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CATHOLIQUES, ATTENTION À « LA DOUBLE VIE »! – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

12 avril, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/catholiques-attention-a-la-double-vie

CATHOLIQUES, ATTENTION À « LA DOUBLE VIE »!

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

ROME, 12 AVRIL 2013 (ZENIT.ORG) ANNE KURIAN

Le pape François met les catholiques en garde contre « la double vie »: il invite au contraire à « obéir à Dieu » sans compromis avec le monde.
Le pape a en effet présidé la messe de 7h, jeudi 11 avril, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, en présence de la rédaction de L’Osservatore Romano.

Sans compromis
Le quotidien du Vatican rapporte que le pape s’est notamment arrêté sur les sentiments de Pierre dans la première lecture (Actes des Apôtres 5,27-33) : devant le grand conseil du sanhédrin, il était appelé à « prendre une décision » car « il entendait ce que disaient les pharisiens et les prêtres, et il entendait ce que Jésus disait dans son cœur : “que faire ?”. Il répond: “Je fais ce que me dit Jésus, non pas ce que vous voulez que je fasse”. Et il a agi ainsi ».
De même, a fait observer le pape, « dans notre vie, nous entendons aussi ces propositions qui ne viennent pas de Jésus, qui ne viennent pas de Dieu. Cela se comprend, parfois nos faiblesses nous portent sur cette route ».
Mais il y a aussi une « autre route plus dangereuse encore », selon le pape François : c’est celle qui propose « faisons un accord, un peu de Dieu et un peu de vous. Faisons un accord et ainsi avançons avec une double vie : un peu de la vie dont Jésus nous parle, et un peu de la vie dont le monde, les pouvoirs du monde et tant d’autres, nous parlent ».
Cependant, c’est un mode de vie qui « ne va pas » et « ne nous rendra pas heureux », a commenté le pape, mettant en garde contre cette tentation : « Si Pierre avait dit à ces prêtres : “parlons en amis et établissons un status vivendi”, peut-être que tout se serait bien passé ». Mais ça n’aurait pas été un choix « de l’amour que nous vivons quand nous entendons Jésus ».
C’est pourquoi le pape a invité à « aller par le chemin de Jésus » et à « ne pas écouter les propositions que nous fait le monde, ces propositions de péché ou ces propositions de moitié-moitié ».

Obéir à Dieu rend libre
Dans les lectures, a fait observer le pape par ailleurs, « revient par trois fois le mot “obéir” ». Notamment quand Pierre répond « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes des Apôtres 5,27-33).
Le pape s’est interrogé : que signifie « obéir à Dieu ? Est-ce que cela veut dire que nous devons être des esclaves, tout liés ? Non, parce que justement celui qui obéit à Dieu est libre, il n’est pas esclave ! Et comment cela se fait-il ? J’obéis, je ne fais pas ma volonté et je suis libre ? Cela semble contradictoire. Mais ce n’est pas une contradiction ».
En effet, a-t-il expliqué, « obéir vient du latin, et signifie écouter, entendre l’autre. Obéir à Dieu c’est écouter Dieu, avoir le cœur ouvert pour aller sur la route que Dieu nous indique. L’obéissance à Dieu c’est l’écoute de Dieu. Et cela nous rend libres ».
le pape a souligné à ce propos que « l’Esprit-Saint » est une aide « pour nous donner la force » d’obéir et que « le Père nous donne l’Esprit sans compter (Jn 3, 31-36), pour écouter Jésus, entendre Jésus, et aller sur la route de Jésus ».

Le courage de suivre Jésus
Le choix de suivre « la route du Christ » se fait parfois au péril de la vie, a rappelé le pape, car « ceux qui proposent autre chose s’emportent et la route finit dans la persécution ».
Le pape a fait mémoire des chrétiens persécutés aujourd’hui dans le monde : « en ce moment, tant de nos frères et de nos sœurs, parce qu’ils entendent, parce qu’ils écoutent ce que Jésus leur dit, sont sous la persécution. Rappelons-nous toujours de ces frères et de ces sœurs qui ont livré leur chair et qui nous disent par leur vie : “Je veux obéir, aller par la route que Jésus me donne”».
Le choix du Christ exige donc du « courage » : « Demandons la grâce du courage », et notamment « le courage de dire : “Seigneur, je suis pêcheur, j’obéis parfois à des choses mondaines mais je veux obéir à toi, je veux aller par ta route”. Demandons cette grâce d’aller toujours par la route de Jésus, et quand nous ne le faisons pas, de demander pardon : le Seigneur nous pardonne, car il est si bon », a conclu le pape.
L’Osservatore Romano rapporte également la présence de divers concélébrants du monde entier : le cardinal indien Telesphore Placidus Toppo, archevêque de Ranchi, Mgr Mario Aurelio Poli, successeur du cardinal Bergoglio à l’archevêché de Buenos Aires, le P. Indunil Janakaratne Kodithuwakku Kankanamalage, sous-secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Mgr Robinson Edward Wijesinghe, du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, ainsi que des jésuites et des franciscains.
Dans l’assemblée, étaient présents le président et le secrétaire général de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice, Domingo Sugranyes Bickel et Massimo Gattamelata, qui ont tenu dans la même journée une conférence de presse au Vatican (cf. Zenit du 11 avril 2013).

MESSE CHRISMALE – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

2 avril, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/homilies/2013/documents/papa-francesco_20130328_messa-crismale_fr.html

 MESSE CHRISMALE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane

Jeudi saint, 28 mars 2013

Chers frères et sœurs,

C’est avec joie qu’en tant qu’Évêque de Rome, je célèbre cette première Messe chrismale. Je vous salue tous avec affection, vous en particulier chers prêtres qui vous souvenez avec moi aujourd’hui du jour de votre Ordination.
Les lectures, le psaume aussi, nous parlent de ceux qui ont reçu l’onction: le serviteur de Dieu chez Isaïe, le roi David, et Jésus, Notre Seigneur. Les trois ont en commun que l’onction qu’ils reçoivent, est pour oindre le peuple des fidèles de Dieu dont ils sont les serviteurs. Leur onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les opprimés… Une très belle image de cet « être pour » du Saint Chrême est celle que nous offre le psaume 133 : « On dirait un baume précieux, un parfum sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descend sur les bords de son vêtement » (v. 2). L’image de l’huile qui se répand – qui descend de la barbe d’Aaron jusqu’à la bordure de ses vêtements sacrés, est l’image de l’onction sacerdotale qui, à travers celui qui est oint, arrive jusqu’aux confins de l’univers représenté par les vêtements.
Les vêtements sacrés du grand prêtre sont riches de symboles ; l’un d’eux est celui du nom des fils d’Israël inscrit sur les pierres d’onyx qui ornaient les épaulettes de l’éphod, dont provient notre actuelle chasuble, six noms sur la pierre de l’épaule droite, et six sur celle de l’épaule gauche (cf. Ex 28, 6-14). Sur le pectoral aussi étaient inscrits les noms des douze tribus d’Israël (cf. Ex 28, 21). C’est-à-dire que le prêtre célèbre en chargeant sur ses épaules le peuple qui lui est confié, et en portant leurs noms gravés en son cœur. Revêtir notre humble chasuble peut bien nous faire sentir, sur les épaules et dans notre cœur, le poids et le visage de notre peuple fidèle, de nos saints et de nos martyrs, il y en a beaucoup à notre époque !
De la beauté de la chose liturgique, qui n’est pas seulement un ornement et un goût pour les vêtements, mais la présence de la gloire de notre Dieu resplendissant en son peuple vivant et consolé, considérons-en maintenant l’action ! L’huile précieux qui oint la tête d’Aaron ne se contente pas de parfumer sa personne mais se diffuse et atteint toutes les ‘périphéries’. Le Seigneur le dira clairement : son onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls. L’onction, chers frères, n’est pas destinée à nous parfumer nous-mêmes, ni davantage pour que nous la conservions dans un vase, parce que l’huile deviendrait rance … et le cœur amer.
On reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre son peuple ; c’est une preuve claire. Quand nos fidèles reçoivent une huile de joie, on s’en rend compte : lorsqu’ils sortent de la messe, par exemple, avec le visage de ceux qui ont reçu une bonne nouvelle. Nos fidèles apprécient l’Évangile annoncé avec l’onction, lorsque l’Évangile que nous prêchons, arrive jusqu’à sa vie quotidienne, lorsqu’il touche comme l’huile d’Aaron aux extrémités de la réalité, lorsqu’il illumine les situations limites, les ‘périphéries’ où le peuple fidèle est exposé à l’invasion de ceux qui veulent saccager sa foi. Les fidèles nous en remercient parce qu’ils ressentent que nous avons prié avec les réalités de leur vie quotidienne, leurs peines et leurs joies, leurs peurs et leurs espérances. Et lorsqu’ils ressentent que le parfum de l’Oint, du Christ, arrive à travers nous, ils sont encouragés à nous confier ce qu’ils veulent faire arriver jusqu’au Seigneur : « priez pour moi, père, car j’ai tel problème… » ; « bénissez-moi, père » et « priez pour moi », sont le signe de ce que l’onction est parvenue jusqu’à l’extrémité du manteau car elle est transformée en demande, demande du Peuple de Dieu. Lorsque nous sommes dans ce rapport avec Dieu et avec son peuple et que la grâce passe à travers nous, alors nous sommes prêtres, médiateurs entre Dieu et les hommes. Ce que j’entends souligner c’est que nous avons toujours à raviver la grâce et discerner en chaque demande, parfois inopportune, parfois seulement matérielle ou même banale – mais elle l’est seulement apparemment -, le désir de nos fidèles de recevoir l’onction par l’huile parfumée car ils savent que nous la détenons. Deviner et ressentir, à la manière du Seigneur, l’angoisse pleine d’espérance de la femme hémorroïsse lorsqu’elle toucha le bord de son manteau. Cet épisode de la vie de Jésus, présent au milieu des gens qui le pressent de partout, traduit toute la beauté d’Aaron vêtu comme prêtre avec l’huile qui descend le long de ses vêtements. C’est une beauté cachée qui resplendit seulement pour des yeux remplis de foi de cette femme qui souffrait de pertes de sang. Les disciples eux-mêmes – futurs prêtres – ne réussissent pas à voir, ni ne comprennent : de la ‘périphérie existentielle’, ils voient seulement la superficialité de la multitude qui presse de partout Jésus jusqu’à le suffoquer (cf. Lc 8, 42). Le Seigneur, en revanche, sent la force de l’onction divine qui arrive jusqu’aux bords de son manteau.

C’est ainsi que nous devons faire l’expérience de notre onction, son pouvoir et son efficacité rédemptrice : aux ‘périphéries’ où se trouve la souffrance, où le sang est versé, il y a un aveuglement qui désire voir, il y a des prisonniers de tant de mauvais patrons. Ce ne sont pas précisément dans les auto-expériences ou les introspections répétées que nous rencontrons le Seigneur : les cours pour s’aider soi-même dans la vie peuvent être utiles, mais vivre notre vie sacerdotale en passant d’un bord à l’autre, de méthode en méthode, pousse à devenir pélagiens, à minimiser le pouvoir de la grâce qui s’actualise et croît dans la mesure selon laquelle, avec foi, nous sortons pour nous donner nous-mêmes et pour donner l’Évangile aux autres ; pour donner la petite onction que nous tenons à ceux qui n’ont rien de rien.
Le prêtre qui sort peu de lui-même, qui oint avec parcimonie – je ne dis pas « jamais » car, grâce à Dieu, les fidèles nous ‘volent’ l’onction -, perd le meilleur de notre peuple, ce qui est capable d’allumer le plus profond de son cœur de prêtre. Celui qui ne sort pas de lui-même, au lieu d’être un médiateur, se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire. Nous connaissons tous la différence : l’intermédiaire et le gestionnaire « ont déjà reçu leur récompense », et comme ils ne paient pas d’eux-mêmes, ni de leur cœur, ils ne reçoivent pas non plus un merci affectueux qui vient du cœur. De là provient précisément cette insatisfaction chez certains qui finissent par être tristes, des prêtres tristes, et convertis en collectionneurs d’antiquités ou de nouveautés au lieu d’être des pasteurs pénétrés de ‘l’odeur de leurs brebis’ – cela je vous le demande : soyez des pasteurs avec ‘l’odeur de leurs brebis’, que celle-ci se sente ‑ ; au lieu d’être des pasteurs au milieu de leur propre troupeau, et pêcheurs d’hommes. En vérité, ladite crise d’identité sacerdotale nous menace tous et se greffe sur une crise de civilisation ; mais si nous savons dompter cette vague, nous pourrons prendre le large au nom du Seigneur et jeter les filets. Il est bon que la réalité même nous pousse à aller là où ce que nous sommes par grâce apparaît clairement comme étant pure grâce, sur cette mer du monde actuel où seule compte l’onction – et non la fonction -, et seront remplis les filets jetés seulement au nom de Celui en qui nous nous sommes confiés : Jésus.
Chers fidèles, soyez proches de vos prêtres par l’affection et par la prière afin qu’ils soient toujours des pasteurs selon le cœur de Dieu.
Que le Père renouvelle en nous, chers prêtres, l’Esprit de Sainteté par lequel nous avons reçu l’onction, qu’Il le renouvelle en notre cœur de telle manière que l’onction rejoigne tous, même les ‘périphéries’, là où notre peuple fidèle en a le plus besoin et l’apprécie. Que nos fidèles nous sentent disciples du Seigneur, qu’ils comprennent que nous sommes revêtus de leur noms, et que nous ne cherchons nulle autre identité ; qu’ils puissent recevoir, par nos paroles et nos œuvres, cette huile de joie que Jésus, l’Oint du Seigneur, est venu nous donner. Amen.

PRÊTRES, SOYEZ DES PASTEURS QUI PORTENT « L’ODEUR DES BREBIS »

28 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/pretres-soyez-des-pasteurs-qui-portent-l-odeur-des-brebis

PRÊTRES, SOYEZ DES PASTEURS QUI PORTENT « L’ODEUR DES BREBIS »

PAPE FRANÇOIS, MESSE CHRISMALE

ROME, 28 MARS 2013 (ZENIT.ORG) ANNE KURIAN

Le pape invite les prêtres à être « des pasteurs pénétrés de ‘l’odeur de leurs brebis’ » c’est-à-dire « au milieu de leur propre troupeau », qui rejoignent les hommes dans « leur vie quotidienne » et jusqu’aux « périphéries » de leur existence.
Le pape François a présidé la messe chrismale, ce Jeudi Saint, 28 mars 2013, à 9h30, en la basilique Saint-Pierre. Au cours de cette célébration, le pape a béni le « Saint Chrême », et les autres huiles utilisées pour les sacrements.
Durant la messe, les cardinaux, les patriarches, les archevêques, les évêques et les prêtres diocésains et religieux présents à Rome ont renouvelé leurs promesses sacerdotales. 
Au cours d’une homélie applaudie par l’assemblée, le pape les a invités à « sortir » d’eux-même pour rejoindre la « vie quotidienne » des personnes qu’ils rencontrent et « illuminer les ‘périphéries’ » (cf. documents ci-dessous pour le texte intégral).
Le pape s’est arrêté sur le sens de l’onction reçue par le prêtre, onction qui n’est pas pour « parfumer sa personne » ni pour être « conservée dans un vase », mais pour « oindre le peuple des fidèles de Dieu dont ils sont les serviteurs ».
Cette onction, qui doit atteindre « jusqu’aux confins de l’univers », est « pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les opprimés … pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls », a-t-il ajouté.
En ce sens, a estimé le pape, « on reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre son peuple » : l’Evangile prêché par le prêtre doit parvenir « jusqu’à la vie quotidienne » de l’homme, il doit « toucher aux extrémités de la réalité… illuminer les situations limites, les ‘périphéries’ où le peuple fidèle est exposé à l’invasion de ceux qui veulent saccager sa foi ».
« Je vous demande d’être des pasteurs qui portent l’odeur des brebis », a insisté le pape, des « pasteurs au milieu de leur propre troupeau, et pêcheurs d’hommes ».
Il s’agit, a poursuivi le pape, de « prier avec les réalités de leur vie quotidienne, leurs peines et leurs joies, leurs peurs et leurs espérances ». C’est d’ailleurs ce que symbolise la chasuble du prêtre : « le prêtre célèbre en chargeant sur ses épaules le peuple qui lui est confié, et en portant leurs noms gravés en son cœur ».
Pour cela, le prêtre est invité à aller au-delà des apparences : même si les demandes des hommes semblent parfois « inopportunes » ou « seulement matérielles », il s’agit d’y discerner « le désir de nos fidèles de recevoir l’onction par l’huile parfumée car ils savent que nous la détenons », a fait observer le pape François soulignant qu’« aux ‘périphéries’ où se trouve la souffrance, il y a un aveuglement qui désire voir ».
Au contraire, a mis en garde le pape, « le prêtre qui sort peu de lui-même, qui oint avec parcimonie perd le meilleur de notre peuple », il se convertit « en gestionnaire » et aura « le coeur amère », il sera « triste ».
Le pape a également invité à plusieurs reprises les croyants, dans l’homélie et lors du renouvellement des promesses sacerdotales, à être « proches » des prêtres « par l’affection et par la prière afin qu’ils soient toujours des pasteurs selon le coeur de Dieu ».

LA PROFONDE COMMUNION DES DEUX FRÈRES EN BLANC – RÉPLIQUES HISTORIQUES DE CASTELGANDOLFO

25 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/la-profonde-communion-des-deux-freres-en-blanc

LA PROFONDE COMMUNION DES DEUX FRÈRES EN BLANC

RÉPLIQUES HISTORIQUES DE CASTELGANDOLFO

ROME, 23 MARS 2013 (ZENIT.ORG) ANITA BOURDIN

« Nous sommes frères », dit le pape François qui refuse la place d’honneur offerte par Benoît XVI dans la chapelle de Castelgandolfo et le prend par la main avant de prier à ses côtés. Cette réplique du pape François au moment de prier dans la chapelle de Castelgandolfo avec Benoît XVI passera à l’histoire.
Ainsi que cet échange au moment où le pape François à offert au pape émérite Benoît XVI une icône russe – apportée par le métropolite Hilarion -  de la Vierge à l’Enfant: « On m’a dit qu’elle s’appelle la Vierge de l’Humilité. Je ne la connaissais pas. Permettez-moi de vous confier une chose : j’ai pensé à vous, si humble durant votre pontificat ! » Dans un élan du cœur, le pape Benoît prend les mains du pape François dans les siennes et dit : « Merci ! Quel cadeau ! Une signification profonde ! Ne l’oublions pas ». François reprend, ses mains dans celles de Benoît : « Vous nous avez donné tant de signes d’humilité et de tendresse. J’ai pensé à vous ».
Un moment de « communion très profonde » a commenté le P. Lombardi.
Les deux frères en blanc ont accepté que les images soient diffusées et elles ont déjà fait le tour du monde. On saisit aussi les paroles de ces moments exceptionnels. Après 23 jours de vie cachée de Benoît XVI, qui s’est retiré à Castelgandolfo le 28 février, au début de la vacance du Siège apostolique, voulue par lui : il avait annoncé sa renonciation à la charge de Successeur de Pierre le 11 février. Un geste inouï, aux conséquences considérables et encore à peine entrevues.
Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi a dit son émerveillent au sortir de la rencontre de Castelgandolfo. Voici son récit.
« L’hélicoptère a atterri à Castelgandolfo, à l’héliport, vers 12 h 15 et la voiture conduisant le pape émérite s’est approchée du lieu de l’atterrissage de l’hélicoptère. Le Saint-Père Francesco est descendu : il était accompagné du substitut, Mgr Becciù, de Mgr Sapienza, de Mgr Alfred Xuereb.
Le pape à peine descendu, le pape émérite s’est approché et ils se sont embrassés, cela a été très beau.
Puis, après une brève salutation des personnes présentes – l’évêque d’Albano et le directeurs des Villas, Petrillo – ils sont montés en voiture : le pape François est monté à droite, la place classique du pape,  le pape émérite Benoît XVI s’est placé à gauche. Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale, est monté dans la même voiture.
Et ainsi la voiture est arrivée aux ascenseurs et les deux protagonistes de cette rencontre historique sont montés dans l’appartement et ils se sont rendus à la chapelle pour un moment de prière. Dans la chapelle, le pape émérite a offert la place d’honneur au pape François, mais celui-ci a dit : « Nous sommes frères » et a voulu qu’ils s’agenouillent ensemble, au même banc.
Après un bref moment de prière, ils se sont rendus à la bibliothèque privée où, vers 12 h 30, la rencontre privée a commencé. Il s’agit de la bibliothèque où normalement à Castelgandolfo le pape reçoit les hôtes importants.
Le pape François a apporté en cadeau au pape émérite une belle icône puis l’entretien a commencé et il s’est achevé à 13 h15 : il a donc duré 45 minutes.
Pour ce qui est des vêtements, il faut noter que, effectivement – comme nous l’avions déjà fait observer auparavant – le pape émérite porte une simple soutane blanche, sans ceinture et sans camail : ce sont les deux détails qui le distinguent du vêtement du pape François qui porte le camail et la ceinture.
La présence des deux secrétaires est prévue pour le déjeuner – Mgr Georg et Mgr Xuereb – et donc l’aspect totalement privé de l’entretien s’est conclu par l’entretien dans la bibliothèque. Le pape émérite a l’intention d’accompagner aussi le pape François à l’héliport quand le moment du retour sera venu.
Je rappelle aussi que ceci n’est pas la première rencontre : c’est la première rencontre en personne, mais le pape François a déjà dirigé de nombreuses fois sa pensée vers le pape émérite : que ce soit de la Loggia des Bénédictions – à l’occasion de sa première apparition à la Loggia -, que ce soit par les deux appels téléphoniques personnels : le soir même de son élection et le jour de saint Joseph, pour lui présenter ses vœux. Donc, le dialogue avait déjà commencé même si la rencontre personnelle, physique, n’avait pas encore eu lieu.
Rappelons aussi que le pape émérite avait déjà manifesté sa révérence et son obéissance inconditionnelle à son successeur à l’occasion de sa rencontre avec les cardinaux le 28 février, et il a  donc certainement eu le moyen, dans cette rencontre – qui a été un moment de très haute et très profonde communion – de renouveler cet acte de révérence et d’obéissance à son successeur, alors que le pape François a certainement renouvelé l’expression de sa gratitude et de celle de toute l’Eglise pour le ministère accompli par le pape Benoît au cours de son pontificat ».

INAUGURATION DU PONTIFICAT: HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS – LA FÊTE DE SAINT JOSEPH

19 mars, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/inauguration-du-pontificat-homelie-du-pape-francois

INAUGURATION DU PONTIFICAT: HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

LA FÊTE DE SAINT JOSEPH

ROME, 19 MARS 2013 (ZENIT.ORG) PAPE FRANÇOIS

LE PAPE FRANÇOIS A PRONONCÉ CETTE HOMÉLIE INSPIRÉE PAR LA FIGURE DE SAINT JOSEPH, EN CE 19 MARS, POUR L’INAUGURATION DE SON PONTIFICAT.

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Chers frères et sœurs !

Je remercie le Seigneur de pouvoir célébrer cette Messe de l’inauguration de mon ministère pétrinien en la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie et Patron de l’Église universelle : c’est une coïncidence très riche de signification, et c’est aussi la fête de mon vénéré Prédécesseur : nous lui sommes proches par la prière, pleins d’affection et de reconnaissance (applaudissements).
Je salue avec affection les Frères Cardinaux et Évêques, les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses et tous les fidèles laïcs. Je remercie de leur présence les représentants des autres Églises et Communautés ecclésiales, de même que les représentants de la communauté juive et d’autres communautés religieuses. J’adresse mon cordial salut aux Chefs d’État et de Gouvernement, aux Délégations officielles de nombreux pays du monde et au Corps diplomatique.
Nous avons entendu dans l’Évangile que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24). Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné le bienheureux Jean-Paul II : « Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle » (Exhort. apost. Redemptoris Custos, n. 1).
Comment Joseph exerce-t-il cette garde ? Avec discrétion, avec humilité, dans le silence, mais par une présence constante et une fidélité totale, même quand il ne comprend pas. Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, enfant de douze ans, dans le Temple de Jérusalem, il accompagne chaque moment avec prévenance et avec amour. Il est auprès de Marie son épouse dans les moments sereins et dans les moments difficiles de la vie, dans le voyage à Bethléem pour le recensement et dans les heures d’anxiété et de joie de l’enfantement ; au moment dramatique de la fuite en Égypte et dans la recherche inquiète du fils au Temple ; et ensuite dans le quotidien de la maison de Nazareth, dans l’atelier où il a enseigné le métier à Jésus.
Comment Joseph vit-il sa vocation de gardien de Marie, de Jésus, de l’Église ? Dans la constante attention à Dieu, ouvert à ses signes, disponible à son projet, non pas tant au sien propre ; et c’est cela que Dieu demande à David, comme nous l’avons entendu dans la première Lecture : Dieu ne désire pas une maison construite par l’homme, mais il désire la fidélité à sa Parole, à son dessein ; c’est Dieu lui-même qui construit la maison, mais de pierres vivantes marquées de son Esprit. Et Joseph est « gardien », parce qu’il sait écouter Dieu, il se laisse guider par sa volonté, et justement pour cela il est encore plus sensible aux personnes qui lui sont confiées, il sait lire avec réalisme les événements, il est attentif à ce qui l’entoure, et il sait prendre les décisions les plus sages. En lui, chers amis, nous voyons comment on répond à la vocation de Dieu, avec disponibilité, avec promptitude, mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le Christ ! Nous gardons le Christ dans notre vie, pour garder les autres, pour garder la création !
La vocation de garder, cependant, ne nous concerne pas seulement nous les chrétiens, elle a une dimension qui précède et qui est simplement humaine, elle concerne tout le monde. C’est le fait de garder la création tout entière, la beauté de la création, comme il nous est dit dans le Livre de la Genèse et comme nous l’a montré saint François d’Assise : c’est le fait d’avoir du respect pour toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons. C’est le fait de garder les gens, d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est d’avoir soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent réciproquement, puis comme parents ils prennent soin des enfants et avec le temps aussi les enfants deviennent gardiens des parents. C’est le fait de vivre avec sincérité les amitiés, qui sont une garde réciproque dans la confiance, dans le respect et dans le bien. Au fond, tout est confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous. Soyez des gardiens des dons de Dieu !
Et quand l’homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve une place et le cœur s’endurcit. À chaque époque de l’histoire, malheureusement, il y a des « Hérode » qui trament des desseins de mort, détruisent et défigurent le visage de l’homme et de la femme.
Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour « garder » nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! (Applaudissements) Rappelons-nous que la haine, l’envie, l’orgueil souillent la vie ! Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse !

Et ici j’ajoute alors une remarque supplémentaire : le fait de prendre soin, de garder, demande bonté, demande d’être vécu avec tendresse. Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son âme émerge une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse ! (Applaudissements)
Aujourd’hui, en même temps que la fête de saint Joseph, nous célébrons l’inauguration du ministère du nouvel Évêque de Rome, Successeur de Pierre, qui comporte aussi un pouvoir. Certes, Jésus-Christ a donné un pouvoir à Pierre, mais de quel pouvoir s’agit-il ? À la triple question de Jésus à Pierre sur l’amour, suit une triple invitation : sois le pasteur de mes agneaux, sois le pasteur de mes brebis. N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours plus dans ce service (applaudissements) qui a son sommet lumineux sur la Croix ; il doit regarder vers le service humble, concret, riche de foi, de saint Joseph et comme lui, ouvrir les bras pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits (applaudissements), ceux que Matthieu décrit dans le jugement final sur la charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison (cf. Mt 25, 31-46). Seul celui qui sert avec amour sait garder !
Dans la deuxième Lecture, saint Paul parle d’Abraham, qui « espérant contre toute espérance, a cru » (Rm 4, 18). Espérant contre toute espérance ! Aujourd’hui encore devant tant de traits de ciel gris, nous avons besoin de voir la lumière de l’espérance et de donner nous-mêmes espérance. Garder la création, tout homme et toute femme, avec un regard de tendresse et d’amour, c’est ouvrir l’horizon de l’espérance, c’est ouvrir une trouée de lumière au milieu de tant de nuages, c’est porter la chaleur de l’espérance ! Et pour le croyant, pour nous chrétiens, comme Abraham, comme saint Joseph, l’espérance que nous portons a l’horizon de Dieu qui nous a été ouvert dans le Christ, est fondée sur le rocher qui est Dieu.
Garder Jésus et Marie, garder la création tout entière, garder chaque personne, spécialement la plus pauvre, nous garder nous-mêmes : voici un service que l’Évêque de Rome est appelé à accomplir, mais auquel nous sommes tous appelés pour faire resplendir l’étoile de l’espérance : gardons avec amour ce que Dieu nous a donné !
Je demande l’intercession de la Vierge Marie, de saint Joseph, des saints Pierre et Paul, de saint François, afin que l’Esprit Saint accompagne mon ministère et je vous dis à tous : priez pour moi ! Amen.

LE PAPE FRANÇOIS ET L’ÉGLISE ORTHODOXE

18 mars, 2013

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LE PAPE FRANÇOIS ET L’ÉGLISE ORTHODOXE

DES RELATIONS PROMETTEUSES

ROME, 18 MARS 2013 (ZENIT.ORG) DON MARIUSZ FRUKACZ

En Argentine, le cardinal Bergoglio entretenait de bonnes relations avec l’Église orthodoxe. Et maintenant qu’il est pape, celle-ci l’observe avec un intérêt nouveau. Tout comme les médias internationaux qui se demandent comment les rapports entre l’Église de Rome et l’Église orthodoxe évolueront.
Le métropolite Hilarion, du patriarcat de Moscou, a adressé au pape une lettre dans laquelle il lui rappelle « les bonnes relations et la confiance » qu’il avait avec la communauté orthodoxe locale durant son ministère en Argentine. Il sera présent à l’inauguration, mardi 19 mars.
« Le cardinal Bergoglio entretenait des relations étroites et amicales avec le clergé orthodoxe en Argentine », souligne l’évêque Jean, qui est à la tête de l’Église orthodoxe en dehors de la Russie et réside à Buenos Aires. Celui-ci raconte que le cardinal Bergoglio participait chaque année à la liturgie de Noël – le 7 janvier selon le calendrier julien – dans la cathédrale orthodoxe de Buenos Aires.
Le cardinal Bergoglio entretenait aussi d’excellents rapports avec l’Église gréco-catholique. Mgr Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de Kiev-Halic, en Ukraine, c’est-à-dire responsable de l’Église gréco-catholique, a travaillé à Buenos Aires pendant deux ans (2009-2011) avant d’être élu et qu’il connaît personnellement le cardinal Bergoglio.
Il y a quelques jours, Mgr Shevchuk a raconté ce fait intéressant : quand le jeune Jorge Mario Bergoglio était séminariste en Argentine, il « se levait beaucoup plus tôt que ses camarades de classe pour aller célébrer la Divine liturgie – l’Eucharistie en rite catholique byzantin – avec le père Stepan Chmil, salésien de don Bosco (1914-1979), né en Ukraine, qui était chargé par la Congrégation des Églises orientales de travailler parmi les Ukrainiens en Argentine ».
D’après Mgr Shevchuk, le P. Stepan fut en quelque sorte un “mentor” pour Jorge Mario Bergoglio : « Le Père Stepan était un homme tellement saint que le saint Synode de l’Église gréco-catholique ukrainienne a accepté d’ouvrir son  procès de béatification en septembre 2008. »
À propos des relations du pape François avec l’Église orthodoxe, le geste de Bartholomaios Ier est à souligner : pour la première fois depuis 1054, le patriarche de Constantinople participera à l’inauguration du pontificat de l’évêque de Rome, comme a confirmé le père Federico Lombardi, sj, porte-parole du Saint-Siège.

LE PAPE ET LE PEUPLE, L’AUDACE ET LA SAGESSE…DES CARDINAUX ÉLECTEURS

14 mars, 2013

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LE PAPE ET LE PEUPLE, L’AUDACE ET LA SAGESSE…

… DES CARDINAUX ÉLECTEURS

ROME, 14 MARS 2013 (ZENIT.ORG) ANITA BOURDIN

On ne peut qu’admirer l’audace et la sagesse d’un collège d’électeurs qui ont choisi un pape du Sud du monde – que tant espéraient – mais plein d’expérience, avec la solidité d’un grand jésuite et la prudence d’un pasteur rompu au « bon combat de la foi », selon les termes de saint Paul. On ne peut que s’émerveiller de l’audace et de la sagesse du Peuple de Dieu qui, en quelque sorte, a eu l’intuition que la fumée blanche, c’était « pour ce soir ».
Les cardinaux n’ont pas ajouté à l’audace du « Sud » l’audace de la jeunesse, c’eût été imprudent de faire le double saut à la fois. Mais voilà l’audace : premier pape du « Sud », premier pape « américain », premier pape jésuite, le premier à choisir le nom de François.
Le pape François apparaît à la fois comme un pape de rupture avec la tradition européenne, et d’enracinement européen : il a étudié en Allemagne, par exemple. Et c’est un clin d’œil de la Providence qu’il succède au pape bavarois. Certains cardinaux avaient déjà pensé à lui en 2005, avant de se rallier – à son invitation ? – au nom de Joseph Ratzinger, à qui est revenue l’énorme tâche de succéder à un colosse.
Le pape Benoît XVI lui confie une Eglise purifiée : elle est passée par un pontificat « fondateur » par ce pontificat de purification. Elle apparaît aujourd’hui bien plus prête qu’en 2005 à affronter les défis de l’injustice du monde, de la corruption, de la culture de mort, de la traite des êtres humains, de la paix, de l’appel des jeunes, de la sécularisation et de l’évangélisation dite « nouvelle ». Et une Eglise revenue à plus d’intériorité, cela aussi est fondateur. Tout en étant déjà lancée dans la Nouvelle évangélisation.
Et il semble bien que ce soit en pensant aux jeunes que Benoît XVI s’est retiré : il n’avait plus la force d’aller à leur rencontre à Rio, mais il était impossible que le pape ne soit pas au rendez-vous des jeunes pour la JMJ de juillet prochain. Il fallait donc qu’un autre pape y aille. Ce sera le pape François. De même que le pape Benoît avait assumé la rencontre avec les jeunes prévue à Cologne par Jean-Paul II en août 2005.
Le nouveau pape a d’emblée indiqué ses grandes priorités – son diocèse de Rome et le monde – : « Prions pour le monde entier afin qu’advienne une grande fraternité. » Deux priorités : la prière, et la fraternité. Et la dimension universelle du ministère pétrinien.
Les premières décisions du premier pape jésuite aussi sont significatives : un nom jamais choisi par les papes. Il y a deux saint François jésuites (François Xavier et François Borgia), un saint François français et saint patron des journalistes (François de Sales), et le grand saint François d’Assise, ami de la Création, auquel tout le monde pense lorsque l’on prononce ce nom. On attend avec impatience que le pape lui-même explique le sens de son choix.
Lorsque le goéland s’est posé, longuement, sur la cheminée de la Sixtine, en fin d’après-midi, sous les caméras du monde entier, il semblait comme indiquer que le prochain pape serait proche de la nature comme saint François. Et qu’il fallait continuer à guetter la fumée.
Autres décisions : son emploi du temps. Pèlerinage – privé – à la Vierge Marie. Rencontre avec les électeurs, avec le collège dans son entier, avec les media – dont la mobilisation a été remarquable depuis le 11 février -, angélus, messe d’inauguration le jour de la saint Joseph, rencontre avec les autres confessions chrétiennes, qui rappelle la priorité de l’unité des chrétiens dont Benoit XVI avait fait l’une des priorités de son pontificat.
Une autre indication allait s’imposer peu à peu : le Peuple de Dieu – qui a reçu l’Esprit Saint au baptême et à la confirmation -, était là dès 17 h 30, espérant une élection au premier tour de l’après-midi comme en 2005. Son instinct très sûr l’a fait rester sans se décourager, sous la pluie et les parapluies, jusqu’à la fumée blanche de 19 h 06. C’était impressionnant, cet instinct très sûr de l’Eglise, « vivante », selon l’expression de Benoît XVI, qui ne cessait de grossir les rangs, sur la place et sous la colonnade.
Mais également impressionnant le silence que firent des dizaines de milliers de personnes de toutes les nations venues fêter leur nouveau pape lorsqu’il leur a demandé de prier en silence pour que Dieu le bénisse, soulignant cette circularité entre le pape et le peuple. Un accent tout à fait significatif de l’ecclésiologie de Vatican II.

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