Archive pour la catégorie 'Noël 2009 (du Avent jusqu’à après Noël)'

Méditation sur Noël

14 décembre, 2009

du site: 

http://www.granby.net/~santschi/noel/npf03.htm

Méditation sur Noël

J’ai longuement médité en mon cœur le très beau texte de la naissance de Jésus, présenté par Luc au chapitre 2, ce merveilleux récit de résurrection – je ne t’apprends rien si je te dis que les évangiles nous parlent toujours de résurrection – .

En ce temps de l’avent, en ce temps de préparation, il convient de me re – cueillir pour ac – cueillir Celui qui veut faire de ma maison son temple saint ; Celui qui veut continûment naître en moi pour me créer à son image comme sa ressemblance ; Celui qui veut façonner mon cœur en un cœur de pauvre, un cœur qui accueille, donne, accueille et re – donne encore ; Celui qui tellement pauvre m’entraîne au désert pour que je ne sois distrait par rien, que j’entende son cri et que mon oreille se fasse attentive à Sa parole ; Celui qui veut combler mon cœur de tout son amour pour que toutes montagnes et toutes collines soient abaissées, toutes vallées et tous abîmes soient remplis, pour que je vienne à son appel, me tourne vers Lui et consente à L’héberger, Lui, l’Hôte infini.

Et, par toutes les Marie et les Joseph, par leurs mains que je peux saisir, par leurs mots que je peux entendre, le Seigneur vivant et vrai frappe à ma porte et m’appelle : il veut pénétrer chez moi pour prendre le repas avec moi, Lui près de moi et moi près de Lui. Il veut faire de mon cœur le temple de sa joie pour que, partout autour de moi, la vie, la beauté et la liberté surgissent ; pour que je sois le vitrail de sa splendeur ; pour que j’accepte qu’il naisse en moi et que je naisse en lui ; pour que son cœur soit la crèche où je veux naître et que le mien soit la sienne.

Alors les anges chanteront la gloire du Seigneur car il habite mon cœur et que j’habite le sien ; ils crieront « Hosanna au plus haut des cieux… » ce chant qui retentit dans mes entrailles parce qu’en moi s’est enracinée sa vie, éclate sa joie, et scintille le feu de sa résurrection. Et tout mon être devient ainsi son temple saint et mon silence crie sa puissance de tendresse et ma transparence laisse surgir sa lumière qui éclaire tout sur ma route.

Que Dieu naisse en moi, voilà toute sa volonté. En moi le ciel ou l’enfer. Il m’appartient que Dieu y fasse son ciel, qu’il y établisse son paradis pour que sa joie soit complète.

Quelle réponse donner à son amour? Voilà le sens tellement profond de Noël pour moi.

Et dans la chair souvent brisée et déchirée de l’Église, il m’invite à me nourrir de Lui, Nourriture de mon cœur que l’on a déposée dans la mangeoire.

À l’image de Marie, je veux me laisser pénétrer jusqu’aux entrailles par Jésus ressuscité pour qu’enraciné en moi sous l’influence du Souffle divin, je naisse en lui et que le cœur du Père frémisse de joie.

Jacques Corriveau

A propos du dimanche de « Gaudete »

13 décembre, 2009

du site:

http://missel.free.fr/Annee_C/avent/gaudete.html

A propos du dimanche de « Gaudete »

Au VIII° siècle, et encore au XII° siècle, lorsque les quatre dimanches de l’Avent étaient considérés comme les étapes d’un temps d’allégresse, tout à la joie de la venue prochaine du Rédempteur, le troisième dimanche était le point culminant de cette montée joyeuse vers Bethléem. Il porte le nom de « Gaudete » (ce qui signifie : « soyez joyeux ») en raison du premier mot de l’Introït[1]. Certes, parce qu’il est par excellence l’hymne de Noël, le « Gloria in excelsis Deo » ne réapparaît pas encore ; la liturgie romaine qui suspend les exercices pénitentiels le dimanche mais y célèbre cependant, depuis le début de l’Avent, en ornements violets et sans fleurs, tempère aujourd’hui ses rappels pénitentiels en prenant les ornements roses. « Par sa couleur, le symbole de la joie de l’Eglise, dont l’odeur figure les bonnes œuvres de la personne à honorer, alors que la rose elle-même, produite de la racine de Jessé, est mystiquement la fleur des champs et le lys de vallées dont parle l’Ecriture, c’est-à-dire Jésus né de Marie. »

Jadis, la station se faisait à Saint-Pierre de Rome où, pour l’occasion, le pape séjournait, y célébrait solennellement et y octroyait une gratification. Au milieu de la nuit, le pape et toute sa cour venaient à Saint-Léon pour se rendre à Saint-Grégoire où l’on encensait le maître-autel ainsi que les autels dédiés à saint Sébastien, à saint Tiburce et aux saints apôtres Simon et Jude, puis on se rendait vénérer le linge de sainte Véronique où, sur le chemin de la Croix, le Seigneur daigna imprimer sa face, et on encensait l’autel dédié à Marie. On montait ensuite, près de l’arc triomphal au Saint-Pasteur que l’on encensait, avant que de descendre encenser le tombeau de saint Pierre.

Les fiançailles de ceux qui se devaient marier après Noël étaient bénies au dimanche de Gaudete ainsi que les oriflammes et les bannières. Enfin, quand l’occasion se présentait, on sacrait ou couronnait les princes chrétiens.

Il ne reste souvent dans nos célébrations que l’emploi de la couleur rose. Les premiers chrétiens avaient boudé cette couleur parce que la fleur qu’elle rappelle avait une place de choix dans les cultes païens. Plus tard, le rose finit par entrer dans les symboles chrétiens, comme une image du martyr (saint Cyprien de Carthage, saint Jérôme) et de la pudeur (saint Jérôme). Si Tertullien et Clément d’Alexandrie avaient condamné les roses, saint Basile et saint Ambroise les montrèrent sans épines dans le paradis terrestre. Si Prudence loue sainte Eulalie d’avoir toujours méprisé les couronnes de roses, les ornements d’ambre et les colliers d’or, il affirme que, au ciel, les vierges cueillent « l’une des violettes et l’autre des roses » ; cette idée se trouve déjà dans la passion de sainte Perpétue : « dans la patrie des justes, la terre est toute embaumée de rosiers aux fleurs empourprées qui la couvrent, et, arrosée par des sources vives, elle y produit de brillants soucis, de molles violettes et le tendre safran ». Fortunat de Poitiers, montrant le jardin de la reine Ultrogothe, veuve de Childebert, parle « du parfum des roses du Paradis[2] » ; il félicite sainte Radegonde et l’abbesse Agnès de réserver les roses pour orner les églises. Charlemagne fit mettre des roses dans tous les jardins de ses résidences et métairies, tandis qu’Alcuin les cultivait dans le jardinet de sa cellule, peu avant que Walafrid Strabon la déclarât « fleur des fleurs[3]. »

Utilisée au troisième dimanche de l’Avent (Gaudete) et au quatrième dimanche du Carême (Lætare), la couleur rose, couleur de l’aurore, marque, au milieu des temps de pénitence, une pause où l’Eglise vise à mieux faire entrevoir la joie qu’elle prépare (Noël ou Pâques), à donner courage pour les dernières étapes à parcourir,  et à rendre grâce pour les œuvres déjà accomplies :  « Aux armes des religieuses l’ont met une couronne composée de branches de rosier blanc avec ses feuilles, ses roses et ses épines, qui dénote la chasteté qu’elles ont conservée parmi les épines et les mortifications de la vie[4]. »

Jadis, où l’on était plus attentif qu’aujourd’hui à conformer l’environnement du culte à l’esprit de la liturgie célébrée, on pouvait, les dimanches roses (Gaudete etLætare), contrairement aux autres dimanches de l’Avent et du Carême, parer l’autel de fleurs, sonner toutes les cloches et toucher les orgues alors que les diacres et les sous-diacres prenaient la tunique et dalmatique qu’ils avaient abandonnées au début de l’Avent ou du Carême.

La couleur rose emprunte sa signification au rouge, symbole de l’amour divin, et au blanc, symbole de la sagesse divine, dont la combinaison signifie l’amour de l’homme régénéré par la pénitence pour la sagesse divine reçue dans la Révélation ; « couleur agréable, odeur réconfortante, aspect qui donne la joie[5]. »

De fait, c’est moins la fleur qui inspire ici le symboliste que la rosée, l’eau tombée du ciel, que les juifs regardaient comme un signe de bénédiction. Sans doute faut-il rappeler que les vents de la mer, soufflant de l’Ouest, apportent vers la Palestine un air humide qui, les nuits d’août à octobre où il ne pleut pas, permet la croissance des végétaux ; la rosée est donc un symbole de prospérité et signe de bénédiction, ainsi qu’en témoigne souvent l’Ancien Testament : « Que Dieu te donne avec la rosée du ciel et de gras terroirs, abondance de froment et de vin nouveau[6] » ; « Béni de Yahvé, son Pays ! A lui le don exquis du ciel en haut (la rosée) et de l’abîme qui s’étale en bas (les sources[7]) »; « C’est comme le rosée de l’Hermon qui descend sur les montagnes de Sion, car c’est là que Yahvé a établi la bénédiction, la vie à jamais[8] »; « Je serai comme la rosée pour Israël, il fleurira comme le lys, il enfoncera ses racines comme le peuplier.[9] »

En revanche, l’absence de rosée est un signe de châtiment comme on peut le voir, par exemple, chez le prophète Agée : « Réfléchissez sur votre sort : vous attendiez beaucoup et il n’y a eu que peu. Et ce que vous avez ramené à la maison, j’ai soufflé dessus ! A cause de quoi ? – oracle de Yahvé des armées – à cause de ma maison qui, elle, est en ruine, alors que vous courez chacun pour sa maison. Voilà pourquoi le ciel a retenu la rosée, et la terre a retenu sa récolte[10]. » La rosée est aussi le symbole de la Parole divine reçue par les fidèles  qui, s’ils s’y conforment, leur communique la sagesse et leur ouvre le salut par les voies de la justice, ainsi que le note le Deutéronome : Que ma parole s’épande comme la rosée[11]. » Pendant tout le temps de l’Avent, nous chantons : « Rorate cæli de super et nubes pluant justum ! » (Cieux, versez votre rosée et que les nuées fassent pleuvoir le juste !)

Le chevalier Morini qui, au temps de Grégoire XVI (1831-1846), fut un des officiers de la cour pontificale, écrivait[12] que la couleur rose est considérée comme tenant le milieu entre le pourpre et le violet ; figurant la joie que l’Eglise ressent aux approches de Noël et de Pâques, parce que la rose a trois propriétés : l’odeur, la couleur et le goût, que l’on peut considérer comme représentant la charité, la joie et la satiété spirituelle qui sont la figure du Christ, ainsi, saint Bède le Vénérable dit[13] qu’au VII° siècle, le tombeau du Christ était peint d’une couleur mélangée de blanc et de rouge.

Les habitués des Litanies de Lorette qui se souviendront que la Vierge Marie y est honorée et priée comme la Rose mystique pourront la prier ainsi : « O Rose parfumée, vermeille et pudique, qui avez toujours été épanouie  et  ornée  de couleurs  plus belles que l’arc-en-ciel, ô Rose bénie entre toutes les fleurs qui embaument la jardin mystique de l’Eglise, ô Rose, délice et ornement de la cour céleste, force et secours des faibles mortels qui sont attirés par l’odeur de votre piété à vous aimer et à vous invoquer comme leur protectrice spéciale dans tous leurs besoins, fortifiez, je vous en supplie, la vertu chancelante de mon cœur languissant par vos parfums, par la douce vivacité de vos couleurs et par l’abondante rosée des grâces dont vous êtes remplie, afin qu’animé par le désir de bénéficier de vos mérites, je m’efforce d’imiter vos vertus.

O Rose mystique, ô Mère et Vierge d’une chaste et incomparable fécondité, inspirez-moi un ardent amour pour la pureté de cœur, pour la mortification de mes passions pour la garde de mes sens intérieurs et extérieurs, afin que je puisse vous ressembler et vous plaire. Donnez-moi des mœurs pures et une volonté forte pour remplir mes devoirs envers Dieu, envers le prochain et envers moi-même. Que, par votre toute-puissante intercession, je plaise aux regards purs de Dieu et que j’en sois béni. J’obtiendrai infailliblement cette grâce si vous m’attirez fortement par la suave odeur de vos vertus et si vous m’animez par l’efficacité de votre puissant secours. O Vierge et Mère, candide et vermeille Rose de Dieu, priez pour moi qui ai recours à vous. »

——————————————————————————–

[1] « Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete » (soyez toujours joyeux dans le Seigneur ; encore une fois, soyez toujours joyeux).
[2] Saint Fortunat : « Carmina » (VI 6), « De horto Ultrogothonis reginæ ».
[3] Walafrid Strabon : « Hortulus ad Grimaldum. »
[4] Le « Palais de l’Honneur ».
[5] « Ordo Romanus », XIV 81.
[6] Livre de la Genèse, XXVII 28.
[7] Livre du Deutéronome, XXXIII 13.
[8] Psaume CXXXIII 3.
[9] Livre du prophète Osée, XIV 6.
[10] Livre du prophète Agée, I 8-10.
[11] Livre du Deutéronome, XXII 2.
[12] Morini : « Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica ».
[13] Saint Bède le Vénérable : « Histoire de l’Angleterre »,  V 16.

Liturgie latine : Hymne de l’Avent : Rorate caeli (trad. Liturgie chorale du peuple de Dieu)

11 décembre, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091211

Le vendredi de la 2e semaine de l’Avent (de la férie) : Mt 11,16-19
Commentaire du jour
Liturgie latine
Hymne de l’Avent : Rorate caeli (trad. Liturgie chorale du peuple de Dieu)

Se convertir aux appels répétés de Dieu qui vient

Ne t’irrite pas, Seigneur, ne garde pas le souvenir de nos péchés. Voici que ta cité sainte Sion a été dévastée, Jérusalem, le séjour de ta sainteté et de ta gloire, là où nos pères ont chanté tes louanges. Cieux, répandez votre justice, que des nuées vienne le salut. (cf Is 64,8s; 45,8)

Nous avons péché, et nous sommes devenus semblables aux païens. Nous sommes tombés comme des feuilles mortes, et nos péchés nous ont emportés loin de toi. Tu nous as caché ton visage, et tu nous as brisés à cause de nos péchés. Cieux, répandez votre justice, que des nuées vienne le salut. (cf Is 64,5s)

Regarde, Seigneur, l’abattement de ton peuple et envoie celui qui doit venir ! Envoie l’Agneau, le souverain de l’univers, du rocher du désert jusqu’à la montagne de la Fille de Sion, et qu’il nous délivre du joug de nos péchés. Cieux, répandez votre justice, que des nuées vienne le salut. (cf Ap 5,12; Ps 77,15; Is 9,3)

Console-toi, console-toi, ô mon peuple, car bientôt viendra ton Sauveur et ton roi. Pourquoi et laisses-tu consumer par la tristesse ? Parce que ta douleur t’a repris ? Je te sauverai, ne crains pas. Car je suis ton Sauveur, ton Seigneur et ton Dieu, le Saint d’Israël, ton berger, ton rédempteur. Cieux, répandez votre justice, que des nuées vienne le salut. (cf Is 40,1s)

Première prédication de l´Avent au Vatican, par le père Cantalamessa

7 décembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-22875?l=french

Première prédication de l´Avent au Vatican, par le père Cantalamessa

En présence du pape Benoît XVI et de la curie romaine

ROME, Vendredi 4 décembre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la première prédication de l’Avent prononcée ce vendredi matin par le P. Raniero Cantalamessa O.F.M. Cap., prédicateur de la Maison pontificale, en présence du pape Benoît XVI et de la curie romaine, dans la chapelle Redemptoris Mater, au Vatican.

Première prédication

« Serviteurs et amis de Jésus Christ »

1. A la source de tout sacerdoce

Dans le choix du thème à proposer pour ces prédications à la Maison pontificale j’essaie toujours de me laisser guider par la grâce particulière que l’Eglise est en train de vivre. L’an dernier, c’était la grâce de l’Année Saint-Paul, cette année, c’est la grâce de l’Année sacerdotale que nous vous sommes tous, Saint-Père, profondément reconnaissants d’avoir proclamée.
Le Concile Vatican II a consacré un document entier, le Presbyteroroum ordinis, au thème du sacerdoce ; en 1992, Jean-Paul II a adressé à toute l’Eglise l’exhortation post-synodale Pastores dabo vobis, sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles ; en convoquant cette Année sacerdotale, le Souverain Pontife actuel a tracé un bref mais intense profil du prêtre à la lumière de la vie du saint Curé d’Ars. Il y a eu d’innombrables interventions d’évêques particuliers sur ce thème, sans parler des livres écrits sur la figure et la mission du prêtre, au cours du siècle qui vient de s’achever, dont certains constituent de très grandes œuvres littéraires.

Que peut-on ajouter à tout cela dans le bref temps d’une méditation ? Je me sens encouragé par le dicton par lequel, je me souviens, un prédicateur commençait son cours d’exercices : « Non nova ut sciatis, sed vetera ut faciatis » : l’important n’est pas de connaître des choses nouvelles, mais de mettre en pratique celles que l’on connaît. Je renonce par conséquent à toute tentative de synthèse doctrinale, de présentations globales ou de profils idéaux sur le prêtre (je n’en aurais ni le temps, ni la capacité) et je tente, si possible, de faire vibrer notre cœur sacerdotal, au contact de quelque parole de Dieu.

La parole des Ecritures qui nous servira de fil conducteur est 1 Corinthiens 4, 1 dont nombre d’entre nous se souviennent dans la traduction latine de la Vulgate : « Sic nos existimet homo ut ministros Christi et dispensatores mysteriorum Dei » : « Qu’on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu ». Nous pouvons y ajouter, pour certains aspects, la définition de la Lettre aux Hébreux : « Tout grand prêtre, en effet, pris d’entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu » (He 5, 1).

Ces phrases ont l’avantage de nous ramener aux racines communes de tout sacerdoce, c’est-à-dire au stade de la révélation où le ministère apostolique ne s’est pas encore diversifié, donnant lieu à trois degrés canoniques d’évêques, prêtres et diacres qui, au moins en ce qui concerne les fonctions respectives, ne deviendront clairs qu’avec saint Ignace d’Antioche, au début du IIe siècle. Cette racine commune est mise en lumière par le Catéchisme de l’Eglise catholique qui définit l’Ordre sacré comme « le sacrement grâce auquel la mission confiée par le Christ à ses Apôtres continue à être exercée dans l’Église jusqu’à la fin des temps : il est donc le sacrement du ministère apostolique » (n. 1536).

C’est à ce stade initial que nous tenterons de nous référer le plus possible dans nos méditations, afin de recueillir l’essence du ministère sacerdotal. Pendant cet Avent, nous ne prendrons en considération que la première partie de la phrase de l’Apôtre : « Serviteurs du Christ ». Si Dieu le veut, nous poursuivrons notre réflexion pendant le Carême, en méditant sur ce que signifie pour un prêtre être « administrateur des mystères de Dieu » et quels sont les mystères qu’il doit administrer.

« Serviteurs du Christ ! » (avec le point d’exclamation, pour indiquer la grandeur, la dignité et la beauté de ce titre) : voilà la parole qui devrait toucher notre cœur dans cette méditation et le faire vibrer d’un saint orgueil. Ici, il n’est pas question des services pratiques ou ministériels, comme administrer la parole et les sacrements (de cela, comme je le disais, nous parlerons pendant le Carême) ; nous ne parlons pas, en d’autres termes, du service en tant que acte, mais du service en tant qu’état, en tant que vocation fondamentale et en tant qu’identité du prêtre, et nous en parlons dans le sens et l’esprit même de Paul qui, au début de ses lettres se présente toujours ainsi : « Paul, serviteur du Christ Jésus, apôtre par vocation ».

Sur le passeport invisible du prêtre, celui avec lequel il se présente chaque jour devant Dieu et devant son peuple, à côté de « profession », on devrait pouvoir lire : « Serviteur de Jésus Christ ». Tous les chrétiens sont naturellement serviteurs du Christ, mais le prêtre l’est à un titre et dans un sens tout particulier, de même que tous les baptisés sont prêtres, mais le ministre ordonné l’est à un titre et dans un sens différent et supérieur.

2. Continuateurs de l’œuvre du Christ
Le service essentiel que le prêtre est appelé à rendre au Christ est celui de continuer son œuvre dans le monde : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20, 21). Dans sa célèbre Lettre aux Corinthiens, le Pape saint Clément commente : « Le Christ est envoyé par Dieu et les Apôtres par le Christ… Ceux-ci, qui prêchaient partout dans les campagnes et dans les villes, nommèrent leurs premiers successeurs, qui ont été mis à l’épreuve par l’Esprit, pour être évêques et diacres ». Le Christ est envoyé par le Père, les apôtres par le Christ, les évêques par les apôtres : ceci est la première énonciation claire du principe de la succession apostolique.

Mais cette parole de Jésus n’a pas uniquement une signification juridique et formelle. En d’autres termes, elle ne fonde pas seulement le droit des ministres ordonnés de parler en tant qu’ « envoyés » du Christ ; elle indique également le motif et le contenu de ce mandat qui est le même que le mandat par lequel le Père a envoyé son Fils dans le monde. Et pourquoi Dieu a-t-il envoyé son Fils dans le monde ? Ici également nous renonçons à des réponses globales, exhaustives, pour lesquelles il faudrait lire tout l’évangile ; seulement quelques déclarations programmatiques de Jésus.

Devant Pilate, il affirme solennellement : « Je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37). Continuer l’œuvre du Christ comporte donc, pour le prêtre, le fait de rendre témoignage à la vérité, de faire briller la lumière du vrai. Il faut seulement tenir compte de la double signification du mot vérité, aletheia, chez Jean. Cette signification oscille entre la réalité divine et la connaissance de la réalité divine, entre une signification ontologique ou objective et une signification gnoséologique ou subjective. La vérité est « la réalité éternelle telle qu’elle a été révélée aux hommes, qui se réfère aussi bien à la réalité elle-même qu’à sa révélation »1.

L’interprétation traditionnelle a compris la « vérité » surtout dans le sens de révélation et connaissance de la vérité ; en d’autres termes, comme vérité dogmatique. Ceci est certes une tâche essentielle. L’Eglise, dans son ensemble, l’accomplit à travers le magistère, des conciles, des théologiens, et le prêtre individuel qui prêche au peuple la « saine doctrine ».

Cependant, il ne faut pas oublier l’autre signification de la vérité, chez Jean : celle de réalité connue, plus que de connaissance de la réalité. A la lumière de cela, la tâche de l’Eglise et de chaque prêtre ne se limite pas à proclamer les vérités de la foi, mais doit aider à en faire l’expérience, à entrer dans une relation profonde et personnelle avec la réalité de Dieu, à travers l’Esprit Saint.

« La foi, a écrit saint Thomas d’Aquin, ne se termine pas à l’énoncé, mais à la chose » (« Fides non terminatur ad enuntiabile sed ad rem »). De la même manière, les maîtres de la foi ne peuvent pas se contenter d’enseigner les soi-disant vérités de foi, ils doivent aider les personnes à puiser la « chose », à ne pas avoir seulement une idée de Dieu mais à faire l’expérience de Dieu, selon le sens biblique de connaître, différent, comme nous le savons, du sens grec et philosophique.

La déclaration que Jésus prononce en présence de Nicodème est une autre déclaration programmatique d’intentions : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). Cette phrase doit être lue à la lumière de celle qui vient juste avant : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle ». Jésus est venu révéler aux hommes la volonté salvifique et l’amour miséricordieux du Père. Toute sa prédication est résumée dans la parole qu’il adresse à ses disciples lors de la dernière Cène : « Le Père lui-même vous aime ! » (Jn 16, 27).

Etre continuateur de l’œuvre du Christ, dans le monde, signifie adopter précisément cette attitude de fond vis-à-vis des personnes, également celles qui sont le plus éloignées. Ne pas juger, mais sauver. La manière de traiter les personnes, sur laquelle la Lettre aux Hébreux insiste le plus en décrivant la figure du Christ comme Grand Prêtre, et de tout prêtre, ne devrait pas passer inaperçue : la sympathie, le sens de la solidarité, la compassion pour le peuple.

Il est dit du Christ : « Nous n’avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d’une manière semblable, à l’exception du péché ». Il est dit du prêtre humain que « pris d’entre les hommes », il « est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d’offrir dons et sacrifices pour les péchés. Il peut ressentir de la commisération pour les ignorants et les égarés, puisqu’il est lui-même également enveloppé de faiblesse, et qu’à cause d’elle, il doit offrir pour lui-même des sacrifices pour le péché, comme il le fait pour le peuple » (He 4, 15-5, 1-3).

Il est vrai que dans les évangiles, Jésus se montre aussi sévère, juge et condamne. Mais avec qui le fait-il ? Pas avec les gens simples qui le suivaient et venaient l’écouter, mais avec les hypocrites, ceux qui se suffisent à eux-mêmes, les maîtres et les guides du peuple. Jésus n’était vraiment pas, comme on le dit de certains hommes politiques : « fort avec les faibles et faible avec les forts ». Il était tout le contraire !

3. Continuateurs, pas successeurs
Mais dans quel sens pouvons-nous parler des prêtres en tant que continuateurs de l’œuvre du Christ ? Dans toute institution humaine, comme l’empire romain à l’époque, les ordres religieux et toutes les entreprises du monde, aujourd’hui, les successeurs continuent l’œuvre, mais pas la personne du fondateur. Le fondateur est parfois corrigé, dépassé et même renié. Il n’en est pas ainsi dans l’Eglise. Jésus n’a pas de successeurs parce qu’il n’est pas mort, il est vivant ; « ressuscité des morts… la mort n’exerce plus de pouvoir sur lui ».

Quelle sera alors la tâche de ses ministres ? Celle de le représenter, c’est-à-dire de le rendre présent, de donner une forme visible à sa présence invisible. C’est en cela que consiste la dimension prophétique du sacerdoce. Avant le Christ, la prophétie consistait essentiellement à annoncer un salut futur, « dans les derniers jours », après lui, elle consiste à révéler au monde la présence cachée du Christ, à crier comme Jean-Baptiste : « Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas ».

Un jour, quelques Grecs « s’avancèrent vers Philippe… et ils lui firent cette demande : ‘Seigneur, nous voulons voir Jésus’ » (Jn 12, 21). C’est la demande, plus ou moins explicite, qu’a dans le cœur toute personne qui s’approche aujourd’hui d’un prêtre.

Saint Grégoire de Nysse a forgé une expression célèbre, généralement appliquée à l’expérience des mystiques : « Sentiment de présence »2. Le sentiment de présence est plus que la simple foi dans la présence du Christ ; c’est avoir le sentiment vivant, la perception presque physique de sa présence de Ressuscité. Si cela est vraiment de la mystique, ça signifie que tout prêtre doit être un mystique, ou au moins un « mystagogue », celui qui introduit les personnes dans le mystère de Dieu et du Christ, comme en les tenant par la main.

La tâche du prêtre n’est pas différente, même si elle lui est subordonnée, à celle que le Saint-Père indiquait comme une priorité absolue du successeur de Pierre et de l’Eglise tout entière dans la lettre adressée aux évêques le 10 mars dernier : « À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité… Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible : c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui ».

4. Serviteurs et amis

Mais nous devons maintenant faire un pas en avant dans notre réflexion. « Serviteurs de Jésus Christ ! » : ce titre ne devrait jamais se trouver seul ; il faut toujours y ajouter, au moins dans notre cœur, un autre titre : celui d’amis !

La racine commune à tous les ministères ordonnés qui se profileront par la suite, est le choix des Douze, que fit un jour Jésus ; c’est ce qui, de l’institution sacerdotale, remonte au Jésus historique. La liturgie place, il est vrai, l’institution du sacerdoce, le Jeudi saint, à cause de la parole que Jésus prononça après l’institution de l’Eucharistie : « Faites ceci en mémoire de moi ». Mais cette parole suppose aussi le choix des Douze, sans parler du fait que, prise seule, elle justifierait le rôle de sacrificateur et liturge du prêtre, mais pas celui, tout aussi fondamental, d’annonciateur de l’évangile.

Maintenant, qu’a dit Jésus à cette occasion ? Pourquoi a-t-il choisi les Douze, après avoir prié toute la nuit ? « Et il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 14-15). Etre avec Jésus et aller prêcher : être et aller, recevoir et donner : voilà en quelques mots l’essentiel de la tâche des collaborateurs du Christ.

Etre « avec » Jésus ne signifie bien sûr pas seulement une proximité physique ; il y a là, déjà, à l’état embryonnaire, toute la richesse que Paul renfermera dans la formule dense « en Christ » ou « avec le Christ ». Cela signifie partager tout de Jésus : sa vie itinérante, certes, mais aussi ses pensées, ses objectifs, son esprit. Le mot « compagnon » vient du latin médiéval et signifie celui qui a en commun (con-) le pain (panis), qui mange le même pain.

Dans ses discours d’adieu, Jésus fait un pas supplémentaire en complétant le titre de compagnons par celui d’amis : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15, 15).

Il y a quelque chose de touchant dans cette déclaration d’amour de Jésus. Je me souviendrai toujours du moment où il me fut donné, à moi aussi, l’espace d’un instant, de goûter un peu de cette émotion. Lors d’une rencontre de prière, quelqu’un avait ouvert la Bible et avait lu un passage de Jean. Le mot « ami » m’a touché avec une profondeur inouïe ; il a remué quelque chose en moi, au point que pendant tout le reste de la journée je ne cessais de me répéter à moi-même, rempli d’étonnement et d’incrédulité : Il m’a appelé ami ! Jésus de Nazareth, le Seigneur, mon Dieu ! Il m’a appelé ami ! Je suis son ami ! Et j’avais l’impression qu’avec une telle certitude, on pouvait voler sur les toits de la ville et même traverser le feu.

Quand il parle de l’amour de Jésus Christ, saint Paul semble toujours « ému » : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? » (Rm 8, 35), « il m’a aimé et s’est livré pour moi ! » (Ga 2, 20). Nous avons tendance à nous méfier de l’émotion et même à en avoir honte. Nous ne savons pas de quelle richesse nous nous privons. Jésus « frémit en son esprit », « se troubla » et « pleura » devant la veuve de Naïn (cf. Lc 7, 13) et les sœurs de Lazare (cf. Jn 11, 33.35). Un prêtre capable de s’émouvoir quand il parle de l’amour de Dieu et de la souffrance du Christ ou quand il reçoit la confidence d’une grande souffrance, est bien plus convainquant qu’avec des raisonnements infinis. S’émouvoir ne signifie pas forcément se mettre à pleurer ; c’est quelque chose que l’on perçoit dans les yeux, dans la voix. La Bible est remplie du pathos de Dieu.

5. L’âme de tout sacerdoce

Une relation personnelle, pleine de confiance et d’amitié, avec la personne de Jésus, constitue l’âme de tout sacerdoce. En vue de l’année sacerdotale, j’ai relu le livre de Dom Chautard « L’âme de tout apostolat » qui fit tant de bien et secoua tant de consciences dans les années précédant le concile. A une époque où les « œuvres paroissiales » telles que le cinéma, les patronages, les initiatives sociales, les cercles culturels, suscitaient un grand enthousiasme, l’auteur ramenait brusquement le discours au cœur du problème, en dénonçant le danger d’un activisme vide. « Dieu, écrivait-il, veut que Jésus soit la vie des œuvres ».

Il ne réduisait pas l’importance des activités pastorales, bien au contraire, mais il affirmait que sans une vie d’union avec le Christ, celles-ci n’étaient que des « béquilles » ou, comme les définissait saint Bernard, de « maudites occupations ». Jésus dit à Pierre : « Simon, m’aimes-tu ? Pais mes brebis ». L’action pastorale de tout ministre de l’Eglise, du pape jusqu’au dernier prêtre, n’est que l’expression concrète de l’amour pour le Christ. M’aimes-tu ? Alors, pais ! L’amour pour Jésus est ce qui fait la différence entre le prêtre fonctionnaire et manager et le prêtre serviteur du Christ et dispensateur des mystères de Dieu.

Le livre de Dom Chautard aurait très bien pu avoir pour titre « L’âme de tout sacerdoce », parce que c’est du prêtre dont il est question, en pratique, dans l’ensemble de l’ouvrage, comme agent et responsable en première ligne de la pastorale de l’Eglise. A l’époque, le danger contre lequel on voulait réagir était l’« américanisme ». L’Abbé fait en effet souvent référence à la lettre de Léon XIII « Testem benevolentiae » qui avait condamné cette « hérésie ».

Aujourd’hui, cette hérésie, si l’on peut parler d’hérésie, n’est plus seulement « américaine ». C’est une menace qui constitue un piège pour le clergé de toute l’Eglise, notamment à cause de la diminution du nombre de prêtres, et qui s’appelle activisme frénétique. (Du reste, une bonne partie des requêtes qui provenaient, à l’époque, des chrétiens des Etats-Unis, et en particulier du mouvement créé par le serviteur de Dieu Isaac Hecker, fondateur des Paulist Fathers, qualifiées d’ « américanisme », comme par exemple la liberté de conscience et la nécessité d’un dialogue avec le monde moderne, n’étaient pas des hérésies, mais des requêtes prophétiques que le Concile Vatican II, fera, en partie, siennes !).

Le premier pas, pour faire de Jésus l’âme de son sacerdoce, est de passer du Jésus personnage au Jésus personne. Le personnage est celui duquel on peut parler à l’envi, mais auquel et avec lequel personne ne songe à parler. On peut parler d’Alexandre le Grand, de Jules César, de Napoléon, autant qu’on le souhaite, mais si quelqu’un affirmait parler avec l’un d’eux, on l’enverrait immédiatement voir un psychiatre. La personne, en revanche, est quelqu’un avec qui et auquel on peut parler. Tant que Jésus reste un ensemble de nouvelles, de dogmes ou d’hérésies, quelqu’un que l’on place instinctivement dans le passé, un souvenir, et non une présence, c’est un personnage. Il faut se convaincre qu’il est vivant et présent, et qu’il est plus important de parler avec lui que de parler de lui.

L’une des caractéristiques les plus belles de la figure de don Camillo, de Guareschi, en tenant bien sûr compte du genre littéraire adopté, est sa manière de parler, à voix haute, avec Jésus sur la Croix, de tout ce qui se passe dans la paroisse. Si nous prenions l’habitude de le faire, de façon aussi spontanée, avec nos propres mots, combien de choses changeraient dans notre vie sacerdotale ! Nous nous rendrions compte que nous ne parlons jamais dans le vide, mais à quelqu’un qui est présent, écoute et répond, même s’il ne le fait pas à voix haute comme avec Don Camillo.

6. Mettre les « gros cailloux » à l’abri

De même qu’en Dieu toute l’œuvre extérieure de la création jaillit de sa vie intime, « du flux incessant de son amour », et de même que toute l’activité du Christ jaillit de son dialogue ininterrompu avec le Père, ainsi, toutes les œuvres du prêtre doivent être le prolongement de son union avec le Christ. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie », signifie aussi cela : « Je suis venu dans le monde sans me séparer du Père, vous, allez dans le monde sans vous séparer de moi ».

Lorsque ce contact s’interrompt, c’est comme lorsqu’il y a une coupure de courant dans une maison. Tout s’arrête, il fait noir, ou, s’il s’agit de l’approvisionnement en eau, les robinets ne donnent plus d’eau. On entend parfois dire : Comment peut-on rester prier tranquillement quand tant de besoins réclament notre présence ? Comment peut-on ne pas courir quand la maison brûle ? C’est vrai, mais imaginons ce qui arriverait à une équipe de pompiers qui accourrait, toutes sirènes hurlantes, pour éteindre un incendie et, parvenue sur le lieu de l’incendie, réaliserait qu’elle n’a pas de citerne, et donc pas même une goutte d’eau. C’est ce qui nous arrive, quand nous courrons prêcher ou accomplir tout autre ministère, vides de prière et d’Esprit Saint.

J’ai lu quelque part une histoire qui s’applique, me semble-t-il, de façon exemplaire, aux prêtres. Un jour, un vieux professeur fut appelé à intervenir, en tant qu’expert, sur la planification la plus efficace de son temps, devant les cadres supérieurs de quelques grosses compagnies d’Amérique du Nord. Il décida de tenter une expérience. Debout, il prit, de dessous la table, un grand vase en verre, vide. Il prit également une douzaine de cailloux de la grandeur d’une balle de tennis qu’il déposa un à un, délicatement, dans le vase, jusqu’en haut. Quand in ne fut plus possible d’ajouter des cailloux, il demanda aux élèves : « Le vase vous semble-t-il plein ? » et tous répondirent : « Oui ! ».

Il se pencha à nouveau et prit, de dessous la table, une boîte remplie de gravillon qu’il versa sur les gros cailloux, en bougeant le vase pour que le gravillon puisse descendre entre les gros cailloux jusqu’au fond. « Et maintenant, le vase est-il plein ? » demanda-t-il. Devenus plus prudents, les élèves commencèrent à comprendre et répondirent : « Peut-être pas encore ». Le vieux professeur se pencha à nouveau et pris cette fois un sachet de sable qu’il versa dans le vase. Le sable remplit les espaces entre les cailloux et le gravillon. Il demanda à nouveau : « Et maintenant, il est plein ? ». Tous, sans hésiter, répondirent : « Non ! ». En effet, le professeur prit la carafe qui se trouvait sur la table et versa l’eau jusqu’au ce que le vase fut rempli.

Puis il demanda : « Quelle grande vérité nous montre cette expérience ? ». Le plus audacieux répondit : « Cela montre que même quand notre emploi du temps est complètement rempli, avec un peu de bonne volonté, on peut toujours y ajouter un engagement supplémentaire, une autre chose à faire ». « Non », répondit le professeur. « Cette expérience montre que si l’on ne met pas d’abord les gros cailloux dans le vase, on ne réussira jamais plus à les faire entrer ». « Quels sont les gros cailloux, les priorités, dans votre vie ? L’important est de mettre ces gros cailloux d’abord dans vos emplois du temps ».

Saint Pierre a indiqué, une fois pour toutes, quels sont les gros cailloux, les priorités absolues des apôtres et de leurs successeurs, évêques et prêtres : « Quant à nous, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole » (Ac 6, 4).

Nous les prêtres, plus que quiconque, sommes exposés au danger de sacrifier l’important au profit de l’urgent. La prière, la préparation de l’homélie ou la préparation à la messe, l’étude et la formation, sont toutes des choses importantes, mais pas urgentes ; si on les reporte, le monde ne s’écroule pas, en apparence, alors qu’il y a une quantité de petites choses – une rencontre, un coup de téléphone, un petit travail matériel – qui sont urgentes. On finit ainsi par reporter continuellement les choses importantes à un « plus tard » qui n’arrive jamais.

Pour un prêtre, mettre d’abord les gros cailloux dans le vase peut signifier, très concrètement, commencer la journée par un temps de prière et de dialogue avec Dieu, afin que les activités et les engagements divers ne finissent pas par prendre toute la place.

Je termine par une prière de l’Abbé Chautard, qui est imprimée sur le programme de ces méditations : O Dieu, donnez à l’Eglise de nombreux apôtres, mais ravivez dans leur cœur une soif ardente d’intimité avec Vous ainsi qu’un désir d’œuvrer pour le bien du prochain. Donnez à tous une activité contemplative et une contemplation active. Ainsi soit-il !

Traduit de l’italien par ZENIT

1H. Dodd, L’interpretazione del Quarto Vangelo, Paideia, Brescia 1974, p. 227

2Gregorio Nisseno, Sul Cantico, XI, 5, 2 (PG 44, 1001) (aisthesis parousias)

Le secret de Mère Teresa pour célébrer « un vrai Noël », par le P. Cantalamessa

7 décembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-6916?l=french

Le secret de Mère Teresa pour célébrer « un vrai Noël », par le P. Cantalamessa

CITE DU VATICAN, Vendredi 19 Décembre 2003 (ZENIT.org) – L’amour de Jésus et le service des plus pauvres, dans la vie de Mère Teresa ont été au centre le la 3e prédication de l’avent offert par le prédicateur de la maison pontificale, le P. Raniero Cantalamessa, vendredi matin, en la chapelle Redemptoris Mater du Vatican, pour Jean-Paul II et la curie romaine.

Le sens de toute la vie de Mère Teresa, disait le Capucin, « est une personne : Jésus ».

« Pour la bienheureuse de Calcutta, Jésus n’était pas une abstraction, soulignait le prédicateur, ni un ensemble de doctrines ou de dogmes ou le souvenir d’une personne ayant vécu à une autre époque. Mais un Jésus vivant, réel, quelqu’un qu’elle regardait dans son propre cœur et par qui elle se laissait regarder ».

« A la question : Qui est Jésus pour moi? Elle répondait par une litanie de titres inspirés : Jésus est la parole à dire, la vie à vivre, l’amour à aimer, la joie à partager, le sacrifice à offrir, la paix à apporter, le pain de la vie à manger ».

L’une des paroles les plus fameuses de Mère Teresa est, soulignait le P. Cantalamessa, « le fruit de l’amour est le service, et le fruit du service est la paix ».

L’amour du Seigneur et le service des pauvres naissent donc ensemble, expliquait-il. Pour elle, Jésus est présent « sous l’apparence déconcertante du pauvre ».

Mère Teresa qui se penche sur un moribond est, disait le prédicateur « l’icône de la tendresse de Dieu ».

« Mère Teresa a su donner aux pauvres non seulement le pain, les vêtements, les médicaments, mais aussi ce dont ils ont le plus besoin : amour, chaleur humaine, dignité », ajoutait le prédicateur.

Il citait ce souvenir de Mère Teresa qui avait recueilli un homme trouvé sur une décharge, et dont la chair était déjà mangée de vers : « Ma sœur, disait-il, j’ai vécu dans la rue comme un animal, mais je meurs maintenant comme un ange ».

Elle nous a rappelé, disait encore le P. Cantalamessa, que « la vraie grandeur ne se mesure pas par le pouvoir exercé, mais par le service rendu ».

Un service dont fait aussi partie « l’exercice de l’autorité, et le magistère ecclésiastique ».

Le Capucin citait à ce propos l’exemple de Jean-Paul II « qui s’est consumé depuis vingt-cinq ans sous nos yeux dans le « service de l’Esprit ». Chez Jean-Paul II, disait-il, le titre de « Servus servorum Dei », « Serviteur des Serviteurs de Dieu », introduit par Saint Grégoire le Grand, n’a pas été un titre parmi d’autres, mais le résumé d’une vie. Ce service là aussi, comme celui de Mère Teresa a eu sa source dans l’amour de Jésus.

Le P. Cantalamessa suggérait ainsi l’état d’esprit nécessaire pour se préparer à Noël : « Un cœur aimant est la seule crèche où Jésus aime venir à Noël ».

Mère Teresa, ajoutait-il, nous rappelle aujourd’hui « quel a été le ressort secret de son service des pauvres et de toute sa vie : l’amour de Jésus ».

Tel est également, concluait-il, « le secret pour célébrer un vrai Noël ».

Premières vêpres de l´Avent : Homélie de Benoît XVI

3 décembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-22826?l=french

Premières vêpres de l´Avent : Homélie de Benoît XVI

Célébration du 28 novembre en la Basilique Saint-Pierre

ROME, Lundi 30 novembre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée ce samedi, lors des premières vêpres de l’Avent, qu’il a présidées en la Basilique Saint-Pierre.

Chers frères et sœurs,
A travers cette célébration des Vêpres, nous entrons dans le temps liturgique de l’Avent. Dans la lecture biblique que nous venons d’écouter, tirée de la première Lettre aux Thessaloniciens, l’apôtre Paul nous invite à préparer l’« Avènement de notre Seigneur Jésus Christ » (5, 23), en demeurant sans reproche, avec la grâce de Dieu. Paul utilise précisément le terme « Avènement », en latin adventus, dont dérive le terme Avent.

Réfléchissons brièvement sur la signification de ce terme, qui peut se traduire par « présence », « arrivée », « venue ». Dans le langage du monde antique, il s’agissait d’un terme technique utilisé pour indiquer l’arrivée d’un fonctionnaire, la visite du roi ou de l’empereur dans une province. Mais il pouvait également indiquer la venue de la divinité, qui sort de son lieu caché pour se manifester avec puissance, ou dont la présence est célébrée dans le culte. Les chrétiens adoptèrent le terme « avent » pour exprimer leur relation avec Jésus Christ : Jésus est le Roi, entré dans cette pauvre « province » appelée terre pour rendre visite à tous ; à la fête de son avent, il fait participer tous ceux qui croient en Lui, tous ceux qui croient dans sa présence dans l’assemblée liturgique. A travers le terme adventus, on voulait dire en substance : Dieu est ici, il ne s’est pas retiré du monde, il ne nous a pas laissés seuls. Même si nous ne pouvons pas le voir ni le toucher comme c’est le cas avec les réalités sensibles, Il est ici et vient nous rendre visite de multiples manières.

La signification de l’expression « avent » comprend donc également celle de visitatio, qui veut dire simplement et précisément « visite » ; dans ce cas, il s’agit d’une visite de Dieu : Il entre dans ma vie et veut s’adresser à moi. Nous faisons tous l’expérience, dans notre existence quotidienne, d’avoir peu de temps pour le Seigneur et peu de temps également pour nous. On finit par être absorbé par ce qu’il faut « faire ». N’est-il pas vrai que souvent, c’est précisément l’activité qui s’empare de nous, la société et ses multiples intérêts qui monopolisent notre attention ? N’est-il pas vrai que l’on consacre beaucoup de temps au divertissement et aux distractions en tout genre ? Parfois, les choses nous « submergent ». L’Avent, ce temps liturgique fort que nous commençons, nous invite à nous arrêter en silence pour comprendre une présence. C’est une invitation à comprendre que chaque événement de la journée est un signe que Dieu nous adresse, un signe de l’attention qu’il a pour chacun de nous. Combien de fois Dieu nous fait percevoir un signe de son amour ! Tenir, en quelque sorte, un « journal intérieur » de cet amour serait un devoir beau et salutaire pour notre vie ! L’Avent nous invite et nous encourage à contempler le Seigneur présent. La certitude de sa présence ne devrait-elle pas nous aider à voir le monde avec des yeux différents ? Ne devrait-elle pas nous aider à considérer toute notre existence comme une « visite », comme une façon dont Il peut venir à nous et devenir proche de nous, en toute situation ?

Un autre élément fondamental de l’Avent est l’attente, une attente qui est dans le même temps espérance. L’Avent nous pousse à comprendre le sens du temps et de l’histoire comme « kairós », comme occasion favorable pour notre salut. Jésus a illustré cette réalité mystérieuse dans de nombreuses paraboles : dans le récit des serviteurs invités à attendre le retour du maître ; dans la parabole des vierges qui attendent l’époux ; ou dans celle de la semence et de la moisson. L’homme, au cours de sa vie, est en attente permanente : quand il est enfant, il veut grandir, adulte, il tend à la réalisation et au succès, en avançant en âge, il aspire à un repos mérité. Mais arrive le temps où il découvre qu’il a trop peu espéré, au-delà de la profession ou de la position sociale, il ne lui reste rien d’autre à espérer. L’espérance marque le chemin de l’humanité, mais pour les chrétiens elle est animée par une certitude : le Seigneur est présent tout au long de notre vie, il nous accompagne et un jour il essuiera aussi nos larmes. Un jour, bientôt, tout trouvera son accomplissement dans le Royaume de Dieu, Royaume de justice et de paix.

Mais il y a des manières très différentes d’attendre. Si le temps n’est pas rempli par un présent doté de sens, l’attente risque de devenir insupportable ; si on attend quelque chose, mais que pour le moment il n’y a rien, c’est-à-dire que si le présent reste vide, chaque instant qui passe apparaît exagérément long, et l’attente se transforme en un poids trop lourd, parce que l’avenir reste tout à fait incertain. Lorsqu’en revanche le temps prend du sens, et en tout instant nous percevons quelque chose de spécifique et de valable, alors la joie de l’attente rend le présent plus précieux. Chers frères et sœurs, vivons intensément le présent où nous arrivent déjà les dons du Seigneur, vivons-le projetés vers l’avenir, un avenir chargé d’espérance. L’Avent chrétien devient de cette manière une occasion pour réveiller en nous le sens véritable de l’attente, en revenant au cœur de notre foi qui est le mystère du Christ, le Messie attendu pendant de longs siècles et né dans la pauvreté de Bethléem. En venant parmi nous, il nous a rendu et continue de nous offrir le don de son amour et de son salut. Présent parmi nous, il nous parle de différentes manières : dans l’Ecriture Sainte, dans l’année liturgique, dans les saints, dans les événements de la vie quotidienne, dans toute la création, qui change d’aspect selon que derrière elle Il est présent ou qu’elle est embrumée par le brouillard d’une origine incertaine et d’un avenir incertain. A notre tour, nous pouvons lui adresser la parole, lui présenter les souffrances qui nous affligent, l’impatience, les questions qui jaillissent de notre cœur. Soyons certains qu’il nous écoute toujours ! Et si Jésus est présent, il n’existe plus aucun temps vide et privé de sens. S’Il est présent, nous pouvons continuer à espérer même lorsque les autres ne peuvent plus nous assurer aucun soutien, même lorsque le présent devient difficile.

Chers amis, l’Avent est le temps de la présence et de l’attente de l’éternité. Précisément pour cette raison, c’est, de manière particulière, le temps de la joie, d’une joie intériorisée, qu’aucune souffrance ne peut effacer. La joie du fait que Dieu s’est fait enfant. Cette joie, présente en nous de manière invisible, nous encourage à aller de l’avant avec confiance. La Vierge Marie, par qui nous a été donné l’Enfant Jésus, est le modèle et le soutien de cette joie profonde. Puisse-t-elle nous obtenir, fidèle disciple de son Fils, la grâce de vivre ce temps liturgique vigilants et actifs dans l’attente. Amen !

Traduction française : Zenit

Par Mgr Bernard Podvin: Voici le temps de l’Avent !

2 décembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-22819?l=french

Voici le temps de l’Avent !

Par Mgr Bernard Podvin

ROME, Lundi 30 novembre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la méditation de Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, à l’occasion du début de la période de l’Avent.

* * *

Veilleurs au nom de Celui qui vient !

Avent. Adventus. Avènement. Tout est dit ! Nous n’attendons pas une venue quelconque. Elle sera un avènement. Nous n’attendons pas en vain. Les croyants prennent leur tenue de veilleurs. Comme le disait Jean-Paul II, en « sentinelles de l’aurore ». Quatre semaines pour préparer le chemin de Celui qui désire advenir en nos vies. L’actualité nous bouscule. Ici, un projet de loi sur la fin de vie. Là, des nouvelles pauvretés en croissance alarmante. Ici, la tension internationale concernant la prolifération nucléaire. Là, les inquiétudes climatiques et environnementales, FAO, Copenhague….

Les évêques de France se sont exprimés fortement à Lourdes. Invitant les communautés chrétiennes à un « Noël autrement » pour un « vivre autrement ». Créant notamment un groupe épiscopal de travail sur les questions écologiques. Rédigeant, depuis plusieurs semaines, des communiqués vigoureux : crise agricole, accueil du frère handicapé, euthanasie… Tels Jean-Baptiste ne s’encombrant pas de fioritures, ils appellent à revenir à l’essentiel. Tels le Précurseur, ils exhortent à un surcroît de vigilance. Il n’est pas anodin que l’encyclique de Benoît XVI suggère les critères d’une « civilisation de l’économie ». Il n’est pas anodin que le livre épiscopal français « Bioéthique, questions pour un discernement » soit attendu pour poursuivre le dialogue. Il n’est pas anodin qu’un roman relatant l’accueil d’un enfant vulnérable reçoive le prix du livre chrétien : « Le Sourire » de Claire Daudin.

Les communautés catholiques sont actives et ferventes à préparer la Nativité. Que l’on cesse de répandre que les cathos sont « ringards ». Ils sont au rendez-vous de Dieu fait homme.

Père Bernard Podvin

Porte-parole de la Conférence des évêques de France

Le 27 novembre 2009

Homélie de Benoît XVI pour la messe de la nuit de Noël (texte intégral)(25/12/2006 1.21.53, Année C du jour d’avent)

2 décembre, 2009

du site:

http://www.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=109848

(25/12/2006 1.21.53, Année C du jour d’avent)

Homélie de Benoît XVI pour la messe de la nuit de Noël (texte intégral)

Audio : La voix du pape (en italien)
 
Chers Frères et Sœurs,

Nous venons d’écouter dans l’Évangile les paroles que les Anges, dans la nuit sainte, ont adressées aux bergers et que maintenant l’Église nous adresse: «Aujourd’hui vous est né un Sauveur dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (Lc 2, 11 ss). Rien de merveilleux, rien d’extraordinaire, rien d’éclatant n’est donné comme signe aux bergers. Ils verront seulement un enfant entouré de langes qui, comme tous les enfants, a besoin de soins maternels; un enfant qui est né dans une étable et qui, de ce fait, est couché non pas dans un berceau, mais dans une mangeoire. Le signe de Dieu est l’enfant, avec son besoin d’aide et avec sa pauvreté. C’est seulement avec le cœur que les bergers pourront voir qu’en cet enfant, est devenue réalité la promesse du prophète Isaïe que nous venons d’entendre dans la première lecture: «Un enfant nous est né, un fils nous a été donné; l’insigne du pouvoir est sur ses épaules» (Is 9, 5). À nous non plus il n’a pas été donné un signe différent. Par le message de l’Évangile, l’ange de Dieu nous invite, nous aussi, à nous mettre en chemin avec le cœur, pour voir l’enfant qui est couché dans la mangeoire.
Le signe de Dieu est la simplicité. Le signe de Dieu est l’enfant. Le signe de Dieu est qu’Il se fait petit pour nous. Telle est sa façon de régner. Il ne vient pas avec puissance ni grandeur extérieure. Il vient comme un enfant – sans défense et ayant besoin de notre aide. Il ne veut pas s’imposer par la force. Il nous enlève la peur de sa grandeur. Il demande notre amour: c’est pourquoi il se fait enfant. Il ne veut rien d’autre de nous, si ce n’est notre amour, par lequel nous apprenons spontanément à entrer dans ses sentiments, dans sa pensée et dans sa volonté – nous apprenons à vivre avec lui et à pratiquer aussi avec lui l’humilité du renoncement, qui fait partie de l’essence de l’amour. Dieu s’est fait petit pour que nous puissions le comprendre, l’accueillir, l’aimer. Dans leur traduction grecque de l’Ancien Testament, les Pères de l’Église trouvaient une parole du prophète Isaïe, que Paul citait aussi, pour montrer que les voies nouvelles de Dieu étaient déjà annoncées dans l’Ancien Testament. On pouvait y lire: «Dieu a rendu brève sa Parole, il l’a abrégée» (cf. Is 10, 23; Rm 9, 28). Les Pères l’interprétaient dans un double sens. Le Fils lui-même est la Parole, le Logos; la Parole éternelle s’est faite petite – si petite qu’elle peut entrer dans une mangeoire. Elle s’est faite enfant, afin que la Parole devienne pour nous saisissable. Ainsi, Dieu nous enseigne à aimer les petits. Il nous enseigne de même à aimer les faibles. De cette manière, il nous enseigne le respect face aux enfants. L’enfant de Bethléem oriente notre regard vers tous les enfants qui, dans le monde, souffrent et qui sont soumis à des abus, ceux qui sont nés comme ceux qui ne sont pas nés. Vers les enfants qui, comme soldats, sont conduits dans le monde de la violence; vers les enfants qui doivent mendier; vers les enfants qui souffrent de la misère et de la faim; vers les enfants qui ne font l’expérience d’aucun amour. En chacun d’eux, il y a l’enfant de Bethléem qui nous interpelle; le Dieu qui s’est fait petit nous interpelle. En cette nuit, prions pour que l’éclat de l’amour de Dieu caresse tous ces enfants, et demandons à Dieu de nous aider à faire ce qui est en notre pouvoir pour que soit respectée la dignité des enfants; que pour tous jaillisse la lumière de l’amour, dont l’homme a plus besoin que des choses matérielles nécessaires pour vivre.
Nous sommes ainsi arrivés à la deuxième signification que les Pères ont trouvée dans la phrase: «Dieu a abrégé sa Parole». La Parole que Dieu nous communique dans les livres de l’Écriture Sainte était, au fil du temps, devenue longue. Longue et compliquée, non seulement pour les gens simples et analphabètes, mais même encore plus pour les personnes qui connaissaient l’Écriture Sainte, pour les savants qui, clairement, se perdaient dans les détails et dans les problèmes qui en découlaient, ne réussissant presque plus à trouver une vision d’ensemble. Jésus a «rendu brève» la Parole – il nous a fait voir à nouveau sa plus profonde simplicité et sa plus profonde unité. Tout ce que nous enseignent la Loi et les prophètes est résumé – dit-il – dans les paroles: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit… Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Mt 22, 37-39). Tout est là – la foi entière se réduit à cet unique acte d’amour, qui englobe Dieu et les hommes. Mais aussitôt se font jour de nouveau des questions: comment pouvons-nous aimer Dieu de tout notre esprit, si nous avons du mal à le trouver avec notre capacité mentale ? Comment l’aimer de tout notre cœur et de toute notre âme, si ce cœur parvient à l’entrevoir seulement de loin et perçoit tant de choses contradictoires dans le monde qui voilent son visage à nos yeux ? Arrivé à ce point, les deux manières par lesquelles Dieu a «fait brève» sa Parole se rencontrent. Il n’est plus loin. Il n’est plus inconnu. Il n’est plus non inaccessible à notre cœur. Il s’est fait enfant pour nous et il a par là dissipé toute ambiguïté. Il s’est fait notre prochain, restaurant encore de cette manière l’image de l’homme qui, souvent, nous apparaît aussi peu aimable. Dieu pour nous s’est fait don. Il s’est donné lui-même. Il prend du temps pour nous. Lui, l’Éternel qui est au-delà du temps, a assumé le temps, il a tiré vers le haut notre temps, près de lui. Noël est devenu la fête des dons, pour imiter Dieu qui s’est donné lui-même à nous. Faisons en sorte que notre cœur, nos âmes et notre esprit soient touchés par ce fait. Parmi les nombreux dons que nous achetons et que nous recevons, n’oublions pas le vrai don: de nous donner les uns aux autres quelque chose de nous-mêmes. De nous donner les uns aux autres de notre temps. D’ouvrir notre temps pour Dieu. Ainsi s’évanouit l’agitation. Ainsi naît la joie, ainsi se crée la fête. Et rappelons-nous dans les repas festifs de ces jours la parole du Seigneur: «Quand tu donnes un banquet, n’invite pas ceux qui t’inviteront à leur tour, mais invite ceux qui ne sont invités par personne et qui ne sont pas en mesure de t’inviter» (cf. Lc 14, 12-14). Et cela signifie aussi précisément: quand, pour Noël, tu fais des cadeaux, ne fais pas de cadeau seulement à ceux qui, à leur tour, te font des cadeaux, mais donne à ceux qui ne reçoivent de personne et ne peuvent rien te donner en échange. C’est ainsi que Dieu a agi: Il nous invite à son festin de noces, pour lequel nous ne pouvons rien donner en échange, que nous pouvons seulement recevoir avec joie. Imitons-le. Aimons Dieu et, à partir de lui, aussi l’homme, pour redécouvrir ensuite, à partir des hommes, Dieu de manière renouvelée.
Ainsi alors, s’ouvre enfin une troisième signification de l’affirmation sur la Parole devenue «brève» et «petite». Aux bergers, il fut dit qu’ils auraient trouvé l’enfant dans une mangeoire pour animaux, qui étaient les vrais habitants de l’étable. Relisant Isaïe (1, 3), les Pères ont déduit que, près de la mangeoire de Bethléem, il y avait un bœuf et un âne. En même temps, ils ont interprété le texte dans le sens où ce serait un symbole des Juifs et des païens – donc de l’humanité entière –, qui ont besoin, les uns les autres et chacun à sa manière, d’un sauveur: de ce Dieu qui s’est fait enfant. L’homme, pour vivre, a besoin de pain, du fruit de la terre et de son travail. Mais il ne vit pas seulement de pain. Il a besoin de nourriture pour son âme: il a besoin d’un sens qui remplit sa vie. Ainsi, pour les Pères, la mangeoire des animaux est devenue le symbole de l’autel, sur lequel est déposé le Pain, qui est le Christ lui-même: la vraie nourriture pour nos cœurs. Et nous voyons encore une fois qu’il s’est fait petit: sous l’humble apparence de l’hostie, d’un petit morceau de pain. Il se donne lui-même à nous.
C’est de tout cela que parle le signe qui a été donné aux bergers et qui nous est donné: l’enfant qui nous a été donné; l’enfant en qui Dieu s’est fait petit pour nous. Prions le Seigneur de nous donner la grâce de regarder en cette nuit la crèche avec la simplicité des bergers, pour recevoir ainsi la joie avec laquelle ils repartirent chez eux (cf Lc 2, 20). Prions-le de nous donner l’humilité et la foi avec lesquelles saint Joseph regardait l’enfant que Marie avait conçu du Saint-Esprit. Prions qu’il nous donne de le regarder avec l’amour avec lequel Marie l’a regardé. Et prions qu’ainsi la lumière, que virent les bergers, nous illumine, nous aussi, et que s’accomplisse dans le monde entier ce que les anges chantèrent en cette nuit: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, que Dieu aime». Amen !

L’incarnation: Quelle merveilleuse idée Tu as eue Seigneur de venir sur terre !

30 novembre, 2009

du site:

http://www.portstnicolas.org/L-incarnation-comment-y-croire.html

L’incarnation – comment y croire ?

Quelle merveilleuse idée Tu as eue Seigneur de venir sur terre !

Quelle merveilleuse idée, mais aussi quelle folie !

C’était risqué ! Mais non, qu’est ce que je raconte en disant que : c’était risqué; ce n’était pas risqué, c’était certain que ça se terminerait mal. Mais pour nous, quel réconfort, quelle preuve d’amour !
Souvent je me plains parce que Tu es le Tout Autre, le mystérieux qui me paraît lointain parce que je ne peux pas m’approcher de Toi, avec des moyens humains. Qu’est ce que ça serait si Tu n’étais pas venu sur terre partager notre condition humaine ! Jamais sans cela, je n’aurais osé m’adresser à Toi si familièrement. Quelle chance nous avons, nous les chrétiens ! Des témoins dignes de foi T’ont vu, T’ont entendu, touché, et nous ont raconté comment Tu étais, comment Tu réagissais, ce que Tu disais…. Quel cadeau somptueux Tu nous as fait !
Et je m’émerveille de voir que pas mal de tes contemporains ont eu une largeur d’esprit telle qu’elle leur a permis d’admettre que Tu n’étais pas seulement un homme mais également le fils de Dieu. Ceux de Nazareth qui T’ont fréquenté pendant une trentaine d’années ont refusé de voir en Toi, autre chose que le fils de Joseph et de Marie et ils étaient persuadés qu’ils Te connaissaient à fond. Et il faut dire, à leur décharge et à celle de tous ceux qui T’ont repoussé, que ta double nature n’était pas évidente. D’abord, ils croyaient en un Dieu unique; ils n’avaient jamais entendu parler du fils de Dieu, et ensuite comment concevoir l’idée que Dieu puisse venir sur terre. C’est proprement incroyable, et je pèse mes mots : incroyable, pas croyable. Comment ont-ils pu se laisser convaincre ?
Souvent dans les Evangiles, on trouve des textes qui soulignent la difficulté des Apôtres à saisir le sens profond de tes paroles, Seigneur. On aurait tendance à les trouver un peu balourds, ces braves gens. Mais par amour pour Toi, car ils T’ont trouvé emballant, ils ont pu surmonter cette difficulté majeure, surtout il est vrai après la Résurrection : Tu n’étais pas seulement un prophète doué de dons extraordinaires, Tu étais Dieu, Fils de Dieu. Ca aussi ce retournement est extra – ordinaire.

Il faut vous dire qu’à un moment donné comme juge, j’ai travaillé à Avignon et professionnellement j’ai rencontré non pas celui qu’on appelait ou qui se faisait appeler, le Christ de Montfavet mais trois de ses enfants âgés de 20 à 25 ans à peu prés.
Et je me souviens du large et puissant éclat de rire qui a surgi dans la salle quand ces trois jeunes pour décliner leur identité ont affirmé : « Nous sommes les enfants de Dieu, le maître du monde ». Il a fallu faire évacuer la salle qui retentissait d’injures et de quolibets. Les enfants devant moi ne bronchaient pas, ils parlaient avec calme et assurance. Humainement parlant, ils étaient beaux. La justice les poursuivait pour trouble à l’ordre public, ça ne les troublait guère.
Je sais qu’en les écoutant, je me suis mise à la place des Apôtres et des gens de Palestine, et je me suis demandé, comment ils avaient fait pour ne pas se moquer de Toi Seigneur. Quelques-uns T’ont fait confiance, mais pas tous d’ailleurs loin s’en faut, notamment au moment de la Passion où les soldats romains ont eu la même réaction que les Avignonnais. Pour eux il était clair qu’ils avaient affaire à un homme dérangé.
Alors je me dis qu’il est certainement plus facile aujourd’hui d’admettre, de croire que Tu es Fils de Dieu. Quand on pense que les Apôtres ont eu une sacré chance de vivre avec Toi, c’est vrai d’un coté, mais d’un autre, c’était hasardeux, pas évident du tout. Et je me demande ce que j’aurais fait, si j’avais vécu à cette époque là. Pas facile de répondre.
Alors je me prends d’une grande admiration, d’une grande amitié j’irai jusqu’à dire d’une grande affection pour tous ceux qui, du temps où Tu vivais sur terre ont réussi à faire le saut, en Te faisant confiance. Sûr ils ont du recevoir une grâce particulière. Il est vrai que Tu avais si souvent prié pour eux.
Seigneur aide-moi à T’accueillir aussi simplement aussi largement que l’a fait cette jeune fille que Tu as choisi pour mère et qui a su dire oui.

Prière pour l’Avent

27 novembre, 2009

du site:

http://www.cathocambrai.com/page-19137-avent.html

Prière pour l’Avent

Dieu, merci de venir réveiller
notre attente endormie
sous les soucis,
la bousculade des jours
et nos ennuis.

- Dieu, merci de venir réveiller notre attente endormie
sous le poids des choses.

Nous sommes si pressés que nous ne prenons plus le temps d’attendre.
Nous avons tant à faire, à penser.
Nos agendas, nos heures, nos vies sont remplis.
Nous sommes si occupés, envahis, pressés
que nous n’avons jamais plus le temps.

- Dieu, merci de venir réveiller notre attente.
Toi, tu nous fais cadeau de ce temps neuf.

Voici les temps nouveaux !
D’un temps qui ne peut se gagner ni se perdre.
D’un temps pour respirer, pour espérer, pour vivre.

- Dieu, merci pour ce temps d’Avent.
Merci d’arriver à l’improviste,
visiteur inattendu !

Car si Noël est programmé sur nos calendriers,Toi, Dieu, tu n’as jamais fini de nous surprendre !

   (Auteur inconnu)

                                                                                                        

 http://www.cathocambrai.com/page-19137-avent.html

Prère pour l’Avent

Dieu, merci de venir réveiller
notre attente endormie
sous les soucis,
la bousculade des jours
et nos ennuis.

- Dieu, merci de venir réveiller notre attente endormie
sous le poids des choses.

Nous sommes si pressés que nous ne prenons plus le temps d’attendre.
Nous avons tant à faire, à penser.
Nos agendas, nos heures, nos vies sont remplis.
Nous sommes si occupés, envahis, pressés
que nous n’avons jamais plus le temps.

- Dieu, merci de venir réveiller notre attente.
Toi, tu nous fais cadeau de ce temps neuf.

Voici les temps nouveaux !
D’un temps qui ne peut se gagner ni se perdre.
D’un temps pour respirer, pour espérer, pour vivre.

- Dieu, merci pour ce temps d’Avent.
Merci d’arriver à l’improviste,
visiteur inattendu !

Car si Noël est programmé sur nos calendriers,Toi, Dieu, tu n’as jamais fini de nous surprendre !

 (Auteur inconnu)

     

12345