu beaucoup de difficulté à traduire le texte parce que divers mot italien n’existe pas en français, peut-être j’ai besoin d’un dictionnaire spécifique : théologique ou ecclésial, j’espère d’avoir rendu, ou moins, en tout le cas, le texte intelligible ;

http://www.radiovaticana.org/it1/index.asp

05/06/2007 – 12.59.29

Le cardinal Poupard décoré de l’Université polonaise de Lublin de la Licence Honoris Cause, à 25 ans de la création du ministère pontifical de la Culture « Sin des débuts de l’Église, s’est développé une naturelle ouverture à dialogue, maintenu vis dans les siècles, qui ont produit dans chaque champ de l’activité humaine les fruits de la culture nouvelle ». L’affirmation est du cardinal Paul Poupard, président du Pontifical Conseille de la Culture, décoré hier en Pologne – pendant une cérémonie à l’Université catholique de Lublin – de la Licence Honoris Cause dans le 25.mo de la création du ministère pontifical, voulu de Giovanni Paolo II. Le Cardinal a tenu dans l’université une «  Lectio magistralis » dédiée à « Dialogue de l’Église avec la culture ».

Le service d’Alexandre De Carolis :

Elle était la fin des ans Soixante-dix lorsque le jeune recteur de l’Institut catholique de Paris, de Paul Poupard, se retint dans une des chambres de l’Université polonaise de Lublin pour un long et passionné après-midi de conversation avec l’archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla. J’argue de cela échange de vues : la foi et la culture. Peut-être il est né là un rapport destiné à porter un espace de cinq an plus tard le cardinal Poupard à la tête du Pontifical Conseille de la Culture, appelé à ce charge de l’archevêque polonais devenu Pape. Elle a été alors naturel l’émotion avec laquelle hier le président du ministère pontifical est revenu à l’Université de Lublin pour en recevoir l’honorifiques et parler encore ce même, inépuisable rapport entre foi et culture. Dans son « Lectio magistralis », le cardinal Poupard a posé l’accent sur attends de dialogue, que sin des origines il a poussé l’Église à rencontrer et donc « inculturation » au message de Christ dans les traditions d’autres peuples. Le « concept de personne », rendu « plus humain » de l’Évangile par rapport à l’acception grecque ou latine, est déjà un « brillant » exemple, a affirmé le cardinal Poupard, de la nouveauté portée de l’Église dans la rencontre entre foi, raison, culture. Mais les « conquêtes », a observé, ont été « innombrable » dans le cours de l’histoire : art, littérature, musique et, en temps plus récents, même recherche scientifique, jurisprudence, économie en clé solidaire montrent force de dialogue produit de l’Église avec les divers secteurs du savoir humain. Aujourd’hui, après la parenthèse de l’illuminisme, « la promotion de le dialogue entre l’Église et la culture – il a dit le cardinal Poupard – n’est pas seulement une exigence. Elle représente un vrai défi que, au-delà de à attentive analyse de la situation de la culture contemporaine, il demande une multidirectionnel répondue culturelle et surtout pastorale, fondée sur une attitude de discernement évangélique « . Pour une culture qui escompte la « crise de la vérité objective », les extrême division sectoriel des disciplines « qui cassent le savoir », l’ »fort appauvrissement spirituel » qui a nourri les « passé des croyances parallèles », ésotériques ou New age, et les très rapide changements tu établis des dynamiques financières et de la technologie, avec la relative homologation des langages et de la diffusion de la globalisation, ils imposent qu’à l’intérieur du procès de le dialogue entre Église et culture soit présente « un vivant dialogue entre science et foi capable de reconstruire les ponts endommagés ou même détruits ». Dans cette optique, il a conclu, on pose Projette « STOQ », la récente initiative de six Universités Pontifical romaines qui, avec la protection du Pontifical Conseille de la Culture, entendent favoriser dialogue entre des sciences naturelles, de la philosophie et de la théologie, en cherchant « de réaliser- il s’est rappelle le Cardinal – l’idéal de recherche interdisciplinaire, souhaité de Giovanni Paolo II dans la Lettre «Enciclica « Fides et Ratio » et aujourd’hui soutenu de la Papa Benoît XVI.

 

« UN HOMME DESCENDAIT DE JÉRUSALEM À JÉRICHO »

16 mai, 2007

J’ai trouve ce commentaire du Cardinal Poupard par hasard et je vous le mets tout de suit, que vous aime le Cardinal il me semble, du site Vatican:

« UN HOMME DESCENDAIT DE JÉRUSALEM À JÉRICHO »
(Lc. 10,30)

Introduction
Parmi les paraboles les plus puissantes, les plus personnelles, pastorales et concrètes de Jésus, se trouve celle du Bon Samaritain. C’est une parabole puissante, car elle parle du pouvoir de l’amour qui dépasse tous les credo et toutes les cultures et fait d’une personne complètement étrangère notre prochain. C’est une parabole personnelle. Elle décrit avec grande simplicité l’épanouissement d’une relation humaine qui implique un contact personnel, y compris d’ordre physique, au-delà des tabous sociaux et culturels: un homme bande les plaies d’un autre. C’est une parabole pastorale, riche du mystère du souci de l’autre, enraciné au cœur de la culture humaine: le Bon Samaritain se tourne vers son nouveau prochain et s’occupe de lui qui a tant besoin d’aide. Voilà une parabole essentiellement pratique. Elle nous lance un défi: dépasser toute barrière culturelle et communautaire pour aller et faire de même!
Chaque fois que nous lisons et réfléchissons sur cette parabole du Bon Samaritain et la méditons, nous sommes touchés par sa grande simplicité. Elle parle au cœur et trouble même notre conscience. Cette parabole l’illustre merveilleusement: «Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants» (Héb 4, 12). Et j’ai ressenti de tels sentiments au fond de moi-même, lorsque j’ai entendu prononcer le Serment d’Hippocrate.
Même si quelques siècles séparent le Serment de la Parabole, il existe pourtant un lieu qui les unit, car ces deux textes expriment et invitent à partager une préoccupation commune: l’engagement pour «l’Évangile de la vie», qui s’enracine dans un intérêt et un profond respect pour la personne humaine. «En vertu du mystère du Verbe de Dieu qui s’est fait chair (cf. Jn, 1,14), tout homme est confié à la sollicitude maternelle de l’Église. Aussi toute menace contre la dignité de l’homme et contre sa vie ne peut-elle que toucher le cœur même de l’Église; elle ne peut que l’atteindre au centre de sa foi en l’Incarnation rédemptrice du Fils de Dieu et dans sa mission d’annoncer l’Évangile de la vie dans le monde entier et à toute créature (cf. Mc 16,15)» [1]. C’est précisément cette mission et cet engagement qui occuperont notre réflexion pendant les trois jours de notre participation à cette Dixième Conférence Internationale organisée par le Conseil Pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé. Le programme de cette Conférence le fait bien apparaître: plusieurs conférenciers sont invités à traiter, dans la richesse de l’interdisciplinarité, le thème général synthétisé dans le titre «D’Hippocrate au Bon Samaritain». La souffrance, le soin des malades, guérir les blessures, le médecin «homme pour tous», médecine et moralité, les femmes dans l’histoire du service de la santé: autant de thèmes qui vont nous retenir. Pour ma part, en ma qualité de Président du Conseil Pontifical de la Culture, je vous propose une méditation priante et pratique sur cette Parabole du Bon Samaritan.
L’homme dont nous parlons était en route, il descendait de Jérusalem à Jéricho. Jérusalem, c’est la cité sainte où se trouve le Temple que Yahvé a choisi pour sa demeure. Elle était donc un symbole du divin et du sacré, tandis que Jéricho représente le monde. Origène le dit bien: «L’homme qui voyage de Jérusalem à Jéricho, devenu la proie des voleurs, représente Adam conduit du paradis à l’exil de ce monde. Et quand Jésus alla à Jéricho et redonna la vue aux aveugles, ceux-ci représentaient tous ceux qui souffrent dans ce monde à cause de l’aveuglement de l’ignorance, pour lesquels le Fils de Dieu vient» [2]. Dans un certain sens, Jéricho est le symbole de la culture séculière, et cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho représente l’humanité tout entière, à vrai dire chacun de nous. Comme lui, ne sommes-nous pas nous aussi en route? Ne sommes-nous pas tous des pèlerins voyageant ensemble? Au cours de ce voyage, nous voici victimes d’embuscades et de vols, dépossédés et dépouillés de ce qu’il y a de meilleur en nous, de l’étincelle du divin et du sacré. La religion, qui exprime notre relation à Dieu, est, comme le sacré, au cœur même de la culture. Et pourtant, affirmait Paul VI: «La rupture entre Évangile et culture est sans doute le drame de notre époque, comme ce fut aussi celui d’autres époques» [3]. Quel secours pourrons-nous apporter, comme Église, au corps de l’humanité blessé et attaqué? Ne devons-nous pas avoir soin de lui et lui redonner sa santé et sa gloire originelles? Je vous propose de méditer cette grande parabole de trois points de vue: elle appelle notre Compassion, nous provoque à l’Engagement et s’achève dans la joie de la Communion.
1. L’appel à la compassion
Il y a une grande différence entre la pure pitié et la compassion. La pitié commence et finit avec notre propre moi. Et même si elle nous rend sensibles à la souffrance, elle reste fermée sur elle-même, car elle ne produit pas de fruits dans l’action. Le plus souvent, la pitié finit par un soupir ou un haussement d’épaules. La compassion, au contraire, nous pousse à sortir de nous-mêmes. En effet, non seulement elle nous fait avoir pitié de ceux qui souffrent, mais elle nous fait aussi être avec ceux qui souffrent. Montrer de la compassion, c’est souffrir avec ceux qui sont blessés et qui sont éprouvés, c’est partager leur douleur et leurs angoisses. S’il est vrai que nous ne pouvons jamais entrer pleinement dans la douleur d’une autre personne et que le plus souvent nous demeurons à l’extérieur, tels des spectateurs silencieux du tourment des autres, la compassion nous aide, dans une certaine mesure, non seulement à souffrir avec celui qui souffre, mais aussi à ressentir quelque chose de sa souffrance.
C’est la façon dont Jésus, le Bon Samaritain par excellence, a montré sa compassion: il souffrait avec et dans les personnes auxquelles il vient en aide. Il partageait leur faim, Il éprouve leurs chagrins, Il comprenait leur douleur, Il avait de la compréhension pour les pécheurs et se montrait leur ami, Il était en contact avec les exclus. Jésus a aussi assumé un dos et des épaules pour éprouver la douleur d’être flagellé. «Car nous n’avons pas un grand-prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d’une manière semblable, à l’exception du péché» (Héb 4,15). Quelques siècles avant la naissance du Christ, le prophète Isaïe avait affirmé: «Ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé… Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison» (Is 53, 4-5).
La compassion ne nous laisse pas indifférents ou insensibles à la douleur de l’autre, car elle appelle la solidarité avec ceux qui souffrent. La solidarité «n’est donc pas un sentiment de compassion vague ou d’attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c’est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun; c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun, parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous» [4]. Parfois, nous ressemblons étrangement au prêtre et au lévite qui virent l’homme blessé et passèrent outre, spectateurs silencieux par peur de nous impliquer et de nous salir les mains.
Nous pouvons facilement trouver des parallèles dans la culture contemporaine. Les médias visuels aujourd’hui portent directement dans nos maisons des scènes bouleversantes de guerre et de violence, de famine et de pauvreté, de maladie et de malaise, de catastrophes naturelles comme les inondations et les tremblements de terre. Nous courons le risque de nous endormir dans une culture de regard passif, sans rien faire. Au lieu d’être des acteurs, nous finissons par devenir des spectateurs oisifs. La compassion nous pousse à nous libérer de nous-mêmes pour rejoindre les autres, ceux qui ont besoin de nous. Elle nous fait sortir de la coquille confortable où nous aimons nous dissimuler et nous pousse à aimer et à servir ceux qui comptent sur notre aide.
La santé ne se réduit pas strictement au bien-être physique ou corporel. Au sens symbolique, la notion de santé prend une signification beaucoup plus large. La réalité est simple et douloureuse: des sociétés, voire des cultures entières sont couchées «de l’autre côte de la route», «blessées», attaquées et appauvries par les contre-valeurs de la sociétés de consommation et du matérialisme, dépouillées de tout ce qu’il y a de meilleur et de plus beau dans la culture humaine. Privées de Dieu, elles Lui sont parfois hostiles, voire indifférentes.
Notre propre culture nous a tellement déshumanisés que nous avons perdu le sens de Dieu. Au fil des ans, nous avons fait le lit de la non- croyance et nous l’avons nourrie, pour aboutir à une indifférence religieuse, pire que l’hostilité. L’ennemi reconnaît la présence de l’autre, au moins pour nourrir sa violence, mais la personne indifférente, au contraire, ignore l’autre et lui dénie l’existence.C’est bien là l’indifférence et l’insensibilité illustrées par le prêtre et le lévite qui passèrent outre, sans s’arrêter pour prendre soin du voyageur blessé et dévalisé. Telle est la réalité bien présente de notre anticulture de l’isolement et de la banalité, véritable antichambre d’inhumanité.
Mais notre plus grande perversion, c’est de nous exposer à perdre le sens de Dieu. Car en perdant le sens de la paternité de Dieu, nous perdons nécessairement le sens de la fraternité de l’homme. Mais, si l’on peut Le nier ou Lui être indifférent, ce qui nous comble d’expérance et d’optimisme, c’est que le Dieu des chrétiens est un Dieu qui ressuscite d’entre les morts, qui ranime et renouvelle, qui redonne l’espérance, car Il renaît glorifié, bien plus réellement que le phénix renaît de ses cendres. C’est précisément vers ces cultures marquées par l’athéisme ou l’indifférentisme religieux, engourdies et dévitalisées, que l’Église, à la suite de Jésus-Christ, Bon Samaritain, doit se tourner, pour leur venir en aide et leur annoncer la Bonne Nouvelle. C’est là la véritable culture qui, silencieusement, fait appel à notre engagement actif. Quand l’Église, et avec elle la foi chrétienne, entre dans le vif de la culture, le mystère de l’Incarnation se renouvelle. Le Verbe se fait chair et il habite parmi nous. Il devient semblable à nous en toutes choses, excepté le péché. «Sans incarnation point de salut: le Christ n’est pas né dans le néant. Il s’est incarné dans le sein de Marie. Sa vie s’est intégrée au tissu social et culturel qui prévalait en son temps. Comme Verbe de Dieu, Il parlait une langue humaine, une langue spécifique avec un héritage culturel déterminé. Par analogie, les cultures ont été comparées à l’humanité du Christ. Par le mystère de l’Incarnation, c’est de l’intérieur qu’Il a pénétré la culture, il l’a purifiée et réorientée vers Dieu, pour qu’il fût adoré en esprit et en vérité» [5]. De même que le Bon Samaritain a rejoint dans sa condition l’homme étendu à terre, blessé et à demi-mort, pour le secourir, ainsi l’Église doit pénétrer ces cultures blessées et malades pour les revitaliser en leur annonçant l’Évangile de la vie.
2. Le défi à l’engagement
Le mot engagement est sans nul doute celui qui exprime le mieux le comportement et la conduite du Bon Samaritain. Il aurait pu passer outre, comme le prêtre et le lévite. Il aurait pu fermer son cœur et se refuser à répondre à une nécessité véritable. Mais il s’arrête. Il s’arrête pour s’humilier. Il s’humilie pour grandir. Et juste au moment où il s’arrête et s’humilie pour servir un étranger tombé aux mains des brigands, voilà qu’un prochain naît. La compassion stimulée par l’amour est «créatrice», elle crée un prochain! «On pourrait donc parler d’un sacrement, du sacrement de l’amour: quand une personne met à la disposition de son prochain son être vivant, son cœur, sa force et ses énergies, Dieu fait en sorte que son pouvoir créatif les pénètre et c’est alors qu’apparaît le miracle de la relation avec le prochain» [6].
A vrai dire, notre monde est constamment défié par une insensibilité croissante à la souffrance. Nous sommes tellement habitués à la souffrance, la maladie et la famine, que nous pouvons passer à côté des scènes les plus horribles sans sourciller. Nous sommes si habitués à voir de splendides gratte-ciel qui constituent la toile de fond à de sordides bas-fonds. La communauté mondiale n’est-elle pas restée à regarder en spectateur silencieux lorsque des milliers de personnes étaient anéanties dans l’un des plus affreux génocides connus dans l’histoire? La vie elle-même est devenue si superflue que nous avons inventé des expressions euphémiques pour étouffer les remords de notre conscience. Nous parlons aujourd’hui d’«interruption de grossesse» et d’«euthanasie», comme si nous pouvions les affranchir de la sacralité de la personne humaine dont la mort est prévue et mise à exécution!
L’Église, comme le Bon Samaritain, œuvre en faveur de la santé et de la vie. Ce qui fait de la démarche du Bon Samaritain un fait extraordinaire, c’est qu’il n’y avait aucune relation entre Juifs et Samaritains. Mais c’est à partir de cette attitude de charité, que deux personnes, qui n’ont pas de relation entre elles, commencent maintenant à avoir des relations dans la charité, et que le prochain peut naître. N’est-ce pas l’amour qui appelle le prochain à la vie?
Le texte de l’Évangile de Luc parle, au chapitre 10, d’«un homme [qui] descendait de Jérusalem à Jéricho…». Avons-nous jamais réfléchi sur l’identité de cet homme, dont nous ne connaissons ni le nom, ni la nationalité, ni la culture, ni la communauté d’appartenance, ni la race ni la religion? Il est tout simplement un homme. Oui, chaque homme, chaque personne qui a besoin d’aide et d’amour. Toute personne qui a besoin d’aide, c’est mon prochain. «Toute personne que je rencontre sur mon chemin et qui a besoin de moi, quels que soient son nom, sa race ou sa religion. Ne perdons pas de temps à chercher à connaître ces détails, ne passons pas outre, en refusant d’aider ceux qui ont besoin. Nous devons savoir une seule chose: que ce pauvre a besoin de moi et que son nom est Jésus!» [7].
3. La joie de la Communion
Le monde dans lequel nous vivons est un océan de souffrance. Je pense aux millions de personnes qui souffrent dans les hôpitaux, dans les hospices et dans les cliniques pour malades en phase terminale. Je me souviens de tout petits enfants, trop petits pour comprendre le mystère de la souffrance, mais assez grands pour en faire l’expérience. Je me souviens de jeunes gens pourtant forts, qui criaient à cause de la douleur insupportable; de personnes âgées très affaiblies luttant et se débattant dans leurs derniers souffles de vie. Je pense aux maladies mentales que bien des gens éprouvent, à la solitude des couples séparés, à l’isolement des orphelins qui n’ont jamais connu la chaleur d’une maison ni les caresses d’une mère ou d’un père, au tourment du drogué, à l’angoisse de ceux qui pleurent la mort d’un être cher, à la souffrance de ceux qui sont seuls. La souffrance, c’est vraiment notre patrimoine commun. Mais a-t-elle un sens? Quel est le sens chrétien de la souffrance? Paul Claudel l’a dit avec concision: «Dieu n’est pas venu pour éliminer la souffrance, mais pour la remplir de sa présence». Jesus n’a pas éliminé la souffrance, il l’a élevée, transfigurée.
Quelle devrait être notre attitude à l’égard de ceux qui souffrent? «La parabole du bon Samaritain appartient à l’Évangile de la souffrance. Elle indique, en effet, quelle doit être la relation de chacun d’entre nous avec le prochain en état de souffrance. Il nous est interdit de « passer outre », avec indifférence, mais nous devons « nous arrêter » auprès de lui. Le bon Samaritain, c’est toute personne qui s’arrête auprès de la souffrance d’un autre homme, quelle qu’elle soit. S’arrêter ainsi, cela n’est pas faire preuve de curiosité, mais de disponibilité» [8]. Bref, notre compassion, qui nous engage à agir pour venir en aide à ceux qui souffrent, s’accomplit dans la communion, lorsque tout homme et toute femme qui souffrent deviennent mon frère et ma sœur.
Chose étrange et pourtant vraie: la souffrance unit. Elle nous conduit plus près de ceux qui souffrent, et peut-être plus près aussi de nous-mêmes! Quand nous sommes abattus, faibles, avec un sentiment d’impuissance, nous percevons avec plus d’acuité, non seulement notre condition de créatures devant Dieu, mais aussi notre solidarité avec l’ensemble de l’humanité. Nous pouvons oublier ceux avec qui nous avons ri, mais nous n’oublierons jamais ceux avec qui nous avons pleuré! C’est ce lien qui conduit à la communion. «Il y a quelque chose de la clairvoyance dans l’amour: une capacité de deviner ce qui est caché, de comprendre ce qui n’est pas encore présent, de discerner ce qui doit arriver» [9]. Mais il est encore une autre Personne avec qui nous entrons en communion chaque fois que nous nous tournons vers les malades et ceux qui souffrent pour les servir. Cette personne n’est nul autre que Jésus-Christ Lui-même. Il nous le dit sans demi- mots: «En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Matt 25, 40). Nous aimons et nous servons le Seigneur, dans la mesure où nous aimons et servons notre prochain, celui qui a besoin de nous. En dernière analyse, c’est l’amour seul qui compte. Saint Jean de la Croix l’a bien résumé par ces mots décisifs: «Au soir de la vie, vous serez jugés sur l’amour».
Compassion, engagement et communion récapitulent le message de la parabole du bon Samaritain. C’est la compassion qui nous fait souffrir avec ceux qui souffrent. C’est une entente qui nous conduit à nous engager dans l’amour et le service en faveur des indigents; c’est cet engagement qui suscite une communion d’amour, non seulement avec ceux qui souffrent et auxquels nous venons en aide, mais aussi avec Dieu Lui-même.
Conclusion
Je voudrais conclure cette méditation par une brève anecdote. Un rabbin intruisait ses disciples. Au cours de son enseignement, il leur demanda: «Quand le jour commence-t-il?» Quelqu’un répondit: «Quand le soleil se lève et que ses doux rayons embrasent la terre et la revêtent d’or, un nouveau jour a commencé». Mais le rabbin ne fut pas satisfait de cette réponse. Alors, un autre disciple se risqua à avancer: «Quand les oiseaux commencent à chanter en chœur leurs louanges et que la nature elle-même reprend vie après le sommeil de la nuit, un nouveau jour a commencé». Cette réponse, elle non plus, ne donna pas satisfaction au rabbin. L’un après l’autre, tous les disciples hasardèrent leurs réponses. Mais personne ne parvenait à satisfaire le rabbin. Enfin, les disciples se rendirent et, tout agités, demandèrent: «Et maintenant, toi, donne-nous la juste réponse! Quand le jour commence-t-il?» Et le rabbin de répondre calmement: «Quand vous voyez un étranger dans l’obscurité et que vous reconnaissez en lui votre frère, le jour est né! Si vous ne reconnaissez pas dans l’étranger votre frère ou votre sœur, le soleil a pu se lever, les oiseaux peuvent bien chanter, la nature peut bien reprendre vie. Mais il fait encore nuit, et les ténèbres sont dans ton cœur!».
C’est l’amour qui nous donne des yeux pour voir, un cœur pour être sensibles et des mains pour porter secours. «La vocation des chrétiens, c’est de partager généreusement cet amour sur les chemins divers que parcourt aujourd’hui l’humanité, des chemins qui sont nouveaux et parfois dangereux, mais toujours ouverts aux personnes en route…» [10]. Ma fervente prière ce matin, alors que nous commençons notre réflexion, c’est que chacun de nous puisse être inondé et comblé de cette lumière d’amour qui nous fera sortir de nous-mêmes et nous tourner vers les autres qui ont besoin d’aide. Comme le bon Samaritain eut soin de l’homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho, nous aussi nous saurons avoir soin de ce corps de l’humanité qui, au cours de son pèlerinage terrestre, se retrouve à terre, attaqué et blessé, dépouillé de ce qui est au cœur de sa culture. Et nous saurons faire renaître en lui l’espérance, la santé et le bonheur, en l’imprégnant du divin et du sacré, le reconduisant ainsi à sa gloire première. Saint Irénée l’a bien dit: «La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu» [11]. Cette parabole du bon Samaritain deviendra vivante et parlera aujourd’hui à nos cœurs, dans la mesure où nous saurons qui est notre prochain et où nous obéirons au commandement donné par Jésus au légiste: «Va, et toi aussi, fais de même». Nous voici invités à entrer dans une réalité qui surpasse toute loi: Voilà notre défi: nous engager à aimer et communier au commandement nouveau du Christ. Nul ne peut vivre sans amour: L’amour seul est digne de foi.

Card. PAUL POUPARD
Président du Conseil Pontifical de la Culture

1 JEAN-PAUL II, Lettre Encyclique «Evangelium vitae», 1995, n. 3.
2 ORIGÈNE, Homélies, 6, 4.
3 PAUL VI, Exhortation Apostolique «Evangelii Nuntiandi», 1975, n. 20
4 JEAN-PAUL II, Lettre Encyclique «Sollicitudo Rei Socialis», 1987, n. 38.
5 Rooted in Cultures… Fruitful in Christ, Office of Education and Student Chaplaincy, F.A.B.C., Manila, 1995, p. 16.
6 ROMANO GUARDINI, Volontà e verità, Morcelliana, Brescia, 1978, p. 149.
7 Card. EDUARDO PIRONIO, «Homo quidam», Dolentium Hominum, 1986, n. 1, p. 8.
8 JEAN-PAUL II, Lettre Apostolique «Salvifici Doloris», 1984, n. 28.
9 ROMANO GUARDINI, op. cit., p. 150.
10 Card. PAUL POUPARD with MICHAEL PAUL GALLAGHER, What will give us Happiness? Dublin, Veritas, 1992, p. 124.
11 Adversus Haereses, IV, 20, 7.

Paul Poupard – Projet « STOQ » : Le Conseil pontifical de la Culture publie les 4 premiers volumes

4 mai, 2007

du site:

http://www.zenit.org/french/visualizza.phtml?sid=106967

2007-05-03

Projet « STOQ » : Le Conseil pontifical de la Culture publie les 4 premiers volumes

Et inaugure de nouveaux locaux

ROME, Jeudi 3 mai 2007 (ZENIT.org) Le conseil pontifical de la Culture publie les 4 premiers volumes dans le cadre du « Projet Stoq » (« Science, théologie et recherche ontologique », « Science, Theology and the Ontological Quest »), qui implique six universités pontificales romaines, et inaugure ses nouveaux locaux.Un communiqué de ce dicastère annonce en effet pour le 8 mai une conférence de presse de présentation des ces premiers volumes, par le président du dicastère, le cardinal Paul Poupard, au nouveau siège de ce conseil pontifical, via della Conciliazione (n. 5).Ce sont les premiers livres dune sé

rie importante, qui concerne :
- les m
éthodes mathématiques employé
es en physique,
- des
études historico-critiques sur les dé
finitions du vivant et des organismes,
- les actes du premier carrefour organis
é à luniversité pontificale gré
gorienne sur les relations entre science et philosophie,
- diff
érentes contributions sur le concept de vie et le problè
me des organismes.
Le cardinal Poupard sera accompagné de Mgr Melchor Sanchez de Toca, directeur du Projet STOQ, et sous-secrétire du dicastère, de M. Gennaro Auletta, directeur scientifique de STOQ et professeur à luniversité pontificale grégorienne, et M. Pietro Ramellini, professeur de science et foi à lathénée Regina Apostolorum.Le projet Stoq III, qui est soutenu par la Fondation Templeton et dautres sponsors italiens, est lun des plus prestigieux programmes d’étude et de recherche actuellement existant dans le monde, sur la relation entre science, philosophie et thé

ologie. Le programme est coordonné par le Conseil pontifical de la Culture, et il en est à sa IIIe phase, impliquant les universités pontificales romaines.Il constitue, indique ce dicastère « un des fruits du nouvel esprit de dialogue entre sciences naturelles et théologie », un esprit « inauguré par le concile Vatican II », et mûri dans la commission d’étude sur le cas Galilée, instituée par Jean-Paul II, et présidée par le cardinal Poupard. Cette étude a conduit, rappelons-le, à la célébration, pour la première fois dans lhistoire, du Jubilé des personnalités scientifiques, le 25 mai 2000 (cf. le dossier de Zenit des 21, 23, 25, 26 mai 2000).

Le cardinal Paul Poupard effectue une visite en Roumanie

2 mai, 2007

du site: 

http://www.roumanie.com/Eglise_Religion-Vatican-Eglise-catholique-Eglise-orthodoxe-roumaine-A2153.html

L’envoyé du Vatican en visite à l’Église patriarcale de Roumanie

Bucarest, 1er mai(Rompres) – Le cardinal Paul Poupard, qui effectue une visite en Roumanie pour participer à la Réunion du Conseil pontifical pour la Culture, qui se tiendra à Sibiu (centrede la Roumanie) du 2 au 5 mai, a été reçu lundi par le patriarche de l’Église orthodoxe roumaine, Teoctist.

La première chose que jai faite après mon arrivée en Roumanie a été de rendre mes hommages au patriarche. Je suis heureux d’être de nouveau reçu par Sa Béatitude Teoctist que jai visité aussi il y a quelques années et qui me reçoit toujours avec un sentiment de fraternité’, a affirmé le cardinal Paul Poupard.

Il a relevé avoir souhaité, à lentrevue avec le prélat orthodoxe, confirmer lengagement commun des deux églises, orthodoxe et catholique, de montrer toujours lamour du Christ, surtout devant la jeune génération. Le cardinal a apprécié la richesse spirituelle que la Roumanie apportait à cette Europe qui se construit et qui oublie parfois sa nature profonde et tout ce quelle doit à la tradition chrétienne. R

épondant à la question de savoir quel était, selon lui, le problème le plus difficile auquel se confrontait le dialogue entre les religions, le cardinal a mentionné sa tentative de construire un dialogue dans lamour et la vérité’. Le cardinal a recommandé le respect des convictions des autres, affirmant que la peur du dialogue faisait les uns se barricader dans un fondamentalisme qui pouvait devenir violent.

Le cardinal Poupard a fait un cadeau au patriarche Teoctist consistant dans une médaille dor émise à loccasion de lintronisation du Pape Benoît XVI au Vatican, recevant pour sa part une croix du patriarche de l’Église orthodoxe roumaine. Le patriarche Teoctist s

est dit heureux de recevoir un envoyé du Vatican, disant que cette visite était un signe damour et de continuité du dialogue avec l’Église romaine-catholique.

Le cardinal Paul Poupard présidera à Sibiu, Capitale européenne de la Culture 2007, une réunion des cardinaux de lEurope entière, quil a invités de réfléchir ensemble au statut de l’église devant la sécularisation. [Rompres] [www.Roumanie.com]

Peine de mort: Le cardinal Poupard rappelle l’enseignement de l’Eglise

31 mars, 2007

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article_4387.htm

Peine de mort: Le cardinal Poupard rappelle l’enseignement de l’Eglise
 

Jul 03, 2006
Le caractère « sacré » de toute vie humaine

ROME, Mercredi 21 juin 2006 (ZENIT.org) – Au lendemain du réquisitoire qui a réclamé la peine capitale pour Saddam Hussein, le cardinal Poupard a rappelé à ce sujet à des journalistes à Rome l’enseignement de l’Eglise catholique sur le caractère « sacré » de toute vie humaine.
« La vie humaine est toujours inviolable » a déclaré le cardinal Paul Poupard, président des conseils pontificaux de la Culture et pour le Dialogue interreligieux.

« Chaque créature humaine, même la plus misérable, a été créée à l’image et à la ressemblance du Seigneur. Dieu est le maître de la vie et de la mort », a rappelé le cardinal français.

Le cardinal Poupard a précisé qu’il parlait en général et ne visait pas spécialement Saddam Hussein en disant : « Je ne vais pas répondre en ce qui concerne Saddam Hussein mais je répète que l’Eglise croit que chaque personne est sacrée ».

Le Catéchisme de l’Eglise catholique, rédigé sous la responsabilité du cardinal Joseph Ratzinger, considère que la peine de mort ne pourraitêtre infligée qu’à de très rares occasions (quasi « inexistantes », dit le texte), contre un « agresseur » qui continuerait de constituer une menace pour des vies, ce qui ramènerait la question morale à celle de la légitime défense.

Le catéchisme dit en effet dans son édition de 1997, au n° 2267 : « L’enseignement traditionnel de l’Eglise n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie des êtres humains.
« Mais si des moyens non sanglants suffisent à défendre et à protéger la sécurité des personnes contre l’agresseur, l’autorité s’en tiendra à ses moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine.
« Aujourd’hui, en effet, étant donné les possibilités dont l’Etat dispose pour réprimer efficacement les crimes en rendant incapable de nuire celui qui l’a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de repentir, les cas d’absolue nécessité de supprimer les coupables sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants ».

du 22.2.2006 du Cardinal Paul Poupard

23 mars, 2007

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article_3092.htm

Huit portes de sagesse et de sainteté
Feb 22, 2006
En huit paragraphe, comme huit portes bibliques de sagesse et de sainteté, le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la Culture ouvre un chemin pour les pèlerins de la famille spirituelle de la communauté Saint-Jean, à Rome pour un triduum jusqu’à demain.
ROME, Mardi 14 février 2006 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral du cardinal Poupard, à l’adresse du fondateur, des frères et sœurs, des oblats, des laïcs amis et des familles de la communauté Saint-Jean, lors de la messe de ce matin, à Saint-Jean du Latran.

Homélie de S. Em. Le card. Paul Poupard, Président du Conseil Pontifical de la Culture

Pèlerinage des frères et sœur de la communauté Saint-Jean

St Jean de Latran, le 14 février 2006, Saint Cyrille et Méthode ( 2 Co 4, 1-7 – Ps 95 – Lc 10,1-9)

Mes Révérends et bien chers Pères,
Chers Frères et Sœurs, Oblats et Amis de Saint-Jean,
Chers amis pèlerins,

1. C’est pour moi une grande joie de vous accueillir en cette majestueuse Basilique d’abord consacrée au saint Sauveur, et plus tardivement aux saints Jean-Baptiste et Jean l’Evangéliste, l’Apôtre que Jésus aimait et que vous considérez comme votre Père. Nous sommes ici, vous avez pu le lire fièrement inscrit sur la façade majestueuse et solennelle du Florentin Alessandro Galilei, dans la « Sacrosancta Lateranensis ecclesia Omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput » : mère et tête de toutes les églises de Rome et du monde. Réunis en cette liturgie solennelle, nous fêtons dans la joie les saints Cyrille et Méthode, apôtres des peuples slaves et Patrons de l\’Europe avec saint Benoît Abbé. Nous prions donc le maître de la moisson en cette Eucharistie, comme Jésus nous l’a demandé dans l’Evangile de Luc que nous venons d’entendre, « d\’envoyer des ouvriers dans sa moisson », et nous renouvelons notre désir de répondre généreusement à son envoi : « Partez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups », pauvres sans « bourse, ni sac, ni souliers », mais riches de la paix que le Seigneur met dans nos âmes parce que, c’est notre foi : « Le royaume de Dieu s\’est approché de nous ».

Cher Père Marie-Dominique Philippe,

2. En accueillant les frères, les sœurs et les amis de la Communauté Saint-Jean réunis en pèlerinage d’action de grâces pour les 30 ans de sa fondation, je me dois de m’adresser en premier lieu à vous, et de vous redire ma reconnaissance pour le don de votre vie au service de l’Eglise selon la grâce de saint Dominique à qui vous avez toujours voulu rester fidèle, tout en étant appelé par Dieu à accompagner ces jeunes désireux d’offrir leur vie au service de l’Eglise et du Christ, selon la grâce de l’Apôtre saint Jean.

Il m’en souvient, c’était voici déjà trente ans : j’étais aumônier de « Saint-Do », via Cassia, où vous séjourniez à l’occasion de vos séjours romains. Vous me parliez de vos étudiants passionnés par la réflexion sur l’être et la métaphysique, l’interrogation du beau et la philosophie de l’art, la recherche du vrai et la critique… Ils faisaient votre joie et vous encourageaient dans un environnement intellectuel sinon hostile, du moins peu enclin à suivre un tel enseignement. Ces étudiants, vous les accompagniez aussi spirituellement : vous les voyiez se joindre pour vivre ensemble, comme les premières communautés chrétiennes des Actes des Apôtres, mettant leurs biens en commun, priant intensément et longuement, fervents dans la célébration de l’eucharistie comme vous leur en montriez l’exemple, et profondément unis dans un amour tout fraternel et communicatif. C’est ainsi qu’une multitude s’est jointe à eux au fil des ans, jusqu’à devenir une grande et belle famille dont vous êtes l’heureux Père fondateur, béni de Dieu à travers une multitude de fils et de filles répartis aux quatre coins de la terre : ils constituent une grande famille, une vivante mosaïque de cultures fécondées par l’agapè de la foi, témoins en notre monde de l’universelle fraternité des hommes en Jésus-Christ. Je mesure avec vous le chemin parcouru depuis trente ans, les joies mais aussi les épreuves qui ne manquent pas, tant il est vrai – l’Eglise de Rome en est le signe éloquent – que nul n’édifie l’Eglise sans verser le sang de son cœur, parfois jusqu’à l’épuisement, à la suite de Jésus sur la Croix. Continuez, cher Père, à accompagner de votre sagesse et de votre fervente charité, ces filles et ces fils de l’Eglise pour qu’ils continuent à être généreusement aujourd’hui et demain, à l’exemple de Jean-Baptiste et de Jean l’Evangéliste, des martyrs romains et de Benoît de Nursie, de Cyrille et Méthode, de Catherine de Sienne, Brigitte de Suède et Thérèse-Bénédicte de la Croix, les apôtres de la nouvelle évangélisation. Paul VI nous y invitait dans sa belle Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, la charte apostolique qui constitue pour la Famille Saint-Jean comme pour toute l’Eglise, une grande lumière pour sa mission. Le serviteur de Dieu Jean-Paul II me le disait dans un confiant entretien sur l’évangélisation des cultures et l’inculturation de l’Evangile qui marchent du même pas : « Il faut toujours revenir à Evangelii nuntiandi ! »

Cher Père Jean-Pierre-Marie, Chère Sœur Alix et chère Sœur Irène-Marie,
Chers Frères, Sœurs, Oblats et amis de la Communauté Saint-Jean,

3. Vous rendez grâces à Dieu pour avoir été choisis dans l’Eglise à la suite de saint Jean, que vous considérez comme votre père et votre modèle : il est l’Apôtre bien-aimé, fervent et fougueux dans sa suite du Christ, fidèle jusqu’aux heures les plus terribles de la Croix, proche de Marie jusqu’à la prendre chez lui, compagnon de Pierre devant qui il s’efface mais qu’il soutient de son amour. Il est le contemplatif du Prologue de l’Evangile et de l’Apocalypse, chantre du Dieu d’amour en ses Epitres, témoin privilégié de la radicale nouveauté de l’Evangile, lui qui fut disciple du Baptiste avant de l’entendre désigner l’Agneau de Dieu et de se mettre à sa suite avec ardeur.

C’est votre belle vocation : être Jean au cœur de l’Eglise, et comme lui témoins émerveillés du Verbe incarné au cœur des cultures du vaste monde. Aussi cette célébration revêt-elle une signification particulière, devant la Chaire de Pierre où l’évêque de Rome siège pour témoigner du Christ. Le pape Benoît XVI le professait, le 7 mai dernier, en prenant ici possession de la Cathedra romana : « La Chaire – la cathedra – est le symbole de la potestas docendi, cette autorité d\’enseignement qui est la partie essentielle du mandat de lier et de délier conféré par le Seigneur à Pierre et, après lui, aux Douze. Dans l\’Eglise, l\’Ecriture Sainte, dont la compréhension s\’accroît sous l\’inspiration de l\’Esprit Saint, et le ministère de l\’interprétation authentique, conféré aux apôtres, appartiennent l\’une à l\’autre de façon indissoluble. Là où l\’Ecriture Sainte est détachée de la voix vivante de l\’Eglise, elle tombe en proie aux discussions des experts. Tout ce que ces derniers ont à nous dire est certainement important et précieux ; le travail des savants est d\’une aide appréciable pour pouvoir comprendre ce processus vivant à travers lequel l\’Ecriture a grandi et comprendre ainsi sa richesse historique. Mais la science ne peut pas nous fournir à elle seule une interprétation définitive et faisant autorité ; elle n\’est pas en mesure de nous donner, dans l\’interprétation, la certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons également mourir. C\’est pourquoi, il y a besoin d\’un mandat plus grand, qui ne peut pas naître uniquement des capacités humaines. C\’est pourquoi il y a besoin de la voix de l\’Eglise vivante, de cette Eglise confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu\’à la fin des temps. » Ainsi nous parle aujourd’hui Pierre vivant en son successeur Benoît.

4. Chers frères et sœurs, enracinez toujours en Eglise votre grande et exigeante vocation d’enseignants de la Sagesse chrétienne qui ne cesse de s’alimenter aux sources de la Révélation. Elle puise dans les trésors de la Sagesse humaine le moyen d’orienter notre raison pour une intelligence approfondie de la foi, et elle donne ainsi à la Sagesse théologique de s’épanouir dans une contemplation toute aimante du mystère de Dieu. Vous le savez : la fécondité de votre enseignement dépend de votre enracinement dans la Tradition de l’Eglise authentifiée par le Magistère vivant du Successeur de Pierre, et dans la communion à l’Eglise universelle. C’est ce mystère de communion qui vous a conduits à la rencontre de l’Eglise de Rome, cette Eglise « qui, selon l’expression d’Ignace d’Antioche, préside la charité ». Maxime le Confesseur en témoigne : « En effet, dès la descente vers nous du Verbe incarné, toutes les Eglises chrétiennes de partout ont tenu et tiennent la grande Eglise qui est ici pour unique base et fondement parce que, selon la promesse même du Sauveur, les portes de l’Enfer n’ont jamais prévalu sur elles ». Cette Eglise de Rome est fondée sur les Limina Apostolorum, les Mémoires des Apôtres, ces lieux sacrés de Rome où sont pieusement conservés et vénérés les tombeaux des apôtres Pierre et Paul, les Pères saints grâce auxquels la Ville est devenue disciple de la Vérité et centre de l’unité catholique. Ces mémoires ne cessent de nous inviter avec le peuple chrétien au renouveau fervent de la foi et au témoignage de la communion fraternelle, dont notre monde éclaté a tant besoin à l’aube du IIIème millénaire.

Chers amis pèlerins,

5. Vous avez pu avant cette célébration, vous rendre à l’antique Baptistère qui jouxte cette Basilique et y renouveler les promesses de votre baptême. Vous y avez lu sur l’entablement des colonnes de porphyre l’émouvante inscription que fit graver, vers 435, le pape Sixte III :
Ici naît pour le ciel un peuple de race divine
Engendré par l’esprit fécondateur de ces eaux.
Ici est la source de vie qui lave tout l’univers,
Jaillissant de la plaie du Christ.
Cette eau que reçoit le vieil homme
Fait surgir l’homme nouveau.
Entre ceux qui renaissent, aucune différence.
Un seul baptême, un seul esprit, une seule foi.
Ils sont Un.

Les sacrements sont les canaux qui permettent l’écoulement, à travers les âges et sur toute la surface de la terre, du sang et de l’eau qui, mystérieusement, jaillissent du côté transpercé du Christ crucifié. En recevant l’eau du baptême, nous sommes nés à une vie nouvelle et nous avons été lavés, non pour les soins du corps mais pour ceux de l’âme, non par l’eau qui lave, mais par la grâce qui purifie, et, pour reprendre les termes de l’encyclique Deus caritas est du Pape Benoît XVI, non pour l’eros mais pour l’agape divin qui jaillit en sources d’eau vive du Cœur transpercé de Jésus crucifié. Par le baptême, nous avons été consacrés, offerts à Dieu pour lui appartenir à jamais. Nous sommes devenus ses fils bien-aimés en qui Il met ses complaisances. Mon saint patron l’Apôtre Paul nous l’enseigne dans sa seconde épître aux Corinthiens : « Il a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ ». Tout jubilé d’action de grâces nous demande de retourner sans cesse à la source d’eau vive dans laquelle nous avons été engendrés pour devenir des hommes nouveaux. La contemplation du cœur ouvert de l’Agneau est notre réponse reconnaissante à Lui qui nous a aimés le premier, et s’est fait l’un de nous pour nous faire « un » en Lui.

Chers frères et sœurs, chers amis de la Famille Saint-Jean,

6. Demain le Pape vous accueillera, non pas seuls, mais avec une multitude d’hommes et de femmes qui, comme vous, chacun à sa mesure, prend sa part à l’édification de l’Eglise et s’insère dans l’unité du Corps mystique du Christ. Le Saint-Père illumine nos méditations par ses enseignements, et particulièrement sa première Lettre encyclique : Deus caritas est. Elle est pour vous, en ces jours romains, comme l’invitation à renouveler votre engagement de religieux et de religieuses, de couples et de familles, d’oblats et de baptisés, en revenant à l’essentiel de notre vocation chrétienne : l’amour agapè « dont Dieu nous comble et que nous devons communiquer aux autres » (DCE, n. 1). Le pape Benoît XVI le dit lui-même : il a voulu « insister sur certains éléments fondamentaux, de manière à susciter dans le monde – et donc dans la communauté Saint-Jean et ses amis – un dynamisme renouvelé pour l’engagement dans la réponse humaine à l’amour divin. » Et pour cela, il nous invite à le suivre pour rejoindre la source de sa méditation toute johannique : « Celui qui a le regard tourné vers le côté ouvert du Christ, dont parle Jean (cf. 19, 37), comprend ce qui a été le point de départ de cette Encyclique : «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8). C’est là que cette vérité peut être contemplée. » Ainsi, entrés dans le mystère de l’agapè divin, il nous faut garder le regard fixé sur le côté ouvert du Christ en Croix, près de Jean et de la Mère que le Christ lui donne, et à travers lui à chacune et chacun d’entre nous.

7. L’amour est à l’origine de notre vocation chrétienne : dans l’appel du Christ, nous avons reconnu l’amour et nous nous sommes donnés à lui. Car l’amour chrétien, l’agapè, est un amour oblatif, la réponse à l’appel de Dieu « qui nous a aimés le premier ». Comment ne pas méditer intensément, en cette ville où la terre a été baignée par le sang de tant de martyrs de la foi, sur le sens de l’oblation comme témoignage de l’amour suprême, celui que nous donne le Christ en Croix, celui de Marie sa Mère, la Vierge des douleurs, celui d’Agnès et de Laurent, de Priscille et de Lucie, celui de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de Marthe Robin qui vous est chère, celui aussi du Père Kolbe et de Mère Teresa dont le souvenir demeure un appel à plus de force et de courage dans l’amour des plus pauvres, celui enfin de Jean-Paul II en sa douloureuse maladie, tout offert à la Volonté du Père pour l’amour de l’Eglise.
L’amour est la raison d’être de toute notre vie. Mais qu’est-ce que l’amour ? Le Pape Benoît XVI nous l’enseigne : l’amour humain, l’eros grec, est appelé à une plus grande perfection dans la charité, l’agape biblique, et, pour cela, emprunte un chemin de purification. La grâce d’un pèlerinage est grâce de purification, à travers aussi les lenteurs, les lourdeurs, les imprécisions et les imprévus qui ne manquent jamais, autant d’occasions de grandir dans un amour plus parfait dont saint Paul énumère les fruits en son Epître aux Galates : « joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence, chasteté ». Le sacrement du pardon et nos Eucharisties sont autant d’occasions de renouvellement de nos âmes à travers ce que le pape appelle la « mystique des sacrements » qui « se fonde sur l’abaissement de Dieu vers nous », et « est d’une tout autre portée et entraîne bien plus haut que ce à quoi n’importe quelle élévation mystique de l’homme pourrait conduire ». Cette purification, vous le savez bien, n’est pas seulement pour le temps du pèlerinage : les épreuves de la vie, les médisances qui nous blessent d’autant plus qu’elles proviennent de ceux que nous avons aimés, comme Jésus à qui n’ont point été épargnées les trahisons et les infidélités. Reconnaissons aussi dans la simplicité du cœur, et confessons notre propre péché, nos égoïsmes et notre orgueil, autant de blessures de l’amour qu’il nous faut panser et transformer en occasions d’un amour renouvelé. Appelés « à suivre l’agneau partout où il va » à la suite des disciples de Jean le Baptiste, acceptons avec amour et générosité ces croix comme don de Dieu pour croître en son amour et dans celui de nos frères.

Chers frères et sœurs, chers Oblats et amis de la Famille Saint-Jean,

8. Confions-nous à l’intercession de Jean le précurseur et de son jeune disciple, l’apôtre de l’Amour, dont le Seigneur a dit à Pierre : « Si je veux qu\’il demeure jusqu\’à ce que je vienne, que t\’importe ? Toi, suis-moi ». Demeurons avec lui éveillés, le cœur toujours ouvert à l’accueil de sa venue, telle l’épouse fidèle et sage, témoins de l’espérance qui jamais ne nous abandonne, forts de la foi nourrie dans la contemplation du côté ouvert du Christ en Croix, pleins d’amour pour Dieu notre Père, nos frères dans l’Eglise, et ce peuple innombrable que Dieu nous donne à évangéliser à la suite des saints Cyrille et Méthode. Ils demeurent pour nous des modèles vivants, eux qui ont su porter la vérité révélée à de nouveaux peuples, en respectant l’originalité de leurs cultures, et plus encore, en leur donnant de se « renouveler par la force créatrice de l’Esprit-Saint, source infiniment jaillissante de beauté, d’amour et de vérité ».

Que Marie, notre Mère et notre Reine, donne à chacune et chacun d’entre nous de témoigner au milieu du monde de l’amour de Jésus, source vive qui fait de nous un peuple saint, et nous donne de participer activement à édifier la civilisation de l\’amour, de l’agape divin : à la fin des temps, il vivifiera tout et tous dans la Jérusalem céleste. Et nous pourrons laisser libre cours à notre action de grâces, en le redisant avec notre Seigneur dans l’Evangile de cette Eucharistie : oui, en vérité, le royaume de Dieu s\’est approché de nous et nous y avons répondu par le don sans partage de nos vies et de notre amour. Amen.

**********
Cf. Paul Poupard, Rome Pèlerinage, ch. IX, Le message de Rome, Bayard-L’Emmanuel, 1997, p. 209-231.
Cf. Conseil Pontifical de la Culture, Pour une pastorale de la culture, Téqui, 1999, n. 39.

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