Archive pour la catégorie 'PAPE FRANÇOIS'

PAPE FRANÇOIS – LA FAMILLE – 2. MÈRE

15 janvier, 2015

https://translate.google.com/?source=gtx_m#it/fr/La%20Famiglia%20-%202.%20Madre

PAPE FRANÇOIS – LA FAMILLE – 2. MÈRE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 7 janvier 2015

Chers frères et sœurs, bonjour. Aujourd’hui, nous poursuivons les catéchèses sur l’Église et nous réfléchirons sur l’Église mère. L’Église est mère. Notre Sainte Mère l’Église.
En ces jours, la liturgie de l’Église a placé devant nos yeux l’icône de la Vierge Marie Mère de Dieu. Le premier jour de l’année est la fête de la Mère de Dieu, à laquelle succède l’Épiphanie, avec le souvenir de la visite des Mages. L’évangéliste Matthieu écrit : « Entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage » (Mt 2, 11). C’est la Mère qui, après l’avoir engendré, présente le Fils au monde. Elle nous donne Jésus, elle nous montre Jésus, elle nous fait voir Jésus.
Nous poursuivons les catéchèses sur la famille et dans la famille, il y a la mère. Chaque personne humaine doit la vie à une mère, et presque toujours, elle lui doit une grande partie de son existence successive, de sa formation humaine et spirituelle. Mais la mère, bien qu’étant très exaltée du point de vue symbolique — beaucoup de poésies, beaucoup de belles choses qui nous parlent de façon poétique de la mère — est peu écoutée et peu aidée dans la vie quotidienne, peu considérée dans son rôle central dans la société. Souvent, on profite même de la disponibilité des mères à se sacrifier pour les enfants pour « économiser » sur les dépenses sociales.
Il arrive également que dans la communauté chrétienne, la mère ne soit pas toujours considérée, qu’elle soit peu écoutée. Pourtant, au centre de la vie de l’Église, il y a la Mère de Jésus. Peut-être les mères, prêtes à tant se sacrifier pour leurs enfants, et souvent également pour ceux des autres, devraient-elles recevoir davantage d’écoute. Il faudrait comprendre davantage leur lutte quotidienne pour être efficaces au travail et attentives et affectueuses en famille ; il faudrait mieux comprendre à quoi elles aspirent pour exprimer les fruits les meilleurs et les plus authentiques de leur émancipation. Une mère avec des enfants a toujours des problèmes, toujours du travail. Je me souviens, à la maison, nous étions cinq enfants et tandis que l’un d’entre nous faisait une bêtise, l’autre pensait déjà à en faire une autre, et notre pauvre mère courait de l’un à l’autre, mais elle était heureuse. Elle nous a beaucoup donné.
Les mères sont l’antidote le plus fort à la diffusion de l’individualisme égoïste. « Individu » signifie « qui ne peut pas se partager ». Les mères, en revanche, se « partagent », à partir du moment où elles portent un enfant pour le mettre au monde et l’élever. Ce sont elles, les mères, qui détestent le plus la guerre qui tue leurs enfants. Si souvent j’ai pensé à ces mamans lorsqu’elles ont reçu la lettre : « Je vous informe que votre fils est mort en défendant sa patrie… ». Pauvres femmes ! Comme une mère souffre ! Ce sont elles qui témoignent de la beauté de la vie. L’archevêque Oscar Arnulfo Romero disait que les mères vivent un « martyre maternel ». Dans l’homélie pour les funérailles d’un prêtre assassiné par les escadrons de la mort, il dit, faisant écho au Concile Vatican ii : « Nous devons tous être disposés à mourir pour notre foi, même si le Seigneur ne nous accorde pas cet honneur… Donner la vie ne signifie pas seulement être tués ; donner la vie, avoir un esprit de martyre, cela signifie donner dans le devoir, dans le silence, dans la prière, dans l’accomplissement honnête du devoir, dans ce silence de la vie quotidienne, donner sa vie peu à peu ? Oui, comme la donne une mère qui, sans crainte, avec la simplicité du martyre maternel, conçoit en son sein un fils, lui donne le jour, l’allaite, l’élève, et s’occupe de lui avec affection. C’est donner la vie. C’est le martyre ». Voilà pour la citation. Oui, être mère ne signifie pas seulement mettre au monde un fils, c’est également un choix de vie. Que choisit une mère, quel est le choix de vie d’une mère ? Le choix de vie d’une mère est le choix de donner la vie. Et cela est grand, cela est beau.
Une société sans mères serait une société inhumaine, parce que les mères savent témoigner toujours, même dans les pires moments, de la tendresse, du dévouement, de la force morale. Les mères transmettent souvent également le sens le plus profond de la pratique religieuse : dans les premières prières, dans les premiers gestes de dévotion qu’un enfant apprend, est inscrite la valeur de la foi dans la vie d’un être humain. C’est un message que les mères croyantes savent transmettre sans beaucoup d’explications : celles-ci arriveront après, mais la semence de la foi réside dans ces premiers, très précieux instants. Sans les mères, non seulement il n’y aurait pas de nouveaux fidèles, mais la foi perdrait une bonne partie de sa chaleur simple et profonde. Et l’Église est mère, avec tout cela, c’est notre mère ! Nous ne sommes pas orphelins, nous avons une mère ! La Vierge, la mère Église, est notre maman. Nous ne sommes pas orphelins, nous sommes fils de l’Église, nous sommes fils de la Vierge, et nous sommes fils de nos mères.
Très chères mamans, merci, merci pour ce que vous êtes dans la famille et pour ce que vous donnez à l’Église et au monde. Et à toi, bien-aimée Église, merci, merci d’être mère. Et à toi, Marie, mère de Dieu, merci de nous faire voir Jésus. Et merci à toutes les mamans ici présentes : nous les saluons par un applaudissement !
Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier la délégation d’imams français engagés dans les relations islamo-chrétiennes, ainsi que le groupe venant de divers médias français. En ce temps de Noël, je souhaite à tous de poursuivre avec courage votre engagement au service de la paix, de la fraternité et de la vérité.

Que Dieu vous bénisse.

 

PAPE FRANÇOIS : QUAND LE SILENCE EST MUSIQUE

29 décembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2013/documents/papa-francesco-cotidie_20131212.html

PAPE FRANÇOIS : QUAND LE SILENCE EST MUSIQUE

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 12 décembre 2013

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 51 du 19 décembre 2013)

Quand le silence est musique

Noël est une fête pendant laquelle on fait beaucoup de bruit. Alors que nous vivons cette période d’attente, il serait en revanche important de redécouvrir le silence, comme moment idéal pour saisir la musicalité du langage avec lequel le Seigneur nous parle. Un langage, a dit le Pape François au cours de la messe du 12 décembre, très semblable à celui d’un père et d’une mère : rassurant, plein d’amour et de tendresse. Comme de coutume, le Pape s’est inspiré du passage proposé par la liturgie, tiré du livre du prophète Isaïe (41, 13-20), celui qu’il avait défini il y a quelques jours comme « le livre de la consolation d’Israël », comme il l’a lui-même rappelé. Le Pape François a confié qu’il avait réfléchi « non pas tant sur ce que le Seigneur dit » mais plutôt « sur comment le Seigneur le dit » : c’est-à-dire, a-t-il expliqué par une similitude, « pas tant dans la lettre mais dans la musique ». Comment nous parle le Seigneur ? Peut-être, a affirmé le Saint-Père, peut-il sembler étrange d’entendre un Dieu grand dire : « Je suis le Seigneur ton Dieu, je te tiens par la main droite, comme un père son enfant. Et je te dis : ne crains rien ! Je viens à ton aide ». C’est précisément comme le père qui accourt à côté de son enfant quand, la nuit, il fait un mauvais rêve et lui dit : « Ne crains rien ! Je suis près de toi ». Jésus nous parle de la même manière. Il « s’approche » de nous. « Quand nous regardons un papa ou une maman qui s’approchent de leur enfant — a expliqué l’Évêque de Rome — nous voyons qu’ils deviennent petits, ils parlent avec la voix d’un enfant et font des gestes d’enfants ». Celui qui les voit de l’extérieur peut penser qu’ils sont ridicules. Mais « l’amour du papa et de la maman a la nécessité de se rapprocher », de « s’abaisser jusqu’au monde de l’enfant ». Et même si le papa et la maman lui parlaient normalement, l’enfant les comprendrait ; « mais ils veulent prendre la manière de parler de l’enfant. Ils s’approchent. Ils deviennent des enfants. Et le Seigneur est ainsi ». « J’ai toujours été frappé — a confié le Pape — par la rencontre du Seigneur avec Élie, quand le Seigneur parla avec Élie ». Il était sur le mont, et quand il le vit passer « le Seigneur n’était pas dans la grêle, dans la pluie, dans la tempête, dans le vent… Le Seigneur était dans la brise légère » (cf. 1 R 19, 11-13). « Dans l’original — a spécifié l’Évêque de Rome — on utilise une parole très belle que l’on ne peut pas traduire avec précision : il était dans un fil sonore de silence : c’est ainsi qu’on approche le Seigneur, avec cette sonorité du silence qui est propre à l’amour ». Et à chaque homme, il dit : « Tu es petit, faible, pécheur ; mais moi, je te dis que je te ferai devenir comme une batteuse aiguisée, nouvelle, munie de nombreuses pointes. Tu battras les montagnes et tu les broieras, tu réduiras les collines en balle. Tu les passeras au crible et le vent les entraînera, le tourbillon les dispersera ». Ainsi, il « se fait petit pour que je sois puissant. Il va à la mort, sous le signe de cette “condescendance”, pour que je puisse vivre ». « Telle est la musique du langage du Seigneur. En nous préparant à Noël, nous devons l’entendre. Cela nous fera du bien, beaucoup de bien ». Généralement, Noël est une fête avec beaucoup de bruit. Cela nous fera du bien de faire un peu de silence », pour « entendre ces paroles d’amour, de grande proximité, ces paroles de tendresse ». Et il a conclu : « Nous devons demeurer en silence pendant ce temps car, comme le dit la préface, nous sommes dans une attente vigilante ».

PAPE FRANÇOIS: MESSE POUR LA JOURNÉE MARIALE …(Le «oui» de Marie)

20 décembre, 2014

https://translate.google.it/#it/fr/il%20%22s%C3%AC%22%20di%20Maria

MESSE POUR LA JOURNÉE MARIALE À L’OCCASION DE L’ ANNÉE DE LA FOI (Le «oui» de Marie)

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre

Dimanche 13 octobre 2013

Dans le Psaume, nous avons récité : « Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles » (Ps 97, 1).
Aujourd’hui nous sommes devant une des merveilles du Seigneur : Marie ! Une créature humble et faible comme nous, choisie pour être Mère de Dieu, Mère de son Créateur.
En regardant justement Marie, à la lumière des lectures que nous avons écoutées, je voudrais réfléchir avec vous sur trois réalités : La première, Dieu nous surprend ; la deuxième, Dieu nous demande la fidélité ; la troisième, Dieu est notre force.
1. La première : Dieu nous surprend. L’épisode de Naaman, chef de l’armée du roi d’Aram, est singulier : pour guérir de la lèpre, il s’adresse au prophète de Dieu, Élisée, qui n’accomplit pas de rites magiques, ni ne lui demande des choses extraordinaires, mais d’avoir seulement confiance en Dieu et de se plonger dans l’eau du fleuve ; non pas cependant dans l’eau des grands fleuves de Damas, mais du petit fleuve Jourdain. C’est une demande qui laisse Naaman perplexe, et même surpris : quel Dieu peut être celui qui demande quelque chose d’aussi simple ? Il veut faire marche arrière, mais ensuite il fait le pas, il se plonge dans le Jourdain et il guérit immédiatement (cf. 2 R 5, 1-14). Voici, Dieu nous surprend ; il est vraiment dans la pauvreté, dans la faiblesse, dans l’humilité qui se manifeste et nous donne son amour qui nous sauve, nous guérit et nous donne force. Il demande seulement que nous suivions sa parole et que nous ayons confiance en Lui.
C’est l’expérience de la Vierge Marie : devant l’annonce de l’Ange, elle ne cache pas son étonnement. C’est la stupeur de voir que, pour se faire homme, Dieu l’a vraiment choisie, elle, une simple jeune fille de Nazareth, qui ne vit pas dans les palais du pouvoir et de la richesse, qui n’a pas accompli des exploits, mais qui est ouverte à Dieu, sait se fier à Lui, même si elle ne comprend pas tout : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc 1, 38). C’est sa réponse. Dieu nous surprend toujours, il rompt nos schémas, bouleverse nos projets, et nous dit : fais-moi confiance, n’aie pas peur, laisse-toi surprendre, sors de toi-même et suis-moi !
Aujourd’hui demandons-nous tous si nous avons peur de ce que Dieu pourrait me demander ou de ce qu’il me demande. Est-ce que je me laisse surprendre par Dieu, comme a fait Marie, ou est-ce que je m’enferme dans mes sécurités, sécurités matérielles, sécurités intellectuelles, sécurités idéologiques, sécurités de mes projets ? Est-ce que je laisse vraiment Dieu entrer dans ma vie ? Comment est-ce que je lui réponds ?
2. Dans le passage de saint Paul que nous avons écouté, l’Apôtre s’adresse à son disciple Timothée en lui disant de se souvenir de Jésus Christ, si nous persévérons avec Lui, avec Lui aussi nous règnerons (cf. 2 Tm 2, 8-13). Voici le deuxième point : se souvenir toujours du Christ, la mémoire de Jésus Christ, et cela c’est persévérer dans la foi : Dieu nous surprend avec son amour, mais il demande la fidélité dans le fait de le suivre. Nous pouvons devenir « non-fidèles », mais lui ne le peut pas, il est « le fidèle » et il nous demande la même fidélité. Pensons à toutes ces fois où nous nous sommes enthousiasmés pour quelque chose, pour une initiative, pour un engagement, mais ensuite, face aux premiers problèmes, nous avons jeté l’éponge. Et malheureusement, cela arrive aussi dans les choix fondamentaux, comme celui du mariage. La difficulté d’être constants, d’être fidèles aux décisions prises, aux engagements pris. Il est souvent facile de dire « oui », mais ensuite, on n’arrive pas à répéter ce « oui » chaque jour. On ne réussit pas à être fidèles.
Marie a dit son « oui » à Dieu, un « oui » qui a bouleversé son humble existence de Nazareth, mais ce « oui » n’a pas été l’unique, au contraire il a été seulement le premier de beaucoup de « oui » prononcés dans son cœur dans ses moments joyeux, comme aussi dans les moments de douleur, beaucoup de « oui » qui atteignent leur sommet dans celui dit au pied de la Croix. Aujourd’hui, il y a ici beaucoup de mamans ; pensez jusqu’où est arrivée la fidélité de Marie à Dieu : voir son Fils unique sur la Croix. La femme fidèle, debout, détruite à l’intérieur, mais fidèle et forte.
Et je me demande : suis-je un chrétien “par à-coups”, ou suis-je un chrétien toujours ? La culture du provisoire, du relatif pénètre aussi dans la vie de la foi. Dieu nous demande de lui être fidèles, chaque jour, dans les actions quotidiennes et il ajoute que, même si parfois nous ne lui sommes pas fidèles, Lui est toujours fidèle et avec sa miséricorde il ne se lasse pas de nous tendre la main pour nous relever, de nous encourager à reprendre la marche, pour revenir à Lui et lui dire notre faiblesse pour qu’il nous donne sa force. Et cela c’est le chemin définitif : toujours avec le Seigneur, même dans nos faiblesses, même dans nos péchés. Ne jamais aller sur la route du provisoire. Cela nous tue. La foi est fidélité définitive, comme celle de Marie.
3. Le dernier point : Dieu est notre force. Je pense aux dix lépreux de l’Évangile guéris par Jésus : ils vont à sa rencontre, ils s’arrêtent à distance et ils crient : « Jésus, maître, prends pitié de nous ! » (Lc 17, 13). Ils sont malades, ils ont besoin d’être aimés, d’avoir de la force et ils cherchent quelqu’un qui les guérisse. Et Jésus répond en les libérant tous de leur maladie. C’est impressionnant, cependant, de voir qu’un seul revient sur ses pas pour louer Dieu, haut et fort, et le remercier. Jésus lui-même le remarque : dix ont crié pour obtenir la guérison et un seul est revenu pour crier à haute voix son merci à Dieu et reconnaître que c’est Lui notre force. Savoir remercier, savoir louer pour ce que le Seigneur fait pour nous.
Regardons Marie : après l’Annonciation, le premier geste qu’elle accomplit est un geste de charité envers sa vieille parente Élisabeth ; et les premières paroles qu’elle prononce sont : « Mon âme exalte le Seigneur », c’est-à-dire un chant de louange et d’action de grâce à Dieu, non seulement pour ce qu’il a fait en elle, mais aussi pour son action dans toute l’histoire du salut. Tout est donné par lui. Si nous pouvons comprendre que tout est don de Dieu, quel bonheur dans notre cœur ! Tout est donné par lui. Il est notre force ! Dire merci est si facile, et pourtant si difficile ! Combien de fois nous disons-nous merci en famille ? C’est un des mots-clés de la vie en commun. « Vous permettez », « excusez-moi », « merci » : si dans une famille on se dit ces trois mots, la famille progresse. « Vous permettez », « excusez-moi », « merci ». Combien de fois disons-nous « merci » en famille ? Combien de fois disons-nous merci à celui qui nous aide, nous est proche, nous accompagne dans la vie ? Souvent nous tenons tout pour acquis ! Et cela arrive aussi avec Dieu. C’est facile d’aller chez le Seigneur demander quelque chose, mais aller le remercier : « Bah, je n’y pense pas ».
En continuant la célébration eucharistique invoquons l’intercession de Marie, pour qu’elle nous aide à nous laisser surprendre par Dieu sans opposer de résistance, à lui être fidèles chaque jour, à le louer et à le remercier, car c’est lui notre force. Amen.

* * *

ACTE DE CONSÉCRATION À MARIE

Bienheureuse Vierge de Fátima, avec une gratitude renouvelée pour ta présence maternelle nous unissons notre voix à celle de toutes les générations qui te disent bienheureuse.

Nous célébrons en toi les grandes œuvres de Dieu, qui jamais ne se lasse de se pencher avec miséricorde sur l’humanité, affligée par le mal et blessée par le péché, pour la guérir et pour la sauver.

Accueille avec ta bienveillance de Mère l’acte de consécration que nous accomplissons aujourd’hui avec confiance, devant ton image qui nous est si chère.

Nous sommes assurés que chacun de nous est précieux à tes yeux et que rien ne t’est étranger de tout ce qui habite dans nos cœurs. Nous nous laissons embrasser par ton très doux regard et recevons la caresse réconfortante de ton sourire.

Protège notre vie entre tes bras: bénis et renforce tout désir de bien ; ravive et nourris la foi ; soutiens et illumine l’espérance ; suscite et anime la charité ; guide nous tous sur le chemin de la sainteté.

Enseigne-nous ton amour de prédilection pour les petits et les pauvres, pour les exclus et les personnes qui souffrent, pour les pécheurs et les égarés du cœur : rassemble tous les hommes sous ta protection et confie les tous à ton Fils bien-aimé, Notre Seigneur Jésus. Amen.

 

« NOUS N’AVONS PLUS LE LUXE D’AGIR SÉPARÉMENT », DÉCLARE BARTHOLOMAIOS IER

1 décembre, 2014

http://www.zenit.org/fr/articles/nous-n-avons-plus-le-luxe-d-agir-separement-declare-bartholomaios-ier

« NOUS N’AVONS PLUS LE LUXE D’AGIR SÉPARÉMENT », DÉCLARE BARTHOLOMAIOS IER

DIVINE LITURGIE DE S. ANDRÉ EN PRÉSENCE DU PAPE FRANÇOIS (TEXTE INTÉGRAL)

Rome, 30 novembre 2014 (Zenit.org) Patriarche Bartholomaios Ier

« Nous n’avons plus le luxe d’agir séparément », déclare le patriarche Bartholomaios Ier, lors de la Divine Liturgie qu’il a célébrée au Phanar, en l’église patriarcale Saint-George, ce dimanche 30 novembre, pour la fête de saint André, saint patron du Patriarcat oecuménique, en présence du pape François.
« Les problèmes que la conjoncture historique dresse aujourd’hui devant nos Églises nous prescrivent de surmonter l’introversion, et y faire face en collaborant le plus étroitement possible. Nous n’avons plus le luxe d’agir séparément. Les persécuteurs contemporains des chrétiens ne demandent pas à quelle Église appartiennent leurs victimes. L’unité qui occupe tant nos réflexions est en train de se réaliser dans certaines régions, malheureusement, par le martyre. Tendons ensemble la main à l’être humain de notre temps, la main de Celui qui seul peut le sauver par Sa Croix et Sa Résurrection », a notamment déclaré le patriarche oecuménique.
Voici le texte intégral en français aimablement communiqué à Zenit par le Patriarcat.
A.B.

Discours de Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomaios
adressé à Sa Sainteté le Pape François
lors de la divine liturgie
célébrée à l’occasion de la fÊte de l’apôtre André en l’église patriarcale
(30 novembre 2014)

Votre Sainteté François, bien-aimé frère en Christ, évêque de l’Ancienne Rome,
Nous rendons gloire et louange à notre Dieu en la Trinité qui nous a gratifiés de la joie ineffable et de l’honneur particulier de la présence en personne, cette année, de Votre Sainteté, à la célébration de la mémoire de l’Apôtre André, le Premier appelé qui, par sa prédication, a fondé notre Église. Nous remercions du fond du cœur Votre Sainteté de ce précieux don que constitue Votre présence bénie parmi nous à la tête d’une honorable délégation. Avec amour profond et grand respect nous Vous embrassons en Vous adressant le salut cordial de paix et de charité : « grâce et paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ ! » (Rm1, 7). « Car l’amour du Christ nous étreint » (II Co 5, 14).
Nous gardons encore dans notre cœur le souvenir vivace de notre rencontre avec Votre Sainteté en Terre sainte pour effectuer un pèlerinage commun au lieu où est né, a vécu, a enseigné, a souffert et est ressuscité le Chef de notre foi. Nous gardons aussi le souvenir reconnaissant de l’événement historique que fut la rencontre au même endroit de nos illustres prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche œcuménique Athénagoras. Leur rencontre d’alors dans la Ville Sainte, il y a cinquante ans, a changé le cours de l’histoire. Les marches parallèles, parfois conflictuelles de nos Églises se sont jointes dans la vision commune de retrouver notre unité perdue. L’amour qui s’était refroidi a été ranimé. Notre volonté a été forgée de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que notre communion se réalise à nouveau dans la même foi et le même calice. Depuis, le chemin vers Emmaüs s’est ouvert, peut-être long et parfois ardu, mais néanmoins sans retour, le Seigneur faisant route ensemble avec nous, jusqu’à ce qu’Il se révèle à nous « à la fraction du pain » (cf. Lc 24, 35).
Depuis, tous les successeurs de ces chefs inspirés suivent le même chemin, ayant établi, béni et soutenu le dialogue de charité et de vérité entre nos Églises en vue de lever les obstacles qui, durant un millénaire, s’étaient dressés dans nos relations ; dialogue entre frères et non, comme autrefois, entre adversaires, dispensant avec droiture et franchise la parole de la vérité, tout en nous respectant mutuellement en tant que frères.
Dans cette ambiance de marche commune dans laquelle nos dits prédécesseurs se sont engagés, nous Vous recevons, très saint Frère, comme porteur de la charité de l’Apôtre Pierre à son frère l’Apôtre André le Premier appelé dont nous fêtons aujourd’hui solennellement la mémoire. Selon une coutume sacrée, établie et suivie déjà depuis des décennies par les Églises de l’Ancienne et de la Nouvelle Rome, leurs délégations officielles échangent des visites lors de leurs fêtes patronales pour déclarer de la sorte la fraternité des deux Apôtres coryphées qui ont connu ensemble Jésus et cru en Lui comme Dieu et Sauveur. Ils ont transmis cette foi partagée aux Églises qu’ils ont fondées par leur prédication et sanctifiées par leur martyre. Cette foi, les Pères communs de nos Églises, réunis de l’Orient et de l’Occident dans des conciles œcuméniques, l’ont vécue et dogmatisée, la léguant à nos Églises comme fondement inébranlable de notre unité. Cette foi, que nous avons préservée en tant que foi commune en Orient et en Occident durant un millénaire, nous sommes à nouveau appelés à la poser comme base de notre unité, pour que « vivant en plein accord (…) d’un même cœur » (cf. Ph 2, 2), nous allions de l’avant avec Paul « oubliant le chemin parcouru et tout tendus en avant » (cf. Ph 3, 14).
Car, de fait, très saint Frère, notre devoir ne s’épuise pas dans le passé, mais s’étend principalement, surtout de nos jours, à l’avenir. Car, à quoi sert de rester fidèles au passé, si cela ne signifie rien pour l’avenir ? À quoi sert de s’enorgueillir de ce que nous avons reçu, si cela ne se traduit en termes de vie pour l’être humain, et pour le monde d’aujourd’hui et de demain ? « Jésus Christ est le même, hier, et aujourd’hui ; il le sera pour l’éternité » (He 13, 8). Et Son Église est appelée à avoir les yeux fixés plutôt sur le présent et l’avenir que sur le passé. L’Église existe pour le monde et pour l’être humain, et non pas pour elle-même.
Le regard tourné au présent, nous ne pouvons éviter d’être anxieux pour l’avenir : « Combats au dehors, craintes au dedans » (2 Co 7, 5). Ce constat de l’Apôtre sur son époque vaut entièrement aujourd’hui pour nous aussi. Car, le monde vit la crainte pour sa survie, l’angoisse du lendemain. Comment l’humanité survivra-t-elle demain, alors qu’elle est aujourd’hui déchirée par de multiples divisions, conflits et hostilités, souvent même perpétrés au nom de Dieu ? Comment la richesse de la terre sera-t-elle répartie plus équitablement pour que l’humanité ne vive demain la servitude la plus odieuse qu’elle n’ait jamais connue ? Quelle planète trouveront les générations futures pour y habiter, alors que, dans son avidité, l’homme moderne la détruit de façon impitoyable et irréversible ?
D’aucuns placent aujourd’hui leur espoir dans la science ; d’autres dans la politique ; d’autres encore dans la technologie. Mais aucune d’elles ne peut garantir l’avenir, si l’homme ne fait sien le kérygme de la réconciliation, de l’amour, de la justice, de l’acceptation d’autrui, de ce qui est différent, voire de l’ennemi. L’Église du Christ, le premier à avoir enseigné et vécu cette prédication, doit en premier la pratiquer elle-même « afin que le monde croie » (Jn 17, 21). Voilà pourquoi, la marche vers l’unité de ceux qui invoquent le nom du grand Pacificateur est plus impérieuse que jamais. Voilà pourquoi notre responsabilité de chrétiens est suprême vis-à-vis de Dieu, de l’être humain et de l’Histoire.

Sainteté,
Votre parcours relativement court à la tête de Votre Église a déjà fait de vous dans la conscience de nos contemporains un héraut de la charité, de la paix et de la réconciliation. Vous prêchez par Vos paroles, mais avant tout et surtout par la simplicité, l’humilité et l’amour envers tous, charismes moyennant lesquels vous exercez Votre haut ministère. Vous inspirez de la confiance aux méfiants, de l’espoir aux désespérés, des expectatives à ceux qui attendent une Église affectueuse envers tous. En outre, vous donnez l’espoir à Vos frères orthodoxes qu’au cours de votre pontificat le rapprochement de nos deux Églises anciennes se poursuivra, construit sur les bases solides de notre tradition commune qui depuis toujours respecte et reconnaît dans la structure de l’Église le primat de charité, d’honneur et de service dans le contexte de l’institution conciliaire, de sorte que le Dieu en la Trinité soit confessé « d’un même cœur et d’une seule voix » (Rm 15, 6) et que Son amour soit diffusé dans le monde.

Sainteté,
L’Église de la Ville de Constantin qui vous reçoit aujourd’hui avec grand amour et honneur, mais aussi avec profonde gratitude, est chargée d’un lourd héritage, mais aussi d’une responsabilité pour le présent et l’avenir. La Providence divine, par la discipline établie par les conciles œcuméniques, a confié à cette Église la fonction de coordonner et exprimer le consensus des très saintes Églises orthodoxes locales. Dans le contexte de cette responsabilité, nous travaillons avec circonspection pour préparer le saint et grand Concile de l’Église orthodoxe, que nous avons décidé de réunir ici, si Dieu le veut, en 2016. Les commissions compétentes travaillent déjà assidûment afin d’organiser ce grand événement dans l’histoire de l’Église orthodoxe pour la réussite duquel nous demandons aussi Vos prières. Malheureusement, la communion eucharistique rompue entre nos Églises, il y a mille ans, ne permet pas encore de réunir ensemble un grand concile œcuménique. Prions pour qu’une fois leur pleine communion rétablie, ce grand jour glorieux ne tarde pas à se lever. Jusqu’à ce que ce jour béni vienne, la participation de chacune de nos Églises à la vie conciliaire de l’autre s’exprimera par l’envoi d’observateurs, comme c’est déjà le cas, grâce à Votre aimable invitation, aux Synodes de Votre Église et, comme, nous l’espérons, ce sera aussi le cas au moment de réaliser notre saint et grand Concile.

Sainteté,
Les problèmes que la conjoncture historique dresse aujourd’hui devant nos Églises nous prescrivent de surmonter l’introversion et y faire face en collaborant le plus étroitement possible. Nous n’avons plus le luxe d’agir séparément. Les persécuteurs contemporains des chrétiens ne demandent pas à quelle Église appartiennent leurs victimes. L’unité qui occupe tant nos réflexions est en train de se réaliser dans certaines régions, malheureusement, par le martyre. Tendons ensemble la main à l’être humain de notre temps, la main de Celui qui seul peut le sauver par Sa Croix et Sa Résurrection.
Par ces réflexions et ces sentiments, nous exprimons encore une fois notre joie pour la présence parmi nous de Votre Sainteté, La remerciant et priant le Seigneur pour que, par l’intercession de celui que nous fêtons aujourd’hui, l’Apôtre Premier appelé et frère du premier Coryphée Pierre, protège Son Église et la mène à l’accomplissement de Sa sainte volonté.

Soyez le bienvenu parmi nous, frère bien-aimé !

Patriarcat oecuménique de Constantinople

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN TURQUIE – DIVINE LITURGIE

1 décembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2014/documents/papa-francesco_20141130_divina-liturgia-turchia.html

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN TURQUIE

(28-30 NOVEMBRE 2014)

DIVINE LITURGIE

PAROLES DU SAINT-PÈRE

Église patriarcale Saint-Georges, Istanbul

Dimanche 30 novembre 2014

Sainteté, très cher Frère Bartholomée,

Souvent, comme Archevêque de Buenos Aires, j’ai participé à la Divine Liturgie des communautés orthodoxes présentes dans cette ville ; mais, me trouver aujourd’hui en cette Église Patriarcale Saint-Georges pour la célébration du saint Apôtre André, le premier des appelés et le frère de saint Pierre, patron du Patriarcat Œcuménique, est vraiment une grâce particulière que le Seigneur me donne.
Nous rencontrer, regarder le visage l’un de l’autre, échanger l’accolade de paix, prier l’un pour l’autre sont des dimensions essentielles de ce chemin vers le rétablissement de la pleine communion à laquelle nous tendons. Tout ceci précède et accompagne constamment cette autre dimension essentielle de ce chemin qu’est le dialogue théologique. Un authentique dialogue est toujours une rencontre entre des personnes avec un nom, un visage, une histoire ; et pas seulement une confrontation d’idées.
Cela vaut surtout pour nous chrétiens, parce que, pour nous, la vérité est la personne de Jésus-Christ. L’exemple de Saint André – qui, avec un autre disciple, a accueilli l’invitation du divin Maître : « Venez et vous verrez », et « ils restèrent auprès de lui ce jour là » (Jn 1, 39) –, nous montre avec clarté que la vie chrétienne est une expérience personnelle, une rencontre transformante avec Celui qui nous aime et veut nous sauver. De même, l’annonce chrétienne se répand grâce à des personnes qui, amoureuses du Christ, ne peuvent pas ne pas transmettre la joie d’être aimées et sauvées. Encore une fois, l’exemple de l’Apôtre André est éclairant. Après avoir suivi Jésus là où il habitait et s’être entretenu avec lui, « il trouva d’abord Simon son frère et lui dit : “ Nous avons trouvé le Messie ” – ce qui veut dire Christ – et il l’amena à Jésus » (Jn 1,40-42). Il est clair, par conséquent, que même le dialogue entre chrétiens ne peut se soustraire à cette logique de la rencontre personnelle.
Ce n’est donc pas un hasard si le chemin de réconciliation et de paix entre catholiques et orthodoxes a été, en quelque sorte, inauguré par une rencontre, par une accolade entre nos vénérés prédécesseurs, le Patriarche Œcuménique Athénagoras et le Pape Paul VI, il y a cinquante ans, à Jérusalem, événement que votre Sainteté et moi-même avons voulu récemment commémorer en nous rencontrant de nouveau dans la ville où le Seigneur Jésus Christ est mort et ressuscité.
Par une heureuse coïncidence, ma visite a lieu quelques jours après la célébration du cinquantième anniversaire de la promulgation du Décret du Concile Vatican II sur la recherche de l’unité de tous les chrétiens, Unitatis redintegratio. Il s’agit d’un document fondamental par lequel a été ouverte une voie nouvelle pour la rencontre entre les catholiques et les frères d’autres Églises et Communautés ecclésiales.
En particulier, par ce Décret, l’Église catholique reconnaît que les Églises orthodoxes « ont de vrais sacrements, – principalement, en vertu de la succession apostolique : le Sacerdoce et l’Eucharistie, – qui les unissent intimement à nous » (n. 15). En conséquence, on affirme que, pour garder fidèlement la plénitude de la tradition chrétienne et pour conduire à terme la réconciliation des chrétiens d’Orient et d’Occident, il est de la plus grande importance de conserver et de soutenir le très riche patrimoine des Églises d’Orient, non seulement en ce qui concerne les traditions liturgiques et spirituelles, mais aussi les disciplines canoniques, entérinées par les saints pères et par les conciles, qui règlent la vie de ces Églises (cf. nn.15-16).
J’estime important de rappeler le respect de ce principe comme condition essentielle et réciproque au rétablissement de la pleine communion, qui ne signifie ni soumission l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun pour manifester au monde entier le grand mystère du salut réalisé par le Christ Seigneur, par l’Esprit Saint. Je veux assurer à chacun de vous que, pour arriver au but désiré de la pleine unité, l’Église catholique n’entend pas imposer une quelconque exigence, sinon celle de la profession de foi commune, et que nous sommes prêts à chercher ensemble, à la lumière de l’enseignement de l’Écriture et de l’expérience du premier millénaire, les modalités par lesquelles garantir la nécessaire unité de l’Église dans les circonstances actuelles : l’unique chose que désire l’Église catholique, et que je cherche comme Évêque de Rome, « l’Église qui préside dans la charité », c’est la communion avec les Églises orthodoxes. Cette communion sera toujours le fruit de l’amour « qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5), amour fraternel qui donne expression au lien spirituel et transcendant qui nous unit comme disciples du Seigneur.
Dans le monde d’aujourd’hui se lèvent avec force des voix que nous ne pouvons pas ne pas entendre, et qui demandent à nos Églises de vivre jusqu’au bout le fait d’être disciples du Seigneur Jésus-Christ.
La première de ces voix est celle des pauvres. Dans le monde, il y a trop de femmes et trop d’hommes qui souffrent de grave malnutrition, du chômage croissant, du fort pourcentage de jeunes sans travail et de l’augmentation de l’exclusion sociale, qui peut conduire à des activités criminelles et même au recrutement de terroristes. Nous ne pouvons pas rester indifférents devant les voix de ces frères et sœurs. Ils nous demandent, non seulement de leur donner une aide matérielle, nécessaire en de nombreuses circonstances, mais surtout que nous les aidions à défendre leur dignité de personne humaine, de sorte qu’ils puissent retrouver les énergies spirituelles pour se relever et être de nouveau protagonistes de leur histoire. Ils nous demandent aussi de lutter, à la lumière de l’Évangile, contre les causes structurelles de la pauvreté : l’inégalité, le manque d’un travail digne, d’une terre et d’une maison, la négation des droits sociaux et des droits du travail. Comme chrétiens nous sommes appelés à vaincre ensemble cette mondialisation de l’indifférence qui aujourd’hui semble avoir la suprématie, et à construire une nouvelle civilisation de l’amour et de la solidarité.
Une seconde voix qui crie fort est celle des victimes des conflits en tant de parties du monde. Cette voix nous l’entendons très bien résonner d’ici, parce que des nations voisines sont marquées par une guerre atroce et inhumaine. Je pense avec une profonde douleur aux nombreuses victimes de l’attentat inhumain et insensé qui, en ces jours, a frappé les fidèles musulmans qui priaient dans la mosquée de Kano, au Nigeria. Troubler la paix d’un peuple, commettre ou consentir toute espèce de violence, spécialement sur les personnes faibles et sans défense, est un péché très grave contre Dieu, parce que c’est ne pas respecter l’image de Dieu qui est dans l’homme. La voix des victimes des conflits nous pousse à avancer rapidement sur le chemin de la réconciliation et de la communion entre catholiques et orthodoxes. D’ailleurs, comment pouvons-nous annoncer de manière crédible l’Évangile de paix qui vient du Christ, si, entre nous, continuent d’exister des rivalités et des querelles (cf. Paul VI, Exhort. ap. Evangelium nuntiandi, n. 77) ?
Une troisième voix qui nous interpelle est celle des jeunes. Aujourd’hui, malheureusement, il y a beaucoup de jeunes qui vivent sans espérance, vaincus par le découragement et la résignation. Beaucoup de jeunes, de plus, influencés par la culture dominante, cherchent la joie uniquement dans la possession de biens matériels et dans la satisfaction des émotions du moment. Les nouvelles générations ne pourront jamais acquérir la vraie sagesse ni maintenir vivante leur espérance si nous ne sommes pas capables de valoriser et de transmettre l’authentique humanisme, qui surgit de l’Évangile et de l’expérience millénaire de l’Église. Ce sont justement les jeunes – je pense par exemple aux multitudes de jeunes orthodoxes, catholiques et protestants qui se rencontrent dans les rassemblements internationaux organisés par la communauté de Taizé –, ce sont eux qui aujourd’hui nous demandent de faire des pas en avant vers la pleine communion. Et cela non parce qu’ils ignorent la signification des différences qui nous séparent encore, mais parce qu’ils savent voir au-delà, ils sont capables de recueillir l’essentiel qui déjà nous unit.
Cher Frère, très cher Frère, nous sommes déjà en chemin, en chemin vers la pleine communion et déjà nous pouvons vivre des signes éloquents d’une unité réelle, bien qu’encore partielle. Cela nous conforte et nous soutient dans la poursuite de ce chemin. Nous sommes sûrs que le long de cette route nous sommes soutenus par l’intercession de l’Apôtre André et de son frère Pierre, considérés par la tradition comme les fondateurs des Églises de Constantinople et de Rome. Invoquons de Dieu le grand don de la pleine unité et la capacité de l’accueillir dans nos vies. Et n’oublions jamais de prier les uns pour les autres.

PAPE FRANÇOIS – AUDIENCE GÉNÉRALE – 19 novembre

27 novembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2014/documents/papa-francesco_20141119_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 19 novembre 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Un grand don du Concile Vatican ii est d’avoir retrouvé une vision d’Église fondée sur la communion, et d’avoir inclus également le principe de l’autorité et de la hiérarchie dans cette perspective. Cela nous a aidés à mieux comprendre que tous les chrétiens, en tant que baptisés, ont une dignité égale devant le Seigneur et qu’ils sont liés par la même vocation, qui est celle à la sainteté (cf. Const. Lumen gentium, 39-42). À présent, nous nous demandons : en quoi consiste cette vocation universelle à être saints ? Et comment pouvons-nous la réaliser ?
Avant tout, nous devons avoir bien à l’esprit que la sainteté n’est pas quelque chose que nous nous procurons, que nous obtenons par nos qualités et nos capacités. La sainteté est un don, c’est le don que nous fait le Seigneur Jésus, lorsqu’il nous prend avec lui et qu’il nous revêt de lui-même, il nous rend comme lui. Dans la Lettre aux Éphésiens, l’apôtre Paul affirme que « le Christ a aimé l’Église et s’est donné lui-même pour elle, pour la rendre sainte » (Ep 5, 25-26). Voilà, la sainteté est véritablement le visage le plus beau de l’Église, le visage le plus beau: c’est se redécouvrir en communion avec Dieu, dans la plénitude de sa vie et de son amour. On comprend alors que la sainteté n’est pas une prérogative uniquement de certains: la sainteté est un don qui est offert à tous, sans exclure personne, et qui constitue ainsi le caractère distinctif de chaque chrétien.
Tout cela nous fait comprendre que pour être saints, il ne faut pas nécessairement être évêques, prêtres ou religieux: non, nous sommes tous appelés à devenir saints ! Tant de fois également, nous sommes tentés de penser que la sainteté est réservée uniquement à ceux qui ont la possibilité de se détacher des affaires ordinaires, pour se consacrer exclusivement à la prière. Mais il n’en est pas ainsi ! Certains pensent que la sainteté signifie fermer les yeux et prendre l’expression des images pieuses. Non ! Cela n’est pas la sainteté ! La sainteté est quelque chose de plus grand, de plus profond, que nous donne Dieu. Au contraire, c’est en vivant avec amour et en offrant son témoignage chrétien dans les tâches quotidiennes que nous sommes appelés à devenir saints. Et chacun dans les conditions et dans l’état de vie dans lequel il se trouve. Mais toi tu es consacré, tu es consacrée ? Sois saint en vivant avec joie ton don et ton ministère. Tu es marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton mari, de ta femme, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Tu est baptisé et pas marié ? Sois saint en accomplissant avec honnêteté et compétence ton travail et en offrant du temps au service de tes frères. « Mais père, je travaille dans une usine ; je suis comptable, toujours entouré de chiffres, là, on ne peut pas être saint… ». « Oui, oui, là on peut ! Là où tu travailles, tu peux devenir saint. Dieu te donne la grâce de devenir saint. Dieu se communique à toi ». On peut devenir saint toujours en tout lieu, c’est-à-dire que l’on peut s’ouvrir à cette grâce qui œuvre en nous et nous conduit à la sainteté. Tu es parent ou grand-parent ? Sois saint en enseignant avec passion aux enfants ou aux petits-enfants à reconnaître et à suivre Jésus. Et il faut beaucoup de patience pour cela, pour être un bon parent, un bon grand-père, une bonne mère, une bonne grand-mère, il faut beaucoup de patience et dans cette patience, vient la sainteté : en exerçant la patience. Tu es catéchiste, éducateur ou volontaire ? Sois saint en devenant un signe visible de l’amour de Dieu et de sa présence à nos côtés. Voilà : chaque état de vie conduit à la sainteté, toujours ! Chez toi, dans la rue, au travail, dans l’Église, à ce moment et dans ton état de vie a été ouverte la voie vers la sainteté. Ne vous découragez pas et allez sur cette voie. C’est vraiment Dieu qui nous donne la grâce. Le Seigneur ne demande que cela : que nous soyons en communion avec Lui et au service de nos frères.
Dès lors, chacun de nous peut faire un petit examen de conscience ; à présent, nous pouvons le faire, que chacun réponde à soi-même, en silence : comment avons-nous répondu jusqu’à présent à l’appel du Seigneur à la sainteté ? Ai-je envie de devenir un peu meilleur, d’être plus chrétien, plus chrétienne ? Telle est a voie de la sainteté. Lorsque le Seigneur nous invite à devenir saints, il ne nous appelle pas à quelque chose de lourd, de triste… Au contraire ! C’est l’invitation à partager sa joie, à vivre et à offrir avec joie chaque moment de notre vie, en le faisant devenir dans le même temps un don d’amour pour les personnes qui sont à nos côtés. Si nous comprenons cela, tout change et acquiert un sens nouveau, un beau sens, un sens qui commence avec les petites choses de chaque jour. Un exemple. Une dame va au marché faire les courses et rencontre une voisine et elles commencent à parler, puis arrivent les commérages et cette dame dit : « Non, non, moi, je ne parlerai mal de personne ». Cela est un pas vers la sainteté, cela nous aide à devenir plus saint. Puis, à la maison, ton enfant te demande de parler un peu de ses histoires : « Oh non, je suis si fatigué, j’ai beaucoup travaillé aujourd’hui… » — « Mais toi, installe-toi et écoute ton enfant, qui en a besoin ! ». Et on s’installe, on écoute avec patience: cela est un pas vers la sainteté. Puis finit la journée, nous sommes tous fatigués, mais il y a la prière. Faisons la prière : cela aussi est un pas vers la sainteté. Puis arrive le dimanche et nous allons à la Messe, nous faisons la communion, parfois précédée d’une belle confession qui nous purifie un peu. Cela est un pas vers la sainteté. Puis, nous pensons à la Vierge, si bonne, si belle, et nous prenons le chapelet et nous la prions. Cela est un pas vers la sainteté. Puis je vais dans la rue, je vois un pauvre, quelqu’un dans le besoin, je m’arrête, je l’interroge, je lui donne quelque chose : cela est un pas vers la sainteté. Ce sont de petites choses, mais tant de petits pas vers la sainteté. Chaque pas vers la sainteté fera de nous des personnes meilleures, libérées de l’égoïsme et de la fermeture sur soi, et ouvertes aux frères et à leurs nécessités.
Chers amis, dans la première Lettre de saint Pierre nous est adressée cette exhortation : « Chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons intendants d’une multiple grâce de Dieu. Si quelqu’un parle, que ce soit comme les paroles de Dieu ; si quelqu’un assure le service, que ce soit comme par un mandat reçu de Dieu, afin qu’en tout Dieu soit glorifié par Jésus Christ » (4, 10-11). Voici l’invitation à la sainteté ! Accueillons-la avec joie, et soutenons-nous les uns les autres, afin que le chemin vers la sainteté ne se parcoure pas seul, chacun pour soi, mais se parcoure ensemble, dans l’unique corps qui est l’Église, bien-aimée et rendue sainte par le Seigneur Jésus Christ. Allons de l’avant avec courage, sur ce chemin de la sainteté.
Vendredi 21 novembre, mémoire liturgique de la Présentation de la Très Sainte Vierge Marie au Temple, nous célébrerons la Journée pro Orantibus, consacrée aux communautés religieuses de clôture. C’est une occasion opportune pour rendre grâce au Seigneur pour le don de tant de personnes qui, dans les monastères et les ermitages, se consacrent à Dieu dans la prière et dans le silence fécond, reconnaissant en lui le primat qui revient à Lui seul. Rendons grâce au Seigneur pour les témoignages de vie de clôture et apportons-leur notre soutien spirituel et matériel, pour accomplir cette mission importante.
Je salue bien cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les personnes venant de France et du Cameroun.
J’invite chacun d’entre vous à s’interroger sur la manière dont il a déjà répondu à l’appel du Seigneur à la sainteté. Accueillons-le avec joie et soutenons-nous les uns les autres sur ce chemin.

Bon pèlerinage !

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AU PARLEMENT EUROPÉEN – Strasbourg 2014

26 novembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/november/documents/papa-francesco_20141125_strasburgo-parlamento-europeo.html

VISITE DU SAINT-PÈRE AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL DE L’EUROPE

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AU PARLEMENT EUROPÉEN

Strasbourg

Mardi 25 novembre 2014

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-présidents,
Honorables Députés Européens,
Personnes qui travaillent à des titres divers dans cet hémicycle,
Chers amis,

Je vous remercie pour l’invitation à prendre la parole devant cette institution fondamentale de la vie de l’Union Européenne, et pour l’opportunité qui m’est offerte de m’adresser, à travers vous, à plus de cinq cents millions de citoyens des 28 pays membres que vous représentez. Je désire exprimer une gratitude particulière à vous, Monsieur le Président du Parlement, pour les paroles cordiales de bienvenue que vous m’avez adressées, au nom de tous les membres de l’Assemblée.
Ma visite a lieu plus d’un quart de siècle après celle accomplie par le Pape Jean Paul II. Beaucoup de choses ont changé depuis lors, en Europe et dans le monde entier. Les blocs opposés qui divisaient alors le continent en deux n’existent plus, et le désir que « l’Europe, se donnant souverainement des institutions libres, puisse un jour se déployer aux dimensions que lui ont données la géographie et plus encore l’histoire »[1], se réalise lentement.
À côté d’une Union Européenne plus grande, il y a aussi un monde plus complexe, et en fort mouvement. Un monde toujours plus interconnecté et globalisé, et donc de moins en moins « eurocentrique ». À une Union plus étendue, plus influente, semble cependant s’adjoindre l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée, qui tend à se sentir moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance, et parfois avec suspicion.
En m’adressant à vous aujourd’hui, à partir de ma vocation de pasteur, je désire adresser à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement.
Un message d’espérance fondé sur la confiance que les difficultés peuvent devenir des promotrices puissantes d’unité, pour vaincre toutes les peurs que l’Europe – avec le monde entier – est en train de traverser. L’espérance dans le Seigneur qui transforme le mal en bien, et la mort en vie.
Encouragement pour revenir à la ferme conviction des Pères fondateurs de l’Union Européenne, qui ont souhaité un avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble afin de dépasser les divisions, et favoriser la paix et la communion entre tous les peuples du continent. Au centre de cet ambitieux projet politique il y avait la confiance en l’homme, non pas tant comme citoyen, ni comme sujet économique, mais en l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante.
Je tiens avant tout à souligner le lien étroit qui existe entre ces deux paroles : « dignité » et « transcendante ».
La « dignité » est une parole-clé qui a caractérisé la reprise du second après guerre. Notre histoire récente se caractérise par l’indubitable centralité de la promotion de la dignité humaine contre les violences multiples et les discriminations qui, même en Europe, n’ont pas manqué dans le cours des siècles. La perception de l’importance des droits humains naît justement comme aboutissement d’un long chemin, fait de multiples souffrances et sacrifices, qui a contribué à former la conscience du caractère précieux, de l’unicité qu’on ne peut répéter de toute personne humaine individuelle. Cette conscience culturelle trouve son fondement, non seulement dans les évènements de l’histoire, mais surtout dans la pensée européenne, caractérisée par une riche rencontre, dont les nombreuses sources lointaines proviennent « de la Grèce et de Rome, de fonds celtes, germaniques et slaves, et du christianisme qui l’a profondément pétrie»[2], donnant lieu justement au concept de « personne ».
Aujourd’hui, la promotion des droits humains joue un rôle central dans l’engagement de l’Union Européenne, en vue de favoriser la dignité de la personne, en son sein comme dans ses rapports avec les autres pays. Il s’agit d’un engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux.
Quelle dignité existe vraiment, quand manque la possibilité d’exprimer librement sa pensée ou de professer sans contrainte sa foi religieuse ? Quelle dignité est possible, sans un cadre juridique clair, qui limite le domaine de la force et qui fasse prévaloir la loi sur la tyrannie du pouvoir ? Quelle dignité peut jamais avoir un homme ou une femme qui fait l’objet de toute sorte de discriminations ? Quelle dignité pourra jamais avoir une personne qui n’a pas de nourriture ou le minimum nécessaire pour vivre et, pire encore, qui n’a pas le travail qui l’oint de dignité ?
Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques.
Mais il convient de faire attention pour ne pas tomber dans des équivoques qui peuvent naître d’un malentendu sur le concept de droits humains et de leur abus paradoxal. Il y a en effet aujourd’hui la tendance à une revendication toujours plus grande des droits individuels – je suis tenté de dire individualistes –, qui cache une conception de la personne humaine détachée de tout contexte social et anthropologique, presque comme une « monade » (µ????), toujours plus insensible aux autres « monades » présentes autour de soi. Au concept de droit, celui – aussi essentiel et complémentaire – de devoir, ne semble plus associé, de sorte qu’on finit par affirmer les droits individuels sans tenir compte que tout être humain est lié à un contexte social dans lequel ses droits et devoirs sont connexes à ceux des autres et au bien commun de la société elle-même.
Par conséquent je considère qu’il est plus que jamais vital d’approfondir aujourd’hui une culture des droits humains qui puisse sagement relier la dimension individuelle, ou mieux, personnelle, à celle de bien commun, de ce « nous-tous » formé d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui s’unissent en communauté sociale[3]. En effet, si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et, par conséquent, devenir source de conflits et de violences.
Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé[4] ; cela signifie surtout de regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel. Une des maladies que je vois la plus répandue aujourd’hui en Europe est la solitude, précisément de celui qui est privé de liens. On la voit particulièrement chez les personnes âgées, souvent abandonnées à leur destin, comme aussi chez les jeunes privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir ; on la voit chez les nombreux pauvres qui peuplent nos villes ; on la voit dans le regard perdu des migrants qui sont venus ici en recherche d’un avenir meilleur.
Cette solitude a été ensuite accentuée par la crise économique, dont les effets perdurent encore, avec des conséquences dramatiques du point de vue social. On peut constater qu’au cours des dernières années, à côté du processus d’élargissement de l’Union Européenne, s’est accrue la méfiance des citoyens vis-à-vis des institutions considérées comme distantes, occupées à établir des règles perçues comme éloignées de la sensibilité des peuples particuliers, sinon complètement nuisibles. D’un peu partout on a une impression générale de fatigue, de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. Par conséquent, les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions.
À cela s’ajoutent des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres. On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique[5]. L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que – nous le remarquons malheureusement souvent – lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître.
C’est une grande méprise qui advient « quand l’absolutisation de la technique prévaut »[6], ce qui finit par produire « une confusion entre la fin et moyens »[7]. Résultat inévitable de la « culture du déchet » et de la « mentalité de consommation exagérée ». Au contraire, affirmer la dignité de la personne c’est reconnaître le caractère précieux de la vie humaine, qui nous est donnée gratuitement et qui ne peut, pour cette raison, être objet d’échange ou de commerce. Dans votre vocation de parlementaires, vous êtes aussi appelés à une grande mission, bien qu’elle puisse sembler inutile : prendre soin de la fragilité, de la fragilité des peuples et des personnes. Prendre soin de la fragilité veut dire force et tendresse, lutte et fécondité, au milieu d’un modèle fonctionnaliste et privatisé qui conduit inexorablement à la « culture du déchet ». Prendre soin de la fragilité de la personne et des peuples signifie garder la mémoire et l’espérance ; signifie prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l’oindre de dignité[8].
Comment donc redonner espérance en l’avenir, de sorte que, à partir des jeunes générations, on retrouve la confiance afin de poursuivre le grand idéal d’une Europe unie et en paix, créative et entreprenante, respectueuse des droits et consciente de ses devoirs ?
Pour répondre à cette question, permettez-moi de recourir à une image. Une des fresques les plus célèbres de Raphaël qui se trouvent au Vatican représente la dite École d’Athènes. Au centre se trouvent Platon et Aristote. Le premier a le doigt qui pointe vers le haut, vers le monde des idées, nous pourrions dire vers le ciel ; le second tend la main en avant, vers celui qui regarde, vers la terre, la réalité concrète. Cela me parait être une image qui décrit bien l’Europe et son histoire, faite de la rencontre continuelle entre le ciel et la terre, où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu, qui a depuis toujours caractérisé l’homme européen, et la terre qui représente sa capacité pratique et concrète à affronter les situations et les problèmes.
L’avenir de l’Europe dépend de la redécouverte du lien vital et inséparable entre ces deux éléments. Une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet « esprit humaniste » qu’elle aime et défend cependant.
Précisément à partir de la nécessité d’une ouverture au transcendant, je veux affirmer la centralité de la personne humaine, qui se trouve autrement à la merci des modes et des pouvoirs du moment. En ce sens j’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance. Cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des États ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement. Les idéaux qui l’ont formée dès l’origine le montrent bien: la paix, la subsidiarité et la solidarité réciproque, un humanisme centré sur le respect de la dignité de la personne.
Je désire donc renouveler la disponibilité du Saint Siège et de l’Église catholique – à travers la Commission des Conférences Épiscopales Européennes (COMECE) – pour entretenir un dialogue profitable, ouvert et transparent avec les institutions de l’Union Européenne. De même, je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence »[9].
Nous ne pouvons pas ici ne pas rappeler les nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde. Des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares : chassées de leurs maisons et de leurs patries ; vendues comme esclaves ; tuées, décapitées, crucifiées et brulées vives, sous le silence honteux et complice de beaucoup.
La devise de l’Union Européenne est Unité dans la diversité, mais l’unité ne signifie pas uniformité politique, économique, culturelle ou de pensée. En réalité, toute unité authentique vit de la richesse des diversités qui la composent : comme une famille qui est d’autant plus unie que chacun des siens peut être, sans crainte, davantage soi-même. Dans ce sens, j’estime que l’Europe est une famille des peuples, lesquels pourront sentir les institutions de l’Union proches dans la mesure où elles sauront sagement conjuguer l’idéal de l’unité à laquelle on aspire, à la diversité propre de chacun, valorisant les traditions particulières, prenant conscience de son histoire et de ses racines, se libérant de nombreuses manipulations et phobies. Mettre au centre la personne humaine signifie avant tout faire en sorte qu’elle exprime librement son visage et sa créativité, au niveau des individus comme au niveau des peuples.
D’autre part, les particularités de chacun constituent une richesse authentique dans la mesure où elles sont mises au service de tous. Il faut toujours se souvenir de l’architecture propre de l’Union Européenne, basée sur les principes de solidarité et de subsidiarité, de sorte que l’aide mutuelle prévale, et que l’on puisse marcher dans la confiance réciproque.
Dans cette dynamique d’unité-particularité, se pose à vous, Mesdames et Messieurs les Eurodéputés, l’exigence de maintenir vivante la démocratie, la démocratie des peuples d’Europe. Il est connu qu’une conception uniformisante de la mondialité touche la vitalité du système démocratique, affaiblissant le débat riche, fécond et constructif des organisations et des partis politiques entre eux.
On court ainsi le risque de vivre dans le règne de l’idée, de la seule parole, de l’image, du sophisme… et de finir par confondre la réalité de la démocratie avec un nouveau nominalisme politique. Maintenir vivante la démocratie en Europe demande d’éviter les « manières globalisantes » de diluer la réalité : les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les fondamentalismes anhistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse[10].
Maintenir vivante la réalité des démocraties est un défi de ce moment historique, en évitant que leur force réelle – force politique expressive des peuples – soit écartée face à la pression d’intérêts multinationaux non universels, qui les fragilisent et les transforment en systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires inconnus. C’est un défi qu’aujourd’hui l’histoire vous lance.
Donner espérance à l’Europe ne signifie pas seulement reconnaître la centralité de la personne humaine, mais implique aussi d’en favoriser les capacités. Il s’agit donc d’y investir ainsi que dans les domaines où ses talents se forment et portent du fruit. Le premier domaine est surement celui de l’éducation, à partir de la famille, cellule fondamentale et élément précieux de toute société. La famille unie, féconde et indissoluble porte avec elle les éléments fondamentaux pour donner espérance à l’avenir. Sans cette solidité, on finit par construire sur le sable, avec de graves conséquences sociales. D’autre part, souligner l’importance de la famille non seulement aide à donner des perspectives et l’espérance aux nouvelles générations, mais aussi aux nombreuses personnes âgées, souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude et d’abandon parce qu’il n’y a plus la chaleur d’un foyer familial en mesure de les accompagner et de les soutenir.
À côté de la famille, il y a les institutions éducatives : écoles et universités. L’éducation ne peut se limiter à fournir un ensemble de connaissances techniques, mais elle doit favoriser le processus plus complexe de croissance de la personne humaine dans sa totalité. Les jeunes d’aujourd’hui demandent à pouvoir avoir une formation adéquate et complète pour regarder l’avenir avec espérance, plutôt qu’avec désillusion. Ensuite, les potentialités créatives de l’Europe dans divers domaines de la recherche scientifique, dont certains ne sont pas encore complètement explorés, sont nombreuses. Il suffit de penser par exemple aux sources alternatives d’énergie, dont le développement servirait beaucoup à la protection de l’environnement.
L’Europe a toujours été en première ligne dans un louable engagement en faveur de l’écologie. Notre terre a en effet besoin de soins continus et d’attentions ; chacun a une responsabilité personnelle dans la protection de la création, don précieux que Dieu a mis entre les mains des hommes. Cela signifie, d’une part, que la nature est à notre disposition, que nous pouvons en jouir et en faire un bon usage ; mais, d’autre part, cela signifie que nous n’en sommes pas les propriétaires. Gardiens, mais non propriétaires. Par conséquent, nous devons l’aimer et la respecter, tandis qu’« au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, d’exploiter; nous ne la “gardons” pas, nous ne la respectons pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin»[11]. Respecter l’environnement signifie cependant non seulement se limiter à éviter de le défigurer, mais aussi l’utiliser pour le bien. Je pense surtout au secteur agricole, appelé à donner soutien et nourriture à l’homme. On ne peut tolérer que des millions de personnes dans le monde meurent de faim, tandis que des tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque jour de nos tables. En outre, respecter la nature, nous rappelle que l’homme lui-même en est une partie fondamentale. À côté d’une écologie environnementale, il faut donc une écologie humaine, faite du respect de la personne, que j’ai voulu rappeler aujourd’hui en m’adressant à vous.
Le deuxième domaine dans lequel fleurissent les talents de la personne humaine, c’est le travail. Il est temps de favoriser les politiques de l’emploi, mais il est surtout nécessaire de redonner la dignité au travail, en garantissant aussi d’adéquates conditions pour sa réalisation. Cela implique, d’une part, de repérer de nouvelles manières de conjuguer la flexibilité du marché avec les nécessités de stabilité et de certitude des perspectives d’emploi, indispensables pour le développement humain des travailleurs ; d’autre part, cela signifie favoriser un contexte social adéquat, qui ne vise pas l’exploitation des personnes, mais à garantir, à travers le travail, la possibilité de construire une famille et d’éduquer les enfants.
De même, il est nécessaire d’affronter ensemble la question migratoire. On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière ! Dans les barques qui arrivent quotidiennement sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d’accueil et d’aide. L’absence d’un soutien réciproque au sein de l’Union Européenne risque d’encourager des solutions particularistes aux problèmes, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrés, favorisant le travail d’esclave et des tensions sociales continuelles. L’Europe sera en mesure de faire face aux problématiques liées à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle et mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l’accueil des migrants ; si elle sait adopter des politiques justes, courageuses et concrètes qui aident leurs pays d’origine dans le développement sociopolitique et dans la résolution des conflits internes – cause principale de ce phénomène – au lieu des politiques d’intérêt qui accroissent et alimentent ces conflits. Il est nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets.

Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs les Députés,
La conscience de sa propre identité est nécessaire aussi pour dialoguer de manière prospective avec les États qui ont demandé d’entrer pour faire partie de l’Union Européenne à l’avenir. Je pense surtout à ceux de l’aire balkanique pour lesquels l’entrée dans l’Union Européenne pourra répondre à l’idéal de paix dans une région qui a grandement souffert des conflits dans le passé. Enfin, la conscience de sa propre identité est indispensable dans les rapports avec les autres pays voisins, particulièrement avec ceux qui bordent la Méditerranée, dont beaucoup souffrent à cause de conflits internes et de la pression du fondamentalisme religieux ainsi que du terrorisme international.
À vous législateurs, revient le devoir de protéger et de faire grandir l’identité européenne, afin que les citoyens retrouvent confiance dans les institutions de l’Union et dans le projet de paix et d’amitié qui en est le fondement. Sachant que « plus grandit le pouvoir de l’homme plus s’élargit le champ de ses responsabilités, personnelles et communautaires »[12]. Je vous exhorte donc à travailler pour que l’Europe redécouvre sa bonne âme.
Un auteur anonyme du IIème siècle a écrit que « les chrétiens représentent dans le monde ce qu’est l’âme dans le corps » [13]. Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’en être la conscience et la mémoire historique. Et une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme. Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs, et aussi de péchés, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien. Nous le voyons dans la beauté de nos villes, et plus encore dans celle des multiples œuvres de charité et d’édification humaine commune qui parsèment le continent. Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité. Et l’Europe a fortement besoin de redécouvrir son visage pour grandir, selon l’esprit de ses Pères fondateurs, dans la paix et dans la concorde, puisqu’elle-même n’est pas encore à l’abri de conflits.
Chers Eurodéputés, l’heure est venue de construire ensemble l’Europe qui tourne, non pas autour de l’économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables ; l’Europe qui embrasse avec courage son passé et regarde avec confiance son avenir pour vivre pleinement et avec espérance son présent. Le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit des idéaux ; l’Europe qui regarde, défend et protège l’homme ; l’Europe qui chemine sur la terre sûre et solide, précieux point de référence pour toute l’humanité !

Merci.

[1] Jean Paul II, Discours au Parlement Européen, 11 octobre 1988, n. 5.
[2] Jean-Paul II, Discours à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, 8 octobre 1988.
[3] Cf. Benoît XVI, Caritas in veritate, n. 7 ; Conc. Œcum. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 26.
[4] Cf. Compendiumde la Doctrine Sociale de l’Église, n. 37.
[5] Cf. Evangelii gaudium, n. 55.
[6]Benoît XVI, Caritas in veritate, n. 71.
[7]Ibid.[8] Cf. Evangelii gaudium, n. 209.
[9] Benoît XVI, Discours aux Membres du Corps Diplomatique, 7 janvier 2013.
[10]Cf. Evangelii gaudium, n. 231.
[11]François, Audience générale, 5 juin 2013.
[12]Gaudium et spes, 34.
[13]Cf. Lettre à Diognète, 6.

PAPE FRANCOIS: UNE BELLE LUTTE

3 novembre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/cotidie/2014/documents/papa-francesco-cotidie_20141030_una-lotta-bellissima.html

(Google traduction de l’italien)

PAPE FRANCOIS

MEDITATION DU MATIN dans la chapelle de Résidence Sainte-Marthe

UNE BELLE LUTTE

Thursday, 30 Octobre, 2014

(De: L’Osservatore Romano .., éd jour, année CLIV, 249, Ven 31/10/2014)

La vie chrétienne est « une milice » et qu’il faut « force et courage » à « résister » aux tentations du diable et « annoncer » la vérité. Mais cette « lutte est belle», car «quand Dieu gagne à chaque étape de notre vie, nous donne de la joie, un grand bonheur. » En réfléchissant sur les paroles de Paul dans sa lettre aux Ephésiens (6: 10-20) et le «langage militaire » utilisée par lui, Francis pape, la messe célébrée à Santa Marta Thursday, Octobre 30, a parlé de ce que les théologiens ont défini  » combat spirituel: pour avancer dans la vie spirituelle que vous avez à battre. « 
Nous avons besoin de «force et courage», a déclaré le pape, tout d’abord, parce qu’il est pas un « simple rencontre » mais une « bataille continue » contre le « prince des ténèbres ». Il est de ce débat houleux, le Pape a dit, qui a été appelé depuis le catéchisme, dans lequel « nous avons appris que les ennemis de la vie chrétienne sont trois: le diable, le monde et la chair. » Ceci est la lutte quotidienne contre la «mondanité» et contre «l’envie, la luxure, la gourmandise, l’orgueil, l’orgueil, la jalousie,« toutes les passions »que sont les blessures du péché originel. »
Certains pourraient alors se demander: «Mais le salut que Jésus nous donne est libre? ». Oui, répondit Francis, « mais vous devez le défendre. » Et, comme Paul écrit, pour ce faire, nous devons «revêtir l’armure de Dieu», car «vous ne pouvez pas penser à une vie spirituelle, une vie chrétienne » sans « résister à la tentation, sans une lutte contre le diable. »
Et à penser – il a trouvé Francis – « . Que le diable était un mythe, une image, une idée, l’idée du mal» qui nous voulait croire Au lieu de cela, « le diable existe et nous devons le combattre. » Le Saint Paul nous le rappelle, «la parole de Dieu dit, » mais il semble que «nous ne sommes pas convaincus » de cette réalité.
Mais, comme il est cette «armure de Dieu»? Un peu sur lui pour fournir l’Apôtre: «Tenez bon, donc, soyez endurants, autour de sa taille la vérité. » Donc, vous devez d’abord la vérité, parce que «le diable est un menteur, est le père de menteurs »; Puis Paul continue, porter « la cuirasse de la justice »: en fait, dit l’évêque de Rome, « on ne peut pas être chrétien sans travailler continuellement pour être juste. »
Et encore: «Les pieds, chaussés et prêts à répandre l’Evangile de la paix. » En effet, «le chrétien est un homme ou une femme de paix » et ne pas avoir la « paix dans nos cœurs:« Il ya quelque chose de mal en lui: il est la paix que « vous donne la force de se battre. »
Enfin, nous lisons dans la Lettre aux Ephésiens: « Tenez toujours le bouclier de la foi. » Sur ce détail porté le Pape: «Une chose qui aiderait serait trop demander: Comment est ma foi? Je crois ou ne crois pas? Ou je suppose un peu oui et un peu non? Je suis un peu banal et un peu croyant? « . Quand nous récitons le Credo, nous ne le faisons que les «mots»? Nous sommes conscients, a demandé à François, que «sans la foi, vous ne pouvez pas aller de l’avant, vous ne pouvez pas défendre le salut de Jésus? ».
Se référant à l’évangile de Jean, chapitre neuf, quand Jésus guérit le garçon ne voulait pas croire que les Pharisiens étaient aveugles, le Pape a souligné que Jésus n’a pas demandé au garçon, «Êtes-vous heureux? Êtes-vous heureux? Avez-vous vu que je suis bon? », Mais« Est-ce que vous croyez au Fils de l’Homme? Vous avez la foi? « . Et il est même question que répond « à nous tous les jours. » Une question incontournable car «si notre foi est faible, le diable va nous vaincre. »
Le bouclier de la foi est non seulement «nous défendre, mais nous donne aussi la vie. » Et avec cela, dit Paul, nous pouvons «éteindre tous les traits enflammés du malin. » Le diable en fait « pas jeter sur nous des fleurs », mais « flèches enflammées, poison, pour tuer. »
L’armure du chrétien, a poursuivi le pape, est également composé de  » casque du salut »,« l’épée de l’Esprit »et la prière. Le Saint Paul nous rappelle: «en tout temps, je vous prie. » Et il a réitéré le Pape: « Priez, priez. » Vous ne pouvez pas, en effet, « de poursuivre une vie chrétienne sans surveillance. »
Ceci est la raison pour laquelle la vie chrétienne peut être considéré comme une «milice». Mais il est dit le pape, «un beau combat », car il nous donne «la joie que le Seigneur nous a gagné avec son gratuité du salut. » Pourtant, dit-il, nous sommes tous «un peu« paresseux »et« nous laisser poursuivre passions, de toutes les tentations « . Mais même si « nous sommes des pécheurs, » nous ne devons pas perdre cœur », parce que le Seigneur est avec nous, qui nous a tout donné, » et nous « gagner encore cette petite étape aujourd’hui,« notre combat quotidien avec la «grâce de force, le courage, la prière, et de regarder la joie. « 

 

PAPE FRANÇOIS – (l’Eglise est le corps du Christ!) – 22.10.14

28 octobre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2014/documents/papa-francesco_20141022_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – (l’Eglise est le corps du Christ!)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 22 octobre 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Lorsque l’on veut mettre en évidence que les éléments qui composent une réalité sont étroitement unis les uns aux autres et forment une seule chose, on utilise souvent l’image du corps. Depuis l’apôtre Paul, cette expression a été appliquée à l’Eglise et a été reconnue comme son trait caractéristique le plus profond et le plus beau. Aujourd’hui, alors, nous voulons nous demander: dans quel sens l’Eglise forme-t-elle un corps? Et pourquoi est-elle définie «corps du Christ»?
Dans le livre d’Ezéchiel est décrite une vision un peu particulière, impressionnante, mais capable de transmettre la confiance et l’espérance dans nos cœurs. Dieu montre au prophète une étendue d’ossements, détachés les uns des autres et desséchés. Une scène désolante… Imaginez toute une vallée pleine d’ossements. Dieu lui demande alors d’invoquer sur eux l’Esprit. A ce moment, les os se mettent à bouger, commencent à se rapprocher et à s’unir, sur eux poussent d’abord les nerfs, plus la chair, et ainsi se forme un corps, complet et plein de vie (cf. Ez 37, 1-14). Voilà, c’est cela l’Eglise! Je compte sur vous, aujourd’hui, chez vous, prenez la Bible, au chapitre 37 du prophète Ezéchiel, n’oubliez pas, et lisez-le, c’est très beau. C’est cela l’Eglise, c’est un chef d’œuvre, le chef d’œuvre de l’Esprit, qui insuffle en chacun la vie nouvelle du Ressuscité et qui nous place les uns aux côtés des autres, les uns au service et à l’aide des autres, faisant ainsi de nous tous un seul corps, édifié dans la communion et dans l’amour.
Mais l’Eglise n’est pas seulement un corps édifié dans l’Esprit: l’Eglise est le corps du Christ! Et il ne s’agit pas simplement d’une façon de dire: mais nous le sommes vraiment! C’est le grand don que nous recevons le jour de notre baptême! Dans le sacrement du baptême, en effet, le Christ nous fait siens, nous accueillant dans le cœur du mystère de la croix, le mystère suprême de son amour pour nous, pour nous faire ensuite renaître avec lui, comme nouvelles créatures. Voilà: c’est ainsi que naît l’Eglise, et c’est ainsi que l’Eglise se reconnaît corps du Christ! Le baptême constitue une véritable renaissance, qui nous régénère dans le Christ, qui fait de nous une partie de lui, et nous unit intimement entre nous, comme membres du même corps, dont il est la tête (cf. Rm 12, 5; 1 Co 12, 12-13).
Ce qui en découle, alors, est une profonde communion d’amour. Dans ce sens, il est illuminant que Paul, exhortant les maris à «aimer leurs femmes comme leur propre corps», affirme: «C’est justement ce que le Christ fait pour l’Eglise: ne sommes-nous pas les membres de son Corps?» (Ep 5, 28-30). Comme il serait beau que nous nous rappelions plus souvent ce que nous sommes, ce que le Seigneur Jésus a fait de nous: nous sommes son corps, ce corps que rien ni personne ne peut plus arracher de lui et qu’il couvre de toute sa passion et de tout son amour, précisément comme un époux avec son épouse. Cette pensée, toutefois, doit faire naître en nous le désir de correspondre au Seigneur Jésus et de partager son amour entre nous, comme membres vivants de son corps lui-même. A l’époque de Paul, la communauté de Corinthe rencontrait de nombreuses difficultés dans ce sens, vivant, comme nous aussi souvent, l’expérience des divisions, des envies, des incompréhensions et de la marginalisation. Toutes ces choses ne sont pas bonnes, parce que, au lieu d’édifier et de faire croître l’Eglise comme corps du Christ, elles la font éclater en mille morceaux, la démembrent. Et cela a lieu également de nos jours. Pensons dans les communautés chrétiennes, dans certaines paroisses, pensons dans nos quartiers à combien de divisions, combien de jalousies, comment l’on médit, combien d’envies, et d’exclusion. Et que cela entraîne-t-il? Cela nous démembre. C’est le début de la guerre. La guerre ne commence pas sur les champs de bataille: la guerre, les guerres commencent dans le cœur, avec les incompréhensions, les divisions, les envies, avec cette lutte avec les autres. La communauté de Corinthe était ainsi; eux, c’étaient des champions! L’apôtre Paul a donné aux Corinthiens certains conseils concrets qui valent également pour nous: ne pas être jaloux, mais apprécier dans nos communautés les dons et les qualités de nos frères. Les jalousies: «Celui-là a acheté une voiture», et là, je sens une jalousie; «Celui-là a gagné au loto», et une autre jalousie; «Et cet autre a beaucoup de chance dans tel domaine», et une autre jalousie encore. Tout cela démembre, fait du mal, il ne faut pas le faire! Parce qu’ainsi, les jalousies grandissent et remplissent le cœur. Un cœur jaloux est un cœur aigre, un cœur qui au lieu du sang, semble avoir du vinaigre; c’est un cœur qui n’est jamais heureux, c’est un cœur qui démembre la communauté. Mais que dois-je faire alors? Apprécier dans nos communautés les dons et les qualités des autres, de nos frères. Et lorsque je ressens de la jalousie — parce que cela arrive à tous, nous sommes tous pécheurs — je dois dire au Seigneur: «Merci, Seigneur, parce que tu as donné cela à cette personne». Apprécier les qualités, se faire proches et participer à la souffrance des derniers et des plus nécessiteux; exprimer sa gratitude à tous. Le cœur qui sait dire merci est un cœur bon, c’est un cœur noble, c’est un cœur qui est content. Je vous demande: savons-nous tous dire merci, toujours? Pas toujours, parce que l’envie, la jalousie nous freine un peu. Et, un dernier conseil que l’apôtre Paul donne aux Corinthiens et que nous aussi, nous devons nous donner les uns aux autres: ne considère personne supérieur aux autres. Combien de personnes se sentent supérieures aux autres! Nous aussi, tant de fois, nous disons comme ce pharisien de la parabole: «Je te remercie Seigneur, car je ne suis pas comme celui-là, je suis supérieur». Mais cela n’est pas beau, il ne faut jamais le faire! Et lorsque nous sommes sur le point de le faire, rappelons-nous de nos péchés, de ceux que personne ne connaît, ayons honte devant Dieu et disons: «Mais toi Seigneur, tu sais qui est supérieur, moi, je me tais». Et cela fait du bien. Et toujours, dans la charité, se considérer comme membres les uns des autres, qui vivent et se donnent au profit de tous (cf. 1 Co 12-14).
Chers frères et sœurs, comme le prophète Ezéchiel et comme l’apôtre Paul, invoquons nous aussi l’Esprit Saint, afin que sa grâce et l’abondance de ses dons nous aident à vivre véritablement comme corps du Christ, unis, comme famille, mais une famille qui est le corps du Christ, et comme signe visible et beau de l’amour du Christ.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, notamment les jeunes confirmés du diocèse de Bayeux-Lisieux, ainsi que les personnes en situation de précarité du diocèse de Lyon. Elles sont particulièrement les bienvenues et je les assure de ma prière.
Invoquons le Saint Esprit pour que sa grâce et l’abondance de ses dons nous aident à vivre vraiment comme Corps du Christ, signe visible de son amour.

PAPE FRANÇOIS : MESSE DE CLÔTURE DU SYNODE EXTRAORDINAIRE SUR LA FAMILLE ET BÉATIFICATION DU PAPE PAUL VI

20 octobre, 2014

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2014/documents/papa-francesco_20141019_omelia-chiusura-sinodo-beatificazione-paolo-vi.html

MESSE DE CLÔTURE DU SYNODE EXTRAORDINAIRE SUR LA FAMILLE ET
BÉATIFICATION DU PAPE PAUL VI

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre

Dimanche 19 octobre 2014

Nous venons d’entendre une des phrases les plus célèbres de tout l’Évangile : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21).
À la provocation des pharisiens qui, pour ainsi dire, voulaient lui faire passer l’examen de religion et le prendre en défaut, Jésus répond avec cette phrase ironique et géniale. C’est une réponse à effet que le Seigneur livre à tous ceux qui se posent des problèmes de conscience, surtout quand entrent en jeu leurs intérêts, leurs richesses, leur prestige, leur pouvoir et leur réputation. Et cela arrive de tout temps, depuis toujours.
L’accent de Jésus retombe sûrement sur la seconde partie de la phrase : « Et (rendez) à Dieu ce qui est à Dieu”. Cela signifie reconnaître et professer – face à n’importe quel type de pouvoir – que seul Dieu est le Seigneur de l’homme, et qu’il n’y en a pas d’autre. C’est la nouveauté éternelle à découvrir chaque jour, en vainquant la peur que nous éprouvons souvent devant les surprises de Dieu.
Lui n’a pas peur de la nouveauté ! C’est pourquoi, il nous surprend continuellement, nous ouvrant et nous conduisant par des chemins imprévus. Il nous renouvelle, c’est-à-dire qu’il nous fait “nouveaux”, continuellement. Un chrétien qui vit l’Évangile est “la nouveauté de Dieu” dans l’Église et dans le monde. Et Dieu aime beaucoup cette “nouveauté” !
« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu », signifie s’ouvrir à sa volonté, lui consacrer notre vie et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.
Là se trouve notre force véritable, le ferment qui la fait lever et le sel qui donne saveur à chaque effort humain contre le pessimisme dominant que nous propose le monde. Là se trouve notre espérance parce que l’espérance en Dieu n’est donc pas une fuite de la réalité, elle n’est pas un alibi : c’est rendre à Dieu d’une manière active ce qui lui appartient. C’est pour cela que le chrétien regarde la réalité future, celle de Dieu, pour vivre pleinement la vie – les pieds bien plantés sur la terre – et répondre, avec courage, aux innombrables nouveaux défis.
Nous l’avons vu ces jours-ci durant le Synode extraordinaire des Évêques – “Synode” signifie « marcher ensemble ». Et en effet, pasteurs et laïcs de chaque partie du monde ont apporté ici à Rome la voix de leurs Églises particulières pour aider les familles d’aujourd’hui à marcher sur la route de l’Évangile, le regard fixé sur Jésus. Ce fut une grande expérience dans laquelle nous avons vécu la synodalité et la collégialité, et nous avons senti la force de l’Esprit Saint qui guide et renouvelle toujours l’Église appelée, sans délai, à prendre soin des blessures qui saignent et à rallumer l’espérance pour beaucoup de gens sans espérance.
Pour le don de ce Synode et pour l’esprit constructif offert par tous, avec l’apôtre Paul : « À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières » (1 Th 1, 2). Et que l’Esprit Saint qui, en ces jours laborieux nous a donné de travailler généreusement avec vraie liberté et humble créativité, accompagne encore la marche qui, dans les Églises de toute la terre, nous prépare au prochain Synode Ordinaire des Évêques d’octobre 2015. Nous avons semé et nous continuerons à semer avec patience et persévérance, dans la certitude que c’est le Seigneur qui fait croître tout ce que nous avons semé (cf. 1 Co 3, 6).
En ce jour de la béatification du Pape Paul VI, me reviennent à l’esprit ses paroles, par lesquelles il a institué le Synode des Évêques : « En observant attentivement les signes des temps, nous nous efforçons d’adapter les orientations et les méthodes … aux besoins croissants de notre époque et à l’évolution de la société » (Lett. ap. Motu proprio Apostolica sollicitudo).
À l’égard de ce grand Pape, de ce courageux chrétien, de cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd’hui devant Dieu qu’une parole aussi simple que sincère et importante : merci ! Merci à notre cher et bien-aimé Pape Paul VI ! Merci pour ton témoignage humble et prophétique d’amour du Christ et de son Église !
Dans son journal personnel, le grand timonier du Concile, au lendemain de la clôture des Assises conciliaires, a noté : « Peut-être n’est-ce pas tant en raison d’une aptitude quelconque ou afin que je gouverne et que je sauve l’Église de ses difficultés actuelles, que le Seigneur m’a appelé et me garde à ce service, mais pour que je souffre pour l’Église, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un autre, qui la guide et qui la sauve » (P. Macchi, Paul VI à travers son enseignement, de Guibert 2005, p. 105). Dans cette humilité resplendit la grandeur du Bienheureux Paul VI qui, alors que se profilait une société sécularisée et hostile, a su conduire avec une sagesse clairvoyante – et parfois dans la solitude – le gouvernail de la barque de Pierre sans jamais perdre la joie ni la confiance dans le Seigneur.
Paul VI a vraiment su “rendre à Dieu ce qui est à Dieu” en consacrant sa vie tout entière à « l’engagement sacré, solennel et très grave : celui de continuer dans le temps et d’étendre sur la terre la mission du Christ » (Homélie pour le rite du couronnement, Documentation catholique n. 1404 [1963], col. 932), en aimant l’Église et en la guidant pour qu’elle soit « en même temps mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du salut » (Lett. ap. Ecclesiam Suam, Prologue).

1...1415161718...21