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LA NUIT, A QUOI VOS NUITS RESSEMBLENT-ELLES ?
7 novembre, 2017http://biblique.blogspirit.com/archive/2006/05/19/la-nuit.html
« jour e nuit » (biblique)
LA NUIT, A QUOI VOS NUITS RESSEMBLENT-ELLES ?
(de l’Eglise Protestante)
La question est indiscrète !
La nuit est mystérieuse, la nuit est confidentielle, la nuit est réservée, la nuit est privée… de la lumière, des regards, de la course du soleil qui dit que le temps passe, la nuit est privée de repères auxquels on ne pense pas, tellement on y est habitué.
La nuit est un autre monde, la nuit est un autre temps ; un temps variant, les nuits sont plus ou moins longues sous nos latitudes selon les saisons, entre huit et seize heures tout de même, c’est finalement beaucoup de temps dans une année, dans une vie, et bien plus de mille et une nuits !
On n’est jamais très loin de la nuit, celle qui est passée ou celle à venir, quelques heures tout au plus, à peine.
Attendue ou redoutée, la nuit qui vient vient sûrement, un jour – une nuit, un jour – une nuit, tic tac d’une lente pendule immuable et indifférente à toute autre considération.
Un mot de la Bible, le mot ‘nuit’ …
par Dominique HERNANDEZ
Mais pourtant, tout à la fin, tout à la fin de la Bible, le livre de la Révélation, l’Apocalypse, offre dans sa vision finale au chapitre 21 une nouvelle terre sans mer et au chapitre 22 une ville sans nuit :
“Il n’y aura plus de nuit
et ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe,
ni de celle du soleil
car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière.”
Plus de nuit, place à la lumière qui repousse la nuit, la chasse, l’élimine, mais alors plus d’alternance, plus de rythme, plus de temps qui passe, peut-être plus de temps du tout, inimaginable vision que celle de l’Apocalypse quand l’existence humaine est toute inscrite dans ce rythme du temps.
A l’autre bout de la Bible, au début, la Genèse décrit le temps, jour et nuit, lumière et obscurité, comme effet de la première parole créatrice (Genèse 1,3-5). La nuit est le nom de l’obscurité, nom donné une fois que la lumière est créée et appelée “jour”. Mais au commencement, était l’obscurité, qui couvrait les eaux, obscurité totale, ténèbres, obscurité sans limite, sans rien à discerner, obscurité sans mouvement, sans contenu, donc obscurité où tout peut commencer. Définie entre les marges de la lumière du jour et en contraste par rapport à elle, l’obscurité ainsi maîtrisée peut recevoir son nom : nuit.
Cette nuit n’est ni mauvaise, ni effrayante ni redoutable en elle-même. Ainsi le prophète Jérémie rappelle l’alliance du Seigneur avec la nuit et le jour (Jérémie 33,20), le psalmiste affirme que la nuit connaît et célèbre la gloire de Dieu :
“Les cieux racontent la gloire de Dieu,
le firmament proclame l’œuvre de ses mains.
Le jour en prodigue au jour le récit,
la nuit en donne connaissance à la nuit.”
(Psaume 19,1-3)
Le jour, la nuit, le temps, ceci est bon n’est-ce pas ?
L’obscurité et la nuit sont aussi bien autre chose que cet espace de temps compris entre apparition et disparition de la lumière du soleil. Poètes et mystiques, amoureux et prédicateurs évoquent des nuits sans rapport avec l’astre diurne, les nuits du doute, de l’absence, du deuil, les nuits de l’aveuglement, de la souffrance.
Mais dans la Bible, la plupart des nuits sont des nuits naturelles, des unités de temps prenant place dans un récit comme suite d’un jour ; la métaphore est peu employée, dans l’écriture du moins, car à la lecture, ce peut être différent…
L’intérêt de la nuit réside particulièrement dans deux aspects : l’obscurité et le sommeil car pour les êtres diurnes que sont les humains, le repos et le sommeil viennent avec l’obscurité.
La nuit, c’est le temps du secret, de la clandestinité, se cacher, s’enfuir, se dissimuler, trahir, renier.
Le Livre des Actes raconte que l’apôtre Paul se fait beaucoup d’ennemis à cause de la prédication de l’Evangile et qu’il doit souvent fuir. La nuit se prête mieux que le jour à ces départs précipités. Ainsi à Damas, Saul, qui n’est pas encore appelé Paul, est descendu par ses disciples dans une corbeille, la nuit, le long de la muraille afin d’échapper à un complot visant à le faire périr (Actes 9,25). Paul et Silas quittent aussi nuitamment et rapidement Thessalonique où l’agitation de la foule et des autorités de la ville les met en péril (Actes 17,10).
C’est également la nuit raconte l’évangéliste Matthieu que Joseph part pour l’Egypte avec son épouse Marie et l’enfant nouveau-né, Jésus que le roi Hérode veut faire tuer (Matthieu 2,14).
L’ombre cache ceux qui fuient, l’agitation et la circulation des jours s’apaisent la nuit.
L’obscurité dissimule les entreprises inavouables, comme celle de Saül qui va consulter la nécromancienne d’Ein-Dor, allant par là même à l’encontre de l’interdiction qu’il a lui-même promulguée, mais il cherche l’avis d’un mort, le prophète Samuel, que la nécromancienne lui fera voir et entendre (1 Samuel 28).
De même, les évasions sont plus certaines la nuit, même quand un ange, ou un tremblement de terre tout à fait providentiel, permet à Pierre (Actes 17,6 et suivants), ou à Paul et Silas (Actes 16,25), de rejoindre leurs amis hors de leur geôle.
Mais la nuit, quand on ne voit plus très bien, quand on n’est plus certain de ce qui est autour, de ce qui arrive, alors se dissolvent des assurances, des décisions, des fidélités, la force de les maintenir et la force qu’elles procuraient. L’obscurité devient ténèbre, sans fond, sans discernement, totale.
Pierre renie trois fois Jésus dans la nuit où il fut livré, celle qui avait commencé avec le repas, le pain et la coupe partagés. Pierre ne veut pas être reconnu pour qui il est, mais même la nuit se dérobe devant certaines perspicacités ou certaines obstinations (Marc 14,66 et suivants).
Paradoxalement, l’obscurité de la nuit révèle des réalités cachées le jour quand elles étaient maîtrisées par la lumière, le cours du temps et des choses. Mais la nuit, on ne voit pas, on ne sent pas le temps passer et ce qui était recouvert par l’entrain du jour apparaît, ombre plus sombre dans l’obscurité, honte dévoilée hors de la lumière.
La nuit c’est le temps de la trahison, la trahison entraîne toujours la nuit, baiser de Judas, fuite des disciples, tromperie, dispersion, abandon se conjuguent mieux dans l’obscurité, illusoire cachette des lâchetés… et des remords.
La nuit, c’est le temps des secrets, à faire, à recevoir : c’est la nuit que Nicodème va trouver Jésus (Jean 3,2), c’est la nuit qu’il se met en quête de ce qui lui a échappé le jour, nuit favorable à la concentration, à la discrétion nécessaires au dévoilement ou à la révélation de l’intime.
Mais il se peut aussi que l’intime déborde, que ce qui est dans le cœur emporte la pudeur, le courage, la maîtrise des émotions,
et le psaume 6 ne cache rien de ces nuits agitées de peurs et de pleurs :
«Je suis épuisé à force de gémir.
Chaque nuit les larmes baignent mon lit,
mes pleurs inondent ma couche.»
La plainte est reprise par Job :
«La nuit perce mes os et m’écartèle ;
et mes nerfs n’ont pas de répit.»
(Job 30,17)
Job assailli de malheurs n’a d’abord plus d’espoir et attend “le pays de ténèbre et d’ombre de mort, où l’aurore est nuit noire, où l’ombre de mort couvre le désordre et la clarté y est nuit noire.” (Job 10,22). La nuit est ici chargée des symboles de mort, mais sur cet aspect de la nuit, la Bible n’est pas univoque.
Lourde est ainsi la nuit de Gethsémanée (Marc 14,32 et suivants) où le sommeil de ses disciples laisse Jésus affronter seul dans la prière l’angoisse de la mort approchant, nuit noire, car les lumières de la nuit ne sont pas seulement la lune et les étoiles, mais les présences aimantes et aimées qui l’habitent avec vous.
Trop de sommeil sur les disciples qui ne peuvent veiller. Pourtant la nuit est le temps de la veille, comme les bergers veillent sur leurs troupeaux dans les champs, comme les gardes veillent sur les murs et aux portes de la ville, tous ceux qui attendent le jour et l’heure où tous les chats ne seront plus gris. Le veilleur accompagne la nuit, il s’y plonge pour mieux la connaître, il l’apprivoise pour ne pas y être englouti, il s’y tient prêt, à quoi ?
Il ne sait pas forcément et quand il le sait, il ne veut pas le manquer, voleur dans la maison ou… ou Seigneur de la maison (Matthieu 24,43) !
Vigilance, attente, la veille est exigeante, elle requiert une présence complète. La première nuit de veille dans la Bible est celle de la première Pâque, le repas pris debout, sandales aux pieds, la ceinture autour des reins et bâton à la main, juste avant de partir, avant de sortir de la servitude en Egypte :
”Ce fut là une nuit de veille pour le Seigneur
quand il les fit sortir du pays d’Egypte.
Cette nuit-là appartient au Seigneur,
c’est une veille pour tous les fils d’Israël, d’âge en âge.”
(Exode 12,42)
Une nuit pour une mémoire sans fin, un mémorial transmis sans rupture, mais repris dans une autre nuit pour une nouvelle mémoire qui transforme en veilleurs de chaque instant ceux qui la gardent.
Ce n’est pourtant pas le veilleur aux yeux écarquillés -car les humains ne sont pas nyctalopes comme les animaux nocturnes- qui verra ce qui est souvent donné à voir dans les nuits de la Bible. C’est celui qui dort, c’est celui qui a sombré dans le sommeil qui bénéficiera d’une vision. La nuit, c’est le temps des songes.
L’apôtre Paul, Joseph, le prophète Zacharie, le roi Salomon et Samuel, Laban le beau-père de Jacob et Jacob lui-même, Abimélek roi des Philistins reçoivent en rêve, la nuit, un message, une visite de Dieu. Abram est saisi d’une étrange torpeur au coucher du soleil au cours de laquelle le Seigneur conclut une alliance avec lui (Genèse 15,12). C’était déjà au cours d’une nuit, une nuit claire et remplie d’étoiles que le Seigneur avait promis à Abram une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel (Genèse 15,5).
La nuit, dans l’obscurité, les couleurs s’effacent, les formes s’estompent, les différences sont moins évidentes, moins visibles. La nuit, dans le sommeil, les rigidités s’assouplissent, les frontières s’abolissent. Celui qui dort devient disponible à autre chose, une autre parole, un autre geste, une nouvelle compréhension, une nouvelle décision. C’est dans la nuit que le songe éclaire une situation, une promesse, un avenir.
Alors est-ce seulement la nuit qui porte conseil ?
Entre deux jours, entre coucher et lever du soleil, la nuit pose un passage ni plus ni moins délicat que tout autre passage ; elle n’est ni plus ni moins ambiguë que le jour, différente seulement. Entre jour et nuit, entre nuit et jour, ni jour ni nuit, il y a ces temps un peu imprécis, l’aube et le crépuscule, où la nuit avance et se retire doucement comme la marée du temps donné aux activités et aux rêves. Puisse votre prochaine nuit être bonne.
Dominique HERNANDEZ
Basilique Saint-Clément, Rome, crypte – Descente aux enfers…
19 octobre, 2017
j’ai une carte postale dans mon bréviaire, mais cette image que j’ai prise du web, le Seigneur nous rencontre dans toutes les situations de douleur, d’angoisse, de maladie, de mort, j’ai cette carte postale avec moi, je pense à 2000, me rappelle l’amour de Dieu qui est plus grand que toutes nos douleurs et nos échecs,
HOMÉLIE DU 21E DIMANCHE ORDINAIRE A (Tu es Petrus)
24 août, 2017http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
HOMÉLIE DU 21E DIMANCHE ORDINAIRE A
Is 22, 19-23 ; Rm 11, 33-36 ; Mt 16, 13-20
C’est à nous tous, sans exception, ici et maintenant, que Jésus nous pose cette question de confiance : Pour vous, qui suis-je ? Ne cherchons pas la réponse dans un catéchisme. Et il ne suffit pas de réciter le credo, ni même de proposer une définition correcte. D’autant plus qu’elle peut s’exprimer de plusieurs manières, et qui peuvent être marquées par le langage d’une époque.
Matthieu, comme Luc et Marc, eux, font tous trois écho à cette sorte de sondage d’opinion, que Jésus a réalisé en interpellant ses disciples. Il sait qu’ils n’ont pas les yeux en poche ni les oreilles bouchées. Nous apprenons ainsi que le jeune prédicateur est généralement considéré par ses compatriotes comme un grand prophète, tel que Jean Baptiste, Elie, Jérémie, et d’autres encore. Or, Elie était un rigoriste de la vraie foi. Un agressif, qui prétendait toujours avoir raison. A tel point qu’il a fait massacrer des prêtres païens. Plus tard, on a vu des chrétiens qui s’en sont même inspirés pour combattre violemment ceux qui pensaient autrement qu’eux. Jésus, par contre, n’a jamais voulu anéantir des non croyants. Il les a plutôt invités à entrer dans le Royaume.
Jérémie, c’est l’exemple du juste souffrant. Mais il avait une vision tellement masochiste de la vie, qu’il allait jusqu’à préférer la souffrance au bonheur. Ce qui ne ressemble guère à Jésus. Il se souciait plutôt de vérité, de réconciliation, de justice et de paix. Aujourd’hui encore, il nous invite à assumer la souffrance plutôt que la rechercher. Et Jean Baptiste ? Un contemporain. Et même son cousin. Le dernier grand prophète du premier Testament. Un ascète de grand format. L’ascèse fait certainement partie d’une vie chrétienne. Il n’empêche ! Jésus ne l’a jamais mise au premier plan. A tel point que de pieux intégristes l’ont même fait passer pour » un glouton et un ivrogne « .
Ce qui importe surtout à Jésus, c’est que nous trouvions la vie. Découvrir, rencontrer et connaître le Père à travers lui, pour accéder ainsi à la foi, à la liberté, et à la qualité de fils ou de fille. La foi n’est donc pas d’abord un problème de doctrine. C’est le fruit d’une rencontre avec quelqu’un. Une confiance, qui permet d’aboutir à une relation personnelle. La question que Jésus nous pose est d’ailleurs claire et directe : » Pour vous, qui suis-je ? « .
Ne cherchons donc pas la réponse dans un livre. Croire, c’est un tête-à-tête, un cœur à cœur, une intimité, une amitié. La rencontre d’un » je » et d’un » tu « . » Pierre, m’aimes-tu ? « . Un dialogue qui se prolonge, s’enracine, et s’épanouit dans une communion. On devient alors à son tour une pierre, un roc, sur lequel on peut bâtir. Ou un sol nourricier, qui puisse accueillir des semences, celles d’un arbre, capable de produire du fruit. La foi est communion, terrain à bâtir et terre féconde.
Encore faut-il être prêt à suivre le Christ, et même à transformer notre propre vie, pour devenir un être nouveau. L’essentiel n’est donc pas de le confesser en paroles. Mais bien de le suivre chaque jour, en nous efforçant de mettre nos pas dans les siens. C’est-à-dire nous en inspirer, l’imiter, autant que possible. Il est lui-même le Chemin.
Avez-vous remarqué qu’à la première question posée par Jésus, tout le monde répond ? Par contre, à la seconde, très personnelle, tout le monde se tait. Sauf Pierre. Evidemment, il ne s’agit pas d’une scène filmée ni d’un enregistrement. C’est une leçon de catéchèse. La promesse de Jésus à Pierre va d’ailleurs connaître diverses interprétations. (Un sujet qu’on ne peut ici qu’effleurer)
Aujourd’hui encore, l’Eglise d’Orient suit l’interprétation d’Origène. Théologien et exégète, mort martyr au 3e siècle. Pour lui, le roc sur lequel Jésus bâtit sa communauté, c’est la foi de Pierre et non pas la personne de Pierre. D’où, une conception très collégiale de l’autorité dans l’Eglise. Jésus aurait ainsi confié son ministère à ses Douze associés, réunis sous la présidence de Pierre. Tandis que l’Eglise latine de Rome appliquera la promesse à Pierre lui-même, et après lui à ses successeurs. C’est ainsi que l’Occident, contrairement à l’Orient, mettra l’accent sur l’autorité personnelle de l’évêque de Rome, qui deviendra le père, » il papa « , le pape. D’où, l’expression : une » monarchie spirituelle « . Ce qui explique tensions, conflits, jusqu’à la rupture définitive entre Rome et Constantinople en 1054. Le tout, assorti d’excommunications réciproques, qui furent enfin abandonnées en 1965, au lendemain du Concile. Sans résoudre pour autant l’épineux problème de la forme d’exercice de la primauté romaine.
Depuis lors, heureusement, l’aspiration œcuménique s’est développée, grâce, notamment, à des « Frère Roger, de Taizé » : Une vie offerte pour la réconciliation entre toutes les familles chrétiennes. Un prophète lui aussi « crucifié ».
Le grand mouvement œcuménique nous a conduits à une situation nouvelle. Au point qu’en 1995, Jean Paul II déclarait vouloir encourager, et même participer à la recherche d’une forme d’exercice de la primauté, en tenant compte davantage des impératifs de la collégialité chère à l’Orient et à Vatican II. Mais ce n’est ni le moment ni le lieu d’en débattre.
Par contre, c’est ici et maintenant qu’il nous faut répondre à la question posée par Jésus, qui veut faire de nous des pierres vivantes de son Eglise. Des rocs ! Que pouvons-nous améliorer pour mieux le suivre et mieux en témoigner ? Il ne suffit certainement pas de proclamer le credo, mais bien de répondre dans le secret de notre cœur. Nous pourrions donc, pour une fois, remplacer notre profession de foi habituelle par quelques minutes de réflexion personnelle silencieuse. C’est bien à chacun de nous que Jésus s’adresse : Pour toi, qui suis-je ?
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008