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LE «NOM DE DIEU» DANS LA LITURGIE CATHOLIQUE ROMAINE + Cardinal Francis Arinze, Préfet

1 juillet, 2014

http://tj-tjc-bibliquement.exprimetoi.net/t40-le-nom-de-dieu-dans-la-liturgie-catholique-romaine

LE «NOM DE DIEU» DANS LA LITURGIE CATHOLIQUE ROMAINE

+ Cardinal Francis Arinze, Préfet

Le 29 juin 2008, le Cardinal Francis Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, adressait aux conférences épiscopales une lettre sur l’usage du Nom de Dieu (YHWH) dans le culte liturgique catholique romain. Réagissant à la «nouvelle pratique» de prononcer ce nom (ce dont s’abstient la communauté juive), le préfet rappelle qu’il doit plutôt être traduit dans chaque langue, comme l’ont fait autrefois les traductions grecque (la Septante) et latine (la Vulgate). Bien qu’elle ne soit pas adressée directement à la communauté juive, cette directive peut aussi être comprise comme un signe de respect envers elle, d’où l’intérêt de la porter à l’attention des personnes et groupes engagées dans le dialogue entre juifs et chrétiens.1

CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS
Prot. N. 213/08/L
LETTRE AUX CONFÉRENCES ÉPISCOPALES CONCERNANT LE « NOM DE DIEU »
Éminence, Excellence,

En réponse à une directive du Saint Père, en accord avec la Congrégation pour la doctrine de la Foi, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements estime qu’il est pertinent de communiquer aux conférences épiscopales quelques précisions et directives concernant la traduction et la prononciation, dans un cadre liturgique, du Nom divin signifié dans le tétragramme sacré.
I – Exposé
1) Les paroles des Saintes Écritures contenues dans l’Ancien et le Nouveau Testament expriment une vérité qui transcende les limites imposées par le temps et l’espace. Elles sont la Parole de Dieu exprimée en paroles humaines. À travers ces paroles de vie, l’Esprit Saint introduit les fidèles dans la connaissance de la vérité tout entière et ainsi le Verbe du Christ vient habiter chez les fidèles dans toute sa richesse (voir Jean 14,26; 16,12-15). Pour que la Parole de Dieu, inscrite dans les textes sacrés, puisse être conservée et transmise d’une manière intégrale et fidèle, toute traduction moderne des livres de la Bible cherche à être une transposition fidèle et exacte des textes originaux. Un tel effort littéraire exige que le texte original soit traduit de la façon la plus fidèle et la plus exacte possible, sans omission ni ajout eu égard au contenu, et sans introduction de gloses ou de paraphrases explicatives qui n’appartiennent pas au texte sacré lui-même.
En ce qui concerne le Nom sacré de Dieu lui-même, les traducteurs doivent le traiter avec grande fidélité et de manière extrêmement respectueuse. En particulier, comme l’affirme l’Instruction «Pour la correcte application de la constitution sur La sainte liturgie» (Liturgicam authenticam, n° 41)2:
[…] en se conformant à une tradition immémoriale, évidente déjà dans […] la version des Septante, le nom du Dieu tout-puissant, exprimé en hébreu dans le tétragramme, et traduit en latin par le mot Dominus, doit être rendu dans chaque langue vernaculaire par un mot de même signification. [(...) iuxta traditionem ab immemorabili receptam, immo in (…) versione «LXX virorum» iam perspicuam, nomen Dei omnipotentis, sacro tetragrammate hebraice expressum, latine vocabulo «Dominus» in quavis lingua populari vocabulo quodam eiusdem significationis reddatur.]
Une norme aussi claire n’a pas empêché ces dernières années l’introduction d’une pratique nouvelle, la prononciation du nom propre du Dieu d’Israël, connu comme le saint ou divin tétragramme, formé de quatre consonnes de l’alphabet hébraïque,(YHWH). On le vocalise de différentes façons, aussi bien dans la lecture des textes bibliques tirés du Lectionnaire, que dans l’utilisation de prières et d’hymnes, ce qui donne plusieurs variantes écrites ou orales telles que: «Yahweh», «Yahvé», «Jahwè», «Javé», «Jéhovah», etc. La présente lettre vise donc à établir certains faits essentiels, sous-jacents à la norme sus-mentionnée, et à poser certaines directives qui doivent être observées en cette matière.
2) La vénérable tradition des Saintes Écritures, appelée Ancien Testament, emploie une série d’appellations divines, parmi lesquelles le nom sacré de Dieu, révélé comme le tétragramme(YHWH). Tenu pour une expression de la grandeur et de la majesté infinies de Dieu, il était considéré comme imprononçable, et on le remplaçait donc, pendant la lecture des Saintes Écritures, par un nom substitutif, Adonai, qui signifie «Seigneur».
La traduction grecque de l’Ancien Testament, appelée la Septante, qui remonte aux derniers siècles avant l’ère chrétienne, rendait régulièrement le tétragramme hébraïque par le terme grec Kyrios, qui signifie «Seigneur». Comme la Septante constituait la Bible de la première génération de chrétiens parlant le grec, langue dans laquelle ont été rédigés tous les livres du Nouveau Testament, ces chrétiens, depuis le début, n’ont jamais prononcé non plus le tétragramme divin. Un phénomène semblable s’est produit chez les chrétiens de langue latine, dont la littérature a commencé à émerger à partir du deuxième siècle, comme l’attestent d’abord la Vetus Latina, et, plus tard, la Vulgate de saint Jérôme: dans ces traductions également, le tétragramme a été remplacé par le mot latin «Dominus», qui correspondait à la fois à l’Adonai hébreu et au Kyriosgrec. La même démarche prévaut dans la version latine récente, la Néo-Vulgate, que l’Église utilise pour sa liturgie.
Ce fait a eu des incidences importantes pour la christologie même du Nouveau Testament. Lorsque saint Paul écrit, eu égard à la crucifixion, «Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom» (Philippiens 2,9), il ne réfère à aucun autre nom que celui de «Seigneur», puisqu’il poursuit en disant «et que toute langue proclame, de Jésus-Christ, qu’il est Seigneur» (Philippiens 2,11). L’attribution de ce titre au Christ ressuscité correspond exactement à la proclamation de sa divinité. De fait, ce titre devient interchangeable entre le Dieu d’Israël et le Messie de la foi chrétienne, même si, en fait, il ne s’agit pas de l’un des titres utilisés pour le Messie d’Israël. Au sens strictement théologique, le titre se trouve déjà, par exemple, dans le premier Évangile canonique (voir Matthieu 1,20: «L’ange du Seigneur apparut à Joseph en songe.») et il semble être la règle en usage pour toutes les citations de l’Ancien Testament dans le Nouveau (voir Actes 2,20: «Le soleil se changera en ténèbres … avant que vienne le Jour du Seigneur» [Joël 3,4]; 1 Pierre 1,25: «La Parole du Seigneur demeure pour l’éternité» [Is 40. 8]). En ce qui a trait au sens proprement christologique, en dehors du texte de Philippiens 2,9-11 déjà cité, nous pouvons encore évoquer Romains 10,9 («si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé»), 1 Corinthiens 2,8 («s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire»), 1 Corinthiens 12,3 («nul ne peut dire ‘Jésus est Seigneur’, si ce n’est sous l’action de l’Esprit Saint») et la formule fréquente à propos du chrétien qui vit «dans le Seigneur» (Romains 16,2; 1 Corinthiens 7,22; 1 Thessaloniciens 3,8; etc.).
3) La pratique d’éviter de prononcer le tétragramme du nom de Dieu dans l’Église a donc ses fondements. Elle est motivée non seulement par un argument d’ordre purement philologique, mais aussi par une volonté de demeurer fidèle à la tradition ecclésiale qui, depuis les origines, veut que le tétragramme sacré ne soit jamais prononcé en contexte chrétien ni traduit dans aucune des langues de traduction de la Bible.
II – Directives
À la lumière de ce qui vient d’être exposé, les directives suivantes devront être observées:
Dans les célébrations liturgiques, dans les chants et les prières, le nom de Dieu ne doit être ni employé ni prononcé sous la forme du tétragramme YHWH.
Pour la traduction du texte biblique en langues modernes en vue de leur usage liturgique dans l’Église, ce qui est déjà prescrit par la disposition n° 41 de l’Instruction «Pour la correcte application de la constitution sur La sainte liturgie» doit être observé; c’est-à-dire que le tétragramme divin doit être rendu par les équivalents des termes Adonai/Kyrios: «Seigneur», «Lord», «Signore», «Herr», «Señor», etc.
Lorsque l’on traduit, dans un contexte liturgique, des textes où se trouvent, dans cet ordre, le terme hébraïque Adonai ou le tétragramme YHWH, il faut traduire Adonai par «Seigneur» et le tétragramme YHWH par «Dieu», comme cela est le cas dans la traduction grecque des Septante et dans la traduction latine de la Vulgate.
De la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le 29 juin 2008.

+ Cardinal Francis Arinze, Préfet

+ Albert Malcolm Ranjith, Archevêque secrétaire

2008-10-01

RATZINGER « L’ESPRIT DE LA LITURGIE »

3 mai, 2014

http://blodhorn.blogspot.it/2010/02/ratzinger-lesprit-de-la-liturgie.html

RATZINGER « L’ESPRIT DE LA LITURGIE »

dimanche 14 février 2010

La liturgie a connut un grand mouvement de renouveau au début du XX° siècle. C’est à ce moment qu’est nait une bien étrange comparaison. La liturgie serait comme un jeu avec ses règles, elle créerait une « réalité » à laquelle tous les individus adhèrent tant qu’ils participent.
En outre, la liturgie et le jeu sont gratuits, ils sont libérateurs pour les gens car ces mondes ne sont pas basés sur des critères économiques et ne tiennent pas compte des clivages sociaux-culturels. Ils sont des oasis, des évasions bienvenues dans notre monde comme le rappelait aussi Paul de CLERCK dans son « Intelligence de la liturgie ».
Néanmoins, cette comparaison a ses limites car le jeu n’est qu’une distraction et n’a pas la profondeur ni l’importance de la liturgie. Aucun jeu n’engage l’avenir de son participant ni ne répond aux questions existentielles des hommes alors que la liturgie si, et ce depuis l’origine des temps comme en atteste les textes relatifs à l’exode.
Rien que les négociations entre Moïse et pharaon sont éloquents car ce dernier fait de nombreuses propositions au prophète afin de la contenter (d’abord laisser partir les hommes, puis les hommes et les femmes mais en laissant le bétail) mais rien n’y fait, Moïse ne transigea pas car il savait que la liturgie qu’il devait rendre avec les juifs était d’origine divine, que son enjeu était de taille et que de fait aucun compromis ne pouvait être envisagé.
Et quel était cet enjeu précisément ? Il ne s’agissait pas tant d’adoration de Dieu dans le culte que de donner naissance à une nation avec certes ses instructions liturgiques mais aussi ses règles légales et une éthique. En outre, le texte met l’accent sur l’importance de ces trois notions culte-loi-éthique. L’un sans l’autre n’a pas de fondement. Une loi sans éthique ne peut être juste. Une éthique sans culte revient à donner foi au plus fort ou à l’arbitraire.
De fait, le culte dépasse la liturgie car il est l’une des pierres fondatrices de toute civilisation. Un ethnologue le confirmera si besoin, il n’existe aucune société qui n’adore et même celles qui se réclament d’un athéisme ne peuvent s’empêcher de célébrer certaines choses. Pourquoi ? Parce que le rapport à Dieu détermine tous les rapports qu’on les hommes entre eux et avec la création.
Ce qui nous permet de dire que l’adoration est constitutive de l’essence humaine et c’est le besoin de prévenir une vie éternelle qui nous permet aussi de correctement vivre notre simple existence. Sans cette perspective, la vie terrestre serait vide et sans intérêt.
Maintenant pour bien adorer il faut à l’humanité une liturgie et il faut que cette dernière soit institutionnalisée et ceci n’est permit qui si Dieu se révèle à nous pour nous dire comment le vénérer. Quand on reprend l’épisode du veau d’or, qu’est ce qui nous scandalise ? Ce qui nous révulse c’est que pour voir Dieu, des hommes ont cru qu’ils leur suffisaient d’abaisser Dieu à leur niveau alors que le propre de la liturgie est d’élever l’âme pour se rapprocher du créateur.
Se faisant les hommes ont commis un acte hautement blasphématoire car en faisant de Dieu quelque chose d’accessible aux humains, ils se sont mis à considérer comme son égal ce qui équivaut au pire orgueil qui soit.
Cet épisode est une leçon d’une grande importance. La liturgie, et le culte en général, ne doivent pas venir de l’homme sous peine de n’être qu’une conception égocentrique de la foi, vide de tout sens ou de tout fondement, bien loin de la félicité que l’on peut ressentir en prenant par aux véritables célébrations de Dieu.
Lors de ces célébrations, Dieu se donne à l’homme et l’homme de donne à Dieu. Dans un cas c’est de l’amour et dans l’autre de l’adoration mais dans tous les cas c’est la création tout entière qui est transcendée. Cette opération se réalise dans la liturgie qui, sans formellement s’y opposer, a remplacé les rites sacrificiels antérieurs au christianisme.
En effet, avant l’avènement de l’Eglise, les peuples faisait des offrandes volontaires à leur(s) dieu(x). Ils offraient ce qu’ils avaient de plus précieux afin de montrer à quel point ils étaient dévoués à cette entité. Mais l’Eglise a posé cette question : quelle joie apporte ce sacrifice à Dieu ? Le dieu d’amour décrit dans la bible ne saurait apprécier que ses créatures se privent de quelque chose d’essentiel pour lui. D’autant plus quand ce dieu s’est pris la peine, comme nous venons de le voir, de montrer aux mortels que nous sommes comment l’adorer et de fait faire s’élever notre âme jusqu’à lui.
Toute autre considération serait totalement irrationnelle.
Parler d’élévation de l’âme en opposition à la chute, c’est faire référence Plotin qui, le premier, a écrit que la vie hors de Dieu est une longue déchéance et qu’il est nécessaire à l’humanité de découvrir le fond de l’abyme pour pouvoir rebondir et recommencer l’ascension. Dans cette perspective, le but des religions est de faire prendre conscience de cette descente et de mettre fin à la chute afin de retourner vers Dieu en acceptant de fait de n’être qu’une créature. Une créature dotée d’un libre arbitre permettant le choix de revenir dans la lumière ou de continuer de s’enfoncer. Pour que cette rédemption se face, il faut un rédempteur et c’est là que l’Eglise intervient.
Elle intervient comme nous le vîmes plus haut en réfléchissant le sacrifice et en le remettant en question afin que les hommes cessent de se fourvoyer en sacrifiant ce qui leurs tiennent plus que tout à cœur. Elle intervient en réfléchissant sur la rédemption et le pardon. Là où le catholicisme se différencie des autres religions, c’est dans sa volonté de permettre la réconciliation avec Dieu pour l’humanité toute entière et cette réconciliation passe par l’Eucharistie, par la destruction du temple et l’élévation d’un nouveau temple, le Christ.
La liturgie est ce qui rend possible le dialogue intra-trinitaire. La crucifixion à chaque fois renouvelée n’est pas le besoin de se souvenir ou de ritualiser l’événement fondateur du christianisme mais plutôt de commémorer le passage d’un temps à un autre. Nous ne sommes plus aux temps antiques, nous ne sommes pas non plus arrivé à la nouvelle Jérusalem, nous sommes dans une époque de transition où l’humanité chemine vers Dieu selon les enseignements du Christ.
De ce fait, nous le voyons bien, puisque l’homme n’est pas encore en mesure de vivre parfaitement, il a besoin de l’Eglise et de la liturgie pour mieux vivre et devenir chaque jour un homme meilleur.
Pour pouvoir bénéficier de la liturgie, il faut à l’homme un lieu de culte et celui des catholiques se nomme l’église. L’église chrétienne est la digne héritière des synagogues. Ceci est cohérent puisque le christianisme partage beaucoup avec le judaïsme. Comme les synagogues, les églises ont deux parties distinctes, celles pour la prêche et celle pour le tabernacle.
Là où se distingue l’église est qu’elle a apporté des modifications inhérentes à ses croyances. Voyons lesquels.
Tout d’abord, l’édifice n’est plus tourné vers Jérusalem mais vers l’orient où le lever de soleil n’est pas sans évoquer le Christ, véritable lumière du monde qui illumine nos esprits et réchauffe nos cœurs. Cette considération ne parle pas beaucoup aux occidentaux moderne qui ont trop bien comprit que si Dieu est partout et si je peux prier à tout moment, il n’est plus pertinent de se rendre dans des lieux de cultes pour se faire. Cette conception est purement catholique et montre à la fois que le christianisme imprègne nos sociétés mais aussi que les gens ne comprennent pas ce qui caractérise la liturgie chrétienne, ne comprenne pas que la liturgie et en particulier l’Eucharistie est quelque chose de merveilleux qui a chaque fois permet à l’homme de se rapprocher un peu plus de Dieu en non pas l’ingérant mais en l’acceptant dans son corps et dans son esprit.
Ensuite, autre changement, un autel a été ajouté pour célébrer l’Eucharistie. Il n’est pas nécessaire d’en dire plus.
Enfin, le tabernacle n’est plus le simple dépositaire des paroles de la Torah mais il a aussi en son sein les évangiles – preuve que la tradition chrétienne ne rompt pas avec celle juive mais s’inscrit dans la continuité – ainsi que l’Eucharistie. Chez les juifs, le tabernacle est la tente de Dieu, le lieu où Il est. Pour un chrétien qui sait, par sa foi, que l’hostie consacrée est dépositaire de la présence divine, le tabernacle est l’endroit idéal pour recueillir la substance transformée par la présence de Dieu.
On le voit, les modifications apportées ne sont pas en franche rupture de la tradition juive mais au contraire dans son évolution. Elles tiennent compte des spécificités chrétiennes. Il n’y a nulle raison de s’en étonner puisque la religion chrétienne elle-même découle du judaïsme. Mais qu’en est-il du rite précisément ?
Parler de rite c’est aborder une notion à forte connotation péjorative. Le rite fait penser à l’ancestral, à l’immuable, à l’obsolète ce qui dans une société de l’immédiateté et de l’exclusivité n’est pas pour plaire. Paul de Clerck nous dit que dans son « Intelligence de la Liturgie » que mai 68 a encore plus accentué cet écart. Mais le rite correspond il vraiment la détestable image qu’il véhicule?
Au II° siècle, un juriste romain a définit le rite comme étant la manière la plus juste et loyale pour les hommes d’honorer leurs divinités.
Dans le cas du catholicisme, le rite est la communion des prières et des actions des fidèles tournés vers le même Dieu d’amour. Alors certes, il n’est pas, plus créatif. Voilà plusieurs siècles que le rite catholique est établi avec ses moments forts et ses moments normaux mais comprenons aussi que la création se fait toujours par la destruction et le renouveau. Ce n’est pas là le rôle de la foi chrétienne que de détruire le monde pour en créer un nouveau. Le christianisme est là pour sauver le monde, ce monde, et surtout ceux qui y vivent et ça ne passe pas par une destruction créatrice mais par la liturgie et le rite tels qu’on vient de les définir.
Le rite catholique demande une « participation active » de l’ensemble de la communauté. Cette expression fut même reprise par le concile du Vatican II. Mais qu’entend-on par là ? Pour la majorité, c’est juste le souhait émis par l’Eglise pour qu’un plus grand nombre aille plus souvent à la messe. S’il est indéniable que l’Eglise ait ce souhait, il serait débile de croire que le souhait du concile se limite à ça. Non, c’est plus complexe.
Dans participation active, il faut distinguer les deux mots. Comprendre que l’action est la prière eucharistique. Le reste de la liturgie n’est pas anecdotique mais ce sont des hommes qui s’échangent des lectures et des savoirs entre eux. Ceci renvoie aux enseignements faits dans les synagogues. L’Eucharistie est elle particulière car lorsque le prêtre dit « Ceci est mon corps », on sait que ce n’est pas de lui dont il parle. C’est Dieu qui s’exprime par lui, c’est Dieu qui nous parle, c’est Dieu qui vient à nous. Il est donc tout à fait indispensable que lorsque Dieu fait l’effort de nous tendre les bras, nous donnions suite à sa sollicitation.
On parle de participation active lorsque et les hommes et Dieu agissent et interagissent ensemble. Nous sommes bien loin du cliché véhiculé auparavant.
A ce stade, on a tous comprit que l’essentiel de la participation active humaine est spirituelle mais est effectivement le cas ?
Dieu nous a façonné à son image et nous a doté d’un corps. Ce n’est pas pour rien. Nous sommes corps et esprit et c’est tout entier que nous adorons le Seigneur. Si l’esprit par la prière joue un rôle, le corps est aussi sollicité. Pendant la liturgie, il est attendu du fidèles de faire divers gestes, d’adopter des postures.
Le premier des gestes est le signe de croix dont la signification a déjà largement été évoquée sur ce blog.
Autre mouvement, l’agenouillement. Ce mot revient 59 fois dans le nouveau testament ce qui n’est pas anecdotique. Toute une réflexion accompagne l’acte de se prosterner. Il est pour ses détracteurs un acte qui brime, qui nie la volonté et l’indépendance de l’homme, un signe de soumission devant un Dieu esclavagiste qui tente d’imposer sa volonté à ses créatures en humiliant ces dernières. Quiconque s’est un jour intéressé à la foi chrétienne et aux saintes écritures sait que le Dieu révélé par le Christ n’est pas ce genre de divinité. Il est amour mais pour que son amour soit possible, il nous faut l’accepter et pour l’accepter, il nous faut nous remettre en question. Refuser de s’agenouiller devant Dieu n’est pas faire acte d’indépendance mais d’orgueil car c’est nier que nous sommes des créatures finies. S’agenouiller devant Dieu s’est reconnaitre avec humilité notre finitude et c’est accepter de vivre en accord avec la volonté de Dieu sans pour autant que cette volonté n’occulte la notre. C’est plus un partenariat qu’une soumission car si nous vivons en accord avec les principes de Dieu sans pour autant être au diapason avec, alors toute notre vie aura été vaine, littéralement.
Autre position du corps, le fait d’être assis ou debout. Pendant la messe, on s’assoit au moment des lectures, des psaumes et de l’homélie. Pendant ces moments, le corps est au repos et à permet au fidèle d’écouter et de réfléchir. C’est une position de recueillement et d’écoute.
Le fait d’être debout est une réponse à Dieu. C’est une manière de témoigner et de notre écoute et de notre détermination.
Ainsi, nous venons de voir que la liturgie engage l’homme en corps et en esprit, qu’elle a une place fondamentale dans la vie de tous, dans la formation de l’âme du fidèle et qu’elle est fondamentale pour tout croyant car elle est la seule façon qu’a le chrétien de se rapprocher du Christ, de s’élever, de se purifier.
La liturgie est la seule manière qu’a le chrétien pour se sauver et sauver le monde. Dans notre société, elle est une alternative salutaire face à la rationalisation des comportements humains mais elle demande des efforts. Des efforts d’humilité pour les fidèles, des efforts de compréhension quant aux enjeux et aux significations des gestes et paroles qui seront les siens pendant le rite, des efforts d’abnégation dans sa foi afin de mieux la vivre. Ce n’est pas rien mais ça vaut le coup non ?

LE PÉCHÉ ORIGINEL : LES DOSSIERS BIBLIQUE, LITURGIQUE ET THÉOLOGIQUE

10 mars, 2014

http://www.portstnicolas.org/l-eglise/questions-diverses/article/le-peche-originel-les-dossiers-biblique-liturgique-et-theologique

LE PÉCHÉ ORIGINEL : LES DOSSIERS BIBLIQUE, LITURGIQUE ET THÉOLOGIQUE

Certainement rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine. Et cependant sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. Le noeud de notre condition prend ses replis et ses tours dans cet abîme. De sorte que l’homme est plus inconcevable sans ce mystère que ce mystère n’est inconcevable à l’homme.
Pascal, Pensées, Brunschwig 434 ; Lafuma 131

Question récurrente des forums de discussion sur les serveurs religieux et, lorsqu’elle surgit, souvent cause de désarroi pour les chrétiens chargés d’animer les rencontres de préparation au baptême dans les paroisses, cette question du péché originel, éludée faute de temps à Vatican I et de propos délibéré à Vatican II, charrie avec elle une foule de représentations et de contentieux que nos contemporains ont bien du mal à décrypter.
À défaut de prétendre trouver ici les mots qui conviennent pour rendre compte de manière satisfaisante de cette expression qui fait partie de l’héritage théologique et dogmatique de l’Eglise catholique, ces quelques pages se proposent seulement de fournir quelques repères pour ce travail encore à venir.
Il nous faut en effet appliquer au « péché originel » ce que Jean XXIII disait au début du dernier concile : « autre est le dépôt lui-même de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée. » [1]
Essayons donc d’y voir un peu plus clair en interrogeant successivement l’Ecriture, la prière de l’Eglise (notamment dans sa pratique baptismale) et ces fameuses expressions théologiques dont nous héritons. En même temps que leurs limites, nous tâcherons d’en faire ressortir les enjeux…

I. Le dossier biblique
On serait bien en peine de trouver, dans toute la Bible, une seule mention explicite du « péché originel ». L’expression n’y apparaît nulle part.
Est-ce à dire pour autant que la catégorie théologique qui nous occupe est apparue sans aucun enracinement biblique ? Voilà qui serait bien étonnant ! Ouvrons donc la Bible et arrêtons-nous sur quelques passages très prisés par nos prédécesseurs…

I.1. La figure d’Adam
C’est elle qui, durant de longs siècles, inspira la théologie du péché originel.
Le récit yahviste [2] de la Genèse (Gn 2 et 3)

Un enseignement sur Dieu
Il veut le bonheur de l’homme (Gn 2/18), lui qui en est le créateur. Le seul interdit qu’il donne à l’homme est un interdit protecteur (Gn 2/17), pour son bien donc. Il n’est pas le responsable des malheurs de l’homme. Ce rôle est ici tenu par le serpent puis par l’homme lui-même.

Un enseignement sur l’homme
Si l’homme consent au mal et s’en fait le complice, le mal est pourtant déjà là – ne serait-ce que sous la forme de la tentation, de la tromperie et du mensonge (Gn 3/1-5) – avant même son choix d’y consentir. C’est donc que l’homme n’est pas le seul responsable du mal qui l’accable.

Un enseignement sur le péché
Ce premier péché va être présenté comme le péché-type, à savoir le geste de l’homme qui se détourne de Dieu. Rompant la relation de confiance qui existait avec son créateur, l’homme se met à craindre celui qui est pourtant son plus grand bienfaiteur (Gn 3/8-10). Le récit évoque encore le péché comme une désobéissance (St Paul parlera de la « transgression » d’Adam, en Rm 5/14) par rapport à l’interdit divin, comme un désir orgueilleux de refuser son statut de créature pour s’égaler à Dieu (Gn 3/5).

Une question posée au lecteur
Qui est cet homme tiré de la poussière du sol en Gn 4/7 ? S’agit-il de l’homme en général ou d’un individu nommé Adam ? Faut-il voir dans cette histoire un récit populaire exprimant en images le fond de chaque péché et du péché de chacun ou bien la narration circonstanciée d’un péché des origines commis personnellement par nos premiers parents ?
Le terme hébreu employé suggère directement la terre dont l’homme est tiré selon le récit yahviste et pourrait bien être un terme générique pour désigner l’homme en général, tout homme en quelque sorte, surtout lorsqu’il est employé comme un nom commun précédé de l’article. Mais, en certains passages (Gn 4/25 ; Gn 5/3,4,5), « adam » est employé sans article et fonctionne comme un nom propre.
Si l’exégèse moderne penche pour la première ligne d’interprétation, il faut bien reconnaître que les commentaires traditionnels, ignorant l’existence de genres littéraires différents dans la Bible et peu attentifs à la pluralité de sens offerte par l’exégèse rabbinique [3], considéraient l’aventure de M. Adam et de Mme Eve comme une histoire à prendre au pied de la lettre. On sait que ce présupposé rendit même très difficile l’accueil, au siècle dernier, des travaux de Darwin et de toutes les hypothèses soulevées depuis par l’évolution de la cosmologie, de la biologie et des diverses branches de l’anthropologie culturelle. En 1950 encore, le pape Pie XII, dans son encyclique Humani generis , ne voyait guère de compatibilité entre la nouvelle hypothèse d’un polygénisme de l’humanité et le récit biblique, signe qu’on a du mal à se résoudre à ne pas trouver dans la Bible des réponses à nos « comment ? » au-delà des réponses à nos « pourquoi ? »…

L’exégèse typologique de St Paul
Dans la première lettre aux Corinthiens, Adam et le Christ sont face à face, comme source de mort et source de vie : « De même que tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ » (1 Co 15/22,45-49).
Dans l’épître aux Romains, Adam et le Christ sont, en plus, origines l’un du péché, l’autre de la justice. Il faut en effet citer ici le fameux développement du chapitre 5 et notamment le verset 12 dont la traduction, délicate, a donné lieu à diverses interprétations : « de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a atteint tous les hommes parce que [4] tous les hommes ont péché… » (traduction de la TOB).
Dans un cas comme dans l’autre, Paul use d’un artifice littéraire, « un seul », « un seul », qui durcit l’opposition en polarisant l’attention sur Adam, à l’exclusion des autres protagonistes de la faute selon le récit de la Genèse : Eve et le serpent, que Paul mentionne pourtant ailleurs (cf. 2 Co 11/3 ; Ep 2/2 ; 1 Tm 2/14). « Il réduit ainsi, note Gérard-Henry BAUDRY [5], le péché collectif des origines au péché individuel d’Adam pour les besoins de sa rhétorique. »
Ce qui est manifeste, c’est que l’enseignement de Paul porte directement sur le Christ. En ce qui concerne Adam, il reprend seulement certaines conceptions juives de son temps concernant les origines, ayant probablement présent à l’esprit que la communauté chrétienne de Rome est composée en grande partie de judéo-chrétiens. D’ailleurs, après avoir dû mettre ainsi en relief le rôle d’Adam pour les besoins de sa démonstration, Paul s’empresse de le relativiser en ajoutant que « tous ont péché ». Adam ne saurait en effet être mis sur le même plan que le Christ, seul et unique Sauveur.

I.2. D’autres passages de l’Ancien Testament
Difficile d’extrapoler longtemps à partir du seul petit verset de Si 25/24 ! On y retrouve seulement la tendance quelque peu misogyne de Ben Sirac : « C’est par une femme que le péché a commencé et c’est à cause d’elle que tous nous mourons » !
Quant à l’auteur du livre de la Sagesse, en Sg 10/1-2, il glisse sur la faute du premier homme pour ne retenir que la bonté de Dieu qui le relève, comme s’il s’agissait d’une faute de faiblesse… En identifiant le Serpent de la Genèse avec le Diable qui porte la première responsabilité de la mort, il semble bien d’ailleurs vouloir minimiser la culpabilité du premier homme : « Dieu a créé l’homme incorruptible, il en a fait une image de sa propre nature ; c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 2/24).
A l’appui de son élaboration théologique, St Augustin citera encore un extrait des Proverbes : « Qui dira : “j’ai purifié mon coeur, je suis net de tout péché” ? » (Pr 20/9). Dans cette même ligne, deux extraits de psaume évoquent encore ce bain de péché dans lequel est immergé tout homme dès sa naissance : « Voici que je suis né dans l’iniquité » (Ps 50/7) ; « Aucun homme vivant n’est juste devant toi » (Ps 142/2).
Mais, bien plus que ces versets épars, c’est l’héritage de la civilisation patriarcale et la conception traditionnelle du clan comme entité quasi-biologique qui constituent le terreau biblique sur lequel va se développer la théologie du péché originel.
Les anciens Hébreux mettaient en effet l’accent sur la solidarité collective dans le péché et n’hésitaient donc pas à châtier le coupable avec ou dans sa famille et ses descendants (cf. Jos 7/24-26 ; 2 S 21/5). C’en est au point que la pratique de la répression collective est érigée en principe longtemps indiscuté de la conduite même de Dieu : « Je suis un Dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits enfants pour ceux qui me haïssent » (Ex 20/5 et Dt 5/9 ; cf. Ex 34/7 et Nb 14/18). Plusieurs siècles plus tard, en prônant la responsabilité personnelle du pécheur, la prédication du prophète Ezéchiel se heurtera encore à cette mentalité archaïque (Ez 18 ; Jr 31/29), une mentalité qui subsiste toujours chez les disciples de Jésus (cf. Jn 9/2) et dont saint Paul, hélas, n’est pas arrivé à clairement se détacher : « Par la désobéissance d’un seul homme la multitude a été constituée pécheresse » (Rm 5/19).

I.3. D’autres allusions du Nouveau Testament
On peut bien sûr évoquer l’Apocalypse qui parle expressément de « l’antique serpent, le diable ou Satan, comme on l’appelle » (Ap 12/9 ; 20/2).
Mais c’est à la perspective johannique qu’il faut s’arrêter un instant.
Il y a d’abord cette forte affirmation selon laquelle « nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3/5). Cette affirmation, on s’en doute, a dû peser lourd en faveur du baptême des petits enfants.
Mais surtout, chez Jean, le Christ fait face non plus à Adam mais à celui qui est à l’origine du péché : le diable. Ici comme chez Paul, il est question de la « domination » du péché : « En vérité, je vous le dis : quiconque commet le péché est esclave du péché » (Jn 8/34). Comme chez Paul également, celui qui actuellement commet le péché a un prototype et un père : Satan. à deux reprises Jésus, s’adressant aux « Juifs », parle de « votre père » et l’oppose très précisément à Abraham (Jn 8/38-41). Et d’ajouter : « Vous avez pour père le diable, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. Dès l’origine, ce fut un homicide : il n’était pas établi dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Quand il dit ces mensonges, il les tire de son propre fonds, parce qu’il est menteur et père du mensonge » (Jn 8/44). Voila, note P. SCHOONENBERG, « une claire allusion à l’origine, au paradis, où le diable a introduit la mort (Sg 2/24) en induisant l’homme à pécher par son mensonge. Ainsi, chez Jean, le péché se transmet à l’homme comme un héritage spirituel et en tant que domination de Satan. » [6]

II. Le dossier liturgique
« Lex orandi, lex credendi » [7]… Cet adage de notre tradition ecclésiale souligne l’importance de la prière de l’Eglise comme lieu théologique susceptible de nous aider à entrer dans une meilleure compréhension de l’unique dépôt de la foi. C’est donc vers la pratique liturgique de l’Eglise, notamment en matière de baptême, qu’il convient de nous tourner maintenant pour enrichir notre réflexion.

II.1. L’effacement du péché originel ou la victoire contre Satan ?
Il y a, note Gérard-Henry BAUDRY, deux approches de la condition misérable de l’homme. « L’une en fait remonter l’origine à Adam et la présente, certes, comme la conséquence de son péché, mais non pas comme la transmission de ce même péché, nuance importante. Les Pères du second siècle restent fidèles à cette ligne, qui est biblique, en ne parlant pas d’un péché héréditaire dans leur réflexion sur le baptême. Mais il y a aussi une seconde approche, qui prend deux formes : l’une, plus discrète et plus populaire, qui considère que de fait l’homme est souillé dès sa naissance ; et l’autre, plus explicite, qu’il est esclave de Satan. » (…)
« C’est dans la démonologie que les Pères trouvent la réponse au problème du mal. Elle va marquer la liturgie du baptême ainsi que la théologie baptismale (…). Voilà pourquoi le péché d’Adam est refoulé aux origines et est absent de l’idée comme de la pratique du baptême, tandis que Satan est omniprésent comme l’Adversaire du genre humain, celui que le Christ a vaincu par sa mort et sa résurrection. Le baptême est le sacrement de cette victoire. Cette perspective avait l’avantage de rester proche des données évangéliques qui nous montrent constamment le combat que le Christ mène victorieusement contre Satan alors qu’elles ignorent la problématique du péché originel. » [8]

II.2. La pratique du baptême des petits enfants
Même si cette pratique ne semble pas s’être imposée partout [9] et a coexisté avec l’antique tradition du baptême des adultes, elle est attestée très tôt dans l’histoire de l’Eglise [10], en tout cas bien avant que ne soit formalisée la théologie du péché originel. Le baptême n’a d’ailleurs pas pour seul effet la rémission des péchés. Et saint Jean Chrysostome d’ajouter, dans ses Catéchèses baptismales : « C’est pour cette raison que nous baptisons même les petits enfants, bien qu’ils n’aient pas de péchés, pour que leur soit ajouté la justice, la filiation, l’héritage, la grâce d’être frères et membres du Christ, et de devenir la demeure du Saint-Esprit » [11].
Ce n’est qu’avec saint Augustin que cette pratique du baptême des petits enfants va servir d’argument principal à une doctrine du péché originel en cours d’élaboration.

II.3. Les rituels du baptême
Commençons par celui qui sert de modèle à tous les autres, à savoir celui des adultes.
II.3.1. L’initiation chrétienne des adultes
Pour les communautés francophones fut publié en 1974, à titre provisoire, un Rituel du baptême des adultes par étapes ; puis, en 1977, le Rituel du baptême des enfants en âge de scolarité.
Un constat s’impose ici : « Comme dans les rituels anciens, y compris le rituel romain, il n’y est fait aucune mention explicite du péché originel. On reste dans la symbolique traditionnelle, même si on observe un déplacement d’accent. Par exemple la forte opposition entre le monde de Satan et le monde du Christ, marquée par les divers rites d’exorcisme et culminant dans la renonciation à Satan, se trouve beaucoup atténuée. (…) on assiste en quelque sorte à une dé-démonisation des représentations au profit de formules plus générales comme le mal, le péché, l’esprit du mal, la puissance des ténèbres » [12].
C’est tout récemment, en 1997, qu’est parue l’édition francophone dite « définitive » [13] . On ne s’étonnera pas de n’y trouver pas davantage de mention explicite au « péché originel », puisque l’édition de 1997 est , comme celle de 1974, une adaptation du même rituel latin publié en 1972. à noter seulement, parmi toutes les prières proposées dans les exorcismes, quelques allusions à « la faute » (n° 115/4), aux « blessures du péché » (n° 115/9) ou encore à « l’esclavage du péché qui a introduit la mort dans le monde et corrompu ce que tu as fait de bon » (n°172/2).

II.3.2. Le rituel du baptême des petits enfants
Plus encore que pour le baptême des adultes, c’est évidemment là qu’on s’attendrait à trouver mention du fameux « péché originel » ! Or, curieusement, l’ancien rituel publié par le pape Paul V en 1614 [14] n’utilise jamais la formule classique peccatum originale ou une formule équivalente. Ainsi que le note G-H. BAUDRY, « ce fait est d’autant plus surprenant que le concile de Trente, face aux diverses déviations contemporaines, avait précisé la doctrine du péché originel, doctrine qui devait affecter si profondément les mentalités. Tout s’est passé comme si l’on n’avait pas osé toucher aux textes liturgiques traditionnels qui remontaient à une si haute antiquité. » [15]
Verra-t-on un changement notable avec la parution du nouveau rituel de 1969 [16] ? Nullement. La seule mention du « péché originel » se trouve au n°125 dans l’une des deux prières d’exorcisme. Encore faut-il signaler le côté contestable de cette traduction française, puisque le texte latin (langue de référence) du rituel prenait précisément bien soin d’éviter la formule originale peccatum qu’il remplaçait par originalis labes (« chute originelle », « faux pas ») [17].
Au silence de l’écriture, voici que s’ajoute donc celui de la liturgie baptismale à propos de cette représentation du péché originel élaborée par la théologie classique. Il faudra s’en souvenir lorsqu’il s’agira d’évaluer l’importance et la pertinence pour aujourd’hui d’un tel vocabulaire et plus encore des images qui lui sont associées.

III. Le dossier théologique
III.1. Les premiers siècles
La pratique du baptême des petits enfants a dû, très tôt, poser problème eu égard à l’affirmation de l’écriture selon laquelle le baptême est conféré « pour la rémission des péchés » (Ac 2/38). Il fallut donc opérer la distinction entre péché personnel et péché originel, le premier étant en effet difficilement imputable aux enfants nouveaux-nés !
Origène distinguera, quant à lui, « souillure » (sordes) et « péché » (peccatum), les petits enfants en naissant ayant contracté une souillure, mais non un péché, lequel suppose toujours un engagement libre et personnel.

III.2. La puissante influence de St Augustin
Son engagement contre l’hérésie de Pélage, une erreur d’interprétation du fameux verset de Rm 5/12 [18] et, reconnaissons-le, une vision très pessimiste de la sexualité liée à son expérience personnelle, conduisirent l’évêque d’Hippone, d’une part à parler de « péché » là où ses prédécesseurs parlait de « mort » ou de « corruption » pour évoquer un état de l’humanité qui affecte tous ses membres [19], d’autre part à concevoir le péché des hommes non comme une simple imitation du péché d’Adam, mais comme une maladie contagieuse transmise par voie de génération charnelle.
Reliant très fortement l’affirmation universelle du salut à la nécessité absolue du baptême et notamment à la pratique ecclésiale du baptême des petits enfants, il n’hésite pas à prédire l’enfer pour les enfants non-baptisés.
III.3. Les enseignements dogmatiques du synode de Carthage (411), du 2ème Concile d’Orange (529) et de la 5ème session du Concile de Trente (1546)
Entre Pélage qui surestimait les forces de l’homme livré à lui-même et les premiers réformateurs protestants qui enseignaient que l’homme était radicalement perverti et sa liberté annulée par le péché des origines, l’Eglise fut amenée à préciser sa doctrine, en s’appuyant fortement sur la réflexion d’Augustin.
Cet enseignement est repris dans la dernière édition du catéchisme de l’église catholique… sans grand effort de reformulation, il faut bien l’avouer !
À la suite de S. Paul, l’Eglise a toujours enseigné que l’immense misère qui opprime les hommes et leur inclination au mal et à la mort ne sont pas compréhensibles sans leur lien avec le péché d’Adam et le fait qu’il nous a transmis un péché dont nous naissons tous affectés et qui est « mort de l’âme ». En raison de cette certitude de foi, l’Eglise donne le Baptême pour la rémission des péchés même aux petits enfants qui n’ont pas commis de péché personnel. » (C.E.C. n° 403)
(…) en cédant au tentateur, Adam et Eve commettent un péché personnel, mais ce péché affecte la nature humaine qu’ils vont transmettre dans un état déchu. C’est un péché qui sera transmis par propagation à toute l’humanité, c’est-à-dire par la transmission d’une nature humaine privée de la sainteté et de la justice originelles. C’est pourquoi le péché originel est appelé « péché » de façon analogique : c’est un péché « contracté » et non pas « commis », un état et non pas un acte. (C.E.C. n° 404) [20]
(…) la nature humaine n’est pas totalement corrompue : elle est blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à l’empire de la mort, et inclinée au péché (cette inclination au mal est appelée « concupiscence »). Le Baptême, en donnant la vie de la grâce du Christ, efface le péché originel et retourne l’homme vers Dieu, mais les conséquences pour la nature, affaiblie et inclinée au mal, persistent dans l’homme et l’appellent au combat spirituel. (C.E.C. n° 405)

III.4. Un état de péché
On vient de le lire dans le C.E.C., le péché originel qui affecte tout homme en ce monde est un état et non un acte.
Cet aspect de la doctrine catholique n’est pas le plus difficile à recevoir : chacun voit bien, en effet, qu’il y a quelque-chose de cassé dans ce monde (cf. Rm 8/19-21) et que le péché – qui consiste à refuser Dieu – ne fait qu’ajouter à toutes les formes de mal et à leur cortège de souffrances (1 Co 15/16-19). Une lecture théologique de la vie économique amenait ainsi le pape Jean Paul II, dans son encyclique Sollicitudo rei socialis de 1987, à qualifier de « structures de péché » (n° 36) les injustices structurelles qui se renforcent, se répandent et deviennent sources d’autres péchés en conditionnant la conduite des hommes.
Plus radicalement, tout homme se découvre, dès sa naissance, comme blessé par un mal qui le précède, prisonnier du péché dont il ne tarde pas à se rendre complice (cf. Rm 7/19 ; Ga 5/17). ; il est incapable par lui-même d’être ami de Dieu et de participer à sa vie. C’est le côté dramatique de l’existence humaine.
Les conséquences du péché originel et de tous les péchés personnels des hommes confèrent au monde dans son ensemble une condition pécheresse, qui peut être désignée par l’expression de Saint Jean : « le péché du monde » (Jn 1/29). Par cette expression on signifie aussi l’influence négative qu’exercent sur les personnes les situations communautaires et les structures sociales qui sont le fruit des péchés des hommes. (C.E.C. n° 408)

III.5. Un péché des origines ?
Après le « peccatum originale originatum », cette situation générale viciée qui est le lot commun de notre humanité et que nous venons d’évoquer, il convient d’envisager maintenant ce que la théologie scolastique nommait, par opposition, le « peccatum originale originans », c’est-à-dire le péché de nos premiers parents, réputé situé au tout début de l’histoire de l’humanité.
On a déjà mentionné ici les questions posées au lecteur du récit yahviste de la Genèse et la lenteur avec laquelle l’Eglise admit enfin qu’on puisse voir dans ce récit autre chose qu’un événement historique survenu entre M. Adam, Mme Eve et un curieux serpent doté de la parole !
Le récent catéchisme de l’Eglise catholique n’a d’ailleurs pas encore abandonné complètement cette lecture quelque peu naïve, ainsi qu’on peut le constater en lisant le n° 390 :
Le récit de la chute (Gn 3) utilise un langage imagé, mais il affirme un événement primordial, un fait qui a eu lieu au commencement de l’histoire de l’homme. La révélation nous donne la certitude de foi que toute l’histoire humaine est marquée par la faute originelle librement commise par nos premiers parents. (C.E.C. n° 390 ; voir aussi le n° 404 déjà cité).
On peut regretter ici que ce catéchisme n’ait pas retenu la mention moins ambiguë du n° 13 de la constitution conciliaire Gaudium et Spes : « dès le début de l’histoire » ! La formule avait pourtant ceci d’intéressant qu’elle impliquait que l’homme n’avait pas seulement abusé de sa liberté au début de l’histoire, mais dès le début. C’était dire qu’il avait continué d’en abuser après ! C’était surtout refuser de prétendre pouvoir écrire l’histoire du premier péché (les rédacteurs du récit yahviste de la Genèse étaient eux-mêmes déjà immergés dans un monde marqué par le péché !) mais se contenter, plus prosaïquement, d’évoquer l’histoire des péchés qui se multiplient au cours de l’histoire dès son début !
Mais sans doute est-il difficile de penser l’universalité du péché sans le situer à l’origine ?… comme d’affirmer l’unité de l’espèce humaine sans faire dériver ses ancêtres d’un seul et même couple ?
Tel est bien d’ailleurs l’enjeu théologique de cette doctrine du péché originel, avec, comme on l’a signalé dès le début de ces quelques notes, cette autre affirmation vigoureuse : non seulement Dieu n’est pas l’auteur du mal et de la mort, mais Il peut en délivrer tous les hommes, en Jésus Ressuscité.
La doctrine du péché originel est pour ainsi dire le « revers » de la bonne Nouvelle que Jésus est le Sauveur de tous les hommes, que tous ont besoin du salut et que le salut est offert à tous grâce au Christ. L’Eglise qui a le sens du Christ sait bien qu’on ne peut pas toucher à la révélation du péché originel sans porter atteinte au mystère du Christ. (C.E.C. n° 389)

III.6. Un travail de reformulation encore à faire
Pour être normatives, les définitions conciliaires de Carthage et de Trente n’en ont pas moins vieilli. Elles nécessitent, comme l’affirmait Paul VI dès 1966, une « définition et une présentation du péché originel qui soient plus modernes, c’est-à-dire qui satisfassent davantage aux exigences de la foi et de la raison, telles qu’elles sont ressenties et exprimées par les hommes de notre temps » [21].
Vingt ans plus tard, lui faisaient écho les propos du cardinal J. RATZINGER qui reconnaissait : « L’incapacité de comprendre et de présenter le ’péché originel’ est vraiment un des problèmes les plus graves de la théologie et de la pastorale actuelle » [22].
Nos enquêtes, même succinctes, en direction de la Bible et de la pratique baptismale de l’Eglise au long des siècles nous amènent d’ailleurs à relativiser sinon une doctrine du moins une formulation si faiblement enracinée dans l’Ecriture et la prière de l’Eglise.
C’est ainsi que les progrès de l’exégèse et de l’histoire nous obligent déjà à reconsidérer de manière critique l’interprétation donnée aux quelques versets de l’épître aux Romains sur lesquels repose l’essentiel de l’édifice théologique nommé « péché originel », ainsi que la justification donnée par le concile de Carthage et reprise par celui de Trente à l’appui des condamnations qu’ils prononcent.
L’un et l’autre conciles veulent voir en effet leur doctrine présente en Rm 5/12 et n’hésitent pas à déclarer : « on ne peut pas comprendre autrement ce que dit l’Apôtre : ’Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui’ (Rm 5/12), sinon de la manière dont l’Eglise catholique répandue par toute la terre l’a toujours compris [23]. » La redécouverte de la tradition grecque ne rend plus tenable cette affirmation, laquelle d’ailleurs, dans la mesure où elle suit la formule « anathema sit », semble bien être davantage une justification qu’une explication incluse dans l’anathème et donc ne pas faire autant autorité.
D’un autre côté, et sauf le respect que l’on doit à son immense talent, il faut bien reconnaître qu’à trop vouloir se servir de l’antique pratique du baptême des petits enfants pour justifier sa construction théologique, St Augustin n’a probablement pas franchement rendu service à notre église.
N’est-il pas temps aujourd’hui de retrouver toute la richesse de cette pratique et la signification première d’un baptême qui célèbre la primauté, non du péché, mais de la grâce du Christ ?
Et au lieu de se crisper, voire de prétendre partir du « péché originel », n’est-il pas plus conforme à l’évangile et plus urgent pour nos contemporains de parler de « la grâce originelle » ?
Puissent ces quelques lignes nous stimuler en ce sens !

 

LE CARÊME : SES GRANDS AXES

6 mars, 2014

http://www.prierenfamille.com/Fiche.php?Id=207

LE CARÊME : SES GRANDS AXES

Au temps de Noël, la liturgie nous a fait contempler le mystère de l’Incarnation.
La fête de la Présentation au Temple, célébrée de 2 février, a été comme la charnière entre le mystère de l’Incarnation et celui de la Rédemption
Nous abordons maintenant le Carême, où la liturgie nous introduit dans le mystère de la Rédemption : si Jésus s’est fait homme (Incarnation), c’est pour nous sauver (Rédemption).
Jésus nous a d’abord attirés à Lui par les douceurs de son enfance, la simplicité de la vie évangélique, puis par la lumière de ses enseignements et sa puissance manifestée par ses miracles.
Il nous invite maintenant à Le suivre sur une voie plus rude, celle de l’effort et du renoncement.
Avant d’inaugurer sa prédication et sa mission de Rédempteur du genre humain, Il fut, nous dit saint Marc, poussé par l’Esprit dans le désert pendant quarante jours pour y être tenté par Satan. (Mc 1, 12)
Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu…
En ce temps de Carême, la liturgie nous invite à regarder Jésus au désert où Il prie, Il jeûne, Il subit les assauts du démon : c’est une invitation à réfléchir sur nous-mêmes, car c’est pour nous que Jésus prie et fait pénitence, et qu’Il laisse le démon L’approcher…

1 – Un temps de prière et de pénitence, un temps de purification
2 – Le Carême est une montée vers la fête de Pâques
3 – Le Carême nous prépare à suivre Jésus dans le mystère de sa Passion
4 – Prendre conscience du péché dans notre vie
5 – Une lutte nécessaire : le Carême est le temps du combat spirituel
6 – Le Carême : un temps privilégié pour la réconciliation
1 – Un temps de prière et de pénitence, un temps de purification
A l’exemple de cette retraite de Jésus au désert, et de sa lutte contre Satan, le Carême est pour nous un temps de prière et de pénitence. Il est destiné à nous préparer à célébrer « avec des âmes et des corps purifiés le mystère sublime entre tous de la Passion du Seigneur. » (St Léon)

Pour pouvoir entrer dans « ce mystère sublime entre tous », il nous faut reprendre conscience de deux choses : la grandeur de Dieu et sa bonté et, en conséquence, la gravité du péché.
Avant de pouvoir entrer dans la Terre Promise, les Hébreux ont dû errer dans le désert pendant quarante ans pour se purifier des attaches païennes qui leur restaient de leur séjour en Egypte.
De même, pour nous, le Carême (quarante jours) est un temps de purification où nous sommes invités à travailler à notre conversion : revenir vers Dieu, et Lui soumettre toute notre vie.
« Convertissez-vous au Seigneur notre Dieu, parce qu’il est bon et compatissant, patient et riche en miséricorde » (Jl 2, 13)
Ce temps de purification est nécessaire pour pouvoir goûter ensuite la Joie de la Résurrection et bénéficier du mystère de notre Rédemption par lequel Jésus nous rend participants de sa Divinité.
2 – Le Carême est une montée vers la fête de Pâques
A l’image de la vie terrestre, qui est une préparation à la vie de l’éternité, la signification essentielle du Carême est de nous préparer à la grande fête de Pâques, en nous faisant entrer, à la suite de Jésus, notre Sauveur, dans le mystère pascal : mort au péché et résurrection à notre vie d’enfant de Dieu.
3 – Le Carême nous prépare à suivre Jésus dans le mystère de sa Passion
Avant d’aboutir à la Résurrection, le temps du Carême comprend deux parties bien distinctes :
- le temps de la purification de l’âme (qui correspond au séjour de Jésus dans le désert) ;
– le temps du rachat par la Passion de Jésus notre Sauveur : c’est l’acte de notre Rédemption.
On ne peut pas – on ne doit jamais – dissocier ces deux éléments du mystère pascal : mort et Résurrection.
Parler du Mystère de la Croix n’est pas chose facile. On est davantage enclins à parler de dynamique, d’action positive, d’enthousiasme.
On parle plus rarement du péché qui est un manque à l’Amour de Dieu : Il pardonne facilement, dit-on… Mais on oublie la pénitence, la conversion, la réparation… Si l’on savait « Qui » est Dieu, jamais on ne pécherait.
Il faut, au début de ce carême, demander à Dieu la grâce d’avoir (ou de retrouver) un sens aigu du péché.
Nous pourrons alors comprendre pourquoi il nous faut nous convertir, ce que veut dire le mot « conversion ». Nous comprendrons que la réparation est nécessaire pour que nous puissions entrer dans le Cœur de Jésus. (Extrait du bulletin des Adorateurs de Montmartre)
4 – Prendre conscience du péché dans notre vie
Le temps du Carême, traditionnellement consacré au travail de purification de nos âmes, nous invite à travailler à une réflexion approfondie sur la place du mal dans notre vie… ce que nous n’aimons pas trop ! C’est pourtant le temps favorable (Is 49, 8 – 2 Co 6, 2) pour prendre conscience de nos misères, de nos faiblesses et pour retrouver le sens du péché. Acte d’humilité qui nous permettra de voir clair en nous-mêmes.
Nous pourrons alors affermir notre volonté et décider de changer de vie pour la rendre plus conforme à l’Evangile : Convertissez-vous et croyez à l’Evangile… (Mc 1, 15) (imposition des Cendres).
Soumettez-vous à Dieu et résistez au démon : il s’enfuira loin de vous.
Approchez-vous de Dieu et lui s’approchera de vous.
Pécheurs, enlevez la souillure de vos mains ; hommes partagés, purifiez vos cœurs.
Abaissez-vous devant le Seigneur, et Il vous élèvera. (Jc 4, 7-8 ; 10)
La conversion consiste à remettre Dieu au centre de notre vie : « se retourner vers le Créateur, se détourner de la créature ».
5 – Une lutte nécessaire : le Carême est le temps du combat spirituel
Ce retour à Dieu ne va pas sans un combat contre le démon :
Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler. (CEC 1426)
Le Carême est un temps de lutte : nous avons toujours à vaincre en nous certaines résistances de notre nature blessée, faussée par le péché, de mauvaises habitudes, de notre amour-propre…
Nous avons encore à combattre les mouvements de la concupiscence qui ne cessent de nous porter vers le mal (CEC 978)…
Cette lutte appartient à l’héritage du péché, elle en est une conséquence et fait partie de l’expérience quotidienne du combat spirituel. (CEC 2516 – voir aussi § 405).
Voir à ce sujet : le carême : un temps de combat spirituel.
Ce retour à Dieu nous obtient la joie de la réconciliation, du pécheur qui se sait pardonné :
6 – Le Carême : un temps privilégié pour la réconciliation
Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. (2 Co 5, 20)
(2° lecture – mercredi des Cendres)
Dans ce chemin de réconciliation, trois étapes à parcourir :
1 – se réconcilier avec Dieu
C’est tout l’itinéraire de l’enfant prodigue : Luc 15, 11-32.
C’est notre image à tous, l’exemple de l’attitude à prendre devant Dieu : Oui, je me lèverai et j’irai vers mon Père, et je lui dirai : « Père, j’ai péché contre le Ciel et contre Toi… » (Lc 15, 18)
Humilité et confiance totale en l’infinie bonté et miséricorde de Dieu, être sûr de son pardon dès qu’on revient à Lui.
2 – se réconcilier avec soi-même
C’est souvent bien difficile de s’accepter tels que nous sommes et de « se pardonner » de ne pas être tel qu’on le voudrait. C’est si facile de « s’idéaliser ». Etre vrai avec soi-même, ce n’est pas facile…
Ce temps de Carême va nous aider à nous regarder dans la vérité, comme Dieu nous voit, à recevoir son amour malgré nos défauts sans nous dépiter sur nous-mêmes. Chemin de guérison intérieure :
Oui, je reconnais mon péché, ma faute est toujours devant moi… (Ps 50, 5)
3 – se réconcilier avec les autres
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation… la correction fraternelle… (CEC 1435)
C’est le chemin du pardon.
Il y a des pardons à donner, d’autres à recevoir. Mais comme c’est difficile quelquefois ! Comme cela coûte à notre fierté, notre amour-propre !
Dieu, à travers le sacrement de la réconciliation, nous en donnera la force.
Si tu te présentes à l’autel et que, là, tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; tu viendras alors présenter ton offrande. (Mt 5, 24)
Quand vous êtes debout pour prier, pardonnez si vous avez quelque chose contre quelqu’un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. (Mc 11, 25)
Le Carême est donc le temps privilégié pour une bonne confession : c’est là que nous recevons l’assurance d’être réconciliés avec Dieu, qu’Il nous a pardonné.
Concrètement, comment travailler à cette conversion ?
La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation, par le souci des pauvres, l’exercice et la défense de la justice et du droit, par l’aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l’examen de conscience, la direction spirituelle, l’acceptation des souffrances, l’endurance de la persécution à cause de la justice.Prendre sa croix chaque jour et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence.(CEC 1435)
Voir à ce sujet : Quelles résolutions pour un bon Carême ?
Les 3 « P »: Prière, Pénitence, Partage
Trois grands axes d’action nous sont traditionnellement indiqués par la liturgie pour le Carême :
La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées.
L’Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : la prière, le jeûne, l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à Dieu, par rapport à soi-même et par rapport aux autres… (CEC 1434)
1 – Si la prière exprime notre conversion par rapport à Dieu, le carême est bien le moment de l’intensifier.
Voir à ce sujet : Prières pour le temps du Carême
2 – Sous le terme de « pénitence, » plusieurs orientations sont à envisager :
- d’abord, l’esprit de pénitence ou pénitence intérieure : « une attitude d’âme, un sacrement ».
– ensuite, les actes pratiques de la pénitence, expression extérieure de la pénitence intérieure.
Voir à ce sujet : Les actes pratiques de la pénitence
3 – L’aumône (ou partage), qui n’est autre que l’expression de l’ouverture de notre cœur aux autres.
Voir à ce sujet : Le partage ou aumône
Le temps des bonnes résolutions
A chacun de prendre les résolutions sur les points qui lui sont nécessaires.
Le carême d’une carmélite ne sera pas celui d’une mère de famille, d’un homme d’affaires ou d’un travailleur de force…Pourtant, tous sont concernés par cette voie de purification pour se rapprocher de Dieu.
Voir à ce sujet : Quelles résolutions pour un bon Carême ?

Le Carême de nos enfants
Si le Carême est le temps où nous sommes invités à lutter contre nos défauts, ne pensons pas que nos enfants en soient exemptés. Quoiqu’en pensent certains, les tendances au mal existent déjà dans nos chers « petits trésors », tout comme en nous-mêmes.
La doctrine sur le péché originel – liée à celle de la Rédemption par le Christ – donne un regard de discernement lucide sur la situation de l’homme et de son agir dans le monde.
Par le péché des premiers parents, le diable a acquis une certaine domination sur l’homme, bien que ce dernier demeure libre. (…)
Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale et des mœurs. (CEC 407)
Le combat spirituel, c’est aussi pour eux !
Plus tôt ils prendront l’habitude de résister à ces tendances au mal, mieux ce sera, pour eux… et pour nous. Et, tout particulièrement, pour leur vie surnaturelle.
Le programme de Carême sera donc le même que pour les parents, mais mis à leur portée.
Il dépend de nous de les introduire dans cette spiritualité du carême, de les aider et les soutenir dans cette lutte contre leurs défauts.

PRENDRE AU SÉRIEUX L’INCARNATION

2 décembre, 2013

http://www.dominicains.fr/menu/nav_magazine/Reflexion/Liturgie/L-Avent-Noel-et-l-Epiphanie/Prendre-au-serieux-l-Incarnation

PRENDRE AU SÉRIEUX L’INCARNATION

La liturgie de l’Avent nous fait vivre à la fois une préparation à la célébration de Noël, et une entrée dans l’espérance de la seconde venue du Sauveur à la fin des temps. Elle nous situe dans le passé, le présent et l’avenir. En annonçant à la fois la naissance de Jésus, la venue des temps messianiques et le retour du Seigneur, la Parole de Dieu nous oblige à découvrir le sens chrétien du temps : Le Christ vient à nous aujourd’hui et l’histoire de salut s’effectue dans notre propre histoire. Quand l’Eglise reprend à son compte les textes prophétiques ou psalmiques, elle ne les applique pas du dehors aux circonstances présentes; elle reconnaît que ces prophéties, ces psaumes ne trouvent leur totale réalité que dans le Christ et, maintenant, dans son Eglise.

Vivre l’avent implique une conversion Chaque année l’Eglise nous met en situation vitale d’espérance en nous invitant à vivre l’Incarnation comme un « aujourd’hui ». Mais il est impossible d’entrer dans cette attitude, en vérité, sans la reconnaissance sincère de ce que nous sommes et de ce que nous nous sommes appelés à être. L’Église – et chacun de nous en elle – doit avoir le courage d’affronter la réalité de son état, reconnaître les résistances que rencontre l’accueil de l’Evangile, afin d’aviver en soi le dynamisme de l’espérance. De ce point de vue, il est intéressant d’être attentifs aux attitudes des croyants que les textes bibliques nous présentent. Durant l’Avent, en effet, nous relisons l’histoire du Salut en faisant route commune avec

Trois personnages-clés liés à l’avènement de Jésus ¦ Isaïe , avec sa vision grandiose de la venue du Seigneur (cf. les premières lectures des années A. et B des dimanches de l’Avent) ¦ Jean Baptiste, qui rappelle que la venue du Seigneur suppose accueil de notre part ; car le comportement de Jésus peut être déroutant et contredire nos convictions les plus évidentes (cf. les évangiles des 2ème et 3ème dimanches des années A, B, C) ¦ Marie, qui est la première et la figure par excellence des croyants du Nouveau Testament, accueille avec une foi active le don de Dieu et la puissance de l’Esprit (cf. les évangiles du 4ème dimanche des années B et C) Autant de cheminements qui éclairent bien des aspects de nos propres cheminements. Une méditation chrétienne pendant l’Avent pourrait, avec fruits, se centrer sur ces personnages. Ils nous conduisent tous au Christ.

Comme le dit la seconde Préface de l’Avent : Celui que tous les prophètes avaient chanté, celui que la Vierge attendait avec amour, celui dont Jean Baptiste a proclamé la venue et révélé la présence au milieu des hommes. C’est lui qui nous donne la joie d’entrer déjà dans le mystère de Noël, pour qu’il nous trouve, quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse..

LES PSAUMES DE PÉNITENCE

9 octobre, 2013

http://www.spiritualite-chretienne.com/misericorde/reconciliation-07.html

LES PSAUMES DE PÉNITENCE

La tradition de l’Eglise connaît six « Psaumes de pénitence » ; chacun d’eux exprime, en une prière, le processus du péché, de l’aveu et du pardon :

Ps. 6 : Seigneur, guéris-moi
          « Reviens, Yahvé, délivre mon âme,
          sauve-moi, en raison de ton amour… »
Ps. 32 (31) : j’ai confessé ma faute
          « J’ai dit : J’irai à Yahvé
          confesser mon péché… »
Ps. 38 (37) : la conversion silencieuse
          « Ma faute, oui, je la confesse,
          je suis anxieux de mon péché… »
Ps. 51 (50) : le cœur nouveau
          « Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté,
          en ta grande miséricorde efface mon péché… »
Ps. 102 (101) : le temps est court
          « Yahvé, entends ma prière,
          que mon cri vienne jusqu’à toi… »
Ps. 130 (129) : des profondeurs je crie vers Toi
          « Si tu retiens les fautes, Yahvé,
          Seigneur, qui subsistera ? »
Ps. 143 (142) : la résurrection : tu me feras vivre (v. 11-12).
          « Détruits tous les adversaires de mon âme,
          car moi je suis ton serviteur. »

Voyons deux de ces Psaumes plus en détail, qui expriment de manière pénétrante le processus du péché, de la contrition, de la confession et du pardon : les Psaumes 50 et 31.

Le constat :

Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté,
en ta grande miséricorde efface mon péché,
lave-moi tout entier de mon mal
et de ma faute purifie-moi.
Car mon péché, moi, je le connais,
ma faute est devant moi sans relâche ;
contre toi, toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ps 51 (50), 2-6

Ote mes taches avec l’hysope, je serai pur ;
lave-moi, je serai blanc plus que neige.
Rends-moi le son de la joie et de la fête :
qu’ils dansent, les os que tu broyas !
Détourne ta face de mes fautes,
et tout mon mal, efface-le.
Ps 51 (50), 9-11

L’attente qui ronge :

Je me taisais, et mes os se consumaient
à rugir tout le jour ;
la nuit, le matin, ta main
pesait sur moi ;
mon cœur était changé en un chaume
au plein feu de l’été.
Ps 32 (31), 3-4

La contrition :

Le sacrifice à Dieu, c’est un esprit brisé ;
d’un cœur brisé, broyé, Dieu, tu n’as point de mépris.
Ps 51 (50), 19

L’aveu et le pardon :

Ma faute, je te l’ai fait connaître,
je n’ai point caché mon tort ;
j’ai dit : J’irai à Yahvé
confesser mon péché.
et toi, tu as absous mon tort,
pardonné ma faute.
Ps 32 (31), 5

La délivrance :

Tu es pour moi un refuge,
de l’angoisse tu me gardes,
de chants de délivrance tu m’entoures.
Ps 32 (31), 7

La joie du pécheur pardonné :

Heureux qui est absous de son péché,
acquitté de sa faute !
Ps 32 (31), 1

Et la joie au Ciel :

« C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n’ont pas besoin de repentir. »
Lc 15, 7

LA JOIE, LA FOI, LA CROIX : SAINTETÉ SACERDOTALE

9 octobre, 2013

http://www.diocese-frejus-toulon.com/La-joie-la-foi-la-Croix-saintete.html

LA JOIE, LA FOI, LA CROIX : SAINTETÉ SACERDOTALE

 LE LUNDI 25 MARS 2013

A l’occasion de la messe chrismale, célébrée le 25 mars 2013 en la cathédrale Sainte-Marie de la Seds à Toulon monseigneur Dominique Rey a donné l’homélie reproduite ci-après. Voir aussi, au bas de l’article, la vidéo enregistrée par Cançao Nova au cours de la Messe qui a regroupé près de 200 prêtres, 20 diacres, de nombreux consacrés et fidèles.

Chers frères dans le sacerdoce,
En ce début du troisième millénaire, nous nous trouvons dans une époque d’autant plus incertaine que nous traversons des métamorphoses profondes, inédites et ambivalentes qui font à la fois espérer le meilleur et craindre le pire. Avant de trouver des réponses à ces défis, il faut au préalable séjourner dans les paradoxes que suscitent ces bouleversements.

J’en cite quelques uns :
- 1 – Alors que l’Evangile parle de croissance du Royaume, en Europe, nous subissons de plein fouet comme une éradication du christianisme et son décrochage numérique.
- 2 – Comment évangéliser des nations qui ont déjà été évangélisées ? Le christianisme fait plus souvent office de souvenir que de promesse.
- 3 – Comment transmettre le message évangélique énoncé par écrit à une culture de l’image ? Comment passer du dire au voir ?
- 4 – Dans un monde de flux et de réseaux, de mobilité permanente, comment signifier la logique de l’incarnation,
- 5 – Comment parler de la grâce alors que prévaut l’auto-suffisance et le refus de la transcendance ?
- 6 – Face au diktat de la performance et de la réussite, quelle place accorder à la précarité, à la souffrance, à la défaillance, alors que c’est le chemin par lequel Jésus a révélé sur le Golgotha la grandeur de son amour ?
- 7 – De quelle manière accéder à l’intelligence de la foi, à une démarche argumentée alors que la pensée se fait parcellaire, mimétique, que prime l’émotion et le ressenti ?
- 8 – Comment la quête légitime d’identité chrétienne peut-elle ne pas se traduire en repli identitaire ?
- 9 – Comment façonner la communion dans un contexte marqué par la diversité « affinitaire » et l’individualisme ?

Chers frères, avant que d’imaginer des solutions « clés en main », pour répondre à ces défis, ou bien de camper dans des postures spiritualisantes ou nostalgiques du passé idéalisé, la foi nous invite à faire œuvre de discernement spirituel par rapport à ces paradoxes. Je soulignerai quelques lieux de ce discernement :

- A – Ce discernement consiste d’abord à épouser le regard de Dieu sur le monde, sur l’Eglise et sur nous-mêmes. C’est à l’intérieur de ce regard que notre action trouve sa pertinence et sa fécondité, et que nous avons une chance de ne pas intervenir à contretemps. Ce regard aimant de Dieu convertit le nôtre. C’est le regard du père prodigue de l’évangile de Luc, c’est le regard du pasteur qui part à la recherche de la brebis égarée. Le regard de Dieu est fait d’attention, d’espérance, de confiance, de sollicitude, de résilience. Ce regard nous apprend à recevoir le temps de Dieu et à inscrire notre action dans ce que l’Esprit est déjà en train d’accomplir au cœur du monde.
Ce « presque rien » (Jankelevitch), du passage par Dieu, fait de nous des veilleurs, des sentinelles au cœur de notre monde. On n’évangélise pas notre monde de l’extérieur, mais à l’intérieur de ce regard aimant de Dieu qui réclame le silence, la prière, l’adoration et l’intelligence de la foi comme préalable à toute action, alors même que notre tempérament et la culture technicienne de notre temps nous pousseraient à l’engagement dans l’urgence. Le vrai défi du prêtre, du chrétien, c’est de ne pas se laisser consumer par l’action, c’est de s’affranchir de la prégnance de l’immédiat, c’est consentir au primat de la grâce, c’est conquérir un espace intérieur où l’on peut « sentir et goûter les choses intérieurement » (Ignace de Loyola), où l’on décrypte les signes des temps, où on laisse Dieu « devenir Dieu en soi » (Maître Eckhart) car on ne parle avec justesse que de ce que l’on vit intérieurement. C’est à partir de ce regard théologal que le chrétien s’adresse au monde.
- B – Un autre critère de discernement de notre engagement, c’est l’exemplarité. Notre cohérence de vie mesure notre crédibilité missionnaire. Cette cohérence relève d’une unification de soi à partir de l’Evangile et à la suite du Christ portant sa Croix. C’est en raison de ce que Dieu a fait en nous, c’est à cause de ce que Dieu a fait de nous, que nous tenons la preuve de son existence et de sa miséricorde, que se rend palpable la puissance transformante de son amour. Le témoignage que nous avons à rendre relate une expérience fondatrice, une rencontre à la fois personnelle et communautaire avec Dieu. Ce témoignage est signe de contradiction et d’espérance. Ce témoignage (s’il est persuasif sans être racoleur) entraîne les autres par l’élan démonstratif qui le traverse.
- C – Le témoignage de la vérité constitue un 3ème lieu de discernement, alors que prévaut la dictature du relativisme. En effet, le témoignage de vie doit embrayer sur le témoignage de la vérité, sinon il risque de ramener l’autre à soi, et non pas au Christ. Ce témoignage s’énonce dans l’attestation joyeuse, mais aussi dans le dialogue de raison.
Le futur pape François invitait, il y a quelques mois, à retrouver un langage simple, dépouillé (franciscain), une parole humble, avec un cœur brûlant afin d’ouvrir l’accès de notre monde de Dieu.
« Il ne suffit pas que notre vérité soit orthodoxe et notre action pastorale efficace. Sans la joie de la beauté, la vérité devient impitoyable, froide et orgueilleuse, ce que nous voyons dans le discours de nombreux fondamentalistes amers. » (card. Jorge Mario Bergoglio – Homélie de la messe chrismale, 21 avril 2011).
- D – Il y a a un 4ème critère de discernement, c’est que la foi se dit au monde par des mots, mais elle s’inscrit aussi dans la chair de ce monde par des signes. Le prêtre est homme de parole (de la Parole), mais aussi homme des sacrements. « Il signifie » au sens étymologique du terme. Manger, se baigner, se parfumer… autant de gestes domestiques que l’Eglise par sa liturgie a convertis, investis, exhaussés en attestation du Salut. Ces signes humbles dans leur matérialité, sont porteurs de la grâce sanctifiante de Dieu. Ils sont devenus des signes doxologiques, mystagogiques, eschatologiques… Et ils font de la liturgie la pédagogie la plus complète de la foi.
La foi s’énonce, non seulement à partir des signes sacramentels mais aussi par le signe que représente une communauté chrétienne rassemblée dans la charité, au nom de Jésus. Déjà, en 1969, le cardinal Ratzinger, convaincu que l’Eglise traversait une période chaotique semblable à celle des Lumières et de la Révolution française, invitait l’Eglise devenue minoritaire à adopter une posture évangélique et prophétique de résistance spirituelle et intellectuelle. Je le cite : « Nous sommes à un tournant considérable de l’évolution de l’humanité. Un moment à côté duquel le passage du Moyen Age à l’époque moderne semble presque insignifiant. Mais de la crise actuelle, poursuivait-il, émergera une Eglise dépouillée. Elle deviendra plus petite et devra plus ou moins recommencer comme à l’origine. Avec la diminution des fidèles, elle perdra aussi de nombreux privilèges sociaux. Elle renaîtra autour de petits groupes, et de mouvements minoritaires qui remettront la foi au centre de leur espérance. Ce sera une Eglise plus spirituelle, renonçant à toute prétention politique. Pauvre, elle redeviendra l’Eglise des nécessiteux. »
- E – La nouvelle évangélisation nous expose enfin à un 5ème discernement, celui de nous positionner sur le nouveau périmètre de notre monde, sans qu’on dispose toujours d’itinéraires balisés pour l’investir. La postmodernité prétend abolir les frontières : entre les peuples, par la mondialisation ; entre les sexes, par le gender ; entre le profane et le sacré, en revendiquant une laïcité d’exclusion. En réalité, la postmodernité érige une nouvelle frontière, celle formée par le territoire de l’ego : Dans notre « société liquide » (Zygmunt Bauman), l’individu est institué nomade, sans boussole et auto-référé, et il s’arroge le droit de bâtir un nouvel ordre mondial et un droit à la mesure de lui-même : le droit de fabriquer la vie et de cesser de vivre, le droit de se marier avec qui il veut, d’adopter des enfants qu’il se choisit… L’individu s’en remet à l’Etat pour qu’il légitime ses revendications narcissiques. Et l’Etat, devenu autiste, n’est plus au service du bien commun, mais à la solde des lobbys et il organise les ruptures anthropologiques, malgré l’exaspération de la rue qui voit rajouter à la crise économique actuelle une crise sociétale et morale majeure.
Il nous faut inventer de nouvelles formes de proximités à notre société, là où elle se fissure, là où elle guette des raisons d’espérer, là où le monde attend l’annonce explicite du salut par le témoignage de la fraternité. Récemment, un SDF me disait : « La tragédie pour moi n’est pas de manquer de tout, mais de ne compter pour rien, et de ne pouvoir compter sur personne. »
Chers Frères dans le sacerdoce, nous devons aborder la mission que l’Eglise nous confie avec courage et humilité. Le monde attend de nous un triple message : celui de la joie, la joie d’être au Christ, la joie de Le porter au monde ; celui de la foi vécue dans l’Eglise en laquelle s’enracine notre apostolat ; celui de la Croix. Au cours de sa messe d’installation à Rome, le pape François invitait tous les chrétiens à faire le choix de la Croix. « Ayons le courage, vraiment le courage de marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur, d’édifier l’Eglise sur le sang du Seigneur versé à la Croix, de confesser la gloire du Christ crucifié. »
La joie, la foi, la Croix. Notre sainteté sacerdotale (notre fécondité ministérielle) sera de mettre en œuvre ce triptyque, là où Dieu nous a placés.

+ Dominique Rey
Cathédrale Notre Dame de la Seds
25 mars 2013
Merci de ne pas reproduire sans un accord préalable et sans citer la source par la publication d’un lien explicite au site

LITANIES DE NOTRE-DAME DU MONT CARMEL

16 juillet, 2013

http://www.mariedenazareth.com/6530.0.html?&L=0

LITANIES DE NOTRE-DAME DU MONT CARMEL

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu,ayez pitié de nous.
Esprit-Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie,
(on répond : priez pour nous pécheurs).

Notre-Dame du Mont Carmel, Reine du Ciel,
Notre-Dame du Mont Carmel, Victorieuse de Satan,
Notre-Dame du Mont Carmel, Fille très obéissante,
Notre-Dame du Mont Carmel, Vierge très pure,
Notre-Dame du Mont Carmel, Epouse très dévouée,
Notre-Dame du Mont Carmel, Mère très tendre,
Notre-Dame du Mont Carmel, Modèle parfait de vertu,
Notre-Dame du Mont Carmel, Ancre sûre d’espérance,
Notre-Dame du Mont Carmel, Refuge dans l’affliction,
Notre-Dame du Mont Carmel, Dispensatrice des dons de Dieu,
Notre-Dame du Mont Carmel, Bastion contre nos ennemis,
Notre-Dame du Mont Carmel, notre Aide dans le danger,
Notre-Dame du Mont Carmel, Chemin menant à Jésus,
Notre-Dame du Mont Carmel, notre Lumière dans les ténèbres,
Notre-Dame du Mont Carmel, notre Consolation à l’heure de la mort,
Notre-Dame du Mont Carmel, Avocate des pécheurs les plus abandonnés,
Pour ceux qui sont endurcis dans le vice,
(on répond : nous venons à Vous avec confiance,
O Notre-Dame du Mont Carmel).
Pour ceux qui offensent votre Divin Fils,
Pour ceux qui négligent de prier,
Pour ceux qui sont à l’agonie,
Pour ceux qui diffèrent leur conversion,
Pour ceux qui souffrent en purgatoire,
Pour ceux qui ne Vous connaissent pas,

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
pardonnez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
exaucez-nous Seigneur.

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
ayez pitié de nous Seigneur.

Notre-Dame du Mont Carmel, Espérance des désespérés,
intercédez pour nous auprès de Votre Divin Fils.

PRIONS
Notre-Dame du Mont Carmel, glorieuse Reine des Anges, Canal de la plus tendre miséricorde de Dieu envers les hommes, Refuge et Avocate des pécheurs, je me prosterne devant Vous avec confiance, vous suppliant de m’obtenir…
En retour, je vous promets solennellement d’avoir recours à Vous dans toutes mes épreuves, mes souffrances, mes tentations, et je ferai tout en mon pouvoir pour engager les autres à Vous aimer, à Vous vénérer, et à Vous invoquer dans tous leurs besoins.
Je vous remercie pour les grâces sans nombre que j’ai reçues de Votre miséricorde et de Votre puissante intercession. Continuez d’être ma défense dans le danger, mon guide pendant la vie et ma consolation à l’heure de la mort.
Ainsi soit-il !
Notre-Dame du Mont Carmel, Avocate des pécheurs les plus abandonnés, priez pour l’âme du pécheur le plus abandonné de l’univers (ou pour l’âme de…). Alors les Anges du Ciel se réjouiront et l’enfer sera privé de sa proie.
Je viens à Vous avec confiance, O Notre-Dame du Mont Carmel.

N.B. Ces litanies de Notre-Dame du Mont Carmel ont été répandues en langue anglaise au cours de l’année 1912 par les soins des Pères Carmes d’Englewood (Etats-Unis), munies de l’imprimatur de l’évêque de New-Jersey.
Les Pères Carmes avaient ajouté la mention : «Ces belles litanies ont été trouvées très efficaces par tous ceux qui les offrent pour la conversion des pécheurs».
Prier ensuite : Un « Notre Père » + Un « Je vous salue Marie » et terminer par le signe de Croix

MUSIQUE SACRÉE ET ÉVANGÉLISATION, MESSAGE DU PAPE BENOIT XVI (2012)

25 juin, 2013

http://www.narthex.fr/patrimoines/patrimoine-musical/musique-sacree-et-evangelisation-message-du-pape-benoit-xvi

MUSIQUE SACRÉE ET ÉVANGÉLISATION, MESSAGE DU PAPE BENOIT XVI

Publié le : 27 Novembre 2012

Message du Saint-Père aux membres de l’association musicale italienne Santa Cecilia, réunis pour un congrès à Rome. Cité du Vatican, 10 novembre 2012

« La musique sacrée peut favoriser la foi et contribuer à la nouvelle évangélisation », a dit le Pape aux membres de l’association musicale italienne Santa Cecilia, réunis pour un congrès à Rome. Leur rappelant que cette rencontre coïncidait avec le 50 anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II et l’Année de la Foi, Benoît XVI a consacré une grande partie de son discours aux enseignements de la constitution conciliaire sur la liturgie, notamment à ceux concernant la musique sacrée: « A propos de la foi, on pense spontanément à la vie de saint Augustin…dont la conversion est certainement due en grande partie à l’écoute du chant des psaumes et des hymnes dans les liturgies présidées par saint Ambroise. Si, en effet, la foi naît toujours de l’écoute de la parole de Dieu, d’une écoute des sens qui passe aussi par l’esprit et le cœur, il ne fait aucun doute que la musique et surtout le chant donnent à la lecture des psaumes et des cantiques bibliques une plus grande force communicative. Parmi les charismes de saint Ambroise, on trouvait justement une sensibilité et une capacité musicale prononcées, don que celui-ci, une fois ordonné évêque de Milan, mit au service de la foi et de l’évangélisation ».
<Benoît XVI a ensuite souligné que la constitution Sacrosantum Concilium, dans le droit fil de la tradition de l’Eglise, enseigne que le chant sacré lié aux paroles fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle. Pourquoi nécessaire et intégrante ? Certainement pas pour des raisons esthétiques mais parce qu’il contribue à nourrir et exprimer la foi, et donc à la gloire de Dieu et à la sanctification des fidèles qui sont l’objectif de la musique sacrée. C’est justement pour cela que je voudrais vous remercier pour le précieux service que vous rendez : la musique que vous exécutez n’est pas un accessoire ou un embellissement de la liturgie mais elle est la liturgie même ». Evoquant la relation entre le chant sacré et la nouvelle évangélisation, le Pape a ajouté que la constitution conciliaire sur la liturgie rappelle « l’importance de la musique sacrée dans la mission ad gentes et encourage à valoriser les traditions musicales des peuples. Mais dans les pays d’ancienne évangélisation comme l’Italie, la musique sacrée peut aussi avoir et a, de fait, un rôle important pour favoriser la redécouverte de Dieu, une nouvelle approche du message chrétien et des mystères de la foi ».
Puis le Saint-Père a rappelé à ce sujet le cas du poète Paul Claudel qui se convertit en écoutant le Magnificat au cours des vêpres de Noël à Notre Dame de Paris. « Mais sans recourir à des personnes célèbres, pensons à toutes ces personnes qui ont été touchées au plus profond de leur âme en écoutant de la musique sacrée, et encore plus à ceux qui se sont sentis attirés de nouveau vers Dieu par la beauté de la musique liturgique… Efforcez-vous d’améliorer la qualité du chant liturgique sans avoir peur de reprendre et valoriser la grande tradition musicale de l’Eglise qui trouve dans le grégorien et la polyphonie ses deux expressions les plus hautes… La participation active de tout le peuple de Dieu à la liturgie ne consiste pas seulement à parler, mais aussi à écouter, à accueillir par les sens et avec l’esprit la Parole et cela vaut aussi pour la musique liturgique ».

 Vatican Information Service 2012

NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE (24/6) – LECTURE DU LIVRE D’ISAÏE (49, 1-6) – première lecture de la messe du jour

24 juin, 2013

http://www.portstnicolas.org/le-chantier-naval/textes-et-commentaires-des-dimanches-et-fetes/annees-abc/article/nativite-de-saint-jean-baptiste-24-6-textes

NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE (24/6) : TEXTES  

LECTURE DU LIVRE D’ISAÏE (49, 1-6)

Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a protégé par l’ombre de sa main ; il a fait de moi sa flèche préférée, il m’a serré dans son carquois. Il m’a dit : “Tu es mon serviteur, Israël, en toi je me glorifierai.” Et moi, je disais : “Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces.” Et pourtant, mon droit subsistait aux yeux du Seigneur, ma récompense auprès de mon Dieu. Maintenant le Seigneur parle, lui qui m’a formé dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob et que je lui rassemble Israël. Oui, j’ai du prix aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. Il parle ainsi : “C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d’Israël : je vais faire de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre.”

Psaume 138 [139]
Je te rends grâce, ô mon Dieu, pour tant de merveilles.

Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées,
tous mes chemins te sont familiers.

C’est toi qui as créé mes reins,
qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
Je reconnais devant toi le prodige,
l’être étonnant que je suis.

Étonnantes sont tes œuvres,
toute mon âme le sait.
Mes os n’étaient pas cachés pour toi
quand j’étais façonne dans le secret.

Lecture du livre des Actes des Apôtres (13, 22-26)
Dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, Paul disait aux Juifs : “Dieu a suscité David pour le faire roi, et il lui a rendu ce témoignage : J’ai trouvé David, fils de Jessé, c’est un homme selon mon cœur ; il accomplira toutes mes volontés. Et, comme il l’avait promis, Dieu a fait sortir de sa descendance un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean Baptiste a préparé la venue en proclamant avant lui un baptême de conversion pour tout le peuple d’Israël.
Au moment d’achever sa route, Jean disait : ‘Celui auquel vous pensez, ce n’est pas moi. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de lui défaire ses sandales.’ Fils de la race d’Abraham, et vous qui adorez notre Dieu, frères, c’est à nous tous que ce message de salut a été envoyé.”

Acclamation
Alléluia, Alléluia.
Réjouissons-nous de la naissance de Jean : il sera le prophète du Très-Haut, il marchera devant le Seigneur pour lui préparer le chemin.
Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 57-66. 80)
Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père. Mais sa mère déclara : “Non, il s’appellera Jean.” On lui répondit : “Personne dans ta famille ne porte ce nom-là !” On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : “Son nom est Jean.” Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : “Que sera donc cet enfant ?” En effet, la main du Seigneur était avec lui.
L’enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait être manifesté à Israël.

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