Archive pour la catégorie 'Biblique: Nouveau Testament'

L’ENTRÉE DE JÉSUS À JÉRUSALEM

17 mars, 2016

http://www.garriguesetsentiers.org/article-l-entree-de-jesus-a-jerusalem-71773159.html

L’ENTRÉE DE JÉSUS À JÉRUSALEM

Publié le 15 avril 2011 par G&S

(Matthieu 21,1-11 ; Marc 11,1-11 ; Luc 19,28-38 ; Jean 12,12-16)

Chers amis Internautes, nous voici à quelques jours de la fête catholique dite des Rameaux, qui se situe liturgiquement une semaine exactement avant Pâques. Pour tenter de vous faire mesurer pleinement sa portée symbolique à la lumière du Premier Testament, je m’en tiendrai à l’évangéliste le plus « juif », Matthieu, dont on découvrira une fois de plus qu’il s’attache assidument à relire les événements du Nouveau Testament à la lumière du Premier. Cette démarche lui est coutumière, comme aux autres évangélistes, mais il est le seul à la pratiquer et à l’expliciter autant. Le parallèle avec la fête juive de Souccot, appelée aussi Fête des Tentes, ou des cabanes, que j’ai évoqué il y a maintenant cinq ans (déjà !) dans l’article Les tentes des Rameaux est généralement expliqué par le fait que Matthieu 21,8 dit que les gens coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin (Marc 11,8 parle de jonchées de verdure qu’ils coupaient dans les champs ; Jean 12,13 de rameaux des palmiers ; Luc ne parle que de manteaux). Le texte qui définit cette fête se trouve dans le livre de la Bible nommé Vayiqra (le Lévitique des bibles en français) 23,39-43 : Le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez récolté les produits du pays, vous célébrerez la fête du Seigneur pendant sept jours. Le premier jour repos et le huitième jour repos. Le premier jour vous prendrez le fruit de l’arbre de la beauté, des rameaux de palmier, des branches d’arbres touffus et des saules du torrent, et vous vous réjouirez face au Seigneur votre Dieu pendant sept jours. Vous fêterez ainsi une fête pour le Seigneur sept jours par an : règle éternelle pour vos générations. Au septième mois vous la fêterez. Vous habiterez sept jours dans des tentes. Tous les autochtones d’Israël habiteront dans des tentes, afin que vos générations connaissent que j’ai fait habiter sous des tentes les fils d’Israël quand je les ai fait sortir du pays d’Égypte, moi le Seigneur votre Dieu. Mon projet est de vous parler de deux points importants…   L’ânesse, l’ânon et la citerne Entrée Jésus Jérusalem avec anonL’épisode commence quand Jésus approche de Jérusalem et dit à deux de ses disciples : « Rendez-vous au village qui est en face de vous ; et aussitôt vous trouverez,à l’attache, une ânesse avec son ânon près d’elle ; détachez-la et amenez-les-moi. » (Matthieu 21,5) Matthieu 21,5 (contrairement aux autres évangiles) assume dans son récit l’incohérence apparente d’écrire que Jésus entre dans Jérusalem assis à la fois sur une ânesse et sur un ânon, en citant explicitement mais partiellement et approximativement Zacharie 9,9-12 : Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne et sur un ânon, le petit des ânesses. Malheureusement, il n’y a pratiquement aucune bible qui suit Zacharie dans l’incohérence apparente de ce texte, où il est pourtant bien écrit ’al-chamor ve’al-’aiyr?, sur un âne et sur un ânon ! Ni la B.J., i.e. la Bible de Jérusalem (un âne, un ânon alors qu’elle met le « et » dans sa traduction de l’évangile de Matthieu !) ni la TOB (un âne, un ânon tout jeune), ni Segond (sur un âne, sur un âne), ni la Bible du Rabbinat (sur un âne, le petit de l’ânesse), ni même Chouraqui (un âne ou un ânon)) Il n’y a que le chanoine Crampon, il y a un siècle, qui a osé : monté sur un âne, et sur un poulain, petit d’une ânesse ! De toute façon, le lecteur attentif comprend que Matthieu a voulu rapporter l’entrée de Jésus à Jérusalem à l’arrivée duRoi de Sion annoncée par le prophète Zacharie. Mais il ne faut jamais s’arrêter dès qu’on trouve quelque chose d’intéressant dans un texte ; il faut toujours lire la suite. Celle de la prophétie de Zacharie vaut la peine : Quant à toi (fille de Sion), à cause de l’alliance conclue dans le sang, je renverrai tes captifs de la citerne où il n’y a pas d’eau. Revenez vers la place forte, captifs de l’espoir. Cette prophétie parle d’une citerne où il n’y a pas d’eau et à ce propos la B.J. met en note : une citerne sert de geôle, c’est le symbole de Babylone… Peut-être ! Mais c’est aussi – et surtout – la même expression, avec le même mot hébreu (bor), qu’en Genèse 37,24, dans l’histoire de Joseph et de ses frères qui veulent le faire périr : ils le jetèrent dans la citerne ; cette citerne était vide, sans eau (trad. Rabbinat). Cette phrase de Zacharie nous mène donc à Juda, le 4e fils de Jacob, celui qui a suggéré à ses frères de vendre Joseph plutôt que de le laisser mourir dans la citerne et donc, en quelque sorte, de le « renvoyer de la citerne où il n’y a pas d’eau ». Et, comme par hasard, en cherchant s’il n’y a pas d’autres ânesse et ânon dans la Bible, de préférence attachés (car aucun détail n’est inutile dans la Bible !) on retrouve le même Juda, 4e fils de Jacob, en Genèse 49. À la fin de ce livre, juste avant sa mort, Jacob livre son testament à ses fils et les bénit, dans un long discours qui commence et se termine ainsi : Jacob appela ses fils et dit : « Réunissez-vous, que je vous annonce ce qui vous arrivera à la fin des temps. Rassemblez-vous, écoutez, fils de Jacob, écoutez Israël, votre père » […] Voilà ce que leur dit leur père, quand il les a bénis. Il les bénit, chacun selon sa bénédiction (Genèse 49,1-2.28). Les paroles de Jacob sont une bénédiction de Patriarche, donc une parole créatrice, une parole qui annonce et qui crée ce qui arrivera. Or, en bénissant Juda Jacob lui dit (Genèse 49,8-12) : « Juda, toi, tes frères te loueront, ta main est sur la nuque de tes ennemis et les fils de ton père s’inclineront devant toi. Tu es un jeune lion, ô Juda […] Le sceptre ne s’éloignera pas de Juda, ni le bâton de chef d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne Shiloh à qui les peuples obéiront. Il attache à la vigne son âne, au cep le petit de son ânesse, etc. » On note : – que Juda est annoncé comme étant la souche de la lignée royale au sein du peuple hébreu. D’ailleurs, dans les généalogies de leurs évangiles, Matthieu et Luc feront descendre Jésus de Juda, en ligne directe.

- qu’en plus de l’âne (que Matthieu appelle ânesse !) et de l’ânon attachés qu’on recherchait, la bénédiction pour Juda mentionne la venue d’un certain Shiloh. Qui est donc ce Shiloh, à côté duquel passent toutes les bibles chrétiennes (et d’autres) ?   Le Shiloh Ce Shiloh de Genèse 49,10 donne lieu aux interprétations les plus diverses. La B.J. le traduit par tribut ; la TOB par celui (!), Segond et Crampon par le Schilo (ce qui ne nous avance pas vraiment !). Amis lecteurs, vous pouvez ici interrompre un instant votre lecture pour lire ou relire l’article Jésus porteur de Paix ou d’épée ? où je traite des racines du mot shiloh, dans lequel la bible du Rabbinat voit le Pacifique (racine shalam, faire la paix), mais où on peut certainement voir aussi l’Envoyé (racine shalach, envoyer et particulièrement, comme dit le dictionnaire Sander et Trenel, envoyer en mission) : c’est donc Jésus pour les chrétiens. Pour sa part, Jérôme, le Père de l’Église qui a écrit la Vulgate, version latine de la Bible, a traduit par : donec veniat qui mittendus est : jusqu’à ce que vienne celui qui doit être envoyé, ce qui m’a confirmé dans mon intuition ! Malheureusement, la Néo-Vulgate de 1979 traduit par : donec veniat ille cuius est : jusqu’à ce que vienne celui qui est à lui, ce qui n’a plus rien à voir avec le Shilo ! La lecture qu’on peut faire de l’épisode de l’entrée de Jésus à Jérusalem est donc que Jésus accomplit la prophétie de Zacharie – en tant que Roi – et la prophétie sur Juda (et sa lignée) – en tant que Messie – à son arrivée à Jérusalem, et alors se demander s’il n’y a pas un lien entre le Shiloh, l’Envoyé et la piscine de Siloé (hébreu Shiloach) à Jérusalem, où, à la fin des fêtes de Souccot, se déroule la procession de Simrat Torah ! Car c’est ce jour et ce rite-là qui sont évoqués en Jean 7,37 : Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et il boira, celui qui croit en moi ! » selon le mot de l’Écriture : de son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui. Et, immédiatement après la discussion qui s’ensuit, Jésus envoie (c’est le cas de le dire) l’aveugle-né se laver à la piscine de Shiloach, dont Jean précise que son nom signifie Envoyé (9,7)… o O o Terminons cette brève étude en survolant quelques mots utilisés dans le texte évangélique. Les manteaux : Les gens étendirent leurs manteaux sur le chemin (Matthieu 21,8) C’est l’attitude d’accueil d’un roi de Juda : Aussitôt, tous prirent leurs manteaux et les étendirent sous lui, à même les degrés; ils sonnèrent du cor et crièrent : « Jéhu est roi ! » (2Rois 9,13 ; Jéhu a détrôné Ozochias, roi de Juda, vers 841…). Noter qu’il n’y a aucun jeu de mots avec Jésus (car Jéhu est Yéhou en hébreu) ! Hosanna : les foules criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom de Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Hosanna, hoshiy’ah na’, signifie : sauve ou donne le salut, de grâce ! Cf. L’article Alleluia ! Hosanna ! Amen ! Les qualificatifs donnés à Jésus : – fils de David, qui est une appellation royale – qui vient au nom du Seigneur, et l’envoyé, qui sont des appellations messianiques ! Tout cela rappelle Psaume 118,25-26 : ’ana’ adonaï hoshiy’ah na’, de grâce, Seigneur ! donne le salut, de grâce !, suivi de : baroukh haba’ beshem adonaï, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur… Le Psaume 118 est le dernier Psaume du Hallel ; son sous-titre est Liturgie pour la fête des Tentes… On peut donc raisonnablement penser : – que Jésus est entré à Jérusalem pour la fête de Souccot, à l’automne… – que donc Jésus est resté six mois à Jérusalem avant d’y mourir sur une croix – et que donc que le retournement des foules contre Jésus, au printemps, dont on dit qu’il s’est fait en quatre jours (entre les Rameaux et le Jeudi-saint), a en fait pris six mois… La foule (si foule il y avait !) des « juifs » qui avaient salué Jésus comme Roi à l’automne et la foule (si foule il y avait !) des « juifs » au moment du procès de Jésus (si c’était la même, ce qui est plus qu’improbable !) n’était donc pas aussi versatile qu’on nous l’a appris et rabâché depuis notre catéchisme et jusqu’à maintenant dans bien des églises… Portes levez vos frontons, élevez-vous portails antiques, qu’il entre le roi de gloire !  (Psaume 24,7)

René Guyon

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LES TROIS HYMNES DE LUC : BENEDICTUS, MAGNIFICAT, NUNC DIMITTIS

14 mars, 2016

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/200011.html

LES TROIS HYMNES DE LUC : BENEDICTUS, MAGNIFICAT, NUNC DIMITTIS  

Commencer Trois prières de Luc 1-2 sont passées dans la prière de l’Église…  

Trois prières de Luc 1-2 sont passées dans la prière de l’Église : le Benedictus ou bénédiction avec Zacharie , le Magnificat ou action de grâce avec Marie et le Nunc dimittis ou prière confiante avec Syméon.

L’histoire du peuple de Dieu est accomplie Ces trois prières débordent largement le cadre des récits de Luc 1-2. Zacharie, Marie et Syméon sont témoins de l’action de Dieu dans l’histoire, à travers les naissances des deux enfants : Jean et Jésus (1,47.69; 2,30). Luc signale que chacun de ces témoins parle sous l’action de l’Esprit Saint (1,35.67; 2,27). Ils sont les chantres du salut de Dieu promis et espéré par tout un peuple : Israël est mentionné dans chaque hymne, en 1,54.68; 2,32. Ce salut qui « visite » Israël est une marque de la fidélité de Dieu à son peuple dont il « se souvient » (1,54.72). En un mot, l’alliance (1,72) conclue entre Dieu et Abraham, confirmée dans la personne du roi David, image du messie à venir, chantée enfin par les prophètes espérant la consolation, la libération d’Israël (1,68; 2,25), cette alliance est pleinement manifestée avec la naissance d’un « astre » nouveau (1,78), le messie. Et pourtant, tout commence… Comme Anne, la stérile qui avait donné naissance à Samuel (1 S 2,1-lo), Marie célèbre la grandeur du Seigneur qui comble ceux qui le servent (Lc 1,48.54). Elle est pour le nouveau peuple de Dieu, ce qu’était Anne pour Israël : une image et un modèle de confiance et de service de Dieu. Marie annonce les Béatitudes. Zacharie emprunte aux Psaumes les images du salut d’Israël, pour célébrer l’astre qu’est le Christ (1,78). Les v.76-77 semblent un ajout orientant le regard, non plus sur le messie, mais sur son précurseur, Jean-Baptiste. Il prépare le peuple de Dieu à accueillir « la connaissance du salut par le pardon des péchés » (v. 77). Au terme de la chaîne des prophètes d’Israël, il sera le premier témoin du messie. Syméon, enfin, ouvre l’évangile de Luc à sa dimension universelle : « Car mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé face à tous les peuples » (2,31). Bien qu’il attende la consolation d’Israël et salue le Messie comme « gloire d’Israël », il le déclare aussi « lumière pour éclairer les païens ». Par lui, Luc annonce déjà les missions de Paul, dans les Actes des Apôtres. Ces trois hymnes, peut-être déjà chantées par l’Eglise primitive, annoncent chaque jour le grand commencement inauguré en Marie, un commencement toujours nouveau.

SBEV. Stéphane Aulard

BENOÎT XVI – « (EN COMMUNION AVEC LE CHRIST NOUS POUVONS CONNAÎTRE DIEU COMME PÈRE VÉRITABLE (CF. MT 11, 27) »

9 mars, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20121003.html

BENOÎT XVI – « (EN COMMUNION AVEC LE CHRIST NOUS POUVONS CONNAÎTRE DIEU COMME PÈRE VÉRITABLE (CF. MT 11, 27) »

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 3 octobre 2012

Chers frères et sœurs,

Dans la dernière catéchèse j’ai commencé à parler de l’une des sources privilégiées de la prière chrétienne : la sainte liturgie, qui — comme l’affirme le Catéchisme de l’Église catholique — est « participation à la prière du Christ, adressée au Père dans l’Esprit Saint. En elle toute prière chrétienne trouve sa source et son terme » (n. 1073). Je voudrais aujourd’hui que nous nous demandions : dans ma vie, est-ce que je réserve une place suffisante à la prière et, surtout, quelle place a dans ma relation avec Dieu la prière liturgique, en particulier la Messe, comme participation à la prière commune du Corps du Christ qui est l’Église ? En répondant à cette question, nous devons nous rappeler tout d’abord que la prière est la relation vivante des fils de Dieu avec leur Père infiniment bon, avec son Fils Jésus Christ et avec l’Esprit Saint (cf. ibid., n. 2565). La vie de prière consiste donc à être de manière habituelle en présence de Dieu et à en avoir conscience, à vivre en relation avec Dieu comme nous vivons les relations habituelles de notre vie, celles avec les membres les plus chers de notre famille, avec nos vrais amis ; c’est même cette relation avec le Seigneur qui donne la lumière à toutes nos autres relations. Cette communion de vie avec Dieu, Un et Trine, est possible car à travers le baptême nous avons tous été insérés dans le Christ, nous avons commencé à être un avec Lui (cf. Rm 6, 5). En effet, ce n’est qu’en Christ que nous pouvons dialoguer avec Dieu le Père comme des fils, autrement cela n’est pas possible, mais en communion avec le Fils nous pouvons nous aussi dire, comme Il l’a dit : « Abbà ». En communion avec le Christ nous pouvons connaître Dieu comme Père véritable (cf. Mt 11, 27). C’est pourquoi la prière chrétienne consiste à nous tourner constamment et de manière toujours nouvelle vers le Christ, à parler avec Lui, à demeurer en silence avec Lui, à l’écouter, à agir et à souffrir avec Lui. Le chrétien redécouvre sa véritable identité en Christ, « premier-né de toute créature », dans lequel toute chose subsiste (cf. Col 1, 15sq). En m’identifiant à Lui, en étant un avec Lui, je redécouvre mon identité personnelle, celle de véritable fils qui regarde Dieu comme un Père plein d’amour. Mais n’oublions pas : nous découvrons le Christ, nous le connaissons comme Personne vivante, dans l’Église. Celle-ci est « son Corps ». Cette corporéité peut être comprise à partir des paroles bibliques sur l’homme et sur la femme : les deux seront une seule chair (cf. Gn 2, 24 ; Ep 5, 30sq ; 1 Co 6, 16s). Le lien indissoluble entre le Christ et l’Église, à travers la force unifiante de l’amour, n’annule pas le « toi » et le « moi », mais les élève au contraire à leur unité la plus profonde. Trouver sa propre identité en Christ signifie parvenir à une communion avec Lui, qui ne m’annule pas, mais qui m’élève à la plus haute dignité, celle de fils de Dieu dans le Christ : « L’histoire d’amour entre Dieu et l’homme consiste justement dans le fait que cette communion de volonté grandit dans la communion de pensée et de sentiment, et ainsi notre vouloir et la volonté de Dieu coïncident toujours plus » (Enc. Deus caritas est, n. 17). Prier signifie s’élever à la hauteur de Dieu, à travers une transformation progressive nécessaire de notre être. Ainsi, en participant à la liturgie, nous faisons nôtre la langue de la mère Église, nous apprenons à parler en elle et pour elle. Naturellement, comme je l’ai déjà dit, cela a lieu de manière progressive, peu à peu. Je dois me plonger progressivement dans les paroles de l’Église, avec ma prière, avec ma vie, avec ma souffrance, avec ma joie, avec ma pensée. C’est un chemin qui nous transforme. Je pense alors que ces réflexions nous permettent de répondre à la question que nous nous sommes posée au début : comment puis-je apprendre à prier, comment puis-je grandir dans ma prière ? En regardant le modèle que nous a enseigné Jésus, le Notre Père, nous voyons que le premier mot est « notre » et le deuxième est « Père ». La réponse est donc claire : en apprenant à prier je nourris ma prière, en m’adressant à Dieu comme Père et en priant-avec-les-autres, en priant avec l’Église, en acceptant le don de ses mots, qui deviennent peu à peu familiers et riches de sens. Le dialogue que Dieu établit avec chacun de nous, et nous avec Lui, dans la prière inclut toujours un « avec » : on ne peut pas prier Dieu de manière individualiste. Dans la prière liturgique, surtout l’Eucharistie, et — formés par la liturgie — dans toute prière, nous ne parlons pas uniquement en tant qu’individus, mais nous entrons dans le « nous » de l’Église qui prie. Et nous devons transformer notre « moi » en entrant dans ce « nous ». Je voudrais rappeler un autre aspect important. Dans le Catéchisme de l’Église catholique nous lisons : « Dans la liturgie de la Nouvelle Alliance, toute action liturgique, spécialement la célébration de l’Eucharistie et des sacrements, est une rencontre entre le Christ et l’Église » (n. 1097) ; donc c’est le « Christ total », toute la Communauté, le Corps du Christ uni à son Chef qui célèbre. La liturgie n’est alors pas une sorte d’« auto-manifestation » d’une communauté, mais c’est en revanche une manière de sortir du simple « être-soi-même », être enfermés en soi-même, et d’accéder au grand banquet, d’entrer dans la grande communauté vivante, dans laquelle Dieu lui-même nous nourrit. La liturgie implique universalité et ce caractère universel doit entrer toujours à nouveau dans la conscience de tous. La liturgie chrétienne est le culte du temple universel qu’est le Christ ressuscité, dont les bras sont ouverts sur la croix pour attirer tous les hommes dans l’accolade d’amour éternel de Dieu. C’est le culte du ciel ouvert. Ce n’est jamais seulement l’événement d’une communauté singulière, ayant une place particulière dans le temps et dans l’espace. Il est important que tout chrétien se sente et soit réellement inséré dans ce « nous » universel, qui fournit le fondement et le refuge au « moi », dans le Corps du Christ qu’est l’Église. En cela, nous devons avoir à l’esprit et accepter la logique de l’incarnation de Dieu : il s’est fait proche, présent, en entrant dans l’histoire et dans la nature humaine, en se faisant l’un de nous. Et cette présence se poursuit dans l’Église, son Corps. La liturgie n’est alors pas le souvenir d’événements passés, mais la présence vivante dans le Mystère pascal du Christ qui transcende et unit les temps et les espaces. Si dans la célébration n’émerge pas la place centrale du Christ, nous n’aurons pas une liturgie chrétienne, totalement dépendante du Seigneur et soutenue par sa présence créatrice. Dieu agit par l’intermédiaire du Christ et nous ne pouvons agir que par son intermédiaire et en Lui. Chaque jour doit croître en nous la conviction que la liturgie n’est pas notre « action », mon « action » mais l’action de Dieu en nous et avec nous. Par conséquent, ce n’est pas l’individu — prêtre ou fidèle — ou le groupe qui célèbre la liturgie, mais elle est avant tout action de Dieu à travers l’Église, qui a son histoire, sa riche tradition et sa créativité. Cette universalité et ouverture fondamentale, qui est propre à toute la liturgie, est l’une des raisons pour laquelle elle ne peut pas être conçue ou modifiée par une communauté singulière ou par des experts, mais elle doit être fidèle aux formes de l’Église universelle. L’Église tout entière est toujours présente même dans la liturgie de la communauté la plus petite. C’est pourquoi il n’y a pas d’« étrangers » dans la communauté liturgique. L’Église tout entière, le ciel et la terre, Dieu et les hommes participent ensemble à chaque célébration liturgique. La liturgie chrétienne, même si elle est célébrée dans un lieu et un espace concret, et exprime le « oui » d’une communauté déterminée, est par sa nature catholique, provient du tout et conduit au tout, en unité avec le Pape, avec les évêques, avec les croyants de toutes les époques et de tous les lieux. Plus une célébration est animée par cette conscience, plus se réalise en elle de façon fructueuse le sens authentique de la liturgie. Chers amis, l’Église est visible de nombreuses façons : dans l’action caritative, dans les projets de mission, dans l’apostolat personnel que chaque chrétien doit réaliser dans son milieu. Mais le lieu où l’on en fait pleinement l’expérience en tant qu’Eglise est dans la liturgie: elle est l’acte par lequel nous croyons que Dieu entre dans notre réalité et nous pouvons le rencontrer, nous pouvons le toucher. C’est l’acte par lequel nous entrons en contact avec Dieu: Il vient à nous, et nous sommes illuminés par Lui. C’est pourquoi, lorsque dans les réflexions sur la liturgie, nous concentrons notre attention uniquement sur la façon de la rendre attrayante, intéressante et belle, nous risquons d’oublier l’essentiel: la liturgie se célèbre pour Dieu et non pour nous-mêmes; c’est son œuvre; c’est Lui le sujet; et nous devons nous ouvrir à Lui et nous laisser guider par Lui et par son Corps qui est l’Eglise. Demandons au Seigneur de nous enseigner chaque jour à vivre la sainte liturgie, en particulier la Célébration eucharistique, en priant dans le «nous» de l’Eglise, qui porte son regard non pas sur elle-même, mais sur Dieu et en sentant que nous sommes une partie de l’Eglise vivante de tous les lieux et de tous les temps. Merci.

MARIE-NOËLLE THABUT – PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS, 12, 31 – 13, 13

29 janvier, 2016

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 31 JANVIER 2016

DEUXIEME LECTURE – PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS, 12, 31 – 13, 13

Frères, 12, 31 recherchez avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence. 13, 1 J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. 2 J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. 3 J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. 4 L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; 5 il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; 6 il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; 7 il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. 8 L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. 9 En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. 10 Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. 11 Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant. 12 Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. 13 Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité.

Dans les passages de la lettre aux Corinthiens que nous avons lus ces deux derniers dimanches, Saint Paul énumérait les différents dons que l’Esprit Saint fait aux membres du Corps du Christ dans leur diversité. Mais, dit-il, le plus précieux des dons que nous fait l’Esprit-Saint c’est l’Amour. C’est lui qui donne valeur à tous les autres. Ce n’est donc pas une leçon de morale que Paul nous dispense ici, mais la contemplation d’un mystère qui nous dépasse. Car, en fait, avant de parler de nous, ce texte de Paul parle d’abord de Dieu, il contemple le mystère de l’amour de Dieu ; à chaque fois que nous rencontrons le mot « Amour » dans ce texte, nous pourrions le remplacer par le mot « Dieu ». « L’amour prend patience » ; oui, Dieu patiente avec son peuple, avec l’humanité, avec nous, lui pour qui « mille ans sont comme un jour, et un jour est comme mille ans », comme nous dit Pierre (2 P 3, 8) ; oui, « l’amour rend service », il suffit de regarder Jésus laver les pieds de ses disciples (Jn 13) ; oui encore, le peuple d’Israël a eu maintes occasions d’expérimenter que « l’amour (c’est-à-dire Dieu) ne garde pas rancune » : lui qui a pardonné à son peuple sans se lasser tout au long de l’histoire biblique. Jusqu’au jour où sur le visage du Christ en croix, nous avons pu voir la preuve de l’amour infini de Dieu et nous avons entendu ce jour-là les paroles suprêmes du pardon : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Et il ne nous a laissé qu’une seule consigne « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Heureusement pour nous, nous ne sommes pas laissés à nos seules forces pour cela, puisqu’il nous a transmis son Esprit : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Ro 5, 5). Ce qui veut dire que « l’amour même de Dieu est répandu en nous ». Voilà une bonne nouvelle, si nous voulons bien l’entendre. Alors ici, Paul fait l’inventaire du don qui nous est fait, le catalogue des possibilités infinies de dépassement qu’il nous offre : en quelque sorte, il nous dit : « Voilà ce que l’amour vous rend capables de faire ». Les quinze comportements que Saint Paul énumère dans son inventaire, loin d’être des utopies, sont les réalités étonnantes que l’expérience fait découvrir : réellement, on le sait bien, l’amour et l’amour seul permet à ceux qui aiment, à ceux qui s’aiment, d’atteindre des sommets de patience, d’oubli de soi, de douceur, de transparence, de confiance totale, et en définitive, de joie profonde. C’est l’amour de Dieu, c’est-à-dire donné par Dieu, qui, seul, peut faire de nos communautés les témoins que le monde attend. Inversement, on peut lire dans ce texte de Paul un bon catalogue de critères pour juger nos comportements individuels et collectifs. En un temps où les mots (et les gestes) d’amour sont multipliés et galvaudés, une telle grille de discernement n’est peut-être pas superflue. Paul insiste, c’est l’amour et lui seul qui fera de nous des adultes : « Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel disparaîtra. Quand j’étais un enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant. » On peut en déduire que toutes les autres qualités : la science, la générosité, et même la foi et le courage, le don des langues ou de prophétie, ne sont que des enfantillages au regard de la seule valeur qui compte, l’amour. Quand on pense à l’importance que les Corinthiens attachaient à l’intelligence, à la naissance, à la condition sociale, on mesure mieux l’audace des propos de Paul. Toutes ces soi-disant valeurs auxquelles nous tenons tant, nous aussi, ne sont que des balayures, comme Paul le dit ailleurs. Puisque les plus grandes vertus elles-mêmes ne sont rien si elles ne sont pas irriguées uniquement par l’amour de Dieu lui-même. Voilà qui remet les choses à leur place ; une fois de plus, on entend résonner les béatitudes : seuls les pauvres de coeur savent accueillir en eux les richesses de Dieu. Peut-être n’osons-nous pas assez compter sur ces possibilités infinies d’amour qui sont à notre disposition, pourvu que nous les sollicitions. L’Esprit est très discret, il attend peut-être que nous lui demandions son aide.

JESUS EST LA LUMIERE

25 décembre, 2015

http://www.info-bible.org/legrand/1.5.htm

JESUS EST LA LUMIERE

Le premier verset de la Bible nous présente Dieu, le Père, dans la création de l’univers.  » Au commencement Dieu créa les cieux et la terre « . Le deuxième verset présente Dieu, le Saint Esprit, dans son travail silencieux au sein des ténèbres.  » La terre était informe et vide et il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux « . Le troisième nous présente Dieu, le Fils, dans sa victoire sur les ténèbres.  » Dieu (la Parole) dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut « . Ces trois premiers versets nous expliquent déjà, dans un raccourci saisissant l’histoire d’un monde déchu et l’annonce de son rétablissement. Dieu n’a pas créé la terre pour qu’elle soit couverte de ténèbres, ni informe  » ni pour être vide « , c’est ce que dit Esaïe 45:18. Le mot hébreu est  » Tohu-Bohu « , qui se retrouve en littérature et qui veut dire le chaos. Je conseille à ceux qui le peuvent de lire les commentaires Scofield de la Bible qui porte son nom ; ils donnent un éclairage intéressant sur le sujet. Pourquoi le verset 2 parle-t-il de chaos, de ténèbres, de vide et d’abîme ? Parce que entre le verset 1 et le 2 aurait eu lieu la tragédie de l’intrusion du péché dans l’univers. Et le jugement de Dieu sur le péché fut un cataclysme qui plongea notre globe dans un état chaotique. Et à partir de ce moment on trouve les trois personnes de la Trinité à l’œuvre pour créer sur la terre des conditions favorables à la vie. Les mêmes trois personnes, la même puissance créatrice sont à l’œuvre aujourd’hui pour produire le même résultat, c’est-à-dire faire passer des hommes perdus des ténèbres de leurs péchés à la lumière de l’Evangile. De même que Dieu n’a pas créé la terre informe, vide, ténébreuse et chaotique, il n’a pas non plus créé l’homme pécheur. Il l’a créé innocent, libre de ses mouvements et responsable de ses décisions. C’est ce que dit la Bible dans Ecclésiaste 7 : 29: » Dieu a fait les hommes droits mais ils ont cherché beaucoup de détours « . Dieu par sa Parole avait dit à l’homme :  » Le jour où tu pécheras, tu mourras certainement « , mais en couple ils ont préféré la parole de l’adversaire qui leur a soufflé le contraire :  » Vous ne mourrez pas mais vous serez comme des dieux…  » Et depuis lors la situation de l’homme est sans espoir, d’où une cascade de textes dont en voici deux :  » …le dieu de ce siècle a aveuglé leur intelligence afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Evangile …  » (2 Cor.4:4) ;  » …ils se sont égarés dans leurs pensées et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres  » (Romains 1:21). Mais si l’homme, quant à son âme, est séparé de la source naturelle de la lumière qu’est Dieu, il voudra de la lumière à tout prix et il remplacera celle qu’il a perdue par de l’artificielle comme le soir nous suppléons le manque de soleil par de la lumière électrique. Mais quelque utile que soit cette dernière, qui voudrait vivre constamment dans la lumière artificielle ? Qui voudrait vivre sous un ciel noir que trouerait seulement la lumière du projecteur ? Qui voudrait vivre 24 heures sur 24 dans une ville lumière, dans un palais éblouissant de clarté fabriquée ? Personne ne le voudrait et personne d’ailleurs ne le pourrait ; le monde dépérirait rapidement comme une plante qui s’étiole. Dans le domaine spirituel les mêmes lois sont en vigueur. Notre âme a été créée pour vivre dans la lumière de son Créateur et hors de sa clarté elle s’étiole et dépérit et aucun substitut ne la remplacera. Des millions d’hommes aujourd’hui laissent se faner leur âme sous un ciel d’encre. La nuit de leurs péchés les séparent du jour vivifiant et ils n’ont pour toute lumière que le réverbère papillotant de la raison, le projecteur fascinant des richesses, le néon spasmodique du plaisir, le flambeau fumeux du savoir, les cierges fondants de la religiosité, les allumettes éphémères de la célébrité et avec ces pauvres luminaires, ils s’acheminent en tâtonnant vers le sombre tombeau où les attend l’obscurité plus opaque de ce que Jésus appelait les ténèbres du dehors. La situation de l’homme coupé de Dieu est sans issue, et elle le resterait si Dieu n’intervenait pas en sa faveur. La clarté dont nous avons besoin pour nos âmes ne viendra pas d’une illumination intérieure quelconque mais de Dieu qui a dit :  » Que la lumière soit ! Et la lumière fut « , et de Jésus-Christ dont il est dit :  » Sur ceux qui étaient assis dans la région de l’ombre et de la mort, la lumière s’est levée  » (Matthieu 4 :16).

La Lumière fait trois choses.

Elle dissipe les ténèbres. Elle donne la vie. Elle reflète la lumière. I. La lumière dissipe les ténèbres.

La lumière que Dieu donne n’est pas simplement une puissance de rayonnement, pas plus que la résurrection n’est qu’une date dans l’histoire ou que le chemin qui mène à Dieu n’est qu’un code à appliquer. Non, la Lumière, comme la Résurrection et le Chemin, c’est une Personne. Jésus a dit  » Je suis la lumière du monde « . Et si vous voulez voir la vraie lumière, celle de Dieu, c’est à Christ et à Christ seul qu’il faut aller car le prologue de l’évangile de Jean dit :  » Cette lumière est la véritable lumière qui en venant dans le monde éclaire tout homme  » (Jean 1 :9). Mais ici, une question capitale se pose : Comment voir cette lumière, les hommes sont aveugles ! ! C’est ce que dit le texte que je vous ai déjà cité :  » …l’Evangile est encore voilé pour ceux qui périssent…dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence pour qu’ils ne voient pas briller la splendeur de la gloire de Christ qui est l’image de Dieu « . (2 Cor 4 :4) Or, un aveugle ne peut pas voir la lumière. Un des prodiges de la science médicale est la greffe de la cornée transparente qui maintenant rend la vue chaque année à des milliers de personnes. La cécité peut survenir par l’obscurcissement de la cornée ; la chirurgie savait comment enlever une section de la cornée opaque et insérer à sa place un morceau de la cornée d’un œil sain. Mais rarement on trouvait le tissu vivant nécessaire à l’opération. Il devait venir d’une personne dont l’œil accidenté devait être enlevé ou de l’œil d’une personne décédée qui avait au préalable fait don de ses yeux à la science. Une banque des yeux a ainsi été créée, vers laquelle sont acheminées les cornées enlevées immédiatement après la mort et elles doivent être employées dans les deux jours. Un chirurgien dans une grande maternité eut le devoir d’annoncer à un homme la mort de son enfant qui n’avait vécu que quelques heures. Cet homme répondit qu’il avait lu le récit de la greffe de la cornée et il a demandé si les yeux de son enfant pouvaient être employés pour redonner la vue à un autre. Après formalité, les yeux de l’enfant furent mis dans une solution stérile et le lendemain employés dans deux opérations qui rendirent la vue à un père d’une grande famille aveuglé dans un accident d’usine, et l’autre à une jeune mère aveuglée par l’explosion d’un réchaud à alcool. Ainsi, par la générosité de cet homme et par les yeux de cet enfant deux personnes recouvrèrent la vue. Pourquoi est-ce que je vous raconte cette histoire ? Parce qu’il y a 20 siècles, un autre enfant est né dans ce monde de ténèbres et de péché. Il est venu apporter la lumière du ciel car il était la lumière du monde. Il est venu nous faire voir le Père. Il a dit de lui-même, celui qui m’a vu a vu le Père. Hélas, les hommes étaient aveugles. Il fallait plus qu’une lumière qui resplendit, il fallait une opération divine, une greffe céleste que la Bible appelle la nouvelle naissance ou la conversion. Christ a donné sa vie ; encore fallait-il qu’il nous ouvre les yeux de la foi pour en saisir la signification. Quand une vitre sale ne laisse plus passer qu’une lumière diffuse, il ne suffit pas d’augmenter l’éclairage, il faut une opération de nettoyage, il faut laver la vitre. Et pour nous, il faut aussi une opération de nettoyage, il faut l’opération intérieure du Saint Esprit que la Bible appelle la nouvelle naissance. C’est ce que Jésus a dit au théologien Nicodème :  » Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut pas voir le royaume de Dieu  » et s’il ne peut même pas le voir, combien moins encore y entrer (Jean 3 :3). Quand ce petit garçon, à la demande de sa mère lava la vitre de la cuisine, il nettoya l’extérieur avec soin mais il oublia l’intérieur jusqu’à ce que sa mère lui fit remarquer qu’il avait beau frotter le dehors, c’était aussi le dedans encrassé par les vapeurs d’huile de cuisine qu’il fallait récurer. Bon nombre de personnes se revêtent d’un extérieur de respectabilité ; leur savoir-vivre est parfait, leur politesse exquise, leur mine avenante et leur mise soignée. Ils sont honorables quant au dehors, mais la lumière de l’évangile n’a jamais pénétré au dedans ; le sang de Jésus-Christ qui purifie de tout péché n’est jamais passé à l’intérieur de leur vie ; et le résultat c’est que la vitrine est engageante mais l’arrière-boutique est crasseuse. A Londres, à Hyde Park, il y a un endroit de ce parc très fréquenté qui est appelé le coin des prédicateurs où n’importe qui peut s’exprimer librement et publiquement. Un évangéliste venait de terminer son message, quand un homme profitant de la place libre sortit de la foule, monta sur la caisse qui servait d’estrade et s’adressa à elle en ces mots :  » Ladies and Gentlemen, Mesdames et Messieurs, vous venez d’entendre cet homme vous parler de Dieu, du ciel, de Jésus-Christ ; il a aussi beaucoup parlé de la mort, du péché du diable et de l’enfer. J’espère que vous n’en croyez rien ; je refuse de croire à ce que je ne vois pas. Sur ce ton il continua de ridiculiser le christianisme dans ses articles de foi. Mais il n’allait pas s’en tirer si tirer si facilement. Comme il terminait sa harangue, un autre homme se frayait un passage à travers la foule et il s’adressa à elle en ces termes : Chers amis, j’entends dire que près d’ici coule une rivière, je n’en crois rien ! Beaucoup disent que l’herbe des alentours est d’un beau vert tendre, je n’en crois rien ! Certains disent que le long de ces promenades il y a de beaux buissons fleuris qui plaisent à l’œil ; je le déclare à nouveau, je n’en crois rien ! Je sais que vous tous ici qui m’écoutez, vous pensez : Cet homme parle comme un insensé ! Et pourtant je suis sérieux ; je n’ai jamais vu la rivière, je n’ai jamais vu l’herbe verte, je n’ai jamais regardé les belles fleurs car je suis aveugle-né. Et plus je vous parle de ces choses, plus il vous devient évident qu’à moins que ma vue soit restaurée, je ne verrai jamais les choses dont je parle. Mais cela ne justifie pas mon insistance à ne pas croire en ce que je ne vois pas, certainement pas. Se tournant alors dans la direction de celui qui avait parlé il dit : Monsieur, par vos dénégations vous ne démolissez pas ce qui est. La seule chose à laquelle vous êtes arrivés, c’est à prouver que vous étiez aveugle – aveugle spirituellement – et qu’en cela est la raison de votre incompréhension de ce que d’autres savent être la vérité. Ce que l’aveugle que Jésus a rencontré sur le chemin avait besoin, ce n’était pas un plus haut standing de vie, ni un autre vêtement, ni aucune autre chose sinon recouvrer la vue. Il le demanda à Jésus et il fut exaucé à l’instant. Un monde nouveau qu’il n’avait jamais soupçonné s’ouvrait devant ses yeux émerveillés. Ce dont le monde a besoin aujourd’hui, c’est que les yeux de sa foi s’ouvrent pour voir. Celui qui dit :  » Je suis la lumière du monde et celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres « . Si je transpose cela dans ma vie personnelle, cela veut dire que le jeune homme que j’étais à l’époque vivait dans les ténèbres ; je cherchais ma voie à tâtons comme un aveugle, je tournais en rond comme dans une partie de colin-maillard, le diable avait mis sur mon âme le bandeau des péchés qu’il m’avait poussés à commettre. Mais maintenant les choses ont changé : comme Dieu fait briller la lumière dans les cœurs et sépare la lumière d’avec les ténèbres, il m’a séparé des choses qui m’aveuglaient et me perdaient, il m’a séparé de certains amis dont la compagnie ne pouvaient m’être profitable, il m’a séparé de certaines habitudes négatives, d’un certain langage déplacé, de certaines passions qui dominaient sur moi et dont je n’avais pas le contrôle, de certains spectacles mondains autant que frivoles et légers qui souillaient mon âme, de certains regards que je posais sur les autres, de la concupiscence ambiante comme des propos scabreux et des histoires grivoises et d’une kyrielle d’autres choses plus obscures les unes que les autres. Et il a mis dans mon cœur de nouveaux sentiments, de nouvelles aspirations, une autre dimension de vie, il me fait fuir les miasmes de l’enfer et respirer l’air pur des sommets de la communion avec lui. Mais, me direz-vous, cette joie, cette paix, ce bonheur, cette lumière, c’est pour plus tard, pour l’après-vie ? Mais pas du tout, si vous continuez la lecture, de 2 Corinthiens 4 que j’ai abondamment citée, l’apôtre Paul sur sa lancée dit au verset 7 :  » Ce trésor, nous le possédons dans des vases de terre « . C’est une réalité présente, cette glorieuse lumière supra-terrestre brille dans le cœur de tout racheté, non pas une heure par semaine le dimanche matin, mais tous les jours, à chaque instant parce que le Seigneur est venu faire son habitation dans les cœurs. Vous nous mettez l’eau à la bouche mais, demandera quelqu’un, comment puis-je moi aussi être pénétré de cette lumière qui donnera un sens à ma vie ? Voilà, quand vous rentrerez ce soir chez vous, vous trouverez la maison plongée dans l’obscurité, pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’installation électrique chez vous ? Non. Parce qu’il y a une coupure générale de courant ? Non. Parce qu’il n’y a pas de lampe chez vous ? Non. Mais parce qu’en quittant la maison, vous avez éteint les lumières en actionnant l’interrupteur, vous avez ainsi mis l’installation hors circuit. Eh bien ça, c’est notre état spirituel. Je vous l’ai dit, nous sommes coupés de Dieu, nous sommes hors circuit avec Dieu et même en court-circuit avec lui, Nous avons perdu le contact avec lui. La Bible dit :  » Ce sont vos péchés qui ont fait séparation entre vous et votre Dieu  » (Esaïe 59 :2). Le résultat c’est qu’on est dans l’obscurité comme lorsqu’on a tout éteint en quittant l’appartement. Que faut-il faire pour retrouver la lumière ? Trois choses : Savoir où est l’interrupteur. Croire que si vous appuyez sur le bouton la lumière reviendra Appuyer sur le bouton. De même pour retrouver la lumière de l’âme il faut : Reconnaître que vous êtes hors circuit avec Dieu et coupé de lui par vos péchés. Croire que si vous en appelez à Jésus-Christ, la lumière du pardon vous illuminera. Passer à l’acte (pousser sur le bouton si vous préférez) c’est-à-dire le recevoir dans votre cœur comme votre Sauveur personnel et en un éclair la lumière jaillira dans votre vie. Nous venons de voir le premier point : la lumière dissipe l’obscurité. Voici le deuxième.

II. La lumière donne la viePortez les yeux partout et vous verrez que la lumière et la vie sont indissociables. La lumière appelle la vie. La graine de haricot que l’on enfouit dans le jardin ne s’enfonce pas dans la terre, il monte en surface vers la lumière. Les fleurs se ferment la nuit et s’ouvrent à la clarté du matin. Les enfants qui vivent aux grand air sont roses et joufflus, ceux qui sont séquestrés sont pales et falots. Des pommes de terre de conservation tenues dans l’obscurité de la cave poussent des germes blancs de plus d’un mètre vers le soupirail d’où filtre un rayon de lumière. L’aspiration à la lumière est universelle. Au chapitre 9 du livre des Actes des apôtres, on rencontre un nommé Saul de Tarse qui respire la haine et le meurtre contre les premiers chrétiens. Muni de lettres qui lui donnent plein pouvoir, escorté de la troupe, il monte vers Damas pour ravager l’Eglise naissante qu’il considère comme une secte qu’il faut faire disparaître. Partout où il passe, le tigre cruel qui avait donné son suffrage au meurtre d’Etienne le premier martyr chrétien, emmène d’innocentes victimes liées vers les prisons. A Jérusalem comme à Damas on tremble mais on prie. Et tandis que Saul de Tarse brûle les étapes, dans le ciel un événement stupéfiant se prépare, le branle bas de combat sonne ; ce n’est pas un ange puissant qui se prépare à défendre des agneaux sans défense, ni un archange, ni les armées des cieux, mais c’est Jésus lui-même qui se lève alors qu’il vient à peine de rentrer dans le ciel après son ascension. Stupeur dans le ciel, étonnement sur la face des anges. Celui qui est la lumière du monde descend avec gloire sur le chemin de Damas. L’intense rayonnement de son apparition éclipse celle du soleil, plaque Saul de Tarse au sol et la voix du Seigneur tonne :  » Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?  » Frappé d’aveuglement on le conduira dans une maison à Damas où pendant trois jours il va se mettre à prier. Ces longues heures de tête à tête avec le Seigneur sont un terrain sacré. C’est pendant qu’il était là aveugle que la lumière douce de l’Evangile fit son chemin dans son cœur endurci et que des écailles lui tombèrent des yeux, lui prouvant à quel point il était aveugle. Ce que je veux que vous voyiez, c’est que dans la maison où on l’a conduit : il est entré aveugle, il en est sorti voyant clair ; i est entré tigre, il en est sorti agneau ; il est entré fils du diable, il en est sorti enfant de Dieu ; il est entré pharisien orgueilleux, il en est sorti humble esclave de Jésus-Christ ; il est entré Saul de Tarse, il en est sorti Paul le prince des apôtres, il est entré mort dans ses péchés, il en est sorti vivant pour Dieu, la vie et la lumière de Christ étaient en lui. Ces trois jours ont marqué sa vie et façonné son ministère au point que plus tard dans sa défense devant une cour royale composée du roi Agrippa, de Bérénice et du gouverneur Festus il redira les paroles qu’il avait entendues de la bouche du Seigneur à cette occasion :  » Je t’ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers lesquels je t’envoie, pour que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent par la foi en moi, le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés « . Nous en arrivons ainsi à notre troisième point.

III. La lumière reflète la lumière. Recevoir Christ comme lumière de vie, c’est recevoir la responsabilité qu’il nous transmet lorsqu’il dit :  » On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau (on dirait aujourd’hui sous un capuchon), mais on la met sur un chandelier et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux  » (Matt.5 :14,15). Chaque jour le soleil descend sur l’horizon et disparaît. Le désespoir nous éteindrait s’il ne devait plus réapparaître le lendemain. Ce serait pour le monde entier une lente agonie. En peu de temps notre globe se figerait au zéro absolu. Mais Dieu nous a laissé un signe irréfutable qui nous prouve que, même absent, il continue de briller et que bientôt l’astre de vie sera de nouveau là. Nous tournons les regards vers une autre partie du ciel et nous voyons cette oblongue capsule, la blonde amie de Cyrano de Bergerac qui nous fait un clin d’œil complice pour nous dire qu’il est toujours là et que bientôt Chantecler avec le frère d’or du haut de son clocher pourra chanter son hymne au soleil ! La lune est un astre mort en lui-même qui n’a pas de lumière propre mais qui fidèlement reflète la lumière du soleil disparu et nous garanti que quoique invisible à nos yeux, il brille toujours du même éclat. De même, pendant l’absence de son Seigneur, le chrétien est appelé à refléter dans sa vie l’éclat lumineux de ses perfections comme la lune reflète l’éclat du soleil. Bien sûr qu’on n’aura jamais un coup de soleil en regardant la lune ! Mais un chrétien authentique par sa vie atteste que le Seigneur est toujours là et que bientôt il va revenir. Lorsque le Seigneur a guéri les dix lépreux, il ne les a pas envoyés prêcher un sermon, il les a envoyés vivre un sermon en leur disant :  » Allez vous montrer aux sacrificateurs (prêtres)  » (Luc 17 :14). Avez-vous déjà entendu la Bonne Nouvelle demanda un jour un missionnaire à un Chinois qui lui répondit : Non, mais je l’ai vu ! Je connais un homme qui était une terreur dans tout le district. Il était parfois féroce comme un animal sauvage et il fumait l’opium. Quand il accepta la religion de Jésus-Christ, il fut tout changé. Maintenant il est humble, il n’est plus mauvais et il a abandonné son opium. J’ai vu par là que la Bonne Nouvelle de l’évangile et le service de Jésus-Christ sont bons. Un prédicateur termina son message par un appel pressant. Dans la bonne vingtaine de personne qui répondirent ouvertement à l’appel, se trouvait une dame riche et distinguée. Elle demanda la permission de dire quelques mots à l’auditoire :  » Je veux que vous sachiez pourquoi je me suis avancée avec les autres pour me convertir à Jésus-Christ. Ce n’est à cause d’aucune parole prononcée par le prédicateur. Je me tiens ici par l’influence d’une pauvre femme assise devant moi. Ses doigts sont devenus calleux par la rudesse des tâches. Le travail de bien des années l’a courbée ; elle n’est qu’une pauvre et obscure femme de peine qui a travaillé chez moi pendant de nombreuses années. Je n’ai jamais vu en elle de mouvements d’humeur ou dire un mot désagréable ou faire une action déshonnête. Je connais ses nombreux petits gestes d’amour désintéressés qui ornent sa vie. Avec honte je dois dire que je me suis ouvertement moquée de sa foi et que j’ai ri de sa fidélité envers Dieu. Mais quand ma petite fille mourut, ce fut cette femme qui m’a fait regarder par delà la tombe et qui m’a fait verser ma première larme d’espérance. Le doux magnétisme de sa vie m’a amenée à Jésus-Christ. A la demande du prédicateur cette humble femme fut conviée à venir devant et il la présenta en ces termes :  » Je vous présente le vrai prédicateur de ce soir !  » L’audience toute entière se leva dans un silence respectueux non exempt de quelques larmes. Les lampes ne parlent pas, elles éclairent ; les phares ne font pas de bruit ils illuminent ! Vous donc mes amis qui ne connaissez pas encore Christ comme votre Sauveur personnel mais qui en ce moment assistez à la prédication de sa Parole, tandis que la lumière de l’Evangile parcours encore le monde, tournez-vous vers lui avant que ne vienne les jours sombres prophétisés par le Seigneur :  » Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde, mais la nuit vient où personne ne peut plus travailler  » (Jean 9.5,4). Nous terminons par une courte prière que je vous invite à suivre et même à vous approprier en la redisant silencieusement de tout votre cœur à Dieu :  » Dieu, merci pour ta Parole qui a été méditée aujourd’hui ; je m’y suis reconnu, surtout dans les zones d’ombre ; j’ai souvent tourné le dos à la lumière de ton Fils et ma propre ombre était là devant moi, à mes pieds ; je n’ai aucune excuse à te présenter ; j’ai presque toujours préféré les ténèbres à ta lumière parce que mes œuvres étaient mauvaises. J’acquiesce à ton diagnostic, je me repens et je te demande pardon. Je me range à tes raisons, je fais demi-tour et je m’expose pleine face à la lumière de ton salut; je veux marcher à ta lumière et je te reçois dans mon cœur ; je veux rester fidèle à l’engagement que je prends solennellement aujourd’hui. Seigneur aide-moi à le tenir jusqu’au bout. Amen.

LA NAISSANCE DE JÉSUS VUE PAR LES QUATRE ÉVANGÉLISTES

21 décembre, 2015

http://www.portstnicolas.org/phare/etudes-specialisees/article/la-naissance-de-jesus-vue-par-les-quatre-evangelistes

LA NAISSANCE DE JÉSUS VUE PAR LES QUATRE ÉVANGÉLISTES

Ce que les apôtres ont d’abord annoncé – et qui, depuis bientôt 2000 ans, est au coeur de la foi des chrétiens -, ce n’est pas la naissance de Jésus mais sa mort et sa résurrection. Puis, remontant dans le temps, ils ont tenu à rappeler – très sommairement d’ailleurs – son activité à travers toute la Galilée et la Judée. Ce n’est que dans un troisième moment que les chrétiens se sont interrogés sur ce que tout cela impliquait quant à l’enfance de Jésus (Marc, le plus ancien évangile, n’en dit rien), avant d’en venir même (à l’époque de l’évangile de Jean) à entrevoir que Jésus était Fils de Dieu avant même de naître de Marie (cf. le prologue du 4ème Evangile). On le voit, dans le calendrier chrétien, Pâques est la fête des fêtes, bien plus importante que Noël… et c’est à la lumière de Pâques qu’il convient de lire ce que les évangélistes nous disent de la naissance de Jésus. Sur les quatre d’ailleurs, seuls Matthieu et Luc nous parlent explicitement de la naissance et de l’enfance de Jésus. Encore ne le font-ils pas de la même manière, car ils n’écrivent pas pour les mêmes communautés et soulignent des aspects différents de la Bonne Nouvelle de Jésus. Matthieu parle des mages (ni rois, ni trois), mais pas des bergers… d’une étoile mais pas des anges… Luc parle des bergers, mais pas des mages… des anges qui chantent la gloire de Dieu, mais pas de l’étoile au-dessus de la grotte… Aucun ne mentionne de boeuf et d’âne…

La crèche de Matthieu Elle nous présente Jésus comme l’Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu-avec-nous » et nous prépare déjà à accueillir la dernière promesse de Jésus dans cet évangile : Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. (Mt 28,20). L’étoile qui guide les mages est la métaphore du roi-messie, selon la prophétie du livre des Nombres (Nb 24,17). Quant aux mages eux-mêmes, ils symbolisent les nations païennes à qui l’Evangile de Jésus est offert. D’un bout à l’autre de son récit, Matthieu se plait à rappeler que ceux qui accueillent avec joie la parole de Jésus ne sont pas toujours ceux auxquels on aurait pu s’attendre… La tradition a voulu qu’ils soient de races différentes (belle image de l’universalité du salut) et s’appellent Melchior, Gaspard et Balthazar. En ce sens, une manière de retrouver le sens profond de Noël sera peut-être pour les baptisés de s’ouvrir avec émerveillement à toutes les richesses humaines, culturelles et spirituelles que Dieu met dans le coeur des hommes, quelles que soient leurs religions, leurs cultures, leurs convictions.

Marc : une Bonne Nouvelle au présent Marc ne nous parle pas du « petit Jésus », mais d’une « bonne nouvelle » – c’est le sens du mot Evangile – pour les chrétiens de Rome à qui il s’adresse. Cette bonne nouvelle, c’est Jésus Christ lui-même, le Fils de Dieu (Mc 1,1). La parole de Jésus est toujours d’actualité et les verbes que l’évangéliste emploie dans son récit sont le plus souvent au présent. Bien des familles exprimeront à Noël cette certitude en installant leur crêche et n’hésiteront pas à compléter les traditionnels santons par des personnages ressemblant fort aux membres de la famille…

La crèche de Luc La révélation de l’ange atteint le monde entier, du haut en bas, de la foule des anges aux bergers, c’est-à-dire l’une des catégories sociales les plus méprisées à l’époque. Né hors de son village, hors de l’hôtellerie, tel un exclu, Jésus fera la joie des petits et des pauvres et aura bien du mal à se faire entendre des riches (Lc 6,24 ;14,13.21 ;16,19-26 ;19,8). Noël ne sera donc vraiment Noël que si nous savons les uns et les autres le vivre sous le signe du partage. A chacun de repérer ses vraies richesses et de voir s’il peut souscrire au constat fait par Jésus : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (Ac 20,35) !

Jean : la Lumière et le Verbe On ignore le jour et l’heure de la naissance de Jésus, qui ne sont précisés dans aucun texte du Nouveau Testament. Mais, depuis le 4e siècle, l’Eglise a pris l’habitude de fêter la naissance de Jésus le 25 décembre, au coeur de la nuit la plus longue (d’où la messe de minuit), christianisant ainsi la fête païenne de Natalis Invicti (la naissance du soleil) qui se célébrait à cette date (solstice d’hiver). C’était faire droit à la belle intuition de l’évangéliste Jean selon laquelle, aux heures sombres de notre vie Jésus vient comme une lumière :

Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme (Jn 1,9) Tout disciple de Jésus, à Noël, est appelé à se rappeler sa vocation qui est de mettre la vérité là où règne l’erreur, la joie là où règne la tristesse, l’espérance là où règne le désespoir, le pardon là où est l’offense. Que ce soit à l’école de Matthieu, Marc, Luc ou Jean, peu importe. L’essentiel est de faire de ce Noël autre chose qu’une simple quinzaine commerciale, en accueillant le joyeux message d’un Dieu dont la gloire dans les cieux est inséparable de la paix sur la terre pour les homme qu’Il aime !

MARIE-NOËLLE THABUT – EVANGILE – SELON SAINT LUC 21, 25-28, 34-36

27 novembre, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

Commentaires de Marie-Noëlle Thabut, dimanche 29 novembre 2015

EVANGILE – SELON SAINT LUC 21, 25-28, 34-36

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : 25 « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. 26 Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. 27 Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. 28 Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.

34 Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre coeur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste 35 comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. 36 Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout debout devant le Fils de l’homme. »

LE STYLE APOCALYPTIQUE Si on prend ces lignes au pied de la lettre, il y a de quoi frémir ! Mais nous avons déjà rencontré des textes de ce genre : on dit qu’ils sont de style « apocalyptique » et nous savons bien qu’il ne faut pas les prendre au premier degré ! Le malheur, c’est que, aujourd’hui, le mot « apocalypse » a très mauvaise presse ! Pour nous, il est synonyme d’horreur… alors que c’est tout le contraire ! Commençons donc par redonner au mot « apocalyptique » son vrai sens : on se rappelle que « apocaluptô », en grec, signifie « lever le voile », c’est le même mot que « re-velare » (en latin) – révéler en français ! Il faut traduire « texte apocalyptique » par « texte de révélation ». Ils révèlent la face cachée des choses. Le genre apocalyptique a au moins quatre caractéristiques tout-à-fait particulières : Premièrement, ce sont des livres pour temps de détresse, généralement de guerre et d’occupation étrangère doublée de persécution ; c’est particulièrement vrai pour le livre de Daniel au deuxième siècle avant notre ère : dans ce cas, ils évoquent les persécuteurs sous les traits de monstres affreux ; et c’est pour cela que le mot « apocalypse » a pu devenir synonyme de personnages et d’événements terrifiants. Deuxièmement, parce qu’ils sont écrits en temps de détresse, ce sont des livres de consolation : pour conforter les croyants dans leur fidélité et leur donner, face au martyre, des motifs de courage et d’espérance. Et ils invitent les croyants justement à tenir bon. Troisièmement, ils « dévoilent », c’est-à-dire « lèvent le voile », « révèlent », la face cachée de l’histoire. Ils annoncent la victoire finale de Dieu : de ce fait, ils sont toujours tournés vers l’avenir ; malgré les apparences, ils ne parlent pas d’une « fin du monde », mais de la transformation du monde, de l’installation d’un monde nouveau, du « renouvellement » du monde. Quand ils décrivent un chamboulement cosmique, ce n’est qu’une image symbolique du renversement complet de la situation. En résumé, leur message c’est « Dieu aura le dernier mot ». Ce message de victoire, nous l’avions entendu dimanche dernier dans le livre de Daniel. Il annonçait que le Fils de l’homme qui n’est autre que le peuple des Saints du Très-Haut verrait un jour ses ennemis vaincus et recevrait la royauté universelle. Quatrièmement, dans l’attente de ce renouvellement promis par Dieu, ils invitent les croyants à adopter une attitude non pas d’attente passive, mais de vigilance active : le quotidien doit être vécu à la lumière de cette espérance. Ces quatre caractéristiques des livres apocalyptiques se retrouvent dans notre évangile d’aujourd’hui. Parole pour temps de détresse, elle décrit des signes effrayants, langage codé pour annoncer que le monde présent passe : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles… le fracas de la mer et de la tempête… les puissances des cieux seront ébranlées ». Parole de consolation, elle invite les croyants à tenir bon : « Votre rédemption (traduisez votre libération) approche ». Parole qui « lève le voile », « révèle », la face cachée de l’histoire, elle annonce la venue du Fils de l’homme. Jésus reprend ici cette promesse par deux fois, et visiblement il s’attribue à lui-même ce titre de « Fils de l’homme », manière de dire qu’il prend la tête du peuple des Saints du Très-Haut,1 c’est-à-dire des croyants : « Alors on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée avec une grande puissance et une grande gloire. » … « Vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »

LE DEFI DES CROYANTS Enfin, dans l’attente de ce renouvellement promis par Dieu, notre texte invite les croyants à adopter une attitude non pas d’attente passive, mais de vigilance active : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête. »… « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre coeur ne s’alourdisse… restez éveillés et priez en tout temps… » « Relever la tête », c’est bien un geste de défi, comme Jérémie nous y invitait dans la première lecture, le défi des croyants. Le mot « croyants » n’est pas employé une seule fois ici, mais pourtant il est clair que Luc oppose d’un bout à l’autre deux attitudes : celle des croyants et celle des non-croyants qu’il appelle les nations ou les autres hommes. « Sur terre, les nations seront affolées… les hommes mourront de peur… mais vous, redressez-vous et relevez la tête » sous-entendu car vous, vous êtes prévenus et vous savez le sens dernier de l’histoire humaine : l’heure de votre libération a sonné, le mal va être définitivement vaincu. Il reste une chose paradoxale dans ces lignes : le Jour de Dieu semble tomber à l’improviste sur le monde et pourtant les croyants sont invités à reconnaître le commencement des événements ; en fait, et cela aussi fait partie du langage codé des Apocalypses, ce jour ne semble venir soudainement que pour ceux qui ne se tiennent pas prêts. Rappelons-nous les paroles de Paul aux Thessaloniciens : « Le Jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : quelle paix, quelle sécurité !, c’est alors que la ruine fondra sur eux comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper. Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, pour que (de sorte que) ce jour vous surprenne comme un voleur. Tous, en effet, vous êtes fils de la lumière, fils du jour… » (1 Th 5, 2 – 5). Paul, comme Luc, type bien deux attitudes différentes. Comme dans toutes les autres lectures de ce dimanche, les Chrétiens sont donc invités ici à une attitude de témoignage : le témoignage de la foi auquel nous invitait le prophète de la première lecture dans une situation apparemment sans issue, à vues humaines ; le témoignage de l’amour dans la lettre aux Thessaloniciens : « Que le Seigneur vous donne à l’égard de tous les hommes un amour de plus en plus intense et débordant » ; le témoignage de l’espérance alors que tout semble s’écrouler dans cet évangile : « Redressez-vous et relevez la tête… Vous serez dignes… de paraître debout devant le Fils de l’homme ». « Les hommes mourront de peur », mais vous, vous serez debout parce que vous savez que « rien, ni la vie, ni la mort… ne peut nous séparer de l’amour de Dieu révélé dans le Christ » (Rm 8, 39). Ce triple témoignage, voilà bien le défi chrétien. Beau programme pour cet Avent qui commence ! —————————- Note 1 – On sait que dans le livre de Daniel, le Fils d’homme est en réalité un personnage collectif, le « peuple des saints du Très-Haut »

 

LA FEMME ADULTÈRE. – ST. AUGUSTIN D’HIPPONE

2 novembre, 2015

http://www.zenit.org/fr/articles/jesus-ecrit-sur-le-sable-nos-peches-sur-notre-coeur-son-pardon

TRENTE-TROISIÈME TRAITÉ.DEPUIS CES PAROLES DE L’ÉVANGILE : « PLUSIEURS DONC DE CETTE MULTITUDE AYANT ENTENDU CES MOTS », JUSQU’À CES AUTRES : « ET MOI, JE NE VOUS CONDAMNERAI PAS NON PLUS ALLEZ ET NE PÉCHEZ PLUS DÉSORMAIS ». (Chap. VII, 40-53 ; VIII, 1-11.) LA FEMME ADULTÈRE. St. Augustin d’Hippone.

Au lieu de croire en Jésus comme les émissaires qu’ils avaient envoyés pour s’emparer de lui, ou comme Nicodème, ses ennemis cherchaient toutes les occasions de le mettre en contradiction avec lui-même et avec la loi, afin de le faire condamner par le peuple. Ils lui amenèrent donc une femme surprise en adultère, voulant lui reprocher, s’il la condamnait, sa dureté; s’il la renvoyait absoute, son impiété : sans blesser les règles de la douceur, ni le respect dû à la loi, il leur rappela les imprescriptibles exigences de la justice, qui refuse à des coupables le droit de punir d’autres coupables. Ne comptons point exclusivement sur ta bonté ou sur la sévérité de Dieu, et en nous tenant éloignés de la présomption et du désespoir, nous resterons dans la vérité. 1. Votre charité s’en souvient : dans le discours précédent, et à l’occasion de la lecture qu’on avait faite dans l’Evangile, nous vous avons parlé du Saint-Esprit. Le Sauveur avait invité ceux qui croyaient en lui à s’abreuver à cette source d’eau vive; au moment où il parlait ainsi, il se trouvait au milieu d’ennemis qui pensaient à se saisir de lui et désiraient le faire mourir, mais n’y parvenaient point, parce qu’il ne le voulait pas. Lorsqu’il leur eut adressé ces paroles, il se produisit dans la foule un dissentiment prononcé entre les uns et les autres: ceux-ci soutenaient qu’il était le Christ, ceux-là disaient que le Christ ne sortirait pas de la Galilée. Pour ceux que les Pharisiens avaient envoyés afin de mettre la main sur lui, ils se retirèrent sans avoir commis le crime qu’on leur avait commandé, mais dans le sentiment de la plus vive admiration. Ils rendirent, en effet, témoignage de la divinité de sa doctrine, car à cette question de ceux qui les avaient envoyés: « Pourquoi ne l’avez-vous pas amené? » ils répondirent que jamais homme n’avait ainsi parlé devant eux. «Jamais personne n’a parlé comme lui ». Pour lui, il avait ainsi parlé, parce qu’il était Dieu et homme. Cependant, les Pharisiens ne voulurent point recevoir leur témoignage; aussi leur dirent-ils: « Auriez-vous été séduits- vous-mêmes? » Il est facile de voir que ses discours vous ont charmés. « Aucun des princes des prêtres et des Pharisiens a-t-il cru en lui ? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi est maudite ». Les hommes qui ne connaissaient pas la loi croyaient en Celui qui l’avait donnée; et ceux qui l’enseignaient en méprisaient l’Auteur. Par là s’accomplissait ce qu’avait dit le Sauveur lui-même : « Je suis venu, afin que ceux qui ne voient pas, voient, et que ceux qui voient, deviennent aveugles (1) ». Les Pharisiens étaient instruits, et ils se sont aveuglés, tandis que les rayons de la vérité ont éclairé les peuples auxquels la loi n’était pas connue, mais qui croyaient en Celui de qui émanait la loi. 2. Toutefois, « parmi les Pharisiens se trouvait Nicodème, qui était venu vers Jésus durant la nuit » ; ce n’était pas un incrédule, mais un homme timide, car, en s’approchant de la lumière durant la nuit, il avait voulu s’éclairer, et, sans néanmoins se faire con naître, il répondit aux Juifs : « Notre loi juge-t-elle un homme avant de l’avoir entendu et d’avoir connu ce qu’il a fait? » ils étaient effectivement assez mal disposés pour vouloir le condamner avant de le connaître. Quant à Nicodème, il savait, ou plutôt il s’imaginait que si seulement ils voulaient l’écouler avec patience, ils feraient, sans doute, ce qu’avaient fait leurs émissaires qui,au lieu de s’emparer de sa personne, avaient préféré croire en lui. « Ils lui répondirent », en préjugeant les dispositions de son coeur d’après les leurs: « Serais-tu aussi Galiléen ? » c’est-à-dire en quelque sorte infatué par le Galiléen. Le Sauveur portait le nom de Galiléen, 1. Jean, IX, 39.

parce que ses parents étaient de la ville de Nazareth. Quand je dis ses parents, j’entends parler seulement de Marie, et ne veux point dire qu’il ait eu un père selon la chair; il avait déjà, dans le ciel, un Père; aussi n’a-t-il eu ici-bas besoin que d’une mère. Ses deux naissances ont été merveilleuses : sa naissance divine s’est effectuée sans le concours d’une mère; comme homme, il n’a pas eu de père. Que répondirent donc à Nicodème tes docteurs de la loi? « Lis les Ecritures et vois que nul prophète ne s’est levé en Galilée ». Malgré cela, le Seigneur des Prophètes est sorti de ce pays-là. « Et chacun d’eux », dit l’Evangéliste, « s’en alla en sa maison ». 3. « De là, Jésus vint à la montagne ». C’était la montagne « des Oliviers », fertile en parfums et en huile. De fait, en quel endroit, sinon sur la montagne des Oliviers, le Christ pouvait-il se trouver mieux pour enseigner? L’étymologie du mot Christ, c’est fonction, car le nom grec Xisma se traduit en latin par celui d’onction. Il nous a oints, parce qu’il nous a destinés à lutter contre le démon. Au commencement du jour, « il parut de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint vers lui ; et, s’étant assis, il les enseignait ». Et l’on ne mettait pas la main sur lui, parce qu’il ne jugeait pas encore à propos de souffrir. 4. Mais voyez quel moyen ses ennemis employèrent pour mettre à l’épreuve la douceur de Jésus. « Les Scribes et les Pharisiens lui amenèrent une femme prise en adultère, et, l’ayant placée au milieu d’eux tous, ils lui dirent : Maître, cette femme a été prise en adultère; et, dans la loi, Moïse nous a commandé de lapider les adultères. Toi donc, que dis-tu? Ils parlaient ainsi pour le tenter, afin de pouvoir l’accuser ». L’accuser de quoi? L’avaient-ils surpris lui-même en quelque faute, ou bien, cette femme passait-elle pour avoir eu avec lui quelque rapport? Que veut donc dire l’Evangéliste en s’exprimant ainsi : « Pour le tenter, afin de pouvoir l’accuser ? » Il nous est facile, mes frères, de comprendre à quel suréminent et admirable degré le Sauveur a montré de la douceur. Ses ennemis remarquèrent en lui une trop grande douceur, une trop grande bonté ; car, longtemps auparavant, le Prophète avait dit de lui : « Armez-vous de votre glaive, ô le plus puissant des rois; revêtez-vous de votre gloire et de votre éclat; et, dans votre majesté, marchez à la victoire montez sur le char de la vérité, de la clémence et de la justice (1) ». En qualité de docteur, il a apporté sur la terre la vérité; comme libérateur, la douceur; en tant que sondant les consciences, la justice. Voilà pourquoi Isaïe avait annoncé d’avance qu’il régnerait dans l’Esprit-Saint (2). Quand il parlait, la vérité se reconnaissait dans ses discours, et s’il ne a’élevait pas contre ses ennemis, on ne pouvait qu’admirer sa mansuétude. En face de ces deux vertus de Jésus-Christ, de sa vérité et de sa douceur, ses ennemis se sentaient tourmentés par l’envie et la malignité jalouse; mais sa troisième qualité, la justice, fut pour eux un véritable sujet de scandale. Pourquoi ? Parce que la loi faisait un commandement exprès de lapider les adultères, et, sans aucun doute, elle ne pouvait prescrire ce qui était injuste ; dire autre chose que ce qu’ordonnait la loi, c’était se mettre en flagrant délit d’injustice. Ils se dirent donc à eux-mêmes: On a foi en sa véracité, on le voit plein de mansuétude; cherchons-lui querelle sous le rapport de la justice, Présentons-lui une femme surprise en adultère, et disons-lui ce que la loi ordonne de faire à cette malheureuse. S’il nous commande aussi de la lapider, il perdra sa réputation de douceur; s’il déclare la renvoyer sans la punir, sa justice sera mise en défaut, Pour ne rien perdre de cette bienveillance qui l’a rendu si aimable aux yeux du peuple, il se prononcera évidemment pour le renvoi de cette femme; ce sera, pour nous, la plus belle occasion de l’accuser lui-même. Nous le forçons à violer la loi et à devenu coupable; nous lui disons : Tu es ennemi de la loi; ta réponse est en contradiction avec le commandement de Moïse; tu vas même coutre les ordres de Celui qui nous a dicté ses volontés par le ministère de Moïse; tu es donc digne de mort; tu seras toi-même lapidé avec cette adultère. Par de telles paroles et de tels raisonnements, ils pourraient surexciter l’envie, chauffer l’accusation et faire prononcer la sentence. Mais qu’était-ce que cette lutte? La lutte entre la méchanceté et la droiture, entre la fausseté et la vérité, entre des coeurs corrompus et un coeur pur, entre la folie et 1. Ps. XLIV, 4, 5. — 2.Isa. XI.

la sagesse. Pouvaient-ils jamais lui tendre des piéges sans y tomber les premiers, tête baissée? Aussi, dans sa réponse, verrons-nous le Sauveur conserver toute sa justice et ne rien perdre de sa mansuétude. Au lieu de le prendre au piège qu’ils lui tendaient, les Juifs y furent pris les premiers, parce qu’ils ne croyaient pas en Celui qui pouvait les préserver de toute embûche. 5. Que leur répondit donc le Sauveur? Que leur répondit la vérité, la sagesse, et cette justice elle-même qu’ils se préparaient à attaquer injustement? Il ne leur dit point : Ne la lapidez pas, pour n’avoir pas l’air de parler contre la loi. Il se garda bien aussi de leur dire : Elle doit être lapidée, car il n’était point venu pour perdre ce qu’il avait trouvé, mais pour chercher ce qui était perdu (1). Quelle réponse leur fit-il donc? Voyez combien elle fut admirable de justice, de mansuétude et de vérité! « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre! » Quelle sagesse dans ces quelques mots! Comme il les remettait bien à leur place! Au dehors, ils portaient contre une femme une accusation passionnée; et ils ne rentraient pas au dedans d’eux-mêmes pour y scruter l’état de leur âme; ils jetaient les yeux sur une adultère, et ne portaient point leurs regards sur leur propre conscience. Prévaricateurs de la loi, ils prétendaient la faire accomplir, même en se servant de la fourberie; et, de fait, c’était de leur part de la fourberie, car en condamnant la femme adultère, ils faisaient semblant d’obéir à un sentiment de pudeur, et ils n’étaient eux-mêmes que des libertins. Juifs, vous avez entendu; vous aussi, Pharisiens; docteurs de la loi, vous avez entendu le gardien de la loi, mais vous n’avez pas encore compris votre Législateur. A-t-il voulu vous faire entendre autre chose, en écrivant avec son doigt sur la terre? La loi a été effectivement écrite par le doigt de Dieu; mais elle a été écrite sur la pierre à cause de la dureté du peuple d’Israël (2). Mais, pour le moment, le Seigneur écrivait sur la terre, parce qu’il cherchait à recueillir du fruit. Il vous a dit : Que la loi soit accomplie; qu’on lapide la femme adultère; mais, pour accomplir la loi des hommes qui méritent d’être eux-mêmes punis, ont-ils le droit de punir cette malheureuse ?

1. Luc, XIX, 10, — 2. Exod. XXXI, 18. Que chacun d’entre vous se considère lui-même, qu’il rentre au dedans de lui; qu’il s’assoie sur le tribunal de sa conscience; qu’il comparaisse en présence de ce juge intérieur; qu’il s’oblige à faire l’aveu de ses propres torts; car il sait qui il est, et personne, parmi les hommes, ne sait ce qui est dans l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui (1). On se trouve dans l’état de péché dès qu’on se considère soi-même: tous en sont là, et il n’y a pas le moindre doute à élever à ce sujet. Par conséquent, de deux choses l’une: ou renvoyez cette femme, ou subissez la peine que la loi édicte aussi contre vous. Si le Sauveur disait: Ne lapidez pas cette adultère, il serait par là même convaincu d’injustice. S’il disait : Lapidez-la, il mentirait à sa douceur habituelle; qu’il dise donc ce qu’il doit dire pour rester doux et juste : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre ». Voilà bien la sentence de la vraie justice. Une pécheresse doit être punie, mais pas de la main de gens qui ont la conscience souillée; la loi doit être accomplie, mais non par ceux qui la foulent eux-mêmes aux pieds. Oui, c’était la justice même qui s’exprimait par la bouche de Jésus; aussi, frappés par ces paroles comme par un trait énorme, ils se regardèrent mutuellement, et se reconnaissant coupables, « ils se retirèrent tous l’un après l’autre », et il ne resta que la misérable pécheresse en face de la bonté miséricordieuse. Après avoir ainsi blessé ses ennemis du dard de la justice, le Seigneur ne daigna pas même faire attention à leur chute, mais, détournant d’eux ses regards, et « se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre ». 6. Les Juifs s’étaient donc tous éloignés et l’avaient laissé seul avec la femme adultère: Jésus leva alors les yeux vers elle. Nous l’avons entendu tout à l’heure parler le langage de la justice; nous allons maintenant l’entendre parler celui de la bonté. A mon avis, la coupable avait ressenti une terreur moins vive à entendre ses accusateurs qu’à écouter ces paroles du Sauveur : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Dès que ceux-ci eurent reporté sur eux-mêmes leur attention, ils se reconnurent fautifs et en donnèrent la preuve en s’éloignant: ils laissèrent donc cette femme, souillée d’un 1. Cor. II, 11.

grand crime, en présence de celui qui était sans péché. Elle lui avait entendu dire: « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Aussi s’attendait-elle à une punition de la part de celui en qui l’on n’avait jamais découvert aucun péché. Pour lui, après avoir écarté ses ennemis par le langage de la justice, il leva vers elle des regards pleins de douceur et lui adressa cette question: « Personne ne t’a condamnée ? — Personne, Seigneur », répondit-elle. — Et il ajouta: « Je ne te condamnerai pas non plus ». Parce que tu n’as pas trouvé de péché en moi, tu as craint sans doute de me voir prononcer ta condamnation : eh bien, « je ne te condamnerai pas non plus ». Eh quoi, Seigneur, approuveriez-vous le péché ? Non certes, il ne l’approuve pas; car, écoute ce qui suit: « Va, et ne pèche plus à l’avenir ». Le Sauveur a donc prononcé une condamnation; mais ce qu’il a condamné, c’est le péché, et non le pécheur. S’il avait donné son approbation au crime, il aurait dit : Je ne te condamnerai pas non plus; va, conduis-toi comme tu voudras, et sois sûre de mon indulgence; tant que tu pèches, je te préserverai de toute punition, même du feu et des supplices de l’enfer. Mais le Sauveur ne s’est pas exprimé ainsi. 7. Ceux qui aiment le Seigneur doivent se souvenir de sa mansuétude, sans oublier de craindre son immuable vérité; car « le Seigneur est plein de douceur et d’équité (1) ». Tu aimes en lui la bonté; redoute aussi sa droiture. La douceur lui a fait dire: « Je me suis tu »; mais sa justice lui a fait ajouter: « Toutefois, garderai-je toujours le silence (2)? Le Seigneur est miséricordieux et compatissant ». Evidemment, oui. Ajoute qu’il est « patient » : ne crains pas de dire qu’il est « prodigue de miséricorde », mais que cette dernière parole du Psalmiste t’inspire une crainte profonde : « Il est plein de vérité (3)». Aujourd’hui, il supporte ceux qui l’offensent; plus tard, il jugera ceux qui l’auront méprisé. « Est-ce que tu méprises les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longue tolérance? Ignores-tu que la bonté de Dieu t’invite à la pénitence ? » Et pourtant, par ta dureté et l’impénitence de ton coeur, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation 1. Ps. XXIV, 8. — 2. Is. XLII, 14 selon les Sept. — 3. Ps. LXXXV, 15.

du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres (1) ». Le Seigneur est rempli de douceur, de longanimité et de miséricorde; mais aussi il est plein de justice et de vérité. Il t’accorde le temps de te corriger; pour toi, tu préfères ce répit à ton amendement. Hier, tu as été méchant? Sois bon aujourd’hui. Tu as consacré au mal la journée présente ? Puisses-tu, du moins, te convertir demain. Tu attends sans cesse sans cesse tu te promets des merveilles de la bonté divine, comme si celui qui a promis le pardon à ton repentir s’était engagé à prolonger encore ton existence. Sais-tu ce que te réserve la journée de demain? Tu parles avec justesse, en disant dans le fond de ton coeur: Quand je me corrigerai, Dieu me pardonnera tous mes péchés. Nous ne pouvons, en effet, le nier : il a promis le pardon aux pécheurs corrigés et convertis; mais le Prophète, dont les paroles te servent à me prouver que Dieu nous a promis son pardon pour le cas où nous viendrions à nous convertir, ce Prophète ne t’annonce, nulle part, qu’il doive t’accorder une longue vie. 8. La présomption et le désespoir, voilà deux sentiments bien opposés l’un à l’autre, deux mouvements de l’âme tout contraires; ils mettent, néanmoins, également en danger le salut des hommes. Qui est-ce qui devient la victime d’une folle confiance? Celui qui dit : Dieu est bon et miséricordieux; libre à moi de faire ce qu’il me plaît, d’agir à ma guise : je lâche donc la bride à mes passions; je veux satisfaire tous les désirs de mon âme. Pourquoi cela ? Parce que Dieu est riche en miséricorde, en bonté, en douceur. On peut donc périr, même en espérant. De même en est-il du désespoir : en effet, lorsqu’un homme est tombé en de grandes fautes, et qu’il se désespère, il s’imagine que, malgré son repentir, il ne pourra jamais en obtenir le pardon; il se regarde comme fatalement réservé à la damnation; il raisonne à la manière des gladiateurs destinés à périr dans l’arène, et il se dit à lui-même s Me voilà dès maintenant damné ! Pourquoi ne pas faire ce que je désire? Les hommes livrés au désespoir sont redoutables, car ils ne craignent plus rien, et leur société est singulièrement dangereuse. Le désespoir tue donc les uns, comme la présomption tue les autres : 1. Rom. II, 4-6.

l’esprit flotte incertain entre ces deux sentiments si divers. Oui, il est à craindre pour toi de trouver dans cette présomption un germe de mort, et de tomber entre les mains du souverain Juge, au moment même où tu attendras encore beaucoup de la miséricorde divine : tu dois concevoir des craintes non moins vives à l’égard du désespoir; car, en t’imaginant qu’il est impossible d’obtenir le pardon des grandes fautes que tu as commises, tu pourrais bien ne pas faire pénitence et te condamner à avoir pour juge la Sagesse qui a dit: «Moi, je me rirai de votre ruine (1)». Que fait le Seigneur à l’égard de ceux qui sont atteints de l’une ou de l’autre de ces dangereuses maladies? A ceux dont la présomption compromet l’avenir, il adresse ces paroles : « Ne tarde pas à te convertir au Seigneur, et ne diffère pas de jour en jour; car sa colère viendra soudain, et, au jour 1. Prov. I, 26. de la vengeance, il te perdra (1)».Il dit aussi aux malheureux que ronge le désespoir « Quel que soit le jour où l’impie se convertisse, j’oublierai toutes ses iniquités (1) ». Aux hommes désespérés, il montre le port du pardon; pour ceux dont une aveugle confiance met le salut en péril, et qui se laissent tromper par d’interminables délais, il a rendu incertaine l’heure de la mort. Quand viendra ton dernier jour, lu n’en sais rien; et tu es un ingrat, puisqu’ayant, pour te convertir, le jour présent, tu n’en profites pas. Aussi, quand le Sauveur dit à la femme adultère: Et « moi, je ne te condamnerai pas non plus », il donna à ses paroles cette signification Sois tranquille sur le passé, mais prends garde à l’avenir. « Moi, je ne te condamnerai pas non plus ». J’ai effacé tes fautes, observe mes recommandations, et tu entreras en possession de ce que je t’ai promis. 1. Eccli. V, 8, 9. — 2. Ezéch. XVIII, 21, 22, 23.

LES TROIS SABBATS

1 septembre, 2015

http://www.richardlemay.com/LIV/FRA/REF/REFLesTroisSabbats.html

LES TROIS SABBATS

Ellet J. Waggoner

Quelqu’un peut en vérité parler de sabbats au pluriel seulement comme quelqu’un peut parler de plusieurs dieux. « Il n’y a qu’un seul Dieu. Car, s’il y a des êtres qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, comme il existe réellement plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, néanmoins pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes. » (1 Corinthiens 8.4-6). Ainsi, même s’il y a pour ainsi dire différents sabbats, il n’y a qu’un vrai sabbat, le Sabbat du Seigneur.

Le Sabbat du Seigneur
Le mot « sabbat » signifie repos. C’est un mot hébreu transposé en français. Lorsque les Hébreux utilisaient le mot « sabbat », ils y voyaient la même idée que nous voyons dans le mot « repos ». Le quatrième commandement nous dit donc en réalité : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. » (Exode 20.8-11 ).
Nous ne devons pas faire l’erreur de considérer le repos du Seigneur à partir de ce que les hommes sont accoutumés d’appeler un repos. Dieu n’est pas un homme. Nous devrions plutôt apprendre du repos de Dieu ce qu’est réellement le repos. Le repos de Dieu n’est pas un simple repos physique [consécutif à] de la fatigue. Nous le savons pour deux raisons : « Dieu est esprit » (Jean 4.24). Pas « un esprit » comme s’Il était un esprit parmi tant d’autres; mais Il est Esprit, tel que rendu dans la marge de la Version Révisée. Deuxièmement : « C’est le Dieu d’éternité, l’Éternel, qui a créé les extrémités de la terre; il ne se fatigue point, il ne se lasse point. » (Ésaïe 40.28). Le Seigneur ne S’est donc pas reposé parce qu’Il était fatigué, et Son repos n’est pas physique, mais spirituel, puisqu’Il est Esprit. « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. » (Jean 4.24 ).
Dieu S’est reposé, non parce qu’Il était fatigué, mais parce que Son oeuvre était terminée. Quand un travail est terminé et qu’il est bien fait, il ne reste que le repos. En six jours, Dieu a fini Son oeuvre et en l’examinant, Il a déclaré que tout était « très bon ». Il n’y avait aucun défaut en elle. Elle était sans faille devant Lui. Par conséquent, puisque l’oeuvre de Dieu était faite et bien faite à la fin du sixième jour, « Il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu’il avait faite. » Il n’eut aucune pensée de tristesse ni regret. Son repos ne fut pas dérangé, comme dans ce que l’homme appelle si souvent le repos, par quelque pensée du genre : « Je dois aller travailler encore demain » ou « J’aurais souhaité faire cette portion un peu différemment » ou « si je pouvais la refaire, j’y ferais une amélioration » ou encore « le travail du dernier jour est si mauvais que je ne peux en supporter la vue; j’étais tellement fatigué que lorsque je m’y suis mis, je n’ai pu en faire même la moitié. » Non, rien de tel. Chaque partie de l’oeuvre, même l’homme, était aussi parfaite qu’il était possible de l’être et Dieu a pris plaisir à contempler l’oeuvre dont Il se reposait, parce qu’elle était complète et parfaite.
C’est le repos qu’Il nous offre. Ce n’est pas quelque chose qu’Il nous impose, mais qu’Il nous donne dans Son amour et Sa bonté éternelle. Le repos n’est pas une tâche assignée à quelqu’un. Ce n’est pas un fardeau. Ceux qui considèrent le sabbat comme un fardeau n’ont aucune idée de ce qu’est le sabbat du Seigneur. C’est un repos, un repos parfait, non dérangé.
Jésus-Christ est Celui par Lequel les mondes ont été faits « car en Lui ont été créées toutes choses dans les cieux et sur la terre », c’est pourquoi Il est celui qui nous offre ce repos. Il appelle chaque âme : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Matthieu 11.28) On trouve le repos en Lui parce qu’en Lui sont complétées les oeuvres de Dieu. En Lui est la nouvelle création et si un homme est en Lui, il est une nouvelle créature. Sur la croix Jésus a crié « C’est fini », montrant que c’est dans Sa croix que nous trouvons le repos parfait qui vient seulement de l’oeuvre finie du Seigneur.
Ce repos s’obtient par la foi. « Nous qui croyons entrons en repos. » Comment cela? Parce que nous entrons en possession, par la foi, de l’oeuvre finie et parfaite du Seigneur. « L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jean 6.29). Croire en Lui signifie Le recevoir; et puisqu’en Lui les oeuvres de Dieu sont complètes, il s’ensuit qu’en croyant en Lui, nous trouvons le repos.
Le repos que Jésus donne, c’est le repos par rapport au péché. Les fatigués et chargés qu’Il appelle à Lui sont ceux qui sont accablés par le poids de leurs péchés. Tous les hommes le sont, « car tous ont péché ». Nos meilleures oeuvres n’ont aucune valeur. Christ aura un peuple qui sera « zélé pour les bonnes oeuvres » (Tite 2.14-15) ; mais les bonnes oeuvres doivent être celles que Dieu Lui-même a accomplies pour nous en Christ. Seule Son oeuvre est durable. « Son oeuvre est honorable et glorieuse; et Sa justice dure à jamais. » (Psaumes 111.3) Par conséquent, « c’est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. » (Éphésiens 2.8-10). Ce n’est pas « à cause des oeuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, qu’il a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur. » (Tite 3.5-6). C’est donc par les oeuvres de Dieu que nous sommes sauvés et non par les nôtres. Les bonnes oeuvres sont abondantes, et elles sont aussi pour nous, mais non par des oeuvres de notre part, seulement par l’oeuvre parfaite de Dieu en Jésus-Christ. Si les oeuvres étaient les nôtres, alors le repos serait le nôtre; mais Dieu nous donne Son repos, non le nôtre, parce que seules Ses oeuvres peuvent donner un repos parfait. « Il a fait ses oeuvres merveilleuses pour qu’on s’en souvienne » (Psaumes 111.4) ou, littéralement : « Il a fait un mémorial pour Ses oeuvres merveilleuses. »
Ce mémorial est le septième jour, le jour où Il S’est reposé de toutes Ses oeuvres. Ce jour, Il l’a béni et l’a sanctifié, l’a fait saint. Sa sainteté ne l’a jamais quitté car « tout ce que Dieu fait dure à toujours ». Peu importe ce que fait l’homme, peu importe comment il considère ce jour, Sa sainteté demeure [inchangée].
« Il reste donc un repos pour le peuple de Dieu », et le septième jour, que Dieu a déclaré être Son repos pour toujours, est le moyen par lequel Il nous fait connaître la perfection de Son repos, parce qu’Il nous appelle à contempler une nouvelle création achevée et parfaite. Il nous révèle le Dieu éternel, le Créateur non fatigué, tout puissant, qui a accompli et montré Sa grande bonté pour ceux qui se confient en Lui devant les fils des hommes. (Psaumes 31.19). Il nous rappelle que nous sommes « parfaits en lui qui est le chef de toute principauté et puissance ». Il nous dit que même si nous avons péché et amené la malédiction sur la parfaite création de Dieu, la croix de Christ, qui porte la malédiction, restaure et perpétue l’oeuvre parfaite de Dieu de sorte que par elle, nous pouvons paraître sans faute devant le trône de Dieu, tout comme au commencement, lorsque l’homme fut créé. « Grâces soient à Dieu pour son don ineffable. »

Le sabbat juif
Il existe ce qu’on appelle « le sabbat juif » ou le sabbat des Juifs, mais c’est une chose bien différente du Sabbat du Seigneur. Beaucoup de gens s’imaginent que si quelqu’un observe le septième jour, il garde le sabbat juif; mais ce n’est pas du tout le cas. Personne ne garde le sabbat juif s’il garde le Sabbat « selon le commandement ». La même différence existe entre le sabbat juif et le Sabbat du Seigneur qu’entre un homme et Dieu. Laissez-moi vous expliquer :
« Le septième jour est le Sabbat du Seigneur », mais nous avons vu que le repos du Seigneur est un repos spirituel, commémoré par le septième jour. Un homme peut cesser de travailler le septième jour de la semaine et ne pas garder le Sabbat du Seigneur. Si un homme cesse de travailler le vendredi soir au coucher du soleil et s’abstient de tout travail jusqu’au jour suivant au coucher du soleil, comme une simple forme de culte et pour mieux se préparer physiquement à retourner travailler, ou avec la pensée qu’il se décharge ainsi d’un devoir, et se gagne la faveur de Dieu, mais ce n’est pas là garder le Sabbat du Seigneur. Garder le Sabbat du Seigneur, c’est de se plaire dans le Seigneur. Ceux qui ne prennent pas plaisir dans le Seigneur ne gardent pas Son Sabbat, peu importe qu’ils s’abstiennent de travailler.
Il est absolument impossible pour quelqu’un qui n’est pas chrétien de garder le Sabbat du Seigneur; car, comme nous l’avons vu, le repos de Dieu vient seulement de Son oeuvre parfaite que l’on trouve uniquement en Christ. « Nous qui croyons entrons dans son repos. » Par conséquent, aucun Juif de nom, qui ne croie pas en Christ, ne garde le Sabbat du Seigneur même si, en apparence, il se repose le septième jour de la semaine. Son repos est son propre repos et non le repos du Seigneur.
Voyez-vous la différence? Le sabbat juif tombe le même jour de la semaine que le Sabbat du Seigneur, mais ce n’est pas du tout la même chose. Il représente seulement l’homme lui-même et son oeuvre personnelle. Au lieu d’être le signe de la justification par la foi dans l’oeuvre du Seigneur, c’est le signe de sa propre justice, tel qu’indiqué par la question que les Juifs posèrent à Jésus : « Que devrons-nous faire pour faire les oeuvres de Dieu? » Ils considéraient leurs propres oeuvres comme équivalentes à celles de Dieu. Leur obéissance n’était pas l’obéissance de la foi mais seulement une obéissance formaliste. Que le Seigneur nous délivre d’un tel sabbat! C’est de cela que nous sommes délivrés dans le Sabbat du Seigneur, car nous sommes sauvés de nos propres oeuvres et recevons les oeuvres parfaites du Seigneur. « Le septième jour est le Sabbat du Seigneur », mais faisons attention à ne pas en faire une simple caricature du repos. Prenons-le pour ce qu’il est : le repos du Seigneur.

Le sabbat papal
Il y a une chose entièrement différente du sabbat des Juifs et infiniment différente du Sabbat du Seigneur. Le Sabbat du Seigneur est l’acceptation des oeuvres mêmes de Dieu et du repos qui les accompagne, elles seules, Lui permettant de produire en nous à la fois le vouloir et le faire selon Son bon plaisir; le sabbat juif représente la vaine tentative d’hommes zélés et sûrs d’eux de faire les oeuvres que Dieu Lui-même fait et que Lui seul peut faire; mais le sabbat du pape signifie la substitution de l’oeuvre de Dieu par l’oeuvre de l’homme comme étant non seulement aussi bonne mais même meilleure. Il dispense même de la forme du commandement du Seigneur. Voyons comment.
Le Sabbat du Seigneur a été suffisamment traité pour le moment. Nous savons ce qu’il est. Nous avons vu que le sabbat des Juifs est l’observation de la forme du Sabbat du Seigneur, sans la substance qui ne peut venir que par la foi. Il tombe le même jour, mais c’est le sabbat de l’homme et non celui du Seigneur. Le sabbat papal n’a rien de commun avec le Sabbat du Seigneur, pas même (au niveau de) la forme, mais il le répudie totalement. Ainsi, un livre catholique romain intitulé « Une manière sure de découvrir la vraie religion » déclare :
« La sanctification du dimanche est une chose absolument nécessaire au salut; cependant elle ne paraît nulle part dans la Bible; au contraire, la Bible dit : ‘Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier’ (Exode 20.8) , c’est-à-dire le samedi et non le dimanche; cela signifie donc que la Bible ne contient pas toutes les choses nécessaires à notre salut. »
Ce n’est qu’une des nombreuses citations semblables qui peuvent être données, mais c’est suffisant pour montrer que par l’observation du dimanche, l’Église Catholique répudie délibérément la Parole du Seigneur et se place au-dessus d’elle. Elle a placé son sabbat en un jour tout à fait différent du Sabbat du Seigneur un jour que Dieu Lui-même n’aurait pu choisir comme Son sabbat puisque c’est celui où Il a commencé Son oeuvre afin de souligner sa prétention d’être au-dessus de Dieu. On voudrait ainsi enseigner aux hommes qu’ils doivent obéir à l’Église plutôt qu’à Dieu.
Notez que la citation parle de la nécessité de « garder saint le dimanche » [de le sanctifier]. Mais Dieu n’a fait du dimanche un jour saint. En fait, la Bible ne dit rien d’un tel jour. Elle reconnaît le premier jour de la semaine qu’elle appelle un jour ouvrable, mais le dimanche, un jour composé des parties de deux jours, a été inventé à Rome. Le seul jour dont Dieu ait jamais parlé comme étant saint est le septième jour de la semaine. Ce jour, Il l’a Lui-même fait saint et tout ce qu’Il nous demande, c’est de le garder saint. Mais puisque Dieu n’a pas fait du dimanche un jour saint, il en découle que si l’homme doit le garder saint, l’homme lui-même doit le rendre saint. Tout caractère sacré que le dimanche peut avoir dans le monde lui vient de l’homme. Le sabbat du dimanche, par conséquent, représente le signe de la prétendue capacité de l’homme de rendre les choses saintes. Car si l’homme peut rendre une seule chose sainte, il est évident qu’il peut rendre sainte n’importe quelle chose. Si l’homme peut rendre et garder un jour saint, alors il peut aussi se rendre saint et se garder saint. Le sabbat papal est donc le signe de la prétention du pape à prendre la place du Seigneur comme sanctificateur des pécheurs.
Tandis que le septième jour est le signe de la puissance de Dieu pour sauver par Ses propres oeuvres, le dimanche est le signe de la supposée puissance de l’homme de se sauver par ses propres oeuvres, indépendamment et en dépit du Seigneur. Il répudie le Seigneur en répudiant Sa Parole. Prenez note que ceci est dit du dimanche papal et non de tous ceux qui le considèrent comme un jour saint. Il y a des milliers de gens qui gardent le jour papal, supposant avec honnêteté qu’il est le Sabbat du Seigneur. De telles personnes, bien sûr, croient en la justification par la foi, même si elles observent involontairement le signe de la justification par les oeuvres. C’est pour leur bénéfice que cet article a été écrit, afin qu’elles puissent être totalement consistantes avec leur profession de foi. Nous traitons ici de faits, sans considérer la réaction des hommes à leur égard; et les faits sont que le Sabbat du Seigneur est la justification par la foi; le sabbat papal signifie la justification par les oeuvres, les oeuvres mêmes de l’homme. Pour lequel prendrez-vous position?

LA CROIX : ÉCHEC DE LA SAGESSE HUMAINE, SCANDALE ET FOLIE

29 juillet, 2015

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/200227.html

LA CROIX : ÉCHEC DE LA SAGESSE HUMAINE, SCANDALE ET FOLIE 

Approfondir

« Eh bien nous, nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs », affirme saint Paul

Échec de la sagesse humaine
La première étape met en crise toutes les prétentions humaines à la sagesse pour leur opposer la croix. Le verset 21 offre une expression condensée de l’échec de la sagesse : « puisque plongé dans la sagesse de Dieu, le monde n’a pas reconnu Dieu grâce à la sagesse de Dieu… ». Ni les œuvres de la création, ni la raison accordée à l’être humain lui-même n’ont conduit les hommes à reconnaître Dieu créateur ; ils n’ont su, dit la Lettre aux Romains, ni le glorifier ni lui rendre grâce ! Au contraire, les hommes ont fait des œuvres la création et de leur propre sagesse un objet d’idolâtrie sur lequel ils ont refermé la main. Aussi la sagesse des hommes affolée de son propre pouvoir s’est-elle recourbée sur elle-même et s’est-elle affaissée.
Dès lors, Dieu a choisi l’antithèse, l’opposé absolu de la sagesse, « la folie de la proclamation » qui appelle les hommes à la foi : « c’est par la folie de la proclamation que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient ». Folie qui renvoie dos-à-dos toutes les grandes traditions philosophiques et religieuses que l’humanité avait jusqu’alors parcourues : « Puisque les Juifs demandent des signes et les Grecs recherchent une sagesse… ». Les Grecs et les Juifs, dans la bouche du juif Paul, sont les deux parties constitutives de l’humanité. Or, les uns sont en quête de sagesse : la recherche de la connaissance et de la vérité occupe la philosophie grecque depuis des siècles, la raison y cherche une maîtrise du monde ; les autres réclament des signes : les Juifs attendent que la puissance de Dieu qui s’est manifestée jadis dans un acte spectaculaire de délivrance « à main forte et à bras étendu » se déploie à nouveau dans une intervention décisive, sauvant le peuple élu que distinguent les marques dans la chair.
« Eh bien nous, nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs ». Toutes les tentatives humaines pour s’assurer un pouvoir sur le monde et sur l’être humain, les tentations symétriques et opposées que sont pour les uns la recherche d’une sagesse supérieure qui sauve, pour les autres la certitude d’une élection qui les sépare pour leur donner la terre, tout cela revient à mettre la main sur Dieu et sur l’avenir de l’humanité. Tout cela, dit Paul, Dieu le balaie au nom d’une folie qui est celle de la croix et qu’il est chargé de proclamer.

Le scandale et la folie
Les deux mots sont lourds de sous-entendus, l’un dans le monde juif, l’autre dans le monde grec.
Nous avons réduit le scandale soit à son étymologie (la pierre que le pied heurte et qui fait tomber), soit à sa dimension sociale (ce qui heurte les représentations communes). Mais la croix est d’abord pour le monde juif un scandale d’ordre religieux. Dans la Lettre aux Galates, où Paul se bat contre la tentation judaïsante, il explicite le scandale : « Christ est devenu pour nous malédiction, car il est écrit : « maudit quiconque est pendu au bois »» (Ga 3,13). La citation de Dt 21,23 rappelle que pour la loi juive la pendaison est malédiction de Dieu : un Messie pendu au bois, un Messie crucifié est plus qu’une contradiction dans les termes, l’expression s’apparente au blasphème, et atteint l’image même de Dieu.
Symétriquement, pour le monde grec, la croix est objet d’horreur, moins par la cruauté du supplice que par l’ignominie de la condition sociale qu’elle évoque : c’est le supplice des esclaves et des criminels, le supplice humiliant par excellence. Un Messie crucifié est l’inverse de tout ce que la sagesse grecque dans sa quête de connaissance et d’intelligence peut rechercher. C’est une folie, et Paul n’emploie pas le terme grec de mania, cette folie envoyée par les dieux, qui peut caractériser le poète, voire le sage ou même le philosophe ; non, il choisit la môria, le contraire de l’intelligence spéculative ou pratique, la stupidité de la bête brute. Si la violence des termes et des représentations nous échappe largement, elle n’échappait pas aux Corinthiens : tout ce qu’ils avaient espéré comme avancée vers le monde de la connaissance, vers la seigneurie grecque de la raison, tout est balayé et renvoyé à la stupidité brute de la croix !

© Roselyne Dupont-Roc, Cahier Évangile n° 166, Le mystère de la croix, p. 11-12.

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