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PAPE FRANÇOIS : AUDIENCE GÉNÉRALE – 17.9.14

24 septembre, 2014

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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

MERCREDI 17 SEPTEMBRE 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Cette semaine, nous continuons de parler de l’Église. Lorsque nous professons notre foi, nous affirmons que l’Église est « catholique » et « apostolique ». Mais quelle est réellement la signification de ces deux mots, de ces deux aspects caractéristiques de l’Église ? Et quelle valeur ont-ils pour les communautés chrétiennes et pour chacun de nous ?
Catholique signifie universelle. Une définition complète et claire nous est offerte par l’un des Pères de l’Église des premiers siècles, saint Cyrille de Jérusalem, lorsqu’il affirme : « L’Église est sans aucun doute dite catholique, c’est-à-dire universelle, du fait qu’elle s’est diffusée partout, d’une extrémité à l’autre de la terre ; et qu’universellement et immanquablement elle enseigne toutes les vérités qui doivent parvenir à la connaissance des hommes, tant en ce qui concerne les choses célestes que les choses terrestres » (Catéchèse XVIII, 23).
Le signe évident de la catholicité de l’Église est qu’elle parle toutes les langues. Et cela n’est autre que l’effet de la Pentecôte (cf. Ac 2, 1-13) : c’est l’Esprit Saint, en effet, qui a rendu les apôtres et l’Église tout entière capables de faire retentir à tous, jusqu’aux extrémités de la terre, la Belle Nouvelle du salut et de l’amour de Dieu. Ainsi, l’Église est née catholique, c’est-à-dire « symphonique » dès ses origines, et ne peut qu’être catholique, projetée vers l’évangélisation et la rencontre avec tous. La Parole de Dieu aujourd’hui se lit dans toutes les langues, tous disposent de l’Evangile dans leur langue, pour le lire. Et je reviens sur le même concept : il est toujours bon d’avoir avec nous un petit Évangile, pour l’emporter dans sa poche, dans son sac, et d’en lire un passage au cours de la journée. Cela nous fait du bien. L’Évangile est diffusé dans toutes les langues parce que l’Église, l’annonce de Jésus Christ Rédempteur, est dans le monde entier. C’est pourquoi on dit que l’Église est catholique, parce qu’elle est universelle.
Si l’Église est née catholique, cela veut dire qu’elle est née « en sortie », qu’elle est née missionnaire. Si les apôtres étaient restés là, au cénacle, sans sortir pour apporter l’Évangile, l’Église serait uniquement l’Église de ce peuple, de cette ville, de ce cénacle. Mais tous sont sortis pour aller dans le monde, depuis la naissance de l’Église, depuis que l’Esprit Saint est descendu sur eux. C’est pourquoi l’Église est née « en sortie », c’est-à-dire missionnaire. C’est ce que nous exprimons en la qualifiant d’apostolique, parce que l’apôtre est celui qui apporte la bonne nouvelle de la Résurrection de Jésus. Ce terme nous rappelle que l’Église, sur le fondement des apôtres et en continuité avec eux — ce sont les apôtres qui sont allés et ont fondé de nouvelles églises, qui ont constitué de nouveaux évêques et cela dans le monde entier, dans une continuité ; aujourd’hui, nous sommes tous dans la continuité de ce groupe d’apôtres qui a reçu l’Esprit Saint et qui est allé en « sortie », pour prêcher —, est envoyée pour apporter à tous les hommes cette annonce de l’Évangile, en l’accompagnant par les signes de la tendresse et de la puissance de Dieu. Cela aussi dérive de l’événement de la Pentecôte: en effet, c’est l’Esprit Saint qui surmonte toute résistance, qui vainc la tentation de se refermer sur soi-même, entre quelques élus, et de se considérer comme les uniques destinataires de la bénédiction de Dieu. Si par exemple, certains chrétiens font cela et disent : « Nous sommes les élus, nous seuls », à la fin, ils meurent. Ils meurent d’abord dans leur âme, puis ils mourront dans leur corps, parce qu’ils n’ont pas de vie, ils ne sont pas capables d’engendrer la vie, d’autres personnes, d’autres peuples: ils ne sont pas apostoliques. Et c’est précisément l’Esprit qui nous conduit vers nos frères, même ceux qui sont le plus éloignés dans tous les sens, afin qu’ils puissent partager avec nous l’amour, la paix, la joie que le Seigneur Ressuscité nous a laissés en don.
Que signifie, pour nos communautés et pour chacun de nous, faire partie d’une Église qui est catholique et apostolique ? Avant tout, cela signifie avoir à cœur le salut de toute l’humanité, ne pas se sentir indifférents ou étrangers face au destin d’un grand nombre de nos frères, mais ouverts et solidaires à leur égard. Cela signifie en outre avoir le sens de la plénitude, de la totalité, de l’harmonie de la vie chrétienne, en repoussant toujours les positions partielles, unilatérales, qui nous referment sur nous-mêmes.
Faire partie de l’Église apostolique signifie être conscients que notre foi est ancrée à l’annonce et au témoignage des apôtres de Jésus eux-mêmes — elle est ancrée là, c’est une longue chaîne qui vient de là — ; et donc se sentir toujours envoyés, se sentir mandatés, en communion avec les successeurs des apôtres, pour annoncer, le cœur plein de joie, le Christ et son amour à toute l’humanité. Et je voudrais rappeler ici la vie héroïque de nombreux, de très nombreux hommes et femmes missionnaires qui ont quitté leur patrie pour aller annoncer l’Évangile dans d’autres pays, sur d’autres continents. Un cardinal brésilien, qui travaille beaucoup en Amazonie, me disait que lorsqu’il va dans un endroit, dans un village ou dans une ville de l’Amazonie, il se rend toujours au cimetière et là, il voit les tombes de ces missionnaires, prêtres, frères, sœurs, qui sont allés prêcher l’Évangile des apôtres. Et il pense : ils peuvent être tous canonisés maintenant, ils ont tout quitté pour annoncer Jésus Christ. Rendons grâce au Seigneur parce que notre Église possède de nombreux missionnaires, a eu tant de missionnaires et en encore davantage besoin ! Rendons grâce au Seigneur pour cela. Peut-être parmi tant de jeunes, garçons et filles, qui sont ici, quelqu’un a envie de devenir missionnaire : allez-y ! C’est beau d’apporter l’Évangile de Jésus. Soyez courageux et courageuses !
Demandons alors au Seigneur de renouveler en nous le don de son Esprit, afin que chaque communauté chrétienne et que chaque baptisé soit une expression de notre sainte mère l’Église catholique et apostolique.

 

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE (10 septembre 2014)

17 septembre, 2014

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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 10 septembre 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Dans notre itinéraire de catéchèses sur l’Eglise, nous nous arrêtons sur la considération que l’Eglise est mère. La dernière fois, nous avons souligné que l’Eglise nous fait grandir et, avec la lumière et la force de la Parole de Dieu, elle nous indique la route du salut et nous défend du mal. Je voudrais aujourd’hui souligner un aspect particulier de cette question éducative de notre mère l’Eglise, c’est-à-dire la manière dont elle nous enseigne les œuvres de miséricorde.
Un bon éducateur vise à l’essentiel. Il ne se perd pas dans les détails, mais veut transmettre ce qui compte vraiment pour que le fils ou l’élève trouve le sens et la joie de vivre. C’est la vérité. Et l’essentiel, selon l’Evangile, c’est la miséricorde. L’essentiel de l’Evangile est la miséricorde. Dieu a envoyé son Fils, Dieu s’est fait homme pour nous sauver, c’est-à-dire pour nous donner sa miséricorde. Jésus le dit clairement, résumant son enseignement pour les disciples : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). Peut-il exister un chrétien qui ne soit pas miséricordieux ? Non. Le chrétien doit nécessairement être miséricordieux, car cela est le centre de l’Evangile. Et fidèle à cet enseignement, l’Eglise ne peut que répéter la même chose à ses enfants : « Soyez miséricordieux », comme l’est le Père, et l’a été Jésus. Miséricorde.
Et l’Eglise se comporte alors comme Jésus. Elle ne fait pas de leçons théoriques sur l’amour, sur la miséricorde. Elle ne diffuse pas dans le monde une philosophie, une voie de sagesse… Bien sûr, le christianisme est aussi tout cela, mais comme conséquence, en reflet. Notre mère l’Eglise, comme Jésus, enseigne à travers l’exemple, et les paroles servent à éclairer le sens de ses gestes.
Notre mère l’Eglise nous enseigne à donner à manger et à boire à qui a faim et soif, à vêtir celui qui est nu. Et comment le fait-elle ? Elle le fait à travers l’exemple de nombreux saints et saintes qui ont fait cela de façon exemplaire ; mais elle le fait également à travers l’exemple de très nombreux pères et mères, qui enseignent à leurs enfants que ce que nous avons en trop, doit aller à ceux qui manquent du nécessaire. Il est important de savoir cela. Dans les familles chrétiennes les plus simples, la loi de l’hospitalité a toujours été sacrée : une assiette et un lit pour ceux qui en ont besoin ne manquent jamais. Une fois, une mère me racontait — dans l’autre diocèse — qu’elle voulait enseigner cela à ses enfants et elle leur disait d’aider et de donner à manger à ceux qui ont faim ; elle en avait trois. Et un jour, pendant le déjeuner, — le papa était parti travailler, elle était avec ses trois enfants, petits, de plus ou moins 7, 5 et 4 ans — et on frappe à la porte : il y avait un homme qui demandait à manger. Et la maman lui a dit : « Attends un moment ». Et après être rentrée, elle a dit à ses enfants : « Il y a là un homme qui demande à manger, que faisons-nous ? ». « Nous lui donnons, maman, nous lui donnons ! ». Chacun avait dans son assiette un beefsteak avec des frites. « Très bien — a dit la maman —, prenons la moitié de chacun de vous, et nous lui donnerons la moitié du beefsteak de chacun de vous ». « Ah non, maman, comme ça cela ne va pas ! ». « C’est ainsi, tu dois donner ce qui est à toi ». De cette façon, la maman a enseigné à ses enfants à donner à manger ce qui était à eux. Cela est un bel exemple qui m’a beaucoup aidé. « Mais je n’ai rien en plus… ». « Donne ce qui est à toi ! ». C’est ce que nous enseigne notre mère l’Eglise. Et vous, les nombreuses mamans qui êtes ici, vous savez ce que vous devez faire pour enseigner à vos enfants qu’ils partagent ce qui est à eux avec ceux qui en ont besoin.
Notre mère l’Eglise enseigne à être proche de ceux qui sont malades. Combien de saints et de saintes ont-ils servi Jésus de cette façon ! Et combien d’hommes et de femmes communs, chaque jour, mettent en pratique cette œuvre de miséricorde dans une chambre d’hôpital, ou d’une maison de repos, ou dans leur propre maison, en assistant une personne malade.
Notre mère l’Eglise enseigne à être proche de ceux qui sont en prison. « Mais père non, cela est dangereux, ce sont des personnes mauvaises ». Mais chacun de nous est capable… Ecoutez bien cela: chacun de nous est capable de faire la même chose qu’a fait cet homme ou cette femme qui est en prison. Nous avons tous la capacité de pécher et de faire la même chose, de faire des erreurs dans la vie. Il n’est pas plus mauvais que toi ou moi ! La miséricorde franchit chaque mur, chaque barrière, et te conduit toujours à chercher le visage de l’homme, de la personne. Et c’est la miséricorde qui change le cœur et la vie, qui peut régénérer une personne et lui permettre de s’insérer de manière nouvelle dans la société.
Notre mère l’Eglise enseigne à être proche de celui qui est abandonné et meurt seul. C’est ce qu’a fait la bienheureuse Teresa dans les rues de Calcutta ; c’est ce qu’a fait et font tant de chrétiens qui n’ont pas peur de serrer la main de celui qui va quitter ce monde. Et ici aussi, la miséricorde apporte la paix à celui qui part et à celui qui reste, en nous faisant sentir que Dieu est plus grand que la mort, et qu’en restant en Lui, même la dernière séparation est un « au revoir »… La bienheureuse Teresa avait bien compris cela ! On lui disait : « Mère, vous perdez votre temps ! ». Elle trouvait des personnes mourantes dans la rue, des personnes auxquelles les rats des rues commençaient à dévorer le corps, et elle les conduisait chez elle afin qu’ils meurent dans la propreté, tranquilles, entourés de caresses, en paix. Elle donnait l’« au revoir » à toutes ces personnes… Et tant d’hommes et de femmes comme elle ont fait cela. Et ils les attendent, là [il indique le ciel], à la porte, pour leur ouvrir la porte du Ciel. Aider les personnes à bien mourir, en paix.
Chers frères et sœurs, c’est ainsi que l’Eglise est mère, en enseignant à ses enfants les œuvres de miséricorde. Elle a appris cette voie de Jésus, elle a appris que cela est l’essentiel pour le salut. Il ne suffit pas d’aimer qui nous aime. Jésus dit que ce sont les païens qui le font. Il ne suffit pas de faire du bien à qui nous fait du bien. Pour changer le monde en mieux, il faut faire du bien à qui n’est pas en mesure de nous donner quelque chose en retour, comme le Père l’a fait avec nous, en nous donnant Jésus. Combien avons-nous payé pour notre rédemption ? Rien, tout a été gratuit ! Faire le bien sans attendre quelque chose en retour. C’est ainsi qu’a fait le père avec nous et nous devons faire la même chose. Fais le bien et va de l’avant !
Qu’il est beau de vivre dans l’Eglise, dans notre mère l’Eglise qui nous enseigne ces choses que nous a enseignées Jésus. Rendons grâce au Seigneur, qui nous a donné la grâce d’avoir l’Eglise comme mère, elle qui nous enseigne la voie de la miséricorde, qui est la voie de la vie. Rendons grâce au Seigneur.

 

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA LIe JOURNÉE MONDIALE DE PRIÈRE POUR LES VOCATIONS

15 septembre, 2014

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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA LIe JOURNÉE MONDIALE
DE PRIÈRE POUR LES VOCATIONS

11 MAI 2014 – IV DIMANCHE DE PÂQUES

Les vocations, témoignage de la vérité

Chers frères et sœurs !

1. L’Évangile raconte que « Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages… Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Alors il dit à ses disciples : “La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson” » (Mt 9, 35-38). Ces paroles nous surprennent, car nous savons tous qu’il faut d’abord labourer, semer et cultiver pour pouvoir ensuite, le moment venu, moissonner une récolte abondante. Jésus affirme en revanche que « la moisson est abondante ». Mais qui a travaillé pour que le résultat soit tel ? Il n’y a qu’une seule réponse : Dieu. Évidemment, le champ dont parle Jésus est l’humanité, c’est nous. Et l’action efficace qui est à l’origine du « beaucoup de fruit » est la grâce de Dieu, la communion avec lui (cf. Jn 15, 5). La prière que Jésus sollicite de l’Église concerne donc la demande d’accroître le nombre de ceux qui sont au service de son Royaume. Saint Paul, qui a été l’un de ces “collaborateurs de Dieu”, s’est prodigué inlassablement pour la cause de l’Évangile et de l’Église. Avec la conscience de celui qui a personnellement expérimenté à quel point la volonté salvifique de Dieu est insondable, et l’initiative de la grâce est à l’origine de toute vocation, l’apôtre rappelle aux chrétiens de Corinthe : « Vous êtes le champ de Dieu » (1 Co 3, 9). C’est pourquoi naît tout d’abord dans notre cœur l’étonnement pour une moisson abondante que Dieu seul peut accorder ; ensuite la gratitude pour un amour qui nous précède toujours ; enfin, l’adoration pour l’œuvre qu’il a accomplie, qui demande notre libre adhésion pour agir avec lui et pour lui.
2. Bien des fois nous avons prié avec les paroles du Psalmiste : « Il nous a faits et nous sommes à lui, nous son peuple, son troupeau » (Ps 100, 3) ; ou encore : « C’est Jacob que le Seigneur a choisi, Israël dont il a fait son bien » (Ps 135, 4). Eh bien, nous sommes la “propriété” de Dieu non pas au sens de la possession qui rend esclaves, mais d’un lien fort qui nous unit à Dieu et entre nous, selon un pacte d’alliance qui demeure pour l’éternité « car éternel est son amour » (Ps 136). Dans le récit de la vocation du prophète Jérémie, par exemple, Dieu rappelle qu’il veille continuellement sur chacun, afin que sa Parole se réalise en nous. L’image adoptée est celle de la branche d’amandier qui fleurit avant tous les autres, annonçant la renaissance de la vie au printemps (cf. Jr 1, 11-12). Tout provient de lui et est don de lui ; le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir, mais — rassure l’apôtre — « vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3, 23). Voilà expliquée la modalité d’appartenance à Dieu : à travers le rapport unique et personnel avec Jésus, que le baptême nous a conféré dès le début de notre renaissance à une vie nouvelle. C’est donc le Christ qui nous interpelle sans cesse par sa Parole afin que nous mettions notre confiance en lui, en l’aimant « de tout notre cœur, de toute notre intelligence et de toute notre force » (cf. Mc 12, 33). C’est pourquoi chaque vocation, malgré la pluralité des voies, demande toujours un exode de soi-même pour centrer sa propre existence sur le Christ et sur son Évangile. Que ce soit dans la vie conjugale, que ce soit dans les formes de consécration religieuse, que ce soit dans la vie sacerdotale, il faut dépasser les manières de penser et d’agir qui ne sont pas conformes à la volonté de Dieu. C’est un exode « qui nous conduit à un chemin d’adoration du Seigneur et de service à lui dans nos frères et sœurs » (Discours à l’Union internationale des supérieures générales, 8 mai 2013). C’est pourquoi nous sommes tous appelés à adorer le Christ dans nos cœurs (cf. 1 P 3, 15), pour nous laisser rejoindre par l’impulsion de la grâce contenue dans la semence de la Parole, qui doit croître en nous et se transformer en service concret de notre prochain. Nous ne devons pas avoir peur : Dieu suit avec passion et habileté l’œuvre sortie de ses mains, à chaque saison de la vie. Il ne nous abandonne jamais ! Il a à cœur la réalisation de son projet sur nous, mais il entend cependant l’obtenir avec notre assentiment et notre collaboration.
3. Aujourd’hui aussi, Jésus vit et chemine dans les réalités de la vie ordinaire pour s’approcher de tous, à commencer par les derniers, et nous guérir de nos infirmités et de nos maladies. Je m’adresse à présent à ceux qui sont bien disposés à se mettre à l’écoute de la voix du Christ qui retentit dans l’Église, pour comprendre quelle est leur vocation propre. Je vous invite à écouter et à suivre Jésus, à vous laisser transformer intérieurement par ses paroles qui « sont esprit et sont vie » (Jn 6, 63). Marie, la Mère de Jésus et la nôtre, nous répète à nous aussi : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). Cela vous fera du bien de participer avec confiance à un chemin communautaire qui sache libérer en vous et autour de vous les meilleures énergies. La vocation est un fruit qui mûrit dans le champ bien cultivé de l’amour réciproque qui se fait service mutuel, dans le contexte d’une authentique vie ecclésiale. Aucune vocation ne naît toute seule ou ne vit pour elle-même. La vocation jaillit du cœur de Dieu et germe dans la bonne terre du peuple fidèle, dans l’expérience de l’amour fraternel. Jésus n’a-t-il peut-être pas dit : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35) ?
4. Chers frères et sœurs, vivre cette « haute mesure de la vie chrétienne ordinaire » (cf. Jean-Paul II, Lett. apost. Novo millennio ineunte, n. 31), signifie parfois aller à contre-courant et comporte de rencontrer également des obstacles, en dehors de nous et en nous. Jésus lui-même nous avertit : la bonne semence de la Parole de Dieu est souvent volée par le Malin, bloquée par les difficultés, étouffée par des préoccupations et des séductions mondaines (cf. Mt 13, 19-22). Toutes ces difficultés pourraient nous décourager, en nous faisant nous replier sur des voies apparemment plus commodes. Mais la véritable joie des appelés consiste à croire et à faire l’expérience que le Seigneur, lui, est fidèle, et qu’avec lui nous pouvons marcher, être des disciples et des témoins de l’amour de Dieu, ouvrir notre cœur à de grands idéaux, à de grandes choses. « Nous chrétiens nous ne sommes pas choisis par le Seigneur pour de petites bricoles, allez toujours au-delà, vers les grandes choses. Jouez votre vie pour de grands idéaux ! » (Homélie lors de la messe pour les confirmations, 28 avril 2013). À vous évêques, prêtres, religieux, communautés et familles chrétiennes, je demande d’orienter la pastorale des vocations dans cette direction, en accompagnant les jeunes sur des itinéraires de sainteté qui, étant personnels, « exigent une vraie pédagogie de la sainteté qui soit capable de s’adapter aux rythmes des personnes. Cette pédagogie devra intégrer aux richesses de la proposition adressée à tous les formes traditionnelles d’aide personnelle et de groupe, et les formes plus récentes apportées par les associations et par les mouvements reconnus par l’Église » (Jean-Paul II, Lett. apost. Novo millennio ineunte, n. 31).
Disposons donc notre cœur à être une “bonne terre” pour écouter, accueillir et vivre la Parole et porter ainsi du fruit. Plus nous saurons nous unir à Jésus par la prière, la Sainte Écriture, l’Eucharistie, les Sacrements célébrés et vécus dans l’Église, par la fraternité vécue, plus grandira en nous la joie de collaborer avec Dieu au service du Royaume de miséricorde et de vérité, de justice et de paix. Et la récolte sera abondante, proportionnée à la grâce qu’avec docilité nous aurons su accueillir en nous. Avec ce vœu, et en vous demandant de prier pour moi, je donne de tout cœur à tous ma Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 15 janvier 2014

 

PAPE FRANÇOIS, AUDIENCE GÉNÉRALE 3 septembre 2014

11 septembre, 2014

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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 3 septembre 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Dans les catéchèses précédentes, nous avons eu l’occasion de souligner à plusieurs reprises que l’on ne devient pas chrétiens tout seul, c’est-à-dire grâce à ses propres forces, de façon autonome, et on ne devient pas non plus chrétiens dans un laboratoire, mais l’on est engendré et éduqué dans la foi au sein de ce grand corps qu’est l’Église. Dans ce sens, l’Église est véritablement mère, notre mère l’Église — c’est beau de l’appeler ainsi : notre mère l’Église — une mère qui nous donne la vie dans le Christ et qui nous fait vivre avec tous les autres frères dans la communion de l’Esprit Saint.
Dans sa maternité, l’Église a comme modèle la Vierge Marie, le modèle le plus beau et le plus élevé qui puisse exister. C’est ce que les premières communautés chrétiennes ont déjà mis en lumière et que le Concile Vatican ii a exprimé de façon admirable (cf. Const. Lumen gentium, nn. 63-64). La maternité de Marie est certainement unique, singulière et elle s’est réalisée dans la plénitude des temps, lorsque la Vierge donna le jour au Fils de Dieu, conçu par l’œuvre de l’Esprit Saint. Et toutefois, la maternité de l’Église se place précisément en continuité avec celle de Marie, comme son prolongement dans l’histoire. L’Église, dans la fécondité de l’Esprit, continue d’engendrer de nouveaux enfants dans le Christ, toujours dans l’écoute de la Parole de Dieu et dans la docilité à son dessein d’amour. L’Église est mère. La naissance de Jésus dans le sein de Marie, en effet, est le prélude de la naissance de chaque chrétien dans le sein de l’Église, à partir du moment où le Christ est l’aîné d’une multitude de frères (cf. Rm 8, 29) et notre premier frère Jésus est né de Marie, il est le modèle et nous sommes tous nés dans l’Église. Nous comprenons alors combien la relation qui unit Marie et l’Église est plus que jamais profonde : en regardant Marie, nous découvrons le visage le plus beau et le plus tendre de l’Église, et en regardant l’Église, nous reconnaissons les traits sublimes de Marie. Nous, chrétiens, nous ne sommes pas orphelins, nous avons une maman, nous avons une mère, et cela est grand ! Nous ne sommes pas orphelins ! L’Église est mère, Marie est mère.
L’Église est notre mère parce qu’elle nous a engendrés dans le baptême. Chaque fois que nous baptisons un enfant, il devient fils de l’Église, il entre dans l’Église. Et à partir de ce jour, comme une mère attentionnée, elle nous fait grandir dans la foi et nous indique, avec la force de la Parole de Dieu, le chemin de salut, en nous défendant du mal.
L’Église a reçu de Jésus le trésor précieux de l’Évangile non pas pour le garder pour elle, mais pour le donner généreusement aux autres, comme le fait une maman. Dans ce service d’évangélisation se manifeste de façon particulière la maternité de l’Église, engagée, comme une mère, à offrir à ses enfants la nourriture spirituelle qui alimente et fait fructifier la vie chrétienne. Nous sommes donc tous appelés à accueillir avec un esprit et un cœur ouverts la Parole de Dieu que l’Église dispense chaque jour, parce que cette Parole a la capacité de nous changer de l’intérieur. Seule la Parole de Dieu a cette capacité de nous changer vraiment de l’intérieur, de nos racines les plus profondes. La Parole de Dieu a ce pouvoir. Et qui nous donne la Parole de Dieu ? La mère Église. Elle nous allaite lorsque nous sommes enfants avec cette Parole, elle nous élève toute la vie avec cette Parole, et cela est grand ! C’est précisément la mère Église qui, à travers la Parole de Dieu, nous change de l’intérieur. La Parole de Dieu que nous donne la mère Église nous transforme, fait que notre humanité vibre non pas selon la mondanité de la chair, mais selon l’Esprit.
Dans sa sollicitude maternelle, l’Église s’efforce de montrer aux croyants le chemin à parcourir pour vivre une existence féconde de joie et de paix. Illuminés par la lumière de l’Évangile et soutenus par la grâce des sacrements, en particulier l’Eucharistie, nous pouvons orienter nos choix vers le bien et traverser avec courage et espérance les moments sombres et les sentiers les plus tortueux. Le chemin de salut, à travers lequel l’Église nous guide et nous accompagne avec la force de l’Évangile et le soutien des sacrements, nous donne la capacité de nous défendre du mal. L’Église a le courage d’une mère qui sait qu’elle doit défendre ses enfants des dangers qui découlent de la présence de satan dans le monde, pour les conduire à la rencontre avec Jésus. Une mère défend toujours ses enfants. Cette défense consiste également à exhorter à la vigilance : veiller contre la tromperie et la séduction du malin. Parce que même si Dieu a vaincu satan, il revient toujours avec ses tentations ; nous le savons, nous sommes tous tentés, nous avons été tentés et nous sommes tentés. Satan vient « comme un lion rugissant » (1 P 5, 8), dit l’apôtre Pierre, et c’est à nous de ne pas être ingénus, mais de veiller et de rester fermes dans la foi. Résister avec les conseils de la mère Église, résister avec l’aide de la mère Église qui, comme une bonne mère, accompagne toujours ses enfants dans les moments difficiles.
Chers amis, telle est l’Église, telle est l’Église que nous aimons tous, telle est l’Église que j’aime : une mère qui a à cœur le bien de ses enfants et qui est capable de donner la vie pour eux. Mais nous ne devons toutefois pas oublier que l’Église, ce ne sont pas seulement les prêtres, ou nous, les évêques, non, c’est nous tous ! L’Église, c’est nous tous ! D’accord ? Et nous aussi, nous sommes enfants, mais également mères d’autres chrétiens. Tous les baptisés, hommes et femmes, nous formons ensemble l’Église. Combien de fois dans notre vie, ne témoignons-nous pas de cette maternité de l’Église, de ce courage maternel de l’Église ! Combien de fois sommes-nous lâches ! Confions-nous alors à Marie, afin que, en tant que mère de notre frère aîné, Jésus, elle nous enseigne à avoir son même esprit maternel à l’égard de nos frères, avec la capacité sincère d’accueillir, de pardonner, de donner la force et d’insuffler confiance et espérance. C’est ce que fait une maman.

 

PAPE FRANÇOIS: VEILLÉE DE PRIÈRE POUR LA PAIX (7.9.13)

3 septembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2013/documents/papa-francesco_20130907_veglia-pace.html

VEILLÉE DE PRIÈRE POUR LA PAIX – « Dieu vit que cela était bon »

PAROLES DU PAPE FRANÇOIS

Parvis de la Basilique vaticane

Samedi 7 septembre 2013

« Dieu vit que cela était bon » (Gn 1, 12.18.21.25). Le récit biblique du début de l’histoire du monde et de l’humanité nous parle de Dieu qui regarde la création, la contemple presque, et répète : cela est bon. Cela, chers frères et sœurs, nous fait entrer dans le cœur de Dieu et, de l’intime de Dieu, nous recevons son message.

Nous pouvons nous demander : quelle signification a ce message ? Que me dit ce message à moi, à toi, à nous tous ?

1. Il nous dit simplement que dans le cœur et dans la pensée de Dieu notre monde est la ‘maison de l’harmonie et de la paix’, et est le lieu où tous peuvent trouver leur place et se sentir ‘chez soi’, parce que cela est « bon ». Tout le créé forme un ensemble harmonieux, bon, mais surtout les humains, faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, sont une unique famille, dans laquelle les relations sont marquées par une fraternité réelle non seulement proclamée en paroles : l’un et l’autre sont le frère et la sœur à aimer, et la relation avec Dieu qui est amour, fidélité, bonté se reflète sur toutes les relations entre les êtres humains et apporte l’harmonie à la création tout entière. Le monde de Dieu est un monde dans lequel chacun se sent responsable de l’autre, du bien de l’autre. Ce soir, dans la réflexion, dans le jeûne, dans la prière, chacun de nous, tous nous pensons au fond de nous-mêmes : ne serait-ce pas peut-être ce monde que nous désirons ? Ne serait-ce pas peut-être ce monde que tous portent dans le cœur ? Le monde que nous voulons, n’est-il pas peut-être un monde d’harmonie et de paix, en nous-mêmes, dans les rapports avec les autres, dans les familles, dans les villes, dans et entre les nations ? Et la vraie liberté dans le choix des chemins à parcourir en ce monde, n’est-elle pas peut-être celle qui est orientée vers le bien de tous et qui est guidée par l’amour ?
2. Mais demandons-nous maintenant : est-ce cela le monde dans lequel nous vivons ? Le créé conserve sa beauté qui nous remplit d’émerveillement, reste une œuvre bonne. Mais il y a aussi « la violence, la division, le conflit, la guerre ». Cela arrive quand l’homme, sommet de la création, abandonne le regard sur l’horizon de la beauté et de la bonté, et se renferme dans son égoïsme.
Quand l’homme pense seulement à lui-même, à ses propres intérêts et se place au centre, quand il se laisse séduire par les idoles de la domination et du pouvoir, quand il se met à la place de Dieu, alors il abîme toutes les relations, il ruine tout ; et il ouvre la porte à la violence, à l’indifférence, au conflit. C’est exactement ce que veut nous faire comprendre le passage de la Genèse qui raconte le péché de l’être humain : l’homme entre en conflit avec lui-même, s’aperçoit qu’il est nu et se cache parce qu’il a peur (Gn 3,10), il a peur du regard de Dieu ; il accuse la femme, celle qui est chair de sa chair (v.12) ; il rompt l’harmonie avec le créé, arrive à lever la main contre le frère pour le tuer. Pouvons-nous dire que l’harmonie est devenue ‘dis-harmonie’ ? Pouvons-nous dire cela : que de l’harmonie, on passe à la ‘dis-harmonie’. Non, la ‘dis-harmonie’ n’existe pas : ou il y a l’harmonie, ou on tombe dans le chaos où il y a violence, querelle, conflit, peur…
C’est justement dans ce chaos que Dieu demande à la conscience de l’homme : « Où est Abel ton frère ? ». Et Caïn répond : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? » (v.9). Cette question nous est aussi adressée et il serait bien que nous nous demandions : Suis-je le gardien de mon frère ? Oui, tu es le gardien de ton frère ! Être une personne humaine signifie être gardiens les uns des autres ! Et au contraire, quand se rompt l’harmonie, suit une métamorphose : le frère à garder et à aimer devient l’adversaire à combattre, à supprimer. Que de violence naît à ce moment, que de conflits, que de guerres ont marqué notre histoire ! Il suffit de voir la souffrance de tant de frères et sœurs. Il ne s’agit pas de quelque chose de conjoncturel, mais c’est la vérité : dans chaque violence et dans chaque guerre, nous faisons renaître Caïn. Nous tous ! Et aujourd’hui aussi, nous continuons cette histoire de conflit entre les frères, aujourd’hui aussi, nous levons la main contre celui qui est notre frère. Aujourd’hui aussi nous nous laissons guider par les idoles, par l’égoïsme, pas nos intérêts ; et cette attitude continue : nous avons perfectionné nos armes, notre conscience s’est endormie, nous avons rendu plus subtiles nos raisons pour nous justifier. Comme si c’était une chose normale, nous continuons à semer destruction, douleur, mort ! La violence, la guerre apportent seulement la mort, parlent de mort ! La violence et la guerre ont le langage de la mort !
Après le chaos du Déluge, il s’est arrêté de pleuvoir, on voit l’arc-en-ciel et la colombe porte un rameau d’olivier. Aujourd’hui, je pense aussi à cet olivier que les représentants des différentes religions, nous avons planté à Buenos Aires, sur la Place de Mai, en 2000, demandant qu’il n’y ait plus le chaos, demandant qu’il n’y ait plus la guerre, demandant la paix.
3. Et à ce point, je me demande : Est-il possible de parcourir la voie de la paix ? Pouvons-nous sortir de cette spirale de douleur et de mort ? Pouvons-nous apprendre de nouveau à marcher et à parcourir les chemins de la paix ? En invoquant l’aide de Dieu, sous le regard maternel de la Vierge Salus populis romani, Reine de la paix, je veux répondre : Oui, c’est possible à tous ! Ce soir, je voudrais que de toutes les parties de la terre nous criions : Oui, c’est possible à tous ! Ou mieux, je voudrais que chacun de vous, du plus petit au plus grand, jusqu’à ceux qui sont appelés à gouverner les Nations, réponde : Oui, nous le voulons ! Ma foi chrétienne me pousse à regarder la Croix. Comme je voudrais que pendant un moment tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté regardent la Croix ! On peut y lire la réponse de Dieu : là, à la violence on ne répond pas par la violence, à la mort, on ne répond pas par le langage de la mort. Dans le silence de la Croix, se tait le bruit des armes et parle le langage de la réconciliation, du pardon, du dialogue, de la paix. Je voudrais demander au Seigneur, ce soir, que nous, chrétiens et frères des autres religions, chaque homme et chaque femme de bonne volonté crie avec force : la violence et la guerre ne sont jamais la voie de la paix ! Que chacun s’applique à regarder au fond de sa conscience et écoute cette parole qu’elle dit : sors de tes intérêts qui atrophient le cœur, dépasse l’indifférence envers l’autre qui rend le cœur insensible, vaincs tes raisons de mort et ouvre-toi au dialogue, à la réconciliation : regarde la douleur de ton frère, je pense aux enfants : seulement à ceux-là… regarde la douleur de ton frère, et n’ajoute pas une autre douleur, arrête ta main, reconstruis l’harmonie qui s’est brisée ; et cela non par le conflit, mais par la rencontre ! Que se taisent les armes ! La guerre marque toujours l’échec de la paix, elle est toujours une défaite pour l’humanité. Encore une fois, les paroles de Paul VI résonnent : « Plus les uns contre les autres, plus, jamais !… Jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! » (Discours aux Nations unies, 4 octobre 1965 : AAS 57 [1965], 881). « La paix s’affermit seulement par la paix, celle qui n’est pas séparable des exigences de la justice, mais qui est alimentée par le sacrifice de soi, par la clémence, par la miséricorde, par la charité » (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1976 AAS 67 [1975], 671). Frères et sœurs, pardon, dialogue, réconciliation sont les paroles de la paix : dans la bien-aimée nation syrienne, au Moyen-Orient, partout dans le monde ! Prions, ce soir, pour la réconciliation et pour la paix, travaillons pour la réconciliation et pour la paix, et devenons tous, dans tous les milieux, des hommes et des femmes de réconciliation et de paix ! Ainsi-soit-il.

 

PAPE FRANÇOIS – (l’Eglise est «une» et «sainte».)

28 août, 2014

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PAPE FRANÇOIS – (l’Eglise est «une» et «sainte».)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 27 août 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Chaque fois que nous renouvelons notre profession de foi en récitant le «Credo», nous affirmons que l’Eglise est «une» et «sainte». Elle est une, parce qu’elle a son origine en Dieu Trinité, mystère d’unité et de pleine communion. L’Eglise est également sainte, car elle est fondée sur Jésus Christ, animée par son Saint-Esprit, emplie de son amour et de son salut. Dans le même temps, toutefois, elle est sainte et composée de pécheurs, nous tous, pécheurs, qui faisons l’expérience chaque jour de nos fragilités et de nos pauvretés. Alors, cette foi que nous professons nous pousse à la conversion, à avoir le courage de vivre quotidiennement l’unité et la sainteté, et si nous ne sommes pas tous unis, si nous ne sommes pas saints, c’est parce que nous ne sommes pas fidèles à Jésus. Mais Lui, Jésus, ne nous laisse pas seuls, il n’abandonne pas son Eglise! Il marche avec nous, Il nous comprend. Il comprend nos faiblesses, nos péchés, il nous pardonne, à condition que nous nous laissions pardonner. Il est toujours avec nous, nous aidant à devenir moins pécheurs, plus saints, plus unis.
Le premier réconfort nous vient du fait que Jésus a tant prié pour l’unité des disciples. C’est la prière de la dernière Cène, Jésus a beaucoup demandé: «Père, que tous soient un». Il a prié pour l’unité, et l’a fait justement dans l’imminence de la Passion, lorsqu’il était sur le point d’offrir toute sa vie pour nous. C’est ce que nous sommes continuellement invités à relire et à méditer, dans l’une des pages les plus intenses et émouvantes de l’Evangile de Jean, le chapitre dix-sept (cf. vv. 11.21-23). Comme il est beau de savoir que le Seigneur, peu avant de mourir, ne s’est pas préoccupé de lui-même, mais a pensé à nous! Et dans son dialogue implorant avec le Père, il a prié précisément afin que nous puissions n’être qu’un avec Lui et entre nous. Voilà: avec ces paroles, Jésus s’est fait notre intercesseur auprès du Père, afin que nous puissions entrer nous aussi dans la pleine communion d’amour avec Lui; dans le même temps, il les confie à nous comme son testament spirituel, afin que l’unité puisse devenir toujours plus la marque distinctive de nos communautés chrétiennes et la réponse la plus belle à quiconque nous demande raison de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15).
«Afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé» (Jn 17, 21). L’Eglise a cherché dès le début à réaliser cette intention qui tient tant au cœur de Jésus. Les Actes des Apôtres nous rappellent que les premiers chrétiens se distinguaient par le fait de n’avoir «qu’un cœur et qu’une âme» (Ac 4, 32); l’apôtre Paul exhortait également ses communautés à ne pas oublier qu’elles sont «un seul corps» (1 Co 12, 13). Mais l’expérience nous dit qu’il y a tant de péchés contre l’unité. Et nous ne pensons pas seulement aux schismes, nous pensons aux fautes très communes dans nos communautés, aux péchés «paroissiaux», à ces péchés dans les paroisses. Parfois, en effet, nos paroisses, appelées à être des lieux de partage et de communion, sont tristement marquées par les convoitises, les jalousies, les antipathies… Et les commérages sont à la portée de tous. Combien y a-t-il de commérages dans les paroisses! Cela n’est pas bon. Par exemple, lorsque quelqu’un est élu président d’une association, on médit à son sujet. Et si une autre est élue présidente de la catéchèse, les autres médisent contre elle. Mais cela, ce n’est pas l’Eglise. Cela ne doit pas se faire, nous ne devons pas le faire! Il faut demander au Seigneur la grâce de ne pas le faire. Cela a lieu lorsque nous aspirons aux premières places; lorsque nous plaçons au centre nous-mêmes, avec nos ambitions personnelles et nos façons de voir les choses, et que nous jugeons les autres; lorsque nous regardons les défauts des frères, plutôt que leurs qualités; lorsque nous donnons davantage d’importance à ce qui nous divise, qu’à ce qui nous unit…
Une fois, dans l’autre diocèse dont j’avais la charge, j’ai entendu un commentaire beau et intéressant. On parlait d’une personne âgée qui pendant toute sa vie avait travaillé dans la paroisse, et quelqu’un qui la connaissait bien a dit: «Cette femme n’a jamais parlé mal de personne, elle n’a jamais fait de commérages, elle souriait tout le temps». Une telle femme peut être canonisée demain! C’est un bel exemple. Mais si nous regardons l’histoire de l’Eglise, combien de divisions entre nous chrétiens. Même à présent nous sommes divisés. Même au cours de l’histoire, nous chrétiens, nous avons fait la guerre entre nous à cause de divisions théologiques. Pensons à la guerre de Trente ans. Mais cela n’est pas chrétien. Nous devons travailler également pour l’unité de tous les chrétiens, aller sur la route de l’unité qui est celle que Jésus désire et pour laquelle il a prié.
Face à tout cela, nous devons faire sérieusement un examen de conscience. Dans une communauté chrétienne, la division est l’un des péchés les plus graves, car il fait d’elle le signe non de l’œuvre de Dieu, mais de l’œuvre du diable, qui est par définition celui qui sépare, qui détruit les relations, qui insinue les préjugés… La division dans une communauté chrétienne, que ce soit une école, une paroisse, ou une association, est un très grave péché, car elle est l’œuvre du Diable. Dieu, en revanche, veut que nous grandissions dans la capacité à nous accueillir, à nous pardonner et à nous aimer, pour ressembler toujours plus à Lui qui est communion et amour. C’est en cela que réside la sainteté de l’Eglise: dans le fait de se reconnaître à l’image de Dieu, comblée de sa miséricorde et de sa grâce.
Chers amis, faisons retentir dans notre cœur ces paroles de Jésus: «Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu» (Mt 5, 9). Demandons sincèrement pardon pour toutes les fois où nous avons été une occasion de division ou d’incompréhension à l’intérieur de nos communautés, en sachant bien que l’on ne parvient pas à la communion si ce n’est à travers une conversion permanente. Qu’est-ce que la conversion? C’est demander au Seigneur la grâce de ne pas dire du mal, de ne pas critiquer, de ne pas faire de commérages, d’aimer tout le monde. C’est une grâce que le Seigneur nous donne. C’est cela convertir le cœur. Et demandons que le tissu quotidien de nos relations puisse devenir un reflet toujours plus beau et joyeux de la relation entre Jésus et le Père.
Je salue bien cordialement les pèlerins de langue française. Je vous invite, lorsque vous retournerez dans vos paroisses, a y être des artisans de paix et de réconciliation, pour qu’elles soient vraiment le signe de la présence du Dieu d’amour et de miséricorde.

Que Dieu vous bénisse!

PAPE FRANÇOIS EN RÉPUBLIQUE DE CORÉE – VIe JOURNÉE DE LA JEUNESSE ASIATIQUE – HOMÉLIE

18 août, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2014/documents/papa-francesco_20140817_corea-omelia-gioventu-asiatica.html

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN RÉPUBLIQUE DE CORÉE
À L’OCCASION DE LA VIe JOURNÉE DE LA JEUNESSE ASIATIQUE
(13-18 AOÛT 2014)

MESSE DE CLÔTURE DE LA VIe JOURNÉE DE LA JEUNESSE ASIATIQUE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Château de Haemi

Dimanche 17 août 2014

Chers jeunes amis,

La gloire des martyrs brille sur vous ! Ces mots – une partie du thème de la Sixième Journée Asiatique de la Jeunesse – nous consolent et nous fortifient tous. Jeunes d’Asie : vous êtes les héritiers d’un grand témoignage, un témoignage précieux rendu au Christ. Il est la lumière du monde ; il est la lumière de nos vies ! Les martyrs de Corée – et d’innombrables autres à travers l’Asie – ont livré leurs corps aux persécuteurs ; à nous, ils ont offert un témoignage impérissable du fait que la lumière de la vérité du Christ dissipe toutes ténèbres et que l’amour du Christ est glorieusement triomphant. Avec la certitude de la victoire sur la mort et notre participation à cette victoire, nous pouvons affronter le défi d’être disciples du Christ aujourd’hui, dans des circonstances qui nous sont propres et en notre temps.
Les mots sur lesquels nous venons de réfléchir constituent une consolation. L’autre partie du thème de ce jour – Jeunesse de l’Asie, lève-toi ! – vous parle d’un devoir, d’une responsabilité. Considérons un moment chacune de ces paroles.
En premier lieu, le mot ‘‘Asiatique’’. Vous êtes réunis ici en Corée venant de toute l’Asie. Chacun d’entre vous a une place unique et une situation dans lesquelles vous êtes appelés à refléter l’amour de Dieu. Le continent asiatique, doté de riches traditions philosophiques et religieuses, reste un vaste domaine pour votre témoignage au Christ, ‘‘le chemin, la vérité et la vie’’ (Jn 14, 6). Comme jeunes non seulement en Asie, mais aussi comme fils et filles de ce grand continent, vous avez le droit et le devoir de prendre part à la vie de vos sociétés. N’ayez pas peur d’apporter la sagesse de la foi dans chaque domaine de la vie sociale !
En tant qu’asiatiques, vous voyez et vous aimez, de l’intérieur, tout ce qui est beau, noble et vrai dans vos cultures et dans vos traditions. En même temps, comme chrétiens, vous savez aussi que l’Évangile a le pouvoir de purifier, d’élever et de perfectionner cet héritage. À travers la présence du Saint-Esprit qui vous a été donné au baptême et scellé en vous à la confirmation, en union avec vos pasteurs, vous pouvez apprécier les nombreuses valeurs positives des diverses cultures asiatiques. Vous êtes également à même de discerner ce qui est incompatible avec votre foi catholique, ce qui est contraire à la vie de grâce greffée en vous par le baptême, et quels aspects de la culture contemporaine sont marqués par le péché, sont corrompus et conduisent à la mort.
Revenant au thème de ce jour, réfléchissons sur le second mot ‘‘Jeunesse’’. Vous et vos amis, vous êtes pleins d’optimisme, d’énergie et de bonne volonté, qui sont caractéristiques de cette période de la vie. Que le Christ transforme votre optimisme naturel en espérance chrétienne, votre énergie en vertu morale, votre bonne volonté en authentique amour désintéressé. Voilà le chemin que vous êtes appelés à emprunter. Voilà le chemin pour vaincre tout ce qui, dans vos vies et dans votre culture, menace l’espérance, la vertu et l’amour. De cette façon, votre jeunesse sera un don à Jésus et au monde.
Comme jeunes chrétiens, que vous soyez travailleurs ou étudiants, que vous ayez déjà commencé une carrière ou que vous ayez répondu à l’appel au mariage, à la vie religieuse ou encore au sacerdoce, vous n’êtes pas seulement une partie de l’avenir de l’Église ; vous êtes aussi une partie nécessaire et aimée du présent de l’Église ! Vous êtes le présent de l’Église ! Restez proches les uns des autres, rapprochez-vous toujours plus de Dieu et avec vos Évêques et vos prêtres, passez ces années à bâtir une Église plus sainte, plus missionnaire et humble – une Église plus sainte, plus missionnaire et humble – une Église qui aime et adore Dieu en cherchant à servir les pauvres, les personnes abandonnées, les faibles et les marginalisés.
Dans vos vies chrétiennes, en bien des occasions vous serez tentés, comme les disciples dans l’Évangile de ce jour, de repousser l’étranger, le nécessiteux, le pauvre et les personnes en détresse. Ce sont ceux-là spécialement qui répètent le cri de la femme de l’Évangile : ‘‘Seigneur, aide-moi !’’. La requête de la femme cananéenne est le cri de toute personne à la recherche d’amour, d’accueil et d’amitié avec le Christ. C’est le cri de tant de personnes dans nos villes anonymes, le cri de tant de jeunes de votre âge et le cri de tous ces martyrs qui aujourd’hui encore souffrent la persécution et la mort pour le nom de Jésus : ‘‘Seigneur, aide-moi !’’. Et c’est souvent un cri qui sort de nos cœurs eux-mêmes : “Seigneur aide-moi !” Répondons, non pas à la manière de ceux qui repoussent les personnes qui nous sollicitent, comme si servir les nécessiteux entravait notre proximité avec le Seigneur. Non ! Nous devons être comme le Christ, qui répond à chaque demande d’aide avec amour, miséricorde et compassion.
Enfin, la troisième partie du thème de ce jour – ‘‘Réveille-toi’’. Ce mot parle d’une responsabilité que le Seigneur vous donne. C’est le devoir d’être vigilants, de ne pas céder aux pressions, aux tentations et aux péchés, les nôtres ou ceux des autres, qui émoussent notre sensibilité à la beauté de la sainteté, à la joie de l’Évangile. Le psaume responsorial de ce jour nous invite à toujours ‘‘être dans l’allégresse et à chanter de joie’’. Cela ne va pas quand je vois des jeunes qui dorment…Non ! « Réveillez-vous ». Allez !Allez ! Avancez ! Chers jeunes, ‘‘Dieu, notre Dieu, nous a bénis’’ (Ps 67, 6) ; de lui nous avons ‘‘obtenu miséricorde’’ (Rm 11, 30). Assurés de l’amour de Dieu, allez dans le monde de sorte que ‘‘par suite de la miséricorde que vous avez obtenue’’, ils – vos amis, vos collègues, vos voisins, vos compatriotes, toute personne de ce grand continent – ‘‘puissent maintenant recevoir la miséricorde de Dieu’’ (cf. Rm 11, 31). C’est par sa miséricorde que nous somme sauvés.
Chers jeunes d’Asie, j’ai espoir qu’en union avec le Christ et l’Église, vous emprunterez ce chemin, qui vous apportera surement beaucoup de joie. À présent, au moment de nous approcher de la table de l’Eucharistie, tournons-nous vers notre mère Marie, qui a donné Jésus au monde. Oui, Marie notre mère, nous désirons recevoir Jésus ; dans ta maternelle affection, aide-nous à le porter aux autres, à le servir fidèlement, et à l’honorer en tout temps et en tout lieu, dans ce pays et dans toute l’Asie. Amen.

Jeunesse d’Asie, réveille-toi !

PAPE FRANÇOIS – (SUR: LE TEMPS DE L’ESPRIT SAINT)

14 juillet, 2014

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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

MERCREDI 8 MAI 2013 – (SUR: LE TEMPS DE L’ESPRIT SAINT)

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le temps pascal que nous sommes en train de vivre dans la joie, guidés par la liturgie de l’Église, est par excellence le temps de l’Esprit Saint donné « sans mesure » (cf. Jn 3, 34) par Jésus crucifié et ressuscité. Ce temps de grâce se conclut par la fête de la Pentecôte, où l’Église revit l’effusion de l’Esprit sur Marie et sur les apôtres réunis en prière au cénacle.
Mais qui est l’Esprit Saint ? Dans le Credo, nous professons avec foi : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie ». La première vérité à laquelle nous adhérons dans le Credo est que l’Esprit-Saint est Kyrios, Seigneur. Cela signifie qu’il est vraiment Dieu comme le sont le Père et le Fils, objet, de notre part, du même acte d’adoration et de glorification que celui que nous adressons au Père et au Fils. L’Esprit Saint, en effet, est la troisième personne de la Très Sainte Trinité ; il est le grand don du Christ Ressuscité qui ouvre notre esprit et notre cœur à la foi en Jésus comme le Fils envoyé par le Père, et qui nous guide à l’amitié, à la communion avec Dieu.
Mais je voudrais m’arrêter surtout sur le fait que l’Esprit Saint est la source intarissable de la vie de Dieu en nous. L’homme de tous les temps et de tous les lieux désire une vie pleine et belle, juste et bonne, une vie qui ne soit pas menacée par la mort, mais qui puisse mûrir et grandir jusqu’à atteindre sa plénitude. L’homme est comme un marcheur qui, à travers les déserts de la vie, a soif d’une eau vive, jaillissante et fraîche, capable de désaltérer en profondeur son désir intime de lumière, d’amour, de beauté et de paix. Nous ressentons tous ce désir ! Et Jésus nous donne cette eau vive : c’est l’Esprit Saint, qui procède du Père et que Jésus répand dans nos cœurs. « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait surabondante », nous dit Jésus (Jn 10, 10).
Jésus promet à la Samaritaine de donner une « eau vive », en surabondance et pour toujours, à tous ceux qui le reconnaissent comme le Fils envoyé par le Père pour nous sauver (cf. Jn 4, 5-26 ; 3-17). Jésus est venu nous donner cette « eau vive » qu’est l’Esprit Saint pour que notre vie soit guidée par Dieu, soit animée par Dieu, soit nourrie par Dieu. C’est ce que nous voulons dire, lorsque nous disons que le chrétien est un homme spirituel: le chrétien est une personne qui pense et agit selon Dieu, selon l’Esprit Saint. Mais je me pose une question : et nous, est-ce que nous pensons selon Dieu ? Est-ce que nous agissons selon Dieu ? Ou nous laissons-nous guider par beaucoup d’autres choses qui ne sont pas vraiment Dieu ? Chacun de nous doit répondre à cette question au plus profond de son cœur.
Nous pouvons maintenant nous demander : pourquoi cette eau peut-elle désaltérer en profondeur ? Nous savons que l’eau est essentielle à la vie ; sans eau, on meurt ; l’eau désaltère, lave, féconde la terre. Dans la Lettre aux Romains, nous trouvons cette expression : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous fut donné » (5, 5). L’« eau vive », l’Esprit Saint, Don du Ressuscité qui établit sa demeure en nous, nous purifie, nous éclaire, nous renouvelle, nous transforme parce qu’elle nous rend participants de la vie même de Dieu qui est Amour. C’est pourquoi l’apôtre Paul affirme que la vie du chrétien est animée par l’Esprit et par ses fruits, qui sont « amour, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). L’Esprit Saint nous introduit dans la vie divine comme « fils du Fils unique ». Dans un autre passage de la Lettre aux Romains, que nous avons rappelé plusieurs fois, saint Paul le synthétise par ces mots : « En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.. Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : “Abba ! Père !”. L’Esprit même se joint à notre esprit pour témoigner que nous sommes fils de Dieu. Et si nous sommes fils, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui » (8, 14-17). Voilà le don précieux que l’Esprit Saint met dans nos cœurs : la vie même de Dieu, une vie de véritables fils, une relation d’intimité, de liberté et de confiance dans l’amour et dans la miséricorde de Dieu, qui a aussi pour effet de nous donner un regard nouveau sur les autres, qu’ils soient proches ou éloignés, que nous voyons toujours comme des frères et sœurs en Jésus, à respecter et à aimer. L’Esprit Saint nous apprend à regarder avec les yeux du Christ, à vivre notre vie comme le Christ a vécue la sienne, à comprendre la vie comme le Christ l’a comprise. Voilà pourquoi l’eau vive qu’est l’Esprit Saint désaltère notre vie, parce qu’il nous dit que nous sommes aimés de Dieu comme des fils, que nous pouvons aimer Dieu comme ses fils et que, avec sa grâce, nous pouvons vivre en fils de Dieu, comme Jésus. Et nous, écoutons-nous l’Esprit Saint ? Que nous dit l’Esprit Saint ? Il dit : Dieu t’aime. Il nous dit ceci. Dieu t’aime. Dieu t’aime vraiment. Et nous, est-ce que nous aimons Dieu et les autres, comme Jésus? Laissons-nous guider par l’Esprit Saint, laissons-le parler à notre cœur et nous dire ceci : que Dieu est amour, que Dieu nous attend, que Dieu est le Père, il nous aime comme un véritable Père, il nous aime vraiment et ceci, seul l’Esprit Saint le dit à notre cœur. Soyons attentifs à l’Esprit Saint, écoutons-le et avançons sur ce chemin d’amour, de miséricorde et de pardon. Merci.

ENTRETIEN DU PAPE FRANÇOIS AVEC SIX VICTIMES D’ABUS SEXUELS

7 juillet, 2014

http://www.zenit.org/fr/articles/entretien-du-pape-francois-avec-six-victimes-d-abus-sexuels

ENTRETIEN DU PAPE FRANÇOIS AVEC SIX VICTIMES D’ABUS SEXUELS

Et réunion de la Commission pontificale pour la protection des mineurs

Rome, 7 juillet 2014 (Zenit.org) Anita Bourdin

Le pape François s’est entretenu individuellement ce lundi matin, 7 juillet, au Vatican, avec six victimes de clercs ou de religieux, pour abus sexuels. Il leur a redonné de l’espérance, indique le P. Lombardi.

Six entretiens privés Ces personnes, trois hommes, trois femmes, viennent d’Allemagne, de Grande Bretagne et d’Irlande. C’est la première rencontre de ce genre du Vatican. Elles ont été reçues loin de l’oeil des caméras, ont participé à la messe du pape à 7h en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe du Vatican (une homélie « très dense », « très forte », en espagnol, a indiqué le P. Federico Lombardi, sj, directeur de la salle de presse du Saint-Siège en fin de matinée),avant de rencontrer le pape pendant six entretiens privés. Le pape les avaient rencontrées une première fois dimanche 6 juillet, après le dîner: invitées par le cardinal O’Malley, elles demeurent en effet à Sainte-Marthe. Le pape les a saluées à nouveau après la messe. Il a ensuite rencontré chacun environ une demi-heure, après le petit-déjeûner. Les victimes ont exprimé leur « gratitude » au pape François pour son « écoute », son « attention », sa « disponibilité » et d’avoir vécu cette rencontre. « Le pape est resté longtemps avec elles, ce qui manifeste son intention d’écouter et de comprendre ». Il a été « très touché par ces rencontres »: elles constituent une ouverture ers un avenir de « guériton et de reconstruction ». Pour le cardinal O’Malley, le nombre restreint de personnes a permis un « dialogue très profond ». Le pape François inscrit son action dans le sillage des mesures drastiques – « tolérance zéro » – prises par le pape Benoît XVI: transparence, lois canoniques (qui notamment suppriment la prescription), procès, sanctions, et ouverture d’une page spéciale à ce sujet sur le portail en ligne du Vatican. Le pape Benoît XVI a voulu mettre fin aux « couvertures » dont les coupables ont pu jouir dans certains pays. Il avait rencontré des victimes notamment à Malte, en Grande Bretagne, en Australie, en Allemagne. Paroles du pape sur l’avion de Tel Aviv – Rome

« Il n’y a pas de privilèges, c’est un crime si afffeux on sait que c’est un problème grave », avait dit le pape François sur le vol de retour de Terre Sainte, le 26 mai dernier. Il avait en effet déclaré que les absus sexuels sont comme une « messe noire », en d’autre termes, une profanation, un sacrilège: « En ce moment, il y a 3 évêques sous enquête. Un, qui est déjà condamné, dont nous étudions la peine qu’il doit faire. Il n’y a pas de privilèges. Cet abus des mineurs est un crime tellement laid. Nous savons que c’est un problème grave, partout, mais ce qui m’intéresse, moi, c’est l’Eglise. Un prêtre qui fait cela trahit le corps du Seigneur. Car ce prêtre doit mener cet enfant, cette enfant, ce petit garçon, cette petite fille, ce jeune homme, cette jeune fille à la sainteté. Et ce garçon, cette petite fille, a confiance, et celui-là, au lieu de leur apporter la sainteté, abuse d’eux, et c’est très grave ! Je vais faire une comparaison : c’est comme faire une messe noire par exemple, non ? Tu dois le mener à la sainteté et tu le mènes à un problème qui dure toute la vie. » A cette occasion, il avait annoncé cette rencontre avec des victimes et rappelé le mot d’ordre de « tolérance zéro »: « Il y aura une messe avec 7 ou 8 victimes, à Sainte-Marthe, et puis une réunion avec eux. Moi et eux (…). Et avec le cardinal O’Malley, qui fait partie de la commission. Mais sur cela on doit aller de l’avant, de l’avant : tolérance zéro. » Il a en effet institué cette Commission, le 22 mars dernier, avec à sa tête le franciscain des Etats-Unis, le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston. Parmi les femmes qui font partie de cette commission, Mme Mary Collns, Irlandaise, victime à l’âge de 13 ans, longtemps considérée comme une ennemie de l’Eglise. Elle a souligné que le plus grand scandale a été que des prêtres aient été couverts par certains évêques: un scandale « encore plus grave ». La commisison s’est réunie pour la seconde fois dimanche, 6 juillet. La troisième réunion aura lieu en octobre. De nouveaux membres d’Asie et d’Afrique devraient la rejoindre. Des groupes de travail vont être organisés. Rappelons la composition significative de cette Commisison. Parmi les quatre femmes, une Française, Mme Catherine Bonnet, pédopsychiatre, spécialiste de la maltraitance des enfants, et auteur de « L’enfance muselée. Un médecin témoigne » (éd. Thomas Mols, 2007). Chef de psychiatrie infanto-juvénile des cliniques universitaires Saint-Luc de Bruxelles, il n’hésite pas à parler de « cauchemar » et de « persécution » et d’une histoire « hallucinante ».

Les membres de la Commission Pour avoir signalé aux autorités judiciaires, en 1996, des agressions sexuelles subies par des enfants, elle a finalement été contrainte, à 62 ans, à exercer son métier comme pédopsy­chiatre intérimaire dans des ser­vices hospitaliers britanniques. Mais, en 2006, la commission d’enquête de l’Association mondiale de psychiatrie (WPA) a confirmé la valeur de son travail. Elle est aussi l’auteur de « L’Enfant cassé, l’inceste et la pédophilie » (éd. Albin Michel, 1999).

Les trois autres femmes sont : -Mme Marie Collins (Irlande), victime, fondatrice d’une ONG portant son nom, venant en aide aux victimes d’abus ; -Mme la baronne Sheila Hollins (Royaume Uni), professeur de psychiatrie à la St George’s University de Londres, depuis 1990, et membre indépendant de la Chambre des Lords depuis 2010. Elle a trente ans d’expérience comme psychiatre et psychothérapeute avec des patients victimes d’abus sexuels ; -Mme Hanna Suchocka (Pologne), ex-Premier ministre de Pologne, ancienne ambassadrice de Pologne près le Saint-Siège entre 2001 et 2011 : elle a reçu le Max Schmidheimy Stiftung Peace Prize et la médaille d’or de la Fondation Jean Monnet pour son travail en faveur de la défense des droits humains ;

Les quatre autres membres sont : -le cardinal Sean Patrick O’Malley, OFM Cap. (Etats-Unis), membre du Conseil des huit cardinaux, archevêque de Boston, connu pour son action contre la pédophilie dans son diocèse au début des années 2000. Il a été l’un des membres de la Visite apostolique menée en 2010 à la demande de Benoît XVI dans les diocèses et les séminaires irlandais ; -le prof. Claudio Papale (Italie) professeur de Droit canon à l’Université pontificale Urbanienne et membre de la section disciplinaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi ; -un jésuite argentin, le P. Humberto Miguel Yáñez, directeur du département de théologie morale à l’Université pontificale Grégorienne à Rome, ancien membre du groupe théologique au symposium « Vers la guérison et le renouveau » organisé dans cette même université sur les abus; -un jésuite allemand, le P. Hans Zollner, théologien et psychologue, vice-recteur de l’Université pontificale Grégorienne et organisateur du symposium « Vers la guérison et le renouveau ». Le P. Federico Lombardi, a commenté l’institution de cette Commission en citant l’allocution de Jean-Paul II aux cardinaux des Etats-Unis, le 23 avril 2002: « Les gens ont besoin de savoir qu’il n’y a pas de place dans le sacerdoce et la vie religieuse pour ceux qui nuiraient à un jeune …. Tant de douleur , tant de douleur doit conduire à un sacerdoce saint, un saint épiscopat, et une Eglise plus sainte ». Il a aussi rappelé les paroles du pape émérite Benoît XVI aux évêques irlandais, le 28 octobre 2006, les exhortant à « établir la vérité sur ce qui s’est passé », à « prendre toutes les mesures préventives nécessaires » pour éviter que de tels faits se reproduisent, et pour s’assurer que « les principes de la justice soient pleinement respectés » et, surtout, à « apporter la guérison aux victimes et à toutes les personnes touchées par ces crimes odieux ».

La condamnnation la plus dure Commentant les propos du pape sur l’avion Tel Aviv-Rome, le P. Lombardi, avait par ailleurs précisé: « Le pape a dit des choses importantes sur cette question de la pédophilie, qu’on lui a à nouveau posée. Pédophilie concernant le cas particulier de personnes exerçant un ministère dans l’Eglise catholique. Même si nous savons que le problème est beaucoup plus large. Le pape a fait cette comparaison qui est plutôt originale. C’est d’ailleurs une de ses caractéristiques, faire des comparaisons fortes. D’un point de vue sacré, le caractère sacré de la vie humaine, en particulier de la vie des innocents, des enfants innocents, violé par ce crime. Alors, la messe noire est le sacrilège, c’est quand le Corps du Christ est instrumentalisé, pour être offensé, c’est donc un crime d’un  point de vue de notre foi, de notre façon de voir le sacrement de l’Eucharistie : un crime vraiment très grave, de mépris à l’égard du corps du Christ et de sa dignité. Alors, le fait de comparer le crime de la pédophilie à ceci est une condamnation d’une dureté incroyable, pour un croyant c’est peut-être même la plus dure des condamnations que l’on puisse faire car il dit: nous violons la chair du Christ, nous violons une dignité qui est pour nous sacrée, qui, pratiquement, est celle des enfants innocents. C’est donc en ce sens une comparaison qui exprime une condamnation fondamentale très forte de la part du pape face à ce genre de crime. » Il citait les deux éléments importants dans la déclaration du pape François: la rencontre projetée au Vatican, qui se réalise ce lundi 7 juillet, et « sa volonté  d’une intervention ferme, qui ne s’arrête pas non plus devant une distinction épiscopale, au cas où il y aurait de graves responsabilités qui demandent d’intervenir. Le pape n’est pas entré dans le cadre spécifique des responsabilités d’évêques par omission, mais il a également bien présent à l’esprit le problème qu’il  peut y avoir aussi, chez ceux qui gouvernent, des responsabilités pour des choses qui ne sont pas faites, et pas seulement pour le mal commis personnellement. C’est un problème qu’il a bien en tête et pour lequel vaut aussi le principe qu’il a manifesté concernant les responsabilité, dont il faut tenir compte. »

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – Mercredi 18 juin 2014

25 juin, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2014/documents/papa-francesco_20140618_udienza-generale.html

(la traduction française n’arrive pas bientôt, il ya quelques jours plus tard, donc aujourd’hui je mets que le 18 Juin)

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 18 juin 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Je vous fais mes compliments parce que vous avez eu du courage, avec ce temps où on ne sait pas s’il va pleuvoir, s’il ne va pas pleuvoir…. Bravo! Espérons finir l’audience sans pluie, que le Seigneur aie pitié de nous.

Aujourd’hui, je commence un cycle de catéchèses sur l’Eglise. C’est un peu comme un fils qui parle de sa propre mère, de sa propre famille. Parler de l’Eglise signifie parler de notre mère, de notre famille. En effet, l’Eglise n’est pas une institution finalisée à elle-même ou une association privée, uneong, et nous devons encore moins restreindre notre regard au clergé ou au Vatican… «L’Eglise pense…». Mais nous sommes tous l’Eglise! «De qui parles-tu». «Non, des prêtres…». Ah, les prêtres font partie de l’Eglise, mais nous sommes tous l’Eglise! Il ne faut pas la restreindre aux prêtres, aux évêques, au Vatican… Ce sont des parties de l’Eglise, mais nous sommes tous l’Eglise, nous appartenons tous à la famille, tous à la mère. Et l’Eglise est une réalité beaucoup plus vaste, qui s’ouvre à toute l’humanité et qui ne naît pas dans un laboratoire, l’Eglise n’est pas née dans un laboratoire, elle n’est pas née à l’improviste. Elle est fondée sur Jésus, mais elle est un peuple qui a une longue histoire derrière lui et une préparation qui commence bien avant le Christ lui-même.
Cette histoire, ou «préhistoire», de l’Eglise se trouve déjà dans les pages de l’Ancien Testament. Nous avons entendu le Livre de la Genèse: Dieu choisit Abraham, notre père dans la foi, et lui demanda de partir, de quitter sa patrie terrestre et d’aller vers une autre terre, qu’Il lui indiquerait (cf. Gn 12, 1-9). Et dans cette vocation, Dieu n’appelle pas Abraham tout seul, comme individu, mais il interpelle dès le début sa famille, sa parenté et tous ceux qui sont au service de sa maison. Ensuite, une fois en chemin — oui, c’est ainsi que commence à marcher l’Eglise —, Dieu élargira encore l’horizon et comblera Abraham de sa bénédiction, en lui promettant une descendance nombreuse comme les étoiles du ciel et comme le sable sur la rive de la mer. Une première donnée importante est précisément celle-ci: en commençant par Abraham, Dieu forme un peuple pour qu’il apporte sa bénédiction à toutes les familles de la terre. Et Jésus naît à l’intérieur de ce peuple. C’est Dieu qui fait ce peuple, cette histoire, l’Eglise en chemin, et Jésus naît là, dans ce peuple.
Un deuxième élément: ce n’est pas Abraham qui constitue autour de lui un peuple, mais c’est Dieu qui donne vie à ce peuple. C’était habituellement l’homme qui s’adressait à la divinité, en cherchant à combler la distance et en invoquant son soutien et sa protection. Les gens priaient les dieux, les divinités. Dans ce cas, en revanche, on assiste à quelque chose d’inouï : c’est Dieu lui-même qui prend l’initiative. Ecoutons cela: c’est Dieu lui-même qui frappe à la porte d’Abraham et lui dit: pars, quitte ta terre, commence à marcher et je ferai de toi un grand peuple. Et cela est le début de l’Eglise et dans ce peuple naît Jésus. Dieu prend l’initiative et adresse sa parole à l’homme, en créant un lien et une relation nouvelle avec lui. «Mais, père, comment se fait-il? Dieu nous parle?». «Oui». «Mais nous pouvons avoir une conversation avec Dieu?». «Oui». Cela s’appelle la prière, mais c’est Dieu qui a fait cela dès le début. Ainsi Dieu forme un peuple avec tous ceux qui écoutent sa Parole et qui se mettent en chemin, en se fiant à Lui. Telle est l’unique condition: avoir confiance en Dieu. Si tu as confiance en Dieu, tu l’écoutes et tu te mets en chemin, cela signifie faire l’Eglise. L’amour de Dieu précède tout. Dieu est toujours le premier, il arrive toujours avant nous, Il nous précède. Le prophète Isaïe, ou Jérémie, je ne me souviens pas bien, disait que Dieu est comme la fleur de l’amandier, car c’est le premier arbre qui fleurit au printemps. Pour dire que Dieu fleurit toujours avant nous. Quand nous arrivons, Il nous attend, Il nous appelle, Il nous fait marcher. Il est toujours en avance par rapport à nous. Et cela s’appelle l’amour, car Dieu nous attend toujours. «Mais père, je ne crois pas à cela, car si vous saviez, père, ma vie a été si affreuse, comment est-ce que je peux penser que Dieu m’attend?». «Dieu t’attend. Et si tu as été un grand pécheur, il t’attend encore plus, et il t’attend avec beaucoup d’amour, car Il est le premier. Cela est la beauté de l’Eglise, qui nous conduit à ce Dieu qui nous attend! Il précède Abraham, il précède aussi Adam».
Abraham et les siens écoutent l’appel de Dieu et se mettent en route, bien qu’ils ne sachent pas bien qui est ce Dieu et où il veut les conduire. C’est vrai, car Abraham se met en chemin en se fiant à ce Dieu qui lui a parlé, mais il ne possédait pas de livre de théologie pour étudier qui était ce Dieu. Il se fie, il se fie à l’amour. Dieu lui fait sentir l’amour et il a confiance. Cela ne signifie pourtant pas que ces personnes soient toujours convaincues et fidèles. Au contraire, dès le début, il y a des résistances, le repli sur elles-mêmes et sur leurs propres intérêts et la tentation de marchander avec Dieu et de résoudre les choses à leur propre manière. Ce sont là les trahisons et les péchés qui marquent le chemin du peuple au cours de toute son histoire de salut, qui est l’histoire de la fidélité de Dieu et de l’infidélité du peuple. Mais Dieu ne se lasse pas, Dieu a de la patience, il a beaucoup de patience, et dans le temps il continue à éduquer et à former son peuple, comme un père avec son propre fils. Dieu marche avec nous. Le prophète Osée dit: «J’ai marché avec toi et je t’ai enseigné à marcher comme un père enseigne à marcher à son enfant». Comme cette image de Dieu est belle! Et il fait de même avec nous: il nous enseigne à marcher. Et c’est la même attitude qu’il conserve à l’égard de l’Eglise. Nous aussi, en effet, malgré notre intention de suivre le Seigneur Jésus, nous faisons chaque jour l’expérience de l’égoïsme et de la dureté de notre cœur. Mais quand nous nous reconnaissons pécheurs, Dieu nous remplit de sa miséricorde et de son amour. Et il nous pardonne, il nous pardonne toujours. Et c’est précisément cela qui nous fait grandir comme peuple de Dieu, comme Eglise: ce n’est pas notre bravoure, ce ne sont pas nos mérites — nous sommes peu de chose, ce n’est pas cela —, mais c’est l’expérience quotidienne de combien le Seigneur nous aime et prend soin de nous. Et cela nous fait sentir que nous lui appartenons véritablement, que nous sommes entre ses mains, et cela nous fait croître dans la communion avec Lui et entre nous. Etre Eglise signifie se sentir entre les mains de Dieu, qui est père et qui nous aime, nous caresse, nous attend, nous fait sentir sa tendresse. Et cela est très beau!
Chers amis, cela est le projet de Dieu; quand il a appelé Abraham, Dieu pensait à cela: former un peuple béni par son amour et qui porte sa bénédiction à tous les peuples de la terre. Ce projet ne change pas, il est toujours à l’œuvre. Il a eu son accomplissement en Christ et aujourd’hui encore, Dieu continue à le réaliser dans l’Eglise. Demandons alors la grâce de rester fidèles à la sequela du Seigneur Jésus et à l’écoute de sa Parole, prêts à partir chaque jour, comme Abraham, vers la terre de Dieu et de l’homme, notre véritable patrie, et à devenir ainsi une bénédiction, signe de l’amour de Dieu pour tous ses fils. Il me plaît de penser qu’un synonyme, un autre nom que nous pouvons avoir, nous chrétiens, serait celui-ci: nous sommes des hommes et des femmes, nous sommes des personnes qu’il bénit. Par sa vie, le chrétien doit toujours bénir, bénir Dieu et bénir tous. Nous, chrétiens, sommes des personnes qui bénissent, qui savent bénir. Il s’agit-là d’une belle vocation!
Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française, en particulier l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale, avec le Cardinal Jean-Pierre Ricard. Chers amis, le projet de Dieu est de former un peuple béni par son amour, qui porte cette bénédiction à tous les peuples de la terre. Je vous invite à demeurer fidèles à l’Église, pour devenir signe de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Bon pèlerinage ! 

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