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« La joie de l’Evangile », présentation par Mgr Fisichella (lien)

26 novembre, 2013

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« La joie de l’Evangile », présentation par Mgr Fisichella

Redécouvrir la source de l’évangélisation dans le monde contemporain

Rome, 26 novembre 2013 (Zenit.org) Mgr Rino Fisichella

ici le lien:

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium_fr.html

Voici la traduction en français, faite par le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, de la présentation, par son président, Mgr Rino Fisichella, ce mardi matin, 26 novembre, au Vatican, de l’exhortation apostolique du pape François « La joie de l’Evangile ».

Présentation par Mgr Fisichella

Evangelii gaudium : l’Exhortation apostolique du Pape François écrite à la lumière de la joie, pour redécouvrir la source de l’évangélisation dans le monde contemporain. C’est ainsi que l’on pourrait résumer le contenu de ce nouveau document que le Pape François donne à l’Eglise pour préciser les chemins que la pastorale doit emprunter dans un avenir immédiat. C’est une invitation à retrouver une vision prophétique et positive de la réalité, sans pour autant se cacher les difficultés. Le François nous encourage et nous engage à regarder devant nous, au-delà de ce temps de crise, faisant une nouvelle fois de la croix et de la résurrection du Christ l’ « étendard de la victoire » (85).
A plusieurs reprises, le Pape François fait référence aux Propositiones du Synode d’octobre 2012, montrant ainsi combien la contribution du Synode fut importante dans la rédaction de cette Exhortation. Le document va cependant plus loin que l’expérience synodale. Le Pape y imprime non seulement sa propre expérience pastorale, mais aussi l’invitation à accueillir le moment de grâce que vit l’Eglise, afin d’avancer avec foi, conviction et enthousiasme la nouvelle étape de l’évangélisation. Reprenant l’enseignement de Evangelii nuntiandi de Paul VI, il place de nouveau au centre la personne de Jésus Christ, premier évangélisateur qui appelle chacun de nous à prendre part avec lui à l’œuvre du salut (12). « L’action missionnaire est le paradigme de toute œuvre de l’Eglise » (15) affirme le Saint Père. C’est pourquoi il nous faut accueillir ce temps favorable pour discerner et vivre la « nouvelle étape » de l’évangélisation (17) qui s’articule autour de deux thèmes qui forment la trame de l’Exhortation. D’une part, le Pape François s’adresse aux Eglises particulières, confrontées aux défis et aux opportunités propres aux différents contextes culturels, pour qu’elles soient en mesure de spécifier le travail de nouvelle évangélisation dans leurs pays. D’autre part, le Pape indique un dénominateur commun, pour que toute l’Eglise, et chaque évangélisateur, puisse adopter une méthode commune, signe que l’évangélisation est un chemin où l’on marche à plusieurs, jamais de façon isolée. Les sept points, regroupés dans les cinq chapitres de l’Exhortation, constituent la vision du Pape à propos de la nouvelle évangélisation : la réforme de l’Eglise sur la voie de la mission, les tentations des agents pastoraux, l’Eglise comprise comme la totalité du Peuple de Dieu qui évangélise, l’homélie et sa préparation, l’intégration sociale des pauvres, la paix et le dialogue social, les motivations spirituelles de l’engagement missionnaire. Le lien entre tous ces thèmes est l’amour miséricordieux de Dieu qui va à la rencontre de chacun pour manifester le cœur de la révélation : la vie de chacun trouve son sens dans la rencontre de Jésus-Christ et dans la joie de partager cette expérience d’amour avec les autres (8).
Le premier chapitre développe la réforme de l’Eglise sur la voie de la mission, appelée à « sortir » d’elle-même pour aller à la rencontre des autres. Le Pape y exprime la « dynamique de l’exode et du don que représente le fait de sortir de soi, de cheminer et de semer toujours, et toujours plus loin » (21). L’Eglise doit faire sienne l’ »intimité de Jésus qui est une intimité itinérante » (23). Comme nous y sommes désormais habitués, le Pape s’attarde en des expressions qui font leur effet et crée des néologismes pour faire comprendre la nature de l’évangélisation. Parmi eux, le « primerear », c’est-à-dire Dieu qui nous précède dans l’amour, montrant à l’Eglise le chemin à parcourir. L’Eglise n’est pas dans une obscure impasse, mais avance sur les pas du Christ (Cf 1 P 2, 21), pour cela sûre du chemin qu’elle parcourt. C’est pourquoi elle avance sans peur. Elle sait qu’elle doit « aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin, parvenir jusqu’aux croisements des routes pour inviter les exclus. Son désir de proposer la miséricorde est inépuisable » (24). Pour aller dans cette voie, le Pape François insiste sur la « conversion pastorale », qui veut dire passer d’une vision bureaucratique, statique et administrative de la pastorale à une perspective missionnaire, où la pastorale est en état permanent d’évangélisation (25). De même qu’il y a des structures qui facilitent et soutiennent la pastorale missionnaire, il y a malheureusement « des structures ecclésiales qui peuvent conditionner le dynamisme évangélisateur » (26). L’existence de pratiques pastorales dépassées et fanées oblige à la créativité pour repenser l’évangélisation. En ce sens, le Pape affirme : « Une détermination des objectifs sans un travail de recherche communautaire des moyens à prendre pour les atteindre est vouée à demeurer une pure fantaisie » (33).
Il faut donc « se concentrer sur l’essentiel » (35) et savoir que seule une dimension systématique, c’est-à-dire unifiée, progressive et proportionnée de la foi, peut nous venir en aide. L’Eglise doit pouvoir établir une « hiérarchie des vérités » et sa relation avec le cœur de l’Evangile (37-39). Il nous faudra éviter de tomber dans le piège d’une présentation de la foi seulement sous son aspect moral, en d’éloignant du caractère central de l’amour. Dans le cas contraire, l’ « édifice moral de l’Eglise risque de s’effondrer comme un château de carte, et ceci est le plus grand danger » (39). Le Pape insiste fortement pour que l’on trouve l’équilibre entre le contenu de la foi et le langage pour l’exprimer. La rigidité avec laquelle on tient à la précision du langage peut parfois en ruiner le contenu en se détournant d’une authentique vision de la foi (41).
Le passage important de ce chapitre est le n° 32 où le Pape François montre l’urgence qu’il y a à avancer dans certaines perspectives de Vatican II. Il s’agit en particulier du primat du Successeur de Pierre et des Conférences épiscopales. Déjà, dans Ut unum sint, Jean-Paul II avait demandé qu’on l’aide à mieux comprendre les objectifs du Pape dans le dialogue œcuménique. Le Pape François va dans le même sens et se demande si une telle aide ne pourrait pas parvenir d’une évolution du statut des Conférences épiscopales. Un autre passage (n° 38-45) est particulièrement important quant aux conséquences qu’il implique dans la pastorale : le cœur de l’Évangile « s’incarne dans les limites du langage humain ». La doctrine s’insère dans la « cage du langage », pour employer une expression chère à Wittgenstein, ce qui implique un vrai discernement entre la pauvreté et les limites du langage, et la richesse – souvent encore inconnue – du contenu de la foi. Le danger est réel que l’Église ne prenne pas en compte cette dynamique. Il peut ainsi arriver que sur certaines positions, il y ait comme un enfermement et une sclérose du message évangélique, en n’en percevant plus le développement propre.
Le deuxième chapitre est consacré aux défis du monde contemporain et aux tentations qui amoindrissent la nouvelle évangélisation. Tout d’abord, le pape affirme qu’il est nécessaire de retrouver son identité sans complexe d’infériorité qui amènerait à « cacher son identité et ses convictions… parvenant ainsi à étouffer la joie de la mission en une sorte d’obsession d’être comme tout le monde et d’avoir ce que les autres possèdent » (79). Les chrétiens tombent alors dans un « relativisme encore plus dangereux que le relativisme doctrinal » (80), parce qu’il touche directement la façon de vivre des chrétiens. Il arrive ainsi que dans de nombreuses manifestations de la pastorale, les initiatives sont plombées par la mise en avant de l’initiative et non des personnes. Le pape affirmé que la tentation est réelle et commune d’une « dépersonnalisation de la personne ». De la même façon, le défi de l’évangélisation devrait être abordé comme une chance pour croître, plutôt que comme une raison de tomber en dépression. Mort à l’ « esprit défaitiste » (88). Il nous faut retrouver le primat de la relation personnelle sur la technique de la rencontre qui déciderait comment, où et pour combien de temps il faudrait rencontrer les autres en partant de ses préférences (88). Parmi ces défis, il nous faut relever ceux qui ont un rapport direct avec la vie. La « précarité quotidienne avec ses funestes conséquences », les différentes formes de « disparité sociale », le « fétichisme de l’argent et la dictature d’une économie sans visage », l’ « exaspération de la consommation » et le « consumérisme effréné »… nous place face à une « globalisation de l’indifférence » et une « dépréciation moqueuse » de la morale, qui exclut toute critique de la domination du marché, qui, à travers la théorie de la « rechute favorable » illusionne sur les réelles possibilités d’agir en faveur des pauvres (Cf. N° 52-64). Si l’Eglise demeure crédible en beaucoup de pays du monde, y compris là où elle est minoritaire, c’est en raison de ses œuvres de charité et de solidarité (65).
Pour l’évangélisation de notre temps, face au défi des grandes « cultures urbaines », les chrétiens sont invités à fuir deux expressions qui en détruisent la nature et que le Pape François appelle « mondanité » (93). Il s’agit en premier lieu de la « fascination du gnosticisme » : une foi repliée sur elle-même, sur ses certitudes doctrinales, et qui transforme l’expérience qu’on en fait en critères de vérité pour juger les autres. Le « néo pélagianisme autoréférentiel et prométhéen » de ceux pour qui la grâce n’est qu’un accessoire tandis que leur engagement et leurs forces sont seuls responsables du progrès. Tout ceci contredit l’évangélisation et crée une sorte d’ « élitisme narcissique » qui doit être repoussé (94). Qui voulons-nous être, se demande le Pape ? « Généraux d’armées défaites » ou bien « simples soldats d’un bataillon qui continue à combattre » ? Le risque d’une « Eglise mondaine drapée dans le spirituel et le pastoral » (96) est bien réel. Il nous faut donc résister à ces tentations et offrir le témoignage de la communion (99) qui s’appuie sur la complémentarité. A partir de là, le Pape François milite pour la promotion des laïcs et des femmes, de l’engagement pour les vocations et les prêtres. Regarder ce que l’Eglise a accompli comme progrès ces dernières années nous éloigne d’une mentalité de pouvoir, au profit du service pour une construction unifiée de l’Eglise (102-108).
L’évangélisation est la mission de tout le peuple de Dieu, sans exclusive. Elle ne peut être réservée ou déléguée à un groupe particulier. Tous les baptisés sont directement concernés. Dans le troisième chapitre de l’Exhortation, le Pape François en explique le développement et ses étapes. On met en évidence en premier lieu le « primat de la grâce » qui agit inlassablement dans la vie de tout évangélisateur (112). Puis est développé le rôle des différentes cultures dans le processus d’inculturation de l’Evangile, et le danger de tomber dans « l’orgueilleuse sacralisation de sa propre culture » (117). Enfin, on parle du rôle fondamental de la rencontre personnelle (127-129) et du témoignage de vie (121). On insiste enfin sur la valeur de la piété populaire, où s’exprime la foi authentique de tant de personnes qui donnent ainsi le témoignage de la simplicité de la rencontre de l’amour de Dieu (122-126). Pour terminer, le Pape invite les théologiens à valoriser les diverses formes d’évangélisation (133), et s’arrête assez longuement sur l’homélie comme forme privilégiée d’évangélisation, et qui demande une vraie passion et un vrai amour de la Parole de Dieu et du peuple qui nous est confié (135-158).
Le quatrième chapitre est consacré à la dimension sociale de l’évangélisation. C’est un thème cher au Pape François parce que « si cette dimension n’est pas clairement prise en compte, on court le risque de défigurer le sens authentique et intégral de la mission d’évangélisation » (176). C’est le thème majeur du lien entre l’annonce de l’Evangile et la promotion de la vie humaine en toutes ses expressions. La promotion intégrale de toute personne nous empêche d’enfermer la religion en un fait privé, dépourvu de conséquences sur la vie sociale et publique. Une « foi authentique implique toujours un désir profond de changer le monde (183). Deux grands thèmes font partie de ce passage de l’Exhortation. Le Pape en parle avec une grande passion évangélique, conscient que l’avenir de l’humanité est en jeu : l’ « intégration sociale des pauvres » et « la paix et le dialogue social ».
S’agissant du premier point, l’église, à travers la nouvelle évangélisation ressent comme sienne la mission de « collaborer pour résoudre les causes instrumentales de la pauvreté et pour promouvoir le développement intégral des pauvres », comme d’accomplir « des gestes simples et quotidiens de solidarité face à la misère concrète « qui est chaque jour devant nos yeux »(188). Ce qui ressort de ces pages denses, c’est l’appel à reconnaître la « force salvifique » des pauvres, et qui doit être au centre de la vie de l’Eglise avec la nouvelle évangélisation (198). Il nous faut donc redécouvrir d’abord l’attention, l’urgence, la conscience de ce thème, avant toute expérience concrète. Pour le Pape François, non seulement l’option fondamentale pour les pauvres doit être réalisée, mais elle est d’abord une « attention spirituelle » et « religieuse » et est pour cela prioritaire (200). Sur ces thèmes, la Parole du Pape François est franche et sans détour. Un « Pasteur d’une Eglise sans frontière » 8 210), ne peut se permettre de regarder ailleurs. C’est pourquoi il demande avec force de considérer la question des migrants et énonce clairement les nouvelles formes d’esclavage. « Où est celui qui tue chaque jour dans la petite fabrique clandestine, dans le système de prostitution, les enfants utilisés pour mendier, en celui qui doit travailler caché parce qu’il n’est pas régularisé ? Ne nous leurrons pas. Il y a de nombreuses complicités » (211). De mille manières, le Pape défend la vie humaine depuis son commencement et la dignité de tout être vivant (213). Sur le second aspect, le Pape énonce quatre principes qui sont le dénominateur commun pour l’avancée de la paix et sa traduction sociale. Peut-être en mémoire de ses études sur R. Guardini, le Pape François semble créer une nouvelle opposition polaire. Il rappelle en effet que « le temps est supérieur à l’espace », « l’unité a le dessus sur le conflit », la « réalité est plus importante que les idées », et « le tout est supérieur aux parties ». Ceci nous amène au dialogue comme première contribution à la paix, et qui concerne, dans l’Exhortation, la science, l’œcuménisme et le rapport avec les religions non chrétiennes.
Le dernier chapitre parle de l’ « esprit de la nouvelle évangélisation » (260). Elle se développe sous l’action de l’Esprit Saint qui anime de façon toujours nouvelle l’élan missionnaire à partir de la vie de prière où la contemplation tient la place centrale (264). La Vierge Marie « étoile de la nouvelle évangélisation » est présentée, en conclusion, comme l’icône de l’annonce et la transmission de l’Evangile que l’Église est appelée à vivre avec enthousiasme et dans l’amour du Seigneur Jésus.
« Ne nous laissons pas voler la joie de l’évangélisation ! » (83). Le langage de cette Exhortation apostolique est clair et immédiat, sans rhétorique ni sous-entendu. Le Pape François va au cœur des problèmes de l’homme d’aujourd’hui, qui demandent à l’Église plus qu’une simple présence. Il lui est demandé de renouveler ses programmes et sa pratique pastorale dans le sens de la nouvelle évangélisation. L’Evangile doit être adressé à tous, sans exclusive. Certains, cependant, sont privilégiés. Sans équivoque, le Pape François précise son orientation : « Ce ne sont pas tant les amis et les riches voisins, mais plutôt les pauvres, les infirmes, ceux qui sont souvent dévalorisés et oubliés….. aucun doute ou explication ne doivent affaiblir ce message si clair » (48).
Comme en d’autres moments importants de son histoire, l’Eglise d’aujourd’hui ressent le besoin d’un regard attentif pour évangéliser à la lumière de l’adoration, avec ce « regard contemplatif » pour voir les signes de la présence de Dieu. Les signes des temps ne sont pas seulement encouragés, mais ils deviennent critères d’un témoignage efficace (71). Premier d’entre nous, le Pape François nous rappelle le mystère central de notre foi : « Ne nous éloignons pas de la résurrection de Jésus, ne nous donnons jamais pour vaincus, arrivera ce qui arrivera » (3). L’Eglise du Pape François se fait compagnon de route de nos contemporains en recherche de Dieu et désireux de le voir.

PAPE FRANÇOIS: MESSE EN CONCLUSION DE L’ANNÉE DE LA FOI EN LA SOLENNITÉ DU CHRIST-ROI

25 novembre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/homilies/2013/documents/papa-francesco_20131124_conclusione-annus-fidei_fr.html

MESSE EN CONCLUSION DE L’ANNÉE DE LA FOI  EN LA SOLENNITÉ DU CHRIST-ROI

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre

Dimanche 24 novembre 2013
 
Aujourd’hui, la solennité du Christ Roi de l’univers, couronnement de l’année liturgique, marque également la conclusion de l’Année de la Foi, promulguée par le Pape Benoît XVI, pour qui nous avons maintenant une pensée pleine d’affection et de reconnaissance pour ce don qu’il nous a fait. Avec cette initiative providentielle, il nous a donné la possibilité de redécouvrir la beauté de ce chemin de foi qui a débuté le jour de notre Baptême, qui nous a faits fils de Dieu et frères dans l’Église. Un chemin qui a pour objectif final la pleine rencontre avec Dieu, et au cours duquel l’Esprit Saint nous purifie, nous élève, nous sanctifie, pour nous faire entrer dans le bonheur auquel aspire notre cœur.
Je désire également adresser une salutation cordiale et fraternelle aux Patriarches et aux Archevêques Majeurs des Églises orientales catholiques, ici présents. L’échange de la paix, que j’accomplirai avec eux, veut exprimer avant tout la reconnaissance de l’Évêque de Rome à l’égard de ces communautés, qui ont confessé le nom du Christ avec une fidélité exemplaire, souvent payée fort cher.
En même temps, par leur intermédiaire, je veux rejoindre avec ce geste tous les chrétiens qui vivent en Terre Sainte, en Syrie et dans tout l’Orient, afin d’obtenir pour tous le don de la paix et de la concorde.
Les lectures bibliques qui ont été proclamées ont comme fil conducteur la centralité du Christ. Le Christ est au centre, le Christ est le centre. Le Christ centre de la création, le Christ centre du peuple, le Christ centre de l’histoire.
1. L’Apôtre Paul nous offre une vision très profonde de la centralité de Jésus. Il nous le présente comme le Premier-né de toute la création : en lui, par lui et pour lui toutes choses furent créées. Il est le centre de toutes choses, il est le principe : Jésus Christ, le Seigneur. Dieu lui a donné la plénitude, la totalité, pour qu’en lui toutes choses soient réconciliées (cf. Col. 1, 12-20). Seigneur de la création, Seigneur de la réconciliation.
Cette image nous fait comprendre que Jésus est le centre de la création ; et, par conséquent, l’attitude demandée au croyant, s’il veut être tel, est de reconnaître et d’accueillir dans sa vie cette centralité de Jésus-Christ, dans ses pensées, dans ses paroles et dans ses œuvres. Et ainsi nos pensées seront des pensées chrétiennes, des pensées du Christ. Nos œuvres seront des œuvres chrétiennes, des œuvres du Christ, nos paroles seront des paroles chrétiennes, des paroles du Christ. Par contre, quand on perd ce centre, parce qu’on le substitue avec quelque chose d’autre, il n’en vient que des dommages, pour l’environnement autour de nous et pour l’homme lui-même.
2. En plus d’être le centre de la création et centre de la réconciliation, le Christ est le centre du peuple de Dieu. Et précisément aujourd’hui il est ici, au milieu de nous. Maintenant il est ici dans la Parole, et il sera ici sur l’autel, vivant, présent, au milieu de nous, son peuple. C’est ce qui nous est exposé dans la première Lecture, qui raconte le jour où les tribus d’Israël vinrent chercher David et, devant le Seigneur, lui donnèrent l’onction de roi sur Israël (cf. 2 S 5, 1-3). À travers la recherche de la figure idéale du roi, ces hommes cherchaient en réalité Dieu lui-même : un Dieu qui se fasse proche, qui accepte de devenir compagnon de route de l’homme, qui se fasse leur frère.
Le Christ, descendant du roi David, est justement le “frère” autour duquel se constitue le peuple, qui prend soin de son peuple, de nous tous, au prix de sa vie. En lui nous sommes un ; un seul peuple uni à lui, nous partageons un seul chemin, un seul destin. C’est seulement en lui, en lui comme centre, que nous avons notre identité comme peuple.
3. Enfin, le Christ est le centre de l’histoire de l’humanité, et aussi le centre de l’histoire de tout homme. C’est à lui que nous pouvons rapporter les joies et les espérances, les tristesses et les angoisses dont notre vie est tissée. Lorsque Jésus est au centre, même les moments les plus sombres de notre existence s’éclairent, et il nous donne l’espérance, comme cela arrive au bon larron dans l’Évangile d’aujourd’hui.
Tandis que tous les autres s’adressent à Jésus avec mépris – “ Si tu es le Christ, le Roi Messie, sauve-toi toi-même en descendant de la croix !” – cet homme, qui a commis des erreurs dans sa vie, à la fin, repenti, s’agrippe à Jésus crucifié en implorant : « Souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume » (Lc 23, 42). Et Jésus lui promet : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (v. 43) : son Royaume. Jésus prononce seulement la parole du pardon, non celle de la condamnation ; et quand l’homme trouve le courage de demander ce pardon, le Seigneur ne laisse jamais tomber une telle demande. Aujourd’hui, nous pouvons tous penser à notre histoire, à notre cheminement. Chacun de nous a son histoire ; chacun de nous a aussi ses erreurs, ses péchés, ses moments heureux et ses moments sombres. Cela fera du bien, au cours de cette journée, de penser à notre histoire, et regarder Jésus, et de tout cœur lui répéter de nombreuses fois, mais avec le cœur, en silence, chacun de nous : “Souviens-toi de moi, Seigneur, maintenant que tu es dans ton Royaume ! Jésus, souviens-toi de moi, parce que je veux devenir bon, je veux devenir bon, mais je n’ai pas la force, je ne peux pas : je suis pécheur, je suis pécheresse. Mais souviens-toi de moi, Jésus. Tu peux te souvenir de moi, parce que tu es au centre, tu es justement dans ton Royaume !”. Que c’est beau ! Faisons-le tous aujourd’hui, chacun dans son cœur, de nombreuses fois. “Souviens-toi de moi, Seigneur, toi qui es au centre, toi qui es dans ton Royaume!”.
La promesse de Jésus au bon larron nous donne une grande espérance : elle nous dit que la grâce de Dieu est toujours plus abondante que la prière qui l’a demandée. Le Seigneur donne toujours plus, il est tellement généreux, il donne toujours plus que ce qui lui est demandé : tu lui demandes qu’il se rappelle de toi, et il t’emmène dans son Royaume ! Jésus est bien le centre de nos désirs de joie et de salut. Allons tous ensemble sur cette route ! 

LE SACREMENT DE LA RÉCONCILIATION, POUR RAVIVER LA GRÂCE DU BAPTÊME – PAPE FRANÇOIS

13 novembre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/le-sacrement-de-la-reconciliation-pour-raviver-la-grace-du-bapteme

LE SACREMENT DE LA RÉCONCILIATION, POUR RAVIVER LA GRÂCE DU BAPTÊME

CATÉCHÈSE SUR LE CREDO, 13 NOVEMBRE 2013

Rome, 13 novembre 2013 (Zenit.org) Pape François

« Je ne peux pas me faire baptiser plusieurs fois, mais je peux me confesser et renouveler ainsi la grâce du baptême »: le pape François a ainsi souligné le lien entre le sacrement du baptême et le sacrement de la réconciliation qui le ravive chez les baptisés.

Le pape François a tenu l’audience du mercredi place Saint-Pierre, en présence de dizaines de milliers de visiteurs. Il a poursuivi sa catéchèse sur le Credo, dans le cadre de l’Année de la foi, commentant l’article concernant le baptême.
Il a aussi invité les baptisés à connaître, chercher, la date de leur baptême de façon à fêter ce second anniversaire!
Voici notre traduction intégrale de la catéchèse donnée par le pape en italien, y compris avec les ajouts improvisés.

CATÉCHÈSE DU PAPE FRANÇOIS

Chers frères et sœurs,
Dans le « Je crois en Dieu », par lequel nous faisons, chaque dimanche, notre profession de foi, nous affirmons : « Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés ». C’est la seule référence explicite à un sacrement à l’intérieur du « Credo ». En effet, le baptême est la « porte » de la foi et de la vie chrétienne. Jésus ressuscité a donné à ses apôtres cette consigne : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création.Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé » (Mc 16, 15-16). La mission de l’Église est d’évangéliser et de remettre les péchés à travers le sacrement du baptême.
Mais revenons aux paroles du Credo. On peut distinguer trois parties dans cette formule : « je reconnais », « un seul baptême » et « pour le pardon des péchés ».
1. « Je reconnais » (« je professe » en italien, ndlr). Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un terme solennel qui indique la grande importance de l’objet, c’est-à-dire du baptême. En effet, en prononçant ces paroles, nous affirmons notre véritable identité d’enfants de Dieu. Le baptême est en un certain sens la carte d’identité du chrétien, son acte de naissance. C’est l’acte de naissance dans l’Église. Vous connaissez tous le jour de votre naissance et vous fêtez votre anniversaire, n’est-ce pas ? Nous fêtons tous notre anniversaire. Je vous pose une question, que j’ai déjà posée d’autres fois, mais je le fais encore : qui parmi vous se souvient de la date de son baptême ? Levez la main : ils ne sont pas nombreux (et je ne pose pas la question aux évêques pour ne pas leur faire honte…). Mais nous allons faire quelque chose : aujourd’hui, en rentrant chez vous, demandez quel jour vous avez été baptisés, cherchez, parce que c’est notre second anniversaire.
Notre premier anniversaire est le jour de notre naissance à la vie et le second est celui de notre naissance dans l’Église. Vous le ferez ? C’est un devoir à faire en rentrant : chercher le jour où vous êtes né dans l’Église et remerciez le Seigneur parce que, le jour de notre baptême, il nous a ouvert la porte de son Église.
En même temps, notre foi dans la rémission des péchés est liée au baptême. Le sacrement de pénitence, ou confession, est, en fait, comme « un second baptême », qui renvoie toujours au premier pour le consolider et le renouveler. Dans ce sens-là, le jour de notre baptême est le point de départ d’un cheminement très beau, un cheminement vers Dieu qui dure toute la vie, un cheminement de conversion qui est continuellement soutenu par le sacrement de pénitence. Réfléchissez à cela : quand nous allons nous confesser de nos faiblesses, de nos péchés, nous allons demander pardon à Jésus, mais nous allons aussi renouveler notre baptême par ce pardon. Et c’est beau, c’est comme si nous fêtions le jour de notre baptême à chaque confession. C’est pour cela que la confession n’est pas une séance dans une salle de torture, mais c’est une fête.

La Confession est pour les baptisés ! Pour garder propre le vêtement blanc de notre dignité chrétienne !
    Second élément : « un seul baptême ». Cette expression rappelle celle de saint Paul : « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4,5). Le mot « baptême » signifie littéralement « immersion » et, en effet, ce sacrement constitue une véritable immersion spirituelle dans la mort du Christ, d’où l’on ressuscite avec lui comme des créatures nouvelles (cf. Rm 6,4). Il s’agit d’un bain de régénération et d’illumination. Régénération parce qu’il réalise cette naissance de l’eau et de l’Esprit sans laquelle personne ne peut entrer dans le Royaume des cieux (cf. Jn 3,5). Illumination parce que, à travers le baptême, la personne humaine est comblée de la grâce du Christ, « lumière véritable, qui éclaire tout homme » (Jn 1,9) et qui chasse les ténèbres du péché. C’est pourquoi, dans la cérémonie du baptême, on donne aux parents un cierge allumé, pour signifier cette illumination ; le baptême nous illumine de l’intérieur avec la lumière de Jésus. En vertu de ce don, le baptisé est appelé à devenir lui-même « lumière » – la lumière de la foi que j’ai reçue – pour ses frères, spécialement pour ceux qui sont dans les ténèbres et qui n’entrevoient aucune lueur à l’horizon de leur vie.
Essayons de nous demander : pour moi, le baptême est-il un fait du passé, isolé à une date que vous allez chercher aujourd’hui, ou une réalité vivante qui concerne mon présent, à tout moment ? Est-ce que tu te sens fort, de la force que te donne le Christ par sa mort et sa résurrection ? Ou bien est-ce que tu te sens abattu, sans force ? Le baptême donne la force et donne la lumière. Est-ce que tu te sens illuminé de cette lumière qui vient du Christ ? Est-ce que tu es un homme ou une femme de lumière ? Ou bien est-ce que tu es une personne obscure, sans la lumière de Jésus ? Il faut saisir la grâce du baptême, qui est un cadeau, et devenir lumière pour les autres.
3. Enfin, quelques mots sur le troisième élément : « pour la rémission des péchés ». Dans le sacrement du baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels, ainsi que toutes les peines liées au péché. Le baptême ouvre la porte à une nouvelle vie réelle qui n’est pas oppressée par le poids d’un passé négatif mais qui goûte déjà la beauté et la bonté du Royaume des cieux. C’est une intervention puissante de la miséricorde de Dieu dans notre vie, pour nous sauver. Mais cette intervention salvifique ne supprime pas la faiblesse de notre nature humaine – nous sommes tous faibles et nous sommes tous pécheurs – ; et ne nous enlève pas notre responsabilité de demander pardon chaque fois que nous nous trompons !
Je ne peux pas me faire baptiser plusieurs fois, mais je peux me confesser et renouveler ainsi la grâce du baptême. C’est comme si je recevais un second baptême. Le Seigneur Jésus est si bon qu’il ne se lasse jamais de nous pardonner. Même quand la porte que le baptême nous a ouverte pour entrer dans l’Église se referme un peu, à cause de nos faiblesses et de nos péchés, la confession la rouvre, précisément parce que c’est comme un second baptême qui nous pardonne tout, et nous illumine pour avancer avec la lumière du Seigneur. Avançons ainsi, joyeux, parce que la vie doit être vécue avec la joie de Jésus-Christ ; et ça, c’est une grâce du Seigneur.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

PAPE FRANÇOIS: « IMITEZ LA MATERNITÉ DE MARIE, CETTE ATTENTION QU’ELLE A POUR CHACUN DE NOUS »

12 novembre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/imitez-la-maternite-de-marie-cette-attention-qu-elle-a-pour-chacun-de-nous

« IMITEZ LA MATERNITÉ DE MARIE, CETTE ATTENTION QU’ELLE A POUR CHACUN DE NOUS »

DISCOURS POUR LES CENT ANS DE L’UNITALSI

ROME, 11 NOVEMBRE 2013 (ZENIT.ORG) PAPE FRANÇOIS

« Imitez la maternité de Marie, cette attention toute maternelle qu’elle a pour chacun de nous »: c’est l’exhortation du pape François aux membres de l’UNITALSI qui fête ses cent ans.
Le pape François a en effet reçu en audience, samedi 9 novembre, à 11h, dans la salle Paul VI du Vatican, les participants au pèlerinage de l’Union nationale italienne Transport Malades à Lourdes et sanctuaires internationaux (U.N.I.T.A.L.S.I.), à l’occasion du 110ème anniversaire de l’association.
Le pape invite aussi à « mettre vraiment en valeur la présence et le témoignage des personnes fragiles et souffrantes, non seulement comme étant les destinataires de l’œuvre évangélisatrice, mais aussi en tant que sujets actifs de cette action apostolique ».
Voici notre traduction intégrale du discours du pape François prononcé en italien.

Discours du pape François
 Chers frères et sœurs, bonjour !
Je vous salue tous avec affection, spécialement les personnes malades et infirmes, accompagnées par des bénévoles, les assistants ecclésiastiques, les responsables de section et le président national, que je remercie pour ses paroles. La présence du cardinal De Giorgi, des évêques et des personnalités institutionnelles est signe de l’appréciation que l’UNITALSI rencontre dans l’Eglise et dans la société civile.
1. Depuis 110 ans votre association se consacre aux personnes malades ou fragiles, avec un style typiquement évangélique. En effet, votre œuvre n’est pas de l’assistanat ou de la philanthropie, mais pure annonce de l’Evangile de la charité, ministère du réconfort. Et ceci est grand: votre œuvre est vraiment évangélique,  le ministère de la consolation.  Je pense à tous ces membres de l’UNITALSI qui œuvrent dans toute l’Italie : vous êtes des hommes et des femmes, des mères et des pères, tant de jeunes qui, par amour du Christ et à l’exemple du Bon Samaritain, face à tant de souffrance, ne tournent pas la tête de l’autre côté. Et ce fait de ne pas tourner la tête de l’autre côté est une vertu: Allez-y ! Continuez avec cette vertu! Vous qui essayez au contraire d’être le regard qui accueille, une main qui soulève et accompagne, une parole de réconfort, une étreinte de tendresse. Ne vous découragez pas devant les difficultés et la fatigue, continuez à donner de votre temps, un sourire et de l’amour aux frères et sœurs qui en ont besoin. Que chaque personne malade et fragile puisse voir dans votre visage le visage de Jésus ; et que vous puissiez vous aussi reconnaître dans la personne souffrante la chair du Christ.
  Les pauvres, voire aussi les pauvres de santé, sont une richesse pour l’Eglise ; et vous de l’UNITALSI, avec tant d’autres réalités ecclésiales, vous avez reçu le don et l’engagement de recueillir cette richesse, pour aider à la mettre en valeur, non seulement pour l’Eglise elle-même mais pour toute la société.

2. Le contexte culturel et social actuel est plutôt enclin à cacher la fragilité physique,  à ne la voir que comme un problème qui demande résignation et piétisme ou parfois rebut des personnes. L’UNITALSI est appelée à être un signe prophétique et à aller contre cette logique du monde, la logique du rebut, en aidant les souffrants à être des acteurs au sein de la société, dans l’Eglise, voire dans l’association elle-même. Pour favoriser une réelle insertion des malades dans la communauté chrétienne et susciter en eux un fort sens de l’appartenance, il faut une pastorale inclusive dans les paroisses et dans les associations. Il s’agit de mettre vraiment en valeur la présence et le témoignage des personnes fragiles et souffrantes, non seulement comme étant les destinataires de l’œuvre évangélisatrice, mais aussi en tant que sujets actifs de cette action apostolique.
Chers frères et sœurs malades, ne vous considèrerez pas seulement des objets de solidarité et de charité, mais sentez-vous insérez à plein titre dans la vie et dans la mission de l’Eglise. Vous y avez votre place, avez un rôle spécifique dans la paroisse et dans chaque secteur de l’Eglise.  Votre présence, silencieuse mais plus éloquente que tant de mots, votre prière, l’offre quotidienne de vos souffrances en union avec celles de Jésus crucifié pour le salut du monde, l’acceptation patiente mais également joyeuse de votre condition, sont une ressource spirituelle, un patrimoine pour chaque communauté chrétienne. N’ayez pas honte d’être un précieux trésor de l’Eglise!
  3. Le pèlerinage sur les lieux sacrés de Marie, à Lourdes surtout, est l’expérience la plus forte que l’UNITALSI vit au cours de l’année. Votre style apostolique et votre spiritualité font eux aussi référence à la Sainte Vierge. Redécouvrez ses raisons les plus profondes! En particulier, imitez la maternité de Marie, cette attention toute maternelle qu’elle a pour chacun de nous. Dans le miracle des Noces de Cana, la Vierge Marie s’adresse aux serviteurs et leur dit: « Tout ce qu’il vous dit, faites-le », et Jésus ordonne  aux serviteurs de remplir d’eau les amphores et l’eau se transforme en vin, meilleur que celui qui est servi jusqu’à présent (cf. Jn 2,5-10).
Cette intervention de Marie auprès de son Fils révèle avec quels soins la Mère s’occupe des hommes. Des soins attentifs à nos besoins les plus vrais : Marie sait de quoi nous avons besoin! Elle prend soin de nous, en intercédant auprès de Jésus et demandant pour chacun de nous du « vin nouveau », c’est-à-dire l’amour, la grâce qui nous sauve. Elle intercède toujours et prie pour nous, spécialement dans les moments de difficulté et de faiblesse, dans les moments de découragement et d’égarement, surtout dans les moments du péché. C’est pourquoi, dans la prière de l’ Ave Maria, nous lui demandons: « Prie pour nous, pauvres pécheurs ».
Chers frères et sœurs, soyons confiants et mettons-nous toujours sous la protection de notre Mère Céleste, qui nous console et intercède pour nous auprès de son Fils. Quelle nous aide à être pour tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin « reflet » de Celui qui est le « Père miséricordieux et Dieu de toute consolation » ( 2 Co 1,3). Merci.

Traduction d’Océane Le Gall

LA FAMILLE, MOTEUR DU MONDE ET DE L’HISTOIRE – PAPE FRANÇOIS

25 octobre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/la-famille-moteur-du-monde-et-de-l-histoire

LA FAMILLE, MOTEUR DU MONDE ET DE L’HISTOIRE

LE PAPE REÇOIT LA XXIE ASSEMBLÉE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE

ROME, 25 OCTOBRE 2013 (ZENIT.ORG) PAPE FRANÇOIS

« La famille est le moteur du monde et de l’histoire », « le lieu où l’on apprend à aimer, le centre naturel de la vie humaine. Elle est faite de visages, de personnes qui aiment, dialoguent, se sacrifient pour les autres et défendent la vie », affirme le pape François.
Le pape a reçu les participants à la XXIe Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, ce vendredi matin, 25 octobre 2013, à 12h30, dans la salle Clémentine du palais apostolique du Vatican.

« La famille est fondée sur le mariage », qui est « la base sur laquelle se fonde la famille et qui rend plus solide l’union des époux et le don mutuel qu’ils se font l’un à l’autre », leur a-t-il déclaré.
Le pape a encouragé à « dire aux jeunes époux qu’ils ne terminent jamais une journée sans faire la paix entre eux » car « les épreuves, les sacrifices et les crises du couple, comme de la famille, représentent des passages pour grandir dans le bien, la vérité et la beauté ».
Il a également demandé aux parents de « perdre du temps » avec leurs enfants, de « jouer avec eux » car « la gratuité est tellement importante ».

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Messieurs les cardinaux,
Chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
Soyez les bienvenus à l’occasion de la XXIe Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille. Je remercie le président, Mgr Vincenzo Paglia, pour les paroles avec lesquelles il a introduit notre rencontre.
1 Le premier point sur lequel je voudrais m’arrêter est celui-ci : la famille est une communauté de vie qui a une consistance proprement autonome. Comme l’a écrit le bienheureux Jean-Paul II dans l’exhortation apostolique Familiaris consortio, la famille n’est pas la somme des personnes qui la constituent, mais une « communauté de personnes » (cf. N. 17-18). Et une communauté est plus que la somme des personnes.
Elle est le lieu où l’on apprend à aimer, le centre naturel de la vie humaine. Elle est faite de visages, de personnes qui aiment, dialoguent, se sacrifient pour les autres et défendent la vie, surtout celles des plus fragiles et des plus faibles. On pourrait dire, sans exagérer, que la famille est le moteur du monde et de l’histoire. Chacun de nous construit sa personnalité en famille, grandissant avec sa mère et son père, ses frères et ses sœurs, respirant la chaleur de la maison. La famille est le lieu où nous recevons notre nom, le lieu des affections, l’espace de l’intimité, où l’on apprend l’art du dialogue et de la communication interpersonnelle. Dans la famille, chacun prend conscience de sa dignité et, surtout si l’on y reçoit une éducation chrétienne, reconnaît la dignité de toute personne, en particulier de celle qui est malade, faible, marginalisée.
Tout ceci constitue la communauté-famille, qui demande à être reconnue comme telle, d’autant plus aujourd’hui où prévaut la protection des droits individuels. C’est pourquoi vous avez bien fait de porter une attention particulière à la Charte des droits de la famille, qui a été présentée il y a exactement trente ans, le 22 octobre 1983.
2 Passons au second point – on dit que les jésuites parlent toujours par trois, en trois points : un, deux, trois. Second point : la famille est fondée sur le mariage. À travers un acte d’amour libre et fidèle, les époux chrétiens témoignent que le mariage, en tant que sacrement, est la base sur laquelle se fonde la famille et qui rend plus solide l’union des époux et le don mutuel qu’ils se font l’un à l’autre. Le mariage est comme s’il s’agissait d’un premier sacrement de l’humain, où la personne se découvre elle-même, se comprend elle-même dans la relation aux autres et dans la relation à l’amour qu’elle est capable de recevoir et de donner. L’amour sponsal et familial manifeste clairement la vocation de la personne à aimer de manière unique et pour toujours et révèle aussi que les épreuves, les sacrifices et les crises du couple, comme de la famille, représentent des passages pour grandir dans le bien, la vérité et la beauté. Dans le mariage, on se donne complètement, sans calcul ni réserve, partageant tout, les dons comme les renoncements, en faisant confiance à la providence de Dieu. C’est cette expérience que les jeunes peuvent apprendre de leurs parents et de leurs grands-parents. C’est une expérience de foi en Dieu et de confiance mutuelle, de liberté profonde, de sainteté, parce que la sainteté suppose le don de soi dans la fidélité et le sacrifice quotidien de sa vie ! Mais il y a des problèmes dans le mariage. Toujours des points de vue différents, des jalousies, on se dispute. Mais il faut dire aux jeunes époux qu’ils ne terminent jamais une journée sans faire la paix entre eux. Le sacrement du mariage est renouvelé par cet acte de paix après une discussion, un malentendu, une jalousie cachée, et même un péché. Faire la paix qui donne l’unité à la famille ; et cela, il faut le dire aux jeunes, aux jeunes couples, qu’il n’est pas facile d’emprunter cette route, mais qu’elle si belle, cette route, si belle. Il faut le leur dire !
3 Je voudrais maintenant faire au moins allusion à deux phases de la vie familiale : l’enfance et la vieillesse. Les enfants et les personnes âgées représentent les deux pôles de la vie qui sont aussi les plus vulnérables, souvent les plus oubliés. Lorsque je confesse un homme ou une femme, mariés, jeunes, et quelque chose vient au sujet de leur fils ou de leur fille, dans la confession, je demande : mais combien d’enfants avez-vous ? Et ils me disent, peut-être qu’ils attendent une autre question après celle-ci. Mais je pose toujours cette seconde question : Et dites-moi, Monsieur ou Madame, vous jouez avec vos enfants ? – Comment, Père ? – Vous perdez du temps avec vos enfants ? Vous jouez avec vos enfants ? – Mais non, vous savez, quand je quitte la maison le matin, me dit l’homme, ils dorment encore et quand je rentre, ils sont couchés. La gratuité aussi, cette gratuité du papa ou de la maman avec ses enfants est tellement importante : « perdre du temps » avec ses enfants, jouer avec eux. Une société qui abandonne les enfants et qui marginalise les personnes âgées se coupe de ses racines et obscurcit son avenir. Chaque fois qu’un enfant est abandonné et une personne âgée marginalisée, non seulement on commet un acte d’injustice, mais on sanctionne aussi l’échec d’une société. Prendre soin des petits et des personnes âgées est un choix de civilisation.
Et cela me réjouit que le Conseil pontifical pour la famille ait créé une nouvelle icône de la famille : elle reprend la scène de la Présentation de Jésus au temple, avec Marie et Joseph qui portent l’Enfant pour accomplir la loi, et les deux vieillards Siméon et Anne qui, mûs par l’Esprit-Saint, l’accueillent comme le Sauveur. Le titre de l’icône est éloquent : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge ». L’Église qui prend soin des enfants et des personnes âgées devient la mère des générations de croyants et, en même temps, elle sert la société humaine pour qu’un esprit d’amour, un esprit familial, de solidarité, aide chacun à redécouvrir la paternité et la maternité de Dieu. Et moi, quand je lis ce passage d’Évangile, j’aime penser que les jeunes, Joseph et Marie et leur enfant aussi, font tout ce que dit la Loi. Saint Luc le répète quatre fois : pour accomplir la Loi. Ils obéissent à la Loi, les jeunes ! Et les deux vieillards, ils font du bruit ! À ce moment, Siméon invente une liturgie à lui et loue, les louanges de Dieu. Et la petite vieille, elle bavarde, elle prêche par ses bavardages : « Regardez-le ! », « comme ils sont libres ! ». Et il est dit trois fois des vieillards qu’ils sont conduits par l’Esprit-Saint. Les jeunes par la loi et les autres par l’Esprit-Saint. Regardez les personnes âgées qui ont cet Esprit en elles, écoutez-les !
La « bonne nouvelle » de la famille représente un aspect très important de l’évangélisation, que les chrétiens peuvent communiquer à tous, par le témoignage de leur vie ; et ils le font déjà, c’est évident dans les sociétés sécularisées : les familles vraiment chrétiennes se reconnaissent à leur fidélité, leur patience, leur ouverture à la vie, leur respect envers les personnes âgées… Le secret de tout ceci est la présence de Jésus dans la famille. Proposons donc à tous, avec respect et courage, la beauté du mariage et de la famille éclairés par l’Évangile ! Et dans ce but, approchons-nous avec attention et affection des familles en difficulté, de celles qui sont contraintes à quitter leur terre, de celles qui sont brisées, qui n’ont pas de toit ou de travail, ou qui souffrent pour beaucoup d’autres raisons, approchons-nous des époux en crise et de ceux qui sont désormais séparés. Nous voulons rester proches de toutes les familles.
Chers amis, les travaux de votre Assemblée plénière peuvent être une contribution précieuse en vue du prochain Synode extraordinaire des évêques, qui sera consacré à la famille. Je vous en remercie aussi. Je vous confie à la sainte Famille de Nazareth et vous donne ma bénédiction de tout cœur.

Traduction Zenit, Hélène Ginabat

« UN CHRÉTIEN NE PEUT PAS ÊTRE ANTISÉMITE ! » DÉCLARE LE PAPE FRANÇOIS – (70e anniversaire (1943-2013), le 16 octobre prochain, de la rafle des juifs de Rome)

12 octobre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/un-chretien-ne-peut-pas-etre-antisemite-declare-le-pape-francois

« UN CHRÉTIEN NE PEUT PAS ÊTRE ANTISÉMITE ! » DÉCLARE LE PAPE FRANÇOIS - 

(70e  anniversaire (1943-2013), le 16 octobre prochain, de la rafle des juifs de Rome)

AUDIENCE À LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE ROME (TEXTE INTÉGRAL)

ROME, 11 OCTOBRE 2013 (ZENIT.ORG) PAPE FRANÇOIS

« C’est une contradiction qu’un chrétien soit antisémite. Ses racines sont un peu juives. Un chrétien ne peut pas être antisémite ! Que l’antisémitisme soit banni du cœur et de la vie de tout homme et de toute femme ! », déclare le pape François qui a reçu, ce vendredi matin, au Vatican, une trentaine de représentants de la Communauté juive de Rome.
Le pape invite à privilégier la culture de la rencontre et le dialogue de la vie pour développer des relations « d’amitié et de fraternité », « sans préjugés ni soupçons ». Il rappelle l’importance, pour la société, du socle commun des Dix commandements.
Il évoque aussi le 70e  anniversaire (1943-2013), le 16 octobre prochain, de la rafle des juifs de Rome, et de leur déportation au camp d’extermination d’Auschwitz, dont une seule femme reviendra, et quinze hommes. Il a pour cette occasion adressé un message spécifique à la Communauté juive de Rome.

Voici notre traduction intégrale du discours prononcé par le pape en italien.

Anita Bourdin

Discours du pape François

Chers amis de la communauté juive de Rome,

Shalom!

Je suis content de vous accueillir et d’avoir ainsi la possibilité d’approfondir et d’élargir la première rencontre que j’ai eue avec certains de vos représentants le 20 mars dernier. Je vous salue tous avec affection, en particulier le Grand Rabbin, le Dr Riccardo Di Segni, que je remercie des paroles qu’il m’a adressées. Egalement pour ce souvenir du courage de notre père Abraham lorsqu’il luttait avec le Seigneur pour sauver Sodome et Gomorrhe : « Et s’ils étaient trente, s’ils étaient vingt-cinq, et s’ils étaient vingt… » C’est bien une prière courageuse devant le Seigneur. Merci. Je salue aussi le président de la Communauté juive de Rome, le Dr Riccardo Pacifici, et le président de l’Union des communautés juives italiennes, le Dr Renzo Gattegna.
En tant qu’évêque de Rome, je sens particulièrement proche la vie de la Communauté juive de la Ville : je sais qu’avec plus de deux mille ans de présence ininterrompue, elle peut se vanter d’être la plus ancienne d’Europe occidentale. Depuis de nombreux siècles, donc, la Communauté juive et l’Eglise de Rome vivent ensemble dans cette ville, avec une histoire – nous le savons bien – qui a souvent été traversée par des incompréhensions et aussi d’authentiques injustices. Mais c’est une histoire qui, avec l’aide de Dieu, a désormais connu depuis de nombreuses décennies le développement de rapports amicaux et fraternels.
La réflexion du concile Vatican II a certainement contribué, côté catholique, à ce changement de mentalité, mais un apport non moindre est venu de la vie et de l’action, des deux côtés, d’hommes sages et généreux, capables de reconnaître l’appel du Seigneur, et de se mettre en marche avec courage sur des sentiers nouveaux de rencontre et de dialogue.
Paradoxalement, la tragédie commune de la guerre nous a enseigné à marcher ensemble. Dans quelques jours nous rappellerons le 70e  anniversaire de la déportation des juifs de Rome. Nous ferons mémoire et nous prierons pour tant de victimes innocentes de la barbarie humaine, pour leurs familles. Ce sera aussi l’occasion de garder notre attention toujours vigilante afin que, sous aucun prétexte, ne reprennent vie des formes d’intolérance et d’antisémitisme, à Rome et dans le reste du monde. Je l’ai dit d’autres fois, et j’aime à le répéter maintenant : c’est une contradiction qu’un chrétien soit antisémite. Ses racines sont un peu juives. Un chrétien ne peut pas être antisémite ! Que l’antisémitisme soit banni du cœur et de la vie de tout homme et de toute femme !
Cet anniversaire nous permettra aussi de rappeler comment, à l’heure des ténèbres, la communauté chrétienne de cette ville a su tendre la main au frère en difficulté. Nous savons comment de nombreux instituts religieux, des monastères et des basiliques papales elles-mêmes, interprétant la volonté du pape, ont ouvert leurs portes pour un accueil fraternel, et comment de nombreux chrétiens ordinaires ont offert l’aide qu’ils pouvaient donner, qu’elle fût petite ou grande.
Dans leur grande majorité, ils n’étaient certainement pas au courant de la nécessité de mettre à jour la compréhension chrétienne du judaïsme et peut-être connaissaient-ils bien peu de la vie même de la communauté juive. Mais ils eurent le courage de faire ce qui était à ce moment-là la chose juste : protéger le frère qui était en danger. J’aime à souligner cet aspect, parce que s’il est vrai qu’il est important d’approfondir, des deux côtés, la réflexion théologique par le dialogue, il est aussi vrai qu’il existe un dialogue vital, celui de l’expérience quotidienne, qui n’est pas moins fondamental. Et même, sans cela, sans une culture vraie et concrète de la rencontre, qui conduit à des relations authentiques, sans préjugés ni soupçons, l’engagement dans le domaine intellectuel ne servirait pas beaucoup. Ici aussi, comme j’aime à le souligner souvent, le Peuple de Dieu a son propre flair et il a l’intuition du sentier que Dieu lui demande de prendre. Dans ce cas, le sentier de l’amitié, de la proximité, de la fraternité.
J’espère contribuer, ici, à Rome, en tant qu’évêque, à cette proximité et à cette amitié, comme j’ai eu la grâce – parce que cela a été une grâce – de le faire avec la communauté juive de Buenos Aires. Parmi les nombreuses choses qui peuvent nous lier, il y a le témoignage à la vérité des Dix Paroles, le Décalogue, comme fondement solide et source de vie aussi pour notre société, si désorientée par un pluralisme extrême des choix et des orientations, et marquée par un relativisme qui conduit à ne plus avoir de points de référence solides et sûrs (cf. Benoît XVI, Discours à la synagogue de Rome, 17 janvier 2010, nn. 5-6).
Chers amis, je vous remercie de votre visite et j’invoque sur vous la protection et la bénédiction du Très-haut pour notre chemin commun d’amitié et de confiance. Puisse-t-Il, dans sa bienveillance, accorder à nos jours la paix. Merci.

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

PAPE FRAÇOIS: L’EGLISE EST UNE MÈRE MISÉRICORDIEUSE: TEXTE INTÉGRAL

18 septembre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/l-eglise-est-une-mere-misericordieuse-texte-integral

L’EGLISE EST UNE MÈRE MISÉRICORDIEUSE: TEXTE INTÉGRAL

CATÉCHÈSE DU MERCREDI 18 SEPTEMBRE SUR LE CREDO

Rome, 18 septembre 2013 (Zenit.org) Pape François

L’Eglise est une mère miséricordieuse, explique le pape François qui a poursuivi, ce mercredi 18 septembre, place Saint-Pierre, sa catéchèse sur le Credo, et spécialement sur l’article concernant l’Eglise.
Le pape a pris les mamans en exemple pour expliquer la bonté maternelle de l’Eglise. Voici notre traduction intégrale du texte original en italien.

CATÉCHÈSE SUR L’EGLISE

Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui encore, je reviens sur l’image de l’Église comme mère. J’aime beaucoup cette image de l’Église comme mère. C’est pour cela que j’ai voulu y revenir, parce qu’il me semble qu’elle ne nous dit pas seulement comment est l’Église, mais aussi quel visage l’Église devrait avoir de plus en plus, cette Église qui est notre mère.
Je voudrais souligner trois choses, en regardant toujours nos mamans, tout ce qu’elles font, ce qu’elles vivent, ce qu’elles souffrent pour leurs enfants, et en poursuivant ce que j’ai dit mercredi dernier. Je m’interroge : que fait une maman ?
1. Elle enseigne à marcher dans la vie, elle enseigne à bien se diriger dans la vie, elle sait comment orienter ses enfants, elle cherche toujours à leur indiquer la route juste dans la vie pour qu’ils grandissent et deviennent adultes. Et elle le fait avec tendresse, avec affection, avec amour, toujours, même lorsqu’elle essaie de redresser notre chemin parce que nous sortons un peu des rails dans la vie ou parce que nous empruntons une voie qui nous conduit dans le fossé. Une maman sait ce qui est important pour que son enfant avance bien dans la vie, et elle ne l’a pas appris dans des livres, mais elle l’a appris de son propre cœur. L’université des mamans c’est leur cœur ! Elles y apprennent comment faire avancer leurs enfants.
L’Église fait la même chose : elle oriente notre vie, elle nous donne des enseignements pour que nous cheminions bien. Pensons aux dix commandements : ils nous indiquent une route à parcourir pour mûrir, pour que nous ayons des points fermes dans la façon de nous comporter. Et ils sont le fruit de la tendresse, de l’amour même de Dieu qui nous les a donnés. Vous pourrez me dire : mais ce sont des commandements ! C’est un ensemble de « non » ! Je voudrais vous inviter à les lire – vous les avez peut-être un peu oubliés – et ensuite à y réfléchir un peu de manière positive. Vous verrez qu’ils concernent notre façon de nous comporter envers Dieu, envers nous-mêmes et envers les autres, c’est exactement ce que nous enseigne une maman pour bien vivre. Ils nous invitent à ne pas nous construire des idoles matérielles qui nous rendront esclaves par la suite, à nous souvenir de Dieu, à avoir du respect pour nos parents, à être honnêtes, à respecter l’autre… Essayez de les voir comme cela et de les envisager comme si c’étaient les paroles, les enseignements que donne une maman pour bien se diriger dans la vie. Une maman n’enseigne jamais ce qui est mal, elle ne veut que le bien de ses enfants, et c’est ce que fait l’Église.
2. Je voudrais vous dire une seconde chose : quand un enfant grandit, qu’il devient adulte, il choisit sa route, il assume ses responsabilités, il marche sur ses deux jambes, il fait ce qu’il veut et, parfois, il lui arrive aussi de quitter la route, il peut arriver un accident. En toute situation, une maman a toujours la patience de continuer à accompagner ses enfants. Ce qui la pousse, c’est la force de l’amour ; une maman sait suivre avec discrétion, avec tendresse, le chemin de ses enfants et, lorsqu’ils se trompent, elle trouve toujours le moyen de comprendre, d’être proche, pour les aider. Dans mon pays, nous disons qu’une maman sait « dar la cara ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’une maman sait « faire face » pour ses enfants, c’est-à-dire qu’elle est poussée à prendre leur défense, toujours. Je pense aux mamans qui souffrent à cause de leurs enfants qui sont en prison ou dans des situations difficiles : elles ne se demandent pas s’ils sont coupables ou pas, elles continuent de les aimer et, souvent, elles subissent des humiliations mais elles n’ont pas peur, elles ne cessent pas de se donner.
L’Église est comme cela, c’est une maman miséricordieuse, qui comprend, qui cherche toujours à aider, qui encourage aussi même ses enfants qui ont fait des erreurs, et qui en font encore, elle ne ferme jamais la porte de la maison ; elle ne juge pas mais elle offre le pardon de Dieu, elle offre son amour qui invite même ceux de ses enfants qui sont tombés dans un fossé profond, à reprendre la route ; l’Église n’a pas peur d’entrer dans leur nuit pour donner l’espérance ; l’Église n’a pas peur d’entrer dans notre nuit quand nous sommes dans l’obscurité de l’âme et de la conscience, pour nous donner l’espérance ! Parce que l’Église est mère !
3. Une troisième pensée. Une maman sait aussi demander, frapper à toutes les portes pour ses enfants, sans calcul, elle le fait par amour. Et je pense combien les mamans savent frapper aussi et surtout à la porte du cœur de Dieu ! Les mamans prient beaucoup pour leurs enfants, spécialement pour les plus faibles, pour ceux qui en ont davantage besoin, ceux qui n’ont pas pris dans la vie le bon chemin ou qui ont pris un chemin périlleux. Il y a quelques semaines, j’ai célébré la messe dans l’église Saint-Augustin, ici à Rome, là où sont conservées les reliques de sa mère, sainte Monique. Que de prières elle a élevées vers Dieu pour son fils et que de larmes elle a versées ! Je pense à vous, chères mamans, qui priez tellement pour vos enfants, sans vous lasser ! Continuez de prier, de confier vos enfants à Dieu ; il a un cœur grand ! Frappez à la porte du cœur de Dieu par votre prière pour vos enfants.
Et c’est aussi ce que fait l’Église : elle met dans les mains du Seigneur, par la prière, toutes les situations de ses enfants. Ayons confiance dans la force de la prière de notre mère l’Église : le Seigneur n’y reste pas insensible. Il sait toujours nous surprendre lorsque nous ne nous y attendons pas. Notre mère l’Église le sait !
Voilà les pensées que je voulais vous dire aujourd’hui : voyons dans l’Église une bonne maman qui nous indique la route à parcourir dans la vie, qui sait être toujours patiente, miséricordieuse, compréhensive, et qui sait nous remettre entre les mains de Dieu.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

AIMER L’EGLISE EN CHERCHANT À COMPRENDRE SES DÉFAUTS

12 septembre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/aimer-l-eglise-en-cherchant-a-comprendre-ses-defauts

AIMER L’EGLISE EN CHERCHANT À COMPRENDRE SES DÉFAUTS

CATÉCHÈSE DU 11 SEPTEMBRE 2013, TEXTE INTÉGRAL

Rome, 11 septembre 2013 (Zenit.org) Pape François

« Aimons-nous l’Église comme on aime sa maman, en sachant comprendre ses défauts ? Est-ce que nous l’aidons à être plus belle, plus authentique, plus selon le Seigneur ? », demande le pape François en appelant à un examen de conscience.
Ce sont les questions que le pape a posées à la foule ce matin, mercredi 11 septembre 2013, lors de l’audience générale, place Saint-Pierre.
« Toutes les mamans ont des défauts, a-t-il fait observer, nous avons tous des défauts, mais quand on parle des défauts de sa maman, nous les couvrons, nous les aimons comme elles sont. Et même l’Église a ses défauts : nous l’aimons comme notre maman ».

Catéchèse du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous reprenons aujourd’hui les catéchèses sur l’Église en cette Année de la foi. Parmi les images que le concile Vatican II a choisies pour nous faire mieux comprendre la nature de l’Église, il y a celle de la « mère » : l’Église est notre mère dans la foi, dans la vie surnaturelle (cf. Constit. Dogm. Lumen gentium, 6.14.15.41.42). C’est l’une des images les plus utilisées par les Pères de l’Église dans les premiers siècles et je pense qu’elle peut nous être utile à nous aussi. Pour moi, c’est une des plus belles images de l’Église : l’Église mère ! Dans quel sens et de quelle manière l’Église est-elle mère ? Partons de la réalité humaine de la maternité : que fait une maman ?
1. Avant tout une maman engendre à la vie, elle porte son enfant dans son sein pendant neuf mois, puis elle l’ouvre à la vie, elle l’engendre. L’Église aussi : elle nous engendre dans la foi, par l’action de l’Esprit-Saint qui la rend féconde, comme la Vierge Marie. L’Église et la Vierge Marie sont des mamans, toutes les deux ; ce que l’on dit de l’Église peut se dire de la Sainte Vierge et ce que l’on dit de la Sainte Vierge peut aussi se dire de l’Église !
Certes, la foi est un acte personnel : « je crois », je réponds personnellement à Dieu qui se fait connaître et qui veut entrer dans une amitié avec moi (Cf. Enc. Lumen fidei, n.39). Mais je reçois la foi des autres, dans une famille, dans une communauté qui m’apprend à dire « je crois », « nous croyons ». Un chrétien n’est pas une île ! Nous ne devenons pas chrétiens dans un laboratoire, nous ne devenons pas chrétiens tout seuls et par nos propres forces, mais la foi est un cadeau, c’est un don de Dieu qui nous est fait dans l’Église et à travers l’Église. Et l’Église nous donne la vie de foi dans le baptême : c’est le moment où elle nous fait naître comme enfants de Dieu, le moment où elle nous donne la vie de Dieu, elle nous engendre comme une mère. Si vous allez au baptistère de Saint Jean du Latran, à la cathédrale du pape, il y a à l’intérieur une inscription latine qui dit plus ou moins ceci : « Ici naît un peuple de souche divine, engendré par l’Esprit-Saint qui féconde ces eaux ; notre mère l’Église met au monde ses enfants dans ces flots ».
Ceci nous fait comprendre quelque chose d’important : faire partie de l’Église n’est pas pour nous un fait extérieur et formel, il ne s’agit pas de remplir un papier qu’on nous donne, c’est un acte intérieur et vital ; on n’appartient pas à l’Église comme on appartient à une société, un parti ou toute autre organisation. Le lien est vital, comme celui que l’on a avec sa maman parce que, comme l’affirme Saint Augustin, « l’Église est réellement la mère des chrétiens » (De moribus Ecclesiae, I,30,62-63 : PL 32,1336). Demandons-nous alors : comment est-ce que je vois l’Église ? Si je suis reconnaissant envers mes parents parce qu’ils m’ont donné la vie, suis-je reconnaissant envers l’Église parce qu’elle m’a engendré dans la foi par le baptême ? Combien de chrétiens se souviennent de la date de leur baptême ? Je vous pose cette question ici, mais que chacun réponde dans son cœur : combien parmi vous se souviennent de la date de leur baptême ? Quelques-uns lèvent la main, mais il y en a tellement qui ne s’en souviennent pas ! Mais la date du baptême est la date de notre naissance dans l’Église, la date à laquelle notre maman l’Église nous a mis au monde ! Et maintenant, je vous donne un travail à faire à la maison. Aujourd’hui, quand vous rentrerez chez vous, cherchez bien quelle est la date de votre baptême et c’est pour le fêter, pour remercier le Seigneur de ce don. Vous le ferez ? Aimons-nous l’Église comme on aime sa maman, en sachant comprendre ses défauts ? Toutes les mamans ont des défauts, nous avons tous des défauts, mais quand on parle des défauts de sa maman, nous les couvrons, nous les aimons comme elles sont. Et même l’Église a ses défauts : nous l’aimons comme notre maman. Est-ce que nous l’aidons à être plus belle, plus authentique, plus selon le Seigneur ? Je vous laisse avec ces questions, mais n’oubliez pas le travail à faire : aller chercher la date de votre baptême pour la garder dans votre cœur et pour le fêter.
2. Une maman ne se limite pas à donner la vie, mais elle prend un grand soin de ses enfants pour les aider à grandir, elle leur donne du lait, elle les nourrit, elle leur enseigne le chemin de la vie, elle ne cesse de les accompagner de ses attentions, de son affection, de son amour, même lorsqu’ils ont grandi. Et en faisant cela, elle sait aussi corriger, pardonner, comprendre, elle sait être proche dans la maladie, dans la souffrance. En un mot, une bonne maman aide ses enfants à sortir d’eux-mêmes, à ne pas rester tranquillement sous ses ailes maternelles, comme une couvée de poussins sous les ailes de la poule.
L’Église, comme une bonne mère, fait la même chose : elle accompagne notre croissance en nous transmettant la Parole de Dieu, lumière qui nous indique le chemin de la vie chrétienne, en administrant les sacrements. Elle nous nourrit de l’Eucharistie, elle nous apporte le pardon de Dieu dans le sacrement de la pénitence, elle nous soutient au moment de la maladie par l’onction des malades. L’Église nous accompagne dans toute notre vie de foi, dans toute notre vie chrétienne. Nous pouvons alors nous poser d’autres questions : quel est mon rapport à l’Église ? Est-ce que je la perçois comme une mère qui m’aide à grandir en chrétien ? Est-ce que je participe à la vie de l’Église, est-ce que je sens que j’en fais partie ? Mon rapport à elle est-il formel ou vital ?
3. Une troisième brève pensée. Dans les premiers siècles de l’Église, il y a une réalité qui était bien claire : l’Église, tout en étant la mère des chrétiens, tout en « faisant » les chrétiens, est elle aussi « faite » par eux. L’Église n’est pas quelque chose de différent de nous, mais il faut la voir comme la totalité des chrétiens, comme le « nous » des chrétiens : moi, toi, nous faisons partie de l’Église. Saint Jérôme écrivait : « L’Église du Christ n’est pas autre chose que les âmes de ceux qui croient dans le Christ » (Tract. Ps 86 : PL 26, 1084). Alors, la maternité de l’Église, nous la vivons tous, pasteurs et fidèles. Parfois, j’entends dire : « Je crois en Dieu mais pas dans l’Église… J’ai entendu l’Église dire… les prêtres disent… ». Mais les prêtres sont une chose, mais l’Église n’est pas formée seulement de prêtres, nous sommes tous l’Église ! Et si tu dis que tu crois en Dieu et que tu ne crois pas dans l’Église, tu dis que tu ne crois pas en toi-même ; et ça, c’est une contradiction. Nous sommes tous l’Église : du petit enfant qui vient d’être baptisé jusqu’aux évêques et au pape ; nous sommes tous l’Église et nous sommes tous égaux aux yeux de Dieu !
Nous sommes tous appelés à collaborer à faire naître à la foi de nouveaux chrétiens, nous sommes tous appelés à être des éducateurs dans la foi, à annoncer l’Évangile. Que chacun de nous s’interroge : qu’est-ce que je fais, moi, pour que d’autres puissent partager la foi chrétienne ? Suis-je fécond dans ma foi, ou fermé ? Quand je répète que j’aime une Église non pas fermée dans son enclos, mais capable de sortir, de bouger, même en prenant des risques, pour apporter le Christ à tous, je pense à tout le monde, à moi, à toi, à tout chrétien ! Nous participons tous de la maternité de l’Église, afin que la lumière du Christ rejoigne les extrémités de la terre. Vive notre Sainte Mère l’Église !

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS : MESSE EN LA SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

18 août, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/francesco/homilies/2013/documents/papa-francesco_20130815_omelia-assunzione_fr.html

MESSE EN LA SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Castel Gandolfo, 15 août 2013

Chers frères et sœurs !

A la fin de la Constitution sur l’Eglise, le Concile Vatican II nous a laissé une très belle méditation sur la Vierge Marie. Je rappelle seulement les expressions qui se réfèrent au mystère que nous célébrons aujourd’hui : la première est celle-ci : « La Vierge Immaculée, préservée (par Dieu) de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme Reine de l’univers » (n.59). Et ensuite, vers la fin, il y a cette autre expression : « Tout comme dans le ciel, où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du Jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de consolation, devant le peuple de Dieu en pèlerinage » (n. 68). A la lumière de cette très belle icône de notre Mère, nous pouvons entendre le message contenu dans les lectures bibliques que nous venons d’entendre. Nous pouvons nous concentrer sur trois paroles-clé : lutte, résurrection, espérance.
Le passage de l’Apocalypse présente la vision de la lutte entre la femme et le dragon. La figure de la femme, qui représente l’Eglise, est d’un côté glorieuse, triomphante, et de l’autre, encore en travail. Telle est, en effet, l’Eglise : si elle est déjà associée, au ciel, à la gloire de son Seigneur, elle vit continuellement, dans l’histoire, les épreuves et les défis que comporte le conflit entre Dieu et le malin, l’ennemi de toujours. Et dans cette lutte, que les disciples de Jésus doivent affronter – nous tous, nous, tous les disciples de Jésus nous devons affronter cette lutte – Marie ne les laisse pas seuls ; la Mère du Christ et de l’Eglise est toujours avec nous. Toujours, elle marche avec nous, elle est avec nous. Marie aussi, en un certain sens, partage cette double condition. Naturellement, elle est désormais, une fois pour toutes, entrée dans la gloire du ciel. Mais cela ne signifie pas qu’elle soit loin, qu’elle soit séparée de nous ; au contraire, Marie nous accompagne, elle lutte avec nous, elle soutient les chrétiens dans le combat contre les forces du mal. La prière avec Marie, en particulier le Rosaire – écoutez bien : le Rosaire. Est-ce que vous priez le Rosaire tous les jours ? Je ne sais… [la foule crie : Oui !] C’est sûr ? Et bien la prière avec Marie, en particulier le Rosaire a aussi cette dimension « agonistique », c’est-à-dire de lutte, une prière qui soutient dans la bataille contre le malin et ses complices. Le Rosaire aussi nous soutient dans la bataille.
La seconde lecture nous parle de la résurrection. L’Apôtre Paul, écrivant aux Corinthiens, insiste sur le fait qu’être chrétien signifie croire que le Christ est vraiment ressuscité des morts. Toute notre foi se base sur cette vérité fondamentale qui n’est pas une idée mais un évènement. De même, le mystère de l’Assomption de Marie corps et âme est tout entier inscrit dans la Résurrection du Christ. L’humanité de la Mère a été « attirée » par le Fils dans son passage à travers la mort. Jésus est entré une foi pour toutes dans la vie éternelle avec toute son humanité, celle qu’il avait prise de Marie ; ainsi, Elle, la Mère, qui l’a suivi fidèlement toute sa vie, qui l’a suivi avec son cœur, est entrée avec Lui dans la vie éternelle, que nous appelons aussi le ciel, le Paradis, la Maison du Père.
Marie a connu aussi le martyre de la croix : Le martyre de son cœur, le martyre de son âme. Elle a tant souffert dans son cœur, pendant que Jésus souffrait sur la croix. la Passion du Fils, elle l’a vécue jusqu’au fond de son âme. Elle a été pleinement unie à Lui dans la mort, et à cause de cela, le don de la résurrection lui a été fait. Le Christ est le premier des ressuscités, et Marie est la première des rachetés, la première de « ceux qui appartiennent au Christ ». Elle est notre Mère, mais nous pouvons dire aussi qu’elle est notre représentante, elle est notre sœur, notre grande sœur, elle est la première des rachetés qui est arrivée au ciel.
L’Evangile nous suggère la troisième parole : espérance. L’espérance est la vertu de qui, faisant l’expérience du conflit, de la lutte quotidienne entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, croit en la Résurrection du Christ, en la victoire de l’Amour. Nous avons entendu le chant de Marie, le Magnificat : C’est le cantique de l’espérance, le cantique du Peuple de Dieu en marche dans l’histoire. C’est le cantique de tant de saints et de saintes, certains connus, d’autres, beaucoup plus nombreux, inconnus, mais bien connus de Dieu : mamans, papas, catéchistes, missionnaires, prêtres, sœurs, jeunes, également des enfants, grand pères, grand mères : ils ont affronté la lutte de la vie en portant dans le cœur l’espérance des petits et des humbles. Marie dit : « Mon âme exalte le Seigneur ». L’Eglise le chante encore aujourd’hui et elle le chante partout dans le monde. Ce cantique est particulièrement intense là où le Corps du Christ souffre aujourd’hui la Passion. Où il y a la croix, pour nous chrétiens, il y a l’espérance, toujours. S’il n’y a pas l’espérance, nous ne sommes pas chrétiens. C’est pourquoi j’aime dire : ne vous laissez pas voler l’espérance. Qu’on ne nous vole pas l’espérance, parce que cette force est une grâce, un don de Dieu qui nous porte en avant, en regardant le ciel. Et Marie est toujours là, proche de ces communautés, de nos frères, elle marche avec eux, elle souffre avec eux, et elle chante avec eux le Magnificat de l’espérance.
Chers frères et sœurs, unissons-nous, nous aussi, de tout notre cœur, à ce cantique de patience et de victoire, de lutte et de joie, qui unit l’Eglise triomphante et l’Eglise pérégrinante, qui unit la terre et le ciel, qui unit notre histoire et l’éternité, vers laquelle nous marchons.

Ainsi soit-il

A LAMPÉDOUSE, LE PAPE PLEURE, PRIE, RÉVEILLE LES CONSCIENCES

8 juillet, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/a-lampedouse-le-pape-pleure-prie-reveille-les-consciences

A LAMPÉDOUSE, LE PAPE PLEURE, PRIE, RÉVEILLE LES CONSCIENCES

MONDIALISATION DE L’INDIFFÉRENCE, ANESTHÉSIE DU COEUR

Rome, 8 juillet 2013 (Zenit.org) Anita Bourdin | 192 clics

Le pape François en visite sur l’île de Lampédouse où échouent et débarquent, ou font naufrage des milliers d’immigrés partis des rivages d’Afrique, a dénoncé ce qu’il appelle la « mondialisation de l’indifférence » et « l’anesthésie du coeur ».
Le pape a en effet prononcé l’homélie en direct en Eurovision (RAI et CTV), ce lundi matin, 8 juillet à 10h, après avoir déposé en mer une couronne de fleurs jaunes et blanches – les couleurs du Vatican – en mémoire de naufragés. Il a ensuite rencontré personnellement des rescapés de la traversée, sur le port.
La couleur liturgique était le violet, en signe de pénitence, et le pape a célébré, dans un calice revêtu du bois taillé dans une de ces embarcations précaires, de même que son bâton pastoral.
Le pape a dit être venu pour « prier » et pour « réveiller les consciences. » Il a salué la solidarité des habitants de l’île et souhaité un bon ramadan aux musulmans présents, avant de lancer la salutation amicale locale: « O’scià » (prononcer « hocha », « mon souffle », « ma respiration »). Il a posé cette question: « Qui a pleuré? » sur ces personens qui ont péri en mer? Et il a insisté sur la compassion active: « Qui a pleuré aujourd’hui dans le monde?

Homélie du pape François
Immigrés morts en mer, sur ces bateaux qui au lieu d’être un chemin d’espérance ont été une chemin de mort. C’est ce que disait un titre de journal. Quand, il y a quelques semaines j’ai appris cette nouvelle, qui hélas s’est tant de fois répétée, la pensée m’est revenue continuellement comme une épine dans le coeur qui fait souffrir. Et alors j’ai senti alors que je devais venir ici aujourd’hui pour prier  [le pape ému, a été interrompu par les applaudissements], pour accomplir un geste de proximité, mais aussi réveiller nos consciences afin que ce qui est arrivé ne se répète pas, ne se répète pas, s’il vous plaît!
Mais auparavant, je voudrais dire quelques mots de gratitude sincère et d’encouragement à vous, les habitants de Lampédouse et de Linose [applaudissements], aux associations, aux bénévoles, aux forces de sécurité, qui avez montré et qui montrez votre attention pour les personnes en voyage vers quelque chose de meilleur. Vous êtes une petite réalité, mais vous offrez un exemple de solidarité! Merci [applaudissements, cri: Viva il Papa! Viva!]. Merci aussi à l’archevêque, Mgr Francesco Montenegro pour son aide, son travail et sa proximité pastorale. Je salue cordialement le maire, Mme Giuseppina Nicolini: merci beaucoup pour ce que vous avez fait et ce que vous faites [applaudissements].
J’adresse une pensée  aux chers immigrés musulmans qui vont commencer aujourd’hui, ce soir, le jeûne du Ramadan, avec mes voeux d’abondants fruits spirituels. L’Eglise est proche de vous dans votre recherche d’une vie digne pour vous et vos familles, à vous « O’ Scià » [salutation locale amicale, applaudissements].
Ce matin, à la lumière de la Parole de Dieu que nous avons écoutée, je voudrais vous proposer des paroles qui provoquent surtout la conscience de tous, poussent à réfléchir et à changer concrètement certains comportements.
« Adam, où es-tu? »: c’est la première question que Dieu adresse à l’homme après le péché. « Où es-tu? » C’est un nommé désorienté qui a perdu sa place dans la création parce qu’il croit devenir puissant, de pouvoir tout dominer, d’être Dieu. Et l’harmonie se rompt, l’homme se trompe et cela se répète aussi dans la relation avec l’autre qui n’est plus le frère à aimer, mais simplement l’autre qui dérange ma vie, mon bien-être. Et Dieu pose la seconde question: « Caïn, où est-ton frère? » Le rêve d’être puissant, d’être grand comme Dieu, et même d’être Dieu, conduit à une chaîne d’erreurs qui est une chaîne de mort: il conduit à verser le sang du frère!
Ces deux questions de Dieu résonnent aussi aujourd’hui, avec toute leur force! Tant parmi nous, je m »inclus moi-même, nous sommes désorientés, nous ne somme plus attentifs au monde dans lequel nous vivons, nous ne prenons pas soin de ce que Dieu a créé pour tous, nous ne le gardons pas, et nous ne sommes plus capables non plus de nous garder les uns les autres. Et quand cette désorientation assume les dimensions du monde, on ne arrive à des tragédies comme celle à laquelle nous avons assisté.
« Où est-ton frère? », la voix de son sang crie jusqu’à moi, dit Dieu Ce n’est pas une question qui s’adresse aux autres, c’est une question adressée à moi, à toi, à chacun de nous. Ces frères et soeurs qui sont nôtres, cherchaient à sortir de situations difficiles pour trouver un peu de sérénité et de paix; ils cherchaient un endroit meilleur pour eux et pour leurs familles, mais ils ont trouvé la mort. Combien de fois ceux qui cherchent cela ne trouvent ni compréhension, ni accueil, ni solidarité! Et leurs voix montent jusqu’à Dieu!
Et encore une fois je vous remercie, vous, les habitants de Lampédouse pour votre solidarité. J’ai entendu parler récemment de l’un de ces frères. Avant d’arriver ici, ils sont passés par les mains des trafiquants,  ceux qui exploitenet la pauvreté des autres, ces personnes pour lesquelles la pauvreté des autres est une source de profit. Combien ils ont souffert! Et certains n’ont pas réussi à arriver.
« Où est-ton frère? » Qui est le responsable de ce sang? Dans la littérature espagnole, il y a une comédie de Lope de Vega qui raconte comment les habitants de la ville de Fuente Ovejuna tuent le gouverneur parce qu’il était un tyran, et ils le font de façon à ce que l’on ne sache pas qui a accompli l’exécution. Et lorsque le juge du roi demande: « Qui a tué le gouverneur? », tous répondent: « Fuente Ovejuna, Monsieur ». Tous et personne! Cette question jaillit avec force aujourd’hui encore: qui est le responsable du sang de ces frères et soeurs? Personne! Nous répondons tous ainsi: ce n’est pas moi, je n’ai rien à voir, ce sera quelqu’un d’autre, certainement pas moi. Mais Dieu demande à chacun de nous: « Où est le sang de ton frère qui crie jusqu’à moi? » Aujourd’hui, personne ne se sent responsable de cela; nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle; nous sommes tombés dans l’attitude hypocrite du prêtre et du serviteur de l’autel dont Jésus parle dans la parabole du Bon Samaritain: nous regardons le frère à moitié mort au bord de la route; nous pensons peut-être « le pauvre petit », et nous continuons notre route, ce n’est pas notre affaire; et cela nous tranquillise, et nous nous sentons en règle. La culture du bien-être, qui nous conduit à penser à nous, nous rend insensibles au cri des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais ne sont rien: elles sont l’illusion de la futilité, du provisoire, qui conduit à l’indifférence pour les autres, et même conduit à la mondialisation de l’indifférence. Dans ce monde de la mondialisation, nous sommes tombés dans la mondialisation de l’indifférence. Nous nous sommes habitués à la souffrance de l’autre, elle ne nous regarde pas, ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire!
La figure de l’Innommé de Manzoni revient. La mondialisation de l’indifférence nous rend tous « innommés », responsables dans nom, sans visage.
« Adam, où es-tu? », « Où est-ton frère? »: ce sont les deux questions que Dieu pose au début de l’histoire de l’humanité et qu’il adresse aussi à tous les hommes de notre temps, à nous aussi. Mais je voudrais que nous nous posions une troisième question: « Qui d’entre nous a pleuré pour ce fait et pour des faits comme ceux-ci? », pour la mort de ces frères et soeurs? Qui a pleuré pour ces personnes qui étaient sur le bateau? Pour les jeunes mamans qui portaient leurs enfants? Pour ces hommes qui désiraient quelque chose pour nourrir leurs familles? Nous sommes dans une société qui a publié l’expérience de pleurer, de « souffrir avec »: la mondialisation de l’indifférence!
Dans l’Evangile, nous avons écouté le cri, les pleurs, la grande lamentation: « Rachel pleure ses enfants … parce qu’ils ne sont plus ». Hérode a semé la mort pour défendre son bien-être, sa bulle de savon. Et cela continue de se répéter… Demandons au Seigneur qu’il efface ce qu’il est resté d’Hérode aussi dans notre coeur. Demandons au Seigneur la grâce de pleure sur notre indifférence, de pleurer sur la cruauté qu’il y a dans le monde, en nous, également chez ceux qui dans l’anonymat, prennent des décisions sociales et économiques qui ouvrent la voie à des drames comme celui-là. « Qui a pleuré? » Qui a pleuré aujourd’hui dans le monde?
Seigneur, dans cette liturgie qui est une liturgie de pénitence, demandons pardon pour l’indifférence envers tant de frères et soeurs, nous te demandons pardon, Père, pour qui s’en est accommodé et qui s’est fermé dans son propre bien-être, qui conduit à l’anesthésie du coeur; nous te demandons pardon pour ceux qui, par leurs décisions, au nouveau mondial, ont créé des situations qui conduisent à ces drames. Pardon, Seigneur!
Seigneur, fais que nous entendions aujourd’hui tes questions: « Adam, où es-tu? », « Où est le sang de ton frère? ».

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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