Archive pour la catégorie 'liturgie'

6 Août – Transfiguration du Seigneur – Liturgie des Heures – Office des Lectures: « Il nous est bon d’être ici »

5 août, 2011

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6 Août – Transfiguration du Seigneur

Liturgie des Heures – Office des Lectures

HOMELIE D’ANASTASE DU SINAÏ POUR LA TRANSFIGURATION

« Il nous est bon d’être ici »

Jésus montra ce mystère à ses disciples sur le mont Thabor. Tandis qu’il cheminait au milieu d’eux, il les avait entretenus de son règne et de son deuxième avènement dans la gloire. Mais parce qu’ils n’étaient peut-être pas suffisamment certains de ce qu’il leur avait annoncé au sujet de son règne, il voulut qu’ils finissent par être très fermement convaincus au fond de leur cœur, et que les événements présents les aident à croire aux événements à venir. C’est pourquoi, sur le mont Thabor, il leur fit voir une merveilleuse manifestation divine, comme une image préfigurative du royaume des cieux. C’est exactement comme s’il leur disait : « Pour que le retard n’engendre pas en vous l’incrédulité, dès maintenant, immédiatement, vraiment, je vous le dis, il y en a parmi ceux, qui sont ici qui ne connaîtront pas la mort avant qu’ils voient venir le Fils de l’homme dans la gloire de son Père. »
Et, voulant montrer que la puissance du Christ s’accorde avec sa propre volonté, l’évangéliste ajoute : Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux, son visage devint brillant comme le soleil et ses vêtements, blancs comme la neige. Et voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Telles sont les merveilles divines de la présente solennité ; tel est le mystère, accompli pour nous sur la montagne aujourd’hui, mystère qui est en même temps un acte sauveur. Car ce qui nous réunit est en même temps initiation au mystère du Christ et rassemblement pour sa célébration. Afin donc que nous pénétrions dans les mystères sacrés et inexprimables avec ceux qui ont été choisis parmi les disciples inspirés par Dieu, écoutons la voix divine et très sainte qui, comme d’en haut et du sommet de la montagne, nous convoque de la façon la plus persuasive. ~
C’est donc vers la montagne qu’il faut nous hâter, j’ose le dire, comme l’a fait Jésus qui, là comme dans le ciel, est notre guide et notre avant-coureur. Avec lui nous brillerons pour les regards spirituels, nous serons renouvelés et divinisés dans les structures de notre âme et, avec lui, comme lui, nous serons transfigurés, divinisés pour toujours et transférés dans les hauteurs. ~
Accourons donc, dans la confiance et l’allégresse, et pénétrons dans la nuée, ainsi que Moïse et Élie, ainsi que Jacques et Jean. Comme Pierre, sois emporté dans cette contemplation et cette manifestation divines, sois magnifiquement transformé, sois emporté hors du monde, enlevé de cette terre ; abandonne la chair, quitte la création et tourne-toi vers le Créateur à qui Pierre disait, ravi hors de lui-même : Seigneur, il nous est bon d’être ici !
Certainement, Pierre, il est vraiment bon d’être ici avec Jésus, et d’y être pour toujours. Qu’y a-t-il de plus heureux, qu’y a-t-il de plus sublime, qu’y a-t-il de plus noble que d’être avec Dieu, que d’être transfiguré en Dieu dans la lumière ? Certes, chacun de nous, possédant Dieu dans son cœur, et transfiguré à l’image de Dieu doit dire avec joie : Il nous est bon d’être ici, où tout est lumineux, où il y a joie, plaisir et allégresse, où tout, dans notre cœur, est paisible, calme et imperturbable, où l’on voit Dieu : là il fait sa demeure avec le Père et il dit, en y arrivant : Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison. Là tous les trésors des biens éternels sont présents et accumulés. Là sont présentées comme dans un miroir les prémices et les images de toute l’éternité à venir.

COMMENTAIRE DE SAINT CYPRIEN SUR LA PRIÈRE DU SEIGNEUR: Le Maître de la prière

18 juin, 2011

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http://www.aelf.org/office-lectures

Liturgie des Heures – Office des Lectures

18 juin 2011

COMMENTAIRE DE SAINT CYPRIEN SUR LA PRIÈRE DU SEIGNEUR

Le Maître de la prière

Qu’y a-t-il d’étonnant, frères bien-aimés, si le Seigneur nous a enseigné une telle prière, si notre Maître a résumé tous nos appels dans ces paroles qui nous sauvent ? Le prophète Isaïe l’avait prédit, lorsque, rempli de l’Esprit Saint, il parlait de la majesté et de la bonté de Dieu : C’est une parole parfaite, dit-il, qui contient toute justice, car, par toute la terre, Dieu fera entendre une parole brève. En effet, lorsque le Verbe de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, est venu pour tous les hommes, il a rassemblé savants et ignorants, pour donner à tout sexe et à tout âge des préceptes qui conduisent au salut. Et il a fait un magnifique condensé de ses commandements, pour que la mémoire n’ait pas trop de difficulté à retenir ; il a voulu qu’on puisse apprendre rapidement ce qui est nécessaire à une vraie foi.

Ainsi, pour enseigner ce qu’est la vie éternelle, il a résumé le mystère de cette vie avec une grande et divine concision en disant : La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé Jésus Christ. De même il a recueilli, dans la Loi et les Prophètes, les commandements primordiaux : Écoute, Israël, dit-il, le Seigneur ton Dieu est l’Unique Seigneur. Et : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. C’est le premier commandement, et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans la Loi et les Prophètes dépend de ces deux commandements. Et encore : Tout le bien que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le aussi pour eux : c’est la Loi et les Prophètes.

Le Seigneur nous a enseigné à prier non seulement par ses paroles mais aussi par sa conduite. Lui-même était fréquemment en prière et il nous montre par son témoignage l’exemple qu’il faut suivre. Il est écrit en effet qu’il se retirait dans les endroits déserts pour prier. Et aussi : Il s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu.~

Le Seigneur priait et demandait, non pour lui-même – quelle raison l’innocent aurait-il d’implorer pour lui-même ? – mais pour nos péchés ; il le montre bien lorsqu’il dit à Pierre : Satan a réclamé de vous passer au crible comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne succombe pas. Et ensuite il implore son Père pour tous les hommes lorsqu’il dit : Je ne prie pas seulement pour ceux-ci, mais encore pour ceux qui accueilleront leur paroles et croiront en moi : Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi et je suis en toi ; pour qu’ils soient un en nous, eux aussi.

Elle est grande, la miséricorde et la bonté de Dieu en faveur de notre salut ! Il ne se contente pas de nous racheter par son sang, il faut encore qu’il prie pour nous ! Mais voyez donc ce que désire sa prière : comme le Père et le Fils sont un, que nous aussi demeurions dans l’unité.

Prière universelle

1 avril, 2011

du site:

http://www.liturgiecatholique.fr/Priere-universelle.html

Prière universelle

La Prière universelle ou Prière des fidèles est l’intercession de l’assemblée liturgique en faveur des besoins du monde et des mem­bres, vivants ou morts, de la communauté.
La tradition liturgique ancienne a connu cette Prière (Eucologe de Sérapion, évêque de Thmuis au IVe siècle, Constitutions apostoliques vers 380). Elle s’origine probablement à des influences de la liturgie juive et à l’ordre donné par saint Paul à Timothée : « Je recommande avant tout qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l’autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité. Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 1-4).
La Prière universelle comporte une invitation du prêtre, une série d’intentions données par le diacre, ou, à son défaut, par un ou plusieurs membres de l’assemblée ; tous expriment leur prière par une acclamation ou une réponse après chaque intention ; enfin, le prêtre conclut par une oraison. La suite habituelle des inten­tions est à peu près la suivante : pour l’Église, ses pasteurs et ses fidèles ; pour ceux qui ont autorité dans le monde, afin qu’ils lui ménagent une vraie paix dans la justice ; pour ceux qui souffrent ; pour les défunts ; pour les besoins particuliers des membres de l’assemblée ; pour l’assemblée tout entière.
A la messe, la Prière des fidèles fait transition entre la liturgie de la Parole, qui suscite les demandes, et la liturgie eucharistique ; plus précisément, elle intervient après l’évangile, éventuellement après l’homélie, ou après le Credo qui suit l’homélie. A l’office de Laudes et de Vêpres, une Prière universelle, ou intercession est prévue dans le rite de conclusion, avant le « Notre Père » et l’oraison. La célébration de la plupart des sacrements comporte une Prière des fidèles.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie

Qu’est-ce que le mercredi des Cendres ?

8 mars, 2011

du site:

http://www.pasaj.ch/le-careme-rubrique41.html

Qu’est-ce que le mercredi des Cendres ?

jeudi 31 janvier 2008

Qu’est-ce que le mercredi des Cendres ? Une célébration comme une autre ? Pourquoi un mercredi ? Quelle est la symbolique des cendres ?
Le mercredi des Cendres marque l’entrée officielle en Carême et dans le cycle pascal. Il peut tomber n’importe quel mercredi entre le 4 février et le 10 mars, en fonction de la date de Pâques.
Les Cendres
Les cendres qui proviennent des rameaux de l’année précédente, brûlés pour l’occasion, sont déposées sur le front des fidèles. Cette coutume de se couvrir la tête de cendres – et à l’origine de se revêtir aussi d’un sac – est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte au peuple hébreu (Jon 3,5-9 ; Jr 6,26 ; 25, 34 ; Mt 11,21).
Du commencement du christianisme au VIIè siècle
Aux commencements du christianisme, ce rite des cendres n’était pas directement associé au début du Carême. Vers l’an 300, il fut adopté par certaines Églises locales et intégré au rite d’excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publics de la communauté. Ces personnes s’étaient rendues coupables de péchés ou de scandales « majeurs » : apostasie, hérésie, meurtre et adultère (considérés comme des péchés « capitaux »).
Au VIIe siècle environ, cette coutume donna lieu, dans certaines églises, à un rite public du mercredi des Cendres. Les pécheurs confessaient d’abord leurs péchés en privé. Puis ils étaient présentés à l’évêque et mis publiquement au rang des pénitents. Ils devaient se préparer pour recevoir l’absolution donnée le Jeudi saint. Après une imposition des mains et des cendres, ils étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve l’avaient été du paradis. Bien sûr, on leur rappelait que la mort est la conséquence du péché : « Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras » (Gn 3,19). Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d’où l’expression de « quarantaine »).
Le « sac » qu’ils avaient revêtu et la cendre dont ils étaient couverts permettaient de les reconnaître lors des assemblées ou, le plus souvent, aux portes de l’église où ils étaient relégués. Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s’abstenir de viande, d’alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d’avoir des relations sexuelles et de gérer ses affaires. Selon les diocèses, il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie.
Au Moyen Age
Au cours du Moyen Âge, c’est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d’insistance. Par conséquent, les traditions associées au mercredi des Cendres furent appliquées à tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée. Au XIe siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd’hui. Depuis quelques années, il existe une alternative à la formule traditionnelle pour l’imposition des cendres. Elle met en valeur un aspect beaucoup plus positif du Carême : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Me 1,15).
Dans les Églises de Bretagne insulaire et d’Irlande, une nouvelle modalité pénitentielle se développa, entre le VIe et le VIIIe siècle, sous l’influence des moines celtes. Il s’agissait d’une forme de pénitence personnelle et privée pour des péchés moins graves que ceux évoqués ci-dessus. Cette pratique, plus que le rite du mercredi des Cendres, allait contribuer à faire évoluer les modalités du sacrement de la réconciliation.
Pour aujourd’hui
Comme toute fête de l’année au calendrier chrétien, le mercredi des cendres se situe en référence à la fête des fêtes qu’est Pâques qui célèbre le passage de la mort à la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ. Fête tellement importante qu’elle est célébrée durant cinquante jours (de là vient le mot Pentecôte), et qu’elle est précédée d’une préparation de quarante jours (d’où vient le mot Carême). Cette préparation est un temps de cheminement spirituel, tout entier orienté vers Pâques, pour ceux qui se préparent à être baptisés à la veillée pascale et pour tous les fidèles. Il est marqué par le jeûne (privation), la prière et le partage (charité, solidarité), et pas seulement comme pratique à observer – d’ailleurs le plus discrètement possible (voir Matthieu 6, 5-18 « Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu… mais parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes ») – mais véritable démarche spirituelle. La durée de quarante jours est d’ailleurs à mettre en relation avec les 40 jours de Jésus au désert précédant sa vie publique, eux-mêmes en relation symbolique avec les quarante ans de traversée du désert par les Hébreux avant l’entrée en Terre promise.
C’est pour tenir les quarante jours de jeûne et de privation, en dehors des dimanches qui sont toujours jour de fête et de résurrection – même en temps de Carême – que le début de celui-ci fut avancé au mercredi. La cendre évoque la faiblesse de l’homme (cf. Genèse 3, 19 « Souviens-toi que tu es poussière… »), elle évoque aussi le péché et la fragilité de l’homme (cf. Sagesse 15, 10 ; Ézéchiel 28, 18 ; Malachie 3, 21) et son regret du péché (cf. Judith 4, 11-15 ; Ézéchiel 27, 30). Pour les chrétiens, l’imposition des cendres est avant tout, un rite pénitentiel dont la signification est portée par la phrase que prononce le prêtre en faisant le geste : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » (Marc 1, 15).
Source : Guide des traditions et coutumes catholiques, pp 138-140

Pape Benoît: Le Carême: un itinéraire de réflexion et d’intense prière (2006)

8 mars, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060301_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 1er mars 2006

Le Carême:  un itinéraire de réflexion et d’intense prière 

Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui, avec la Liturgie du Mercredi des Cendres, commence l’itinéraire quadragésimal de quarante jours, qui nous conduira au Triduum pascal, mémoire de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur, coeur du mystère de notre salut. Il s’agit d’un temps favorable, où l’Eglise invite les chrétiens à prendre une conscience plus vive de l’oeuvre rédemptrice du Christ et à vivre plus profondément leur Baptême. En effet, en cette période liturgique, le Peuple de Dieu, depuis les premiers temps, se nourrit avec abondance de la Parole de Dieu pour se renforcer dans la foi, en reparcourant toute l’histoire de la création et de la rédemption.
De par sa durée de quarante jours, le Carême  possède  une  force évocatrice indéniable.  Il  entend  en  effet  rappeler plusieurs des  événements qui ont rythmé la vie et l’histoire de l’antique Israël, en nous en reproposant également la valeur de paradigme:  pensons, par exemple, aux quarante jours du déluge universel, qui aboutirent au pacte de l’alliance scellée par Dieu avec Noé, et ainsi, avec l’humanité, et aux quarante jours passés par Moïse sur le Mont Sinaï, qui furent suivis par le don des tables de la Loi. La période quadragésimale veut surtout nous inviter à revivre avec Jésus les quarante jours qu’il passa dans le désert, en priant et en jeûnant, avant d’entreprendre sa mission publique. Nous aussi, nous entreprenons aujourd’hui un chemin de réflexion et de prière avec tous les chrétiens du monde, pour nous diriger spirituellement vers le Calvaire, en méditant sur les mystères centraux de la foi. Nous nous préparerons ainsi à faire l’expérience, après le mystère de la Croix, de la joie de la Pâque de résurrection.
On accomplit aujourd’hui, dans toutes les communautés paroissiales, un geste austère et symbolique:  l’imposition des cendres, et ce rite est accompagné par deux formules riches de sens, qui constituent un appel pressant à se reconnaître pécheurs et à retourner à Dieu. La première formule dit:  « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras à la poussière » (cf. Gn 3, 19). Ces paroles, tirées du livre de la Genèse, évoquent la condition humaine placée sous le signe de la précarité et de la limite, et entendent nous pousser à placer toutes nos espérances uniquement en Dieu. La deuxième formule se réfère aux paroles prononcées par Jésus au début de son ministère itinérant:  « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1, 15). C’est une invitation à adhérer de manière ferme et confiante à l’Evangile comme fondement du renouveau personnel et communautaire. La vie du chrétien est une vie de foi, fondée sur la Parole de Dieu et nourrie par elle. Dans les épreuves de la vie et face à chaque tentation, le secret de la victoire se trouve dans l’écoute de la Parole de vérité et dans le ferme refus du mensonge et du mal. Tel est le programme véritable et central du temps du Carême:  écouter la Parole de vérité, vivre, parler et faire la vérité, refuser le mensonge qui empoisonne l’humanité et qui ouvre la porte à tous les maux. Il est donc urgent d’écouter à nouveau, au cours de ces quarante jours, l’Evangile, la Parole du Seigneur, parole de vérité, afin qu’en chaque chrétien, en chacun de nous, se renforce la conscience de la vérité qui lui est donnée, qui nous est donnée, afin que nous en vivions et en devenions le témoin. Le Carême nous invite à laisser pénétrer notre vie par la Parole de Dieu et à connaître ainsi la vérité fondamentale:  qui sommes-nous, d’où venons-nous, où devons-nous aller, quel est le chemin à prendre dans la vie? Et ainsi, le temps du Carême nous offre un parcours ascétique et liturgique qui, alors qu’il nous aide à ouvrir les yeux sur notre faiblesse, nous fait ouvrir notre coeur à l’amour miséricordieux du Christ.
En nous rapprochant de Dieu, le chemin quadragésimal nous permet de poser sur frères et leurs besoins un regard nouveau. Celui qui commence à voir Dieu, à regarder le visage du Christ, contemple avec un autre regard également son frère, découvre son frère, son bien, son mal, ses nécessités. C’est pourquoi le Carême, comme écoute de la vérité, est le moment favorable pour se convertir à l’amour, car la vérité profonde, la vérité de Dieu, est dans le même temps amour. En nous convertissant à la vérité de Dieu, nous devons nécessairement nous convertir à l’amour. Un amour qui sache adopter l’attitude de compassion et de miséricorde du Seigneur, comme j’ai voulu le rappeler dans le Message pour le Carême, qui a pour thème les paroles évangéliques:  « Voyant les foules, Jésus eut pitié d’elles » (Mt 9, 36). Consciente de sa mission dans le monde, l’Eglise ne cesse de proclamer l’amour miséricordieux du Christ, qui continue à tourner son regard plein d’émotion vers les hommes et les peuples de tous les temps. « Face aux terribles défis de la pauvreté d’une si grande part de l’humanité – ai-je écrit dans le Message de Carême susmentionné -, l’indifférence et le repli sur son propre égoïsme se situent dans une opposition intolérable avec le « regard du Christ ». Avec la prière, le jeûne et l’aumône, que l’Eglise propose de manière spéciale dans le temps du Carême, sont des occasions propices pour se conformer à ce « regard »", au regard du Christ, et nous voir nous-mêmes, l’humanité et les autres, avec ce regard. Dans cet esprit, nous entrons dans le climat d’austérité et de prière du Carême, qui est véritablement un climat d’amour pour nos frères.
Que ce soient des jours de réflexion et d’intense prière, au cours desquels nous nous laissons guider par la Parole de Dieu, que la liturgie nous propose en abondance. Que le Carême soit, en outre, un temps de jeûne, de pénitence et de vigilance sur nous-mêmes, persuadés que la lutte contre le péché ne finit jamais, car la tentation est une réalité de chaque jour, et la fragilité et l’illusion sont l’expérience de tous. Enfin, que le Carême soit, à travers l’aumône et les actions de bien à l’égard de nos frères, une occasion de partage sincère des dons reçus avec nos frères et d’attention aux besoins des plus pauvres et des laissés-pour-compte. Que Marie, la Mère du Rédempteur, modèle d’écoute et de fidèle adhésion à Dieu, nous accompagne dans cet itinéraire pénitentiel. Que la Très Sainte Vierge nous aide à arriver, purifiés et renouvelés dans notre coeur et notre esprit, à célébrer le grand mystère de la Pâque du Christ. Avec ces sentiments, je souhaite à tous un bon et fructueux Carême.

L’HYMNE ET SA FONCTION DANS L’OFFICE

29 décembre, 2010

du site:

http://www.cfc-liturgie.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=395&Itemid=410

L’HYMNE ET SA FONCTION DANS L’OFFICE

« Le Souverain Prêtre de la nouvelle et éternelle Alliance, le Christ Jésus, prenant la nature humaine, a introduit dans notre exil terrestre cet hymne qui se chante éternellement dans les demeures célestes. Il s’adjoint toute la communauté des hommes et se l’associe dans ce cantique de louange ».
Ainsi débute le chapitre IV, consacré à l’office divin, de la Constitution conciliaire de Vatican II sur la Liturgie. Si ce Concile prend « la partie pour le tout » et appelle « hymne » l’office divin qui est chanté au ciel, c’est sans doute que cette pièce tient une place et remplit une fonction importante au cœur de la prière officielle de l’Église.

L’hymne dans le dynamisme de l’office

Dans l’office monastique traditionnel, celui pratiqué jusqu’à Vatican II, l’hymne occupe, suivant les heures, une place différente.
Dans un article intitulé : « L’hymne dans une liturgie rénovée1 », et paru en 1967, le Père Gelineau résume ainsi la question de la place de l’hymne :
« Dans l’office divin, à la différence de la Messe, l’hymne intervient comme un des éléments constitutifs à côté de la lecture, de la psalmodie et de la prière. Elle y remplit, selon les cas, trois fonctions :
    a) Fonction d’ouverture. C’est le cas des petites heures et de matines. L’hymne «situe» l’office dans le temps et « lance» la célébration.
    b) Fonction d’approfondissement et d’expression lyrique comme dans les deux grandes heures du matin et du soir, où l’hymne se situe après la lecture… À cette place, l’hymne déploie beau coup plus son efficacité propre qu’elle ne peut le faire au début de l’office.
    c) Fonction de conclusion, comme le Te Deum après les Vigiles. »
La réforme liturgique aura finalement privilégié la fonction d’ouverture de l’hymne. Ce changement de place sera officialisé par l’ « institutio Generalis de Liturgia Horarum » (IGLH), publiée par la S. Congrégation pour le Culte divin le 15 mars 1971, et qui mentionne cela par deux fois :
« La liturgie des heures… est construite de manière à comprendre toujours, après l’hymne d’ouverture, la psalmodie, puis une lecture plus ou moins longue tirée des Saintes Écritures, enfin des prières. » n° 33
« Aussitôt après les versets d’introduction, on chante ou on dit l’hymne qui convient. » n° 42
Dans des célébrations moins codifiées que celles des monastères, par exemple dans des offices paroissiaux, on peut, avec plus de liberté, distinguer des « hymnes d’ouverture » et des « hymnes de réponse à la Parole ». Prenons pour exemple deux hymnes de Patrice de La Tour du Pin. La première : Que cherchez-vous au soir tombant2 aurait tout à fait sa place comme réponse après la lecture de l’Évangile d’Emmaüs durant l’octave de Pâques, alors que la deuxième : Seigneur, au seuil de cette nuit3 est bien mieux en place au début de l’office de vêpres. De même, l’hymne Puisqu’il est avec nous4 de Didier Rimaud, qui est de style exhortatif, répond mieux à la fonction d’approfondissement qu’à la fonction d’ouverture.
L’hymne prend une autre coloration, et par conséquent joue un autre rôle, lorsqu’elle ouvre effectivement l’office ou lors qu’elle vient en réponse à une psalmodie et une écoute de la Parole assez longue. En l’un et l’autre cas l’hymne est un texte qui délivre un message indépendamment de son lieu d’utilisation.
Notons que ce même conflit « sens-fonction » se retrouve pour ces autres compositions poétiques que sont les « Tropaires », et qui peuvent et doivent servir à la fois d’ouverture pour l’Eucharistie et de réponse à la Parole à l’office.

L’hymne et le temps

Dans ces remarques autour de la place de l’hymne dans l’office, nous avons passé sous silence une donnée fort importante, à savoir le lien entre l’hymne et le « mystère » célébré par l’office. La Présentation Générale de l’Office Divin est assez explicite sur ce sujet :
« Le rôle de l’hymne est de donner à chaque heure ou à chaque fête sa tonalité propre, et à rendre plus facile et plus joyeuse l’entrée dans la prière, surtout quand la célébration se fait avec le peuple. » n° 42
« Les hymnes, qui ont leur place dans l’office en vertu d’une tradition fort ancienne, gardent encore maintenant leur place. En vérité, non seulement par leur nature lyrique elles sont destinées expressément à la louange de Dieu, mais elles constituent un élément populaire, et même elles manifestent presque toujours d’emblée, mieux que les autres parties de l’office, le caractère propre des heures ou de chaque fête. » n° 173
C’était déjà une des fonctions des anciennes hymnes latines, les « incipit » étant, sur ce point, très caractéristiques : Nocte surgentes aux vigiles, Ecce jam noctis tenuatur umbra à laudes, Jam lucis orto sidere à prime, jusqu’au Te lucis ante terminum de complies.
Le rapport entre l’hymne et le temps est à prendre à deux niveaux. Il y a d’abord le niveau du temps « cosmologique » avec ses oppositions nuit/jour ; matin/plein-midi/soir. Depuis toujours, l’hymnographie chrétienne a célébré l’apparition de la lumière, l’aurore, en la liant, d’ailleurs, à la personne du Christ et à sa Résurrection à l’aube de Pâques. Dès le début de la réforme liturgique plusieurs compositions ont repris ce thème :

Splendeur jaillie du sein de Dieu,
Lumière née de la Lumière,
Avant que naisse l’univers,
Tu resplendis dans les ténèbres5.

Nous attendons face à l’orient
Les Signes du Jour :
Jésus doit revenir en gloire
Et l’amour seul peut dans nos vies
Gagner sa Pâque6.

De même, le coucher du soleil et les ombres de la nuit ont été, et sont encore une vraie source d’inspiration pour les hymnes de complies.
Aucune de ces hymnes, d’ailleurs, ne célèbre le matin ou le soir pour eux-mêmes, et le temps « cosmologique » n’est qu’une amorce. En effet, il y a un second niveau, où le temps prend une dimension « sotériologique ». Ce temps est celui de l’Histoire du Salut, depuis la création du monde jusqu’à la Parousie, en passant par l’Incarnation, la vie terrestre de Jésus, la naissance de l’Église, etc.… Le Directoire pour l’office bénédictin souligne bien cela :
« Quand on parle de l’office divin, les Heures ne doivent pas s’entendre seulement au sens de divisions du temps chronologique qui s’écoule (« chronos »). Il s’agit, en effet, ici, d’espaces de temps qui, en raison du culte célébré, deviennent des moments de l’Histoire du Salut (« Kairoi ») où il nous est loisible de rencontrer Dieu7 ».
Tout au long de l’année liturgique, les hymnes de chaque « temps » célèbrent les divers aspects de cette Histoire du Salut. Mentionnons, cette hymne déjà ancienne pour le temps du Carême :

Sois fort, sois fidèle, Israël,
Dieu te mène au désert ;
C’est lui dont le bras souverain
Ouvrit dans la mer
Un chemin sous tes pas8.

ou celle-ci pour le temps de la Pentecôte :

Amour qui planais sur les eaux
Et les berças du premier souffle,
Nos âmes dorment :
Prends-les d’un battement nouveau
Qui reflue au Christ vers leur source
Pour déborder parmi les hommes9.

Certaines hymnes, d’ailleurs, couvrent l’ensemble de l’Histoire du Salut, telle celle-ci de Didier Rimaud :

Voici la nuit,
L’immense nuit des origines,
Et rien n’existe hormis l’Amour,
Hormis l’Amour qui se dessine :
En séparant le sable et l’eau,
Dieu préparait comme un berceau
La Terre où il viendrait au jour10.

dont les strophes évoquent, ensuite, la naissance de Jésus, sa mort, sa résurrection, pour terminer avec le temps de l’Église cette « longue nuit où l’on chemine ».
Ce « temps du Salut » se retrouve aussi dans beaucoup d’hymnes du temps ordinaire. Traditionnellement, par exemple, l’heure de tierce a voulu commémorer le don de l’Esprit fait aux Apôtres à la troisième heure. À l’instar de l’hymne grégorienne Nunc Sancte nobis Spiritus, bien des hymnes actuelles de tierce reprennent ce thème. Par exemple :

Flamme jaillie d’auprès de Dieu,
Esprit-Saint, embrase-nous,
Comme brindilles au même feu,
Fais-nous brûler de ton amour11.

Nous pourrions ainsi passer en revue chaque heure liturgique…
Si l’hymne type l’heure et le temps, elle a aussi pour fonction, dans le Sanctoral, de typer la fête et le Saint célébré. L’hymnaire latin comprenait pas mal d’hymnes chantant, de manière fort imagée parfois, les mérites de tel ou tel Saint, à partir d’épisodes concrets de sa vie, fussent-ils légendaires ! Quelques hymnographes s’y sont risqués et l’on en découvrira leurs hymnes sur notre site. Cependant la créations d’hymnes du Commun des saints reste à privilégier, car celles-ci célèbrent ce qui a fait la sainteté de chaque saint en particulier.
Cette fonction de « typer » le temps et la fête justifie bien la place des hymnes au début de l’office. Cette fonction d’ouverture est d’ailleurs accentuée dans les offices où l’on a déplacé l’oraison pour la mettre tout de suite après l’hymne, comme conclusion du rite d’ouverture, retrouvant ainsi la même structure que le début de l’Eucharistie, avec introduction, chant du Gloria et collecte.
Nous pouvons nous demander, à juste titre, si cette fonction « typique » de l’hymne joue aussi bien dans la liturgie en langue vernaculaire que dans l’ancienne liturgie latine et grégorienne. Pour qu’une hymne soit vraiment « attendue » et devienne typique de tel temps liturgique ou de telle fête, il faut qu’elle ait été chantée plusieurs années, assimilée, mise en rapport avec les autres pièces de l’office (antiennes, répons etc.… ). Un bon discernement dans le choix d’un répertoire, aujourd’hui abondant est donc nécessaire, ainsi qu’une certaine stabilité, qui n’est pas immobilisme, dans ce choix.
Autre différence, les hymnes latines étaient fixées une fois pour toutes et l’on n’avait pas beaucoup de choix : ainsi, à chaque jour du Carême, pour les vêpres revenait l’hymne : Audi benigne Conditor, et il était presque obligatoire qu’elle type très fortement ce temps de pénitence. Le fait d’avoir actuellement le choix entre plusieurs hymnes pour chaque heure pousse moins à cette mémorisation « affective » quasi obligée ; par contre, elle apporte une plus grande richesse doctrinale et poétique. Pour ma part, je pense qu’une hymne composée pour une circonstance très déterminée, par exemple l’hymne de Didier Rimaud : Brillez déjà, lueurs de Pâques12, prévue pour la Vigile Pascale, peut se charger très vite d’un poids émotionnel certain.

L’hymne et le chant

Dans son chapitre VI, qui traite de la musique sacrée, la Constitution de Vatican II sur la Liturgie dit ceci :
« L’action liturgique présente une forme plus noble lorsque les offices divins sont célébrés solennellement avec chant, que les ministres sacrés y interviennent et que le peuple y participe activement.13 »
Le Concile met ainsi en lien la solennité de la célébration et la participation active du peuple. Huit ans plus tard, en 1971, un autre document romain qu’est la Présentation Générale de la liturgie des heures reprend cela en l’appliquant aux hymnes :
« Les hymnes pourront aussi nourrir la prière de celui qui récite les heures, si elles ont une valeur doctrinale et artistique : cependant, elles sont, par elles-mêmes, destinées au chant. Il est donc recommandé de les chanter autant que possible dans la célébration communautaire. » n° 280
Dans un autre langage, Joseph Gelineau reprenait cela à son compte et écrivait :
« Les significations fondamentales du chant se rencontrent avec un maximum d’intensité dans la situation que, selon son emploi traditionnel, nous appelons l’hymne. Dans l’expérience commune, en effet, l’hymne est le chant par excellence, le chant que l’on chante ensemble dans une fête et qui devient symbole des sentiments ou de l’idéal du groupe.14 »
Ce point de vue semble bien admis par tous et la pratique concrète montre que l’hymne est effectivement la pièce de l’office qui est chantée en priorité. Si la communauté qui célèbre a peu de moyens, du fait de l’âge, des voix ou du petit nombre, elle récitera tout, mais essayera quand même de chanter l’hymne. Si l’hymne est chantée, ce n’est donc pas simplement pour solenniser l’office, mais c’est bien plutôt pour qu’elle prenne tout son sens et qu’elle joue sa fonction de « sommet lyrique ». Saint-Augustin ne disait-il pas déjà de son temps : « Que le chant manque, et il n’y a point d’hymne » ! Or, le chant requiert un lien organique entre le texte et la musique. L’hymne est un « acte de chant » distinct de la psalmodie et de la proclamation. « L’hymne occupe une situation moyenne (aux frontières flexibles) entre d’une part tous les genres de cantillation, où le texte donne forme au chant, d’autre part les genres plus « musicaux » où la musique est nettement prédominante sur le texte. En gros elle représente une fonction d’équilibre texte-musique, l’un n’étant jamais pensable sans l’autre »15.
Dans la célébration de l’office, la grande majorité des hymnes utilisées sont de forme « strophique » stricte, sans refrain, chantées soit en chœurs alternés, suivant l’ancien usage grégorien, soit, et c’est une tendance qui se généralise, en chorale par tous en même temps. En effet, peu de textes réclament impérativement un dialogue entre deux chœurs ; quand cela se trouve, il faut, bien sûr, faire jouer ce dialogue. Une hymne bien connue de ce type est :

Ouvrez vos cœurs au souffle de Dieu,
Sa vie se greffe aux âmes qu’il touche ;
Qu’un peuple nouveau
Renaisse des eaux
Où plane l’Esprit de vos baptêmes !
Ouvrons nos cœurs au souffle de Dieu
Car il respire en notre bouche
Plus que nous-mêmes.

Alterner systématiquement des hymnes conçues pour être chantées d’une seule coulée peut nuire à la compréhension. Qu’on le veuille ou non, l’attitude envers l’hymne est différente que l’on chante ou que l’on écoute alternativement une strophe sur deux. L’alternance se comprend mieux pour les hymnes à refrain, où ce dernier, pris par tous, réalise l’unité avant de « relancer la balle » à l’autre chœur. Ce type d’hymne est, aussi, bien adapté à des assemblées nombreuses et peu habituées à chanter ensemble, qui peuvent difficilement chanter toutes les strophes, parfois d’ailleurs plus délicates à exécuter musicalement, mais qui entrent très facilement dans la dynamique de l’hymne par le chant du refrain. Dans ce genre d’hymne, la polyphonie est un élément qui peut permettre de « solenniser » l’office, tout en soutenant et étoffant le chant de l’assemblée.
Au terme de ce parcours à travers les hymnes, où nous avons cherché à cerner leurs différentes fonctions, il peut être bon de synthétiser à gros traits le visage de l’hymne dans notre office aujourd’hui. Située au début, après le verset d’introduction et l’invitatoire (quand c’est le premier office de la journée), l’hymne oriente d’emblée notre prière dans le sens de l’heure, du temps ou de la fête célébrés. Son texte, nourri de la Bible et de la tradition ecclésiale, est très rarement une traduction des hymnes anciennes ; il en est parfois une adaptation mais dans la grande majorité des cas c’est une composition contemporaine. Chantée par toute l’assemblée, elle traduit, d’emblée, « une plus profonde union des cœurs dans le service de la louange de Dieu ». Elle marque un sommet lyrique où l’homme, avec ses mots à lui, s’adresse à son Seigneur. Aux deux offices principaux de laudes et vêpres, il y aura, après la psalmodie et l’écoute de la Parole, un autre sommet lyrique, lorsque l’assemblée, par le Benedictus ou le Magnificat, chantera Dieu avec les mots mêmes de Dieu.

En conclusion d’un article sur l’hymnodie, daté de 1966, Didier Rimaud écrivait :

« Il serait bien étrange que Vatican II n’aboutisse pas à une floraison de chants nouveaux. Une vie nouvelle est allée réveiller certains secteurs de notre foi. Sur ces terrains où les théologiens et les pasteurs ont prié et travaillé, il faudrait que des poètes, eux aussi théologiens et pasteurs, prient et travaillent pour que naissent, à côté des psaumes et des cantiques, les hymnes de l’Église d’aujourd’hui.16 »
Force est de constater que son souhait a été bien exaucé et qu’il continue de l’être…

fr. Maurice COSTE
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 NOTES
1 : LMD 92 p. 54
2 : Liturgie des Heures, Tome II p. 412
3 : Liturgie des Heures, Tome III p. 677
4 : Liturgie des Heures, Tome III p. 595
5 : Alain Rivière – Liturgie des Heures, Tome III p. 522
6 : CFC, Liturgie des Heures, Tome III p. 356
7 : Thesaurus Liturgiæ Monasticæ, 9
8 : CFC, Liturgie des Heures, Tome II p. 3
9 : Patrice de la Tour du Pin, Liturgie des Heures, Tome II p. 794
10 : Liturgie des Heures, Tome III p. 626
11 : CFC, Liturgie des Heures, Tome III p. 484
12 : Liturgie des Heures, Tome II p. 385
13 : Constitutio de Sacra Liturgia n° 113
14 : Dans vos assemblées (1re édition), Tome I p. 206
15 : Texte de Didier Rimaud, musique de Joseph Gelineau (K 79-1) enregistré sur le disque « Quel est cet Homme », SM 30 289. Ce disque fut une très bonne illustration des différentes possibilités de mise en œuvre musicale d’hymnes de genre assez varié.
16 : Église qui chante N° 68 (mars-avril 1966), p. 28
 
Dernière mise à jour : ( 02-11-2010 ) 

NOVEMBRE : La dédicace des Basiliques romaines

8 novembre, 2010

extrait, du site:

http://www.ebior.org/afale/dossiers_liturgiques/dedicace.htm

NOVEMBRE : La dédicace des Basiliques romaines

Le mois de novembre a offert une particularité, celle d’offrir aux fidèles les fêtes de la Dédicace des Basiliques romaines, du Latran dédiée aux deux Saints Jean, Saint Jean Baptiste et Saint Jean l’Apôtre, le 9 novembre, de Saint Pierre du Vatican et de Saint-Paul-hors-les-Murs, conjointement le 18 novembre. La quatrième Basilique romaine est Sainte Marie Majeure dont on fête la Dédicace le 5 août !
Qu’est-ce que la Dédicace d’une église ? Et pourquoi la Dédicace des Basiliques romaines est-elle fêtée si solennellement par l’Eglise tout entière ? Pourquoi chaque église locale est-elle concernée par ces Dédicaces ?
La Dédicace est la consécration d’un lieu destiné au culte, ou d’une église. Mais, c’est aussi la fête annuelle qui fait mémoire de la consécration de cette église.
Toutes les cathédrales, toutes les basiliques et toutes les églises sont consacrées au Dieu Tout-Puissant sous l’invocation de tel ou tel saint. C’est pourquoi vous pouvez lire sur leur fronton DOMINO (au Seigneur), ad (par l’intercession) San Pietro, par exemple.
Le Pape, ou l’évêque, consacre à Dieu les cathédrales, les basiliques ou les églises au cours d’un rituel très ancien et très élaboré, qui comporte principalement les onctions faites avec l’huile sainte apposée sur leurs 12 piliers, en 1 ‘honneur des 12 apôtres, puis sur l’autel, le lieu sacré de l’ édifice par excellence, puisque lieu de la rencontre du ciel et de la terre.
Lorsque l’église a été consacrée, les offices peuvent se dérouler normalement.
La dédicace est l’événement majeur de son histoire, célébré chaque année solennellement.

La Basilique du Latran

La Basilique du Latran est la cathédrale du Pape en tant qu’évêque de Rome. Elle a été érigée par Constantin vers 320, 7 ans après l’édit de Milan par lequel, en 313, il arrêta les persécutions et garantit la liberté religieuse. Ce furent des années d’euphorie que connut l’Eglise au sortir de la grande persécution, avant d’être secouée par la crise de l’arianisme.
C’est alors que l’on vit surgir des églises vers lesquelles convergeaient les foules joyeuses pour célébrer la dédicace. La Famille Laterani a donné à l’Eglise le domaine qui porte son nom.
La Basilique a vu se dérouler bien des événements, telles ces nuits pascales des 4ème et Sème siècles oÙ les Romains venaient par milliers se faire baptiser et confirmer pour s’agréger au Corps du Christ dans le Baptistère St Jean (que l’on visite encore), et célébrer dans la Basilique l’eucharistie pascale.
La Basilique du Latran est la plus ancienne église de Rome (Saint Pierre sera construit 10 ans après). Elle est la mère de toutes les églises.
Rappelons que je successeur de Pierre est à la fois l’évêque de Rome et le chef de l’Eglise catholique. Les deux Magistères sont inséparables. C’est pourquoi toutes les églises de rite romain répandues à travers le monde ont à coeur de célébrer le 9 novembre l’Eglise du Christ, en la fête de la Dédicace de la cathédrale de St Jean de Latran à Rome.

Auteur : Françoise Lucrot

dimanche 11 juillet 2010 – Deuxieme lecture: Colossiens 1,12-20 – texte et commentaire

10 juillet, 2010

du site:

http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

dimanche 11 juillet 2010

DEUXIEME LECTURE – Colossiens 1 , 12 – 20

15 Le Christ est l’image du Dieu invisible,
le premier-né par rapport à toute créature,
16 car c’est en lui que tout a été créé
dans les cieux et sur la terre,
les êtres visibles
et les puissances invisibles :
tout est créé par lui et pour lui.
17 Il est avant tous les êtres,
et tout subsiste en lui.
18 Il est aussi la tête du corps,
c’est-à-dire de l’Eglise.
Il est le commencement,
le premier-né d’entre les morts,
puisqu’il devait avoir en tout la primauté.
19 Car Dieu a voulu que dans le Christ,
toute chose ait son accomplissement total.
20 Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui,
sur la terre et dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix.

Je commence par la dernière phrase qui est peut-être pour nous la plus difficile : « Dieu a voulu tout réconcilier par le Christ et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. » Paul ici compare la mort du Christ à un sacrifice comme on en offrait habituellement au Temple de Jérusalem. Il existait en particulier des sacrifices qu’on appelait « sacrifices de paix ».

Paul sait bien que ceux qui ont condamné Jésus n’avaient aucunement l’intention d’offrir un sacrifice : tout d’abord parce que les sacrifices humains n’existaient plus en Israël depuis fort longtemps ; ensuite parce que Jésus a été condamné à mort comme un malfaiteur et exécuté hors de la ville de Jérusalem. Mais il contemple une chose inouïe : dans sa grâce, Dieu a transformé l’horrible passion infligée à son fils par les hommes en œuvre de paix ! On pourrait lire « Dieu a bien voulu tout réconcilier par le Christ et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. » Pour le dire autrement, c’est la haine des hommes qui tue le Christ, mais, par un mystérieux retournement, parce que Dieu accomplit cette oeuvre de grâce, ce paroxysme de haine des hommes est transformé en un instrument de réconciliation, de pacification.

Et pourquoi sommes-nous réconciliés ? Parce qu’enfin, nous connaissons Dieu tel qu’il est vraiment, pur amour et pardon, bien loin du Dieu punisseur que nous imaginons parfois. Et cette découverte peut transformer nos coeurs de pierre en coeurs de chair (pour reprendre l’expression d’Ezéchiel) si nous laissons l’Esprit du Christ envahir nos coeurs. Dans cette lettre aux Colossiens, nous lisons la même méditation que développe également saint Jean et qui est inspirée par Zacharie. De la part de Dieu, le prophète annonçait : « En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et supplication. Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé… ils pleureront sur lui. » (Za 2, 10). En d’autres termes, c’est Dieu qui nous inspire de contempler la croix et, de cette contemplation, peut naître notre conversion, notre réconciliation.

Paul nous invite donc à cette même contemplation : en levant les yeux vers le transpercé (comme dit Zacharie) nous découvrons en Jésus l’homme juste par excellence, l’homme parfait, tel que Dieu l’a voulu. Dans le projet créateur de Dieu, l’homme est créé à son image et à sa ressemblance ; la vocation de tout homme, c’est donc d’être l’image de Dieu. Or le Christ est l’exemplaire parfait, si l’on ose dire, il est véritablement l’homme à l’image de Dieu : en contemplant le Christ, nous contemplons l’homme, tel que Dieu l’a voulu. « Il est l’image du Dieu invisible », dit Paul. « Voici l’homme » (Ecce homo) dit Pilate à la foule, sans se douter de la profondeur de cette déclaration !

Et c’est pour cela que Paul peut parler d’accomplissement : « Dieu a voulu que dans le Christ, toute chose ait son accomplissement total. » Je reprends le début du texte : « Le Christ est l’image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature, car c’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui. »

Mais Paul va plus loin : en Jésus, nous contemplons également Dieu lui-même : dans l’expression « image du Dieu invisible » appliquée à Jésus-Christ, il ne faudrait pas minimiser le mot « image » : il faut l’entendre au sens fort ; en Jésus-Christ, Dieu se donne à voir ; ou pour le dire autrement, Jésus est la visibilité du Père : « Qui m’a vu a vu le Père » dira-t-il lui-même dans l’évangile de Jean (Jn 14, 9). Un peu plus bas dans cette même lettre aux Colossiens, Paul dit encore : « En Christ habite toute la plénitude de la divinité » (Col 2, 9). Il réunit donc en lui la plénitude de la créature et la plénitude de Dieu : il est à la fois homme et Dieu. En contemplant le Christ, nous contemplons l’homme… en contemplant le Christ, nous contemplons Dieu.

Reste un verset, très court, mais capital : « Il est aussi la tête du corps, c’est-à-dire de l’Eglise. » Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, puisqu’il devait avoir en tout la primauté. » C’est peut-être le texte le plus clair du Nouveau Testament pour nous dire que nous sommes le Corps du Christ. Il est la tête d’un grand corps dont nous sommes les membres. Dans la lettre aux Romains (Rm 12, 4-5) et la première lettre aux Corinthiens (1 Co 12, 12), Paul avait déjà dit que nous sommes tous les membres d’un même corps. Ici, il précise plus clairement : « Le Christ est la tête du corps qui est l’Eglise ». (Il développe la même idée dans la lettre aux Ephésiens : Ep 1, 22 ; 4, 15 ; 5, 23).

Evidemment, il dépend de nous que ce Corps grandisse harmonieusement. A nous de jouer, donc, maintenant, si j’ose dire : la Nouvelle Alliance inaugurée en Jésus-Christ s’offre à la liberté des hommes ; pour nous, baptisés, elle est (ou elle devrait être) un sujet sans cesse renouvelé d’émerveillement et d’action de grâce ; un peu plus haut, l’auteur commençait sa contemplation par : « Rendez grâce à Dieu le Père qui vous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière, à l’héritage du peuple saint ». Il s’adressait à ceux qu’il appelle « les saints », c’est-à-dire les baptisés. L’Eglise, par vocation, c’est le lieu où l’on rend grâce à Dieu. Ne nous étonnons pas que notre réunion hebdomadaire s’appelle « Eucharistie » (littéralement en grec « action de grâce »).
 
Louange, action de grâce rendue à Dieu.Bienveillance de Dieu pour les hommes.Personne inspirée par Dieu pour être son porte parole.Harmonie retrouvée. Acte par lequel Dieu pardonne au pécheur repentant.

Séquence de Pâques « Victimae paschali laudes »

5 avril, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100405

Le lundi de Pâques : Mt 28,8-15
Commentaire du jour
Liturgie romaine
Séquence de Pâques « Victimae paschali laudes »

« Voici que Jésus vint à leur rencontre »

A la Victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange.

L’Agneau a racheté les brebis ;
le Christ innocent a réconcilié
l’homme pécheur avec le Père.

La mort et la vie s’affrontèrent
en un duel prodigieux.
Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne.

« Dis-nous, Marie Madeleine,
qu’as-tu vu en chemin ? »

« J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
j’ai vu la gloire du Ressuscité.

J’ai vu les anges, ses témoins,
le suaire et les vêtements.

Le Christ, mon espérance, est ressuscité !
Il vous précédera en Galilée. »

Nous le savons : le Christ
est vraiment ressuscité des morts.

Roi victorieux,
prends-nous tous en pitié !

Version originale :

Victimae paschali laudes
immolent Christiani.
Agnus redemit oves:
Christus innocens Patri
reconciliavit peccatores.
Mors et vita duello
conflixere mirando:
dux vitae mortuus,
regnat vivus.
Dic nobis Maria,
quid vidisti in via?
Sepulcrum Christi viventis,
et gloriam vidi resurgentis:
Angelicos testes,
sudarium, et vestes.
Surrexit Christus spes mea:
praecedet suos in Galilaeam.
Scimus Christum surrexisse
a mortuis vere:
tu nobis, victor Rex,
miserere.
Amen. Alleluia.

Pour écouter Victimae paschali laudes en chants grégoriens : http://www.christusrex.org/www2/cantgreg/cantus/seq_victimae_paschali.mp3

Christ est ressuscité ! Alléluia ! – (Séquence de la Liturgie de Dimanche de Pâques)

4 avril, 2010

du site:

http://lasalette.cef.fr/article.php3?id_article=198

Christ est ressuscité ! Alléluia !

Celui qui est passé par la mort, est vivant et nous donne sa Vie en abandance. Réjouissons-nous !

A la Victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange.

L’Agneau a racheté les brebis ;
Le Christ innocent a réconcilié
l’homme pécheur avec le Père.

La mort et la vie s’affrontèrent
en un duel prodigieux.
Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne.

« Dis-nous, Marie Madeleine,
qu’as-tu vu en chemin ? »

« J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
j’ai vu la gloire du Ressuscité.

J’ai vu les anges ses témoins,
le suaire et les vêtements.

Le Christ, mon espérance, est ressuscité !
Il vous précédera en Galilée. »

Nous le savons : le Christ
est vraiment ressuscité des morts.

Roi victorieux,
prends-nous tous en pitié ! Amen.

(Séquence de la Liturgie de Dimanche de Pâques)

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