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Le Corps et le Sang du Christ année A – Jean 6, 51-58

25 mai, 2008

du site:

http://www.stignace.net/homelies/stsacrementA.htm 

Le Corps et le Sang du Christ année A

St Sacrement A

Jean 6, 51-58

Père Philippe Lécrivain, jésuite. Professeur au Centre Sèvres

En ce dimanche où nous sommes invités à accomplir une démarche responsable, les textes de la liturgie de ce jour, nous invitent à un autre discernement. Les questions qu’ils nous posent sont simples : Qu’est-ce qui nourrit nos vies ? De quoi avons-nous besoin pour grandir ? Quelle est la nourriture indispensable pour qu’une personne ou une société poursuive sa route en bonne santé ?

Les droits fondamentaux parlent de nourriture et d’eau propre, de soins et d’éducation, de respect et de sécurité. Mais nombreux sont les hommes, les femmes et les enfants qui n’ont pas accès à ce minimum. En France même, le nombre de ceux qui ne mangent pas à leur faim, qui se trouvent entassés dans des hôtels insalubres ou qui ne trouvent pas la sécurité, ce nombre, loin de diminuer, augmente.
En réalité, il semblerait que nous sommes devenus incapables de donner une consistance réelle à nos paroles et à nos convictions. Ces paroles et ces convictions ne nourrissent plus ou, du moins, ne nourrissent pas assez. Si bien que ce que nous déclarons nécessaire à la vie ressemble davantage à de la paille que le vent emporte.

Donner sa vie, ses forces, son intelligence, pour permettre au monde de grandir, de se fortifier, de se construire. Donner sa vie, comme on donne du pain à un enfant, à un travailleur fatigué ou un voyageur égaré. Donner sa vie pour le monde. Tout le monde. La parole du Christ n’est pas un propos creux.
Quand Jésus demande à ses auditeurs de comprendre qui il est et ce qu’il fait, il leur a déjà donné de cette nourriture qui leur manquait tant : l’assurance d’être aimé de Dieu et la guérison de leurs paralysies intérieures. Sa présence au milieu d’eux est comparable à une eau qui n’épuise jamais les ressources de la confiance.

Ceux qui écoutent le Seigneur ont fait cette expérience fondatrice. Ils savent que ce que le Christ leur offre, c’est bien plus que la manne au désert. Car lui-même est don en vue de la vie éternelle, la vie avec le Père. En lui se manifeste la générosité du premier commencement : la gratuité de la vie pour une plénitude de communion.
« Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » En mettant cette question, sur les lèvres de ceux qui écoutent Jésus mais se heurtent à un langage dont ils ne perçoivent guère le double sens, l’évangéliste Jean nous invite à progresser.

Aujourd’hui, grâce aux exégètes, nous le savons mieux : la « chair » n’est pas l’aspect matériel de la vie humaine opposé à un principe spirituel. Au contraire, cette notion évoque la totalité de la réalité de l’homme et son insertion dans la création.
Le pain que Jésus nous donne, c’est son humanité, avec ses possibilités et ses limites. Ce qui veut dire que la foi seule perçoit la présence divine là où les yeux de la chair voient le scandale de l’ordinaire.

Le Christ nous demande de le recevoir comme un don du ciel afin qu’à notre tour, nous puissions accomplir la vocation qui nous est adressée. Ce qu’il nous donne est vraiment nourriture, c’est-à-dire une réalité que nous pouvons intégrer pleinement dans nos existences qui, à travers cette assimilation, s’en trouvent fortifiées.
Transformés, relevés de la fatigue des travaux et des jours, soulagés du poids du péché, nous devenons les témoins d’une autre Alliance. Témoins et partenaires. Car la vie donnée jusqu’à la croix et reprise dans la force de l’Esprit ouvre à jamais une brèche dans les impasses de nos infidélités. Nous en sommes sauvés. Et nous sommes envoyés avec le Christ.
Chaque eucharistie nous le rappelle… Il est vraiment très grand, ce mystère de foi, ce mystère d’amour !

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