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Homélie pour la 28e dimanche du Temps Ordinaire

10 octobre, 2009

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http://www.homelies.fr/homelie,28e.dimanche.du.temps.ordinaire,2566.html

28e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 11 octobre 2009

Famille de saint Joseph Octobre 2009 
 
 Homélie
 
 Au moment où Jésus s’apprête à se mettre en route, un jeune homme accourt et s’agenouille devant lui. L’accent est d’entrée mis sur la personne de Jésus : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
Jésus renvoie alors son interlocuteur à la bonté de Dieu : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon sinon Dieu seul. » Il lui fait ainsi prendre conscience de la profondeur de sa démarche. C’est bien le Dieu unique qu’il vient interroger, le Dieu de bonté qui en tant que tel est seul capable de déterminer ce qui est bon. Il l’a manifesté par le don de la Loi qui est comme l’explicitation de l’Alliance de bonté qu’il est venu sceller avec l’homme et qui, en tant que telle, nous révèle le plus sûr chemin pour entrer dans la vie éternelle. C’est la raison pour laquelle Jésus commence par renvoyer à elle dans sa réponse à ce jeune homme qui veut obtenir en héritage la vie éternelle.

Mais l’homme a tendu son oreille à la Loi de Dieu et en bon juif il l’a mise en pratique depuis sa jeunesse. Alors pourquoi cette inquiétude de sa part ? L’observance des commandements ne serait-elle pas suffisante ?
Jésus va le mettre sur la voie en répondant à sa demande par un regard d’amour. Non pas à cause de ce que ce jeune homme a fait, comme si ce regard venait simplement récompenser une obéissance scrupuleuse à des préceptes, mais parce qu’il reste disponible au-delà de son observance des commandements. Et la preuve de cet amour c’est l’exigence qu’il manifeste : il « manque » au jeune homme de renoncer à ses richesses et de suivre Jésus. Jésus tourne alors le regard vers ses disciples comme pour leur signifier que l’appel qu’il adresse à ce jeune homme leur est aussi destiné. Il les remet devant leur propre condition de disciples et leur montre qu’elle dépasse la fidélité à la Loi. Et si elle se manifeste ainsi, ce n’est que parce qu’elle est d’abord adhésion à une personne dont l’appel détermine le sens de toute une vie : « Viens et suis-moi ».

Jésus montre bien dans la réponse qu’il fait au jeune homme riche que pour entrer dans la vie éternelle, il ne s’agit pas d’ajouter quelque chose aux commandements mais de se déposséder : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. »
La pauvreté se révèle ici comme la condition pour adhérer pleinement à la personne du Christ. L’enjeu n’est pas de rechercher la pauvreté pour elle-même mais le Christ et lui permettre de devenir le centre de toute ma vie. Le but c’est le « suis-moi » autrement dit la sequela Christi et pour la vivre, Jésus m’invite à vider mon sac à dos.
Dans la continuité de cette marche à la suite du Christ, nous pourrions dire que choisir la pauvreté c’est prendre les moyens d’une communion toujours plus intime avec le Seigneur et en ce sens, c’est participer à la Sagesse divine qui comme nous le révèle l’Ancien Testament introduit dans l’intimité avec Dieu. L’intimité avec la Sagesse ne se distingue pas de l’intimité avec Dieu. C’est ce que nous enseigne le Nouveau Testament lorsqu’il identifie la Sagesse avec le Christ, Fils et Parole de Dieu. Le psaume de ce dimanche nous dit la joie de vivre en Dieu. Il nous révèle le secret de la joie du sage : »Apprends-nous la vraie mesure de nos jours pour que nos cœurs pénètrent la sagesse. Rassasie-nous de ton amour au matin pour que nous passions nos jours dans la joie et les chants. Révèle ton œuvre à tes serviteurs et ta beauté à leurs fils. » (Psaume 89)

Posséder la Sagesse, c’est donc appartenir totalement au Christ et vivre de la vie même de Dieu. Voilà pourquoi, comme nous le rappelle la 1ère lecture, elle est le bien le plus précieux que l’on puisse désirer, plus que la santé, plus que la beauté. Voilà pourquoi : « Tout l’or du monde auprès d’elle n’est que peu de sable, et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. »

La Parole de Dieu, Sagesse divine, m’interpelle et m’exhorte à être uni au Christ dans la proximité de son amitié et de son amour. La pauvreté apparaît alors comme l’aliment en creux de l’amour. Saint Augustin l’exprime de façon tout à fait admirable : « L’aliment de la charité, c’est la disparition de nos convoitises ». Saint Bernard dit aussi que la richesse nous rend aveugle dans le combat spirituel de la charité et nous coupe des autres dans notre suffisance.

Il nous arrive peut-être parfois de dire qu’en matière de pauvreté, l’essentiel est de ne pas s’attacher aux biens de ce monde. C’est vrai mais il n’en demeure pas moins que « les biens de la terre sont plus aimés quand on les possède que quand on les désire » (Saint Augustin). Nous devons quand même prendre acte que Jésus, en jouant sur un contraste très fort, présente les richesses comme le premier obstacle pour entrer dans la vie éternelle : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ». Le chameau est le plus gros animal de Palestine et le chat d’une aiguille, le plus petit passage que l’on puisse imaginer !

Avant de vérifier la relation que nous entretenons aux biens que nous possédons, nous avons sans aucun doute un travail préliminaire d’épuration à opérer. Ce n’est qu’après cela que nous pourrons entendre les recommandations de Jésus dans l’évangile à le laisser habiter nos relations aux biens et aux personnes. Le Concile Vatican II nous dit : « Tous les fidèles du Christ sont donc invités et obligés à poursuivre la sainteté et la perfection de leur état. Qu’ils veillent tous à régler comme il faut leurs affections pour que l’usage des choses du monde et un attachement aux richesses contraire à l’esprit de pauvreté évangélique ne les détournent pas de poursuivre la perfection de la charité ; c’est l’avertissement de l’Apôtre: ceux qui usent de ce monde, qu’ils ne s’y arrêtent pas, car la figure de ce monde passe (cf. 1Co 7,31 grec) » (Lumen Gentium 42).

A côté d’une pauvreté matérielle subie et négative, parce qu’elle priverait l’homme des biens qui lui seraient nécessaires, l’Evangile nous révèle une pauvreté matérielle positive, présentée comme un idéal à choisir, parce qu’elle libère, élève et rend disponible pour accueillir les réalités cachées du Royaume : « Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu’un homme vient trouver : il le recache, s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et achète ce champ » (Mt 13, 44-45).

« Seigneur, tu poses aujourd’hui sur chacun de nous un regard d’Amour qui nous appelle à nous attacher à toi et à mettre nos pas dans tes pas. Nous en percevons toute l’exigence et notre impuissance à marcher à ta suite nous saute aux yeux. Nous ne voulons pas que la tristesse qui découle de ce constat nous accable. Au contraire, nous voulons élever notre regard vers toi afin d’implorer le secours de ta grâce. Seigneur, que ta Parole de Sagesse, tel un glaive à double tranchant, vienne nous libérer de tout superflu et de tout attachement qui pourraient nous empêcher de partager l’intimité de ta vie éternelle. Nous le croyons : ‘Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu’. »

Frère Elie

26e dimanche du Temps Ordinaire: Homélie -Messe

26 septembre, 2009

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http://www.homelies.fr/homelie,26e.dimanche.du.temps.ordinaire,2552.html

26e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 27 septembre 2009

Famille de saint Joseph Septembre 2009 
 
Homélie -Messe 

Dimanche dernier, nous avons été témoins que les disciples, sur la route de Jérusalem, discutaient pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand. Cette semaine, nous entendons saint Jean s’indigner : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ». Manifestement, nous restons dans les mêmes préoccupations de préséance ; mais cette fois, la concurrence vient de l’extérieur. Il n’est pas sans saveur d’entendre que saint Jean prononce ces paroles sectaires. L’évangile s’occupe lui-même de ne pas nous laisser nous assoupir dans les imageries qu’il suscite. Saint Jean, l’apôtre le plus jeune, le disciple que Jésus aimait, est aussi appelé fils du tonnerre. S’il a accédé aux sommets de la mystique, c’est qu’elle n’est pas une mièvrerie édulcorée et qu’elle nécessite de rudes combats.

Jean, donc, lance un vif débat sur le thème de la domination. Quelqu’un pratique un exorcisme au nom de Jésus, « nous avons voulu l’en empêcher » car il ne répond pas aux critères nécessaires : « il n’est pas de ceux qui nous suivent ». Jean dit « qu’il nous suive » et non « qu’il te suive ». Pour lui, on ne peut réaliser des prodiges au nom du Christ que dans la mesure où l’on est explicitement chrétien. La situation n’est pas sans ironie, nous savons que les disciples n’ont pas réussi à chasser certains démons… Cela montre que l’appartenance au groupe n’est pas le seul critère de réussite et surtout que leur motivation est ailleurs. Mais leur réaction semble de bon sens : à quoi bon être chrétiens, c’est-à-dire peiner pour conformer sa vie à l’évangile, si n’importe qui peut accéder aux mêmes privilèges, « de l’extérieur » ? Pire : si d’autres font ce que Jésus fait, cela n’atténue-t-il pas son attrait ?

Jésus répond à Jean, avec la patience que nous lui connaissons et que nous avons vue à l’œuvre quand il répondait à la question « qui est le plus grand ? ». À ceux à qui il vient d’expliquer qu’il convient d’accueillir un enfant, le dernier de tous, comme s’il était le Christ, il demande à nouveau de n’exclure personne. Jésus ne fait aucune remontrance : il sait quels doutes nous avons sans cesse sur notre valeur et comment ces doutes nous poussent à nous comparer sans cesse aux autres. Il répond simplement : « ne l’empêchez pas ».

Cette défense n’est pas imposée aux disciples comme une parole autoritaire. Jésus fait appel à leur intelligence pour ouvrir à ses disciples de nouveaux horizons : « parce que celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». La logique est simple et naturelle : comment celui qui agit dans la force de l’Esprit Saint pourrait-il se retourner contre le Seigneur ? En outre, comment une telle action pourrait-elle être néfaste à qui que ce soit ? Le bien que Dieu fait par les hommes ne peut nuire à aucun homme. Il peut même être bénéfique à d’autres que ces premiers destinataires : « celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».

Le premier bénéfice est sans doute la stimulation. Si quelqu’un, en dehors du groupe des chrétiens, réalise de tels prodiges, n’importe lequel des chrétiens peut certainement y prétendre également. Et si quelqu’un vit des vertus évangéliques sans être disciple du Christ, quel exemple et quelle stimulation donne-t-il aux disciples ! Pour peu que nous nous laissions mettre en question…

Le bénéfice est grand également pour la compréhension que l’on peut avoir de soi-même. Les œuvres ne sont pas seulement conformes à l’évangile, elles sont aussi conformes à l’identité et à la mission de leur auteur. Nous avons tous une manière de mettre l’évangile en actes qui correspond à nos talents et à notre place dans le Royaume. Ainsi, aucun homme n’est interchangeable avec un autre. Des missions peuvent être abandonnées ou transmises, déposées ou reprises, mais ce que chacun peut faire – ou aurait pu faire – est autant unique que nous. Dans les œuvres de charité, la concurrence ne peut exister.

Enfin, cette occasion de changer notre regard sur la pratique des préceptes évangéliques devient pour nous l’occasion de vivre autrement la pratique. Il est facile de ne garder en tête qu’une liste de « devoirs » chrétiens : rendre service aux autres, donner sans rien attendre en retour, habiller celui qui est nu, donner à boire à celui qui a soif, etc. En un mot : expérimenter qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Mais Jésus inverse à présent le mouvement : « celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense ». Notre qualité de chrétien nous prédispose également à recevoir sans espérer rendre en retour, pour le bonheur de celui qui prend soin du Christ en nous. Voilà une occasion de beaucoup grandir en humilité, une occasion aussi de manifester de la gratitude envers celui qui agit avec justice. Cela est aussi important qu’agir avec justice. Cette situation nous rappelle que nous dépendons en toute chose de la grâce de Dieu. Ce faisant, notre prochain chasse de nos cœurs les démons de la suffisance et de la domination.

Seigneur Jésus, aide-nous à discerner toutes les occasions de vivre l’évangile, celles où tu attends de nous que nous donnions sans compter comme celles où nous apprenons à recevoir notre nécessaire avec humilité et gratitude, pour notre croissance et celle de nos frères. Donne-nous surtout de comprendre combien est précieuse l’entrée dans le Royaume, au point qu’il faut être prêt à renoncer à tout ce qui pourrait nous en éloigner, y compris nos propres membres. Car le bonheur auquel tu nous invites dépasse tout ce que nous connaissons et tout ce que nous pourrions imaginer. Il est celui de ceux qui se livrent à toi sans rien retenir pour eux-mêmes.
Frère Dominique 

25e dimanche du Temps Ordinaire, Homélie

19 septembre, 2009

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http://www.homelies.fr/homelie,25e.dimanche.du.temps.ordinaire,2545.html

25e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 20 septembre 2009

Famille de saint Joseph Septembre 2009   
Homélie – Messe 

 Jésus s’ouvre à ses disciples de ce qui l’attend à Jérusalem. Plus exactement il les « instruit » en particulier, alors qu’il ne souffle mot aux foules du drame qui se prépare. Le Seigneur était donc en droit d’attendre un surcroît d’attention de la part de ses proches, qu’il cherche à introduire progressivement dans le Mystère de sa mission rédemptrice. Mais en vain : les propos de leur Maître les effrayent ; ils préfèrent ne pas chercher à comprendre, et plutôt que de l’interroger, ils s’écartent en silence, le laissant poursuivre sa route seul. La perspective de l’abaissement de celui en qui ils ont fondé tous leurs espoirs, leur est tout simplement intolérable ; aussi n’est-ce pas un hasard si leur conversation va prendre le contrepied de la révélation qu’il vient de leur faire. Comme pour se rassurer, ils se laissent aller à imaginer ce qui adviendrait après que Jésus ait pris le pouvoir à Jérusalem. En quelque sorte, ils se distribuent déjà les portefeuilles ministériels au sein du futur gouvernement que leur Maître est supposé instaurer très bientôt…
Arrivé à l’étape de Capharnaüm, Jésus les invite délicatement à réfléchir sur leur attitude. Certes le Seigneur savait de quoi ses compagnons avaient « discuté en chemin » ; mais en les interrogeant, il leur permet de prendre conscience de leur duplicité : peut-il encore prétendre être disciple et participer à la gloire de son Maître, celui qui refuse d’entendre sa parole ? C’est bien pourquoi « ils se taisaient », car celui qui se rend sourd à la parole de Dieu, est incapable de parler en vérité. Joignant alors le geste à la parole, Notre-Seigneur s’assied. Certes la position assise correspond avant tout à l’attitude de l’enseignant ; mais elle permet aussi à Jésus de s’abaisser devant ceux qui discutaient entre eux « pour savoir qui était le plus grand ».
L’évangéliste précise que Notre-Seigneur « appelle les Douze » : l’expression surprend puisque le groupe est rassemblé au complet dans la maison, autour du Maître. Mais le caractère solennel de l’événement veut sans aucun doute souligner qu’il s’agit d’un nouvel appel ; que les disciples ont à se déterminer devant une nouvelle exigence qu’ils ont esquivée jusque-là. « Certes – leur dit en substance Jésus – il est tout à fait légitime de briguer la première place, mais sachez que dans le Royaume de mon Père, celle-ci est réservée à celui qui se fait “le serviteur de tous”, c’est-à-dire le “dernier de tous” selon les critères de ce monde ».
Devant le silence persistant et de plus en plus inquiet des disciples qui ont décidément du mal à entrer dans cette logique déconcertante, Jésus explicite son enseignement par une parabole vivante, dans la personne d’un enfant qu’il place au milieu des siens. Précisons que le terme grec (et latin) que nous traduisons par « enfant », désigne également un jeune esclave. Ce n’est donc pas l’innocence de l’enfant que Notre-Seigneur propose comme modèle, mais la précarité de sa position sociale – l’enfant tout comme l’esclave ne jouissaient d’aucun droit dans la société juive de l’époque. Non seulement Jésus met au milieu du cercle des disciples – c’est-à-dire de l’Eglise – celui qui n’a d’autre droit que celui de servir, mais il pousse le paradoxe jusqu’à s’identifier à lui et invite même ses proches à découvrir dans cet enfant, le visage du Père.
Bouleversante révélation de l’humilité inouïe de Dieu qui devrait chambouler totalement et de fond en comble notre échelle de valeurs. Du coup les paroles de saint Jacques entendues dans la seconde lecture – que nous nous étions efforcés d’oublier rapidement en raison de leur caractère direct – nous reviennent en mémoire : « D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-même ? » La source de la violence n’est-elle pas en effet dans notre volonté de puissance, soutenue par un irascible impétueux que rien n’arrête ? Comment dans ces conditions pourrions-nous trouver la paix ? La jalousie nous fait soupçonner le juste d’hypocrisie ; nous l’attirons dans un piège car il nous contrarie, et sa douceur s’oppose à notre conduite (cf. 1ère lect.). Nous sommes même à ce point aveuglés par nos passions que nous n’hésitons pas à justifier nos comportements pervers.
Que nous sommes loin de « la sagesse qui vient de Dieu », elle qui « est d’abord droiture, et par suite paix, tolérance, compréhension ; pleine de miséricorde et féconde en bienfaits, sans partialité et sans hypocrisie » (2ème lect.) ! Plût au ciel que les Paroles de la liturgie de ce jour brisent notre cœur de pierre et nous conduisent à une sincère conversion. Il nous faut choisir entre « la voie large de l’affirmation de soi et des rêves de grandeur mondaine qui conduit à la perdition » ; et « la voie resserrée du renoncement et de l’humble service qui conduit à la vie » (Mt 7, 13-14). Notre-Seigneur nous a avertis : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3). La « mort à soi » dont parlent les traités d’ascétique chrétienne signifie précisément le renoncement à cette volonté de puissance, qui est une des pulsions les plus fortes du psychisme humain. Sans doute ne nourrissons-nous pas tous des ambitions démesurées au niveau matériel ou professionnel ; mais la volonté de puissance se manifeste en général de manière bien plus subtile dans nos relations humaines ; par exemple dans les sentiments inavouables que nous nourrissons dans le secret, depuis l’indifférence jusqu’au mépris, en passant par le dédain, l’ironie, le dénigrement, l’esprit de critique et les mille manières de rabaisser notre prochain pour nous élever à ses dépends.
Inutile de nous faire illusion : si nous voulons ressusciter avec Jésus, il nous faut accepter de passer avec lui par la mort, en engageant une guerre impitoyable contre la part obscure de nous-mêmes qui s’oppose à Dieu, dont elle brigue la place.

« Seigneur tu nous as enseigné par toute ta vie et ta mort, que nous ne monterons l’échelle de la sainteté, qu’en descendant celle de l’humilité ; d’une humilité concrète, qui se penche avec respect sur les plus démunis parmi nos frères pour les servir avec amour, reconnaissant en eux le sacrement de ta présence au milieu de nous. Eclaire-nous sur nos compromissions avec l’esprit du monde : que nous renoncions à toutes formes de vaine gloire, pour ne chercher d’autre honneur et d’autre richesse que de te servir dans les plus pauvres de nos frères. »

Père Joseph-Marie

Homélie pour dimanche 13 septembre 2009 – XXIV DU TEMPS ORDINAIRE

12 septembre, 2009

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http://www.homelies.fr/homelie,24e.dimanche.du.temps.ordinaire,2537.html

24e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 13 septembre 2009

Famille de saint Joseph Septembre 2009   
Homélie Messe

 Dans la première lecture de ce dimanche, extraite du troisième chant du Serviteur du livre d’Isaïe, nous pouvons lire trois traits de l’homme selon le dessein de Dieu. L’homme y est défini comme un être qui écoute, un être qui souffre, un être qui expérimente la présence et l’assistance de Dieu. Un être qui écoute : « Le Seigneur m’a ouvert l’oreille et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé » ; un être qui souffre : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient a barbe » ; un être qui découvre que Dieu est à ses côtés et qu’il l’assiste : « Le Seigneur Dieu vient à mon secours… Voici le Seigneur qui vient prendre ma défense : qui donc me condamnera ? »

Par la qualité de l’écoute, l’homme se découvre disciple du Seigneur. Une écoute de Dieu qui est appelée à s’incarner, à se concrétiser. Une écoute qui conduit à mettre en pratique ce que, dans la foi, l’homme entend prononcé par la Parole divine, Parole qui le précède et qui veut ordonner sa vie à l’amour : « Celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte, et on peut lui dire : ‘Tu prétends avoir la foi, moi, je la mets en pratique. Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas ; moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi’ » (cf. 2ème lecture). Nous avons ici une très belle définition de l’obéissance filiale du disciple dans laquelle l’homme est appelé à entrer. Le véritable disciple écoute la Parole de Dieu non pas de l’extérieur, il lui obéit non pas comme à une impératif extérieur à lui mais de l’intérieur, jusqu’à en être touché et transformé au point de donner naissance au désir d’adhérer au dessein de Dieu qu’elque cette Parole annonce.
L’homme : un être qui souffre… L’homme n’est pas un être jeté vers la mort, comme le disait Heidegger, mais il est destiné à la vie. Notre Dieu qui nous a créé pour lui n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. Cependant, depuis le péché des origines, le pèlerinage de l’homme ici-bas dans l’attente de vivre de la vie même de Dieu est marqué par la souffrance. Au cours de sa vie terrestre, l’homme marche d’une façon ou de l’autre sur le chemin de la souffrance, souffrance qui est pour chacun l’enclume sur laquelle se forge son humanité, le moule dans lequel se configure sa personnalité, la frontière, le cas limite qui révèle sa temporalité, le chiffre mystérieux de sa condition humaine.
Cependant, Dieu n’abandonne pas l’homme dans sa condition de souffrance. Dieu assiste l’homme qui traverse l’épreuve qu’elle soit physique, psychique ou spirituelle. Cette présence providentielle de Dieu à ses côtés est la pierre de fondation de toutes les grandes certitudes de l’homme, le phare qui l’oriente dans l’obscurité, l’étendard qui l’enflamme chaque jour dans le combat qu’il a à mener pour devenir toujours plus homme.

En Jésus, nous pouvons contempler l’homme parfaitement achevé. Au sujet de la souffrance qui caractérise la condition humaine après le péché, il est intéressant de remarquer que dans l’évangile de ce jour, Jésus est présenté non seulement comme « le Messie », l’Oint de Dieu, mais aussi comme l’homme des douleurs, le serviteur obéissant jusqu’à la mort, celui qui perd sa vie pour sauver celle de tous les hommes. En effet, en ce moment crucial où il vient expressément d’obtenir de ses disciples la première profession de foi en sa messianité, Jésus fait la première annonce de sa Passion : « Pour la première fois, il leur enseigna qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. » Au rôle glorieux du Messie, il joint le rôle douloureux du Serviteur Souffrant du livre d’Isaïe. Il prépare ainsi le cœur de ses disciples à l’épreuve et à la crise prochaine de sa mort et de sa résurrection.
Ainsi, en Jésus, s’unissent l’Oint et le Serviteur souffrant, non pas comme deux titres juxtaposés mais comme deux noms d’une même personne, qui le définissent et le caractérisent. En assumant la souffrance jusqu’au bout, jusque dans ce qu’elle a de plus injuste et de plus violent, Jésus ne pouvait mieux manifester qu’il était pleinement homme. Mais parce qu’il était aussi le Messie, et donc pleinement Dieu, il a pu la sauver de son absurdité en lui donnant un sens de rédemption qui ouvrait à l’existence humaine la possibilité réelle de cette paix et de ce bonheur auxquels l’homme aspire jusqu’au cœur des épreuves les plus douloureuses.

Ainsi, en Jésus, le Fils qui est l’écoute parfaite de la Parole de Père jusqu’à en être le parfait écho s’est fait proche de l’homme dans sa souffrance pour l’en sauver, manifestant que Dieu ne saurait abandonner ses enfants aux conséquences du péché. C’est à la suite du Christ, que nous sommes invités, comme chrétiens membres du Corps du Christ qui est l’Eglise, à rendre le Christ présent auprès de ceux qui sont isolés dans la souffrance pour les ouvrir à l’espérance du salut.
Cela implique d’avoir accepté ce Messie souffrant, ce Dieu qui se donne d’une façon aussi paradoxale. Alors, à la suite du Christ, nous pourrons nous donner, nous livrer dans un amour purifié au travers du creuset de nos propres souffrances et manifester que la mort et la souffrance ne saurait avoir le dernier mot, que celui-ci revient à l’amour de Dieu, don de Dieu pour tout homme, don de la vie éternelle : « le troisième jour, le Fils de l’Homme ressuscitera » (cf. Evangile).
Frère Elie

23e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie Messe

5 septembre, 2009

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23e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 6 septembre 2009

Famille de saint Joseph Septembre 2009
  
Homélie Messe  

La liturgie de ce jour s’ouvre sur un cri d’espérance : « Dieu lui-même vient nous sauver ! » Et le Seigneur ne fait pas les choses à moitié : « les yeux des aveugles et les oreilles des sourds s’ouvriront, le bouteux bondira, la bouche du muet criera de joie » : l’humanité est restaurée dans son intégralité. La vie peut à nouveau jaillir à profusion : elle va irriguer les déserts de nos existences mortelles et couler comme un torrent, abreuvant nos terres assoiffées : « le pays torride se changera en lac ; la terre de la soif, en eaux jaillissantes » (1ère lect.).
Comment cela va-t-il se réaliser ? Les actions symboliques posées par Jésus dans l’Evangile nous en donnent un pressentiment.
« On amène à Jésus un sourd-muet » : un homme qui ne peut ni entendre, ni prononcer une parole, et qui dès lors est exclu des relations spécifiquement humaines. Un homme humilié par son handicap, perdu dans la foule, enfermé dans sa solitude ; image de l’humanité blessée par le péché, incapable d’entendre la voix de son Dieu et d’y répondre.
Notre-Seigneur « l’emmène à l’écart », loin de la foule, trop avide de merveilleux et de sensationnel. Il l’invite à un tête à tête, afin de le restaurer dans sa capacité relationnelle et le réintégrer dans la vie religieuse et sociale.
Les proches du sourd-muet ne demandaient à Jésus que de lui imposer les mains ; Notre-Seigneur prend l’initiative de poser des gestes qui manifestent concrètement sa solidarité avec cet homme souffrant. Il prend avec délicatesse entre ses mains, la tête de cet homme qui s’abandonne à lui avec confiance. Le geste rappelle celui du potier qui étreint suffisamment l’argile pour lui imprimer la forme voulue, sans toutefois l’écraser. Notre-Seigneur enfonce doucement ses doigts dans les oreilles du malade, afin qu’il puisse à nouveau entendre la Parole créatrice par laquelle le Père imprime en lui l’image de son Fils.
Cette interprétation en termes d’une nouvelle création est confirmée par l’autre geste posé par Jésus : « prenant de la salive, il lui toucha la langue ». Pour pouvoir façonner l’argile, il faut qu’elle soit humide ; la salive représente le souffle condensé, c’est-à-dire l’Esprit. C’est par l’action conjointe du Fils et de l’Esprit que le Père nous rétablit dans notre dignité filiale et nous attire à lui.
En « levant les yeux vers le ciel », Jésus révèle à la fois l’origine de la puissance qu’il met en œuvre et le terme ultime de la guérison qu’il offre à notre humanité : il est venu d’auprès du Père, pour nous ouvrir le chemin qui reconduit à lui.
La guérison ne découle pas des gestes posés ni d’une formule rituelle que Notre-Seigneur aurait prononcée, mais de la seule autorité et puissance de sa Parole : « Effata ! Ouvre-toi ». Quant au profond soupir que laisse échapper Notre-Seigneur, il trahit la conscience du Fils de l’Homme de ce qu’il va lui en coûter de nous sauver. Jésus va « délier les enchaînés » (Ps 145) en prenant sur lui leur chaînes ; « redresser les accablés » en prenant leur joug sur ses épaules ; il va « ouvrir les yeux des aveugles » en fermant les siens sur la Croix.
La guérison du sourd-muet qui annonce notre rédemption, est un miracle peu spectaculaire, comme le sera la Pâque du Seigneur : elle aussi aura lieu à l’abri des regards indiscrets. Le Ressuscité ne sera visible qu’aux yeux de la foi de ceux qui auront entendu l’injonction de Notre-Seigneur : « Ouvre-toi ! » ; non pas à l’esprit du monde pour proclamer les prodiges que Jésus a accompli (comme le fait l’entourage du sourd-muet, malgré la recommandation du Seigneur), mais ouvre-toi à « l’Esprit qui vient de Dieu », afin de pouvoir « proclamer la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée, prévue par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire » (1 Co 2, 7) ».
Tous les miracles que Jésus a accomplis n’ont en effet d’autre but que de nous aider à interpréter correctement l’événement pascal, qui passe par le scandale de la Croix. Or « le langage de la Croix est folie pour ceux vont à leur perte ; mais pour ceux qui vont vers leur salut – pour les croyants – il est puissance de Dieu » (1 Co 1, 18).
La rédemption est avant tout un mystère de solidarité et de compassion : c’est en assumant notre faiblesse jusqu’au bout, que le Seigneur nous communique sa force. Telle est encore la stratégie qu’il déploie de nos jours dans son Eglise, et qu’il déploiera jusqu’à son retour glorieux : « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s’enorgueillir devant Dieu » (1 Co 1, 27).
C’est bien ce que nous rappelle saint Jacques dans la seconde lecture : « Dieu n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritier du Royaume qu’il a promis à ceux qui l’auront aimé ».
Ce n’est donc pas notre faiblesse qui doit nous inquiéter : si nous la livrons à notre Rédempteur, elle ne nous éloigne plus de lui, mais devient tout au contraire le lieu de la révélation de son amour personnel pour chacun d’entre nous, et le lieu où il déploie de manière privilégiée sa force : « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12, 9).
Accueillir ce regard de miséricorde du Seigneur sur notre vie, implique de changer également notre regard sur celle des autres, et de cesse de les « juger selon des valeurs fausses » (2nd lect.). En ce début d’année, la liturgie nous invite à faire un examen de conscience sur la manière dont nous nous apprêtons à assumer nos relations familiales, professionnelles et sociales :
- Croyons-nous que Jésus nous aime d’un amour de tendre compassion non pas « malgré », mais « en raison » de nos faiblesses ?
- Oserons-nous porter ce même regard à ceux que nous côtoyons quotidiennement ?
Ce n’est qu’ainsi que nous serons les artisans d’une société qui soit non seulement plus solidaire, mais aussi plus fraternelle, conformément à l’appel lancé par le pape Benoît XVI dans sa récente Lettre encyclique Caritas in veritate.

« Et il lui dit : « Ouvre-toi ! » » : ne restons pas frileusement hors de portée de la grâce : « ceux qui l’auront aimé, Dieu les a faits héritiers du Royaume » !

Père Joseph-Marie

Homélie pour aujourd’hui: « Un jour de sabbat »

5 septembre, 2009

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samedi 5 septembre 2009

Famille de saint Joseph Septembre 2009 

Homélie

Messe 

« Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs de blé ». Ce verset ouvre un monde. Le monde juif, dont nous savons combien il est attaché à la pratique du sabbat. Nous avons en général bien en tête qu’Israël se perçoit comme le peuple élu. Mais il est aussi un temps qui est élu, un temps dont Israël a accepté la souveraineté : le sabbat. « Un sabbat pour le Seigneur » (Lv 23, 3), le jour où l’homme imite Dieu qui cesse son travail pour céder le pas à l’homme, le jour qui anticipe la rencontre décisive avec Dieu. C’est pourquoi Jésus dit que le Fils de l’homme en est le maître.
Si ce jour il est prescrit de ne pas manger de grain (Lv 23, 14), il est aussi prescrit que ce jour est pour Dieu et pour les autres, les hommes, le prochain (Dt 5, 14). La Loi est une loi de liberté, elle n’est pas là pour asservir l’homme. C’est aussi pour cela que Jésus dit que le Fils de l’homme est le maître du sabbat.
Ainsi Jésus, le maître du sabbat traverse-t-il un champ de blé, c’est-à-dire le monde entier, qui porte en abondance les fruits de l’Église. Par l’exemple de David, Jésus nous enseigne que la nourriture jadis réservée aux prêtres peut désormais être mangée par tous, c’est-à-dire qu’il attend de chacun de nous de faire fructifier notre sacerdoce baptismal ; il attend de nous de nous offrir, chaque jour, en hosties vivantes et saintes, agréables à Dieu notre Père (1P 2, 5).

Homélie pour la 22e dimanche du Temps Ordinaire

29 août, 2009

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22e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 30 août 2009

Famille de saint Joseph Août 2009 
 
Homélie

 Les pratiques rituelles qui font l’objet du litige entre Jésus et les pharisiens, sont issues de la « tradition des anciens », c’est-à-dire de l’interprétation orale de la Torah transmise de génération en génération, et ayant acquis au fil des années, une valeur normative. Cette tradition contient un ensemble de prescriptions, qui veulent incarner dans la vie quotidienne les préceptes généraux de la Loi en matière de pureté rituelle. Ainsi l’aspersion « au retour du marché » était un geste symbolique de mise à distance par rapport à toute personne n’appartenant pas au peuple élu – peuple sacerdotal qui doit impérativement se garder « pur » pour pouvoir offrir à Dieu un sacrifice qui lui plaise. Sous couvert de rites religieux, ces pratiques relevaient avant tout du souci de sauvegarder une identité juive au milieu des nations païennes.
Se faisant l’écho du prophète Isaïe, Jésus dénonce l’ambiguïté d’une telle attitude : derrière des explications se référant à la Thora, les doctrines enseignées par les pharisiens « ne sont que des préceptes humains ». Comme leur nom l’indique, les rituels « religieux » devraient avoir pour but de « relier » à Dieu ceux qui les accomplissent pieusement. Tel n’est plus le cas pour ces pratiques traditionnelles qui se sont réduites au fil des années, à des signes identitaires permettant de tracer la frontière entre le juif et le non-juif. Notre-Seigneur condamne l’hypocrisie de ces comportements pseudo-religieux, qui sacralisent une séparation entre les personnes alors que le Père a tout au contraire envoyé son Fils pour « rassembler ses enfants dispersés » (Jn 11, 52). Refusant toute forme de ségrégation, Jésus s’adresse directement à la foule bigarrée qui l’entoure, et au sein de laquelle les règles de pureté ne devaient pas être particulièrement observées. « Ecoutez-moi tous – sous-entendu : quelle que soit votre appartenance raciale, sociale ou nationale – prêtez attention à mes paroles et non aux vains discours de ces soi-disant docteurs de la Loi qui se sont éloignés des chemins de la sagesse. La pureté n’est pas un attribut des aliments ou des ustensiles. Seul le cœur peut être qualifié de pur ou d’impur, selon qu’il est digne de servir de Temple à Dieu ou pas. »
Nous n’avons guère d’illusion à nous faire : depuis que nous nous sommes éloignés de Dieu par le péché, notre cœur est une caverne remplie de « pensées perverses ; inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchanceté, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure ». Nous en avons tous fait la triste expérience. A quoi bon purifier indéfiniment les ustensiles de cuisine pour éviter une impureté orale, alors que nous nourrissons des pensées coupables ? A quoi bon multiplier les ablutions corporelles extérieures, si notre cœur est maculé de pensées inavouables ? Les rites de purifications n’ont de sens que dans la mesure où ils sont l’expression d’une sincère conversion intérieure. Car Dieu seul peut nous purifier d’une eau lustrale qui soit spirituellement « efficace » : l’eau jaillie du côté transpercé de son Christ. C’est à cette eau qu’il pensait lorsqu’il annonçait par son prophète : « Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés. De toutes vos souillures, de toutes vos idoles je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 25-26).
Le « cœur de chair » – qui correspond au « cœur pur » – est précisément un « cœur de pierre » qui s’est laissé purifier par la grâce divine, sans lui opposer d’obstacle. Hélas chaque fois que nous désobéissons à « la Parole de vérité » (2nd lect.), nous résistons concrètement à l’action purificatrice de l’Esprit Saint ; nous sommes en contradiction avec notre engagement baptismal. L’homme « intelligent » et « sage », celui qui vit dans la proximité de son Dieu (cf. 1ère lect.), est tout au contraire celui qui se laisse instruire, qui « écoute les commandements et les décrets que le Seigneur lui enseigne ; qui garde ses ordres tels que le Seigneur son Dieu les a prescris, sans rien y ajouter et rien y retrancher, car la Loi du Seigneur est juste et ses paroles sont vraies » (cf. 1ère lect.). La conclusion logique nous vient sous forme d’exhortation de la plume de saint Jacques : « Accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vous » (2nd lect.).
Bien sûr il ne s’agit pas d’en rester à de pieuses considérations : la Parole de Dieu « est capable de nous sauver » dans la mesure où nous la mettons en application. Car après la purification dans les eaux de notre baptême, nous avons aussi été vivifiés par le Sang jailli de la même Source. Nous vivons désormais de la vie de l’Esprit, c’est-à-dire de la vie du Christ ressuscité. Dès lors, ce sont nos œuvres de charité qui « prouvent » l’authenticité de notre conversion et qui plaident pour nous. Car « devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde » (2nd lect.).
C’est donc à un sérieux examen de conscience que l’Eglise nous invite sur la nature des pensées qui habitent habituellement notre cœur : pensées perverses, cupides, malveillantes ; ou pensées de paix, d’amour, de bienveillance ? Le « glaive à deux tranchants » de la Parole fait-il partie des armes dont nous nous servons pour mener le beau combat contre nos complicités avec l’esprit des ténèbres ? Notre conversion est-elle simplement « idéologique », sans changer vraiment nos comportements, ou bien la parole est-elle semée dans une terre accueillante qui lui permet de porter son fruit de charité ?
Les textes de la liturgie de ce jour viennent à point nommé en ce temps de reprise : puissent-ils nous aider à nous recentrer sur la finalité surnaturelle de nos engagements telle que nous la révèle « la Parole de Dieu semée en nous » (2nd lect.), afin d’agir en « peuple sage et intelligent » dont « le Seigneur notre Dieu est proche chaque fois qu’il l’invoque » (1ère lect.).

« “Seigneur, qui séjournera sous ta tente ? Celui qui se conduit parfaitement, qui agit avec justice et dit la vérité selon son cœur” (Ps 14). Puissions-nous tout au long de cette année qui commence, nous laisser guider par ta “parole de vérité qui nous donne la vie”, afin de te plaire en toutes choses, et d’être de vrais témoins de ton amour. “Père de toutes les lumières”, fais descendre d’en haut “les dons les meilleurs, les présents merveilleux” (2nd lect.) sur tes enfants, pour qu’ils se convertissent et trouvent en toi le bonheur pour lequel tu les as créés. »
Père Joseph-Marie

Homélie pour la 21e dimanche du Temps Ordinairedimanche – 23 août 2009

22 août, 2009

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http://www.homelies.fr/homelie,21e.dimanche.du.temps.ordinaire,2519.html

21e dimanche du Temps Ordinairedimanche – 23 août 2009

Famille de saint Joseph
Homélie

 Nous continuons notre lecture du chapitre six de saint Jean. Dans le passage qui est proposé ce dimanche à notre méditation, nous voyons les disciples scandalisés par la tournure que prennent les paroles de Jésus : « ‘Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle.’ » Saint Jean ajoute : « Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu s’écrièrent : ‘Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter !’ ». Jésus va alors mettre ceux qui le suivaient jusque là devant un choix radical : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » C’est alors que Pierre, au nom des autres disciples, se décide pour le Christ : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Cette crise entre Jésus et ses disciples, les évangiles synoptiques la situent au cœur de la confession de Pierre à Césarée où Jésus interroge : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? » (Cf. Mc 8, 27-33 ; Mt 16, 13-22 ; Lc 9, 18-22). Cela nous aide à comprendre que l’enjeu du passage de saint Jean que nous lisons ce dimanche n’est pas tant ce que dit Jésus mais ce qu’il est pour ses disciples, pour chacun de nous… Car ce qui a choqué la plupart des disciples ce n’est pas que Jésus prétende donner sa chair à manger – au sens propre du terme –. On ne peut les soupçonner d’une interprétation littérale aussi grossièrement matérielle. Ce qui les a heurtés c’est qu’il prétende être d’origine divine et se présente comme le don ultime et définitif de Dieu.
Jésus a d’ailleurs bien compris que c’est ici que le bât blesse. Voilà pourquoi il insiste sur sa divinité en se révélant comme celui qui vient accomplir la prophétie du Fils de l’Homme du prophète Daniel (Cf. Dn 3, 14) : « Cela vous heurte ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ?… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (versets 61-63). Jésus pointe bien le lieu de vérité de notre foi dans notre manière de nous situer par rapport au mystère de sa personne.

Comme les disciples, nous sommes, nous aussi, invités à nous positionner. Jésus est-il pour nous le Fils de Dieu ou bien un prédicateur comme tant d’autres ? Est-ce que nous le considérons comme étant le seul capable de répondre à notre soif de bonheur parce que nous reconnaissons en lui la Parole divine de vie éternelle ? Au fond, être chrétien, n’est-ce pas se remettre chaque jour face à ces questions pour confesser à la suite de saint Pierre : « A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ! »
L’évangile nous montre qu’une telle réponse ne peut résulter que d’un pur acte de foi. En effet, suivre Jésus est bien plus que le fruit d’une sympathie humaine : sur le chemin à sa suite, arrive pour tous un moment où l’humain ne suffit plus et où il est nécessaire de choisir de rester fidèle uniquement par foi.

Le passage de saint Jean nous renvoie alors à la première lecture et à la scène du renouvellement de l’Alliance avec Dieu au terme de l’entrée en terre promise, juste avant que Josué ne meure après avoir accompli sa mission. Le texte semble nous dire que ce qui compte le plus ce n’est pas d’avoir une terre où habiter mais de décider quel Dieu suivre et servir. Pourquoi ? Parce que notre véritable patrie c’est le Seigneur ! Il s’agit de nous décider pour lui. Entendons résonner pour nous ces paroles de Josué : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ; les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur » (Cf. 1ère lecture). Comme le peuple d’Israël, ce jour-là à Sichem, puissions-nous répondre de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu ».

Mais comment ne pas être pris de vertige devant un tel choix ! Comment ne pas douter de notre capacité à tenir un tel engagement ! Comment ne pas remettre sans cesse à demain une telle décision !
C’est ici qu’il faut détourner notre regard de nous-mêmes pour le tourner vers le Seigneur. De même qu’il nous aimé le premier, il s’est engagé le premier en notre faveur et c’est dans son propre engagement à notre égard que nous trouverons la force de tenir le nôtre. A l’assemblée de Sichem (Cf. 1ère lecture), Dieu vient de donner la Terre Promise. Elle est là, devant les yeux du peuple hébreu. Ainsi, Dieu demande de se donner à lui après avoir donné ce qu’il avait promis. Il invite à demeurer fidèle après avoir manifesté combien lui s’est montré fidèle : « C’est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, cette maison d’esclavage ; c’est lui qui, sous nos yeux, a opéré tous ces grands prodiges et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru, chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés » (Cf. 1ère lecture).
Mais il y a encore bien plus. Notre Dieu nous dit que même s’il nous arrivait de nous montrer infidèles, lui resterait fidèle car il ne pourrait se renier lui-même (Cf. 2 Tm 2, 13). Dès lors comment aurions-nous peur ?
A cela, ajoutons qu’en contemplant notre Seigneur, en écoutant résonner au plus profond de nous ses paroles, nous éprouvons à quel point il serait impensable de se refuser à l’Alliance d’amour qu’il nous propose. Cela, c’est l’Esprit Saint qui nous le fait pressentir, car là où est l’Esprit de Dieu, là est l’amour et là est la vraie liberté (2 Co 3, 17). Et seul l’amour, répandu en nos cœur par l’Esprit (Rm 5, 5) nous rend libres de choisir de rester auprès de notre Seigneur.

« Au terme de cet été, Seigneur tu nous demandes à chacun : ‘Veux-tu continuer à me suivre tout au long de cette année qui commence ? Pour croire que ta vie ne dépend pas de tes seules forces mais de la grâce de mon Esprit Saint que je répands en toi… Pour continuer à chercher la communion avec moi dans l’écoute de ma Parole et dans le Sacrement de l’Eucharistie…. Pour vivre au quotidien tes relations dans ta famille, à ton travail, à l’imitation de celle que j’entretiens avec chacun des membres de mon Église’ (Cf. 2ème lecture). Puissions-nous avec saint Pierre te redire : ‘ Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Toi seul as les paroles de la vie éternelle !’ »

Frère Elie 

Homélie pour la 19e dimanche du Temps Ordinaire

8 août, 2009

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,19e.dimanche.du.temps.ordinaire,2504.html

19e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 9 août 2009

Famille de saint Joseph Août 2009  

 Homélie
 
  « Souviens-toi, Seigneur, de ton alliance ; n’oublie pas plus longtemps les pauvres de ton peuple : lève-toi, Seigneur défends ta cause ; n’oublie pas le cri de ceux qui te cherchent ».
L’antienne d’ouverture de la liturgie de ce jour est une instante supplication adressée au Dieu de l’Alliance, qui est invité à se souvenir de son peuple, à ne pas l’oublier. Dieu aurait-il donc la mémoire courte ?
Souffrirait-il d’amnésie ? Les lectures suggèrent plutôt que c’est l’homme qui oublie Dieu. Plus exactement : qui refuse d’adopter le comportement correspondant à son statut de peuple élu et se soustrait par le fait même à l’action bienveillante de son Dieu. Si le prophète Elie est obligé de fuir l’hostilité de la reine Jézabel (1ère lect.), c’est parce qu’il a égorgé sans compassion les quatre cent cinquante prêtres de Baal (1 R 18, 40).
Certes il avait à veiller sur l’orthodoxie des fils d’Israël, mais le Seigneur ne lui avait pas ordonné ce massacre. Le prophète doit entreprendre un pèlerinage pénitentiel de quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, afin de se convertir au Dieu qui ne se révèle pas dans la violence de l’ouragan mais qui s’annonce dans « le murmure d’une brise légère » (1 R 19, 12).
Non Dieu ne nous oublie pas, mais nous nous égarons loin de lui, emportés par le vent de nos passions. Il est indispensable, si nous voulons le trouver, de « faire disparaître de notre vie tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes ainsi que toute espèce de méchanceté » (2ème lect.). C’est en « imitant Dieu » tel qu’il se révèle en son Christ que nous nous rapprochons de lui. Or ce que Jésus nous enseigne, c’est de nous laisser conduire par l’Esprit, afin de vivre dans la générosité, la tendresse et la miséricorde. Voilà le sacrifice qui plaît à Dieu et nous assure sa proximité bienveillante. Bien plus : de telles dispositions « prouvent » que nous demeurons en lui et qu’il demeure en nous. Celui qui vit ainsi peut « se glorifier dans le Seigneur : il le délivre de toutes ses frayeurs et le sauve de toutes ses angoisses » (Ps 33).
Seulement voilà : pour imiter le Christ, pour tout miser sur lui, il faut d’abord croire en lui, croire qu’il nous révèle le vrai visage de l’homme selon le dessein de Dieu. Or nous aimerions avoir des « preuves » avant de croire – ce qui revient à faire l’économie de la démarche de foi. « Ne récriminez pas entre vous » nous répond Jésus : ce n’est pas à force de discussions que nous parviendrons à évaluer le bien-fondé de la foi, mais en nous mettant en marche sur le chemin qu’elle ouvre devant nous. Et ce chemin n’est autre que Jésus lui-même.
Notre-Seigneur précise que nous serions bien incapables de faire ce choix si le Père ne nous venait en aide. Il semble que son action soit double. Le Père « enseigne » ses enfants nous dit Jésus, et ces enseignements convergent vers la manifestation de son Christ, le Verbe fait chair.
L’allusion est d’abord aux écrits des prophètes qui ont annoncé la venue du Messie. Mais les non-juifs ne sont pas pour autant exclus de cette préparation : « Ils seront tous instruits par Dieu lui-même » précise Notre-Seigneur. Le Père enseigne donc toutes les cultures à travers les semences de vérité que contiennent les diverses traditions religieuses de l’humanité qui préparent l’avènement du Sauveur.
Le Père non seulement enseigne, mais il « attire » également les hommes vers son Fils : cette attirance est le fruit de l’action de l’Esprit d’amour, qui nous oriente avec une douce persuasion vers Jésus. Hélas, le péché nous a rendus insensibles aux motions de l’Esprit et sourds aux appels de la grâce.
Notre relation à Dieu est plus religieuse que croyante ; nous ne vivons pas vraiment dans son Alliance : qui d’entre nous peut dire qu’il « aime » Dieu au sens fort que devrait recouvrir ce terme, lorsqu’il nous parle de notre relation au Seigneur ? Pourtant si la foi est une vertu théologale, c’est-à-dire un don de Dieu dans l’Esprit, son premier mouvement, son dynamisme essentiel, ne peut être que l’amour. La confiance qu’implique la foi découle de l’amour dont elle est inséparable ; elle ne le précède pas.
Cependant, pour les esprits incarnés que nous sommes, l’amour procède nécessairement d’une rencontre enracinée dans l’expérience sensible. C’est bien pourquoi le Verbe s’est fait chair : « Personne n’a jamais vu le Père, confirme Jésus, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père » et peut en parler. Bien plus : « qui l’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). C’est en nous attachant à Jésus par les liens d’un amour qui fait confiance, que nous témoignons de notre foi au Père : celui qui croit au Fils unique, qui s’attache à lui par les liens d’une sincère affection, « a la vie éternelle », car dans l’amour, il partage sa vie. C’est ce lien vital que Notre-Seigneur exprime par la comparaison très parlante du « pain de vie » :
avant de désigner l’Eucharistie, c’est d’abord à sa Personne que Jésus fait allusion lorsqu’il dit : « Ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange – entendons : celui qui s’unit à lui par les liens d’un amour durable
- ne mourra pas ».
L’Eucharistie n’est d’ailleurs rien d’autre que sa présence continuée parmi nous : « le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie ». Ce qui implique que sans cette chair, nous n’avons pas la vie en nous. Le début de la sagesse est peut-être de réaliser que coupés du Dieu d’amour, nous sommes coupés de la source de la vie et voués à la mort. Cette douloureuse prise de conscience est nécessaire pour que nous prenions au sérieux le temps présent, le temps de la miséricorde, et que nous discernions à nos côtés l’Ange du Seigneur qui nous propose « le Pain de la vie qui descend du ciel », l’Eucharistie qui nous sauve.

« Seigneur, renouvelle-nous dans ton Esprit d’amour, afin que notre foi soit embrasée du Feu d’une véritable charité. Donne-nous de pouvoir nous approcher de ton autel le cœur débordant de reconnaissance envers toi, qui n’oublie pas le cri de ceux qui te cherchent, mais les unit à toi dans une union ineffable, afin de les combler de ta grâce au-delà de leur attente. »
Père Joseph-Marie

fête de la Transfiguration du Seigneur

5 août, 2009

du site:

http://www.santegidio.net/fr/preghiera/giorni/giovedi.asp?nPag=1

Homélie

La montagne de la Transfiguration, identifiée par la tradition avec le mont Thabor, est en quelque sorte l’image de tout itinéraire spirituel. Comme il l’a fait pour ses trois disciples les plus proches, Jésus nous invite, nous aussi, à l’accompagner dans la montagne pour vivre avec lui l’expérience de sa communion intime avec le Père ; une expérience si intense qu’elle transfigure son visage, son corps, et même ses vêtements : tout son être est comme illuminé, en dedans et en-dehors. Certains pensent que ce récit aurait pour base historique l’expérience d’une vision céleste vécue par Jésus, qui l’aurait transfiguré. C’est une hypothèse plausible et suggestive, qui nous donne un aperçu de la vie spirituelle de Jésus. On oublie parfois qu’il a suivi, lui aussi, un itinéraire spirituel, comme le souligne l’Évangile, qui dit qu’il « grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui » (Lc 2, 40). Il s’est réjoui en voyant les fruits de son ministère pastoral, et il a été saisi d’angoisse en apprenant quelle était la volonté de son Père (dont le Gethsémani et la croix sont les moments les plus dramatiques). De toute façon, tout n’était pas joué d’avance pour lui. Il a vécu lui aussi les joies et les difficultés inhérentes à tout cheminement.
Pour Jésus, comme pour Abraham, Moïse, Élie, et comme pour chaque croyant, il y a eu une ascension. Jésus éprouve le besoin de gravir la montagne pour y rencontrer le Père. La communion avec le Père est toute sa vie, le pain de ses jours, la substance de sa mission, le cœur de tout ce qu’il est et de tout ce qu’il fait ; Jésus a besoin de ces moments où il peut vivre pleinement ce rapport intime avec Dieu. La Transfiguration a été un de ces moments de communion intense, une communion à laquelle l’Évangile associe toute l’histoire du peuple d’Israël, comme en témoigne la présence de Moïse et d’Élie qui « discutaient avec lui ». Mais Jésus n’a pas vécu cette expérience tout seul ; il a voulu que ses trois amis les plus intimes y participent. C’est l’un des moments culminants de la vie de Jésus, et il l’est devenu aussi pour ces trois disciples. Dans la tradition de l’Église, ce passage évangélique a fait l’objet de nombreuses interprétations. Parmi les plus courantes, il y a celle selon laquelle la vie monastique serait un reflet de la Transfiguration, à cause du choix radical qu’elle comporte. Mais on peut y voir aussi une image de la liturgie dominicale à laquelle nous sommes tous appelés à participer pour vivre, en union avec Jésus, un moment de communion intense avec Dieu. À cette occasion, nous pouvons répéter les paroles de Pierre : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ; dressons trois tentes [...]. » Sur la montagne de la liturgie dominicale, où nous nous retrouvons en compagnie des patriarches de l’Ancien Testament, nous entendons une voix qui nous dit : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ! »
Puis tout à coup, les trois disciples se retrouvent avec « Jésus seul ». Ils se regardent étonnés, avec peut-être un sentiment d’égarement dû à ce retour brutal à la « normalité ». Maintenant commencent les jours de la semaine ou, si l’on veut, la descente de la montagne. Les disciples ne sont plus les mêmes qu’avant. Ils reviennent à leur vie quotidienne en gardant devant les yeux la vision de Jésus transfiguré. Ce qui est donné à la communauté chrétienne, à chaque croyant, c’est Jésus ; il est notre trésor, notre richesse, notre raison de vivre, et celle de l’Église tout entière. La tente dont parle Pierre, c’est Dieu lui-même qui l’a dressée quand « le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1, 14). Avec l’apôtre Paul nous sommes heureux de dire que rien, ni la douleur, ni la fatigue, ni la mort, ne peut nous séparer de l’amour du Christ. C’est en lui qu’est notre salut, comme le chante la liturgie orthodoxe : « À la lumière de la gloire de ton visage, Seigneur, nous marcherons à jamais. »

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