de Zenith:« Profond respect » du pape pour les musulmans qui « adorent le Dieu unique »Paroles de Benoît XVI en français lors de l’audience du mercrediROME, Mercredi 20 septembre 2006 (ZENIT.org) – Benoît XVI réaffirme son « profond respect » des grandes religions, « et donc aussi pour les musulmans qui «adorent le Dieu unique». » Il explique le sens profond de son discours à l’université de Ratisbonne : « Ce ne sont pas la religion et la violence qui vont ensemble, mais la religion et la raison ».Comme c’est la tradition le mercredi suivant un déplacement du pape à l’étranger, Benoît XVI est revenu ce matin sur son voyage en Bavière, lors de l’audience du mercredi, place Saint-Pierre. Il avait d’ailleurs annoncé dimanche, à l’angélus, qu’il reviendrait sur son voyage lors de cette audience. Un pèlerinage dans sa patrie
Le pape, encore en séjour estival à Castel Gandolfo, avait fait, comme les mercredis précédents, le déplacement en hélicoptère. Nous reprenons ici la synthèse en français de son intervention : comme à l’accoutumée, Benoît XVI a en effet donné des synthèses en différentes langues (français, anglais, allemand, espagnol, polonais) de son intervention en italien (le texte intégral traduit de l’italien se trouve ci-dessous dans notre traduction in « documents »).
Soulignant le caractère de pèlerinage dans sa patrie, le pape disait à l’adresse des visiteurs francophones: « Je voudrais évoquer aujourd’hui mon voyage pastoral en Bavière, mon pays natal, rendant grâce à Dieu qui a permis cette visite et remerciant également les personnes qui y ont travaillé avec dévouement. Ce voyage n’a pas été seulement un retour sur le passé, mais aussi une occasion providentielle pour regarder avec espérance l’avenir ».
Les premières étapes
Puis Benoît XVI s’arrêtait à la première étape de son voyage à Munich en disant : « Après la première étape à Munich, ville dont je fus l’Archevêque, pour implorer la bénédiction de la Mère de Dieu, il y eut l’étape du sanctuaire marial d’Altötting et, le lendemain, celle de Ratisbonne ».
Rappelons qu’à Ratisbonne, le 12 septembre, le pape a célébré la messe le matin, et dans l’après-midi, il a rencontré les professeurs de l’université avant de célébrer des vêpres œcuméniques en la cathédrale avec des représentants de l’Orthodoxie et de la Réforme.
Le rapport entre foi et raison
A propos de son discours à l’université, le pape rappelait qu’il avait mis l’accent sur l’alliance entre foi et raison: « Là, j’ai rencontré les professeurs et les étudiants de l’Université, pour évoquer le rapport entre foi et raison. Malheureusement, la citation faite au début a été l’objet d’un malentendu, alors que je voulais expliquer que ce ne sont pas la religion et la violence qui vont ensemble, mais la religion et la raison ».
Respect pour les musulmans
C’est pourquoi le pape réaffirmait ce qu’il a dit à d’autres occasions, en particulier en août 2005 à Cologne : « Rappelant mon profond respect pour les grandes religions du monde – et donc aussi pour les musulmans qui «adorent le Dieu unique» et avec qui nous sommes engagés «à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les biens de la morale, la paix et la liberté» –, j’espère que mes paroles à Ratisbonne pourront constituer un encouragement à un dialogue positif entre les religions, comme entre la raison moderne et la foi des chrétiens ».
La vérité de l’Evangile
« J’ai enfin, concluait le pape, rencontré les prêtres et les diacres permanents dans la Cathédrale de Freising, où j’avais été ordonné prêtre. J’ai voulu ainsi rappeler à mes concitoyens l’éternelle vérité de l’Évangile et confirmer les croyants dans leur foi au Christ ».
En italien, le pape a détaillé davantage chacune des étapes de ces six jours du pape en Bavière, sur le thème : « Celui qui croit n’est jamais seul », et il a apporté des précisions également à propos de son discours à Ratisbonne.
Le monde universitaire, longtemps une « patrie spirituelle »
« Une expérience particulièrement belle a été pour moi ce jour-là de tenir un discours devant un grand auditoire de professeurs et d’étudiants de l’Université de Ratisbonne, où j’ai enseigné comme professeur pendant de nombreuses années. J’ai pu rencontrer encore une fois avec joie le monde universitaire qui, pendant une longue période de ma vie, a été ma patrie spirituelle », confiait le pape en précisant ainsi dans quel contexte il a prononcé ce discours.
La brusquerie de l’empereur
Le pape rappelle le thème de son discours et souligne à nouveau la brusquerie de l’empereur : « J’avais choisi pour thème la question du rapport entre foi et raison. Pour présenter à l’auditoire le caractère dramatique et actuel du thème, j’ai cité quelques paroles d’un dialogue chrétien-musulman du XIVe siècle, avec lesquelles l’interlocuteur chrétien — l’empereur byzantin Manuel II Paléologue — d’une manière pour nous étonnamment abrupte — présenta à son interlocuteur musulman le problème du rapport entre la religion et la violence ».
Une citation, pas « ma conviction personnelle »
« Cette citation, regrette le pape, a malheureusement pu se prêter à un malentendu. Pour un lecteur attentif à mon texte, il apparaît cependant clairement que je ne voulais en aucune façon faire miennes les paroles négatives prononcées par l’empereur médiéval dans ce dialogue et que leur contenu polémique n’exprime pas ma conviction personnelle ».
Religion et raison vont de pair
« La religion et la raison vont de pair », affirme le pape: « Mon intention était bien différente : en partant de ce que Manuel II dit ensuite de manière positive, avec une très belle phrase, à propos de la raison qui doit guider dans la transmission de la foi, je voulais expliquer que ce n’est pas la religion et la violence, mais la religion et la raison qui vont de pair ». Le thème de ma conférence — répondant à la mission de l’Université — fut donc la relation entre la foi et la raison : je voulais inviter au dialogue de la foi chrétienne avec le monde moderne et au dialogue de toutes les cultures et religions ».
Respect de ce qui est « sacré pour les autres »
Benoît rappelle aussi que deux jours auparavant, dans son homélie à Munich, le dimanche matin, 10 septembre, il a appelé au respect de ce qui est « sacré pour les autres » (cf. Zenit du 10 septembre). Il affirme en effet : « J’espère qu’en divers moments de ma visite — par exemple, lorsque j’ai souligné à Munich combien il est important de respecter profondément ce qui est sacré pour les autres — est apparu clairement mon profond respect pour les grandes religions et, en particulier, pour les musulmans, qui ‘adorent le Dieu unique’ et avec lesquels nous sommes engagés à ‘protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté’ », ce qui est une citation de la déclaration du concile Vatican II intitulée Nostra Aetate, sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes (§ 3).
La raison moderne et la foi des chrétiens
Enfin, toujours dans son discours en italien ce matin, place Saint-Pierre, le pape conclut sur cette espérance: « Je suis donc certain que, après les réactions du premier moment, mes paroles à l’Université de Ratisbonne pourront constituer une impulsion et un encouragement à un dialogue positif, même autocritique, aussi bien entre les religions qu’entre la raison moderne et la foi des chrétiens ».