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RÉCIT DES APPARITIONS DE NOTRE DAME À GUADALUPE – 12 DÉCEMBRE

11 décembre, 2013

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LE NICAN MOPOHUA

Tout récit sur les apparitions de Notre Dame de Guadalupe est inspiré du Nican Mopohua, ou Huei Tlamahuitzoltica, écrit en Hahuatl, la langue Aztèque, par l’écrivain Indien Antonio Valeriano (1520-1605), contemporain des apparitions de Guadalupe (1531) et du voyant Juan Diego. Le texte original est perdu, nous en possédons une copie publiée en Nahuatl par Luis Lasso de la Vega en 1649. Voici la traduction française du récit :  

RÉCIT DES APPARITIONS DE NOTRE DAME À GUADALUPE – 12  DÉCEMBRE

Dix ans après la prise de Mexico, la guerre prit fin et la paix régna parmi le peuple ; de cette façon la foi commença à éclore, le discernement du vrai Dieu pour qui nous vivons. En ce temps-là, en l’année quinze cent trente et un, dans les premiers jours du mois de décembre, vivait un pauvre Indien appelé Juan Diego, connu comme étant un natif de Cuautitlan. A certains égards, il appartenait spirituellement à Tlatilolco.   Première apparition Un samedi, tout juste avant l’aube, il était en route pour le culte divin et pour ses propres affaires. Lorsqu’il arriva au pied de la colline connu sous le nom de Tepeyacac, le jour parut et il entendit chanter sur la colline, comme un chant de différents beaux oiseaux. Occasionnellement la voix des chanteurs s’arrêtait et il semblait que l’écho répondit. Le chant, très doux et délicieux, était plus beau que celui du coyoltotol, du tzintizcan et d’autres beaux oiseaux. Juan Diego s’arrêta pour voir et se dit à lui-même : « Par chance, suis-je digne de ce que j’entends? Peut-être suis-je en train de rêver? Suis-je réveillé? Où suis-je? Peut-être suis-je dans ce paradis terrestre dont nous parlaient nos ancêtres? Peut-être suis-je maintenant au ciel? » Il regardait vers l’est, vers le haut de la colline d’où venait ce précieux chant céleste; puis, subitement le chant s’arrêta et le silence régna. Il entendit alors une voix venant de la colline qui lui disait  : « Juanito, Juan Dieguito »…  Il s’aventura alors vers l’endroit où on l’appelait. Il n’était pas le moindrement effrayé; au contraire, il jubilait. Il grimpa alors la colline pour voir d’où on l’appelait. Quand il atteignit le sommet il vit une Dame qui s’y tenait debout et qui lui dit de s’avancer.  S’approchant d’elle, il s’émerveilla de sa grandeur surhumaine; ses vêtements brillaient comme le soleil; la falaise sur laquelle reposaient ses pieds étincelait de lumière comme entourée d’un bracelet de pierres précieuses, et la terre resplendissait comme un arc en ciel. Les mezquites, nopales et autres mauvaises herbes qui poussent à cet endroit, paraissaient comme des émeraudes, leurs feuillages comme des turquoises, leurs branches et leurs épines brillaient comme de l’or. Il s’inclina devant elle et entendit sa parole, douce et courtoise, comme quelqu’un qui vous charme et vous enchante profondément.  Elle lui dit : « Juanito, le plus humble de mes fils, où vas-tu? »  Il lui répondit : « Madame et enfant, je dois atteindre ton église à Mexico, Tlatilolco, afin de poursuivre les choses divines qui nous sont enseignées et données par nos prêtres et nos délégués et Notre Seigneur ».  Elle lui parla alors ainsi : « Sache et comprends bien, le plus humble de mes fils, que je suis la toujours vierge Sainte Marie, Mère du Vrai Dieu pour qui nous existons, du Créateur de toutes choses, Seigneur du ciel et de la terre. J’aimerais qu’une église soit érigée ici, rapidement, afin que je puisse vous montrer et vous donner mon amour, ma compassion, mon aide et ma protection, parce que je suis votre mère miséricordieuse, à vous, à tous les habitants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’invoquent et ont confiance en moi. J’écoute leurs lamentations et je remédie à leurs misères, leurs détresses et leurs peines. Afin d’accomplir ce qu’exige ma clémence, va au palais de l’évêque de Mexico et tu lui diras que je manifeste un grand désir qu’ici, sur cette plaine, une église soit construite en mon honneur; tu lui raconteras dans les moindres détails tout ce que tu as vu et admiré et ce que tu as entendu. Sois assuré que je te serai extrêmement reconnaissante et que je te récompenserai, parce que je te rendrai heureux et digne de récompense pour les efforts et la fatigue que tu vas endurer pour cette mission. Voilà, tu as entendu mes instructions, mon humble fils, va et fais tous tes efforts. »  A cet instant, il s’inclina devant elle et dit : « Madame, Je vais obéir à tes instructions ; maintenant je dois te quitter, moi, ton humble serviteur. » Il descendit alors afin de s’acquitter de sa tâche et prit l’allée qui mène tout droit à Mexico. Deuxième apparition Ayant pénétré dans la ville, il se rendit directement et sans délais, au palais épiscopal ou venait d’être nommé un nouveau prélat, le Père Juan de Zumarraga, un Religieux Franciscain. A son arrivée, il essaya de le voir; il plaida auprès des serviteurs afin qu’ils annoncent sa visite, et après une longue attente il fut informé que l’évêque avait ordonné de le faire entrer. En entrant, il s’inclina et s’agenouillant devant l’évêque il lui transmit le message de la Dame du ciel. Il lui raconta aussi tout ce qu’il avait admiré, vu et entendu. Après avoir écouté son bavardage et son message l’évêque trouva cela incroyable ; il lui dit alors : « Tu repartiras, mon fils et je t’écouterai à mon gré. Je reprendrai tout depuis le début et réfléchirai sur les voeux et les désirs pour lesquels tu es venu ». Il s’en alla et paraissait triste car le message n’avait pas été accompli sous toutes ses formes. Il rentra le même jour. Il revint directement au haut de la colline et rencontra la Dame du ciel qui l’attendait à la même place où il l’avait vue la première fois.  La voyant, il se prosterna devant elle et lui dit : Madame, la plus petite de mes filles, mon Enfant, j’ai été là où tu m’as envoyé afin de me conformer à tes instructions. Avec beaucoup de difficultés j’ai pénétré dans le bureau du prélat. Je l’ai vu et lui ai fait part de ton message, comme tu me l’avais commandé. Il m’a reçu bienveillamment et m’a écouté attentivement mais sa réponse laissait entendre qu’il ne me croyait pas. Il m’a dit “Tu reviendras et je t’entendrai à mon gré. Je reprendrai tout depuis le début et réfléchirai sur le voeu et le désir qui t’ont amené.” J’ai parfaitement compris de par la façon dont il m’a répondu qu’il pensait que ton désir d’avoir une église qui te soit consacrée est une invention de ma part, et que ce n’est pas ton ordre, aussi je te supplie fortement, Madame, de confier l’accomplissement de ton message à quelqu’un d’important, de connu qui inspire le respect et l’estime, afin qu’on le croie; parce que je ne suis rien, je suis une petite ficelle, une minuscule échelle, une queue, une feuille et toi, mon Enfant la plus petite de mes enfants, ma Dame, tu m’as envoyé à une place que je ne fréquente jamais ni ne m’y repose. Je t’en prie, pardonne moi ce grand désagrément et ne sois pas irritée, Madame ».  La Vierge Marie répondit : Ecoute, ô le moindre de mes fils, tu dois comprendre que j’ai de nombreux serviteurs et messagers à qui je peux confier l’accomplissement de mon message et l’exécution de mon désir, mais c’est toi précisément que je sollicite et demande de m’aider afin que par ta médiation mon voeu soit accompli. Je t’implore ardemment, toi le moindre de mes fils, et avec fermeté je t’ordonne d’aller demain voir l’évêque. Tu y vas en mon nom et tu lui fais connaitre mon voeu intégral selon lequel je lui demande de commencer la construction d’une église. Et dis-lui aussi que c’est Moi, en personne, la toujours-vierge, Sainte Marie, Mère de Dieu qui t’ai envoyé ».  Juan Diego répondit: Madame, mon Enfant, je ne veux pas te faire de la peine. Joyeusement et de plein gré j’obéirai à tes instructions. Sous aucune condition je ne manquerai de le faire; j’irai accomplir ton désir car non seulement le chemin est pénible mais peut-être que je ne serai pas écouté avec plaisir, ou si on m’écoute on ne me croira peut-être pas. Demain après-midi, au coucher du soleil, je reviendrai te porter la réponse de ton message au prélat. Je prends maintenant congé de toi, le plus petite de mes enfants, mon Enfant et Madame. Repose-toi entre-temps » Il s’en alla se reposer chez lui.   Troisième apparition Le jour suivant, il quitta la maison avant l’aube, et prit le chemin de Tlatilolco, afin d’être instruit des choses divines et d’être présent à l’appel, après quoi il irait voir le prélat. Vers dix heures, rapidement, après avoir assisté à la Messe et avoir inscrit sa présence, il s’en alla quand la foule se fut dispersée. Sur l’heure Juan Diego se rendit au palais de l’évêque. A peine fut-il arrivé qu’il essaya ardemment de voir l’évêque. Après encore beaucoup de difficultés il parvint à le voir. Il s’agenouilla à ses pieds. Il s’attrista et pleura pendant qu’il exposait les instructions de la Dame du ciel demandant à Dieu de lui accorder qu’on croie à son message et au voeu de l’Immaculée pour qu’un temple soit construit là où Elle le voulait.  L’évêque, afin de se rassurer, lui posa beaucoup de questions, lui demandant où il l’avait vue et comment elle était. Il décrivit le tout à la perfection à l’évêque. Malgré les explications précises de son apparence et de tout ce qu’il avait vu et admiré, qui en soi indiquait qu’elle était la toujours-vierge Sainte Mère du Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ, il ne lui accorda néanmoins aucun crédit lui disant que pour sa requête il lui fallait faire ce qui lui était demandé mais de plus qu’un signe était nécessaire afin qu’il puisse croire qu’il était vraiment envoyé par une Dame du ciel. Juan Diego dit alors à l’évêque : « Monseigneur, écoutez ! Quel doit être le signe que vous demandez ? Car j’irai le demander à la Dame du ciel qui m’a envoyé vers vous. »  L’évêque voyant qu’il acceptait sans aucun doute et ne se rétractait pas, le renvoya. Il ordonna immédiatement à quelques personnes de son entourage, en qui il pouvait avoir confiance, de le suivre et de surveiller où il allait, qui il voyait et avec qui il parlait. Ceux qui le suivirent le perdirent de vue alors qu’ils traversaient la ravine près du pont de Tepeyac. Ils cherchèrent partout mais ne purent le retrouver. Ils revinrent donc non seulement parce qu’ils étaient fatigués mais aussi parce que leurs desseins avaient été déjoués, et cela les avait mis en colère. Et c’est ce qu’ils racontèrent à l’évêque. Pour l’influencer afin qu’il ne crut pas en Juan Diego, ils dirent à l’évêque que Juan Diego le trompait et inventait ce qu’il racontait ou qu’il avait seulement rêvé ce qu’il racontait et demandait. Finalement ils s’arrangèrent pour que, si jamais il retournait, il fût retenu et durement puni afin qu’il cessât de mentir et de tromper.  Entre temps, Juan Diego était avec la Bienheureuse Vierge lui rapportant la réponse de Monseigneur l’évêque. La Dame, après l’avoir écouté, lui dit : « Très bien, mon petit, tu repartiras là-bas demain, afin de porter à l’évêque le signe qu’il a demandé. Avec cela il te croira et dans son regard il n’y aura ni doute ni soupçon. Et sache, mon petit, que je te récompenserai pour ta sollicitude, tes efforts et ta fatigue à mon égard. Je t’attendrai ici demain. »   Quatrième apparition C’est le jour suivant, un lundi, que Juan Diego devait porter un signe pour qu’on le croie, mais il n’y revint pas parce que, en rentrant chez lui, son oncle, Juan Bernardo, était tombé malade et son état était grave. Il appela d’abord un docteur qui l’aida mais c’était trop tard, son état empirait. A la tombée de la nuit son oncle lui demanda d’aller à l’aube à Tlatilolco et de ramener un prêtre pour le préparer et entendre sa confession car il était certain qu’il allait mourir et qu’il ne se lèverait plus ni ne guérirait. Le mardi, avant l’aube, Juan Diego partit de sa maison pour Tlatilolco pour ramener un prêtre et comme il s’approchait de la route qui rejoint la pente qui mène au sommet de la colline de Tepeyac, vers l’ouest, et où il avait l’habitude de traverser la route, il se dit : « Si je continue ce chemin, la Dame va sûrement me voir, et je pourrais être retenu afin que je puisse porter le signe au prélat comme convenu ; mais notre premier souci est d’aller rapidement appeler un prêtre car mon oncle l’attend certainement. »  Il fit donc le tour de la colline afin qu’il ne puisse être vu par elle qui voit bien partout. Il la vit descendre du haut de la colline et regarder vers là où ils s’étaient rencontrés précédemment.  Elle s’approcha de lui au bas de la colline et lui dit : « Qu’y a-t-il, le moindre de mes fils? Où vas-tu? ». Etait-il affligé ou honteux ou effrayé ? Il s’inclina devant elle. Il la salua, disant : « Mon Enfant, la plus tendre de mes filles, Madame, que Dieu veuille que tu sois satisfaite. Comment vas-tu ce matin ? Est-ce que ta santé est bonne, Madame et mon Enfant ? Je vais te faire de la peine. Sache, mon enfant, qu’un des tes serviteurs, mon oncle, est très malade. Il a attrapé la peste et est sur le point de mourir. Je dois me hâter vers ta maison à Mexico afin d’appeler un de tes prêtres, aimé de Dieu, pour qu’il entende sa confession et lui donne l’absolution car, depuis notre naissance, nous sommes venus au monde pour nous préserver des oeuvres de la mort. Mais si je pars, je reviendrai ici rapidement afin d’aller porter ton message. Madame, mon Enfant, pardonne moi, sois patiente avec moi pour le moment. Je ne te décevrai pas, la plus petite des mes filles. Demain je viendrai en toute hâte. »  Après avoir écouté les paroles de Juan Diego, la Très Sainte Vierge répondit : « Ecoute moi et comprends bien, le moindre de mes fils, rien ne doit t’effrayer ou te peiner. Que ton coeur ne soit pas troublé. N’aies pas peur de cette maladie, ni d’aucune autre maladie ou angoisse. Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère ? N’es-tu pas sous ma protection ? Ne suis-je pas ta santé ? Ne reposes-tu pas heureux en mon sein ? Que désires-tu de plus ? Ne sois pas malheureux ou troublé par quoi que ce soit. Ne sois pas affligé par la maladie de ton oncle, il n’en mourra pas. Sois assuré qu’il est maintenant guéri ». Et à ce moment son oncle fut guéri comme il devait l’apprendre par la suite. Quand Juan Diego entendit ces mots de la Dame du ciel, il était grandement consolé. Il était heureux. Il la supplia de l’excuser afin qu’il aille voir l’évêque et lui porter le signe ou la preuve afin qu’on le croie.  La Dame du ciel lui ordonna de grimper au haut de la colline où ils s’étaient précédemment rencontrés. Elle lui dit : « Grimpe, ô le moindre de mes fils, jusqu’au haut de la colline ; là où tu m’as vue et où je t’ai donné des instructions, tu verras différentes fleurs. Coupes-les, cueille-les, rassembles-les et puis viens les porter devant moi. » Juan Diego grimpa sur la colline immédiatement, et comme il atteignait le sommet il fut stupéfait de voir qu’une telle variété de merveilleux rosiers de Castille étaient en floraison bien avant la saison où les roses devraient bourgeonner car hors de saison elles gèleraient. Elles étaient parfumées et recouvertes des gouttes de rosée de la nuit qui ressemblaient à des perles précieuses. Il commença immédiatement à les cueillir. Il les assembla et les plaça dans son tilma.  Le haut de la colline n’était pas une place où pourrait fleurir n’importe quelle fleur car il y avait beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites. Occasionnellement de l’herbe poussait mais c’était au mois de décembre quand la végétation n’était pas gelée. Il descendit la colline immédiatement et porta les différentes roses qu’il avait cueillies à la Dame du ciel qui, en les voyant les prit entre ses mains et les plaça à nouveau dans son tilma, lui disant : « ô toi, le moindre de mes fils, cette variété de roses est une preuve et un signe que tu porteras à l’évêque. Tu lui diras en mon nom qu’il y verra là mon voeu et qu’il doit s’y conformer. Tu es mon ambassadeur, le plus digne de ma confiance. Je te l’ordonne rigoureusement de ne déplier ton manteau qu’en présence de l’évêque et de lui montrer ce que tu portes. Tu lui raconteras bien tout; tu lui diras que je t’ai ordonné de grimper au haut de la colline et de cueillir les fleurs; et aussi tout ce que tu as vu et admiré afin que tu puisses persuader le prélat d’accorder son soutien à ma demande qu’une église soit construite. »  Après les conseils de la Dame du ciel, il prit le chemin qui mène directement à Mexico, heureux et sûr du succès, portant avec beaucoup de précaution le contenu de son tilma afin que rien ne s’échappe de ses mains et s’enivrant du parfum de cette variété de belles fleurs. Le miracle de l’image non faite par l’homme Quand il arriva au palais épiscopal, le majordome vint à sa rencontre ainsi que d’autres serviteurs du prélat. Il les supplia de dire à l’évêque qu’il voulait le voir, mais personne ne voulait le faire, ils faisaient semblant de ne pas l’entendre, probablement parce qu’il était trop tôt ou parce qu’ils le connaissaient comme étant un importun et qu’il les harcelait ; de plus, leurs collègues leur avaient raconté qu’ils l’avaient perdu de vue quand ils l’avaient suivi. Il attendit longtemps. Quand ils virent qu’il avait attendu longtemps debout, abattu, ne faisant rien, attendant d’être appelé et paraissant avoir quelque chose dans son tilma, ils s’approchèrent de lui afin de savoir ce qu’il portait.  Juan Diego voyant qu’il ne pouvait cacher ce qu’il portait et sachant qu’il serait molesté, bousculé, lacéré, ouvrit un peu son tilma là où se trouvaient les fleurs. En voyant cette variété de roses de Castille hors saison, ils furent complètement stupéfaits parce qu’elles étaient si fraiches, en pleine floraison, si parfumées et si belles. Ils essayèrent de s’en emparer et de tirer quelques-unes mais ne réussirent à aucune des trois fois qu’ils osèrent le faire. Ils ne réussirent pas parce qu’à chaque fois qu’ils essayaient de les prendre, ils ne purent voir les fleurs réelles. A la place elles paraissaient peintes, imprimées ou cousues sur la toile. Ils allèrent alors dire à l’évêque ce qu’ils avaient vu l’informant que l’Indien qui était venu à plusieurs reprises voulait le voir et qu’il avait sûrement une raison pour l’avoir attendu avec anxiété si longtemps et être si désireux de le voir.  En entendant cela l’évêque comprit qu’il avait apporté la preuve pour confirmer ses dires afin qu’il se conformât à la requête de l’Indien. Il ordonna de le faire entrer immédiatement. Dès son entrée Juan Diego s’agenouilla devant lui comme à l’accoutumée et raconta à nouveau ce qu’il avait vu et admiré ainsi que le message. Il lui dit : « Monseigneur, j’ai fait ce que tu as commandé, je suis allé dire à mon Ama, ma Dame du ciel, Sainte Marie, précieuse Mère de Dieu que tu as demandé un signe et une preuve afin que tu puisses croire qu’il faut construire une église là où elle l’a demandé ; je lui ai aussi dit que je t’avais donné ma parole que je rapporterais un signe et une preuve de son désir comme tu l’as demandé. Elle se montra condescendante et agréa à ta requête. Tôt ce matin elle m’a envoyé te voir à nouveau ; je lui demandais une fois encore le signe afin que tu puisses me croire et elle me dit qu’elle me le donnerait et elle s’y conforma. Elle m’envoya au haut de la colline, là où j’avais l’habitude de la voir, pour cueillir une variété de roses de Castille. Après les avoir cueillies je les lui ai portées, elle les a prises de sa main et les a placées dans mon vêtement afin que je te les porte et te les donne en personne. Même si je savais que le haut de la colline n’était pas un endroit où pousseraient des fleurs car il y a beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites, j’avais encore des doutes. Quand je me suis approché du haut de la colline, je vis que j’étais au paradis où il y avait une variété d’exquises roses de Castille, couvertes de brillante rosée et je les ai cueillies immédiatement. Elle m’a dit que je devais te les porter et je me suis exécuté afin que tu puisses voir en elles le signe que tu m’as demandé et te conformer à son voeu ; aussi et mon message soient crédibles. Voilà. Reçois-les. »  Il déplia son vêtement blanc où il avait mis les fleurs et quand toutes les différentes variétés de roses de Castille tombèrent à terre apparut soudain le dessin de la précieuse Image de la toujours vierge Sainte Marie, Mère de Dieu, comme on la voit aujourd’hui dans l’église de Tepeyac, nommé Guadalupe. Quand l’évêque vit l’image, lui et tous ceux présents tombèrent à genoux. On l’admira beaucoup. Ils se levèrent pour la voir, ils tremblèrent et, avec tristesse, ils démontrèrent qu’ils la contemplaient avec leur coeur et leur esprit. L’évêque, avec des larmes de tristesse, pria et implora son pardon pour n’avoir pas accompli son voeu et sa requête. Quand il se releva, il détacha du cou de Juan Diego le vêtement sur lequel apparaissait l’Image de la Dame du ciel. Il le prit et le plaça dans sa chapelle. Juan Diego demeura un jour supplémentaire à l’évêché à la requête de l’évêque.  Le jour suivant l’évêque lui dit : « Montre nous où la Dame du ciel désire qu’une église soit construite ». Et il invita immédiatement tous ceux présents à s’y rendre.   Apparition à Juan Bernardino Après que Juan Diego eut montré l’endroit où la Dame du ciel voulait que son église soit construite, il demanda la permission de prendre congé. Il voulait rentrer chez lui pour voir son oncle Juan Bernardino qui était gravement malade quand il l’avait quitté pour aller à Tlatilolco appeler un prêtre afin d’entendre sa confession et lui donner l’absolution. La Dame du ciel lui avait dit que son oncle était guéri. Mais ils ne le laissèrent pas partir seul et l’accompagnèrent jusqu’à chez lui. Comme ils arrivèrent, ils virent que son oncle était heureux et en bonne santé. Il était très stupéfait de voir son neveu ainsi accompagné et honoré, et demandait la raison d’un tel honneur.  Son neveu répondit que lorsqu’il partit chercher le prêtre pour entendre sa confession et lui donner l’absolution, la Dame du ciel lui apparut à Tepeyac lui disant de ne pas être triste, que son oncle allait bien, ce qui l’a consolé. Elle l’a envoyé à Mexico voir l’évêque afin que ce dernier lui construise une maison à Tepeyac. L’oncle témoigna de ce que c’était vrai qu’à cette occasion il fut guéri et qu’il l’avait vue de la même manière que son neveu, apprenant d’Elle qu’elle l’avait envoyé à Mexico pour voir l’évêque. La Dame lui dit aussi que, lorsqu’il irait voir l’évêque, il devrait lui révéler ce qu’il avait vu et lui expliquer de quelle façon Elle l’avait guéri miraculeusement et qu’Elle voulait être appelée La toujours vierge Sainte Marie de Guadalupe et que son image bénie soit aussi ainsi connue.  Juan Bernardino fut conduit en la présence de l’évêque afin qu’il l’en informe et lui donne un témoignage ; son neveu et lui furent les invités de l’évêque chez lui jusqu’à ce que l’église consacrée à la Reine de Tepeyac soit construite là où Juan Diego l’avait vue. L’évêque transféra l’image sacrée de la belle Dame du ciel de sa chapelle privée à l’église principale afin que tout le peuple puisse voir l’image bénie et l’admirer. La cité tout entière était sous le coup d’une grande émotion. Tous vinrent la voir, admirer l’image pieuse et prier. Ils s’émerveillèrent de son apparition dans ce divin miracle car aucune personne humaine de ce monde n’avait peint cette image précieuse. »   Aimable concession du sanctuaire de Guadaloupe. www.virgendeguadalupe.org.mx

ADORER AVEC MARIE, LA MÈRE DE JÉSUS

11 décembre, 2013

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ADORER AVEC MARIE, LA MÈRE DE JÉSUS

LUNDI 19 SEPTEMBRE 2011

Introduction C’est la 10e rencontre que nous vivons. Le Pape Jean Paul II écrivait dans son encyclique sur l´eucharistie que « par sa vie toute entière Marie est une femme eucharistique  » et qu´elle peut « nous guider vers le très Saint Sacrement, car il existe entre elle et lui une relation profonde… (EE & 57) Et il nous invitait, avec toute l´Église, à l´imiter dans son rapport avec ce mystère très saint. » (EE § 53) C´est ce que nous allons essayer de faire ce soir en contemplant son Fils avec le regard de Marie.

1. Jésus nous donne sa Mère aujourd’hui Lors de chaque Eucharistie le prêtre répète la Parole de Jésus : « Faites cela en mémoire de moi  » (Lc 22, 19) et rend présent « tout ce que le Christ a souffert et accompli au Golgotha, y compris le don qu´il y fait de sa mère. (EE 6 57). Saint Jean, au pied de la croix, témoigne : « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère. Jésus voyant sa mère et, se tenant près d´elle, le disciple qu´il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple l´accueillit chez lui.  » (Jn 19, 25-27). Jean Paul II écrit : « Le Christ a confié à Marie le disciple bien-aimé et, en ce disciple, il lui confie également chacun de nous : « Voici ton fils ! ». De même, il dit aussi à chacun de nous : « Voici ta mère ! »(Jn 19, 26-27) « Vivre dans l’Eucharistie le mémorial de la mort du Christ suppose aussi de recevoir continuellement ce don. Cela signifie prendre chez nous, à l’exemple de Jean, celle qui chaque fois nous est donnée comme Mère. » (EE § 57) Oui, ce disciple bien-aimé, c´est chacun de nous ici aujourd’hui. Nous savons que Jésus et Marie s´aiment tant, que leurs cœurs ne font plus qu´un et partagent le même amour des hommes. C´est pourquoi, le disciple préféré de Jésus est également l´enfant préféré de Marie. Sous la croix, chacun de nous est devenu l´enfant préféré de Marie. Jésus avait promis : « Je ne vous laisserai pas orphelins  » (Jn 14,18). Et Jésus accomplit aussi cette promesse en nous donnant sa propre mère. Marie nous reçoit et dit à Jésus : « Oui Jésus, je reçois chaque être humain comme fils, comme fille. » Marie nous accueille, même si nous ne voulons pas d´elle. Comme Jésus, Marie ne s´impose pas à nous. Elle nous propose son amour de Maman et nous attend les bras ouverts, mais nous laisse libres. Elle sait que certains, à cause d’expériences vécues avec leur propre mère, ont du mal à accueillir son amour. Marie nous laisse le temps. Dans l´adoration nous pouvons demander à Jésus de nous apprendre à aimer sa mère. * Essayons maintenant de nous imaginer l´amour de Marie pour Jésus en sachant qu´elle veut nous donner ce même amour. Imaginons son regard émerveillé sur son bébé dormant dans ses bras, regardons avec quelle tendresse elle le nourrissait, l´habillait, le caressait. Marie nous regarde avec le même amour. A la manière des femmes d´Israël, Marie portait son Jésus sur la hanche pour pouvoir être avec son enfant et travailler en même temps. Elle lui chantait les Psaumes en balayant ! Plus tard elle l´a parfois accompagné. A Cana, c´est même elle qui lui a demandé de faire son premier miracle, ouvrant ainsi la vie publique de Jésus. Et sous la croix, c´est encore elle qui était là, fidèle, au moment où presque tous l´ont abandonné et la douleur a transpercé son cœur comme un glaive. C´est cette Maman là que Jésus nous donne pour qu´elle fasse pour nous, ce qu´elle a fait pour Lui : être notre mère, notre Maman. Être là avec nous quand nous sommes heureux, mais aussi quand nous sommes malades, fatigués, angoissés être notre refuge sans nous juger. * Mais en même temps que Jésus confie chacun de nous à Marie, il nous confie aussi sa mère, nous demandant de la prendre chez nous, c´est à dire en prendre soin, l´accueillir dans notre vie avec respect et surtout beaucoup d´amour. Jésus veut nous apprendre à aimer Marie comme il l´aimait. Il nous dit : Maintenant elle est ta Mère, «  mets toi à son école, laisse-toi accompagner et conduire par elle  », c´est à elle que je t´ai confié (EE § 57), elle est le chemin le plus sûr pour me connaître et m´aimer.

2. La prière de l´Ave Maria Avec l´aide de textes du Pape Jean-Paul II, nous allons méditer la prière du « Je vous salue » en demandant à Dieu de nous apprendre à aimer Marie. 2.1. „Je vous salue Marie“ Aux premiers mots nous sommes invités à une rencontre personnelle avec Marie, la jeune fille de Nazareth que l´ange a visité. Que nous commencions par les paroles de l´ange : « Réjouis toi Marie, comblée de grâces » (Lc 1, 28) ou par la formule « je vous salue Marie », l´essentiel c´est de dire bonjour à Marie comme à notre Maman, qui est vraiment là, qui nous écoute, nous regarde et nous aime. Certains préfèreront la vouvoyer, d´autre la tutoyer. 2.2. « Je te salue Marie, pleine de grâce ! » «  La première partie de l´Ave Maria est une contemplation d´adoration du mystère qui s´accomplit dans la vierge. Ces paroles expriment l´admiration du ciel et de la terre et font affleurer l´émerveillement de Dieu contemplant son chef d´œuvre : l´incarnation du fils dans le sein virginal de Marie. » (Rosarium Virginis Mariae RVM § 33) En disant : « pleine de grâce  », je reprends les paroles de l´ange : « Réjouis-toi, comblée de grâce. » (Lc 1,28). Avez-vous remarqué que dans l’Evangile de Saint Luc l´ange n´appelle pas tout de suite Marie par son prénom, mais qu’il lui donne « ce nom nouveau : « pleine de grâce » ? (Redemptoris Mater RM § 8). Essayons d’imaginer l´amour de la Trinité pour Marie ! Elle est à la fois fille du Père, épouse de l´Esprit Saint et mère du Fils. De toute éternité le Père, le Fils et l´Esprit Saint l´ont choisie pour être la mère de Jésus. Et pour cela, Jésus l´a rachetée à l´avance, dès sa conception, (CEC 491) par le sacrifice de sa croix. «  Par la grâce de Dieu, Marie est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie. » (CEC 493) Par le baptême nous avons part à ce mystère qui a eu lieu la 1re fois en Marie : Par la grâce de Dieu nous sommes « participants de la nature divine. » (2 P 1,5) et enfants de Dieu. 2.3. « Le Seigneur est avec toi » En lui disant cela, l´ange rappelle la prophétie d´ Isaïe : «  Voici que la vierge est enceinte, elle va enfanter un fils, et elle lui donnera le nom d´Emmanuel  » (Is 7,14) Emmanuel signifie « Dieu avec nous » Chaque fois que nous redisons : Le Seigneur est avec toi, cela nous rappelle que Dieu est avec nous, qu´il est à nos côtés et que jamais il ne nous abandonnera. 2.4. « Tu es bénie entre toutes les femmes » Qu´est ce que cela veut dire, « être béni  » ? Nous disons souvent ces mots mais que signifient-ils vraiment ? Le Catéchisme dit que « bénir est une action divine qui donne la vie et dont le Père est la source » (CEC 1078-1082) Si nous disons que Dieu nous bénit, cela veut dire qu´Il nous donne la vie. Quand Élisabeth dit : « Tu es bénie entre les femmes », elle reconnaît sous l´inspiration de l´Esprit Saint, la plénitude du don de la vie divine fait à Marie. Marie, au comble de la joie, comprend que cette bénédiction s´étendra à tous les hommes par Jésus (d´après RM § 8) et que c´est pour cela que « toutes les générations la diront bienheureuse ». (Lc 1, 48) Marie est bénie parmi toutes les femmes, car elle est la choisie, la préférée. Mais en même temps, en elle, ce sont tous les hommes et d´une façon privilégiée, toutes les femmes de la terre qui sont choisies par Dieu, bénies et appelées à donner la vie et à la protéger, quelque soit leur vocation. 2.5. « Et Jésus, le fruit de ton sein est béni » Quand nous prononçons le Nom de « Jésus », «  le centre de gravité de l´Ave Maria  » (RVM § 33). Nom dont St Pierre disait « qu´il n´y a pas sous le ciel d´autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Ac 4,12), demandons à Marie de nous apprendre à le prononcer avec le même amour qu´elle. Puis nous disons que Jésus est « le fruit du sein de Marie  » ou le fruit de ses entrailles. C´est une vérité de foi que nous proclamons ici. Le corps de Jésus reçu dans l´Eucharistie, « est le même que celui que Marie a conçu dans son sein.  » (EE § 56) Quand Marie avait demandé à l´Ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? », il avait répondu : « L´Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c´est pourquoi celui qui va naître sera saint et il sera appelé Fils de Dieu. » (Lc 1, 34-35) Nous voyons ici que la Trinité est à l´œuvre dans la conception de Jésus. Le Catéchisme dit que « l´Esprit Saint est envoyé pour sanctifier le sein de la Vierge Marie et la féconder divinement…en faisant qu´elle conçoive le fils éternel du Père dans une humanité tirée de la sienne  » (CEC 485) C´est ce que l´ange a confirmé à St Joseph en lui disant : « Ce qui a été engendré en Marie, ta femme, vient de l´Esprit Saint  » (Mt 1, 20). 2.6. « Sainte Marie, mère de Dieu » « Le Concile d’ Ephèse ( en 431) a confirmé solennellement la maternité divine de Marie comme vérité de foi. Marie est la Mère de Dieu (Théotokos), parce que, par le Saint-Esprit, elle a conçu en son sein virginal et a mis au monde Jésus Christ, le Fils de Dieu consubstantiel au Père. » (RM §4) Grâce à sa foi, Marie a pu devenir mère de Dieu. Elle a cru qu´elle, petite servante du Seigneur, humble créature, était aimée de Dieu au point de vouloir en faire la mère de Son Fils ! Marie est saisie par cette certitude : Je suis aimée de Dieu  ! En Marie, rien n´a fait obstacle à cet amour divin. Par son « Fiat  », par son « oui  », Marie a si pleinement accepté de se laisser aimer que Dieu a pu venir prendre chair en elle. Demandons à Marie de nous apprendre à réaliser à quel point nous sommes aimés de Dieu. Jamais un enfant n´a autant ressemblé à sa mère que Jésus, lui « le plus beau des enfants des hommes ! » Jean Paul II écrivait que Marie, enceinte de Jésus, était « le premier tabernacle de l´histoire »(EE§55), il expliquait qu´ « il existe une analogie profonde entre le fiat de Marie et l´amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le corps du Seigneur…dans la continuité avec la foi de la Vierge, il nous est demandé de croire que, dans l´Eucharistie, Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie, se rend présent dans la totalité de son être humain et divin, sous les espèces du pain et du vin. » Quand nous communions, demandons à Marie d´accueillir avec nous son fils bien-aimé. Demandons-lui de nous aider à croire que, comme elle à l´Annonciation, nous sommes alors le tabernacle où Jésus est présent. Demandons-lui de nous communiquer sa joie de porter en nous le Fils de Dieu. Jean Paul II écrivait : « Recevoir l´Eucharistie devait être pour Marie comme si elle accueillait de nouveau en son sein ce cœur qui avait battu à l´unisson du sien » (EE § 56) Demandons à Marie de nous apprendre à nous unir avec elle aux battements du cœur de Jésus vivant en nous. 2.7. « Prie pour nous, pauvres pécheurs » Combien de milliards de fois la Ste Vierge a-t-elle entendu cette prière ! Les chrétiens s´adressent à elle avec cette confiance si bien exprimée par St Bernard : « On n´a jamais entendu dire qu´aucun de ceux qui ont réclamé votre secours ait été abandonné… » Marie n´a pas abandonné Jésus sous la croix, elle ne nous abandonne pas non plus. Marie est mère de la miséricorde car elle est mère de Jésus qui est la miséricorde en personne. Elle est aussi « mère de miséricorde », « elle connaît le plus à fond le mystère de la miséricorde divine car elle en sait le prix si élevé, elle qui était au pied de la croix… Elle est appelée à rendre proche des hommes…cet amour manifesté à ceux qui souffrent » (Dives in Misericordia § 9) Marie est une vraie Maman, elle connaît tout de nous, joies et souffrances. Regardez à Cana comment elle a vu qu´il manquait du vin. Elle voit nos soucis, les comprend et veut nous aider. Elle en parle à Jésus, puis elle se tourne vers nous en nous disant : « Tout ce qu´il te dira, fais le !  » (Jn 2,6) Oui c´est vrai, nous sommes tous de pauvres pécheurs, mais nous pouvons toujours nous réfugier auprès de celle qui toute sa vie a cru à la miséricorde de Dieu et qui au ciel intercède pour nous. Marie touche directement le cœur de Dieu, déposons en ses mains toutes nos intentions. 2.8. « Maintenant, et à l´heure de notre mort. » Arrêtons-nous sur ce mot de « maintenant  ». Nous avons dit au début que quand nous saluons Marie, c´est en ce moment même que nous nous adressons à elle, présente et vivante. « Maintenant  », c´est l´instant présent. Or l´instant présent est le seul point de rencontre entre Dieu et nous. Le passé ne nous appartient plus, nous ne pouvons pas le changer. Et l´avenir n´est pas encore là. Seul l´instant présent est à notre disposition. Nous sommes tentés de vivre dans le passé en regrettant nos bonheurs ou nos erreurs et cette rumination du passé nous encombre l´esprit. Ou alors au contraire nous vivons dans l´avenir, soit en le craignant, ce qui nous paralyse, soit en y aspirant car nous l´idéalisons. Le passé comme le présent nous détournent alors de la réalité qui est devant nos yeux. Marie est celle qui a parfaitement vécu l´instant présent. Ste Thérèse d´Avila écrivait : « Celui qui a l´instant présent a Dieu, et qui donc a l´instant présent a tout. L´instant présent suffit, que rien ne te trouble. » Nous pensons parfois : «  Ah, si ma situation était différente, je serais heureux, je pourrais faire telle ou telle chose, je serais un meilleur chrétien… » Or le Seigneur nous a fait naître dans telle famille, tel pays, tel milieu social. Il a permis que nous ayons tel travail, tel état de vie . C´est dans cette vie qui est la nôtre qu´Il nous attend. C´est là qu´il veut nous rencontrer et que nous rencontrions notre prochain. « Avoir la vie en abondance », c´est, comme Marie, vivre chaque instant en présence de Dieu et le remplir d´amour. C´est faire le mieux possible toutes ces petites actions qui font notre quotidien, par amour pour Dieu et les hommes qui nous entourent. Marie vivait l´instant présent, AUSSI était-elle attentive à ce qui se passait autour d´elle, comme à Cana. Demandons à Marie de nous apprendre à vivre et agir dans l´instant présent, attentifs à ceux qui nous entourent. Quand nous prions « et à l´heure de notre mort  », cela se passera dans l´avenir bien sûr. Mais un jour viendra où l´heure de notre mort sera l´instant présent. Nous pouvons nous y préparer maintenant avec Marie. Si dés aujourd´hui nous considérons chaque instant comme précieux parce qu´il est celui où je peux rencontrer Dieu, alors quand la mort viendra, l´instant de la mort sera celui où nous verrons face à face celui que nous aimons. Nous demandons à Marie de prier pour cet instant, pour qu´au moment décisif, au moment où toute notre vie avec ses hauts et ses bas se déroulera devant nos yeux, celle qui est la Mère de la Miséricorde nous aide à croire en cette Miséricorde et à nous jeter dans les bras du Père.

3. Aides concrètes pour l´adoration eucharistique Nous allons maintenant adorer ensemble en nous mettant à l´école de Marie car « elle est, selon le mot de Jean Paul II, le modèle indépassable de la contemplation du Christ. » (RVM § 10) Or qu´est ce que l´adoration, sinon la contemplation amoureuse du visage de Jésus ? Nous pouvons demander à Marie de nous apprendre à croire en la présence de son Fils Jésus, à le regarder avec amour, à lui parler en lui souriant. Quand nous serons devant le Saint Sacrement, essayons de nous imaginer comment Marie regarde son Fils, ses sentiments, son attitude. Imaginons « le regard extasié de Marie contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras. Ce regard n’est-il pas le modèle d’amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques  » (EE §55) et chacun de nos moments d´adoration ? Pour cette contemplation du Christ, l´Église propose un moyen privilégié : la méditation du Rosaire. En 2002, Jean Paul II rappelait avec insistance « qu´une prière aussi facile et aussi riche méritait vraiment d´être redécouverte par la communauté chrétienne car elle est destinée à porter des fruits de sainteté  ». (RVM 43 & 1) _ « Le chapelet concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique dont il est presque un résumé. Avec lui, le peuple chrétien se met á l´école de Marie pour se laisser introduire dans la contemplation de la beauté du visage du Christ et dans l´expérience de la profondeur de son amour. » (RVM 1) « Sa méthode est fondée sur la répétition. Il est l´expression de cet amour qui ne se lasse pas de se tourner vers la personne aimée pour lui redire qu´on l´aime, comme Jésus qui demande trois fois à Pierre : « Simon, m´aimes-tu ? » La répétition de l´Ave s´adresse à Marie, mais avec elle et par elle, c´est à Jésus que s´adresse l´acte d´amour.  » (RVM 26) Dans le chapelet nous contemplons les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux et chaque fois. Cela guide notre imagination et notre esprit vers tel ou tel moment de la vie de Jésus. Déjà Saint Ignace de Loyola encourageait à « se servir de l´élément visuel et de l´imagination pour favoriser la concentration de l´esprit sur le mystère. Cela correspond bien à la logique même de l´incarnation où en Jésus, Dieu a voulu prendre des traits humains. C´est à travers sa réalité corporelle que nous sommes conduits à entrer en contact avec son mystère divin. » (RVM 29) Devant le Saint Sacrement nous pouvons contempler Jésus dans tel ou tel mystère. Il est là, présent sacramentellement, grâce à notre imagination et à la Parole de Dieu, nous nous le représentons par exemple dans le sein de Marie ou dans la crèche ou sur la croix ou montant au ciel. Dieu vit toujours au présent car il est éternel et tous les moments de la vie de Jésus sont présents dans le Saint Sacrement que nous adorons. Prenons le temps de nous arrêter pour fixer notre regard sur le mystère à méditer, puis commençons la récitation des Ave en gardant ce regard intérieur sur Jésus. Nous le regardons avec Marie, et nous l´aimons avec elle. Aujourd´hui chacun pourra, pendant l’adoration, s´il le désire, choisir un ou deux mystères qu´il aimerait méditer. Prions paisiblement. Il ne s´agit pas de dire tout un chapelet mais de nous mettre en présence de Dieu. Par la méditation du chapelet se réalisera peu à peu en nous la prière de Saint Paul pour les Ephésiens : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi, et que vous soyez enracinés, fondés dans l´amour. Ainsi vous recevrez la force de comprendre avec tous les saints, ce qu´est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur, vous connaîtrez l´amour du Christ qui surpasse toute connaissance et vous entrerez par votre plénitude dans toute la plénitude de Dieu. » (Eph 3, 17-19) Marie, la Toute Sainte nous entraîne à sa suite pour rendre à Jésus amour pour amour. Alors, ouvrons notre cœur pour accueillir Marie chez nous

RÉFÉRENCES BIBLIQUES À MARIE, MÈRE DE JÉSUS CHRISTL’ANCIEN TESTAMENT – PREMIÈRE PARTIE

9 décembre, 2013

http://campus.udayton.edu/mary/resources/french/figuresmarial.html

(J’ai trouvé cette étude , qui je pense est très agréable et intéressant, cependant , est longue et le divise en deux parties)

RÉFÉRENCES BIBLIQUES À MARIE, MÈRE DE JÉSUS CHRISTL’ANCIEN TESTAMENT – PREMIÈRE PARTIE

ÉLÉMENTS POUR UNE RÉFLEXION SUR LA RELATION DE L’ANCIEN TESTAMENT À MARIE

FIGURES MARIALES DE L’ANCIEN TESTAMENT   Ce qui suit est un essai pour voir comment Ancien et Nouveau Testaments se reflètent en relation à Marie. Pour les chrétiens, il y a continuité entre les deux Testaments. L’Ancien Testament anticipe, annonce le Nouveau Testament et tend vers lui. Les deux s’articulent selon le binôme promesse et accomplissement. Lorsque les chrétiens lisent l’Ancien Testament à partir du Nouveau, ils y reconnaissent un nombre de femmes d’importance qui préfigurent Marie par certains aspects de leurs destinées, personnalités ou vocations. Elles sont appelées « figures » ou « types » parce que, d’une manière ou d’une autre, elles anticipent la mère de Jésus Christ à venir. Marie est leur « anti-figure » ou « anti-type », non par opposition, mais par contraste. Un contraste qui prend en compte le caractère unique de la mission de Marie. Elle est la mère du Messie alors que ses préfigurations de l’Ancien Testament préparent, perçoivent ou suggèrent sa venue. Voici l’esquisse de 14 figure féminines de l’Ancien Testament, de Ève à Bethsabée. Leur portrait est suivi d’une comparaison entre chacune d’elles et Marie. Ève : première mère de tous les vivants Elle est appelée Hawah – en hébreu, le nom « Ève » signifie « vie » – (dans la Septante, Eva ; dans la Vulgate, Heva) parce qu’elle est la mère de tous les vivants (Gn 3,20). Au commencement, elle apparaît, dans l’Ancien Testament, marquée par la beauté, la bonté, la sagesse et la vie. Les écrits rabbiniques louent la beauté et les ornements d’Ève dans leurs commentaires de Genèse 2,20 : « Puis de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l’amena à l’homme. » Par exemple, Rabbi Chama ben Chanina (260 ap. J.C.), écrivait que Dieu avait certainement d’abord vêtu Ève de vingt-quatre ornements précieux (ceux qui décrivent les filles de Sion en Isaïe 3,18-24) avant de l’amener à l’homme. C’est pourquoi, le Seigneur, à travers la bouche d’Ézéchiel, applique à elle ce qui suit (et qui était originellement adressé au roi de Tyr) :             Tu étais en Éden, au jardin de Dieu. Toutes sortes de pierres précieuses             formaient ton manteau : sardoine, topaze, diamant, chrysolithe, onyx,             jaspe, saphir, escarboucle, émeraude, d’or étaient travaillés tes disques             et tes pendeloques ; tout cela était préparé au jour de ta création (Ez 28,13). Et :

            Tu étais un modèle de perfection, plein(e) de sagesse, merveilleux(se) de             beauté (Ez 28,12 ; cf. Genesis Rabbah 18,1 et 2,22 et le Talmud babylonien,             Baba Bathra 75a).

Des écrits juifs plus tardifs opposent la désobéissance d’Ève à la fidélité et obéissance des Israélites envers Dieu au Mont Sinaï. Dans le Nouveau Testament, Ève n’est jamais mentionnée dans les Évangiles. Adam est seulement mentionné dans la généalogie de Luc (Lc 3,38). Ève est mentionnée dans deux écrits pauliniens :

            J’éprouve à votre égard en effet une jalousie divine ; car je vous ai fiancés             à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ. Mais j’ai             bien peur qu’à l’exemple d’Ève, que le serpent a dupée par son astuce, vos             pensées ne se corrompent en s’écartant de la simplicité envers le Christ                        (2 Co 11,2-3).

            C’est Adam en effet qui fut formé le premier, Ève ensuite. Et ce n’est pas             Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite, se rendit coupable             de transgression. Néanmoins elle sera sauvée en devenant mère, à condition             de persévérer avec modestie dans la foi, la charité et la sainteté (1 Tm 2,13-15).

Les deux passages soulignent les aspects négatifs du rôle d’Ève dans l’histoire du salut. Les premiers auteurs chrétiens opposeront la désobéissance d’Ève à l’obéissance de Marie. Ce n’est toutefois qu’à la lecture globale de tous les textes de l’Ancien Testament que l’on appréciera pleinement la grandeur de la première mère pour Israël, Ève, la mère des vivants.

ÈVE ET MARIE Des parallèles ont été établis entre le dialogue de Marie avec l’ange Gabriel et le dialogue d’Ève avec le serpent (Lc 1,28-35 et Gn 3,17). De même pour le texte de Genèse 3,15 et celui de Jean 19,25-28a (la scène de Marie au pied de la croix). On pourrait envisager le processus de l’histoire du salut d’Ève à Marie comme suivant un double mouvement : d’abord la dispersion de la race humaine en une multitude d’individus, puis la concentration progressive de toutes les attentes de salut dans le Messie né de Marie, la Mère de Dieu. Toutes les femmes éminentes de l’Ancien Testament sont des réalisations partielles et concrètes de la mère primordiale des temps anciens (Ève) qui perdure et se prolonge en elles. De même que le Nouvel Adam se prolonge dans le « Corps Mystique » du Christ (la communauté ecclésiale du nouveau peuple de Dieu), de même Marie représente-t-elle aussi tous ces « enfants de Dieu, autrefois dispersés, mais désormais réunis » par son Fils. Les paroles de Jésus sur la croix, « Voici ta mère » (Jn 19,27), peuvent faire référence à l’étymologie populaire du nom d’Ève en Genèse 3,20 : « L’homme appela sa femme “Ève” parce qu’elle fut la mère de tous les vivants. » Comme l’Église est « la Jérusalem d’en haut… notre mère » (Ga 4,26), ainsi Marie est-elle la mère des croyants, qui, au pied de la croix, étaient présents concrètement dans la personne du « disciple que Jésus aimait ».

SARA La bienveillance de Dieu envers l’humanité se poursuit avec l’appel d’Abram et s’étend sur les deux Testaments à travers les récits de vocation des descendants d’Abraham et de Sara. Abraham est l’archétype de qui répond à Dieu dans la foi. Avec Sara, ce patriarche fait écho à l’initiative divine. À travers lui, Dieu promet un avenir à son Peuple. La mise à l’épreuve de la foi d’Abraham propose un modèle pédagogique et spirituel à tous ceux qui cheminent et grandissent dans la foi. Il a été choisi et a répondu librement à la divine Providence, au salut et à l’avenir d’un Peuple. Abraham est appelé à juste titre « notre Père dans la foi ». C’est Sara, la femme d’Abraham, qui permet à la promesse de se réaliser et aide Abraham à vivre sa foi en Dieu. Saraï, l’épouse belle et forte d’Abraham, voit son nom changé par Dieu en Sara, ce qui signale son élection et sa vocation d’être la mère d’Isaac et la mère de croyants. Son histoire commence en Genèse 12 et se termine en Genèse 23, avec son enterrement dans la grotte de Makpéla (cf. Gn 23,19 ; 25,10 et 49,31). Dans la Bible, elle est décrite comme étant belle, hospitalière, remplie de foi et douée d’humour. Les épîtres du Nouveau Testament la nomment quatre foi (Rm 4,19 ; 9,9 ; He 11,11 et 1 P 3,6). Ces passages montrent comment Dieu lui a permis de concevoir et mettre au monde un fils en dépit de sa stérilité. Elle est l’épouse croyante et la mère de la promesse. En Galates 4,21-30, où elle est mentionnée sans être nommée, elle annonce la Jérusalem d’en haut. Sa foi et son obéissance sont mises en évidence en Hébreux 11,11 et 1 Pierre 3,6. Sara est la première des matriarches de l’Ancien Testament. Viendront ensuite Rébecca et Rachel.

SARA ET MARIE Dans les lectures pour les Messes en l’honneur de la Vierge Marie, Sara n’apparaît que dans la messe intitulée « La Bienheureuse Vierge Marie, Fille élue d’Israël ». La mention de Sara situe Marie dans la continuité des grandes matriarches qui, par la foi, ont surmonté leur stérilité. Marie conçoit Jésus en vertu de sa foi. La stérilité de Sara prend fin lorsque le Seigneur dit à Abraham : « Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé ? À la même saison l’an prochain, je reviendrai chez toi et Sara aura un fils » (Gn 18,14). L’ange Gabriel, le messager de Dieu, dit à Marie quelque chose de semblable : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu… car rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,35.37).  Marie partage le sens généreux de l’hospitalité et de la disponibilité de Sara. Elle démontre cela dans sa visite à Élisabeth (Lc 1,39-45). Marie est aussi bénie de Dieu du fait qu’elle aura un fils malgré sa virginité. Elle est également un modèle de foi toute sa vie durant, selon les événements qui sont rapportés à son sujet dans le Nouveau Testament.

Rébecca Rébecca est la deuxième matriarche d’Israël. Elle est décrite en Genèse 24,16 : « La jeune fille était très belle, elle était vierge, aucun homme ne l’avait approchée. » Son histoire conclut la saga d’Abraham.

            Elle est la plus intelligente et la plus autoritaire des matriarches, et pourtant             elle incarne la beauté et la vertu féminine tant dans sa conduite (sa virginité            et ses actions), ses paroles énergiques, sa politesse prévenante que dans son assurance             (voir David Noel Freedman ed., The Anchor Bible Dictionary, vol. 5, New York, Doubleday, 1992, 629).

Rébecca en tant que femme d’Israël – en fait elle est la mère de Jacob qui sera appelé Israël – est présentée comme vierge la première fois qu’elle est mentionnée dans la Genèse. Une fois donnée en mariage à Isaac, nous apprenons qu’elle est stérile jusqu’au jour où elle prie Dieu de la délivrer de cette condition. Elle donne alors naissance à Ésaü et Jacob, mais éprouve de la préférence pour Jacob. C’est grâce à son intervention et à son astuce qu’elle obtient pour Jacob la bénédiction paternelle d’un Isaac âgé et aveugle. Jacob doit fuir devant Ésaü, séparant ainsi la mère de son enfant préféré. Dans sa lettre aux Romains, Paul offre l’éclairage théologique suivant sur le rôle de Rébecca dans l’histoire d’Israël, le peuple de Dieu :             «…Rébecca avait conçu d’un seul homme, Isaac notre père : or avant la naissance                des enfants, quand ils n’avaient fait ni bien ni mal, pour que s’affirmât la liberté                de l’élection divine, qui dépend de celui qui appelle et non des œuvres, il lui fut                dit : L’aîné servira le cadet, selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï                Ésaü. » (Rm 9,10-12).

Le merveilleux commentaire de Paul sur la promesse messianique, manifestée de façon dramatique dans l’histoire du salut chez Jacob, souligne le choix libre de Dieu au moyen de personnes de foi, les grands patriarches et matriarches du récit de la Genèse. Teresa Okure, théologienne nigériane, perçoit un lien entre le rôle de Rébecca et celui de Marie en relevant que l’aide apportée par Rébecca à Jacob n’était pas seulement motivée par l’intérêt personnel, mais exprimait à sa manière sa coopération à l’accomplissement du plan de Dieu vu que ce dernier lui avait révélé le sort de ses deux enfants avant qu’ils ne soient nés. La mère de Jésus a coopéré avec Dieu dans la dernière et plus importante étape de l’histoire du salut. [Voir : Teresa Okure, « Women in the Bible », In : With Passion and Compassion: Third World Women Doing Theology. New York, Maryknoll, 1988, 47-59.]

RÉBECCA ET MARIE L’appel advient à Marie par Gabriel et elle est appelée la Vierge Marie. Elle aussi est finalement séparée de son fils, tant durant les trois jours passés à sa recherche que pendant les années de sa vie publique. Son rôle dans l’accomplissement de la promesse messianique continue ce qui avait débuté avec ses ancêtres Sara, Rébecca et Rachel. Des théologiennes ont affirmé l’importance des femmes de la Bible telles Rébecca en déclarant que les femmes qui apparaissent occasionnellement dans des rôles de leaders dans les récits bibliques ne devraient pas être considérées comme des exceptions, mais comme représentatives d’un possible groupe plus étendu de femmes actives dans la vie publique dont l’identité a été perdue dans un processus de canonisation contrôlé par les hommes. Elles ajoutent que les figures prophétiques et sapientiales féminines pourraient ne pas avoir trouvé de place dans le canon à cause de l’absence d’une reconnaissance de la valeur et de l’autorité des femmes. Rébecca est une vierge au moment de son mariage avec Isaac. Le récit biblique met en évidence la constance de ses qualités : sa ténacité, sa fidélité et son amour préférentiel pour Jacob. Elle fait preuve de créativité dans sa façon d’aider Jacob à dérober à Isaac la bénédiction destinée au fils aîné (Gn 22,23 ; 24 ; 26,6-11 ; 27). Marie est une vierge dans les récits de Matthieu (1,16.18-25) et de Luc (1,26-38). Elle est proclamée bienheureuse par Élisabeth (Lc 1,45). Sa ténacité apparaît dans les événements qui l’unissent à son fils Jésus presque à chaque fois qu’elle est mentionnée dans le Nouveau Testament.

RACHEL Rachel fut l’épouse préférée et chérie de Jacob ou Israël, l’ancêtre qui a donné son nom au peuple de Dieu. Elle est ainsi la femme d’Israël par excellence. « L’histoire de Rachel est une histoire d’amour et de dévouement sans équivalent dans les récits bibliques. » (Voir Anchor Bible, vol. 5, 605.) Matthieu 2,17-18 décrit l’accomplissement de la prophétie de Jérémie qui parle du grand chagrin de Rachel : « Une voix dans Rama s’est fait entendre, pleur et longue plainte : c’est Rachel pleurant ses enfants ; et ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus. » Cette citation de Jérémie 31,15 rapporte la mort de Rachel à la naissance de son second fils (Gn 35,16-19) à la conquête d’Israël par les Assyriens en 722-21 av. J.C.. Matthieu, qui parle de la naissance du Messie Jésus, utilise le texte de Jérémie afin de raconter comment la Sainte Famille a échappé au massacre des enfants de Bethléem.   Rachel a l’oreille de son Dieu car elle parle d’amour et de relations familiales. Elle a œuvré à une guérison de ces relations parce qu’elle ne s’est pas contentée de parler d’amour, mais a vécu cet amour tout au long de sa vie. « Le message de Rachel à Dieu est de se situer par rapport à Israël dans l’amour qui vient de la famille, de la sainte famille. » (Citation de Jacob Neussner.)

RACHEL ET MARIE Rachel surmonte sa stérilité avec l’aide Dieu. Elle fait preuve d’astuce en dérobant les teraphim, les idoles domestiques, de Laban, son père. Vu leur valeur marchande, elle assure ainsi son indépendance et sécurise l’héritage d’Israël. Son chagrin est patent à l’occasion de la perte de Joseph, son fils. Cela est rappelé par le prophète Jérémie (Jr 31,15). Elle est l’épouse bien-aimée de Jacob qui a énormément travaillé pour obtenir sa main. Marie voit sa virginité bénie quand l’Esprit Saint la couvre de son ombre, à la suite de quoi elle donnera naissance à Jésus. Matthieu rappelle les pleurs de Rachel lorsqu’il rapporte le massacre des Innocents. Marie, comme Rachel, est une mère en chagrin qui endure la mort de son fils, Jésus, au Calvaire.

LÉA Léa est, à côté de Rachel, l’autre épouse de Jacob, l’autre mère des enfants d’Israël. Elle est issue de Térah le Mésopotamien, à travers Nahor et Bétuel. Son père est Laban, fils de Bétuel et frère de Rébecca. Léa est la mère de Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon et Dina. Les fils de sa servante Zilpa sont Gad et Asher qui sont reconnus comme les siens propres. Léa, selon le dessein de la Providence divine, est l’ancêtre de deux figures majeures d’Israël, en l’occurrence Moïse et David. Ce don lui vient de Dieu en dépit de la préférence de Jacob pour Rachel. La dernière mention de Léa se trouve en Genèse 49,31 : « Là furent ensevelis Abraham et sa femme Sara, là furent ensevelis Isaac et sa femme Rébecca, là j’ai enseveli Léa ». Au temps des patriarches, les lois concernant le mariage n’étaient pas aussi strictes que celles prescrites en Lévitique 18,6-8. Comment Léa s’insère-t-elle dans la tradition mariale ? Grâce au fait que Juda, un de ses fils, est à l’origine de la lignée davidique. Bien que Léa ne soit pas mentionnée dans la généalogie de Matthieu 1,1-17, il y a un lien à travers son mariage inhabituel avec Jacob et à travers Juda. Elle est la mère prolifique de huit des douze tribus, qui tiennent leurs noms de ses fils.

LÉA ET MARIE La fidélité de Léa à Jacob est une de ses forces. Elle est la mère de huit fils, les « tribus de Léa ». Son dévouement envers sa famille et ses parents est une de ses qualités. Elle sait ce que signifie le don de soi. Marie donne naissance à Jésus qui est un descendant de Juda, un des fils de Léa. Marie est elle aussi fidèle à sa famille durant la vie cachée et la vie publique de Jésus. Sa présence au pied de la Croix, dans l’évangile de Jean, atteste de sa compassion, sa souffrance et son amour.

DÉBORAH

Deux Déborah sont mentionnées dans l’Ancien Testament : la nourrice de Rébecca qui est enterrée près de Béthel (Gn 35,8) et – bien mieux connue – la prophétesse, épouse de Lappidot (Jg 4,4-5,31). Sa mémoire est célébrée en Juges 5 notamment. Pour sa part, le Pseudo-Philon nous livre de fascinantes informations sur la place qu’elle occupe dans la tradition d’Israël. Déborah la prophétesse, à cause de ses qualités de meneuse d’hommes, de son courage et de sa vocation prophétique, est honorée dans le chant commémorant la victoire sur les chefs militaires cananéens Yabîn et Sisera. Ce chant est sans doute un des plus anciens textes de l’Ancien Testament, datant peut-être de l’époque des Juges (1200 av. J.C.). Le cantique de Déborah tient en 106 lignes. Ce n’est pas un chant de Déborah, mais sur Déborah Il traite d’eau et de gloire : l’intervention divine. Yahvé, au moyen d’un torrent, manifeste la gloire divine dans une victoire. Yaël, une autre femme, parachève la victoire en tuant Sisera, le général des Cananéens. La dernière partie du poème est constituée de bénédictions et malédictions. Yaël est dite « bénie entre les femmes » (Jg 5,24).

DÉBORAH ET MARIE Dans une relecture de l’Ancien Testament et du Psaudo-Philon, on observe comment, par analogie, l’Église catholique a noté des similitudes entre Marie et, tout à la fois, Déborah et Yaël. Le Pseudo-Philon nous présente Déborah comme Mère d’Israël appelant ses enfant à suivre la Torah. Marie, de même, exhorte les serviteurs de Cana à faire tout ce que Jésus leur dira (Jn 2,1-5). Déborah exhorte Israël à glorifier le Seigneur. L’eau est symbole ou moyen de la victoire. Cela se retrouve en Jésus qui change l’eau en vin et qui, de la sorte, manifeste sa gloire à ses disciples qui croient en lui (Jn 2,11). Dans le chant de victoire, Yaël, la femme de Héber, est louée : « Bénie entre les femmes soit Yaël, entre les femmes qui habitent tentes, bénie soit-elle ! » (Jg 5,24). Nous trouvons en Luc des béatitudes adressées à Marie par l’ange Gabriel (1,28), par Élisabeth (1,45) et aussi par une femme anonyme dans la foule (11,27). Déborah est vue comme Mère d’Israël en esprit alors que Marie est la Mère de tous les croyants représentés par le disciple bien-aimé au pied de la Croix (Jn 19,25-27). Il y a aussi un parallèle entre l’Esprit Saint reposant à la fois sur Déborah et sur Marie. Déborah est un leader remarquable qui a le don de prophétie et de sagesse. Ses décisions débouchent sur la victoire d’Israël par l’entremise d’une autre femme courageuse, Yaël. Déborah, dans son cantique (Jg 5), démontre une confiance totale en Dieu et attribue la victoire au pouvoir de Dieu sur les rois étrangers. Marie n’exerce pas la fonction de juge ou celle de leader en temps de guerre. Elle fait cependant preuve de sagesse (puisque, soumis à ses parents, Jésus grandit en sagesse ; cf. Lc 1,51-52) et son Magnificat a des accents prophétiques quand il chante la puissance de Dieu sur les ennemis d’Israël. Marie partage avec Yaël une même béatitude : « Bénie es-tu entre les femmes ».

YOKÉBED Yokébed, la mère de Moïse, Aaron et Miryam, est considérée comme une « Mère d’Israël » par la tradition juive. Elle est une lévite et figure dans les généalogies d’Exode 6,20 comme épouse d’Amram et mère de Moïse et Aaron. Dans Nombres 26,59, elle est présentée comme étant « fille de Lévi, qui lui était née en Égypte ». A. Serra rapporte le renvoi de Yokébed par son mari Amram, raconté par la haggadah Sotah 12a (200-300 ap. J.C.). Ce récit narre la décision d’Amram et de tous les Israélites de cesser d’avoir des enfants à cause de la persécution de Pharaon. Miryam, sa fille, le convainc de reprendre Yokébed secrètement. Le Psaume 113,9 est chanté à l’occasion du renouvellement du mariage. Miryam, fidèle à sa vocation prophétique entrevoit la naissance et destinée de Moïse, son frère. Elle déclare : « Ma mère donnera le jour à un fils qui sera le sauveur d’Israël » (Sotah 12b-13a). Après la naissance de l’enfant, c’est Miryam qui sauve Moïse des eaux du Nil et qui permet à sa mère de devenir sa nourrice auprès de la fille de Pharaon. Il y a dans la haggadah maintes similitudes avec l’annonciation à Joseph en Matthieu (Mt 1,18-25). On le voit dans le parallèle avec les hésitations de Joseph à prendre Marie comme épouse, l’annonce prophétique de la naissance par un messager divin et les circonstances miraculeuses dans lesquelles Marie conçoit. Dans la haggadah, Yokébed redevient jeune et met Moïse au monde à l’âge de 130 ans ! Elle accouche de Moïse presque sans douleurs, puis ne paraît pas avoir été enceinte. Cette naissance paisible de Moïse le soustrait aux yeux des espions égyptiens. Le récit de la conception virginale chez Matthieu se situe dans le même cadre théologique et précède d’au moins deux cents ans la haggadah juive. À cette tradition se rattache l’Apocalypse de Baruch (100-150 ap. J.C.) : « Les femmes ne souffriront plus pendant leur grossesse et l’angoisse ne la naissance sera épargnée au fruit de leurs entrailles. » (Apoc. Baruch 73,1-7 ; 74,1).

YOKÉBED ET MARIE Yokébed est la mère de Moïse, le sauveur et libérateur d’Israël. La tradition juive la fait accoucher miraculeusement sans douleur. Elle protège aussi son enfant de Pharaon. Elle est considérée comme la Mère d’Israël. Marie est la mère de Jésus qui est le Messie et le Sauveur selon les chrétiens. Elle donne naissance à Jésus de façon miraculeuse et, avec Joseph son époux, elle le protège des mains meurtrières d’Hérode.

MIRYAM Le nom de la Vierge Marie lui fut donné par ses parents sans doute en l’honneur de Miryam, la sœur de Moïse et d’Aaron (dans l’Ancien Testament). Sous la conduite de Moïse, elle fut une prophétesse et un leader du peuple dans sa traversée de la mer Rouge et du désert. Anne et Joachim ont peut-être été motivés par le désir d’une renaissance du peuple d’Israël, de même que les parents de Marie Madeleine, Marie de Béthanie, Marie mère de Jacques ou encore Marie mère de Marc. Son nom signifierait « dame princesse » ou, s’il y a un lien avec le lieu appelé Méribah, « eaux amères ». Miryam, la sœur de Moïse, est seule dans l’Ancien Testament à porter ce nom si on excepte la Miryam inconnue de 1 Chroniques 4,17. O. Bardenhewer a recensé pas moins de 67 étymologies différentes pour le nom « Miryam » ! Plus probablement, ce nom aurait désigné une dame de haut rang, une princesse donc, et ainsi plutôt belle. Si le nom a une origine égyptienne, le sens de « chère » ou « chérie » en serait la meilleure traduction. Selon de la Potterie, le kécharitôménê de Luc 1,28 serait utilisé comme un équivalent de « Marie » et indiquerait que ce nom s’appliquerait à une femme comblée de grâce par Dieu, donc gracieuse et belle. Le judaïsme considère Myriam comme une prophétesse. Elle reprend le chant de victoire célébrant Dieu qui a libéré son peuple pendant l’Exode :

            « Miryam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit en main un tambourin et toutes les            femmes la suivirent avec des tambourins, formant des chœurs de danse. Et    Miryam leur entonna : “Chantez pour Yahvé, car il s’est couvert de gloire, il a jeté    à la mer cheval et cavalier” » (Exode 15,20-21).

Dans l’évangile de l’enfance selon Luc, le Magnificat est attribué à Marie (certains manuscrits mineurs l’attribuent à Élisabeth). Les deux hymnes partagent plusieurs thèmes. Marie glorifie Dieu comme son Seigneur et Sauveur alors que Moïse ou Miryam chante la gloire, kabôd, de Dieu. Dans les deux cas, Dieu est identifié comme Seigneur et Sauveur. Abraham est le père dans la foi des deux femmes. Les deux exaltent Dieu dans son triomphe sur les puissants. Pharaon est mis à bas comme les orgueilleux du Magnificat. Dieu déploie la force de sa droite, de son bras dans les deux chants. Les œuvres puissantes de Dieu sont exaltées. L’amour constant de Dieu a sauvé et libéré Israël, son peuple. Ces parallèles apparaissent plus clairement dans la comparaison de la version grecque de la Septante du « chant de victoire » avec le texte, grec, de Luc. Ce dernier a imité le style, les expressions et le vocabulaire de cette traduction grecque du « chant de victoire ». La fuite en Égypte de Marie et Joseph, pour échapper à la tyrannie et violence d’Hérode, suit le parcours inverse de Moïse qui, avec Miryam et Aaron, fuyait Pharaon. Marie de Nazareth aura néanmoins touché le même sol égyptien que sa matronyme Miryam (Mt 2,13-15)on Le fait que la Bible contient sept passages différents parlant de Miryam atteste de son rôle de leader en Israël. Le prophète Michée l’exalte : « Car je t’ai fait monter du pays d’Égypte, je t’ai racheté de la maison de servitude ; j’ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Miryam (Mi 6,4).

MIRYAM ET MARIE En repérant les qualités de Miryam, la sœur de Moïse, on observe ce qui suit : elle est un leader, une prophétesse, une médiatrice, une initiatrice, une servante, un modèle de discrétion et de pertinence, une négociatrice et une femme qui prend soin des autres et qui collabore dans les coulisses, mais efficacement, à l’histoire salvifique du peuple élu. Dans les hymnes et litanies de l’Église, la tradition catholique attribue de telles qualités à Marie. Les fondements bibliques de l’emploi de ces expressions sont tirés des récits de l’Annonciation, de la Visitation (Lc 1,28-45) et des noces de Cana (Jn 2,1-11).

JUDITH Judith est l’héroïne du livre deutéro-canonique du même nom. Elle incarne la femme idéale de la piété juive tardive (150-100 av. J.C.). Bien des aspects de sa vie laissent voir en elle une pharisienne. Dans sa victoire sur Holopherne, elle ressemble à Déborah et Yaël dans leur victoire sur Sisera. Elle se décrit en Judith 11,17 : « Car ta servante est une femme pieuse : Nuit et jour elle honore le Dieu du ciel. » De par son observance religieuse, Judith est une personne juste. Elle observe les prescriptions de la Torah, est une chaste veuve, observe les fêtes et même les veilles de fêtes (8,6). Elle observe les lois et rituels de purification (12,2.9.19 ; 16,18). « …elle est un modèle de religion pharisienne. Il n’est pas étonnant que sa dévotion soit bénie ; elle est riche, elle est belle, tous l’estiment (8,7-8) même s’il est à noter que le texte ne parle pas d’enfants. L’histoire se concentre sur son courage, son initiative, son don de soi (13,20)… » [Voir : Reginald C. Fuller, éd., A New Catholic Commentary on Holy Scripture. (Nashville : Thomas Nelson, 1969) 404.] Judith représente l’ensemble du peuple d’Israël fidèle. Cela apparaît notamment dans son hymne final (16,1-17). Judith appartient aux pauvres de Yahvé (tapeinoi : 6,19 ; 13,20 ; 16,11). Les biblistes reconnaissent que la physionomie spirituelle de Judith est sans aucun doute celle des pauvres en esprit. Dans ses actes, Judith devient un paradigme de la libération humaine. Elle témoigne de la vérité fondamentale selon laquelle la foi ne dépend pas de résultats visibles (8,17-27) et que la puissance de Dieu ne réside pas dans le nombre (9,11).

JUDITH ET MARIE On trouve en Marie de Nazareth un écho à la confiance absolue placée en Dieu par Judith en tant que « pauvre de Yahvé ». On trouve chez l’une comme chez l’autre l’observance des rituels des lois de purification et des fêtes, en particulier la Pâque. Toutes deux sont exemplaires dans leur vie de prière et leur participation aux pratiques religieuses. Dans les lectures liturgiques des messes en l’honneur de Marie, la bénédiction de Judith annonce celle de Marie par Élisabeth : « Sois bénie, ma fille, par le Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes de la terre » (Jdt 13,18). Les louanges adressées à Judith – « Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d’Israël ! Tu es le grand honneur de notre race ! » (Jdt 15,9) – ainsi que des paroles provenant de son propre hymne sont aussi fréquemment employées en lien avec Marie :

            « Je veux chanter à mon Dieu un cantique nouveau. Seigneur tu es grand, tu es   glorieux, admirable dans ta force, invincible. Que toute ta création te serve ! Car   tu as dit et les êtres furent, tu envoyas ton souffle et ils furent créés, et personne          ne peut résister à ta voix » (Jdt 16,13-14).

ESTHER Esther est une héroïne et le paradigme de la femme totalement libérée qui place toute sa confiance en Dieu. Par la prière et le jeûne, elle est en mesure de contrer le mal projeté par les Perses et d’intercéder en faveur de son peuple Israël auprès du roi Assuérus. Reine, Esther est concernée par le destin des juifs, même si son statut pourrait la mettre à l’abri du décret d’extermination lancé contre son peuple. Elle demande aux juifs un jeûne de trois jours pour préparer avec elle son apparition devant le roi à qui elle compte demander le salut de son peuple, au risque d’être punie de mort pour son audace. Au moins, elle aura essayé ! Il y a en elle à la fois de la résignation et une courageuse liberté ainsi que l’espoir que sa démarche aboutira. [Voir : John F. Craghan, « Esther: A Fully Liberated Woman », The Bible Today 24 (1986), pp. 6-11.] Aujourd’hui encore, les Juifs commémorent Esther lors de la fête de Purim où les enfants rejouent les scènes du livre avec toutes sortes de déguisements. L’ennemi juré du peuple d’Israël, Haman, est habituellement représenté en costume noir. Dans la célébration de Purim, les valeurs mises en évidence sont le sacrifice de soi et la providence divine. Ce sont aussi les deux thèmes majeurs du livre d’Esther. [Voir : C. G. Montefiore and H. Loewe, A Rabbinic Anthology. (New York : Schocken, 1974), pp. 99-101.] Dans la tradition juive, le livre d’Esther fait partie des cinq megillot ou rouleaux. Esther en constitue le rouleau, megillah, par excellence. « À moins qu’un autre des cinq ne soit spécifié, le terme megillah en est venu à désigner le seul livre d’Esther. » . » [Voir : Rufus Learsi, Israel: A History of the Jewish People. (New York : Meridian, 1966), 120.]

ESTHER ET MARIE Marie, la mère de Jésus, ressemble à Esther dans sa prière et son pouvoir d’intercession auprès de Dieu. Elle promeut aussi le bien et du peuple et du peuple chrétien dans son rôle de Reine. Trois passages du livre d’Esther sont utilisés dans la mariologie des premiers auteurs chrétiens et dans la liturgie catholique : 2,16-18 ; C,12.14-15.25.30 et 8,3-8.16-17.

TAMAR Tamar, « le palmier », est la première femme mentionnée dans la généalogie de Matthieu : « Juda engendra Pharès et Zérah, de Tamar » (Mt 1,3). La raison de la mention de Thamar se trouve en Genèse 38. Juda, dont les deux aînés ont été successivement mariés à Thamar et son mort, craint pour son troisième fils, Shéla. Au lieu de le donner en mariage à Thamar, comme il devrait le faire, il renvoie Thamar veuve et sans enfants. Par un stratagème ingénieux, Tamar se déguise en prostituée et Juda couche avec elle. Elle prend cependant soin de subtiliser quelques objets appartenant à Juda. Elle conçoit et est accusée d’adultère. Quand elle montre les objets appartenant à l’homme duquel elle a conçu, Juda reconnaît que c’est lui qui a enfreint la loi divine : « Elle est plus juste que moi. C’est qu’en effet je ne lui avait pas donné mon fils Shéla » (Gn 38,26). Elle donne naissance à des jumeaux, Pharès et Zérah. Pharès sera l’ancêtre de David (Rt 4,18ss.) et donc, finalement, du Messie.

L’HISTOIRE DE TAMAR EST UNE ILLUSTRATION DE LA LOI DU LÉVIRAT :             « Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans enfant,          la femme du défunt ne se mariera pas au-dehors avec un homme d’une famille      étrangère. Son « lévir » (beau-frère) viendra à elle, il exercera son lévirat en la       prenant pour épouse et le premier-né qu’elle enfantera prendra le nom du frère défunt, afin que ce nom ne soit pas effacé d’Israël » (Dt 25,5-6).

TAMAR ET MARIE Pourquoi Matthieu relève-t-il le nom de Tamar dans sa généalogie ? Parce que c’est de la lignée messianique de Juda que surgira David. Tamar atteste aussi le côté anormal de sa situation de veuve ayant besoin de l’intervention divine pour rétablir la justice en sa faveur. De même, Marie, la mère de Jésus, se retrouve dans une situation anormale à cause de sa grossesse à laquelle Joseph, son fiancé, n’est pour rien. Comme Tamar est reconnue juste devant Dieu, Marie est reconnue innocente. Joseph découvre cela dans un rêve. 

RAHAB De même que Tamar n’est pas condamnée comme prostituée quand elle cherche à obtenir justice de la famille de Juda qui lui était redevable, de même Rahab (Jos 2) ne l’est pas non plus, elle qui est au contraire louée pour sa foi, son ingéniosité et son hospitalité, vertus qui comptent parmi les plus exaltées par les Écritures. Elle est aussi vénérée dans le Nouveau Testament (He 11,31 ; Jc 2,25) ainsi que dans les anciennes traditions chrétiennes (1 Clément 12,1) et juives (Mek Ex 18,1 ; Midr. Ruth 2,1). Son statut sexuel inhabituel est sans doute l’une des raisons pour lesquelles Matthieu l’a incluse dans sa généalogie de Jésus. Elle n’est pas une fille vierge ou une épouse non vierge. Pour cela, elle représente une menace pour la structure sociale patriarcale. Toutefois, en tant que prostituée professionnelle, elle est aussi victime de ce système. Cette femme qui se situait en dehors de la culture patriarcale en général et celle, ethnique, d’Israël en particulier, se retrouve intégrée aux deux (Jos 6,5). La « profession de foi » de Rahab (Jos 2,9-11) explique pourquoi elle protège les espions de Josué (vv. 12-13). On peut y voir déjà dans ce texte ancien comment le pouvoir de Dieu se mêle à l’initiative extraordinaire prise par Rahab en face des puissances du monde patriarcal. Sa foi et le soutien qu’elle apporte au peuple élu de Dieu, Israël, peuvent aussi rendre compte de sa mention dans la généalogie de laquelle le Messie est issu. Le fait qu’elle gagne, pour elle-même et sa famille, une place dans l’histoire d’Israël peut aussi expliquer son inclusion dans la généalogie de Matthieu. C’est une femme sensible, réceptive à la présence de Dieu et sachant user de ses ressources. En tant que telle, elle est digne de figurer parmi les mères d’Israël. Quoique enfermée dans les structures patriarcales de son époque, elle les dépasse par sa foi, son instinct créatif et sa faculté à discerner l’action de Dieu derrière les guerriers d’Israël. La littérature rabbinique l’exalte comme Mère d’Israël dont descendront huit prêtres et huit prophètes.

RAHAB ET MARIE Il existe plusieurs points de convergence entre les histoires de Rahab et de Marie, qui nous aident à mieux comprendre les deux femmes et la foi qui les a inscrites dans la tradition biblique : la sexualité est concernée par les deux histoires ; les deux femmes encourent une punition (mort) ; toutes deux furent instruments par lesquels Dieu a pris possession du pays et des cœurs ; toutes deux furent signes et exemples de foi (He 11) ; toutes deux furent mères de la foi.

RUTH Ruth figure aussi parmi les « Mères d’Israël ». Le Targum de Ruth 2,12 traduit : « …tu es celle qui est arrivée… protégée par l’ombre de la majesté de Dieu et la gloire de Dieu et, grâce à cette récompense, tu seras libérée du jugement de la Géhenne car tu as ta place parmi Sara, Rébecca, Rachel et Léa ; c’est-à-dire parmi les mères d’Israël. » (Rabbah Ruth 5,5 à 2,13 ; Pesikta de Rob. Kohaha 26,1.) Ruth personnifie Israël alors que Booz, son mari, symbolise Dieu. La littérature rabbinique compare sa relation à Booz avec celle d’Israël à Dieu qu’Israël doit glorifier (Ex 15,2) et en dehors duquel il n’aura pas d’autre dieu (cf. Ex 20,3). Ceci est étroitement lié à l’Alliance entre Dieu et Israël qui est semblable à l’alliance conjugale entre Ruth et Booz. D’une telle alliance naîtra l’Oint, le Messie.

RUTH ET MARIE L’Église aussi, dans sa tradition primitive, reprend la typologie en faisant de Booz une figure du Christ et Ruth une image de l’Église. Aux 12ème et 13ème siècles, Marie à son tour est vue comme ayant été préfigurée par Ruth. Pierre de Celle (1115-1182) voit un parallèle entre les mots de Ruth « Je suis Ruth, ta servante » (Rt 3,9) et ceux de Marie « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38). Aussi bien Ruth que Marie répondent activement à Dieu dans leurs vies. En tant que telles, elles représentent leur peuple Israël dans sa réponse primordiale à l’alliance au Sinaï. Ruth anticipe la réponse « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons » (Ex 24,7). Ruth dit à Booz : « Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux pour que tu t’intéresses à moi qui ne suis qu’une étrangère ? » (Rt 2,10), et à Noémi : « Tout ce que tu me dis, je le ferai » (Rt 2,10). Marie aussi a été objet de faveur ou de grâce : « Réjouis- toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1,28). Marie reconnaît cela dans son propre cantique : « …parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante, oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,48). Marie aussi, comme Israël au Sinaï, répond à l’appel de Dieu en disant : « qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38). Les deux femmes sont objets de faveur et y répondent positivement. Ruth est mentionnée dans la généalogie de David dans les derniers versets du livre ! Une dernière remarque à propos du paradoxe d’un Dieu qui agit au travers de l’histoire humaine. La situation de Ruth, étrangère sans enfants, est transformée par son affection (hesed) envers Noémi. Ruth devient l’épouse de Booz, mais c’est Dieu qui lui donne de concevoir (Rt 4,13). C’est aussi ce que Matthieu suggère dans le paradoxe de Marie qui est la dernière femme mentionnée dans sa généalogie : « de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16). Au coeur du cantique de Marie, il y a l’amour tendresse de Dieu. Le mot hébreu hesed rend compte de cette disposition de Dieu. Selon Elaine Wainwright, la hesed donne aussi la clef de l’histoire de Ruth : « Le livre de Ruth célèbre également la hesed de la femme (Rt 1,8 ; 2,20 ; 3,10) et, même si les allusions au dévoilement des pieds de Booz soulève des questions quant au côté anormal créé par cette situation, aucun vocabulaire de péché n’est associé à Ruth dans tout le livre ». . » [Voir : Wainwright, Feminist Critical 64 (cf. 166-168). David Daube, The New Testatment and Rabbinic Judaism (London : Athlone, 1956) 27-36. J. Massingberd Ford, « Mary's Virginitas Post-Partum and Jewish Law », Biblica 54 (1973) 269-272.] Cela s’applique aussi aux textes qui, en Luc, traitent de la Vierge Mère de Jésus. Les traditions et de la Synagogue et de l’Église ont, respectivement, maintenu l’absence de péché chez ces deux mères d’Israël.   BETHSABÉE Dans la généalogie de Matthieu, Bethsabée est appelée « la femme d’Urie » (Mt 1,6). Son nom n’est pas mentionné. Son rôle est pourtant essentiel dans la généalogie. L’absence du nom souligne ce que son union maritale avec David avait d’irrégulier. Après la mort d’Urie, elle devient l’épouse de David, puis « Reine Mère » ou Gebîrah dans la mesure où son fils Salomon montera sur le trône de David à l’instigation du prophète Nathan aidé en cela par Bethsabée elle-même (1 R 1,11-37). La reine mère (gebîrah) a joué un rôle clairement défini dans nombre de sociétés anciennes et modernes. Le mythe omphalos, qui présentait la terre comme centre vital symbolisé par la déesse mère (mère divine), a été supprimé par les prophètes et historiographes de l’Ancien Testament. Certains voient dans la figure de Dame Sagesse (Pr 1-9) une sorte de subsistance, sous une forme modifiée, de cette ancienne déesse mère. La fonction de reine mère en Judée pourrait aussi être une conséquence de ce mythe. Cette fonction correspondrait à une position d’aînée à la cour et répondrait à la description de Dame Sagesse dans le livre des Proverbes. Mais elle pourrait aussi résulter du fait que les rois disposaient d’un harem : beaucoup d’épouses, mais une seule mère. Quoiqu’il en soit, la reine mère était la « First Lady » du royaume. La Bible n’utilise pas le mot gebîrah à propos de Bethsabée, mais elle est la deuxième personne du royaume (1 R 2,19) : le roi se prosterne devant elle. Bethsabée a l’oreille du roi son fils ; on lui demande de présenter des requêtes au roi. Elle joue un rôle d’intercesseur. Sa position fait d’elle une personne de conseil et une source de sagesse. À la mort de David, elle s’est préoccupée de sa succession et de la stabilité du royaume. Dans son effort pour assurer le trône à son fils, elle en a appelé directement à David mourant. Devenue reine mère, elle joue un rôle de conseiller politique et judiciaire à la cour, et de médiateur entre les factions politiques du pays. Son fils Salomon l’écoute, ce qui démontre le prestige dont la reine mère jouit à Jérusalem. « La reine mère était une dame conseillère dont le rôle se reflète dans le motif de Dame Sagesse du livre des Proverbes » [Anchor Bible, vol 5, p. 585.] Dans la tradition juive contemporaine de la formation du Nouveau Testament, Bethsabée est vue comme une noble dame d’Israël. Après avoir exercé son influence sur David, elle a eu, en tant que Reine Mère, Gebîrah, une grande influence sur son successeur Salomon. De même que les autres femmes de la généalogie, Bethsabée est située à l’intérieur de l’histoire du salut d’Israël et du plan de Dieu. Cette femme est donc une figure-clef qui aide à mieux comprendre la dernière femme mentionnée, Marie, mère de Jésus. Bethsabée aussi est engagée dans l’action de l’Esprit et dans l’histoire du salut.

BETHSABÉE ET MARIE Dans toute comparaison entre Bethsabée et Marie, mère de Jésus, la notion de « Reine Mère » permet peut-être de saisir que ce thème est né de l’Ancien Testament pour ensuite déboucher sur le thème de la royauté de Marie dans la liturgie et la dévotion. Comment comprendre alors la royauté de Marie à la lumière du concept de la Reine Mère ? On a dit que certaines « femmes puissantes » de l’Ancien Testament préfigurent Marie. Des versets concernant Esther et Judith ont été utilisés en référence à Marie dans la liturgie de l’Église : «  Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d’Israël ! Tu es le grand honneur de notre race ! » (Jdt 15,9). Ces versets expriment les sentiments de la communauté chrétienne. La Reine Mère joue un rôle actif et assuré par rapport à son fils. Elle a le souci du royaume. On peut dire que Marie est responsable de la royauté de son fils en raison de sa maternité et son réel souci du royaume de Dieu (Lumen Gentium 56). Il est en revanche difficile de prouver que Marie ait été conscience de quelque dimension royale de son assentiment au moment de l’Annonciation. Marie n’a pas recherché le trône pour son fils comme l’ont fait d’autres « reines mères ». Au contraire, elle s’est mise au service du mystère de la rédemption « dans la dépendance au Christ » (Lumen Gentium 56). C’est un service d’effacement de soi, à l’image de son fils. La reine mère disposait d’une puissante influence dans le royaume. Ce pouvoir dérivait de son statut de mère du roi. Si nous comparons cela à la médiation de Marie, on peut y voir un lien avec sa médiation maternelle. Le rôle de Marie est subordonné à l’action du Christ. Elle n’a jamais « régné » à sa place comme l’ont fait certaines reines mères. Le rôle de Marie, à l’image de celui du Christ, ne doit pas être compris en termes de domination, sauf sur le mal. Son règne, comme celui du Christ, est fondé sur l’humilité et l’obéissance, et est caractérisé par la foi, l’espérance et la charité. C’est de cette façon qu’elle et son fils se situent par rapport aux fidèles. [Voir : George Francis Kirwin, The Nature of the Queenship of Mary. Thèse, Catholic University of America, 1973, p. 320.] L’activité de Marie en tant que reine mère se manifeste dans sa fidélité à Dieu et son identification à la communauté de ceux qui suivent le Christ. Son influence se laisse saisir dans les paroles « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). L’influence de Marie s’exerce à l’intérieur de la communion des saints. Son pouvoir d’intercession auprès de Dieu est partagé par tous les fidèles. Son intercession maternelle, son « intercession répétée » (Lumen Gentium 62) constitue ce qui la relie au motif de la gebîrah. Une ancienne hymne qui loue Marie en tant que reine, mère et médiatrice est le « Salve Regina » :

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut ! Enfants d’Ève, de cette terre d’exil nous crions vers vous ; vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. O vous, notre Avocate, tournez vers nous vos yeux compatissants. Et, après cet exil, obtenez nous de contempler Jésus, le fruit béni de vos entrailles, Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie !

 Finalement, en ce qui concerne les femmes de l’Ancien Testament mentionnées dans la généalogie de Matthieu, R. Brown conclut que c’est sans doute en raison du caractère non ordinaire de leur statut marital qu’elles ont été incluses dans cette généalogie et qu’elles préfigurent Marie, plutôt que parce qu’elles seraient pécheresses ou étrangères.

FILLE DE SION

Pendant l’Avent, la liturgie catholique romaine célèbre le plan du salut au cours duquel le Dieu de miséricorde a appelé les patriarches, les a unis à lui dans une alliance d’amour, a établi la loi par Moïse, a fait surgir les prophètes et a choisi David et Bethsabée dont la lignée donnera naissance au Sauveur du monde. Les livres de l’Ancien Testament, en annonçant la venue du Christ, « font apparaître progressivement dans une plus parfaite clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur » (Lumen Gentium 55) : c’est la Vierge Marie, que l’Église proclame joie d’Israël et noble fille de Sion. Notre Dame est « fille d’Adam par nature » ; en croyant au message de l’ange, elle a conçu le Fils de Dieu dans son sein virginal et est « de la descendance d’Abraham par sa foi ». En outre, « de l’arbre de Jessé par sa naissance, elle a produit sa fleur et son fruit, Jésus, le Christ, notre Seigneur ». [Extraits de la préface de la messe « la Vierge Marie, fille de Sion ».] Dans son obéissance sincère à la Loi et sa pleine acceptation de la volonté de Dieu, elle occupe, selon les mots du Concile Vatican II, « la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance. Enfin, avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d’elle la nature humaine pour libérer l’homme du péché par les mystères de sa chair » (Lumen Gentium 55). Nous vous invitons à prier avec l’Église l’oraison suivante de la messe « la Vierge Marie, fille de Sion », la première des Messes en l’honneur de la Vierge Marie :

Seigneur Dieu, pour accomplir la promesse faite à nos pères, tu as choisi la Vierge Marie, fille de Sion, pour qu’elle soit la mère du Sauveur ; aide-nous à suivre son exemple, dans son humilité qui te fut agréable et dans son obéissance dont nous ressentons le bienfait. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,

qui vit avec Toi dans l’unité du Saint Esprit,

pour les siècles des siècles.

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FIGURES MARIALES DE L’ANCIEN TESTAMENT – DEUXIEME PARTIE -

9 décembre, 2013

http://campus.udayton.edu/mary/resources/french/figuresmarial.html

FIGURES MARIALES DE L’ANCIEN TESTAMENT   – DEUXIEME PARTIE -

MIRYAM Le nom de la Vierge Marie lui fut donné par ses parents sans doute en l’honneur de Miryam, la sœur de Moïse et d’Aaron (dans l’Ancien Testament). Sous la conduite de Moïse, elle fut une prophétesse et un leader du peuple dans sa traversée de la mer Rouge et du désert. Anne et Joachim ont peut-être été motivés par le désir d’une renaissance du peuple d’Israël, de même que les parents de Marie Madeleine, Marie de Béthanie, Marie mère de Jacques ou encore Marie mère de Marc. Son nom signifierait « dame princesse » ou, s’il y a un lien avec le lieu appelé Méribah, « eaux amères ». Miryam, la sœur de Moïse, est seule dans l’Ancien Testament à porter ce nom si on excepte la Miryam inconnue de 1 Chroniques 4,17. O. Bardenhewer a recensé pas moins de 67 étymologies différentes pour le nom « Miryam » ! Plus probablement, ce nom aurait désigné une dame de haut rang, une princesse donc, et ainsi plutôt belle. Si le nom a une origine égyptienne, le sens de « chère » ou « chérie » en serait la meilleure traduction. Selon de la Potterie, le kécharitôménê de Luc 1,28 serait utilisé comme un équivalent de « Marie » et indiquerait que ce nom s’appliquerait à une femme comblée de grâce par Dieu, donc gracieuse et belle. Le judaïsme considère Myriam comme une prophétesse. Elle reprend le chant de victoire célébrant Dieu qui a libéré son peuple pendant l’Exode :

            « Miryam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit en main un tambourin et toutes les            femmes la suivirent avec des tambourins, formant des chœurs de danse. Et    Miryam leur entonna : “Chantez pour Yahvé, car il s’est couvert de gloire, il a jeté    à la mer cheval et cavalier” » (Exode 15,20-21).

Dans l’évangile de l’enfance selon Luc, le Magnificat est attribué à Marie (certains manuscrits mineurs l’attribuent à Élisabeth). Les deux hymnes partagent plusieurs thèmes. Marie glorifie Dieu comme son Seigneur et Sauveur alors que Moïse ou Miryam chante la gloire, kabôd, de Dieu. Dans les deux cas, Dieu est identifié comme Seigneur et Sauveur. Abraham est le père dans la foi des deux femmes. Les deux exaltent Dieu dans son triomphe sur les puissants. Pharaon est mis à bas comme les orgueilleux du Magnificat. Dieu déploie la force de sa droite, de son bras dans les deux chants. Les œuvres puissantes de Dieu sont exaltées. L’amour constant de Dieu a sauvé et libéré Israël, son peuple. Ces parallèles apparaissent plus clairement dans la comparaison de la version grecque de la Septante du « chant de victoire » avec le texte, grec, de Luc. Ce dernier a imité le style, les expressions et le vocabulaire de cette traduction grecque du « chant de victoire ». La fuite en Égypte de Marie et Joseph, pour échapper à la tyrannie et violence d’Hérode, suit le parcours inverse de Moïse qui, avec Miryam et Aaron, fuyait Pharaon. Marie de Nazareth aura néanmoins touché le même sol égyptien que sa matronyme Miryam (Mt 2,13-15)on Le fait que la Bible contient sept passages différents parlant de Miryam atteste de son rôle de leader en Israël. Le prophète Michée l’exalte : « Car je t’ai fait monter du pays d’Égypte, je t’ai racheté de la maison de servitude ; j’ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Miryam (Mi 6,4).

MIRYAM ET MARIE En repérant les qualités de Miryam, la sœur de Moïse, on observe ce qui suit : elle est un leader, une prophétesse, une médiatrice, une initiatrice, une servante, un modèle de discrétion et de pertinence, une négociatrice et une femme qui prend soin des autres et qui collabore dans les coulisses, mais efficacement, à l’histoire salvifique du peuple élu. Dans les hymnes et litanies de l’Église, la tradition catholique attribue de telles qualités à Marie. Les fondements bibliques de l’emploi de ces expressions sont tirés des récits de l’Annonciation, de la Visitation (Lc 1,28-45) et des noces de Cana (Jn 2,1-11).

JUDITH Judith est l’héroïne du livre deutéro-canonique du même nom. Elle incarne la femme idéale de la piété juive tardive (150-100 av. J.C.). Bien des aspects de sa vie laissent voir en elle une pharisienne. Dans sa victoire sur Holopherne, elle ressemble à Déborah et Yaël dans leur victoire sur Sisera. Elle se décrit en Judith 11,17 : « Car ta servante est une femme pieuse : Nuit et jour elle honore le Dieu du ciel. » De par son observance religieuse, Judith est une personne juste. Elle observe les prescriptions de la Torah, est une chaste veuve, observe les fêtes et même les veilles de fêtes (8,6). Elle observe les lois et rituels de purification (12,2.9.19 ; 16,18). « …elle est un modèle de religion pharisienne. Il n’est pas étonnant que sa dévotion soit bénie ; elle est riche, elle est belle, tous l’estiment (8,7-8) même s’il est à noter que le texte ne parle pas d’enfants. L’histoire se concentre sur son courage, son initiative, son don de soi (13,20)… » [Voir : Reginald C. Fuller, éd., A New Catholic Commentary on Holy Scripture. (Nashville : Thomas Nelson, 1969) 404.] Judith représente l’ensemble du peuple d’Israël fidèle. Cela apparaît notamment dans son hymne final (16,1-17). Judith appartient aux pauvres de Yahvé (tapeinoi : 6,19 ; 13,20 ; 16,11). Les biblistes reconnaissent que la physionomie spirituelle de Judith est sans aucun doute celle des pauvres en esprit. Dans ses actes, Judith devient un paradigme de la libération humaine. Elle témoigne de la vérité fondamentale selon laquelle la foi ne dépend pas de résultats visibles (8,17-27) et que la puissance de Dieu ne réside pas dans le nombre (9,11).

JUDITH ET MARIE On trouve en Marie de Nazareth un écho à la confiance absolue placée en Dieu par Judith en tant que « pauvre de Yahvé ». On trouve chez l’une comme chez l’autre l’observance des rituels des lois de purification et des fêtes, en particulier la Pâque. Toutes deux sont exemplaires dans leur vie de prière et leur participation aux pratiques religieuses. Dans les lectures liturgiques des messes en l’honneur de Marie, la bénédiction de Judith annonce celle de Marie par Élisabeth : « Sois bénie, ma fille, par le Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes de la terre » (Jdt 13,18). Les louanges adressées à Judith – « Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d’Israël ! Tu es le grand honneur de notre race ! » (Jdt 15,9) – ainsi que des paroles provenant de son propre hymne sont aussi fréquemment employées en lien avec Marie :

            « Je veux chanter à mon Dieu un cantique nouveau. Seigneur tu es grand, tu es   glorieux, admirable dans ta force, invincible. Que toute ta création te serve ! Car   tu as dit et les êtres furent, tu envoyas ton souffle et ils furent créés, et personne          ne peut résister à ta voix » (Jdt 16,13-14).

ESTHER Esther est une héroïne et le paradigme de la femme totalement libérée qui place toute sa confiance en Dieu. Par la prière et le jeûne, elle est en mesure de contrer le mal projeté par les Perses et d’intercéder en faveur de son peuple Israël auprès du roi Assuérus. Reine, Esther est concernée par le destin des juifs, même si son statut pourrait la mettre à l’abri du décret d’extermination lancé contre son peuple. Elle demande aux juifs un jeûne de trois jours pour préparer avec elle son apparition devant le roi à qui elle compte demander le salut de son peuple, au risque d’être punie de mort pour son audace. Au moins, elle aura essayé ! Il y a en elle à la fois de la résignation et une courageuse liberté ainsi que l’espoir que sa démarche aboutira. [Voir : John F. Craghan, « Esther: A Fully Liberated Woman », The Bible Today 24 (1986), pp. 6-11.] Aujourd’hui encore, les Juifs commémorent Esther lors de la fête de Purim où les enfants rejouent les scènes du livre avec toutes sortes de déguisements. L’ennemi juré du peuple d’Israël, Haman, est habituellement représenté en costume noir. Dans la célébration de Purim, les valeurs mises en évidence sont le sacrifice de soi et la providence divine. Ce sont aussi les deux thèmes majeurs du livre d’Esther. [Voir : C. G. Montefiore and H. Loewe, A Rabbinic Anthology. (New York : Schocken, 1974), pp. 99-101.] Dans la tradition juive, le livre d’Esther fait partie des cinq megillot ou rouleaux. Esther en constitue le rouleau, megillah, par excellence. « À moins qu’un autre des cinq ne soit spécifié, le terme megillah en est venu à désigner le seul livre d’Esther. » . » [Voir : Rufus Learsi, Israel: A History of the Jewish People. (New York : Meridian, 1966), 120.]

ESTHER ET MARIE Marie, la mère de Jésus, ressemble à Esther dans sa prière et son pouvoir d’intercession auprès de Dieu. Elle promeut aussi le bien et du peuple et du peuple chrétien dans son rôle de Reine. Trois passages du livre d’Esther sont utilisés dans la mariologie des premiers auteurs chrétiens et dans la liturgie catholique : 2,16-18 ; C,12.14-15.25.30 et 8,3-8.16-17.

TAMAR Tamar, « le palmier », est la première femme mentionnée dans la généalogie de Matthieu : « Juda engendra Pharès et Zérah, de Tamar » (Mt 1,3). La raison de la mention de Thamar se trouve en Genèse 38. Juda, dont les deux aînés ont été successivement mariés à Thamar et son mort, craint pour son troisième fils, Shéla. Au lieu de le donner en mariage à Thamar, comme il devrait le faire, il renvoie Thamar veuve et sans enfants. Par un stratagème ingénieux, Tamar se déguise en prostituée et Juda couche avec elle. Elle prend cependant soin de subtiliser quelques objets appartenant à Juda. Elle conçoit et est accusée d’adultère. Quand elle montre les objets appartenant à l’homme duquel elle a conçu, Juda reconnaît que c’est lui qui a enfreint la loi divine : « Elle est plus juste que moi. C’est qu’en effet je ne lui avait pas donné mon fils Shéla » (Gn 38,26). Elle donne naissance à des jumeaux, Pharès et Zérah. Pharès sera l’ancêtre de David (Rt 4,18ss.) et donc, finalement, du Messie.

L’HISTOIRE DE TAMAR EST UNE ILLUSTRATION DE LA LOI DU LÉVIRAT :             « Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans enfant,          la femme du défunt ne se mariera pas au-dehors avec un homme d’une famille      étrangère. Son « lévir » (beau-frère) viendra à elle, il exercera son lévirat en la       prenant pour épouse et le premier-né qu’elle enfantera prendra le nom du frère défunt, afin que ce nom ne soit pas effacé d’Israël » (Dt 25,5-6).

TAMAR ET MARIE Pourquoi Matthieu relève-t-il le nom de Tamar dans sa généalogie ? Parce que c’est de la lignée messianique de Juda que surgira David. Tamar atteste aussi le côté anormal de sa situation de veuve ayant besoin de l’intervention divine pour rétablir la justice en sa faveur. De même, Marie, la mère de Jésus, se retrouve dans une situation anormale à cause de sa grossesse à laquelle Joseph, son fiancé, n’est pour rien. Comme Tamar est reconnue juste devant Dieu, Marie est reconnue innocente. Joseph découvre cela dans un rêve. 

RAHAB De même que Tamar n’est pas condamnée comme prostituée quand elle cherche à obtenir justice de la famille de Juda qui lui était redevable, de même Rahab (Jos 2) ne l’est pas non plus, elle qui est au contraire louée pour sa foi, son ingéniosité et son hospitalité, vertus qui comptent parmi les plus exaltées par les Écritures. Elle est aussi vénérée dans le Nouveau Testament (He 11,31 ; Jc 2,25) ainsi que dans les anciennes traditions chrétiennes (1 Clément 12,1) et juives (Mek Ex 18,1 ; Midr. Ruth 2,1). Son statut sexuel inhabituel est sans doute l’une des raisons pour lesquelles Matthieu l’a incluse dans sa généalogie de Jésus. Elle n’est pas une fille vierge ou une épouse non vierge. Pour cela, elle représente une menace pour la structure sociale patriarcale. Toutefois, en tant que prostituée professionnelle, elle est aussi victime de ce système. Cette femme qui se situait en dehors de la culture patriarcale en général et celle, ethnique, d’Israël en particulier, se retrouve intégrée aux deux (Jos 6,5). La « profession de foi » de Rahab (Jos 2,9-11) explique pourquoi elle protège les espions de Josué (vv. 12-13). On peut y voir déjà dans ce texte ancien comment le pouvoir de Dieu se mêle à l’initiative extraordinaire prise par Rahab en face des puissances du monde patriarcal. Sa foi et le soutien qu’elle apporte au peuple élu de Dieu, Israël, peuvent aussi rendre compte de sa mention dans la généalogie de laquelle le Messie est issu. Le fait qu’elle gagne, pour elle-même et sa famille, une place dans l’histoire d’Israël peut aussi expliquer son inclusion dans la généalogie de Matthieu. C’est une femme sensible, réceptive à la présence de Dieu et sachant user de ses ressources. En tant que telle, elle est digne de figurer parmi les mères d’Israël. Quoique enfermée dans les structures patriarcales de son époque, elle les dépasse par sa foi, son instinct créatif et sa faculté à discerner l’action de Dieu derrière les guerriers d’Israël. La littérature rabbinique l’exalte comme Mère d’Israël dont descendront huit prêtres et huit prophètes.

RAHAB ET MARIE Il existe plusieurs points de convergence entre les histoires de Rahab et de Marie, qui nous aident à mieux comprendre les deux femmes et la foi qui les a inscrites dans la tradition biblique : la sexualité est concernée par les deux histoires ; les deux femmes encourent une punition (mort) ; toutes deux furent instruments par lesquels Dieu a pris possession du pays et des cœurs ; toutes deux furent signes et exemples de foi (He 11) ; toutes deux furent mères de la foi.

RUTH Ruth figure aussi parmi les « Mères d’Israël ». Le Targum de Ruth 2,12 traduit : « …tu es celle qui est arrivée… protégée par l’ombre de la majesté de Dieu et la gloire de Dieu et, grâce à cette récompense, tu seras libérée du jugement de la Géhenne car tu as ta place parmi Sara, Rébecca, Rachel et Léa ; c’est-à-dire parmi les mères d’Israël. » (Rabbah Ruth 5,5 à 2,13 ; Pesikta de Rob. Kohaha 26,1.) Ruth personnifie Israël alors que Booz, son mari, symbolise Dieu. La littérature rabbinique compare sa relation à Booz avec celle d’Israël à Dieu qu’Israël doit glorifier (Ex 15,2) et en dehors duquel il n’aura pas d’autre dieu (cf. Ex 20,3). Ceci est étroitement lié à l’Alliance entre Dieu et Israël qui est semblable à l’alliance conjugale entre Ruth et Booz. D’une telle alliance naîtra l’Oint, le Messie.

RUTH ET MARIE L’Église aussi, dans sa tradition primitive, reprend la typologie en faisant de Booz une figure du Christ et Ruth une image de l’Église. Aux 12ème et 13ème siècles, Marie à son tour est vue comme ayant été préfigurée par Ruth. Pierre de Celle (1115-1182) voit un parallèle entre les mots de Ruth « Je suis Ruth, ta servante » (Rt 3,9) et ceux de Marie « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38). Aussi bien Ruth que Marie répondent activement à Dieu dans leurs vies. En tant que telles, elles représentent leur peuple Israël dans sa réponse primordiale à l’alliance au Sinaï. Ruth anticipe la réponse « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons » (Ex 24,7). Ruth dit à Booz : « Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux pour que tu t’intéresses à moi qui ne suis qu’une étrangère ? » (Rt 2,10), et à Noémi : « Tout ce que tu me dis, je le ferai » (Rt 2,10). Marie aussi a été objet de faveur ou de grâce : « Réjouis- toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1,28). Marie reconnaît cela dans son propre cantique : « …parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante, oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,48). Marie aussi, comme Israël au Sinaï, répond à l’appel de Dieu en disant : « qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38). Les deux femmes sont objets de faveur et y répondent positivement. Ruth est mentionnée dans la généalogie de David dans les derniers versets du livre ! Une dernière remarque à propos du paradoxe d’un Dieu qui agit au travers de l’histoire humaine. La situation de Ruth, étrangère sans enfants, est transformée par son affection (hesed) envers Noémi. Ruth devient l’épouse de Booz, mais c’est Dieu qui lui donne de concevoir (Rt 4,13). C’est aussi ce que Matthieu suggère dans le paradoxe de Marie qui est la dernière femme mentionnée dans sa généalogie : « de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16). Au coeur du cantique de Marie, il y a l’amour tendresse de Dieu. Le mot hébreu hesed rend compte de cette disposition de Dieu. Selon Elaine Wainwright, la hesed donne aussi la clef de l’histoire de Ruth : « Le livre de Ruth célèbre également la hesed de la femme (Rt 1,8 ; 2,20 ; 3,10) et, même si les allusions au dévoilement des pieds de Booz soulève des questions quant au côté anormal créé par cette situation, aucun vocabulaire de péché n’est associé à Ruth dans tout le livre ». . » [Voir : Wainwright, Feminist Critical 64 (cf. 166-168). David Daube, The New Testatment and Rabbinic Judaism (London : Athlone, 1956) 27-36. J. Massingberd Ford, « Mary's Virginitas Post-Partum and Jewish Law », Biblica 54 (1973) 269-272.] Cela s’applique aussi aux textes qui, en Luc, traitent de la Vierge Mère de Jésus. Les traditions et de la Synagogue et de l’Église ont, respectivement, maintenu l’absence de péché chez ces deux mères d’Israël.   BETHSABÉE Dans la généalogie de Matthieu, Bethsabée est appelée « la femme d’Urie » (Mt 1,6). Son nom n’est pas mentionné. Son rôle est pourtant essentiel dans la généalogie. L’absence du nom souligne ce que son union maritale avec David avait d’irrégulier. Après la mort d’Urie, elle devient l’épouse de David, puis « Reine Mère » ou Gebîrah dans la mesure où son fils Salomon montera sur le trône de David à l’instigation du prophète Nathan aidé en cela par Bethsabée elle-même (1 R 1,11-37). La reine mère (gebîrah) a joué un rôle clairement défini dans nombre de sociétés anciennes et modernes. Le mythe omphalos, qui présentait la terre comme centre vital symbolisé par la déesse mère (mère divine), a été supprimé par les prophètes et historiographes de l’Ancien Testament. Certains voient dans la figure de Dame Sagesse (Pr 1-9) une sorte de subsistance, sous une forme modifiée, de cette ancienne déesse mère. La fonction de reine mère en Judée pourrait aussi être une conséquence de ce mythe. Cette fonction correspondrait à une position d’aînée à la cour et répondrait à la description de Dame Sagesse dans le livre des Proverbes. Mais elle pourrait aussi résulter du fait que les rois disposaient d’un harem : beaucoup d’épouses, mais une seule mère. Quoiqu’il en soit, la reine mère était la « First Lady » du royaume. La Bible n’utilise pas le mot gebîrah à propos de Bethsabée, mais elle est la deuxième personne du royaume (1 R 2,19) : le roi se prosterne devant elle. Bethsabée a l’oreille du roi son fils ; on lui demande de présenter des requêtes au roi. Elle joue un rôle d’intercesseur. Sa position fait d’elle une personne de conseil et une source de sagesse. À la mort de David, elle s’est préoccupée de sa succession et de la stabilité du royaume. Dans son effort pour assurer le trône à son fils, elle en a appelé directement à David mourant. Devenue reine mère, elle joue un rôle de conseiller politique et judiciaire à la cour, et de médiateur entre les factions politiques du pays. Son fils Salomon l’écoute, ce qui démontre le prestige dont la reine mère jouit à Jérusalem. « La reine mère était une dame conseillère dont le rôle se reflète dans le motif de Dame Sagesse du livre des Proverbes » [Anchor Bible, vol 5, p. 585.] Dans la tradition juive contemporaine de la formation du Nouveau Testament, Bethsabée est vue comme une noble dame d’Israël. Après avoir exercé son influence sur David, elle a eu, en tant que Reine Mère, Gebîrah, une grande influence sur son successeur Salomon. De même que les autres femmes de la généalogie, Bethsabée est située à l’intérieur de l’histoire du salut d’Israël et du plan de Dieu. Cette femme est donc une figure-clef qui aide à mieux comprendre la dernière femme mentionnée, Marie, mère de Jésus. Bethsabée aussi est engagée dans l’action de l’Esprit et dans l’histoire du salut.

BETHSABÉE ET MARIE Dans toute comparaison entre Bethsabée et Marie, mère de Jésus, la notion de « Reine Mère » permet peut-être de saisir que ce thème est né de l’Ancien Testament pour ensuite déboucher sur le thème de la royauté de Marie dans la liturgie et la dévotion. Comment comprendre alors la royauté de Marie à la lumière du concept de la Reine Mère ? On a dit que certaines « femmes puissantes » de l’Ancien Testament préfigurent Marie. Des versets concernant Esther et Judith ont été utilisés en référence à Marie dans la liturgie de l’Église : «  Tu es la gloire de Jérusalem ! Tu es le suprême orgueil d’Israël ! Tu es le grand honneur de notre race ! » (Jdt 15,9). Ces versets expriment les sentiments de la communauté chrétienne. La Reine Mère joue un rôle actif et assuré par rapport à son fils. Elle a le souci du royaume. On peut dire que Marie est responsable de la royauté de son fils en raison de sa maternité et son réel souci du royaume de Dieu (Lumen Gentium 56). Il est en revanche difficile de prouver que Marie ait été conscience de quelque dimension royale de son assentiment au moment de l’Annonciation. Marie n’a pas recherché le trône pour son fils comme l’ont fait d’autres « reines mères ». Au contraire, elle s’est mise au service du mystère de la rédemption « dans la dépendance au Christ » (Lumen Gentium 56). C’est un service d’effacement de soi, à l’image de son fils. La reine mère disposait d’une puissante influence dans le royaume. Ce pouvoir dérivait de son statut de mère du roi. Si nous comparons cela à la médiation de Marie, on peut y voir un lien avec sa médiation maternelle. Le rôle de Marie est subordonné à l’action du Christ. Elle n’a jamais « régné » à sa place comme l’ont fait certaines reines mères. Le rôle de Marie, à l’image de celui du Christ, ne doit pas être compris en termes de domination, sauf sur le mal. Son règne, comme celui du Christ, est fondé sur l’humilité et l’obéissance, et est caractérisé par la foi, l’espérance et la charité. C’est de cette façon qu’elle et son fils se situent par rapport aux fidèles. [Voir : George Francis Kirwin, The Nature of the Queenship of Mary. Thèse, Catholic University of America, 1973, p. 320.] L’activité de Marie en tant que reine mère se manifeste dans sa fidélité à Dieu et son identification à la communauté de ceux qui suivent le Christ. Son influence se laisse saisir dans les paroles « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). L’influence de Marie s’exerce à l’intérieur de la communion des saints. Son pouvoir d’intercession auprès de Dieu est partagé par tous les fidèles. Son intercession maternelle, son « intercession répétée » (Lumen Gentium 62) constitue ce qui la relie au motif de la gebîrah. Une ancienne hymne qui loue Marie en tant que reine, mère et médiatrice est le « Salve Regina » :

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut ! Enfants d’Ève, de cette terre d’exil nous crions vers vous ; vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. O vous, notre Avocate, tournez vers nous vos yeux compatissants. Et, après cet exil, obtenez nous de contempler Jésus, le fruit béni de vos entrailles, Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie !

 Finalement, en ce qui concerne les femmes de l’Ancien Testament mentionnées dans la généalogie de Matthieu, R. Brown conclut que c’est sans doute en raison du caractère non ordinaire de leur statut marital qu’elles ont été incluses dans cette généalogie et qu’elles préfigurent Marie, plutôt que parce qu’elles seraient pécheresses ou étrangères.

FILLE DE SION

Pendant l’Avent, la liturgie catholique romaine célèbre le plan du salut au cours duquel le Dieu de miséricorde a appelé les patriarches, les a unis à lui dans une alliance d’amour, a établi la loi par Moïse, a fait surgir les prophètes et a choisi David et Bethsabée dont la lignée donnera naissance au Sauveur du monde. Les livres de l’Ancien Testament, en annonçant la venue du Christ, « font apparaître progressivement dans une plus parfaite clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur » (Lumen Gentium 55) : c’est la Vierge Marie, que l’Église proclame joie d’Israël et noble fille de Sion. Notre Dame est « fille d’Adam par nature » ; en croyant au message de l’ange, elle a conçu le Fils de Dieu dans son sein virginal et est « de la descendance d’Abraham par sa foi ». En outre, « de l’arbre de Jessé par sa naissance, elle a produit sa fleur et son fruit, Jésus, le Christ, notre Seigneur ». [Extraits de la préface de la messe « la Vierge Marie, fille de Sion ».] Dans son obéissance sincère à la Loi et sa pleine acceptation de la volonté de Dieu, elle occupe, selon les mots du Concile Vatican II, « la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance. Enfin, avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d’elle la nature humaine pour libérer l’homme du péché par les mystères de sa chair » (Lumen Gentium 55). Nous vous invitons à prier avec l’Église l’oraison suivante de la messe « la Vierge Marie, fille de Sion », la première des Messes en l’honneur de la Vierge Marie :

Seigneur Dieu, pour accomplir la promesse faite à nos pères, tu as choisi la Vierge Marie, fille de Sion, pour qu’elle soit la mère du Sauveur ; aide-nous à suivre son exemple, dans son humilité qui te fut agréable et dans son obéissance dont nous ressentons le bienfait. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,

qui vit avec Toi dans l’unité du Saint Esprit,

pour les siècles des siècles.

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PAPE FRANÇOIS: « IMITEZ LA MATERNITÉ DE MARIE, CETTE ATTENTION QU’ELLE A POUR CHACUN DE NOUS »

12 novembre, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/imitez-la-maternite-de-marie-cette-attention-qu-elle-a-pour-chacun-de-nous

« IMITEZ LA MATERNITÉ DE MARIE, CETTE ATTENTION QU’ELLE A POUR CHACUN DE NOUS »

DISCOURS POUR LES CENT ANS DE L’UNITALSI

ROME, 11 NOVEMBRE 2013 (ZENIT.ORG) PAPE FRANÇOIS

« Imitez la maternité de Marie, cette attention toute maternelle qu’elle a pour chacun de nous »: c’est l’exhortation du pape François aux membres de l’UNITALSI qui fête ses cent ans.
Le pape François a en effet reçu en audience, samedi 9 novembre, à 11h, dans la salle Paul VI du Vatican, les participants au pèlerinage de l’Union nationale italienne Transport Malades à Lourdes et sanctuaires internationaux (U.N.I.T.A.L.S.I.), à l’occasion du 110ème anniversaire de l’association.
Le pape invite aussi à « mettre vraiment en valeur la présence et le témoignage des personnes fragiles et souffrantes, non seulement comme étant les destinataires de l’œuvre évangélisatrice, mais aussi en tant que sujets actifs de cette action apostolique ».
Voici notre traduction intégrale du discours du pape François prononcé en italien.

Discours du pape François
 Chers frères et sœurs, bonjour !
Je vous salue tous avec affection, spécialement les personnes malades et infirmes, accompagnées par des bénévoles, les assistants ecclésiastiques, les responsables de section et le président national, que je remercie pour ses paroles. La présence du cardinal De Giorgi, des évêques et des personnalités institutionnelles est signe de l’appréciation que l’UNITALSI rencontre dans l’Eglise et dans la société civile.
1. Depuis 110 ans votre association se consacre aux personnes malades ou fragiles, avec un style typiquement évangélique. En effet, votre œuvre n’est pas de l’assistanat ou de la philanthropie, mais pure annonce de l’Evangile de la charité, ministère du réconfort. Et ceci est grand: votre œuvre est vraiment évangélique,  le ministère de la consolation.  Je pense à tous ces membres de l’UNITALSI qui œuvrent dans toute l’Italie : vous êtes des hommes et des femmes, des mères et des pères, tant de jeunes qui, par amour du Christ et à l’exemple du Bon Samaritain, face à tant de souffrance, ne tournent pas la tête de l’autre côté. Et ce fait de ne pas tourner la tête de l’autre côté est une vertu: Allez-y ! Continuez avec cette vertu! Vous qui essayez au contraire d’être le regard qui accueille, une main qui soulève et accompagne, une parole de réconfort, une étreinte de tendresse. Ne vous découragez pas devant les difficultés et la fatigue, continuez à donner de votre temps, un sourire et de l’amour aux frères et sœurs qui en ont besoin. Que chaque personne malade et fragile puisse voir dans votre visage le visage de Jésus ; et que vous puissiez vous aussi reconnaître dans la personne souffrante la chair du Christ.
  Les pauvres, voire aussi les pauvres de santé, sont une richesse pour l’Eglise ; et vous de l’UNITALSI, avec tant d’autres réalités ecclésiales, vous avez reçu le don et l’engagement de recueillir cette richesse, pour aider à la mettre en valeur, non seulement pour l’Eglise elle-même mais pour toute la société.

2. Le contexte culturel et social actuel est plutôt enclin à cacher la fragilité physique,  à ne la voir que comme un problème qui demande résignation et piétisme ou parfois rebut des personnes. L’UNITALSI est appelée à être un signe prophétique et à aller contre cette logique du monde, la logique du rebut, en aidant les souffrants à être des acteurs au sein de la société, dans l’Eglise, voire dans l’association elle-même. Pour favoriser une réelle insertion des malades dans la communauté chrétienne et susciter en eux un fort sens de l’appartenance, il faut une pastorale inclusive dans les paroisses et dans les associations. Il s’agit de mettre vraiment en valeur la présence et le témoignage des personnes fragiles et souffrantes, non seulement comme étant les destinataires de l’œuvre évangélisatrice, mais aussi en tant que sujets actifs de cette action apostolique.
Chers frères et sœurs malades, ne vous considèrerez pas seulement des objets de solidarité et de charité, mais sentez-vous insérez à plein titre dans la vie et dans la mission de l’Eglise. Vous y avez votre place, avez un rôle spécifique dans la paroisse et dans chaque secteur de l’Eglise.  Votre présence, silencieuse mais plus éloquente que tant de mots, votre prière, l’offre quotidienne de vos souffrances en union avec celles de Jésus crucifié pour le salut du monde, l’acceptation patiente mais également joyeuse de votre condition, sont une ressource spirituelle, un patrimoine pour chaque communauté chrétienne. N’ayez pas honte d’être un précieux trésor de l’Eglise!
  3. Le pèlerinage sur les lieux sacrés de Marie, à Lourdes surtout, est l’expérience la plus forte que l’UNITALSI vit au cours de l’année. Votre style apostolique et votre spiritualité font eux aussi référence à la Sainte Vierge. Redécouvrez ses raisons les plus profondes! En particulier, imitez la maternité de Marie, cette attention toute maternelle qu’elle a pour chacun de nous. Dans le miracle des Noces de Cana, la Vierge Marie s’adresse aux serviteurs et leur dit: « Tout ce qu’il vous dit, faites-le », et Jésus ordonne  aux serviteurs de remplir d’eau les amphores et l’eau se transforme en vin, meilleur que celui qui est servi jusqu’à présent (cf. Jn 2,5-10).
Cette intervention de Marie auprès de son Fils révèle avec quels soins la Mère s’occupe des hommes. Des soins attentifs à nos besoins les plus vrais : Marie sait de quoi nous avons besoin! Elle prend soin de nous, en intercédant auprès de Jésus et demandant pour chacun de nous du « vin nouveau », c’est-à-dire l’amour, la grâce qui nous sauve. Elle intercède toujours et prie pour nous, spécialement dans les moments de difficulté et de faiblesse, dans les moments de découragement et d’égarement, surtout dans les moments du péché. C’est pourquoi, dans la prière de l’ Ave Maria, nous lui demandons: « Prie pour nous, pauvres pécheurs ».
Chers frères et sœurs, soyons confiants et mettons-nous toujours sous la protection de notre Mère Céleste, qui nous console et intercède pour nous auprès de son Fils. Quelle nous aide à être pour tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin « reflet » de Celui qui est le « Père miséricordieux et Dieu de toute consolation » ( 2 Co 1,3). Merci.

Traduction d’Océane Le Gall

DANS TON VENTRE L’AMOUR S’EST RALLUMÉ (article de 2002)

5 novembre, 2013

http://www.30giorni.it/articoli_id_815_l4.htm

DANS TON VENTRE L’AMOUR S’EST RALLUMÉ (article de 2002)

MÉDITATION DE DON GIACOMO TANTARDINI SANCTUAIRE SAN LEOPOLDO MANDIC – PADOUE MERCREDI 18 DÉCEMBRE 2002

PAR GIACOMO TANTARDINI

Souvent, quand je dois parler, me reviennent à l’esprit les mots de Péguy qui sont si actuels: «On nous en a tant dit, ô reine des apôtres / Nous n’avons plus de goût pour la péroraison. / Nous n’avons plus d’autels que ceux qui sont les vôtres, / Nous ne savons plus rien qu’une simple oraison». Ce soir, mes paroles, le devoir de parler, l’obéissance donc à ce devoir voudraient seulement réveiller en vous et en moi cette prière simple, ce «viens», «oui, viens, Jésus». On ne peut parler au Seigneur que sous la forme d’une demande. C’est là l’une des plus belles choses que le Seigneur, dans l’expérience de grâce que nous faisons, nous a donné d’expérimenter. Un enfant ne démontre pas que sa mère est là. Lorsqu’il dit «maman», il reconnaît la présence de celle-ci et lui demande de l’aimer. Ce n’est pas une démonstration. On ne démontre pas une présence. Quand on la reconnaît, on demande. Ce n’est pas pour rien que le Credo chrétien est une prière. Au fond, on peut seulement dire au Seigneur: «Viens», «oui, viens».
Je pensais à cela les jours derniers: combien de fois avons-nous dit «que Ta volonté soit faite» comme une réponse de notre part! Mais l’homme ne peut dire «que Ta volonté soit faite» que comme une demande. «Que Ta volonté soit faite» est une demande. Même lorsque nous prononçons, nous, ces mots, ce n’est pas une réponse de notre part, c’est une demande. Surtout dans les moments où il est comme impossible que monte du cœur des mots de cette sorte. «Que Ta volonté soit faite» est une demande. Qui se produit en nous. Mais le sujet, ce n’est pas nous, ce n’est pas nous qui faisons Sa volonté. Que Ta volonté soit faite en moi, qu’elle soit faite par Toi, que par Toi soit faite Ta volonté en moi. Le Notre Père est une prière.
Je voudrais maintenant vous parler de quelque chose qui a été pour moi une découverte, la semaine dernière, alors que j’assistais à la messe et que j’écoutais parler un prêtre, un bon prêtre. J’ai repensé, à l’improviste, à mon vieux curé, celui grâce auquel je suis entré, enfant, au séminaire (après la quatrième, parce que mon père et ma mère n’ont pas voulu me laisser y entrer après le CM2). Le prêtre grâce auquel je suis entré était vraiment un bon prêtre, un homme simple et très concret. Et je pensais que tous les propos qu’il tenait, étaient, au fond, moralisants. Au fond, il ne parlait que des commandements. De ce qu’il fallait faire. Et pourtant tout ce qu’il disait était catholique. Alors que, me disais-je, tout ce qu’est en train de dire ce prêtre est gnostique. La gnose – ou gnosticisme – est la grande hérésie que Saint Jean, le disciple que Jésus aimait, définit ainsi: «L’Antéchrist est celui qui nie que le Fils de Dieu, Jésus, soit venu dans la chair». Tout ce que disait mon vieux curé renvoyait à l’humanité de Jésus. Et donc aux sacrements. Tout! Et, au contraire, tout ce qui se dit aujourd’hui renvoie à des idées. À des idées chrétiennes, parce qu’elles se réfèrent à des contenus chrétiens. Mais ce sont des idées, ce sont des mots chrétiens dans lesquels il n’y a plus l’humanité de Jésus.
L’humanité de Jésus. L’homme créé par Dieu avait péché. Et il y avait eu beaucoup de siècles d’attente du Messie. Puis, il y a deux mille ans, il est venu. L’humanité de Jésus est quelque chose de réel, quelque chose qui a commencé à exister à Nazareth, quand a eu lieu sa conception. La Vierge a dit : «Me voici», et le Fils éternel de Dieu est devenu chair. À ce moment, il a commencé à être homme, à ce moment seulement, avant, il n’était que Dieu. À ce moment, il a commencé à être aussi homme. L’humanité de Jésus veut dire que sa mère l’a porté pendant neuf mois dans son ventre. Jésus ne serait pas véritablement un homme s’il n’avait pas été soumis au temps et à l’espace. Sujet au temps et à l’espace: neuf mois dans le petit ventre de Marie. Et pendant ces neuf mois, la Vierge regardait son ventre qui grossissait. Alvus tumescit virginis. Il a été soumis au temps. Et puis, l’accouchement admirable, plein d’émerveillement, à Bethléem. Talis decet partus Deum. Et puis l’enfant est devenu grand, à douze ans, il répondait déjà aux docteurs de la loi et les interrogeait. Et puis, après trente ans de silence et de travail à Nazareth, les miracles, ses disciples. Puis la mort. Et la mort a été une mort réelle. Et la résurrection ne coïncide pas avec la mort, mais elle a eu lieu le matin du troisième jour après la mort. Le matin de Pâques. La perversion de la gnose est de dire que ces distinctions réelles n’existent plus. N’existent plus! La mort est vie, la douleur est bonheur, le péché est grâce. Non! Le péché est péché. Le péché mortel provoque la mort de l’âme et si l’on meurt en état de péché mortel, on va en enfer. Tout est confié à la miséricorde de Dieu qui est et reste mystère. Et ainsi en ayant de l’espoir pour chaque homme, c’est-à-dire en priant, la sainte Église dit que si l’on meurt dans la grâce de Dieu, on va au Paradis, mais que si l’on meurt dans le péché mortel, on est précipité dans la seconde mort, qui est sans fin, dans la mort éternelle.
C’est comme si tout cela n’existait plus. Les mots ne renvoient plus à ces choses simples, c’est-à-dire ne renvoient plus à l’humanité de Jésus. Péguy à la question: qu’est-ce qu’un enfant chrétien par rapport à un enfant non chrétien? donnait cette réponse: «Un enfant chrétien est un enfant aux yeux duquel l’enfance de Jésus a été présentée des milliers de fois». L’histoire de Jésus a été présentée. Non pas des idées, mais l’histoire de Jésus. Et les questions, nous ne devons pas les susciter nous, de façon artificielle. C’est la réalité qui éveille les questions dans le cœur. C’est la vie qui pose les questions. Et la réponse à toutes les questions que la vie pose n’est pas une explication chrétienne que nous donnons, nous. La réponse à toutes les questions que la vie pose, c’est l’humanité de Jésus. La réponse à la douleur, c’est Jésus et celui-ci crucifié. Le Vendredi Saint, il est mort sur la croix. Et la nuit précédente, cette nuit du Jeudi Saint (noctem cruentam crimine/ cette nuit ensanglantée par ce si grand crime), cette nuit-là, il a souffert au point qu’il transpirait des gouttes de sang dans le jardin de Gethsémani. Et puis, le procès, la flagellation, le couronnement d’épines. Son humanité! Non pas la réponse chrétienne que nous inventons, nous. Son humanité, regarder Son humanité est réponse à la douleur. Et ainsi le mystère reste intact, et dans notre cœur, si le Seigneur le touche, reste accomplie l’attente et accomplie toute réponse.
Bref, il y a cinquante ans, les paroles que l’on entendait à l’église, même les plus moralisantes, renvoyaient à l’humanité de Jésus. Elles renvoyaient à une histoire, elles renvoyaient à un homme qui avait été conçu dans le ventre de sa mère qui s’appelait Marie, qui avait été porté pendant neuf mois dans son sein, qui avait été mis au monde, qui avait été allaité (comme nous l’avons entendu tout à l’heure: Lactas sacrato ubere), allaité comme tous les enfants, qui avait commencé à sourire comme tous les enfants sourient à leur père et à leur mère. Cet enfant, devenu grand, avait vécu ces trois ans en regroupant autour de lui une petite compagnie. Cet homme est tout ce que le Mystère a voulu nous révéler et nous communiquer. Cet homme est Dieu. «De sa plénitude nous avons tout reçu et grâce pour grâce». C’est ce que dit Jean, le disciple que Jésus aimait. Et saint Paul: «En Lui habite corporellement la plénitude de Dieu». Tout ce que Dieu a voulu nous manifester et nous donner est dans son humanité.
«Tabernaculum eius, caro eius», écrit saint Augustin. La demeure de Dieu est Sa chair. Son humanité: la façon dont il regardait, dont il demandait, dont il s’étonnait, dont il pleurait, dont il se fatiguait. Comme le jour où il s’est assis près du puits de Jacob, cet après-midi-là, quand cette femme, qui n’était certainement pas la femme la plus morale du village, est venue puiser de l’eau. Tout ce que Dieu est, que le Mystère éternel et infini est, nous le connaissons et nous en jouissons à travers Son humanité. En embrassant, en regardant Son humanité. C’est si vrai que le soir du Jeudi Saint, alors que Philippe (Philippe est un apôtre sympathique parce qu’il pose beaucoup de questions. Comme tous les apôtres qui sont plus sympathiques les uns que les autres) lui demandait: «Montre-nous le Père et cela nous suffit», Jésus, le regardant, lui a répondu: «Philippe, voilà si longtemps que je suis avec toi et toi, tu ne me connais pas encore? Qui m’a vu a vu le Père». Qui m’a vu. Non pas dans une vision mystique. Qui a vu de ses yeux, de ses yeux de chair, qui a vu cet homme a vu le Père.
Bref, la semaine dernière, c’est comme si j’avais saisi pour la première fois… Et les paroles de saint Jérôme me sont revenues à l’esprit: «Ingemuit totus orbis, et arianum se esse miratus est». Le monde entier s’est aperçu avec effroi qu’il n’était plus chrétien. Le monde s’est aperçu qu’il n’était plus chrétien avec tous ses mots chrétiens, qu’il n’était plus chrétien avec toutes ses idées chrétiennes. S’il n’y a plus de référence immédiate, si les mots ne renvoient plus immédiatement à Son humanité, il n’y a plus de christianisme. Il n’y a plus cette histoire merveilleuse. Il n’y a plus ni création ni grâce, tant il est vrai que les gens confondent la création et la grâce. Il n’y a plus ni péché ni salut, tant il est vrai que les gens confondent le péché et le salut et arrivent à dire que l’on trouve dans le péché le salut. Tout est confondu parce qu’il n’y a plus de renvoi immédiat à Son humanité, à Son histoire.
Je parlerai maintenant de trois choses que les chants de Noël que nous avons entendus ce soir ont suggérées.
1. La première, avant tout, contre laquelle combat la gnose, la grande hérésie gnostique, c’est le fait que la créature est bonne et qu’elle a été blessée par le péché originel. Le péché originel. Tous les chants que nous avons écoutés (tous!) parlent du péché originel. Quod Eva tristis abstulit. Ils disent qu’Ève est devenue triste. La compagnie était si belle, le Paradis terrestre était si beau. C’était une surprise continuelle. Elle est devenue triste, Ève, en péchant, et elle nous a fait tomber dans cette condition qui n’est plus belle. Reste le cœur qui attend, mais la condition n’est plus belle. Et à la place de la surprise, il y a la préoccupation. C’est là l’une des choses les plus belles que dit Péguy. Qu’a provoqué le péché originel? Il a fait de tout une préoccupation. Là où il y avait la surprise, il a fait de tout un effort, une préoccupation.
Mais au sujet du péché originel, je voudrais vous lire la strophe de l’hymne de Manzoni concernant Noël, parce qu’elle résume bien la condition de l’homme qui naît blessé par le péché. «Lequel jamais parmi ceux qui étaient nés à la haine». C’est ainsi que l’on naît après le péché d’Adam et Ève, on naît à la haine. «Vous êtes tous méchants», dit Jésus. «Lequel jamais parmi ceux qui étaient nés à la haine / Quelle était la personne, / Qui au Saint inaccessible / pouvait dire: pardonne?». Qui pouvait dire «pardonne» au Saint inaccessible qui n’avait pas de visage? Car, avant l’humanité de Jésus, le Mystère n’avait pas de visage que l’on pût regarder, avant cette humanité qui a pu être regardée, que Marie a regardée, que Joseph a regardée. Ces deux enfants qui ont les premiers vu Dieu, quand elle, Marie l’a mis au monde.
«Lequel jamais parmi ceux qui étaient nés à la haine / Quelle était la personne, / Qui au Saint inaccessible…». Inaccessible. Auquel on ne peut arriver. C’est si vrai que, dans un chant, il est dit en s’adressant à la Vierge Marie: «Tu es la porte ouverte du ciel», toi, Vierge, toi Sa mère, tu es porte grand ouverte, pervia, facile, sur Dieu. «Quelle était la personne, / Qui au Saint inaccessible / Pouvait dire: pardonne? / Faire un nouveau pacte éternel?». Qui pouvait faire une nouvelle alliance, par laquelle le Mystère, le Seigneur, le Créateur n’aurait plus suscité la peur? Car, après le péché, l’homme a peur de Dieu: «J’ai eu peur et je me suis caché». Qui pouvait redonner cette amitié grâce à laquelle le fait que Dieu s’approche ne fait plus peur, mais est une compagnie ineffable, une surprise continuelle?
«Faire un nouveau pacte éternel? / Au vainqueur infernal / Arracher sa proie?». À l’enfer qui avait triomphé arracher sa proie.
Telle est la condition de l’homme. On naît ainsi et personne n’aurait même pu dire «pardonne». On naît ainsi. Mais justement, parce qu’on naît ainsi, les chrétiens ne condamnent personne. Car cet homme qui est tombé sur des brigands en descendant de Jérusalem à Jéricho et qui est resté sur le bord de la route, à moitié mort, mortellement blessé, le Bon Samaritain – c’est Jésus – qui passait par là, ne l’a pas condamné. Il ne lui a pas dit: «Regarde dans quel état tu es». Non, il a eu pitié de lui. Si l’on n’accepte pas le péché originel, on se condamne réciproquement, on se fait chanter réciproquement. Il n’y a même pas cette compassion qu’un païen comme Cicéron disait être la vertu la plus humaine. On est né blessé, on est né méchant. À la longue, personne ne peut seul observer ne serait-ce que les lois écrites au fond du cœur que sont les dix commandements. On est de pauvres pécheurs. Le Bon Samaritain n’a accusé personne, il n’a grondé personne, il a pris dans ses bras, il a mis sur sa monture, il a essuyé et bandé les plaies de cet homme blessé.
2. Mais il est arrivé quelque chose. L’homme ne pouvait dire «pardonne», l’homme ne pouvait retourner, comme la pierre qui, tombée de la montagne, se trouve au fond de la vallée et ne peut retourner où elle était si une force amie, différente de la pierre, ne la tire vers le haut. Manzoni le dit encore dans son hymne. Mais il est arrivé quelque chose. Et cela, je le dis avec les mots de Dante. «Dans ton ventre l’amour ý’est rallumé». Il y a deux mille ans. Il y a deux mille ans! Non pas hors du temps. Mais à un moment du temps, à Nazareth, dans ce village d’extrême périphérie du peuple élu, dans la Galilée des gentils. À ce moment du temps, «dans ton ventre», dans le ventre de cette toute jeune femme appelée Marie, de cette femme (non de la Femme avec un F majuscule), dans le ventre de cette femme (ce ventre, cette chair, ce sang), «l’amour s’est rallumé». L’amour, la possibilité d’être pardonné, la possibilité de dire «pardonne», s’est allumé dans le ventre de cette jeune femme.
«Dans ton ventre l’amour s’est rallumé, / par la chaleur de qui». Non par les paroles que nous disons, non par les réponses que nous inventons, nous:«par la chaleur de qui». Chaleur, qu’y a-t-il de plus physique que la chaleur, que la chaleur qui s’est allumée dans le ventre de cette jeune femme? «Par la chaleur de qui, dans le calme éternel, / cette fleur ainsi est éclose». «Par la chaleur de qui» la vie refleurit, la vie qui avait été mortellement blessée, refleurit. «Par la chaleur de qui», par la chaleur de cette présence humaine qui a été conçue dans le ventre de Marie. «Dans ton ventre l’amour s’est rallumé, / par la chaleur de qui». En contact avec cette humanité, en contact visible… parce qu’après neuf mois elle en a accouché, par un accouchement merveilleux, un accouchement sans douleur. Alors que l’accouchement de toute femme, en conséquence du péché originel, est un accouchement dans la douleur, l’accouchement de cette femme, de cette jeune femme, a été un accouchement dans l’émerveillement. Comme est beau ce que l’Église appelle la virginité dans l’accouchement de Marie. Un accouchement qui remplissait d’émerveillement. C’est ainsi qu’elle en a accouché, par un accouchement qui l’a remplie elle, puis Joseph, puis les bergers… qui a rempli ceux qui l’ont vu d’émerveillement.
«Dans ton ventre l’amour s’est rallumé, / par la chaleur de qui, dans le calme éternel», au Paradis. Au Paradis, la vie fleurit pour toujours. Mais déjà ici, quand cette chaleur atteint le cœur, ne serait-ce que pour un instant, ne serait-ce qu’avec une goutte de cette rosée, ne serait-ce qu’avec une promesse de bourgeonnement de printemps… cette chaleur, atteignant les cœurs, fait bourgeonner. «Cette fleur est ainsi éclose».
Je voudrais vous faire entendre comment saint Pie X dans son catéchisme, dit ces choses d’une manière si simple et si belle. «De quelle façon», dit-il, «le Fils de Dieu s’est-il fait homme? Le Fils de Dieu s’est fait homme en prenant un corps et une âme, comme nous en avons nous, dans le sein très pur de la Vierge Marie, par l’opération du Saint-Esprit». Dieu a pris un corps et une âme comme nous en avons, nous. Le corps est venu entièrement de cette jeune femme. Entièrement de son sang et de sa chair. Un corps humain. Et puis encore: «Le Fils de Dieu, se faisant homme» (car cela est arrivé, cela s’est produit! Verbum caro factum est: il est arrivé que le Verbe éternel s’est fait chair. Cela s’est produit il y a deux mille ans à Nazareth), «A-t-il cessé d’être Dieu? Le Fils de Dieu, se faisant homme, n’a pas cessé d’être Dieu, mais restant vrai Dieu, il a commencé à être aussi vrai homme». Et enfin la dernière citation: «Jésus-Christ a-t-il toujours existé? Jésus-Christ comme Dieu a toujours existé; comme homme il a commencé à exister à partir du moment de l’Incarnation». Comme homme il a commencé à exister à partir du moment où Marie a dit oui.
3. Qu’arrive-t-il quand cette chaleur atteint le cœur de l’homme, la chaleur rallumée dans le ventre de cette jeune femme? «Dans ton ventre l’amour s’est rallumé». L’amour! La possibilité d’être pardonné. Jusqu’à cet instant, à ce moment, on entrevoyait seulement l’ombre, le reflet, l’attente de cet amour, de ce pardon. L’Ancien Testament est ombre, reflet, par rapport à la réalité. Quand la réalité arrive, l’ombre est mise respectueusement de côté. Quand il y a la présence qui aime, on regarde la présence, sans continuer à regarder la photographie. C’est ainsi qu’est le rapport entre la réalité humaine de Jésus et l’Ancienne Alliance. La réalité humaine de Jésus est l’imprévu et l’imprévisible accomplissement de toute attente. «Toutes choses ont été créées en vue de Lui».
Adoration des bergers,  Caravage, 1609, Musée national de Messine,
Adoration des bergers, Caravage, 1609, Musée national de Messine,
Quand cette chaleur atteint le cœur, qu’éveille-t-elle? Elle éveille dans le cœur l’espérance. Quand cette chaleur atteint le cœur de l’homme, elle émerveille le cœur de l’homme. La seconde vertu, l’espérance, indique cette émerveillement. Quand elle l’atteint, elle émeut le cœur de l’homme. Quand cette chaleur touche le cœur, l’homme, préoccupé, a un instant durant lequel il s’émerveille, durant lequel il n’est plus préoccupé. Pris par mille activités, pré-occupé (pré-occupé veut dire que le cœur est alourdi par mille choses), le cœur s’émerveille. Et le cœur retourne en arrière, il redevient ou devient comme celui d’un enfant. Quand cette chaleur atteint le cœur, elle éveille cette émotion, elle éveille cet émerveillement, elle éveille cette espérance. Cette espérance n’est pas le pur fait de savoir qu’après il y aura quelque chose. Cette espérance est le début de la floraison du Paradis sur terre. Le bourgeonnement est le début, il n’est pas la fleur complète. Le premier bouton est seulement le début. Quand cette chaleur touche le cœur, celui-ci bourgeonne. Cela s’appelle l’espérance.
Lisons Dante: «Ici, tu es pour nous», ici au Paradis, c’est saint Bernard qui prie, «la torche méridienne / de charité». Au Paradis, c’est différent de sur la terre. Parce que le Paradis est cet amour assuré pour toujours. Sur la terre tout est seulement en espérance, c’est-à-dire en émerveillement, un émerveillement réel mais précaire, et c’est si vrai qu’on peut le perdre. On peut perdre la grâce de Dieu. Et même, dit le dogme de la foi, sans une aide spéciale de la grâce, on ne peut rester dans la grâce. C’est donc un émerveillement précaire. Réel, très certain, mais précaire. «Les choses qui arrivaient, pendant qu’elles arrivaient, suscitaient de l’émerveillement, tant c’était Dieu qui les réalisait». C’est ce que dit Giussani lorsqu’il décrit sa vie. «Les choses qui arrivaient, pendant qu’elles arrivaient, suscitaient de l’émerveillement, tant c’était Dieu qui les réalisait, faisant de celles-ci la trame d’une histoire qui m’arrivait et qui m’arrive sous les yeux». Tissant ainsi la trame d’un chemin qui m’arrivait et qui m’arrive sous mes yeux.
«Ici, tu es pour nous la torche méridienne / de charité», ici tu es pour nous un soleil resplendissant de charité, splendeur de charité. La charité, c’est quand le désir du cœur est satisfait, quand ce que le cœur désire est donné. «En bas», sur la terre, «chez les mortels»: comme le christianisme est réaliste: parmi ceux qui vont vers la mort. «En bas, chez les mortels / tu es source vivace d’espérance» / tu es source vivace d’espérance». Tu es la possibilité que cet émerveillement se renouvelle continuellement. Toi! Toi, ô Marie, Toi, ô Vierge, Tu es la possibilité que la grâce de Dieu se renouvelle, tu es la possibilité que cette chaleur («dans ton ventre l’amour s’est rallumé») touche notre cœur, le touche de sorte que notre vie aille de début en début, l’embrasse si possible à tout instant. La sainteté, c’est quand cette chaleur embrasse presque (presque parce que la terre n’est pas le Paradis) chaque instant. Le père Léopold a été ainsi. Cette chaleur, cet émerveillement, lui embrassait presque à chaque instant le cœur, et ainsi il était cher à son cœur. Pavese avait compris que «le véritable émerveillement est fait non de nouveauté, mais de mémoire». Et ainsi il devient cher au cœur, comme la maison dans laquelle le cœur habite.
«Ici, tu es pour nous la torche méridienne / de charité et, en bas, chez les mortels, / tu es source vivace d’espérance». Et puis Dante termine en parlant de la prière. Que peut faire l’homme, l’homme blessé par le péché et l’homme gracié, lorsque cette chaleur, rallumée, il y a deux mille ans, dans le ventre de Marie, l’atteint? L’homme peut demander. «Dame, tu es si grande et de valeur si haute, / que qui veut une grâce et à toi ne recourt / il veut que son désir vole sans ailes». Dame, tu es si grande et de valeur si haute que qui veut une grâce et à toi ne recourt, son désir, c’est comme s’il voulait qu’il vole sans ailes. Mais ensuite il y a une strophe encore plus belle, plus belle parce qu’elle suggère que demander est aussi le fruit de Sa grâce, «Ta bienveillance répond non seulement / à celui qui demande, mais souvent / elle devance librement la demande». Et cela, c’est un mystère. Le mystère le plus ineffable de la prédilection de Dieu qui, non seulement répond à la demande, mais devance cette demande. Autrement nous ne saurions pas même demander. Ta bienveillance, la tienne, Marie, non seulement secourt celui qui demande, mais bien souvent (nous pouvons aussi dire toujours, sinon on ne demande pas, sinon on prétend ou ce ne sont que des mots) «elle devance librement la demande». Elle devance, elle vient avant, elle précède. «Que toujours ta grâce nous précède et nous accompagne». Précéder veut dire qu’elle vient avant, qu’elle vient avant même la demande. Pour demander il faut, au moins à l’horizon, être attiré, être éveillé par une chaleur qui s’est allumée dans le ventre de Marie.

Et j’en viens à la conclusion. Tout à l’heure, à genoux, dans la petite cellule du père Mandic, j’ai promis de conclure en disant ceci. En disant ce qui, selon moi, non selon moi, mais selon la sainte Église, est l’alternative à la grande hérésie dont je parlais au début, quand je faisais allusion à la gnose dans l’Église. C’est Judas, l’un des douze apôtres, qui a trahi Jésus. La persécution du monde, du diable, se fait toujours à travers des chrétiens. Judas, l’un des douze, a trahi Jésus: c’était l’un des douze! Ainsi, à Rome, ce sont des chrétiens qui ont tué Pierre et Paul, par envie. C’est toujours comme cela. Aujourd’hui aussi c’est comme cela. En tous cas, l’alternative à l’Antéchrist, à celui qui ne reconnaît pas Jésus, le Fils de Dieu dans la chair, est, selon moi, composée de trois choses.
La première est la confession. La confession telle qu’elle a été définie par le Concile de Trente et à l’humble fidélité de laquelle le Pape a récemment rappelé tout le peuple chrétien. La confession, c’est-à-dire l’accusation sincère, complète, humble, brève et prudente (ce sont les cinq caractéristiques de l’accusation des péchés du catéchisme de saint Pie X. La confession sincère et complète de chacun des péchés mortels. La confession comporte ce réalisme qui fait que le péché est péché). Et le geste, le plus simple du monde, d’un pauvre pécheur – éventuellement beaucoup plus pécheur que vous – comme l’est le confesseur, un geste fait par lui, mais réalisé par Jésus-Christ, un geste de Jésus-Christ vous pardonne. Le sacrement de la confession tel que Jésus-Christ l’a institué et que la sainte Église demande qu’il soit: jugement et miséricorde. C’est si vrai que dans le catéchisme, quand j’étais petit, il y avait une image qui illustrait bien le fait que si quelqu’un se confesse mal, il accomplit un sacrilège. C’était l’image d’un enfant qui s’éloignait, le diable derrière son dos. Et il y avait aussi l’image de l’ange gardien à côté d’un enfant souriant qui se confessait bien. La confession, donc, comme la sainte Église demande que l’on se confesse. Le sacrement de la confession est la première façon dont Marie a vaincu, à elle seule, toutes les hérésies. C’est ce que disait une antienne de la liturgie reprise par saint Jean Bosco dans sa prière à la Vierge: «Toi qui as détruit seule [seule, elle, pas nous!] toutes les hérésies du monde».
La seconde chose, c’est le saint Rosaire. Je vais vous lire quelques réflexions du pape Jean Paul Ier sur le Rosaire, du temps où était patriarche de Venise. «Personnellement, quand je parle seul à Dieu ou à la Vierge, plus qu’un adulte, je préfère me sentir un petit enfant». Cela vaut pour toute la vie. Être adulte dans la foi, cela veut dire s’apercevoir plus facilement de ce que l’on est, c’est-à-dire rien: «Sans moi, vous ne pouvez rien faire». Le futur Jean Paul Ier poursuit: «…pour m’abandonner à la tendresse spontanée qu’éprouve un enfant devant son père et sa mère. Être devant Dieu ce que je suis en réalité avec ma misère et le meilleur de moi-même. Le Rosaire, prière simple et facile, m’aide à son tour à être un petit enfant. Et je n’en ai pas honte». Le Rosaire (avec le Notre Père, l’Ave Maria et les oraisons jaculatoires qui se répètent) est la prière dans laquelle nous sommes réellement ce que nous sommes, c’est-à-dire rien. Dans laquelle, par la grâce, nous devenons enfants, dans laquelle le cœur devient enfant, de sorte qu’il entre (qu’il entre, déjà en récitant le Rosaire!) dans le Royaume des cieux. De sorte que le cœur refleurit.
Adoration des bergers,  Caravage, 1609, Musée national de Messine
Adoration des bergers, Caravage, 1609, Musée national de Messine
Et enfin la troisième chose: les oraisons jaculatoires. La confession, le Rosaire, les oraisons jaculatoires. Les oraisons jaculatoires, c’est-à-dire les petites prières. Comme lorsque l’on entre à l’église et que l’on dit: «Que soit loué et remercié à tout moment le très saint et très divin Sacrement». À tout moment! Et quelqu’un peut s’apercevoir qu’il y a longtemps qu’il n’a pas dit merci. Mais on peut en entrant dans une église et en faisant la génuflexion répéter: «Que soit loué et remercié à tout moment le très saint et très divin Sacrement». Et le merci de cet instant embrasse tout, embrasse les heures, les jours, les semaines et les mois durant lesquels quelqu’un n’a jamais dit merci. Et puis, cette autre oraison jaculatoire, si simple et chère, que Giussani nous a recommandée si souvent: «Veni, Sancte Spiritus, veni per Mariam». Viens, ô Saint-Esprit. L’Esprit Saint est Celui qui dans le ventre de Marie «a rallumé l’amour», Celui qui a éveillé dans le ventre de Marie l’amour. L’Esprit Saint est l’infinie correspondance entre le Père et le Fils. C’est quelque chose qui me surprend depuis que je l’ai compris. C’est l’infinie correspondance entre le Père et le Fils. La correspondance infinie, éternelle, surabondante entre le Père qui engendre et le Fils qui est engendré. C’est pourquoi, c’est par surabondance de correspondance et non par dialectique, par surabondance de joie que la Trinité a créé le monde et m’a créé moi aussi. «Veni, Sancte Spiritus, veni per Mariam». Viens à travers Marie.

Je terminerai en récitant un vers d’un hymne que Giussani a conseillé de lire, il y a quinze jours, et qui dit: «Jesu, mi dulcissime», Jésus ma douceur. Je voulais seulement dire cela, seulement dire l’humanité de Jésus. «Jesu, mi dulcissime», Jésus douceur pour moi. Seule une présence est douceur pour le cœur. Douceur est un mot que nous répétons deux fois dans le Salve Regina adressé à la Vierge: «dulcedo», douceur, «dulcis virgo Maria». Ainsi, en lui confiant ce que nous ne sommes pas capables et bien des fois nous ne voulons pas… «Jesu mi dulcissime, spes suspirantis animae»: espérance, surprise, émotion de l’âme qui soupire, qui attend («à toi mon gémissement n’est pas caché». C’est la vie, c’est la réalité qui fait soupirer. Les choses font soupirer. «Spes suspirantis animae». Âme qui soupire, lors même que nous ne nous en apercevons pas, à cette douceur, qui soupire à cette présence que Marie a portée dans son sein pendant neuf mois et qu’elle a mise au monde à Bethléem. «Spes suspirantis animae. Te quaerunt piae lacrymae». Les pieuses larmes te cherchent. Larmes, parce que la douleur de la vie fait pleurer. Nos pauvres péchés font eux aussi pleurer. Et les larmes se transfigurent en larmes de gratitude. Autrement, après quelque temps, on ne pleure même plus, après quelque temps, le visage aussi se durcit et se transforme en masque. Les larmes de douleur, face à cette présence, deviennent des larmes de gratitude, parce que Son pardon, Sa douceur, Sa tendresse sont plus grands. «Te quaerunt piae lacrymae et clamor mentis intimae». Quand nous dormons et quand nous sommes éveillées, le cri de notre cœur Te cherche. C’est Toi, Jéus-Christ, fils de Marie, Fils de Dieu, que cherche le cri de chaque cœur. Et à nous, par la grâce, il a été donné de commencer à chercher et d’être trouvés déjà, ici, sur la terre.

MARIE COOPÈRE À LA MATERNITÉ DE L’EGLISE (JEAN PAUL II)

22 octobre, 2013

 http://www.mariedenazareth.com/15349.0.html?&L=0

MARIE COOPÈRE À LA MATERNITÉ DE L’EGLISE (JEAN PAUL II)

Pape Jean Paul II (1993)

Marie est donc présente dans le mystère de l’Eglise comme modèle. Mais le mystère de l’Eglise consiste aussi à engendrer les hommes à une vie nouvelle et immortelle: c’est là sa maternité dans l’Esprit Saint. Et en cela, non seulement Marie est le modèle et la figure de l’Eglise, mais elle est beaucoup plus. En effet, «avec un amour maternel, elle coopère à la naissance et à l’éducation» des fils et des filles de la mère Eglise (Lumen gentium 63).
 La maternité de l’Eglise se réalise non seulement selon le modèle et la figure de la Mère de Dieu mais aussi avec sa «coopération».
L’Eglise puise abondamment dans cette coopération, c’est-à-dire dans la médiation maternelle qui est caractéristique de Marie en ce sens que déjà sur terre elle coopérait à la naissance et à l’éducation des fils et des filles de l’Eglise, comme Mère de ce Fils « dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères »(Rm 8,29).
Elle y apporta -comme l’enseigne le Concile Vatican II- la coopération de son amour maternel.

 On découvre ici la valeur réelle de ce qu’a dit Jésus à sa Mère à l’heure de la Croix:
«Femme, voici ton fils», puis au disciple: «Voici ta mère» (Jn 19, 26-27).
Ces paroles déterminent la place de Marie dans la vie des disciples du Christ et expriment – comme je l’ai dit – la nouvelle maternité de la Mère du Rédempteur, la maternité spirituelle, née au plus profond du mystère pascal du Rédempteur du monde. C’est une maternité dans l’ordre de la grâce, parce qu’elle invoque le don de l’Esprit Saint qui suscite les nouveaux fils de Dieu, rachetés par le sacrifice du Christ, cet Esprit que, en même temps que l’Eglise, Marie reçut aussi le jour de la Pentecôte.

 Cette maternité est particulièrement perçue et vécue par le peuple chrétien dans la célébration eucharistique- célébration liturgique du mystère de la Rédemption-, où se rend présent le Christ, en son vrai corps né de la Vierge Marie. A juste titre, la piété du peuple chrétien a toujours vu un lien profond entre la dévotion à la Sainte Vierge et le culte de l’Eucharistie; c’est là un fait que l’on peut observer dans la liturgie tant occidentale qu’orientale, dans la tradition des familles religieuses, dans la spiritualité des mouvements contemporains, même ceux des jeunes, et dans la pastorale des sanctuaires marials. Marie conduit les fidèles à l’Eucharistie.

Pape Jean Paul II,
Lettre encyclique Redemptoris Mater, 25 mars 1987, n°44

BENOÎT XVI: LA VIERGE MARIE : ICÔNE DE LA FOI OBÉISSANTE

4 octobre, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20121219_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

SALLE PAUL VI

MERCREDI 19 DÉCEMBRE 2012

LA VIERGE MARIE : ICÔNE DE LA FOI OBÉISSANTE

Chers frères et sœurs,

Sur le chemin de l’Avent, la Vierge Marie occupe une place particulière comme celle qui, de façon unique, a attendu la réalisation des promesses de Dieu, en accueillant dans la foi et dans la chair Jésus, le Fils de Dieu, en pleine obéissance à la volonté divine. Aujourd’hui, je voudrais réfléchir brièvement avec vous sur la foi de Marie à partir du grand mystère de l’Annonciation.
« Chaîre kecharitomene, ho Kyrios meta sou », « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28). Telles sont les paroles — rapportées par l’évangéliste Luc — par lesquelles l’archange Gabriel s’adresse à Marie. À première vue, le terme chaîre, « réjouis-toi », semble une salutation normale, habituelle dans le contexte grec, mais s’il est lu dans le cadre de la tradition biblique, ce mot acquiert une signification beaucoup plus profonde. Ce même terme est présent quatre fois dans la version grecque de l’Ancien Testament et toujours comme une annonce de joie pour la venue du Messie (cf. So 3, 14 ; Jl 2, 21 ; Za 9, 9 ; Lm 4, 21). Le salut de l’ange à Marie est donc une invitation à la joie, à une joie profonde, il annonce la fin de la tristesse qu’il y a dans le monde face à la limite de la vie, à la souffrance, à la mort, à la méchanceté, aux ténèbres du mal qui semblent obscurcir la lumière de la bonté divine. C’est un salut qui marque le début de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle.
Mais pourquoi Marie est-elle invitée à se réjouir de cette façon ? La réponse se trouve dans la deuxième partie du salut :  «Le Seigneur est avec toi ». Ici aussi, pour bien comprendre le sens de l’expression, nous devons nous tourner vers l’Ancien Testament. Dans le Livre de Sophonie, nous trouvons cette expression : « Pousse des cris de joie, fille de Sion… Le Seigneur est roi d’Israël au milieu de toi… Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur » (3, 14-17). Dans ces paroles, il y a une double promesse faite à Israël, à la fille de Sion : Dieu viendra comme sauveur et habitera précisément au milieu de son peuple, dans le sein de la fille de Sion. Dans le dialogue entre l’ange et Marie se réalise exactement cette promesse : Marie est identifiée avec le peuple épousé par Dieu, elle est véritablement la Fille de Sion en personne; en elle s’accomplit l’attente de la venue définitive de Dieu, en elle habite le Dieu vivant.
Dans le salut de l’ange, Marie est appelée « pleine de grâce » ; en grec, le terme « grâce », charis, a la même racine linguistique que le terme « joie ». Dans cette expression également est éclaircie ultérieurement la source de la joie de Marie : la joie provient de la grâce, c’est-à-dire qu’elle provient de la communion avec Dieu, du fait d’avoir une relation si vitale avec Lui, du fait d’être demeure de l’Esprit Saint, entièrement formée par l’action de Dieu. Marie est la créature qui de façon unique a ouvert toute grande la porte à son Créateur, elle s’est placée entre ses mains, sans limite. Elle vit entièrement de la et dans la relation avec le Seigneur ; elle est dans une attitude d’écoute, attentive à saisir les signes de Dieu sur le chemin de son peuple ; elle est insérée dans une histoire de foi et d’espérance dans les promesses de Dieu, qui constitue le tissu de son existence. Et elle se soumet librement à la parole reçue, à la volonté divine dans l’obéissance de la foi.
L’évangéliste Luc raconte l’histoire de Marie à travers un subtil parallélisme avec l’histoire d’Abraham. Comme le grand Patriarche est le père des croyants, qui a répondu à l’appel de Dieu à quitter la terre où il vivait, ses certitudes, pour entamer le chemin vers une terre inconnue et possédée uniquement dans la promesse divine, de même Marie s’en remet avec une totale confiance à la parole que lui a annoncée le messager de Dieu et devient modèle et mère de tous les croyants.
Je voudrais souligner un autre aspect important : l’ouverture de l’âme à Dieu et à son action dans la foi inclut aussi l’élément de l’obscurité. La relation de l’être humain avec Dieu n’efface pas la distance entre le Créateur et la créature, n’élimine pas ce qu’affirme l’apôtre Paul face aux profondeurs de la sagesse de Dieu : « Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles ! » (Rm 11, 33). Mais justement celui qui — comme Marie — est ouvert de façon totale à Dieu, parvient à accepter le vouloir divin, même s’il est mystérieux, même si souvent il ne correspond pas à notre propre volonté et qu’il est une épée qui transperce l’âme, comme le dira prophétiquement le vieux Syméon à Marie, au moment où Jésus est présenté au Temple (cf. Lc 2, 35). Le chemin de foi d’Abraham comprend le moment de joie pour le don de son fils Isaac, mais aussi le moment de l’obscurité, lorsqu’il doit monter sur le mont Moriah pour accomplir un geste paradoxal : Dieu lui demande de sacrifier le fils qu’il vient de lui donner. Sur le mont, l’ange lui ordonne : « N’étends pas la main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique » (Gn 22, 12) ; la pleine confiance d’Abraham dans le Dieu fidèle aux promesses ne manque pas non plus lorsque sa parole est mystérieuse et difficile, presque impossible à accueillir. Ainsi en est-il pour Marie, sa foi vit la joie de l’Annonciation mais passe aussi à travers l’obscurité de la crucifixion de son Fils, pour pouvoir atteindre la lumière de la Résurrection.
Il en est de même aussi pour le chemin de foi de chacun de nous: nous rencontrons des moments de lumière, mais nous rencontrons aussi des passages où Dieu semble absent, son silence pèse dans notre cœur et sa volonté ne correspond pas à la nôtre, à ce que nous voudrions. Mais plus nous nous ouvrons à Dieu, plus nous accueillons le don de la foi, plus nous plaçons totalement en Lui notre confiance — comme Abraham et comme Marie — alors plus Il nous rend capables, par sa présence, de vivre toute situation de la vie dans la paix et dans la certitude de sa fidélité et de son amour. Mais cela signifie sortir de soi et de nos projets, afin que la Parole de Dieu soit la lampe qui guide nos pensées et nos actions.
Je voudrais m’arrêter encore sur un aspect qui émerge des récits sur l’Enfance de Jésus raconté par saint Luc. Marie et Joseph portent leur fils à Jérusalem, au Temple, pour le présenter et le consacrer au Seigneur comme le prescrit la loi de Moïse : «Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur » (cf. Lc 2, 22-24). Ce geste de la Sainte Famille acquiert un sens encore plus profond si nous le lisons à la lumière de la science évangélique de Jésus à douze ans qui, après trois jours de recherche, est retrouvé au Temple en train de discuter parmi les docteurs. Aux paroles pleines d’inquiétude de Marie et Joseph : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés », correspond la mystérieuse réponse de Jésus : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2, 48-49). C’est-à-dire dans la propriété du Père, dans la maison du Père, comme l’est un fils. Marie doit renouveler la foi profonde avec laquelle elle a dit « oui » lors de l’Annonciation ; elle doit accepter que la priorité soit donnée au Père véritable et propre de Jésus ; elle doit savoir laisser libre ce Fils qu’elle a engendré pour qu’il suive sa mission. Et le « oui » de Marie à la volonté de Dieu, dans l’obéissance de la foi, se répète tout au long de sa vie, jusqu’au moment le plus difficile, celui de la Croix.
Face à tout cela, nous pouvons nous demander : comment Marie a-t-elle pu vivre ce chemin aux côtés de son Fils avec une foi aussi solide, même dans l’obscurité, sans perdre la pleine confiance dans l’action de Dieu ? Il existe une attitude de fond que Marie prend face à ce qui se passe dans sa vie. Lors de l’Annonciation, elle est troublée en écoutant les paroles de l’Ange — c’est la crainte que l’homme éprouve lorsqu’il est touché par la proximité de Dieu —, mais ce n’est pas l’attitude de celui qui a peur devant ce que Dieu peut demander. Marie réfléchit, elle s’interroge sur la signification de ce salut (cf. Lc 1, 29). Le terme grec utilisé dans l’Évangile pour définir cette « réflexion », « dielogizeto », rappelle la racine de la parole « dialogue ». Cela signifie que Marie entre dans un dialogue intime avec la Parole de Dieu qui lui a été annoncée, elle ne la considère pas superficiellement, mais elle s’arrête, elle la laisse pénétrer dans son esprit et dans son cœur pour comprendre ce que le Seigneur veut d’elle, le sens de l’annonce. Nous trouvons une autre mention de l’attitude intérieure de Marie face à l’action de Dieu, toujours dans l’Évangile de saint Luc, au moment de la naissance de Jésus, après l’adoration des bergers. Il y est affirmé que Marie « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19) ; en grec le terme est symballon, nous pourrions dire qu’Elle « retenait ensemble », qu’elle « mettait ensemble » dans son cœur tous les événements qui lui arrivaient ; elle plaçait chaque événement particulier, chaque parole, chaque fait à l’intérieur du tout et elle le confrontait, elle le conservait, reconnaissant que tout provient de la volonté de Dieu. Marie ne s’arrête pas à une première compréhension superficielle de ce qui se passe dans sa vie, mais elle sait regarder en profondeur, elle se laisse interpeller par les événements, elle les élabore, elle les discerne et acquiert cette compréhension que seule la foi peut garantir. C’est l’humilité profonde de la foi obéissante de Marie, qui accueille en elle également ce qu’elle ne comprend pas dans l’action de Dieu, en laissant Dieu ouvrir son esprit et son cœur. « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 44), s’exclame sa parente Élisabeth. C’est précisément en raison de sa foi que toutes les générations l’appelleront bienheureuse.
Chers amis, la solennité du Noël du Seigneur que nous célébrerons d’ici peu, nous invite à vivre cette même humilité et obéissance de foi. La gloire de Dieu ne se manifeste pas dans le triomphe et dans le pouvoir d’un roi, elle ne resplendit pas dans une ville célèbre, dans un palais somptueux, mais elle prend sa demeure dans le sein d’une vierge, elle se révèle dans la pauvreté d’un enfant. La toute-puissance de Dieu, même dans notre vie, agit avec la force, souvent silencieuse, de la vérité et de l’amour. La foi nous dit alors que la puissance sans défense de cet Enfant vainc le bruit des puissances du monde.

8 SEPTEMBRE: FÊTE DE LA NATIVITÉ DE LA VIERGE MARIE

9 septembre, 2013

http://missel.free.fr/Sanctoral/09/08.php

8 SEPTEMBRE: FÊTE DE LA NATIVITÉ DE LA VIERGE MARIE

HISTORIQUE

Il faut assurément chercher l’origine de la fête de la Nativité de la sainte Vierge en Orient où le synaxaire de Constantinople la marquait déjà au 8 septembre1, selon ce qu’avait décrété l’empereur Maurice (582 + 602).  Il est probable que l’Eglise de Jérusalem fut la première à honorer le souvenir de la Nativité de Notre-Dame qu’elle célébrait dans une basilique proche de la piscine probatique, sur l’emplacement de la maison où, suivant la tradition, serait née la sainte Vierge.
La Nativité de la sainte Vierge est mentionnée dans les homélies d’André de Crète (660-740) : Aujourd’hui comme pour des noces, l’Eglise se pare de la perle inviolée, de la vraie pureté. Aujourd’hui, dans tout l’éclat de sa noblesse immaculée, l’humanité retrouve, grâce aux mains divines, son premier état et son ancienne beauté. Les hontes du péché avaient obscurci la splendeur et les charmes de la nature humaine ; mais, lorsque naît la Mère de celui qui est la Beauté par excellence, cette nature recouvre en elle ses anciens privilèges, elle est façonnée suivant un modèle parfait et entièrement digne de Dieu. Et cette formation est une parfaite restauration et cette restauration est une divinisation et cette divinisation, une assimilation à l’état primitif. Aujourd’hui, contre toute espérance, la femme stérile devient mère et cette mère, donnant naissance à une descendance qui n’a pas de mère, née elle-même de l’infécondité, a consacré tous les enfantements de la nature. Aujourd’hui est apparu l’éclat de la pourpre divine, aujourd’hui la misérable nature humaine a revêtu la dignité royale. Aujourd’hui, selon la prophétie, le sceptre de David a fleuri en même temps que le rameau toujours vert d’Aaron, qui, pour nous, a produit le Christ rameau de la force. Aujourd’hui, une jeune vierge est sortie de Juda et de David, portant la marque du règne et du sacerdoce de celui qui a reçu, suivant l’ordre de Melchisédech, le sacerdoce d’Aaron. Pour tout dire en un mot, aujourd’hui commence la régénération de notre nature, et le monde vieilli, soumis à une transformation divine, reçoit les prémices de la seconde création.
A Rome, on célébrait alors la dédicace de la basilique du martyr Adrien et il faudra attendre le pontificat du pape Serge I° (687-701) pour trouver une trace incontestable de la célébration de la Nativité de la sainte Vierge où le Pape, en sandales, faisait procession de la basilique Saint-Adrien à celle de Sainte-Marie-Majeure. Les vieux livres liturgiques assignaient à cette fête les mêmes chants qu’à la solennité de l’Assomption.
Benoît XIV (1740-1758), dans l’Histoire des Mystères et des fêtes, raconte que chaque année, au 8 septembre, un solitaire entendait des chants célestes ; quand il en demanda la cause à Dieu, il lui fut répondu que c’était en l’honneur de la naissance de la Vierge Marie qui se célébrait au Ciel et qu’il en était averti car Marie étant née pour les hommes, il devrait faire en sorte que cette fête fût aussi célébrée sur terre. Le solitaire se rendit auprès du Pape qui, au récit de la vision, institua la fête de la Nativité de la sainte Vierge.
En France, la fête la Nativité de sa sainte Vierge porta longtemps le titre de Notre-Dame Angevine, rappelant que la Vierge Marie, apparut, en 430, près de Saint-Florent, au saint évêque Maurille d’Angers pour lui demander l’institution de la fête de sa Nativité . Avec le concours efficace du roi Robert le Pieux, Fulbert, évêque de Chartres (+1028) contribua beaucoup à introduire la fête de la Nativité de la sainte Vierge dans le nord du Royaume ; la nuit même de cette fête, sa cathédrale ayant été détruite par un incendie, il jeta les fondement de celle que nous connaissons aujourd’hui, dédiée à la Nativité de Notre-Dame.
A la mort le pape Célestin IV (1243), Frédéric II retint prisonniers des cardinaux pour que le conclave ne se réunît pas ; les prisonniers firent le vœu solennel de donner un octave à cette fête s’ils étaient rendus à la liberté ; libérés, ils élurent Innocent IV qui, au premier concile de Lyon (1245) accomplit le vœu. Grégoire XI fit une vigile qui fut célébrée à Anagni.
L’Ecriture ne parle guère de la naissance de la Sainte Vierge et il faut se référer ici aux traditions comme le firent les textes apocryphes en termes merveilleux.
1 Un synaxaire est un livre liturgique qui rassemble pour chaque jour les lectures et les vies des saints que l’on célèbre

PROTÉVANGILE DE JACQUES
NAISSANCE DE MARIE, LA SAINTE QUI ENGENDRA DIEU, TRÈS GLORIEUSE MÈRE DE JÉSUS-CHRIST

Chapitre premier. Dans les histoires des douze tribus d’Israël, on dit que Joachim était un homme comblé de richesses, mais qu’il apportait des offrandes doubles, en disant :  » Ce que je donne en excédent sera pour tous ; je l’offre en expiation de mes péchés, pour que le Seigneur me soit propice. « 
Etant arrivé le jour solennel du Seigneur où les fils d’Israël apportaient leurs offrandes, Ruben se dressa devant Joachim et lui dit : Il ne t’est pas permis d’être le premier à déposer tes offrandes, car tu n’as pas engendré en Israël.
Et Joachim fut comblé de tristesse, et il alla consulter les documents des douze tribus du peuple, disant : Je verrai dans les documents des douze tribus d’Israël si j’ai été seul à n’avoir pas engendré en Israël. Il chercha et trouva que tous les justes avaient engendré de la postérité en Israël. Mais il se souvint aussi du patriarche Abraham, et qu’en ses derniers jours Dieu lui avait donné un fils, Isaac.
Alors, comblé de tristesse, Joachim ne se présenta point devant sa femme, mais il se rendit au désert ; il y planta sa tente et jeûna quarante jours et quarante nuits, se disant à lui-même : Je ne descendrai ni manger ni boire avant que le Seigneur mon Dieu m’ait visité, et la prière sera ma nourriture et ma boisson.

 Chapitre deuxième. Cependant sa femme Anne pleurait, ayant deux raisons de gémir. Je me désolerai sur mon veuvage, disait-elle ; je me désolerai sur ma stérilité.
Etant arrivé le jour solennel du Seigneur, Judith, sa servante, lui dit : Jusques à quand auras-tu l’âme abattue ? Voici le jour solennel du Seigneur ; tu n’as pas le droit de pleurer. Mais prends ce serre-tête que m’a donné mon ancienne maîtresse ; je ne puis m’en orner car je suis serve et il porte le signe de la race royale.
Anne répondit : Eloigne-toi ; je ne ferai rien de tel, car le Seigneur m’a comblée d’humiliations. Sans doute est-ce un méchant qui t’a donné ce bandeau et tu essaies de me faire complice de ta faute.  Mais Judith répartit : Quel mal pourrais-je te vouloir pire que celui que tu as, puisque le Seigneur a clos ton sein, afin qu’il n’engendre pas de postérité en Israël !
Alors, au comble de l’affliction, Anne ôta ses habits de deuil, elle se lava la tête, revêtit ses habits de noce, et, vers la neuvième heure, descendit se promener au jardin. Elle vit un laurier, s’assit sous ses branches et se mit à invoquer le Tout-Puissant : Dieu de mes pères, bénis-moi, exauce ma supplication, comme tu as béni Sarah dans ses entrailles et lui as donné son fils Isaac.
Chapitre troisième. Et levant les yeux vers le ciel, elle vit dans le laurier un nid de passereaux, et elle se reprit à gémir, se disant pour elle-même :
Pitié de moi ! qui donc m’a engendrée, quelles entrailles m’ont enfantée, pour que je sois devenue maudite parmi les fils d’Israël, que je doive être chassée avec outrage du Temple du Seigneur ?
Pitié de moi ! à quoi donc ressemblé-je ? Pas même aux petits oiseaux du ciel , car les oiseaux du ciel sont féconds devant vous, Seigneur.
Pitié de moi ! à quoi donc ressemblé-je ? Pas même aux bêtes sauvages de la terre, car les bêtes sauvages de la terre sont fécondes devant vous, Seigneur.
Pitié de moi ! à quoi donc ressemblé-je ? Pas même à ces eaux que voilà, car ces eaux sont fécondes devant vous, Seigneur. Pitié de moi ! à quoi donc ressemblé-je ? Pas même à cette terre que voilà, car cette terre porte des fruits en leur temps, et elle vous bénit, Seigneur !
Chapitre quatrième. Or voici qu’un ange du Seigneur apparut et lui dit : Anne, Anne, le Seigneur a entendu ta plainte. Tu concevras, tu engendreras, et l’on parlera de ta progéniture par toute la terre. Anne répondit : Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si j’enfante soit un fils, soit une fille, je le consacrerai au Seigneur mon Dieu pour qu’il le serve tous les jours de sa vie !
Alors deux anges arrivèrent auprès d’elle, lui disant : Voici que Joachim, ton homme, s’en vient vers toi avec ses troupeaux, car un ange du Seigneur est descendu à lui et lui a dit : – Joachim, Joachim, le Seigneur a entendu ta plainte. Descends d’ici, car voici que ta femme Anne va concevoir dans ses entrailles.
Et Joachim descendit. Il appela ses bergers et leur dit : Apportez-moi dix agneaux sans tache et parfaits ; ils seront pour le Seigneur mon Dieu. Apportez-moi aussi douze des veaux les plus tendres ; ils seront pour les prêtres et le Conseil des Anciens. Et cent chevreaux seront pour tout le peuple.
Et voici que Joachim arriva avec ses troupeaux. Anne, qui se trouvait debout sur le seuil, le vit venir, courut à lui et s’accrochant à son cou, lui dit : Maintenant, je sais que le Seigneur Dieu m’a comblée de bénédictions, car j’étais comme veuve et je ne le suis plus; j’étais stérile et mes entrailles vont concevoir. Et ce fut le premier soir que Joachim reposa dans sa maison.
Chapitre cinquième. Le lendemain, il vint présenter ses offrandes, se disant en lui-même : Si le Seigneur Dieu m’est propice, il m’accordera de voir le disque d’or du prêtre2 ! Il présenta donc ses offrandes, et fixa ses regards sur le disque du prêtre, lorsque celui-ci monta à l’autel, et il sut ainsi qu’il n’y avait aucune faute en lui. Et Joachim dit alors : Maintenant, je sais que le Seigneur m’est propice et que mes péchés sont effacés ! Il descendit donc du temple du Seigneur, justifié, et il retourna dans sa maison.
Or les mois d’Anne s’accomplissaient, et, au neuvième, elle enfanta. Et elle demanda à la sage-femme : Qu’ai-je mis au monde ? Celle-ci répondit : Une fille. Et Anne reprit : Elle a été glorifiée en ce jour, mon âme ! et elle coucha l’enfant. Puis les jours d’usage étant accomplis, elle se releva, se lava, donna le sein à son enfant et l’appela Marie.
2 Ce  » test  » que Joacchim se propose à lui-même peut se comprendre ainsi : le Grand Prêtre, en tenue de cérémonie, portait un disque d’or dont il est question dans la Bible ( Exode, XXVIII, 36, 37 ; Lévitique, VIII, 9 ). Au moment où le Grand Prêtre traversait le sacré parvis pour se rendre à l’autel ou au Saint des Saints, il passait assez loin des simples fidèles, massés dans le parvis des Israélites. Pour discerner le disque d’or sans doute fallait-il qu’un éclat de lumière le fît briller. C’est cet éclat que Joachim demande comme un signe.

EVANGILE DU PSEUDO-MATTHIEU
LIVRE DE LA NAISSANCE DE LA BIENHEUREUSE MARIE ET DE L’ENFANCE DU SAUVEUR

L’ouvrage commence par un prologue qui prétend expliquer qu’il fut écrit par  » le bienheureux prêtre Jérôme « , et que son intention est de relater la vérité, contre certains  » livres apocryphes  » pleins d’hérésies. Mais, dans divers manuscrits, ce prologue se termine par un paragraphe qui assure que l’auteur est  » Jacques, fils de Joseph « , ce qui contredit au début , mais ce qui prouve que le texte latin est dans une étroite dépendance du  » Protévangile de Jacques « . De ce texte nous ne donnons ici que les passages  qui complètent ou modifient ce que le  » Protévangile de Jacques  » contenait déjà.
Chapitre troisième. Joachim qui est au désert, priant le Seigneur de lui accorder un fils, reçoit l’ordre de rentrer à Jérusalem. Au même moment Anne est avertie d’avoir à aller au-devant de son mari. La  » rencontre à la Porte Dorée  » sera évoquée bien souvent dans l’art médiéval.
L’ange apparut de nouveau à Joachim, pendant son sommeil, et lui dit : Je suis l’ange qui t’a été donné par Dieu comme gardien ; descends et retourne auprès d’Anne sans crainte car les bonnes oeuvres que toi et ton épouse Anne avez faites  ont été rapportées à la face du Très-Haut et une postérité vous a été accordée, telle que, depuis les origines, les prophètes et les saints n’en ont eue, telle qu’ils n’en auront jamais. Joachim, s’étant réveillé, appela ses bergers et leur rapporta son songe. Et ils adorèrent le Seigneur et lui dirent : Veille à ne pas contrecarrer l’ange de Dieu. Mais, lève-toi, partons, et allons doucement tandis que nos troupeaux paissent en chemin.
Il y avait trente jours qu’ils marchaient et ils approchaient, quand Anne, qui était en prière, vit paraître un ange qui lui dit : Va à la Porte qu’on appelle Dorée, pour y rencontrer ton époux, car il va te revenir aujourd’hui. En hâte, elle s’y rendit avec ses servantes , et elle se tint près de la dite porte en prières. Elle attendait de puis déjà longtemps et commençait à se lasser, quand, levant les yeux, elle vit Joachim arriver avec ses troupeaux. Elle courut se jeter à son cou, rendant grâces à Dieu, et disant : J’étais veuve et voici que je ne le suis plus ; j’étais stérile et voici que j’ai conçu. Et une grande allégresse se répandit dans tout le voisinageet parmi tous ceux qui la connaissaient, si bien que tout le pays d’Israël la félicita de cette gloire.

COMMENTAIRES SUR LE PROTÉVANGILE DE JACQUES ET L’ÉVANGILE DU PSEUDO-MATTHIEU
(HISTORIQUE SUITE)
On ne saurait tenir pour certains les renseignements que nous donnent l’apocryphe intitulé le Protévangile de Jacques, mais il faut sans doute attacher quelque importance à saint Grégoire de Nysse (+ 394) qui donne Anne et Joachim comme les parents de la sainte Vierge, à saint Sophrone3 qui montre,  à Jérusalem, la maison, la sainte Probatique où l’illustre Anne enfanta Marie, ou à saint Jean Damascène (+ 749) qui ajoute que de ferventes prières leur obtinrent dans un âge avancé la naissance d’une fille . Sans doute faut-il chercher l’origine de la fête de la Nativité de la sainte Vierge en Orient où le synaxaire de Constantinople4, rédigé selon un décret de l’empereur Maurice, la marque déjà au 8 septembre, tandis qu’elle est mentionnée dans les homélies d’André de Crète (660 + 740)5.
On célébrait alors, à Rome, la dédicace de la basilique de saint Hadrien, martyr6, et l’on ne trouve aucune trace incontestable de la Nativité de la sainte Vierge avant le pontificat de Serge I°7 ; le Pape, en sandales, faisait procession de la basilique Saint-Hadrien à celle de Sainte-Marie Majeure.
Dans l’Histoire des Mystères et des fêtes, Benoît XIV (1740 + 1758) raconte que, chaque année, au 8 septembre, un solitaire entendait des chants célestes ; quand il en demanda à Dieu la cause, il lui fut répondu que c’était en l’honneur de la naissance de la Vierge qui se célébrait au ciel, qu’il devait en avertir les hommes, pour qui elle était née, et obtenir la célébration sur terre de cet anniversaire ; c’est ainsi que le solitaire aurait obtenu du Pape la fête de la Nativité de la sainte Vierge.
Saint Boniface (+ 755) introduisit la fête de la Nativité de la Vierge en Allemagne où la prescrivit le concile de Salzbourg (799).
Si saint Bède le Vénérable (673 + 735) la connaissait en Angleterre, elle était absente de la liturgie Mozarabe de Tolède jusqu’au le X° siècle.
On ne la vit guère en France avant l’époque capétienne et sans doute la doit-on à saint Fulbert de Chartres (+ 1028)8 et au roi Robert II le Pieux (970 + 1031). Et saint Bernard d’écrire aux chanoines de Lyon : La sainte Eglise ne se trompe pas quand elle considère ce jour comme saint et le célèbre chaque année à la joie de toute la terre.
Lorsque mourut le pape Célestin IV (1243), l’empereur Frédéric II retint les cardinaux prisonniers afin d’empêcher la réunion du conclave ; les cardinaux firent le voeu solennel de donner un octave à cette fête qui existait déjà depuis saint Anselme dans l’Eglise d’Angleterre, s’ils recouvraient leur liberté, ce que fit leur élu, Innocent IV, au premier concile de Lyon (1245).
 Grégoire X en célébra la vigile en 1377, à Agnani.
3 Originaire de Damas, saint Sophrone fut d’abord professeur de littérature puis moine au couvent de Saint-Théodose de Jérusalem ; évêque de Jérusalem (634), il mourut en 638, un an après la prise de la ville par le calife Omar.
4 Un synaxaire est un livre liturgique qui rassemble pour chaque jour les lectures et la vie des saints que l’on célèbre.
5 Flavius Mauricius Tiberius, excellent stratège et politicien prudent , né vers 539 et décapité en 602, fut le dernier empereur byzantin à imposer la langue latine à sa cour.
   Membre d’une famille romaine de Cappadoce, il fut stratège autocrator (578) pour combattre les Perses qui furent vaincus en 581.
    Il épousa la fille de l’empereur Tibère II qui le désigna comme son successeur. Maurice réorganisa l’administration et l’armée de l’empire, créa les exarchats de Ravenne (pour l’Italie) et de Carthage (pour l’Afrique), gagna une partie de l’Arménie, rétablit la paix en Mauritanie, repoussa les Avars et les Slaves dans les Balkans et contint tant bien que mal les Lombards en Italie. Il se rendit impopulaire par des mesures économiques pour l’organisation de l’armée et fut mis à mort par Phocas qui prit sa place.
6 Saint Hadrien, martyr de Nicomédie sous Maximien, qui mourut un 4 mars et dont les reliques auraient été transférées à Rome un 8 septembre, vers 303 ou 312.
7 Saint Serge Ier, dont on célèbre d’ailleurs aussi la fête au 8 septembre, naquit au sein d’une famille syrienne établie à Palerme (Sicile) ; il vint à Rome sous le pontificat d’Adéodat II (672 + 676) qui l’admit parmi ses clercs comme membre de la Schola Cantorum ; acolyte vers 680, puis prêtre, saint Léon II lui confia le titre de Sainte-Suzanne où il fut un si remarquable pasteur que le clergé et le peuple de Rome l’élit pape (décembre 687). L’archidiacre Pascal, patronné par l’exarque byzantin de Ravenne, s’était installé à l’extérieur du Latran et l’archiprêtre Théodore occupait le reste du palais, tandis que les électeurs étaient réunis au Palatin près du représentant de Byzance ; comme l’archidiacre Pascal avait promis une belle récompense à l’exarque de Ravenne s’il était élu pape, il fallut que le nouveau pape, pour éviter des complications,  lui versât cent livres d’or.
  Serge I° introduit l’Agnus Dei dans la messe après la fraction du pain et régla les quatre grandes fêtes mariales (Annonciation, Dormition, Nativité, Purification). Il mourut en 701 en laissant une véritable réputation de sainteté et fut inhumé, un 8 septembre, à Saint-Pierre.
8 Après d’autres fêtes plus anciennes de la sainte Vierge, la piété des fidèles n’a été satisfaite que quand on a jouté la fête solennelle de ce jour (Fulbert de Chartres : sermon pour la Nativité de la Vierge). Sa cathédrale ayant été détruite par un incendie la nuit même de la fête, il jeta les fondements d’un édifice grandiose.

PRIÈRE

O Marie,
Vierge heureuse et bénie,
permettez-moi de m’approcher de votre berceau,
et de joindre mes louanges
à celles que vous rendent les anges
qui vous entourent, heureux d’être les témoins
des merveilles de votre naissance.
 Agenouillé devant vous,
je vous fais l’offrande de mon coeur ;
Reine du ciel et de la terre,
recevez-moi et gardez-moi.

Je vous salue, Marie,
O fruit de pureté !
La terre maudite s’étonne d’avoir pu vous produire.
O Marie, pleine de grâces,
vous relevez l’espoir des enfants d’Eve chassé du paradis
et vous ranimez leur confiance.
Au jour de votre entrée dans le monde,
nous avons relevés nos fronts abattus :
votre naissance annonce celle du Rédempteur,
comme l’aurore annonce la venue du jour.

Je vous salue, Marie,
O étoile de Jacob !
Le soleil de justice va se lever, le jour de la grâce va luire,
et c’est vous qui avez hâté sa venue.
Vos désirs, plus ardents que ceux des patriarches et des prophètes,
attirent le véritable Emmanuel dans votre sein,
et c’est à vous qu’il appartiendra de nous donner le Verbe fait chair.
Que vos saintes mains, O Marie,
répandent dans mon coeur avec profusion
l’humilité, l’innocence, la simplicité,
la douceur et la charité :
 que ces vertus de votre coeur saisissent le mien
pour que j’appartienne avec vous au Christ,
mon Seigneur,
et qu’en lui je sache offrir le bien que je fais
et le mal que je souffre
pour la plus grande gloire de Dieu
qui est le salut des pécheurs.

Pape Benoît… « c’est aujourd’hui la mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge Marie invoquée sous le titre de «Reine» »

22 août, 2013

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120822_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

CASTEL GANDOLFO

MERCREDI 22 AOÛT 2012

Chers frères et sœurs,

c’est aujourd’hui la mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge Marie invoquée sous le titre de «Reine».

C’est une fête d’institution récente, même si l’origine et la dévotion en sont anciennes: elle fut établie en effet par le vénérable Pie XII, en 1954, au terme de l’Année mariale, et sa date fut fixée au 31 mai (cf. Lett. enc. Ad caeli Reginam, 11 octobris 1954: AAS 46 [1954], 625-640). En cette circonstance, le Pape déclara que Marie est Reine plus que toute autre créature par l’élévation de son âme et par l’excellence des dons reçus. Elle ne cesse d’offrir tous les trésors de son amour et des attentions à l’humanité (cf. Discours en honneur de Marie Reine, 1er novembre 1954). A présent, après la réforme post-conciliaire du calendrier liturgique, elle a été placée huit jours après la solennité de l’Assomption pour souligner le lien étroit entre la royauté de Marie et sa glorification corps et âme à côté de son Fils. Dans la Constitution sur l’Eglise du Concile Vatican II nous lisons: «Marie fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils» (Lumen gentium, n. 59). Telle est l’origine de la fête d’aujourd’hui: Marie est Reine parce qu’elle est associée de façon unique à son Fils, tant sur le chemin terrestre, que dans la gloire du Ciel. Le grand saint de Syrie, Ephrem le Syrien, affirme, à propos de la royauté de Marie, qu’elle découle de sa maternité: Elle est Mère du Seigneur, du Roi des rois (cf. Is 9, 1-6) et elle nous indique Jésus comme notre vie, notre salut et notre espérance. Le serviteur de Dieu Paul VI rappelait dans son exhortation apostolique Marialis Cultus: «Dans la Vierge, tout se rapporte au Christ et tout dépend de lui: c’est pour lui que Dieu le Père, de toute éternité, l’a choisie comme Mère toute sainte et l’a parée de dons de l’Esprit à nul autre consentis» (n. 25). Mais demandons-nous à présent: que veut dire Marie Reine? Est-ce seulement un titre uni aux autres, la couronne, un ornement parmi d’autres? Qu’est-ce que cela veut dire? Qu’est-ce que cette royauté? Comme on l’a déjà dit, c’est une conséquence du fait qu’elle est unie au Fils, qu’elle est au Ciel, c’est-à-dire en communion avec Dieu; elle participe à la responsabilité de Dieu pour le monde et à l’amour de Dieu pour le monde. Il y a une idée vulgaire, commune, de roi ou reine: ce serait une personne ayant du pouvoir, de la richesse. Mais ce n’est pas le type de royauté de Jésus et de Marie. Pensons au Seigneur: la royauté et le fait d’être roi pour le Christ est mêlé d’humilité, de service, d’amour: c’est surtout servir, aider, aimer. Rappelons-nous que Jésus a été proclamé roi sur la croix avec cette inscription écrite par Pilate: «roi des juifs» (cf. Mc 15, 26). A ce moment-là sur la croix, il est montré qu’Il est roi; et comment est-il roi? En souffrant avec nous, pour nous, en aimant jusqu’au bout, et ainsi, il gouverne et crée la vérité, l’amour, la justice. Ou pensons aussi à cet autre moment: lors de la Dernière Cène il se penche pour laver les pieds des siens. Donc la royauté de Jésus n’a rien à voir avec celle des puissants de la terre. C’est un roi qui sert ses serviteurs; ainsi l’a-t-il démontré pendant toute sa vie. Et il en est de même pour Marie: elle est reine dans le service à Dieu à l’humanité, elle est reine de l’amour qui vit le don de soi à Dieu pour entrer dans le dessein du salut de l’homme. A l’ange elle répond: Me voici, je suis la servante du Seigneur (cf. Lc 1, 38), et dans le Magnificat, elle chante: Dieu a vu l’humilité de sa servante (cf. Lc 1, 48). Elle nous aide. Elle est reine précisément en nous aimant, en nous aidant dans chacun de nos besoins; elle est notre sœur, humble servante.

Et ainsi, nous sommes déjà parvenus à ce point: comment Marie exerce-t-elle cette royauté de service et d’amour? En veillant sur nous, ses fils: les fils qui s’adressent à Elle dans la prière, pour la remercier ou pour lui demander sa protection maternelle et son aide céleste, peut-être après avoir égaré la route, opprimés par la douleur ou par l’angoisse à cause des tristes et durs événements de la vie. Dans la sérénité ou dans l’obscurité de l’existence, nous nous adressons à Marie, en nous confiant à son intercession constante, afin qu’elle puisse nous obtenir de son Fils toutes les grâces et miséricordes nécessaires dans notre pèlerinage le long des chemins du monde. Nous nous adressons avec confiance à Celui qui gouverne le monde et a en main les destins de l’univers, au moyen de la Vierge Marie. Depuis des siècles, elle est invoquée comme céleste Reine des cieux; huit fois, après la prière du saint Rosaire, elle est implorée dans les litanies de Lorette comme Reine des anges, des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, des confesseurs, des vierges, de tous les saints et des familles. Le rythme de ces antiques invocations et prières quotidiennes, comme le Salve Regina, nous aident à comprendre que la Sainte Vierge, comme notre Mère auprès de son Fils Jésus dans la gloire du Ciel, est toujours avec nous, dans le déroulement quotidien de notre vie. Le titre de Reine est donc un titre de confiance, de joie, d’amour. Et nous savons que celle qui a en partie en mains les destinées du monde est bonne, nous aime et nous aide dans nos difficultés. Chers amis, la dévotion à la Vierge est un élément important de la vie spirituelle. Dans notre prière, nous ne manquons pas de nous adresser à Elle avec confiance. Marie ne manquera pas d’intercéder pour nous auprès de son Fils. En tournant notre regard vers Elle, imitons sa foi, sa pleine disponibilité au projet d’amour de Dieu, son accueil généreux de Jésus. Apprenons à vivre de Marie. Marie est la Reine du ciel proche de Dieu, mais elle est également la mère proche de chacun de nous, qui nous aime et écoute notre voix. Merci pour votre attention.

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