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Jean Paul II – mercredi 18 février 2004 – sur: hymne de « bénédiction », qui ouvre la Lettre aux Ephésiens

31 octobre, 2008

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JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 18 février 2004
Dieu Sauveur
Lecture:
Ep 1, 3-6

1. Le splendide hymne de « bénédiction », qui ouvre la Lettre aux Ephésiens, et qui est proclamée chaque lundi dans la liturgie des Vêpres, fera l’objet d’une série de méditations au cours de notre itinéraire. Pour l’instant, nous nous contentons d’un regard d’ensemble sur ce texte solennel et bien structuré, une sorte de construction majestueuse, destinée à exalter l’oeuvre merveilleuse de Dieu, réalisée pour nous dans le Christ.

On part d’un « début » qui anticipe le temps et la création: c’est l’éternité divine dans laquelle prend déjà vie un projet qui nous dépasse, une « prédestination », c’est-à-dire le dessein aimant et gratuit d’un destin de salut et de gloire.

2. Dans ce projet transcendant, qui englobe la création et la rédemption, le cosmos et l’histoire humaine, Dieu avait établi « dans sa bienveillance », de « ramener dans le Christ », c’est-à-dire de reporter à un ordre et à un sens profond toutes les réalités, qu’elles soient célestes ou terrestres (cf. 1, 10). Certes, Il est « tête pour l’Eglise, laquelle est son Corps » (1, 22-23), mais il est également le principe vital de référence de l’univers.

La suprématie du Christ s’étend donc aussi bien au cosmos qu’à l’horizon plus spécifique qu’est l’Eglise. Le Christ accomplit une fonction de « plénitude », de sorte que se révèle en Lui le « mystère » (1, 9) caché dans les siècles et que toute la réalité réalise – dans son ordre spécifique et dans sa mesure – le dessein conçu par le Père de toute éternité.

3. Comme nous aurons l’occasion de le voir par la suite, cette sorte de Psaume néotestamentaire fixe l’attention en particulier sur l’histoire du salut qui est l’expression et le signe vivant de la « bienveillance » (1, 9), du « bon plaisir » (1, 6) et de l’amour divin.

Voici alors l’exaltation de la « rédemption à travers le sang » de la croix, la « rémission des péchés », l’effusion abondante « de la richesse de la grâce » (1, 7). Voici la filiation divine du chrétien (cf. 1, 5) et la « connaissance du mystère de la volonté » de Dieu (1, 9), à travers laquelle on entre dans la profondeur de la vie trinitaire elle-même.

4. Après ce regard d’ensemble sur l’hymne qui ouvre la Lettre aux Ephésiens, nous écoutons à présent saint Jean Chrysostome, extraordinaire maître et orateur, interprète attentif de l’Ecriture Sainte, qui vécut au IV siècle et qui devint également Evêque de Constantinople, parmi des difficultés de tout genre et soumis même à l’expérience d’un double exil.

Dans sa Première homélie sur la Lettre aux Ephésiens, en commentant ce Cantique, il réfléchit avec reconnaissance sur la « bénédiction » avec laquelle nous avons été bénis « dans le Christ »: « Que vous manque-t-il encore? Vous êtes désormais immortel, libre, fils, juste, frère, cohéritier; vous avez pris part à la royauté et aux hommages; tout vous a été octroyé. « Comment, avec lui », est-il écrit, « ne nous donnerait-il pas toute chose? » (Rm 8, 32). Vos prémices (cf. 1 Co 15, 20.23) sont adorées des anges, des chérubins, des séraphins: que vous manque-t-il encore? » (PG 62, 11).

Dieu a fait tout cela pour nous, poursuit saint Jean Chrysostome « selon le dessein de sa volonté« . Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie que Dieu désire passionnément et aspire ardemment à notre salut. « Pourquoi donc nous aime-t-il à ce point? Quelle est la raison de cette tendresse? C’est sa bonté seule, car la « grâce » procède de la bonté » (ibid., 13).

Précisément pour cela, conclut l’antique Père de l’Eglise, saint Paul affirme que tout fut réalisé « pour la louange de la gloire de sa grâce dont il nous a gratifiés par son bien-aimé« . En effet, Dieu « non seulement nous a déchargés de nos péchés, mais nous a rendus aimables… Dieu a embelli notre âme et l’a rendue charmante, séduisante, aimable ». Et lorsque Paul déclare que Dieu l’a fait à travers le sang de son Fils, saint Jean Chrysostome s’exclame: « Il n’est rien d’aussi grand que l’effusion du sang de Dieu pour nous; l’adoption et les autres bienfaits n’égalent pas ce sacrifice de son propre fils (cf. Rm 8, 32); c’est une grande chose que d’être déchargés de ses péchés; mais que cela s’opère par le sang du Seigneur, voilà ce qui est grand surtout » (ibid. n. 14).

Jean Paul II ( 11.8 1999): La vie chrétienne comme chemin vers la pleine communion avec Dieu Lecture: Ep 2, 1-6

7 juillet, 2008

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/1999/documents/hf_jp-ii_aud_11081999_fr.html

JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 11 août 1999

La vie chrétienne comme chemin vers la pleine communion avec Dieu Lecture: Ep 2, 1-6

1. Après avoir médité sur le but eschatologique de notre existence, c’est-à- dire sur la vie éternelle, nous voulons à présent réfléchir sur le chemin qui conduit à celui-ci. C’est pourquoi nous développons la perspective présentée dans la Lettre apostolique Tertio millennio adveniente: «Toute la vie chrétienne est comme un grand pèlerinage vers la maison du Père, dont on retrouve chaque jour l’amour inconditionnel pour toutes les créatures humaines, et en particulier pour le « fils perdu » (cf. Lc 15, 11-32). Ce pèlerinage concerne la vie intérieure de chaque personne, il implique la communauté croyante et enfin inclut l’humanité entière» (n. 49). En réalité, ce que le chrétien vivra un jour en plénitude est déjà en quelque sorte anticipé aujourd’hui. La Pâque du Seigneur est en effet l’inauguration de la vie du monde qui viendra.

2. L’Ancien Testament prépare l’annonce de cette vérité à travers le thème complexe de l’Exode. Le chemin du peuple élu vers la terre promise (cf. Ex 6, 6) est comme une icône magnifique du chemin du chrétien vers la maison du Père. Certes, la différence est fondamentale: tandis que dans l’ancien Exode, la libération était orientée vers la possession de la terre, don provisoire comme toutes les réalités humaines, le nouvel «Exode» consiste dans l’itinéraire vers la maison du Père, dans une perspective à caractère définitif et d’éternité, qui transcende l’histoire humaine et cosmique. La terre promise de l’Ancien Testament fut en effet perdue avec la chute des deux royaumes et l’exil babylonien, à la suite duquel se développa l’idée d’un retour comme nouvel Exode. Toutefois, ce chemin ne se traduisit pas uniquement en un autre établissement de type géographique ou politique, mais s’ouvrit à une vision «eschatologique» qui préludait désormais à la pleine révélation dans le Christ. C’est dans cette direction que vont précisément les images à caractère universel, qui dans le Livre d’Isaïe décrivent le chemin des peuples et de l’histoire vers une nouvelle Jérusalem, centre du monde (cf. Is 56-66).

3. Le Nouveau Testament annonce l’accomplissement de cette grande attente, indiquant dans le Christ le Sauveur du monde: «Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale» (Ga 4, 4-5). A la lumière de cette annonce, la vie présente est déjà placée sous le signe du salut. Celle-ci se réalise dans l’événement de Jésus de Nazareth qui culmine dans la Pâque, mais qui aura sa pleine réalisation dans la «parousie», lors de la dernière venue du Christ.

Selon l’apôtre Paul, cet itinéraire de salut qui relie le passé au présent en le projetant dans l’avenir, est le fruit d’un dessein de Dieu, entièrement centré sur le mystère du Christ. Il s’agit du «mystère de sa volonté, selon ce que, dans sa bienveillance, il avait établi en lui pour le réaliser dans la plénitude des temps: c’est-à-dire le dessein de ramener dans le Christ toutes choses, les êtres célestes et les terrestres» (Ep 1, 9-10; cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 1042sq).

Dans ce dessein divin, le présent est le temps du «déjà et du pas encore», temps du salut déjà réalisé et du chemin vers sa réalisation parfaite: «au terme de laquelle nous devons parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu’un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, et à constituer cet homme parfait dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ» (Ep 4, 13).

4. La croissance vers une telle perfection dans le Christ et donc vers l’expérience du mystère trinitaire, implique que la Pâque se réalise et ne se célèbre pleinement que dans le royaume eschatologique de Dieu (cf. Lc 22, 16). Mais l’événement de l’incarnation, de la croix et de la résurrection constitue dé- jà la révélation définitive de Dieu. L’offre de rédemption que cet événement implique s’inscrit dans l’histoire de notre liberté humaine, appelée à répondre à l’appel du salut. La vie chrétienne est participation au mystère pascal, comme chemin de croix et résurrection. Chemin de croix, parce que notre existence est continuellent passée au crible purificateur qui conduit au dépassement du vieux monde marqué par le péché. Chemin de resurrection, parce que, en ressuscitant le Christ, le Père a vaincu le péché, de sorte que, dans le croyant, le «jugement de la croix» devient «justice de Dieu», c’est-à-dire triomphe de sa Vérité et de son Amour sur la perversité du monde.

5. La vie chrétienne est en définitive une croissance vers le mystère de la Pâque éternelle. Celle-ci exige donc de maintenir le regard fixé sur les fins, les réalités ultimes, mais en même temps de s’engager dans les réalités «avant-dernières»: entre celles-ci et le but eschatologique, il n’y a pas d’opposition, mais au contraire un rapport de fécondation mutuelle. Si le primat de l’Eternel doit toujours être affirmé, cela n’empêche pas que nous vivions les réalités historiques avec rectitude et à la lumière de Dieu (cf. CEC, 1048sq).

Il s’agit de purifier toute expression de l’humain et toute activité terrestre, afin qu’en elles transparaisse toujours plus le Mystère de la Pâque du Seigneur. En effet, comme l’a rappelé le Concile, l’activité humaine, qui porte toujours avec elle le signe du péché, est purifiée et élevée à la perfection par le mystère pascal, «car ces valeurs de dignité, de communion fraternelle et de liberté, tous ces fruits excellents de notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père un royaume éternel et universel» (Gaudium et spes, n. 39).

Cette lumière d’éternité illumine la vie et toute l’histoire de l’homme sur terre.

* * *

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’Audience générale du 11 août 1999 se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s’est adressé en français:

De France: Sœurs de l’Enfant Jésus, de Chaufailles.

Du Liban: Groupe de jeunes.

Du Canada: Groupe de pèlerins.

Chers Frères et Sœurs,

La vie du chrétien consistant dans le pèlerinage vers la maison du Père, le présent est le temps du “déjà et du pas encore”, temps de la croissance dans le Christ et du chemin vers l’accomplissement définitif de la Pâque éternelle.

A cet effet, le chrétien est appelé à participer au mystère pascal, comme chemin de croix et de résurrection. Chemin de croix, parce que notre existence est continuellement passée au crible purificateur qui porte au dépassement du vieux monde marqué par le péché. Chemin de résurrection, parce que, en ressuscitant le Christ, le Père a vaincu le péché, de sorte que, dans le croyant, le “jugement de la croix” devient triomphe de sa vérité et de son amour sur le mal.

La vie chrétienne exige donc de maintenir le regard sur les fins dernières, mais en même temps de s’engager dans les réalités “avant-dernières”. Il s’agit de purifier, et d’éléver à leur perfection, toute expression de l’humain et toute activité terrestre, pour que la lumière de l’éternité illumine la vie et l’histoire de l’homme sur la terre.

Je salue les pèlerins francophones présents à cette audience, notamment les scouts du Liban et tous les jeunes. Que Jésus vous garde dans son amour et sa vérité, et qu’il fasse de vous des instruments de sa paix! J’accorde à tous de grand cœur la Bénédiction apostolique.

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