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SAINT JOSEPH SERA INVOQUÉ À CHAQUE MESSE – DÉCRET DE LA CONGRÉGATION ROMAINE

19 juin, 2013

http://www.zenit.org/fr/articles/saint-joseph-sera-invoque-a-chaque-messe

SAINT JOSEPH SERA INVOQUÉ À CHAQUE MESSE

DÉCRET DE LA CONGRÉGATION ROMAINE

Rome, 19 juin 2013 (Zenit.org)

Le nom de saint Joseph est désormais intégré dans le canon de la messe, indique ce décret de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements, en date du 1er mai 2013, en la fête de saint Joseph travailleur, et publié ce 19 juin 2013 par le Saint-Siège.
La Congrégation décrète « que le nom de Saint Joseph, Epoux de la Vierge Marie, soit désormais ajouté aux Prières eucharistiques II, III et IV de la troisième édition typique du Missel Romain, après le nom de la Bienheureuse Marie toujours Vierge ».

DECRET

Antonio Card. Cañizares Llovera
Prefet
Arthur Roche
Archevêque secrétaire

Placé à la tête de la Famille du Seigneur, saint Joseph de Nazareth a accompli avec générosité la mission reçue de la grâce dans l’économie du salut en tenant lieu de père à Jésus. En adhérant pleinement au mystère salvifique de l’humanité, qui en était à ses débuts, il est devenu un modèle exemplaire de cette généreuse humilité que la foi chrétienne exalte au plus haut point, et un témoin de ces vertus communes, humaines et simples, qui sont nécessaires pour que les hommes deviennent de vertueux et authentiques disciples du Christ. C’est en mettant en œuvre ces mêmes vertus que cet homme juste, qui prit soin de la Mère de Dieu avec amour, et se dédia avec un joyeux dévouement à l’éducation de Jésus Christ, est devenu le gardien des trésors les plus précieux de Dieu le Père, et le soutien du Corps mystique, c’est-à-dire de l’Eglise, lui que le peuple de Dieu n’a cessé de vénérer tout au long des siècles.
Dans l’Eglise catholique, les fidèles ont toujours manifesté d’une manière ininterrompue une grande dévotion envers saint Joseph, honorant solennellement et constamment la mémoire de l’Epoux très chaste de la Mère de Dieu et du Patron céleste de toute l’Eglise, tant et si bien que, durant le très saint Concile Œcuménique Vatican II, le Bienheureux Jean XXIII prit la décision d’ajouter son nom dans le très vénérable Canon Romain. Ayant présent à l’esprit la communion des saints, qui nous accompagnent dans le cours du temps comme pèlerins en ce monde pour nous conduire au Christ et nous unir à lui, le Souverain Pontife Benoît XVI a bien voulu accueillir et approuver les vœux très pieux, formulés par écrit, en provenance de multiples lieux, une décision qui a été confirmée récemment par le Souverain Pontife François.
Ainsi, au vu de ce qui précède, cette Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, en vertu des facultés concédées par le Souverain Pontife François, décrète très volontiers que le nom de Saint Joseph, Epoux de la Vierge Marie, soit désormais ajouté aux Prières eucharistiques II, III et IV de la troisième édition typique du Missel Romain, après le nom de la Bienheureuse Marie toujours Vierge comme suit : dans la Prière eucharistique II: «ut cum beáta Dei Genetríce Vírgine María, beáto Ioseph, eius Sponso, beátis Apóstolis»; dans la Prière eucharistique III: «cum beatíssima Vírgine, Dei Genetríce, María, cum beáto Ioseph, eius Sponso, cum beátis Apóstolis»; dans la Prière eucharistique IV: «cum beáta Vírgine, Dei Genetríce, María, cum beáto Ioseph, eius Sponso, cum Apóstolis».
Pour les textes rédigés en lange latine, on doit utiliser dès maintenant ceux qui sont mentionnés ci-dessus et font partie dorénavant à l’édition typique. La Congrégation pourvoira dans l’avenir aux traductions dans les langues modernes occidentales les plus répandues; celles qui seront rédigées dans les autres langues devront être préparées, selon les normes du droit, par la Conférence des Evêques, puis approuvées par le Siège Apostolique, c’est-à-dire par ce Dicastère.
Nonobstant toute chose contraire.
Du siège de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le 1er mai 2013, mémoire de saint Joseph, travailleur.

 [Texte original: Latin, traduction officielle]

MARIE DANS LA PLUS ANCIENNE PRIÈRE EUCHARISTIQUE

3 juin, 2013

http://www.mariedenazareth.com/15630.0.html?&L=0

MARIE DANS LA PLUS ANCIENNE PRIÈRE EUCHARISTIQUE

Introduction

La « Tradition Apostolique » contient la plus ancienne anaphore eucharistique connue jusqu’à présent. Cette prière magnifique fascine les spécialistes de la liturgie, sans doute à cause de l’antiquité du texte, de sa théologie archaïque, de l’influence qu’elle a exercée sur la structure et sur les contenus des autres prières eucharistiques, de l’aura de mystère qui l’entoure, car nous ignorons qui est l’auteur (elle fut attribuée un certain temps à Hyppolite de Rome), l’endroit de composition, l’origine (Alexandrine?, Romaine?) la date précise, certainement très ancienne :
L’écrit date du premier quart du 3e siècle (c’est à dire avant 225), le texte écrit transmet une tradition qui remonte probablement beaucoup plus tôt encore ; l’original grec est perdu, nous en avons des traductions latines, coptes, arabes, éthiopiennes…
A cette époque la création de l’anaphore est encore libre, l’auteur de la tradition apostolique a écrit ce beau texte comme une proposition et non pas déjà comme une norme fixe.

En 1970 cette anaphore est entrée dans le « Missale Romanum » comme Prière eucharistique II.

1) L’anaphore eucharistique de la Tradition Apostolique
Le passage de la liturgie juive à la liturgie chrétienne fut progressif.
Le genre littéraire de l’anaphore eucharistique de la tradition apostolique est la Berakah, et le Birkat hamazon, la prière juive qui fait le mémorial des événements de la libération que Dieu a accomplie ; (sans un événement de salut, il n’y a pas de liturgie) et rend grâce pour les biens de la création.
Mais l’anaphore s’éloigne de ces modèles : elle remercie immédiatement le Seigneur pour avoir envoyé dans le monde son fils bien-aimé Jésus Christ comme sauveur et rédempteur : dans le Christ toute l’histoire du salut est assumée. Il y a seulement une référence la création : « par lui [le Verbe] tu as créé toutes les choses. »
 Cette prière est inspirée des homélies pascales de la liturgie de la nuit de Pâques (dans son double sens de passion de l’Agneau pascal mis à mort et dans le sens de passage vers le Père et vers la gloire), à commencer par le célèbre « Perì Pascha » de Méliton de Sardes au 2e siècle.
 C’est une prière trinitaire, elle s’adresse au Père, par le Christ, avec le saint Esprit : « Nous te rendons grâces, o Dieu, par ton Enfant bien-aimé Jésus-Christ (…) afin que nous te louions et glorifiions par ton Enfant Jésus-Christ, par qui à toi gloire et honneur avec le Saint-Esprit dans Amen. »
 La prière exprime une réalité sur Jésus (christologie) : Jésus est le fils bien-aimé du Père, comme cela fut manifesté lors de son baptême au Jourdain et lors de sa transfiguration.
La prière exprime sa mission de salut (sotériologie).
La prière exprime le « dessein du Père » et l’union du Père et du Fils : le Père et le Fils sont « inséparables ». L’idée de messager souligne que le Christ est envoyé du Père (Jn 5), et qu’il accomplit le salut qui est le dessein du Père. Le Christ « est ton Verbe inséparable par qui tu as tout créé » la prière s’inspire du Prologue de saint Jean (Jn 1). Le Christ est appelé « enfant », en latin « puer », en grec « pais » qui signifie aussi serviteur, comme dans les poèmes du serviteur du livre d’Isaїe.
Dieu sauve à travers sa solidarité avec nous, parce qu’il s’est fait homme.
Jésus est la manifestation du Père « s’est manifesté comme ton Fils », cette manifestation a été donnée sur la croix et dans la Résurrection.

Voici le texte ancien:
Nous te rendons grâces, ò Dieu, pour ton Enfant bien-aimé Jésus-Christ, que tu nous as envoyé en ces derniers temps (comme) sauveur, rédempteur et messager de ton dessein , qui lui est ton Verbe inséparable par qui tu as tout créé et que, dans ton bon plaisir, tu as envoyé du ciel dans le sein d’une vierge et qui ayant été conçu, s’est incarné et s’est manifesté comme ton Fils, né de l’Esprit-Saint et de la Vierge.
C’est lui qui, accomplissant ta volonté et t’acquérant un peuple saint, a étendu les mains tandis qu’il souffrait pour délivrer de la souffrance ceux qui ont confiance en toi.
 Tandis qu’il se livrait à la souffrance volontaire, pour détruire la mort et rompre les chaînes du diable, fouler aux pieds l’enfer, amener les justes à la lumière, fixer la règle (de foi ?) et manifester la résurrection, prenant du pain, il te rendit grâces et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps qui est rompu pour vous.
De même le calice, en disant : Ceci est mon sang qui est répandu pour vous. Quand vous faites ceci, faites-le en mémoire de moi.
 Nous souvenant donc de sa mort et de sa résurrection, nous t’offrons ce pain et ce calice, en te rendant grâces de ce que tu nous as jugés dignes de nous tenir devant toi et de te servir comme prêtres.
Et nous te demandons d’envoyer ton Esprit-Saint sur l’oblation de la sainte Église. En (les) rassemblant, donne à tous ceux qui participent à tes saints (mystères) (d’y participer) pour être remplis de l’Esprit-Saint, pour l’affermissement de (leur) foi dans la vérité, afin que nous te louions et glorifiions par ton Enfant Jésus-Christ, par qui à toi gloire et honneur avec le Saint-Esprit dans ta sainte Eglise, maintenant et dans les siècles des siècles, Amen. »
(Anaphore eucharistique, Tradition Apostolique,
texte français par B.BOTTE, SC 11 bis, Cerf 1968, pp. 49-53)

2) Marie dans l’anaphore eucharistique de la tradition apostolique
Dans l’ « action de grâce », la Vierge est mentionnée deux fois (mais ne sont pas mentionnés ni les anges ni les patriarches ni les prophètes, les apôtres ou les martyrs) :

Nous te rendons grâces, ò Dieu, par ton Enfant bien-aimé Jésus-Christ, que tu nous as envoyé en ces derniers temps (comme) sauveur, rédempteur et messager de ton dessein , qui lui est ton Verbe inséparable par qui tu as tout créé et que, dans ton bon plaisir, tu as envoyé du ciel dans le sein d’une vierge et qui ayant été conçu, s’est incarné et s’est manifesté comme ton Fils, né de l’Esprit-Saint et de la Vierge.
 - « les derniers temps » sont ceux où Dieu a envoyé sur la terre son  » Enfant bien-aimé « , son « Verbe inséparable » pour qu’il se fasse homme.
L’expression « derniers temps » il est à rapprocher de Gal 4,4 (« Quand advint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme »), et avec la grande tradition de saint Jean, où le Fils est « envoyé par le Père ». Le temps où Jésus est venu est non seulement le dernier temps au sens chronologique, mais aussi au sens qualitatif : c’est la « plénitude du temps », expression qui désigne l’accomplissement définitif de l’époque préparatoire et le début d’une nouvelle époque qui donne le sens et la valeur à toute l’histoire.
 -  » que tu nous as envoyé [...], tu as envoyé du ciel dans le sein d’une vierge »: l’Incarnation est un envoi: il y en a un qui envoie, le Père, l’autre est envoyé, le Fils, cette prière est antidote du modalisme (contre lequel Tertullien aussi a lutté).
L’envoi a un parcours de kénose : du ciel, c’est-à-dire Dieu, dans le sein d’une vierge, de la lumière incréée vers l’obscurité. Et le but est le salut du genre humain.
 - L’expression « dans le sein d’une vierge » atteste la foi de l’Église en l’humanité réelle du Christ contre la tendance du docétisme à réduire le corps du Seigneur à une simple apparence Dieu ne fait pas semblant de visiter son peuple, mais il s’incarne dans le sein de la vierge ; le fait inouï d’une « vierge » qui conçoit et enfante (cf. Is 7, l4 ; Mt l, 23 ; Lc 1,27. 31) n’est pas l’œuvre de l’homme mais de l’Esprit de Dieu (cf. Lc 1,35) ; l’expression « vierge » fait aussi allusion à la perfection morale de Marie.
 - « ayant été conçu dans le sein » («in utero habitus») : nous retrouvons affirmée la réalité de l’Incarnation, mais considérée non pas tant comme la descente du Verbe dans le sein de Marie que comme son séjour dans le ventre de la Vierge.
 - « né de l’Esprit Saint et de la Vierge ». Même formule que dans la liturgie du baptême dont la Tradition Apostolique fournit un des textes les plus anciens: « Crois-tu au Christ Jésus, Fils de Dieu, né de l’Esprit Saint de la Vierge Marie [...] mort, et qui le troisième jour est ressuscité ? » (Tradition Apostolique 21). On pose cette question avant d’immerger le candidat dans les eaux des fonts baptismaux parce que la conception-naissance virginale du Christ, le Fils de Dieu, appartient au noyau central de la foi.
  Le motif de la mention de Marie dans la prière eucharistique n’est pas de vénérer la Mère du Seigneur mais de glorifier Dieu pour le don de Jésus, son Fils, né par la Vierge.
Cependant, cette mention, dans un contexte fortement liturgique, met en relief la fonction essentielle que Marie a eu dans l’histoire du salut : elle est la mère vierge du Christ, Verbe de Dieu, sauveur de l’homme.
Cette mention archaïque de la Vierge sera désormais un élément présent dans chaque prière eucharistique, en prenant progressivement plus de relief.
Du point de vue liturgique, il n’est pas hors de propos d’affirmer que la vénération à la Mère du Seigneur a commencé près de l’autel du Seigneur et des fonts baptismaux.

Bibliographie :
Ignazio CALABUIG, Il culto di Maria in occidente, In Pontificio Istituto Liturgico sant’Anselmo, Scientia Liturgica, sotto la direzione di A.J. CHUPUNGCO, vol V, Piemme 1998. p. 270
C. GIRAUDO. La struttura letteraria della preghiera eucaristica. Saggio sulla genesi letteraria di una forma. Roma, Pontificio Istituto Biblico, 1981, (Analecta Biblica 92). Cap. VII / II. L’anafora della Tradizione apostolica, pp. 290-295.
C. GIRAUDO. Eucaristia per la Chiesa. Prospettive teologiche sull’eucaristia a partire dalla «lex orandi» Roma – Brescia I E. P .U .G . Morcelliana, 1989, pp. 410-411.

F. Breynaert

LE TEMPS ORDINAIRE

30 mai, 2013

http://lyon.catholique.fr/?Le-Temps-Ordinaire

LE TEMPS ORDINAIRE

Le Temps ordinaire
On nomme aussi le Temps ordinaire parfois « Temps de l’Eglise ». Il se déploie à partir de la fin du temps de Noël (le baptême du Seigneur) au début du Carême (mercredi des Cendres) et
reprend de la Pentecôte à la fin de l’année liturgique.
Ce temps liturgique très long est une sorte de retour au quotidien. Attention toutefois ! Non pas un quotidien rendu à sa banalité, mais un quotidien redécouvert et renouvelé.
Durant cette période l’Eglise continue à célébrer, dimanche après dimanche, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ.

POURQUOI L’APPELLATION
« TEMPS ORDINAIRE » ?
Une telle appellation, bien que pouvant surprendre,
a une signification chrétienne très riche.
Le mot « ordinaire » ne veut pas dire « sans importance ».
La plupart et la plus grande partie de nos journées,
de nos mois,de nos années sont ordinaires.
Le mot « ordinaire » désigne ce qui fait le tissu habituel
de notre vie, avec sa monotonie, ses contraintes,
sa grisaille, ses luttes, ses souffrances, et aussi,
heureusement, ses petites ou grandes joies,
ses éclaircies, ses réussites.
Il indique la trame habituelle de l’histoire humaine,
de cette histoire dont il n’est pas question
dans les livres d’histoire.
Du côté de la liturgie
Pendant le Temps Ordinaire, la liturgie met aussi en valeur la vie ordinaire si peu valorisée par ailleurs. L’année liturgique qui comprend des temps forts (Noël, Carême, Pâques…) nous rappelle et nous rend présent les grands Mystères, c’est-à-dire les grandes interventions de Dieu par Jésus Christ dans l’Esprit Saint pour le salut et la vie du monde.

Si tout est réalisé du côté du Christ en qui le Père a accompli son dessein de salut et par qui il a envoyé son Esprit Saint ; en même temps ces célébrations des Mystères du salut nous disent que la Vie éternelle dont ils sont la source doit être reçue par les hommes. Dieu nous invite donc à « être grand dans les petites choses pour pouvoir être grand dans les grandes. » (Saint François-Xavier).
C’est là qu’est le sens du Temps liturgique Ordinaire. Le Temps Ordinaire, c’est le temps de l’accueil du salut dans notre vie et notre histoire, le temps où l’Esprit Saint nous apporte et intériorise en nous la vérité, la vie, l’amour, la liberté, la sainteté du Christ et fait de nous l’Église en marche au milieu des consolations et des tribulations de l’histoire humaine.
Par là le temps liturgique nous révèle la valeur de la vie ordinaire aux yeux de Dieu. Il nous dit que Dieu a voulu et réalisé les Mystères du salut par amour pour l’homme ordinaire et que celui-ci a à les recevoir et les vivre dans sa vie ordinaire et au sein de ses relations ordinaires. L’humilité de Dieu se manifeste non seulement dans le fait que son Fils a pris les chemins de pauvreté pour sauver le monde, mais aussi en ce qu’il a aimé les hommes dans leur vie ordinaire, qu’il a sauvé le temps ordinaire, qu’il a sanctifié les hommes dans leur réalité la plus ordinaire. Pour aimer Dieu, pour devenir des saints, pour être témoins du salut, il n’est pas nécessaire de faire des choses extraordinaires. Il faut vivre dans l’Esprit Saint tous les aspects de la vie ordinaire.
Dans l’année liturgique, le Temps Ordinaire n’est donc pas un temps mineur. Même s’il est entouré de teintes moins brillantes, il est ainsi comme pour mieux s’insérer dans la trame de la vie quotidienne !

PRIER AVEC « LA VIE ORDINAIRE »
NOUS AUTRES, GENS DES RUES
Il y a des gens que Dieu prend et met à part. Il y en a d’autres qu’il laisse dans la masse, qu’il ne retire pas du monde. Ce sont des gens qui font un travail ordinaire, qui ont un foyer ordinaire ou sont des célibataires ordinaires. Des gens qui ont des maladies ordinaires, des deuils ordinaires. Des gens qui ont une maison ordinaire, des vêtements ordinaires. Ce sont des gens de la vie ordinaire. Les gens que l’on rencontre dans n’importe quelle rue. Ils aiment la porte qui s’ouvre sur la rue, comme leurs frères invisibles au monde aiment la porte qui s’est refermée sur eux. Nous autres, gens de la rue, croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis, est pour nous le lieu de notre sainteté. Nous croyons que rien de nécessaire ne nous y manque, car si ce nécessaire nous manquait, Dieu nous l’aurait déjà donné.

Madeleine Delbrêl
Extrait tiré de « L’Evangile au coin de la rue »

Le Te Deum est une prière catholique…

30 décembre, 2012

http://musiqueclassique.forumpro.fr/t1166-te-deum

Le Te Deum est une prière catholique. C’est un titre abrégé de l’expression latine Te Deum Laudamus, qui signifie À Dieu, notre louange.

Plusieurs versions tentent de raconter l’origine de cette prière : Nicétas de Remesiana l’aurait peut-être composée selon Dom Morin ; une vieille tradition indique qu’elle fut spontanément composée et chantée par trois saints la nuit du baptême de Saint Augustin, cette tradition date de la fin du huitième siècle mais est maintenant rejetée par les maîtres de la scolastique. Le Te Deum aurait depuis longtemps tenu une place importante dans la ville de Milan. Certains pensent qu’il fut inspiré des écrits de Saint Cyprien de Carthage. Ce chant est parfois appelé l’hymne ambroisienne dans la bréviaire romaine.

En plus de son usage dans l’office divin, le Te Deum est parfois chanté pour remercier Dieu en grâce d’une faveur particulière, comme l’élection d’un pape, la consécration d’un évêque, la profession d’un religieux, la publication d’un traité de paix, un couronnement royal, ou le baptême d’un simple quidam, etc. On le chante parfois en polyphonie, en psalmodie ou en tant que chant grégorien.

Tonus Sollemnis – Chant Grégorien

Francesco Urio a composé une version répandue de ce chant. Beaucoup de compositeurs connus l’ont mis en musique, comme par exemple Mozart. Mais c’est le prélude du Te Deum de Marc-Antoine Charpentier qui reste la version la plus connue jusqu’à maintenant, car il constitue le thème musical de certaines émissions de l’Union européenne de radio-télévision et de l’Eurovision.

Texte de la prière:

Nous vous louons, ô Dieu ! Nous vous bénissons, Seigneur.
Toute la terre vous adore, ô Père éternel !
Tous les Anges, les Cieux et toutes les Puissances.
Les Chérubins et les Séraphins s’écrient sans cesse devant vous :
Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées.
Les cieux et la terre sont plein de la majesté de votre gloire.
L’illustre choeur des Apôtres,
La vénérable multitude des Prophètes,
L’éclatante armée des Martyrs célèbrent vos louanges.
L’Église sainte publie vos grandeurs dans toute l’étendue de l’univers,
Ô Père dont la majesté est infinie !
Elle adore également votre Fils unique et véritable;
Et le Saint-Esprit consolateur.
Ô Christ ! Vous êtes le Roi de gloire.
Vous êtes le Fils éternel du Père.
Pour sauver les hommes et revêtir notre nature, vous n’avez pas dédaigné le sein d’une Vierge.
Vous avez brisé l’aiguillon de la mort, vous avez ouvert aux fidèles le royaume des cieux.
Vous êtes assis à la droite de Dieu dans la gloire du Père.
Nous croyons que vous viendrez juger le monde.
Nous vous supplions donc de secourir vos serviteurs, rachetés de votre Sang précieux.
Mettez-nous au nombre de vos Saints, pour jouir avec eux de la gloire éternelle.
Sauvez votre peuple, Seigneur, et versez vos bénédictions sur votre héritage.
Conduisez vos enfants et élevez-les jusque dans l’éternité bienheureuse.
Chaque jour nous vous bénissons;
Nous louons votre nom à jamais, et nous le louerons dans les siècles des siècles.
Daignez, Seigneur, en ce jour, nous préserver du péché.
Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous.
Que votre miséricorde, Seigneur, se répande sur nous, selon l’espérance que nous avons mise en vous.
C’est en vous, Seigneur, que j’ai espéré, je ne serai pas confondu à jamais.

En Latin:

Te Deum laudamus:
te Dominum confitemur.
Te aeternum patrem,
omnis terra veneratur.

Tibi omnes angeli,
tibi caeli et universae potestates:
tibi cherubim et seraphim,
incessabili voce proclamant:
« Sanctus, Sanctus, Sanctus
Dominus Deus Sabaoth.
Pleni sunt caeli et terra
maiestatis gloriae tuae. »

Te gloriosus Apostolorum chorus,
te prophetarum laudabilis numerus,
te martyrum candidatus laudat exercitus.

Te per orbem terrarum
sancta confitetur Ecclesia,
Patrem immensae maiestatis;
venerandum tuum verum et unicum Filium;
Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.

Tu rex gloriae, Christe.
Tu Patris sempiternus es Filius.
Tu, ad liberandum suscepturus hominem,
non horruisti Virginis uterum.

Tu, devicto mortis aculeo,
aperuisti credentibus regna caelorum.
Tu ad dexteram Dei sedes,
in gloria Patris.

Iudex crederis esse venturus.

Te ergo quaesumus, tuis famulis subveni,
quos pretioso sanguine redemisti.
Aeterna fac
cum sanctis tuis in gloria numerari.

Salvum fac populum tuum, Domine,
et benedic hereditati tuae.
Et rege eos,
et extolle illos usque in aeternum.

Per singulos dies benedicimus te;
et laudamus nomen tuum in saeculum,
et in saeculum saeculi.

Dignare, Domine, die isto
sine peccato nos custodire.
Miserere nostri, Domine,
miserere nostri.

Fiat misericordia tua, Domine, super nos,
quemadmodum speravimus in te.
In te, Domine, speravi:
non confundar in aeternum.

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La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie. LvB

FRANCE : NOUVELLE ÉGLISE ORIENTALE CATHOLIQUE, DE RITE CHALDÉEN – Pose de la première pierre par le card. Vingt-Trois

29 novembre, 2012

 http://www.zenit.org/article-32685?l=french

FRANCE : NOUVELLE ÉGLISE ORIENTALE CATHOLIQUE, DE RITE CHALDÉEN

Pose de la première pierre par le card. Vingt-Trois

ROME, mercredi 28 novembre 2012 (Zenit.org) –  Une nouvelle église orientale catholique, de rite chaldéen, verra le jour à Arnouville, au second semestre 2014, annonce ce communiqué de L’Œuvre d’Orient.
La première pierre de cet édifice dédié à saint Jean Apôtre sera posée samedi 1erdécembre à 15 heures par le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et Ordinaire des Catholiques orientaux résidant en France, en présence des élus et de nombreuses personnalités. Un événement pour les 12000 chaldéens d’Ile de France, qui résident principalement dans le Val d‘Oise (95).
L’Église chaldéenne a été fondée par l’apôtre saint Thomas à Babylone. Elle est la branche catholique de l’Église d’Orient dont elle s’est séparée en 410. Florissante en Mésopotamie au IVe siècle elle est aujourd’hui présente en Irak, Iran et Turquie, et en diaspora au Moyen-Orient , aux Etats-Unis, en Europe, au Canada et en Australie.
En France, les chaldéens sont environ 18 000, principalement en Ile de France, Lyon et Marseille. Il y a eu plusieurs vagues d’émigration, principalement de Turquie, dans les années 1890, suite à la révolution « turco-kurde » contre les chrétiens de l’est du pays , puis pendant la 1èreguerre mondiale avec le génocide de 1915, et enfin après la 2èmeguerre mondiale ; depuis les années 80, ils arrivent  d’Irak  où ils étaient  la communauté chrétienne la plus importante du pays.
En Ile de France, il n’y a actuellement que 2 paroisses chaldéennes : Notre Dame de Chaldée (rue Pajol)  à Paris érigée en 1992 et Saint-Thomas-Apôtre à Sarcelles érigée en 2004. Ce qui est très insuffisant pour répondre aux besoins d’une communauté très pratiquante qui a doublé en 10 ans. « Bien sur, nous célébrons dans des églises latines mais les horaires des messes sont inadaptées et c’est très compliqué pour les baptêmes et les mariages, le catéchisme et les activités.
En effet, pour les chrétiens d’Orient, l’église est un centre de vie, ils s’y retrouvent pour de nombreuses activités, elle préserve notre histoire et notre  culture, souligne le père Sabri Anar, curé de Sarcelles. Nous avons 1100 enfants au catéchisme. La communauté est jeune et très dynamique. La moitié des participants aux JMJ du diocèse de Pontoise était de notre communauté.  Nous avons 200 baptêmes pour 20 à 25 enterrements par an… »
La nouvelle église desservira les besoins des fidèles d’Arnouville, de Villiers le Bel, Gonesse et des villes voisines, soit 520 familles.
Elle sera construite selon un plan architectural traditionnel babylonien, face à la gare RER D, sur un terrain de 4600 m2. Elle comprendra 500 places, un presbytère, une salle polyvalente ,6 salles de cours (catéchisme et langue) et une bibliothèque.
Mgr Bressolette, vicaire de l’Ordinariat des catholiques orientaux en France et responsable du projet, se réjouit que le diocèse de Pontoise en ait fait son projet majeur pour les années à venir.  Le budget d’environ 6.5 millions d’euro sera financé pour moitié par la communauté,  par les Chantiers du Cardinal à hauteur d’1 million d’euro, par l’Œuvre d’Orient et d’autres partenaires. Mais nous devons encore trouver 2 millions d’euro auprès de mécènes ».
«  Si l’on attendait d’avoir tout bouclé on ne ferait jamais rien. Il faut faire confiance à la providence », ajoute le Père Sabri Anar, qui parle d’expérience. En effet, la construction de l’église Saint-Thomas-Apôtre a été une fierté pour tous les chrétiens et a été payée très rapidement. « Le maire d’Arnouville soutient le projet tout comme le maire de Sarcelles avait compris l’intérêt pour sa ville : la présence de la communauté chaldéenne a changé le visage de Sarcelles  ont reconnu les politiques locaux. »
« L’Église chaldéenne jouera un rôle médiateur important dans la ville, comme elle le fait au Moyen-Orient entre les différentes composantes de la société » confirme Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, qui rappelle que « la liberté de culte est pour tout le monde, c’est une question de justice, de laïcité. Si on bâtit des mosquées, on doit construire des églises orientales, s’il en est besoin, pour accueillir les chrétiens qui arrivent de l’autre côté de la Méditerranée. Tous doivent avoir un lieu pour prier. La France saura respecter cet équilibre. La solidarité des chrétiens de France doit s’exercer envers leurs frères orientaux. »

Canon (lorica) de saint Patrick

26 septembre, 2012

http://www.spiritualite-chretienne.com/prieres/priere_2.html#12

Canon (lorica) de saint Patrick

Je me lève aujourd’hui,
Par une force puissante,
L’invocation à la Trinité,
La croyance à la Trinité,
La confession de l’unité du Créateur du monde.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force de la naissance du Christ et de Son Baptême,
La force de Sa Crucifixion et de Sa mise au tombeau,
La force de Sa Résurrection et de Son Ascension,
La force de Sa Venue au jour du jugement.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force des ordres des Chérubins,
Dans l’obéissance des Anges,
Dans le service des Archanges,
Dans l’espoir de la Résurrection,
Dans les prières des Patriarches,
Dans les prédictions des Prophètes,
Dans les prédications des Apôtres,
Dans les fidélités des Confesseurs,
Dans l’innocence des Vierges saintes,
Dans les actions des Hommes justes.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force du Ciel,
Lumière du Ciel,
Lumière du Soleil,
Éclat de la Lune,
Splendeur du Feu,
Vitesse de l’Eclair,
Rapidité du Vent,
Profondeur de la Mer,
Stabilité de la Terre,
Solidité de la Pierre.

Je me lève aujourd’hui,
Par la force de Dieu pour me guider,
Puissance de Dieu pour me soutenir,
Intelligence de Dieu pour me conduire,
Oeil de Dieu pour regarder devant moi,
Oreille de Dieu pour m’entendre,
Parole de Dieu pour parler pour moi,
Main de Dieu pour me garder,
Chemin de Dieu pour me précéder,
Bouclier de Dieu pour me protéger,
Armée de Dieu pour me sauver :
Des filets des démons,
Des séductions des vices,
Des inclinations de la nature,
De tous les hommes qui me désirent du mal,
De loin et de près,
Dans la solitude et dans une multitude.

J’appelle aujourd’hui toutes ces forces
Entre moi et le mal,
Contre toute force cruelle impitoyable
Qui attaque mon corps et mon âme,
Contre les incantations des faux prophètes,
Contre les lois noires du paganisme,

Contre les lois fausses des hérétiques,
Contre la puissance de l’idolâtrie,
Contre les charmes des sorciers,
Contre toute science qui souille le corps et l’âme de l’homme.

Que le Christ me protège aujourd’hui :
Contre le poison, contre le feu,
Contre la noyade, contre la blessure,
Pour qu’il me vienne une foule de récompenses.
Le Christ avec moi,
Le Christ devant moi,
Le Christ derrière moi,
Le Christ en moi,
Le Christ au-dessus de moi,
Le Christ au-dessous de moi,
Le Christ à ma droite,
Le Christ à ma gauche,
Le Christ en largeur,
Le Christ en longueur,
Le Christ en hauteur,
Le Christ dans le coeur de tout homme qui pense à moi,
Le Christ dans tout oeil qui me voit,
Le Christ dans toute oreille qui m’écoute.
Je me lève aujourd’hui,
Par une force puissante,
L’invocation à la Trinité,
La croyance à la Trinité,
La confession de l’unité du Créateur du monde.

Au Seigneur est le Salut,
Au Christ est le Salut,
Que Ton Salut Seigneur soit toujours avec nous.

Amen ! Amen ! Amen !

Saint Patrick (v.390-461?)

PÈLERINAGE PÉNITENTIEL À LOUGH DERG: HOMÉLIE DU CARD. OUELLET

15 juin, 2012

http://www.zenit.org/article-31142?l=french

PÈLERINAGE PÉNITENTIEL À LOUGH DERG: HOMÉLIE DU CARD. OUELLET

Demande de pardon dans le cadre du congrès eucharistique

ROME, vendredi 15 juin 2012 (ZENIT.org) – « Je tiens à réaffirmer l’engagement de l’Eglise catholique pour créer un environnement sûr pour les enfants », déclare le cardinal Ouellet, qui exhorte aussi les chrétiens à la conversion : « Une vraie conversion ne peut se faire qu’à travers une relation personnelle profonde, restaurée, avec le Christ que nous invoquons pour toute l’Eglise ».
Le préfet de la Congrégation pour les évêques et légat du pape au Congrès eucharistique international de Dublin, a en effet effectué, au nom du pape, un pèlerinage pénitentiel au sanctuaire de saint Patrick à Lough Derg, comme c’est la tradition, dans le jeûne et la prière. On appelle ce centre de pèlerinage situé sur une île le« Purgatoire » de saint Patrick. Il a présidé la messe et a prononcé l’homélie, mardi, 12 juin, en la basilique Saint-Patrick (http://www.loughderg.org/). La célébration eucharistique a été suivie d’une prière d’intercession pour les victimes d’abus et pour l’Eglise dont nous proposons ci-dessous une traduction, après le texte de l’homélie.

Homélie du card. Ouellet :

Chers frères et sœurs,

Le pape Benoît XVI m’a demandé, en tant que Légat au 50ème Congrès eucharistique international de Dublin, de venir à Lough Derg demander pardon à Dieu pour les temps où des clercs ont agressé sexuellement des enfants non seulement en Irlande mais aussi ailleurs dans l’Eglise.
Lough Derg, en Irlande, est le symbole de la conversion, de la pénitence et du renouveau spirituel. Beaucoup de gens viennent ici pour prier, jeûner et demander pardon pour leurs péchés. Selon une longue tradition, ils suivent les pas de saint Patrick qui évangélisa le pays au cinquième siècle.
Je suis venu ici dans l’intention spécifique de chercher le pardon de Dieu et des victimes, pour la grave faute des abus sexuels sur des mineurs par des clercs. Nous avons appris au cours des dernières décennies tout le mal et le désespoir que de tels abus ont causés à des milliers de victimes. Nous avons appris aussi que la réponse de certaines autorités de l’Église à ces crimes a souvent été inadéquate et inefficace pour y mettre fin, malgré des indications claires dans le code de droit canonique.
Au nom de l’Eglise, je présente encore une fois mes excuses aux victimes, que j’ai rencontrées, pour certaines, ici même, à Lough Derg.
Je redis ici ce que le Saint-Père a dit aux victimes dans sa Lettre aux catholiques d’Irlande : « Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l’Eglise. En son nom, j’exprime ouvertement la honte et le remords que nous éprouvons. Dans le même temps, je vous demande de ne pas perdre espoir. C’est dans la communion de l’Eglise que nous rencontrons la personne de Jésus-Christ, qui a lui-même été victime de l’injustice et du péché ».
Chers frères et sœurs, dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent ».
La tragédie des abus sexuels de mineurs perpétrés par des chrétiens, surtout quand ce sont des membres du clergé, est une source de grande honte et un scandale énorme. C’est un péché contre lequel Jésus lui-même s’est indigné : « Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits » (Lc 17, 2).
En tant que membres de l’Église, nous devons avoir le courage de demander humblement le pardon de Dieu, ainsi que le pardon de ceux qui ont été blessés : nous devons rester proches d’eux sur leur chemin de souffrance et chercher tous les moyens possibles pour guérir et panser les blessures en suivant l’exemple du Bon Samaritain.
Dans le contexte de ce Congrès eucharistique international, je tiens à réaffirmer l’engagement de l’Eglise catholique pour créer un environnement sûr pour les enfants et nous prions pour qu’une nouvelle culture de respect, d’intégrité et d’amour à la manière du Christ, l’emporte au milieu de nous et pénètre la société dans son ensemble .
Que l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints nous aide tous à éradiquer le fléau des abus sexuels et nous libère en vue d’un renouvellement profond et durable spirituelle de l’Eglise tout entière.
Nous sommes ici pour prier Dieu avec les paroles mêmes de saint Augustin dans les Confessions : « Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ; tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ; j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ; tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix » (Livre 10, 27).
Une vraie conversion ne peut se faire qu’à travers une relation personnelle profonde, restaurée, avec le Christ que nous invoquons pour toute l’Eglise, comme nous le rappelle la prière de Saint Patrick, l’apôtre de la foi dans ce pays :

Le Christ avec moi, le Christ en moi,
Le Christ derrière moi, le Christ devant moi,
Le Christ à côté de moi, le Christ me gagne,
Le Christ me réconforte et me redonne des forces. Amen.

Après l’homélie, l’assemblé prié aux intentions suivantes :
- Pour l’Église et ses dirigeants : que leur soient accordés sagesse et courage pour fortifier la foi des fidèles et leur donner la nourriture pour la route. Seigneur, écoute-nous.
- Pour nous tous ici présents : que nous puissions être sel de la terre pour ceux qui nous entourent et une lumière pour guider les gens sur leur chemin de pèlerin. Seigneur, écoute-nous.
- Pour les manquements à l’amour, au respect, au soutien et à l’éducation des jeunes, en particulier les plus vulnérables, nous te demandons pardon. Seigneur, écoute-nous.
- Pour les crimes et les péchés d’abus sexuels et physiques perpétrés contre des enfants et des jeunes par des prêtres ou par d’autres ministres de l’Église, en particulier dans les institutions gérées par celle-ci. Seigneur, écoute-nous.
- Pour la réponse inadéquate souvent donnée par des responsables de l’Église quand des personnes victimes de ces abus ont parlé de ce qui leur était arrivé, nous demandons pardon. Seigneur, écoute-nous.
- Que tous ceux dont la vie a été brisée par des abus de toute nature puissent recevoir un soutien et faire l’exoérience d’une guérison durable. Seigneur, écoute-nous.
- Pour des intentions personnelles, pour les intentions d’autres pèlerins et pour toutes les personnes malades. Seigneur, écoute-nous.
- Pour toutes les personnes en deuil, et pour nos morts, en particulier les membres de nos familles et tous ceux qui nous sont chers ; pour les personnes qui nous ont quittés récemment, toutes celles qui sont venues en pèlerinage à Lough Derg et pour les victimes de mort tragique ou violente. Seigneur, écoute-nous.
- Seigneur Dieu, par l’intercession de Patrick notre saint patron, entends les prières de ton peuple ici rassemblé dans la foi et l’espérance. De même que tu nous nourris par ta parole, donne-nous aussi le pain qui nous donne la vie, Jésus Christ, ton Fils notre Seigneur, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

Traduction d’Hélène Ginabat

Le cardinal Lustiger médite le Magnificat

4 juin, 2012

http://www.paris.catholique.fr/311-20-Le-cardinal-Lustiger-medite.html

Le cardinal Lustiger médite le Magnificat

La liturgie du 15 août, pour l’Assomption de la Vierge Marie, nous donne d’entendre l’évangile de la Visitation. A cette occasion, Mgr Lustiger propose aux lecteurs de Paris Notre-Dame une méditation sur le Magnificat de la Vierge Marie. Une bonne manière d’entrer dans ce mystère et surtout dans ce que Dieu nous demande aujourd’hui.
[|"Mon âme exalte le Seigneur ; Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles : saint est son Nom". (Lc 1, 46-55)|]

D’abord, nous aurions tort de comprendre ces mots qui nous sont si familiers comme une sorte d’improvisation où la Vierge Marie ferait des confidences sur son état d’esprit. Si vous regardez attentivement votre bible, vous voyez dans la marge une colonne entière de références de citations de l’Ancien Testament. Le langage du Magnificat est totalement biblique. Si vous en aviez le temps, il vaudrait la peine de relire dans la bible ces différents passages et de découvrir pourquoi la Vierge Marie a retenu ces mots qui ne sont pas d’elle mais qui ont nourri sa prière. C’est elle qui parle d’une manière très personnelle et pourtant c’est la Parole de Dieu qui est sa parole. Nous sommes à l’opposé de l’entreprise poétique quand nous cherchons à dire les choses et à traduire nos sentiments avec une expression neuve et originale. Marie représente le destin le plus singulier dans toute l’histoire de l’humanité, au centre de l’ouvre du salut. Or son langage est celui que Dieu lui-même a mis sur ses lèvres au jour unique de la Visitation et qu’il ne cesse de mettre sur les lèvres des croyants. Le « je » du Magnificat est celui de Marie. Et par le « je » de Marie, c’est toute l’histoire d’Israël qui nous est rappelée. Le « je » de Marie c’est le « je » de tous les croyants qui l’ont précédée. Mais, le « je » de Marie, c’est aussi le nôtre. Par sa bouche, c’est l’Eglise entière qui parle, l’Eglise concrète constituée « d’âge en âge », de « génération en génération » par ces hommes et ces femmes qui se sont succédés dans l’histoire et dont nous faisons partie. Qui a chanté ce chant ? Marie, une fois ou plusieurs fois, nous n’en savons rien. Mais combien plus, des milliards de fois plus, les générations successives de chrétiens qui ont pris ces mots, en ont reçu une lumière et ont trouvé le sens de leur vie dans ce mystère donné à chacun de nous en Marie. Le Magnificat, loin d’être une projection sur Marie toute seule, nous prend, avec Marie, dans le faisceau lumineux de l’histoire du salut et nous fait entrer dans notre vocation, alors même que nous rendons grâce à Dieu pour l’appel qu’elle a reçu et la grâce qui lui est faite, à elle, pour nous. Enfin, lorsque Marie prononce ces paroles, elle porte Jésus en son sein. Le récit de la Visitation est cet extraordinaire dialogue sans paroles des deux enfants dans le sein de leur mère, enfants-prophètes qui tressaillent de joie l’un à l’égard de l’autre. Les merveilles que chante Marie, elles lui sont d’abord données, en sa chair et son cour. Le Magnificat propose à notre méditation et à notre adoration le plus extrême réalisme de l’Incarnation dans sa condition la plus secrète et la plus fragile. Il nous place devant la réalité charnelle, humaine du Verbe de Dieu fait homme : Dieu lui-même veut se rendre présent parmi nous en celle qui, en ce moment précis de l’histoire du salut, est « la Demeure de Dieu parmi les hommes » (Ap 21,3), figure de l’Eglise. Le « je » de Marie, c’est à la fois elle, Marie ; c’est la Parole de Dieu, l’histoire d’Israël, toute l’Eglise. Les merveilles que Dieu fait pour elle sont les merveilles qu’il fait pour nous et pour toute l’humanité appelée à la sainteté. Et ce « je » de Marie est totalement centré sur Dieu. Le sujet du verbe, c’est le Seigneur (« il fit, il s’est penché. Saint est son Nom »).
« Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». L’idée que nous nous faisons de l’amour dans la culture contemporaine est floue, parfois dévalorisée et réduite à la réalité physique, et souvent marquée par la fragilité, l’inconsistance ou la seule affectivité. Lorsque nous entendons Marie employer ce mot, nous pouvons mettre dessous les synonymes suggérés par les diverses traductions. Son amour, c’est-à-dire sa miséricorde, sa bienveillance, sa tendresse, sa fidélité. « Sur ceux qui le craignent ». Dans la bible, l’expression « les craignant-Dieu » ne recouvre d’aucune façon une crainte d’esclave ou une notion de servitude. Ce n’est ni la peur du gendarme, ni celle du knout, ni celle du surveillant, ni celle du tyran ! La crainte de Dieu, « commencement de la sagesse » dit le livre de La Sagesse, exprime ce qu’un être humain, découvrant Dieu, saisit dans ce vis-à-vis : Dieu est plus grand que lui. La crainte de Dieu (le mot est trompeur en français) n’est pas faite de peur, mais d’un infini et confondant respect devant un amour si grand que nous nous en jugeons indignes et dont cependant nous voulons faire la règle de notre vie. La crainte de Dieu est empreinte non seulement de déférence respectueuse, mais surtout du sentiment de notre propre indignité et de la nécessité pour nous de donner toute notre vie à Dieu, en découvrant ainsi la réalité de Dieu. C’est l’éblouissement de l’amour véritable. Car l’amour véritable n’est pas un amour où on est seul à aimer et dont on se grise de façon narcissique, tel le jeune et beau Narcisse – qui se contemple dans le miroir de l’eau et finit par se noyer dans sa propre image ! « L’amour qui s’étend d’âge en âge » est l’amour du Tout Autre qui se fait tout proche. La crainte de Dieu est l’amour véritable par lequel le vis-à-vis de Dieu et de sa créature est donné comme une grâce. Cette découverte fondamentale d’une telle relation à Dieu est peut-être un des aspects de la grâce du Renouveau [charismatique NDLR], offerte à notre siècle. Siècle souvent de grande sécheresse spirituelle et de profond oubli de la réalité divine, car l’idée chrétienne – la Révélation que le Christ a faite du mystère de Dieu-Amour – s’est effacée devant la puissance grandissante de l’homme. Plus qu’une découverte de l’affectivité ou de la sensibilité, le Renouveau a été, par le don de l’Esprit, la re-découverte, l’irruption de Dieu lui-même en notre siècle qui s’était séparé de Dieu en s’enfermant dans sa propre suffisance. Le Renouveau n’est pas un renouveau fabriqué par l’homme, mais c’est le Renouveau que Dieu opère dans les hommes en les changeant, en se manifestant « à nouveau » à eux, en ouvrant la porte qu’ils ont fermée sur eux-mêmes pour empêcher Dieu. « Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». C’est la découverte de Dieu et que Dieu nous aime. Et parce qu’il nous aime, nous pouvons, pauvrement, l’aimer. Notre amour n’est que la réponse à son amour ; il est toujours insuffisant, toujours en deçà ; mais il est notre joie.
[| "Déployant la force de son bras, il disperse les superbes ; il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles".|]
Toutes ces expressions se trouvent dans l’Ecriture. Souvent on s’étonne du petit air révolutionnaire que prend le Magnificat et on l’a parfois interprété comme un chant subversif, la Carmagnole version évangélique ! Quels sont ces humbles que Dieu élève ? Et s’agirait-il d’une subversion systématique de l’ordre établi ? En vérité, cette phrase nous pose, aujourd’hui plus que jamais, la question de l’ensemble du projet humain. Quel monde l’homme se construit-il pour lui-même ? Quels sont ces puissants, les superbes, les orgueilleux ? Pour répondre je prendrai comme guide cette parole de Jésus : « Là où est ton trésor, là est ton cour » (Mt 6, 21). Quel est le trésor dans lequel l’homme investit son cour, c’est-à-dire sa liberté ? Le mot « cour » dans la bible dépasse largement les sentiments pour signifier l’intelligence, la capacité de choix, tout ce qui constitue un destin humain. Bref, c’est le choix que l’homme fait de ce à quoi il va consacrer non seulement son temps, son énergie, mais lui-même. Il va s’y donner au point d’être pris entièrement. On en a des exemples multiples à l’échelle de toute une civilisation ou à l’échelle des destins personnels. Prenez un sportif de compétition : l’entraînement est tel qu’il ne fait plus que cela, il est son sport ; c’est la condition de sa réussite. Le tout est de savoir ce qu’on fait de sa vie. Chacun de nous est bien obligé de répondre lorsqu’il se pose lui-même un certain nombre de questions ou lorsque le Seigneur lui en pose ! Rappelez-vous la parabole de Jésus (Lc 12, 16-21) : un homme riche avait accumulé des richesses ; il s’était dit : « Je vais démolir mes greniers pour en construire de plus grands ; j’y rassemblerai tout mon blé et mes biens. Et je me dirai : Repose-toi, fais bombance ! » – « Insensé, cette nuit même on te redemandera ta vie et ce que tu as accumulé, qui l’aura ? » Jésus le dit encore d’une autre manière : « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? » (Lc 9, 25) ou « Que donnera l’homme qui ait valeur de sa vie, en échange de son âme ? » (Mt 16, 26). Réponse : rien ; elle n’a pas de prix. Prenez une civilisation maintenant. Que sommes-nous en train de construire ? La mondialisation dont on parle tant, sur quoi repose-t-elle ? Sur le calcul financier et économique. L’univers social dans lequel nous vivons, univers de l’image, de la représentation, des apparences, sur quoi repose-t-il ? Quel univers construisons-nous ? Vers quelles fascinations notre civilisation conduit-elle ? D’abord, la fascination du pouvoir jusqu’à la violence la plus extrême ; et le pouvoir engendre la guerre. Nous le voyons dans les Balkans, dans le Caucase, en Afrique – au Burundi, au Rwanda : l’épreuve de ces peuples est terrible ; l’héroïsme des chrétiens qui résistent à cette idole de la violence remplit d’admiration et force le respect. Donc, la volonté de puissance, l’amour de l’argent, la possession des biens, l’ambition de maîtriser la vie. Mais au prix de combien de meurtres ? Combien de gens sacrifiés et de victimes de toute espèce ? Et encore, l’érotisation d’une société, souvent pour des raisons bassement mercantiles. Bref, on n’en finirait pas d’énumérer les traits d’un paganisme moderne, idolâtrique. Il a pour caractéristique première que l’homme s’investit dans les objets de son désir et en devient prisonnier. Et ce faisant, il entend déployer sa propre suffisance, mais il arrive à la négation de lui-même. C’est l’image de Babel. Alors, quel monde voulons-nous construire ? Ce monde suffit-il à combler le cour de l’homme ? A cette question fondamentale dont nous sommes les témoins, Marie déjà dans son Magnificat répondait par une phrase jugée subversive, nous montrant par toute sa vie le chemin. Pour nous, êtres humains « créés à l’image et à la ressemblance de Dieu », la seule réalité qui soit à notre mesure dépasse radicalement l’homme. Nous sommes faits pour Dieu. Non pas comme des esclaves seraient faits pour leur maître ou des outils pour ceux qui les manient. Nous sommes faits pour Dieu comme l’aimé pour celui qui l’aime ; et celui qui aime trouve sa joie dans celui dont il tient la vie. Nous sommes faits pour Dieu. Seul, lui, notre Créateur, notre Père, notre Rédempteur est le terme que nous pouvons proposer à l’ambition humaine. Car seul il correspond à notre désir le plus profond et il nous rend libres à l’égard de tout. Comme l’a écrit saint Augustin : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cour est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (en latin : « Fecisti nos ad te, Domine ; et inquietum est cor nostrum donec requiescat in te »). Ce qu’il faut compléter par « Ama et fac quod vis » : « Aime et fais ce que tu veux ». Les humbles sont précisément ceux qui ne veulent pas se prendre eux-mêmes pour leur propre fin, mais qui acceptent de tout recevoir – et de se recevoir – de la main de Dieu. Sinon, toutes choses deviennent périlleuses lorsque l’homme en fait le but exclusif de son existence ; elles se retournent tôt ou tard contre lui. Ainsi en va-t-il du mauvais usage des techniques et du savoir-humain (le courant écologique, pour sa part, le met en évidence) avec leur lot de conséquences néfastes sur l’alimentation, la nature, l’urbanisme, etc. Comme si l’homme abusait de ce qu’il se proposait comme objectif ; comme si, à un moment donné, il ne parvenait plus à maîtriser, dans un juste équilibre, les réalités auxquelles il se consacre ; comme s’il allait toujours au-delà de la limite, au prix d’une destruction de soi-même ; comme s’il était incapable non pas de mesurer exactement son effort, mais de garder la bonne cible. Il croyait trouver une porte, un chemin de liberté et il se heurte à un mur. Il croyait vivre et il se tue. Il croyait construire une société conviviale et il déclenche la haine. Il croyait produire des richesses et il fait des pauvres. Il croyait aimer la vie et il la limite jusqu’à la détruire. Il croyait en la puissance de sa raison et de son intelligence et il tombe dans le mensonge. Il y a une perversion des meilleures choses parce qu’on ne s’en sert pas de la bonne façon ; comme celui qui voudrait se saisir d’un couteau en le prenant par la lame, il se blesserait lui-même. Rien de tout cela n’est Dieu. L’homme se construit des dieux avec des choses qui ne sont pas dignes de lui. Seul Dieu est digne de l’homme parce que c’est Dieu qui nous a faits, je le répète, à son image et à sa ressemblance. Cette humilité de la Vierge Marie qui reconnaît le don de Dieu lui permet de recevoir aussi en ce don toutes les réalités que l’homme, par ailleurs, veut s’approprier. Le monde nous est donné par Dieu, encore faut-il ne pas oublier Celui qui nous le donne. Nous sommes faits pour l’adorer et, recevant toutes choses de sa main, nous en servir pour notre bien et le bien de nos frères. A partir du moment où nous oublions le Donateur, le don lui-même est perdu. Jésus le dit dans une formule paradoxale : « A celui qui a il sera donné ; à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré » (Mt 13, 12). En perdant le Donateur, nous perdons la réalité humaine, historique, dans laquelle l’homme grandit. Cette strophe du Magnificat nous montre en peu de mots le but de l’existence humaine, ce pour quoi nous sommes faits, où est le vrai bonheur. En même temps, elle trace le chemin d’une civilisation où la vie de l’homme trouve sa dimension véritable dans l’accueil de l’amour qui vient de Dieu, qui est Dieu.
[|"Il comble de biens les affamés il renvoie les riches les mains vides".|]
De quelle faim s’agit-il ? De la faim la plus fondamentale comme le suggère la béatitude de Jésus en saint Matthieu (5, 6) : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés ». De quelle justice s’agit-il ? Non seulement de la justice entre tous les hommes, l’équité dans la distribution des biens ou la considération des personnes ; mais de la justice divine : la sainteté même de Dieu qui est la perfection de la vie humaine. La faim qui apparaît en notre siècle est finalement, quoi qu’on en dise, la faim de la vie avec Dieu. Dans le verset précédent, nous avons vu comment la Vierge Marie nous met sur le chemin de la construction d’une société humaine digne de ce nom, avec le combat constant que cela implique de par le choix de nos libertés. Ici, elle nous montre et veut nous faire découvrir l’appétit insatiable de l’homme pour celui qui l’a créé. Ces dernières décennies, nous avons vu une résurgence, une remontée à la conscience commune de l’Occident des recherches de type dit « spirituel ». Alors que notre siècle, avait parié sur une destruction de la religion avec « la mort de Dieu », sur une raison ou une science triomphante qui aurait remplacé toutes les autres sources de comportement. Aujourd’hui, à nouveaux frais, on s’aperçoit avec le foisonnement du « spirituel » que la dimension religieuse fait partie de la condition humaine, que l’homme est un animal à fabriquer du divin ou, plutôt, à diviniser toutes choses. Sous couvert soit de bouddhisme ou de religion orientale, soit de technique psychologique ou de méthode de méditation, beaucoup de nos contemporains se sont engagés sans trop savoir où ils allaient ni pourquoi, si ce n’est en raison de cette recherche intérieure qui les habite. Ils se sont trompés, ceux qui prédisaient que tout cela appartenait à un âge révolu de l’humanité. Au contraire, dans le vide et la sécheresse actuels, l’instinct religieux réapparaît, foisonnant jusqu’à se fabriquer de nouveaux dieux. On a été étonné de la crédulité de certains contemporains face à des inventions fantasmatiques qui comblent leur soif ou leur faim par une nourriture creuse, telle une drogue, qui endort cette faim. Dans certains pays, en particulier de l’Est qui, pendant un demi-siècle, parfois presque un siècle, ont été sous la dure loi d’un athéisme d’Etat et de la persécution de la religion, des peuples entiers ont été dépossédés de leur mémoire et de leurs traditions chrétiennes, comme culture. En raison de cette déculturation de la foi chrétienne, ils sont dans un état de désert inouï. Et on s’aperçoit que dans ce désert calciné les gens se jettent sur n’importe quel substitut et peuvent prendre « des vessies pour des lanternes ». Le Curé d’Ars disait plus cruellement : « Laissez un village sans prêtre, bientôt ils adoreront les bêtes ». Sur de grandes étendues de l’humanité le déracinement de la mémoire chrétienne, au sens de la présence de l’Evangile, peut engendrer une fausse expérience spirituelle qui asservit plus lourdement encore. Il y a là un enjeu capital pour notre mission en ce siècle. En effet, la raison humaine n’est pas suffisante pour fournir un outil critique permettant de discerner entre les idoles qui aliènent, les mensonges qui falsifient comme une drogue le désir de Dieu ou de vie mystique et la rencontre véritable de Dieu. La législation actuelle sur les sectes, telle qu’on la voit s’élaborer pour les pays européens en est la preuve. Vous savez les débats qui existent entre les Etats-Unis et l’Europe à ce sujet ; et, sur ce point, nous ne sommes probablement qu’au début d’une période difficile. Comment distinguer la vraie mystique de la fausse mystique ? Comment reconnaître le véritable chemin qui conduit à découvrir le mystère de Dieu et avancer dans cette direction, au lieu de s’engager dans une impasse pour se repaître d’expériences illusoires qui asservissent l’homme ou le laissent sur sa faim ? Nous savons, nous, que seul Dieu, Vivant et Vrai, est capable de nous désapprendre des idoles et des fausses visions que l’homme se donne à lui-même. Voilà des millénaires que le Seigneur a commencé à faire comprendre la différence entre le vrai prophète et le faux prophète, entre le Dieu vivant et les dieux morts. Voilà des millénaires qu’un croyant a eu l’audace de regarder le sphinx dans le blanc des yeux en lui faisant les cornes et de lui dire avec le psalmiste : « Il a des yeux et il ne voit pas, il a des oreilles et il n’entend pas. Que ceux qui les ont faits leur deviennent semblables » (Ps 115, 5). Il fallait avoir de l’audace et le courage de la foi pour braver ainsi la fascination de ces idoles majestueuses ! Les idoles de notre temps le sont moins et sont moins esthétiquement accomplies que le Sphinx d’Egypte ; mais leur fascination ne s’en exerce pas moins. Alors, le témoignage d’une vie spirituelle forte qui ouvre un vrai chemin de liberté intérieure ; qui humanise en plénitude en nous libérant de nous-mêmes tout en nous donnant le goût de Dieu, l’expérience véritable de la prière qui n’est pas superstitieuse mais nous fait grandir et entrer dans le mystère de Dieu en nous identifiant au Christ (la prière chrétienne n’est rien d’autre que de suivre le Christ), sont le seul chemin pour aider notre monde à trouver sa liberté et la voie qui le mènera à la vérité. Nous sommes responsables en notre temps d’une plus grande exigence spirituelle chrétienne. Précisément parce qu’il existe un foisonnement de revendications ou de demandes spirituelles. Il y a un siècle, dans une atmosphère de rationalisme desséché, on pouvait se dire : toute reconnaissance de la force du religieux est un peu un réconfort pour le croyant. Aujourd’hui, la crédulité est générale et les gens risquent de prendre n’importe quoi pour argent comptant, fût-ce les superstitions les plus grossières ; regardez la place que les horoscopes occupent dans l’univers médiatique ! Pensez à l’imaginaire de la science-fiction. Beaucoup de jeunes, parmi les moins armés et les moins éduqués à l’esprit critique, le prennent pour un intermédiaire presque réel. On est très loin des contes de fées d’autrefois avec toute l’extension de l’image virtuelle ! Il y a là une fascination et une perversion de la liberté humaine. Certes, le travail de la raison consiste à dire : ne prenez pas des vessies pour des lanternes, car, pour parler comme le psalmiste : « Ils ont des yeux et ils ne voient pas. ». Mais la vraie réponse au problème actuel est de montrer où est la Vie. Et comment montre-t-on où est la Vie ? En vivant. Comment montre-t-on où est Dieu ? En priant. Comment l’amour de Dieu se fait-il découvrir ? En rendant témoignage de l’amour qu’il nous porte et en commençant à l’aimer ; en entrant dans cette grâce qui nous est faite d’être « rassasiés de son amour ». Car « Il comble de bien les affamés » chante Marie. La faim de l’homme est rassasiée. Tandis que Jésus promettra à ses disciples : « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Celui qui mangera de ce Pain que je lui donnerai vivra pour l’éternité ; il aura en lui la vie éternelle » (Jn 6, 35. 58). Cette nourriture divine est Dieu lui-même. Nous devons à nos frères contemporains ce témoignage qui seul peut les libérer.
[|"Il relève Israël, son serviteur il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa race à jamais".|]
« Israël, son serviteur ». Déjà lorsque Marie répond à l’Ange de l’Annonciation qu’elle est « la servante du Seigneur », « son humble servante » dans le Magnificat, ce mot éveille immédiatement en résonance le « Serviteur » tel qu’Isaïe le décrit, à la fois Israël, un peuple, et le Messie, « le » Serviteur souffrant dont il est écrit : « C’était nos souffrances qu’il portait, nos péchés dont il était accablé. Nous le croyions châtié, humilié, mais il nous apportait la rédemption, la libération et la guérison » (cf. Is 53, 4-5). C’est Jésus, Fils de Dieu, fils d’Abraham, fils de David, qui a pris chair dans le sein de la Vierge Marie ; c’est Jésus dans sa réalité historique et singulière qui est l’objet de l’action de grâce de Marie. Mais, en même temps, elle nous met sur la voie de notre propre Magnificat. Car, dire « qu’il relève Israël son serviteur, qu’il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères », c’est évoquer la résurrection du Seigneur, avant même que Marie ne puisse le savoir ou le pressentir. Le « relevé d’entre les morts » est le secret ultime que le Christ confiera à ses apôtres, lors de la purification du Temple : « Détruisez ce Temple, en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 19 sq). Saint Jean ajoute : « Lorsque Jésus se releva d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait parlé ainsi et ils crurent à l’Ecriture ainsi qu’à la parole qu’il avait dite ». Nous aussi, le Christ ressuscité nous charge d’en « être les témoins » (cf. Lc 24, 48). Avec Marie, il nous invite à participer à cet acte de rédemption. Dans la situation présente du monde où nous vivons, nous savons que nous sommes les bénéficiaires d’une grâce incommensurable : avoir part à cette promesse faite aux pères, être entré dans cette alliance pour laquelle Dieu a disposé de son peuple et singulièrement de la Vierge Marie. N’a-t-il pas voulu que « depuis la fondation du monde nous soyons les uns et les autres appelés et choisis pour rendre témoignage à son amour » ? (cf. Ep 1, 4). Toute l’histoire du salut est ainsi évoquée ; non pas seulement comme un spectacle devant nos yeux, mais comme un acte dans lequel nous sommes impliqués : la rédemption du monde ici et maintenant, l’ouvre de Dieu en train de s’accomplir en son Fils Jésus. Car l’unique Sauveur des hommes, c’est le Christ Jésus. Car l’unique Sauveur des hommes, c’est le Christ Jésus. Il est « la Voie, la Vérité, la Vie » (Jn 14, 6). Il n’est pas une forme possible de l’idéal humain. Il n’est pas une expression supérieure de l’homme transfiguré. Il est celui que la Vierge Marie porte dans son sein et qui, Verbe de Dieu fait homme, au jour de la Visitation fait bondir de joie Jean Baptiste dans le sein de sa mère (Lc 1, 41). Il est celui qui est mort, crucifié à Jérusalem, et qui est ressuscité au jour de Pâques. Ses apôtres l’ont vu ; Thomas a touché ses plaies. Il est celui dont le corps livré pour la multitude est la source de Vie qui repose sur nos lèvres et habite notre cour. Il est celui qui nous a donné son Esprit saint. Et nous, nous sommes chrétiens, non seulement en raison des déterminations de l’histoire, des cultures et des civilisations. Nous ne sommes pas chrétiens seulement comme en Asie d’autres sont bouddhistes ou comme ailleurs d’autres sont musulmans. Certes, c’est une ouvre de grâce qui passe par ces conditions de la naissance. Mais Dieu nous a choisis et appelés pour que le mystère de la rédemption s’accomplisse et se déploie dans le temps de l’histoire. La grâce qui vous est donnée d’être disponibles à l’appel du Christ, de rendre témoignage à son amour, en un mot, la mission, n’est donc pas une spécialité parmi d’autres, un choix parmi d’autres offerts à l’Eglise comme certains auront une activité de caractère social, d’autres s’occuperont de loisir, d’éducation, d’autres auront une plus grande sensibilité à tel aspect du christianisme, chacun dans ce grand magasin ecclésial étant attiré par l’article de son choix, faisant de la mission une option toute facultative ! Non ! Car c’est la volonté de Dieu que son serviteur soit dans le monde celui par qui la vie est donnée. Volonté de Dieu que la Vierge Marie accueille et reçoit : « Qu’il me soit fait selon ta Parole », rejoignant d’avance ce que Jésus dira à Gethsémani : « Non pas ma volonté, Père, mais la tienne » (Lc 22, 42), « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Mc 14, 36). Ce consentement à la volonté de Dieu est un enfantement de la liberté humaine par ce mystère d’amour qu’est le mystère de la Croix. Et nous y sommes associés. Pourquoi ? Comment ? Non seulement par le don de notre vie et l’offrande de nous-mêmes, unis au Christ, grâce à l’Esprit qui nous habite et nous rend semblables au Fils ; mais aussi en annonçant ce mystère pour que d’autres naissent à la vie, comme Dieu le veut. Ceux à qui nous annonçons cette Parole et qui l’accueillent, Dieu les a destinés à poursuivre, à leur tour, son ouvre de salut à travers les siècles, les cultures et les nations jusqu’à ce que le Jour du Seigneur soit accompli, avec le Jugement ultime de toutes choses. Il nous échappe et nous n’avons pas à nous en tourmenter. « Ne jugez pas, dit le Seigneur, et Dieu ne vous jugera pas » (Mt 7, 1) ; le Jugement ne vous appartient pas ; c’est Dieu lui-même qui juge et lui seul. « Lorsque Dieu essuiera toute larme de nos yeux » (Ap 7, 17), que « toutes les nations seront rassemblées devant le trône du Fils de l’Homme » (Mt 25, 32), lorsque nous verrons enfin la vérité de toutes les vies humaines, l’histoire de l’humanité nous apparaîtra sous un jour dont nous ne savons rien actuellement, si ce n’est que Dieu est miséricordieux et veut que tous les hommes soient sauvés. Mais il veut aussi que l’homme, dans sa liberté, respecte l’amour pour lequel il est fait, la vérité dont il a faim et dont il doit se rassasier, la beauté de la vie que Dieu en son Fils Jésus est venu lui « donner en abondance » (Jn 10, 10). Disciples de Jésus, nous sommes appelés à être le Christ présent en ce monde et dans l’histoire. Puisque Dieu vous a choisis, personne ne vous remplacera. Là où vous êtes, vous êtes les yeux du Christ, vous êtes les mains du Christ, vous êtes les pieds du Christ, vous êtes la parole du Christ. Nous n’en sommes pas dignes, ni les uns ni les autres. C’est pourquoi il nous faut sans cesse nous convertir et recevoir cette « miséricorde de Dieu qui s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». C’est pourquoi il nous faut sans cesse recourir à l’intercession maternelle de Marie et de l’Eglise qui nous replonge dans ce flux de grâce et nous donne le courage de la foi. Le Christ lui-même est à l’ouvre en tous ceux qui, par la maternité de la Vierge et de l’Eglise, sont enfantés à la vie de Dieu. La fête de l’Assomption de la Vierge Marie n’est que l’anticipation de ce jour ultime auquel nous aurons accès.
En attendant, quelques repères : La Promesse. « Il se souvient de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais ». La descendance : tous ceux aussi dont Jésus parle au soir de la dernière Cène : « Je ne prie pas seulement pour eux, dit-il, au Père (pensant à ses disciples présents autour de lui), mais pour tous ceux qui croiront en moi grâce à leur parole, grâce à leur témoignage » (Jn 17, 20). Les témoins : vous et le Christ en vous qui accomplit l’ouvre du salut.

Dimanche 29 Avril : Liturgie des Heures – Office des Lectures

28 avril, 2012

http://www.aelf.org/lectures/index/date/1335650400

DIMANCHE 29 AVRIL 2012 – IV DE PAQUES

Liturgie des Heures – Office des Lectures

Hymne : Jour de Résurrection

Jour de Résurrection

Jour de Résurrection !
Peuples, rayonnons de joie !
C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur !
Le Christ Dieu nous conduit
de la mort à la vie,
de la terre aux cieux,
et nous chantons sa victoire :

R/Christ est ressuscité d’entre les morts !
Par la mort, il a détruit la mort !
À ceux qui sont au tombeau,
Il accorde la vie !

Que le ciel se réjouisse,
que la terre soit en fête,
que soit dans l’allégresse
le monde visible et invisible,
car le Christ est ressuscité,
lui, la joie éternelle :

La destruction de la mort, célébrons la,
et la ruine de l’enfer.
Louons l’auteur
d’une vie neuve et immortelle,
le Dieu unique de nos pères,
le Béni, le Glorieux :

Ô Pâque grande et toute sainte, ô Christ,
Ô Sagesse, ô Verbe de Dieu, ô Force,
fais que nous te soyons unis
en parfaite vérité,
au jour sans fin de ton Royaume :

Une Pâque sacrée nous est apparue :
Pâque nouvelle et sainte, Pâque mystique,
Pâque très pure, Pâque du Christ, notre Sauveur,
Pâque immaculée, Pâque grandiose,
Pâque des croyants,
Pâque qui sanctifie les fidèles,
Pâque qui ouvre le Paradis :

Voici le jour de la Résurrection !
En cette solennité, rayonnons de joie.
Embrassons nous les uns les autres.
À ceux même qui nous haïssent, disons : Frères !
Pardonnons tout à cause de la Résurrection
et chantons :

R/Christ est ressuscité d’entre les morts !
Par la mort, il a détruit la mort !
À ceux qui sont au tombeau,
Il accorde la vie !
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Antienne

Vous verrez le Fils de l’homme monter auprès du Père où il était dès le commencement. Alléluia.
Psaume : (23)

1Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
2C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

3Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
4L’homme au coeur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles
(et ne dit pas de faux serments).

5Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
6Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche ta face !

7Portes, levez vos frontons, +
élevez-vous, portes éternelles :
qu’il entre, le roi de gloire !

8Qui est ce roi de gloire ? +
C’est le Seigneur, le fort, le vaillant,
le Seigneur, le vaillant des combats.

9Portes, levez vos frontons, +
levez-les, portes éternelles :
qu’il entre, le roi de gloire !

10Qui donc est ce roi de gloire ? +
C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ;
c’est lui, le roi de gloire.
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Antienne

Allez par le monde entier, proclamez la bonne nouvelle à toute la création. Alléluia.
Psaume 65 – I

1Acclamez Dieu, toute la terre ; +
2fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.

3Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables !
En présence de ta force, tes ennemis s’inclinent.
4Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom. »

5Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.
6Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.

De là, cette joie qu’il nous donne.
7Il règne à jamais par sa puissance.
Ses yeux observent les nations :
que les rebelles courbent la tête !

8Peuples, bénissez notre Dieu !
Faites retentir sa louange,
9car il rend la vie à notre âme,
il a gardé nos pieds de la chute.

10C’est toi, Dieu, qui nous as éprouvés,
affinés comme on affine un métal ;
11tu nous as conduits dans un piège,
tu as serré un étau sur nos reins.

12Tu as mis des mortels à notre tête ; +
nous sommes entrés dans l’eau et le feu,
tu nous as fait sortir vers l’abondance.
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Psaume 65 – II

13Je viens dans ta maison avec des holocaustes,
je tiendrai mes promesses envers toi,
14les promesses qui m’ouvrirent les lèvres,
que ma bouche a prononcées dans ma détresse.

15Je t’offrirai de beaux holocaustes +
avec le fumet des béliers ;
je prépare des bœufs et des chevreaux.

16Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ;
17quand je poussai vers lui mon cri,
ma bouche faisait déjà son éloge.

18Si mon cœur avait regardé vers le mal,
le Seigneur n’aurait pas écouté.
19Et pourtant, Dieu a écouté,
il entend le cri de ma prière.

20Béni soit Dieu +
qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !
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V/ Ma chair a refleuri, alléluia,
de tour cœur, je rends grâce, alléluia.

Lecture : La femme et le dragon (Ap 12, 1-18)

HOMÉLIE DE SAINT GRÉGOIRE LE GRAND

« Mes brebis écoutent ma voix,
et moi je leur donne la vie éternelle »

Moi, je suis le bon Pasteur. Et je connais mes brebis (c’est-à-dire je les aime), et mes brebis me connaissent. C’est comme s’il disait clairement : Ceux qui m’aiment m’obéissent, car celui qui n’aime pas la vérité, maintenant même ne la connaît pas du tout.
Puisque vous avez entendu, frères très chers, le péril qui nous menace, nous les pasteurs, évaluez, grâce aux paroles du Seigneur, le péril qui est le vôtre. Voyez si vous êtes ses brebis, voyez si vous le connaissez, voyez si vous percevez la lumière de la vérité. Je parle de percevoir, non par la foi, mais par l’amour. Je parle de percevoir, non par la croyance, mais par l’action. Car saint Jean, qui parle dans notre évangile, atteste cela lorsqu’il dit ailleurs : Celui qui prétend connaître Dieu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur.
C’est pourquoi, dans notre passage, le Seigneur ajoute aussitôt : Comme le Père me connaît, moi je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis. C’est comme s’il disait clairement : Ce qui prouve que je connais le Père et que je suis connu de lui, c’est que je donne ma vie pour mes brebis : c’est-à-dire : je montre combien j’aime le Père par l’amour qui me fait mourir pour mes brebis.
Au sujet des brebis, il dit encore : Mes brebis entendent ma voix, et moi je les connais, elles me suivent, et je leur donne la vie éternelle. Et un peu plus haut il avait dit à leur sujet : Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé il pourra entrer et sortir, et il trouvera un pâturage. Il entrera pour avoir la foi il sortira en passant de la foi à la vision, de la croyance à la contemplation, et il trouvera un pâturage en arrivant au festin éternel.
Les brebis du bon Pasteur trouvent donc un pâturage parce que tout homme qui le suit avec un cœur simple est nourri dans la pâture des prairies intérieures. Et quel est le pâturage de ces brebis-là, sinon les joies éternelles d’un paradis toujours vert ? Car le pâturage des élus, c’est le visage de Dieu, toujours présent : puisqu’on le regarde sans interruption, l’âme se rassasie sans fin de l’aliment de vie.
Recherchons donc, frères très chers, ce pâturage où nous trouverons notre joie au cœur de la fête célébrée par tant de nos concitoyens. Que leur allégresse nous y invite.
Réchauffons nos cœurs, mes frères, que notre foi se ranime envers ce qu’elle croit, que nos désirs s’enflamment pour les biens célestes : c’est déjà partir à leur rencontre que de les aimer.
Aucun obstacle ne doit nous enlever la joie de la solennité intérieure, car si l’on désire se rendre à un endroit qu’on s’est fixé, aucune difficulté ne peut changer ce désir. Aucune prospérité flatteuse ne doit nous en détourner ; il est fou, le voyageur qui, apercevant sur sa route de gracieuses prairies, oublie le but de son voyage.

Le Bon Pasteur s’est livré lui-même
pour que vous ayez la vie.
Laissez-vous conduire à sa voix
et suivez-le en chantant :

R/ Tu es la porte du Royaume, alléluia,
tu es la route vers le Père, alléluia !

Le Seigneur a les yeux sur ses fidèles,
sur ceux qui espèrent son amour.

Pour nous préserver de la mort,
nous garder en vie au temps de la famine.
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Oraison

Dieu éternel et tout puissant, guide-nous jusqu’au bonheur du ciel ; que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur est entré victorieux. Lui qui règne.
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Te Deum

À toi Dieu, notre louange !
Nous t’acclamons, tu es Seigneur !
À toi Père éternel,
L’hymne de l’univers.

Devant toi se prosternent les archanges,
les anges et les esprits des cieux ;
ils te rendent grâce ;
ils adorent et ils chantent :

Saint, Saint, Saint, le Seigneur,
Dieu de l’univers ;
le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.

C’est toi que les Apôtres glorifient,
toi que proclament les prophètes,
toi dont témoignent les martyrs ;
c’est toi que par le monde entier
l’Église annonce et reconnaît.

Dieu, nous t’adorons :
Père infiniment saint,
Fils éternel et bien-aimé,
Esprit de puissance et de paix.

Christ, le Fils du Dieu vivant,
le Seigneur de la gloire,
tu n’as pas craint de prendre chair
dans le corps d’une vierge
pour libérer l’humanité captive.

Par ta victoire sur la mort,
tu as ouvert à tout croyant
les portes du Royaume ;
tu règnes à la droite du Père ;
tu viendras pour le jugement.

Montre-toi le défenseur et l’ami
des hommes sauvés par ton sang :
prends-les avec tous les saints
dans ta joie et dans ta lumière.

Entre Séraphin Poudrier et séraphin du paradis

25 avril, 2012

http://www.spiritualite2000.com/page-1458.php 

Entre Séraphin Poudrier et séraphin du paradis

Denis Gagnon

L’argent et la liturgie des Heures

(Octobre 2006)

Séraphin Poudrier, le célèbre personnage de Claude-Henri Grignon, accomplissait son culte dans le haut-côté de sa misérable cambuse. Quand la porte grinçait, elle annonçait la liturgie «séraphine» comme les cloches de l’église appellent à la messe. L’avare se retirait dans son sanctuaire. Il adorait son dieu. Il se dépouillait totalement de tout ce que la vie lui offrait pour que son seigneur grandisse et demeure l’absolu de son univers! «Mon argin!»
Dieu et l’Argent
En son temps, Jésus aurait sans doute conté la vie de Séraphin comme une parabole pour illustrer que «Nul ne peut servir deux maîtres: ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent.» (Matthieu 6, 24) Et le bon curé Labelle aurait pu semoncer l’avare des Pays d’en-haut en citant le Psaume 113B:
«Pourquoi les païens diraient-ils:
‘Où donc est leur Dieu?’
Notre Dieu, il est au ciel;
tout ce qu’il veut, il le fait.
Leurs idoles: or et argent,
ouvrages de mains humaines.» (v. 2-4)
Ah! La cupidité! Vilain défaut qui fait perdre la tête! On réduit son salut à la possession des biens matériels. Bien piètre salut! «L’impie se glorifie du désir de son âme [...] Il s’est dit: ‘Rien ne peut m’ébranler, je suis pour longtemps à l’abri du malheur.’» (Psaume 9B, 3.6) Mais le psalmiste chante une sagesse bien différente:
«Pourquoi craindre aux jours de malheur
ces fourbes qui me talonnent pour m’encercler,
ceux qui s’appuient sur leur fortune
et se vantent de leurs grandes richesses?
«Nul ne peut racheter son frère
ni payer à Dieu sa rançon:
aussi cher qu’il puisse payer,
toute vie doit finir.» (Psaume 48, 6-9)
Et Jésus d’ajouter au vieux psaume: «Gardez-vous bien de toute âpreté au gain; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses.» (Luc 12, 15)
Il comble de biens
Par ailleurs, Jésus et les psalmistes nous invitent-ils vraiment au dépouillement radical? Au mépris des biens créés par Dieu, voulus par lui, offerts par lui pour la vie et le bonheur de ses enfants? Bien sûr que non. Les promesses de Dieu sont claires: «Le Seigneur ton Dieu te fait entrer dans un bon pays, un pays de torrents, de sources, d’eaux souterraines jaillissant dans la plaine et la montagne, un pays de blé et d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers, un pays d’huile d’olive et de miel, un pays où tu mangeras du pain sans être rationné, où rien ne te manquera, un pays dont les pierres contiennent du fer et dont les montagnes sont des mines de cuivre. Tu mangeras à satiété et tu béniras le Seigneur ton Dieu pour le bon pays qu’il t’aura donné.» (Deutéronome 8, 7-10)
Au souvenir de cette promesse, le psalmiste considère que Dieu bénit le juste en le comblant de biens: «Les pauvres mangeront, ils seront rassasiés.» (Psaume 21, 27) «Tu combles à la face du monde ceux qui ont en toi leur refuge.» (Psaume 30, 20) «Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit.» (Psaume 84, 13) «Il comble de biens les affamés!» (Psaume 106,9) Voilà pourquoi le juste est heureux et «les richesses affluent dans sa maison» (Psaume 111, 3). Il peut louer Dieu pour ses bienfaits: «À toute chair, il donne le pain, éternel est son amour!» (Psaume 135, 25)
Devant les biens, nous conseillent les psaumes, méfiez-vous de l’avidité qui vous pousserait à en faire des idoles. Mais n’allez pas mépriser les dons de Dieu. Goûtez-y. Savourez-les. Dieu vous les offre pour vous combler et vous rendre heureux.
Liturgie au ras du sol
On a souvent pensé que la liturgie des Heures appartenait à la liturgie céleste. Ceux et celles qui s’y adonnent quitteraient la terre pendant quelques minutes. Ils pénétreraient dans le ciel pour participer à la louange des anges.
Les psaumes, plat de résistance de la liturgie des Heures, tiennent un autre langage. Ils nous gardent plutôt sur la terre, au ras du sol, à portée des biens matériels tout autant que des biens spirituels. Ils nous disent simplement qu’il faut nous aimer entre Séraphin Poudrier et séraphin du paradis. Ni avare, ni angélique.
Bel équilibre que nous sert la liturgie des Heures, à une époque où l’économie joue un si grand rôle dans notre quotidien. Les psaumes ne nous défendent pas de gagner de l’argent. Ni Jésus d’ailleurs. Tout est dans l’intention qui guide notre comportement. Jésus finit sa parabole du riche insensé en disant: «Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu.» (Luc 12, 21) Remplis ton bas de laine, soit. Mais remplis-le pour te rapprocher de Dieu, et non pour te replier sur toi-même.

(N.B. texte paru dans Célébrer les Heures, n. 7, automne 1995)
Cet article est tiré de la revue Célébrer les Heures. On peut en savoir davantage sur cette revue en écrivant à Célébrer les Heures, 2715, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, Montréal (Québec) H3T 1B6, Canada.

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